Sally Bilaly Sow

Maman, quand je me rappelle de toi, j’abandonne tout !

Une mère tient son bébé crédit photo : pixabay.com
Une mère tenant son bébé crédit photo : pixabay.com

Au petit matin du 28 août 2003, maman, tu disparaissais sans dire adieu à tes cinq progénitures. En ce mois d’août 2016, cela fait treize ans que tu es parti. Seulement six mois t’ont séparé de papa, qui est décédé le lundi 17 février 2003. Deux dates gravées dans ma mémoire comme la Fatiha.

J’ai attendu ce jour pour  parler de toi en général afin d’atténuer ma souffrance interne et te  rendre un hommage mérité. Je prends donc une courageuse décision qui m’étais jusqu’ici impossible. Je sais qu’en le faisant, je ferais des mois, voire des années de cauchemars. Mais qu’à cela ne tienne. Cette fois-ci, il me le faut car mes larmes ne tarissent (presque) pas treize ans après ta disparition.

Le 28 août 2003, j’avais à peine onze ans quand des cris  m’ont réveillé aux environs de 4 heures du matin. Pendant que tous les membres de ma famille pleuraient, nos voisins vinrent frapper le portail et Azor, le chien, aboyait. Je ne pouvais plus continuer à dormir. Pire,  je n’imaginais pas une seule seconde que c’était celle qui m’aimait  tant qui était partie. Bien que tu fusses malade, j’avais l’espoir de te retrouver saine.

Je me  lève pantois ne sachant pas la cause exacte. Ma chambre étant dans les annexes de la concession, je jette épeuré un coup d’œil par ma porte. Sur le petit trou, à droite j’apercevais ma sœur Fatoumata Binta qui sanglotait à même le sol  et à gauche ma tante. Je transpire d’une chaude sueur.  Je m’arrête pendant plus de dix minutes, s’en sont suivis des vas-et-viens dans ma chambre.

J’ai douloureusement conclu avec des gémissements que ton jour de rappel par Dieu était malheureusement arrivé. Il restera le pire jour de ma vie. Perdre ses parents en l’espace de six mois, c’est douloureux surtout pour un enfant. Après le décès de papa, je croyais que tu allais rester avec nous. Je pensais que tu allais être à côté de nous pour nous entretenir, nous prodiguer tes sages conseils.  Je n’en revenais pas.

A l’époque , je devais quitter la classe de 5e année pour la 6e année. Je n’imaginais en aucun cas te perdre sitôt  après une année scolaire réussie. Tu aurais dû attendre me voir franchir les portes de l’école primaire.  Hélas ! Dieu en avait décidé autrement. Néné, quand je me rappelle de toi, j’arrête toute activité en espérant instinctivement que tu reviendra. Hélas ce ne sera jamais possible.

Dans la journée du 27 août 2003, quand je fus  rentré dans  ta chambre pour te dire bonjour alors que tu étais alitée, tu m’avais regardé en remuant ta tête. J’avais compris que c’est parce que tu m’aimais c’est pourquoi un tel regard. C’est fut notre dernier vis-à-vis sur terre. Néné, pourquoi ne m’avais-tu  pas dis de rester si longtemps avec toi ? Pourquoi ne m’avais-tu pas  dis de passer la journée entière avec toi ?

Aujourd’hui encore, je récents ton absence, comme si on m’avait amputé un membre. Une mère reste une mère. Elle ne se remplace JAMAIS. Comme nous le dit un proverbe turc : « Dans le cœur de l’orphelin y demeure jamais un vide ».

Je me rappelle ce jour, le cimetière de Wouro était bondé de monde. A mon jeune âge, je pensais à une fiction. Au fur et à mesure que je grandisse, je me rends compte que c’était effectivement toi qui étais dans le cercueil dont le corps fut enterré non loin de papa.

Tu nous as aimés en vraie mère, tu nous as entretenus sans faire marche arrière.  Tu es parti sans goûter les fruits des arbres que tu as plantés, tu es parti sans nous dire au revoir. Toi qui ne dormais presque pas, toi qui me rendais heureux quand je quittais l’école, toi qui me disais que papa était en mission des Nations unies en Sierra Leone pour m’épargner de la triste vérité et qu’il allait revenir vous voir parce qu’il vous aime, toi qui aimais m’amener  avec toi  au village, toi qui m’incitais à respecter les personnes âgées, toi qui me frappais pour que j’aille à l’école coranique, toi qui me faisais réviser mes leçons, treize ans après ta disparition, je pense encore et encore à toi. Comme je pense à papa et à Nenan Dalanda*. Je vous demande pardon pour toutes les bêtises que j’ai commises.

Je ne peux rien vous payer pour tout ce que vous avez fait pour moi. Nous ne pouvons rien vous payer. La seule arme dont nous disposons, c’est de faire des prières pour vous. Des prières et sacrifices  que nous faisons et nous continuerons à faire.  Dors en paix Néné, dors en paix Baben, dors en paix Nenan Dalanda.

Au fil des années, j’ai compris, comme le dit un proverbe oriental, que «Le véritable orphelin n’est pas celui qui a perdu son père, ni sa mère, mais celui qui n’a ni science, ni bonne éducation». Et grâce à l’éducation que vous m’avez donné et celle que j’ai reçue après vous, je promets de ne pas vous décevoir. Toi et papa, rassurez-vous que je suis le chemin que vous m’auriez tracé .

*Nenan Dalanda (la  marâtre de ma maman).


The Bobs 2016 : comment voter pour ABLOGUI ?

Capture d'écran de la page "Catégorie changement social"
Capture d’écran de la page « Catégorie changement social »

Après le sacre du blogueur Alimou Sow  en 2013, la Guinée a  de nouveau une occasion  de rafler ce prestigieux prix mondial  à travers l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) qui a été  nominée par la radio allemande DW à la  douzième  édition  The Bobs dans la catégorie «Changement social».
Cette reconnaissance vient de son illustration  dans la promotion des TICs  et de son projet #GuinéeVote lors de la présidentielle d’octobre 2015.

Mais pour l’heure ,  l’épineuse question que de nombreux internautes se posent  c’est de savoir comment voter pour l’ABLOGUI ?

Pour répondre à cette inquiétude et  dans le but de  permettre  à notre association  dont l’engagement citoyen n’est plus à démontrer de rafler ce fascinant prix , nous avons élaboré ce tutoriel pour vous guider point par point jusqu’au vote final.

#1 Première étape : rendez-vous sur le site The Bobs

C’est  le site https://thebobs.com/francais/ où  le vote a lieu  ou bien cliquer  sur ce lien https://thebobs.com/francais/category/2016/social-change-2016/ .
Une fois  à la page d’accueil, vous verrez une sorte de flèche pointée vers le bas (⬇). ️

Capture d'écran de la page d’accueil cible
Capture d’écran de la page d’accueil cible

#2 deuxième étape : connectez-vous avec votre compte Facebook,  Twitter, etc…

À droite de votre écran, vous allez apercevoir ces différents boutons qui vous permettront de vous connecter .

Boutons des RS
Boutons des RS

Ensuite, repérer le compte du réseau social que vous utilisez et cliquez sur son logo et patientez vous  pendant le temps du  chargement des données.

Ab

#3 troisième étape : vérifiez que vous êtes bien connecté et au bon endroit

Le vote ne réussira que si vous êtes connecté. Alors, vérifiez que votre nom figure effectivement sur ce qu’on qualifierait de tableau de bord.

ABLOGUI_4

 

#4 quatrième étape : choisissez la catégorie “Changement social”

À gauche vous verrez ce qui ressemble à cette figure. C’est une liste à dérouler vers le bas. Juste en première positon se trouve la catégorie «Changement social» dans  laquelle ABLOGUI est nominée.

Cliquez dessus et continuer vers la droite pour choisir à qui vous donnerez votre voix. Choisissez ABLOGUI puis validez votre choix.

ABLOGUI_5

 

#5 cinquième étape : votez maintenant

Comme mentionné, votez maintenant. C’est l’une des étapes les plus importantes dans ce marathon que nous avons fait depuis le début de ce tutoriel – dont nous vous invitons à partager autour de vous.

Pour voter, jeter un petit regard sur la description qui a prévalu le
choix de l’Ablogui, vous verrez à la fin le bouton “Votez maintenant et cliquez sans passer👍.

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Et par la suite vous apercevrez le message confirmant la prise en compte de votre vote.

AB6

J’allais oublier, le vote c’est tous les jours avec vos différents comptes (Facebook , Twitter etc…). Il faut juste attendre 24 heures après votre dernier vote pour pouvoir le refaire.

P.S: voici la version vidéo du  tutoriel.


Guinée : duquel des scénarios rwandais le gouverneur de Labé parle-t-il ?

