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France – Belgique ou duel du Pool Malebo ?

Le premier match des demi-finales de la coupe du Monde Russie 2018 mettra aux prises la France à la Belgique. Si la première malgré sa jeune équipe est une habituée de ce niveau de la compétition, pour les Belges ça sera une première expérience…pour les africains aussi.

Un derby afro-européen
Si français et Belges de souche ne décèlent rien de particulier dans ce match, il revêt beaucoup plus de sens à 11.000 kilomètres de là. Si la France a la particularité d’être un creuset de plusieurs joueurs d’origine africaine : congolais, angolais, camerounais, sénégalais ; les diables rouges de Belgique ont un ADN unique : celui de la RDC. Quoi donc de plus normal qu’après le départ des 5 représentants du continent, les espoirs congolais se soient rapportés sur les « NOKO » ou oncles, l’expression en lingala par laquelle l’on désigne les anciens colons Belges. C’est cette identité, doublée au passé colonial qui fait de ce match un derby, celui du pool Malebo dans lequel, une rivalité historique oppose les Léopards de la RDC au diables rouges du Congo Brazzaville.

Vous avez dit diables rouges ?

Pourtant, les Belges portent le même nom que l’équipe nationale du Congo Brazzaville. Un élément qui aurait pu faire pencher le capital sympathie des Brazzavillois en leur faveur. Le hic pourtant, c’est que les noirs jouant pour ces Diables rouges européens sont de la RDC voisine. Une donne qui, automatiquement reporte le soutien des Congolais de l’autre rive sur la France, du reste, ancienne puissance coloniale elle aussi.
Au-delà de ce derby, les performances de la Belgique sont assimilées en RDC à l’apport de sa diaspora footballistique. Pour les habitants de Kinshasa, ce ne sont pas les Belges qui jouent, mais le mix entre Belges et Congolais contre la France constituant le reste des talents du continent. Un éventuel sacre, consacrerait l’excellence de ces talents auxquels personne n’aura ici prêté attention : Romelu Lukaku, Youri Tielmans, Boyata, Kompany, Batshuayi.

Et si c’était la France ?

Une victoire française bien que pouvant être vécue comme une humiliation vis-à-vis des voisins Brazzavillois, ne serait pas une déroute pour autant. Kimpembe, joueur du PSG n’a jamais renié sa congolité et l’assume malgré son passeport français. Steve Nzonzi et Madanda nous rappellent aussi que les nôtres ont su percer parmi les Bleus. Quel que ce soit l’issue du match de ce soir, la RDC verra ses fils en finale d’une coupe du monde.


Première équipe éliminée du Mondial, le Maroc s’est trouvé un bouc-émissaire : l’Arbitre

Match de footballAprès une prestation au cours de laquelle les Lions de l’Atlas n’ont pas démérité, l’élimination du Maroc a laissé place à de la colère. Hervé Renard, leur sélectionneur, s’est plaint de la faute commise sur l’un de ses joueurs, consécutive à l’unique but du match. Mais ce qui cristallise les débats vient de beaucoup plus loin.

Un fan aux commandes ?
Selon l’attaquant marocain Nordin Amrabat, l’arbitre était visiblement très impressionné par Cristiano Ronaldo. À tel point qu’il aurait entendu un joueur portugais (Pepe) dire qu’il avait demandé à avoir son maillot comme souvenir. Ajouté à cela des actions litigieuses dans la surface portugaise pour lesquelles, l’arbitre américain aurait été partial. Des analyses qui auront déchaîné la fureur des supporters dont beaucoup se sont laissés allés à des propos allant bien au-delà du cadre strictement sportif, auquel aurait dû se borner cette rencontre. 

Éléments d’enquête
Mais en prenant un peu de recul, je me rends compte que le Royaume Chérifien n’a pas de tout temps était un exemple de fair-play dans la défaite. J’en veux pour preuve, un certain RDC  Maroc, premier match de poule lors de la CAN 2017 au Gabon. Remporté sur le score étriqué d’un but à zéro par les Léopards, on a vu déferler sur le net, une pluie de théories conspirationnistes impliquant pêle-mêle l’arbitre, Israël et la CIA. À croire que les Lions ne peuvent pas perdre un match normalement. Plusieurs vidéos amateures ont ainsi émergé pour étayer ces différentes théories.

