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« Kill me quick », ces boissons tueuses de la jeunesse congolaise

La vente à vil prix de boissons fortement alcoolisées a augmenté leur consommation. Les clients se ruinent et détruisent leur santé. Un vrai danger public que les autorités peinent à arrêter, car cette activité est très lucrative.

Ce lundi de fête de Nouvel an, dans une buvette de la ville de Butembo, à environs 300 km de Goma, à l’est de la RDC, l’ambiance est particulière. Un jeune homme ferme les yeux et avale d’un seul trait la moitié d’un petit flacon de boisson « Tiger » (une boisson de près de 40% d’alcool, importée de l’Ouganda dans des flacons en plastique). Il bouge la tête et se tient la poitrine. D’autres, à côté de lui l’imitent. « C’est ce qu’on appelle kill me quick (tue-moi vite). »

Dans plusieurs buvettes, cette boisson, avec une gamme des liqueurs trop fortes, est vendue en cachette. Si la police ou d’autres éléments des forces de l’ordre vous découvrent, vous risquez la prison, mais les clients adorent les boire. Des communiqués des conseils de sécurité au niveau des villes ou des provinces tentent d’interdire la vente et la consommation de ces tord-boyaux, mais en vain. Des arrêtés signés ne produisent aucun effet.

Il y a plus de dix ans encore, les alcools et liqueurs produits à l’étranger étaient des boissons de luxe réservées aux riches, coûtant de 30 à 100 $ la bouteille. Aujourd’hui, ces boissons à plus de 40% d’éthanol ne coûtent rien. Pour moins d’un dollar, n’importe qui peut l’obtenir. Au même moment, le prix des produits des entreprises brassicoles prend de l’ampleur. Avec des faibles revenus des ménages, difficile d’acheter même à votre ami une bière. Ces liqueurs fortes font donc l’affaire dans plusieurs rencontres : amicales comme festives.

Des codes pour des initiés

Des codes ont été inventés par les consommateurs et les vendeurs clandestins : « Bourgmestre titulaire ou Bosco Taganda » quand on passe la commande de la boisson « BT » ; « J’ai besoin du Chef » pour commander la boisson « Chief », « Béret rouge » pour commander un flacon avec un bouchon rouge, « Kabrama » pour vouloir parler de « brandy liqueur »… Dans des villes de RDC, des codes pullulent pour identifier ces boissons. Si vous ne faites pas parties des consommateurs, difficile de savoir de quoi on parle.

Des liqueurs fortes étalées dans une boutique de Butembo, est RDC © Photo Umbo Salama

Pour échapper à la vigilance des services de sécurité, de douane, d’hygiène et de contrôle, les vendeurs de ces liqueurs recourent à plusieurs techniques. Certains font passer ces boissons dans des pneus de réserve des véhicules. D’autres encore utilisent des tuyaux de plomberie. Difficile donc de l’imaginer. « Les autorités s’attaquent seulement à des petits vendeurs et laissent des grands commerçants qui importent ces whiskys », dénonce Me Moïse Syaghuswa, juriste et défenseur des droits humains.

un vrai danger dans la société

Très prisées surtout des jeunes qui en consomment sans modération, elles sont devenues un vrai problème de société. Selon les statistiques de la police nationale congolaise, dans le district de la ville de Butembo, dans 60 % de cas, les auteurs des crimes ou accidents avouent avoir consommé ces whiskies qui les enivrent vite.

La consommation a même atteint les milieux scolaires. Pendant que l’enseignent dispense les cours, il est fréquent de voir dans certaines écoles des groupes d’élèves qui sirotent et se droguent en cachette avec la boisson Goal (une des marques du whisky emballé dans un sachet). « Ivres, ils empêchaient leurs collègues d’étudier« , explique Kambale Vinode, directeur des études à l’institut de Butembo. Cette année il a dû renvoyé deux élèves pour ivresse à l’école. Mais les vendeurs œuvrent sans se gêner aux alentours des écoles.

Les professionnels de santé sont formels : le danger est là. « Lors du dialogue avec des jeunes que nous encadrons pour des troubles mentaux, la majorité avoue avoir consommé ces whiskys », explique la psychologue Katungu Christine. De son côté, le diététicien Georges Musavuli met en garde tous les consommateurs. « Cela peut causer des graves maladies comme la cirrhose de foie, le diabète sucré… »


Avant Emmanuel Macron, il y avait déjà Joseph Kabila

« Effet Macron en Afrique » développé dans l’émission « Le débat africain » du dimanche 15 octobre sur la RFI m’amène à réfléchir sur la politique congolaise. En effet, le présentateur de l’émission interroge si c’est la jeunesse de Macron ou si c’est sa fulgurante ascension politique qui inspire des jeunes africains à militer pour la présidence. Pourtant, Kabila a accédé au pouvoir à 30 ans, aussi jeune que Macron ?

Je sais que vous allez me dire qu’on ne compare pas l’incomparable : un héritier et celui qui s’est battu pour accéder à la présidence. Vous avez raison. Mais, voyez les faits en face. Joseph Kabila a été aussi adulé par la jeunesse quand il a hérité le pouvoir de son Père, Laurent Désiré Kabila, après l’assassinat de ce dernier. La mode était de porter la montre à la main droite, une veste à trois boitons et ne pas fermer le dernier bouton. La politique n’était plus le monopole des personnes âgées de plus de quarante ans. Les jeunes s’y sont lancés en masse. Il fallait même produire des listes électorales aux dimensions des syllabus lors des élections de 2006 et de 2011… En cette période il n’était pas interdit aux jeunes de rêver. Mais, à mesure que les années passent, cet espoir de la jeunesse se dissipe petit à petit et s’évapore.

En 2011, Jeune Afrique a indiqué que Joseph Kabila était à la fois un risque et une chance pour la RD Congo. « Risque d’être rapidement balayé par l’un de ses mentors. Chance d’être enfin le chef moderne, modeste et avisé qui saura faire progresser la République démocratique du Congo (RDC) de l’état de satrapie vers les rivages de la bonne gouvernance ». Si Joseph Kabila a ouvert la porte de l’espoir de la jeunesse congolaise, il a au même moment scellé cette porte.