La ville de Labé au centre de la Guinée a abrité le 26 décembre 2015 dernier , une journée de réflexion et d’orientation du Mouvement Djokken Alpha . Selon les organisateurs de la rencontre qui s’est tenue au CECOJE ( centre d’écoute de conseils et d’orientation pour les jeunes)  de Labé , il y avait plus de 100 participants.

Sadou Keita , gouverneur de Labé , Credit photo : AOB
Sadou Keita , gouverneur de Labé , Credit photo : AOB

Dans son intervention , le gouverneur de région Sadou Keita souhaiterait voir se produire en Guinée un scénario rwandais. Lequel des scénarios ? Le génocide (qu’on ne souhaite pas ) ou la révision de la Constitution, comme le prône déjà   des « révisionnistes » comme l’ex président de la transition guinéenne, le Général Sekouba Konaté ,il y a moins d’une semaine. Ignorant ainsi de facto  ,la mise en garde du président de la Cour constitutionnelle , Kelefa Sall à l’encontre du président de la République lors de la première  tranche de son investiture.

Si , il y a quelques mois, il pesait ses mots, maintenant ce n’est plus le cas. C’est un Sadou Keita très « militant » qui s’est adressé à un parterre de militants du RPG arc-en-ciel, parti au pouvoir. Il délie sa langue comme de l’eau qui coule dans un robinet : « Je vais vous dire peut-être ce n’est pas un secret, la classe politique est en train de reprendre une autre forme. Nous avons beaucoup de chances à récupérer des gens qui étaient opposés hier et qui viendront avec nous . Ça c’est évident. La vieille classe politique n’a plus de sens. » A-t-il martelé.

Et d’enfoncer le clou : « Vous avez suivi ce qui se passe. Il faudrait qu’on soit d’abord mobilisateur tout en conquérant le terrain . En tout cas dans cette région, nous aurons une réunion spéciale avec le RPG arc-en-ciel, avec les mouvements pour indiquer les pourcentages que nous voulons avoir dans chacune des préfectures de notre région .»

Le gouverneur n’a pas caché son intention de voir la mouvance présidentielle raflée les prochaines échéances électorales : « Sur les cinquante trois communes rurale et urbaine nous souhaiterions avoir toutes les communes rurales et urbaines. Mais puisque , se souvient-il que nous sommes en démocratie ,on souhaite en tout cas avoir les deux tiers (2/3) , c’est ça notre objectif. Je crois que nous allons bâtir nos stratégies .»

Avant d’afficher un sentiment de satisfaction d’avoir accompagné le président Alpha Condé : « C’est un gouverneur de région très heureux qui vous parle. Cinq ans de mandat accompagnant le chef de l’État depuis sa prise de fonction , c’est grâce au parti, c’est grâce aux mouvements qui accompagnent le parti. C’est vrai , si nous avons la paix , la cohésion , c’est aussi grâce aux autorités . Nous avons tout à gagner si cette seconde mandature terminée comme souhaité. »

Et de conclure avec cette phrase qui ne sera pas sans conséquence dans les jours à venir : « Je suis sûr que notre résultat en fin de mandat va faire comme qu’on soit comme le Rwanda , mais je ne dis pas ce qui s’est passé au Rwanda … Mais on le souhaite.»

Pour l’heure, les citoyens se demandent lequel des scénarios rwandais, le gouverneur de Labé souhaiterait voir se produire en Guinée. Mais selon plusieurs observateurs, il afficherait son intention à une éventuelle révision constitutionnelle , interdite par les articles 27 et 154 de la Constitution guinéenne. 

L’on se rappelle , au pays de Paul Kagamé, nous avons assisté il y a peu à la signature d’une « pétition » par les populations dans laquelle, Mr Kagamé devrait se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.

                                                     Sally Bilaly Sow blogueur & web activiste


Abdoulaye Bah : «La Guinée ne peut échapper à l’expansion d’Internet.»

Abdoulaye Bah , crédit photo : FB

Abdoulaye Bah – @abkodo2 sur Twitter – est connu pour être le doyen des Blogueurs Guinéens. Ce septuagénaire maîtrise les outils numériques comme un web-activiste du Printemps arabe. Retraité des Nations unies et de l’Onudi, M. Bah n’a pas attendu longtemps pour trouver une activité à exercer. Sur Global Voices et Konakry Express, il écrit des articles, traduit des billets de blog, publie des extraits de livres sur le régime dictatorial du président guinéen.

Militant des droits humains, il se sert également d’Internet pour lancer des campagnes contre des chefs d’État oligarques d’Afrique. Des personnes parmi les plus riches du monde pendant que la majorité de leurs concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté.
Dans cette interview qu’il a accordée à mon blog YitéréTech , il évoque ce qui lui a permis de se reconvertir dans le bloguing, et donne son analyse sur le progrès numérique en Guinée.
Bonjour veillez-vous  présentez s’il vous plaît à nos lecteurs ?
Mon nom est Abdoulaye Bah, originaire de Djelitorghel, Gongoré, Pita. Je suis le fils aîné d’Amadou Baillo, victime de la dictature de la Première République. J’ai des formations en statistique, démographie, journalisme et gestion des entreprises. Je suis retraité des Nations unies et de l’Onudi, l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel.
Comment a débuté votre aventure sur les réseaux sociaux ?
Pour éviter des problèmes domestiques ! Non, ce n’est pas une blague ! Comme dans de nombreux foyers, la gestion de la télécommande de la TV peut parfois générer des problèmes.
Ma femme aime regarder les films et les séries, tandis que moi je préfère les débats, les documentaires et le sport. Pour arrêter les discussions incessantes chaque soir, j’ai fini par prendre l’habitude d’ouvrir mon ordinateur portable devant la TV pour la laisser regarder ce qu’elle veut. A un moment, je me suis dit que je pouvais exercer une activité professionnelle utile, même à titre gratuit sur Internet.
À force de chercher, je suis tombé sur globalvoicesonline.org, un réseau social qui regroupe des personnes du monde entier qui écrivent sur des sujets qui les intéressent. Elles traduisent aussi des articles publiés dans des blogs qui traitent de problèmes que les médias traditionnels négligent ou ignorent ou encore présentent de manière biaisée. Le réseau publie des articles, des billets ou des commentaires des internautes dans quelque 35 langues. Pour ce réseau, j’ai écrit ou traduit à ce jour 1 200 articles en français, une cinquantaine en anglais et italien.
Parmi mes domaines de prédilection, il y a : les droits humains, la promotion de la femme, la dénonciation de la dictature et de l’impunité, etc., au niveau mondial. En ce moment, j’ai deux pétitions que je cherche à promouvoir adressées au pape François pour lui demander d’excommunier 5 dictateurs africains. Il s’agit des hommes qui sont restés le plus longtemps au pouvoir et ont constitué des oligarchies voraces à leur seul bénéfice.
Leurs peuples vivent dans de mauvaises conditions et aucun de ces pays ne remplira tous les objectifs du millénaire du développent (OMD). La plupart ne rempliront pas un seul de ces OMD.
À la suite des massacres du 28 septembre 2010, Claire Ulrich, la coordinatrice du groupe francophone, m’a encouragé avec insistance à créer le blog https://konakryexpress.wordpress.com.
Au début, ce blog devait signaler les abus décrits par des témoins se trouvant en Guinée. Par la suite, le blog a évolué vers la publication d’extraits des livres écrits par d’anciens prisonniers du camp Boiro ou par des auteurs qui se sont penchés sur ce sinistre mouroir de la révolution du président Sékou Touré. Leur objectif : faire connaître aux jeunes ce qui s’est passé dans notre pays au cours de ces années de terreur, dont notre peuple continue à subir encore les conséquences.
De temps à autre, Bah Mamadou Lamine, grand reporter au Lynx, m’envoie des articles publiés par son journal, mais dont il veut partager le contenu avec un plus grand nombre de lecteurs. D’autres amis aussi m’envoient des articles, par exemple Nadine Bari. Sur ce blog j’ai déjà publié près de 600 articles.
J’utilise également Facebook et Twitter pour participer à des discussions ou je lance aussi des débats sur des sujets d’intérêt général.
Quelles opérations mettez-vous en place pour animer votre communauté ?
Les médias sociaux offrent aujourd’hui un grand avantage. Lorsque vous avez un blog, ce sont les serveurs eux-mêmes qui distribuent ce que vous voulez partager avec vos abonnés sur Twitter ou Facebook. Donc, une fois que j’ai lu un article intéressant je peux le signaler à ces amis. Il s’en suit des discussions. Lorsque je publie un article sur mon blog, c’est wordpress.com qui le distribue immédiatement à tous mes contacts.
En outre, avant la généralisation de l’usage de Facebook et de Twitter, j’avais des adresses dans ma boîte de courriel. Souvent, j’informe les personnes qui y figurent de la publication d’articles. Je fais aussi partie du réseau de traducteurs et de blogueurs,globalvoicesonline.org, c’est ce réseau qui se charge de la distribution des articles que j’écris ou que je traduis.
Comment mesurez-vous vos résultats par exemple à travers votre blog ?
Là aussi, je fais confiance aux fournisseurs de services des réseaux sociaux qui tiennent le décompte des visites et fournissent les statistiques pour les blogs et le nombre des « j’aime » sur Facebook; Twitter aussi signale les commentaires ou les retransmissions par mes amis de mes messages.
De quelle manière travaillez-vous au quotidien ?
Étant retraité, je dispose de beaucoup de temps. En outre, le fait d’avoir voyagé et vécu dans plusieurs pays m’a permis de maintenir les liens d’amitié avec mes anciens collègues ou d’autres milieux. Ce qui fait qu’en ce moment, à Rome où je vis principalement, je ne connais que les membres de ma belle-famille et quelques militants de mon parti politique.
En effet, c’est un endroit où je ne vivais plus de manière continue depuis la fin de mes études et de mes premières expériences professionnelles.
Mon temps se divise entre mes activités sur les réseaux sociaux, les visites à des musées, la participation à des conférences, les promenades dans les rues de cette ville qu’est Rome ou aller au cinéma ou à des concerts. Je cherche à donner la priorité à ces autres activités, car elles me mettent en contact avec la réalité en dehors du monde virtuel.
Selon vous quels sont les principaux facteurs qui entravent le décollage de la Guinée dans le domaine des nouvelles technologies ?
Tant que les problèmes de l’accès aux services et en particulier à l’électricité ne seront pas résolus, il sera difficile de voir les réseaux sociaux se développer en Guinée.
Du point de vue des technologies, la Guinée est encore très en retard sur la plupart des autres pays africains. En effet, tandis que le taux moyen de pénétration d’Internethttps://www.internetworldstats.com/africa.htm#lr en Afrique était, en 2012, de 21,30 % et pour Facebook de 4,80 %, en Guinée, ces taux étaient respectivement de 1,6 et de 0,6 %.
Même, un pays comme l’Érythrée qui détient dans de nombreux domaines des records négatifs au niveau africain, en particulier en matière de liberté d’expression, a atteint un taux de pénétration d’Internet (5,9 %) supérieur à la Guinée.
Du point de vue économique, il y a la pauvreté qui fait que même une heure de connexion dans un cyber café est au-dessus des moyens du citoyen lambda.
Quel est le rôle de la jeunesse guinéenne dans ce combat ?
Malheureusement, les clivages ethniques empêchent de nombreux Guinéens d’avoir un impact positif dans les médias sociaux. En outre, surtout parmi les garçons, le copier/coller sans l’apport d’une analyse ou d’un commentaire personnel est très répandu.
L’internet a-t-il un avenir en Guinée ?
La Guinée ne peut pas échapper à l’expansion d’Internet, comme le reste du monde. Son essor sera retardé par celui dans d’autres domaines, des applications d’Internet dans la vie courante seront lentes, mais il n’y a aucun doute que les réseaux sociaux ont un grand avenir en Guinée.
La téléphonie mobile est un outil qui peut se révéler très utile dans la vie quotidienne, même dans les conditions difficiles actuelles de notre pays. Elle peut faciliter les échanges commerciaux, le transfert d’argent la mobilisation autour de thèmes politiques ou sociaux.
Vos mots de la fin…
Le prix de la Fondation qui porte le nom du président Chirac a été remporté par une jeune Tunisienne. Mon espoir est de voir un jour un Guinéen emboîter ses pas. Une association des blogueurs de Guinée @ablogui vient de naître grâce à l’initiative de jeunes qui vivent dans notre pays. J’espère que leur entente ne sera pas troublée par des intérêts partisans et qu’ils pourront contribuer au développement d’une blogosphère dynamique.
Interview réalisée par Sally Bilaly Sow


