Christian ELONGUE

La date de soutenance de mon 3ème master est-elle une synchronicité ?

Notre vie est parsemée de signes qui nous poussent à prendre des décisions irrationnelles ou à croire en notre destin. Mais ces signes sont-ils simplement des concours de circonstances, une projection du subconscient dans notre réalité ou tout simplement la manifestation de la volonté de Dieu ?

La synchronicité là même c’est quoi ?

Vous demandez à des personnes au hasard dans la rue si elles connaissent les coïncidences, elles vous répondront par l’affirmative. En revanche, si vous les interrogez sur la synchronicité, pas une sur cent saura de quoi il s’agit. « Synchronicité » est un terme inventé par le psychologue suisse Carl-Gustav Jung. Il fut influencé par le biologiste Paul Kammerer qui considérait que les phénomènes de coïncidences isolées ou en série sont la manifestation d’un principe universel de la nature, et opérant indépendamment de la causalité physique.

Le rêve guide la nuit, la synchronicité le jour…

La synchronicité se déploie ainsi dans la réalité sous forme de coïncidences « significatives », qui sont parfois ironiques et parfois même très utiles. Par exemple, le fait de croiser une personne à qui vous étiez justement en train de penser, tomber par hasard sur un produit qui résout un problème que vous aviez, sans pour autant l’avoir cherché ; tomber sur une personne qui vous aide à relever le défi auquel vous êtes confronté actuellement, comme si elle avait été directement mise sur votre route pour vous aider ou recevoir un message rassurant de façon inattendue, au bon moment. Pour certains, ce phénomène est un « clin d’oeil » de l’univers, un signe de votre intuition.

Avez-vous déjà été confronté à la synchronicité ?

Cela signifie que vous étiez au bon endroit, au bon moment. Ce phénomène « magique » nous permet de savoir que nous sommes sur la bonne voie et ouverts à l’orientation spirituelle. Depuis la nuit des temps, les hommes ont constaté certaines coïncidences dans leurs vies, sans pour autant pouvoir expliquer pourquoi ces événements se manifestaient. Tel fut peut être le cas pour la soutenance de mon 3ème master en Ingénierie Pédagogique Multimédia – Recherche en Formation des Adultes (IPM-RFA) de l’Université Science et Technologie de Lille 1, qui fut planifiée pour le Mercredi 11 Avril 2018 à 12h.

1ère Page de Couverture de mon mémoire de Lille. Credit: Christian Elongué__synchronicité
            1ère Page de Couverture de mon mémoire de Lille, soutenu le 11 Avril 2018.

Si cette date peut vous paraitre anodine, elle ne l’est point pour moi. En effet, cette date tombait exactement à 1 an jour pour jour après la soutenance de mon second Master en Management des Industries Culturelles à l’Université Senghor d’Alexandrie en Egypte. Master soutenu le 11 Avril 2017 à 11h et au terme duquel j’étais sorti Major de Promotion et couronné par le Prix d’Excellence de la Fédération Wallonnie-Bruxelle en Belgique.

1ère Page de Couverture de mon mémoire de Senghor. Credit: Christian Elongué_synchronicité
1ère Page de Couverture de mon mémoire de l’université Senghor, soutenu le 11 Avril 2017.

Depuis que je m’étais rendu compte que ma soutenance d’IPM-RFA était survenu le même jour et mois que celle de Senghor, je n’ai cessé de me questionner :

Est-ce le fruit du hasard, de la providence, de la chance ou tout simplement un coup du destin ? M’étais-je inscrit à ce Master parce que je le voulais ou étais-je prédestiné à le faire ? Quel lien existe-t-il entre ce dernier et celui de Senghor ? Si c’est la volonté de Dieu, que voudrait-il me faire comprendre ? Quel rôle ces formations joueront elles sur ma destinée, sur celle de l’Afrique et du monde ? Sommes nous vraiment maitre de notre destinée?

Ces petites questions et bien d’autres font parties des questions existentielles. Celles-là que l’Homme se pose pour comprendre la vie et donner un sens à sa vie. Au terme de trois semaines de méditations, les réponses que j’obtenais était toujours parcellaires. Chaque réponse générant une nouvelle question. Ce n’est qu’au Culte du Dimanche, qu’un sermon de notre Pasteur Rev. Richard Whitcomb me rasséréna.

 

La synchronicité c’est lorsque Dieu décide d’écrire droit avec des lignes tordues.

Il avait expliqué en ce jour que la chance n’existe point dans le dictionnaire d’un véritable chrétien. Le hasard n’est que la manifestation de l’intelligence de Dieu. Ce n’est pas parce que c’est inexplicable par l’homme qu’il doit conclure au hasard et à la chance. Par exemple, Jonas avait refusé d’obéir à ce que Dieu lui demandait, et alors il était parti aux antipodes ; mais voilà, en bateau, c’est la tempête ! Quel hasard… Mais les marins ne croient pas trop au hasard et ils tirent au sort pour savoir qui est responsable de ce déchainement. Et c’est Jonas qui est désigné. Quel hasard ! Ainsi que plus tard quand un gros poisson passe par là et avale Jonas. Le hasard était manipulé par Dieu… Même Einstein, a-t-il cité, ne croyait pas au hasard. Il avait d’ailleurs lancé son célèbre « Dieu ne joue pas aux dés! »  

Après avoir écouté ce sermon, je n’avais peut-être pas immédiatement trouvé toutes les réponses à mes questionnements mais je suis davantage plus confiant. J’ai eu à vivre des expériences qui m’ont prouvé que Dieu dirigeait les évènements et mes choix ; pour mon bien.  Bien que je ne puisse deviner tous les contours de ma destinée et de ses plans dans ma vie, je me laisserai guider par sa Voix. Ce qu’il me dira de faire, je le ferai diligemment.

J’ai finalement arrêté de me questionner pour m’abandonner à sa Volonté.

J’ai arrêté de me questionner et décidé de m’abandonner à sa Bonne Volonté, qui est toujours la meilleure. J’ai arrêté de me questionner pour Lui faire confiance et prendre quelques jours afin de savourer les fruits de ce long et dur labeur. Oui ! Ce Master fut l’une de mes meilleures expériences académiques, surtout parce que c’était dans un champ totalement différent de ma formation initiale en Lettres et Linguistique. Par ce 3ème Master, j’avais voulu braconner aux frontières d’autres disciplines, poussé par mon instinct d’aventurier d’Orunmila (Dieu Yoruba de la Sagesse).

Je me souviens encore de toutes ces soirées d’insomnies passées à apprendre la programmation informatique. Il arrivait des fois où j’avais envie de frapper mon laptop, surtout lorsque le code que j’avais passé des heures à rédiger ne produisait pas le résultat escompté. Heureusement que je pouvais compter sur mon frère Ghanéen Johnson Lorlornyo ou sur mon ami Dr. Mohamed El Hadi Bene

Ce Master achevé, je ne puis que remercier ma famille, amis et toutes les personnes-là qui m’ont accompagné et soutenu. Cette formation, j’en suis désormais convaincu, n’est point le fruit du hasard, mais rentre dans les Plans de Dieu pour ma vie. Des milliards de MERCI seraient insuffisants pour L’exprimer ma reconnaissance car c’est en lui que j’ai puisé l’Inspiration, la Force et l’Intelligence pour réaliser ce travail.

Croire que le hasard ou la synchronicité n’existent point n’est évidemment qu’une considération personnelle. Avez-vous vécu de pareilles situations ? Faites-moi part de vos idées sur ces sujets, parfois controversés.


La grande finale du concours d’art oratoire au féminin de Charly Tchatch

La finale du concours d’art oratoire au féminin organisée  par la startup Charly Tchatch  a eu lieu le mercredi 2 mai 2018 dans l’un des grands hôtels de Libreville. Nous retraçons ici les grandes lignes qui ont marqué cet évènement.

Un auditoire massif présent à cete finale tant attendue. Credit: Charly Tchatch
       Un auditoire massif présent à cete finale tant attendue. Credit photo: Charly Tchatch

Tout a commencé par le tirage au sort des sujets de débat et la définition de l’ordre de passage des candidates. Pour cette grande finale les candidates devaient débattre sur deux sujets au choix à savoir:

1- La femme qui réussit est celle qui construit des fondations solides à partir des pierres qu’on lui a lancées.
2- Le prix de l’inaction est bien plus grand que le coût d’une erreur.

Ponctué par des prestations de nombreux artistes invités pour l’occasion, le concours s’est tenu devant plus de 500 spectateurs qui ont d’abord assisté aux prestigieux exposés des 12 concurrentes.

À la fin de ce premier passage , juste 6 de ces femmes audacieuses ont été qualifiées pour la grande finale. Il s’agissait donc de :

DJAMILA ASSENGONE ANGOUE
-MAROSSIA AVOMO MBA
-ANDREE BRELLE DANIELLE MOUNGOLA BANZOUZI
-JULIE OKE
-MALAURIE OVINA ZUE
-NANA GRACE MONICA REMBOUNDOU

A la suite, s’est tenue la compétition des deux lycéennes. Il s’agissait de :

Sarah SHINDJE, du Lycée Tchorere, qui a affronté Emmanuelle FOUTOU, du Lycée Quaben. Cette dernière sortira victorieuse dans cette catégorie. Pour finir avec le challenge des six grandes finalistes, à ce deuxième passage, les compétitrices  avaient le choix de parler d’un sujet de leur choix sachant que tout se jouerait sur la thématique choisie.

Les trois lauréates du concours. Credit Photo: Charly Tchatch

De ce dernier challenge la 3ème place a été occupée par Julie Oke, le 2ème rang quant à lui a été arraché par Malaurie Ovina Zue et Andrée Brelle Danielle Moungola Banzouzi sort victorieuse de cette première édition du concours d’art oratoire au féminin organisé par Charly Tchatch et son équipe.

Il faut surtout noté que toutes les 3 ont un niveau licence.

Le public venu nombreux a témoigné par des interviews avoir passé des moments inoubliables, exceptionnels et particuliers… mais surtout avoue avoir été bluffé par le talent de chacune de ces jeunes femmes audacieuses.

Il est à rappeler que le jury était composé de six membres qui sont:

  • FRANÇOISE NDAYISHIMIYE :  représentante de l’ONU SIDA au Gabon et présidente du Jury.
  • STEEVE ANDERS ON BANDZAMBI :  animateur et présentateur TV
  • BENEDITH KESSANY: coache en motivation, ambassadrice protest ONU SIDA
  • CAMELIA N :  Membre du conseil d’administration alumni du celsa Paris Sorbonne
  • JOPHRA MFOUBOULA :  Président de l’ONG Educaf
  • CONFIDENCE VONO : magistrat et professeur en droit.

Cette grande finale  sera diffusée sur label TV, l’un des fidèles partenaires de la startup Charly Tchatch, tout comme Ossprod, l’appel des mille et une, le Grand Mbandja, Tomorrow, radio ubuntu , BK consulting.

                           Interview de la meilleure oratrice. Credit Photo: Charly Tchatch

Cette première édition  au Gabon, qui valorise la jeune femme Gabonaise aujourd’hui critiquée, a pris fin aux alentours de 21h par la remise des trophées et des prix aux lauréats par les autorités présentes dans la salle à l’instar du PDG de label TV qui a d’ailleurs promis aux 12 finalistes des stages rémunérés au sein de sa structure.

A titre de rappel, les prix étaient les suivants:

– 500 000 FCFA pour le vainqueur
– 200 000 FCFA pour la 2ème
– 100 000 FCFA pour la 3eme, et
– 300 000 FCFA pour les deux lycéennes qui devraient percevoir chacune 150 000f.

La prochaine édition est déjà en cours de préparation et sera encore plus éblouissante.

Cyrlie


Comment surmonter les entraves à l’industrialisation de la culture africaine ?

La culture est le moteur sinon le cœur de tout développement économique. L’industrie culturelle et créative est le secteur de l’économie mondiale qui connaît la croissance la plus rapide, estimée à 7 % par an. Malgré son puissant role symbolique dans la construction des imaginaires, en Afrique, la Culture demeure une simple pature dans la Nature. La filière des industries culturelles, est encore immature et ce billet en présente les causes mais aussi quelques solutions. 

 

D’emblée et pour limiter toute asymétrie d’information dans notre analyse, il nous parait important d’indiquer quelques considérations préliminaires. Il est généralement admis qu’il y a industrie culturelle lorsque « les biens et services culturels sont produits, reproduits, stockés ou diffusés selon des critères industriels et commerciaux :  c’est-à-dire une  production  en  grande  série  et  une stratégie  de  type  économique  prioritaire  sur  toute  visée  de  développement culturel » (Unesco, 1982). Cependant, signalons que c’est la présence du capital, de la mécanisation et de la division du travail, et non les intentions des auteurs, qui détermine le caractère industriel ou non d’une production. Ainsi, l’industrialisation de la culture africaine, dont nous traitons, renvoie essentiellement à deux formes de distribution : la reproduction sur copie individualisée et  la  diffusion,  sur  des réseaux appropriés, d’une seule copie captée par des milliers de récepteurs.

Le discours contemporain sur les industries culturelles est bien optimiste. Alors que certains n’y voient qu’un magma déstructuré et diffus au sein duquel il semble difficile de se repérer, d’autres y perçoivent le gisement d’un énorme potentiel économique qui demeure largement sous-exploité. Ce dernier cas nous renvoie à la situation de la culture en Afrique, qui n’est point au cœur du développement mais au cœur du fleuve Léthé[1]. Le moteur de la culture en Afrique subsaharienne est en panne et dysfonctionne. Et nécessite par conséquent des « réparations » pour assumer pleinement son rôle de catalyseur de l’économie régionale. Tous s’accordent sur la nécessité voire l’urgence de mieux structurer et règlementer le secteur des arts et de la culture afin qu’on puisse véritablement parler d’industrialisation de la culture africaine.

Le principal dénominateur commun à la plupart des pays ACP[2], c’est la faiblesse des politiques pour l’économie de la culture. Il y a entre autres problèmes :

  • Le faible accompagnement et soutien aux entreprises culturelles

C’est ce que soulignait Moelle Kombi, ministre camerounais des Arts et de la Culture : « Ces structures sont confrontées à des problèmes juridiques, de structuration organique et fonctionnelle et de financement ».

  • L’insuffisance de cadres et experts formés aux métiers des industries culturelles et créatives

En effet, le manque de formation des entrepreneurs culturels et la  nature souvent  informelle  des  méthodes  de  gestion  constituent  des  contraintes  techniques  et culturelles qui empêchent l’élaboration avec une capacité suffisante de stratégies à moyen et long  terme  pour  intégrer  les  logiques  du  marché  local,  sous-régional  et  international. Telle est la tâche à laquelle l’Organisation Internationale de la Francophonie s’attèle aujourd’hui à travers son opérateur direct au service du développement africain : l’Université Senghor d’Alexandrie. On y forme des cadres en matière d’entreprenariat culturel dans son Département de la culture qui contient des filières tels que Gestion du patrimoine culturel (GPC), Communication et Média[3] (CM) et gestion des Industries culturelles (GIC) pour résorber ce déficit de cadres en Afrique. Au-delà de cette formation de professionnels du secteur culturel, il est aussi important, pour saisir les opportunités numériques et le contexte de la mondialisation, de disposer d’un meilleur accès au financement afin de moderniser leurs équipements, de concevoir de nouvelles méthodes de production et de distribution et d’adapter leurs modèles commerciaux.

  • Le faible accompagnement des collectivités locales

En effet, avec l’inefficacité des politiques de décentralisation, les collectivités locales que sont les régions, les communes et les communautés rurales n’ont pas suffisamment de fonds pour la promotion des arts et de la culture. On note également des besoins en matière d’infrastructures et de ressources humaines qui défavorisent le renforcement des entreprises culturelles locales privées. Or la culture fait partie de l’attractivité d’une ville au même titre que son dynamisme économique. Il est donc important que les collectivités locales développent leur stratégie de marketing territorial de la culture et établissent des partenariats publics-privés avec les acteurs culturels. Les dimensions culturelles du développement des territoires se manifestent en chacun de nous à travers différents points de nos coutumes et nos traditions.

L’industrialisation de la culture africaine n’est possible que s’il existe un marché suffisamment grand pour y écouler les biens et services culturels produits.  Avec le numérique, la diffusion et la distribution des biens informationnels et culturels s’en trouve grandement facilitée. Mais en Afrique, on note une faible circulation des produits culturels. Pour le cas de la littérature, il est plus facile de trouver un ouvrage camerounais à Paris qu’au Tchad, Gabon… Les récents accords de libre circulation intra-africaine, lorsqu’ils seront réellement effectifs et mis en œuvre, pourront significativement contribuer au renforcement du commerce des biens et services culturels. Car les industries culturelles constituent un secteur incontournable de la cohésion sociale, de la paix et du développement économique des Etats de chaque sous-région d’Afrique.

Commercialisation de l'art africain @Flickr
Commercialisation de l’art africain Penn Museum@Flickr

Au-delà de ces mesures, nous pensons qu’il serait également important de :

  • Mener une réflexion concertée, multipartite et profonde des mécanismes de financement des projets de l’économie culturelle dans chaque pays en fonction des réalités locales

Aucun modèle d’industrie culturelle ne doit être importé ou imposé à l’Afrique. Chaque pays doit définir et développer les secteurs prioritaires de sa politique culturelle en fonction de l’environnement local. Le plus important est qu’il y ait une coordination entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile. Les pouvoirs publics, dans ce cadre, interviennent à trois niveaux indissociables : faciliter l’accès aux consommateursstimuler la créativité des acteurs et l’émergence de marchés viables.

  • Promouvoir les opportunités d’investissements dans le secteur de la culture et du tourisme

Pour y parvenir de manière effective, il faut que la culture soit réellement considérée comme une activité économique à part entière et qu’elle soit soumise aux règles concurrentielles du marché comme les autres secteurs de l’économie. Le champ de la culture et des communications n’échappe plus aux règles fondamentales de l’économie capitaliste (Tremblay, 2008). « Il est inconcevable qu’au moment où on parle de plus en plus d’économie de la culture les porteurs de projets ne soient pas traités comme tout le monde et continuent de bénéficier de subventions à fonds perdus sans pour autant être obligés d’être contrôlés au vu des résultats de leurs projets », complète Espera Donouvossi, chargé de projet au sein du réseau d’entrepreneurs culturels MOKOLO.

  • Encourager la recherche technologique, stimuler l’innovation et établir un propice climat des affaires dans le secteur culturel et touristique,
  • Promouvoir le partenariat public –privé, le marketing territorial de la culture, le développement de l’économie de la fonction publique territoriale par la culture et le secteur productif de sa main d’œuvre.

En définitive, le passage au numérique est plus qu’une opportunité mais une nécessité pour surmonter les challenges susévoqués. Le numérique a un énorme impact sur la manière dont les biens et services culturels sont produits, diffusés et consommés. Ces changements offrent des possibilités aux secteurs de la culture. Grâce au numérique, les efforts pour l’industrialisation de la culture africaine peuvent être propulsés, à condition de le faire à bon escient. La baisse des coûts de distribution, l’apparition de nouveaux canaux de distribution et l’émergence de possibilités pour des produits culturels peuvent faciliter l’accès aux œuvres et améliorer leur circulation en Afrique et dans le monde entier.

