Albert KAMDEM

AFRIQUE Média est-elle objective ?

credit poto : eburnienews.net
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La première fois que mon tuteur m’a vu lire l’étiquette de sa bouteille de vin, il m’a dit que c’est mauvais signe. Une bastonnade s’en est suivie, inoubliable. Dernièrement, j’ai amené une fille dans un bar pourri du coin. Me contentant d’un verre d’eau glacé sous le prétexte d’une prescription médicale, je l’ai offert deux castels. (Les temps sont durs, hein ?). On a beau me qualifier de nana ou gamin,  cela n’y change rien ; surtout que c’est sain pour le porte- monnaie.

Je déteste la bière.

Pourtant, c’est dans l’un des cinq bars de ma rue – il parait que dans nos contrées, le nombre de bars au km² est l’un, voire le plus élevé au monde ! – que je bois les paroles des panélistes d’afiquemédia. Le sujet du débat est axé sur la francophonie. Sur le plateau, il ya des historiens, des politiciens, des journalistes et des enseignants. Ce sont les dents serrés et les poings fermés que chacun prend tour à tour la parole, accablant de propos haineux et quelquefois diffamatoires, l’image de la France. L’on compte sur les bouts de doigts les manœuvres de malversations orchestrées par celle-ci, les ressources naturelles exploitées ; on hurle contre la dépendance monétaire, et puis, il y a des insultes : « France imbécile, incapable… »

Qui est responsable des problèmes africains ?

Depuis sept ans, ma mère est entrain de mendier son salaire à la fonction publique pour avoir été malade, et donc absente lors du recensement national de 2006. Comme nous sommes une famille monoparentale, vous imaginez que le quotidien n’est pas du tout rose…  Elle n’est pas la seule dans cette situation.  L’ex-sélectionneur des lions indomptables Jean Paul AKONO en a fait la triste expérience sur son lit de mort. Ce phénomène, qui a fait plusieurs fois les gros titres dans le triangle national, est sans doute lié à la forte concentration de nos élites, tels des vautours, autours de tas de billets sanguinolents.

S.E. Paul BIYA, après son accession à la tête de l’état camerounais a passé 22 ans (1982-2004) à se réjouir de cet événement ; 7 ans pour être ambitieux (2004-2011 : il remporte son premier mandat avec pour slogan « Le Cameroun des grandes ambitions ») ; et aujourd’hui, voici que le natif de Mvomeka se proclame l’Homme du renouveau, acteur à part entière des grandes réalisations. Le Cameroun est un vaste chantier majoritairement confié à la compétence chinoise au détriment de la main d’œuvre camerounaise pas qualifiée et pas formée. A qui la faute ?

Il suffit de jeter un regard lucide sur nos sociétés actuelles pour se demander ce que valent les têtes pensantes des nations africaines – je n’exclus pas les panafricanistes d’Afriquemédia. Les problèmes majeurs de notre cher continent ne sont, pour l’essentiel, que timidement effleurés par cette chaine de télévision. Sont-ils complices de nos systèmes ? Ne les verra-t-on jamais faire des débats axés sur les problèmes quotidiens de l’Afrique, avec, à la clé, des approches constructives à portée de main pour faire évoluer une situation pour laquelle nous sommes majoritairement responsables ?

Et la France dans tout ça ?

Certes, en panafricaniste engagé, il est de bon ton de soutenir l’argument selon lequel la dépendance monétaire ou la main basse qu’on les puissances occidentales, en l’occurrence la France, sur nos matières premières sont des freins pour le développement de l’Afrique. Mais l’Afrique actuelle est-elle prête pour son autonomie ? A-t-elle les moyens de sa politique ? N’a-t-elle rien à apprendre des sociétés mieux organisées qu’elle ? Ne mettons pas les bœufs avant la charrue !

