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Autodérision algérienne en 2016

Samedi 13 février 2016, une journée placée sous l’autodérision algérienne : le temps est froid et pluvieux. J’ai rendez-vous à 9h30 au consulat général d’Algérie de Vitry sur Seine.

Rendez-vous au consulat.

6h du matin : l’alarme ne sonne pas. Je me réveille avant le cocorico matinal de mon alarme. Et je me lève avec cette pensée : je ne parie même pas un carambar qu’au consulat on me dira que mon dossier ne passera pas. Après mon petit-déjeuner, je me hâte de courir pour prendre les transports en commun. Et voilà que pour couronner le tout, il se met à pleuvoir. L’attente semble durer des lustres. Le périple est long en raison de multiples correspondances.
De nombreuses années se sont écoulées avant que je n’y remette les pieds. Rien n’a changé. J’arrive en retard d’un quart d’heure. Une file d’attente grossit raisonnablement à l’entrée consulaire entre le mur et les barrières métalliques. Mon tour arrive : je me présente à l’accueil. On me dit de me rendre directement aux guichets 10, 11 ou 12. J’ai l’embarras du choix.
J’entre et là, une foule stationne au rez-de-chaussée, j’essaie de me frayer un chemin tant bien que mal entre la valse des « excusez-moi » et des « je vous en prie ». Il m’a fallu moins de deux minutes pour parcourir moins d’un mètre cinquante après avoir gravi trois marches d’escalier: un record!
J’y crois. J’interroge une dame pour savoir où sont ces trois fameux guichets après lui avoir répété leurs numéros comme des tickets gagnant d’un loto hors du commun et inédit. Elle me les montre car les numéros ne sont pas visibles depuis l’endroit où je suis bloquée : on est serré comme des sardines dans une petite pièce de 35m2 environ. Les personnes âgées, assises, patientent en silence. L’esprit des adultes s’échauffent rapidement. Et pour preuve : devant moi, se trouve une jeune fille à qui je dis : « J’espère que l’agent de sécurité ne demandera pas un papier pour justifier de mon heure de rendez-vous. » Étonnée, elle me répond : « Ah ! Pourquoi ? » Et je lui apprends que l’agent vient de le réclamer à une personne avant de la laisser passer au guichet. Elle s’exclame alors : « Y a pas intérêt. C’est du grand n’importe quoi. Ça fait trop longtemps que j’attends ce moment. » Et j’ajoute : « Et en plus dans la liste des pièces à fournir, l’impression du courrier qui fixe le rendez-vous n’est pas mentionnée. » Et je conclus : « C’est toujours comme ça ici. Je prends mon mal en patience. » Des enfants pleurent, des esprits surchauffent, des hommes et des femmes s’emportent contre l’agent de sécurité. Pauvre monsieur. C’est alors que ce dernier se tourne vers moi pour répondre à un homme. Alors qu’il s’apprête à me tourner le dos, je lui dis calmement : « Bonjour monsieur. J’ai rendez-vous à 9h30 et je viens d’arriver avec du retard. » Il me dit de passer au grand étonnement de cette jeune fille et de bien d’autres personnes.
Un homme, hors de lui, s’énerve et nous bloque le passage à moi et à une autre personne en criant qu’il est là avant nous depuis un moment alors qu’il venait d’arriver après moi. Comme il n’obtient pas satisfaction, il crie de plus belle : « Moi aussi j’ai rendez-vous. » L’agent lui demande l’heure de son rendez-vous qui est 10h. Et il se voit asséner la réponse suivante : « Monsieur, les rendez-vous de 9h30 sont prioritaires sur le vôtre. » Je passe malgré son bras qui bloque l’accès aux guichets. Encore un petit effort, je suis en première classe. Quelle classe! Seule une personne attend devant moi pour passer au guichet. Je respire loin des effets secondaires de la boîte à sardines.

« Suivant »

« Suivant » : au consulat la « perfection au masculin ». Les « suivantes » n’existent pas. Pas étonnant dans le code de la famille, une femme est quasiment inexistante.
Au guichet, une jeune fille voilée qui ne me dit pas bonjour me demande de lui décliner mon identité. Allez ma petite dame, je vous offre d’abord un petit, mais vraiment tout petit « salam alikoum » et là elle me répond « alikoum assalam ». Elle ne trouve pas du premier coup mon nom sur la liste alors je l’aide en lui épelant les lettres. Bingo! Mon nom est rayé de leur liste et l’heure du rendez-vous aussi.
Je lui remets mes documents à sa demande. Elle me dit non sans agacement teinté de colère : « Il est où votre formulaire ? ». Je lui réponds calmement : « Ah oui le formulaire 02 ! Impossible de le télécharger depuis votre site car il n’existe pas. » Elle rit aux éclats en me rétorquant avec mépris « Mais c’est le formulaire du passeport ». Et je lui apprends qu’aucun formulaire téléchargeable n’a pour nom « formulaire 02 ». « Mais c’est normal, dit-elle, 02 ça veut dire 2 pages ». Je suis à deux doigts de lui répondre : « Ah oui, lol, mdrrr ». Comment oublier que « laugh out loud » est démodé! Je me contente de lui déclarer : « Ne vous énervez pas. Je ne pouvais pas deviner. Moi, je garde mon calme ». Aussitôt, elle s’énerve en ces termes : « On reçoit 400 personnes par jour. Alors si tout le monde fait comme vous. » Je lui réponds que les devinettes ne sont pas mon point fort. Bon elle me remet un formulaire, le seul qu’elle possède pour que j’aille le photocopier après m’avoir fait observer que ma carte d’immatriculation est non valide. Nouveau parcours du combattant pour me rendre à la photocopieuse entre les coups de coude, les « excusez-moi » et les « je vous en prie ». Je glisse ma monnaie. J’ai photocopié le recto. Il ne me reste plus que le verso à photocopier. Une véritable antiquité, cette photocopieuse : non seulement impossible de sélectionner le recto/verso mais encore elle ne rend pas la monnaie. Ah, la,la! Même entre les quatre murs du consulat, vous êtes au bled, donc en Algérie et on me taxe sans me rendre ma monnaie. Deux hommes se plaignent de ne pas avoir de monnaie. L’un d’eux me demande s’il faut ce formulaire en plusieurs exemplaires pour ses enfants. Je lui réponds simplement qu’il vaut mieux s’adresser aux employés du consulat en ajoutant : « Ça change tellement même entre eux. » Pendant que la photocopieuse avale mes pièces sans me rendre la monnaie, je me rends compte que j’ai deux photocopies du même verso et je donne l’excédent à ce père de famille. Il vient en aide à un autre homme qui n’a que des billets et lui photocopie ce dont il a besoin. La solidarité, au consulat, existe encore.
Je me faufile pour revoir la dame du guichet à sa demande et à cet instant elle est occupée. C’est alors que j’entends une autre dame au guichet mitoyen crier : « Suivant ».
Je me présente et lui explique très rapidement et très brièvement que j’ai rempli ma photocopie de mon formulaire. Elle vérifie jusqu’à ce qu’elle tombe sur mon groupe sanguin non renseigné. « C’est quoi votre groupe sanguin ? » Je lui réponds que je ne m’y suis jamais intéressée et ne le connais pas. Elle me répond : « Allez, dites-moi celui que vous voulez. » Je prends ça pour un canular et lui réponds que j’irai voir mon médecin pour apporter la réponse avec un justificatif car tout doit être justifié officiellement dans la demande. Elle insiste en me disant de lui en donner un. Je n’insiste pas et lui réponds « Quel est le groupe le plus connu ? » Elle prend son stylo et écrit après me l’avoir annoncé « O+ » sur mon formulaire. Je suis O+ made in bled et je risque de faire un carton et d’avoir un franc succès : ma foi, on n’arrête pas le progrès après avoir pensé que toute fausse déclaration peut me coûter ultérieurement des ennuis judiciaires avec l’Algérie. Il est possible de devenir célèbre grâce au sésame du O+ délivré par cette dame. Bref. Passons. Elle m’annonce avec un sourire que je peux patienter pour passer à la caisse. J’ai la présence d’esprit de lui demander s’ils acceptent un chèque faute d’avoir pu retirer de l’espèce ce matin. Elle me dit « Non de l’espèce ». Ça ne rigole plus : au bled, entre les murs du consulat, on ne veut que du cash. Je lui dis : « La vérité madame, ce matin à l’ouverture, au guichet, ma banque m’a dit qu’il y a une panne nationale : plus de retrait, plus de dépôt jusqu’à nouvel ordre. Je n’ai pas le choix. » Elle se rend dans un autre bureau. J’égrène dans mes pensées des « pourvu qu’ils acceptent mon chèque ». Au bout de quinze minutes d’intenses négociations avec le bureau inconnu, elle revient me voir et me tend tous mes documents après m’avoir montré un laisser-passer écrit au stylo « sans rendez-vous. 8h30 sauf le samedi. » sur mon formulaire. Elle ajoute : « Revenez dans la semaine avec votre groupe sanguin. » Je ne peux m’empêcher de lui sourire tout en pensant que le seul motif du refus de mon dossier est l’absence de cash et non celle de mon groupe sanguin.
Morale de l’histoire : ça fait presque un an que j’attendais ce rendez-vous et c’est reparti pour un nouveau rendez-vous. La suite au prochain épisode : j’aurai d’ici là obtenu mon passeport biométrique dans dix ans voire plus si affinités. M. Le Président de la République, pourriez-vous pousser les murs du consulat pour l’agrandir et recruter davantage d’employés ? Être parqué comme on l’est au consulat, c’est bézef, c’est trop. A défaut de « loller », je signe le tout par un smiley.


