Raissa YAO

Daloa et son extraordinaire jeunesse

Extraordinaire ! C’est le mot indiqué pour qualifier la jeunesse de Daloa. D’ailleurs cette ville  a été mon  de cœur dans cette campagne  d’initiation à internet mise en place par l’agence nationale du service universel des télécommunications-tic (ansut) et l’union nationale des blogueurs de Cote d’ivoire (Unbci) pour sillonner le pays. C’était la 4ème  étape de notre tournée.

 

salle de formation à Daloa

En réalité, cette ville est celle que je redoutais le plus dans notre parcours. Elle avait mauvaise presse. Située dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, Daloa est reconnue comme  un point stratégique dans la route des migrants vers l’Europe. L’on la décrit comme étant la porte de la Libye. Il parait qu’elle est plus  proche de l’Europe que l’Algérie n’est de la France. En réalité, il y a un vrai réseau de passeurs.

Je me disais intérieurement qu’ils auraient certainement mieux à faire que de venir écouter une bande de jeunes  leur parler d’internet. Mais j’ai été agréablement surprise le jour de la formation. Apparemment j’avais vite porté un jugement.

Daloa, sa jeunesse  et ses jolis garçons

Enregistrement à l’étape de Daloa

Les jeunes de la ville sont sortis massivement. Chacun dans un style très particulier. On avait l’impression d’avoir affaire à des artistes. Déjà à l’enregistrement ils posaient des questions. Ils voulaient un avant-gout de ce qui se passerait quelques minutes plus tard. Le comble les garçons avaient une drôle de manière de se présenter. Ils  ajoutaient «  joli garçon »  après  avoir donné leurs noms. Pourquoi ? L’un d’eux à qui j’ai posé cette question m’a répondu par une question «  suis-je vilain ? »

Il y a eu des handicapés

Dans la salle, l’ambiance qui y régnait était fraternelle et conviviale. Il y avait une parfaite symbiose entre les formateurs et l’assistance. Il y a même eu des handicapés dont un non voyant  qui ont participé à la formation. A la pause, la cour de la mairie où se déroulait la formation était animée comme si l’on était à une fête foraine. Ces jeunes gens à la fin de la journée de formation se sont engagés à produire du contenu afin de donner une nouvelle réputation à leur belle ville connue autrefois comme  la  « cité des antilopes » mais qui est aujourd’hui est assimilée à l’immigration irrégulière.

En tout cas pour moi, jusque la, Daloa, est la meilleure étape de l’ansut blog camp.


Les chefs de service, ces petits dieux à Daoukro

La caravane ansut blogcamp s’est arrêtée le 15 janvier 2017 dans la région de l’Iffou pour sa 3ème étape. Pour le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y’a eu une forte mobilisation des fonctionnaires à Daoukro. Et les chefs de service aussi!

le corps préfectoral de la région du Iffou

Les fonctionnaires sont venus nombreux de différentes localité  de la région du Iffou pour prendre part à la formation d’initiation à internet instaurer par  L’agence nationale  du service universel des télécommunications –tic (ansut) et de  l’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (unbci). Proviseurs, agents de santé, éducateurs spécialisés ont effectué le déplacement pour se faire former.

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C’était une première de voir autant d’adultes lors de cette caravane. Motivés, Ils ne voulaient vraiment pas resté en marge des nouvelles technologies de l’information

 

Cependant  j’ai été un peu surprise par le comportement de ces cadres de l’administration. Déjà le matin pendant l’enregistrement des participants, les fonctionnaires ont exigé à leur arrivée que l’on s’occupe spécialement d’eux. Ils ont  presque réquisitionné l’une des deux machines qui servaient pour l’enrôlement des participants pour eux. L’un d’eux a lancé «  nous sommes les chefs de services nous n’allons pas quand même faire le rang ! »

Tout pour eux à Daoukro

Apparemment ils n’avaient pas l’intention de se frotter  aux autres participants constitués d’élèves, étudiants et autres salaries qui étaient arrivés de bonne heure  et faisaient la queue.

Quand je rentre dans la salle après avoir enregistré les participants  je me  rends compte que ces fonctionnaires ont fait lever les étudiants qui occupaient les premiers rangs pour prendre leur place et ce avec le même argument, « nous sommes des chefs de service ». Ils étaient assis chacun derrière un ordinateur au lieu de deux sur une machine comme nous l’avons prévu.

 Les chefs de service

Alors que l’heure de la pause approchait, l’un des points focaux de la ville qui avait la maitrise du terrain nous conseille de ne pas  la faire au risque de ne pas pouvoir satisfaire ses chefs de service qui voudront avoir un traitement particulier.

« nous n’allons pas pouvoir les gérer ils vont vouloir se faire servir, manger avant les autres ou encore avoir plus que les autres, ça serait compliqué pour nous ».

Nous suivons donc le conseil du point focal et décidons de finir la formation avant de passer au repas.

Une fois la formation terminée et que l’on annonce les conditions pour avoir un kit-déjeuner pour reprendre des forces, J’entends un monsieur a quelques mètre de moi demander « mais comment cela va se passer pour les chefs de service ? »

Au même moment mon regard croisa celui du point focal qui me fit un clin d’œil comme pour me dire « je vous avait prévenu »

Je suis sortie de la salle sans répondre en me disant intérieurement : « quelle seraient leur attitude s’ils avaient un poste plus important dans l’administration que celui de chefs de service ? » C’est sûr que leurs administrés allaient se prosterner à leur passage.

Quand je pense que sous d’autres cieux le Président de la république partage son repas avec des soldats au front où il se sert lui-même, ici de simples chefs de service ont l’impression d’être des dieux.

Pauvre Afrique !

 

 


L’Ansut blog camp à Béoumi, le vrai centre de la Côte d’Ivoire

L’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications –tic (ANSUT)  et l’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (UNBCI) ont posé leurs valises à Béoumi, le vrai centre de la Côte d’Ivoire, pour la deuxième étape de l’Ansut Blog Camp, une caravane dont objectif est d’initier les populations à l’usage des TIC pour la production de contenus locaux.

La caravane est restée trois jours à Béoumi, entre le 9 et le 11 janvier. Plusieurs choses ont attiré mon attention à Béoumi, une ville que j’ai découverte bien qu’ayant passé mon enfance à Bouaké, ville située à moins de 60 km de là.

 

-le manque d’infrastructures dans la ville.

bagages en main en pleine ville a Béoumi

La terre argileuse que j’ai vu en entrant dans la ville montrait clairement que la ville n’était pas goudronnée.  Mais ça, je vous  assure qu’en tant qu’africaine, ce n’est vraiment pas une surprise, c’est le contraire qui m’aurait étonné ! La stupéfaction est venue quand je me suis rendue compte que nous ne pouvions pas loger dans la ville. Aucun hôtel n’a la capacité d’accueillir notre délégation, constituée de 10 personnes. Waou !

Pour être plus claire, en fait il n’y a pas d’hôtel à Béoumi ! Nous avons été obligés de repartir dormir à Bouaké, autre ville située à 60 km. Nous avons donc fait la navette entre Béoumi et Bouaké pendant 3 jours. Le comble, c’est que nous devions porter nos affaires personnelles sur la tête, alors que nous étions en plaine ville, parce que le bus ne pouvait pas circuler dans la rue…

 

-Béoumi le vrai centre de la Côte d’Ivoire capture

les centres de la France et de la Cote d’Ivoire

 

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Et oui… »Le vrai centre » de la Côte d’Ivoire, comme le disent les habitants de la ville, se trouve à Béoumi. Cela a été affirmé par le bureau national d’études technique et de développement (bnted) en 1994. Je n’en avais jamais entendu parler, pourtant, comme je vous l’ai dit, j’ai grandi à 1 heure de route de Béoumi. Mais finalement j’ai compris le « pourquoi ». Le fameux point central du pays ne ressemble à rien, il n’y a donc pas d’intérêt à aller le voir. Il est matérialisé par une une pierre, en réalité une petite marque de ciment au sol, qui se trouve à côté du lycée de la ville.

Pourtant je suis certaine que l’on pourrait faire de Béoumi, qui est le centre de la Côte d’Ivoire, un endroit touristique qui attirerait  du monde. C’est toujours marrant de dire qu’on a été au centre d’un pays. Mettre cet atout en avant en l’exploitant de façon touristique pourrait être bénéfique pour cette petite localité. Cet atout, unique, pourrait représenter une source de revenu pour sa population, d’autant plus qu’il n’y a pas d’entreprise dans la ville. Cela permettrait d’occuper les jeunes et de lutter contre le chômage dans la région. Un membre de l’équipe qui a vécu en France m’a raconté que le centre du pays est un vrai site touristique. «Il y a un centre commercial, un restaurant… c’est un endroit vraiment attractif ». J’ai compris une fois de plus qu’un blanc ce n’est pas un noir !

 

-Le bébé Geek  (tweet)

J’ai été surprise de voir arriver dans la salle de formation une jeune fille avec un bébé sur le dos. Je me suis d’abord dit qu’elle était de passage… mais non. Elle s’est assise au premier rang, a retiré le bébé de son dos et a commencé à prendre des notes. Elle était bien là pour la formation. « Mon père m’a appelé de Bouaké ce matin pour me parler de la formation ici, alors que j’étais encore au lit. Je me suis levée, j’ai lavé le bébé et nous sommes venus. Nous n’avons même pas eu le temps de prendre notre petit déjeuner » m’a –elle expliqué quand je l’ai approché à la pause. Elle est restée toute la journée avec son bébé de 3 mois dans la salle sans qu’il ne pleure. Il avait d’ailleurs l’air plus concentré que sa jeune mère de 18 ans. Un futur geeck probablement ! Cette jeune femme fut mon coup de cœur de Béoumi.

Bah, voilà mon pkapkatoya* sur l’étape de Béoumi, le vrai centre de la Côte d’Ivoire !

L’aventure Ansut Blog Camp se poursuit. À bientôt pour l’étape de Daoukro !