Moi et ma famille d’abord…

S’il y a plus de dix ans on parlait d’un Kabila qui écoutait plus qu’il ne parlait, suggérait plus qu’il ne s’exprimait,… aujourd’hui le fusil a changé d’épaule. Il a sa propre famille, très impliquée dans le business. Maman Sifa Mahanya, sa Mère, Janet, sa sœur jumelle, Zoé, le frère cadet et quasi-sosie, Joséphine, sa petite sœur, et Olive, la première dame, tiennent le haut du pavé. « Le clan Kabila possède l’équivalent de dix fois l’île de Manhattan (à New York) de terrains en République démocratique du Congo. Cela représente plus de 73 000 hectares quand la taille moyenne d’une ferme au Congo est de 1,5 hectare ». Que Dieu bénisse le clan Kabila et aucune autre famille en RDC.

Il me semble qu’en RDC, certaines personnes sont nées pour que tout aille dans leur sens. Elles sont importantes à un point tel que la marche de la République démocratique du Congo dépend de leur personne. Et il faut qu’elles soient satisfaites. Nous demandons les élections en 2016, on nous promet le dialogue. Nous demandons la paix, c’est la guerre que le peuple doit craindre. Nous demandons la sécurité dans les territoires de Beni et Lubero, ce sont les carnages qui sont au rendez-vous. Nous demandons l’eau, l’électricité, les routes et surtout l’emploi pour les millions de jeunes chômeurs, on nous sort des discours. Aujourd’hui, seule la famille Kabila peut encore rire ou sourire en RDC.

Le look des stars contre la démocratie : qui va gagner ?

En fait, la fierté congolaise reste encore dans la musique et dans le football. Au lieu de se soucier de la paix, la sécurité, les élections et l’alternance, on pense le « look » des grandes stars… Est-ce un jour Emmanuel Macron pourra s’emprunter le look des grandes stars de la musique et du football français ? Son pays n’est pas aussi endeuillé et ne connaît pas assez de problèmes comme la RDC. Mais la vraie question est là : « La RDC aura-t-elle encore une chance de propulser un jeune à la présidence ? ».

 


Les technologies en République démocratique du Congo, le cadet des soucis des administrations

Dans ce pays il y a un ministère national et même un conseiller à la présidence de la République en charge des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Après le mort-né de la fibre optique, on ne jure que par le biométrique. Dans l’un de mes blogs je vous avais montré comment les cartes d’électeurs n’ont aucun système de protection en République « biométrique » du Congo. Ces cartes qui constituent le sésame même des congolais sont falsifiées et piratées par des informaticiens même du degré élémentaire. C’est « Biométrique » non !

Ku band d'une distribution internet à Butembo à l'est de la RDC © Photo Umbo Salama

Rendons-nous dans une institution judiciaire à Butembo, à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), à environs 300 kilomètres au nord de Goma. Assis derrière une vieille table en bois, un magistrat écrit un procès-verbal, au stylo, sur du papier de réemploi. A ses côtés, un greffier tape le dossier d’un jugement sur une vieille machine à écrire. Des machines dactylos sont encore utilisées ici. Certains utilisent les quelques ordinateurs disponibles. Pour cela, il faut allumer un groupe électrogène pour les mettre en marche. Certains dossiers sont gardés dans des cartons. Imaginez ce qui pourra arriver aux pièces administratives de cette institution, dans ce pays « biométrique » où des manifestants se donnent rendez-vous au gré de vent et vont  jusqu’à saccager des institutions publiques.

La même scène se déroule dans des bureaux administratifs des entités de base. Assis derrière une vieille table en bois dans une pièce exigüe, le chef adjoint d’un quartier dresse le rapport annuel de son entité sur du papier arraché des cahiers. Il fait presque noir dans ce bureau. Les recenseurs se servent des papiers volatiles pour enregistrer les nouveaux venus dans leurs entités. Les archives et statistiques sont aussi « biométriques ». Les mouvements des populations sont difficilement contrôlables. Comme ici, des bureaux des quartiers manquent cruellement de fourniture comme les fiches de recensements et autres documents.

Les NTIC, seulement pour les jeux et réseaux sociaux

 Une rédaction d'un journal en ville de Butembo © Photo Umbo Salama

Certains bureaux sont équipés en ordinateurs. Des agents ont presque chacun une tablette ainsi que de smart et iPhone. Un de mes professeurs des cours de communication des organisations qui voulait découvrir comment fonctionne le service de communication du ministère congolais des Affaires Étrangères raconte à quel point il a été surpris de rencontrer quatre agents dans ces bureaux, tous concentrés derrières leurs ordinateurs. Curieusement, le premier jouait aux cartes, le deuxième au « Zuma deluxe », le troisième au billard en ligne et le quatrième consultait le profil des filles sur Facebook. « Voilà pourquoi tout est « biométrique » au Congo », s’était exclamé, ce professeur à la fin de l’histoire.

Cela semble logique si l’on tient compte des récentes études sur l’usage des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) en Afrique. Dans un Communiqué de presse publié le 18 février 2016, Deloitte Afrique Francophone, DAF, indique qu’en 2016, 400 millions d’africains consommeront des jeux sur leur mobile. Cette situé est liée à l’émergence d’une classe moyenne plus jeune, plus connectée et aspirant à de nouveaux besoins.

Nombreux ont été témoins de la grande délégation du président Joseph Kabila à la 72ème Assemblée Générale de l’ONU. Alors qu’on s’attendait à une communication pour redorer l’image du pays, les membres du bureau de communication du président de la République étaient plus préoccupées à faire du selfie dans des coins chics de New York. En fait, il y avait une bonne coïncidence : un weekend. Et on lisait sur leurs pages : « Untel a changé sa photo de profil ou tel autre vous a identifié dans une photo ou encore tel indique qu’il était avec vous aux Etats-Unis… ».

