Réndodjo Em-A Moundona

Et si on faisait le bilan du règne mpsiste?

IDI
Le président tchadien, Idriss Deby Itno/commons.wikimedia.org

Tous les premiers décembre se suivent mais ne se ressemblent pas. Celui de l´an passé n´est pas celui d´aujourd´hui. Sur fonds de tension sociale, de code pastoral désavoué par la population, et une mise au point voilée du parrain Hollande, cette commémoration du putsch militaire de 1990 n´a rien de gaie dans les coulisses certainement. Un bilan s´impose donc.

À César ce qui est à César. Je reconnais donc que c´est par le pouvoir de Bamina que j´ai entendu pour la première fois le mot liberté au Tchad en 1990. La liberté a été en effet accordé sans or ni argent. Il est donc très clair que quelques mois après la chute de l´Unir (parti unique de Hissein Habré) les fonctionnaires connaissent la dévaluation et ensuite les retard de salaires qui perdurent encore à l´ère pétrolière. Qu´importe, je trouve satisfaisant ce semblant de démocratie ou disons la démocratie à la sauce tchadienne. En fait c´est une dictature revêtue de multipartisme. Des partis qui furent vite rachetés les uns après les autres à coût de petrocfa. ils se sont trouvé un nom, les alliés à la mouvance présidentielle. Quand la mangeoire appelle, on ne dit pas non n´est-ce pas? Bon au moins on a depuis vingt-quatre ans des animateurs de la scène politique. Cela amuse un peu de temps à autre.

Il ne nous a pas été dit que la démocratie est l´équivalent de la justice. Du moins rien de ce genre ne fût promis lors du premier discours de Deby le putschiste. On a donc pas à s´étonner que l´inégalité sociale, l´injustice et l´impunité règne encore depuis vingt-quatre ans. On connais depuis quelques temps une certaine catégorie d´opposants sur la toile. en fait, ce sont d´anciens compagnons de pillage, ceux là-même qui ont aidé à mettre le Tchad sous coup réglé. Ils sont débarqués pour faire place aux nouveaux ralliés. Là où l´homme tchadien étonne justement, c´est qu´on les entend désormais un peu plus. Chaque jour ils honnissent le président Idriss Deby Itno. On dirait la fable des trois voleurs et l´âne fût un vécu tchadien.

Au niveau social, grâce au pétrole, le développement de l´infrastructure est en expansion. Il faut le reconnaître. Au  demi-salaire et autre efforts de guerre qui consistaient à arracher aux femmes leurs bijoux en or, on a substiitué les fonds d´aide ou de financement du sport, l´aide aux retournés de la RCA prise directement sur les salaire, et avant cela l´augmentation des prix de denrées de première nécessité, la monopolisation de certains secteurs clé de l´économie. Rien n´est nouveau sous ce soleil.

Peuple martyr vivant son l’enfer, on croyait trouver notre Moise venu du Soudan. On s´est trompé. La misère est toujours présente malgré la hausse du SMIG de vingt-cinq milles francs à soixante milles. Le chômage bat son plein et sans une carte d´adhésion au parti, il est très difficile de sortir sa tête de l´eau. On ne fait qu´utiliser la jeunesse en usant des beaux discours, on la sacrifie sur l´autel des intérêts familiaux. Le coup de théâtre dans toute cette histoire, le président tchadien est parti du sommet de Dakar pour venir annulé une loi voté avec un suffrage important par ces députés acquis á sa cause. Une grande première dans l´histoire d´amour entre le peuple tchadien et son président. Est-ce le retour de la démocratie qui a déserté depuis peu les berges du Chari? Pour une fois où, un vote téléguidé depuis le 16ème parallèle (Rang des députés MPS très influents sur le reste de la majorité parlementaire tchadienne) est annulé. Il admet que la corruption ronge le Tchad et appelle à l´exemple les dirigeants de toute institution. Les soulèvement de novembre ont apporté de la lumière dans la politique.

Il demeure cependant une question. Qu´est-ce qui a réellement changé depuis le célèbre « la kermesse du désordre est terminé« ? Le président de la république du Tchad Idriss Deby Itno a interpellé les tchadiens, et j´en suis convaincu à se rappeler le passé du pays fait du parti unique, de la dictature, la torture, les enlèvements et disparitions et autres massacres ethnique. Soit! Voilà vingt quatre ans aujourd´hui et le Tchadien n´est pas encore sorti de l´auberge. Il y a encore des répressions, un parti presqu´unique avec une opposition dormante. Un parti unique voilé qui règne en maître absolu en prenant l´Assemblée nationale en otage pour faire passer les lois liberticides. certes l´enfant né après 1990 ne connaît pas ce passé du Tchad mais son présent ressemble bien à ce passé avec des corrompus à cols blancs qui ont bazardé son avenir.

On est parti du start up pour finir par se retrouver à la ligne de départ avec les même mots et maux sauf que le pouvoir a changé de main, de famille et de clan. Voilà le bilan de vingt-quatre années de démocratie. C´est personnel après tout.


Ce poison enivrant

Blog1

Me voici à mon centième billet. Waouwww, je n´y croyais pas tellement je vais si lentement.

Comme toute communauté a des membres avec leurs spécificités, on a eu dans la saison 3 a vu nos mondobolt Serge et Aph Tal, nos guerrières comme Fatouma harber qui avait ses mots contre les maux maliens. Des belles plumes comme Ahlem, Jules et Isabelle. De femme engagées et pas que culturellement et socialement comme Chantal Faida. Comme le blog peut transformer une vie, celle de ceux qui nous lisent, la notre aussi. Bloguer est une aventure commencé il y a trois ans et demie pour partager mes passions. Aujourd´hui je peux dire qu´il y a milles raisons de bloguer. j´ai intégrer une grande communauté, j´ai appris a garder des moments, à partager les impressions, se définir et surtout se faire une petite identité dans une grande communauté. L´apprentissage n´est pas encore fini et l´aventure s´annonce belle. La liberté de ton dans mes billets de blogueuse, voilà ce que j´aime par dessus tout. Une liberté qu´on ne trouvera dans aucune rédaction traditionnelle.

Entre mes pannes d´inspiration et ces moments où, on se remet à écrire, il y a bien un monde de moutons à plumes qui égaillent ma journée par leurs billets. Josiane, Dania que j´ai découvert récemment. Renée-Jackon, le beau -frère qui décrit si bien Douala. Tout un monde qui enrichit mon aventure. Ah comment oublier la team de l´Atelier des Médias et Manon. Raphaélle nous a dit bye bye mais ce n´est qu´un aurevoir; comme je vous le dis aussi le temps d´un prochain billet.


Ces hommes qui crient ne sont pas des ours

Gravat de William Blake que il·lustra "Un negre penjat d'una forca per les costelles" del capità John Gabriel Stedman a:Narrative of a Five Years Expedition Against the Revolted Negroes of Surinam, 1792.
Gravat de William Blake que il·lustra « Un negre penjat d’una forca per les costelles » del capità John Gabriel Stedman a:Narrative of a Five Years Expedition Against the Revolted Negroes of Surinam, 1792.

Chère Communauté Internationale,

Chers Représentants des institutions internationales,

À tous les partenaires du Tchad,

voici une lettre qui ne saurait être administrative. Elle enfreint les règles de courtoisie car elle s´écrie de mains essuyant encore les larmes qui coulent pour ces jeunes tombés partout au Tchad la semaine passée.

