Guillaume DJONDO

Aného, la famille et moi

Crédit : happyfamily.doctissimo.fr
Crédit : happyfamily.doctissimo.fr

Bien le bonjour lectrices et lecteurs,
Je suis heureux de vous retrouver encore sur ce blog pour de nouvelles aventures cette année. Puisse cette année 2016 faire sonner la fin du vieux et faire carillonner du nouveau dans nos vies. Meilleurs vœux à toutes et à tous !

Au Togo, il y a de ces peuples qui ne savent pas taire leur franchise simplement pour caresser l’égo des autres.

Les gens d’un de ces peuples ont eux-mêmes un de ces égos surdimensionnés à la hauteur du Wall Trade center. Ils ont aussi une fierté cadenassée quelque part dans un coffre-fort inviolable sur les îles caïman. Ce peuple n’a ni l’amadouement ni l’apprivoisement dans l’âme. Ils ne fonctionnent que par la spontanéité, la bonne foi et la complexité. Pour avoir été les premiers à rencontrer et affronter les colons, leur amour pour la cordialité et la civilité leur vaut réprobation et condamnation. Ce peuple, c’est celui d’Aného.

Mes résultats en classe de cinquième avaient tellement séduits mon directeur d’école qu’il s’est tout de suite proposé dans un courrier envoyé à mon père de prendre l’entière responsabilité de m’inscrire en classe de troisième. Soit me faire sauter la classe de quatrième, pour être plus explicite. Un courrier auquel mon père s’est empressé de lui répondre le lendemain en lui notifiant son NON définitif. Et en justifiant sa décision de ne pas vouloir éduquer ses enfants dans la facilité mais sur la base du mérite. J’avais 12 ans et tout ceci se passait à Sokodé. Pour ce petit collégien que j’étais, c’était plus le regret de voir mes camarades me devancer d’une classe que moins l’envie d’en vouloir à mon père. Toute mon enfance a été bâtie sur des principes et des règles d’honnêteté, de franchise, d’intégrité, et de rigueur, que même jeunot, toutes mes décisions passent par ce baromètre.

Cette même année, je me suis retrouvé un vendredi matin plaqué contre le table-banc d’un élève inconnu en train de recevoir des fessées. Pourquoi ? Parce que deux jours plus tôt, c’est-à-dire un mercredi vers 10h, les ainés de la classe de terminale recevait leur feuilles de devoir d’anglais pendant que nous, les élèves de la classe de cinquième, nous nous installions dans la salle d’informatique à côté. Il a fallu que ma bouche qui chauffe toujours sorte « donc ces grands frères qui font les gros dos pendant la récréation sont de vrais paresseux ? Avoir 3/20 en devoir d’anglais. Que des tarés ! »

Après 2h de cours d’informatique, je suis rentré tranquillement à la maison. Je ne me doutais pas que cette petite phrase, devenue une bombe, s’est amplifiée et s’est émiettée dans le cœur de ces grands frères déjà énervés par leur notes minables hein ? Une rébellion pour laver leur honneur s’est constituée, le lendemain. La doléance a été portée devant notre directeur d’établissement. Une investigation a été lancée pour déterminer qui de ces jeunes élèves a sorti la phrase suicidaire. Par solidarité tous mes camarades ont refusé de me dénoncer. Mais ce Kotocoli, traître, de Moumouni qui m’en voulait depuis la rentré d’être de plus en plus ami avec Illetou, la fille la plus jolie et la plus intelligente, notre délégué de classe, a été voir le surveillant. Le surveillant est allé ensuite voir le directeur pour me dénoncer. Misère !

Le soir du jeudi, j’ai été surpris de la présence de notre directeur chez nous. J’étais en train de cueillir des goyaves dans l’arbre sur la cour quand mon père m’appela.

Séna. Viens ici. Il paraît que tu as embêté tes grands frères du lycée. Ton directeur m’a proposé :
– Soit de te renvoyer à la maison pour deux jours le temps que toute cette rancœur ne se dissipe.
– Soit de te fesser devant toute la classe de terminale qui est concernée.

Il retint son souffle un moment avant d’ajouter : moi, je lui ai proposé de te fesser au mât.

Mon sang fît un tour. Mon Dieu ! C’est quelle honte mon père veut m’acheter gratuitement comme ça ? C’est ainsi que vendredi matin je me suis retrouvé sur un table-banc à prendre 10 fessées.

Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est que j’étais un jeune carabiné. Je n’avais pas porté une culotte comme d’habitude. Je me suis réveillé tôt le matin et en complicité avec ma mère, j’en ai porté 3. Ah oui ! A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Mais même avec 3 culottes, j’ai ressenti les coups bien appliqués du surveillant général, M. Abbey. Elles sont inoubliables, cette rougeur sur mes petites fesses, cette sueur glacée qui a coulé entre mes omoplates et ces larmes douloureuses que j’ai refusées de laisser couler devant tout l’établissement réuni au mât.

Cette même année, alors que j’étais en vacance à Atakpamé, j’ai gagné le prix du meilleur jeune animateur dans « devio bé radio » organisé par Plan-Togo à radio Excelsior. Je n’ai pas oublié la double gifle que j’ai eue à mon retour le soir parce que mon oncle Antoine trouvait inconcevable que je sorte de la maison sans prévenir. Il n’oubliera pas non plus, pour le restant de sa vie, les remontrances sèches et sans modérations que ma mère lui a faites par la suite.

Ce qui a été exceptionnel dans toute cette histoire c’est que je me suis découvert un talent pour l’animation radio. Et le nombre de personne qui ont cherché à me voir pour soit dit en passant « la meilleure prestation en français qu’un jeune garçon ait pu faire depuis que le concours existe ». Je n’ai pas tiré ma satisfaction de ces compliments que j’ai reçus lorsqu’on me faisait visiter tour à tour les nombreuses personnes qui ont cherché à me voir. Mais plutôt de ces nombreux dons en kaki, boîte de stylo, ensemble géométrique, gomme, crayon de couleur, sac… Etc… Bref tout l’arsenal scolaire dont pouvait bénéficier un élève du collège pour exonérer ses parents de dépense pour 3 années consécutives.

Bien des années plus tard, j’ai rencontré le grand frère qui était à la tête de la rébellion, Christian Alou, au décanat de la Faculté de Droit. Il venait voir le procès-verbal des notes de troisième année et moi j’y étais pour voir mes notes de la première année de droit. Oui, c’est Dieu qui est Grand. M’ayant reconnu, il m’a rappelé ce fameux jour de vendredi. Et nous en avions ri. Oui, c’est Dieu qui apaise les cœurs. Et la douleur des fessées aussi.

Un an plus tard, étudiant à cheval entre la troisième et la quatrième année, son ancienneté lui a permis d’être élu délégué général de la Faculté de Droit et délégué général de l’Université de Lomé pendant que j’étais son directeur de campagne adjoint auprès des étudiants de deuxième année. Oui, c’est Dieu qui couronne.

Contrairement à certains de mes oncles, des adultes ronflants et condescendants qu’Aného produit. Le prototype d’adulte persuadé d’avoir toujours raison devant un plus jeune que lui, et qui ne s’embarrasse pas de politesse ni de considération pour vous ridiculiser devant les autres membres de votre famille. Mon père a toujours le gentil mot pour chacun, sage et souriant. Il est le dernier à vous faire des remontrances en privée et à vous faire retrouver la raison par des conseils précieux. C’est le genre de père que tous les enfants devraient avoir. J’en suis fortement convaincu ! Ses reproches, je le lui ai malicieusement fait remarquer, commencent toujours par du miel. Il a l’art de gérer nos humeurs et nos défauts sans les retourner contre nous. Il nous appelle, ma sœur Ghislaine, mon frère Blaise et moi, chaque fois qu’il en a l’occasion, pour nous parler de la vie, des règles de la nature, de Dieu, des hommes, des bonnes manières de citoyen, de bon père de famille et d’Homme. Il m’a donné l’exemple, celui du bon frère, du bon père de famille, celui du bon leader, du bon citoyen.

Un père comme le mien est d’une générosité sans borne. Chaque fois qu’il en a l’occasion à la fin d’année, il nous fait transporter de la boisson et des ignames, sur ma vieille moto Sanili qui souffre déjà de maux d’amortisseurs, pour ses frères et ses sœurs. Et pourtant ! Ce n’est pas un milliardaire. A chaque fois que j’ai essayé de comprendre il me dit avec un sourire inquisiteur « un seul arbre ne fait pas la forêt ». Il a de ces convictions que je n’ai fini par comprendre qu’avec le temps. C’est que les relations humaines, sont des liens sacrés plus importants que l’argent et le matériel ici-bas.

Mais, comprendre ses convictions ne m’a pas empêché de former une rébellion avec mes frères cette année. Et pour cause ! Mon père a été gravement malade cette année. Une maladie qui a été l’épreuve la plus dure que j’ai subie de toute mon existence. Le genre d’épreuve qui se paye chère de votre patience. Pendant les trois mois passés entre l’hôpital et la maison, je n’ai vu à son chevet que trois de ses frères et une de ses sœurs. Le reste de mes oncles se contentaient de n’avoir de ses nouvelles qu’au téléphone. Dieu aidant, sa maladie s’est peu à peu estompée. Il s’en est complètement remis et a repris le boulot où il a d’ailleurs obtenu une promotion. La cause principale de sa maladie se trouvait dans l’obtention de cette promotion. Un collègue malveillant qui a voulu lui ôter la vie hein ? Mais c’est Dieu qui a le dernier mot en toute circonstance.

Je disais donc, que nous avions formé une rébellion pour protester contre la livraison de boisson et d’igname cette année. Bien entendu, certains oncles en étaient exonérés. La raison principale c’est que je suis contre cette idée de dire qu’on s’aime en ne se limitant qu’aux rencontres au village ou aux coups de fil au téléphone. Quand vous aimez véritablement quelqu’un la moindre des choses à faire, c’est d’aller connaître chez lui. Lui rendre visite, très souvent, si vous pouvez. Ces oncles et tantes saprophytes ont eu tort de penser que la générosité n’avait pas de frontière.

Dans une famille d’aného, il y a toujours un oncle d’une méchanceté gratuite inexplicable. Dans une famille d’aného, il y a toujours des oncles et des tantes qui aiment profiter des autres. Dans une famille d’aného, il y a toujours un oncle pédant qui parle mal à ses frères. Dans une famille d’aného, il y a toujours une tante dont on interdit la fréquentation. Dans une famille d’aného, il y a toujours un oncle qui aime détourner l’argent de ses propres frères. Dans une famille d’aného, il y a toujours des cousins qui ne cherchent pas à avoir de vos nouvelles. Dans une famille d’aného, il y a toujours une cousine dont on accuse de ne pas être de bonne moralité et d’avoir raté sa vie. Dans une famille d’aného, il y a toujours des oncles qui se croient plus importants que les autres parce que se considérant riches. Dans une famille d’aného, il y a toujours un oncle ou un cousin qui vient toujours demander de l’aide à vos parents. Dans une famille d’aného, il y a toujours un oncle qui est saoul tout le temps. Dans une famille d’aného, il y a toujours une tante qui parle trop. Dans une famille d’aného, il y a toujours des gens qui essaient d’impressionner vos parents en donnant des conseils inutiles quand vous vous retrouvez au village. Dans une famille d’aného, il y a toujours quelqu’un qu’on fait semblant d’aimer. Dans une famille d’aného, il y a toujours quelqu’un qu’on aime beaucoup. Dans une famille d’aného, il y a toujours un oncle qui fronce toujours la mine, une tante qu’on surnomme dame de fer. Dans une famille d’aného, il y a toujours ces oncles et ces tantes qui ne vous rendent jamais visitent mais qui vous sautent dessus quand vous vous retrouvez au village. Dans une famille d’aného, il y a toujours un oncle à l’étranger qui ne vous appelle qu’une fois par an, le 1er janvier. Dans une famille d’aného, il y a toujours un cousin à l’étranger qui te promet un appareil photo Canon EOS 5D depuis des années mais qui à chaque fois qu’il revient en vacance au pays te dit qu’il a oublié. Dans une famille d’aného, les oncles sont souvent rares à trouver quand tu cherches un stage ou un boulot. Mais ils sont les premiers à venir te féliciter quand tu en trouves. Dans une famille d’aného, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous. Dans une famille d’aného, il y a deux sortes de parents : ceux qui éduquent leur enfants avec des bâtons et ceux qui éduquent leur enfants avec des dictons.