 

 

[1] Dans la mythologie grecque, Léthé, fille d’Éris (la Discorde), est la personnification de l’Oubli.

[2] Afrique Caraïbe Pacifique

[3] Par exemple, on y forme au métier de journaliste culturel. Une fonction assez négligée de par ses faibles enjeux économiques pour les praticiens.


Pourquoi devons-nous soutenir les entreprises culturelles au Cameroun?

De la nécessité de promouvoir les entreprises des industries de la culture au Cameroun.  

Les entreprises culturelles désignent cet « ensemble hétérogène dont la diversité s’explique tant par l’appartenance à des secteurs artistiques distincts (lecture publique, spectacle vivant, conservation et animation du patrimoine, arts plastiques, audiovisuel, édition littéraire et phonographique…) que par l’histoire des structures considérées, et plus particulièrement l’origine – publique ou privée – de leur création »[1].  En tant que filière de l’industrie culturelle, elle est une unité de production et de commercialisation de biens portant la marque symbolique, esthétique et identificatrice d’une culture et ayant une valeur marchande. Moteur des échanges des biens et des services culturels, ainsi que des capitaux, les entreprises culturelles contribuent au développement de l’économie nationale.

En prenant part active à la croissance économique intérieure d’une nation, elles apportent une valeur ajoutée dans la valorisation des richesses, dans la création d’emploi et le développement humain. Le rôle très capital qu’elles jouent dans l’appropriation et la valorisation des richesses, détermine l’intérêt économique dans la créativité artistique et culturel. Avec la mondialisation galopante [2]et les développements sociaux, culturels et technologiques qu’elle entraine, on assiste à une intensification de notre consommation de produits culturels : l’œuvre culturelle et artistique est devenu aussi commerciale avec des logiques inspirées du secteur privé. De nombreuses transformations sont à l’œuvre au sein des industries de la culture[3], favorisant ainsi des échanges de biens, de services et des capitaux.

Cependant, alors que ce secteur est au cœur de la dynamique de développement dans bien d’autres pays, la filière demeure négligée, non structurée et (presque) à la périphérie des politiques publiques au Cameroun. L’aspect économique du secteur culturel n’a pas été pris en compte à sa juste valeur au Cameroun. Pour certains, le rôle de la Culture consiste seulement à « éclairer » le public ou à le divertir. Son apport économique n’était pas considéré comme un élément important. D’où le déficit de données concernant l’activité et les performances des industries culturelles. Or il est important que le secteur se dote de statistiques claires visant à prouver au politique, sa contribution au développement national. Malgré la reconnaissance de son utilité, les données quantifiables sur l’impact des industries culturelles africaines sont rares voire inexistante dans certaines filières comme l’artisanat. Un « secteur dont les retombées sont palpables et impacte directement les populations » nous rappelle Nadia Nkwaya, chargée de recherche à Arterial Network.

D’après Vounda Etoa, Directeur des Editions Clé,  « La plupart des entreprises culturelles qui existent au Cameroun fonctionnent sur une base familiale alors que l’on devrait passer à une gestion standardisée. Il faut une administration rigoureuse avec une gestion toute aussi pointue. » En effet, le marché des biens et services culturels sur le territoire camerounais est loin d’être structuré. Des initiatives individuelles émergent çà et là mais l’industrialisation de la filière des arts et de la culture n’est pas encore effective.

Les activités et projets culturels développés sont sporadiques et n’ont pas toujours d’émanation sociale pour asseoir leur renommée. Or pour dynamiser cette filière, il faut que des activités soient organisées en continue tout au long de l’année. Ce n’est qu’après huit année (2008) que fut organisé, en avril 2016, la 2ème assise sur les entreprises culturelles et industries créatives au Cameroun afin de préparer l’élaboration et la mise en place d’une politique incitative pour mieux structurer le secteur. Pour y parvenir, nous proposons deux pistes : l’une éducationnelle et l’autre structurelle.

 Le premier est lié à l’éducation artistique et culturelle,

c’est-à-dire à enseigner la culture camerounaise et africaines aux enfants et jeunes dès le bas âge, afin qu’ils puissent acquérir ou développer des connaissances artistiques ou culturelles. En effet, le marché des arts et de la culture ne sera jamais durable si la population, principale clientèle, des biens et services culturels, n’est pas sensible et à même de disposer des codes esthétiques minimum pour reconnaitre et apprécier la valeur des productions artistiques et culturelles. Cependant, éduquer ne suffit point, il faut également règlementer et encadrer la filière afin de veiller à ce que la logique commerciale ne prenne pas le dessus sur la logique culturelle au risque de la banaliser, d’appauvrir  le  contenu  des produits  culturels  et  même  d’influencer  le  goût  des  consommateurs  à  des  fins  de  contrôles économiques  ou    idéologiques.

Ce qui évidemment ôte à  l’usager  tout  sens  de  critique constructive  et  fait  de  lui  un  consommateur  « avide  de  nouveautés ».  et donnant  parfois  la préférence à la médiocrité agréable plutôt qu’au plan réellement créateur. C’est ce qu’on observe lorsqu’on voit la majorité de la population s’extasier devant des productions culturelles de faible qualité[4].  Sans éducation artistico-culturelle, il sera très difficile pour un jeune de décrypter et de savourer à sa juste valeur des artistes « talentueux » comme Charlotte Dipanda, Richard Bona, Manu Dibango ou Blick Bassy… Quand notre champ de connaissance musical, théâtral, cinématographique… est pauvre, il est très difficile de savoir et de pouvoir reconnaitre des biens culturels de qualité.

Ce rôle d’éducation artistique et culturelle incombe premièrement au ministère de la culture et des Arts qui se doit d’élaborer et de veiller à l’implémentation effectives de politiques culturelles décentralisées au niveau de chaque communauté, en passant évidemment par le système éducatif. Par exemple, des activités culturelles doivent être organisées au sein des établissements scolaires, des partenariats de coopération entre les entrepreneurs culturels et les institutions éducatives doivent être réalisés, les institutions muséales doivent davantage marketer la culture auprès de cette cible qu’est l’enfance à travers des visites guidées gratuites (et obligatoire) pour tous les établissements du primaire au secondaire afin d’inculquer en eux les valeurs de la diversité culturelle.

Le second enjeu est symbolique.

C’est le rôle de l’Etat de promouvoir tous les secteurs culturels (musique, cinéma, théâtre, gastronomie, spectacle vivant, mode etc.) car au-delà de la richesse économique, ils sont porteurs de richesses symboliques qui façonne l’imaginaire des peuples et la pensée individuelle. Alice Ellenbogen [5] nous rappelait déjà que la puissance d’une Nation est davantage culturelle que politique. Autrement dit, la puissance culturelle précède la puissance politique et économique. C’est aussi la position de SENGHOR (Senghor, 1964) quand il affirmait que : « l’impérialisme culturel, nous l’oublions trop souvent est la forme la plus dangereuse du colonialisme : il obscurcit la conscience.[6] » Il n’y a pas de puissance émergente qui n’ai pas utilisé la culture pour imposer son savoir-faire et son génie dans le monde.

Toujours dans ce cadre, les institutions comme le ministère des Arts et de la Culture, le ministère du Tourisme, le ministère de l’Enseignement Supérieur, le ministère des Relations Extérieurs, le ministère de la Communication etc. ont un volet de soutien à la culture et doivent désormais identifier les initiatives des jeunes afin de les soutenir. Ils doivent organiser des manifestations culturelles régulièrement.

On pourrait instaurer le mois national du tourisme pour permettre aux Camerounais du Centre d’aller vers le Nord ou du Sud vers l’Ouest et vice versa. Au-delà de la mobilité nationale, on doit également promouvoir le tourisme sous régional avec le Congo, la Centrafrique, le Gabon, le Nigeria… Le Cameroun représente l’Afrique en miniature et regorge donc d’une diversité impressionnante comme peu d’autres pays et nous devons nous appuyer sur ce levier.

Enfin, la question du développement des entreprises des industries culturelles et créatives s’est intégrée dans les discours de réflexion des acteurs culturels, dans plusieurs pays africains, en vue d’une appropriation des normes les caractérisant. Un discours qui mérite une clarification dans un environnement fusionnant le formel et l’informel dans la création de richesses. Les entreprises des industries culturelles se présentent à cet effet, comme les outils de création de richesses économique au Cameroun. Car elles permettent d’accroître la capacité de créer et de faire circuler le capital intellectuel économique et symbolique, tout en favorisant l’inclusion sociale, la diversité culturelle et le développement humain.

 

[1] Jean-Philippe DURAND, Le marketing des activités et des entreprises culturelles, Lyon, Agec-Juris Services, 1991

[2] Saliou Ndour, « Le développement des industries culturelles: une exigence de l’Afrique dans le contexte de la mondialisation », 2008.

[3] Philippe Bouquillion, « Incidences des mutations des industries de la culture et de la communication sur les contenus informationnels », Cahiers du Journalisme, vol. 20, 2009, p. 44–63, p. 44.

[4] Nous préférons éviter de citer des titres ou des exemples car la qualité d’une œuvre est aussi subjective.

[5] Alice Ellenbogen, Francophonie et indépendance culturelle : des contradictions à résoudre, Editions L’Harmattan, 2006.

[6] Léopold Sédar Senghor, « De la liberté de l’âme ou éloge du métissage », ders.: Liberté I. Négritude et humanisme, Paris, 1964, p. 98–103.


Quand la bande dessinée kidnappe l’imaginaire des enfants africains

Quand la littérature jeunesse prennent en otage l’imaginaire…

Dans le cadre de la préparation de la fête nationale du Ghana ( 6 mars) et de la journée internationale des droits de la Femme, une école privée internationale d’Accra a organisé une série d’activité scolaire où les élèves ont été amenés à participer à des concours de chants, de danse, et de récit et de théâtre. A l’exception de la danse qui avait légèrement une coloration locale avec de l’Azonto, le reste des activités étaient fortement marqué par le sceau de l’influence étrangère. Lors de la représentation théâtrale, les enfants présentèrent le classique combat entre le « Gentil » et le « Méchant » représenté ici par Superman, Spider Man et Sangoku (Dragon Ball Z) contre Dracula, Magneto (X-Men) et Lex Luthor (Superman).

Pendant les activités, un seul enfant n’était pas très joyeux car ses parents n’avaient plus lui trouver le costume de T’Challa puisqu’il voulait jouer le rôle de la Panthère Noire, le super-héros 100 % africain de Marvel. En parcourant furtivement la bibliothèque scolaire de cette école, je constatais qu’environ 70% du catalogue était en effet constitué de livres jeunesses d’auteurs américains, anglais, canadiens, belges et français. La littérature enfantine locale y était noyé et à peine visible dans les rayons. Si on vous y mettait après vous avoir fermé les yeux et sans vous dire où vous êtes, vous vous croirez dans une bibliothèque scolaire d’une cité européenne ou asiatique.

Seulement quelques jours plus tard, j’assiste à une cérémonie de remise des prix d’un concours littéraire organisé à l’occasion de la Semaine de la Francophonie. La première lauréate, Yaa Laudina, une élève de 8 ans a écrit un merveilleux récit sur Blanche Neige et les sept nains et le Second prix fut décerné à Kofi Barko, un petit garçon dont le texte reprenait les aventures de Robin des Bois ! Des héros qu’ils n’ont jamais vu si ce n’est dans les livres, au cinéma ou dans les dessins animés (animation).

Comment une jeune fille de 8 ans peut-elle décrire les aventures et l’environnement de Blanche Neige alors qu’il n’a jamais neigé au Ghana et qu’elle n’a jamais vu de ses yeux, même l’ombre ou le fantôme d’un grain de neige ? Comment de jeunes enfants peuvent-ils se bagarrer avec des interjections chinoises : Watchaïi ! Hiyyaaa ! Wouss wouss ! Adou Get ! Ou faire des jeux avec des poupées « Barbie » ?

Ces enfants Ghanéens ne sont que des exemples parmi des millions d’autres enfants, jeunes adolescents et adultes dont l’imaginaire a été longuement formaté, corrompu, virusé et pris en otage par les arts créatifs et la culture étrangère. Moi-même, je suis un fan calé-serré des aventures pirates de One Piece avec Luffy et son équipage (Zoro, Sanji, Nami, Chopper, Brook, Robin, Franky, …). Inconsciemment, ces héros de bandes dessinées, de comics, de cinéma… s’ancre dans notre conscience. On s’identifie à eux et ils parviennent ainsi à coloniser notre imaginaire alors qu’ils n’ont parfois rien à voir avec nos réalités quotidiennes, nos mœurs, nos traditions et pratiques quotidiennes.

De l’importance pour nos enfants de s’identifier à des héros africains

Des générations d’africains ainsi grandi sans pouvoir s’identifier ou se reconnaitre dans un super-héros africains. Mais avec la révolution numérique et technologique, les choses bougent et évoluent. Des artistes et créateurs africains frustrés par ces expériences sont désormais en action et créent de plus en plus de contenus qui s’inspirent de la tradition et culture africaine. L’émergence d’un univers de super-héros africains apparaît aussi comme une nouvelle étape dans le mouvement pour l’affirmation, par les Africains, de leurs cultures et la revitalisation de leur imaginaire. Un préliminaire pour booster l’action.

Ananse:The origin @Leti Arts Afropolitanis
Ananse:The origin @Leti Arts

La bande dessinée ou le cinéma d’animation a cette capacité, à travers les héros qu’elle peint, d’insuffler la confiance en soi et la fierté d’être africains à chacun de nos enfants. Ces derniers ne se verront plus seulement comme des vaincus, des rescapés, des malnutris, des naufragés mais se verront comme des conquérants, des sauveurs, des bienfaiteurs, des personnes capables d’impacter positivement le monde. Et c’est là que ça change tout. Parce qu’à partir du moment où on a confiance en soi, on est capable n’importe quoi. Quand on est capable de rêver grand et bien, l’impossible devient possible. Si vous croyez que vous pouvez faire quelque chose, alors c’est possible. La seule limite existante est celle que vous vous mettez.

Leur faire découvrir les héros de BD made in Africa et leurs créateurs.

Contrairement à la Tornade de Marvel de la série X-Men et à T’Challa dans Panthère noire, qui sont tous deux originaires du pays imaginaire de Wakanda en Afrique, les personnages de Eyram Tawiah, Olivier Madiba, Barly Baruti, Elyons… sont d’authentiques Africains nés et élevés sur le continent. Plus besoin de s’identifier à des ninjas, des ogres, des chaperons rouges, des dragons, des elfes car selon Hilaire Mbiye Lumbala, BD africaine est un art reconnu qui possède elle aussi ses propres héros. Nous pouvons mentionner par exemple Yirmoaga au Burkina Faso ; Zoba Moke au Congo Brazzaville, Mata-Mata et Pili-Pili, Apolossa, au Congo démocratique ; Dago, Monsieur Zézé et Cauphy Gombo en Côte-d’Ivoire ; Bibeng et Tita Abessolo au Gabon ; Tékoué en République centrafricaine ; Boy Melakh et Goorgoolou au Sénégal, etc.

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Aurion: Legacy of the Kori-Odan_La BD @ Kiroo Games

Plus récemment, citons Olivier Madiba de Kiroo Games dont le jeu vidéo Aurion a été adapté en bande dessinéegrâce à l’illustrateur et dessinateur Georges Pondy est désormais disponible ici. Eyram Tawiah, avec son application mobile Afrocomix, vous donne accès à des contenus africains (BD, fonds d’écrans, courtes animations…) inspirés des récits et de la culture africaine et destiné au public africain, à la diaspora et à toute personne ayant soif de contenus originaux et authentiques sur l’Afrique.

Au delà de ces contenus digitaux, vous pourriez également emmené vos enfants à des évènements où ils pourront rencontrer les créateurs de ces univers fantastiques. Cela renforcera le lien affectif qu’ils entretiennent avec ces héros de bandes dessinées. Je pense par exemple au Festival Mboa BD au Cameroun, au Salon de la bande dessinée de Kinshasa, au Festival Coco bulles d’Abidjan, le Salon de la bande dessinée de Bamako, Îl’en bulles de Port Louis (Île Maurice), Gazy bulles de Tananarive (Madagascar), les festivals de Tétouan, au Maroc, et Tazarka (12 éditions), en Tunisie. Et enfin et surtout le Festival international de bande dessinée d’Alger qui propose un plateau important d’auteurs européens et africains.

De nos jours, plusieurs associations de dessinateurs œuvrent sur le continent. On peut citer au Mali, le Centre de la bande dessinée de Bamako qui regroupe au sein d’une même structure tous les dessinateurs professionnels du pays ; à Kinshasa, Kin Label qui édite un journal du même nom. Enfin, on peut également citer l’association L’Afrique dessinée ou AfriBD qui regroupe des dessinateurs africains évoluant en Europe et qui intervient régulièrement sur le continent.

Voilà j’espère que cet article vous aura sensibilisé davantage sur l’importance d’acheter, d’offrir ou de faire lire des bandes dessinées ou livres jeunesse africains à vos enfants ou même ceux du voisin 🙂 . Si vous le faites déjà en tant que parent, prière de partager votre expérience en commentaire. Si vos parents l’ont fait pour vous, dites nous comment cela vous a influencé. A bientôt !


Les superhéros africains peuvent-ils rivalisés avec ceux des grands studios étrangers ?

Est-il possible de mettre un terme à l’hégémonie de Batman, Superman ou Spider Man sur l’imaginaire africain ?

Est-il possible que Guardian Prime, le Superman africain, protecteur du genre humain, crée en 2013 par Jide Martins de Comic Republic, puisse rivaliser aux Quatre Fantastiques, Spider-Man, Hulk, Iron Man ou encore les X-Men crées dans les années 60 par Stan Lee et Jack Kirby de Marvel Comics?

Guardian-Prime - African superhero by Comic Republic @ Anime Complexium
Guardian-Prime – African superhero by Comic Republic @ Anime Complexium

Kweti, le premier Super-héros africain publié en 2014 par Loyiso Mkize, peut-il rivaliser avec Batman de Marvel Comics ?

A ces questions rhétoriques, je réponds OUI ! Comme je l’ai souligné dans un précédent post, il s’agit davantage d’un enjeu symbolique qu’économique. La perception que l’on a du monde influence considérablement notre représentation au monde. Ce qu’on pense définit ce qu’on est et dans une large mesure ce qu’on a. En effet, l’imaginaire est un facteur déterminant pour booster l’action. Or la bande dessinée ou le cinéma d’animation a cette capacité, à travers les superhéros qu’elle peint, d’insuffler la confiance en soi et la fierté d’être africains à chacun de nos enfants.