En effet, il y´a des situations qu´on ne saurait expliquer d´un trait et avec des mots exacts. Cette lettre est une manière d´attirer l´attention, votre attention sur l´actuelle crise socio-politique tchadienne. Ceci est une lettre pour dénoncer le mutisme complice des uns et des autres. On ne saurait cautionner un État-tyran qui assoiffe, affame et opprime son peuple. Il n´y a jamais un gouvernement sans gouvernés. Idriss Deby Itno et son peuple ignore cela peut être mais, vous, en tant qu´institutions défendant la démocratie et les libertés, vous êtes sans ignorer que l´éducation, l´eau, le pain sont les droits les plus élémentaires dont un homme puisse encore disposer quelqu´en soit son statut.

Tout un peuple revendique juste un peu de dignité et sa part aux ressources tchadiennes confisquées. Au cri de ce peuple on oppose l´argument de la stabilité régionale pour protéger un régime assassin qui ne cesse de réprimer toute revendication dans le sang ce fut le cas ces 11 et 17 novembre 2014. Oui, le président tchadien est aujourd´hui votre partenaire comme garant de la stabilité sous-régionale. On ne le refuse pas. Mais que servirait cette stabilité à un peuple tchadien affamé ne disposant pas de lui-même? Quelle importance si on n´a pas d´eau potable à boire, si les besoins élémentaires ne sont pas satisfait? Quelle stabilité si on refuse à un Homme son droit au savoir, à la quête d´un lendemain fructueux? L´éducation est devenue trop chère et se soigner et une chimère.

Peut-on parler de la paix le ventre creux lorsqu´on sait qu´en face de soi, l´autre n´a que le mépris? Vous vous demandez certainement ou est le mépris; eh bien il est dans ces grosses cylindrés qui sillonnent le pays, dans ces voitures V8 qu´offre comme trophée aux éleveurs de chameaux tandis que le salaire des fonctionnaires n´est pas payé. Il est dans la familiarisation de l´administration. Vous n´avez certainement pas vu l´injustice, elle est dans le résultat d´un concours quand l´admis ne figure pas sur la liste d´admission. Le gouvernement MPS n´a cessé depuis son ascension à la Magistrature suprême d´offenser le droit des Tchadiens et leur besoin de vérité et d´équité et du minimum vital. Les ressources tchadiennes sont sans cesse détournées tels que le ciment de Baoré, le carburant de Djermaya qui aurait pu résoudre le manque de l’énergie domestique. Un État qui perd complètement le contrôle sur le prix des denrées de première nécessité, et ne se soucie guère qu´il manque d’eau potable et d’électricité dans tout le pays.

L’amélioration du niveau de vie du Tchadien doit passer par la mise à nue des insuffisances de la politique Mpiste, les incompétences des dirigeants, les incongruités et les incohérences de l´opposition tchadienne. Telles les raisons qui ont mis le peuple dans la rue. Tout pouvoir démocratique aurait convoqué son peuple et écouté les attentes or le pouvoir tchadien a préféré par ses militaires ouvrir le feu. On a deux morts à N´Djaména, un à Sahr, un mort à Kélo et de nombreux blessés grave.

Il est une envie de poser juste une question au président Idriss Deby Itno:

– où allez-vous cher politique? Que désirez-vous pour votre peuple?

 Si sa réponse serait dans le style aller vers le développement, l´émergence et la démocratie, il va falloir qu´il résolve déjà les maux cruciaux des Tchadiens, assure leurs besoins vitaux et leur sécurité sur l´ensemble du territoire national et fasse juger les auteurs de la mort des manifestants. Il ne peut avoir que vos institutions pour le pousser à le faire car vous pouvez encore rompre le partenariat qui lui est si indispensable pour sa  crédibilité internationale.

C´est à ce prix seulement que le Tchad ira à la démocratie, au développement socio-économique, à la vérité et à la justice!

Très cordialement,

Billet titré d´après le film de Mahamat Saleh Haroun, un homme qui crie n´est pas un ours 


Eh bien, les chiens peuvent mordre: quand le pouvoir tchadien comprend enfin

Ph DR
Ph DR

« Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte. »

Confucius – 551-479 av. JC – Livre des sentences 

La rue sarhoise/Ph crédit anonyme
La rue sarhoise/Ph crédit anonyme

Je dois mon Mea Culpa avant tout mot. Il y´avait un temps, je croyais qu´il y´aurait pas un homme en mesure de tenir les rênes du pouvoir tchadien à l´heure actuelle. Les opposants toute tendance confondue nous ont déçu. L´actualité sociale du Tchad depuis les deux derniers mois m´amènent à revenir sur mes pensées. À présent, je dirais mieux vaut un ange qu´on ne connaît pas que le diable que nous connaissons depuis un quart de siècle. Le peuple tchadien n´a pas de longues fourchettes. Il ne peut donc dîner longtemps avec le diable. 

Hier mardi 11 novembre 2014, des élèves, d´une façon spontanée ont envahi certaines rues de la capitale, les points chauds sont le lycée de la liberté, lycée de la paix, Lycée Felix Eboué et la Haute Ecole de Communication et de Commerce pour témoigner leur soutien aux enseignants du public qui, sont en grève pour le retard dans le versement des salaires, la cherté de la vie et le manque de carburant. La police a tiré à balles réelles sur les manifestants faisant 2 morts et des blessés graves. Ce chiffre, je doute qu´il soit réel. On nous cache les vrais décomptes.

Dans la ville de Sarh, ce fut un concert de casseroles lancé par des femmes pour crier leur ras-le-bol en ce qui concerne la pénurie de carburant. Fonctionnaires, enseignants, élèves et étudiants leur ont emboîté le pas. Il se trouve que le litre d’essence avoisine les 5 000 Frs CFA soit 7 Euro, la journée du mercredi devrait être une journée sans engins avec une grande manifestation. Jusqu´au moment où, on publie ce billet, le pays reste injoignable et certaines sources parlent d´un calme revenu dans la capitale. Nul ne sait les résolutions qui seront prises à l´issue de la rencontre de la délégation gouvernementale et les leaders de la manifestation.

Il faut dire que ce silence inquiète lorsqu´on connaît l´art de gouvernance des autorités tchadiennes. Il faut signaler que cette manifestation bien qu´ayant aucune revendication politique, signale le ras-le-bol d´un peuple longtemps martyrisé par ses dirigeants qui, enfermés dans le luxe insolent de leurs demeures feignent d´ignorer la paralysie sociale jusqu´à cette grogne sociale d´hier. Ils ont toujours nier la déchéance du pouvoir d´achat du tchadien moyen, ils ont fermé les oreilles aux soupirs de ces travailleurs qui ne peuvent plus vivre de la sueur de leurs fronts. Ils ont affiché leurs mépris quand les étudiants enchaînent année blanche sur année blanche. Ils ont sans explication refusé de verser les bourses des étudiants quand leurs femmes faisaient leurs shoppings dans les grandes capitales de la mode avec les impôts des Tchadiens. Ils traitaient le peuple de chien aboyant la caravane qui passe. Aujourd´hui, la peur, le mépris et la force de persuasion semble avoir changer de camps. Je dirais que le chien a montré qu´il peut mordre les chameaux et arrêter ainsi la caravane.