Les Marocains : corrupteurs ?
Loin de moi une pareille affirmation. Néanmoins, ici, à Gisenyi, certains supporters ne portent pas les équipes maghrébines dans leurs cœurs. Ressassant souvent les péripéties des joutes entre les clubs en compétition inter-clubs, les équipes nord-africaines sont très souvent indexées d’encourager un arbitrage en leur faveur. 

L’épisode de la finale aller de la Ligue des champions 2010 entre le Tout Puissant Mazembe et l’Espérance de Tunis résume cet état d’esprit. Cueilli à froid 5-0 à Lubumbashi, les tunisiens avaient tempêté pour dénoncer un arbitre alcoolique et corrompu. Ce à quoi l’un des dirigeants de Mazembe, Frédéric Kitenge avait répondu en ces termes sur jeuneafrique.com : « Nous, quand nous avons perdu 3-0 là-bas en phase de poule, nous n’avons pas cherché d’excuses, car on sait perdre ! Et puis c’est toujours comme ça avec les équipes du Maghreb : chez eux, les arbitres sont toujours corrects. Et à l’extérieur, ils sont corrompus. Je vous rappelle que l’Espérance n’est pas venue se plaindre de l’arbitrage quand, grâce à un but très litigieux, elle a battu Al-Ahly (Égypte), obtenant ainsi sa place en finale. »

Loin de toute polémique, malgré l’intégration de l’arbitrage vidéo, la passion pousse parfois les hommes à chercher un exutoire à la déception. Malgré l’arrivée de la technologie, le football n’a pas encore réussi à exorciser ses vieux démons.

  • Images sous licence Creative Commons – Pixabay


Jamais 2 sans 3 : quand l’Afrique rate son décollage dans les stades russes

Tout le monde attendait leur entrée en lice. Après la défaite des Pharaons et des Lions de l’Atlas, le public de Gisenyi avait placé ses espoirs dans les Super Eagles du Nigeria, espérant voir enfin une première victoire africaine en terres russes. Un énième échec.

Pourtant, il y avait de quoi espérer. Seul équipe africaine rescapée du groupe présent en 2014 au Brésil, la Team était décrite sous son meilleur jour. La faute, peut-être aux statistiques. Elles ont dopé le moral des supporters africains pour les laisser croire en une performance d’un Nigeria dont on a finalement peut-être trop attendu. 

Jeu assez brouillon, trop individualiste, le Naija spirit du ballon rond n’a pas convaincu. Identifié comme l’un des 10 joueurs à suivre durant ce mondial à l’exception des têtes d’affiche, William Ekong n’a pas su faire parler son impressionnant gabarit pour faire la différence face à des croates plus collectifs et disciplinés. C’est même lui, qui sera à l’origine du coup de grâce croate, en ceinturant un attaquant à qui le ballon n’était même pas adressé dans la surface de réparation. 

Une erreur de jeunesse ?
L’insuffisance d’expérience de la deuxième sélection la plus juvénile de ce mondial derrière la France explique-t-elle cette sortie ratée face à la Croatie ? Beaucoup ici à Gisenyi le croient, en tout cas. 

Un Nigeria trop « Bling-Bling », « celui des P-Square et de Davido » pour emprunter les termes d’un supporter congolais désabusé, « …nous a offert un spectacle à la limite de la rue ». Le souvenir des gloires passées resurgit soudain, avec OkochaAmunike ou Kanou, et met encore plus de pression à cette équipe que beaucoup ont peu être surnommé bien trop tôt la meilleure génération des Super Eagles. Pour son 19è match en coupe du monde, ils ont enregistré leur 11è défaite. 

La suite ?