C’est toute cette complexité, toute cette ambiguïté et toute cette diversité qui fait l’essence même d’une famille.

Malgré notre refus d’aller faire la livraison, mon père s’est lui-même déplacé en voiture pour livrer les colis. A son retour, il nous a appelé pour nous dire une énième fois qu’ »un seul arbre ne faisait pas la forêt ». Parce que nous avons toujours besoin les uns des autres. Une autre leçon que j’en ai tirée : c’est que une chose est sûre, rien ni personne ne peut nous forcer à ramer à contre-courant de nos convictions. Même pas nos enfants. J’ai compris !

Bien à vous !


Top 7 des inaperçus à Dakar

Les blogueurs de la plateforme Mondoblog propulsés par Rfi se sont retrouvés entre la période du 27 Novembre au 6 Décembre dans une ambiance bon-enfant à Dakar. Zoom sur quelques moments, pas connus de tous, que je vous propose dans un classement.


Top 1 : du GMT + 2.

J’ai eu et j’ai toujours du mal à croire que le Sénégal, Dakar soit dans le même fuseau horaire que le Togo. Le petit coutumier des réveils matinaux en a eu pour son compte pendant ces 10 jours passés à la Téranga. Je pensais que mes potes qui vivent à Dakar et qui perturbent souvent ma nuit avec des messages whatsapp à 1h du matin, forçaient un peu trop sur l’alcool. Mais, j’avais tort. En réalité, on pourrait croire que Dakar a 1 ou 2 heures de moins que l’heure GMT. Parce que quand il est 6h à Dakar, on pourrait croire qu’il sonne 4h à Lomé. Il y a encore du brouillard à 7h du matin, alors qu’à cette heure à Lomé, il fait complètement jour et presque tout le monde est déjà à son bureau ou à son école.

J’ai essayé de comprendre, on m’a expliqué que c’est une des raisons pour laquelle l’heure officielle d’ouverture des bureaux est fixée à 9h à Dakar. Je ne serai donc pas surpris qu’un jour on annonce que Dakar n’est plus considéré comme étant dans le fuseau horaire GMT. Pardon, à ce moment pensez à m’attribuer le mérite de cette découverte. C’est le fruit de mon effort intellectuel. On ne sait jamais !


Top 2 : de la répartition des groupes.

Déjà vendredi, il y a eu de nombreux blogueurs qui sont arrivés et qui se sont installés à l’espace Thialy. A ces derniers, se sont ajoutés d’autres qui sont arrivés le samedi matin. Le soir du samedi, il n’y avait plus de logement disponible. Les délégations qui sont arrivés, ont été obligées de s’installer à Keur Mithiou. C’est par téléphone que Manon annonçait à Aphtal qu’il lui revenait en tant qu’ancien de superviser ce groupe. Coup de fouet !

C’est à table que la nouvelle est tombée. Et j’ai pu entendre un blogueur dire à un autre :

Kamer A : gars, c’est Aphtal qui doit gérer les pépites là ? Quelle chance. Mince ! Celles que je voulais rencontrer seront toutes là-bas.

kamer B : djo, laisse seulement. Ces des geeks par là. Il n’y a même pas de pépite à coller.


Top 3 : de la Sape comme jamais.

Au départ, beaucoup ne prenaient pas au sérieux cette formation. Et pour preuve ! Ils sont arrivés avec des chemises et pantalons froissés. Sans doute dû aux secousses des bagages dans la soute de l’avion. Mais ça ne les dérangeait pas. Il a fallu que le Congolais Jean Hubert Bondo attire l’attention des organisateurs sur la nécessité de nous trouver un fer à repasser avant que le côté sérieux de la chose ne transparaisse.

Cette doléance du congolais a confirmé cette idée souvent véhiculée : les congolais aiment la sape. Ils sont les rois de la sapologie.


Top 4 : de l’improvisation à la perfection.

L’extrême prudence des formateurs dans une ville que beaucoup ne maîtrisaient pas a conduit à l’annulation de toutes les activités extérieures. Le traumatisme et la psychose liés aux attentats de Paris, de Beyrouth et de Bamako étaient encore vifs dans les esprits. L’annonce de l’annulation de la visite collective sur l’île de Gorée a fait souffler un vent de déception. Ce vent a fait de l’effet sur tous les visages. Notre séjour qu’on trouvait équilibré entre les formations et les sorties d’après le programme, ne l’était plus. Nous n’avions eu en aperçu que des journées de formation à un rythme militaire. Il fallait donc rompre le déséquilibre qui s’installerait. Place à la créativité ! C’est à ce stade que Wence et Aphtal firent leur entrée en scène.

Il est 20h30′, une séance de dibi est improvisée. Où ? Personne ne sait. Quand ? Tout de suite. A quelle dibiterie ? On va en trouver. Rendez-vous à l’angle de la rue dans 10min.

Wence, Benjamin, Gilbert,  Renaud, Aphtal et Guillaume.
Wence, Benjamin, Gilbert, Renaud, Aphtal et Guillaume.

C’est ainsi qu’Aphtal, Wence, Gilbert, Benjamin, Renaud et moi, nous sommes retrouvés chez la Congolaise. Présentation, premières impressions sur le Sénégal, débat sur le blog, visibilité sur les réseaux sociaux, historique de Mondoblog, quotidien au pays, les petites à coller, blagues. Etc… Encouragés par quelques bières de trop, tout y est passé. La soirée a été plus réussie qu’on l’avait imaginé au point où le lendemain nous avions renouvelé cette rencontre nocturne. Mais ce dont on pouvait se douter, c’est que la congolaise n’était pas connu que de nous. Drôle de surprise ! Habib, Jeff, Guy, Eric, Didier, Alain et Steves connaissent la fraîcheur des bières de la congolaise. C’était une drôle de coïncidence que de tomber sur eux à cet endroit.

Avec la présence de Fotso, toutes les nationalités étaient représentées. On a donc pu comparer le goût des bières dans nos pays respectifs et chez la congolaise. Fotso qui était enrhumé et fiévreux avant d’arriver chez la congolaise, s’est retrouvé très en forme avec un large sourire aux lèvres après 3 bières. Qui dit que la bière n’a pas de propriété thérapeutique ? Ça mousse, ça saoule et ça guérit. Cette ambiance nocturne se prolongeait souvent jusqu’à 3h du matin. Et c’était la cause principale de nos sommeils courts. L’ambiance était tellement jouissive qu’on a réussi à faire traîner l’ainé René avec nous, un soir.


Top 5 : de la soif de connexion.

Celle-là, même le tout-puissant Ziad ne l’a pas vu venir. Les Camerounais pensent que leur accent est le plus bizarre ? Fatal error ! Les amis Haïtiens ont battu le record.

Il m’a fallu aussi bien dans des discussions avec Eliphen, Webert, Widlord et Noël, leur demander de répéter leur phrases deux à trois fois avant de cerner le contenu de leur formulation. Il m’est arrivé de penser à un moment donné qu’ils font exprès et que quand on aime autant la linguistique, c’est ce qui arrive : on joue avec la logique dans la tête des autres.

Cet accent constituait une barrière pour vite faire passer des codes secrets. C’est ainsi qu’au troisième jour de la formation, pendant que Ziad se tuait à actualiser, (re)actualiser, (re-re)actualiser sa page, implorait même le ciel pour que la connexion soit clémente, nos cousins haïtiens surfaient tranquillement sur la fréquence sécurisée qui n’était accessible qu’aux formateurs. Par coup de chance, un haïtien ayant le sens du partage m’a donné le mot de passe que j’ai saisi et qui a marché. Il n’a pas manqué d’ajouter avec fierté : we are crackers ! C’est ainsi que j’ai pu surfer aussi pendant la troisième journée de la formation. Mais, ça c’était avant que nos cousins les brouteurs ne connaissent le mot de passe du wifi le quatrième jour de la formation. Ne cherchez pas loin, le mot clé dans leurs actes c’était « téléchargement ». En effet, quand les ivoiriens ont connu le mot de passe, ils passaient la majeure partie de leur temps à télécharger je ne sais quoi. Ce qui saturait le réseau et rendait les internets inaccessibles. J’ai été obligé de dire à l’un deux à un moment donné :

djo, petit signal que nous tous, on partage un peu, un peu, toi tu bloques ça ? Mais pourquoi tu es mauvais comme ça ?

Il faut retenir qu’il y a eu un esprit de partage malgré qu’on ne se connaisse pas pour la plupart avant Dakar. Il n’y avait pas de connexion pour nous. La soif était tellement incontrôlable qu’on a dû en trouver nous-mêmes. Souffrez ! Vous dites que les ivoiriens sont des pirates devant les nigérians ? Non. Ça, c’est mort.


Top 6 : des mauvais élèves.

L’hygiène corporelle est importante pour les petits mais encore plus pour les grands. C’est ce qui est enseigné en cours d’Education Civique et Morale à tous les élèves du cours primaire.

Avec mes colocataires Arnaud et Renaud, nous avions décidé le soir du dimanche après notre retour de l’AUF, soir où il y a eu crime contre nos intestins avec des coquillettes et des crevettes sur la terrasse de l’espace Thialy, de nous réveiller tôt chaque matin pour prendre nos bains avant que l’entrée de la douche ne connaisse une longue queue. Parce qu’à l’étage où nous étions, il n’y avait qu’une seule douche pour 5 chambres.

Déjà à 4h30′ le lendemain, notre horloge humaine j’ai nommé Renaud, après avoir pris sa douche, nous a réveillé avec du jazz que vomissait son ordinateur. C’est ainsi que nous avions pu prendre notre douche tranquillement et nous préparer pour le premier jour de formation. Le mardi, second jour de la formation, nous nous sommes réveillés moins tôt c’est-à-dire à 5h30′ parce que nous avions passé la majeure partie de la soirée à commettre un crime contre la famille des bières gazelles chez la congolaise. Le mercredi, nous nous sommes réveillés moins tôt que la veille à 6h30′ après une rude soirée de braconnage sur flag, castel et gazelles. Il en était de même pour le Samedi matin, après la soirée de la veille à la calebasse pour certains, la soirée à la calebasse puis à une dibiterie pour d’autres, la soirée à la calebasse puis en boîte de nuit à castel pour d’autres encore, où n’étant pas confronté à une longue queue devant les toilettes comme on l’avait prévu et espéré, nous avions conclu à l’unanimité qu’il y avait certains qui ne se douchaient pas.

Pour nous, Arnaud, Renaud et moi, c’était les mauvais élèves qui donnaient du fil à retordre à leurs professeurs de cours primaire. Ils profitaient du prétexte de l’harmattan pour ne se doucher qu’une fois au retour de l’AUF.


Top 7 : du café touba.

Vous savez, quand vous faites la compagnie d’un certain Salaud Lumineux, petit fumeur devant Ziad Maalouf, Ziad Maalouf lui-même petit fumeur devant Laurent Sadoux, vous avez de fortes chances de devenir fumeur. A défaut, de fumer proprement pour une fois dans votre vie. Lucrèce vous promet !

Le Salaud Lumineux alias Wence, toujours souriant avec quelques blagues pour te tuer est celui dont j’ai apprécié fortement la compagnie durant ce séjour. Non seulement pour cette façon imagée qu’il a de raconter certaines expériences où tu as l’impression de t’y retrouver mais également pour cette facilité qu’il a de rompre le silence. Entre deux pauses, plutôt que traîner comme des écoliers sans repères dans les couloirs, il nous emmenait (Aphtal et moi) chercher une tasse de café touba. Le temps de détendre nos muscles qui se sont contractés, de recharger nos forfaits mobile Orange 3G et de blaguer un peu sur les strings des étudiantes de l’université Cheick Anta Diop séchés à la fenêtre de leur chambre de cité. Et visible à distance !

C’est ainsi qu’on se retrouvait toujours de bonne humeur avec ces multiples blagues d’Aphtal qui déclenchaient des torrents de rire. L’accent sénégalais qu’ils (Wence et Aphtal) reussisaient à imiter sans difficulté était le secret de ces blagues réussies.


Guillaume, Eyram, Aphtal et Wence.
Guillaume, Eyram, Aphtal et Wence.

Cette aventure à Dakar a été également une expérience formidable grâce à ces amis togolais et camerounais : Edem, Tete (le monument vivant), Eyram, Kelly (papa Tech), Samson, Saïd, Guevanis, Leyopar, Elsa, Ralph, la grande sœur Corinne et surtout le grand-frère Roger qui nous a fait goûter de bons plats Sénégalais. Veuillez trouver en ces lignes l’expression de ma profonde gratitude.