Rfi en mandingue : qu’en pensent les citoyens Guinéens ?

Crédit photo : RFI
Crédit photo : RFI

À compter du lundi 19 octobre 2015, la RFI (radio France Internationale) émet dans une nouvelle langue et ce, dans le cadre de son programme polyglotte. Après le Haoussa en 2007 et le Swahili en 2010, le maninka ou mandenka devient la troisième langue Africaine sur les ondes de la radio du monde.

Selon Monsieur Keita directeur d’un centre de formation à Labé, c’est une très bonne nouvelle :

 « Tout le monde n’est pas alphabétisé dans notre pays [Guinée Conakry]. J’aurais souhaité que cela ne s’élargisse même pas en Malinké seulement, mais dans toutes les autres langues nationales du pays. Vous savez , quand une information passe en français d’interprétation en interprétation, on risque de déformer l’information et si cette information est donnée à une langue accessible à tout le monde, je pense qu’elle serait beaucoup mieux saisie et moins mal interprétée ».

Quant à Abdoulaye Souaré, c’est un sentiment de réconfort qui l’anime :

 « C’est un sentiment de réconfort que nous Guinéens, nous ressentons à travers cette initiative de la radio France internationale de prendre la langue malinké ou mandenka pour essayer désormais de la programmer pour informer tous ceux qui la comprennent.»

Pour finir, Monsieur Laye pense que cette initiative sera grandement utile aux populations africaines :

« En Afrique aujourd’hui d’une manière générale et dans notre pays en particulier, la population est analphabète à près de 60 %. Donc, c’est important que RFI qui est une radio très écoutée dans le monde entier fasse cela. Ça permettra non seulement aux Guinéens, mais aussi aux Maliens, aux Ivoiriens et aux Burkinabé de savoir ce qui se passe dans le monde.»

Bonne écoute à tous.

Pour retrouver l’ensemble du programme cliquer sur ce lien https://bit.ly/1GW7bwh

 


Présidentielle 2015 en Guinée : blogueurs et web activistes ont réussi leur test

Plus de cinq millions de Guinéens étaient appelés aux urnes le 11 octobre dernier pour élire leur président de la République. La consultation électorale s’est déroulée au lendemain des violents accrochages

entre partisans de l’UFDG (union des forces démocratiques de Guinée) de  Cellou Dalein Diallo , le chef de file de l’opposition et du RPG arc-en-ciel du président Alpha Condé ,candidat à sa propre succession et  vainqueur avec 57,85 % ,selon les résultats provisoires globaux  publiés par la CENI (commission électorale nationale indépendante).

Un œil sur le projet Guinée vote 

465 formés dont 215 e-observateurs pour Guinée vote

465 observateurs avaient pris part à la formation qui s’est tenue à la Bluezone de Kaloum, en plein cœur de la capitale Conakry. Parmi ces e-observateurs électoraux, 215 étaient au compte du projet Guinée Vote. Pendant deux jours, ils avaient été initiés à l’utilisation du hashtag #GuineeVote sur Twitter et à la remontée de données via SMS et Ushahidi , j’en passe.

Le tout ponctué, par la bonté personnifiée de Cheikh Fall (célèbre blogueur et web activiste sénégalais du projet #Sunu2012.), qui au cours de son exposé avait martelé ceci  :« Qui parle de l’observation électorale, parle forcement de la circulation de l’information.»

Adieu l’observation classique

Si dans les années précédentes, nous attendions jusqu’à la fin des opérations de vote pour parler des dysfonctionnements et irrégularités qui entachent souvent les processus électoraux sur le continent Africain , avec la nouvelle génération, nous pouvons affirmer avec haut la main « adieu l’observation classique ».

Le jour du scrutin présidentiel, une valeur ajoutée s’est invitée dans l’observation électorale, un véritable test. Faisant partie d’une synergie de la société civile appelée le « regard citoyen »regroupant plusieurs plateformes et financée par OSIWA (Open Society Initiative for West Arica), l’association des blogueurs de Guinée (Ablogui) a, à travers son projet « Guinée Vote » participé activement à l’observation électorale.

Quelques Tweets  

En effet, le 11 octobre, les e-observateurs ont montré pour la première fois en Guinée, qu’on peut rompre avec l’observation classique et migrer vers les nouvelles technologies qui prônent l’instantanéité.

Au fur et à mesure que le scrutin avançait, l’équipe technique, les chambres d’analyse et politique de la situation Room installées dans les locaux de l’hôtel Riviera de Conakry travaillaient sur les données qu’ils (e-observateurs) collectaient sur le terrain.

Très surpris , pas étonné de l’acte , il m’a fallu reprendre un signalement en tweet, quand j’ai appris  qu’un ministre de la République était en train de montrer aux gens comment voter dans un bureau de vote de Macenta. D’habitude ça passait inaperçu.
.

Du retard dans l’ouverture des bureaux de vote, il y en a eu, du manque de matériels des Tweets ont signalé, de la lenteur des opérations qui a failli tourner dans certains cas au vinaigre les internautes étaient dans le bain de la situation.