Maladie d’amour entre le mistral et le sirocco

Un cœur peut battre pour deux pays: entre un pays natal et un pays d’origine, chronique d’une maladie d’amour entre le mistral et le sirocco.

De l’alternative au dilemme?
Qui n’a de cesse entendu qu’il faut choisir entre notre pays natal et le pays de nos parents et de nos aïeux ? Sujet délicat, il est pris et parfois traité avec circonspection voire souvent avec un déferlement de véhémence.

Nos jeunes de banlieue ou non scandent un attachement profond pour la France et pour le pays de leurs aïeux. En effet, une partie de leur famille voire une grande partie de leur famille vivent, par exemple, sur l’autre rive de la Méditerranée, là où le soleil frappe fort au point d’assommer l’esprit de celle ou de celui qui s’y expose voire de tomber à leur insu dans un sommeil profond inéluctable suite à une insolation, ou ailleurs. On entend le son du clairon au loin nous scander ce refrain bien lancinant et qui tangue : « choisir la France ou la quitter » selon l’extrême-droite. Tel est le discours tenu par des hommes et des femmes, haineux qui refusent de comprendre que nul ne peut rejeter sa famille outre-Méditerranée, d’ailleurs et d’ici, au profit d’un coup de semonce irréfléchi. Car ces personnes qui chantonnent ce refrain belliqueux ne pensent qu’à leur ego, qu’à leurs intérêts, qu’à leurs profits, qu’à leur haine au détriment d’une diversité visible. C’est une diversité visible qui peine à avancer même si elle continue de marcher pour l’égalité à l’instar de M. Toumi Djaidja, initiateur et symbole de la marche pour l’égalité en 1983. Le matraquage médiatique a sa part de responsabilité car il se construit au moyen d’une guerre des images et de mots au service de cette guerre iconographique et verbale. Nul n’est épargné : de l’enfant à l’adulte en passant par l’adolescent, tout le monde y passe.

Comment ne pas me souvenir de cet adolescent qui hurlait son amour pour l’extrême-droite au collège quand ses parents emmenaient leur progéniture à chacun de ses meetings dominicaux? Il pestiférait contre chacun de ses camarades de classe issus de l’immigration, en cours, après les avoir comparés au moyen d’un champ lexical bestial pour assouvir ses frustrations de ne pas avoir été parmi les premiers de la classe. Car il n’était que parmi les derniers faute d’avoir voulu travailler pour améliorer ses résultats. Et il agressait physiquement ceux qu’il nommait ses « ennemis » comme le lui avaient inculqué ses parents et les discours entendus lors de ces meetings du FN. De l’alternative initiale à caractère xénophobe, raciste, il est possible de pencher pour un dilemme à visée constructive.

Demain, dès l’aube

On ne compte plus sur nos doigts le nombre d’immigrés, anciens colonisés, qui, enfants non scolarisés en raison d’une colonisation machiavélique et inhumaine, habillés d’un simple sac de pommes de terre, marchaient pieds nus, en été, en hiver, au printemps, à l’automne. Ils étaient livrés à eux-mêmes, assez souvent orphelins. Ils recherchaient souvent dès l’aube un frère. Pour toute réponse, un militaire montrait à l’un de ces enfants, un adolescent attaché, tête baissé en ces termes : « Il est là-bas » après que ce militaire ait pointé du doigt, au loin, le corps inerte, froid, livide, sans vie, du frère de ce petit enfant. Ce dernier s’approche sans comprendre et voit pour la dernière fois son frère, les pieds et les poings liés, debout. Un enfant de 17 ans exécuté par un peloton de militaires : telle fut le dernier souvenir de ce petit enfant de 11 ans pour son frère qu’il n’avait pas vu depuis si longtemps. Les années passent et la vie le mène à Toulon où, rémunéré à perte pour le plus grand profit d’un agriculteur, il exécute le dur labeur qui consiste à retourner la terre de bas en haut, de l’aube jusqu’au coucher du soleil sans repos, sans avoir été déclaré, et pour une meilleure rentabilité selon le propriétaire des terres. Bon nombre d’immigrés firent le bonheur de patrons en quête d’une main d’œuvre à très bas coût voire non rémunérée. La guerre justifiait leurs moyens. Puis la vie le projette dans les chantiers où les ratonnades sont fréquentes. Alors qu’il venait de terminer sa journée de travail et après que le patron l’ait félicité devant les autres, un groupe d’ouvriers français s’élance contre lui pour l’abattre de coups mais il saisit une brique, se met à descendre l’échelle et les menace après avoir brandi cette brique qu’il serre très fort dans sa main et qu’il ne lâche pas. Il regagne alors le lieu bien humble et propre qui lui servait de logement. De l’autre côté de la rive méditerranéenne, une adolescente de 14 ans, debout, est prise à témoin : des militaires lui disent : « regarde ton frère ». Et aussitôt, une balle à bout portant mit fin aux jours d’un deuxième adolescent de 17 ans dont le sang ruisselait sur le visage de sa sœur de 14 ans. Ce qu’on ignore en France c’est que ni cette adolescente ni cet adolescent devenu ouvrier, ne relatèrent pas une seule fois à leurs enfants ce qu’ils avaient vécu. Les parents emportaient leur passé, l’enfermaient à clé, vivaient au présent et encourageaient quotidiennement leurs enfants à construire leur avenir sans jamais parler de cette guerre sans nom.

Un cœur peut battre pour deux pays.

Il est impossible et inconcevable qu’après avoir vécu par intermittence au pays de nos aïeux, au gré des vacances en période estivale, il faille opter pour l’un ou l’autre. Les jeunes d’aujourd’hui sont la société de demain. Leur richesse intellectuelle, culturelle, leurs expériences ne peuvent que renforcer et accroître notre démocratie, notre République et notre nation. Un pan de notre société veut croire que choisir uniquement la France est une solution. Mais vouloir imposer cette idée erronée à notre jeunesse est un obstacle au vivre-ensemble. Les jeunes issus de la diversité visible ne peuvent pas renier leur famille, l’oublier pour satisfaire l’égocentrisme et le narcissisme de politiques. Accepter le dilemme des politiques- ne choisir que la France- signifie faire montre de leur reflet dans un miroir. Or un reflet renvoie à une image vraisemblable de soi sans compter qu’un miroir déforme aussi la réalité. Imposer cette erreur s’apparente à omettre le vécu de toute une jeunesse qui aspire au métissage culturel… sous l’effet malléable de la mondialisation. Cette dernière modèle et modélise nos sociétés. La globalisation pétrit nos sociétés. Aimer deux pays n’est pas un frein, n’est pas un obstacle. Sortir l’artillerie lourde au moyen de ces deux légions que sont l’ « assimilation » et l’« intégration » invalide le vivre-ensemble nécessaire à toute société qui veut le progrès, le bonheur. Imposer aux concernés cette théorie d’ « assimilation » et d’ « intégration », obsolète, vaine et vindicative, équivaut à ne pas les avoir consultés. Une société interagit pour créer une dynamique socio-économique et culturelle soudée et qui se nourrit des expériences multiples des uns et des autres.
Aujourd’hui comme hier, la France n’est pas une terre d’adoption car la France était d’abord une terre d’accueil puis elle est une terre de passage : elle n’a pas vocation à adopter des enfants, des hommes, des femmes pour se les approprier et pour les modeler dans le but d’en faire ce qu’elle veut. Il est impossible pour les générations précédentes d’oublier les sacrifices de leurs parents. Beaucoup venaient en France après avoir longtemps nourri le mythe du retour. Retourner au pays natal fut une chimère d’abord, puis s’y rendre de temps à autre l’emporte quand c’est possible.

Ouafia Djebien.


19 mars 1962: souvenez-vous

Le 19 mars 1962, la signature des accords d’Évian mettait fin à huit années de ce que l’État Français appelait, depuis 1954, « les événements ». Refoulant pendant de nombreuses décennies « cette guerre sans nom » pour enfin reconnaître la guerre d’Algérie, en 1999.

La proposition de loi socialiste visant à substituer les termes « d’opérations de maintien de l’ordre en Afrique du Nord » dans les documents de la République Française par « guerre d’Algérie » a finalement abouti.

Commémoration du cessez-le-feu

Nicolas Sarkozy affirmait que « la colonisation avait eu un rôle positif » dans le seul et unique but de faire l’apologie de la colonisation et de ses crimes perpétrées sur les colonisés, d’envenimer une polémique très houleuse et d’accentuer les tensions entre l’Algérie et la France. Or il avait sciemment omis que la colonisation était une mort annoncée, planifiée, programmée, des colonisés, qui impliquait des responsabilités individuelles des politiques et de leur armée soutenue par des colons et des responsabilités collectives. En effet, que Nicolas Sarkozy s’en soit targué ouvertement à l’instar de Napoléon III, -que Victor Hugo nommait «Napoléon le petit » dans ses poèmes qui furent des réquisitoires contre le neveu de Napoléon Ier-, il soutient de manière manifeste et provocatrice que la construction des hôpitaux, des écoles, des voies de circulation etc… Ne profitaient pas qu’aux colons.