Au nom de ces bons moments passés et de ces bières non-consommées à satiété sur le balcon, je vous promets de revenir. Bah, quoi ? Je suis gourmand. Oui, j’avoue.

Bonne fin d’année 2015 et heureuse nouvelle année 2016.

A très vite !


De l’absence d’humanité

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Nous sommes une nouvelle génération de drogués. Drogués par les insolites. Drogués par les réseaux sociaux. Drogués par les « j’aime ». Drogués par le « m’as-tu vu ? ». Drogués par la condescendance. Drogués par le virtuel. Drogué par le paraître au détriment d’être.

Mardi, 17h TU, à 8000 km du Togo, la fluidité de la connexion 4G d’Orange me permet de télécharger tout et n’importe quoi. Soit ! Dans ce ramassis de fichiers, ma galerie me sert une vidéo envoyée dans un groupe whatsapp. Tout curieux, j’ouvre le fichier. Indignation !

Un homme, étranger sans aucun doute, sachet à la main contenant des épices écrasées, encouragé par d’autres zozos de son espèce, intime l’ordre à une jeune fille d’écarter ses cuisses pour qu’il verse le contenu du sachet dans ses entrailles. Barbarie !

Selon les recoupements, la jeune fille aurait volé un collant. Subir ce traitement à cause d’un collant de 1500fr maximum ? Aberration !

C’est dégradant comme traitement. Obliger une fille à se déshabiller devant une foule, la filmer de surcroît. Une véritable atteinte à la dignité. Et ces personnes dans un Etat normal doivent être punies pour leurs actes. C’est bien en des moments comme ceux-ci que je souffre dans ma chair de n’être pas détenteur de l’autorité et des pouvoirs nécessaires pour agir avec célérité et rigueur. Foutaises !

Mais, je pousse le débat plus loin pour m’interroger sur l’influence des réseaux sociaux sur le genre humain. Aujourd’hui, les gens sont plus prompts à sortir leur portables et à filmer des scènes horribles, au lieu de s’interposer. Les insolites sont devenus tellement importants qu’on perd tout sens d’humanisme. Il aurait juste fallu que plus de la moitié s’interpose que cette fille n’aurait pas été ainsi traitée.
C’est de la non-assistance à personne en danger. Mais ils ne s’en rendent pas compte.

Le Togo, pays de l’impunité. Comme quoi la corruption a tellement pris la part belle que même les étrangers, se font rois. A Lomé, notre économie nous échappe. Nous sommes juste à la merci des étrangers. Et on les aime, on les adule, on a peur d’eux. Grand Marché, pour les Zarmas. Hédzranawoé, pour les Ibos. Fast-food, pour les Libanais. Port autonome, c’est pour eux. Nous même on est où dans tout ça ? On est donc bon à rien ?

Quand les gens arrêteront de penser à faire une vidéo quand quelqu’un serait en train de mourir d’un accident, au lieu d’appeler le 118. Quand les gens n’auront plus pour réflexe de sortir leur téléphones lorsque des gens seront en train de s’entretuer. Quand les gens n’auront plus comme première idée en tête de filmer une scène lorsqu’un clochard serait en train de battre sa femme à sang. Et qu’à la place, ils s’interposent, alors on aura fait un pas. Quand les gens penseront à supprimer automatiquement ces vidéos vils plutôt que de les partager sur les réseaux sociaux, alors là nous aurons avancé. Oui, ce n’est qu’à ce moment qu’on aura fait quelque chose de bien dans ce monde truffé de personnes malveillantes. Simple soit-il mais plein de sens !!!

Bonne semaine les drogués.


C’était Mondoblog

Crédit photo : Corinne Danklou
Crédit photo : Corinne Danklou

Ces éveils doucereux,
Ces trajets harmonieux,
Ces discussions à mille lieux,
Valise en main, sac au dos, nous étions heureux.

Ces escapades nocturnes,
Ces retrouvailles diurnes,
Ces déjeuners mielleux,
Sur la terrasse, pour nos langues, ces dîners était captieux.

Ces sommeils courts,
Ces réveils lourds,
Ces visages sourds,
Badge au cou, sac au dos, nous étions dans Senecartours.

Ces formateurs qui badinent,
Ces jeunes qui dandinent,
Ces flashs qui crépitent,
Calepin sur table, stylo à côté, nous étions les pépites.

Ces excursions tombées à l’eau,
Ces ateliers photos,
Ces ateliers radios,
Clic ici, silence là-bas, tous à l’AUF, qu’est-ce que c’était beau.

Ces échanges en aparté,
Ces diverses nationalités,
Ces programmes matés,
Poème ici, diaporama là-bas, les demoiselles étaient flattées.

Ces conversations à voix basse,
Ces déhanchés à la calebasse,
Ces retouches sur blog,
Sans connexion, sans collision, à Dakar, c’était Mondoblog.


Année blanche

Crédit : pixabay.com
Crédit : pixabay.com

Maman chérie,

Il n’y a qu’à toi que je peux parler actuellement parce que Dieu n’écoute pas. Ne t’inquiète pas, j’ai essayé plusieurs fois, il ne m’écoute plus. Je ne peux pas te dire à quoi cela est dû. Mais j’ai tellement d’autres choses à te dire. Par quoi commencer pour que tu puisses bien me lire ? J’ai levé les yeux plusieurs fois cette année vers les cieux. De toutes mes forces, j’y ai prié Dieu. Puisque je ne trouve pas encore le moyen d’avancer, pour peu que je sois en mesure, je m’autorise à penser.

Aujourd’hui c’est le 1er décembre et j’aimerai te souhaiter un joyeux anniversaire. Oh ! Que j’aurai aimé que tu sois là pour que dans mes petits bras, je te serre. Oh ! Que j’aimerai formuler un vœu sans que mon cœur ne se resserre. Comment pourrais-je le faire sans des larmes ?

J’aimerais, j’aimerais, j’aimerais… Tant de choses, plutôt que de mouiller ce bout de papier sur lequel je t’écris sans les avoir. Je me contenterai de t’écrire le visage ferme de tout mon pouvoir. Ce n’est pas évident mais je me dis que c’est ce que tu aurais aimé voir. C’est mon année… Cette fois, c’est la bonne année. Pour mes bonnes idées. Les étoiles vont s’aligner pour tout figer. Illusion. J’ai travaillé farouchement pour réaliser mes ambitions. Désillusion. Mes résolutions n’ont été que des promesses. Mes décisions ont été que des messes. Mes ambitions ont fini par s’essouffler. Le travail a failli m’étouffer.

Encore une année passée à flirter avec l’incertitude. Ce que je pensais être une si précieuse année ne m’a offert que de mauvaises habitudes. Tu n’aurais certainement pas aimé certaines de mes attitudes. Celles où j’ai alterné entre les pérégrinations et l’instabilité. N’est-ce pas qu’il me fallait de la responsabilité ? Une année têtue qui a vite fait de me montrer les limites de ma témérité. Une longue année qui se referme sur ces litres de larmes qui ont coulé sans que je ne les aie commandées. Pourquoi ? Si seulement je savais à qui demander.

Pour plus d’un demi-siècle sur terre, je me suis interdit trop de chose. Pensant là, en arriver à la sagesse. Il était temps que j’ose. Parce que ce monde est vraiment truffé de bassesse. Des hommes qui ne valent pas une petite pièce de monnaie. Mais qui au détour de la méchanceté, arrivent à nous faire faire entorse à nos principes. Même si j’ai été encore sage cette année, je pense l’avoir été beaucoup moins que l’année dernière. Qu’importe, tout ça est maintenant derrière. Tout a changé depuis ma dernière lettre.

Ce qui n’a pas changé c’est ma retenue. Je sais. Tu me l’as interdit, mais elle n’est pas venue. Une déconvenue ! Pourtant, je pensais l’avoir trouvé, celle qui devait ôter ma circonspection. Tiens, je me suis même découvert avec les mois qui s’égrenaient, de la pondération. Oui, une progression. Ce n’est donc pas par faute de n’avoir pas essayé. J’ai consenti d’énormes sacrifices mais ça n’a finalement pas payé. C’est triste, mais je laisse aller.

La fin des milles rêves et le réveil précoce… Cette maladie de papa a été l’épreuve la plus rude de toute mon existence. Celle au cours de laquelle nous avons senti énormément ton absence. Celle qui se payait chère de ma patience. Une vraie épreuve de nerf pour chacun de nous. Il s’en est fallu de peu pour que je devienne fou. Parce qu’à ses maux, on ne trouvait rien du tout. Tant je ne comprenais rien à tout ce qui lui arrivait, tant les allers-retours entre l’hôpital et la pharmacie, tant les factures et les ordonnances à payer, tant les soulagements et les inquiétudes, m’avaient prouvé que je pouvais me sentir seul. Que j’étais seul. Un manque chronique de soutien qui augmentait mes peines. Un vide qui glaçait souvent le sang dans mes veines. Une solitude qui, très peu s’est comblée avec les soutiens. Autant en emportait le vent, autant en emportait mon rire. Qui à part le bon Dieu pouvait nous délivrer du pire ?

Une épreuve qui a eu le mérite de revigorer ma foi et de me rapprocher encore plus de toi. De me révéler combien l’homme pouvait faire preuve de méchanceté. Perdre si vilement sa dignité. Et ne pas craindre la fureur de la divinité. Cette épreuve m’a permis de découvrir cet autre degré de la maturité. Celle qui démontrait qu’hier on pouvait être au bord de l’espoir, et aujourd’hui au bord du désespoir. ce voyage… Tant de préparation pour que ça ne tienne plus. Une déception. Qui l’aurait cru ? De la désillusion. J’en ai eu assez. Je ne sais pas comment à mon âge, je suis me suis renfermé. Peut-être parce que l’espoir me quitte.

Alors, en cette fin d’année, je vais fermer les yeux sur les rancœurs, les déceptions et les amertumes, encore une fois. Faire le vide dans ma tête. Embrasser cette nouvelle année qui se profile à l’horizon en toute bonne foi. Tout en essayant aussi de garder intensément la foi. Et surtout,  faire la fête.

Tu me manques énormément… Si tu savais.

Joyeux anniversaire !!!

Ton Guillaume chéri, je t’aime.


Une minute de silence

Crédit : cartoonkronicles.com
Crédit : cartoonkronicles.com

Une minute pour s’amuser,

Loin de chez soi, se mettre à hurler,

Involontairement sur un terrain, une salle de spectacle, un café,

Et sans s’y attendre se faire tuer.

 

Une minute, où est l’honneur ?

Quand on sème la terreur,

Qu’on souille toutes couleurs,

En vidant son chargeur.

 

Une minute pour y faire attention,

Se poser les bonnes questions,

S’accorder pour une solution,

Et se lancer dans des actions.

 

Une minute sans inertie,

Pour ces vies à Paris,

Mais aussi au Liban, en Libye, au Burundi, en Syrie,

Pour dénoncer la barbarie.

 

Une minute pour chercher l’erreur,

Qui tache les bonnes valeurs,

Qui germe de la peur,

Dans de nombreux cœurs.

 

Une minute de solidarité,

Pour manifester notre fierté,

Pour réaffirmer notre liberté,

Et Réveiller assez de dignité.

 

Une minute d’émotion,

Une minute de réflexion,

Une minute de décision,

Et que cette minute de silence soit suivie d’une éternité d’expression.


De l’esprit de justice

Crédit :  www.togo-online.co.uk
Crédit : www.togo-online.co.uk

Il y a chez les hommes un besoin de se faire justice à eux-mêmes qui ne connait aucune limite. Plutôt un besoin qui ne connaît de limite que dans la satisfaction immédiate, dans la vindicte populaire, dans la justice de rue sans aucune forme de procès. Cette autre forme de justice s’est érigée depuis que les citoyens sont déçus par la justice étatique et trouvent la justice divine, trop longue. Et aussi parce que les citoyens considèrent l’immobilisme des gendarmes et policiers comme une démission.

L’insécurité prend des proportions inquiétantes à chaque fin d’année au Togo. Cette année ne connait pas l’exception et semble pire que les années antérieures. Certains quartiers de Lomé sont la cible de ces malfrats, ces criminels en puissance prêts à tout pour vous prendre vos biens, vos motos ou voitures. Il n’y a presque plus de signe de vie dans ces quartiers à partir de 20 heures. Chacun est chez lui, enfermé à double tours à cause des récents braquages qui ne laissent que des blessés ou des défunts sur leurs passages.