Et la transmission des décisions…

C’est un autre casse-tête. Un enseignant du secondaire est nommé gouverneur du Nord-Kivu, sous le régime de Mobutu. Mais il n’en est pas informé. Un policier, venu en hâte, tout couvert de sueur, lui rend des honneurs dans la salle de classe pour lui annoncer sa nomination. Demandez même aux ministres comment ils sont informés de leur nomination : « Par la lecture de l’ordonnance présidentielle à la télévision ». La notification vous arrive quand vous êtes déjà en fonction. Que Dieu Bénisse la République Biométrique du Congo…


En République démocratique du Congo, des fausses cartes d’électeurs au Nord-Kivu

A l’issue de l’enrôlement des électeurs en province du Nord-Kivu en Avril dernier, la commission électorale nationale indépendante (CENI) a suspendu aussi la remise des duplicatas de carte d’électeur. Elle annonce que cette activité pourra reprendre quelques mois avant les prochaines élections. Plusieurs citoyens qui perdent leurs cartes se rabattent sur les services des informaticiens pour obtenir des fausses pièces. Un circuit florissant au mépris de la loi.

La CENI (Commission électorale nationale indépendante) ne délivre plus des duplicatas de carte d’électeur. Elle dit lutter contre la livraison anarchique de ces duplicatas surtout que chaque électeur a seulement droit à deux duplicatas. Pourtant nombreux sont ceux qui perdent leurs cartes, surtout dans une zone insécurisée, comme au Nord-Kivu, où à tout moment on peut tomber entre les mains des coupeurs des routes, cambrioleurs et autres malfrats.

Or, sur l’ensemble du territoire national, la seule pièce d’identité valable est la carte d’électeur. Si vous n’en avez pas, il faut présenter un permis de conduire ou un passeport, des documents qui coûtent une fortune et pour les avoir il faut effectuer un long voyage, parfois jusqu’à Kinshasa. Pour contourner cette longue et coûteuse démarche des pièces d’identités, nombreux recourent aux activités illégales des informaticiens.

Des fausses cartes d’électeurs circulent donc

Le prénommé Paulin est un enseignant qui a déjà perdu à plusieurs reprises ses pièces d’identité. Or il ne peut pas accéder à son salaire à la banque s’il ne possède pas de carte d’électeur. Conseillé par ses amis, il sollicite le service d’un secrétariat public pour obtenir une carte falsifiée. Cinq minutes plus tard, Paulin a sa carte d’électeur. Difficile de la distinguer d’une carte originale. Il faut être un bon contrôleur pour découvrir que seul le numéro de série reste celui de la carte scannée.

Selon plusieurs spécialistes en informatique, des cartes d’électeurs délivrées par la CENI n’ont aucune protection et sont faciles à pirater. Elles ne sont incorporées d’aucune empreinte numérique ou d’une puce électronique qui permettrait d’identifier chaque détenteur de la carte. «Nous utilisons plusieurs programmes. D’abord il faut scanner une carte d’électeur originale qui doit apparaître sur l’écran comme une photo. Ensuite nous remplaçons les identités existantes par celles de la personne qui demande une nouvelle carte. Après y avoir placé sa photo, nous imprimons et plastifions le document qui devient identique à l’original», explique le prénommé Jacques responsable d’un secrétariat public à Butembo.

Plusieurs personnes qui perdent leurs cartes d’électeur ou ceux qui ne s’étaient pas faits enrôler recourent à ces services. Le coût total avoisine 5$. Même des militaires et policiers recourent à ces services quand ils veulent se faire passer pour la population civile. Ces informaticiens vont jusqu’à falsifier des permis de conduire, des diplômes d’Etat, des cartes de service,… Il y a de quoi douter de la nationalité de beaucoup de personnes.

Aucune sanction

Maître Kasereka Kaliki, défenseur judiciaire près le tribunal de grande instance, martèle que piraté les cartes d’électeurs est une infraction punissable par la loi. Il cite l’article 124 du code pénal du 31 mai 1982 qui stipule que «l’infraction de faux en écriture est punie de six mois à cinq ans de prison ferme et de paiement d’amande de 25 milles à 200 mille franc fiscaux». Une disposition légale qui n’est pas appliquée. Certains soulignent le manque de curiosité des OPJ (Officiers de police judiciaire). Surtout qu’il n’y a pas moyen de placer des policiers à chaque secrétariat public pour surveiller ces genres d’activités.


RDC : Des bâtisses laissées par des Belges ne sont que l’ombre d’elles-mêmes

De la colonisation la RDC a aussi hérité certaines habitations et autres bâtisses. Si certains ont hérité des résidences, d’autres ont bénéficié des écoles, d’autres encore des centres hospitaliers ou des Eglises et paroisses. Mais ce sont plus des résidences et bureaux administratifs qui sont en ruine. Leurs propriétaires comme les locataires n’entretiennent pas ces patrimoines historiques qui mériteraient d’être réhabilités.

On dirait que l’entretien de ces bâtisses héritées de la colonisation fait partie de l’histoire après le départ des blancs. Seuls certains bâtiments qui logent des écoles et des hôpitaux gardent au moins des petites traces d’entretien. D’autres, comme des résidences de certains chefs coutumiers, ont déjà subi une certaine réhabilitation de leurs toitures avec des financements de certaines organisations non gouvernementales. C’est dans des maisons où logent des familles et des bureaux administratifs que ça devient catastrophique. La nuit lorsqu’il pleut, il faut couvrir les enfants de caoutchoucs. Les adultes, eux se résignent. La journée, quand il faut sortir de la parcelle, les occupants sont obligés de couvrir des bâches des lits et autres biens de la parcelle pour parer à toute éventualité d’intempéries.