 

* Pkapkatoya : rapport en argot ivoirien

 


Ansut blog camp:l’Ansut et l’Unbci vulgarisent les tic

 Ansut blog camp est un projet dont l’ objectif  est de briser la fracture numérique qui existe entre Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire et les autres villes de l’intérieur du pays. Il est financé par  l’agence nationale du service universel des télécommunications –tic (ansut), en collaboration avec l’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (Unbci) va parcourir la Côte d’Ivoire pour former la jeunesse à l’utilisation d’internet.

L’équipe d’Ansut blog camp à Ferkessedougou

Ansut Blog Camp!

L’année 2018 commence bien pour moi avec une expérience très particulière : l’aventure ansut blogcamp. C’est un projet commun entre l’agence nationale du service universel des télécommunications –tic (ansut), l’institution étatique qui est chargée de vulgariser les TIC et L’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (Unbci)-  dont je suis membre et qui elle a pour objectif de démocratiser le blogging en Côte d’Ivoire.

Le but de ce projet est de sillonner le pays via une caravane pour non seulement apprendre aux populations comment utiliser internet mais surtout ce qu’est le blogging afin de leur permettre de créer du contenu local.

Internet et ses opportunités

Internet offre d’énormes opportunités à condition de savoir l’utiliser et en profiter. Et ça  Euloge Soro-Kipéa, directeur général de l’ansut l’a bien compris  « il y en a qui ont créé une entreprise rien qu’avec un ordinateur portable, rien qu’avec internet. Juste avec ces outils, on peut changer son avenir, on peut changer le monde et ça il faut y croire. Et avec les jeunes de l’union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire nous avons trouvé la bonne combinaison »

Le circuit de la caravane Ansut blog camp

les villes qui recevront la caravane ansut blog camp

La caravane ansut blog camp  visitera les villes de Ferkessédougou, Daloa, Daoukro, Béoumi et San-Pedro 04 janvier au 22 janvier 2018 sous le thème  «  les tic pour l’autonomisation de nos communautés »

L’aventure est déjà lancée, d’ailleurs elle a connu un véritable succès lors de sa première étape qui s’est déroulée a Ferkessédougou dans la région du Tchologo , au nord de la Côte d’Ivoire.

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l’etape de Ferkessedougou

La caravane est   en ce jour à Béoumi dans le centre du pays, et la population est mobilisée,  disposée à connaitre internet. Je vous tiendrai certainement au courant de cette étape.  Quant à moi j’en profite pour faire mon tourisme OKLM!*

 

*OKLM: au calme

 


migrants africains: l’Europe dans une rescousse « forcée » via le 5ème sommet UAUE

l’Europe Malgré elle a jugé bon de voler au secours de l’Afrique et de ses migrants  qui l’envahissent.li

 

La jeunesse africaine par sa détermination à rejoindre l’hexagone par voies irrégulières pour un meilleur destin  a obligé l’Europe qui se sentait envahie à se pencher sur son sort. Les résolutions du 5ème  sommet UEUA sur le thème «  investir dans la jeunesse pour un avenir durable » pourraient être un début de solution.

J’ai envie ce matin de tirer mon chapeau à ces jeunes africains qui par milliers prennent de manière irrégulière le chemin de l’Europe  en pensant y trouver leur « Eldorado ». Ils ont réussi par leur détermination à  déplacer  toute l’Europe entière via le sommet union africaine-union européenne en Afrique pour se baisser sur leur sort.

Les européens n’en peuvent plus. Ils sont envahis par les migrants  venus d’Afrique. Ce continent  qui rime avec la guerre, faim, soif, ebola, sida, épidémie,  pauvreté, amertume et que sais-je encore. C’est par contingents que les jeunes nègres ; enfin ceux qui ont la force d’effectuer le périlleux voyage,  débarquent chaque jour sur leur continent pour simplement fuir ces  misères avec pour objectif avoir une vie meilleure.

La route de l’Europe

C’est avec détermination et abnégation que ces jeunes africains quittent l’Afrique pour l’Europe : traverser le désert, la mer et ensuite atteindre l’Europe. Ne dit-on pas que dans la vie tout a un prix ? Eh bien dans cette aventure on peut payer le prix fort qui est la vie.Le désert à perte de vue, le sable certainement chaud à cause du  soleil brulant, les groupes armés, les gros serpents du désert,  les scorpions aux piqures mortelles. Tout ce que montre nationale géo sur le désert et qui peut entrainer des cauchemars. Chapeau mes frères ! La mer, cette eau  qui s’étend  à perte de vue, l’affronter avec une pirogue ou un petit bateau à moteur quand je pense aux  requins, les grosses vagues, les tempêtes  franchement il faut être fou. C’est par milliers qu’ils meurent dans le désert de soif ou abandonnés par les passeurs. C’est par milliers qu’on repêche leurs cadavres dans la Méditerranée.

des migrants dans le dessert

Mais rien, ces jeunes africains ne sont pas découragés. Ils y vont  espérant braver tous ces obstacles et faire partie de ceux qui auront la chance d’atteindre l’Europe. La vie de Bengué , qui n’en rêve pas : tour Eiffel, Champs Elysées, MacDo, quoi que bon nombre de ces migrants n’y ont pas accès et sont obligés de faire face à une autre réalité. Désillusion !

Une fois qu’ils y sont en plus de vivre sur le dos du contribuable du pays hôte. Ils  n’oublient pas de dévoiler  leur comportement de  djoulabougou   qu’ils n’ont pas manqué de transporter avec eux dans leur bôrô3. Ils n’hésitent pas à défigurer l’allure de certains quartiers, le non-respect des règles. Et ça l’homme blanc n’aime pas. A Paris, l’on m’a montré un quartier que tous les blancs ont été obligé de quitter à cause du manque de savoir-vivre de ces migrants. On parle là de  ceux qui ont réussi à s’insérer d’une certaine manière dans le pays. Il y a également les « cousins » qui sont encore dans les camps pour migrants, Parait-il qu’ils sont très exigeants, sachant de leurs soi-disant  droits au point d’embarrasser leur hôte. Je ne vais surtout pas  oublier ceux qui n’ont pu quitter l’Afrique et dont leur rêve européen  a pris fin au pays  de Mouammar Kadhafi. Et dont les sévices que leur ont fait subir les Lybiens indignent  la planète entière  en ce moment.  Chapeau mes frères ! Il faut vraiment avoir envie d’aller en Europe pour tenter affronter tout ceci. Je pense bien que ces milliers de jeunes sont tous fous. Fous d’un lendemain meilleur,  fous de voir Bengué, fous d’avoir des conditions de vie idéales pour eux et leurs familles car dans leur pays, le rêve n’était plus possible. Sérieusement n’ont-ils pas conscience du danger qu’ils courent ?

Quand l’Europe riposte

L’homme blanc à la suite de ce phénomène  nouveau de migrants a décidé de se protéger ainsi que  sa descendance.

En fait, ils ont tout essayé pour décourager  ces  jeunes africains afin qu’ils ne parviennent pas à eux. Ils ont renforcé la police sur les côtes,  en haute mer, aux différentes frontières. Certains migrants racontent qu’en mer, lorsqu’ils avaient des difficultés, les bateaux ne les secouraient plus.  Ensuite il y a eu  l’emprisonnement de certains migrants. ; Puis le rapatriement. On entend dire même que certains pays européens finançaient des groupes armés dans le Maghreb pour infliger des sévices aux africains afin de les décourager. Mais rien, Ils y vont. Je pense que l’homme blanc doit se demander « c’est quoi cette race ? » une vraie peste.

Mais Le blanc n’a rien compris. Le noir est dans sa logique. La souffrance ne  lui fait pas peur.  Ces jeunes sont déterminés à y aller même au prix de leur vie. L’Europe ou rien. Il y a quelques temps,  j’avais entamé une campagne de sensibilisation sur l’immigration irrégulière à travers les publications que je faisais sur ma page facebook afin de décourager ces jeunes aventuriers. Un confrère est venu dans mon in box et m’a dit clairement : « quel est ce système dans lequel seul les blancs en bénéficient. Ce n’est pas juste nous iront tous profiter de cette vie en Europe. Nous avons contribué au développement de leur continent ». Eh oui, ce phénomène ne concerne pas forcement les sans-emploi et rejetés de la société. Des salariés et fonctionnaires laissaient leur travail pour y aller.

Son argument m’est venu en tête en écoutant  un peu les propos du ministre ivoirien de l’agriculture Mamadou Sangafowa lors du forum des affaires Afrique Europe qui a précédé  le 5eme sommet UE-UA. Dans un panel organisé sur la filière cacao en vue  de le développer afin qu’il soit pourvoyeur  d’emplois : «  tant que l’agriculteur ne recevra que 4%  de ce que paye le consommateur final  nous ne sommes pas encore dans l’équité. » En gros pour une  bonne plaquette de chocolat acheté au supermarché à 2000 Fcfa, le planteur ne touchait que 80 Fcfa. Doit-on comprendre que  l’Europe est  donc redevable à l’Afrique d’une certaine manière ?

Finis les roukasskass  des migrants

Tout le scenario mis en place par les jeunes africains  pour rejoindre l’Europe ne sera plus qu’un lointain souvenir bientôt. L’Europe a décidé de régler ce problème à la source. Il y a une urgence dans le camp européen. Oui, elle préfère prendre le taureau par les cornes pour éviter d’être submergée par ces migrants vu que les dirigeants africains semblent ne pas y parvenir. Ils en ont vraiment marre! Le président de la commission européenne Jean Claude Juncker a déclaré à la conférence de presse de clôture du sommet UE-UA à Abidjan : « L’Afrique est un  jeune continent. Nous accordons beaucoup d’importance aux jeunes raison pour laquelle nous allons utiliser le fond d’investissement extérieur de 44 milliards  pour assister sur place nos amis africains.»  Et d’ajouter cette  phrase qui va nous réjouir nous jeunes africains : «  pour les jeunes et les moins jeunes  il faut investir sur place pour donner du travail aux jeunes pour qu’ils puissent trouver leur bonheur  en Afrique. » victoooiiiiiiiire ! l’Eldorado tant convoité en Europe se déplace en Afrique !