Quand la rue devient un tribunal…

Il est 19h, il commence à faire sombre. La plupart de mes collègues sont parties. Je profitais tranquillement de la fluidité du réseau wifi. Ça n’arrive pas très souvent d’avoir la connexion aussi fluide. La sonnerie incessante du klaxon de quelques taxis-motos entremêlée de cris attire mon attention. J’hésite quelques minutes parce que je ne voudrais pas partir sans avoir profité au maximum de ce luxe. Possible que demain la connexion ne soit plus aussi généreuse. Je me décide. Je range mon ordinateur dans mon sac en vitesse, son chargeur le suit de près. Et avant même d’avoir refermé la fermeture en éclair, je suis déjà dans le couloir, filant vers la sortie de l’immeuble dans lequel j’étais.

Je suis dehors. Il y a beaucoup poussière, mais pour un mois de novembre je n’ai pas à me plaindre. J’essaye de me donner des raisons qui pourraient justifier ma présence en dehors de l’immeuble tant bien que mal en écarquillant grandement les yeux. Il fallait qu’un fait bizarre justifie ce que je venais de faire tout de suite. Autrement, j’aurai perdu tout bon sens. Je serai devenu un de ces jeunes un peu trop friand des anecdotes. Heureusement pour ma santé mentale et malheureusement pour un inconnu, j’aperçois une horde de taxi-moto regroupés pas loin. Je me dirige vers eux pour savoir si j’avais des raisons de craindre pour ma santé mentale. En allant vers l’attroupement, j’ai croisé et dépassé une sandalette du pied gauche tâchée de sang. La scène que j’ai vue de près m’a convaincu de ce que ma tête ne souffrait d’aucun mal. Un jeune homme visiblement dans la trentaine gisait dans une mare de sang. Il était encerclé par une vingtaine d’hommes et de femmes. Un morceau de brique maculé de sang et saucissonné par terre. Sans doute celui servi à l’achever.  A côté de lui se trouvait des hommes armés de bâton, de coupe-coupe, de massue, d’un pneu et d’une allumette.

Je m’informe sur ce qui se passe. Selon la version délicieuse qu’on me servi, il s’avère que ce dernier venait de voler une moto avec son complice dans le quartier de tokoin-casablanca. Ils ont été poursuivis avant que celui-ci ne soit rattrapé dans le quartier de tokoin-cébévito où se passait la scène. Son complice a réussi à s’enfuir. Ils attendent quelqu’un qui est parti chercher un bidon pour tirer un peu d’essence dans une moto et le brûler. Même si l’interrogatoire musclé et un peu trop osé que le présumé voleur a subit n’a rien révélé.


Quand les hommes de rue deviennent des juges…

Je me lance dans une discussion avec un témoin de la scène, un conducteur de taxi-moto.

Moi : bonsoir chef. (Eh oui, il faut savoir se faire petit devant ces gens)

Lui : bonsoir tchalé.

Moi : il se passe quoi ?

Lui : on a attrapé ce type-ci. Ils étaient deux à voler une moto garée dans une maison.

Moi : vous avez appelé la police.

Lui : non. Pourquoi faire ? Ils ne servent plus à rien. On va régler ces cas nous-mêmes.

Moi : vous êtes sûr que cet homme a vraiment volé la moto ?

Lui : tu déranges avec tes questions. Tu es Jack Bauer ? Vas loin.

Pendant que je cherchais le moyen de m’éloigner de ce colosse, une femme s’est mise à sangloter. Elle venait de reconnaître son mari. C’est après explication de cette dernière que les uns ont décidé de fouiller le présumé voleur. Il se fait que c’en était pas un. La carte d’identité et le badge sur lui indiquaient qu’il était un commercial de la société Togocel. C’était un jeune du quartier qui s’était lancé lui aussi à la poursuite des voleurs. Les propos de la dame ont tout de suite été corroborés par une petite fille qui a reconnu elle aussi le sinistré parce qu’il venait de temps à autre vendre du crédit à sa mère. Il a eu le malheur de se trouver au mauvais endroit et au mauvais moment. Après des recoupements, il s’était avéré qu’il venait de garer sa moto de service quand la chasse aux voleurs a commencé. Il a juste eu le temps de changer sa chaussure. Il n’était pas parmi les voleurs parce qu’il ne pouvait pas être à deux endroits à la fois. Le comble c’est que je n’ai vu aucune tristesse et aucun regret se dessiner sur le visage de ceux qui venaient de commettre l’irréparable. Pendant que je m’éloignais pour appeler la police, je vis leur voiture arriver sur les lieux. Avant qu’ils ne descendent, il ne restait que la dame qui pleurait sur le corps sans vie de son mari.

Il est important que nous soyons convaincus de la culpabilité de ceux que nous arrêtons avant de les faire passer de vie à trépas. J’ai eu un pincement au cœur pour cette dame enceinte qui venait de perdre son mari, un futur père. J’ai eu terriblement mal pour cet enfant qui ne connaîtra jamais la joie de se faire dorloter par un père. Qui ne connaîtra jamais les épisodes de remontrances et de crise de colère d’un père. Qui ne connaîtra ce monsieur inconnu, son père que dans les photos, si photos de lui il y en a eu. J’ai eu du mal à manger hier nuit. Pire, je n’ai pas pu dormir à cause de cette scène traumatisante. Un ivoirien innocent a déjà fait les frais de cette justice arbitraire il y a quelques mois. Tout ceci n’est que le fruit d’une crise de confiance entre forces de l’ordre et les populations.

Repose en paix quidam !

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De l’encouragement de l’impudicité

Crédit : tak.00221.info
Crédit : tak.00221.info

Bien le bonjour chers tous,

Hier soir, je disais à mes cousines que ces petites culottes qu’elles portent pour sortir, sont faites pour être portées à la maison et donc ne sont pas dignes d’elles. Je n’ai pas terminé ma phrase qu’elles m’ont hué et conspué. Elles m’ont taxé de sorcier, d’homme moyenâgeux, d’homme de la pierre taillée et polie, d’un homme de la Old school. Et que les robes de bonne sœur, les jupes jusqu’aux genoux, les jeans sans taille basse qui ne sortent pas les rondeurs, les chemises qui couvrent tout le corps : tout ça, c’est fini. Que c’est l’époque où il faut montrer ses seins, ses fesses, ses reins, ses cuisses. Hourraaaaaa… Bienvenue la nudité !

Alléluia.

J’ai ri ! Et j’ai dit seulement : Seigneur pardonne leur, car elles ne savent pas ce qu’elles font.

Amen !

La société Togolaise s’est complètement métamorphosée entre les novelas et les séries de hollywood.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les filles copient tout sur l’occident. Elles se livrent à l’impudicité avec les jeans taille basse, les mèches brésiliennes, les faux cils et les chemises courtes.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les filles préfèrent perdre leur temps devant leur miroir que de lire un ouvrage.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les premières bénéficiaires des politiques de parité genre, d’émancipation, sont les premières à les rejeter par leur niveau de culture étriqué.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où on tue des hommes pour faire de la place aux animaux.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où lorsqu’on veut prouver sa masculinité, on se cache derrière les convenances sociales pour aimer.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les jeunes ne savent plus faire de distinction entre les pronoms personnels, toniques, démonstratifs, interrogatifs. Où un jeune ne peut pas formuler une seule phrase complète sans faire de faute.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les jeunes préfèrent passer plus de temps à changer leurs photos de profil Whatsapp ou Facebook, qu’à lire leur cours.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les greniers des cultivateurs sont plus riches et actualisés que nos bibliothèques d’université.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les taux de réussite au baccalauréat sont ajustés et réajustés pour faire de nos universités des réceptacles de cancres.

Aujourd’hui nous sommes dans une société qui se contente de faire des jeunes diplômés, des experts en chômage.

Aujourd’hui nous sommes dans une société qui ne se préoccupe plus du bien-fondé de la culture de l’excellence. Celle qui préfère le favoritisme au mérite.

Aujourd’hui nous sommes dans une société qui veut transformer les filles en marchandise cessible de génération en génération.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où lorsque le Seigneur s’est reposé le septième jour, les chinois ont pris le relais et nous ont pondu ces vêtements qui dévoilent plus qu’ils ne cachent.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les jeunes connaissent mieux le nom des bars et des boîtes de nuit que celui de leurs professeurs.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les jeunes connaissent mieux l’emplacement des plages aménagées comme le fond de leur poche, que l’emplacement de l’institut Français, du centre culturel Américain ou du Goethe institute.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les jeunes se plaignent plus de la mauvaise connexion qui ne fait pas fonctionner leur whatsapp en salle de cours que de leur mauvaises conditions d’études.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les jeunes ne savent plus ce qu’est une bibliothèque, ou une librairie.

Aujourd’hui nous sommes dans une société où les jeunes connaissent mieux le prix du dernier Iphone, Samsung Galaxy que le prix d’un recueil de poésie.

Mais que voulez-vous que leur parents qui sont des Directeurs, des Inspecteurs, des Collaborateurs leur disent, lorsque eux-mêmes passent plus de weekend à Kpalimé où Notsè en retraite spirituelle ou cul-turelle avec les nouvelles stagiaires ?

Mais que voulez-vous quand les autorités encouragent la médiocrité en finançant plus les activités de distraction avec Moov et Togocel pendant que nos bibliothèques sont vierges ? Mais que voulez-vous quand le divertissement prend le dessus sur l’éducation ?

Mais que voulez-vous quand nos Ministres de la Culture, de la Communication, de l’Emploi des Jeunes cautionnent l’inexistence des salles de cinéma, encouragent l’indécence de nos artistes clochardisés qui passent sur RTDS ou TV2 ou LCF, et se font invisibles quand il s’agit de déterminer une politique culturelle instructive ?

C’est alors que m’a conscience m’a interpellé : Sénamé. Sénamé. Sénamé. Tu es sur que tes parents ne t’ont pas adopté ? Que tu n’es pas né Allemand ou Namibien ? Parce que tu sembles ne pas être un bon Togolais.

Un bon Togolais se tait ! Le chemin de Singapour, celui qui nous mène vers l’émergence en 2030 est long. Laisses les autres arpenter dans le cul-turel, dans la joie et la bonne humeur.

Fais comme tous les autres. Tais-toi ! Ferme ta mandibule, fils indigne. Contemples ces mèches, ces seins, ces fesses, ces cuisses, ces strings au vent, ces dos si beaux et qui vont, fiers, libres et nus.

Amen !

Bien à vous !

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Des 33 ans de pouvoir de Paul Biya

Crédit : camenews.com
Crédit : camenews.com

Bien le bonjour lectrices et lecteurs,

Jamais, nul autre pays au monde n’a eu autant à ressembler au Togo que le Cameroun. La similitude est tellement frappante aussi bien dans l’histoire, dans le quotidien des populations, que dans le fonctionnement des institutions, au point qu’on pourrait croire que ces deux pays ne sont différents que de nom.

Il faut le préciser, je suis Togolais et je n’ai jamais mis pied au Cameroun. Mais, j’ai eu la chance à travers la plateforme Mondoblog de nouer de saines amitiés, que j’ose croire seront valables au-delà des messages ou appels échangés par écrans interposés et des décilitres de bières, avec des ami(e)s Camerounais y vivant. Quand je discute avec eux, c’est avec ébahissement que je me retrouve sans aucune forme d’artifice dans leurs vécus. La stupéfaction est encore plus impressionnante au regard de l’actualité politique, sociale et économique du pays.

Il me semblait opportun de faire toutes ces précisions pour éviter de faire perdre du temps aux partisans de l’inconditionnel « tu n’y vis pas, tu ne dois pas en parler ». Monsieur et dames, je vous épargne en toute bonne foi, ces commentaires et idées que j’aurai pu me faire le malin plaisir de vous laisser formuler. Mais pourquoi perdre du temps sur les futilités ? L’émergence que nous visons n’en a pas besoin. Je vous l’assure !

Prenez assez de souffle, ça promet d’être looooooooooong !


Parlons d’histoire commune…

Tout comme le Togo, le Cameroun est une terre qui a connu des Allemands, des Français et des Britanniques. Ces deux nations sont le fruit d’une série de dépeçages entre les anciennes puissances coloniales.

Tout comme le Togo où l’explorateur allemand Gustav Nachtigal signa un accord de protectorat (Schutzgebiet) le 5 juillet 1884 avec le roi Mlapa III, le Cameroun a connu Gustav Nachtigal en 1884. Ce dernier au nom de la nation puissante d’Allemagne a accordé un protectorat au Cameroun. C’est pour cette raison qu’il hissa le drapeau allemand à Douala le 14 Juillet 1884.