À la fin du dépouillement qui mettait terme à la première journée électorale, les e-observateurs engagés dans leur mission, ont commencé à photographier les PV affichés devant les bureaux de vote ,conformément à la loi électorale en vigueur, une innovation qui a porté un véritable effet, car jamais dans l’histoire du pays je n’avais vu le PV d’une autre localité.

Le lendemain, ils ont suivi la centralisation dans les différentes CACV ( commission administrative de centralisation de vote) en témoignant le départ de certains responsables des partis politiques qui ont décidé de se retirer du processus électoral .

Partout à travers le pays, les Guinéens de l’extérieur comme de l’intérieur ont vécu une journée électorale sur les réseaux sociaux sans trop passer leur temps sur les sites web habituels ou regarder les télévisions étrangères. Plus de 7000 tweets ont été envoyés ce jour sous le hashtag #GuineeVote , une première dans un pays, où le nombre d’internautes était estimé en 2011 à 132 884 , selon la banque mondiale et le taux de pénétration de l’Internet haut devis haut débit de la même année à 0,01 %.

Enfin, de la campagne électorale à la tenue du premier tour du scrutin, les blogueurs et web activistes guinéens ont confirmé, qu’il est bien possible de rompre avec l’observation ancienne. Bref, osons le dire, tout n’a pas été rose bien qu’un pas a été franchi.

 

P.S : Pour voir les résultats provisoires de certaines circonscriptions électorales du pays avec les PV c’est par là https://guineevote.com/resultats-du-depouillement-de-quelques-bureaux-de-vote/ , si ce sont les anomalies remontées le jour du scrutin par nos e-observateurs cliquer sur ce lien https://www.guineevote.com/vote/ et naviguer sur la carte interactive .


Guinée : des candidats à la présidentielle sans projet de société

Les huit candidats , source JA
Les huit candidats , source JA

Le premier tour de la présidentielle guinéenne est prévu le 11 octobre prochain. Contrairement à 2010, où vingt-quatre candidats étaient en lice, cette année, le scrutin n’a connu que huit candidatures, toutes validées par la Cour constitutionnelle.

Dans le but de mettre en œuvre son projet, GuineeVote (une plateforme de veille citoyenne sur la présidentielle, conçue par l’Association des Blogueurs de Guinée) a adressé depuis plus d’un mois, des courriers aux différents partis politiques dans la course, pour avoir leurs projets de société afin de l’intégrer dans un système de comparaison de programmes. Une façon de permettre aux Guinéens de faire un choix judicieux en fonction des perspectives nourries par les uns et les autres pour le pays. Et non en fonction de l’ethnie ou de la région d’origine. Mais malheureusement la Guinée y est passée championne.

Sur les huit prétendants, seulement deux ont répondu à la demande des blogueurs et web-activistes guinéens porteurs du projet. Alpha Condé, candidat à sa propre succession s’est contenté d’un simple tweet pour rendre public son projet aux Guinéens,

Alors que les blogueurs ont adressé respectueusement un courrier à son parti, le RPG Arc-en-ciel, pour l’obtenir plusieurs semaines auparavant.

Quant aux cinq autres candidats désireux de passer leur prochain quinquennat à Sekhoutoureyah (palais présidentiel), ils n’ont certainement rien à proposer aux populations guinéennes, sauf les habituelles critiques dont ils abreuvent leur cible commune ; le président sortant. Je pense qu’il  est  bon  de  critiquer mais  qu’il  faut  savoir aussi proposer des  pistes  de  solution et ceci n’est possible que dans un projet de société en due forme.

Face à cette attitude peu orthodoxe de nos acteurs politiques qui ne cessent de clamer avec bec et ongle une élection crédible, inclusive et transparente, l’on est en droit de se pose un tas de questions :

Faut-il être en pleine campagne électorale pour actualiser son projet de société? Veulent-ils réellement le vote de leurs concitoyens ?

S’ils pensent que la duperie qui existait il y a quelques années va suivre son cours normal,, qu’ils se détrompent. Le peuple est mature désormais ! Certes, la majorité de la population est considérée comme analphabète. Mais elle n’est certes pas bête.

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Dans la peau d’un jeune Guinéen trafiquant de motos

La moto de Mamadou Oury chargée de marchandises. Crédit photo : Habib
La moto de Mamadou Oury chargée de marchandises. Crédit photo : Habib

Le trafic de motos de marques chinoise et indienne vers les pays limitrophes de la Guinée est devenu une pratique courante chez de nombreux jeunes qui peinent à trouver un emploi décent. Dans l’optique d’observer ce milieu, j’ai pu m’approcher de Mamadou Oury Diallo, âgé d’une vingtaine d’années et adepte de l’activité qui, après des échecs répétés, a abandonné ses études.

Bienvenue dans un monde où rien n’est impossible sur le chemin

En l’absence d’emploi pour de nombreux jeunes, le trafic de motos est devenu mon activité principale. Je transporte les engins vers le Sénégal, le Mali, voire même la Mauritanie. La veille de mon départ, je me lève très tôt pour aller retrouver mes copains dans un endroit de ventes afin d’acquérir les motos dont le coût unitaire s’élève à plus de quatre millions de francs guinéens (environ 450 euros).

Après l’achat, je fais un détour vers les garages pour procéder au montage d’un seul engin parmi la quantité achetée. Dans ce garage, je paie plus de trente mille francs guinéens le montage de la moto et plus d’autres dépenses non comptabilisées. Mais certains d’entre nous sont des garagistes, donc ils montent eux-mêmes leurs motos.

Le poids de la moto, c’est à imaginer…  

Le jour de mon départ, je mets une moto dans un carton sous forme de pièces détachées. Les huiles de moteur et autres pièces de rechange constitueront mes principaux bagages. Le poids de la moto, c’est à imaginer.

Pour éviter les affres sur le chemin, j’achète une quantité importante de nourriture (appelé “bole” dans leur jargon) qui sont entre autres : pains, sardines, jus et eaux.  Avec un ventre plat, ça serait très difficile pour moi d’atteindre ma destination.

Début de la contrebande

Des phares allumés en pleine nuit. Crédit photo : Habib
Des phares allumés en pleine nuit. Crédit photo : Habib

Après une distance de plusieurs dizaines de kilomètres, j’arrive à la frontière guinéo-sénégalaise où se trouve un poste de contrôle guinéen. Pour le franchir, je dois débourser la somme de vingt mille francs guinéens. C’est le droit de passage.

Entre la préfecture de Labé et Kédougou (en territoire sénégalais) qui est l’une de mes destinations gratifiées, c’est plus de 290 kilomètres.

En plus des routes impraticables, je dois faire face à la police et douane sénégalaises allergiques à la corruption.  Avec ces deux unités, par la voie légale, je suis soumis au paiement de plus de cent mille francs CFA (selon la quantité ) alors que la moto n’en vaut qu’entre quatre cent mille et quatre cent cinquante mille francs CFA.  Pour mes amis et moi , le montant à payer est trop important, alors nous optons  pour la contrebande qui n’est autre que le passage par la brousse.

Il faut être un homme audacieux pour se lancer dans ce trafic

Dans un premier cas, si la douane sénégalaise me poursuit et que je me fais appréhender, alors adieu ma moto et consorts. Dans le second cas, mes amis me faucheront, car s’ils mettent mains sur moi, je risque un long séjour carcéral. Il faut avoir le cœur solide quand on se livre à un commerce frauduleux.

Je passe la nuit en brousse et traverse des fleuves et marigots. De surcroît, je risque de me faire dévorer par des animaux sauvages au niveau du Parc national de Niokolokoba au Sénégal.

 

La brousse est toujours ma route privilégiée

J’y vais deux à trois fois par mois. Au début, je ne voulais pas me lancer dans cette activité peu rentable, où les difficultés n’en finissent jamais. Si j’ai fini par craquer pour cette activité, c’est parce que la conjoncture économique actuelle du pays n’est pas bonne. Toutefois, j’arrive quand même à subvenir à mes besoins primaires. Dieu merci.

Malgré tout ce que j’endure, je n’ai pas d’autre choix vu le taux élevé du chômage auquel le pays est confronté. La plupart des indicateurs économiques sont au rouge. Dans cette situation, l’espoir est très mince. Chômage oblige, je suis dans ce trafic depuis plus de trois ans.  La brousse est toujours ma route privilégiée.

Mon grand regret : l’abandon de mes études

Je ne conseille à personne un tel job et de quitter l’école pour quoi que ce soit. Actuellement mon grand regret est d’avoir abandonné mes études.

 


En Guinée trop de filles resteront encore dans leur famille

 

Crédit photo : Tam Tam Guinée
Crédit photo : Tam Tam Guinée

Qui contredira l’adage qui dit : « L’argent est un bon serviteur et un mauvais maître » ?