Faites de briques cuites et couvertes de morceaux de tuiles, ces petites maisons construites par les Belges sont visibles dans plusieurs coins et entités. Elles se dégradent peu à peu sous les yeux de tous et leur entretien est le cadet des soucis des occupants ou des propriétaires. Leurs murs sont fissurés et des charpentes ont perdu leurs formes initiales. Et pourtant, elles sont toujours habitées.

Des patrimoines culturels en disparition

Personne ne songe à l’entretien ni à la réhabilitation de ces immeubles devenus vétustes. L’ingénieur Lambert Mihimbi, agent au service de l’urbanisme en ville de Butembo indique que c’est le service de l’habitat qui a la charge de les réhabiliter, car elles sont utilisées à des fins publiques. C’est un patrimoine du domaine privé de l’Etat. Même ceux qui logent dans ces maisons croisent les bras. Normalement c’est les loyers qui devraient servir d’entretien. Mais au bureau de service de l’habitat on se dédouane que les locataires ne s’acquittent pas de leur devoir. « Plusieurs ne payent pas ».

Des enseignants de leurs côtés éprouvent des difficultés quand il s’agit de parler de la colonisation. Ces maisons permettaient de parler de l’administration belge dans une contrée bien déterminée. Distinguer par exemple le quartier des indigents de celui des évolués,… d’ailleurs les agents commis au service de l’habitat rassurent qu’ils ont une instruction de leur hiérarchie exigeant la protection de ce patrimoine immobilier. Pour plusieurs personnes rencontrées, ces constructions belges constituent un patrimoine culturel d’intérêt historique et doivent être protégées. “Il faut un budget approprié pour les réhabiliter, pour que les générations futures connaissent l’histoire des colons chez nous”, estime Kahindo Mbalolyahi, agent contrôleur des sites au service urbain de l’habitat. Il nous faut donc conserver un monument pour ça.

En réalité un camouflage s’organise dans la procédure d’occupation de ces maisons. Certains ont en fait des biens personnels dont ils ne s’occupent pas. Certains fonctionnaires, avant de quitter ces maisons pour répondre à une mutation, laissent des familiers y résider sans l’avis du service de l’habitat. “C’est tout un combat pour demander à ces nouveaux occupants les loyers. Ils se justifient comme s’ils étaient dans leurs droits”, déplore un agent du service de l’habitat qui a voulu rester anonyme.

Plus d’un citoyen regrette que ces logis soient abandonnés à leur triste sort. Elles perdurent jusqu’à dépasser un demi-siècle. De l’avis d’un architecte qui a voulu rester anonyme, ces maisons ont une longue vie que celles qu’on construit actuellement. Selon lui, plusieurs maisons construites après le départ des blancs n’ont pas une bonne maçonnerie comme celle des belges. D’ailleurs les rares personnes qui se procurent des parcelles où ces bâtisses des belges sont construits préfèrent les réhabiliter que de les démolir.


Horizon 2050 : Kinshasa la capitale des anciens élus

Vers les années 2050, à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, ne soyez pas surpris si la majorité de la population commence par le titre d’honorable, excellence, Madame honorable ou Madame excellence,… pour annoncer leurs identités. La réalité pourra être la même dans des capitales provinciales. Fruit d’un exode rural qui ne dit pas son nom ou d’une fuite de cerveaux des villages vers la capitale.

En 2016, la RDC devrait renouveler pour la troisième fois, de manière démocratique, son parlement. Mais ce processus connait encore des retards et des tractations. »Que ça dure », pensent des députés de l’opposition comme de la majorité. Toutefois, après deux éditions électorales, en 2006 et 2011, un constat se dégage : « une fois élus, des députés nationaux déménagent avec leurs familles dans la capitale ». D’autres vont jusqu’à déplacer leurs parents, oncles et tantes ou même leurs grands-parents… Pour quelle finalité ? Surtout que des élus déplacent des populations qui ne participent pas au développement : des enfants et des vieillards.

A l’issue du mandat parlementaire, des députés reviennent dans leurs circonscriptions pour battre campagne. Ils vendent leur patrimoine et même celui de leurs parents. Réélus ou pas, tous retournent vivre dans la capitale. C’est le début du combat pour les non-réélus à la recherche des postes plus ou moins juteux comme au parlement : dans des cabinets des ministères, des portefeuilles des entreprises publiques de l’Etat,… Partout il faut déposer des pots des vins et des corruptions qui peuvent ou pas vous faire embaucher.

Prenons la calculette

En 2006, l’assemblée nationale a accueilli cinq cent (500) députés qui se sont déplacés avec des leurs familles. En 2011, seulement 44 députés ont été réélus dans leurs circonscriptions respectives. Et donc plus 450 n’ont pas su retourner à l’hémicycle. A ce calcul, il faut ajouter des suppléants qui sont entrés dans l’hémicycle pour succéder aux députés qui ont été nommés ministères, conseillés du chef de l’Etat ou encore à la direction des entreprises génératrices des recettes. Ces suppléants, à leurs tours, viennent à Kinshasa avec leurs familles, voire leurs copines. Et abandonnent dans la boue et dans la poussière leurs anciens amis.

Malgré, le remaniement, le changement ou la fin du mandat, ils ne jurent que par vivre aussi longtemps possible dans la capitale que de retourner dans leurs villages respectifs. Se référant à ces calculs, le Professeur Arsène Mwaka avait déclaré que les probabilités pour un député d’être réélu en RDC sont d’environ 3%. Donc, on est élu tout en sachant qu’on n’aura pas de deuxième chance.

Si on fait des projections vers les années 2050, on voit à quoi va ressembler les habitants de Kinshasa, dix législatives après. Car, même les anciens députés de la transition, de l’après le dialogue inter-congolais, vivent, avec ou sans emploi, dans la capitale. « A l’assemblée on se familiarise avec un salaire à quatre chiffres. Si je rendre dans ma ville comme enseignant d’école secondaire je vais trouver que le salaire est humiliant », se désole un ancien député de 2006, rencontré au Nganda « Sous le safoutier », au rond-point Huilerie, à Kinshasa. Coiffé d’un chapeau large bord, pour se faire discret, il venait de commander un morceau de viande et une bière bien froide.