Tout comme le Togo, l’Allemagne après s’être opposée farouchement aux Français et Anglais, a renoncé à tous ses droits sur le Cameroun en ratifiant le traité de Versailles du 28 juin 1919. Ce traité stipulait en son article 119 que : « l’Allemagne renonce en faveur des principales puissances alliées et associées à tous ses droits et titres sur ses possessions d’Outre-Mer ».

Tout comme le Togo, la France et l’Angleterre se sont partagées le Cameroun le 10 juillet 1919. Puis, l’ont placé sous le régime de mandat avant de l’administrer au nom de la Société Des Nations (SDN).

Tout comme le Togo sous mandat français, le Cameroun sous mandat français a participé à la deuxième guerre mondiale entre 1939 à 1946 en réponse à l’appel du général De Gaule.

Tout comme le Togo a connu son premier parti politique le Comité de l’Unité Togolaise (CUT) avec Sylvanus Olympio, le Cameroun a connu son premier parti politique l’Union des Populations du Cameroun (UPC) à Douala avec pour Secrétaire Général Ruben Um Nyobè.

Tout comme le Togo, l’ancien Cameroun, alors sous tutelle française a accédé à l’indépendance en 1960 d’où on a assisté à la naissance de la République du Cameroun. Le Cameroun a eu son indépendance le 1er janvier 1960 et le Togo le 27 avril 1960. L’indépendance n’a cependant pas mis fin à l’histoire tumultueuse des deux pays.

Tout comme le Togo a été marqué par l’assassinat de Sylvanus Olympio, le Cameroun a également été frappé par la perte funeste de Ruben Um Nyobè le 13 septembre 1958 tombé sous les balles de l’armée coloniale française.


Parlons de présent commun…

Tout comme la chaîne nationale Togolaise TVT (Télévision Togolaise), la CRTV (Cameroon Radio Television) est la chaîne nationale Camerounaise. Elle est la chaîne qui fait des émissions, des journaux et des publicités propagandistes à l’image du chef de l’état sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il n’y a pas de conférence, d’inauguration d’école, de construction d’hôpitaux et de routes, de livraison de dons, qui ne soient pas sous le haut patronage de son excellence le président Paul Biya. Qui oserait faire un discours officiel sans le citer plus de fois qu’il n’y ait de ponctuation dans le texte ? Qui ? Le président Paul Biya, parlons-en.

C’est à la démission du président Ahmadou Ahidjo le 4 novembre 1982 que Paul Biya, premier ministre d’alors, lui succéda. Le 22 août 1983, le nouveau chef de l’Etat annonça la découverte d’un complot ourdi contre la sécurité de l’Etat par les partisans de l’ancien président. Le peuple camerounais se rangea du côté du nouveau Président dont l’action se fondait sur la rigueur et la moralisation, tel que prôné par le Président Paul Biya. L’ancien président Ahmadou Ahidjo, qui s’était alors installé à l’étranger, fut obligé de démissionner du poste de président du parti qu’il occupait jusque-là. Un Congrès extraordinaire du parti fut alors convoqué le 4 septembre 1983, à l’occasion duquel M. Paul Biya fut élu Président national de l’UNC. Cette élection permit de mettre un terme au bicéphalisme qui existait entre l’Etat et le parti.

Ensuite, il se posa un problème de la légitimité constitutionnelle et populaire du nouveau Président Paul Biya. Ce problème fut résolu par l’organisation d’une élection présidentielle anticipée le 4 janvier 1984 au cours de laquelle la double légitimité de M. Paul Biya fut confirmée par plus de 99 % de suffrages exprimés. Comme le dit l’expression populaire ivoirienne « il n’y avait rien en face, c’était maïs. »

Comme l’ancien chef de l’état Togolais Gnassingbé Eyadema, le président Paul Biya est considéré comme le « père de la nation » Camerounaise. Il faut croire que c’est une distinction que Dieu lui-même ne saurait contester. Puisque partout où se peut, il y a toujours un remplissage de son image. Que ce soit à l’aéroport, dans l’administration publique ou privée, dans les magasins, dans les restaurants, ou dans les bureaux des directeurs d’école, il y a toujours une photo pour rappeler qu’il y a quelqu’un qui mérite de tourmenter votre mémoire et d’y rester.

Comme l’ancien président Togolais Gnassingbé Eyadema, le président Paul Biya a connu et surmonté de nombreuses tentatives de coup d’Etat. La première tentative a été fomentée le 20 mai 1983 par des proches de l’ex-président Ahmadou Ahidjo. La seconde le 18 juin 1983 encore par des proches de l’ex-président Ahmadou Ahidjo. La troisième le 22 août 1983 et la quatrième tentative par la Garde républicaine le 6 avril 1984.

Comme l’ancien président Togolais Gnassingbé Eyadema, le président Paul Biya n’a pas pu surmonter le vent de la démocratie des années 1990. Il a cédé à la pression de la rue en autorisant l’instauration du multipartisme le 5 décembre 1990. Mais il a réussi quand même à réchapper à l’opération « ville morte » caractérisée par une grève générale, des émeutes et des manifestations sur toute l’étendue du territoire national entre avril et novembre 1991.

Comme l’ancien président Togolais Gnassingbé Eyadema, le président Paul Biya a tiré profit des élections boycottées par les principaux partis de l’opposition.

Comme l’ancien président Togolais Gnassingbé Eyadema l’a fait le 31 décembre 2002, le président Paul Biya a amendé la constitution Camerounaise portant sur la limitation du nombre de mandats présidentiels le 10 avril 2008.

Le président Gnassingbé Eyadema a fait 38 ans de pouvoir avant de mourir. Le président Paul Biya en est à son 33ème.

Comme le président Faure Gnassingbé fils du défunt président Gnassingbé Eyadema, le président Paul Biya a été victime de nombreuses rumeurs annonçant sa mort entre le 4 et le 6 juin 2004. A l’époque il avait 71 ans et faisait 22 ans au pouvoir.

Comme le président Faure Gnassingbé fils du défunt président Gnassingbé Eyadema, le président Paul Biya bénéficie d’un « merci papa » pour telle ou telle réalisation de temps en temps.

Tout comme le Togo connait comme attaquant incontournable Emmanuel Sheyi Adébayor, le Cameroun connait comme meilleur attaquant de tous les temps Samuel Eto’o. Ce rapprochement heureux se transforme en malheur quand on se tourne vers les fédérations de nos deux différents pays. En effet la FTF (Fédération Togolaise de Football) et la FECAFOOT (Fédération Camerounaise de Football) sont dans une impasse qui ne dit pas son nom depuis ces cinq dernières années. Si ce n’est pas une question de prime occasionnant le boycotte de certains matchs par les équipes nationales, c’est une question d’hébergement non réglée. Si ce n’est pas une question de remplacement du président de la fédération, c’est une question de détournement de fond.

Tout comme au Togo, il existe une grande brasserie au Cameroun. Cette brasserie fait des Camerounais les plus grands consommateurs de bière au monde. Même les allemands de la Bavière sont loins derrière sur le tableau de la concurrence. Ils sont devenus des éternels alcooliques qui ne pensent, agissent et mangent qu’avec de la bière. C’est la Mutzig, la 33, la Guinness ou la Castel tu veux ? Tout comme les Togolaises, les Camerounaises connaissent tous les noms des anciens et nouveaux bars. Elles ont un répertoire bien garni et sont à coude à coude avec les hommes sur le plan de la consommation. On dirait que l’émancipation est passée par là en premier.

En définitive, tout comme les Togolais, les Camerounais sont dans le « ndem ». (problème) Ils préfèrent noyer leurs chagrins dans des verres d’alcools.


Parlons d’avenir commun…

A ce stade, il est important de se demander si nous avons véritablement une destinée commune et quels sont les défis pour la grande nation Camerounaise et par conséquent Togolaise. Des défis pour qui ? Pour le pouvoir ou bien pour le peuple ?

De façon officieuse, ou officielle, on parle d’énergie déjà acquise avec la construction de barrages hydroélectriques, ENEO, pour pallier l’écueil des coupures intempestives. Mais c’est avec amertume qu’on constate les coupures d’électricité partout dans le Cameroun. Des délestages qui sont souvent au rythme du clignotement d’une voiture. Comprenez par là qu’aussitôt on le donne, aussitôt on le coupe.

Il est courant de constater qu’au niveau des défis pour le futur, chacun défendra son intérêt parce que chaque camp a ses priorités. Les gouvernants d’aujourd’hui pour la conservation du pouvoir; Et le peuple pour plus de répartition des richesses, plus de justice, plus d’équité, plus de lieux de soins, plus d’écoles, plus d’infrastructures, Etc…

En général, on parle de grands chantiers. Il y avait déjà eu les grandes ambitions, ensuite les grandes réalisations et maintenant les grands projets. Il s’agit dans une large mesure de prendre en compte les problèmes sociaux. C’est-à-dire l’éducation, le logement, les infrastructures, l’accès aux produits de première nécessité, l’accès aux soins, Etc…

Même si beaucoup restent sceptiques parce que pensant que tout ça n’est que des slogans de campagne et rien d’autres, il semble que nous devrions attendre l’émergence que nous promettent tant nos dirigeants. Il semble que nous devrions nous armer de patience pour pouvoir voir le lait et le miel couler. Au Togo, une vision a été échelonnée sur l’année 2030. Le Cameroun semble-t-il plus réaliste ou voudrait-il traîner les pas en parlant de 2035 ? D’ici là, nous avons tout le temps qu’il faut pour y penser. Que Dieu nous prête assez de vie pour que nous en soyons témoins.

Bien à vous !

Dédicace à David Kpelly, Florian Ngimbis, René Jackson Nkowa, Marie-Danielle Ibohn, Dania, Nelson Simo… Ces aînés qui nous enseignent beaucoup de par leur humilité…


Le destin

Crédit : journaldunet.com
Crédit : journaldunet.com

Le destin est un bien grand mot qui fâche,
Qui nous laisse souvent perplexe,
A la découverte de ce qu’il cache,
Sous l’immensité de son sens complexe.

Lors de ses surprises qui nous ôtent espoir,
Nous laissant croire qu’on s’accroche à faire,
Dans des lendemains remplis de désespoir,
Ce que Dieu lui-même s’acharne à défaire.

Entre nos besoins d’amour, de richesse, et de religion,
Il s’installe avec doute et se targue,
De nous laisser faire sur lui diverses opinions,
Qui demeurent toujours assez vagues.

En nous accordant parfois tardivement,
Ce que nous lui demandons à la limite du supplice,
Ce qu’il offre à d’autres bonnement,
Dans un procès sans aucune forme d’artifice.

Une notion aussi insaisissable que Dieu,
Qui nous ramène souvent à la dure réalité,
De ce que nos vies sur terre ou dans les cieux,
Ne se conjuguent que dans la fatalité.

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Le médecin, la comptable et les domestiques

Crédit : pixabay.com
Crédit : pixabay.com

Bien le bonjour lectrices et lecteurs,

Aujourd’hui dans les familles, avoir des enfants est devenu une preuve d’identification et de démarcation sociale.

Fils unique d’une famille modeste, le mari est un monsieur affectueux, tendre et calme. Le genre d’homme qui ne cherche pas des embrouilles. Un monsieur taquin au besoin, gentil avec tout le monde le sourire aux lèvres. Un médecin coincé entre le suivi de ses patients pendant ses gardes nocturnes et les urgences dans sa petite clinique dans l’immeuble de sa maison. Cette maison, c’est celle de mon voisin qui se trouve être le médecin, le mari.

Sa femme est une employée de banque. Une belle femme de teint clair gratifiée de formes généreuses par la nature, des rondeurs. Une forte poitrine s’écrasant sur son abdomen et une grosse hanche formant un dos d’âne sur son corps avant de se perdre dans la mer intérieure de ses fesses. Le fantasme des hommes du quartier ! Une dame mégère, sardonique et cynique. Sa malignité lui a valu le surnom « la dame de fer » dans le quartier. Non seulement pour la difficulté des parents de son mari de séjourner au-delà de trois jours chez eux sinon c’était un scandale qui les attendait (est-ce que ici c’est un hôtel ?) mais aussi pour l’impossibilité des domestiques qu’elle accueillait de supporter qu’elle vocifère sur elles, au-delà de deux semaines. Elle se complaisait dans les démons de l’arrogance et changeait les domestiques comme sa petite culotte.