« L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes »                Barack OBAMA

Voici deux choses que j’ai remarquées sur Afrique media :

–          Elle esquive de façon systématique les vrais problèmes africains.  Quand il lui l’arrive d’en aborder, elle use d’une pichenette qu’elle maitrise très bien pour aborder le débat sous l’angle de la dénonciation des responsabilités françaises.

–          Elle rend le culte de la haine, la haine envers la France, maladive et dénuée qu’elle est, de toute objectivité. Une haine malsaine d’autant plus qu’elle nous soustrait à une analyse profonde des problèmes de nos nations pour nous focaliser sur ennemi qui n’en est pas vraiment un. Manipulation des populations ? Complicité de nos chefs d’états ?  Elle veut faire croire aux africains que la corruption, l’extrême fragilité des institutions, le tribalisme (contre la quelle aucune mesure n’est prise, comme c’est le cas du racisme) sont imputables à la France.

Qui veut croire ces mensonges ?

« J’aime ma patrie comme moi-même, elle est mon sang et ma substance ; mais je suis frère des autres patries, et fils de la cité de dieu. »                        Romain ROLLAND.

L’ennemi de l’africain n’est personne d’autre que lui-même. Le jour où cette vérité deviendra une évidence à ses yeux, il commencera son ascension vers son âge d’or. J’aime la France, avec tout ce qui fait ses forces et ses faiblesses, sa grandeur et ses manquements. J’aime la France comme ma terre natale, comme moi-même, comme Romain ROLLAND.

Daves.


Si tu m’aimes encore…

image libre : pixabay.com
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Si tu m’aimes encore
Mets la voile et prends la grande mer
On cherchera un nouveau ciel, une nouvelle terre
Là, ou l’amour sera possible, là ou on peut tout refaire

Si tu m’aimes encore
Verse tes larmes et arrose tous les déserts
On sèmera un nouveau grain pour que tout soit vert
Là, ou un été chaud peut devenir un doux hiver

Si tu m aimes encore
Rallume nos deux étoiles qui errent
On marchera comme avant sous leur fine lumière
Là, ou un « je t’aime » peut faire trembler tout l’univers

Mohamed Elwafi


A toi, ma mère…

image libre de droit. pixabay.com
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Trois années ont passé et me paraissent quelques jours. Aujourd’hui, j’ai arrêté les multiples courses de ma vie errante, et je suis venu à ta rencontre. Je suis venu aux sources, au cœur de l’enfance même, renouer avec cette vie qui me manque, ton amour, mère, voici ton fils !

Dis-moi que franchir les rives de l’au-delà t’a ouvert les portes d’un monde paradisiaque, et que là-bas, la nuit n’est pas, les fleurs ne fanent pas, éternellement aimées du soleil. Révèle-moi ces lumières, ces parures féeriques, et que mon cœur meurtri reprenne vie !

Je revois mes premières années : de bonne heure, lorsque les premières lueurs de l’aube déchiraient le voile épais des ténèbres, nous foulions déjà les herbes chargées de rosée, vers les campagnes où nous travaillions des journées entières… Paraissent aussi les vives images de mes jeux sous le soleil splendide, ta présence qui, seule, me protégeait des turbulences de la vie et, nos contemplations… Te souviens-tu?

L’incessant « tic-tac » de l’horloge me remonte à la mémoire, chaque minute, chaque seconde, passée auprès de toi. Les souvenirs en moi se succèdent, se bousculent, agressifs et cruels comme des serpents venimeux.

Dans le ciel sans étoiles ou se perd mon regard, sur la plaine illuminée par la lumière argentée de la lune, sur la cime des cocotiers caressés par la brise du soir, et, dans ce silence que troue les lamentations de mon cœur, c’est  ton image que je vois s’ouvrir comme les pétales d’une fleur à la faveur de l’aurore, image à la quelle j’ai toujours souri et dont l’étrange clarté capte mon cœur et l’hypnotise.