Partir pour ne plus revenir

Dans des villes et autres entités, des écoles et universités ne voient plus leurs rares enseignants qualifiés rentrés ;m même en cas de vacances parlementaires. Idem pour des structures sanitaires. Même des partis politiques marchent à l’aveugle. Des cadres étant restés à Kinshasa, leurs partis se vident de plus en plus des membres n’ayant plus de repère. De leurs côtés les élus préfèrent l’appellation d’honorable et d’excellence. Et donc à dieu le titre de professeur, docteur, coordinateur,…

Pourtant la constitution précise que les députés ont deux sessions en une année : la session de mars-juin et celle de septembre-décembre. De cette façon, si on veut éviter l’exode rural ou la fuite des cerveaux par le processus électoral, il serait mieux de prendre en charge des élus dans la capitale seulement pendant les sessions parlementaires. Pendant les vacances, ils s’occupent de leurs anciens emplois et ainsi ils seront proches de leurs bases respectives pour élaborer un bon rapport à la rentrée parlementaire. Dans ce cas, la rémunération des vacances parlementaires ne pourra intervenir qu’à la présentation d’un rapport congruent.


Est de la RDC : Coup-de-gueule des « femmes de joie » à l’égard des hommes mariés

Un climat de méfiance s’installe entre ces deux camps depuis un certain temps. Mais le côté qui se sent plus embarrassé, confus, troublé, perturbé,… par le cours des événements, c’est celui des « femmes de joie ». Il y a autant des codes pour les identifier : « femmes libres » ou avec un peu d’euphémisme « femmes vivant seules »,…Vos pays respectifs ont des codes, qualifier ces femmes… Mais quel est ce coup-de-gueule, vous demandez-vous ?

Des Mamans au sortir du culte pour célébrer la journée mondiale de la femme © Photo Umbo Salama/archive 2013

Ce vendredi 23 juin à Butembo, à environs 300Km au nord de Goma, à l’est de la RDC. Il est 16h (14h GMT) quand j’entre dans une buvette de la ville pour un verre de rafraîchissement après une dure journée, mais aussi pour mieux débuter le weekend. Une dizaine de clients y prennent la bière et échangent des idées autour des sujets qui semblent les mettre tous d’accord.

On croirait qu’ils sont venus ensemble, pourtant pas… C’est lié à l’hospitalité du milieu. « Quand vous rencontrez des gens assis dans une buvette ou dans un autre milieu, le sérieux veux que vous les saluez d’abord. A leurs tours, ils vous accueillent et vous intègrent dans leurs conversations. Certains peuvent même vous ajouter une bière à l’occasion », explique un habitué de ces buvettes qui m’accueille à l’entrée.

De la musique en sourdine, accompagne ces conversations. Le RNB, RAP et HIP-HOP cèdent petit-à-petit place à la « Rumba congolaise ». Cette dernière série musicale s’interrompt brusquement pour céder place à des anciens succès (tango ya bawendo). C’est l’arrivée d’un homme, cinquantaine révolue. « Il doit être le proprio du bar ! », me suis-je exclamé, en basse voix. Son arrivée a été triomphale. Mais cela n’a pas empiété sur la conversation.

« Une musique bienvenue ou malvenue ? »

Une musique, une chanson, une séquence,… a bouleversé toute l’ambiance amicale qui régnait dans la buvette : « Flora, une femme difficile ». Cette musique de 1987 de Franco Lwambo Makiadi avec le TP OK Jazz parle d’un homme marié qui cherche à draguer une femme mariée à un autre homme, mais sans succès. Cette musique rend nerveuse une femme, qui voit devant elle des hommes qui trichent avec des femmes mariées. Elle s’adresse à haute voix à ces femmes mariées qui, selon cette femme, ne savent pas résister aux dragues des hommes avec qui elles ont des liaisons. « Nous, des femmes vivant seules, nous sommes en colère contre vous les hommes mariés… Et vous me regardez comme si vous n’êtes pas en train de suivre cette musique de Lwambo… Franco ». « Mais qu’est-ce qui se passe ! », s’exclame un homme, le plus âgé des clients, et qui tente de calmer la dame énervée.

Mais, elle ne décolère pas. Selon cette dame, quand les hommes mariés se lancent dans des relations amoureuses en dehors de leurs couples, ils trichent avec des femmes mariées à d’autres hommes. « Et vous pensez comment nous nous allons vivre ; nous des femmes vivant seules. Vous pensez que nous ne sommes à même de vous satisfaire », insiste-t-elle, les larmes aux yeux. On a vu la musique qui s’arrête nette, avant que la buvette ne se vide petit-à-petit des femmes qui sont sorties avec des maris qui ne leur appartiennent pas.

Des femmes qui ne parlaient pendant tout le temps que je venais de passer à cet endroit, sont sorties de leur silence. L’une d’elles prend la parole. « Nous allons commencer à être les premières à dénoncer vos relations extérieures auprès de vos maris ou de vos épouses. Et on s’en fout si vos mariages vont se briser ». Et elle est sérieuse. « Et ils savent qu’ils n’ont pas assez de choix car ils viennent solliciter nos cabanes pour leurs relations amoureuses occasionnelles. C’est nous qui détenons leurs secrets », embraye une autre femme.

Pourquoi ne pas aller auprès de ces hommes et leur dire : « Papa au lieu d’aller avec cette femme qui a déjà un mari et qui risque de te causer des problèmes, triche avec moi qui ne suis pas mariée ? », ai-je demandé. « Ici chez nous à Butembo, les hommes ont peur quand une femme vient pour le draguer. Les rares fois qu’ils peuvent accepter, ils partent sans payer des honoraires », réagit une troisième, les yeux rivés sur la table. Les hommes présents dans la buvette ne trouvent plus de mot pour commenter cette position des femmes de joie. Quand vous racontez l’histoire à d’autres hommes en dehors de cette buvette. Ils s’expriment par un sourire, sans rien dire. Est-ce un sourire de culpabilité ? On dirait que les femmes joie viennent de dire haut ce que nombreux pensaient en basse voix.