Pour une fois où, ce régime semble faire profil bas, on ne peut qu´approuver même si on semble ne pas trop croire en la bonne volonté des autorités de N´Djaména. Il aurait compris hier que chaque droit non livré mérite et produit une insurrection collective. Chacuns de ces manques (carburants, salaire, eau, électricité, éducation) est une petite graine de prise de conscience qu´on inculque aux Tchadiens car aucun peuple fut ce ignorant de ces droits ne resterait longtemps étroit d´esprit.   Toutes ces souffrances finissent par pousser l´esclave à la révolte.


Les 5 maux de ma nation

petrole

« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime! Il est complice. » George Orwell

Ce billet est une réponse à un lecteur. Il voulait savoir les réels maux qui entravent l´éclosion socio-économique de cette nation. Difficile de tout lister car aussi vaste qu´est le pays, nombreux sont ses maux. On ne fera donc qu´un aperçu des flagrants, ceux dont on ne peut cacher même au visiteur fraîchement débarqué sur le territoire.

l´illettrisme qui rime avec obscurantisme: « mon peuple périt faut de connaissance »! Cette maxime est adapté au contexte tchadien. L´école tchadienne va mal et pour l´enterrer on supprime les examens de CEPET et BEPC qui permettaient de tamiser un peu pour sortir les grains fins des gros grains. C´est notre façon de réformer le système éducatif tchadien. Entre temps, le niveau va descendant et l´obscurantisme qui va avec. Comment espérer protection ou compréhension d´une force de l´ordre qui lirait tes papiers à l´envers parce qu´illettré? On vit avec chaque jour espérant qu´un jour, on formera toute l´Armée tchadienne pour la rendre effectivement nationale.

L´incivisme et l´indiscipline comme compagnons: . La police et les militaires, que vous entrez par l´aéroport ou par les frontières terrestres, notre Armée signale déjà cela avec ses expressions, son comportement, la lenteur dans les procédures avec indiscipline encore. Depuis 1979, on a vu de nouveaux seigneurs s´emparer de la République et depuis, cette dernière a disparu pour laisser placer à un royaume dont l´incivisme est la règle. On a abolit cette matière dans les établissements scolaires. Le respect des institutions a disparu. Un employé qui viole royalement les règles que son supérieur établit et le nargue car il a un nom de famille, c´est une réalité chez moi.

L´anarque versus vol organisé des citoyens: ceci se passe au plus au sommet de l´Etat, des institutions agrégées et des entreprises publiques que privées. Celle que j´ai vécu moi-même dernièrement vient des sociétés de téléphonie sensées désenclaver le Tchad. Ils ont instauré un Fonds de Soutien au Sport National (Ne me demandez pas lequel). Ils soutirent 1, 18frs CFA sur chaque appel.
Un petit calcul : Supposons que nous sommes 4 000 000 de tchadiens utilisant chaque jour  un appel: 4 000 000 X 1,18f = 4 720 000/jour.

4 720 000 X 365jours =1 722 800 000 frs

1 722 800 000 X 2 (Tigo et Airtel) = 3 445 600 000 frs CFA par an et ceci depuis au moins 2 ans. Le monde entier sait pourtant que le Tchad brille par son absence aux compétitions internationales et ce ne sera pas pour demain notre présence à la Coupe d´Afrique des Nations. Où va donc cette somme?

Je vous laisse imaginer des entrées de la Douane, des contraventions payées et compagnie et la pénurie organisée de carburant.  Le vol étant la règle, il n´est pas étonnant que ce pays trône en tête des classement des pays corrompus au monde.

le fatalisme et l´absence d´une vision de vie: le jeune Tchadien n´a plus d´idole à qui s´identifier sinon il n´a que des aînés qui ne sont vraiment pas des modèles de développement personnel. Il manque une grandeur des ambitions pour beaucoup de jeunes qui sombrent dans le fatalisme. On s´en remet au bon Dieu qui est la corbeille de tout échec. On peut comprendre le désespoir de cette génération qui est plus corrompue que ses aînés. « C´est le pays qui est comme ça,  on fait donc comme tout le monde » est la devise de la jeunesse actuelle. Il faudrait du temps pour la faire comprendre que tout le monde n´est pas soi!

Le culte de la médiocrité allié au pessimisme: Le niveau scolaire des élèves et étudiants le prouve à suffisance. Les jeunes n´osent pas et ne rêvent pas grands car leurs rêves ayant été longtemps étouffés dans leurs sommeils par les institutions dites républicaines. L´Université est le cimetière des ambitions: on y entre jeune pour en ressortir avec des cheveux grisonnants si on ne se « bat » pas. Les hommes chargés inculquer le savoir le vendent ou l´échangent contre des moments de plaisir. Les gaz lacrymogènes  sont disponibles et en quantité pour dissuader quiconque oserait revendiquer juste un peu d´espoir.

C´est bien ceci l´image de mon pays et le peuple est devenu « mendiant de l´espoir » (titre du livre du Tchadien Ali Abderamane Haggar).


Le show tchadien

Djerassem Le Bemadjiel, Ministre tchadien du petrole/www.itie-tchad.org
Djerassem Le Bemadjiel, Ministre tchadien du petrole/www.itie-tchad.org

Quelqu´un me disait un jour que, les noms transparence et Tchad ne peuvent être employés dans une même phrase. Je médite encore jusqu´aujourd´hui sa maxime quand, j´apprends que le Tchad a atteint, selon le Ministre tchadien du pétrole sur sa page Facebook, la conformité aux exigences de l’ITIE ( Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives).Il trouve que c´est un grand pas dans la gouvernance et la transparence du secteur extractif minier et pétrolier q´il dirige.

Je suis tentée de me réjouir avec lui mais une chose me retient: les récents évènements qui se sont déroulés à N´Djaména. La crise des carburant qui survient du jour au lendemain et personne n´arrive à expliquer aux tchadiens comment? Est-ce cela la transparence Messieurs les Gouvernants?

Sans jouer les trouble-fêtes, je crois qu´on se moque là de la population. Comment un peuple peut apprécier et juger la politique des biens publics si elle ne recoit et ne peut exiger aucune explication de ceux qui détiennent les clés de sa richesse?

De quelle conformité et suivant quel critère le Tchad a atteint ces exigences quand on sait tous que le sac de ciment se vend encore à 12 000 frs CFA dans ce pays et que les régions productrices de ciment et du pétrole n´ont rien (à vu d´oeil quand vous passez par Doba et Pala ainsi que leurs chefs lieux) gagné de leur 5% sur les revenus de vente de ces produits?

Les avantages de cette conformité devrait en principe être une bonne gestion des recettes provenant des ressources minières et l’amélioration de la gestion de ces ressources afin de favoriser une plus grande stabilité économique et politique. Nous avons une stabilité politique contre le silence des Tchadiens. L´économie tchadienne elle, elle est instable qu´embryonnaire.

Disons que le Tchad, en adhérant au processus de l’ITIE, voulait faire bénéficier en toute transparence au peuple tchadien de ses richesses minières et pétrolières, faisant ainsi de ce secteur un véritable levier de développement socio-économique de notre pays. Qu´en est-il aujourd´hui? Le peuple tchadien jouit-il réellement de ses richesses? Allez-y interroger le quotidien de ce peuple. Il parle de lui-même.

De grâce, veuillez ne pas troubler la quiétude des Tchadiens certains matins avec des nouvelles pareilles. Comme blagues, elles sont de mauvais goût. Comme informations, elles laissent de marbre le commun des mortels tchadiens. Les conformités et les exigences, ont en connaît d´autres.

J´ai dit!