Las zanahorias están cocidas (les carottes sont cuites en espagnol), c’est comme cela que l’on décrirait leur dernier match de poule contre l’Argentine qui, accrochée par l’Islande mettra les bouchées doubles. Les fans se projettent déjà dans cette troisième journée, conscients que même si les Naija faisaient bonne figure face aux surprenants Islandais (quart de finaliste de l’Euro 2016), ils seront condamnés à l’exploit, face à une Argentine qui les a battu en quatre confrontations. En attendant la sortie des deux derniers représentants du continent, le #GoAfrica s’est pour le moment transformé en #CrashAfrica.


Le Mondial vu du Rwanda

Nous sommes à Gisenyi, ville frontalière faisant face à sa jumelle Goma (en RDC). Dans cette petite ville du Rwanda, la carte des fans du Mondial varie en fonction des communautés qui y vivent.

Ce billet a été publié originellement sur umoja.mondoblog.org.

Beaucoup de Congolais de RDC travaillant à Goma préfèrent vivre à Gisenyi, notamment pour l’accès à de meilleures infrastructures en termes de logement, d’énergie et pour la sécurité. Plaque tournante du commerce transfrontalier, la ville fait converger également de nombreux voyageurs en provenance d’Afrique de l’Est. Une mosaïque aux goûts footballistiques divergents.

Les Congolais sont partagés entre Belges et Français

La communauté congolaise présente à Gisenyi est assez importante. Pour la plupart originaires de Kinshasa, les #Congolais que j’ai interrogé balancent leurs préférences entre la Belgique et la France. La Belgique est leur préférée pour trois raisons :

  • Trois joueurs d’origine congolaise, Michy Batshuayi, Christian Benteke et Romelu Lukaku, font partie du 23 de départ des Diables rouges et constitueront son dispositif offensif.
  • Elle se retrouve dans le même pool que les Aigles de Carthage de la Tunisie, celle qui nous a damé le pion aux éliminatoires. Or beaucoup de Congolais ont mal digéré la défaite 2-1 à l’aller : il aurait été entachée de favoritisme du point de vue arbitrage
  • Et enfin, cette relation quasi-paternelle entre Belges (anciens colons) et Congolais qui les appellent « oncles » ou Noko en lingala, l’une des principales langues du pays.
La France

Si les relations franco-congolaises ne sont pas très prononcées dans la tradition historique, la présence de trois Congolais d’origine pourrait offrir un capital sympathie à l’équipe de France. Steve Mandanda, Presnel Kimpembe et Steven Nzonzi sont ceux qui feront briller la fibre patriotique de la RDC, rappellant que ces joueurs auraient pu être des léopards.


Et les Rwandais ?

Passé sous le giron anglophone depuis son intégration au Commonwealth, le Rwanda est un mélange de contraste. Il y a d’une part l’ancienne génération, qui a vécu la colonisation belge (donc francophone). Pour la nouvelle génération de jeunes, d’autre part, le français n’est qu’un souvenir d’une époque lointaine, et la langue de Shakespeare est plus simple.

Du coup, la Premier League anglaise est le championnat européen le plus populaire parmi ceux retransmis ici sur le câble. Une popularité impliquant le soutien d’une grande partie des jeunes à l’Angleterre. Cependant, l’influence de la RDC voisine, où la Liga espagnole règne en maître, est forte. Cela pourrait faire pencher la balance pour les joueurs qui en sont les porte-étendards : Messi avec l’Argentine et Cristiano Ronaldo pour le Portugal.

Russia 2018 : Spain Vs Portugal

Le choc Espagne – Portugal du 15 juin est donc une rencontre attendue de pied ferme ici, par les supporters du Real Madrid qui espèrent des meilleures performances de Cristiano Ronaldo pour lui baliser la voie, au Ballon d’or UEFA et pourquoi à celui de FIFA Best Player (qu’il n’a jamais remporté) et ceux du Barça, qui souhaitent le contraire. Le 15 juin 2018, les supporters de Barcelone et du Réal Madrid chercheront à régler leurs comptes après le troisième sacre de la Maison Blanche en Ligue des champions.