Aujourd’hui, il a ses lettres de noblesse. Qui me dira le contraire avec justification ? La preuve, nos jeunes rêvent tous de la vie occidentale avec un slogan de trois V : Villa, Voiture et Visa  direction les États-Unis, l’Angleterre, la Hollande, la France, l’Angola ou récemment la Guinée équatoriale, pour ne citer que ceux-là.

Pour y arriver, ils sont prêts et déterminés à payer n’importe quel prix : la mer, le désert, les forêts sont d’ailleurs les pistes privilégiées.

L’objectif recherché : amasser des fortunes énormes par tous les moyens, car disent-ils, une maison moderne à défaut d’un château, une voiture luxueuse, une belle femme sont les caractéristiques d’un jeune moderne. À propos du mariage justement, les mariages de nos jours, ne sont plus comme autrefois !

Comment peut-on espérer avoir une épouse dans un monde où l’argent prime ? 

Trop de filles sont dans nos familles et y resteront encore longtemps, trop de jeunes garçons demeurent et demeureront encore longtemps célibataires.

Les jeunes sont tous convaincus que le mariage selon nos coutumes et nos mœurs n’existe plus. Il faut impérativement une signature devant l’officier de l’état civil. C’est tout le tralala qui accompagne ces cérémonies grandioses au coût exorbitant qui m’intrigue.

Commençons par le commencement qui est la valise. Au moins, une vingtaine de coupons de tissu et pas n’importe lesquels. A cela, il faut ajouter les effets de toilettes, des boîtes à bijoux, des maquillages et autres effets supplémentaires.

Tenez-vous bien, nous n’avons pas encore parlé de la clé du mariage qui est la dot et nous sommes à l’étape d’un mariage modeste.

Ensuite, le salon de coiffure, mais attention pas n’importe lequel, donc salon n’est pas salon en ce moment, le lieu de réception demande une fortune (un montant variant entre 800.000 GNF à 1.500.000 GNF), le nombre d’engins « cortégeant » le couple marié doit imposer respect et considération lors de son passage.

La sonorisation, cela se paye cher pour ceux qui ne peuvent inviter un artiste de renom dont le déplacement demande un montant d’environ trois millions. Si la cérémonie n’est pas filmée et photographiée, tous les efforts seraient vains. Jusque-là, on a parlé que d’objets secondaires et de divertissements.

Nourriture et boisson ne sont pas mentionnées : vermicelles au poulet, grillade, couscous, frites sans oublier les gâteaux. Il faut que tous ceux qui se sont déplacés soient bien servis.

Paradoxalement, les autorités à tous les niveaux observent et se taisent, les parents comme les religieux ne condamnent pas.

Il est à reconnaître que si rien ne change d’ici peu, il y a une crainte que le mariage pourtant un complément religieux ne se raréfie à défaut de disparaître dans nos sociétés.

Parents, autorités à tous les niveaux et les jeunes doivent procéder à un examen de conscience afin de sauver leur foi et leur âme. Sinon, les prochaines de filles resteront célibataires à jamais; hormis les plus chanceuses d’entre elles..


RFI doit des explications à 995 717 auditeurs labékas

Des auditeurs accrochés à un poste radio crédit photo : Sally Bilaly Sow
Des auditeurs accrochés à un poste radio crédit photo : Sally Bilaly Sow

J’avais voulu ne pas avoir à écrire ceci… Mais j’aurais trahi une ville de 995 717 habitants (selon les chiffres du dernier recensement général de la population et de l’habitat en Guinée). Voilà plus de deux ans que les populations de la région administrative de Labé, au centre de la République de Guinée, ne parviennent pas à écouter Radio France Internationale (RFI) que quelques heures par journée.

Elles sont nostalgiques d’émissions comme Afrique midi de Laurent Sadoux, Couleurs Tropicales de Claudy Siar, Priorité santé de Claire Hédon, Atelier des médias de Ziad Maalouf. Bref, celles qui sont diffusées entre 9 heures et 17 heures. Ces émissions éducatives, informatives et récréatives sont devenues un lointain souvenir.

Au début, les Labékas pensaient qu’il s’agissait d’un simple désagrément technique, qui empêchait la diffusion de toutes ces émissions, dont la qualité est reconnue dans le monde entier. Mais cette attente longue de deux ans ne confirme pas cette hypothèse.

Actuellement, la radio ne s’allume qu’aux environs de 6 heures du matin et s’éteint juste après l’émission Appels sur l’actualité de Juan Gomez. Le reste de la journée, comme vous pouvez imaginer, c’est le vide d’informations qui ronge la cité.

Le soir, on rallume la radio entre 17 heures 50 et 23 heures 07 minutes. Mais ça, c’est quand ils veulent bien qu’on écoute la dernière tranche d’Afrique soir. Dans le cas contraire, dès le lancement du générique de l’édition, on nous retire l’antenne.

Alors, que se passe-t-il au sommet de la montagne de Limbocco, où se trouvent les installations de la radio mondiale ? Le carburant arrive-t-il à destination ? La direction de RFI est-elle au courant de cette situation ?

On peut se poser beaucoup de questions, mais seuls les responsables du groupe France Médias Monde pourront apporter de réponses édifiantes, claires, concises et précises à nos interrogations. Peut-être même un remède au problème…

 


Guinée : la note m’importe peu

« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. » (Nelson Mandela)

Après lecture et étude minutieuse de cette citation, voyant présentement la situation de nos institutions d’enseignement supérieur en Guinée, je me pose un tas de questions : Comment pouvons-nous étudier pour changer ce monde ? Quel sera l’objectif principal de l’étudiant ? Devons-nous privilégier les notes ?

Je ne fais pas de critique amère mais j’ai envie de peindre une situation troublante, accablante et aux conséquences désastreuses. Même Toto, mon partenaire de toujours, sait qu’il faut aller à l’université pour étudier, apprendre au lieu de se livrer à la chasse aux notes.

C’est écœurant , dépassant et dégoûtant de voir que certains amis étudiants de la République entière (de Youmou à Labé en passant par la capitale) considèrent plus les notes que l’acquisition du savoir. Quelle erreur… Quel manque d’objectivité…

La principale mission d’un étudiant est d’aller à l’assaut du savoir, du savoir-faire, de cette envie de pouvoir démontrer un théorème en l’absence d’un professeur, d’avoir un esprit créatif, de faire travailler son esprit pas pour les évaluations (comme nous le faisons) mais pour pouvoir se promener partout avec son savoir, user de ses compétences pour changer les mauvaises langues… et demain être capable de faire la synthèse de ce qu’on aurait appris.

Chers amis , vous comprendrez comme moi , le jour d’un entretien d’embauche que nos notes ne serviront qu’à une infime vérification : la victoire ne viendra que de nos têtes.

Je suis celui qui pense que la méthodologie d’enseignement supérieur doit connaître un toilettage pour que nous, les produits, soyons dans le bon circuit d’attente. J’avertis mes amis qui se vanteront avec des moyennes pompeuses que le lendemain ne sera point un jeu de notes. Plutôt un jeu de tests.


La blogosphère guinéenne se cristallise

Crédit Photo : ABLOGUI
Crédit Photo : ABLOGUI

À quatre mois seulement  de la présidentielle , la blogosphère guinéenne se reconstitue et se solidarise. Le mois dernier, l’association des blogueurs de Guinée (Ablogui) a organisé son deuxième blogcamp  à la Bluezone de Kaloum. Fraîchement venu de Labé (à 440 kilomètres de Conakry), j’étais  l’ambassadeur de l’intérieur du pays à cette importante rencontre.

La cérémonie inoubliable a débuté par une plénière (à lire ici 1, 2,3 et 4) au cours de laquelle les d’invités se sont exprimés. Des politiques invités à un événement sans qu’ils ne pipent un mot de leur jargon.

La plénière  s’achève  par une pause-café et après nous voici repartis dans deux salles. L’une accueille les anciens bloqueurs  blogueurs et l’autre les nouveaux au nombre d’une vingtaine que Kouyaté et moi avions  la tâche de former.

L’objectif principal était : de les former à la création d’un blog sous WordPress, la gestion, le partage de  contenu, le paramétrage du blog, la création  et l’animation d’un compte Twitter. Des astuces qui n’étaient pas au programme ont été ajoutées.

Après la valse de présentations des nouveaux Netizens,  Fodé Kouyaté  (président par intérim d’Ablogui) a expliqué la différence entre blogueur et journaliste. Ce que s’est un web-activiste. Grâce à des brèves explications, ils ont vite compris ce qui les attend dans le futur.  Aussitôt, l’honneur m’est revenu de tenir la formation sous www.wordpress.com en pratique.
Avant d’entamer  les travaux, les autres plateformes  existantes leur avaient été montrées. Le choix pour Ablogui de WordPress n’est pas fortuit. Même si, elle diffère de celle de Mondoblog  dans certaines fonctionnalités, le souhait le plus ardent est que tout le monde soit admis au prochain concours.

