William Bayiha

Ruben Um Nyobe, nationaliste ou communiste ?

Les Camerounais commémorent le 56e anniversaire de la mort du leader le plus charismatique du mouvement nationaliste au Cameroun ce 13 septembre 2014. Au moment de se rappeler son engagement politique, j’en viens à me poser une question fondamentale dans son parcours. Ruben Um Nyobe était-il communiste comme l’a laissé entendre l’administration coloniale ? Quelle est la spécificité de son engagement nationaliste alors qu’il a fait ses classes auprès de Gaston Donnat, un instituteur communiste arrivé au Cameroun au début des années 1940. J’en parle dans cette « Explication de presse » vidéo.


« Boko Haram du Cameroun », l’explication de presse

La querelle sur l’identité des terroristes qui organisent une insurrection dans la partie septentrionale du Cameroun a intéressé la presse nationale pendant la première semaine de septembre.

Certaines sources parlent du Boko Haram au Cameroun. Tandis que d’autres parlent du Boko Haram du Cameroun. Entre les deux expressions, les implications sont extraordinairement polémiques. Les batailles de positionnement au sein du sérail font rage. Certains dignitaires (notamment des régions méridionales ) accusent les élites des régions septentrionales de monter une rébellion pour renverser le régime de Paul Biya. Je vous propose la synthèse de ce qui s’est dit dans cette courte vidéo.


Débarquement de Provence ? Non merci

A Toulon, de nombreux dignitaires ont rendu hommage aux troupes alliées qui ont débarqué les 14 et 15  août 1944 sur les rivages de la Méditerranée pour libérer les terres françaises de l’occupation nazie. Treize présidents africains étaient invités à la commémoration du 70e anniversaire de cet événement. Sans blague…

Photo anciens combattants africains
Le débarquement en Provence concerne aussi l’Armé d’Afrique.(c) francaislibres.over-blog.com

C’est du Cameroun que j’ai entendu parler pour la première fois du débarquement en Provence. C’était deux jours avant le début des festivités. Lors du journal de la mi-journée, les bonnes gens de la CRTV indiquaient que le président de la République Paul Biya se rendrait en France à l’invitation de François Hollande pour assister à la commémoration du 70e anniversaire du débarquement en Provence. J’ai un peu tiqué sur l’information. Débarquement en Provence ou débarquement en Normandie ? On ne sait jamais avec nos folliculaires des médias d’Etat. Vérification faite, c’est bien en Provence que cet autre débarquement a eu lieu. Je me suis rendu compte que quelques grandes lignes de l’histoire en France de la Seconde Guerre mondiale m’échappent encore.

Je n’avais jamais entendu de ce débarquement en toute sincérité. Seul celui de Normandie faisait alors référence à quelque chose. Le fameux D Day qu’on entend célébrer tous les 6 juin. Presque, un jour férié en France si on s’en tient à la mobilisation médiatique. Et ce même reportage qu’on tourne et qu’on retourne sur les cimetières américains de  Colleville-sur-Mer, de Saint-James, etc. En 2014, la reine d’Angleterre était même invitée. Le débarquement en Normandie ? Je connais l’histoire par cœur. Hey ! J’ai regardé Planète il y a quelques années, j’ai parfois eu l’honneur de capter Histoirelorsque Canal+ et mon câbleur en ont convenance – et tout le temps je me suis fait le plaisir d’ingurgiter les leçons d’histoire de France 2 lors du journal télévisé et pire… dans des émissions animées par Stéphane Bern et Cie.

Et ce débarquement en Provence alors ? Je me suis renseigné notamment via le communiqué de presse de l’Elysée. Après l’avoir lu, j’ai retenu deux informations et souligné deux fautes (de goût).

Les deux informations sont les suivantes :

1-      Le débarquement en Provence a permis l’entrée sur le sol français de soldats de la France libre et de l’armée d’Afrique (Européens, « indigènes » Marocains, Algériens, Sénégalais)

2-      Ce débarquement a été plus décisif que le débarquement en Normandie.