Ces derniers ne se verront plus seulement comme des vaincus, des rescapés, des malnutris, des naufragés mais se verront comme des conquérants, des sauveurs, des bienfaiteurs, des personnes capables d’impacter positivement le monde. Et c’est là que ça change tout. Parce qu’à partir du moment où on a confiance en soi, on est capable n’importe quoi. Quand on est capable de rêver grand et bien, l’impossible devient possible. Si vous croyez que vous pouvez faire quelque chose, alors c’est possible. La seule limite existante est celle que vous vous mettez.

« Nous devons d’abord faire en sorte de changer le regard misérabiliste que beaucoup portent souvent sur nos pays» , observe à cet effet le dessinateur nigérian Roye Okupe, cofondateur de YouNeek Studios.

Superhéros© YouNeek Studios @Ngnaoussi Elongue
Collection de superhéros africains du Studio Youneek © YouNeek Studios

Dans les années à venir, Jide Martins espère voir le nom Comic Republic devenir une référence aux cotés de nom comme DC et Marvel. Et aussi que les enfants, dans leur jeu ou moment de doute, pourront dire : « Que ferait Ananse ? Guardian Prime ? Kwesi ?..

Mais pour y parvenir, il est important de lever certains freins et obstacles au développement de la bande dessinée sur le continent.

Le 9ème art africain est un art reconnu

En tant que langage, la BD africaine entretient un rapport avec les médias. D’une part, les quotidiens, hebdo et magazine (presse écrite) demeurent le principal lieu d’éclosion des artistes. Beaucoup de dessinateurs y ont  publié  leurs  premières  planches  et d’autres y ont commencé comme caricaturistes. C’est le cas par exemple de Joël  Ebouémé  Bognomo,  caricaturiste et illustrateur jeunesse,  actuellement  chargé  des  expositions  au  sein  de  l’ONG  Irondel, une association qui lança depuis 1999 la première édition du festival de caricatures et de l’Humour de Yaoundé.

D’autre part, la  BD  est  à  comprendre  aussi comme média au service de la société. La BD remplit les trois fonctions traditionnelles des médias : informer, former et divertir ses lecteurs. Elle explique parfois aux lecteurs ce  qui se passe dans leur société et éduque en leur montrant ce qu’il ne faut pas faire ou les  attitudes  à  adopter. C’est le cas par exemple du magazine 100% Jeune qui a eu un très grand impact dans les campagnes nationales de sensibilisation contre le VIH SIDA auprès de la jeunesse camerounaise.

…mais un média méconnu

Cependant, la BD africaine est un média méconnu parce que confrontée à de multiples difficultés qui freinent son développement et surtout son éclosion en tant que média à part entière. Il s’agit, entre autres, du manque de formation des artistes, du manque de maisons d’édition spécialisées, de l’insuffisance des circuits de diffusion et de distribution, de l’absence de structure de promotion du livre en tant que produit de consommation et de diffusion de la culture.

Un autre phénomène très important qui endigue la reconnaissance de la BD africaine et sa croissance concurrentielle à l’endroit de Marvel ou DC Comics, est sans aucun doute l’omnipotence de la « lecture utile » au détriment de la « lecture plaisir ». Les gens ne lisent que par nécessité ou contrainte dans un cadre scolaire. Si un jeune n’a pas de devoir ou d’exercice littéraire dans une œuvre, il est rare de le voir lire. Or la lecture plaisir, surtout celle de la littérature jeunesse, est nécessaire au développement de la personnalité et à la réussite scolaire.

De ce fait, la bande dessinée reste assimilée à la littérature enfantine. Pourtant c’est un véritable paradoxe puisque l’essentiel de la production est plutôt orienté vers les adultes. Il est donc très rare de voir un adulte lisant un album, si ce n’est dans les milieux aisés et urbains. Les raisons en sont culturelles (un adulte ne lit pas de la « littérature pour enfants ») et financières (les albums de bande dessinée coûtent très cher).

First Fin_Leti Arts
First Fin© With the courtesy of Leti Arts

Il est donc important de soutenir la création artistique et culturelle et de mieux structurer le marché des biens symboliques sur le continent afin que les artistes puissent vivre dignement de leur travail. Pour se financer, la startup nigériane Comic Republic met en œuvre des projets parallèles avec diverses organisations. Leti Arts quant à elle survit grâce à des jeux mobiles publicitaires ou à des études de marché commandités par des organismes travaillant dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la culture ou des droits de l’homme, car ils sont conscients de l’importance que les jeunes attachent à la bande dessinée et au jeu.

Les acteurs de la filière se doivent de développer rapidement des produits dérivés de ces BD et de sortir du périmètre afro-africain pour s’étendre au reste du monde. Pour s’imposer, ils ne devront pas se limiter à créer des personnages africains pour les Africains, à conter des aventures qui risqueraient d’être perçues comme folkloriques. C’est une étape importante pour pérenniser et accroitre la vitalité du 9ème art sur le continent africain.


Entretien métaphysique avec la langue française

Ce texte a été rédigé dans le cadre du Concours littéraire « Ma Parole » organisé par l’Ambassade de France au Ghana à l’endroit du public francophone dans le cadre de la Semaine de la Francophonie 2018 sous le thème « Le français en Afrique : langue du passé, du présent ou de l’avenir ? ». Ce concours d’écriture s’inscrit dans le projet de coopération culturelle internationale « Dialogues artistiques transatlantiques Caraïbe(s) – Afrique(s) » porté par l’Institut Français du Ghana et la Délégation Générale de l’Alliance française au Ghana avec le soutien des collectivités et des services de l’État de Martinique et de Guadeloupe. Le présent texte fut lauréat du 2nd Prix de la Catégorie Grand Public. Ce récit est une œuvre de pure fiction. Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ne saurait être que fortuite. Bonne lecture ! 

Prologue

  • « Murielle, réveille-toi ! Il est déjà 7h34 min et tu ne t’es même pas levé pour te préparer pour l’école ! » entendis-je dans ma torpeur, à moitié endormie et éveillée. « Bien que diffuse, j’étais presque certaine que la voix provenait de l’autre côté de la cloison, de la chambre de maman. Voilà bientôt 18 ans que j’endurais ce refrain rocailleux à mon réveil. Dès qu’elle ouvrait les yeux, le premier nom qui sortait de sa bouche était le mien. Voilà bientôt 18 ans qu’elle avait ainsi court-circuité mes rêves. »

Mais ce matin, elle essaya de rattraper son rêve, cette fois très beau, puisqu’elle était dans la peau de Ororo, épouse de T’challa, roi du Wakanda. Elle feint donc n’avoir pas entendu la voix de sa mère, à la recherche du rêve perdu. Après une dizaine de minutes, en vain, elle abandonna. Puis, elle prit son bain, récupéra son pain et se rendit à l’école. Elle était en classe de terminale.

Murielle était une grande rêveuse. Elle tenait cela de son père, qui était un conteur professionnel. Petite, elle l’accompagnait dans sa tournée de la région. Elle aussi aimait rêver et raconter des histoires. Elle ne s’en privait pas, et ce depuis qu’il l’avait prématurément quittée. Il lui suffisait d’une anecdote ou d’une image pour laisser libre cours à son imagination et à sa fantaisie. Avec les rêves, elle pouvait contrôler sa réalité, créant de toutes pièces un monde à part aussi merveilleux qu’insaisissable. Ce jour-là, c’était un 21 janvier, son enseignante acheva un cours sur la Francophonie. Comme exercice, elle leur demanda d’imaginer des actions qui pourraient dynamiser la langue française en Afrique.

Murielle prit une feuille blanche, qu’elle posa devant elle puis se mit à la fixer. En observant son regard fixe, intense, presque exorcisant, on aurait pensé qu’elle y lisait des lignes invisibles. Perdue dans ses pensées, Murielle essayait tout simplement de penser la langue française non plus comme objet de discours mais comme sujet. Si cette langue avait une voix, que dirait-elle ? Lui demande-t-on souvent son avis sur les questions la concernant ?

Alors qu’elle était perdue dans les méandres pittoresques de son esprit, elle glissa subrepticement dans le sommeil.

Une conversation avec l’au-delà

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, le temps d’un clin d’œil, elle se trouva dans un studio radio, un casque microphone aux oreilles. En face d’elle, une dame très raffinée, qui semblait attendre une action de sa part. Elle lut « Mme Lingua Franca » sur son chemisier et comprit qu’il était temps de passer à l’action. Elle se lança, se laissant guider par la magie de l’instant présent :

« Salut à tous et bienvenue sur les ondes de la Radio Gallotopia FM, la chaine ou vos rêves deviennent réalité. Aujourd’hui nous irons à la rencontre d’une invitée tout à fait célèbre qui nous fait l’honneur d’être présente sur notre plateau aujourd’hui.

Mme LF…, pourriez-vous vous présenter à nos auditeurs ?

Je suis LF…, fille de Gregorius Stapounislos et de Latina Sylva. Je suis née aux alentours de 842. Mes parents sont très âgés aujourd’hui mais demeurent néanmoins importants. Mon enfance a été assez difficile car je n’avais pas de véritable repère identitaire. En effet, je n’étais pas le seul enfant à mes parents et en tant que fille, j’ai dû batailler davantage pour me faire respecter et gagner ma place auprès du soleil. Aujourd’hui, j’ai été bénie par Dieu et j’ai près de 275 millions d’enfants répartis aux quatre coins du monde mais majoritairement à Afritopia[1]. Je suis une racleuse[2], j’aime les voyages, l’Art et me faire de nouveaux amis.

Quel parcours édifiant. Si mes calculs sont bons, vous devez donc porter plusieurs siècles sur vos épaules ?

Hum ! (Elle rougit !) Oui c’est approximativement ça. Mais n’allez surtout pas penser que je suis une mémé rouillée et inutile. Bien que je sois légèrement vieille, je garde toute mon énergie, ma prestance et prend du wiski[3] de temps à autres. Ma mémoire est fidèle comme celle d’un chien. Et ne dit-on pas souvent que « seules les vieilles marmites savent faire de bonnes sauces… ». Dans l’œil du vieillard se trouve le chemin de la vie.

Avec une mémoire fidèle comme le porc l’est à la saleté, quels sont donc vos souvenirs d’enfance qui vous ont marqué ?

Il est assez difficile de répondre à cette question. Voyez-vous, mon adolescence et ma jeunesse n’ont pas été différentes de mon enfance : elles furent plus mouvementées et épicées. La vie nous réserve toujours des surprises, en mal comme en bien, c’est pourquoi elle mérite d’être vécue. Pour accompagner ma croissance et m’empêcher d’être « corrompue », mes parents m’ont confié à un tuteur, Robert Richelieu. J’étais assez bouillonnante, aussi ne pouvait-il pas assurer ma garde à lui tout seul et m’a donc entourée d’une pléiade d’écrivains et de poètes qui se sont chargés de mon éducation, ma protection et de ma défense. Comme toutes les filles de mon âge, j’ai connu quelques crises d’adolescence. Mais ils ont toujours été là pour me réconforter et me redonner confiance en moi.

Vous avez donc reçu une éducation classique et rigoureuse. En quoi cela a-t-il influencé vos choix dans la vie ? Qu’en est-il de votre éducation sentimentale ?

Lorsque je fus suffisamment instruite, j’acquis la liberté de m’autoriser des randonnées individuelles. C’est à cette période que j’ai commencé à flirter avec mes premiers amants. Le premier s’appelait Ouellet Tremblay. Il aimait les gens et leur rendait service à chaque fois qu’il pouvait. Il m’a comblée et aujourd’hui, nous constituons une famille de 7 274 090 personnes, soit 22 % de la population du Qanada. Mais de toutes mes relations, la plus belle des expériences que j’aie eu fut avec deux hommes virils et machos qui avaient connu la guerre, l’amour et la violence.

Le premier, Homère Césaire, était un mordu de poésie. Il ne jurait que par elle et me couvait sous des auréoles de mots si doux que je pouvais m’empêcher de jouir à leur ouïr. S’il y a une chose cependant essentielle qui le différenciait de mon autre amant Hugo Senghor, c’est sans aucun doute le style. Leur destin et éternelle complicité les accompagna outre-tombe puisqu’ils trépassèrent tous les deux à 95 ans. J’ai broyé du noir, au moment de leur mort, car ils ont beaucoup œuvré pour asseoir ma place dans l’imaginaire Afritopien.

Veuillez pardonnez mon indiscrétion, mais au regard de ces aventures, on pourrait penser que vous êtes frivole. Ou du moins que vous prenez plaisir à vous énamourer avec des étrangers.

Ne vous en faites pas, votre question est logique !  Mais comme je vous l’ai déjà indiqué, j’aime les voyages. Car ils me permettent de faire de nouvelles rencontres. Et s’il se trouve des personnes avec lesquelles mon cœur résonne, je perds la raison : ce fut le cas pour Hugo Senghor. S’il se trouve des peuples avec lesquels mon cœur entre chœur et en symbiose, je m’y pose.

C’est le cas par exemple d’Afrotopia, un lieu, une demeure où je suis arrivée par effraction mais où je suis demeurée par passion. Mais voilà c’est comme ça, je dois voyager pour vivre et je vis pour voyager. Je ne pourrai demeurer sur une terre. Je ne pourrai appartenir à un Homme. Je suis unique mais multiple. Seule mais peuplée. C’est l’essence même de ma vie. C’est ce qui donne un sens à cette vie. Si c’est de la frivolité, eh bien soit ! Pour moi, c’est de la mobilité.

Vous déclarez être en symbiose avec le peuple Afrotopien. Pourrait-on savoir comment ou pourquoi ?

J’ai connu le peuple Afritopien à travers et grâce à Hugo Senghor et Homère Césaire. Mais je dois avouer que nos rapports étaient houleux car s’inscrivant dans le cadre colonial. Le peuple était alors hostile et rebelle à ma présence. Ils ne voyaient en moi qu’une menace et je reconnais leur avoir donner toutes les raisons pour le croire. A l’époque fière, arrogante et jalouse, je désirais avoir toute l’attention et l’affection au point de cautionner la ségrégation de mes concubines afritopiennes. Là, j’ai essayé de conquérir l’amour du peuple par la violence et la coercition : tous ceux qui refusaient de m’honorer étaient sévèrement punis.

Mais j’ai fini par comprendre que la violence n’était point la solution, elle n’était que l’arme des plus faibles. Ses effets moins durables, s’effacent avec le temps. Désormais, j’ai compris que je devais faire la paix avec mes concubines afritopiennes, notamment Mme Twii Theresa au Ghana, Mme. Kiswahili Katy du Kenya, Mme. Fulfulde Falmata au Cameroun, pour ne citer que celles-ci.

Pensez-vous vraiment qu’il est possible d’avoir des rapports pacifiques et conviviaux avec vos concubines ?

Oui ! Je le pense sincèrement. Nous n’avons pas les mêmes rôles ni fonctions. Et nous sommes, d’une manière ou d’une autre, rattachées les unes aux autres. Lorsque l’une d’entre elle est menacée, je le suis également. Si elle meurt, c’est une partie de moi qui s’en va. Car au finish, nous formons un tout. Nos différences ne sont point des carences mais des richesses. Et c’est l’union de nos « univers dormants », leur symbiose, qui donne un cosmos linguistique hybride. Je suis fière aujourd’hui, non plus parce que je suis honorée d’être la plus courtisée mais parce que j’ai une paix dans l’âme, j’œuvre à mon niveau à la réussite conjugale de mes anciennes concubines en leur offrant des espaces d’expression et de création. Elles l’ont également fait pour moi, et aujourd’hui, j’ai des gendres un peu partout sur le continent.

Par exemple, lorsque j’effectue un voyage à Yaoundé, mon gendre Mboa[4] Martial me sert de guide en venant me récupérer depuis l’aéroport pour l’hôtel. Nous prenions ensuite un ben-skin[5], le seul engin capable de virguler[6] assez pour réussir à nous extirper des embouteillages éternels et asphyxiants, du chemin qui mène au restaurant « Nkondjock Délice ». Ce jour, j’y avais tchop[7] du Bongo Tchobi[8] avec une 33’’ bien glacée, une jong[9] du kwat[10]. Après avoir nang[11] jusqu’au chap, je prenais un autre vol le lendemain : direction Abidjan où je devais assister à une conférence.

Le lendemain, après avoir tergiversé et procrastiné pendant deux heures, je me décidais finalement à me rendre au marché local y acheter des souvenirs. Dans le taxi, le chauffeur me tympanisa les oreilles avec un rythme endiablé de Zouglou où je ne captais que quelques mots. Mais cette musique de Magic System l’enjaillait tellement qu’il conduisait tout en sifflotant et bougeant son corps. Le marchand de chaussures qui était…

Permettez moi de vous interrompre, Mme LF…, mais une fois de plus mais je vous avoue que je n’ai compris qu’un tiers de vos propos. Surtout à partir du moment où vous vouliez décrire vos relations pacifiques avec les langues africaines.

OH ! Je suis vraiment désolé mais je ne m’en étais pas du tout rendu compte. Mais il quasiment impossible de rendre fidèlement compte de ces réalités en employant mon lexique. Ces référents, pour la plupart, n’existent que dans ces pays-là. Ils ne gardent leur saveur que dans ce langage et le perdrait si je les traduisais. Nous sommes complémentaires et non compétitrices.  C’est donc pourquoi je disais qu’il était important pour moi d’avoir de très bonne relation avec mes concubines désormais sœurs afritopiennes…

Est-ce également le cas avec la langue anglaise Mme Lingua Anglia ? Ne pensez-vous pas que son apogée entraine votre périgée?

(Silence !) (Suivi d’un moment de silence. On voyait un léger rictus de sourire se dessiner sous ses lèvres).

Je reconnais que ma nièce de Londres, la langue de Shakespeare, est l’objet d’une attention sans précédent.  Je reconnais qu’elle s’insinue de plus en plus dans nos conversations quotidiennes, parfois même à notre insu. Mais, comme je l’ai déjà dit en évoquant mon rapport aux langues africaines, je ne considère point cela pour de l’adversité mais pour de la diversité.

Toutefois, nous sommes involontairement et inéluctablement entrainés dans une course terrifiante : celui de la compétition, sous-tendue par les ressorts capitalistes de notre société. À cette course, je ne veux et ne vais point participer. Car cela reviendrait à encourager l’émergence « d’identités meurtrières ». Le faire reviendrait à imiter ce qu’on observe dans la sphère religieuse où chaque confession est prête à tout pour capter le maximum de croyants. Jamais je ne me laisserais prendre à cet engrenage. Nous ne devons pas toujours rechercher le sommet en écrasant les autres, je ne sollicite ni l’apogée ni la périgée d’une langue sur une autre mais la « mésopogée » des langues, dans une esthétique de la relation et du divers.

Mme Lingua, à vous écouter, vous êtes bien optimiste. N’êtes-vous point entrain de sous-estimer l’épée de Damoclès qui pèse sur vous ? Ne craignez-vous pas perdre votre statut en Afrique et dans le monde ?

Je suis bien conscient de cette « menace ». Toutefois, cette épée de Damoclès ne repose pas que sur moi mais sur nous. La diversité linguistique et culturelle sont des prérequis pour l’avènement et l’établissement d’une paix durable dans le monde. De l’avenir de la langue française en Afrique dépend l’avenir des langues africaines de même que l’avenir de toutes les langues du monde. Ma bouche sera la bouche des langues qui n’ont point de bouche et ma voix celle de celles qui s’affaissent au fond du cachot du désespoir.