Le Mondial : vu du Rwanda

Nous sommes à Gisenyi, ville frontalière faisant face à sa jumelle Goma (en RDC). Dans cette petite ville du Rwanda, la carte des fans du Mondial varie en fonction des communautés qui y vivent.
Beaucoup de Congolais de RDC travaillant à Goma préfèrent vivre à Gisenyi, notamment pour l’accès à de meilleures infrastructures en termes de logement, d’énergie et pour la sécurité. Plaque tournante du commerce transfrontalier, la ville fait converger également de nombreux voyageurs en provenance d’Afrique de l’Est. Une mosaïque aux goûts footballistiques divergents.

Les Congolais : partagés entre Belges et Français

La communauté congolaise présente à Gisenyi est assez importante. Pour la plupart originaires de Kinshasa, les #Congolais que j’ai interrogé balancent leurs préférences entre la Belgique et la France. La Belgique est leur préférée pour trois raisons :

– Trois joueurs d’origine congolaise, Michy Batshuayi, Christian Benteke et Romelu Lukaku, font partie du 23 de départ des Diables rouges et constitueront son dispositif offensif.

– Elle se retrouve dans le même pool que les Aigles de Carthage de la Tunisie, celle qui nous a damé le pion aux éliminatoires. Or beaucoup de Congolais ont mal digéré la défaite 2-1 à l’aller : il aurait été entachée de favoritisme du point de vue arbitrage

– Et enfin, cette relation quasi-paternelle entre Belges (anciens colons) et Congolais qui les appellent « oncles » ou Noko en lingala, l’une des principales langues du pays.

La France

Si les relations franco-congolaises ne sont pas très prononcées dans la tradition historique, la présence de trois Congolais d’origine pourrait offrir un capital sympathie à l’équipe de France. Steve Mandanda, Presnel Kimpembe et Steven Nzonzi sont ceux qui feront briller la fibre patriotique de la RDC, rappellant que ces joueurs auraient pu être des léopards.

Et les Rwandais ?

Passé sous le giron anglophone depuis son intégration au Commonwealth, le Rwanda est un mélange de contraste. Il y a d’une part l’ancienne génération, qui a vécu la colonisation belge (donc francophone). Pour la nouvelle génération de jeunes, d’autre part, le français n’est qu’un souvenir d’une époque lointaine, et la langue de Shakespeare est plus simple.

Du coup, la première ligue anglaise est le championnat européen le plus populaire parmi ceux retransmis ici sur le câble. Une popularité impliquant le soutien d’une grande partie des jeunes à l’Angleterre. Cependant, l’influence de la RDC voisine, où la Liga espagnole règne en maître, est forte. Cela pourrait faire pencher la balance pour les joueurs qui en sont les porte-étendards : Messi avec l’Argentine et Cristiano Ronaldo pour le Portugal.

Russia 2018 : Spain Vs PortugalLe choc Espagne – Portugal du 15 juin est donc une rencontre attendue de pied ferme ici, par les supporters du Real Madrid qui espèrent des meilleures performances de Cristiano Ronaldo pour lui baliser la voie, au Ballon d’or UEFA et pourquoi à celui de FIFA Best Player (qu’il n’a jamais remporté) et ceux du Barça, qui souhaitent le contraire. Le 15 juin 2018, les supporters de Barcelone et du Réal Madrid chercheront à régler leurs comptes après le troisième sacre de la Maison Blanche en Ligue des champions.


Que se passe-t-il à Kinshasa ?

Un fait insolite s’est déroulé le 25 octobre 2013 dans un endroit réputé sûr. Les faits se sont déroulés dans le quartier dit Bumba, devant l’une des résidences de Maman Olangi Wosho, co-fondatrice de l’Eglise Chrétienne du Ministère du Combat Spirituel. La dite résidence plus généralement connue sous l’appellation de « Résidence Victoire » située sur la chaussée Mzee Laurent Désiré KABILA, a été, dans ses environs immédiats, braquée par des hommes en armes à 20 heures du soir! Les assaillants ont pendant une dizaine de minutes dépouillé vendeurs du coin et passants. Ce qui est étonnant est qu’une cinquantaine de mètres à droite des lieux du forfait se trouve le camp militaire Tshatshi et le Quartier général des Forces Armées de la RDC et moins de cinquante mètres vers la gauche, un poste de police.