Tu m’as appris à ne jamais baisser les bras, et que la défaite en elle-même n’est qu’une bénédiction, un succès déguisé.Tu m’as toujours prodigué des enseignements qui devaient m’aider à bâtir ma vie d’homme.

Ce soir, je t’attendrais. Au milieu de la foule bigarrée, au bout du ciel, au bout du monde, je croirais voir ton image, entendre ta voix. Je chanterais ton nom à chaque seconde, je t’apporterais des fleurs bleues, tes préférées. j’attendrais au salon, les volets mis-clos, guettant sans cesse ta venue, prêtant l’oreille au bruit de tes pas, comme avant.

Mais tu ne viendras pas.

Daves


Tobie, la petite chienne

chien. image libre pixabay.com
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Le grand voile des ténèbres tombait sur le village, et dans le ciel, la lune jouait à cache-cache avec les nuages privant régulièrement le village de sa lumière argentée. Les hiboux hululaient dans les arbres. La végétation frémissait, heureuse sous les caresses de la brise. Les mille sonorités de la nature, agencées, accordées en parfaite symphonie formaient un paisible concert.

Rassemblés ce soir-là, comme d’habitude, autour du feu, nous étions suspendus à la langue de grand-mère. Elle nous racontait des histoires qu’elle clôturait toujours par des phrases rendant hommage à la vertu. Écoutons celle-ci : « Il était une fois, dans un village perdu, vivait un vieillard solitaire. Sa tête couronnée de cheveux blancs, ses joues creuses, ses membres maigres et tremblants faisaient douter de la réalité selon laquelle il entretenait une plantation et allait chaque soir à la forêt pour ramasser du bois mort et des fruits sauvages.

Par des jours de repos, il restait assis à l’ombre de sa case, regardant les lézards jouer dans le sable, et escalader les deux manguiers semés par ses deux fils disparus sept ans plus tôt dans une guerre civile. Il avait tout perdu, tout ce que la vie pouvait donner de meilleur à un octogénaire. Et il pleurait quand il pensait à sa chère épouse disparut dans sa cinquantième année, cet être cher qui rendait agréable toutes les secondes de sa vie… Parfois ces souvenirs douloureux lui paraissaient si insoutenables qu’il rêvait de plus en plus de ce jour ou la mort frapperait à sa porte. Il voyait en cela la fin de ses souffrances, un soulagement, une libération. »

Grand-mère interrompit son récit brusquement sans raison apparente et prit sa tête dans ses mains tremblantes pendant quelques secondes, comme si elle était émue par la condition difficile de ce vieillard et que les vibrations de ses souffrances traversaient son âme tel un éclair… Elle toussa trois fois et continua : « Souvent, sa chienne, qu’il appelait Tobie, le perturbait dans ses méditations en se glissant entre ses pieds, caressant de son pelage blanc ses jambes frêles. Il sursautait, lui caressait la tête et souriait. Il avait une fille, la seule enfant sur qui il comptait. Depuis qu’elle s’était mariée, la douloureuse expérience de la vie solitaire le hantait.

Un jour, il reçut une visite impromptue de celle-ci. Elle lui annonça qu’elle était enceinte et qu’elle venait pour un bon moment. Grand-père fut ravi de son initiative, car ces moments n’avaient pas de prix pour lui. Il était fier d’elle. Elle s’appelait Lori. Elle aimait les chiens et ça tombait plutôt bien. Il s’était créé une complicité soudaine entre elle et Tobie, comme un coup de foudre. C’était un plaisir pour Lori de jouer avec la chienne et de passer ses soirées à brosser son pelage. Les mois passèrent, et un matin, elle enfanta d’un mignon garçon.