Les fautes (de goût) :

1-      La distinction dans la parenthèse entre les Européens et les indigènes. Mettre indigènes entre guillemets n’excuse rien. La formulation « Marocains, Algériens, etc. » aurait largement suffi pour caractériser les protagonistes. Encore qu’on pouvait s’arrêter aux généralités en disant tout simplement «les Africains», parallélisme des formes oblige !

2-      Lorsque le président du comité scientifique de la mission interministérielle des anniversaires des deux guerres mondiales Jean-Pierre Azéma se permet en 2014 de citer les « Sénégalais » et de mettre un point, il fait plus qu’omettre. Il reproduit un cliché. Celui des tirailleurs sénégalais. C’est vrai que la France coloniale a tenu à englober toutes les milices qu’elle levait dans ses colonies sous le même vocable. Mais tous les tirailleurs n’étaient pas sénégalais même sous cet angle. Le Cameroun – qui n’était pas strictement une colonie de la France – ne répond pas à cette critériologie. Une plus grande circonspection aurait été de rigueur.

Mais passons.

Encore que les véritables tirailleurs sénégalais n’ont pas été gâtés par l’histoire.

Je voudrais revenir sur les deux informations que j’ai pu avoir. C’est mieux de rester positif, n’est-ce pas ?

La bonne humeur n’exclue cependant pas de s’interroger. S’il est vrai que le débarquement en Provence a été plus décisif que celui de Normandie, pourquoi est-ce toujours le même que l’on célèbre à grand renfort de publicité ? Je pose la question même pour les combattants français de France et pour les Européens mobilisés. Une autre question troublante. Pourquoi lors des cérémonies du 15 août 2014 on n’a pas vu, en Provence, les anciens combattants africains qui ont participé à ce débarquement?

– Où étaient les Noirs africains et les Maghrébins comme «Robert Roussafa, 18 ans en 1944, engagé dans les Français libres, qui a débarqué le 15 août 1944 ; Jacqueline Luyton, 24 ans en 1944, résistante, qui faisait la liaison avec le maquis en 1944 ; Louis Polverini, 17  ans en 1944, forestier dans l’Esterel, qui a assisté à l’arrivée des parachutistes alliés».

– Eh bien monsieur on les a cherchés, mais on n’en a trouvé aucun.

– Bien sûr mon cher, comment les auriez-vous trouvés ? Ils sont presque tous morts ou séniles ou fous ou perdus ou… devenus toujours quelque chose de terriblement intouchable.

Je suis petit-fils d’un ancien combattant africain qui s’est battu pour la France sur un autre théâtre. Ça me fait presque rire de voir François Hollande inviter les Paul Biya, les Alassane Ouattara et les autres au grand banquet de la République française.

Ceux-là sont sans doute redevable, mais d’autre chose.

Il y a quelques années, je travaillais sur la situation des anciens combattants au Cameroun. J’ai rencontré quelques responsables de l’Office national des anciens combattants. L’un d’eux m’a raconté la détresse dans laquelle sont morts les vieux croulants qui croyaient à la France malgré la colonisation et par devers l’indigénat. Il a fallu qu’on force la patrie des droits de l’homme à se souvenir d’eux et à aligner leur pension sur celle de leurs frères d’armes métropolitains. Cela fait juste 4 ans que Sarkozy a consenti cet effort. Merci mon frère. La quasi-totalité de ces gens-là sont morts dans le dénuement le plus total. Je ne parle même pas des veuves de ceux qui sont décédés quelques années après la guerre.

Pour ce petit peuple, je ne demande ni gloire, ni interview télévisé ni même inscription de noms sur les monuments de guerre qui ornent les murs des plus petites agglomérations françaises. Je demande qu’on continue l’histoire sans eux. Ils sont partis sachant qu’ils avaient été utilisés comme de la chair à canon. Que l’histoire continue sans eux.


Sommets, conférences, forums… Pourquoi l’Afrique fait-elle courir le monde ?

Les rencontres multilatérales entre les grandes puissances et les Etats africains se sont multipliées ces dernières années. Comme semble l’illustrer le sommet Etats-Unis-Afrique qui s’est ouvert ce 4 août 2014 à Washington, le continent est définitivement revenu au-devant de la scène.