Mais entre nous est-ce à l’Europe de venir trouver du boulot pour la jeunesse africaine alors que nos dirigeants clament leur maturité ?

Pauvre Afrique !

 

Bengué. Europe en argot ivoirien

Djoulabougou : terme utilisé pour définir les bas quartiers en argot ivoirien

bôrô: sac en malinké

roukasskass : chorégraphie effectuée dans le coupé-décalé, genre musicale ivoirien qui demande de la souplesse dans les membres

 


Les hôtels, mon métier et moi (2) : le nouveau départ

Après trois mois d’absence, Odonou Lucas est de retour à Abidjan. Il m’a appelé pour qu’on se voie. Honnêtement, vu la manière dont nous nous sommes séparés la dernière fois, je n’avais aucunement envie de revoir sa tronche. Mais face à son insistance, j’ai dû m’y résoudre. Après tout, l’erreur est humaine. Pourquoi pas un nouveau départ ?

Un autre rendez-vous est pris pour un nouveau départ. Mais cette fois, c’est moi qui dirige tout. J’ai pris soin de choisir un endroit autre qu’un hôtel. J’ai opté pour un glacier. J’adore les glaces, surtout celles au chocolat noir ! Comprenez-moi, au moins je peux me vanter avec 1.566.705 tonnes en 2016 d’être ressortissante du premier pays producteur mondial de cacao, cette matière première servant à faire le chocolat.

glace au chocolat: image pris sur le web

Pour ne pas avoir de surprise désagréable, j’ai fixé la rencontre à 17h, une heure raisonnable et j’étais là dix minutes plus tôt. A 16h58 minutes, Lucas fit son entrée dans le glacier. Il me salue d’un air timide avant de s’asseoir en face de moi. Je sentais une petite gêne dans ses yeux lorsque nos regards se croisaient. Du coup, j’ai essayé de détendre l’atmosphère en lui souhaitant la traditionnelle akwaba* avec un grand sourire. Mais c’était peine perdue : il avait toujours ce malaise sur son visage.D’ailleurs, il m’a avoué être à Babi* depuis deux semaines et c’est seulement maintenant qu’il a eu le courage de me contacter.

Je ne vous cache pas que j’aimais bien cette gêne dans son regard qui l’empêchait de me regarder droit dans les yeux. Ça m’amusait.En me remémorant la dernière séparation,  j’avais envie de rire.Lui se jouant le danhéré* avec son verre de whisky en main, attendant de profiter de la «marchandise» avec un air un peu hautain. Et là, je le retrouve en position de faiblesse devant moi ce soir… Huuuum !

Le passé c’est le passé

Au fait, je pense que vous avez le droit de savoir comment j’ai pu me sortir de cette situation humiliante d’il y a quelques mois. Bien évidemment je me suis jetée sur lui en le traitant de tous les noms … Non, je rigole.

J’étais tellement surprise par les événements qu’au lieu de me comporter comme une vraie femme en lui gueulant ou criant dessus et faisant du scandale, j’ai juste refermé la porte derrière moi, et me suis dirigée vers l’ascenseur tranquillement. Dans le taxi qui me ramenait à mon « entrer-coucher »,* mille et une questions me revenaient encore en tête. Comment a-t-il pu penser une chose pareille ?

Mais bon, c’était il y a trois mois, j’ai quand même eu le temps de digérer ce malentendu.Lucas n’as pas voulu tourner autour du pot et est allé droit au but après qu’il ait goûté au cocktail que la belle serveuse venait de lui déposer.

  • Je suis désolé pour ce qui s’est passé la dernière fois. En réalité je n’ai vraiment pas de mot juste pour te présenter mes excuses. Mais je tenais à le faire, je me disais que les mots viendraient tout seuls une fois en ta présence mais je pense qu’ils m’ont vraiment lâché.Pardon ! Avait balbutié Lucas.

J’ai pris le temps d’écouter son speech. A dire vrai, j’avais déjà tout digéré, j’étais là juste pour la forme.Mais j’avais l’occasion de lui poser la question qui me taraudait depuis tout ce temps.Je n’ai pas hésité:

  • Ok, mais je veux bien savoir comment vous avez pu pensez à une chose pareille à mon sujet ?
  • Je ne sais pas si j’ai manqué de discernement avec toi mais je trouve que les filles qui font le trottoir ne sont pas des professionnelles. Les vraies sont passées à une autre étape.
  • Elles ont des stratégies émergentes alors pour utiliser le terme en vogue? C’est ça ? Lui avais-je demandé.
  • (rire) Je ne vous apprends rien je suppose qu’avec votre métier, vous devriez le savoir. Mais te concernant je pense que j’ai tiré la mauvaise conclusion.

Lucas m’a raconté que mon comportement éveillait des soupçons. »Les préservatifs, le gel douche, ta présence dans des hôtels à des heures indues, ta manière de parler à voix basse. En faisant le rapprochement, Je me suis dit que tu m’envoyais un signal. » Avait-il précisé.

La gêne de mon interlocuteur disparaissait au fur et à mesure qu’il parlait. Il m’avoua que je lui avais tapé dans l’œil depuis le premier soir, d’où les phares braqués sur moi pour mieux me regarder.Mais il s’était également demandé de son côté comment je pouvais me prostituer au lieu de chercher un boulot raisonnable.

  • Et même si je le faisais vraiment, est-ce une raison de traiter une femme de la sorte ? «rassures toi,  tu seras payée. Peut-être même au-delà de tes espérances.» Ce n’est pas digne d’un gentleman bon enfin si tu l’es.

Lucas continuait son déballage, me précisant qu’il avait souvent pensé à moi depuis le soir devant la pharmacie.Il dit avoir été frustré par le fait que je l’évitais, raison pour laquelle il s’est comporté de la sorte avec moi.

-si les autres payaient pour coucher avec toi pourquoi me faire tourner en rond. Mais rassure toi, je ne m’étais jamais comporté ainsi avec une femme y compris  celles que je payent pour … Mais depuis je suis vraiment soulager que tu ne sois une P … Même si j’ai un peu honte je suis content de te revoir.

Mon interlocuteur avait beaucoup parlé et c’était à mon tour de lui dire quelque chose :

-J’accepte tes excuses. Et comme je te l’avais dit la dernière fois, je suis journaliste, raison pour laquelle je suis la plupart du temps dans les hôtels mais à des cérémonies. C’est à ces endroits qu’ont lieu les manifestations. J’en ai profité pour lui expliquer ce qui a fait la cause du quiproquo. J’ai donc mentionné que j’avais reçu les préservatifs suite à une visite que j’avais effectuée au CHU de Treichville. Concernant l’hôtel Tiama, je venais remettre de l’attiéké* à un confrère guinéen qui rentrait ce jour même chez lui et devait donc quitter l’hôtel à 8h pour l’aéroport : d’où ma présence à cette heure matinale pour qu’il ait le temps de les ranger. Pour le dernier appel, je sortais d’un dîner avec plusieurs autres confrères et le service de communication d’un ministre pour une future mission.

  • Autres préoccupations ? lui avais-je demandé avec un air moqueur
  • NON

Le nouveau départ

La conversation avait continué et puis nous avions commencé à discuter de tout et de rien comme si nous nous étions toujours  fréquentés. J’étais à ma 3ème  glace au chocolat en 1h. Subitement, je me suis rendue compte quand il riait qu’il avait une belle dentition. Je découvre aussi qu’il n’est pas mal comme mec.

Et puis, pendant que j’y pense, j’ai eu le temps de l’admirer véritablement lorsqu’il rentrait dans le glacier. En cinq secondes je l’avais passé au scanner. Il était tout frais comme s’il venait de prendre une douche. 1m96 environ, une petite couronne grisonnante montrant bien sa maturité. Sa masculinité s’affichait par un buste bien ferme. J’imaginais le nombre d’heures qu’il passait en salle pour avoir un tel corps. Aucune graisse au niveau du ventre.On était tous les deux détendus et nous tapions dans la main en discutant. Il m’apprit qu’il était veuf depuis 3 ans avec un petit garçon de 5 ans. Voilà maintenant trois heures que nous étions là et n’avions pas vraiment envie de nous séparer. Nous avions convenus de dîner ensemble dans quarante-huit heures.

Il parait que les vraies amitiés commencent toujours par une bagarre. J’aimerais savoir comment les vraies histoires d’amour commencent parce que nous en sommes déjà à deux bagarres en trois rencontres. Et apparemment ça commence à « coller » entre nous. Je pense que c’est un nouveau départ.

Fin !

 

*Akwaba : la bienvenue

*Attiéké : semoule de manioc

*Babi : Abidjan

*Entrer-coucher : studio à l’ancienne,sans toilettes ni cuisine

*Danhéré : dangereux en argot ivoirien


Les hôtels, mon métier et moi (1): confusion

les hôtels, j’y suis régulièrement pour des raisons professionnelles. J’ai souvent connu des situations embarrassantes dans l’exercice de mon métier : humiliation par une autorité, bousculade par un bodyguard,  mais je ne m’étais jamais   imaginée dans  celle la.

 Les hôtels et moi

Les Hôtels à Abidjan j’en connais assez ! J’y passe beaucoup de temps et surtout les grands de la ville. Tout s’y déroule : conférences, débats colloques  auxquels je dois nécessairement assister. Les hôtels sont   également les lieux indiqués pour mettre la main sur « les grands » du pays. Sur les 7 jours de la semaine je fréquente les hôtels au moins 5 jours et même parfois 6 /7. C’est bien sûr pour le boulot… J’oubliais de préciser, je ne suis pas hôtelière.

mon arsenal de travail

A part travailler dans  le domaine de l’hôtellerie, quel autre métier pourrait emmener une jeune femme à passer la claire partie de son temps dans un wottro*?
Cette question je suppose qu’ Odonou Lucas se l’ai posée sauf qu’il a dû  choisir la mauvaise réponse. Depuis notre première rencontre qui remonte à  plusieurs mois, nous n’avons vraiment pas eu le temps de nous revoir. D’ailleurs cette rencontre ne s’est pas faite de la meilleure des manières.

