AFRIQUE Média est-elle objective ?
La première fois que mon tuteur m’a vu lire l’étiquette de sa bouteille de vin, il m’a dit que c’est mauvais signe. Une bastonnade s’en est suivie, inoubliable. Dernièrement, j’ai amené une fille dans un bar pourri du coin. Me contentant d’un verre d’eau glacé sous le prétexte d’une prescription médicale, je l’ai offert deux castels. (Les temps sont durs, hein ?). On a beau me qualifier de nana ou gamin, cela n’y change rien ; surtout que c’est sain pour le porte- monnaie.
Je déteste la bière.
Pourtant, c’est dans l’un des cinq bars de ma rue – il parait que dans nos contrées, le nombre de bars au km² est l’un, voire le plus élevé au monde ! – que je bois les paroles des panélistes d’afiquemédia. Le sujet du débat est axé sur la francophonie. Sur le plateau, il ya des historiens, des politiciens, des journalistes et des enseignants. Ce sont les dents serrés et les poings fermés que chacun prend tour à tour la parole, accablant de propos haineux et quelquefois diffamatoires, l’image de la France. L’on compte sur les bouts de doigts les manœuvres de malversations orchestrées par celle-ci, les ressources naturelles exploitées ; on hurle contre la dépendance monétaire, et puis, il y a des insultes : « France imbécile, incapable… »
Qui est responsable des problèmes africains ?
Depuis sept ans, ma mère est entrain de mendier son salaire à la fonction publique pour avoir été malade, et donc absente lors du recensement national de 2006. Comme nous sommes une famille monoparentale, vous imaginez que le quotidien n’est pas du tout rose… Elle n’est pas la seule dans cette situation. L’ex-sélectionneur des lions indomptables Jean Paul AKONO en a fait la triste expérience sur son lit de mort. Ce phénomène, qui a fait plusieurs fois les gros titres dans le triangle national, est sans doute lié à la forte concentration de nos élites, tels des vautours, autours de tas de billets sanguinolents.
S.E. Paul BIYA, après son accession à la tête de l’état camerounais a passé 22 ans (1982-2004) à se réjouir de cet événement ; 7 ans pour être ambitieux (2004-2011 : il remporte son premier mandat avec pour slogan « Le Cameroun des grandes ambitions ») ; et aujourd’hui, voici que le natif de Mvomeka se proclame l’Homme du renouveau, acteur à part entière des grandes réalisations. Le Cameroun est un vaste chantier majoritairement confié à la compétence chinoise au détriment de la main d’œuvre camerounaise pas qualifiée et pas formée. A qui la faute ?
Il suffit de jeter un regard lucide sur nos sociétés actuelles pour se demander ce que valent les têtes pensantes des nations africaines – je n’exclus pas les panafricanistes d’Afriquemédia. Les problèmes majeurs de notre cher continent ne sont, pour l’essentiel, que timidement effleurés par cette chaine de télévision. Sont-ils complices de nos systèmes ? Ne les verra-t-on jamais faire des débats axés sur les problèmes quotidiens de l’Afrique, avec, à la clé, des approches constructives à portée de main pour faire évoluer une situation pour laquelle nous sommes majoritairement responsables ?
Et la France dans tout ça ?
Certes, en panafricaniste engagé, il est de bon ton de soutenir l’argument selon lequel la dépendance monétaire ou la main basse qu’on les puissances occidentales, en l’occurrence la France, sur nos matières premières sont des freins pour le développement de l’Afrique. Mais l’Afrique actuelle est-elle prête pour son autonomie ? A-t-elle les moyens de sa politique ? N’a-t-elle rien à apprendre des sociétés mieux organisées qu’elle ? Ne mettons pas les bœufs avant la charrue !
« L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes » Barack OBAMA
Voici deux choses que j’ai remarquées sur Afrique media :
– Elle esquive de façon systématique les vrais problèmes africains. Quand il lui l’arrive d’en aborder, elle use d’une pichenette qu’elle maitrise très bien pour aborder le débat sous l’angle de la dénonciation des responsabilités françaises.
– Elle rend le culte de la haine, la haine envers la France, maladive et dénuée qu’elle est, de toute objectivité. Une haine malsaine d’autant plus qu’elle nous soustrait à une analyse profonde des problèmes de nos nations pour nous focaliser sur ennemi qui n’en est pas vraiment un. Manipulation des populations ? Complicité de nos chefs d’états ? Elle veut faire croire aux africains que la corruption, l’extrême fragilité des institutions, le tribalisme (contre la quelle aucune mesure n’est prise, comme c’est le cas du racisme) sont imputables à la France.
Qui veut croire ces mensonges ?
« J’aime ma patrie comme moi-même, elle est mon sang et ma substance ; mais je suis frère des autres patries, et fils de la cité de dieu. » Romain ROLLAND.
L’ennemi de l’africain n’est personne d’autre que lui-même. Le jour où cette vérité deviendra une évidence à ses yeux, il commencera son ascension vers son âge d’or. J’aime la France, avec tout ce qui fait ses forces et ses faiblesses, sa grandeur et ses manquements. J’aime la France comme ma terre natale, comme moi-même, comme Romain ROLLAND.
Daves.