Pensez vous que les Français, parce qu’étant vos enfants de la première génération, devraient automatiquement assurer votre protection ?

Non ! Car on peut être français et gallophobe. Tout comme on peut être afrancophone mais francophile. C’est une question de valeurs, de représentations ou d’imaginaire. Parler une langue c’est accepter d’épouser l’imaginaire de cette langue dans un espace-temps, aussi infime soit-il. J’en appelle donc à toute ma famille répartie aux quatre coins du monde, et surtout en Afrique, à me porter dans leur cœur afin qu’en chœur avec toutes les langues du monde, nous puissions chanter un chant d’amour mutuel et de respect. Il ne s’agit point de me sauver mais de nous sauver, de vous sauver. Désormais unis, vous vivez en moi tout comme je vis en vous.

Mme. L.F… comment pourrait-on vous permettre de retrouver votre dynamisme et votre vigueur d’antan, et partant, de vous empêcher de sombrer dans le néant ?

La solution à mes nos maux réside dans le financement et la promotion du multiculturalisme sous toutes ses formes ; l’avènement d’une poétique de la relation et du divers.

Un dernier mot ?

Oui ! Juste t’indiquer que la grande question philosophique, culturelle et esthétique du XXIème siècle est celle de la mobilité, de la mutualité et de la circulation. Favoriser l’expression et l’expansion de ce triptyque, c’est contribuer à l’avènement d’une Civilisation de l’Universel.

Auteur: NGNAOUSSI ELONGUE Cédric Christian

 

[1] Pour les besoins du récit, certains noms ont été changés. Toute ressemblance, partielle ou réelle avec des référents existant n’est que pure coïncidence.

[2] Mot disparu qui signifie : une mauvais joueur de violon

[3] Un mot ayant disparu du Dictionnaire Larousse.

[4] Mboa signifie Cameroun en dialecte local.

[5] nom masculin utilisé au Cameroun pour désigner une moto-taxi.

[6] verbe utilisé au Tchad comme synonyme de bifurquer.

[7] Mot issu du Camfranglais qui désigne « manger ».

[8] Plat local camerounais fait à base de machoiron et de tomate farcie.

[9] Mot du camfranglais qui désigne « l’action de boire ».

[10] Mot du camfranglais qui désigne le « quartier ».

[11] Mot du camfranglais qui désigne l’action de « dormir »


23 erreurs à éviter lorsque vous postulez à un emploi

Il y a quelques mois, le Réseau International pour la Promotion de l’art oratoire en Afrique, dans les Caraïbes et le Pacifique (RIPAO), lançait un appel à candidature pour le recrutement de trois Research & Communications Fellows. L’appel n’était ouvert qu’aux résidents du Cameroun, principalement ceux de Yaoundé ou Douala. Bien que nous ne recherchions que trois personnes talentueuses et motivées à l’égard du projet Africa Gawlo, nous avons reçu des centaines de candidatures, toutes plus originales les unes ques les autres, mais aussi très surprenantes de par les « erreurs » qu’on y retrouvait.

En tant que membre du comité restreint d’évaluation, j’ai ainsi pu noter au passage quelques manquements récurrents dans la plupart des dossiers de candidatures soumis. C’est pourquoi j’ai constitué une liste de remarques à propos des centaines de dossiers examinés, avec quelques observations générales. J’ai partagé ces remarques avec les participants lors de l’annonce de la première phase des résultats. Pourquoi ? Car je pense que cela pourrait, dans une mesure ou une autre, leur permettre d’améliorer leurs prochaines candidatures et ainsi les rendre plus compétitifs sur le marché de l’emploi. Car une bonne lettre de motivation et un CV sont les premiers éléments à partir desquels on trie des postulants aux offres d’emploi.

PAR RAPPORT AUX LETTRES DE MOTIVATION

Lettre Motivation.
  1. Ne vous contentez pas d’énumérer vos aptitudes ou expériences, mais établissez un rapport pour montrer dans quelles mesures ils vous permettront d’accomplir efficacement les missions qui vous seront confiées. Si la description des tâches a été présentée dans l’offre d’emploi, il faut essayer de les articuler en rapport avec les compétences que vous possédez.
  2. Déclamer ou déclarer ne suffit pas pour convaincre un employeur, il faut démontrer ou prouver. Au lieu de déclarer que vous avez une connaissance de nos programmes, il faut le démontrer. Évoquer astucieusement l’un des programmes en rapport avec vos compétences ou centres d’intérêt est une bonne solution.
  3. Prenez la peine de bien lire et comprendre l’offre avant de postuler: dans les dossier que j’ai étudié, certains ont mentionné être résident à Bamenda alors que l’appel à candidature spécifie clairement qu’il faut être résident de Douala ou Yaoundé.
  4. Évitez les erreurs de grammaire ou de conjugaison. C’est très désagréable à lire et laisse une mauvaise impression sur votre dossier. Assurez-vous que le contenu de votre mail par exemple ne contienne aucune faute. Rédigez, et au besoin, faites-vous relire avant d’envoyer votre courriel de candidature.
  5. Utilisez un langage simple et compréhensible. Evitez de vous répéter ou de vous perdre dans vos phrases en essayant d’employer le « Gros français » car il ne s’agit point d’une lettre romantique ou d’un concours littéraire…
  6. Votre lettre de motivation ne s’écrit pas dans le mail: Cela doit être rédigé séparément et attaché au mail que vous envoyez. Pourquoi ? Parce qu’on télécharge et enregistre toutes les Pièces Jointes envoyées pour les traiter par la suite. Si votre LM est plutôt écrite dans le mail, elle peut, accidentellement, ne pas être remarquée ou lue. Et on pensera que vous n’avez pas fourni cette pièce.

PAR RAPPORT AUX CV

Curriculum Vitae. CC
Curriculum Vitae. CC

7. Intégrez des photos « professionnelles », c’est-à-dire claires et bien cadrées, où on voit clairement votre visage. Pas de photo fantaisiste – où on voit deux ou plusieurs personnes, avec des chapeaux et des lunettes fumées… – ou avec des mimiques inutiles (selfie). Si vous n’en avez pas de pro, ne mettez rien. C’est mieux ! L’habit ne fait pas le moine mais on reconnait un moine par son habit…

8. Présentez l’expérience professionnelle et le parcours académique dans un ordre antichronologique, c’est-à-dire du plus récent au plus ancien.

9. Décrivez toujours vos plus importantes réalisations dans votre expérience professionnelle. Cela permet d’avoir un aperçu plus clair de l’étendue de vos compétences. Moi, je le fais sous forme de tiret avec des chiffres ou mots clés.

10. Ne mentionnez que les expériences et compétences qui sont pertinentes (ou connexes) pour le poste visé : ne fatiguez pas votre futur employeur avec des éléments n’ayant rien à voir avec ce qu’il recherche. Personnellement, je pense qu’un bon CV peut tenir en 1 ou 2 pages max. Si vous en avez plus, essayez de le synthétiser ou de l’adapter au profil recherché par l’employeur.

OBSERVATIONS GENERALES

11. N’envoyez pas deux dossiers de candidatures:  Vous pouvez être écarté car c’est un signe d’impréparation et de désordre. Si vous constatez que vous avez oublié certains éléments fondamentaux du dossier, écrivez d’abord pour savoir si vous pouvez rajouter un élément supplémentaire. Et c’est après confirmation que vous envoyez l’élément requis. Parfois, les candidatures sont stockées progressivement, du plus ancien au plus récent. C’est irritant de trouver un dossier de candidature qu’on a déjà enregistré dans la base de donnée.

12. Monsieur en français s’écrit M. Mais en anglais c’est Mr.

13. Respectez TOUJOURS les instructions !

  1. Si les pièces requises sont 3 : CV, LM et Quitus, vous devez absolument les envoyer ou justifier pourquoi l’une des pièces manque. Les dossiers incomplets sont (parfois) automatiquement rejetés sans consultation.
  2. Si on vous précise un objet spécifique, respectez-le. Cela permet souvent d’envoyer des réponses automatiques aux mails entrant qui ont cet objet-là. Le nôtre était : [Candidature RIPAO Fellowship 2017] mais certains ont envoyé : [Mon CV], [CV et LM], [Candidature], [Demande d’emploi], [Candidature commerciale], [Jobs seeking]… Quand vous ne le faites pas, vous donnez plus de travail à l’équipe de recrutement car elle doit vous envoyer un mail personnellement pour vous confirmer la réception de votre dossier. Alors qu’en respectant les consignes de l’entête, vous deviez le recevoir automatiquement. Cet aspect peut susciter le rejet de votre candidature car cela traduit que vous n’êtes pas discipliné ou attentif aux détails pour lire suffisamment les consignes et les appliquer.
  3. Respectez le nombre de pièces exigées pour la candidature. N’envoyez pas des éléments non requis. Ce n’est pas le moment d’étaler tout votre background professionnel ou académique. Cela peut être mal interprété et se retourner contre vous. Certains ont envoyé leur relevé de salaire antérieur : c’est risqué parce que vous donnez ainsi à l’employeur la possibilité d’évaluer subjectivement le salaire qu’il prévoyait vous offrir. Par exemple, si vous avez prévu payer 1000 FCFA le mois a un employé qui vous montre un relevé de salaire où il gagne 7000 FCFA le mois avec un autre employeur, je pense qu’il y’a de fortes chances que vous réfléchissiez à deux fois avant de le retenir, même si son profil cadre avec votre poste. Par contre, si vous prévoyez lui accorder 7000 FCFA/Mois alors que son relevé indique qu’il ne gagnait que 2000 FCFA/Mois, vous allez surement vouloir réduire l’offre de salaire que vous prévoyiez de lui donner. Il est donc préférable de ne point révélez ces aspects sensibles à votre potentiel futur employeur si cela n’est point explicitement demandé.

14. Je ne vous conseille pas de déposer un dossier de candidature par mail sans y ajouter quelques lignes de salutations, par simple politesse. Certains nous ont envoyé leur dossier sans même dire « Bonjour » ou « Bonsoir », mais juste avec les pièces jointes requises.

15. Si possible, envoyez votre candidature d’un ordinateur. Le fait de voir : « Envoyé depuis Yahoo Mail pour Android» ou « Télécharger Outlook pour Android » peut laisser penser que vous n’avez vraiment pas pris le temps de composer votre dossier avant de l’envoyer. Certains pourront ne pas être d’accord, mais c’est mon avis.

16. N’envoyez jamais un document sous format RTF: Le format RTF n’a presqu’aucune aucune mise en forme visible et n’apporte aucune esthétique à votre CV ou LM. Word est acceptable mais le format PDF est le meilleur car cela conserve la mise en forme initiale de votre document. Dans l’idéal, privilégiez le PDF.

17. Dans la mesure du possible, faites tout pour envoyer la candidature à partir de votre propre boîte mail et non celle de votre ami ou frère.

18. Nommez bien les fichiers de votre candidature: cela facilite l’identification et vous donne un air professionnel. Imaginez-vous recevoir un fichier qui porte le nom [WhatsApp Image 2017-09-18 at 11.14.57.jpeg] ou [CV]… Cela est complètement anonyme et ne renvoie à rien ou personne. Vous pouvez adopter le modèle : [Nom du fichier-Votre Nom]. Imaginez votre CV se retrouve dans un autre dossier par erreur, sans l’avoir clairement identifié, il est plus difficile de le ranger ou de l’archiver.

19. Assurez vous que la dernière version de vos fichiers sont « corrects » et s’ouvrent normalement avant de les envoyer. Certaines LM ou CV ne s’ouvraient tout simplement pas. Et vous n’allez jamais voir un recruteur vous envoyer un mail vous demandant de lui renvoyer la bonne version de votre CV ou LM. (lol)

20. Etre précis et concis dans vos demandes de renseignements : [Bonjour monsieur. S’il-vous-plaît. J’aimerais avoir plus d’amples informations concernant l’offre.] L’expéditeur ne précise aucunement l’élément sur lequel il aimerait avoir des compléments d’informations. Lui répondre est plus difficile.

21. Évitez de mettre [Candidature spontanée] en objet lorsque ce n’est pas le cas. On envoie une candidature spontanée lorsqu’on veut postuler à un emploi sans que l’entreprise n’ait clairement diffusé d’appel à recrutement. Mais si c’est le cas, comme avec le RIPAO, prière d’utiliser l’objet qui vous a été suggéré.

22Maintenez le même code linguistique dans le CV et la LM. N’écrivez pas l’un en Français et l’autre en Anglais. Même si vous êtes parfaitement bilingue…

23. Priez ! C’est sans doute le conseil le plus important. La prière doit accompagner toutes nos actions car peu importe ce qu’on fait, c’est le Créateur qui a son mot final. Une petite prière avant d’envoyer votre dossier peut faire des miracles (si vous avez le profil évidemment !).

Voilà donc les 23 petits conseils que j’ai voulu partagé avec vous. J’espère qu’ils pourront être utiles à certains ou inciter d’autres à partager sous forme de commentaires, les pratiques qu’ils adoptent en postulant à une offre d’emploi. Je me doute évidemment que mes remarques peuvent ne pas être partagées par tous, ce n’est que logique. Vous êtes le/la bienvenu(e) si vous souhaitez complétez avec des éléments de votre expérience ! A+


A la rencontre de Jean Paul Lawson, un leader au service des autres

En juillet 2017, après deux années passées en Egypte, je me retrouve au Ghana, invité par le Centre Régional Afrique de l’Ouest du Young African Leaders Initiative de l’ex-président Barack Obama. Il s’agit d’un programme qui vise à renforcer les compétences des jeunes leaders africains dans des secteurs tels que l’Entrepreneuriat et le Business, la Gestion de la Société Civile et en Administration Publique. La formation est essentiellement constituée de séminaires interactifs entre les participants et des professionnels aguerris et expérimentés dans chacun des secteurs susmentionnés. C’est ainsi qu’au terme d’une séance portant sur les crises contemporaines en Afrique, le formateur concluait :

« Le principal problème de l’Afrique c’est le mauvais leadership de ses dirigeants. Nous avons tout ce que les autres nations rêveraient d’avoir mais malgré cela nous ne parvenons point à nous développer. A la place des leaders kleptocrates, gérontocrates et ventrocrates qui ne pensent qu’à piller puis s’accaparer des richesses du pays avec leurs familles et proches… Il nous faut des Servant-Leaders, qui fassent passer l’intérêt du peuple et de la Nation avant le leur ».

Après ces paroles concluantes, il nous interrogea :

Quels sont les Servant-Leaders* que vous connaissez ?

  • Pr. PLO Lumumba, répondit immédiatement Chee Danso une collègue Gambienne.
  • Desmond Tutu et Laurent Gbagbo ajouta Stephane Diomandé, de nationalité ivoirienne.
  • Nelson Mandela et Thomas Sankara, rétorqua Ernest Ouédraogo, enseignant burkinabè.
  • Gandhi, Jean Paul II, Barack Obama, Martin Luther King Jr., cita Daniels Akpan, un ami Nigérian.

Je voulus moi aussi donner un exemple mais constata que la plupart des personnages que je connaissais avaient déjà été mentionné. Dans mon effort de réflexion, ma mémoire me renvoya un nom que j’énonça avec ma voix grave, pareille à celle de mille crapaud réunis :

  • Jean Paul Cypriano Lawson !

Et là, un instant de silence lent comme un ralenti nollywoodien, s’installa. Puis un des participants se lança :

  • Je n’ai jamais entendu parler de cette figure historique. Qu’a-t-il fait ? Est-il Américain ou Anglais ?
  • Non ! Répondis-je, à la volée, au dernier volet de sa question.
  • Lawson ressemble aux noms Belge ou Canadien. Vient-il de là ? s’enquérait un autre.
  • Non ! répondis-je à ce dernier.
  • Il a été le président de quel pays ?
  • Aucun ! Pour le moment, lui répondis-je encore une fois.

Perplexe, ils me demandèrent donc des détails sur ce personnage dont il ignorait totalement l’existence afin de comprendre pourquoi je le considérais comme un « leader-servant ». Ce que je fis avec plaisir :

  • Jean Paul Lawson est un jeune béninois de 27 ans (et 6 jours) ayant une identité afropolitaine mais s’autoproclame « Citoyen du monde et des Cultures ». Il passionné par les technologies numériques, les voyages, l’écriture et surtout la gastronomie. Il fut un boursier en Gestion du Patrimoine Culturel de l’Université Senghor d’Alexandrie, où il a été respectivement Délégué de filière puis Président du Bureau des Etudiants (BEUS). Des fonctions bénévoles qu’il a pu gérer avec maestria et au travers desquelles on a découvert son charisme en tant que « servant-leader » et sa volonté à toujours mettre les intérêts collectifs avant les siens. Même lorsque l’on s’y attend le moins.

  • Quels sont les traits d’un « servant-leader » que l’on peut retrouver en lui ?, m’interrogea le formateur, qui voulait profiter de cet exemple atypique pour vérifier si nous avions véritablement assimilé et compris les enseignements qu’il nous avait transmis.
Servant-Leadership-Qualities. Credit: northparkpres.org
Servant-Leadership-Qualities. Credit: northparkpres.org

Pour rappel, la notion de servant leadership a été conceptualisée par Robert K. Greenleaf en 1970 pour désigner un modèle humaniste de leadership, qui a pour mérite de beaucoup mieux prendre en compte la psychologie humaine dans les contextes de travail. Un Servant Leader est celui qui cherche avant tout à faire croître ses collaborateurs, sa communauté. Selon Lao Tzu, « les leaders les plus révérés
travaillent dans une position d’humilité et de service aux autres. […] L’excellent leader en réalité ne dirige personne ! » En position de « Servant », il fait en sorte de réunir toutes les conditions favorisant l’épanouissement et la réalisation de son équipe.

On a entière confiance en la performance des collaborateurs et tout est mis en place pour assurer leur bien-être. Le Greenleaf Center for Servant Leadership a édité une dizaine de « principes » fondateurs d’un Servant Leader. Ceux-ci se regroupent en six grands thèmes : donner confiance (1) et faire grandir ses collaborateurs (2), être humble (3), être authentique (3), accepter l’autre tel qu’il est (4), donner le cap (5) et savoir se mettre au service des besoins des autres (6). Des traits que l’on retrouve, à des degrés divers, en la personne de Jean Paul Lawson.

  1. Un jeune leader inspirant et non dominant

Le parcours académique et professionnel de Jean Paul est assez atypique. La valeur d’un homme n’atteint point le nombre d’année dit-on souvent. Déjà à 23 ans, il était à la tête d’un Cabinet d’Archivage Numérique L & K Consulting. Le caractère singulier de son entreprise témoigne du caractère audacieux de son fondateur, car l’archivage est une dimension du patrimoine, tant organisationnel que culturel, qui a été jeté aux oubliettes ou demeure négligé en Afrique. Au lendemain de sa formation en Egypte, il fonde une ONG avec des promotionnaires, “Internationaux du Patrimoine Culturel”, une association qui milite et mène des projets de valorisation et de promotion du patrimoine culturel béninois.