A la descente du boulot un soir, je fais un tour à la pharmacie pour prendre des cachets  à cause d’une migraine qui ne me lâchait pas depuis l’après-midi. Il fallait que je la traite pour ne pas avoir à me réveiller avec la douleur le lendemain matin.

Odounou Lucas, lui faisait sa manœuvre pour sortir du parking un peu fourni de la pharmacie à cette heure de pointe. Comme il n’éteignait pas ses phares qu’il avait braqués  sur moi depuis  un moment. Je me suis mise en colère et  l’ai menacé avant de rentrer dans l’officine.

 La fausse baoulé

10 min après, alors que je ressortais de la pharmacie une voiture me klaxonna dessus avant de me faire signe de m’arrêter. Mon dammage* à pousser le véhicule à  me dépasser puis garer un peu plus  loin devant moi. Le conducteur attendait que j’arrive à son niveau. Dès que j’atteignis la voiture, le mec ouvre la portière, descend  de la voiture et se présente. Surprise par son geste, je m’arrête un instant avant de décliner mon identité. Mais lui semble étonné quand je dis mon nom et le répète :
-Yao Raïssa ?
-Oui … mon nom   vous pose problème ?
-Non, mais si vous êtes originaire du centre de la Cote d’Ivoire, je pense sincèrement que vous n’avez pas l’attitude d’une  femme baoulé.
-Ah bon ?
D’après son explication bien que j’ai un nom du centre du pays, je n’ai pas le tempérament doux et calme qui caractérise les femmes de cette région. J’avais plutôt celui de celles de l’ouest du pays, un tempérament chaud. En sus, il estime que  mon prénom   «  a une consonance nordiste » avait-il ajouté.

En fait  Odonou Lucas  n’est pas ivoirien. Il est d’origine béninoise. Cependant il avait fait  son collège à Divo dans l’ouest du pays. Son second cycle, il le fait  à Yamoussoukro dans la capitale politique ivoirienne. Il a donc côtoyé le peuple baoulé auquel j’appartiens et confirme que c’est un peuple facile  et accueillant quant aux femmes, il atteste leur douceur et leur calme. Alors pourquoi cette agressivité  de ma part? m’interrogea-t-il
-Je suis l’exception qui confirme la règle. Lui avais-je répondu…

Notre conversation avait donc pris fin sur l’échange des numéros et depuis, Nous nous sommes contentés de communiquer via le téléphone ou encore les réseaux sociaux à cause des emplois du temps qui ne concordaient pas donc difficile de se revoir.

Le sac au contenu douteux

Au fait, pendant notre courte discussion, en voulant ranger le médicament que j’avais en main, mon sac qui n’était pas fermé tomba aux pieds de mon interlocuteur et le contenu se vida laissant paraitre plusieurs préservatifs qui s’éparpillaient sur le sol.  J’avais également un gel douche d’un hôtel dans mes affaires … La honte !

le sac au contenu douteux

Je les ramassai et les remis tous dans mon sac tout en évitant le regard surpris de l’interlocuteur qui venait d’étouffer un cri. Heureusement que la conversation ne prit pas beaucoup de temps.
Deux jours après notre rencontre mon nouvel ami  m’appelle à 7h du matin pour prendre de mes nouvelles. » Je suis à l’hôtel Tiama. Peux-tu me rappeler plus tard » Lui avais-je répondu  à voix basse. Pour le second appel, il était 22h. Après les salutations je lui dis tout doucement que je le  rappellerai incessamment parce qu’étant à l’hôtel « bellecote ». Quant au  3ème  appel après notre rencontre, c’est moi qui l’ai émis pour lui présenter mes excuses de n’avoir pas pu le joindre la veille alors que je hélais un taxi. Mon interlocuteur a donc entendu à l’autre bout du fil quand  je parlais au taximan.   » Résidence Koriet ». Le même soir il m’envoya un sms pour me demander  de lui indiquer un hôtel  en zone4 ou il  avait un rendez-vous, ce que je fis brillamment.

Quiproquo !

Après plusieurs rendez-vous qui n’ont pu se concrétiser, Lucas m’annonce qu’il part en voyage pour une longue période et aimerait que malgré nos plannings chargés, que nous nous voyions avant son départ, j’accepte de faire ce sacrifice.
La rencontre est donc prévue au café d’un  hôtel, que je connais d’ailleurs.  eh oui, encore un hôtel. Sauf que j’arrive avec 30min de retard. Quand j’appelle  Lucas pour lui faire part de ma présence, il me demande de le rejoindre au 3ème  étage parce qu’il était monté pour passer un coup de fil important vu qu’il m’avait assez attendu. Sans arrière-pensée, je suis ses instructions… Je monte au numéro de chambre indiqué. Il m’avait précisé qu’elle n’était pas fermée et que je pouvais rentrer sans frapper. Mais lorsque je pousse  la porte  déjà entrouverte,  je me retrouve  nez à nez avec Lucas tout nu, sirotant un verre de whisky. Toute confuse mon premier réflexe est de ressortir  tout en lui présentant mes excuses.
–  Je suis vraiment désolée….
–  Non reste ! Je t’attendais ainsi c’était pour ne pas qu’on perde du temps. J’ai un avion à prendre tout à l’heure.
-Qu’on gagne du temps ? Pour quoi ? Et pourquoi êtes-vous nu comme un ver de terre ?
-Attends, rassure toi,  tu seras payée. Peut-être même au-delà de tes espérances. Ton enveloppe est déjà  sur la table.
-Quoi ? Vous plaisantez j’espère. Payer à quoi faire ?  Vous pensez que je suis une prostituée ?

D’un air ébahi, il me regarda quelques secondes avant de redescendre sur terre.

-Merde ! Je me trompe ? me demanda-t-il

-Oui ! Et sur toute la ligne d’ailleurs. Je suis JOURNALISTE….

 

…La suite dans le prochain billet.

 

*wottro : hôtel en argot ivoirien

*dammage : ignorer en argot ivoirien


Lutte contre le Franc CFA : Kémi Seba marque son coup !

 

kemi Seba brulant un billet de 5000 f cfa à Dakar le 19 août

Arrêté le 25 août dernier à son domicile  à Dakar pour avoir brulé un billet de 5000 franc cfa lors d’un meeting, le panafricaniste Kemi Seba a été relaxé ce 29 Aout .Il encourait au moins 5 ans de prison pour cet acte qui restera gravé à jamais dans l’histoire.

Kemi Seba, le billet de 5000 fcfa et le briquet

Kemi Seba  a  marqué un gros coup dans son combat contre le franc Cfa et son objectif j’en suis sûre a été atteint. En consumant un billet de 5000 f cfa le 19 août  2017 à l’aide d’un briquet  devant le monde entier, il avait bien ficelé son coup. Le choix de la ville, Dakar ! Reconnaissons que brûler un billet de banque dans la capitale qui abrite le siège de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), garant de cette monnaie est vraiment de la provocation. Il aurait fallu être un lâche pour ne pas y répondre.  Et vous avez bien constaté que la BCEAO ne l’est pas. Son acte ! Enflammer  un billet de  banque auquel l’on attribue un caractère spirituel et culturel  sur un continent ou des milliers de personnes ont du mal à s’assurer un repas quotidien ; avouons que c’est choquant. Pourtant  Kemi Seba l’a fait.

Le coup de pouce de la BCEAO

En quelques heures le geste du franco-beninois a fait le tour du monde via les réseaux sociaux rouvrant les discussions sur « l’avenir » du franc Cfa. Le débat atteint son apothéose lorsque Kemi se fait arrêter suite à une plainte de la BCEAO.  A ce moment-là ; même les bobo* du net se sont prononcés sur la question. Chacun y allait de son interprétation et de son commentaire. « Détruire un billet de banque n’est pas considéré comme une destruction de bien d’autrui, car le billet appartient à son porteur et non à la banque » a déclaré Toussaint Alain un autre panafricaniste.

En plus il ne sera pas le premier à avoir effectué cet acte. En 1984, Serges Gainsboug, chanteur français, brule un billet de 500 francs en pleine émission télévisée pour protester contre l’impérialisme .Nelson Mandela a également eu recours au feu pour bruler en 1952 son passeport pour dénoncer le fait que l’apartheid montrait les noirs comme des citoyens de seconde zone. C’était des gestes symboliques.

En plein dans le mille

Colloques, séminaires, conférences sont organisés depuis plusieurs années  par certains  panafricanistes  en Afrique mais aussi en Europe afin de susciter l’abandon du FCFA. L’argument majeur : l’Afrique ne sera véritablement indépendante que si et seulement si, elle se séparait de cette monnaie coloniale. Mais rien ! D’ailleurs les chefs d’Etat africain affirmaient il y a quelque mois à Abidjan lors d’un sommet de l’UEMOA que le franc Cfa se portait bien parce qu’arrimé à l’euro.

70 ans qu’existe le FCFA alors que les pays l’utilisant ont au moins 50 ans d’indépendance. Quant au franc français auquel il était arrimé, il a disparu laissant place à l’euro mais le franc CFA demeure. Il a vraiment la peau dure.

Malgré les nombreux efforts des «  anti-Cfa », il a fallu le geste de Kemi Seba prennant un briquet et enflammant ce billet vert pour que le débat quitte le rang des économistes, panafricanistes et s’étende à la grande majorité des « héritiers » de cette monnaie : la jeunesse africaine.

 OKLM* le panafricaniste.