Le mari ne rentrait souvent qu’à l’aube après une nuit de garde à l’hôpital. Il se reposait quelques minutes avant de se soumettre à l’obligation de conduire sa femme à son bureau. Gare à lui s’il dort un peu trop ou s’il tardait à sortir la voiture du garage.

Sa femme le chargeait directement devant les petits écoliers du quartier qui passaient, devant les voisins qui balayaient leur devanture, devant les commerçants qui ouvraient leurs boutiques :

C’est quel homme mou comme ça ? Où je t’ai trouvé même ? Tsruuuuuuuuu. Fais vite, je risque d’arriver en retard. Je te préviens si tu lambines et que j’arrive avec plus d’une minute de retard, on ne va pas s’entendre du tout.

Le mari en toute patience lui répondait : calme-toi, chérie. Tu ne seras pas en retard. Je connais l’itinéraire qu’il faut pour nous éviter les embouteillages.

Elle rétorquait : laisse ça. Au lieu de conduire, tu parles encore ?

Il se racontait même dans le quartier qu’elle réagissait comme ça parce que le mari ne la frappait pas correctement avec sa ceinture. Pardon, ce qu’il en avait en dessous.

Le passage des domestiques se multipliaient dans leur demeure comme des dépôts de dossier d’un chômeur pour des entretiens d’embauche. Celles qui avaient le sang-froid passaient le cap de deux semaines et pouvaient lanterner jusqu’à trois mois. Celles qui n’en avaient pas tombaient dans le piège d’une dispute avec la maîtresse de maison et se faisaient renvoyer le lendemain. Le temps passait et aucune domestique ne traînassait pendant un an. Il en était de même pour les petits vacanciers dont on pouvait entendre les gémissements parce qu’ils se faisaient corriger par la dame tard la nuit ou tôt le matin. Le voisinage en constatant un nouveau visage à leur devanture, déduisait automatiquement que l’ancienne domestique était partie.

Sept années ont passé mais n’ont pas changé les habitudes dans le foyer. Les domestiques souvent dans la trentaine défilaient toujours comme à un casting. Le mari qui parlait toujours à peine, et la femme qui se distinguait par son invective. L’envie d’avoir un enfant se manifestait et se matérialisait désormais dans chacune de leurs réactions. Dans les discussions matinales, dans les analyses médicales, dans les visites de leurs amis, dans les réunions de leurs familles, dans les séances de prière diurnes, dans les veillées de prière nocturnes. La femme imposait désormais à son mari un style de vie s’inscrivant dans la quête perpétuelle d’atteindre ce confort éphémère, avoir un enfant.

Rien n’y fait. Aucun miracle ne se pointait à l’horizon. La seule chose grosse qu’on pouvait constater était les fesses de la femme. Son ventre, lui ne semblait pas prêt à grossir. Mauvais coup du sort !

Un dimanche matin, pendant que le couple se préparait à aller prier le bon Dieu encore une fois, l’oncle du mari et trois de ses tantes sont arrivés par surprise. Leur présence sur les lieux n’était pas hasardeuse. Ils étaient venus notifier au couple leur frustration d’apprendre qu’ils étaient dans l’impossibilité d’enfanter. Et qu’après conseil de famille, il a été décidé d’oublier cette idée d’adoption et de faire perpétuer le nom patronymique du médecin en lui donnant une autre femme comme épouse.

Epouvantée, la femme du médecin s’est mise à insulter les proches de son mari. Elle criait comme une forcenée pour les faire sortir de la maison. Devant leurs hésitations, elle a commencé à leur lancer tout ce qu’elle trouvait sous la main. Malheureusement, elle avait lancé une bouteille qui a atterri dans le visage de l’oncle qui conduisait la délégation. Ce dernier s’est tout de suite retrouvé le visage ensanglanté. Cette blessure de l’oncle a provoqué de l’hystérie chez les tantes du médecin qui s’en sont prises à la femme de ce dernier. A trois, elles essayaient de l’attraper pour lui donner une leçon. Mais elle s’est habilement cachée dans les toilettes. Après de vaines tentatives pour casser la serrure de la porte parce que le médecin s’interposait, elles sont reparties à la clinique où l’oncle recevait ses premiers soins. Repli stratégique !

Après près d’une heure de silence, les cris de détresse incessants de la femme ont alerté le voisinage de nouveau. Les tantes avaient fini par attraper la femme et la tabassaient. Beaucoup de voisins ont hésité à lui porter secours parce qu’ils se disaient que c’était bien fait pour elle.

Devant un cri assourdissant, pour éviter une poursuite pour non-assistance à personne en danger, une poignée d’homme s’est décidée à lui porter secours. Après des minutes de négociation, ils avaient fini par entrer dans la maison et libérer la femme des griffes des proches du mari.

La petite délégation qui était venue le matin s’est agrandit le soir avec les parents et des cousins du médecin. Il était maintenant question de mettre les bagages de la femme du médecin dehors pour laisser la voie libre à une autre femme plus douce avec la famille. Mais le mari ne voulait pas d’une telle proposition. Il voulait retrouver la quiétude de son foyer avec sa vraie femme. Celle qu’il a épousée devant Dieu et devant les hommes, pour le meilleur et pour le pire.

Devant la pression de la famille, le médecin a quitté sa propre maison. Depuis trois mois, sa clinique fonctionne au ralenti et personne n’a vu le couple dans le quartier depuis ce dimanche-là. La maison est actuellement occupée par les parents du médecin et certains de ses proches.

Ce que les maris sont, ce que leurs femmes ont et ce que leurs domestiques font, contribuent ou non très souvent au bien être des foyers.

Personnellement, même si je n’aime pas cette femme, je pense que le mari a bien fait de défendre son foyer. D’ailleurs, je ne comprends pas quelque fois l’implication des familles dans la gestion des couples.

Bien à vous !


Clairvoyance d’enfance

Credit : www.monquotidien.fr
Credit : www.monquotidien.fr

Il ne m’arrive pas souvent d’aller aux veillées funèbres encore moins aux funérailles. Non seulement pour l’ambiance revêche qui y règne, mais surtout pour cette rétrospective personnelle, cette interrogation existentielle à laquelle on se soumet une fois qu’on est chez soi. Mais au-delà de tout ça, c’est l’excentricité des hommes qui me surprend.

Un dimanche matin de l’année 2002 à Aného, je me suis retrouvé épouvanté debout devant le corps dans un cercueil d’une de mes tantes. Une tante que j’aimais beaucoup pour les petits billets de 500 francs neufs qu’elle me glissait de son vivant. Rares étaient mes oncles qui pleuraient. Mais mes tantes et mes cousines, elles pleuraient toutes les larmes de leur corps en criant le nom de la défunte. Plus tu avais de l’argent de ton vivant, plus on te pleurait à ta mort hein !

J’ai vu un de mes oncles qui avait l’habitude de m’embêter quand j’étais gamin. Le type même d’un Anéhôto. Le genre d’oncle à te suivre partout comme ton ombre quand tu es au village chez lui. Il te donne des leçons de morale partout où il te croise. Pendant les deux jours du week-end que tu passes à ses côtés, il essaye de refaire toute ton éducation. Pensait-il que mes parents avaient échoué en 13 ans à m’éduquer ? Je ne sais pas.

Dans la foulée, je me suis rappelé qu’à cause de lui, quand j’étais plus jeune, je détestais aller aux mariages parce qu’il venait toujours près de moi, me donnait une grande claque amicale dans le dos en lançant un joyeux :

– T’es le prochain, fiston !

Nous nous sommes retrouvés quelques minutes après au cimetière. Là, il y avait une agitation autour du cercueil. Tout le village était présent. Je voyais mon oncle là qui m’intimidait à quelques mètres de moi. Dès qu’on fit entrer le cercueil dans la terre, je me suis approché de lui. De toutes mes forces, je lui ai donné une claque dans le dos et lancé :

– T’es le prochain, tonton !

Il s’est retourné et m’a regardé avec un visage menaçant comme pour me dire « Imbécile, si je t’attrape,tu vas voir ».

J’ai ensuite couru vers ma mère et je me suis caché derrière elle jusqu’à la fin de la cérémonie.

Dans la soirée, j’ai appris que mon oncle m’avait cherché partout dans le village. J’avais hâte de quitter les lieux avec mes parents. Mais hélas, mon film d’horreur avait duré plus longtemps que prévu entre les réunions de famille et les comptes des dépenses à faire. Tout ce temps, j’étais resté collé comme un aimant à ma mère.

La nuit venue, j’ai dormi les poings fermés et avec un œil. J’ouvrais le second œil à chaque fois que quelqu’un toquait à la porte du salon.

Le week-end dernier, j’ai revu mon oncle à un mariage. Je n’avais pas eu de ses nouvelles durant 13 ans. Je me suis approché de lui et je l’ai salué. Nous avons eu une courte discussion, il m’a ensuite dit : « Fiston, on a qu’une vie, il faut en profiter ». Je lui ai répondu : « Tonton, on a qu’une mort, il faut la préparer ».

Je pensais qu’il m’aurait encore donné une calotte ou un coup dans le dos. Mais, il est reparti sans avoir dit mot.

J’ai compris qu’il n’avait pas oublié, mais plus important, il avait retenu la leçon de cette stupide blague que je lui ai faite à l’enterrement de ma tante.

 


Amour virtuel (fin)

Crédit : pixabay.com
Crédit : pixabay.com

Son entourage lui disait de faire attention,

Qu’elle devait limiter une telle passion,

D’un amour impossible, se faire une raison,

Et tourner la page de cet épisode sans condition.

 

De lui elle était farouchement énamourée,

Elle caressait secrètement des idées,

Celle d’un mariage avec son bien aimé,

Et d’une lune de miel où le temps est figé.

 

Ils ont échangé des photos sur whatsapp,

Ils ont longuement discuté sur skype,

Des fantasmes ils ont formulé,

Des envies ils ont comblé.

 

Un premier rendez-vous il y a eu,

Des baisers langoureux ont plu,

Des cadeaux ils se sont donnés,

Ensemble ils se sont amusés.

 

Le lendemain elle ne s’est pas réveillée,

Son corps a été retrouvé mutilé,

Ce dangereux inconnu l’a assassiné,

C’était la fin d’une histoire inavouée.


Des filles et de la vantardise

Jeudi, il est 7 h 30. Me voici empilé dans un bus Rakieta en direction de Kara. Mince ! 410 km d’inconfort hein ?

Devant moi deux dames kotocoli, le cure-dents dans la bouche, mais bavardes comme deux adolescentes pré-pubères, et un monsieur balafré, qui s’y mêle de temps à autre, sans doute, un Kabyè. Comment je sais ? L’expérience !

Assis directement derrière eux, j’étais à l’extrême gauche, à l’extrême droite, il y avait un jeunot mignon comme le soleil à midi. Au milieu de nous deux, une demoiselle, belle comme la Citroën qu’aurait gagnée notre Miss Kpévica, Stéphanie du Bois si elle n’avait pas dit ce que nous savons tous (première dauphine du concours Miss Togo 2015). Tout le long du trajet, elle avait le visage fermé et la tête plongée dans son téléphone. Moi, j’avais compris qu’elle ne voulait pas être dérangée, mais l’autre gars à sa droite semblait ne pas décrypter les signes d’un volcan verbal mis en veille.

10 h 10, premier arrêt à Agbonou, Atakpamé. Pendant que les autres passagers se précipitaient pour descendre, le gars voulant profiter de l’absence du regard des passagers se retourna vers la fille pour engager la discussion.

Lui : bonjour ma chérie.
Elle : bonjour. Il y a quoi ?
Lui : je voulais…

Il n’a pas fini sa phrase que la demoiselle répliqua.

Elle : tu me veux quoi ? On se connaît ?
Lui : … (silencieux)
Elle : alors tu ne parles plus ?
Lui : excuse-moi.

Euye ! Douche froide hein ? Avant que je ne retourne la tête pour prendre connaissance de la situation, le gars est descendu du bus à la vitesse de la lumière. Je l’ai vu s’acheter un papier mouchoir et s’essuyant ces quelques gouttes de sueur sur le front provoquée par la chaleur du volcan sortie de la bouche de la fille.

10 h 20, reprise du trajet. Pendant que mes écouteurs me servaient « ça fait mal » de Singuila, j’ai pensé à la honte que la demoiselle venait de mettre sur le genre masculin. C’est quelle vantardise ça ? Ma fierté de digne fils d’Aného s’est vu écorchée. J’ai senti ma salive âcre, j’ai eu un goût de tristesse. Mon ego m’a susurré « tu vas laisser faire ça » ?