Au-delà de ses aventures entrepreneuriales, Jean Paul prend plaisir à braconner aux frontières de nombreuses disciplines; d’où sa poursuite d’un Doctorat en cotutelle entre l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin) et celle de Valenciennes (France). Curieux, il s’intéresse à toute activité où il peut acquérir de nouvelles compétences, connaissances ou amitiés. Nous nous sommes retrouvés à maintes reprises pour des formations sur les cours en lignes, l’écriture, le blogging…

Loin de se limiter à un rôle de participant, il a également monté et animer des formations sur le blogging, la rédaction web et bien d’autres sujets et ce en partenariat avec le CNF d’Alexandrie. Si l’aube de son parcours est inspirant, c’est surtout son attitude qui inspire la confiance.

  1. Il œuvre au développement personnel et professionnel des personnes.

Rares sont les personnes qui ont travaillé avec Jean Paul sans être transformé, impacté ou influencé positivement par son savoir-faire et surtout son savoir-être. Il accorde de la confiance et de l’attention à tous ses collaborateurs ; ainsi, ils se sentent mieux considérés et plus impliqués. A la tête du BEUS, il soutenait chacun des membres de son bureau autant dans les bons que les mauvais moments. On le retrouvait ainsi aux soirées d’anniversaires, au chevet de certains lorsqu’ils sont malades ou sur le terrain de foot pour accompagner son responsable des affaires sportives… Et surtout, il ne sous-estimait personne. Toujours prêt à collaborer avec tout le monde, quitte à vous soutenir dans l’accomplissement de votre tâche. Lorsqu’il trouve une opportunité en rapport à votre domaine d’intérêt, il n’hésitera jamais à vous la transmettre.  Le terme anglais empowerment traduit très bien cette dimension.

Servant leadership last long.
Servant leadership last long.
  1. L’humilité précède la gloire.

S’il est vrai que les africains sont passés maitre dans l’art de la vantardise, du pédantisme et de la grandiloquence, Jean Paul cependant, échappe à cette règle. Il est difficile de le voir énumérer ses qualifications ou titres d’un trait, comme certains le feraient au premier venu. Mais, c’est au fil des rencontres et des échanges qu’on découvre, avec des surprises agréables, qu’il a déjà flirté avec de grandes personnalités et grandes entreprises autant en Afrique que dans le monde. Cette humilité est également une marque de sagesse car il est tel un joueur de poker qui ne dévoile ses cartes qu’au compte-goutte et surtout au moment où on s’y attend le moins.

  1. Il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit.

L’authenticité est une vertu en voie de disparition au sein de nos sociétés contemporaines. Les personnalités religieuses (prêtres, pasteurs…) et politiques sont les maitres dans cet art de la roublardise, du mensonge, du dédoublement identitaire ou du « faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ». Or s’il y’a une chose qu’on remarque aisément chez Cypriano Lawson, c’est son naturel et l’adéquation entre ses propos et ses actions. Bien qu’il ait la possibilité de prendre des repas de meilleure qualité en compagnie du recteur ou du personnel administratif de l’Université, il les a presque toujours pris au milieu de ses camarades, afin de toujours être au plus près de leurs réalités et besoins.

Cependant, la nature politique de ses fonctions fait de lui un être rusé comme Kulu la Tortue. Derrière un sourire diplomatique et parfois mécanique, il sait comment gagner la sympathie de ses adversaires et établir des alliances stratégiques même avec des opposants. Sa progression minutieusement planifiée de Délégué de filière à celle de Président (le plus jeune) révèlent sa proactivité et surtout la conceptualisation, une autre dimension d’un « Servant-leader » qui renvoie à la capacité de penser au-delà des besoins du présent et les étendre dans un futur possible. De même, sa capacité à concilier les intérêts divergents de 23 nationalités témoigne à suffisance de ses hautes qualités managériales, lesquelles furent amplifiées par une équipe dynamique (Micrel Ahoupé, Josué Arystil, Toto Mbula) et surtout la présence d’un Secrétaire Général plus que charismatique.

  1. Savoir accepter l’autre tel qu’il est et savoir donner le cap.

Très sociable, Jean Paul Lawson dispose d’une lui permettant de parier sur l’intelligence individuelle et collective des personnes qui l’entoure, de comprendre les autres ou de s’adapter à leurs réactions et attitudes. A l’Université, il avait ainsi réussi à conquérir l’empathie, l’amitié et l’affection de presque tout le monde. Que vous soyez fumeur, alcoolique, colérique ou « merdique » …, il parvient toujours à trouver un terrain d’entente avec vous, sans vous jugez ni vous condamner.

Sa capacité à donner le cap s’est manifestée à de nombreuses reprises, à travers les différentes initiatives prises. Il a initié et réalisé au moins trois ateliers de formations gratuits (Blogging, Bureautique, Outils du web 2…), et concrétisé un projet de portefolio contenant tous les profils des étudiants ; et bien d’autres actions toutes menées avec engouement et dévouement pour le bien-être de la communauté estudiantine. Et ce bien qu’elle ne soit pas toujours reconnaissante…

  1. Une philosophie au service de la communauté
Servant Leadership is about giving. Credit: Ps Robert Hurst_Afropolitanis
Servant Leadership is about giving. Credit: Ps Robert Hurst

Ne dit-on pas souvent qu’il faut toujours garder le meilleur pour la fin. Eh bien ! Il s’agit là du trait de caractère qui m’a le plus marqué en la personne de Jean Paul Lawson : son sens de l’écoute active, sa capacité d’apporter son aide en permanence disponibilité et promptitude à se mettre au service des autres. L’on ne peut énumérer le nombre de personnes ayant bénéficier de ses services, autant de manière directe qu’indirecte. Vous éprouvez des difficultés à effectuer un paiement en ligne, faites appel à JP, il le fera pour vous. Vous avez des difficultés à vous lancer dans le blogging, faites appel à JP, il vous accompagnera dans vos premiers pas. Vous avez un problème délicat avec l’administration, faites confiance à JP, il vous défendra et surtout n’ébruitera pas votre affaire…

Les exemples de situations désespérées, délicates, improvisées, urgentes… au sein desquelles Jean Paul a manifesté un soutien immédiat et désintéressé, sont tout simplement légions. Peu importe le problème, le moment de la journée ou la personne, il a toujours essayé dans la mesure du possible de trouver une solution, parfois même à ses risques et péril.

Il est surement de ceux-là qui ont compris qu’on gagne davantage à donner qu’à recevoir. C’est en partageant qu’on s’enrichit véritablement. Le bonheur dans la vie ne se trouve point en nous mais dans l’Autre. Avoir le désir de servir l’Autre, même l’Etranger ou nos ennemis, avec plaisir, constitue le secret de l’élévation. Car tout ce qu’on sème en bien, on le récolte toujours. Et je pense donc que ce jeune « Servant Leader » qu’est Jean Paul Lawson, continuera à s’attirer les faveurs divines et d’aller de réussite en réussite tant qu’il continuera à manifester cette esthétique du service et du don de soi.

 

Connaissez vous également des personnes semblables à Jean Paul, qui font passer l’intérêt collectif avant le leur? N’hésitez pas à partager cela en commentaire. Et vous, êtes vous un leader serviteur ou autoritaire? 

 

*Pour des besoins de traduction, j’ai préféré conservé l’expression anglaise Servant-Leaders à la traduction française de Leader-Serviteur, qui n’a point la même signification.


Les conditions éducatives favorables à l’autodirection dans une formation à distance?

Qu’est-ce qu’un apprentissage autodirigé ?

En 1975, Knowles définit l’apprentissage autodirigé ou l’autodirection comme « un processus dans lequel les individus prennent l’initiative, avec ou sans l’aide d’autrui, de déterminer leurs besoins de formation, de recenser les ressources humaines et matérielles nécessaires à la formation, de sélectionner et de mettre en œuvre les stratégies de formation adéquates, d’évaluer les résultats de leur formation » (Knowles, 1975, p. 18). Cela sous-tend donc l’auto direction de l’apprenant et la présence de conditions éducatives favorables. Dans cette première partie, nous présenterons respectivement l’autoformation, la motivation et « l’écologie de l’apprenance »[1] en tant que tryptique favorisant les apprentissages puis nous décrirons les aspects essentiels de la « motivation autodéterminée » et des « stratégies efficaces d’autorégulation ».

D’emblée, l’autoformation, un « phénomène social total » (Dumazedier). C’est une formation de soi par soi, chez soi, dans un système éducatif, dans des groupes sociaux, ou autres[2]. Cela est abordé aujourd’hui selon cinq problématiques principales formant la « galaxie de l’autoformation » (Carré,1996) : l’autoformation intégrale ou autodidaxie, l’autoformation existentielle (apprendre à être), l’autoformation sociale (apprendre dans et par le groupe social), l’autoformation éducative et l’autoformation cognitive (apprendre à apprendre). Depuis la définition donnée par Knowles en 1975, l’autoformation est devenue, à partir des années 2000, une pratique permanente avec de nouvelles visées culturelles, plus diversifiées et plus complexes, mais qui s’étend à un plus grand nombre de sujets sociaux apprenants (Dumazedier, 2002).

Nous évoluons donc d’une société pédagogique à une société éducative avec la formation tout au long de la vie, ou plutôt à une « société de l’apprenance[3] » (Carré,2005) c’est-à-dire « l’autoformation tout au long de la vie et à tous les âges de la vie ». En effet, Philippe Carré nous invite à interroger, d’un point de vue analytique, le rapport des personnes au savoir, et à réformer, d’un point de vue pratique, notre représentation de la formation. Cette capacité à diriger soi-même sa formation et ses apprentissages, comme susmentionné, ne dépend pas seulement de soi (individuel) mais aussi des autres ou de l’environnement (collective). Un apprentissage autodirigé nécessite donc une motivation autodéterminée (1) et la mise en œuvre de stratégies d’autorégulations (2) efficaces.

L’importance de la motivation dans une formation à distance.

D’une part, concernant la motivation, elle repose sur trois besoins psychologiques fondamentaux présent en tout être humain : le besoin de compétence, d’autonomie et d’appartenance sociale (Deci et Ryan, 1985 ; P. Carré, 2010). Celui de compétence, dans le domaine de la formation, peut se traduire par une « perception d’efficacité personnelle » c’est-à-dire le jugement qu’on a sur nos propres capacités à réaliser une action. En effet, certains individus peuvent naturellement être motivé, curieux et actif tandis que d’autres peuvent être aliénés, passifs, démotivés ou amotivés en fonction de leur environnement (Bandura, 2003).

L’environnement social permet de stimuler ou d’optimiser le dynamisme interne ou la motivation d’un individu par rapport à un autre. C’est dans cette lignée qu’a été élaborée la théorie de l’autodétermination (Deci  et  Ryan,  2000: Ryan et  Deci,  2000) qui distingue la « motivation autonome » et la « motivation contrôlée ». La première, qui intègre la motivation intrinsèque, implique que l’individu agit en ayant pleinement le sentiment d’un libre choix (autonomie).

L’apprenant ici apprend par plaisir et trouve que l’activité d’apprentissage lui apporte une satisfaction ou gratification « personnelle ». Or La motivation contrôlée ou extrinsèque[4] suppose que l’apprenant agit plutôt  sous l’influence  de  pressions et de forces qui lui sont extérieures. Ces forces sont « positives »[5] lorsqu’elles concourent à la satisfaction des trois besoins fondamentaux susmentionnés mais « négatives » dans le cas contraire.

D’autre part, pour ce qui est de l’autorégulation, il s’agit du « contrôle exercé par l’apprenant sur ses propres démarches cognitives, c’est-à-dire sur la manière dont il anticipe et élabore des stratégies, les évalue et les ajuste en fonction des résultats obtenus afin de mener à bien ses apprentissages » (Jézégou, 2011). Zimmerman (2002) décline l’autorégulation en trois formes triadiques : l’autorégulation interne càd le contrôle exercé par l’apprenant sur ses états affectifs, cognitifs et motivationnels; l’autorégulation comportementale qui porte sur la manière d’apprendre et enfin l’autorégulation environnementale qui renvoie au contrôle exercé par l’apprenant sur les composantes de son environnement éducatif.

Ces trois formes de régulation sont en interaction avec des déterminants personnels (P), Environnementaux (E) et Comportementaux tels que démontrés par Bandura (1986). Ils supposent de la part de l’apprenant qu’il élabore des buts d’apprentissages[6] et qu’il croit en son efficacité personnelle à atteindre ce but.  Ce sentiment d’efficacité personnelle dépend principalement des performances extérieures car les victoires du passé augmentent la confiance en soi à pouvoir relever ceux du futur.

Après ce survol panoramique et évolutif des méthodes et modèles d’apprentissage autodirigés, nous nous pencherons désormais sur les conditions favorables à l’auto direction.

Les composantes pour un parcours d’apprentissage individualisé

Il s’agit entre autres, d’individualiser la formation dans un environnement pédagogique médiatisé, de mettre en place un environnement ouvert et de pouvoir créer de la présence à distance. Nous présenterons respectivement les usages et pratiques autour de chacune de ces conditions.

La formation individualisée.

Malgré les efforts de vulgarisation de la recherche menés par la communauté scientifique du domaine depuis plus  de  dix  ans,  il  existe  toujours  une  confusion  dans  les  esprits  entre « individualisation »  et  « autoformation ». Prévost (1994), simplifie cela sous deux axes de différentiation : une « individualisation de type institutionnel » et une autre à « visée autonomisante ». La première, dont la situation d’apprentissage dominante est l’autoformation, est un système de  formation  rigide,  fortement  hétérostructuré  et contrôlé  par  l’institution,  qui ferme  à  l’apprenant  toute  perspective  de  prise  en  charge  de  sa formation.

Cela répond le plus souvent à une logique de formation « sur mesure » avec pour objectif principal la rationalité et la rentabilité. La seconde, l’individualisation à visée autonomisante, par contre, est plus flexible et prend en charge les dynamiques individuelles et singulières de l’apprenant sur sa formation et ses apprentissages. On s’inscrit ici dans une démarche centrée non plus sur l’activité de l’institution de formation mais sur l’activité de l’apprenant avec une redistribution et un partage des temps de formation. L’apprenant ici est co-constructeur de son parcours et situation d’apprentissage. Le degré de liberté de choix ouvert à l’apprenant constitue donc la différence fondamentale entre une individualisation de type institutionnel et celle à visée autonomisante.

Une formation individualisée est donc celle-là qui est flexible, reconnaît et prend en compte cette singularité du sujet apprenant. C’est le degré de libertés de choix ouvert à l’apprenant qui constitue le véritable enjeu de la recherche de flexibilité en formation (Jézégou, 2002). Ces libertés se définissent au terme d’une négociation entre l’institution   éducative   et   l’apprenant, chacun   disposant   de   ses   propres   ressources   et contraintes (Jézégou, 2005). La souplesse du cadre organisationnel du parcours de formation et des environnements d’apprentissage permet d’optimiser les possibilités de choix auprès de l’apprenant.

C’est pour optimiser ces possibilités de choix qu’intervient la modularisation dans la conception d’une formation individualisée. Elle permet de structurer des parcours qui tiennent compte à la fois des objectifs de formation et des acquis de l’apprenant ; de définir un parcours complémentaire et de reconnaître des acquis à l’issue d’une étape de parcours. Le module ainsi constitue une entité autonome visant la maîtrise d’une situation d’apprentissage bien précise. Sa mise en œuvre implique la conception et la réalisation de séquences pédagogiques dans une ingénierie globale.

L’ouverture en formation

L’ouverture en formation renvoie à un  « ensemble  de  dispositifs  flexibles  et autonomisants dont la principale propriété est d’ouvrir à l’apprenant des libertés de  choix  pour  qu’il  puisse  exercer  un  contrôle  sur  sa  formation  et  sur  ses apprentissages »  (Jézégou, 2005). Un environnement est dit ouvert lorsqu’il permet aux personnes d’accéder à la formation en fonction de leurs disponibilités et à distance grâce aux outils TIC ou encore d’être individualisé. Cependant, comment peut-on caractériser et évaluer le degré d’ouverture d’un dispositif de formation ?

C’est pour répondre à cette question que Annie Jézégou (2009) a construit une Grille d’Évaluation de  l’Ouverture  D’un  Environnement éducatif (GEODE). Ce dispositif présente  une  liste  de  quatorze composantes susceptibles d’ouvrir à l’apprenant  des  libertés  de  choix. Il s’agit donc de : l’accès, le lieu, le temps, le rythme, les objectifs, le cheminement, la séquence, les méthodes, le format, les contenus, l’évaluation, les supports, les outils de communication et les personnes ressources. Toutefois la mise en place de ces composantes ne garantit pas automatiquement l’auto-direction. Il ne s’agit que d’une « condition organisationnelle et pédagogique » qui contribue à créer un environnement favorable à l’apprentissage autodirigé.

Selon le paradigme sociocognitif (Bandura, 1999), l’ouverture en formation suppose un environnement « choisi » ou « construit ». Un environnement « choisi » dans la mesure où l’apprenant à une liberté de choix quant à plusieurs options possibles ; et « construit » puisqu’il est acteur dans la conception de son parcours d’apprentissage[7].

Comment être présent à distance?

La présence dans une formation favorise la construction individuelle et collective de connaissances. La distance, quant à elle, peut-être géographique, temporelle, sociale, culturelle ou linguistique, etc. Cependant comment créer cette présence à distance ? Elle se crée à travers les différentes formes d’interactions sociales entre des apprenants ou entre le formateur et des apprenants dans une démarche de collaboration à distance. Cette présente peut ainsi être socio-cognitive, socio-affective ou pédagogique.

D’une part, la présence socio-cognitive est le fruit des interactions sociales au sein d’une communauté d’apprentissage en ligne. Ici des apprenants, quoiqu’éloignés géographiquement, se rencontrent, se regroupent afin de négocier, délibérer ou résoudre une situation problématique en collaborant ensemble à distance via une plateforme ou des outils et services numériques du web (Jézégou, 2010).  Ce regroupement peut être spontané ou incité par le formateur. Ainsi les enseignants de Lille incitent les étudiants du Master 2 IPM à créer une présence sociocognitive au sein de la plateforme CUEEP à travers les travaux de groupe où chacun est amené à confronter son point de vue, négocier, collaborer puis délibérer afin de produire un travail collectif.

Au cours des négociations ou confrontations, des frictions peuvent se créer. D’où l’importance d’un savoir être dans la formation à distance. Le respect mutuel, l’attention, l’écoute active, l’empathie, les encouragements et l’entraide sont ainsi quelques marqueurs d’une présence socio-affective dans un travail collaboratif à distance. (Charlier, Deschryver et Daele, 2002; Dillenbourg et al., 2003; Henri et Lundgren-Cayrol, 2003) Une bonne présence pédagogique, c’est-à-dire qu’une bonne médiation ou facilitation du formateur peut permettre d’anticiper, de résoudre ou créer un climat favorable à l’épanouissement socio-affectif des apprenants.