Apres 4 jours de détention, Kemi Seba a été relaxé le 29 Aout, après avoir demandé pardon lors de son plaidoyer pour l’acte qu’il avait commis. Certains disent qu’il est faible et qu’il aurait pu faire la prison pour être un héros au lieu de se remettre en cause. Mais à quoi bon ?  Il y a un proverbe baoulé* qui dit «   l’eau versée  ne peut être  ramassée ». Kemi a versé l’eau, par son geste, mais ne puis  la ramasser parce que déjà fait. Cependant, il a demandé pardon,  a été relaxé et  son message est passé. Il  a obtenu gain de cause.

Il était conscient de ne rien changer sur  le champ. De toute façon seul face au système il ne pouvait rien. Mais  choquer le nègre pour une prise de conscience il l’a réussi. Le débat a connu une avancée. Une chose est Claire après cette vague de  vieux  présidents africains au pouvoir, considérés comme  des  » préfets de la France  » le franc cfa disparaitra certainement. Mais je retiens la chute de l’analyse d’un confrère journaliste  « sachons nos priorités et le vrai combat. Celui contre le CFA est une bataille noble mais qui ne vient pas à son heure. Il y a de grandes batailles à gagner d’abord ».

Kemi Seba.. Chapeau pour ton courage !

  • bobo: muet en argot ivoirien
  • OKLM: au calme


L’école ivoirienne se meurt

L’école ivoirienne se meurt.Des élèves en classe de 3eme ont  indiqué la profession qu’ils aimeraient exercer à la fin de leurs études. C’est scandaleux !

 

Des images qui circulent sur le net  en ce moment sont de nature à couper le souffle. J’ignore la période à laquelle elles ont été prises ni pourquoi elles sont publiées en pleines vacances scolaires mais  «  ya problème »*

Les failles de l’école ivoirienne

Des élèves en classe de 3ème ont renseigné dans un formulaire  leur profession de rêve après leur études: « cecretaire de banque, insustrice , infirmieur , pillôte, espect compatble , jean d’arme, edicatrice ,gandarme , contable,  Au teste de l’air »  … Je m’arrête là pour ne pas avoir à vous donner la migraine. Vous aurez compris que ces élèves  voulaient plutôt dire : secrétaire, institutrice, infirmier, pilote, expert comptable, gendarme, hôtesse de l’air …

professions envisagées par les élèves de 3ème

L’école ivoirienne est dans un coma cérébral. La dernière étude économique de la banque mondiale sur la Côte d ’Ivoire en février 2017 a révélé de nombreuses défaillances dans le système éducatif ivoirien. L’étude note : Fort taux de redoublement, faible taux d’enfants scolarisés, très faible niveau des élèves en mathématiques comme en  français  ce qui signifie qu’ils ne seront ni littéraires, ni scientifiques comme on aime le dire au second cycle. Les adolescents ne fréquentent pas suffisamment l’école  secondaire … le fort taux d’abandon et de redoublement des élèves, le fait que les élèves ne sachent pas lire, ni compter convenablement à la fin de l’école primaire.

 

 

L’émergence menacée…

Une amie d’enfance, aujourd’hui professeur de lycée m’a confié que ces enfants « arrivent au collège sans qu’ils ne sachent véritablement écrire leurs noms. Pis, plusieurs d’entre eux ne savent pas écrire. » Elle a  confessé avoir même la migraine après avoir corrigé leurs devoirs. «  Leurs copies sont illisibles » m’a t-elle confié désespéré. Elle était simplement scandalisée.

Cette étude  précisait  également qu’il serait  difficile pour la Cote d’Ivoire  de compter sur ce capital humain pour atteindre l’émergence. D’ailleurs sur un classement de 178 pays concernant le développement du capital humain, le pays occupait la 172ème  place.

Francis Ndem, spécialiste de l’éducation de la Banque Mondiale  avait donc préconisé une performance des enseignants, améliorer le système des subventions des écoles privées et une amélioration des dépenses publiques au sein du secteur de l’éducation qui parait indispensable.

D’un autre côte, Kandia Camara la ministre de l’éducation nationale n’a pas caché sa stupeur face à cette étude. Cependant elle a  indiqué que les efforts du gouvernement dans le domaine de l’éducation sont énormes. « Le pays y investit 5% de son PIB ,  en donnant du matériel nécessaire. Le salaire des enseignants a été doublé pour les motiver ».  

Apres ces résultats, elle a multiplié réunions, discussions, entretiens avec ses collaborateurs. Elle avait  même prévu de rassembler tous les acteurs du système éducatif lors d’un séminaire que son ministère comptait dans  les mois à venir organiser  ( je ne sais s’il a eu lieu ) afin de trouver des solutions idoines à l’école ivoirienne qui se meurt.

Les réformes du siècle !

Après toutes ces consultations, la ministre donnait deux mois, plus tard en avril les reformes pour la rentrée scolaire 2017- 2018 censées contribuer à sauver l’école ivoirienne. Apprécions ensemble :

Les enfants en classe de CP1, CE1, et CM1 passent automatiquement en classe supérieure. Pour ceux de CP2 et CE2, l’enfant passe si sa moyenne générale annuelle  (MGA) est supérieure ou égale à 4/10. Quant au secondaire, les élèves de la 6eme a la 3eme, il faut 9/20 pour aller en classe supérieure.

Dites moi,  la ministre, elle est sérieuse ? Parce que moi avec ces réformes là,  je vois la Cote d’ivoire être 178ème / 178 lors du prochain classement sur le développement du capital humain. Et vous ?

 


Que se passe-t-il, la nuit, au village de la Francophonie ?

Le village de la Francophonie héberge tous les athlètes et tous les artistes des différents pays francophones participants aux compétitions. Une ville dans la ville dans laquelle se côtoient une myriade de nationalités. Mais qui dit ville dit commerce et lieux de divertissements, je suis allée faire un tour pour voir comment ce village vit la nuit.

Vous vous imaginez certainement l’ambiance qui règne au village de la francophonie pendant la journée. Entrainements, répétitions, séances de mise à niveau, voire massages. Mais qui dit nuit abidjanaise, dit village ambiancé.

19h !

J’arrive donc à  l’institut national de la jeunesse et des sports (INJS) dans la commune de Marcory. C’est le vendredi, debut de week-end et la plupart des compétitions sont terminées. Une forte musique m’accueille dès mon entrée. Le village grouille de monde. Des allées et venues dans tous les sens. Des cris de joies et de victoires pour ceux qui sont déjà médaillés mais également ceux qui viennent d’être qualifiés ce jour même pour la finale dans leur discipline, commentaires sur les prestations, accolades.

A peine la sécurité passée que deux stands attirent mon attention. On y fait de la sensibilisation sur le sida et bien sûr la distribution de préservatifs. Ils ont été installés par le ministère de la jeunesse  de l’emploi et du  service civique juste devant le restaurant un endroit fréquenté par tous. Selon la gérante de l’un des stands, son box est sollicité par «  tout le monde ». Athlètes, bénévoles, coach responsable. Chacun vient s’y ravitailler. D’ailleurs j’y croise un responsable gabonais venu s’approvisionner: «  on ne sait jamais il faut toujours être prêt ». Sur 10 cartouches comprenant 150 capotes, la responsable du stand en a déjà distribué 7 depuis l’ouverture de son stand le lundi 24. Du coté du restaurant, les allés et venues continues il est ouvert de 18h à 23 H. chacun y va à son rythme.

Nuit de sport

A quelque mètre de la, un match de foot est improvisé. Les sportifs paralympiques toute discipline et nationalité confondu jouent en toute fraternité. Bruno Yalimmende, Directeur Technique de la  Centrafrique, supervise de loin

«  après une compétition de ce genre, il faut se distraire pour évacuer le stress.  Qu’on ait gagné ou pas, il faut s’amuser un peu parce qu’en  sport il y a toujours un gagnant et un perdant »

Un peu plus loin, le terrain de basket. Alors qu’une partie est occupée par un groupe pour un match amical, l’autre sert au tournage d’un documentaire sur le hip hop. A quelque mètre de là, un spectacle est en cours, le chœur réceptionniste, égaye « les villageois ».  Selon le juddoka burkinabé Erick Sawadogo « ces concerts existent dans le village depuis le lundi, ce qui leur permet de se détendre les soirs »

Des spectateurs un peu dispersés mais concentrés sur le spectacle. Parmi eux la délégation roumaine se fait remarquer de par sa chorégraphie.

Peu après, une démonstration de mapouka faite par le groupe ivoirien nikissaff k dance met la foule en ébullition.

 

21H

Le mini marché « citydia »  est encore ouvert  les sportifs y entrent et sortent avec de quoi grignoter surtout. Il reste ouvert une bonne partie de la nuit. «  L’idée pour nous était de fonctionner 24/24 au niveau du village » cependant les réalités du terrain ne favorisant pas cette option, nous ouvrons de 9h a minuit » explique  Sékou Kone le responsable de communication.

Comme le mini market, les autres commerces, restent également  ouvert jusque tard dans la nuit. Kouma Patricia vendeuse de bijoux  explique qu’«  ici nous ne dormons pas,  il y a des clients jusqu’à 1h du matin. En général c’est à 2h du matin que nous fermons ».

Dans les différents quartiers attribués aux délégations, seuls quelques personnes discutent devant les chambres. Devant le pavillon du Burkina Faso, un *grin s’est formé et l’on partage le thé entre compatriote :

«  les jeux n’auraient pas de sens sans ces rencontres entre amis les soirs. »  Et de préciser que  tout l’équipement pour le thé a été transporté depuis le burkina.

En cherchant le bar du village, je tombe sur des policiers avec lesquels j’échange sur l’heure à laquelle le village dort véritablement :

« ici, les nuits sont longues, jusqu’à 2h du matin, nous avons encore des délégations dehors. Le vrai calme au village c’est à 3h du matin tous les jours.»

23h

Je découvre enfin les makis du village. Le nombre de personnes y est important. Je décide  de rester sage et de rentrer me coucher. En sortant du village je cherche les navettes, un  policier m’arrête net devant l’entrée de la gare des bus « désolé, madame, il n’y a plus  de navette. Elles ont stationné depuis 22h »

Mince ! Qu’est-ce que je fais ?