Des femmes très nombreuses que les hommes

En effet, la ville de Butembo comme plusieurs autres entités victimes des guerres à répétitions et de l’insécurité incessante, les hommes sont les plus victimes. Dans cette situation, les statistiques des hommes sont de loin inférieures à celles des femmes. Faute des statistiques actualisées au bureau de l’Etat civil, nous nous contentons des analyses de certains étudiants de la région. « Pour l’équilibre social, à chaque homme correspond au moins deux ou trois femmes », explique la psychologue Marie Léa Wasukundi. Selon cette hypothèse a été posée pendant une étude sur les causes du taux élevé des femmes vivant seules dans la ville.

Ces femmes vivant seules ou femmes de joie sont visibles même à des heures tardives de la nuit au tour des bars, bistrots, hôtels, boites de nuit,… à la recherche des partenaires. Rares sont ceux qui en trouvent pour être payées en monnaie de singe. « Entre 1500 et 5000fc (soit entre (1$ et 4$) pour une nuit », se plaint l’une d’elles. Nombreuses sont des déplacées de guerre, d’autres sont envoyées par leurs ménages,…

Toutefois, dans l’un ou l’autre cas, les hommes mariés sont prévenus. Choisir entre perdre son mariage et avoir une liaison avec des femmes de joie. Vous savez au moins où trouver ces femmes, une fois de passage dans cette ville.


RDC : Prison break s’invite dans les prisons congolaises

Prison Break est un feuilleton télévisé américain créé par Paul Scheuring. Ce feuilleton, dans sa première saison, montre comment Michael Scofield, ingénieur en génie civil, met au point une stratégie pour faire évader son frère Lincoln Burrows de la prison, car accusé à tort d’avoir tué le frère de la vice-présidente des États-Unis. Les séries d’évasions enregistrées ces derniers temps en République Démocratique du Congo se présenteraient-elles comme dans ce feuilleton ? Un regard citoyen s’avère indispensable.

vue de l’entree de la Prison de Beni lors d’une visite d’inspection du bureau des droits de l’homme de la MONUSCO© Photo droits de tiers

En l’espace d’un mois, des détenus s’évadent dans cinq maisons carcérales de la RDC. Le premier épisode de la série se joue le matin du mercredi 17 mai au centre pénitentiaire de Makala, à Kinshasa. Plus de la moitié de prisonniers (4216 évadés sur 8087) sont en cavale. Deux jours après, le vendredi 19 mai, intervient la réalisation du deuxième épisode. Il se joue simultanément dans deux maisons carcérales : la prison de Kalemie dans la province du Tanganyika et de Kasangulu dans la province du Kongo Central.

Comme pour  la série « Prison Break », le producteur pensait que l’histoire de la prison n’allait pas attirer les spectateurs. Il a été surpris par l’audience qui se multipliait jour après jour. Est ce qu’en RDC on peut aussi dire que la série d’évasion intéresse ? On peut le dire puisque ces évasions sont loin de s’arrêter. Le parquet, le commissariat et la maison communale de Matete (à Kinshasa) lance le troisième épisode. Ils sont attaqués au petit matin du samedi 10 juin. Une dizaine de détenus dans la nature. Ces évasions se passent la nuit ou mieux au petit matin. On dirait que l’audience aussi accroit.

Première mesure de sécurité : la garde est renforcée seulement la nuit. La journée… pas assez de dispositifs de sécurités. Mais le Michael Scofield de ces épisodes ne se désole pas comme des forces de sécurités régulières. Il surprend à Beni, à l’est de la RDC dans la mi-journée, vers 14h30 heures locales ou 12h30GMT, dans le quatrième épisode. « C’était pendant les heures de visites. La garde n’est plus rigoureuse puis qu’on pensait que des éventuelles évasions pourraient avoir lieux la nuit ou le matin », déclare à la radio Okapi, Nyonyi Bwanakawa, maire de Beni, lors de l’émission dialogue entre congolais. Le bilan de tous ces épisodes, voulez-vous me demander ? Non… allez sur Google (moteur de recherche), il y a assez d’articles dans ce sens.

Qui est Michael Scofield dans ces épisodes ?

J’ai dû écouter des radios, suivre des télévisions, lire la presse… Cette question reste sans réponse. Ces événements alimentent les débats dans les rues. Cette question persiste… L’autre question qui revient : Quelle sera la prochaine étape ? Des autorités provinciales du Nord-Kivu, ont même institué des couvre-feux dans certaines entités de la province entre 18h30 et 6h00. Objectifs : retrouver des évadés et parer à toute éventuelle évasion.

L’unique personnage qu’on essaie d’identifier c’est celui que nous présentons ici comme  Lincoln Burrows (Celui que Scofield est venu libérer). A Makala comme à Kasangulu et à Matete ce rôle est joué soit par Ne Mwanda Nsemi (Chef mouvement politico-religieux Bundu Dia Mayala), soit par ces adeptes. Mais à Beni les autorités attribuent ce rôle aux ADF et miliciens ainsi qu’à d’autres prisonniers liés aux massacres et tueries des civils dans cette zone. Il faut arriver à identifier Scofield et Burrows dans cette série d’évasions si on veut sécuriser les maisons de correction.

Que cachent ces évasions ?

Une seule réponse conclut des débats autour de cette question : « Il y a quelque chose qui se prépare au pays ? ». Quelque chose ??? C’est encore flou. Des rumeurs comme celles d’avant 19 décembre 2016 renaissent. Ces rumeurs projettent un événement qui ne dit pas encore son nom au 30 juin 2017, c’est-à-dire la date de commémoration de l’indépendance de la RDC. Quand on cherche à en savoir d’avantage sur ce fameux « quelque chose qui se prépare », les services de sécurité vous réplique : « Il n’y a rien, c’est l’homme qui a peur ».

