Sadya

Sambè Sambè au Mali

Le ramadan touche déjà à sa fin. Pour récompenser les fidèles pour un mois d’abstinence, il s’est achevé par une fête appelée Aïd El-Fitr ou « fête de ramadan ». Cette fête tant attendue a été célébrée dans beaucoup de pays le dimanche 26 juin. Je vous fais vivre la journée d’Aid El-Fitr au Mali.

A trois jours de la fête, les filles remplacent les foulards par de belles coiffures et les mosquées sont progressivement désertées. La veille, le marché rose de Bamako est plein à craquer car les Maliens attendent très souvent la dernière minute pour faire leurs achats : pour la cuisine comme pour les habits, les chaussures ou les accessoires de fête. Les salons de coiffure, c’est encore pire. J’ai dû patienter cinq heures pour me faire une coiffure de moins de deux heures. Les hommes, eux, ont d’autres chats à fouetter. Ils vont chercher des bœufs ou des moutons.

La veille, dès 19h, les messages de bonne fête commencent à tomber comme de la pluie. Le jour de la fête tout le monde se réveille à l’aube. Les femmes, pour faire la cuisine, et les hommes, pour aller à la prière du matin. Avant d’aller à la prière, chaque chef de famille doit faire l’aumône au nom de toutes les personnes qui sont à sa tutelle. Il remplit des bols de mil. Chaque bol est un don à une personne qui est dans le besoin. Quelques minutes avant la prière, voilà les hommes tous bien habillés, tandis que les femmes sont en cuisine entre joie et potins.  Après la prière, tout le monde va saluer les familles voisines dans l’excitation, la convivialité et la bonne humeur. Tout le monde se salue et demande pardon. On présente ses vœux et on rappelle tout son amour à ses proches.

Il est enfin 13 heures et on sent déjà la bonne odeur émaner de la cuisine. Cette odeur envoûtante et enivrante, c’est l’aspect le plus important de la fête. Quant aux enfants, ils se mettent sur leur 31 et, à la différence des personnes âgées, qui ne vont saluer que leurs proches, les enfants font du porte-à-porte pour avoir de l’argent ou des friandises. Une fois les plats prêts, ils sont partagés et tout le monde mange ensemble. Après le déjeuner, certains jouent de la musique, d’autres font le grin. Moi, je vais dormir tranquillement pour récupérer de la fatigue de la journée.

Le reste de la journée est consacré aux salutations en ville. On y voit tous genres de style comme à la Dakar Fashion Week. Un proverbe de chez moi dit : « Si l’on veut épouser une femme, il ne faut pas le faire le jour de la fête » Pour la simple raison qu’elles sont toutes belles et on ne sait plus qui l’est réellement.

La nuit, c’est la fête. Il y a toujours des soirées privées, des dîners de gala, des soirées karaoké, des animations orchestrales. Les restaurants, les boites de nuit sont pleins à craquer et quel que soit ton goût tu trouveras ta pointure.

La fête de ramadan est vraiment un moment symbolique pour les musulmans. C’est aussi l’occasion de s’amuser et de récompenser le temps d’abstinence.


C’est parti pour le Yokoro ou « Bouffonnerie d’enfants »

Le ramadan ayant débuté depuis quelques jours déjà, c’est maintenant le moment de la traditionnelle pratique ‘’Yokoro’’. Cette pratique est courante au Mali, elle commence au 10ème jour du mois de ramadan. Le Yokoro est une tradition unique, elle avait fait l’objet d’une pétition qui demandait qu’elle fasse partie des patrimoines culturels immatériels de l’Unesco.

Sitôt venu le 10ème jour du mois de ramadan, quand la nuit tombe, filles et garçons prennent d’assaut les ruelles de la ville et prennent en otage toutes les maisons. Les garçons sont armés de bâtons ou de baguettes avec de vielles boîtes de conserves en guise d’instrument de percussion. Les filles portent des calebasses remplies d’eau sur la tête et portent des louches traditionnelles. Tous ces enfants volent un sourire à chaque personne qu’ils croisent. Les garçons qui s’adonnent à cette pratique sont nommés » Yokoro » et les filles « Salawale-wale ». Ce mouvement est hérité d’une longue et riche tradition : dans le temps, cette pratique était faite pour faire l’aumône de l’année, surtout durant le mois de ramadan.

Des enfants déguisés en Yokoro, CP: UNICEF

Cette tradition malienne, qui permet aux enfants de faire le Yokoro, consiste à faire du porte à porte en chantant et en battant les instrument de musique cités plus haut, les enfants dansent jusqu’à ce que les familles leur donne de l’argent ou des céréales. Toutes les contrées du pays et tous les quartiers dans toutes les villes vibrent au son de la musique et au rythme de la danse que font ces enfants, et ce durant le reste du mois de ramadan. Ils font rire par leur posture, surtout les garçons qui n’hésitent pas à se mettre de la craie sur tout le visage et à porter de gros boubous, en mettant des habits sous leur ventre pour imiter les vieux au ventre rebondi. Ils font toutes sortes d’acrobaties… l’essentiel c’est qu’on les récompense !