[alert type= »info » dismiss= »yes »] Grin : ensemble de personne d’une même génération [/alert]

 

 


Ma première fois avec les marionnettes

Il a fallu les jeux de la francophonie à Abidjan pour que j’assiste à mon premier spectacle de marionnettes géantes. J’ai kiffé ! Les êtres géants, les couleurs, la peur de voir le marionnettiste tomber à l’exécution de certains mouvements, les déguisements …

L’égoïsme ne fait pas partie de mon vocabulaire, je partage  donc avec vous mon expérience, en particulier la prestation de l’équipe ivoirienne.

[alert type= »success » dismiss= »no »]Résumé :

Une bulle bleue venue de nulle part renferme la terre, les êtres vivants, l’univers…. En elle, nait une discorde du fait de la diversité de ses composantes. 1000 langues ! 1000 cultures ! Nul ne pouvait comprendre l’autre ou du moins personne ne prenait la peine d’écouter l’autre. Méfiance !  Chacun voyait en l’autre un ennemi. Ils se regardaient tous en chien de faïence.

Les querelles chroniques et l’atmosphère de division qui y règnent entrainent le déséquilibre dans la bulle qui court à la dérive. Vite… Il faut donc réagir pour sauver le bien commun. Les locataires de la bulle décident de trouver un consensus afin d’éviter le pire. D’où le concept du « asseyons nous et discutons ». Mais comment est-ce possible alors que chacun s’exprime dans son dialecte ?

La bulle bleue incarnée par une tête humaine avec toutes ces constituantes que sont le nez, la bouche, les oreilles, les yeux reflète  la diversité à l’intérieur de la bulle. Ces différents organes décident de trouver un accord  afin de continuer leur cohabitation. La solution est vite trouvée : le vivre ensemble malgré tout.

[/alert]

Libres Ensemble

Vivre ensemble malgré les différences ethniques ! Libres ensemble malgré les opinions diverses ! C’est le message véhiculé par l’académie ivoire marionnettes lors de son passage au spectacle des marionnettes  géantes ce 25 juillet à l’espace canal aux bois.

Selon Yéplé Toussaint porte-parole du groupe  académie ivoire marionnettes,  la pièce  dénommée « excellence » reflète exactement les jeux  de la francophonie qui se tiennent en ce moment à Abidjan mais aussi  le concept de la francophonie au sein  duquel une multitude de race, de langues, de cultures, se retrouvent.

Au delà du beau spectacle que j’ai pu découvrir, cette représentation m’a donné à réfléchir. En fait la bulle m’a fait penser à un pays situé à l’ouest de l’Afrique qui avec ses 26 millions d’habitants accueille en ce moment plusieurs autres états pour un événement qui a lieu tous les 4 ans. Ce pays aurait du être une nation, une vraie d’ailleurs. Sauf que contrairement aux marionnettes de la bulle qui ont pris le temps de s’écouter, de se parler et de s’entendre, les ressortissants de ce petit pays n’ont pas encore pu trouver un accord.

Et vous à quoi vous fait penser la bulle bleue ?

 

 


Les contes fascinent encore…

Massaboulou ! Massaboulou !

Depuis le fond de la salle Moussa Ballo, conteur guinéen, vêtu d’un boubou de dozo*, tchèkerer* en main, fait son entrée sur scène en chantonnant. Son public, déjà impatient, le cherche du regard. Sur la scène, l’instrumentiste derrière son balafon se laisse bercer par Morphée. Une fois sur le podium, alors qu’il doit raconter son histoire, le conteur constate que son acolyte dort. Alors il faut le réveiller !

Moussa avoue qu’il ne peut le faire sans la complicité de son public. L’auditoire est donc sollicité à prononcer la seconde partie du mot magique une fois que le conteur aura entonné la première.

-Massaboulou !
-(l’auditoire) Ahooooo

Le décor est enfin planté. Le conte peut commencer…

Avec un public constitué d’enfants et d’adultes, la salle pleine, hurle pour donner son approbation. Ce soir le conteur est en compétition avec quatre autres pays dont le Canada et la RD Congo.

La tradition africaine est orale. En Afrique, l’Histoire se transmet par des chants, des danses mais surtout par les contes qui constituent l’un des canaux les plus importants qu’utilisent les anciens pour transmettre les coutumes à leurs descendants.

Des moralités qui éduquent…

Chants, danses, mimes, applaudissements, tam-tam… A l’époque, (c’est ce que les personnes âgées disent) le conte était le moment privilégié de distraction mais également d’enseignement des valeurs aux jeunes générations. On y tire des moralités qui éduquent. Dans certaines régions et contrées, cette tache est dévolue aux griots, une caste qui a l’art de la parole et qui la transmet de génération en génération.
Pour le premier jour de conte, ce 23 juillet, Bamba Sita secrétaire de direction a profité de son dimanche pour emmener ses enfants voir la séance :

«  Nous n’avons plus le temps de leur raconter des histoires à l’ancienne à la maison. J’ai envoyé mes filles afin qu’elles puissent s’imprégner des nos réalités africaines. »

Mère de 3 filles, le conte est la seule activité qui l’intéresse à ces VIIIes jeux.
Marie-Paule , 8 ans, qui assiste pour la première fois à ce type de spectacle explique qu’elle est fascinée par le conteur :

« J’ai trouvé  cela amusant surtout les chants pendant qu’il racontait mais également la manière de danser »

Wenceslas le timide, conteur togolais professionnel depuis 17 ans, arrive pour la première fois en Cote d’Ivoire :

« Le public est génial. Ils répondent bien. Parce que ce qui donne la pêche au conteur c’est lorsqu’il y a une communication automatique avec le public, il reprend confiance et peut donner le meilleur de lui-meme, et c’est ce qui vient de se passer »

Pour lui les jeux de la francophonie sont une opportunité pour se faire connaître à l’international.
Il n’y a pas de feu, comme cela se faisait dans le village, pas d’igname ou banane rôti à partager pour dégustation pendant le conte mais l’ambiance est là. Tous étaient contents d’être libres ensemble malgré la diversité.

[alert type= »info » dismiss= »no »]* Tchèkerer: calebasse africaine, recouvert de filet avec des colliers qui fait du buit
*Dozo : chasseur traditionnel[/alert]

 


#abidjan2017 : des chauffeurs de taxi en colère

La sécurisation des VIIIème jeux de la francophonie qui a ouvert ses portes à Abidjan le 21 juillet et ce jusqu’au 31 du mois fait grincer quelques dents dans la capitale économique ivoirienne. Abidjan est sens dessus-dessous et plusieurs stratégies sont mises en place  pour assurer la sécurité des participants et donner fière allure à la ville.

Malgré le grand nombre de visiteurs sur les bords de la lagune Ebrié qui constituent des clients potentiels pour eux, les chauffeurs de taxi semblent ne pas trouver leur compte. La suppression de certaines gares de taxi et l’interdiction de stationner ne sont pas faites pour arranger les affaires. Koné Adama, chauffeur de taxi, ce 22 juillet :

« C’est vraiment énervant ! Nous ne pouvons plus travailler. Nous n’avons le droit de stationner nulle part pour prendre un client parce que les  forces de l’ordre nous l’interdisent. Doit-on arrêter de travailler pour nourrir nos familles parce qu’il y a les jeux de la francophonie ? »  

Selon ses dires, il tourne depuis quelques jours dans la zone sud d’Abidjan où se trouvent plusieurs sites dédiés aux jeux de la francophonie espérant avoir plus de clients. Cependant il dit se heurter à chaque fois aux forces de l’ordre. Cissé Amidou vit également la même situation :

« Nous sommes censés gagner un peu plus en cette période où Abidjan est plein de touristes. Nous voulons aussi en profiter mais les policiers nous empêchent de stationner aux endroits où les événements se déroulent. Finalement on ne sait plus quoi faire…»

Ces taximan dénoncent tous l’excès de zèle des forces de l’ordre qui selon eux constituent un obstacle à leur travail.

Excès de zèle

Drissa Kamagaté a lui été interpelé à  trois reprises par les policiers rien que dans la journée  du 21 juillet. Ces derniers menaçaient à chaque fois de  lui retirer son permis de conduire.

« En plus s’ils le prennent je vais devoir payer pour le récupérer » lance-il. Pour lui c’est une autre occasion pour ces forces de l’ordre de leur prendre des sous. « Ils sont payés pour ces jours-là mais veulent se débrouiller pour nous racketter ».

Du coté des taxis communaux et intercommunaux, la situation est la même. Georges Gueu chauffeur de *woro-woro dans la commune de Cocody affirme que depuis le début de la semaine il est difficile pour lui de s’arrêter à chaque carrefour comme il le faisait auparavant pour prendre des clients. Il lui arrive donc de faire de longues distances sans prendre de clients ; ce qui selon lui aura un impact négatif sur sa recette journalière. De quoi le mettre en colère. Cette fureur de conducteur, Viviane Abeba a failli en payer les frais le 20 juillet après que les forces de l’ordre aient déguerpis les gares de taxis communaux au grand carrefour de Koumassi.

«  J’ai manqué de me faire lyncher par les chauffeurs de wôrô- wôrô et chargeurs de véhicules qui m’ont menacé juste parce que j’avais mis un tee-shirt a l’effigie de la francophonie. »   Elle explique que les conducteurs et leurs adjoints tenaient à défouler leur colère sur elle au motif que les jeux de la francophonie étaient la cause de leur souci- quoique ce soit une partie de la chaussée qu’ils utilisaient comme gare ce qui favorisait des embouteillages monstres. Mais pour Ladji Harouna venu du Niger et usager de taxi le dispositif est compréhensible «  pour une manifestation de cette envergure, on comprend que le dispositif sécuritaire soit ainsi. »

Périmètre de sécurité

Interrogé sur la raison pour laquelle les taxis n’étaient pas autorisés a stationner près des sites réservés à la francophonie K. A agent du CRS II explique :

« c’est le périmètre de sécurité qui a été défini. C’est pour votre propre sécurité ainsi que celle des jeux. Nous ne savons pas ce qu’un véhicule qui stationne peut transporter ».