Quelle joie pour grand-père ! Quelle renaissance ! Pour lui qui s’était cru maudit, voilà qu’un soleil d’espoir brillait à l’horizon. Il sacrifia ses deux porcs pour l’organisation d’un festin. Il voulait que tout le monde sache que le Bon Dieu avait pris pitié de lui, et que tous mangent et boivent à la santé du nouveau-né. Une fois les festivités passées, il fut impossible de renouer avec le rythme de vie habituel des jours antérieurs. Tout tournait désormais autour du bébé. Dès les premières lueurs de la matinée, lori passait des heures interminables à le bercer, quand il n’était pas dans les bras de grand-père.

Ce nouveau mode de vie attristait peut-être Tobie. À la voir regarder, immobile et étendue sur l’herbe, Lori cajolant son bébé, grand-père ressentait en elle la tristesse, la jalousie même. Il exagérait peut-être, mais il le pensait réellement. Personne n’avait plus du temps pour elle. Et comme elle restait de longues heures, silencieuse, peut-être rêvait-elle de petits chiots ? Par les journées chaudes, grand-père laissait le bébé reposer à l’ombre, sur un matelas de paille. Et toujours, Tobie s’approchait doucement, tout doucement pour ne pas le réveiller, et restait là, près de lui, émerveillée, absorbée dans la contemplation de son visage endormi.

Grand-père n’appréciait guère cette position étrange de Tobie, et Lori craignait pour son bébé. Il développa à l’égard de cette douce chienne une méfiance non fondée, presque maladive. Et si ses instincts de carnivores la poussaient à dévorer de cette boule de chair vivante ? Ils devinrent violents. À chaque fois qu’ils la surprenaient auprès du bébé, ils lui infligeaient des coups, et tout ce qui était à portée de main pouvait servir de châtiment. Les réprimandes se succédaient, mais Tobie semblait ne pas comprendre le message qui lui était adressé.

Un jour, grand-père lui donna un violent coup de bâton qui lui blessa la patte arrière- gauche. Et ce fut lui qui dut prendre soin d’elle. Il lui fit des cataplasmes d’argile, et la posait tous les soirs près de lui quand il fumait la pipe, les pieds tendus à la flamme. Surtout, il jura de ne plus reprocher à Tobie ce qu’il considéra pour elle désormais comme un loisir : rester en compagnie du bébé.

Vint alors une journée particulièrement chaude, où le soleil déversait sur la végétation luxuriante, l’or brûlant de ses rayons. Grand-père travaillait dans sa plantation avec Lori, tandis Tobie, en pleine convalescence se reposait aux cotés du nouveau-né. Soudain, un gros serpent noir sortit des hautes herbes. Il rampait, avançait inexorablement vers le bébé tout en flairant l’air chaud de sa langue fourchue, et ses écailles soudées luisaient au soleil. Tobie le regardait fixement d’abord, puis quand il fut proche, prêt à mordre, elle se lança à l’attaque. Elle manquait de force, de vivacité, privée d’une patte encore douloureuse. Mais l’adversité, la nécessité de combattre pour la survie firent pousser en elle une force capable de déplacer les montagnes et elle lutta de toutes ses forces…

Aux champs, grand-père défrichait les herbes tandis que Lori retournait immédiatement la terre à l’aide d’une houe, la préparant ainsi pour les semis futurs. Tout à coup, Tobie surgit, gueule béante, langue pendante, et son pelage blanc tacheté de sang…
 » Mortelles douleurs ! » s’écria lori en tombant lourdement sur le sillon qu’elle était en train de tracer, « Tobie est tachetée de sang, elle a dévoré mon enfant ! »
– Quoi ? interrogea grand-père.
Lori se mit à se lamenter en s’agitant violemment au sol. Grand-père sentit ses pouls s’accélérer et ses yeux s’injecter de sang. Le cri perçant de sa fille l’alla jusqu’au  cœur.