Paul Biya en France
Le président Paul Biya est de toutes les rencontres multilatérales malgré sa casquette de « dictateur » (c)prc.cm

Paul Biya a quitté le Cameroun ce samedi, 2 août 2014. Direction, l’Amérique du Nord. Il fait partie des 47 chefs d’Etat et de gouvernement africains présents à Washington DC pour l’«United States-Africa Leaders Summit». Dès le 4 août, ils ont eu trois jours de discussions avec Barack Obama. L’agenda de la rencontre est connu au moins depuis la tournée africaine du président américain en juin 2013. Il est question de commerce et d’investissement. Si on s’en tient aux chiffres non officiels glanés sur Internet 85 milliards de dollars US sont échangés chaque année entre le pays de l’Oncle Sam et l’Afrique. Le président Obama doit aussi réaffirmer à ses partenaires africains qu’il reste attaché aux idéaux de démocratie et de sécurité. Autour de ces points principaux graviteront des problématiques secondaires sur lesquels le gouvernement américain dit avoir reçu des doléances d’associations et de groupes de pression africains. Difficile de penser que la question des droits de la communauté LGBT – Lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels – ne va pas être évoquée d’ici mercredi. Dans la tradition occidentale, le sommet Etats-Unis-Afrique ne s’imagine donc pas sans pression sur la question des «droits de l’homme».

Le programme du sommet de Washington promet d’être dense. Cependant il reste constant que les Etats-Unis sont la dernière grande puissance à avoir ritualisé les rencontres multilatérales avec l’Afrique. Peut-être parce que la part du continent africain dans le commerce mondial ne représente pas plus de 3 % des échanges. Le constat est cependant que les Américains ont attendu 40 ans après le premier sommet France-Afrique pour se lancer dans l’arène. Les autorités françaises ont quant à elles réussi à ritualiser et à élargir ces rencontres au-delà du traditionnel pré-carré constitué d’anciens territoires colonisés. Le succès même de ces rencontres et le contenu des discussions au fil des ans ont motivé les critiques contre ces sommets où la France fait la pluie et le beau temps. Il serait le site institutionnel de la Françafrique et du néocolonialisme.

Les affaires d’abord

Le sommet Europe-Afrique se présente au contraire comme un cadre plus pertinent de discussions où une région parle à une autre d’égale à égale. Théoriquement. De plus, lorsqu’on parle de sécurité et de la situation en République centrafricaine, la France est la première à reconnaître qu’elle ne peut plus aujourd’hui être le seul gendarme de l’Afrique. On assiste à l’effacement des Etats tandis qu’une grande place de plus en plus importante est laissée aux institutions. Lors du dernier sommet UE/Afrique, l’Union africaine et l’Union européenne sont par exemple arrivées à un accord sur l’envoi des troupes européennes de maintien de la paix en RCA.

Les Occidentaux ne sont pourtant pas les seuls à prendre rendez-vous avec l’Afrique sur une base régulière. La Chine, l’Inde, le Japon, le monde arabe, la Turquie, l’Amérique latine ont d’ores et déjà montré leur intérêt pour le continent en aménageant des plateformes de discussions avec ses représentants. L’un des précurseurs des rencontres sur le développement en Afrique est le Japon. Lors du dernier sommet de la Conférence de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), les autorités nippones ont promis de multiplier par cinq l’enveloppe de leur aide au développement. Objectif ne pas se laisser distancer par la Chine.

Cette dernière prépare la sixième édition de son Forum de coopération avec l’Afrique pour 2015. Ici, exit la politique. On se rappelle encore du premier sommet Afrique-Amérique latine de 2006 où Kadhafi et Hugo Chavez prônaient le rapprochement économique et militaire entre les deux régions forgées par l’idéal révolutionnaire contre l’impérialisme. Depuis deux autres rencontres ont eu lieu dont la dernière à Malabo en Guinée équatoriale. Autant dire que dans cette nouvelle ruée vers l’Afrique, les Etats-Unis qui disent vouloir «investir dans la prochaine génération» des leaders africains accusent un sacré retard.

 

 


Bref, j’ai couvert le conflit Israël-Hamas

Je suis allé à l’ambassade d’Israël à Yaoundé pour discuter du conflit Israël-Hamas avec l’ambassadeur Nadav Cohen. Et j’ai remarqué que l’accès à la représentation diplomatique n’est pas simple.