En sus il mentionne le désordre que ces chauffeurs créent à chaque fois qu’ils s’arrêtent. Quant à son supérieur L.S il affirme :

« Nous sommes désolés pour le désagrément mais il va falloir vous armer de courage car cela risque de s’accentuer ».

[alert type= »info » dismiss= »yes »] *worô-wôrô : taxi communal[/alert]


Accès à l’information publique : l’UNBCI à l’école de la CAIDP

Le blogging est un baromètre de  démocratie.  En vue de former les blogueurs sur ses activités  et ses prérogatives, la Commission d’accès à l’information d’intérêt public et aux documents publics (CAIDP) a organisé un débat  le 1er juillet dernier avec l’Union Nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire (UNBCI). Les échanges ont porté sur le thème  «  accès à l’information publique : un moyen de contrôle citoyen ».

le cliché après la fin des travaux
photo de famille entre les membres de la CAIDP et l’UNBCI

 

«  Quelle administration en Côte d’Ivoire répond à un  courrier ? » Telle est la question posée par un journaliste  qui dans l’exercice de sa fonction s’est à maintes reprises heurté aux refus de plusieurs organismes publics de lui donner une information  ou même à l’abstention de ceux-ci de répondre aux courriers qu’il leurs  adressait. Son intervention survient suite au  relais fait sur les réseaux sociaux de la rencontre CAIDP-UNBCI par les blogueurs. Une autre s’interrogeait sur la mise  « à  disposition des citoyens surtout dans les villages, du programme ou des missions qui attendent les élus  locaux de sortent que ces citoyens puissent contrôler les actions de leurs élus ? »

Selon Ballet –N’Guessan responsable juridique de la CAIDP tout citoyen a droit à l’information publique et aux documents publics, cependant l’obtention de ces information doit se faire sous demande écrite à la  plus haute responsable de l’institution administration concernée. Il a spécifié que le délai de réponse est de 30 jours pour le citoyen ordinaire et de 15 jours pour les journalistes. Il précise en outre qu’en cas de refus ou d’expiration du délai indiqué, le citoyen a le  droit de faire un recours au niveau de la CAIDP qui reprendra le dossier en main. Cependant il mentionne que  « les différents recours de rejet de demande à l’information publique sont apprécies au cas par cas au niveau de la caidp »

Concernant la seconde question Koné Mamadou  le secrétaire General explique que son  l’institution avait l’intention de faire le tour du pays afin de vulgariser la loi à l’accès à l’information et sensibiliser les populations. «  Elle aurait pu se faire cette année mais  nous  avons fait face à une contrainte budgétaire ».

Et de préciser «  faites-nous confiance… notre rôle est de veiller à l’application de cette loi. »

La CAIDP tire sa légitimé de la  Loi N° 2013-867 du 23 décembre 2013 relative à l’accès à l’information d’intérêt public.  L’article 6 du chapitre 2 mentionne  « les documents publics sont communicable, notamment les dossiers, rapports, étude, document d’orientation ou de politique publique, compte rendus, procès-verbaux, statistique, directives instructions, circulaire, notes de service, avis, prévision, décidions et réponses ministérielles qui comportent une interprétation des procédures administratives » 

C’est une est autorité administrative indépendante qui a pour mission notamment de s’assurer du respect par les organismes publics, du droit des personnes d’accéder sans discrimination aux informations et aux documents d’intérêt public – de la conservation et de la gestion de leurs données par les organismes publics de manière à favoriser l’exercice du droit des personnes,  d’accéder a l’information d’intérêt public.

Quant à Moussa Bamba président de l’Union Nationale des blogueurs de Cote d’Ivoire, association qui a pour but de promouvoir le blogging en Côte d’Ivoire, il soutient qu’il est important que ses membres soient bien informés, bien renseignés afin de mener à bien leur activité  qui consiste d’une part à véhiculer l’information via les réseaux sociaux. Ainsi, cette formation « vient à point nommé dans la mesure où elle nous oriente sur les recours que nous avons pour pouvoir accéder à l’information juste, à l’information publique » a-t-il indiqué


Paris -Abidjan : un pont nous est né

Centre culturel français d’Abidjan ! La dernière fois que j’y avais mis les pieds, c’était il y a 3 ans. Je devais  remplir les formalités d’usage en vue de faire des études de journalisme en France. Campus France la structure  chargée d’orienter les étudiants dans ce cas,  y avait ses locaux.

Apres deux refus de visa sans motivation, malgré la bourse d’étude que je possédais , j’avais résolu   frustrée  comme jamais  de briser de manière unilatérale l’alliance qui « nous » (les baoulés)*  lie à la France. ALLIANCE, oui parce que naturellement en pays baoulé, on considère qu’il y a une alliance entre le blanc précisément le français et  ce peuple. Pour le développement de ce  volet, affaire à suivre…

Et donc, pour m’avoir refusé ce visa, j’avais « couper l’igname » avec la France  parce qu’elle venait de briser mon plus grand rêve à cette époque .

De ce fait j’avais décidé de ne plus mettre les pieds a ses deux endroits : ni au Centre culturel Français, ni a l’ambassade de France, encore moins y faire une quelconque demande. Eh oui j’avais la rage là !

De passage  dans la commune du Plateau où se trouvent  ces établissements , J’évite de les regarder et même de passer devant.  Ridicule peut être mais c’était ma manière à moi de manifester mon mécontentement.

Mais pour raison professionnelle, j’étais obligé ce 31 octobre, 3 ans après  le divorce   de remettre les pieds dans ce centre culturel français. Et  là,  J’ai failli ne pas reconnaitre l’endroit… Waou ! Il avait tellement changé.

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Comme un jeune amoureux qui revoyait sa dulcinée radieuse après une dispute, ma colère venait de tomber subitement.  En voyant cette nouvelle bâtisse, mon « goumin » venait de disparaitre.

Depuis la clôture en passant par le hall tout avait été renouvelé. Plusieurs salles avaient été construites . Et  la bibliothèque toujours bien garnie. C’était la plus grande de la sous région. J’étais vraiment épatée. J’avais désormais affaire à l’institut français d’Abidjan.

D’ailleurs c’est pour son inauguration en tant qu’institut français que j’avais fait  la queue  plus d’une  heure. Et cela devrait se faire par le premier ministre français Manuel Valls présent à Abidjan quelques jours auparavant.

«  C’est  le cœur de la France qui bat à nouveau en Cote d’Ivoire…Il faut bâtir un pont entre l’Afrique et l’Europe et ce pont c’est la culture, c’est l’institut français » a déclaré le premier ministre français.

Il a également souhaité que les étudiants africains partent faire des semestres en Europe et vice versa. Et de préciser que depuis sa nomination en tant que premier ministre en 2012, tout était mis en œuvre pour  « lever les  obstacles absurdes qui entravaient la venue d’étudiants étrangers  en France et en particulier celle des étudiants africains »

 Bref j’ai passé cette étape. Et comme-ci j’avais vraiment passé l’éponge sur tout, j’ai également fait une nouvelle demande de visa le 4 novembre dernier et cette fois  pas en tant qu’étudiante mais  touriste.

De retour de Madagascar, où se tiennent les 45ème  assises de l’Union de la Presse Francophone (UPF), j’ai décidé de m’arrêter 2 jours à Paris pour visiter cette ville de lumière parce que  la délégation ivoirienne doit passer   par la France vu que c’est là qu’elle prend la correspondance pour Madagascar. J’ai donc demandé un visa court séjour.

Deux jours pour vérifier si  oui ou non la tour Eiffel est en rouille. Certains de mes amis l’affirment en tout cas. J’espère pourvoir donc même si je ne suis plus étudiante, passer par ce pont qui vient d’être construit par le biais de Manuels Valls.

Le discours a été prononcé ;  reste à savoir s’il est en adéquation avec les faits !

Baoulé : peuple du centre de la Cote d’Ivoire

* « couper l’igname » : traduction littéral d’une expression en baoulé qui signifer : séparation divorce, rupture

*goumin : douleur, chagrin en nouchi : argot ivoirien

 


Nouvelle Constitution ivoirienne: le projet est accepté en plénière, les opposants attendent sa chute

Les députés ivoiriens ont adopté ce mardi 11 octobre  le projet de loi portant nouvelle Constitution. L’hymne national entonné par les députés après la proclamation  des résultats  du vote  sur l’avant-projet de nouvelle  Constitution n’a pas été chanté par l’honorable Gnangbo Kakou. « On tue un parent qui vous est chère et puis on entonne l’Abidjanaise » déplore le député d’Adiaké à la sortie de l’hémicycle.

Le projet de loi portant nouvelle Constitution présenté le 5 octobre dernier par le Président de la République à l’Assemblée Nationale a été adopté par la Commission des Affaires Générales et Institutionnelles (Cagi) le vendredi 7 octobre. Ce  mardi 11 octobre, il a été approuvé en plénière. Sur 249 votants, 8 députés ont voté contre, 2 se sont abstenus et 239 ont voté pour.
Toujours déçu Gnangbo Kakou estime qu’ «  On bâcle nos valeurs…. Cette Constitution n’est pas vertueuse. Elle n’est pas futuriste. Sur tous les articles il y a une anomalie. Sa durée de vie n’excédera pas 2020 ».

Alfred Kouassi, député de Pacobo lui voit les choses autrement. Il fera  la promotion du « OUI » dans sa circonscription. Il soutient la vision  du Président de la République « qui entend laisser un pays stable parce que nos institutions ont été très déstabilisées à un moment donné avec les coups d’Etat et autres. Aujourd’hui avec la Constitution que nous mettons en place, tout cela est réglementé » estime-t-il.
Le député Mahi Clarisse de Bin-Houyé dit être « Fière de l’Assemblée

Nationale qui malgré les mauvaises intentions qu’on lui prêtait » a travaillé avec abnégation sur ce projet avant de l’adopter.