Ainsi, Nicolas Sarkozy voulait alors réécrire l’histoire de la guerre d’Algérie. Or ces colons étaient soutenus par l’armée française chargée de la gestion administrative de l’Algérie, qui était un département français, et du contrôle de ce département. Par ailleurs, n’oublions pas que le taux de mortalité des Algériens était élevé, sans compter que la France, en son armée, avait recruté, dans sa Légion étrangère, d’anciens SS nazis dans ses rangs. Des nazis à qui ils donnaient en un temps court la nationalité française, et des colons qui agissaient avec connivence, pour museler le peuple algérien dans l’ignorance à grande échelle. En effet, seul un enfant sur dix enfants était scolarisé en 1954, soit 124 ans après le début de la colonisation. La France et son armée, soutenue par les colons, exerçaient une volonté manifeste de maintenir les colonisés dans l’ignorance afin d’entraver toute révolte grâce à l’existence progressive d’une intelligentsia qui véhiculait des idées révolutionnaires. Sans compter la multiplication des SAS, Sections Administratives Spécialisées, prisons à ciel ouvert pour de nombreux Algériens et leurs familles… Aujourd’hui, la droite s’insurge à des fins politiques contre la commémoration du 19 mars 1962, qui marque aussi la défaite française, sujet houleux et humiliant pour des politiques qui manœuvrent et exploitent l’Histoire à des fins électoralistes, aujourd’hui encore.

La Toussaint 1954

Les actions menées lors de la Toussaint 1954 marquaient le début de la guerre d’Algérie. C’étaient des actions coordonnées par ceux qui deviendront les principaux acteurs et artisans de l’indépendance algérienne. Cependant, les tensions réelles et internes au sein de la nébuleuse révolutionnaire étaient peu connues en 1954. Et les enjeux étaient de taille car l’Algérie, territoire quatre fois plus grand que la France, recèle des mines de gisement de pétrole, découvertes par la France et son armée tardivement, d’hydrocarbures tels que le gaz, de richesses au point que ces enjeux motivaient la France à poursuivre cette guerre qui portait en elle les germes d’une indépendance en voie de voir le jour pour construire un pays libre, autonome et indépendant en 1962. Pour l’Algérie, l’indépendance est commémorée le 5 juillet 1962.

L’Algérie et le peuple algérien tendent à se réapproprier leur Histoire

Aujourd’hui, l’Algérie et ses historiens mettent en relief non plus le FLN, Front de Libération National comme l’artisan de l’indépendance mais comme le parti de l’indépendance soutenu par l’ALN, Armée de Libération Nationale, branche armée du FLN pendant cette guerre militaire, diplomatique. De 1954 à 1962, l’État Français et son armée nommaient les indépendantistes «des terroristes » alors que pour les artisans de l’indépendance algérienne, chaque engagé indépendantiste qui mourait est un « moudjahid » ou « une moudjahida » qui ne sont pas des « combattants d’une guerre sainte » comme la terminologie occidentale a pu le faire croire depuis très longtemps mais qui composent simplement notre devoir d’Histoire. La mémoire encore vivante des Droits de l’Homme bafoués pendant cette guerre et la libération de l’Algérie fait partie de notre devoir d’Histoire, le combat des opprimés contre les oppresseurs et contre la torture dénoncée par Henri Alleg dans son ouvrage intitulé « La question » , censuré en France puis finalement publié grâce à l’action de Nils Andersson. Les « moudjahids » et « moudjahidas », selon la terminologie employée par des historiens algériens et par le peuple algérien, resteront à jamais les artisans de l’indépendance algérienne activement soutenue et concrétisée grâce à une synergie des actions avec le peuple algérien. Le titre éloquent, « La question » était un choix déterminant non pas pour évoquer uniquement le combat des Lumières contre la question qui était la torture appliquée aux opprimés par l’Inquisition sous couvert de l’Église, mais aussi pour dénoncer la torture exercée par l’armée française sur les colonisés, sur tout opposant à la colonisation.

Certains réfléchissent au sujet du début de la guerre d’Algérie, qui peut se situer au tout début de la colonisation, c’est-à-dire en 1830 afin de réhabiliter de manière constructive les actions essentielles, capitales, déterminantes et décisives de l’émir Abdelkader, Ben Badis, Messali, Ferhat Abbas, Aït Ahmed… Et tous ces anonymes Algériens morts pour l’indépendance… Car au lendemain de l’indépendance, c’est le clan de Oujda qui s’arrogeait le rôle principal de l’organisation de la résistance extérieur en vue de l’indépendance, et qui était dominé par des personnages historiques tels que Houari Boumediene, Abdelaziz Bouteflika etc… S’appropriant par la force le pouvoir de l’Algérie indépendante après avoir occulté sciemment les actions de la résistance interne de nombreux combattants algériens qui peinent à être reconnus aujourd’hui encore.

Vers un travail d’apaisement de l’histoire, entre l’Algérie et la France ?

Les relations diplomatiques franco-algériennes tendent vers un apaisement en vue de tisser et de développer des relations entre les deux pays dans un contexte économique en crise. On pourrait même évoquer une politique de collaboration entre les deux pays afin de développer leur économie respective. Les historiens des deux États s’accordent dans leur majorité à travailler ensemble pour poursuivre un travail constructif sur une période charnière de l’histoire de l’Algérie et de l’histoire de la France, même si des efforts restent à faire à ce sujet.

Ouafia Djebien


Métissage : son panégyrique

L’apologie du métissage pourrait se résumer au simple titre éloquent d’une chanson d’Idir, la France de toutes les couleurs, qui a fait le tour du monde.

La peur de l’autre. Le poids de la famille, des coutumes, des traditions, des mœurs, de la société, de la religion, se fait sentir même du côté des familles françaises et européennes et non pas seulement du côté des familles qui sont de l’autre côté de la Méditerranée.

Quand des familles originaires d’Afrique ou d’ailleurs succombent à l’appel des sirènes, à l’origine des mariages arrangés ou des mariages forcés à la pelle, certaines familles françaises ou européennes se confinent dans leur entre-soi pour préserver une prétendue couleur de peau qui les caractérise. L’Histoire des peuples s’est toujours nourrie des brassages de populations avant et depuis l’Antiquité. Aujourd’hui, le refus de l’autre a plusieurs causes : religieuse et ethnique, malgré des efforts pour y remédier. Se reconnaître comme des êtres humains qui appartiennent à l’Humanité et non classés selon une couleur de peau, devient un terrain difficile à franchir pour ceux qui s’y refusent. D’ailleurs, cette classification issue d’un imaginaire lié à la supériorité des peuples occidentaux sur les autres peuples ne devrait plus exister car elle rend caduque tout progrès au sein d’une société sur un plan social, économique, politique, idéologique ou religieux pour d’autres. Le premier domaine colonial français marqué par l’esclavage et les traites, est à l’origine de cette classification stérile et criminelle, les raisons sont économiques, tout cela est lié aux richesses enfouies dans le sol des pays qui ont été mis sous le joug des pays occidentaux. Comment oublier que le PIB de chaque pays occidental doit énormément à l’or, aux diamants, aux hydrocarbures que recèle l’Afrique ?

Prenons, ensuite, l’exemple illustre de l’armée de l’empire du Japon, qui a battu celle du tsar de Russie en 1905 dans l’île de Sakhaline. Un immense séisme secoua l’autocratie russe car son armée, battue, a du déposer les armes devant leur ennemi. Cela représentait une immense humiliation car les Russes, qui évaluaient leur supériorité à leur couleur de peau aussi, se sont vus mis à mal devant cette défaite militaire hors norme, qui dépassait leur entendement.

Que penser de cette funeste idée de supériorité d’un peuple sur un autre si ce n’est qu’elle représente un long cortège sinistre, lugubre, funeste accompagné de son lot de problèmes relatif à l’intolérance, au racisme ?

Dépasser l’entre-soi

Au-delà des préjugés, nul ne peut ignorer la richesse que représente les métissages. Il n’y a pas que les métissages culturels qui ont pignon sur rue. Les couples métissés ont de beaux jours devant eux s’ils accroissent leur nombre jour après jour. La responsabilité en incombe aux concernés qui aspirent à s’affranchir des codes socio-ethniques imposés par des familles par souci du qu’en dira-t-on, sans se préoccuper du bonheur de leurs enfants et de leurs futurs petits-enfants. Des espaces de dialogue et d’échange auraient tout à gagner pour promouvoir l’échange d’expériences réussies à ce sujet. Ainsi, lutter contre cette machine des rumeurs sera possible de manière étendue et généralisée. Tant que les uns et les autres resteront confinés dans leur entre-soi, rien de positif ne pourra aboutir. Les métissages sont au cœur d’une problématique qui peut être résolue. Éviter les frictions, les divisions, la désunion, ne peut se faire que dans l’existence d’un projet commun et partagé en vue de désinhiber certaines personnes dominées par la peur de l’autre. Sur la question des métissages, il s’avère nécessaire d’y travailler dans les écoles dès la plus tendre enfance des élèves afin de leur transmettre de manière constructive les bienfaits des métissages, de la richesse culturelle.

Pour que diversité se décline en divercité, il est nécessaire d’y réfléchir et de chercher à résoudre cette équation de l’altérité tant décriée. Une société riche de métissages ne peut qu’être un exemple de progrès et de bonheur à grande échelle.