Le graffiti de Benjamin Netanyahou
Graffiti de Benjamin Netanyahu (photo par Thierry Erhmann/Creative Commons License/Flickr). SHARE: By Kevin Beane.

Bref !  Au-delà du message, ce sont les à-côtés qui m’ont le plus frappé lors de mon passage à l’ambassade d’Israël à Yaoundé, il y a quelques jours. Le dispositif sécuritaire pour accéder à l’ambassade est quelque peu particulier au regard même de ce qui se fait à l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé. Pour arriver dans la salle de conférences, il faut passer au moins six portes, si je fais abstraction de la salle d’attente. Déjà la rue qui passe devant l’ambassade n’est pas à accès libre. Deux barrières de police sont disposées pour filtrer les allers et venues. Les visiteurs doivent décliner leur identité. On s’assure que vous êtes attendus.

Quand tout est OK, c’est l’aide de camp de l’ambassadeur qui vous prend en charge. A quoi ressemble-t-il ? A un Américain, au Yankee ordinaire des films western. Vous savez, celui qui fait partie d’une bande mais qu’on ne remarque presque pas. Il met une chemise kaki et des écrase-merdes que je ne porterais pour rien au monde.  J’étais avec quelques confrères, il nous a posé deux questions d’un air calme et poli. Comme un arrière goût de politesse militaire. J’ai été personnellement gêné par l’objet de sa curiosité. Il voulait savoir si j’avais une arme ou quelque chose qui peut ressembler à une arme sur moi. Non, je n’avais rien de tel. Est-ce que j’avais prévu à titre personnel ou avais reçu quelque chose d’un tiers – en termes de cadeau – à remettre à l’ambassadeur ? Non ! Comment aurais-je pu trimbaler des présents alors qu’une heure auparavant les « services de sécurité de l’ambassade » m’ont gentiment passé un coup de fil pour me demander de ne pas apporter d’appareil photo, ni de camera pour cette rencontre avec l’ambassadeur…

N’auriez-vous pas une arme sur vous, s’il vous plaît ?

Après ces présentations, le monsieur m’a introduit dans une petite salle adossée au portail. Cette salle donne sur la cour intérieure. Mais ici aussi avant de passer, il faut accomplir au préalable les formalités de vérification similaires à celles auxquelles sont soumis les passagers dans les aéroports. Portique de sécurité, ceinture enlevée, téléphones portables, pièces de monnaie et tous les autres gadgets métalliques mis dans une corbeille, etc. A la fin de la manœuvre, il m’a tout remis, sauf le téléphone portable qu’il a placé dans une armoire visiblement destinée à recevoir de tels appareils. Pas de panique, je l’ai récupéré au moment de quitter l’ambassade.

Une fois dans la cour, j’étais content d’avoir réussi à passer le test. En imaginant un peu les raisons qui peuvent justifier ces règles drastiques de sécurité. Pas le temps d’avoir la réponse. Un policier camerounais sans doute affecté aux services de sécurité de l’ambassade m’a introduit dans une salle d’attente. La porte de la salle s’ouvre automatiquement. Un agent que j’entraperçois furtivement au travers d’une vitre est chargé d’ouvrir et de fermer les portes. Quelques minutes plus tard, je suis prié de rejoindre la salle de conférence. Encore trois portes à franchir dont deux qui se suivent sur une distance de 2 mètres. What for ?

Gâteaux au chocolat et interrogations…

Pendant que nous longeons le couloir, l’agent administratif de l’ambassade préposé à notre accueil nous rassure que toutes les mesures auxquelles nous avons été soumises ont été érigées pour notre sécurité. Je n’ai pas compris en quoi toutes ces règles me protégeaient. Je l’ai regardé, il m’a regardé, je l’ai regardé, il m’a regardé, je l’ai regardé…  Finalement nous avons atteint la salle de conférences. Il y avait des petits gâteaux au chocolat. J’en ai mangé… beaucoup. C’était pour chasser le stress et parce que j’adore les gâteaux au chocolat notamment lorsqu’ils sont bourrés de sucre. L’ambassadeur n’a rien pris. Je me suis dit, bon !