Tobie se rapprocha du vieillard, dans une course animée par le triomphe, la fierté d’un devoir accompli. Pourtant, grand-père sentit monter en lui une grande colère. Cette chienne était capable d’un pareil acte – pensait-il – et les craintes n’étaient pas non fondées. Son cœur s’enfla comme un ballon d’air, et, dans un maniement habile du coupe-coupe, il lui trancha net la gorge. »

Que ne peut-on faire remonter le temps, tout effacer et recommencer à nouveau ! C’est peut être possible sur un tableau noir, mais pas dans la vie ou tout acte accompli, volontairement ou non, est écrit de façon ineffaçable sur les pages de l’histoire… écoutons plutôt grand-mère : « Précipitamment, grand-père, suivi par Lori, se rendit à la véranda avec une course qui faisait douter de sa vieillesse. Grande fut leur surprise lorsqu’ils virent un grand serpent noir gisant juste à côté du bébé ! Ils comprirent alors ce qui s’était passé : Tobie avait lutté, et donné sa substance pour la survie du nouveau-né. Mais ce geste d’héroïsme l’avait couté la vie.

Partagé entre la joie et le remord, attristé par ce qu’il était en train de vivre, grand-père sentit de chaudes larmes sillonner le long de ses joues, avant de tâcher la terre poussiéreuse. Le crépuscule avait une de ces pâleurs pourpres, qui revêtait la nature d’un décor funeste. Le verre était brisé, impossible de le reconstituer.
Tobie, gisant sur l’herbe, et gesticulant pour la dernière fois, mourait à travers sa large plaie. Ce sang rouge vif, symbole d’héroïsme, leur avait redonné la joie de vivre, mais quelle récompense ?

Grand-père fabriqua un cercueil en bois et l’inhuma dans un coin de sa cour. Il planta sur sa tombe des fleurs d’hibiscus, ses préférées. Et plus tard, une fois Lori partie rejoindre son mari, il prit l’habitude de s’asseoir là tous les soirs, sur la tombe, le regard perdu à l’horizon. Une fois la nuit complètement tombée, il se levait péniblement, les membres tremblants, le cœur triste, et avec dans la bouche quelque chose à la saveur désagréable, celle du remords. Il pensait à son petit fils qu’il avait prénommé Tobie, en mémoire de cette chienne qu’il voyait toujours dans ses rêves, encore plus blanche, plus belle et plus amicale qu’autrefois.

Moralité ?

La colère est vaine et a pour seul effet de faire naître en nous de monstrueuses flammes. Elle consume, détruit et s’empare de nos âmes, puis, nous laisse sans force devant les regrets. A cause d’elle, nous pouvons perdre ce que nous avons de plus cher dans la vie : prenez garde mes enfants ! Soyez unis et aimez-vous les uns les autres. Et vos cœurs qui se dilateront deviendront comme des paumes prêtes à porter le monde, car vous êtes sous tous les cieux la semence de la gloire et de la prospérité.

Daves.

 


Savez-vous réellement ce que vous voulez ?

Beaucoup de gens expriment des vœux, nourrissent des rêves ou font des souhaits, mais ils ne se rendent pas compte que ces vœux ne sont que l’expression d’une aspiration : ce peut être un vide à combler, un excédent à évacuer, un équilibre perdu, un deuil non consommé, une résignation, une fuite, ou encore, tout simplement le besoin de sortir de la monotonie. L’on a une aspiration profonde qui s’exprime, par mauvaise interprétation ou par désir de la rejeter, l’on cherche à l’interposer. L’aspiration est alors transférée sur les choses qui nous entourent, un homme, une femme, des bijoux, des chocolats, la nourriture, des objets ou encore le vide. Ces choses deviennent alors pour nous des symboles de notre aspiration, la représentation, l’incarnation. L’on la poursuit de toutes nos forces et quand l’on est proche d’elle, on sent le dépit nous envahir, plus elle est proche moins elle vaut, car, lorsqu’on réussit à la posséder, on se rend très vite compte qu’elle ne nous satisfait pas. Est-ce de l’avidité ? Non, ce qui se passe c’est que, quelque belle sera la statuette de l’unité, même en la saisissant tous ensemble, on ne sera pas pour autant unis, car, ce n’est pas la statuette que nous voulons mais l’unité.