Sodomises-moi que je ne saurais gémir

Image de Kaar Kaas Soon
Image de Kaar Kaas Soon

En vérité, en vérité, je vous le dit. Le Tchadien aime souffrir. Un pays informel. Un peuple passif, des gouvernants égoistes soucieux de se servir. Voilà  en synthèse mon pays. Ma patrie est une mine ouverte où chaque détenteur de pouvoir vole le peuple, pille et crée une crise à a guise pour juste démontrer son pouvoir de nuisance. La preuve, une pénurie de carburant qui conduit à une ville morte et par là, la fermeture des médias qui annoncent cette désobéissance civile. Personne ne bronche.

Les faits

Jeudi 02 Octobre 2014, 17h 30, j´apprends que toutes les stations à essence sont fermées dans une ville comme N´Djaména qui a une raffinerie qui fonctionne que depuis trois ans. Le Premier Ministre menace, au journal de 20h, de convoyer les citernes par les forces de l’ordre et d’opérer un contrôle dans les stations. Ce matin, Vendredi 03 Octobre 2014, 7h, toutes les stations sont rouvertes mais le carburant vendus à un prix exorbitant: 1500-2000 frs CFA le litre. Le prix du transport en commun monte sur le champ. Une semaine donc jeudi 09 octobre, la population n´en pouvant pus appelle à une ville morte sur la seule radio capable de diffuser une telle information: la FM Liberté. La radio sera fermée et la fréquence coupée par le Haut Conseil de la Communication.

La  réalité est que

Des citernes de carburant tchadiens seraient détournées en vue de leur acheminement vers la République centrafricaine où un fût d’essence coûterait 800 000 frs Cfa. Une remix de la cimenterie de Baoré dont le ciment est vendu au triple du prix réel. disons que la quasi-totalité des entreprises publiques tchadiennes sont bradées au profit d´un clan, d´une groupuscule de valets. Le pays est pris en otage par une poignée de tchadiens dont l’objectif inavoué est d´asservir le reste du peuple. Ce qui étonne et me sidère moi-même c´est que, les Tchadiens ne font rien pour marquer leur désaccord pour cette politique d’asservissement.

Je me demande ce qu´on attend pour vendre ce pays et donner à chacun sa part hein? Il est temps qu´on fasse un référendum sur une éventuelle vente de ce Tchad là. En boycottant la ville morte, certains me font comprendre qu´il est ennuyeux d´être à la maison. Est-il distrayant de se vider de son sang, de sa force et de son argent pour satisfaire un groupuscule? Puisque l´administration tchadienne, je n´ai plus foi en elle. Nous ne sommes plus un pays. Nous sommes des groupes d´intérêts à géographie catégorisée.

Si moi j´étais un fonctionnaire tchadien, je serai restée à la maison tout ce temps que le prix du carburant à grimpé. Je me serai donné vacances pour manque de moyens et refus de se faire escroquer par son employeur qu´est l´Etat tchadien. Mais bon, je vous ai déjà dit que le Tchadien est passif ou sous sédatif je ne sais plus. On lui refuse la nourriture, il s´en remet au bon Dieu et attend la clémence. On le prive d´eau, il en profite pour jeûner et prier le ciel pour le pardon de ses bourreaux. On le coupe du monde pour mieux l´abrutir, il espère encore en la fibre optique en 2015. Il n´y a-t-il pas d´électricité? Il en profite pour dormir et rêver de l´émergence en 2025. Et quand les bulldozers rasent sa maison, la grâce de la renaissance le suffit. Ne faut-il pas casser pour bâtir la vitrine de l´Afrique?

Adjabbbbbbb ( c´est ainsi qu´on s´exclame au Tchad quand on est étonné), c´est quel drôle de peuple que sont les miens. En tout cas, moi je ne vous comprends plus hein. Est-ce que le fait de dire à on père que ta gérance actuelle des biens de la faille ne me plaît pas, ferait d´un enfant un rebelle vis à vis de l´autorité paternelle? En tout cas, la génération future vous observe et vous appellera en jugement pour vos actes.


Bernard, Mister Dadié

Dadié s´entretenant avec "ses visiteurs"
Dadié s´entretenant avec « ses visiteurs »

C´est la crème de ma visite à Abidjan. Quel enfant africain qui a appris à lire et écrire avec l´école africaine, ne connaîtrait pas Benard Dadié? Climbié, Le pagne noir et Kacou Ananzé, cette araignée rusée aux multiples tours. Cet auteur a bercé mon enfance, lui, Abdoulaye Sadji, Sembène Ousmane, Senghor et ses pairs de la Négritude. Je le croyais plus de ce monde tant sa vie si modeste et retirée fait de lui un oublié aujourd´hui. Disons chez la jeune génération. Devant moi, se tenait un monument de l´histoire de la littérature africaine. Je me dressais donc sur mon séant et avec attention je me disposais à boire ses paroles.

Homme de lettres et homme politique ivoirien, il reste aujourd´hui l´un des derniers poètes militants de l´ère de la Négritude. L´avoir rencontrer me ramena à mon enfance, mes premiers jours de classe au Cours Elémentaire deux (CE2), ma première fois de lire un extrait de Climbié: «La rentrée ! Le matin, de bonne heure, les enfants débouchaient de tous les côtés, de tous les coins, de toutes les ruelles, avec des sacs sous le bras, des cerceaux en mains. L’école bruyante, mouvementée, animée, revivait. Elle faisait penser au retour des tisserins dans les palmiers. Sa volée de moineaux lui était revenue. Partout des chants, des appels, des cris. Les anciens se saluaient, joyeusement, tandis que les nouveaux, dépaysés, cherchaient un maintien, désorientés, inquiets, ils s’accrochaient à leurs parents.» Cette partie du texte nous contait notre propre histoire d´écoliers les premiers jours de classes. C´était un texte magnifique mais aussi dur quand nos maîtres nous le donnaient en dictée.

Auteur prolifique comme témoigne nos trois heures d´horloge de discussion, Dadié a une appropriation décomplexée de son statut d’homme de lettre et politique mais surtout noir, comme en témoignent ces vers de son poême Je vous remercie mon Dieu :
«Je vous remercie mon Dieu de m’avoir créé Noir
Le blanc est une couleur de circonstance
Le noir, la couleur de tous les jours
Et je porte le Monde depuis l’aube des temps
Et mon rire sur le Monde, dans la nuit, crée le Jour
». J´avais demandé à l´homme ce qui l´avait inspiré ce poème. Il m´a dit les circonstances et j´en ai ris de bon coeur. Ce sont des situations que l´on vit au quotidien comme Africain aujourd´hui. Mais jamais il ne me serait venu à l´idée de coucher une réponse pareille sur feuille et en vers de surcroît.

Dadie2
Nous avons demandé la route et la dernière photo aussi.

À 98 ans sonné, l´homme avait encore la force et les mots. il s´entretenait longtemps avec nous, me raconta son séjour en prison et la manifestation des femmes sur le pont de Grand-Bassam pour leur libération lui et ses compagnons de cellule. Voici le moment attendu: j´interpellai l´écrivain sur la place et le rôle assigné à la femme africaine dans la littérature africaine et précisement dans ses oeuvres à lui. Sacré David, comme s´il m´attendait lui et son compagnon Josué (le président de l´Asociation des auteurs ivoiriens). Ils me coupèrent court: la femme africaine aurait pu aussi écrire son histoire. Je cris à la tricherie car je n´attends que la réponse de l´auteur Dadié en personne. J´ai toujours rêvé poser cette question à un auteur de la Négritude en personne. « Dans une assemblée, ce sont les notables qui parlent `la place du chef » me répliqua Dadié. J´insistai pour avoir une réponse de lui. Elle vint enfin la réplique; la Négritude est une littérature de combat c´est la raison pour laquelle, il y´avait peu de place pour la femme.