Les policiers alertés par des passants se sont quant mêmes rendus sur les lieux et ont observé la scène : de loin (comme les autres passants) sans intervenir. Certains témoins affirmant même qu’ils avaient même rebroussé chemin. Lorsque les malfaiteurs chargés de butins n’avaient plus rien à extorquer, ils s’en sont allés en passant (tenez vous bien) devant le poste de police ! Ce fait insolite n’est pourtant qu’une facette d’une résurgence de la criminalité armée qui sévit ces derniers temps à Kinshasa.

Le jeudi 24, dans un quartier avoisinant Badiadingi, un autre camp militaire, des bandits armés ont pris le luxe de piller les habitants en faisant du porte à porte pendant plus d’une heure, sans être inquiété. C’est l’initiative individuelle d’un soldat des FARDC qui tira plusieurs coups de semonce en l’air qui dissuada ces malfaiteurs et les fit prendre la fuite. La semaine d’avant c’est la Commune de Mont – Ngafula qui était le théâtre de 2 braquages à main armée sans compter, le spectaculaire hold-up contre un fourgon en plein centre-ville.

Tous ces événements chronologiquement très rapprochés emmènent les observateurs à se poser des questions sur la problématique de la sécurité en RDC. En l’espace d’un mois, certains n’hésitent pas au regard de tous ces faits, de considérer Kinshasa comme la cinquième ville la plus dangereuse d’Afrique en temps de paix (derrière Benghazi, le Caire, Lagos et Johannesburg). Rien d’étonnant quant il faut adjoindre à ces escapades armées, le phénomène de criminalité urbaine récurrent dit Kuluna, où des groupes organisés utilisant des machettes comme armes, sèment la terreur.

Devant le bémol des habitants de Kinshasa (siège des Institutions), le Gouvernement avait à une certaine époque pris des mesures d’exception pour endiguer le phénomène. A l’époque de Laurent Désiré KABILA, des unités spéciales traquaient et appréhendaient les criminels en armes. Ceux d’entre eux (militaires, policiers ou civils détenteurs d’armes de guerre) étaient fusillés chaque lundi au champ de tir du camp Tshatshi. Cette mesure que décriaient les ONG de Droits de l’Homme, avait pourtant eu pour résultat de porter un frein brusque aux hold-up.
Aujourd’hui, le Gouvernement préoccupée par la situation à l’Est est débordé face à l’insécurité à Kinshasa. Si les autorités banalisent ces braquages les indexant dans le même lot que les Kuluna, la commission d’actes criminels par l’usage d’armes de guerre ne peut être considéré comme relevant de la criminalité urbaine, mais plutôt à du terrorisme.

Si les policiers censés assurer notre sécurité détalent devant des bandits, il est à se demander s’il est encore nécessaire de continuer à entretenir des forces de sécurité qui ne remplissent plus leurs missions basiques. Le président de la République, Joseph KABILA, lors de son discours de circonstance après la prise de Goma par le mouvement rebelle M23, avait reconnu la nécessité d’une refondation des forces de défense et de sécurité. Plusieurs mesures allant dans ce sens ont été lancé et les reformes graduelles du système sécuritaire, allant de la maîtrise des effectifs, du recrutement à la professionnalisation des acteurs de la sécurité congolaise sont en cours. Pour la première fois, Joseph KABILA mettait enfin l’accent sur l’amélioration de l’aspect qualitatif de nos forces.

Il sied néanmoins de noter que ces mesures ne correspondent toujours pas aux réalités du monde actuel. La RDC connait une pression démographique extrême. Les armes légères en provenance des zones de conflit de l’Est circulent de main en main et sont à la base d’un immense trafic. De tels paramètres, couplés à des pesanteurs microéconomiques en berne, ne peuvent qu’exacerber les tensions sociales (revendication salariales, mécontentements et grognes).