Alors, je vais reposer ma question, au risque de paraître ridicule : savez-vous réellement ce que vous voulez ? Si vous pouvez répondre à cette question, je vous envoie une deuxième : recherchez-vous vraiment ce que vous voulez ?

Beaucoup choisissent de mauvaises réponses à leurs aspirations, par exemple, une femme, prennent la première, sans succès, passent à la deuxième, la troisième ainsi de suite sans trouver d’eau assez douce pour étancher leur soif. Ils finissent par conclurent qu’ils n’ont pas de chance ou que celles-ci sont incompétentes. Mais que voulaient-ils réellement ? Trouver celle qui sait le mieux faire l’amour? Faire tomber les arguments de toute jolie fille qui semble leur résister ? Ou avoir une personne qui satisfasse à la solitude existentielle qui les effraye, à qui ils pourront confier leur vulnérabilité, question de trouver un peu de sécurité et de paix avec leur propre conscience ? Voulaient-ils une épaule sur laquelle poser leur tête quand la vie leur racle les pieds ? Dans ce cas, était-ce un canon sexuel qu’il leur fallait chercher ?

Nous savons très peu de ce que nous voulons réellement. A la vue du doute, l’on panique, on laisse décider le temps et le fameux hasard. Lorsque se pose le problème de choix, c’est comme si le ciel nous tombait sur la tête. Certains fuient, d’autres s’accrochent à des faux-fuyants, les plus chanceux font décider pour eux, comme ça, c’est l’autre qui sera le coupable si ça tourne mal, et si jamais ça tourne bien, ils seront les héros qui savent choisir leurs conseillers. Le problème de choix ne devrait pas se poser, car, au fond, l’on ne peut vouloir deux choses à la fois, encore moins deux choses opposées. La théorie de la lutte entre la raison et la passion n’est que la traduction de notre avarice à désirer posséder tout à la fois, même si ce n’est pas ce qu’au fond nous voulons. Et dans cette lutte l’arbitre que nous voulons souvent considérer comme la chance, ne doit être rien d’autre que notre fond intérieur. L’on doit s’interroger et s’écouter. Confondre vouloir et désirer est une chose, vouloir strictement les dissocier est une autre. La première est une bêtise, la seconde est une super bêtise. Bêtise parce que le vouloir relève souvent du normatif et le désirer du positif. Se mettre à choisir entre les deux c’est croire qu’ils se valent, donc sont substituables, ce qui est faux. Super bêtise parce que quelque soit leur catégorisation, tous deux ne sont que l’expression d’une et même aspiration, chacun dans sa langue. Il est clair que suivre une des deux ne résoudra pas nécessairement le problème, mais écouter les deux dans le but de desceller quelle est cette aspiration nous permettra de savoir ce qu’on veut réellement et par conséquent de choisir une solution qui se rapproche le mieux de notre aspiration.

Une aspiration mal placée est une déception programmée. Alors, lorsqu’il vous arrive de dire « je veux », allez plus loin au-delàs de l’objet que vous avez cité pour rechercher l’aspiration même, la source de votre vœu, et ce n’est que là que vous pourrez avec un peu de chance faire un choix de réponse qui soit mieux approprié à votre vœu. De plus, bien quand vous aurez trouvé la réponse à votre aspiration, n’allez pas croire qu’elle fera tout le boulot toute seule. Vous devrez l’orienter, être patient et surtout faire taire les voix de l’univers qui vous suggèrent des symboles qui même s’ils le veulent, ils ne pourront satisfaire à votre aspiration. N’allez pas rêver, il n’y a pas de parfaite solution, mais il y en a de meilleures et chacun de nous mérite la meilleure.