Des filles qui font le Salawale wale, CP: Malick Sidibé

La ville de Tombouctou (dont je suis originaire) tremble aussi au putsch de ces enfants qui viennent frapper aux portes des habitants. A Tombouctou on appelle cela  ‘’Djoroidje’’. Les manières de procéder sont les mêmes que dans le reste du pays, la seule différence c’est que les chansons sont traduites dans la langue autochtone : le Sonrhaï.

L’argent récolté grâce à ces sorties nocturnes est précieusement gardé par une personne qui a été désignée par le groupe, généralement le plus âgé. Après le ramadan, les enfants font la fête grâce à l’argent qu’ils ont récolté. Ils préparent de bons plats et doivent ensuite apporter le reste de la nourriture à la déesse de l’eau, dans le fleuve, afin qu’elle veille sur tous les enfants pour les années à venir. Pour respecter le rite, la personne qui apporte la nourriture au fleuve la verse et continue son chemin sans se retourner.

Je me souviens dans ma tendre enfance avoir moi même fait le « Salawale wale », mais aujourd’hui, au fil des années, cette pratique s’estompe et se perd. De nos jours, les enfants ne font plus correctement le Yokoro… dans la tradition les chansons sont spécifiques, elles s’apprennent, tout comme la manière de frapper les instruments. On dit même que, compte tenu de leur signification, les chansons du Yokoro doivent être chantées uniquement pendant le mois de ramadan, d’autant plus qu’en Afrique, la parole est sacrée !

Malheureusement, les enfants se font de plus en plus rares dans cette pratique, c’est la raison pour laquelle, l’an dernier, de nombreux acteurs de la culture malienne ont engagés une pétition à l’endroit de l’Unesco. L’objectif était d’intégrer le Yokoro dans la liste des patrimoines d’expressions à pérenniser. Quoi qu’il en soit, je pense que les parents doivent jouer leur rôle de passeur, transférer les connaissances pour que les jeunes générations continuent de nous ébahir en nous rappelant nos délicieuses années d’enfance.


A Bamako, le ramadan rime avec paix et solidarité, mais aussi avec « mauvaise humeur »!

Le mois de ramadan est un moment sacré très attendu par les musulmans. Ce rituel, qui a lieu chaque année pendant un mois est l’occasion pour les musulmans de se faire pardonner leurs péchés et de formuler des vœux. Cette année, le ramadan, qui est prévu pour le samedi 27 mai, fait objet de débats à Bamako.

Le ramadan est là…
Le ramadan est toujours attendu avec un grand enthousiasme par les musulmans car c’est un mois béni, un mois de pardon, de tolérance, de partage et surtout c’est le mois où on cherche refuge auprès de Dieu. Mais le ramadan c’est aussi le mois du jeûne. Le jeûne qui est une preuve de don de soi, supporter la faim et la soif n’est pas une épreuve facile pour les fidèles. Surtout lorsque le ramadan coïncide avec une période de forte chaleur. A Bamako, la chaleur entraîne un phénomène particulier chez certaines personnes : la mauvaise humeur  ! Ce à quoi il faut ajouter le jeûne… Dès la veille du ramadan, d’aucuns commencent à s’inventer des maladies comme par exemple l’ulcère (appelé « Fouroudimi » en bambara) pour excuser leur peur du rituel. Pour d’autres, le début du ramadan suscite de l’engouement, ceux-là commencent très bien puis, au bout d’une semaine, tombent soudainement malades, d’une maladie inconnue d’après ce qu’ils disent ! (Rires). D’autres encore, jeûnent devant les gens, mais, quand il commence à faire chaud, n’hésitent à avaler une gorgée d’eau dès qu’ils sont seuls ; et ils continuent malgré tout de faire croire qu’ils sont à jeun.

J’ai faim, j’ai soif
Le comble est à observer dans la circulation à l’heure où les gens se rendent au bureau : c’est bonjour embouteillage avec toute sorte d’altercations entre les usagers de la circulation, et retard au bureau systématique. Tout cela du à l’effet de la faim et de la soif… Parfois, un simple compliment à l’endroit d’une personne peut prendre une mauvaise tournure.  A 13h on regarde sa montre et on se dit que la journée passe vite car il est déjà l’heure de prier. A 15h30, les bouches commencent à sécher sérieusement, on commence à être déshydraté, c’est en général à ce moment-là que l’on se dit que l’heure n’avance pas du tout… Sur le trajet de retour du bureau, chacun se précipite pour rentrer chez soi en achetant tout ce qu’il voit de délicieux sur le chemin, en se disant : « après la rupture je vais te manger ! » Une fois à la maison, on essaie de dormir avant la rupture du jeûne, mais impossible : la faim et la soif sont là pour nous tenir compagnie. A 18h30, on s’assoit à côté de mets préparés pour l’occasion et on regarde l’heure toutes les secondes en espérant que le moment de la rupture arrive. Enfin, à l’appel du muezzin, plus question d’attendre, on prend d’assaut tout ce qu’il y a à manger jusqu’à avoir de la peine à faire la prière du crépuscule.