L’amour, plus fort que les préjugés

Lutter contre les préjugés demeure un combat de tous les instants. Quand cette lutte revêt la forme de l’amour, elle n’en est que plus belle et plus admirable aux yeux d’autrui. Le temps où les parents laissent leurs enfants choisir pour eux-mêmes est loin d’être acquis. C’est pourquoi, un travail en amont sur les préjugés des parents au sujet des métissages, s’avère plus que nécessaire. Ce ne sont pas les parents qui souffrent mais les enfants et leur progéniture lorsque leurs enfants se voient imposer un mariage arrangé ou un mariage forcé. Dans les familles africaines, les femmes en font plus souvent les frais que les hommes. Ne vaudrait-il pas mieux que les femmes, comme les hommes, de tout horizon, s’affranchissent du carcan véhiculé par les traditions, les coutumes, la famille, la société pour promouvoir le métissage à grande échelle ?

Ouafia Djebien


Embellie et entrepreneuriat?

L’entrepreneuriat peut-il contrebalancer et contrecarrer le chômage afin de l’endiguer, de l’assainir, voire de le résorber sur le moyen ou le long terme ? Réflexions au sein d’une PME…qui a réussi le pari.

Un chef d’entreprise parisien, Jean-François Le Gall, gérant avec son associé une PME nommée Kids’home, spécialisée dans les métiers des services à la personne, nous délivre un éclairage sur une situation pour le moins sibylline aux yeux des jeunes générations portées à s’engager dans l’entrepreneuriat (ou frileuses après avoir renoncé à entreprendre la création de leur entreprise). Kids’home, qui existe depuis début 2011, a vu le jour grâce à la création d’une première agence à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine (92), puis d’une autre agence, localisée à Paris depuis l’été 2012. Son entreprise fait travailler une centaine de personnes, « malheureusement pas à temps plein, même si cela serait notre souhait » confie Jean-François Le Gall. Leurs motivations s’expliquent d’abord par le fait que les deux gérants, pères de famille, rencontraient des difficultés à trouver une nounou qui leur convenait. Vient alors à leur esprit une question centrale, essentielle : à quoi doit ressembler cette nounou ? « De fil en aiguille en échangeant avec les gens autour de nous, on se rend compte que cela n’a pas l’air si simple, ni pour nous, ni pour les autres. Il a fallu réfléchir autour de cela. Et c’est comme ça que l’histoire a démarré ». L’existence d’un « vrai besoin » corrobore leur projet pour lequel ni subventions, ni aides publiques quelconques n’existent.

Il s’agit alors de concevoir une entreprise dans la mesure où elle doit elle-même générer ses revenus : l’aspect économique est alors indéniablement de mise. Puis le besoin des familles allié à la réalité économique donne naissance à Kids’home. Le tandem de l’offre et de la demande trace son sillage dans la création de cette PME. « La vraie réponse contre le chômage c’est l’aide à l’entrepreneuriat » explique Pascal Faure, directeur général des entreprises depuis septembre 2014, lors de la conférence « Où va l’État ? » organisée par le Conseil d’État en décembre 2014. Comment prospecter sur le terrain afin de créer leur entreprise ? « Une question intéressante » à laquelle Jean-François Le Gall donne « une réponse, peut-être, étonnante : ce n’est pas le client qui est un problème. La difficulté, aujourd’hui, c’est de trouver de bonnes intervenantes ». Ils reçoivent des appels de clients régulièrement et quotidiennement. Quels objectifs atteindre et quelles finalités propices à une construction optimale du bon fonctionnement de leur PME ? Selon Jean-François Le Gall, la finalité économique prime avant tout : il faut équilibrer toutes les charges – les salaires, les cotisations sociales, le loyer, la communication, l’infrastructure technique… Et le fonctionnement pérenne de la PME repose aussi sur « une responsabilité sociétale » dans la mesure où « 50% de leurs effectifs sont d’origine étrangère », c’est-à-dire, « composer avec différentes nationalités, différents repères culturels, et se focaliser sur les compétences ». « Intégrer des gens de partout à partir du moment où ils sont compétents, cela ne pose aucun problème » poursuit le chef d’entreprise, dès lors que ces personnes ont l’autorisation de travailler en France. Une « responsabilité de valorisation des métiers de service à la personne » s’impose « car ce sont des métiers  non valorisés dans la culture française ».

Pourtant le service requiert une attention de tous les instants, de l’enfance au troisième âge. « Les services à la personne sont des services tout au long de la vie ». Ainsi, émane une triple responsabilité pour les gérants de cette PME : une responsabilité sociale grâce au maintien d’une activité pérenne après avoir géré et fait des économies, une responsabilité sociétale en vue d’intégrer des personnes dans un vivier de compétences (comme aider les jeunes ou moins jeunes pour mettre un pied à l’étrier afin de les inciter à se former, à se professionnaliser et à obtenir leur diplôme) et une responsabilité économique propre à l’activité de la PME. Ces trois responsabilités complémentaires constituent le corollaire de l’attractivité d’une PME.

Les métiers des services à la personne : un métier d’avenir ?

« Notons que c’est un secteur d’activité où le travail dissimulé pullule » confie Jean-François Le Gall, qui affirme avoir vu, lors de récentes études de la Fédération des Services à la Personne, des chiffres qui «l’abattent car 50% estimés correspondent à cet informel ». Cette estimation laisse entrevoir « un gisement potentiel » en vue d’une bonne incitation à la formation et à la valorisation de ces métiers. Par ailleurs, la France est « une société vieillissante » selon lui et il existe encore du potentiel difficilement chiffrable en raison du « travail dissimulé ». Il alerte les parents, confrontés inexorablement à une série de risques pour leurs enfants s’ils y recourent. Néanmoins, au sein de Kids’home, ils sont assurés : leurs salariés sont déclarés, formés, rémunérés grâce à quatre micro-formations obligatoires sur les risques domestiques, les risques professionnels, la prise en charge, la bientraitance, la vigilance, et la maltraitance. Ainsi leurs engagements porteurs de sens sont une réponse à ce contre-courant informel qui n’apportera jamais de telles réponses pragmatiques pour mener à bien les tâches et les missions d’une nounou.

« L’alternance-professionnalisation », l’envers et le revers d’une même médaille 

« Le contrat de professionnalisation et le contrat d’apprentissage parfois pour les mêmes métiers, parfois pas du tout » rendent l’entreprise « captive » de ce que les instituts de formation leur proposent. Les relations partenariales dynamise l’entrepreneuriat : selon Jean-François Le Gall, il existe leurs partenaires institutionnels, puis la CAF, un acteur de leur secteur d’activité, le Trésor Public, par le biais duquel leurs prestations bénéficient d’une réduction d’impôts de 50%. Ensuite viennent les partenaires de cœur, acteurs désintéressés après avoir ciblé la manière de travailler, spécifique à l’entreprise suite à un échange d’idées. Les partenaires plus actifs sont les instituts de formation où les nounous formées s’épanouissent, se développent humainement et professionnellement, exploitent leurs potentiels positivement. C’est un gage de réussite pour une PME. En quoi leurs partenaires institutionnels pèsent-ils dans leurs choix géostratégiques en termes d’implantations ? Ou dans leurs choix en termes de contribution à la croissance économique à l’échelle locale, régionale voire nationale depuis l’union de Kids’home avec Libert’home ? Leurs partenaires institutionnels ont, par essence, une dimension nationale que l’entreprise n’a pas. Cette dernière a une vocation locale voire « micro-régionale ».

En revanche, ce qui se passe à l’échelle nationale existe à l’échelle locale : ce sont des partenaires capitaux car ils adoptent une démarche inclusive qui allie aussi l’entreprise. Cette dernière assure son rôle informatif auprès des clients pour leur faire bénéficier de mesures économiquement compatibles avec leurs revenus modestes ou avec leurs revenus de cadres moyens. L’union entrepreneuriale entre Kids’home et Libert’home confirme-t-elle leur volonté de promouvoir le concept de garde d’enfants et l’enseignement de l’anglais Outre-Manche ? « Trois taux de TVA » depuis la création de leur PME, le « compte pénibilité » proposé par le gouvernement et non mis en place encore, sont autant de freins « ou non », vecteurs d’une certaine lourdeur administrative. Visibilité fiscale et administrative sans cesse en mouvement conduit à une adaptabilité de leur PME en permanence. Quid d’une expansion d’activité en Europe ? À leur stade de développement, l’entreprise se développe davantage par opportunités que par plans. Définir une implantation en Angleterre, en Belgique ou au Luxembourg a pu se présenter et s’inscrit dans un plan orienté sur une logique de financement, lourde et très engageante, qui se voit supplanter par « une logique d’opportunités » à travers leurs contacts personnels, leurs rencontres : la nécessité d’une personne sur place contribue à travailler sur ce projet d’implantation et de développement de manière prudente en raison de la taille modeste de leur entreprise.

Selon Jean-François le Gall, « nous avons choisi d’externaliser la formation professionnelle, la comptabilité, les bilans et les comptes de résultats sont délégués à un expert-comptable au vu d’un niveau complexité tel qu’un dirigeant d’entreprise ne peut y faire face. De même pour les structures informatiques. Tout ce qui n’est pas du cœur de métier est externalisé ». Seule la paie est conservée : cela permet de gérer des écarts, car  externaliser la paie signifie « avoir moins de souplesse ». Ce qui entrave alors la préservation des ressources humaines et de cet élément de relation humaine. Qu’en est-il des ressources humaines, de leur gestion dont le système peut être voué à perdurer ou non tel que nous le connaissons au sein d’une PME aujourd’hui ? « Cela dépend de la complexité de la relation humaine et des métiers » au travers du prisme de la valorisation des métiers. C’est ainsi que l’ingénierie, le consulting nécessitent des pointures pour gérer différents types de contrat, de conventions collectives plus complexes que d’autres car elles représentent des activités susceptibles d’être organisées de manière plus complexe que d’autres, et non externalisées dans leur PME car l’humain est le cœur battant de leur PME grâce à leurs clients et à leurs intervenantes.