Ce dimanche 11 Mai 2014, on s´est donné une poignée de mains Bernard Dadié, Josué Guebo, David Kpelly et moi et les lignes de nos mains se sont unies en faisceaux de lumières portant la réconciliation pour la Côte d´Ivoire et pour l´Afrique entière. En quittant la résidence de l´auteur, j´ai emporté l´image d´un homme, les plaisanteries d´un bon humoriste mais surtout une nouvelle vision de son époque et l´appréhension de mon époque.


La francophonie sous les cocotiers avec Raphael Moreau

Raph1

Voici un billet qui vient casser un peu l´atmosphère et le fil de billets de ces jours-ci. Un billet souvenir. Une inspiration nostalgique. Je le dois quand même de l´écrire.

Chose promise, chose due. Voici un billet que j´ai promis à toi Raphael. Permets-moi de te tutoyer. Entre les cours de journalisme, les pauses cafés et les soirées découvertes, on a eu le temps de s’asseoir. Une nuit à la belle étoile au bord de la piscine de l´hôtel comme deux confidents alors que tout le groupe se préparait á nos escapades abidjanaises. Là, en ce moment précis, nous avons parlé francophonie. Tu me parlais de son impact socio-culturel, je te répondis sa distance vis à vis des cultures africaines. Tu m´expliquas la proximité de cette organisation avec les francophones et je t´opposais l´invisibilité de son impact réel dans le quotidien. Tu me rappelas alors les centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) mis en place par la Francophonie dans les zones rurales et périurbaines pour permettre d’accroitre l’accès des populations aux livres, publications et ressources numériques. Tu justifiais que leur implantation doit répondre à une politique nationale et coordonnée de lecture publique dans les pays concernés. Je compris ainsi pourquoi ces centres sont moins visibles dans mon monde à l´époque et même aujourd´hui.

En m´expliquant l´interêt des francophones à ce regrouper dans une organisation comme celle-ci, tu fis un détour pour me faire voir comment une langue peut être un signe, une identité donc une personnalité de l´Homme. J´avoue que jusqu´aujourd´hui, je me sens mieux dans une espace francophone qu´anglophone ou germanique. Ce ont là des choses qui parfois coulent out naturellement qu´on s´en apercoit à peine.

Tu avais une passion pour cette langue et cette organisation. Ensemble nous avons reconnu qu´il ´a une limite à toute chose, donc la francophonie aussi. Tu me parlais de plus de 295 centres de lectures installés dans 21 pays francophones d’Afrique, de l’océan Indien, de la Caraïbe et du Proche-Orient. Curieuse, je fis un tour sur le site de l´organisation (sacré WiFi MTN de Tereso) et je me dis que cette organisation a encore de beaux jours devant soi.


Socialthiller Partie III: les hommes

Ils refusent leurs stérilités et acculent leurs femmes. Il est difficile de donner des explications.

Souvent nié, réfutée, obstruée, la stérilité masculine est pour l´africain un non lieu. L´image de l´homme doit être préservé. L´homme le sexe fort ne peut ne pas concevoir, il est toujours virile et donc fertile. La stérilité est un signe de faiblesse ou d´impuissance.

La femme a toujours eu tort lorsqu’un couple était stérile. On s’est refusé pendant longtemps à considérer que l’homme pouvait avoir une part de responsabilité dans les problèmes de stérilité. «Quand tout allait bien, c’était grâce à l’homme, quand cela ne marchait pas, il y avait des problèmes chez la femme. Elle était répudiée ou soignée.» Pourtant, suspecter un homme de stérilité provoque de graves dissensions au sein des familles. Quand un couple est infertile, on en recherche tout de suite les causes dans la famille de la femme.

On trouve un enfant à l´homme

Des nœuds de ce problème: la confusion entre stérilité et impuissance. Dans beaucoup de milieux, accuser le mari de stérilité équivaut à jeter la suspicion sur sa virilité. On ignore le problème au point de le bluffer qui à tromper l´homme, lui faire un enfant adultérin ou incestueux.

Pourtant, si l’absence de spermatozoïdes qu’on appelle l’azoospermie se confirme, on peut affirmer que l’homme est définitivement stérile. Les MST, essentiellement la syphilis et la gonococcie, mais d’autres s’en approchent, bien qu’elles ne soient pas obligatoirement vénériennes, c’est-à-dire, dues à un rapport sexuel: -blennorragies non gonococciques, trichomonase, candidose, pédiculose du pubis, gale sont aussi des causes de stérilité. Des causes de la stérilité masculine, on peut retenir la variocèle qui est une dilatation des veines au-dessus du cordon testiculaire. Les varices gênent la fabrication des spermatozoïdes par le testicule. Il en existe d’autres qu’on pourrait qualifier d’endocriniennes c’est-à-dire une absence de maturation du testicule par l’hypophyse qui n’a pas envoyé suffisamment d’hormones. Le résultat se traduit par une stérilité définitive. Il y a aussi des causes congénitales: – l’absence de la voie sécrétrice du sperme. C’est ce que l’on appelle les agénésies déférentielles. 


Vivre et survivre à Ndjamena

Une vue N´Djaména depuis l´hotel Kempinsky/ Ph DR
Une vue Ndjamena depuis l´hôtel Kempinsky/ Ph DR

On sait bien de choses de cette ville, mais on en sait en réalité très peu : de la légendaire agressivité qui caractériserait le Tchadien à la facilité de manier les armes. Que de mythes que vient renforcer notre absence de communication à l´échelle numérique. Pourtant, je ne vois point de peuple aussi hospitalier et accueillant que les Tchadiens. Il n´y´a point de délice que la vie parmi ce peuple. Ils sont juste nés dans un monde particulier dont faut saisir l´essence. Voici dix choses qu´il faut savoir avant de poser les pieds sur le sol tchadien. Les bons plans pour apprécier son voyage et profiter de son séjour.

1/ du sang-froid

Et vraiment beaucoup de sang-froid partout. Même dans la circulation, car tout se fait avec une certaine nonchalance. Cela commence par l´arrivée à l´aéroport Hassan Djamous. Il faut  45  minutes pour pouvoir enregistrer et passer la police, puis 15 minutes à attendre les bagages. Le mieux serait de  trouver une affinité avec son voisin de siège. Au moins on a de la causette le temps que le tapis roulant vous livre enfin votre valise. Il faut en profiter et se laisser refiler les bonnes adresses.

2/ savoir apprécier la musique tchadienne

Ne vous attendez pas à une musique comme il se le doit. Lorsqu´on parle de la musique tchadienne, l´expatrié habitué comprend tout de suite : c´est les coups de feu. Il peut arriver qu´on entende de temps à autre un coup. Esquivez un pas, souriez et continuez votre route. On tire chez moi en l´air pour saluer la venue d´un enfant, manifester sa joie ou pour effrayer des attroupements d´étudiants. Quand cela dissuade, c´est aussi un bon moyen. Ce qui est sûr, une balle réelle en l´air, cela est un moyen efficace de persuasion. Ici on en use et en abuse. Nous sommes chez les cowboys des temps modernes.