Souviens-toi…

credit photo :en.wikipedia.org
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Un poème pour lui dire que vous l’aimez toujours…

Souviens-toi, souviens-toi!
De ces soirs de septembre
lorsque, bercés par le chant des cigales,
la douce mélodie des étoiles,
nous étions l’un contre l’autre blottis…
Nous voulions ce jour là,
construire un univers,
fait d’amour de plaisir et de sérénité.
Souviens-toi des parures féeriques,
que revêtait la nature…
Souviens-toi du firmament,
qui nous plongeait tous deux,
dans les profondes rêveries de la nuit…

Aujourd’hui te voici à mes cotés;
belle comme un rivage ensoleillé d’été,
tes yeux m’offrant la splendeur
d’un ciel étoilé!
Je sais que tu es à moi,
et dans mon coeur,
des voix en choeur,
chantent ton nom.
Et surtout, sache
que m’ôter de toi,
c’est m’ôter de la vie.

– David Albert KAMDEM –


Empreinte…

crédit photo : commons.wikimedia.org
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La vie

Etre
Mourir
Prospérer
Réussir ou
Echouer
Imprimer
Noir sur blanc
Ton histoire tes valeurs
Et tes empreintes

David Albert KAMDEM. Poème paru dans le recueil collectif « Empreinte » publié par Lesadex.


Non ! L’émergence n’aura pas lieu !

crédit photo : commons.wikimedia.org

Chaque fois que notre roi bien-aimé tient ses discours chargés de promesses nous tenues, l’incessante digression quant à l’émergence 2135 2035 met en lumière dans l’esprit des camerounais, ce désir ardent de changement maintes fois refoulé. L’attention est vive, comme si ces simples paroles étaient la garantie d’un changement certain.  Sa volonté apparente quant à la résolution des problèmes qui minent notre royaume suscite l’admiration, et les foules en extase donnent des louanges à la gloire du règne éternel de notre grand roi.

Émergence ! Le mot qui résonne comme un cri de délivrance, qui trouve un écho dans les  cœurs désespérés, les âmes naufragées. Grand mensonge, douce rêverie, espérance certaine certaine, socle de notre foi inébranlable en des lendemains meilleurs (les camerounais savent se mentir a eux-mêmes en se regardant dans la glace).

Cette situation rappelle l’Israël antique : « le messie viendra ! Le messie viendra ! » Disaient les prophètes, « il y aura des signes ». Aujourd’hui on s’efforce de nous faire croire en une émergence proche. On nous donne une date : 2135 2035. On ne nous donne pas de signe, pourtant ceux annoncés pour la venue du messie y ressemblent pour beaucoup. Jugez vous-mêmes : « La Vierge enfantera » (les femmes sans enfant apprécieront mieux la vie ; leur fardeau sera moins pesant. Celles qui croiront encore qu’avoir une bonne dizaine est une source de richesse en verront de toutes les couleurs). « Dieu déclarera qu’il est son fils. » (Dieu vous dira qu’il vous avait prévenu.) « Il entrera a Jérusalem sur un âne » (la crise labourera nos contrées et ne laissera nul place ou la main ne passe et repasse.) « Il sera silencieux devant ses accusateurs » (notre roi bien-aimé s’en moquera bien, certainement depuis l’au-delà.) « Il sera enterré avec les riches » (ah oui ! l’émergence mort-née aura droit à une belle tombe, à 200 kilomètres sous terre !)

La comparaison peut être amusante, mais elle est proche de la réalité. Ce n’est jamais sans un pincement au cœur, une gêne même, que j’aborde des sujets aussi délicats, aussi triste. Il y a des millions de personnes qui recherchent non pas l’émergence, mais juste l’équilibre au quotidien. Des personnes qui n’ont pour seul luxe que de croire en des lendemains meilleurs. Un pays dans lequel plus de 40 % de la population vivent dans la pauvreté.  A quoi devrait-on s’attendre quand on prépare la venue de quelque chose et que l’on agit pour recevoir le contraire ? L’émergence n’est-elle pas d’abord individuelle avant d’être collective ? Où sont les têtes pensantes de cette nation ? Où sont-ils ? Dans les bars ?