« Former les gens de demain »

Quant à la réussite de leurs stagiaires qui travaillent dans le cadre d’un contrat de professionnalisation, d’un contrat d’apprentissage ou en vue d’une VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), l’équité n’existe pas : les contrats de professionnalisation sont plus nombreux que les contrats d’apprentissage au sein de leur PME. « Même si les organismes de formation sont sérieux dans leur démarche de recrutement, je pense, par expérience, que des jeunes intègrent un contrat de professionnalisation sans savoir pourquoi ils y vont ». Un CAP petite enfance n’est pas si simple à obtenir : le valider implique de réussir les épreuves de cet examen après une formation constructive et pleine de sens grâce à une démarche réflexive et pragmatique de chaque stagiaire, liée à l’exercice de la profession.

Jean-François Le Gall a passé le CAP petite enfance qui requiert un investissement conséquent dans le travail. Leur taux de réussite varie entre 85% et 90% : les stagiaires issus d’un public sans qualifications réussissent à obtenir le précieux sésame voire à poursuivre en Bac Pro ASSP, pour certains d’entre eux. L’échec sera ressenti si les jeunes quittent l’entreprise après y avoir été formés car l’objectif ne consiste pas à bénéficier d’avantages fiscaux et d’un levier, d’un tremplin de formations grâce aux OPCA (les Organismes Paritaires Collecteurs Agréés). «  Ce qui nous intéresse, c’est de former les gens de demain. C’est là où on récupèrera notre investissement. Le plus beau succès c’est que la personne nous dise : merci, j‘ai réussi comme je le voulais. Comment continuer ? » s’exclame Jean-François Le Gall.

Au sujet des dispositifs en faveur des jeunes en formation, ce dernier ajoute, ironique : « nos administrations sont formidables : elles créent des dispositifs » tributaires de fonds alloués par la région, par l’État pour les financer et « qui sont totalement inconnus des chefs d’entreprises des TPE et PME ». Manque de communication, absence de lisibilité auprès des PME et TPE afin d’accroître leur attractivité font défaut au monde de l’entreprise. Moins ces dispositifs seront nombreux, plus ils seront gérables et exploitables dans une PME telles que Kids’home, dont la pierre de touche est un contact de proximité afin d’élaborer de manière optimale le suivi de leurs stagiaires. C’est la raison pour laquelle la succession des volontés politiques, plus théoriques, sont en écart avec l’expérience des « gens de terrain », pragmatiques.

Voir plus loin, plus large

À quand une agence de recrutement de garde d’enfants, plurilingue ? « Ce serait une belle démarche » répond Jean-François Le Gall, mais qui avertit que, comme beaucoup de chefs d’entreprises, il se heurte à un manque de temps. Malgré une bonne volonté qui s’exerce et porte ses fruits face à toute épreuve, dans un contexte économique en crise où le taux de chômage s’élève à 10,6 % de la population active en France (soit 2,9 millions de personnes en France métropolitaine selon l’Insee). Le tout dans un contexte territorial qui nous englobe au sein de l’Union européenne et qui tarde à trouver ses marques en matière d’harmonisation des diplômes, des compétences à l’échelle européenne, entre autres. Or le poumon de l’entrepreneuriat français s’oxygène grâce aux PME et TPE, comme le témoigne notre tour d’horizon au sein de Kids’home.

Ouafia Djebien


loi controversée ou « tempête sous un crâne »

L’annonce de l’extension de la déchéance de nationalité est inscrite dans le nouveau projet de loi qui sera présenté au Parlement en février prochain. Une mesure voulue par l’extrême droite et une partie de la droite, qui provoque une levée de boucliers à gauche.

Force est de constater que la binationalité arrangeait l’État Français quand il s’agissait pour les binationaux Français et Algériens de se rendre aux urnes et de voter massivement contre le GIA et contre le FIS, les deux branches terroristes qui ont sévi en Algérie au cours des années sombres. Leur vote massif a permis d’endiguer sur le long terme l’arrivée massive de terroristes sur le sol français.

La binationalité va devenir une arme à double tranchant. Il s’agit de se souvenir des Français qui affirment qu’ils ont toujours dit que la différence est une source de richesse, mais ce sont ceux-là même qui ne l’ont jamais fait. La binationalité arrange ou dérange le plus haut sommet de l’État français au gré du contexte national ou international. Les binationaux sont une cible de choix pour diviser le concept français de citoyenneté. Ce projet de loi se veut non seulement un vecteur de rassemblement des valeurs républicaines, mais aussi un moyen de diviser notre nation.

Une arme de propagande

En dépit de dissensions au sein de la gauche, le président François Hollande a finalement tranché mercredi 23 décembre pour le maintien de la déchéance de nationalité dans le cadre de son projet de révision constitutionnelle. Qu’en est-il concrètement ? La déchéance de nationalité ciblait uniquement les personnes ayant acquis la nationalité française en sus d’une condition sur la date des faits pointés du doigt par la justice : ceux-ci devaient s’être produits avant cette acquisition ou pendant les dix premières années de l’obtention de la nationalité française voire à 15 ans en matière de terrorisme.

Cette mesure va probablement produire des sous-catégories de citoyens : les binationaux dans la ligne de mire de cette future loi. Le droit du sol prime pour avoir la nationalité française. Or cette mesure pourra alimenter de fausses statistiques telles que celles qui portent sur l’origine des terroristes qui n’ont même jamais mis un pied dans leur pays d’origine. Leur pays d’origine est alors pointé du doigt pour affirmer haut et fort que ces terroristes sont de telle ou telle nationalité sauf de nationalité française. La France tourne le dos alors à une réalité : c’est de son sol que proviennent ces terroristes.

Les binationaux ciblé(e)s

Dorénavant, toutes les personnes binationales pourront se voir déchoir de la nationalité française à condition qu’elles soient condamnées définitivement pour atteinte aux intérêts de la nation ou pour terrorisme. François Hollande annonce que ce projet de loi inclut même les binationaux né(e)s en France devant le Congrès le 16 novembre 2015. La déchéance de nationalité demeurera néanmoins « une sanction lourde », comme l’a réitéré Manuel Valls dans son discours mercredi dernier. Seulement « six cas depuis 2012 » se sont présentés, a indiqué le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Ils sont plusieurs ministres du gouvernement à avoir sous-entendu ou déclaré, voire dans le cas de Christiane Taubira, Garde des Sceaux, que la déchéance de nationalité pour les binationaux ne serait pas mentionnée dans le projet de réforme constitutionnelle, qui a pour but d’inscrire l’état d’urgence dans la Constitution. Mais le président de la République a eu le dernier mot et il a rappelé que la dernière fois qu’il s’était déclaré publiquement sur la question, ce fut devant le Congrès réuni à Versailles au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Et il s’était engagé à appliquer ce projet de loi. Le texte du gouvernement fixe qu’ils doivent effectuer leur peine en France et qu’à l’issue de cette peine, ils seront déchus et expulsés. La réforme constitutionnelle sous réserve d’un examen début février à l’Assemblée sera votée par une majorité des trois cinquièmes du Parlement dont Hollande conspué par une majorité de gauche espère que la droite collabore.

Quid d’une « binationaux-phobie » ?

À l’échelle nationale, cette mesure peut être à l’origine d’actes mal intentionnés de la part de français qui ne s’entendent pas avec leurs concitoyens binationaux. Ergoter et se projeter dans toute sorte de scénarios tous plus improbables les uns que les autres n’est d’aucune utilité surtout lorsqu’on se rend compte que la délation entre voisins porte ses fruits gâtés en matière de lutte contre le terrorisme. N’oublions pas l’exemple de ce jeune converti atteint de cécité qui a eu l’envie de raser sa barbe et qui dénoncé par sa voisine, devait se rendre plusieurs fois par jour au commissariat dont les forces de l’ordre avaient mis à sac, sens dessus dessous, son appartement. Résultat : sa voisine le soupçonnait d’être un terroriste car il avait rasé sa barbe au lendemain des attentats du 13 novembre 2015.

L’avenir des binationaux sous le prisme d’un référendum

Napoléon III dessinait une politique d’assimilation dans les colonies. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le président de la République et son gouvernement avaient refusé l’acquisition de la nationalité française aux colonisés envoyés au front pour combattre les nazis et les fascistes. Les gouvernements et présidents successifs brassaient une politique d’intégration. Aujourd’hui, les binationaux ne sont plus un sujet de réflexion, mais un sujet de division au sein d’une majorité qui opte pour le silence : intégrer pour désagréger ? L’affaire porte à croire que résister à une telle mesure se profile dans les urnes si un référendum vient à voir le jour. Force est de constater un aveu d’échec cinglant depuis plus d’un siècle et demi déjà.

Après l’état d’urgence controversé par certains, cette mesure se veut plus que préventive. Elle se veut dissuasive dans un contexte de « guerre » déclarée par le président de la République qui avait pour engagement d’octroyer le droit de vote pour les « étrangers » en 2012. Comment enseigner aux futurs élèves binationaux que le simple adjectif « binational » peut devenir un couperet qui met fin à une existence en France ? Comment le leur enseigner avec le recul nécessaire pour que « binational » ne soit pas accolé au terme de « terroriste » et associé à cette déchéance de la nationalité programmée ? Des millions d’immigrés ont participé à la reconstruction du pays, ont participé à l’économie, paient des impôts et n’ont pas le droit de voter même aux élections locales : c’est ce qui illustre l’existence de citoyens de seconde zone. Une citoyenneté à double vitesse produit aussi une réelle cacophonie sur ce projet de loi.