3/les lunettes de soleil et une crème solaire

Si vous avez le malheur de voyager avec Ethiopian Airline, vous arriverez sans doute en plein midi selon votre pays de provenance. Welcome dans le sud du Sahara. C´est un soleil percutant et pénétrant qui vous grille les pupilles dès que vous posez vos pieds hors des bâtiments de l´aéroport. Heureux donc quiconque a sur lui ses lunettes de soleil. Cela fait en plus cool et on peut lorgner les Tchadiennes sans être pris et vu. Elles sont en plus belles. Oser humer leur koumhra (parfum huileux fabriqué par les Tchadiennes et très prisé). La crème solaire, aucun guide de voyage ne vous e conseillera. Je le fais donc. Vous venez bien à Ndjamena la capitale d´un pays sahélien où le désert avance à grands pas. Pour des raisons de sécurité, on a coupé tous les grands arbres centenaires de la ville. Conséquence : une chaleur atroce qui nous crame sans arrêt. Si vous ne voulez pas finir en carpe braisée, emportez avec vous un tube de crème solaire donc.

4/savoir apprécier les vents de sable

Cela sonne bizarre mais, au Tchad il faut savoir apprécier les choses les plus anodines, comme sourire lorsqu´un policier te gifle, dire merci quand un militaire illettré te traite de brute. On a compris nous les natifs. On a coupé les arbres et détruit la protection contre l´avancée du désert. Tout le Sahara est donc dans la ville avec ses vents de sable. Il faut supporter de temps à autre un grain de ce sable dans son plat.

5/ ne jamais rater un coucher de soleil sur le Chari

C´est mon passe-temps favori lorsque je ne lis pas. Oui, le soleil est notre plus grande bénédiction et on en a à revendre même si on refuse d´en tirer l´énergie qui nous libérerait de l´obscurité que nous impose la Société nationale d´électricité. Pour nous consoler nous Ndjamenois, on va chaque soir contempler son coucher sur le Chari. Tout simplement magnifique avec ses reflets orangés dans le fleuve. Les bons points d´observation sont le restaurant-hôtel Victoria et le Méridien Chari . Douguia est un endroit aussi bon plan pour les week-ends. N´oubliez pas de manger une carpe braisée pêchée juste sous vos yeux.

6/savoir respecter les rois et les reines de la route

C´est un délice et une particularité au Tchad. Rouler à tombeau ouvert sur les voies si exigües. Ils ont tous des écouteurs à l´oreille, des lunettes de soleil posées sur le nez qu´ils pointent au vent. Le Code de la route, ils n´en ont cure. Il appartient aux autres usagers de la route de prendre leur précaution. Un petit conseil, n´osez pas les convoquer dans un commissariat. Ils ont presque tous un quelqu´un là-bas. C´est toi la victime qui deviendra bourreau au grand dam de tes  F Cfa.

7/ se mettre dans la course

Ici dans cette ville tout le monde est pressé. Je ne sais vraiment pas après quoi ils courent mais ils courent quand même. Tout le monde est pressé partout sauf lorsqu´il s´agit d´aller au travail. On est impatient au volant. Impatient d´arriver quelque part, impatient de traverser la route. Impatient de laisser l´autre passer. Tout se fait à la vitesse croisière. Les accidents qui en résultent sont à mettre à l´actif du destin. Allah djaba : entendez par là que c´est Dieu qui le veut ainsi.

8/visiter le BET

L´écrin de nos bijoux lacustres : les lacs Ounianga-Kebir. Ils sont classés patrimoines culturels de l´Unesco. Certains parlent du Tchad inutile et du Tchad utile. Le BET c´est la moitié du Tchad. Une moitié désertique où la vie n´est possible que dans les ouadis et autres oasis. Ceci est une vue extérieure de cette partie du pays. Des sources géothermiques aux peintures rupestres qui ornent les grottes des massifs montagneux, on en parle que très peu pourtant, la vue et est merveilleuse et les nuits dans le Septentrion tchadien sont magnifiques. Ces dunes de sable mouvant qui vous effleurent de leur chaleur. Ces grains de sable que les vents emportent, caressant vos visages dans leurs envolées. Quand on vient comme touristes, il faut absolument expérimenter la nuit à la belle étoile dans une oasis ou sur les dunes de sable.

9/profiter de la bonne humeur tchadienne

Un ami m´a déjà demandé comment on fait pour être toujours joyeux en Afrique malgré la précarité.  Je lui répondis à l´époque que la joie du cœur n´est pas question d´aisance matérielle.

10/ une connaissance de la langue locale est un atout

De fois, les prix peuvent se faire à la tête du client sur les marchés et les galeries d´objets d´art. N´hésitez pas à dire « gassar ». Un mot à connaître absolument. La connaissance de la langue locale aide lorsqu´il faut discuter le prix. Qu´on veuille prendre un taxi- course ou se renseigner très rapidement. Lorsqu´on apostrophe un Tchadien dans une langue locale, on fait tomber les barrières, on crée un lien absurde mais quand même une sympathie naît.


Réfugiés aux Tchad: quel enjeux environnementaux?

Réfugiées se construisant des foyers améliorés/Ph HCR
Réfugiées se construisant des foyers améliorés/Ph HCR

Le flux continu de réfugiés/retournés du Soudan et de la RCA a conduit à une très forte densité de population sur un espace réduit dont certaines parties protégées. Ceci a entrainé la compétition accrue autour des ressources naturelles et des risque de conflit si la gestion des ressources naturelles. La collecte de bois au profit des refugiés a été organisée pendant plusieurs années par le HCR et ses partenaires. Opérations ont contribué à l’épuisement du stock disponible localement Toujours existé et existe dans les zones où les réfugiés ne sont pas présents. Cet afflux des refugiés a exacerbé les tensions entre les communautés autor du bois de chauffe. La collecte de bois au profit des refugiés a été organisée pendant plusieurs années par le HCR et ses partenaires. Opérations ont contribué à l’épuisement du stock disponible localement. Face à cette crise énergetique, le HCR a tenu un café-presse ce mercriedi 02 juillet 2014 autour du thème réfugiés aux Tchad ; quel enjeux environnementaux? Ce café-presse avait montré le déficit énergetique actuel des réfugiés, les solutions proposées par les premiers concernés eux-même : c´est à dire le reboisement et l´utilisation des cuisinières solaires, la pratique de l’agriculture contrôlée et orientée la régénération naturelle, La vulgarisation des foyers améliorés en banco la promotion des énergies alternatives (solaire, briquettes, noyaux dôme…) et des moyens d’optimisation du bois de chauffe (foyers améliorés Afrah)

 


Sociale thriller partie II: Je suis Koudje la femme stérile

Melodji du groupe Matania à l´occasion de Neige au Sahel

Une musique ouvre ce chapitre. Une belle voix de la musique tchadienne. Une voix qui chante pour celles qui ne peuvent plus chanter en public. Des témoignages. Je laisse des voix se faire entendre. Des voix qui sonnent du cœur et dont, les cris sont étouffés par les rires méchants de femmes comme elles. Que ce soit sur la route du marché, dans les bureaux ou entre amies.

« Quel ressentiment : ces soirs où, au pied du lit on mêle larmes et prières. Ces moments où, on demande à la mort de nous emporter avant notre heure pour échapper aux moqueries. Je suis celle que l’on appelle en pays « sar », une femme koudje. Au début, pour ne pas sombrer, j’ai été obligée de me redéfinir, comprendre que la féminité ne passe pas forcément par la maternité, et donc, me libérer du carcan social. Accepter que je fusse femme malgré tout», avoue S.