Daves

 

 

 


L’amour, cet inconnu…

coeur floppys,  commons.wikimedia.org
coeur floppys, commons.wikimedia.org

Il pleut.

Pas de gouttes de pluies, mais du soleil ardent. Les nuages porteurs d’orages sont bien loin d’ici. Peut-être sont-ils là-bas, sous ces cieux à la fois lointains et si proches, par le passé, par la mémoire.

Nous vivons, maintenus que nous sommes par notre amour, ce fil fragile qui nous relie à la vie. Qu’est-ce que l’existence sans cette émotion vive, ce sentiment magique ? L’amour d’un parent, d’un ami, d’un métier, la passion, l’emportement pour ces petites choses indéfinissables qui rend la vie si merveilleuse, qu’est-ce qui peut remplacer cela ?

Le pouvoir d’aimer nous fait entrer dans une nouvelle dimension, un nouveau monde. Nous découvrons la beauté dans des choses ordinaires ; nous avons les étoiles pleins les yeux. La vision, les pensées changent, et le cœur qui se dilate devient comme une paume prête à servir, à protéger, à porter le monde.

Aimer purement, goûter aux joies de la vie nécessite malgré les apparences, une grande maturité. Qui cueille imprudemment un belle rose se fait piquer par les épines. Qui n’abrège la vie qu’à la notion de liesse et de jouissance s’engage sur une pente glissante, celle de la dépression, la mélancolie, et tous ces petits maux qui font les choux gras des psychologues et des psychiatres.

Certains philosophes du passé avaient raison d’évoquer l’amour comme étant un art. Certainement, avaient-ils perçu la complexité et le mystère même de cette force qui  à mon avis fait mouvoir tous les moteurs du monde. A la base de chaque invention, il y a un génie ; quelqu’un qui aime ce qu’il fait et qui s’est donné un objectif suffisamment élevé pour paraitre inaccessible au commun des mortels. Un homme à la vue perçante d’un aigle, dont l’amour déploie les ailes et l’emporte haut, toujours plus haut, pour le bien de l’humanité.

Un proverbe courant donne une autre explication intéressante de l’amour. Il dit que celui-ci commence par la haine. La vérité à mon avis, c’est que la haine n’existe pas ; la seule force est l’amour. D’abord, qu’est-ce que la haine ? Un fruit d’amour immature que les rafales ont arraché. La haine est une étape dans l’apprentissage, dans l’expérimentation de l’amour. C’est une revendication inconsciente des choses qu’on aime. La haine ne sait pas qu’elle aime, mais l’amour sait qu’il ne hait pas.

Êtes-vous sûrs d’aimer ? Vraiment ? Vous aimez les fromages ? Abstenez-vous d’en trop manger de peur d’avoir la nausée. L’amour qu’on enferme dans des objets, des personnes et des choses périssables ne peut qu’avoir des effets regrettables. La perte de quelque chose qui vous est très cher ne vous fait pas perdre son amour. D’où la souffrance. Pourtant, l’amour, lui, ne demande qu’à être libre, être partout et nulle part à la fois, être ce qu’il parait et non ce que nous voudrions qu’il soit. Immatériel par essence, il voudrait épouser les idéaux chers à notre être, à notre réalisation personnelle. Il souhaite ardemment embellir la  vie de ces belles couleurs qui font chanter nos âmes.

Laissons l’amour faire de nous le meilleur que nous pouvons être.

Laissons l’amour faire nous rassembler autour de la même table.

Laissons l’amour nous révéler notre vraie nature.                                                                    Aimons l’amour.

La haine n’existe pas, la seule force est l’amour.