Enfin la présence pédagogique renvoie aux trois principaux rôles du formateur vis-à-vis des apprenants. Savoir et pouvoir collaborer à distance n’est point un acquis ou un processus naturel, le formateur peut donc aider les apprenants à acquérir ces habilités (méta)cognitives et les compétences nécessaires à la collaboration (Bourgeois, 1999 ; Bourgeois et Nizet, 1997; Darnon, Butera et Mugny, 2008). Ce faisant, il crée donc une présence pédagogique qui peut revêtir trois formes : coordination, animation et modération (Henri et Lundgren-Cayrol, 2003).

Le formateur est « coordonnateur » lorsqu’il conseille le groupe d’apprenants pour qu’ils définissent un cadre commun de travail et organise les activités à mener tout en favorisant les échanges entre les apprenants du groupe. Il doit cependant veiller à ne pas dicter ou imposer des règles très rigoureuses ou encore veiller à ce que le groupe ne s’impose pas lui-même des règles de fonctionnement trop rigides. En tant qu’animateur, le formateur encourage ou apporte un soutien dans les transactions entre les apprenants, tout en se positionnant comme personne-ressource. La modération consiste pour le formateur à réguler, si besoin, la façon dont les apprenants interagissent à distance avec pour visée d’éviter les tensions socioaffectives.

Ainsi la présence pédagogique peut et doit soutenir les deux autres dimensions de la présence. Toutefois, elle peut se manifester, de façon indépendante, au sein d’un espace numérique de communication.

 

Références:

[1] Carré, P. (2005) L’apprenance : Vers un nouveau rapport au savoir. p. 189. Paris : Dunod.

[2] Le GRAF (Groupe de recherche sur l’autoformation en France) a donné cette définition approchante.

[3] Qu’il définit comme un « ensemble de dispositions favorables à l’acte d’apprendre dans toutes les situations, qu’elles soient formelles ou non, expériencielles ou didactiques, autodirigées ou dirigées, intentionnelles ou fortuites ». Carré, P. (2005) L’apprenance : Vers un nouveau rapport au savoir. p. 21. Paris : Dunod.

[4] On distingue quatre types de motivation extrinsèque : la motivation à régulation intégrée, à régulation identifiée, à régulation introjectée et à régulation externe

[5] Annie Jézégou, La théorie de l’autodétermination : aspects fondamentaux, Document de cours SEFA, Dec. 2015

[6] Cela renvoie encore à la perception du futur chez Bandura. C’est-à-dire que le degré et l’intensité de la motivation chez un apprenant peut être influencé par la perception qu’il a de la valeur ou des bénéfices qu’il pourra tiré au terme de l’activité d’apprentissage ou de sa formation.

[7] Comme nous l’avons relevé plus haut, la démarche d’individualisation à visée autonomisante, rejoint la configuration d’un dispositif « ouvert » . On offre à l’apprenant des libertés de choix pour structurer son apprentissage. Cela dans un cadre négocié en fonction des ressources et contraintes en présence.


Et si la Chance et la Providence n’existaient pas ?

A l’issue d’un instant d’inattention sur la voie publique, parce qu’aspiré par les réseaux sociaux, mon téléphone se retrouve au milieu de la chaussée. Mais échappe « heureusement » à l’écrasement des roues d’une voiture. Est-ce de la chance ou de la grâce ? Est-il prudent de manipuler son téléphone sur la voie publique ? Tel est le bref récit de smombie sous forme de questionnements que je livre dans ce billet.

 

Le smombie, ce piéton connecté mais déconnecté de la réalité 

Ce soir, alors que je me rendais à l’église, je manipulais mon téléphone tout en marchant. Je ne me préoccupais guère de la circulation autour de moi, tellement j’étais fixé et aspiré par les réseaux sociaux. Parvenu à un rondpoint, j’ai traversé la voie sans trop prêter attention. Je ne vis point venir cette voiture qui m’esquiva de justesse que vloup. Mince ! J’y avais échappé de justesse. Mais en esquivant, mon pauvre petit iPhone, tomba et se retrouva en plein milieu de la chaussée. Et une seconde voiture fonçait droit dessus…

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Un pieton africain envoyant un texto pendant sa traversée de la chaussée @Tumblr.com

Une sueur glaciale me saisit. Impuissant ! Mon regard demeura fixé sur mon téléphone ! La voiture tel un mastodonte s’avançait lentement mais inexorablement vers lui. A cet instant, je voulus fermer les yeux. Une voix intérieure me disait : « Assiah tout est fini ! ». Mais je n’y parvins point. J’attendais de voir si mon téléphone allait survivre à cette confrontation. Les deux robustes premières roues-avant s’avancèrent doucement mais surement vers cet être fragile, qui était là scotché sur la chaussée. Elles passèrent légèrement à côté et ne l’écrasèrent point. Je voulus pousser un « Ouf ! » de soulagement mais n’y parvins point. La menace était toujours présente…

Cette fois, c’était au tour des deux roues jumelles arrière. Puisque la voiture effectuait un virage, les roues arrière pouvait avoir une trajectoire longitudinalement différente de celles de devant. Je sentis ma poitrine s’alourdit ! L’air, subitement s’était raréfié autour de moi. Je recherchais de la salive en vain mais liquéfier par la scène sous mes yeux, mon palais s’était asséché. J’observais donc « attentionément », au ralenti la progression des roues arrière qui, elles aussi, et je ne sais comment, épargnèrent la pauvre « Pomme » de Steven Jobs.

 

Durant des secondes qui durèrent toute une éternité…

Immédiatement et sans réfléchir, je me ruais à sa rescousse tel Clark Kent ! Après l’avoir récupérer et retraverser la route, je la serrais tendrement sur ma poitrine ! Question de la rassurer : tout allait bien désormais ! Elle était en sécurité !

Aussitôt j’écoutais des applaudissements autour de moi ! Le temps de regarder autour et de constater que les marchands ambulants et vendeurs du rond-point s’étaient eux aussi arrêter pour observer le sort de ce malheureux petit iPhone livré à lui-même. Soulagés qu’il ne lui soit rien arrivé, l’un deux, un ambulant vendant la noix de coco, me dit, avec un large sourire d’étonnement « Challé ! You are lucky » ! (Frangin, vous êtes chanceux !) Avec le même sourire d’étonnement, je l’en remerciai. Puis lui répondit : « It’s not lucky but the Grace of God » (Ce n’est pas de la chance mais la Grâce de Dieu !)

Ces quelques secondes avaient duré une éternité ! On aurait pensé que le temps avait suspendu son envol comme Lamartine le clamais jadis. En poursuivant mon chemin vers l’église, je retrouvais mes esprits progressivement ! Et une question me taraudait. Avec l’issue « heureuse » de cet incident, était-ce simplement de la Chance ou alors la manifestation de la Grace de Dieu ?

Et si la chance ou la providence n’était au final que la Grace de Dieu ?

Personnellement, je pense qu’il s’agit de la Grâce. La chance pour moi n’existe pas. La chance est un concours de circonstances favorables. Beaucoup de gens utilisent des expressions mettant en scène la « chance », sans réaliser un instant (ou plutôt refusant d’accepter) que quelqu’un agit derrière tout cela et que les circonstances ne sont pas le fruit d’un supposé hasard. D’autres parleront aussi de « bonne étoile »… Eventuellement, quelqu’un mentionnera la « providence » ou, qui plus est, laissera échapper un « Dieu merci » mais sans réellement reconnaître le « Dieu » dont il est question… Par contre, quand tout va mal, « qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu » (contradiction !).

C’est donc la Grâce Divine que nous interprétons ou prenons pour de la chance. Mais il n’en est rien. Tout ce qui nous arrive, en bien ou en mal, arrive pour un but, pour une fin. Déjà que le positif ou le négatif est une perception subjective, qui diffère selon la pensée d’un individu à un autre. Seule notre attitude face aux évènements détermine leur utilité et finalité. Nous pouvons décider de voir le verre à moitié plein ou à moitié vide…

Quoi qu’il en soit, pour moi, le hasard n’existe point car c’est un mot méconnu du Dictionnaire et vocabulaire de Dieu. Et partant de tout « Croyant » véritable ! Tout ce qui nous arrive est une composante d’un plan, d’une mélodie dont le Créateur Seul en est le Chef d’Orchestre. Lorsqu’il nous arrive de bonnes choses, ne soyons pas ignorants et ne manquons pas d’exprimer notre reconnaissance à notre Père, qui nous fait du bien. Et même lorsque c’est difficile, restons dans cette bonne disposition et l’attente en celui qui change le mal en bien, et fait concourir toute chose à notre bien. Il nous aime, et veut notre bien. Il n’y a pas d’histoire de « chance », c’est seulement sa grâce, que tous peuvent recevoir par la foi et l’humilité !

…me permirent de comprendre l’importance de la prudence et de l’attention.

Bien que je sache qu’il n’est point prudent de manipuler le téléphone sur la voie publique en marchant, cela ne m’a point empêcher de le faire. J’aurais pu être percuté, me retrouver à l’Hôpital ou même perdre ma vie. Mon téléphone aurait pu être écrasé… Une enquête menée par des chercheurs en accidentologie du groupe Dekra dans six capitales européennes, révèle que 22% des accidents mortels de la route sont des piétons, et que 17% des 14.000 piétons interrogés utilisent leur smartphone pendant qu’ils marchent en milieu urbain.

En France, 76% des 18-24 ans utilisent leur téléphone portable en conduisant, sans savoir que comportement cause 10% des accidents de la route. 76% des 18-24 ans utilisent leur téléphone portable en conduisant, sans savoir que comportement cause 10% des accidents de la route. Le piéton semble donc devenir un smombie (Smartphone + Zombie) ou un petextrian — pour reprendre le néologisme anglophone décriant la dépendance des piétons (pedestrian) pour les textos.

Mais Dieu, par son infini bonté, a voulu une fois de plus me prévenir et m’avertir. Il ne me donnera peut-être plus cette chance là. Il ne te donnera peut-être plus cette chance-là. Et le malheur frappera ! L’on se lamentera, certains iront même jusqu’à L’accuser de leurs maux. Mais je sais qu’Il nous envoie toujours des signes, des prémonitions par plusieurs canaux afin de nous sauver.
Quant à moi j’ai compris le message. J’ai retenu ma leçon. La preuve, au retour de l’église vers mon domicile, mon téléphone était sagement rangé dans ma poche. Bien que mes doigts me démangeaient, le souvenir, encore chaud de l’incident me hantait. Je ne marcherai plus en manipulant le téléphone. Si jamais je le faisais et devenais victime d’un accident ou d’un incident, je ne me plaindrais point. Car je saurais qu’Il m’a déjà averti.

Et toi qui lis ce texte, j’aimerais ainsi t’inviter à discipliner ta conduite sur la voie publique. Les réseaux sociaux ne fuient pas. Leur but c’est de monétiser notre attention et notre temps. Je te prie donc de toujours être alerte et vigilant quand tu marches en route car le malheur ne prévient jamais. « Si je savais… » est un temps imparfait qui peut être perfectionné par la prudence et la proactivité.
A bon entendeur…


How and why should we urgently instill patriotism to every African children?

If the present generation doesn’t have a strong affection for Africa, then we will all, soon enough be doomed. As we become more globalized, our children are more exposed and likely to live and work in different countries in the world, and with this arises the question of whether or not their patriotism to their motherland will survive. Do the present generation have the same passion for the continent as the older generation did? So how can we promote and sustain the love for the country into a child?

Teaching history: the power to inspire.

To induce, and make the younger generation understand the value of patriotism, actions have to be implemented from childhood stages. A seed will grow to be a huge tree only if it’s watered properly from the beginning. This should be a gradual process which will most likely be effective through history lessons.

We should make the change and emphasis on patriotism in the curriculum in schools and higher education institutions and include more accurate information’s in our history learning materials. The current curriculum dehumanizes our freedom struggle and desensitizes children from the hardships our freedom fighters went through. Our history is full of inspiring leaders and events which would make any African proud.

We can’t aspire to be patriotic if we haven’t been inspired!

However, most of us never learn more than what the “colonial masters” have written. As a result, our history materials and teaching techniques urgently need to be evaluated and revised to fit our goal of patriotism. Every African youth needs to be made aware of the achievements of our society and leaders both present and past in great details. A feat which can be achieved through the above-stated measures, educational tours and regular cultural events showing the diversity of Africa.

How can schools and teachers contribute?  

History should be learned not only to get good grades but to, most importantly, imbibe patriotism in students. However, our educational systems have been conditioned to rely greatly on quantity rather than quality. A structure which forces students to be more grade than knowledge conscious. It is the responsibility of teachers to make learning livelier, this can be done by adopting innovative teaching methods such as dramas, group discussions, simulations, role play or serious gaming. They are more meaningful learning methods and remembering information longer. Furthermore, grades should be awarded based on the level of impact and output a course has had on its students than the ability of a student to dictate back information given.

I don’t understand why teachers make History into such a boring and painful subject. I can vividly recall my days as a primary school student in Mbanga, History and Civic Education were the most boring subjects for us. We need passionate teachers who can teach history from within, a somewhat mission impossible seeing as many persons now apply to teaching jobs for the sole purpose of earning a living and staying afloat. Many teachers we find now in the educational system have no passion for their job which is just a business to them or an escape from poverty

How can parents contribute?

I believe instilling patriotism begins at home with parents. But the mother has an exceptional role to play in it as she is the one with whom kids are mostly involved. She could help history become relevant to children by telling history through the experiences of the family or ancestor, tell them stories about our real heroes (Um Nyobè, Manga Bell, Akwa…), great personalities (Samuel Eto’o, Richard Bona, or scientists (Achille Mbembè, Arthur Zang…).

The way the parents’ outlook to freedom will be, same shall follow to their children also. But sometimes, even parents don’t really know their history or some don’t even care about that. An act as little as a short story on our national heroes can have a wonderful effect on them. During national holidays, they should tell them the struggle behind or let them participate in those programs. Children should be properly enlightened and educated on the importance of various traditions and cultural practices. Involvement is also a necessity, with this, they will grow up remembering and appreciating various vital Festival, and in turn, metamorphose into patriotic youths.

Teach them to respect National symbols and National Holidays

In Zimbabwe, pupils in infant, junior and secondary schools are required to recite a national pledge of allegiance. The rationale behind introducing the national pledge of allegiance is to build a sense of patriotism and national identity among the youth in the hope that this will guide their behaviour into future. But it is multi-layered when one looks at it. It is not just an attempt at building patriotism among the youth but also orienting them to the principles found in the Constitution. Zimbabwe is not the first country to have pupils recite a national pledge of allegiance. Rwanda, Nigeria, Singapore, India, Ghana and even the United States of America do that. In Ghana, I have observed national symbols present on the wall in every Junior school.

Promotion of our Mother Tongue

Our language is our identity, children should be taught their native languages from early stages.  Your language is the gateway to your culture and traditions. We, in our pursuit of becoming global, ignore our language, thereby cutting ourselves off our heritage. Many African youths consider conversing in English or French a privilege, the same cannot be said of their native languages.  It’s therefore imperative to our cause that parents converse with their children in their native language as much as possible. This will help instil a sense of pride in a child, raising their consciousness to the fact that his or her roots are in no way inferior to any other. And also enabling them to connect to their heritage. I have observed people who are connected to their mother tongue are also connected to their culture and traditions.

The Role of Media

We might not realize this, but, the entertainment industry can play a huge role in instilling patriotism and filmmakers can actively participate in it. The Cinema has a huge traffic, and this can be used as a tool to promote culture, traditions, and history. With high-quality edutainment contents, documentaries, films and even storytelling competition and festivals, the media has a great role to play in achieving this great feat.


Pourquoi les élites africaines ne font qu’aboyer sans mordre depuis l’insulte raciste de Donald Trump ?

 Après que Donald Trump ait tenu des propos « hautement irresponsables, répréhensibles et racistes », les personnalités et leaders africains n’ont fait qu’exprimer « verbalement » leur mécontentement sans prendre de mesures concrètes ou répressives pour manifester leur indignation.

Trump, un coutumier des déclarations racistes et ignorantes sur l’Afrique !

Depuis sa prise de pouvoir, le 20 Janvier 2017, le plus vieux et plus riche président américain, ne peut passer une semaine sans défrayer la chronique. Il demeure très actif sur Twitter bien que chacune de ses publications puisse susciter la polémique. Rappelons qu’en 2014-2015, lors de la crise sanitaire déclenchée par la reprise du virus Ebola, il faisait état d’une rumeur selon laquelle toute l’Afrique était un foyer d’épidémie. Lorsque Barack Obama avait annoncé un plan de 7 Mds$ visant à fournir l’accès à l’électricité dans les pays d’Afrique subsaharienne. La réponse de Trump ne s’était pas fait attendre : « Chaque centime prélevé sur les 7 milliards de dollars destinés à l’Afrique sera détourné. La corruption y est endémique ». Sans oublier cette fameuse phrase prononcée lors d’un meeting à Indianapolis : « Certains Africains sont des sots paresseux, tout juste bons à manger, faire l’amour et voler. »

Donald Trump Free Illustration. Crédit : Pixabay CC
Donald Trump Free Illustration. Crédit : Pixabay CC

Très récemment, le Washington Post, a publié une méticuleuse base de donnée listant les 2001 mensonges, contrevérités et les approximations proférés en 2017 par ce locataire de la Maison Blanche ; soit environ 40 mensonges par semaine. Cette année, il a proféré 18 contrevérités en un seul jour, le 08 janvier dernier. Après ce constat, l’on se demandait s’il s’interrogeait à savoir s’il battrait son record cette année. Mais l’attente ne fut point longue car trois jours plus tard, le 11 janvier 2018, lors d’une réunion à la Maison Blanche sur l’immigration, il va de nouveau servir la polémique dans une déclaration qui fera un tollé mondial. En effet, au cours de cette réunion à huis clos, les sénateurs américains lui suggéraient de restaurer la protection des immigrants venus de pays comme Haïti, le Salvador et l’Afrique. Et à Trump de s’étonner :

« Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici [aux USA] ? »

Il préfère de loin les migrants norvégiens ou « blancs » à ceux d’ascendance africaine. Cette phrase, « raciste » sera récupérée par le Washington Post, puis relayée par 99% des médias internationaux. Par la suite, il a assuré n’avoir pas utilisé l’expression « shithole countries » (pays à trou de merde !) mais plutôt une « formulation rude » : «le langage que j’ai utilisé lors de la réunion était dur, mais ce ne sont pas les mots utilisés». Mais le coup était déjà tiré, sa remarque va susciter une vague d’indignation internationale et un véritable tollé sur les réseaux sociaux ainsi qu’auprès des institutions africaines.