Il y a pourtant beaucoup de raisons qu’une femme soit stérile. Si le couple est troublé psychologiquement, on peut parler d’une stérilité conjugale d’origine psychologique. « Mais qui veut bien écouter une femme qui remplit la maison sans produire ? J’ai essayé en vain de parler, raisonner mon mari. Les arguments de la famille sont toujours les meilleurs. Je suis une Koudje. Je n’ai pas le droit de parler. » C. se résigne et croit au miracle qui doit venir un jour.

« Bien que je sois chez moi, je n’ai ici pas le droit à la parole. Une comme moi à qui, on a fait la grâce de garder malgré mon improductivité, se doit de fermer la bouche quand les vrais gens parlent. Ces vrais gens, ce sont les petits frères, les neveux, toute la marmaille de la famille en fait. Je suis dans mon foyer comme l’employée de la maison. Je n’ai pas le droit de dire ce qui ne me plaît pas. »

 L’infertilité et ses origines  

Les trompes peuvent être soit entièrement bouchées ou absentes, soit présentes mais trop endommagées pour être fonctionnelles. C’est le plus souvent la conséquence d’une ancienne infection (annexite), ou d’une intervention chirurgicale nécessaire (grossesse extra-utérine) ou volontaire. Le col utérin peut être parfois responsable de l’infertilité lorsqu’il a subi un traitement chirurgical en raison d’un frottis de dépistage anormal. Cette situation est alors la conséquence d’un canal cervical qui s’est anormalement rétréci (sténose) ou d’une production insuffisante de glaire nécessaire à la pénétration des spermatozoïdes.

Les malformations congénitales de l’utérus, peuvent gêner l’implantation de l’embryon ou augmenter le risque de fausse-couche. Autant de raisons qui rendent stériles.

« Je me demande aujourd’hui si mon mari avait entendu les pleurs d’un enfant dans mes entrailles lorsqu’il est venu demander ma main.  Je ne crois certainement pas. Je me demande comment on peut être si cynique avec l’autre

Des femmes meurtries au quotidien par la belle famille et le mari qui parfois peut être celui par qui le mal est entré dans le couple. Mais comme l’homme n’est stérile ni infertile en Afrique, elles doivent subirent.


Expo-peinture: des couleurs venues de Sarh

Une vue de l´exposition
Une vue de l´exposition

Moi devant une œuvre d´art, c´est toujours comme un enfant dans un magasin de jouets. Tout m´émerveille. Les œuvres d´art sont mon faible et que je ne refuse jamais d´assister à un vernissage. J´ai eu le loisir de découvrir, toucher, les toiles, discuter avec les artistes ce jeudi 05 juin 2014 à l´Institut français du Tchad à l´occasion de l´ouverture d´une exposition-vente. Les peintres sont tous de jeunes qui viennent de finir une formation de 45 jours tenue à Sarh.

En blanc, Salma Khalil, une artiste-peintre et blogueuse tchadienne
En blanc, Salma Khalil, une artiste-peintre et blogueuse tchadienne

Il y´avait la directrice de l´IFT, Francoise Gianvitti, le directeur adjoint et tous les employés de l´Institut qui ont honoré cette ouverture de leur présence.

L´exposition-vente des œuvres produites par les artistes et graphistes de Sarh est un projet qui a été financé par le Fonds Social de Développement de l´Ambassade de France. Le but du financement est de renforcer les capacités du centre d´art africain et d´artisanat tchadien de Sarh qui, depuis la guerre civile de 1979 a perdu ses lettres de noblesse. Bien avant cette guerre, ce centre a formé des artistes tchadiens et ceux venant de la sous-région.

Je vous propose les images :

Ph Claire Nini
Un visiteur de l´exposition/Ph Claire Nini
Yaba Odile, une artiste-peintre
Yaba Odile, une artiste-peintre

De gauche à droite, Patrick le directeur adjoint de l´IFT, Mme Gianvitti la directrice et Tendjibaye le formateur

 

Si je n´ai pas tenue à mettre une image d´un tableau, c´est parceque tous étaient beaux avec des messages particuliers. Les tons et les couleurs utilisés sont miens. Mon goût bref. Difficile donc de sortir un seul, le cadrer, l´ajuster dans son optique et  immortaliser.


« Homme du monde » , un album qui interpelle

Ph. Claire Nini
Ph. Claire Nini

Un ghetto implanté sur scène. En fond coloré, la bannière du syndicat de rappeurs tchadiens. Deux jeunes au style classique, rien à voir avec le prototype du rappeur ordinaire. Pourtant ils ont des mots qui « sonnent l´alarme » espérant que tous les hommes du monde les entendraient. Pif Pikini et Kyam ont lancé donc « Homme du monde » leur album réalisé en duo ce 06 juin 2014 à l´IFT.

Je vous livre ce morceau que j´aime bien.

« Elle lui a donné son cœur, lui ne voulait que son corps

Elle y croyait, il était voilé

Une jeune femme enceinte et un homme qui s´enfuit

5 minutes de plaisir/ 9 mois de grossesse

1 enfant et 0 père »

Ce refrain raisonnait encore dans ma tête lorsque je m´installais ce 06 juin 2014 dans la salle de spectacle de l´IFT. Je venais voir deux jeunes dont tout aurait pu opposer mais que la musique a réunis. Des bêtes de scène. Mais vraiment de véritables. J´en suis tombée sous le charme. Leur charme, c´est leurs voix qui s´harmonisent. Leurs textes universels qui interpellent une génération. Leurs esprits synchronisant avec leurs corps dans des gestes harmonieux. Leurs manières de bouger sur cette scène. Cette dernière en question est une construction de ghetto. Pourtant ni Pif Pikini, ni Kyam n´a connu le ghetto comme tel. Le dernier lui, vient de la banlieue Sud de Paris tandis que Pif a connu une enfance bercé par les vagues des côtes sénégalaises.

L´anglais, le français sont leurs langues de prêche car, leurs textes ont la vindicte d´un prêche de faki Suzuki*. Ils haranguent la jeunesse, interpellent les dirigeants du monde, appelle chaque homme à une prise de conscience vis-à-vis de ses responsabilités et ce, sans peur car la peur tue l´esprit chantent-ils dans le 14 morceau qui s´intitule sans peur.

Eux, ils avouent connaître là où la valeur de l´Homme réside. Aussi, ils ont choisit de partager tout les combats des Hommes en tant qu´ «Homme du monde» faits rien que d´ «os et de chair» qui clament « la vérité comme seule clé pour élever des esprits ».

*Faki Suziki était connu à N´Djaména pour ses prêches dénonciateurs des tares des Tchadiens. Même les hommes politiques n´étaient pas épargnés.


Social thriller : la stérilité vue du Tchad

Musée Augustins - Eugène Thivier - Le Cauchemar. December 2009 (UTC) - Eugène Thivier
Musée Augustins – Eugène Thivier – Le Cauchemar. December 2009 (UTC) – Eugène Thivier

Partie 1: Etats des lieux

Donner la vie est un mystère exaltant de la vie d´une femme. Mais si la stérilité n´est pas une fatalité, en Afrique elle est une fin en soi. La stérilité est vécue comme une grande souffrance et avec honte et beaucoup des tabous qui l´entourent.