14 h 10, second arrêt à Sotouboua. Moment de vengeance.
La fille est descendue comme tous les autres passagers en quête d’un peu de soulagement. Soit au niveau de la gorge sèche, soit au niveau du ventre creux, soit au niveau des fesses chauffées par le nylon du siège, soit au niveau des muscles du genou contracté. Je me suis dirigé vers elle…

Moi : vous êtes jolie.
Elle : merci. Je sais. Et puis quoi ?
Moi : bien le bonjour.
Elle : bonjour.
Moi : comment vous ressemblez à Cina Lawson comme ça ? C’est une proche ?
Elle : la ministre du Commerce ?
Moi : non. La ministre des Postes et de l’Economie numérique. D’ailleurs, elle a lancé le concours sur les applications innovantes togolaises le 1er septembre dernier. Et ça court jusqu’au 15 novembre 2015.
Elle : aaaaaaaaaaah. (avec un air d’étonnement)
Moi : oui. Alors c’est une parente à vous ?
Elle : non, pas du tout.

14 h 20, reprise du trajet. Nous sommes montés dans le bus pour les dernières minutes du voyage. J’ai remarqué qu’elle me fixait par moments. A peine j’ai tourné mon regard vers elle qu’elle me tendit la main. Pendant que j’empoignai sa main pour la saluer, elle engagea la discussion.

Elle : on m’appelle Octavia. Je suis responsable suivi et évaluation à Plan-Togo, consultante auprès de Ogar assurance.
Moi : je suis Guillaume. Juriste de formation, et blogueur.
Elle : Guillaume Djondo ?
Moi : … (j’esquissai un sourire, puis je hochais la tête pour acquiescer)

Je ne lui ai pas laissé le temps de continuer la discussion. J’ai mis mes écouteurs. Je me délectais du morceau « feel this moment » de Pitbull feat Christina Aguilera, puis « feeling myself » de Will _I_Am feat Miley Cyrus au rythme des secousses du bus traversant la ville de Bafilo lorsque je fermai les yeux pour je ne sais combien de temps. Brusquement, j’ouvris les yeux parce qu’elle me tapait l’épaule pour me dire qu’on est arrivé.

15 h 5, descente du bus à Kara.
Pendant que je cherchais mon sac, Octavia vint vers moi.

Elle : c’est bien toi ? Wow !
Moi : c’est La Plume parlante en personne.
Elle : on peut échanger nos contacts ? J’adore lire toi, Roland, Edem, Aphtal, Renaud, Cédric, Cyrille et David.
Moi : excellent.
Elle : et l’autre là Salaud quelque chose. Tu le connais ?
Moi : Salaud lumineux ? Wence ? C’est un pote.

Puis je lui rendis ma carte de visite. Elle fixa la carte et m’apostropha.

Elle : community manager ? Qu’est-ce que c’est ?
Moi : appelle-moi. On en parlera autour d’un dîner.
Elle : je t’appelle dès que je rentre. Je t’appelle hein… Okay ?
Moi : au plaisir !
Elle : à toute à l’heure.

Pendant que je cherchais un visage responsable parmi la horde de zémidjan qui m’envahissait, l’autre gars couru vers moi.

Lui : djo, comment tu as fait ?
Moi : gars, on ne drague pas une fille comme on mange la canne à sucre. Il faut y aller avec une délicatesse aiguë, une indifférence momentanée, un diktat marquant et un tact pointilleux.
Lui : noooooooooon, djo tu es trop fort.
Moi : seul Dieu est fort.

Je montai sur un zem. Puis, je remis mes écouteurs qui me servaient « m’kpayé » de Snaky da future.

Bien à vous !


Miss Togo : « ancienne sort, nouvelle reste »

Crédit : facebook.com/pages/Misstogo/
Crédit : facebook.com/pages/Misstogo/

A part la présidentielle, l’autre élection qui fait grincer des dents, c’est l’élection dite de la fille la plus pétrie d’intelligence et de beauté du Togo, Miss Togo. Un scrutin organisé par des vieillards aux tempes grisonnantes.

Que le titre de ce billet ne vous paraisse pas étrange comme l’annonce sur un plateau de télévision que Robert Mugabe lui-même déclare autoriser la légalisation du mariage gay dans son pays. Il n’a rien de mystérieux encore moins d’énigmatique, ce titre. Attendez que je vous rafraîchisse la mémoire.

Vous vous rappelez quand on était enfant… on avait l’habitude de manger du riz, du couscous, du spaghetti ou de la pâte et parfois on constatait que nos repas étaient souvent servis avec un certain déséquilibre, quelques grammes de moins que celui de notre frère. Surtout, il n’était pas question de se permettre une réclamation auprès de notre mère ? Sinon la claque ? On se lançait dans cette compétition « ancien sort, nouveau reste » qui consiste à trouver de vous deux, vous et votre frère ou ami, celui qui mange le plus vite. Ça ne s’arrête pas là. Ensuite, libre à ce dernier de manger dans le plat de celui qui n’a pas réussi à finir son plat en temps record.

Le premier qui finit le sien a le droit de manger chez l’autre qui est à la traîne. Ce jeu a quelque chose de malsain, il autorise celui qui veut être premier à déployer toute son énergie, comme dans un combat de boxe où vous avez pour adversaire Mike Tyson, pour vite finir son plat de sorte à se délecter de celui de votre second.

Il y a une certaine similitude avec la messe de la beauté togolaise qui par excellence permet annuellement de choisir une reine communément dénommée Miss.

Contrairement à l’année dernière où je m’égosillais dans l’idée qu’il faut être dans le secret des dieux pour savoir sur quels critères les organisateurs de la messe de la beauté togolaise nomment la Miss, cette année j’ai découvert comme beaucoup de Togolais qu’il suffit d’être une ancienne candidate récidiviste pour être retenue. D’où le rapprochement avec l’idée d’être une ancienne qui est consacrée Miss et d’une nouvelle candidate qui occupe la place que cette dernière laisse. L’ancienne qui sort, c’est celle qui est couronnée. La nouvelle qui reste, c’est celle qui garde la première place sur la liste d’attente des candidates de l’année suivante. C’est-à-dire que la première dauphine de l’année 2013 a été désignée Miss Togo 2014. La jurisprudence a été confirmée par la désignation de la première dauphine de l’année 2014 comme Miss Togo 2015. Comme vous pouvez l’imaginer on se demande déjà si la première dauphine de cette année n’est pas prédestinée à devenir la Miss Togo 2016. Est-ce qu’on est pour autant des voyants ou des sorciers ? Mais non. On est juste plus intelligent que ces organisateurs qui pensaient que nous ne découvrirons jamais leurs combines.


Quand la cupidité s’y mêle…

On soupçonne souvent ces organisateurs de désigner la plupart des filles en contrepartie de coups de reins. Mince ! Je m’égare. Malgré les critiques et les opinions négatives, les concours de beauté ne cessent d’’attirer les jeunes filles. Il y en a de plus en plus avec des noms tout aussi biscornus que ceux de leurs pommades et saugrenus comme ceux de leurs mèches. Si ce n’est Miss vierge, c’est Miss plage, c’est Miss vacances, c’est Miss ronde ou Miss discothèque.

Pour celles qui y participent, c’’est l’’occasion rêvée de tenter de se démarquer et de se faire remarquer, d’’une manière ou d’’une autre, qu’importe le prix. Comment peut-on encore accepter au XXIe siècle de s’exposer in « naturalibus » en pleine place publique devant le regard appétissant d’un public n’attendant que de saliver sur votre nudité et d’un autre n’attendant que de jeter une pluie d’injures sur vous ?


Lorsqu’’elles sont interrogées, certaines candidates confient vouloir ne servir que des causes nobles. Balivernes ! C’’est un moyen pour elles de se faire un nom, de se faire quelques contacts et de profiter des privilèges et avantages associés aux couronnes.

Il y a une intoxication tant intellectuelle que sociale véhiculée par l’idée d’offrir par le biais d’un concours une aisance aux filles. Ce qui oblige ces dernières à plonger dans la dépigmentation, le zèle sexuel, la soumission pour plaire avant tout aux promoteurs, aux organisateurs et ensuite aux spectateurs, aux téléspectateurs.


Quand la passion et les réseaux sociaux s’y mêlent…

Dans cette élection de Miss Togo, il y a eu un débat on ne peut plus désagréable sur les réseaux sociaux notamment Facebook et Twitter. Déjà après la présélection, il y avait un bourdonnement autour de la page Facebook du comité Miss Togo. Un avant-goût ! Un babillage de commentaires autour des photos des candidates. Des commentaires parfois tendres, parfois méchants. Ce n’est pas la cérémonie elle-même qui pouvait en faire exception. Les prestations médiocres des candidates ont définitivement sacralisé l’intention des internautes.  

Il y a même eu des faux comptes spécialement créés pour l’occasion. Et derrière ces comptes, des personnes certainement à la moralité douteuse. (https://twitter.com/misstogo2015)

Ceux-là qui n’aiment pas comprendre, qui essayent de ne pas suivre la foule, se perdent dans des théories conspirationnistes ou « complotistes » dont l’enchevêtrement complexe est à la hauteur de leur pseudo lucidité. Et plus ils interagissent sur les tweets ou les statuts, plus ils ne réfléchissent plus, plus ils débitent des absurdités frisant même l’insulte, et plus les internautes se disent victimes de la plus brillante manipulation de tous les temps. Celle qui n’autorise aucune critique, qui n’a de limite que dans le musellement.

Avec la désignation de l’ancienne première dauphine, doit-on comprendre qu’en un an on n’a pas trouvé une fille qui pouvait faire mieux qu’elle ?

Ce billet n’est ni une semonce ni une admonestation. Il relate juste un constat fait par un simple citoyen devant et sa télévision et son téléphone. Après tout, qui suis-je pour faire des sermons ? Est-ce que je résisterais à l’idée de faire d’un concours national un héritage personnel annuel ? Est-ce que j’ai déjà tenu dur comme un concombre un projet de grande envergure nationale ? Que nenni.

Bah, oui, qui va se négliger dans cette vie misérable et si courte ? Ce n’est pas moi. Encore moins Baka et tout le comité derrière l’organisation du concours.

En attendant, l’ancienne est sortie, la nouvelle est restée. On en fait quoi ? On s’entraîne avec ses hanches non ?

Bon mois de septembre à toutes et à tous.

Bien à vous !


La vie…

Crédit : atenaphotospassion.eklablog.com
Crédit : atenaphotospassion.eklablog.com

La vie…
C’est de l’amour un matin,
Et des larmes un soir,
Des disputes et des câlins,
Pour finir par broyer du noir.

La vie…
C’est beaucoup de doutes,
Et peu de certitude,
Des expériences qui envoûtent,
Pour du sourire dans les habitudes.

La vie…
C’est des réconforts inconnus,
Et un friselis sans importance,
Des bouleversements au début,
Des moments sans espérance.

La vie…
C’est tellement d’attente en vue,
Et aucune manifestation,
Des regrets, du temps perdu,
Pour un nouveau départ sans passion.

La vie…
C’est des rêves utopiques,
Et des réalités surprenantes,
Des envies mélancoliques,
Pour des histoires étonnantes.

La vie…
C’est des débuts difficiles,
Et des efforts outre mesure,
Des résultats perceptibles,
Pour du bonheur sans murmure.


D’école et de commerce

Crédit : lematin.ma
Crédit : lematin.ma

Face à surpopulation de nos facultés, nombreux sont ces professeurs, ces inspecteurs de l’éducation à la retraite, ces anciens doyens de faculté ou ces personnes dans les activités libérales qui s’associent pour ouvrir des écoles ou instituts privés. Ces établissements parallèles désengorgent les deux universités publiques que nous avons au Togo. Celle de Kara et celle plus prestigieuse autrefois, devenue notre fameuse brousse, l’université de Lomé.


Puisqu’il faut enseigner…

Il suffit d’y faire un tour pour se rendre compte que la majorité des têtes que vous verrez sont à la fois celle des professeurs et des étudiants qui se connaissaient ailleurs. En effet, ce sont les mêmes professeurs qui viennent dispenser les mêmes cours à quelques différences près au même auditoire. Ce qui paraît inaccessible dans les universités publiques est accessible dans les écoles ou instituts privés. La relation entre le corps enseignant et les élèves est presque fraternelle ou familiale. Les étudiants se sentent plus proches de leurs professeurs. Ils peuvent leur poser autant de questions qu’ils veulent, s’incruster dans leur quotidien, leur soumettre des rédactions de sujet que ceux-ci leur corrigeront… etc.