Aka véronique député de Bongouanou se réjouit quant à elle, de ce que leurs amendements ont « été pris en compte ».  «  Je  crois que nos amendements ont été pris en compte. Le Président de la République pouvait faire cette Constitution sans passer par l’Assemblée Nationale », soutient-elle. Selon elle, pour le vote en plénière de ce texte, les députés ont mis 3 heures de temps afin de vérifier si les modifications faites en commission avaient été prises en compte.
«  Nous avons le sentiment du devoir accompli », a indiqué à la fin de la séance Guillaume Soro, le Président de l’Assemblée Nationale. Me Ahoussou Jeannot,  parlant de l’opposition a saisi l’opportunité pour la tancer.

« Malheureusement l’opposition est incapable de faire une offre sérieuse aux ivoiriens. Ce sont des querelles intestines. Vous avez vu, même Affi N’Guessan a tenté une marche. La marche était assez maigre reflétant l’état de dépérissement l’opposition », a-t-il déploré.
Le 30 octobre prochain, le peuple ivoirien se prononcera à son tour  sur cet avant-projet désormais projet de Constitution afin de décider s’il accepte ou non  de partir pour la 3eme République.

Cet article a été également publié sur Politikafrique.info


Avant projet de constitution: Linas Marcoussiss a-t-il été respecté?

Le projet de loi de la nouvelle Constitution ivoirienne était censé se baser sur les accords politiques de Linas-Marcoussis de janvier 2003.

« Au niveau institutionnel, cet avant-projet de Constitution reprend intégralement  les conditions d’éligibilité à la présidence de la République, telles que convenues, en 2003, par l’ensemble des acteurs politiques, lors de la table ronde de Linas-Marcoussis » a déclaré Alassane Ouattara le 5 octobre dernier face aux députés lors de sa présentation du projet de loi de la nouvelle Constitution. C’était  à l’occasion de la cérémonie solennelle d’ouverture de la 2ème session ordinaire de l’année 2016.

Les accords politiques de Linas-Marcoussis signés en janvier 2003 avaient pour objectif de ramener la stabilité en Côte d’Ivoire qui connaissait une crise sociopolitique depuis le 19 septembre 2002. Ces accords devaient aboutir à une nouvelle Constitution par la  modification de certains articles notamment le 35 qu’une grande partie de la classe politique trouvait «confligène».
Les modifications apportées à cet article lors de cette table ronde prévoyaient que  « le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct, rééligible qu’une seule fois. Il doit jouir de ses droits civils et politiques. ». Le texte de Marcoussis précise  également que le candidat doit « être âgé de trente-cinq ans au moins. Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne de père ou de mère ivoirien d’origine. »

Il fait cas du plancher d’âge qui devait passer de 40 ans, prescrits dans la Constitution de 2000, à 35 ans. Ces différentes réformes constitutionnelles devaient intervenir dans «  les meilleurs délais. » Mais ce ne fut pas le cas.

Le candidat à la présidentielle d’octobre 2010, Alassane Ouattara, en a fait une promesse de campagne.  «  Je m’étais engagé lors de la campagne présidentielle de 2010, à doter notre pays d’une nouvelle Constitution, celle de la troisième République » a soutenu le Président Ouattara ce 5 octobre devant les députés, tous ou presqu’acquis à sa cause.
Selon le projet de la nouvelle Constitution présenté, les points évoqués au niveau de l’article 35 de l’ancienne Constitution apparaissent désormais à l’article 55. A l’exception des différents points sus-évoqués, à savoir le plancher d’âge, au niveau des conditions de nationalité, on constate que le verrou d’âge en ce qui concerne le plafond qui était fixé à 75 ans en 1995, dans la Constitution sous le pouvoir Bédié, n’existe plus. Ce point n’a pas été mentionné à Linas Marcoussis.

Innovation de taille depuis Félix Houphouët-Boigny, l’instauration d’une vice-présidence.
« Il choisit un vice-Président de la République, qui est élu en même temps que lui » précise l’article 55 du projet de loi. Le rôle de ce vice-président sera de suppléer « le président de la République lorsque celui-ci est hors du territoire national… » Linas Marcoussis n’a pas non plus exigé un vice-président pour la sortie de crise. Et d’ailleurs, qui choisit? Le candidat à l’élection présidentielle ou le Président élu? Nuance avec ce « il » qui ne renvoie à personne pour l’heure.

A ce changement, il faut ajouter celui de l’article 85 avec la création du Sénat, représentant les collectivités territoriales et les ivoiriens de l’extérieur.  « Le pouvoir législatif est exercé par le Parlement. Le parlement est composé de l’Assemblée Nationale et du Sénat ». Le sénat dont un tiers des sénateurs est nommé par le Président de la République.
Ce document présenté aux députés fera l’objet de débats, corrections et amendements,  ce vendredi 7 octobre, à l’Assemblée Nationale.
Selon le président Alassane Ouattara, l’objectif de cette nouvelle Constitution est « de donner au pays un acte constitutionnel plus moderne qui renforce les droits et devoirs de tous les citoyens afin qu’elle prenne en compte les préoccupations des uns et des autres. »

Joint par telephone, Geoffroy-Julien Kouao, Enseignant de droit Constitutionnel, politologue a expliqué qu’ «  employé par les juristes le terme renvoie à une nouvelle Constitution, par contre avec les politiques, il prend tous les sens. Le problème c’est que Linas-Marcoussis n’a aucune valeur juridique et frappé de caducité. S’y référer est juridiquement maladroit »

Cette nouvelle Constitution est composée de 184 articles, contrairement à celle de 2000 composée de 133 articles. Si elle est adoptée par les parlementaires, elle conduira la Côte d’Ivoire à la 3eme République et rentrera en vigueur dès sa promulgation au journal officiel.

L’opposition, de l’avis de Joël N’guessan, porte-parole principal du RDR, parti au pouvoir, même sollicitée par les parlementaires n’apportera rien de constructif au texte.
« Il se trouve que M.Affi n’a aucune suggestion ni propositions. Il est dans une logique de négation permanente. Vous verrez que ses partisans sont dans cette logique, c’est le propre du FPI » a-t-il fait savoir .

Cet article est égalment paru sur le site de Politikafrique.info

 


« TO GO »

Le 24 Aout dernier, j’ai assisté à la cérémonie de passation de charges entre Djibo Nicolas, président sortant de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire  (CCI-CI) et son successeur Fama Touré.

Au cocktail, j’approche une jeune  entrepreneuse pour une interview. Sa boisson en main, elle me dit poliment, «  pourriez-vous m’accorder une petite minute s’il vous plait ? Juste le temps que je rapporte ce verre à mon ami. »

Je la laisse donc partir et me mets sur le côté pour ne pas la perdre de vue. Mais après 10 minutes d’attente, période durant laquelle je l’observais, je la rejoins au buffet où elle a élu domicile et prenant grand plaisir à manger de tout.

Surprise ! Quand je l’interpelle, elle a la bouche pleine à s’étouffer donnant l’impression de n’avoir rien avalé depuis une semaine. Ce qui était encore plus triste, ce sont les petits fours et autres soigneusement  emballés pour la maison. Eh oui, le fameux « to go ».

Elle avait recyclé, le papier aluminium qui avait servi à couvrir les différents plateaux avant le cocktail et les avait utilisés comme emballage.

Crédit photo: images.google.fr
Crédit photo: images.google.fr

« To go » ce n’est rien d’autre que le verbe « partir » en anglais que l’on utilise en nouchi* pour définir l’action de ramener un repas d’un restaurant ou d’un endroit où l’on a été pour manger. Mais comme on le dit chez nous « connaisseur connait, gaou passe ».

Un professeur d’anglais que j’ai  rencontré à Accra s’est marré en entendant cette expression, car ne voulant rien dire du tout dans la langue de Shakespeare.

Pour lui, ça aurait été plus simple de dire «  take away », « prendre pour partir ».

Sinon ça aurait été facile de dire simplement «  un emporté » n’est-ce pas ?

L’une des choses qui m’ont séduite et que j’apprécie toujours dans le métier de journaliste, c’est bien le cocktail. Ça me fascine. C’est le moment où on rencontre des gens, on discute, on échange des cartes de visite. Stagiaire, mon patron a dû me subir. Pas question de rentrer à la rédaction sans avoir goûter au cocktail. On pouvait en faire trois par jour.

Souvent, j’étais ébahie par  le comportement de certaines personnes lors de ces moments de bouffe. La manière dont les gens se ruaient sur les plateaux qui passaient devant eux  surtout quand il s’agissait des  boulettes, ou brochettes. Il y a des fois où des personnes ont manqué de se jeter  sur  le serveur qui sortait de la cuisine avec son plateau en main.

Une fois, dans un grand hôtel  j’ai vu un serveur retourner précipitamment dans la cuisine quand il a vu le nombre de personne prêt à se jeter sur lui. En fait quelques minutes plus tôt son collègue avait annoncé que c’est lui qui viendrait avec les « ailerons ».

Mais une jeune dame belle, élégante et intelligente, de surcroit chef d’entreprise, se comporter de la sorte dans une manifestation aussi importante, il y avait de quoi se poser des questions. En plus ces « to go » donnent l’impression d’être nécessiteux.

Plus tard, pendant qu’elle montait dans sa voiture avec ses nombreux « to go » ce proverbe baoulé * me revient en tête : «  Tant que tu vis, dis-toi que le plus surprenant reste à venir »

Eh oui…  je n’avais pas encore vu cette scène-là. C’est dans ce genre de situation délirante  que l’ancienne première dame Simone Gbagbo aurait crié : oh honte !

Nouchi :langage de rue parlé en Côte d’Ivoire.

Baoulé: ethnie du centre de la Côte d’Ivoire