De Makala à Beni, en passant par Kasangulu, Kalemi et Matete, ces évasions massives sont une diversion. En fait, le système de commandement des groupes armés est différent de celui des forces régulières. Dans les mouvements armés et dans des groupes terroristes on croit à l’idée du chef. Tandis que dans les forces régulières on obéit. Un chef des groupes terroristes s’il est incarcéré, le mouvement manque l’unité de vision. Il faut à tout prix le libérer.

Des évasions à répétition, cela apparaît maintenant comme voulu et planifié. Une enquête sérieuse doit être rapidement menée, et les conclusions rendues publiques, pour tirer au clair cette situation. Cette vague d’évasions va avoir inéluctablement comme conséquence la résurgence de l’insécurité dans le pays. Des présumés coupables des massacres et autres formes d’insécurités sont aujourd’hui en liberté.

 


Chanter l’hymne national, un casse-tête pour des congolais

Lors de l’exécution du « Debout Congolais », l’hymne national de la République Démocratique du Congo, certains bavardent ou refusent de le chanter. Pourtant c’est un symbole fort de l’unité de la nation et du patriotisme. La négligence, l’ignorance et le découragement de certains congolais expliquent ce manque de civisme.

De G à D : Nyonyi Masumbuko (Maire de Beni), Sikuly’Uvasaka (Maire de Butembo), Général Awashango Cdt de la PNC au Nord-Kivu, Valérien Mbalutwirandi, ministre de l’intérieur au Nord-Kivu, lors de l’hymne à l’inauration du bâtiment de la police de l’enfance à Butembo © Ph Archives (Mars 2014)

Dans toutes les villes et autres entités de la RDC le drapeau national est partout : dans toutes les concessions scolaires et les enceintes de l’administration publique. Tous les jours, lorsqu’on hisse le drapeau l’hymne national est exécuté. Si vous observer avec attention ceux qui exécutent cet hymne vous risquez d’exploser de rire. Certains s’arrêtent et prennent une position fixe pour saluer le drapeau mais ne chantent pas toujours les paroles de l’hymne national.

On y voit des gens qui marmottent des mots inaudibles on dirait des bavards. D’autres se taisent tout simplement. Des phrases comme « courbé… courbé » au lieu de « longtemps courbé » ou encore « posteriste » au lieu « postérité »… Des exemples sont légion. Observez vous-même des joueurs lors des compétitions africaines ou internationales quand arrive le moment de chanter l’hymne national. Patrick Tsico, ancien bourgmestre et enseignant en sciences politique et administrative à l’UCG (Université catholique du Graben) explique que la connaissance du texte et de la mélodie de l’hymne national est obligatoire pour tout Congolais. « C’est le symbole de la nation qui traduit les aspirations de tout un peuple. Il contient la philosophie et la vision même d’une nation ». Les autorités administratives s’émeuvent de ce comportement mais n’agissent pas. Certains pensent que c’est facultatif de chanter l’hymne national. Pourtant c’est un usage bien connu, ça ne coûte rien.

« Poste de radio et clé USB, une alternative »

Plusieurs autorités locales ont trouvé une alternative lorsqu’il s’agit de chanter l’hymne dans une manifestation officielle. Le chef du protocole vient avec une radio et une clé USB ou une carde SD qui contient l’hymne. Il est ainsi joué à la radio et épargne des participants à prononcer des mots qui ne sont pas du texte. Là c’est facile.

Aucun accent n’est mis sur son apprentissage comme pendant la deuxième république sous le règne de Mobutu. Les autorités de l’époque étaient très rigoureuses dans l’application des sanctions contre ceux qui ne respectaient pas « La Brabançonne », «Le Debout congolais» ou encore « La Zaïroise ». Ils risquaient même l’emprisonnement. Selon le politologue Kahindo Muhesi, depuis 1965 le pays a été soumis au régime de Mobutu qui a contraint beaucoup de gens à oublier le « debout Congolais » au profit de « la zaïroise ». Aussi ceux qui ont remplacé Mobutu n’ont pas insisté sur le patriotisme à afficher en public et la guerre de 1998 a découragé certaines personnes à s’affirmer comme des congolais.

De même le code pénal est silencieux sur les sanctions à appliquer à ceux qui refusent délibérément de chanter et ou qui distordent le texte de l’hymne national. M Benjamin Kahemulo, défenseur judiciaire au Tribunal de grande instance explique que seul le code pénal militaire du 18 novembre 2002 qui réprime ce comportement et ne définit que l’infraction d’outrage au drapeau sans faire allusion à l’hymne national. Or il s’agit, affirme-t-il d’une manifestation injurieuse à l’égard du drapeau. Ce sont les militaires, les policiers ou autres assimilés qui peuvent se rendre coupables de cette infraction. Rien n’est alors dit sur l’hymne national. Toutefois, pour certains le respect dû à l’hymne national relève du civisme.


Kabwelulu et Mende : des coutumiers de Kabila ?

Mardi 9 mai, Bruno Tshibala, premier ministre congolais dévoile son gouvernement. Certains noms sont encore revenus. Il s’agit de Martin Kabwelulu et de Lambere Mende qui occupent respectivement le ministère de mines et de la communication. De Gizenga I et II à Brino Tshibala en passant par Muzito I, II et III, Matata I et II ; Badibanga, leurs noms ne manquent pas. Sont-ils les meilleurs ? Que cache leur persistance dans tous ces gouvernements ? 

Martin Kabwelulu Labilo a occupé le ministère des Mines dans le gouvernement dirigé par Antoine Gizenga en 2007, ministère qu’il détient encore aujourd’hui. Même chose pour son homologue Lambert Mende Omalanga. Depuis octobre 2008, Mende occupe le poste de ministre des Médias et de la Communication, poste doublé de l’étiquette de porte-parole du gouvernement. Il a été nommé ministre des Hydrocarbures en février 2007, dans le gouvernement Gizenga I, avant de prendre en octobre 2008, la tête du ministère de la Communication et des Médias. Il y demeure jusqu’à aujourd’hui.