L’indignation de la communauté internationale et africaine…

Après l’annonce, certains ont pensé qu’il souffrait de démence au point où près de 70 professionnels de la santé ont demandé un examen pour évaluer son état de santé mentale. Ce qu’il refusa bien évidemment, en déclarant dans un Tweet – toujours – que ses deux plus grands atouts étaient sa stabilité mentale et son intelligence, il se considère comme un « génie psychologiquement très équilibré » (very stable genius). Rassurons-nous ! Trump est très loin d’être fou et sait clairement ce qu’il fait. N’oublions pas qu’il est un businessman accompli, auteur d’un best-seller et à la tête d’un empire d’environ 4 mds USD. Rusé, il a pu déjouer tous les pronostics et battre Hilary Clinton. Un malade mental souffrant de démence n’y serait pas parvenu.

Jack Lang, président de l’Institut des Mondes Arabes, va le qualifier de « président de merde » puis lancer le désormais célèbre hashtag #TrumpPresidentDeMerde.

 

Des propos « hautement irresponsables, répréhensibles et racistes » selon le ministère des affaires étrangères du Botswana. Ils ont même convoqué l’ambassadeur américain pour lui faire part de leur « mécontentement » mais aussi pour « clarifier si le Botswana est aussi inclus comme un « pays de merde ». Une clarification, que nous trouvons inutile voire même drôle puisque le Botswana se retrouve bien dans le continent africain. A moins que l’ambassadeur américain, avec un discours diplomatique, leur en ait démontré le contraire.

Le gouvernement haïtien a dénoncé des propos « odieux et abjects » qui, s’ils étaient avérés, seraient à tous égards « inacceptables car ils reflèteraient une vision simpliste et raciste ». Rupert Colville, porte-parole du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés déplore des propos « choquants et honteux ». Les 54 ambassadeurs africains à l’ONU vont condamner les propos de Donald Trump dans une lettre au langage très fort où ils exigent « rétractation et excuses ». Une « réparation morale » que Trump est loin d’accorder, trop fier, confiant et arrogant pour cela.  L’Union Africaine par le biais de sa porte-parole, Ebba Kalondo annonce que « cette déclaration dépasse tous les comportements et attitudes acceptables » puis la qualifie de « blessante ». C’est vrai, car la vérité blesse mais le sang ne coule pas, a-t-on coutume de dire.

En Afrique, sur les réseaux sociaux, les réactions sont diverses, certains s’en indignent, certains le prennent avec une pince d’humour ou sont indifférents et d’autres le félicitent pour sa franchise qui échappe aux discours démagogiques et pompeux dont les diplomates sont les maitres de l’art. Enfin, certains dont de nombreuses célébrités d’ascendance africaine ont décidé de poster de belles images de leurs pays comme pour prouver qu’il ne s’agit point de « trou de merde » …

Dans les « pays de merde », le chien aboie, la caravane passe !

Oui ! La caravane passe puisque Trump se fout éperdument de tout ce remue-ménage. A l’exception de son post Twitter pour reformuler ses propos et de la décision « soudaine » de valoriser Martin Luther King Junior, il n’a presque rien fait d’autre. Alors, pendant combien de temps allons-nous continuer à aboyer sans pouvoir mordre ? Si vous observez le bref retour sur les réactions africaines et occidentales, elles sont toutes discursives : excuses, rétractations... Aucune mesure ou sanction diplomatique n’a été prise par les « indignés » qu’ils soient en Afrique même ou aux USA. Combien de présidents africains ont rappelé leurs ambassadeurs des USA ? Combien ont osé expulser les ambassadeurs américains présents dans leur pays et rompre ainsi les relations diplomatiques ? Les communautés haïtiennes et africaines se disent « consternées » par ses propos « insultants » mais combien ont osé renier la nationalité américaine ? Or les actions sont plus éloquentes que les plus beaux discours.

Tout comme la traite contemporaine des Noirs en Lybie, toute cette tempête médiatique, tous ces remous vont se tempérer d’ici une à deux semaines. A l’exception de quelques-unes de journaux ou de publications réactives sur les réseaux sociaux, la situation reviendra à son beau calme. Sinon, où en sont les leaders politiques et les élites intellectuelles africaines après le tollé ayant suivi la « découverte » de l’esclavage en Lybie ? Quelles mesures concrètes ont été prises pour éradiquer ce fléau déshumanisant ? Tout comme de nombreux autres faits historiques, nous « oublierons » l’offense et demain, ces mêmes dirigeants africains le retrouveront à Washington DC pour le convaincre d’investir sur le continent. Et c’est ça l’implacable réalité, le mendiant ne peut insulter son bienfaiteur. Un oiseau ne peut couper la branche sur laquelle il est assis.

Face à cette situation, nous avons ceux qui manifestent une indignation totale et ceux qui expriment une banale indifférence face à cette déclaration. Nous nous inscrivons dans cette dernière position. D’une part, le « mal » est déjà commis. Les excuses, si jamais, elles sont présentées ne changeront rien à l’image que ce président a des peuples négro-africains. Son penchant raciste est connu depuis qu’il avait refusé de recruter des afro-américains dans ses entreprises où aucun noir n’a jamais occupé un poste proéminent.

La critique est la puissance des impuissants !

Alors ne gaspillons point notre énergie à nous indigner. Arrêtons de nous plonger la tête dans le sable comme l’autruche. Apprenons à faire face à la réalité. La meilleure réponse qu’on puisse donner à Trump au-delà des mots, ce sont des actes concrets. Par exemple, stopper ou limiter les relations commerciales (importations, exportations…) entre le continent et les USA, protester activement en arrêtant d’acheter et de consommer les produits des entreprises américaines présentes sur le continent (KFC, Mc Donald, iPhone, General Motors…) ; expulser les ambassadeurs américains ou fermer leurs ambassades tant qu’il n’aura pas présenter officiellement des excuses au peuple haïtien et africain. Ce ne sera qu’une maigre bataille de gagnée dans cette guerre symbolique, mais cela aura une importance historique. Limiter ou stopper les relations commerciales ou diplomatiques entre les USA et le continent sont quelques-unes des mesures concrètes que nos dirigeants africains auraient pu prendre. Mais le plus important, c’est de prendre notre destin en main, de cesser de nous évaluer au prisme de l’Autre, de nous regarder dans notre propre miroir et de travailler en synergie pour l’édification d’institutions fortes qui pourront accompagner la croissance du continent.


Bien planifier c’est apprendre à prévoir l’imprévisible

Dans un précédent billet, qui portait sur mon bilan académique de l’année 2017, je prenais la résolution de devenir forgeron en 2018. Aujourd’hui, je partage avec vous mon bilan professionnel et la principale résolution 2018 qui en a résulté : mieux planifier ! 

 

Il y a douze mois exactement, j’étais encore au pays des Pharaons, où j’ai vécu d’intenses expériences professionnelles. Au cours de l’année, j’y ai occupé des postes de leadership mais aussi de management. Chaque expérience avait son lot de douleur et de chaleur. Entre les collègues difficiles à gérer, les échecs et événements déplorables, voici les principales leçons tirées de l’année passée.

  1. Savoir mieux optimiser et accroître l’efficacité collective

De 2015 à début 2017, en tant que Président de la Société d’Art Oratoire de Senghor (SAOS), une structure qui œuvre pour la promotion du dialogue interculturel, de la tolérance et au développement de l’esprit critique des jeunes panafricains, j’ai eu la lourde et excitante responsabilité de relancer et dynamiser les activités de cette organisation. Une tâche que je pris à bras le corps, investissant toute mon énergie pour faire briller le flambeau de l’art oratoire en Egypte. Cependant, dans mes démarches, l’adhésion ne fut pas entière pour tous. Au départ, je me suis dit : « C’est normal, tu ne peux convaincre tout le monde de pratiquer l’art oratoire. » Mais avec une légère prise de recul, j’ai également constaté que cela était également liée à la stratégie utilisée pour rassembler l’équipe et démarrer les activités.

Vous savez, la réussite effective de toute initiative dépend principalement de la vision, de l’équipe et de l’engagement que chacun y met. L’efficacité collective, d’après Olivier Devillard dans ‘Dynamiques d’équipe’ repose sur 3 leviers :

  • La mobilisation : comment l’énergie est-elle mobilisée ? Comment la motivation de chacun entre-t-elle en résonance avec le projet commun pour le porter volontairement ?
  • L’unification: comment l’énergie collective est-elle canalisée vers la cible (cohésion), ou comment se disperse-t-elle ? comment les gens travaillent-ils ensemble (collaboration), ou séparément (coopération) ?
  • Et la polarisation : comment l’énergie est-elle focalisée sur le résultat ?
Intelligence collective des fourmis, l'un des meilleurs |@Afropolitanis
Intelligence collective des fourmis, l’un des meilleurs |@Les Brindherbes Engagés

Parfois, on s’imagine que tout le monde comprend ou voit les choses comme nous ! Parfois, on fait certaines choses en s’imaginant que les autres vont suivre ! On pose des actes en estimant qu’ils sont sur la même longueur d’onde que soi ! Mais en réalité, ce n’est pas souvent le cas, et là on peut avoir des asymétries d’informations qui nous mettent dans des positions assez délicates à gérer.

A travers cette expérience, je compris l’importance non seulement de bien communiquer sa vision à toute son équipe, mais surtout de se rassurer que la vision soit partagée et appropriée par l’ensemble de la team. Il existe en effet une différence entre « connaître la vision » et « comprendre la vision ». La première s’inscrit dans une démarche passive mais la seconde est davantage « active ».

  1. Savoir « mieux » planifier : quand le plan B ne suffit plus !

« If you fail to plan, you plan to fail. » Ce dicton anglais, court mais profond, revêt une importance capitale une fois qu’on l’expérimente. Lincoln, quant à lui, disait : « Donnez-moi 6h pour couper un arbre, et j’en passerai 4 à affûter ma hache.» La planification avec la préparation permet, d’après moi, de « prévoir même l’imprévisible ». Et mieux vaut avoir un mauvais plan que rien du tout. j’ai longtemps eu l’habitude de ne m’en tenir qu’à un plan B. Mais parfois, il faut même en prévoir un troisième, un plan C…

Par exemple, au terme de mon mandat à la tête de la Société d’Art Oratoire de Senghor sus évoquée, je décide de ne pas me représenter pour un second mandat. D’une part, j’estime que le renouvellement du leadership ou d’équipe dirigeante peut apporter du sang neuf, une nouvelle dynamique et vision à la structure. D’autre part, mon éthique personnelle me l’interdisait : « éviter de s’accrocher au pouvoir et apprendre à laisser la place ». Je suis convaincu de ce qu’au-delà de la critique à l’endroit de nos leaders politiques gérontocrates, nous devons, par nos actes et décisions, créer et démontrer un changement d’attitude.

La gestion délicate de la succession@ Afropolitanis
La gestion délicate de la succession@Chef d’entreprise Magazine

Ce n’est un secret pour personne : on ne quitte pas le pouvoir comme ça ! Il faut toujours définir un plan de succession car la relève ne s’improvise pas. Il était donc important de préparer la relève bien avant les élections du nouveau bureau. La gestion de la succession est capitale et très sensible dans toute entreprise. J’avais ainsi proposé à un leader charismatique de notre structure d’assurer la relève parce qu’il était bien imprégné de la vision et des projets qui étaient en cours à l’époque. Mais…

L’homme propose et Dieu dispose ! 😊 Les plans ne se déroulèrent pas tel que prévu… (Très long à expliquer ici 😊) Ce fut donc un personnage insoupçonné qui se présenta et remporta les élections. Jusque-là, il n’y a point de problème me direz-vous ! On peut être étranger à un système, l’intégrer et gérer avec maestria ! Mais cela n’est possible que si trois qualités de leadership essentielles sont présentes en vous : l’humilité, l’écoute active et l’esprit collaboratif. Sans elles, la gestion de la transition devient très délicate…Et ça je l’ai vécu !

Au terme d-un atelier sur les reseaux socio-professionnel-universite-senghor-alexandriel|@Afropolitanis
Au terme d-un atelier-universite-senghor-alexandrie|@Afropolitanis

Cette expérience me révéla ô combien il est important de toujours prévoir plusieurs alternatives, de ne point se reposer sur une seule solution. Ça demande du temps et beaucoup d’effort pour être mis en pratique, mais une fois que vous réussissez à en faire une habitude proactive, vous parviendrez à éviter bien de désagréables surprises et à garder toujours une légère marge d’avance. Avec une bonne planification, même le changement ou l’inattendu devient une opportunité. Voilà !

  1. Apprendre à travailler collaborativement dans un milieu interculturel.

Notre capacité à collaborer fait partie des compétences clés de ce siècle. Or nombreux sont ceux qui sont de très bons « coopérants » mais de piètres « collaborateurs » (j’en fais partie 😊). Contrairement au travail coopératif basé sur une division et distribution de la tâche globale, le travail collaboratif nécessite bien plus, la synergie, la symbiose de l’ensemble du groupe pour la réalisation d’une tâche.

Or nous sommes davantage habitués au mode coopératif car cela nous permet de demeurer dans notre zone de confort. J’aimais et je préférais toujours travailler seul pour apporter ensuite ma contribution au groupe. Au lycée et à l’université, j’avais toujours cette « mauvaise habitude » de prendre tous les exposés ou travaux de groupe, les traiter entièrement et bien, puis rapporter le résultat final à mes camarades.

Bien que cela les réjouissait, que je me tape tout le boulot et qu’ils bénéficient de ses fruits, je compris plus tard que je ne les aidais point en agissant ainsi. Et j’avais pris la décision d’être moins « égoïste », d’apprendre à reconnaître, accepter et favoriser l’expression de chaque membre du groupe. Il est arrivé, des fois, que notre groupe de travail ait une « mauvaise performance » après que j’eus exigé que l’apport de chaque membre soit intégré dans le travail final.

Au terme d'un atelier collaboratif avec Gael Faye au CAF-Bibliotheca Alexandrina | @Afropolitanis
Au terme d’un atelier collaboratif avec Gael Faye au CAF-B | @Afropolitanis

Le travail collaboratif exige en effet, que l’apport de chaque membre soit valorisé car la finalité n’est point de résoudre le problème le premier, mais de le résoudre ensemble. En 2017, cette capacité à savoir et pouvoir travailler collaborativement a été, à maintes reprises, mise à l’épreuve. Et cela était d’autant plus difficile que j’évoluais dans un milieu interculturel avec des personnes ayant des background culturels variés – j’ai collaboré de façon directe ou indirecte avec près de 34 nationalités. Ce n’est pas facile mais on en ressort enrichi et cela ouvre de nouvelles perspectives. Cela change notre représentation du monde et notre rapport au monde.

Travailler collaborativement dans un milieu interculturel développe votre afropolitanité (j’en donne une explication ici 😊). On apprend à reconnaître son image dans le visage de l’Autre. On apprend à considérer la différence non comme une carence mais comme une richesse.

Bon je vais m’arrêter là pour ce billet, écrit une fois de plus à « cœur ouvert ». Il y’a bien d’autres expériences que j’ai acquises en 2017 mais un billet serait insuffisant pour les décrire (j’ai même déjà trop parlé massa !). Nous pourrons interagir à travers l’espace des commentaires ! Au passage, n’hésitez point à m’en laisser un sur vos expériences et expérimentations acquises dans le milieu professionnel, que ce soit dans un emploi formel ou non, du bénévolat ou du volontariat ! A+ !


Pourquoi je veux être un forgeron en 2018 ? #Mondochallenge

Dans trois jours, l’année 2017 se clôturera. Alors, il est grand temps de faire le bilan. Pour faciliter la lecture, je vais aborder les grandes lignes sous trois gros plans : académique, personnel et professionnel. Qu’ai-je mis en place cette année ? De quoi suis-je fier ? Qu’ai-je encore à travailler ? Cet article me permet de le faire « freestyle ». Il est produit dans le cadre du #MondoChallenge #Bonjour2018. Sa rédaction m’a permis d’écrire à voix haute et d’effectuer un retour réflexif sur mon parcours académique, celui professionnel viendra dans le prochain billet. J’espère qu’il vous incitera vous aussi à faire un point sur cette année écoulée. J’espère qu’après lecture, vous saurez pourquoi je désire être un forgeron en 2018.  

Bonne lecture !

Brèves Rétrospectives sur l’année académique 2017

En Janvier 2017, j’entamais la deuxième mi-temps de mon master à l’Université Senghor d’Alexandrie. Une mi-temps plus serrée, intense comparée à la première année. En effet, je devais me concentrer sur la rédaction de mon mémoire sur la littérature d’enfance et de jeunesse camerounaise. Après plusieurs mois d’inspiration et de transpiration dans la rédaction, mon bébé est finalement né par Césarienne (les senghoriens du département Culture me comprennent… 😊). Il a obtenu son acte de naissance le 11 avril 2017, date de ma soutenance. La frustration de cet exercice a laissé place à une onde éphémère de satisfaction lorsque j’ai reçu la distinction symbolique de Major de la Spécialité Gestion des industries Culturelles.

Cérémonie de remise des prix d'excellence aux majors spécialités
Remise des Prix d’Excellence – Université Senghor

 

En parallèle, j’ai également suivi un Master en Ingénierie Pédagogique Multimédia de l’Université de Lille afin d’être capable de contribuer à la conception des MOOCs, à la production des contenus pédagogiques multimédias et à la démocratisation de l’éducation à distance en Afrique et au Cameroun.  Au cours de cette année, j’ai achevé 41 Cours Certifiés à distance dans les domaines de l’économie, innovation, management, marketing, entrepreneuriat, sciences politiques… Ce qui me classe officiellement comme le Mooqueur le plus certifié en Afrique francophone.

Qu'est ce qu'un MOOC? Mindmap
Qu’est ce qu’un MOOC? @CIEL – Université de Genève

De 2010 à Juillet 2017, j’ai travaillé grâce à cette passion effrénée pour toute forme de connaissance. Curieux, je m’intéressais à tout, essayant de dévorer tout livre qui me tombait sous la main. Avide de savoir, je me suis engouffré avec frénésie dans le suivi des MOOCs, car cette nouvelle forme de diffusion du savoir me permettait d’apprendre sur n’importe quel sujet. Pour moi, il n’y avait rien de plus important que d’avoir une solide culture générale, de ne point me sentir « perdu » dans une conversation lorsqu’on aborde un sujet nouveau. Cette culture générale, je l’ai exposée, parfois avec fierté, lors des joutes verbales et compétitions d’art oratoires auxquelles j’ai participé.

L’art oratoire pour moi est une nàá ɓùà (figure de la femme inatteignable dans les contes Gbaya en Centrafrique), cette femme séduisante mais inaccessible avec laquelle l’on flirte à volonté mais sans jamais parvenir à la conquérir. En effet, bien que les débats oratoires soient une tribune d’expression et d’éloquence, on y est toujours confronté à la divergence d’opinions, au choc des idées contradictoires. Et c’est en cela qu’elle devient inatteignable au sens fellinien de l’expression.

Au cours de cette démarche itinérante sur les sentiers de la connaissance, j’ai compris de nombreuses choses en 2017.

1)     On peut apprendre sur tout mais on n’apprendra jamais tout.