La convocation des concertations nationales par le Chef de l’Etat aurait pu être l’occasion de peaufiner de véritables stratégies de notre politique de défense et de sécurité. Malheureusement, l’histoire nous apprendra que les réflexions en matière de doctrine sécuritaire au Congo ne s’attaquent essentiellement qu’aux conséquences, sans jamais essayer de résorber les faits. Dans le cas d’espèces, l’action du Gouvernement dans la relance et la viabilisation de l’économie s’effectuant graduellement, il n’est pas aisé de répondre à toutes les préoccupations sociales du coup.

En juillet 2010, dans une émission produite par le Centre LOKOLE, un membre de la Mission de Police Européenne (EUPOL) accompagnant le Gouvernement dans la formation de la Police reconnaissait que les problèmes d’indiscipline au sein des FARDC tout comme de la Police relevaient plus de pesanteurs d’ordre sociales que professionnelles. Devant un pareil dilemme, il sied à mon avis de recourir à de nouvelles formules. Sans réinventer la roue, le mieux serait de procéder à une refonte totale de nos forces de défense et de sécurité en passant par trois axes :

1. La Dissolution des Forces Armées de la RDC ( FARDC)
2. La Reforme des Forces de Police et des services de renseignement
3. La Délégation de Défense aux tiers

1. De la Dissolution des FARDC

Estimées à 300.000 hommes au moment de la mise en place du Gouvernement de transition ( 1+4), les actuels Forces Armées de la RDC seraient aux dernières sources (parlementaires) estimées à 140.000 hommes. Les FARDC devant être la résultante d’un brassage entre les troupes des anciens protagonistes de la guerre congolaise post-AFDL, n’est pas une armée homogène. L’échec du brassage à donné cours à des unités fidèles à leurs anciens chef de guerre et opérant selon leur gré sans aucun respect de la chaine de commandement. Les dissidences successives du CNDP (ancêtre du M23) ainsi que d’autres cas de défection au Kasaï en disent long sur les maux qui minent l’armée congolaise.

Est-il nécessaire de continuer à entretenir des unités dont l’effectif n’est pas encore maitrisé ? De Plus, l’échec du brassage a favorisé l’insubordination et le manque d’intégrité des troupes. La prévalence des violences sexuelles à l’Est commis par des hommes en uniformes (toutes tendances confondues) en est une autre illustration. Les Kinois se souviennent de ce reportage diffusé sur TV5 en 2010, dans lequel un instructeur militaire belge était interloqué devant un soldat congolais, incapable de lui indiquer les quatre points cardinaux.

Bâtir une armée professionnelle implique plusieurs facteurs dont entre autre : une remise en question au sommet (refonte de la doctrine), une épuration des éléments perturbateurs et une reprofessionnalisation des troupes. Cette expérience se réfère à celle de l’Armée américaine qui, pendant la guerre du Vietnam, avait connu un grand passage à vide similaire (lire Into the Study of Command, Desert Storm, Tom Clancy & General Franks).

Une pareille initiative nécessite des moyens financiers, de la volonté politique et militaire et du temps. Beaucoup de temps. Avons-nous le temps pour ça ?

2. La Reforme des Forces de Police et des services de renseignement

L’Armée épurée et reformée, ces éléments devraient intégrer les Forces de Police. Une police elle-même rebâtie et refondée sur de nouveaux standards. L’absorption de l’armée par la Police permettrait d’économiser en moyens humains et financiers et de gagner en efficacité. Mais alors, à qui serait confiée la défense du territoire en cas d’insurrection ou d’invasion ?

3. La Délégation de défense

Déléguer la défense du territoire à des armées privées ! L’idée semble tirée par les cheveux mais elle est pourtant la plus logique et la plus rentable. Une armée traditionnelle ne se bat pas tout le temps et à plein effectif. Entretenir une armée en temps de paix se révèle être même parfois plus cher qu’en temps de conflit (les conflits nécessitant des moyens énormes n’étant que périodiques). Les sociétés militaires et de sécurité privées constituaient la deuxième armée de la coalition avec près de 50.000 unités déployés en Irak.
Ouvrir cette perspective permettra de disposer de soldats professionnels rôdés aux techniques de combats. La signature de pacte de défense avec d’autres pays pour assurer l’intégrité de notre territoire (Angola, Zimbabwe, Afrique du Sud) est également une bonne option.