Ouafia Djebien


Bataille de Verdun: cent ans, 1916-2016

Dimanche 21 février 2016, est commémorée la bataille de Verdun : des scènes de reconstitution se multiplient pour raviver le souvenir et pour ne jamais oublier.

La bataille la plus meurtrière de la Première Guerre mondiale

Dix mois de bombardements, de tirs d’obus… meurtriers marquent à jamais le premier conflit mondial au début du XXème siècle. Parmi les pays alliés, 7,9 millions d’hommes dont de nombreux colonisés, sont mobilisés en France. Le bilan humain est très lourd : 1,4 millions de morts et de disparus et 4,3 millions de blessés sont dénombrés.
Georges Duhamel écrit : « Les vérités profondes de la guerre, elles sommeillent à jamais dans les dix millions de crânes enfouis sous les champs de bataille. Les morts seuls savent quelque chose. Les survivants étreignent de précaires souvenirs que tout conspire à défigurer et à dissoudre. »

Environ, 900 jeunes Français décédaient quotidiennement sur les champs de bataille. Chaque famille y a perdu un ou plusieurs des siens dont elle conserve pieusement le souvenir : ses dernières lettres, son portrait en uniforme, ses décorations…
« On oubliera. Les voiles du deuil, comme les feuilles mortes tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement… » écrit Roland Dorgelès dans Les Croix de bois. Les Européens, les Français notamment, n’ont pas oublié. Les Européens et les Français se souviennent : ces derniers manifestent depuis les années 1990 un intérêt accru pour cette Première Guerre mondiale nommée « la der des ders » et qui ne la fut pas.
La commission chargée de fixer les grandes orientations pour organiser la commémoration, non pas de la victoire de 1918, mais de la fin du conflit, a mis en exergue dans son rapport trois grands axes principaux : d’abord, le thème du sacrifice des jeunesses européennes pour leurs pays, ensuite, le thème des atteintes et des implications des populations civiles, longtemps sous-estimées, et, ce qui peut paraître paradoxal, enfin, le thème du progrès de la démocratie. Aujourd’hui, ces manifestations commémoratives doivent être centrées sur l’union dans l’Europe de pays autrefois alliés ou ennemis et sur la foi profonde en une nation une et indivisible qu’aspire à être l’Union européenne comme le pays des droits de l’Homme.

De la parole de poilus à la complicité franco-allemande

Hommage à nos soldats morts pour notre patrie, notre nation.
N’oublions pas ces paroles de poilus.

Eugène Boin, un poilu français écrit en mai 1916 :
« Ma chère femme,
Tu ne peux pas imaginer le paysage qui nous environne, plus aucune végétation, ni même une ruine ; ici et là, un moignon de tronc d’arbre se dresse tragiquement sur le sol criblé par des milliers et des milliers de trous d’obus qui se touchent[…] Entre nous et les Allemands, pas de réseaux de barbelés, tout est pulvérisé au fur et à mesure de la canonnade [.. .]. Nous vivons sur un immense charnier où seuls d’immondes mouches gorgées de sang et de gros rats luisants de graisse ont l’air de se complaire : tout est empuanti par les cadavres en décomposition, les déchets humains de toutes sortes, les poussières des explosifs et les nappes de gaz. »

Karl Fritz, caporal de l’armée allemande, écrit le 16 août 1916 :
« Chers parents et chères sœurs,
[…] Nous avons passé trois jours couchés dans les trous d’obus à voir la mort de près, à l’attendre à chaque instant. Et cela sans la moindre goutte d’eau à boire et dans une horrible puanteur de cadavres. Un obus recouvre les cadavres de terre, un autre les exhume à nouveau. Quand on veut se creuser un abri, on tombe tout de suite sur des morts. [..] Puis nous avons traversé le fort de Douaumont, je n’avais encore jamais rien vu de semblable. Là il n’y avait que des blessés graves et ça respirait la mort de tous côtés. En plus nous étions continuellement sous le feu. »
L’horrible charnier causé par ce conflit mondial est récurrent dans les écrits épistolaires des soldats marqués à vie: cette guerre a causé la perte de 13 millions de victimes.

Le 11 mai 1995, Helmut Kohl, nous lègue sa reconnaissance envers ce grand européen qui s’en va :
« […] Nous avions également évoqué Verdun, ce lieu frappé par le destin et dont le nom est entré dans l’histoire commune de la France et de l’Allemagne comme l’incarnation même d’une tragédie partagée. En 1940, François Mitterrand y avait été blessé alors qu’il était soldat et mon père y avait vécu pendant la première guerre mondiale les horreurs d’une lutte funeste. Ce souvenir émouvant nous unissait et a été l’un des mobiles de notre rencontre quelques temps plus tard au fort de Douaumont, où nous nous sommes tendus la main devant un cercueil recouvert des drapeaux français et allemand. Les paroles de Charles Péguy « Mère, voici vos fils qui se sont tant battus » ne prirent-elles pas, ce jour-là, un sens nouveau ?
A Verdun, François Mitterrand et moi-même avons déclaré : « L’unification notre objectif de l’Europe est notre objectif commun, auquel nous œuvrons dans l’esprit de la fraternité ». Dès la première heure, nous avons considéré que la coopération étroite entre nos deux pays constituait un moteur à la fois indispensable et irremplaçable pour l’Europe unie. […] François Mitterrand et moi-même avons dès le printemps 1990 […] commencé la préparation du traité sur l’Union européenne. Lorsque les chefs d’États et de gouvernement de la Communauté européenne reprirent ce projet à Dublin, ils déclarèrent explicitement qu’il était « d’une importance cruciale dans la réalisation des progrès en cours visant à établir un cadre fiable pour la paix et la sécurité en Europe ».
Le couple franco-allemand est incarné de manière forte dans les années 1980-1990 par le tandem formé par Helmut Kohl, chancelier d’Allemagne, et de François Mitterrand, président de la République française. Il joue un rôle moteur indéniable dans la construction européenne. Cela se concrétise par plusieurs élargissements, en particulier vers l’Europe de l’Est, mais aussi par un geste spectaculaire en 1993 lors d’une cérémonie commémorative à Verdun, haut lieu de l’affrontement entre la France et l’Allemagne durant la Première Guerre mondiale. Kohl et Mitterrand se sont alors tenus par la main, scellant par ce geste l’amitié franco-allemande après des décennies de rivalité.
La complicité européenne consiste en une relation de confiance qui unit la France à l’Allemagne dans le but de consolider les étapes de la construction européenne et afin de favoriser les initiatives en faveur du développement des négociations qui préparent la création de l’Union européenne.
Le prochain rendez-vous entre Angela Merkel, chancelière allemande et François Hollande, Président de la République, est pris pour le 29 mai 2016.
Aujourd’hui, l’Union européenne réunit et unit 28 États membres.

Ouafia Djebien.

Source : chiffres d’après Jay Winter, The Great War and the British People, cité dans Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande Guerre, Paris, Fayard, 2004
CNSV Mémorial de Verdun, 2009.
Lettre citée dans Paroles de Poilus, Lettres et carnets du front 1914-918, Librio, 1998.
Helmut KOHL, « Le grand européen qui s’en va », Le Monde, 11 mai 1995


De la minorité à la diversité visible

Qui n’a jamais entendu parler de « minorité visible » ? Les mots font sens, il serait d’ailleurs temps de changer l’étiquette.

Définie comme un concept contemporain, la « minorité visible », expression indéfinie, floue, et paradoxalement diverse, prend le pas à une minorité visible représentée par ces voix qui se sont élevées pour dénoncer un manque manifeste de personnes de tout horizon dans des secteurs d’activité clés tels que les médias, la représentation politique, la publicité… Quel bel oxymore!

Deux termes en apparence contradictoires se veulent être le relais d’une politique en faveur des immigrés non européens, des personnes nées dans les départements et régions d’Outre-Mer et de leur progéniture. Sont communément désignés par cette expression aux confins du péjoratif : les Africains, les Arabo-berbères, les Asiatiques, les Indo-pakistanais ou encore les métis et leurs enfants. En effet, une étude établie par Yazid Sabeg et Laurence Méhaignerie, Les oubliés de l’égalité des chances, en 2004, dénombrait la « minorité visible » entre 8 à 9 millions d’individus. Pourquoi éprouver une telle nécessité de classifier pour imposer ce fait aujourd’hui incontestable : une scission au sein de notre société ?

De « la minorité visible » à la fracture socio-économique

L’emploi encore persistant de cette expression surannée et controversée, ne rend guère compte d’une fracture sociale dont le corollaire est aussi une crise financière suivie d’une crise économique non élucidée, irrésolue. Boutade ! Les chiffres ne trompent point.Et une boutade fait son entrée en grande pompe sur le devant de la scène politique. Qu’à cela ne tienne ! Certains médias et des politiques agitent de manière incommensurable leur longue litanie au sujet des minorités visibles impliquées dans les émeutes de 2005 voire au sujet de la criminalité et de la délinquance jusqu’à aujourd’hui. Ils brassent leur nombre pour les pointer du doigt et pour en faire le mal du siècle de notre société occidentale. Quelle est la face cachée de cette « minorité visible » ?