Un jeune couple vient-il de se marier que le compte à rebours commence pour la belle famille. On lorgne, guette, observe le ventre de la femme. Comme un prédateur à l´affût, la famille de l´homme attend le moindre signe de grossesse. Mois après mois, les échecs se succèdent. Le temps passe et toujours pas l’ombre d’une grossesse à l’horizon. Chaque mois, la même question cruciale qui  pétrifie à l’approche des règles: cette fois-ci, est-ce la bonne ?

Comment supporter le regard de la belle-mère, de la voisine, de l’amie, les soupçons sur ton passé, les sous-entendus dans les discussions… Certains se font plus explicites dans leurs sous-entendus.

À l’origine, il y a donc ce parcours de femme et d’artiste, cette lutte pour devenir mère, ce questionnement sur la féminité. La maternité et son importance dans la société africaine et tchadienne.

Enchaînées par les coutumes, enchaînées par les hommes, enchaînées même par leur propre peur de se libérer, d’oser, la femme stérile au Tchad est celle qui doit accepter toute injustice sans broncher… se taire devant le va-nu pied de la belle-famille qui déverse sa bille d´aigri complètement complexé par son chômage interminable. On a dit que c´est la belle-famille. Il faut supporter le mal-être.

Dans ce coin de la terre, personne ne cherche à comprendre les raisons de la stérilité. La femme est la bonne coupable. Un homme, un bon en Africain aussi bien doté par la nature conçoit toujours. Tant pis si le médecin ne peut soigner madame. On lui envoie une seconde femme. La première est libre de débarrasser le plancher si elle est incapable de partager son mari. Le plus souvent, les deuxièmes femmes très futées, se hâtent de pourvoir monsieur avec un héritier. Elles ont recours au voisin, au petit-frère ou cousin du mari ou à l´ami. Tant pis si  le visage de l´enfant dévoile son vrai géniteur. Monsieur a eu un héritier. Il est fier. La belle-famille est contente. La deuxième fière de jouer son rôle de pondeuse commanditée. L’ami, le cousin ou le voisin présente ses félicitations. On baptise l´enfant. Tout le quartier vient manger, on danse, on boit une bière et on rentre cogiter sur la deuxième victime des tabous sociaux.

Pourtant et pourtant, la stérilité peut être aussi masculine tout comme elle a beaucoup de raisons qui peuvent être aussi psychologiques.


Abdoulaye Nderguet, un homme, un groupe

Abdoulaye Ndernguet avec au fond Aimé Palyo. La reconstitutition du Tibesti est en route pour le 21 Juin 2014.
Abdoulaye Ndernguet avec au fond Aimé Palyo. La reconstitutition du Tibesti est en route pour le 21 Juin 2014.

Abdoulaye Nderguet, ce nom est connu du public est des mélomanes tchadiens qui le suivent depuis 20 ans avec son groupe musical Shila shila. Depuis 1996, il enchaine stages, tournées et formations. Il a été à l´école des musicologues de renom comme Rey Lema et Pierre Lagneau professeur de guitare au conservateur de musique classique de Paris. Il fut en 1997, avec son groupe Tibesti dont il est le chanteur principal, finaliste du prix découvertes RFI.

L´homme attire d´abord les regards avec ses 1,90m et ses dreads locks. Chanteur, auteur-compositeur et guitariste, il est actuellement le candidat du Tchad pour le prix découvertes RFI 2014.  Il fait une musique de fusion dont le Jazz mélangé aux sonorités tchadiennes. il est né d´un père sar et d´une mère arabe du Salamat. Ce métissage influence largement sa musique et on peut le ressentir dans les titres comme Gawala et Neloumta. Il a sur le marché trois albums et prépare en ce moment le quatrième. Il chante la société. «Mon inspiration, je la tire de mon milieu dans lequel je vis. La société tchadienne est diversifiée aussi on y tire assez de thèmes pour composer.» Raconte-t-il.

Sa passion pour la musique remonte à son enfance. Tout petit déjà, il était fanatique des films hindous dont, une fois à la maison il s´évertuait à imiter les acteurs indiens dans leurs parodies musicales.

Il revient de Masa 2014 où, il a représenté le Tchad. Technicien de bâtiments, il a préféré se consacrer à sa passion, la musique. Il est marié, père de trois filles.


Prosper Nadjilem : « le cinéma ou rien »

Prosper écoutant une bande sonore  d´une séquence tournée/ Ph Prosper
Prosper écoutant une bande sonore d´une séquence tournée/ Ph Prosper

Il est la nouvelle coqueluche des milieux culturels tchadiens. Il est l´un des porte-flambeaux du cinéma africain avec trois films sur le marché et un quatrième qui est en préparation. Prosper Nadjilem est le cinéaste qui a le vent en poupe en ce moment à N´Djaména. Ces films sont projetés dans tous les quartiers, en plein air pour ceux qui n´aiment pas l´atmosphère de Normandie, la seule salle de cinéma à N’Djamena.

Effacé mais aussi d´un contact facile, il n´hésite pas de répondre présent à toutes sollicitations. Prosper Nadjilem est à 31 ans, titulaire d´un licence en Audiovisuel et production cinéma. Lorsqu´il a reçu son baccalauréat série A4, il s´envole pour Yaoundé dont il revient comme cinéaste, sa passion d´enfance. «Par le cinéma, on peut transmettre un message qui peut changer tout un peuple. Je n´ai donc pas résister à suivre ma voie.»

C´est toi Prosper!

Je venais d´arriver à la cité Montaigne chez Floriane une amie d´une amie. On a à peine fait connaissance autour d´un thé qu´on frappe à la porte. Floriane fait entrer le visiteur: «tiens, j´ai oublié de te dire que j´attends Prosper le cinéaste. Tu dois certainement le connaître. Il arrive pour qu´on visionne son dernier film fille à papa.» Moi qui avais voulu toujours voir ce film qui a fait couler tant d´encre, me voici entrain d´être servi par le réalisateur même dans le douillet d´un salon. Quel plaisir! Je m´écriais, c´est toi Prosper! Mais on se connait déjà virtuellement. Il acquiesce, prend place, demande une bouteille de Fanta avec beaucoup de glaçons et en bu une rasade avant de me lancer tout simplement, «alors ca fait les vacances ou c´est un séjour de travail?» «Un peu des deux» fut ma réponse avant qu´on ne s´installe pour une partie de discussion portant sur les projets réciproques.

Filmographie

Cette joie de suivre son propre film entre copain!
Cette joie de suivre son propre film entre copain!

Son premier film, un long métrage sorti en 2008, dénonce le mariage forcé : quarante huit heures pour retrouver ma femme est tourné qu´avec des comédiens tchadiens. Le film a reçu un accueil favorable du public tchadien qu´il récidive en 2010 avec pour titre deux février. Il y parle de la guerre que N´Djaména a connue en 2008. Une sorte de thérapie par les images. L´acteur principal Haikal zakaria, ancien ministre de la jeunesse et des sports joue le rôle d´un commandant des armées qui voulait ramener la sécurité après la guerre mais qui sera confronté à des difficultés tant la société s´est divisée. Film reflet de la société tchadienne des années 80, juste après la guerre civile de 1979. Deux ans après, en 2012, il fait l´affiche avec fille à papa, un casting de rêve en Afrique avec des comédiens comme Michel Bohiri et Michel Gohou. Fille à papa est l´histoire d´un père de famille abandonnant sa famille pour s´installer avec sa maitresse dont l âge avoisine celui de sa fille.