Au cours de la formation, j’ai constaté que certains maniaient très bien l’outil informatique contrairement à d’autres. Au fur et à mesure qu’on avançait je me sentais réconforter car ils osaient  toucher de façon attendue l’ordinateur. Chacun créait son blog, choisissait un thème, créait son menu  et le personnalisait à sa guise.  En les observant, j’ai su que chacun pourrait créer dorénavant un blog, publier un article, choisir une Template.

A la fin de la deuxième et grande pause,  nous voici à nouveau dans la salle pour continuer la formation. Les nouveaux blogueurs et blogueuses ont compris l’immense tâche qui les attend dans les jours, mois voire années à venir. Au cours de la deuxième tranche de la formation, Kouyaté les a fait comprendre la différence entre un hashtag et un tweet. Ils seront également en mesure de pouvoir utiliser les acquis en toute circonstance, nous ont-ils promus à la fin.

J’ai tiré une petite conclusion à la fin de ce #blogcamp224 : les élections à venir seront cent pour cent 2.0, car, quand les #blogcamp prévus à Kindia, Labé, Kankan et N’zérékoré s’ajouteront à celle organisée le 23 mai 2015, je parie que la transparence dans les urnes sera inéluctable.


À Dar es salam, c’est la période des mangues

Sally Bilaly Sow , avec la gaule en mains, photo : Mamadou Kaba
Sally Bilaly Sow , avec la gaule en mains, photo : Mamadou Kaba

Dar es salam est un district de la sous-préfecture de Kalan, situé à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Labé. Le week-end dernier, mon ami Mamadou Kaba Baldé et moi avons décidé de nous y rendre pour saluer les parents.

Sur la pendule centrale de ma chambre, il était 10 heures pile. Avant de bouger, on a fait un tour au marché central de Labé pour acheter des condiments destinés à ma grand-mère, Nenan Adama Djouldé.

Une fois les achats terminés nous empruntons la moto qui est le moyen de déplacement par excellence. L’état de la route est similaire aux autres routes du pays. Loin d’être satisfaisant…

Un champ defriché à Kata , photo : Sally Bilaly Sow
Un champ défriché à Kata , photo : Sally Bilaly Sow

Sur le chemin, on apercevait des paysans avec des machettes à la main coupant des arbres  dans les localités de Noussy et Kata. Après plus d’une heure de route, nous voici sous les montagnes de Dar es salam,

Nous stationnons la moto sous un baobab avant de franchir le danbo hoggo  [le point de passage]. D’un côté de l’habitation, des orangers et des avocatiers occupent la bordure de la passerelle et de l’autre côté les manguiers surplombent la maison de Nenan Mariama Djouldé.

A 72 ans, elle est très active, toujours en balade. Elle se rend souvent aux cérémonies organisées dans la bourgade. Exceptionnellement, ce jour-là nous la voyons sur le pas de la porte. Dès qu’elle m’aperçoit, elle se met à crier :«  Wééé Sally arri » (traduction : Sally est venu, en pulaar) et nous invite à entrer dans sa maison pour goutter la bouillie.

Saison de mangues oblige, l’entretien fut bref. Avant de commencer à « saluer » les mangues, sans oublier l’existence d’Ebola [bien que progressivement en baisse] nous avons trouvé un seau rempli d’eau pour le lavage des mains et des mangues.

Un sceau d'eaux devant moi , Photo : Mamadou Kaba
Un seau d’eau devant Sally Bilaly Sow, photo : Mamadou Kaba

L’opération débuta par le manguier non loin de la véranda où était assis le petit Moussa. le gamin nous fixait à chaque fois qu’une mangue tombait. Mais la gaule n’a pu nous permettre d’amasser une importante quantité de fruits.

Le petit  Moussa assis sur la véranda de Nenan Adama Diouldé, Photo : Sally Bilaly Sow
Le petit Moussa assis sur la véranda de Nenan Adama Diouldé, Photo : Sally Bilaly Sow

Pour nous faciliter la tâche, mon oncle nous donna un sacré coup de main. Les fruits tombaient les uns après les autres. Trente minutes plus tard, on n’avait toujours pas obtenu une quantité convaincante à nos yeux.

On décida alors  de retourner au premier manguier. Cette fois, je décidai de grimper sur l’arbre. Mais une grande frayeur me traversa la tête quand ma grand-mère évoqua la terrible chute de mon grand-père tombé, justement de cet arbre.

Une fois au sommet, mon ami me donna kewal [la gaule] pour abattre les mangues mûres. Il fallait être de la partie pour voir le nombre de mangues qui tombaient. Satisfaction totale.

Thierno en train de ramasser les mangues,photo : Sally Bilaly Sow
Thierno en train de ramasser les mangues,photo : Sally Bilaly Sow

Je descends et j’aide mon ami Kaba et Thierno à mettre les mangues dans un sac que  ma grand-mère nous a prêté. Très contente de notre visite, elle nous bénit. Vers 13 heures 40 nous prenons congé.

Kaba
Mamadou Kaba attache notre sac à mangues, photo : Sally Bilaly Sow

Sur le trajet du retour on discute longuement du sort qu’on devrait infliger aux mangues. Chacun de nous fait des propositions, et finalement nous sommes tombés d’accord sur le « mangué sauce » [les cuire et les préparer en sauce].

Sally Bilaly Sow réfléchi sur le sort des mangues. Photo : Thierno Diallo
Sally Bilaly Sow réfléchi sur le sort des mangues. Photo : Thierno Diallo

Arrivés à la maison, nous les donnons à ma sœur Mamadou Hawa pour les préparer, car des amis viendront le soir dîner.

A 20 heures, ensemble nous dégustons  le meilleur plat guinéen du moment… aux mangues, bien sûr!

Mangué Sauce ,le plat guinéen du moment , photo : Sally Bilaly Sow
Mangué Sauce ,le plat guinéen du moment , photo : Sally Bilaly Sow

 


Mouctar Bah, la voix de RFI qui dérange le pouvoir de Conakry

Pétition publique destinée au Président, un activiste cherche des journalistes  pour la signer à Labé .Crédit Photo : Sally Bilaly Sow
Pétition publique destinée au Président Alpha Condé, un activiste cherche des journalistes pour la signer à Labé .Crédit Photo : Sally Bilaly Sow

Depuis  plusieurs mois, les autorités guinéennes par la voix de Mme Martine Condé, la présidente du CNC (conseil national de la communication), refusent le renouvellement de  l’accréditation de Mouctar Bah, le correspondant ‘’historique’’ de RFI (radio France internationale) en Guinée. 

Pour le soutenir, des journalistes – conscients du danger qui guette la liberté d’expression – ont constitué un comité de soutien au journaliste. Ils ont mis en ligne cette pétition que je vous demande humblement  de signer au passage.

Pourquoi Alpha Condé a la rage contre Mouctar Bah ?

Je crois que le Président de la République est « Charlie » [en tout cas c’est ce qu’il a laissé entendre suite aux attentats contre « Charlie Hebdo »] ; paradoxalement son Excellence oublie qu’un autre Charlie est sur le banc des accusés de son propre pays. Oui, j’ai entendu à l’époque, que notre actuel président fut un des rédacteurs de Charlie Hebdo,  une raison de plus à mes yeux que Mouctar doit exercer librement son travail.

Tout ce que je sais, c’est que le prophète Mohammad (paix et salut sur lui) à qui tous les musulmans se réclament, a dit dans un de ses récits authentiques que l’acte ne sera accepté que par ce qui a prévalu son accomplissement.  Donc Dieu voit d’abord le cœur avant l’acte. Je demande la justice de la justice.

Le CNC, une institution sous ordre du pouvoir ?

Je suis sidéré du silence coupable et candide  du CNC (conseil national de la communication) qui est l’organe censé régulariser les médias évoluant en  Guinée.

Je pensais que son rôle était de redonner confiance aux journalistes  exerçant  leur métier dans le respect de l’éthique et de la déontologie.

Je ne suis pas en train de faire un quelconque procès de qui que ce soit, ni de jeter des diatribes sur une institution « moribonde »,  non plus  de flinguer la Dame Martine Condé qui a montré ses limites.  Par contre, je suis là en train de dénoncer la mauvaise foi de mes gouvernants.

Une presse guinéenne désunie….

J’ai vu, certains journalistes ouvrir leurs bouches héler  avec des pancartes dans les rues de Conakry  avec à la tête  de la marche l’homme fort du pays, qu’ils étaient Charlie. Oui vous êtes Charlie, mais pas Mouctar Bah !