Elle est dévoilée au grand jour paradoxalement par ces discours de politiques qui encensent la présence minoritaire de ministres. Ces derniers représentent ce concept presque irréel au cœur d’une « discrimination positive » haïe et menée sous la présidence de N.Sarkozy. Or 8 à 9 millions d’individus ce n’est pas une minorité mais une diversité. Puis, entre-temps, cette diversité s’est accrue depuis 2004. Quelques médias non timorés et certains politiques osent évoquer le multiculturalisme au cœur de notre République laïque, de notre démocratie et de notre société. D’autres s’insurgent contre ce nouveau concept de multiculturalisme vu sans analyse objective et sans point de vue impartial comme un nouvel envahisseur pris dans les ressacs violents de l’Histoire contemporaine de notre pays marqué dans sa chair et dans son sang par les attentats terroristes.

A l’instar du poète Alfred de Musset et à contre-courant de son titre évoqué par anachronisme, les enfants d’un siècle sont pris dans le tourment de cette « minorité visible » décriée, huée au grand dam de leur énergie citoyenne et républicaine, de leur pragmatisme et de leur volonté à changer positivement la société. Ils y vivent dans le but de déconstruire les préjugés. Ces idées toutes faites sont à l’origine d’un mythe : ceux issus de cette « minorité visible » sont soit rappeurs soit footballeurs soit délinquants. Cependant nombreux sont celles et ceux qui réussissent dans le monde médical, paramédical, managérial, informatique, enseignant, médiatique … Cette réalité est sciemment occultée pour servir une « classification sociale » qui renforce cette idée de communautarisme. Toutefois le communautarisme dessert parfois dans ses excès notre nation qui se veut, dans son essence, une et indivisible.

Les pages de l’histoire de France, de notre histoire commune, s’écrivent, se tournent au détour d’une rhétorique belliqueuse relayée par l’exécutif, par le gouvernement, par les médias, par les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux enflent cette rhétorique de manière virulente. Certains emploient à nouveau et sans gêne, sans complexe, une terminologie spécifique à la dictature nazie à l’encontre de cette « minorité visible ». Cette  « minorité » est la source des maux d’une partie de la population qui adhère pleinement et consent à prêter allégeance à l’extrême-droite. Cette extrême-droite rend ses adhérents vassaux d’un système incapable de se renouveler. Son système décline et égrène, à perte, les discours passés et passéistes, négationnistes, antisémites, racistes du fondateur de l’extrême-droite. Enfin cette dernière est connue encore pour sa conception manichéenne de notre société et du monde, conception à la source du refus et du rejet de l’autre, de l’altérité et de leurs richesses insoupçonnées.

De l’étiquette de « minorité visible » au concept de diversité visible

Comment inciter les politiques et nos concitoyens à abandonner cette expression de « minorité visible » pour le concept de diversité visible ? Dans le morphème diversité, sont accolés le préfixe latin « di » qui signifie deux et une forme issue du supin « versus » qui provient du verbe, vertere -tourner- en latin. La symbolique est essentielle grâce à l’étymologie : une société commence à deux et cette société « tourne », autrement dit elle s’agrandit grâce aux brassages de population au fil des siècles et de l’histoire de la France. Cette diversité évoque un autre terme : « anniversaire » qui étymologiquement signifie « une année tourne ». Quand une « année tourne », une société « tourne » : elle change. Tourner peut être conçu comme un changement.

Et il s’avère nécessaire et primordial que notre rhétorique et que notre langage s’enrichissent indéfiniment de l’expérience des uns et des autres. Faire abstraction de la dimension empirique est une erreur. Car les mots, les expressions s’emploient après avoir été inscrits dans un pan de notre histoire commune qui ne cesse d’être en marche au passé, au présent et dans l’avenir. Le terme diversité traduit mieux ces changements positifs ou négatifs ou stables selon le contexte socio-économique et culturel dont est issu chaque individu. Et le concept de diversité visible est le mieux approprié pour apaiser les consciences. En effet, ces dernières veulent s’affranchir de cette expression de « minorité visible », ô combien douteuse et controversée.

Elle n’a plus lieu d’être utilisée en vue de construire le vivre-ensemble au sein de notre société, notre vivre-ensemble pour souder notre nation. Pour parodier Jean-Paul Sartre, l’existence de notre société dans sa diversité précède son essence : une nation, une et indivisible. Refuser de l’admettre signifie entretenir une pléthore de préjugés contre lesquels résister s’avère indispensable. Ainsi il est possible d’atteindre le progrès et le bonheur -collectif- tant défendus par les philosophes des Lumières, tant chéris par la Révolution de 1789 et par les Républiques successives. Nourrir un projet pérenne dans une conscience collective et partagée, fédérera, unira notre société : les mots se meuvent grâce au progrès et au bonheur auxquels une nation aspire.

Ouafia Djebien


Au Nord rien de nouveau.

Une pléthore de questions s’est bousculée dans nos esprits avides de comprendre des habitants de la région Nord-Pas-de-Calais Picardie devenue les Hauts de France et ce vote pour l’extrême droite au lendemain du premier tour.

Vendredi 11 décembre, le TGV s’élance de la gare du Nord, pour la destination de Lille. Comment ne pas repenser au nom de cet écrivain ô combien notoire : Michel Butor, un enfant du pays, né à Mons-en-Barœul en 1926 et à son roman intitulé La modification ?

Le mouvement du TGV berce les passagers. Et le ciel d’une noirceur d’encre semblable à un encrier dans lequel trempe ma plume afin de poser sur une page blanche ces quelques mots qui relatent les réactions, le ressenti des uns et des autres à l’issue de ce premier tour et avant le second tour qui est imminent, défile sous nos yeux. Un silence de plomb plane dans la voiture du TGV et l’atmosphère est pesante. Un bon quart d’heure vient de s’écouler. Aldjia qui travaille pour une firme transnationale au sujet de sa réaction après le 6 décembre, partage sa réaction : pour Aldjia, ce résultat n’est pas « une surprise » selon elle et elle trouve ce dernier « flippant » à cause d’éventuelles répercussions sur le monde associatif qui fait un énorme travail et le planning familial, une mesure phare en faveur de l’avancée des droits des femmes, d’un discours de haine voire fasciste suite aux récents propos de Marion Maréchal-Le Pen qui veut n’accorder la nationalité qu’aux Français musulmans qui se convertiront au catholicisme.

Aldjia parle aussi de sa « peur » selon ses dires pour sa famille, ses amis qui travaillent encore dans cette région et contribuent à son essor économique depuis de nombreuses décennies déjà comme tant d’autres. Julien, interrogé sur le quai de la gare de Lille-Flandres, est « surpris par l’ampleur de l’ascension du FN », exerce dans l’informatique. Car il pensait qu’« ils allaient faire un beau score mais de là à ce qu’ils atteignent 30 %, 25 % dans la région, c’est extrêmement important ». Quant aux conséquences sur un plan économique, il pense qu’elles n’existeront pas pour le moment. En revanche, sur un plan social, « ça va crisper les gens les uns contre les autres : la peur de l’étranger, de la différence », même si  « on est une terre de diversité, on est une terre de passage » selon Julien dont la position est pour la diversité et pour le multiculturalisme.

« Un brouillon avant les présidentielles »

Face à Euralille, c’est au tour de Bobby, cadre supérieur de passage à Lille, de délivrer son point de vue et sa réaction : «  un choc » qui s’explique selon lui par les attentats terroristes suite auxquels « le FN s’est frotté les mains pour tenir un “discours de haine” loin de la nécessité de “l’unité” et par la bêtise humaine des personnes qui votent FN, car elles voient le FN comme une solution ». Il avoue avoir voté blanc en Île-de-France tant les programmes ne l’ont guère convaincu et n’ont pas emporté son adhésion. Bobby affirme que ce qui le choque aussi c’est que « des musulmans ou des juifs se disent que la moitié de leurs voisins veulent les voir dehors après que leurs voisins aient voté FN » et conclut par la capacité du FN à créer « des tensions » au sein de notre société, car l’extrême droite ne veut pas l’unité de la nation.

Dans le métro, un groupe d’étudiants témoignent : selon Thomas, c’est également «un choc », selon Georges « le vote blanc n‘a pas été comptabilisé et devrait l’être en tant que tel pour avoir connaissance de l’ampleur du mécontentement à l’échelle régionale ». Pour leurs amies Marie, Georgette et Léopoldine, le score du FN dans la région, s’explique par « la montée de la peur » contre l’autre, par « l’ignorance », par « la bêtise » humaine faute d’informations suffisantes sur le FN. Seraient-ils prêts à quitter la région si le FN l’emporte ? Majoritairement, non car quitter la région est conçu comme « une fuite » qui ne résoudra rien et qui « donnera de l’importance au FN » selon Marie. Seul Georges y réfléchit, car cette montée du FN lui fait penser à la montée du nazisme qui comme le FN se nourrit de la peur. Nos jeunes étudiants espèrent que les électeurs « se réveilleront ». L’électorat de la région Nord-Pas-de-Calais Picardie est-il en somnolence, en léthargie, dans le coma ? Pour Thomas, « les régionales sont un brouillon avant les présidentielles afin de ne pas refaire les mêmes erreurs».