Voici un aperçu des tracasseries du ramadan ! Mais en dehors de ces petits détails, qui font aussi la magie du ramadan, c’est un mois important, où les fidèles musulmans réitèrent leur foi envers Dieu. Le mois de ramadan est un moment de paix et de solidarité, qui se termine avec une fête, pour clôturer en beauté.

 

 

 


Sousse, une ville somptueuse et pétrie d’histoire !

La Tunisie, plus précisément la ville de Sousse, a accueilli du 3 au 6 mai 2017 la Conférence Afrique et Moyen Orient de la Jeune Chambre Internationale. J’ai eu la chance de prendre part à cette importante rencontre en tant que candidate au concours d’Art Oratoire.  Sousse c’est aussi une très belle ville, qui, après tant d’années d’Histoire, conserve toujours sa rare splendeur et ses archéologies antiques.

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Sousse est une ville portuaire de l’Est de la Tunisie, située à 143 kilomètres au sud de Tunis, capitale du « Sahel tunisien ». La ville est parfois surnommée ‘’la perle du Sahel’’. Elle a joué un rôle important dans l’Histoire sous les Aghlabides (800-909) en étant un imposant port commercial et militaire. Elle est considéré comme un exemple typique de ville des premiers siècles de l’Islam. Elle était l’un des éléments d‘un système de défense de la Côte, avec sa Casbah, ses remparts, sa médina, sa grande Mosquée Bu Ftata et son ribat typique.

Il est difficile de ne pas tomber sous les charmes de cette ville, entre modernité et antiquité, Sousse représente une ville pleine d’histoires et possède beaucoup de richesses, tant culturelles qu’économiques. Des centres commerciaux qui ne demandent qu’à être dévalisés, des hôtels très bien placés, avec une vue à couper le souffle, et, cerise sur le gâteau, la plage.  Visiter Sousse rime avec shopping et mon amour pour les achats m’ont fait plus que succomber, car d’une pierre j’ai fait deux coups !

En me rendant au centre-ville, je n’imaginais pas découvrir un lieu si grand, un temple du savoir, en un mot un patrimoine culturel : La Médina !

La Médina l’Éternelle…

Vue d’en haut sur la Medina CP: Faba Photo, Flickr

la Médina de Sousse , classée au patrimoine mondial culturel de l’Unesco (inscrite en 1988), constitue un ensemble architectural homogène qui reflète l’urbanisme arabo-musulman appliqué à une ville côtière, exposée à travers son histoire à la piraterie et aux dangers venant de la mer. Entièrement inscrite à l’intérieur de son imposante enceinte médiévale, la vieille cité, bâtie à flanc de colline, s’étage en un vaste amphithéâtre face à la mer. Cette position privilégiée lui a conféré, depuis toujours, son cachet particulier si admirable, et qui a envoûté tant d’artistes voyageurs. Ce site, entièrement revêtu de la majesté des siècles, se dévoile en effet au visiteur comme une inépuisable source d’émotions, d’enchantement et de nostalgie. Sousse s’enorgueillit à juste titre d’abriter, à l’intérieur de sa ceinture de remparts, un ensemble homogène de vestiges d’une exceptionnelle richesse. Chance inouïe : ses monuments les plus emblématiques, tels le Ribat, la Grande Mosquée, la Casbah avec sa tour surplombant tout le site, l’impressionnante enceinte de murailles qui court sur plus de 2Km, la Kobba et la citerne de la Sofra, nous sont parvenus dans un état de conservation remarquable. Hérités de l’âge d’or de l’Islam (du 9e au 11e siècle), ces superbes monuments qui figurent parmi les plus beaux fleurons architecturaux du monde arabo-musulman, font de la vieille cité un authentique musée à ciel ouvert. En sauvegardant son patrimoine culturel, son identité et un certain art de vivre ancestral, la vénérable médina de Sousse s’impose indubitablement comme le lieu de mémoire par excellence, dépositaire d’un legs historique inestimable.

La Mosquée de la Medina
CP: Med Azzouz, Flickr

Sousse reste une ville très belle et des habitants qui sont fortement ancrés dans leur culture et sont très fiers de faire découvrir leurs merveilles au monde entier.

C’est une ville à ajouter au lTop 10 des villes à visiter et tant pis pour ceux qui n’y sont pas encore allés !  :).