À vous les journalistes qui aviez marché  avec  le président de la République le mois dernier, pourquoi vous n’avez rien fait pour le faire revenir  à la raison ? Pourtant vous aviez dit vous battre pour la liberté d’expression…

Je sais  que dans un pays comme le nôtre  celui qui va refuser  de prostituer son métier au solde  des brebis galeux  est considéré comme un ennemi du pouvoir.

Makanera disait : « Nous allons mettre tous les journalistes indélicats au pas avant l’élection présidentielle de 2015

Le ministre  faquin  de la communication, Alhousseiny Makanera Kaké    avait promu  au mois d’août 2014 de mettre au pas tous les journalistes  indélicats (qui refuseraient certes de se plier  à la démagogie du pouvoir de Condé) avant la présidentielle . Me souvenant de ces propos, je peux comprendre pourquoi M. Bah est interdit de micro.

On sait que 2015 est une année électorale en Guinée comme dans plusieurs autres pays d’Afrique. De ce fait, le travail impartial des journalistes  permettra  aux uns et aux autres d’être informés à la minute, ce qui ne va pas forcément faire l’affaire de fraudeurs. Et si on parvient à mettre tous les journalistes au pas ou sous la coupe du pouvoir ?

Pourquoi Mouctar Bah doit être soutenu ?

Soutenir Mouctar Bah, c’est avant tout soutenir la liberté d’expression. Ne pas le soutenir, c’est aider à assassiner la liberté d’expression en Guinée. Aujourd’hui c’est M. Bah. Demain – si rien n’est fait – ça pourrait être toi, moi et tout le monde.

Rien ne justifie un tel acte que je colle directement au patron de Sekhoutoureyah (présidence de la République). Aucun texte de loi du pays ne le justifie non plus. Je sais que c’est une décision motivée par des intérêts politiques au détriment d’un guinéen comme eux, ils souhaitent voir un étranger à la place de leur compatriote. Quelle mauvaise humeur !

Pourtant Mouctar Bah a soutenu à l’époque  Alpha Condé au moment de son arrestation par le régime du feu général Lansana Conté.

#JeSuisMouctarBah, pour que vive la liberté de penser !

Sally Bilaly Sow

 

 


Avec son vélo, il lutte contre la pollution de l’environnement !

Crédit Photo : Oumar Barry 'Oumby" /Obs24
Crédit Photo : Oumar Barry ‘Oumby » /Obs24

Je m’appelle Amadou Sadio Keita. J’ai 28 ans et j’habite dans la périphérie de la commune urbaine de Labé.  Chez moi, il y a une manière de rendre le vélo très utile. Mon activité mérite un financement  colossal, mais la pauvreté en décide autrement comme on le dit souvent : « on s’en tient du peu qu’on a ».

J’ai mon vélo depuis plusieurs années. Mon activité principale consiste à faire le tour de la ville à la recherche de chaussures usées, qui doivent être recyclées. La ville de Labé [située à 450 kilomètres de Conakry] compte vingt-huit (28) quartiers et je les connais comme ma poche. Mon vélo et moi sommes connus de tous les enfants et tous les parents sur mon passage.

Je me lève très tôt le matin pour préparer mon vélo à la chasse aux chaussures usées. D’un côté du guidon, j’attache des bonbons mais aussi des billes, et de l’autre côté des chewing-gums. Au niveau de mon porte-bagage, modifié pour s’adapter à mes besoins,  je mets les sacs vides dans lequel j’introduis les chaussures usées que j’achète ou je troque pendant  la journée.

Je sors de mon quartier en klaxonnant. Ma façon de klaxonner et mon klaxon sont reconnaissables de loin. C’est ma façon d’informer les enfants ayant ramassé des chaussures, que je suis arrivé dans le coin.

Et dès qu’ils entendent mes coups de klaxon, ils sortent en courant et s’attroupent autour de moi. Parmi eux, il y en a qui proposent deux ou trois chaussures. Les uns réclament de l’argent en échange de leurs chaussures, pour les autres, ce sont les billes, les bonbons ou les chewing-gums qui les intéressent.

Dans un quartier par exemple, je peux rester au moins deux heures car je monte rarement sur le vélo.  Si je montais dessus, je risquerais peut-être de rater certains enfants.  Je parcours plusieurs quartiers périphériques le matin pour pouvoir me retrouver l’après-midi avec les enfants du centre-ville qui, eux aussi, m’attendent impatiemment. La poussière, le soleil  et le vent sont devenus mon quotidien.

Les difficultés sont énormes. Souvent, il arrive que des enfants prennent des chaussures encore en bon état de leurs parents pour me les vendre.  Peu avant la fin du deal, leurs parents viennent me dire que ces chaussures n’ont pas fini de faire le bonheur de ses propriétaires. Ainsi, je suis obligé de les retourner. Tant pis pour moi, si ça se trouve que mon ‘partenaire d’affaires’ a déjà bouffé les bonbons ou les chewing-gums que je lui ai remis. Néanmoins j’accepte, parce que ce sont là les aléas du boulot. Pour toute personne, le travail apporte son lot de difficultés.

Le soir, avant de rentrer à la maison, je pars chez mon réparateur de vélo pour un petit entretien. C’est à ce moment que j’ai du temps pour lui offrir une visite technique. S’il s’avère qu’il y a une anomalie, on la répare tout de suite. Car je n’ai même pas le temps les dimanches et ma vie dépend de ce travail qui ne pourrait se poursuivre sans l’aide de mon vélo chéri.

Lorsque j’ai une quantité qui mérite d’être vendue, je l’amène à vélo chez mes patrons, qui vont les acheter pour les envoyer à Conakry ou parfois en Côte d’Ivoire.

Avec eux, on pèse les chaussures usées pour déterminer la quantité et naturellement fixer un prix. Parfois, je peux gagner plus de 300 000 francs guinéens (plus ou moins 37  euros) par tranche. Ça dépend de la collecte sur le terrain et je ne me précipite pas, parce que les prix peuvent  basculer à tout moment  et cela  joue le plus souvent à mon avantage.

Il me vient en tête de dire souvent aux gens que je participe à la lutte contre la pollution de l’environnement. Si je prends l’exemple du centre-ville, mon travail a permis de libérer pas mal d’endroits. Malheureusement, il en reste d’autres encore. Si beaucoup faisaient comme moi, on pourrait libérer la ville de Labé de cette insalubrité.


J’étais chez Alimou Sow !

 

Crédit Photo : Almou Sow source album photo de facebook
Crédit Photo : Almou Sow source album photo de facebook

Le mois dernier j’ai effectué un sejour de quelques jours à Conakry. Après une journée de dur labeur avec mon cher ami Thierno Diallo – cireass -, blogueur à Mondoblog, j’ai décidé d’agrandir la série de rencontres, cette fois avec Alimou Sow également blogueur à Mondoblog et lauréat du prix de meilleur blogueur francophone en 2013 de la radio allemande Deutsche Welles.

Il s’est marié au cours de cette année, mais jusqu’ici je n’ai pas encore vu la charmante Ramatoulaye Kader, son épouse. Outre que cela, ça fait plus de 5 mois que je me suis pas vu avec lui.

Le jour de notre rencontre même, je devais retourner à Labé. Il était 11 heures. Pour respecter le rendez-vous, il me fallait bouger très tôt pour ne pas me faire avoir par
les embouteillages qui minent la capitale.

Je ne connaissais pas l’endroit où il habite. Tout ce que je savais, c’est qu’il habite à Sangoyah dans la commune de Matoto, dans la partie Sud de la banlieue de Conakry.

Dans le taxi, je lui donne  ma position et lui fait savoir que je suis presqu’arrivé. Le chauffeur était si rapide que je n’imaginais pas.

Au moment que mon frère Alimou me rappelait pour m’expliquer l’emplacement, j’étais déjà au carrefour de Sangoyah, en face de  »la pharmacie ».  Son explication était à moitié comprise.

Je longe une ruelle non bitumée jusqu’à ce que je retrouve la route asphaltée. Je m’arrête au niveau d’un carrefour et m’adresse à un passant pour  lui demander où se
trouve la supérette ? Il me répond qu’il est nouveau dans le quartier.  Il me faut à nouveau  rappeler Alimou…

Moi : «Allo ! C’est à gauche ou bien à droite ?»

Lui : «Non, tu continues à ta droite ! Je te rejoindrai d’un moment à l’autre, appelle le numéro de Madame que je t’ai donné».

Sur mon chemin j’aperçois un immeuble avec une supérette au rez-de-chaussée.

J’appelle Madame Sow au téléphone.

Moi : «Bonjour Madame ! Je suis venu pour rencontrer votre mari Alimou Sow, c’est lui qui m’a dit de vous appeler pour que je puisse l’attendre. Il  m’a dit qu’il est allé à Kipé.  Je suis en bas juste devant la superette».