Le lendemain, Sika, Louise, Joséphine et Charles, étudiants, témoignent respectivement de leur dégoût, de leur non-surprise, de leur choc, de leur déception face « aux habitants qui ne se préoccupent pas de leur avenir » selon Joséphine qui ajoute qu’à l’université Lille 2, les étudiants sont déçus par le taux d’abstention. Pour Charles comme pour ses trois amies, enfin, partir n’est pas une solution dans cette région qui est aussi pour lui une région d’adoption qu’il aime, car il n’a connu que l’Ile-de-France. Un peu plus loin, Margot et Kevin qui ne s’attendaient pas à un tel pourcentage pour le FN, le 6 décembre, et qui travaillent dans le tourisme, partagent les retours négatifs de la part de leur clientèle qui annulent, qui parlent de leur peur suite aux attentats. Kevin m’affirme : « L’une des clientes m’a contacté pour recevoir notre catalogue alors qu’elle se déplace dans notre agence habituellement, car son fils lui a dit de ne pas se rendre dans les grandes villes où il y a la foule et des centres commerciaux suite aux attentats ».

Une agoraphobie aura-t-elle atteint une frange de la population de cette « eurorégion » au carrefour d’un territoire géostratégique et aux retombées économiques non négligeables ? Car elle attire des investisseurs internationaux à l’échelle nationale, européenne et mondiale. Plus loin, Maïla, journaliste, de passage à Lille, est « assez triste pour cette région » et trouve «  ce résultat surprenant » contre lequel « Lille résiste ». Selon elle, « le FN n’est pas la solution pour la France et prospère sur la crise aussi ». Maïla rappelle nos valeurs républicaines «  Liberté, égalité, fraternité » contre lesquels se positionne le FN. Et elle conclut que Marion Maréchal Le Pen est anti-laïque également suite à sa proposition de convertir les musulmans français au catholicisme alors que cette dernière devrait laisser chaque citoyen être ce qu’il veut.

À Calais, d’autres réactions

Direction Calais pour en savoir davantage dans un TER plein à craquer et qui s’arrête aux gares d’Armentières, de Bailleul Nord, de Strazeele, d’Hazebrouck, de St Omer Pas de Calais, de Watten Eperlecques, d’Andruicq et enfin, de Calais Ville. Des champs à perte de vue parsemés çà et là de maisons ou de pavillons en briques rouges inondent notre champ de vision à chaque gare. Le temps semble long et le silence aujourd’hui comme hier est si pesant. À Calais, au parc St Pierre, non loin de la gare, un groupe de jeunes collégiennes expriment simplement leurs réactions : Océane « s’en fout un peu », car « Marine Le Pen veut dégager les migrants », Lauryn pense comme Océane, et de même pour Laura qui ajoute qu’elle déteste « les racistes » et qui discutent toutes trois avec leurs amis « migrants » qu’elles trouvent « gentils ». L’un d’entre eux, un jeune migrant égyptien relate son parcours : venu d’Alexandrie en bateau, de la côte italienne, il s’est rendu à Calais en train. Les filles ajoutent qu’ils veulent aller en Angleterre, car il y a plus de travail. Enfin Océane s’adresse à son ami, le jeune migrant et dit qu’il n’aime pas la France. Quand j’interroge ce jeune égyptien sur la raison qui le pousse à ne pas aimer la France, il me répond simplement : «  La France et les Français ne nous aiment pas ».

Pour un samedi après-midi, la gare de Calais Ville est déserte, seuls quelques migrants s’y trouvent pour acheter ce dont ils ont besoin : cartes téléphoniques, boissons, chocolat… Même le centre-ville est très peu fréquenté à mon grand étonnement et celle qu’on appelle « la nouvelle jungle de Calais »  localisée vers la direction « Car ferry » est un nouveau sujet de polémique qui alimente les peurs, le mécontentement. Quant à l’hôtel de ville, il n’attire guère malgré l’attraction de quelques parents accompagnés de leurs enfants pour une crèche grandeur nature et des animaux parqués dans de petits espaces prévus à cet effet et qui font la joie des enfants. Une jeune mère de famille, Audrey, affirme qu’elle recherche activement un emploi pour subvenir aux besoins de ses enfants et de sa famille. Audrey est l’une de ses nombreuses mères courage pour reprendre le titre d’une pièce de Bertolt Brecht, elle se bat quotidiennement pour améliorer la vie de ses enfants malgré l’engrenage de la haine qui a marqué ce premier tour. Audrey confie sa peur face à la montée du FN, « la catastrophe » selon elle après l’obtention de 49 % par le FN à Calais, face aux amalgames dus au trop grand nombre de migrants dont certains d’entre eux font des bêtises et qu’Audrey ne défend pas après avoir ajouté qu’elle ne sent pas dérangée par eux.

«  Ah ? Tu viens de Calais : ce n’est pas trop dur avec les migrants ? »

Elle a peur face aux affres de recruteurs qui la rejettent, car ils savent qu’elle porte le foulard. Et elle affirme fièrement être « Française mais s’en prendre plein le visage tous les jours », car elle porte le foulard. Elle insiste après avoir affirmé qu’elle le porte par choix suite à sa conversion mûrement réfléchie et qu’elle assume librement et avec fierté. Audrey a ce regard bleu azur des femmes du Nord, si profond. Et, aujourd’hui, elle est lassée par ce climat de haine issue de la montée du FN et qui entrave aussi ses projets professionnels, car Audrey est une femme tolérante qui n’accepte pas à son tour l’intolérance des gens en raison de sa différence. Elle se considère selon ses dires comme « un cas social » comme ceux qui sont en recherche d’un emploi et vivent de minima sociaux pour survivre. Et elle nous révèle que des électeurs de la ZUP du Beau Marais ont massivement voté FN alors qu’ils sont au chômage et ne veulent pas prendre conscience du fait qu’ils pâtiront, souffriront si le FN est porté victorieux au second tour. Elle me relate enfin cette anecdote : sa sœur qui s’est rendue à Paris s’est vue poser la question suivante : «  Ah ? Tu viens de Calais : ce n’est pas trop dur avec les migrants ? » comme si Calais, plaque tournante des flux migratoires en provenance d’Afrique, du Moyen-Orient et du Proche-Orient, peut s’apparenter à un territoire où on se sent « à l’étranger » selon ces Parisiens qui ont interrogé sa sœur.

Dimanche 13 décembre 2015 au soir, cet entretien avec Anne, professeure, prête à se rendre au bureau de vote pour participer au dépouillement, nous délivre davantage d’informations. Au début de notre entretien, Anne m’informe qu’elle a connaissance des informations qui émane de la RTBF qui donne Xavier Bertrand gagnant avant les résultats diffusés à 20h en France. Nous poursuivons notre entretien au cours duquel elle m’apprend qu’elle était « catastrophée » à la suite du premier tour, que oui et non, elle s’attendait à ce que le Front national soit en première position du 1er tour. À ma question : « quelles auraient pu être les conséquences dans le monde de l’éducation ? », Anne me répond : « Dans le monde de l’éducation, il suffit de lire le programme du FN, ce qu’il propose sur l’école : c’est une école autoritaire, régressive. Moi, ce qui m’inquiète aussi, c’était une région dirigée par le Front national et quid de la formation professionnelle notamment en liaison avec les lycées professionnels, les CFA ? Car la région a un rôle important. D’abord je ne vois pas les compétences sur la liste de mme Le Pen là-dessus. Et de toute façon dans leur programme, ils ne s’occupent pas vraiment des lycées professionnels, des CFA, etc… Pourtant on est dans une région où il y a plus de 100 000 jeunes sans solution d’emplois ni de formations. Donc la responsabilité de la région est importante là-dessus. Et je dirai : pas de programme du Front national là-dessus, car ils n’ont pas fait de programme véritablement pour la région et inquiétude là-dessus si Marine Le Pen l’emporterait. » À ma dernière question, qui porte sur la volonté de rester ou de quitter la région si elle venait à remporter ce second tour, Anne me répond sans hésiter : «  Non, non, je reste : ce n’est pas en partant qu’on résout le problème. De toute façon concernant les enseignants, on n’est pas fonctionnaire territorial, on est fonctionnaire d’État ».

Pour conclure, les adhérents du FN tambourinent que le temps n’est plus à la réflexion mais à leur vote massif pour l’extrême droite qui arbore une rhétorique belliqueuse en termes de croisades antédiluviennes : qu’a donc Mme Le Pen qui se vante d’annoncer dimanche 13 décembre au soir à Hénin-Beaumont, « un régime à l’agonie » selon ses dires, contre notre démocratie, contre notre République laïque, contre notre société multiculturelle ?

La réponse réside dans ces témoignages de Lilloises, Lillois, Calaisiens et Calaisiennes, de migrants, tolérants, travailleurs, amoureux de leur région, pragmatiques, qui résistent et qui déconstruisent des préjugés ancrés dans les esprits franciliens ou d’autres provinciaux sur la belle capitale des Flandres d’où domine son beffroi illuminé tel un phare et sa charmante région tout en couleurs, une big apple, un melting-pot, multiculturel, plurilinguiste, à l’échelle régionale et nationale, internationale où les flux migratoires sont étroitement liés aux enjeux économiques, poumons d’une région qui perdure à se développer sur tous les plans : économique, sociale, politique, éducatif… afin de conserver une attractivité pour les investisseurs locaux, nationaux et internationaux. C’est un hommage vibrant de résistance à notre région Nord Pas de Calais Picardie parce qu’elle possède de réels talents qui œuvrent au quotidien pour améliorer leur quotidien et afin de revigorer son image sur un plan social, économique et politique. Lille, métropole française et européenne, et la région Nord Pas de Calais Picardie, eurorégion, ont tout à gagner à condition de persévérer dans cette voie de croissance économique qui freine, s’essouffle et qui peut redémarrer grâce aux efforts et au travail, synchronisés, de tous.

Ouafia Djebien