On dirait qu’ils forment un duo intouchable. Les questions qui se posent à propos de Mende et Kabuelulu restent les mêmes. Pourquoi sont-ils reconduits dans leurs fonctions à chaque changement du gouvernement ? Ont-ils des compétences inégalables ? Est-ce du favoritisme à leur égard ou une simple question d’affinités avec le « Chef » ?

Bloomberg et situations politiques ?

L’agence Bloomberg, spécialisée dans les questions économiques a déjà révélé que Joseph Kabila, sa femme, ses deux enfants et huit de ses frères et sœurs contrôleraient plus de 120 permis d’extraction d’or, de diamants, de cuivre ou de cobalt en République démocratique du Congo. Les enquêteurs citent en exemple deux entreprises familiales qui à elles seules possèdent les permis d’exploiter du diamant sur plus de 700 km en RDC, le long de la frontière avec l’Angola. Si ces révélations s’avéraient vraies, on pourrait dire que Martin Kabwelulu mérite une récompense de garder son poste au ministère des mines.

Pour Mende, il y a peu de cadavres dans son placard de dix ans dans le gouvernement. Sauf qu’Africanews, un journal paraissant à Kinshasa l’avait surnommé de « ministre sans Etat d’âme« . Pour ce journal, la position de Lambert aujourd’hui n’est pas la même demain. « Tout dépend de la position du président de la république», conclut cet article d’Africanews. Il est aujourd’hui le chantre dévoué de la souveraineté de la République Démocratique du Congo.


Top de 10 évènementiel à Butembo

vue aerienne de butembo ph umbo Salama

Ici nous sommes dans une ville réputée commerciale, située au Nord-Kivu, à environs 300 Km au Nord de Goma, à l’est de la R. D. Congo. Si elle est réputée commerciale c’est parce que des opérateurs économiques de cette ville ont été parmi les premiers en RDC à importer des produits manufacturés et autres biens en provenance de l’Asie. Quelques maisons de commerce portent d’ailleurs des noms empruntés du Moyen-Orient : « Kidubaï en référence à Dubaï, Galérie Ngoanzhou en référence à une ville chinoise,… ». Certains vont jusqu’à qualifier cette ville de poumon économique de l’est de la RDC pour avoir desservi plusieurs entités en produits manufacturés importés de l’Asie ou de l’Afrique de l’est. Mais s’il faut investir dans cette ville, vous serez surpris de constater que des événements qui rassemblent un grand public n’ont rien d’économique. Ce blog essaie de présenter le top 10 d’événement dans cette ville commerciale.

  1. Les cérémonies funéraires : la coutume l’emporte sur le commerce. Des boutiques et magasins et même des activités administratives vont jusqu’à fermer des portes pour compatir avec la famille éprouvée. Peu importe des rendez-vous déjà fixés aux clients venus d’autres provinces.
  2. Rencontres religieuses : moins nombreux sont des familles qui ont de l’emploi dans cette ville, où la plupart d’entreprises sont familiales. Aussi, les riches se marient entre eux et les pauvres entre eux. Il faut ainsi se réfugier dans des Eglises pour des solutions miracles aux multiples problèmes : emploie, mariage avec un fils d’un riche,…
  3. Cérémonies de mariage : il suffit de consulter des registres des mariages à l’Etat civil comme dans des Eglise pour comprendre que dans cette ville les gens se marient à la seconde près. « En une semaine une seule commune peut enregistrer entre sept et dix mariages. Or la ville compte quatre communes. Et donc en une semaine on peut enregistrer entre 40 et 50 mariages en une semaine sans compter des mariages qui sont célébrés dans des Eglise sans être enregistrés au bureau municipal», explique Bwambale Muhanirya, bourgmestre de la commune de Kimemi, une des communes de Butembo.
  4. Rencontres sportives : il faut l’avouer, elles ne sont pas nombreuses et opposent rarement les équipes d’autres provinces à celles de cette ville. Elles mobilisent il s’agit des rencontres entre les deux grandes équipes de la ville. De fois des tournois se limitent au match en aller et retour entre les deux équipes.
  5. Marches de protestation : au début ces genres de manifestation ne mobilisaient la population. Et même un adage populaire disait : « la politique tue». aujourd’hui, avec la monté de l’insécurité dans la région, la situation socio-économique étant aussi précaire, elles commencent à mobiliser. Mais aussi, plusieurs pensent c’est une occasion de se faire un nom et de trouver une voie pour se faire élire. « Après les études, si on ne réussit pas dans le commerce, il faut aller dans la politique ».
  6. Tambourinage et cris aux voleurs et autres truands : des groupes de pression se multiplient, face à la montée de l’insécurité et à la défaillance des services de sécurité. Des jeunes s’organisent pour l’autodéfense de leurs quartiers. « Si vous remarquer un mouvement suspect dans votre parcelle, il suffit de sifflet ou tambouriner avec des bidons pour que les voisins vous viennent en aide ».
  7. Vente promotionnelle de la bière : à côté du commerce, la ville fait face à une concurrence de vente de boisson et le nombre de buvettes concurrence celui des boutiques et magasins. Des peintures sur des gros bâtiments et des affiches dans des places publiques vous renseignent sur la marque de votre boisson préférée et le lieu où elle sera vendue en moindre coût.
  8. Journée internationale de la femme du 8mars : elles sont d’abord majoritaires et dans plusieurs ménages elles n’ont pas d’autres occasions de se divertir. Nombreuses trouvent ici une des rares occasions de sortir de leurs parcelles et d’aller rencontrer leurs amies à la messe comme dans des buvettes.

A ces 8 éléments il faut ajouter deux autres :

  1. Cérémonies de clôture l’année scolaire.

Conférences et débats liés aux questions de la politique nationale.