Tout ceci n’est pas vraiment envisageable dans les universités publiques parce que là-bas, les professeurs donnent toujours l’impression d’être pressés et méchants. Cette intimité et complicité qui naissent dans les écoles privées si elles tendent à faciliter la compréhension des cours sont source de nombreuses bavures. Entendez par bavure ici, la facilité que ces professeurs ont à draguer leurs étudiantes, à leur accorder des notes qu’elles ne méritent pas. Cette intimité fait également naître un certain favoritisme du côté des garçons qui savent bien servir. N’ont pas de bonnes notes ceux qui produisent un devoir sans erreur mais ceux qui s’entendent bien avec certains professeurs. Ceux qui s’approchent facilement de leurs enseignants, leur rendent des services de temps à autre et qui nouent une certaine affinité avec ces derniers. De sorte qu’à chaque début d’année la concurrence est toujours rude parmi de nombreux candidats qui se proposent au poste de délégué de classe.

Je n’ai jamais compris l’intérêt d’être délégué d’une classe et de passer 2 heures sur 3 heures  de cours en dehors de l’amphithéâtre à prendre des informations pour les camarades. Je n’ai jamais saisi l’importance de rater des cours pour suivre des réunions de délégués. Je n’ai jamais été intéressé par ces postes même quand les camarades me plébiscitaient en début d’année pour occuper le poste de délégué.

Si vous pensiez comme moi que ce ne sont que de vulgaires postes sans importance, c’est que comme moi, vous avez été bien naïf et mécréant. C’est que vous n’avez pas vite compris que le poste de délégué n’est pas un poste fortuit, mais un poste stratégique. Ces derniers savent mieux que quiconque l’organisation et le fonctionnement de nos facultés, écoles et instituts. Ils sont les premiers à être informés de la tenue ou non des cours. Ils savent mieux vers qui se tourner en cas de difficultés académiques. Ils savent mieux quel professeur est bienveillant et généreux dans l’attribution des notes. Ils savent mieux que quiconque quel professeur les étudiants ne devraient pas se mettre à dos.

Ceci justifie pourquoi les petits mouvements de contestation sont vite étouffés, pourquoi nos délégués nous servent des versions imaginaires des représailles que peuvent engendrer des mouvements d’humeurs lors de l’affichage des notes, pourquoi même les étudiants insouciants et inconscients arrivent à valider des matières. Le favoritisme s’est installé dans ces écoles ou instituts. Il n’y a plus de doute là-dessus. Ce qui n’est pas intéressant c’est qu’on fasse de cette hideuse méthode, une politique commerciale, une politique de marketing et de communication. C’est ainsi que sans aucune honte bue, on l’annonce à qui veut le savoir que contrairement à telle ou telle école, leurs étudiants ont tous validéleur crédits et vont en année supérieure.


Puisqu’il faut vivre d’enseignement…

Le favoritisme dont je parlais tantôt ne se déduit pas uniquement de la contrepartie des faveurs sexuelles des camarades étudiantes. Mais non ! Ça va bien au-delà. Pour étudier dans ces écoles aujourd’hui, il faut avoir des parents avec un compte en banque bien garni. . Autrement, vous finirez vendeur des derniers modèles de téléphone portable sous les feux tricolores du carrefour de GTA non loin de l’université de Lomé.

La motivation est on ne peut plus claire. Mais l’intention est au départ dissimulée parce que sombre, horrible, monstrueuse. Celle de générer des bénéfices, peu importe la catégorie d’étudiants qu’on a en face de soi. Comment expliquez-vous qu’on fasse sortir des étudiants en pleine évaluation pour n’avoir pas encore soldé la totalité de leur scolarité ? Comment expliquez-vous qu’on en arrive à déchirer leurs rabats parce que ces derniers opposeraient un semblant de résistance ? Comment expliquer tout ça si ce n’est faire primer l’intérêt pécuniaire au-dessus de l’intérêt académique ? Si ce n’est privilégier l’argent aux dépens de la formation qu’on est censé donner aux étudiants ?

C’est ainsi que dans ces écoles la scolarité pour une année d’étude varie entre 500.000 F CFA et 900.000 F CFA, soit entre 770 euros et 1385 euros pour le parcours licence. Entre 1.000.000 F et 2.000.000 F, soit entre 1540 euros et 3077 euros pour le parcours master.

Si vous pensez que les prix si élevés que vous devez payer seront à la hauteur du peu d’efforts qu’il faut fournir en classe pour réussir, c’est que vous n’avez encore rien compris. Le temps que vous compreniez, vous aurez déjà payé plusieurs fois le même prix pour revenir valider 2 ou 3 matières qui manquent pour que vous puissiez définitivement monter en année supérieure ou avoir votre licence. Si vous êtes plus malin, il vous suffit d’aller trouver le directeur des études et de lui fournir un bon montant pour qu’il augmente vos notes. A la rentrée, vous vous retrouvez en face de ces camarades plus brillants que vous. Eux, surpris de vous voir inscrit en année supérieure comme eux, vous tout souriant en pensant dans un coin de votre tête : c’est la poche qui parle les gars.

La politique de qui paie le plus est très prisée dans ces écoles. Au point où on a l’impression d’être parfois dans un commerce. Il y a de ces signes qui ne trompent pas. Vous constaterez que beaucoup d’étudiants ont été recalés sur certains sujets et qu’on leur programme pendant la même année une séance de rattrapage pour laquelle il faut payer à hauteur de 5.000 F CFA soit 8 euros par matière et par étudiant. Plus vous avez un nombre important de matières à reprendre, plus vous devez payer davantage. Les montants sont souvent fixés pour les matières dans lesquelles les évaluations sont faites à l’oral. C’est-à-dire en contact physique. Si vous n’êtes pas chanceux et que votre tête ne plaît pas à ce professeur, vous repasserez la même matière autant de fois qu’il l’aura voulu. C’est l’occasion rêvée pour faire des règlements de compte. Il n’y a donc pas de l’objectivité dans les critères d’évaluation orale si ce n’est pour faire plus de profit. Ceci est encore pire si on se tourne vers les étudiants en master. Ces derniers qui n’ont presque pas des directeurs de mémoire conséquents et qui font le poids en matière de suivi de leurs mémoires.

J’aime à penser que si vous voulez vraiment faire un master, il faut partir à l’étranger parce que la qualité des programmes et des cours dispensés sont de nature à susciter le doute. Je ne vous apprends rien du tout. Vos grand-frères et vos grandes sœurs ont déjà fait cette expérience. En plus d’avoir perdu de l’argent, ils ont perdu du temps pour un diplôme qui ne fait pas le poids sur le marché de l’emploi. Quelqu’un qui présente un master en droit de l’environnement obtenu à l’université de Nantes est préféré à celui qui a obtenu le même diplôme à l’université de Lomé.

Les responsabilités sont partagées. Vers qui se tourner quand on a soif d’étudier et qu’on vous annonce que la prestigieuse université de Lomé n’ouvre le cursus master que tous les deux ans ? C’est-à-dire après la fin de mandature de ceux déjà inscrits. Vous faites quoi en attendant ? Ils s’en foutent… Vers qui se tourner si au sein de cette même université vous passez l’audition pour vous inscrire en parcours marché public, que vous êtes retenus et qu’on vous annonce subitement après des mois d’attente et de silence, que le projet d’ouverture de cette option master en marché public est abandonné pour manque de financement suffisant ? Vous perdez gratuitement un an à la maison comme ça. Ça vous fait mal non ? Eux, ils s’en foutent… Autant de questions qui amènent à quitter le Togo pour étudier soit dans la sous-région : Sénégal, Cameroun, Gabon, Burkina Faso, Maroc, Algérie, Tunisie ou mieux directement en Europe.

Les parents qui se plaisent et se complaisent à payer des sommes faramineuses pour obtenir des faveurs académiques ne se rendent pas compte du danger que leurs enfants représenteront pour une société future où l’on prime l’excellence. Mais où est mon problème dans ça ?

Finalement, je crois qu’on va devoir tous se contenter du diplôme et non d’une formation de qualité.

Bien à vous !


Le beau, le bien et le brimé

Crédit : cenco.cd
Crédit : cenco.cd

Bien le bonjour à vous, mesdames et braves messieurs,

S’il est vrai que derrière chaque grand Homme se cache une femme, il est aussi vrai que derrière chaque méchant homme se dissimule une femme.


Par envie ou folie

Il est difficile de trouver des familles aujourd’hui dans lesquelles tous les enfants sont conçus pendant le mariage. Il y a forcément un des enfants qui est conçu hors mariage et qui est le fruit d’un accident sexuel quel que soit son âge. Un accident comme il en a existé et comme il en existe encore de nos jours. Les moins chanceux finissent avortons dans un sachet plastique. Les plus chanceux finissent dans un orphelinat. Et ceux ni chanceux, ni malchanceux, finissent dans des familles où ils ne sont pas très appréciés soit par leur propre père, soit par leur propre mère. Mais, ce dernier cas est souvent rare. Les femmes par le lien de l’enfantement sont très attachées à leurs progénitures.

Pendant qu’il était encore sur les bancs du lycée, il a mis enceinte une de ses copines par imprudence. Ils ont décidé d’en parler à leurs parents. Ces derniers n’ont pas accueilli la nouvelle avec tendresse. Diane, par crainte de perdre l’affection de ses parents a essayé d’avorter plus d’une fois. Mais à chaque fois, il tentait de la convaincre de garder l’enfant. Dans cette incertitude et dans l’indifférence généralisée de leurs familles respectives, Liam est né.

Des années ont passé, Liam a grandi. Son père aussi. Les vicissitudes de la vie ont arraché Diane tôt à ce monde. Avec le temps Modeste a épousé une autre femme et a eu d’autres enfants.

 

Par nature ou culture

Les relations entre Liam et son père se sont détériorées depuis qu’une autre femme est entrée dans la vie de Modeste.. Des accusations par ci, des punitions par là au point où Liam ne se retrouvait pas au sein du foyer. Modeste n’avait d’yeux que pour ses autres enfants et faisait tout pour eux. Sa belle-mère avait réussi à détruire le peu de lien père et fils qui restait depuis que la mère de Liam avait quitté ce monde. Liam commençait à manquer de confiance en lui. Il passait plus de temps dehors qu’à la maison. Il évitait son père qui ne manquait pas de le ridiculiser devant ses frères, leurs voisins et ses camarades de classe qui venaient travailler en groupe chez lui. Il était constamment triste à l’école, ses notes ont dégringolé. Il ne se reconnaissait plus. Il était plus intéressé par les sorties en boîte, les soirées d’anniversaire que les études. Lui, pourtant si brillant, autrefois.

Cette atonie et cette apathie de son père ont fini par avoir raison de lui. Trois jours après l’annonce des résultats du Bac II 2015, sa demi-sœur voulant jouer avec lui, l’a retrouvé pendu dans sa chambre.

La nouvelle de son suicide a fait le tour de mon quartier Adidogomé. Certains garderont de lui le souvenir d’un jeunot poli et toujours souriant. D’autres le souvenir d’un jeunot alcoolique et fêtard. Moi, je garde de lui le souvenir d’un enfant frustré ayant manqué de repère. Un enfant qui me battait aisément au basket. Un enfant dont le problème a été une absence d’affection. Un socle, un encadrement, une orientation, des principes et des choix mûris. Voilà pourquoi il s’accrochait à l’alcool et à ses multiples fréquentations.

La discrimination entre les enfants n’a jamais été aussi importante qu’en notre siècle. L’esprit de famille qui permettait de considérer les enfants sur un pied égal a volé en éclats. L’individualisme a pris le dessus dans nos faits et gestes. Certains parleront d’envoûtement du mari. D’autres d’imbécillité et d’irresponsabilité de sa part. Quoiqu’il en soit, l’esprit de famille qu’on connaissait dans les familles de nos grands-pères et grands-mères qui avaient 10 à 20 enfants doit être restauré. Soit ! Il en a va même de la survie de nos cultures et traditions. Celles qui ne mettaient pas de distinction entre les enfants, les femmes d’un même mari.

Morale de l’histoire : ne faites pas des enfants si vous n’êtes pas en mesure de leur offrir le peu d’humanité que vous avez en vous. Ils ne demandent que ça !

Bien à vous !