J’ai appris que l’apprentissage est une (dé) marche qui dure toute une vie. On aura beau lire tous les livres qui nous passe sous la main, on ne pourra jamais tout lire. Suivre tous les MOOCs du monde ne fera jamais de moi un Einstein. Posséder de nombreux certificats et diplômes ne fera jamais de vous un savant. J’ai compris que la certification ou le diplôme ne sont que de simples papiers délivrés pour attester l’acquisition d’une connaissance ou d’une compétence. Mais que seule votre attitude et votre résilience font la différence. La preuve, le fait d’être diplômé en Agronomie ne fait pas de vous un bon agriculteur. J’ai un diplôme en Ingénierie Culturelle mais mon gagne-pain provient de la communication digitale…

2) Apprendre c’est bien mais apprendre à apprendre c’est encore mieux.

Peut-on apprendre si on ne sait pas comment apprendre ?

Apprendre est l’une des dynamiques les plus essentielles de la vie. On apprend tous les jours de manière consciente ou non. Nos actions d’aujourd’hui sont façonnées et modelées par ce qu’on a appris hier. Tout le monde, veut apprendre mais très peu savent apprendre. Oui ! C’est peut-être surprenant pour certains, mais on peut et doit apprendre à apprendre. Parce qu’apprendre ne s’arrête pas aux portes de l’école, du lycée ou de l’Université. Avec l’omniprésence du numérique dans nos pratiques quotidiennes, le temps disponible pour se concentrer volontairement et apprendre devient de plus en plus rare. Entre les obligations professionnelles, personnelles ou académiques, se « poser » pour apprendre devient un exploit que très peu parviennent à réaliser. Mais, savoir apprendre est essentiel pour comprendre. Ce fut d’ailleurs l’un des objectifs de mon centre de formation APC- « Apprendre pour Comprendre » à l’Université de Dschang. Mais là n’est point l’objet de ce billet ! Poursuivons…

Apprendre à apprendre c’est apprendre avec méthode, car aujourd’hui nous vivons à l’ère de la société de la connaissance, avec ses exigences d’autonomie et de réflexivité. Si la capacité à apprendre est innée, le « savoir apprendre » est une compétence complexe qui nécessite d’acquérir une méthodologie d’apprentissage, et d’accepter de modifier ses représentations sur l’apprentissage, et parfois même ses représentations de soi. Tout apprentissage est une transformation profonde, aussi faut-il changer pour apprendre – d’ailleurs, on change en apprenant.

Au cours de l’année 2017, j’ai donc appris à apprendre et je puis vous assurer que c’est génial. J’ai d’abord suivi un MOOC « Apprendre et Faire Apprendre » de l’Université de Mons consacré aux modèles d’apprentissage et d’enseignement. Puis j’ai complété avec mes cours en ingénierie pédagogique et la lecture de cet article sur comment apprendre à apprendre ? Enfin, je vous recommande vivement cette recherche d’une universitaire américain et TED Fellow John Kaufman dont les résultats indiquent qu’il possible pour tout individu d’acquérir n’importe quelle compétence seulement après 20 heures d’apprentissage et de pratique bien structurée.

Ma 1ère résolution 2018 : Acquérir les compétences avant les connaissances.

Au regard des deux précédentes et principales leçons tirées de ma brève expérience académique en 2017, j’ai pris une nouvelle résolution pour 2018 : prioriser les compétences sur les connaissances. En effet, nous savons tous que les compétences priment sur les connaissances. De nombreux adages consacrent cette primauté : « c’est en forgeant qu’on devient forgeron », « c’est au pied du mur qu’on reconnait le maçon », « les œuvres sont plus éloquentes qu’un discours »…

Bien que nous le sachions, nous continuons à suivre le sentier de la connaissance plutôt que celui des compétences. Les raisons sont multiples : l’approche basée sur les compétences, bien qu’adoptée officiellement par le système éducatif camerounais, n’est pas véritablement mise en œuvre sur le terrain. La majorité des enseignants ont toujours une approche verticale de l’apprentissage où ils dispensent ou abreuvent l’étudiant en connaissance. Alors que nous sommes désormais dans une co-construction des savoirs avec une approche horizontale de l’apprentissage.

Une autre raison, est liée au financement d’une formation axée sur l’acquisition des compétences. Les parents se plaignent parfois du coût d’une formation professionnelle comparée à celle universitaire. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que le prix du chômage est parfois plus lourd. On retrouve ainsi une masse critique de la jeunesse qui se retrouve avec des diplômes de Master ou parfois même Doctorat mais sont incapables de rédiger un bon CV ou une bonne Lettre de Motivation, compétences préalables pour la recherche d’un emploi…

Quand vous comprenez ainsi que vous avez passé plus de la moitié de votre vie à n’acquérir que des savoirs théoriques qui n’ont presqu’aucune valeur sur le marché de l’emploi, vous ne pouvez qu’être frustré et désillusionné. Petit à petit, vous comprenez que votre diplôme de Licence, Master ou Doctorat ne vous achètera jamais une voiture, ne vous accorde qu’une gratification sociale symbolique et parfois personnelle. Mais que seules vos œuvres, expression d’une compétence, vous permettent de laisser une trace dans votre vie. Parce que l’essence même de notre existence c’est de laisser des traces.

Parfois, on se dit « si j’avais su… » ! On aurait presque envie de tout recommencer ! De tout reprendre à zéro ! De réécrire son histoire et de prendre le bon chemin ! Mais si ce retour sur soi est important, il ne doit jamais se faire avec regret car toute expérience est enrichissante et permet de mieux bâtir le futur. Ce futur immédiat que je peins en 2018, je viens de vous en présenter un pan, celui de l’acquisition des compétences. C’est vrai que j’ai annoncé en amont que je présenterai non seulement mon bilan académique mais aussi professionnel et personnel, mais je n’ai plus respecté ce plan. En écriture, de même que dans la création artistique, la raison propose mais l’imagination dispose.

N’hésite pas également à partager, en commentaire, l’expérience académique acquise au cours de l’année 2017 ! Nous sommes tous des apprenants !


The 100 Most Positively Inspiring African Youths of 2017

As we navigate through the tumultuous waters of life, we meet people who inspire us negatively or positively. When we launched the 100 Most Positively Inspiring African Youths (100 MPIAY) scheme in November 2017, we hoped to recognize 100 African youths who have inspired many others to think, talk or act positively. Much to our surprise, in just the first edition, we received hundreds of nominations from 30 countries in Africa and the diaspora, an indication that Africans are rising up to emulate the youths who have inspired them to make positive change, no matter how small it may seem.

We read very inspiring stories from the nominations but while we celebrated the selected 100 on their accomplishments, we were most struck by their journey of test, trial and triumph. We were touched by their seemingly small acts of kindness, the responsibility with which they saw a need and took the lead to solve problems in their communities. We were impressed by the positivity with which they transformed stumbling blocks into stepping stones, the courage with which they dared to dream big, challenging status quo and pursued their dreams against all odds as well as their actions and words which inspired many to be the positive change they wish to see.

The 100 MPIAY scheme celebrates the person behind the achievement and the positive impact he or she has had. After a rigorous selection process, 100 youths were chosen from 27 African countries and classified under seven domains namely; Media and Entertainment, Leadership and Public service, Academics and Research, Science and Technology, Arts and Literature, Business and Entrepreneurship and Community development. Some of these youths whose ages ranged from 16 to 38 are the biggest names in Africa while some are people whose names you probably don’t know but who have a positive impact on their communities.

 

The list is as follows:

Aborisade Adetola – Nigeria

Agatha Wanjiru – Kenya

Ahmed Lagraoui – Morocco

Ahumuza Hezekiah – Uganda

Alex Mbise – Tanzania

Alexander Kyokwijuka – Uganda

Amani Katana – Kenya

Amine Aboud – Morocco

André Blondel Tonleu – Cameroon

Babalola Omoniyi – Nigeria

Barclay Paul Okari – Uganda

Bethlehem Tilahun Alemu – Ethiopia

Bikeke Saimon – Uganda

Blessing Fortune Kwomo – Nigeria

Caroline Odera – Kenya

Chantal Butare – Rwanda

Charles Lipenga – Malawi

Chiamaka Obuekwe – Nigeria

Christopher Ategeka – Uganda

Cobhams Asuquo – Nigeria

Cornelius Adewale – Nigeria

Deana Moussa – Egypt

Diallo Mamadou Aliou – Guinea

Djibril Abdoul Diop – Mauritanie

Doris Mollel – Tanzania

Edouard Claude Oussou – Gabon

El Hadji Abou Gueye – Senegal

Elizabeth Kalemera – Uganda

Emmanuel Boris Melong Tsemo – Cameroon

Emna Ghariani – Tunisia

Farai Munjoma – Zimbabwe

Faruku Kibaba – Uganda

Florence Andenyi – Kenya

George Mtemahanji – Tanzania

Géraldine Vovor – Cote D’Ivoire

Getrude Joseph Mligo – Tanzania

Gilda Given Silayo – Tanzania

Godfrey Kule – Uganda

Graciana Baptista – Angola

Haneefah Adam – Nigeria

Hidaya Ibrahim – Ethiopia

Imbolo Mbue – Cameroon

Inoussa Maïga – Burkina Faso

Joseph Mosi – Tanzania

Joy Tiku Enighe – Nigeria

Julien Achille Agbé – Cote D’Ivoire

Justin Kingland – Nigeria

Justine Nabunya – Uganda

Kayli Vee Levitan – South Africa

Kechi Okwuchi – Nigeria

Keneth Twesigye – Uganda

Kenneth Kabagambe – Uganda

Kiara Nirghin – South Africa

Lebogang Maruapula – Botswana

Lola Odujinrin – Nigeria

Mabel Suglo – Ghana

Maman Dicko Sy – Senegal

Marius Binyou Bi Homb – Cameroon

Mogau Seshoene

Muzungu Hirwa Sylvan and Uhirwa Sylvie – Rwanda

Mubarak Muyika – Kenya

Naïr Abakar – Chad

Nkosana Mazibisa – Zimbabwe

Noela Lyonga – Cameroon

Obianugu Ekeotcha – Nigeria

Ochatre Nixon – Uganda

Omimi Okere – Nigeria

Ouedraogo W. T. D’Aquin – Burkina Faso

Ovbokhan Smart Ekhorutomwen – Nigeria

Paul Wanaye Wamimbi – Uganda

Paule-Marie Assandre – Cote D’Ivoire

Pelagia Majoni – Zimbabwe

Peter Saisi – Kenya

Rachel Chimwemwe Sibande – Malawi

Ratsimandresy Malala – Madagascar

Refilwe Ledwaba – South Africa

Rui Jaime – Angola

Samah Al-Gadi – Sudan

Samwel Mafie – Tanzania

Sandile Shezi – South Africa

Sandrine Diribe Mbeh – Cameroon

Saran Kaba Jones – Liberia

Senai Wonderufael – Ethiopia

Sharon Odhiambo – Kenya

Simpungwe Doreen James – Tanzania

Sirjeff Dennis – Tanzania

Sitawa Wafula – Kenya

Thione Niang – Senegal

Tobby Lordwiliams – Nigeria

Tshepy Matloga – South Africa

Vanessa Zommi – Cameroon

Vérone Mankou – Congo-Brazzaville

Veronica Kipingu – Tanzania

Victoria Udeh – Nigeria

Wadi Ben Hirki – Nigeria

Wildiley Barroca – Sao Tome

Wilhelm Oddo – Tanzania

Winnie Nyandiga – Kenya

Zakaria El Hamel – Morocco

Zakiyu Tindannayil – Ghana



Les 6 savoir-faire que vous pourrez développer en pratiquant l’art oratoire

En 2012, je m’impliquais activement dans la majorité des initiatives ayant une dimension panafricaine, culturelle ou sociologique. Énergique, j’étais présent sur tous les fronts et l’auteur de plusieurs folies. En 2013, lorsqu’est lancé le tournoi local de débat à l’université de Dschang, mes amis m’ont encouragé à m’y lancer. D’abord hésitant, j’ai  fini par me laisser convaincre : le goût de l’aventure était plus fort que moi. Mais j’ignorais que je m’embarquais là dans une aventure sans pareil. J’ignorais que ce périple que j’entreprenais par curiosité allait changer ma vision et ma représentation du monde. Près de cinq années après le début de l’aventure, je partage ici avec toi, lecteur, les six principaux savoir-faire acquis et développés par la pratique régulière et professionnelle de l’art oratoire, autant en tant que débatteur, que coach et formateur en prise de parole en public.

1.      La gestion du temps.

La gestion du temps est un des traits essentiels du débatteur. Réussir un débat, c’est aussi pouvoir le finir dans les temps ! Il est donc plus que nécessaire de garder en permanence un œil sur ton timing. En effet, de la préparation à la présentation, le débatteur est engagé dans une course contre le temps. Durant la phase préparatoire, trouver un consensus sur la stratégie d’attaque et de défense est toujours complexe. Souviens-toi quand, plus jeune, on se croyait intelligent, et ainsi chacun tenait toujours à avoir le dernier mot. C’était pareil pendant les travaux de groupe que tu as pu avoir à réaliser en classe : on ressent toujours un plaisir, une fierté parfois muette et diffuse lorsque son idée ou proposition est retenue.

Or, dans un tournoi ou championnat de débat structuré, le temps est méticuleusement chronométré. Très vite, en moins de 15 minutes, on doit pouvoir trouver des idées, les rassembler, les organiser, les structurer et les répartir. Fermeté et concession sont les secrets pour y parvenir. Pouvoir rester ferme limite les blablateries, et la concession permet d’avancer. Concéder c’est apprendre à faire confiance et croire en la compétence de l’Autre.

2.      L’écoute active : parler est un besoin alors qu’écouter est un art.

Pensée positive_Manou_art oratoire @Pinterest
Pensée positive_Manou_art oratoire @Pinterest

S’il y a une compétence universelle, c’est bien celle de savoir écouter. Après tout, nous écoutons depuis que nous sommes nés, ce qui nous donne l’impression d’être des experts de l’écoute. Et c’est là le piège! Lorsqu’on s’imagine être un expert, on se dit qu’il n’y a rien de plus à apprendre… Pourtant, lorsqu’on veut faire passer un message, il faut d’abord comprendre ce que nous dit réellement notre interlocuteur. Une attitude qui exige un certain savoir-faire. Entendre ne nécessite aucun effort d’attention particulier : c’est simplement le sens de l’audition qui fonctionne. Écouter, par contre, est un acte volontaire. Tu décides de te concentrer pour mieux connaître ton interlocuteur et t’assurer que tu comprends bien le message qu’il te transmet.

Tous les débatteurs ou professionnels du monde de la communication te diront que l’écoute est la première étape pour être convaincant. Tu ne peux bâtir une bonne argumentation ou réponse sans avoir bien écouté et compris ton adversaire. Or le plus souvent, en société, la capacité et l’esprit d’écoute se perdent. Il devient de plus en plus difficile de retenir ou capter l’attention des personnes. Grâce au débat, j’ai ainsi aiguisé cette aptitude à savoir se taire, pour écouter ce que l’autre pense, le comprendre et pouvoir, au besoin le démontrer. Je t’invite à lire cet article si tu désires découvrir comment améliorer tes compétences d’écoute car il s’agit d’une technique de communication cruciale pour la réussite professionnelle.

3.      L’organisation des idées.

Combien de fois t’es-tu dit, en plein milieu de ta prise de parole, que ta présentation était confuse, mal adaptée à ton public, ou que tu avais oublié un point essentiel ? Boileau disait : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire, viennent aisément. » Le même principe s’applique à la prise de parole en public, on doit être structuré pour accroitre la charge persuasive du discours. Lorsque ton discours est structuré, l’auditoire écoute avec d’autant plus d’attention. Un discours structuré est plus facile à comprendre,  agréable et l’auditoire s’en souvient aisément. Même un mensonge, lorsqu’il est structuré, devient crédible. J’ai constaté que le message passait mieux lorsqu’on usait des connecteurs logiques, ces chevilles ouvrières de la cohésion du discours. Et cela est d’autant plus vrai à l’écrit.

4.      L’esprit de compétition.

L’esprit de compétition, interne entre les membres de la même équipe et externe à l’égard de l’équipe adverse, est l’un des ingrédients qui épicent un championnat de débat. En effet, chaque orateur, au regard de ses performances individuelles, obtient un score lui permettant de concourir pour le titre de meilleur débatteur/orateur. Par ailleurs, c’est la somme des scores de deux coéquipiers qui permet d’obtenir la note moyenne de la meilleure équipe. Cette dualité entre compétition et collaboration, quoique ludique, a aussi une dimension pédagogique : apprendre à collaborer en conservant ses différences.

Le débat s’inscrit ainsi dans une vision capitaliste avec cette logique de compétition et de concurrence érigée en modèle dominant. Bien que je ne partage pas totalement cette philosophie sociale de la compétition, j’adhère cependant à la compétition individuelle qui est un facteur émulant et stimulant qui pousse à l’action, à la réalisation, à l’accomplissement d’un acte. Et partant, booste la confiance en soi.

5.      Développer l’esprit critique et de discernement.

J’avoue que je préfère bien la désignation anglaise « critical thinking ». Voilà un autre atout que j’ai aiguisé par la pratique régulière du débat. Au cours d’une compétition de débat, on doit, séance tenante, faire une analyse critique du discours de son adversaire pour en identifier et démontrer les failles. Suivant un mode d’intervention croisé, un membre du « gouvernement » intervient toujours après celui de « l’opposition » et vice versa. Donc, il faut sérieusement se remuer les méninges pour comprendre, décrypter et exposer les faiblesses de l’argumentaire adverse, directement après qu’il l’ait fait. Les Avocats et acteurs du droit sont passés maitre dans cet art au regard des exigences de leur métier à travers le plaidoyer.

Dans un monde actuel globalisé et interconnecté, développer l’esprit critique relève d’un enjeu majeur au service de la construction de l’émancipation sociale, professionnelle et citoyenne. Construire une pensée critique implique une posture intellectuelle nécessitant curiosité et distanciation face au monde qui nous entoure. Cela repose sur l’acquisition de compétences transversales visant à développer la capacité à argumenter et à débattre, à distinguer les savoirs des opinions ou des croyances, et à respecter la pensée des autres.

6.      Le travail d’équipe.

Le travail collaboratif est une des compétences professionnelles clés de ce siècle. Une aptitude que chacun se doit d’acquérir, de murir et de perfectionner. A travers mon expérience dans l’univers du débat structuré, j’ai été amené à collaborer avec des personnes ayant des caractères différents. J’ai compris que la clé du travail en équipe est la gentillesse, ou encore l’existence d’un climat caractérisé par la confiance interpersonnelle et le respect mutuel. Cette compétence est transversale puisque le travail en équipe est aussi essentiel à la réussite de l’entreprise qu’il l’est au succès d’une équipe de football.

Voilà ainsi présentés, les six compétences acquises et renforcées par la pratique du débat structuré. Et toi, es-tu un acteur du monde de l’art oratoire ? Quelles sont autres capacités aiguisées par la participation aux joutes verbales ? aux compétitions de débat ? aux séances de plaidoyer ?