Elle : «Attendez de moi, j’arrive »!

Après les sincères salutations qui resteront gravées dans ma mémoire, elle me demande de monter à l’étage. Dès mon entrée j’aperçois des journaux. L’un, Le Lynx, un hebdomadaire satirique guinéen et l’autre le magazine panafricain Jeune Afrique, dans lequel  une partie d’un  de ses billets est reprise.
Après une petite conversation avec Madame Sow, je continue à feuilleter le journal de Jeune Afrique avec lecture silencieuse. Au même moment, elle retourne dans la cuisine, d’où venait une douce odeur, pour contrôler la sauce sur le feu que j’aspire sans modération…

Elle sort, je continue ma lecture. La préparation termine avant que Monsieur Sow n’arrive. Elle me demande de prendre une part. Non, je préfère attendre le «boss». Entre temps, Alimou rentre. «Sally Bilaly, c’est comment»?, m’a lancé-t-il.

«Oui, ça va frère», ai-je répondu.

Après une petite causerie entre blogueurs, l’heure de la prière arrive.  La prière terminée, Madame Sow arrange très bien la table à manger. Au menu, du riz et de la viande.  La suite il fallait être dans le lot pour voir. L’homme mange avec concentration.

Dans mon esprit ça ne devait pas terminer.  Comme tous deux, je mangeais avec une cuillère. J’avais failli la remplacer avec ma main. Tellement que ça passait à la vitesse de la lumière.

En fin, Madame me sert une banane. C’est un agréable sejour pour moi.  À 14 heures, le rendez-vous termine. Mon frère m’accompagne un peu et sur notre  chemin on ne parle que du bloging.  Le soir j’emprunte un taxi pour retrouver la fraîcheur de Labé


Ébola fait son apparition à Labé avec deux cas confirmés !

 Plaque située à la rentrée de la  commune urbaine de Labé, Crédit Photo : Alpha Ousmane Bah
Plaque située à la rentrée de la commune urbaine de Labé, Crédit Photo : Alpha Ousmane Bah

Jusque-là, la région administrative de Labé, située à plus de 400 kilomètres de la capitale Conakry au Nord du pays du pays, était épargnée par le virus Ébola qui a déjà fait plus de 7000 morts en Afrique de l’Ouest depuis son apparition en décembre 2013 en Guinée forestière. Même si des cas suspects avaient été annoncés à plusieurs reprises, ils s’étaient avérés négatifs après vérification.

Le directeur de l’hôpital régional de la santé, Docteur Oudy Bah, annonce la mauvaise nouvelle samedi dernier. «Après le test, les deux cas suspects de Popodara se sont avérés positifs», a-t-il déclaré.

Pour moi, on luttait efficacement  contre l’épidémie à virus Ébola dans le pays. Je pensais que les dons arrivaient à leur destination pour empêcher la propagation de l’épidémie d’Ébola, ainsi mettre fin  à l’enregistrement des nouveaux foyers. Je pensais que nos autorités s’étaient décidées d’enrayer la maladie avant 2015.

Je pensais qu’on voulait être comme le Nigeria, le Sénégal et le Mali. Je pensais qu’une réelle volonté existait dans la lutte contre la fièvre à virus Ébola. Bref, je pensais que les zones qui n’étaient pas touchées jusqu’ici seront épargnées… Hélas ! Mon rêve est brisé par cette confirmation.

Chaque jour, j’entends sur les médias que les campagnes de sensibilisation se poursuivent à travers le pays, des personnes sont guéries, la courbe s’inverse… Mais la réalité est tout autre. Le résultat de ce qui se fait sur le terrain est loin d’être reluisant.

Dans la zone où les deux cas ont été diagnostiqués positifs – localité située au Nord de la commune urbaine de Labé -, c’est la psychose totale. La même ambiance règne au centre-ville.  Pire, un flou demeure autour la chaine de contamination.

Pour être clair, les autorités sanitaires ne savent toujours pas le nombre exact de personnes qui sont assistées à l’enterrement de l’enfant décédé d’Ébola, dont d’ailleurs la mère est aussi décédée à  Conakry après avoir contracté la maladie. Son père et sa grand-mère font partie des confirmés.

La question que l’on se pose est de savoir si la manière dont la lutte contre Ébola se fait actuellement en Guinée est efficace, d’autant plus que chaque semaine nous enregistrons de nouveaux foyers, et la liste des contaminés ainsi que des morts se rallonge.

 


Je suis Guinéen, je ne suis pas Ébola !

Sally Bilaly Sow Crédit : Youri Lenquette
Sally Bilaly Sow Crédit : Youri Lenquette

Depuis l’apparition du redoutable virus dans notre pays en début d’année, je n’ai presque pas écrit grand-chose le concernant. Hormis bien sûr, les différentes campagnes de sensibilisations que je participe activement sur les réseaux sociaux. À présent, je pense c’est un devoir  pour moi de le faire  parce que ; quoique de nombreux progrès aient été atteints, il y a une chose que le monde doit savoir : le Guinéen n’est pas Ébola.

Cette fois, je  ne suis pas en train de faire une quelconque sensibilisation interne, loin de jeter des diatribes ou des flèches à une personne, mais plutôt remettre les faits dans le contexte actuel. Je suis de ceux qui pensent que certains médias, notamment occidentaux, ont contribué à la dramatisation de la crise que nous vivons en ce moment. Je ne dis pas que ce sont eux qui ont propagé Ébola, mais ils sont responsables de l’ebolaphobie qui touche les populations de pays touchés.

À lire ou à entendre ces médias, on a l’impression que tous les Guinéens sont atteints de l’épidémie à virus Ébola. J’entends par ci et par là des «nouvelles» sur la maladie, et ce qu’on dit de mon pays n’est pas forcément vérifiable.  Ce que nous vivons est tout à fait le contraire, les Guinéens continuent à vivre en dépit de l’existence du virus Ébola.

Certes Ébola est une vérité en Guinée et la  maladie persiste dans certaines contrées du pays, à cause de la réticence des populations locales et la mauvaise volonté de nos gouvernants qui dès le début ont minimisé le risque que nous encourons, laissant ainsi la place aux spéculations. Mais il est dommageable de confondre les Guinéens au virus mortel qui est Ébola.

Des Guinéens ont la maladie dans des zones connues de tous. Oui, je le reconnais mais ce ne sont pas tous les Guinéens qui sont malades du virus rouge. Je suis navré d’entendre de décisions  de certains pays qui considèrent qu’en se rendant en Guinée ou en octroyant un visa à un citoyen de mon pays qu’on va automatiquement attraper la maladie. Demandez au président Français, M. François Hollande, si ce qui se dit dans la presse et la réalité sur le terrain sont les mêmes.

Pensez-vous que si tous les Guinéens avaient Ébola, je serais derrière le clavier de mon ordinateur pour écrire ce billet de blog à plus fort interagir avec mes amis étrangers sur les réseaux sociaux?

Je précise encore une nouvelle fois que le portrait de la Guinée dressé par les médias internationaux est faux.  Car comme dit François Hollande, la Guinée continue à vivre, à se battre et à se développer. Oui, nous vivons ! Je sais qu’il est du devoir de chaque président de la République de toute  nation de protéger sa population comme cela est garanti par beaucoup de textes de loi de part le monde.

Cependant, ce devoir de protection ne donne à personne le droit d’exagérer jusqu’à ce que des citoyens  étrangers résidant  dans leur  pays soient considérés tous comme des porteurs d’une maladie. Je commence  bien à comprendre ce que l’ONU (organisation des nations unies) disait : se prémunir d’Ébola sans  isoler les pays touchés. De la même manière,  j’ai aussi compris la solidarité africaine.

Je me rappelle de la prétendue solidarité africaine que mes instituteurs  à l’école primaire mes répétaient,  ils me disaient que  les pays africains sont solidaires, que n’eût été  la colonisation on ne parlerait jamais des frontières dans le continent noir.  Ah bon Dieu, pourtant ce sont des pays africains qui nous ont fermés leurs frontières en premier. Nous, Guinéens avons beaucoup appris à travers Ébola. D’ailleurs, je m’arrête là : parce que si je décide de parler tout ce que j’ai dans ma tête, je ferai beaucoup de procès.

L’histoire nous enseigne que la meilleure manière de répondre, c’est de pardonner. Mais sachez que l’histoire retiendra qu’un jour  vous nous avez fermés vos frontières pendant que nous avions besoin de votre soutien ne serait-ce que moral. Vous nous avez stigmatisés… Je demande d’isoler la maladie mais pas les Guinéens.

Aux gouvernants, vous êtes les premiers responsables de ce qui nous est arrivé, par votre incompétence, maladresse et absence de volonté de servir loyalement votre partie.  Mais tôt ou tard, les Guinéens comprendront qu’ils méritent mieux !