Pendant le briefing Nadav Cohen, l’ambassadeur nous a indiqué que contrairement à la campagne internationale, ce sont les Palestiniens qui contrôlent la Bande de Gaza et qui sont responsables de l’escalade militaire qui a conduit à l’actuel affrontement israëlo-Hamas. Plus, ils devraient être tenus pour responsable de la mort des civils de la bande de Gaza et d’Israël. La raison ? Le Hamas vise des cibles civiles en Israël en tirant à l’aveugle en même temps qu’il utilise les civils palestiniens qui vivent dans la Bande de Gaza comme des boucliers humains. Ce sont des terroristes qu’il convient de comparer avec Boko Haram. Je lui ai fait remarquer que pour beaucoup de Camerounais et d’Africains, le Hamas pourrait être comparé à l’ANC au moment de l’Apartheid. Il m’a dit que pendant une bonne partie de sa vie, Mandela avait été un terroriste. Je l’ai regardé, il m’a regardé, je l’ai regardé, il m’a regardé, je l’ai regardé… Je lui ai dit Bon ! Il a aussi dit que le Hamas refuse la paix. Je lui ai demandé ce qu’il pensait du Fatah de Mahmoud Habbas – qu’il a souhaité appelé Abu Mazen. Il m’a dit que l’Autorité palestinienne qui contrôle Ramallah n’a aucun contrôle de la situation. Il a aussi dit d’autres choses. Mais je n’ai pas compris.

Bref, j’ai couvert le conflit Israël-Hamas.

 


Belle… presque

À toutes les M. que j’aime

Elle était presque belle.
« S’il te plaît, reviens, ne te sauve pas ». (c) www.ambre-ebene.fr

C’était en 2006. Je venais d’obtenir mon baccalauréat avec une bonne mention. Pour me récompenser, mes parents me permirent de m’évader un peu de la petite ville côtière où je fréquentais le lycée. Je fus donc envoyé à Yaoundé auprès de mon grand-frère. Il s’agissait aussi pour moi de m’acclimater à la ville où je devais suivre très prochainement mes études supérieures. J’arrivai donc à Yaoundé en juillet ou peut-être en août je ne sais plus exactement. J’étais très content de retrouver la ville qui m’a autrefois vu courir dans tous les sens. Cette ville où l’odeur des grillades au bord des rues me rappelait les vents du crépuscule. Oui j’aimais Yaoundé en ce temps-là. Oh pas que je n’aime pas cette ville aujourd’hui. Ce que je veux dire c’est qu’à cette époque, les multiples collines de Yaoundé me fascinaient tellement.

Mais beaucoup de choses m’enchantaient alors. La philosophie à laquelle j’avais été initié, la découverte de l’égalité entre les hommes, le regard admiratif de mes parents, mes nouvelles amitiés avec ceux qui étaient naguère mes enseignants. Oui ! J’aimais la vie. Lorsque je me rappelle ces instants d’illumination, je regrette franchement mes dix-huit ans. L’âge où j’ai donné pour la première fois mon opinion dans un taxi sans être traité comme un enfant ; et c’était à Yaoundé. Sacré Yaoundé. Mais sacré Edéa aussi.

La ville d’où je venais ne m’avait pas laissé partir sans souvenir. Certes les jours sans vie de lycéens me revenaient sans cesse. Mais au-delà de ces jours chauves, j’avais appris à vivre et à supporter, à mourir et à me ressusciter… à aimer ou du moins à apprécier les filles. C’est à Édéa que j’ai appris à penser aux filles, à les regarder et à songer à la sensation qu’elles peuvent provoquer à un cœur courageux. C’est à Edéa que je suis devenu l’homme que je suis. Je suis peut-être honteux de le dire aux femmes qui me lisent. Je ne m’embarrassais pas de scrupules pour me rapprocher des filles qui me semblaient un peu belles. Toutes étaient l’objet de mon profond amour. Celle qui se considérait comme ma petite amie fut très désolée de retrouver une autre fille dans mes draps et me le signifia dans un flot de larmes. Ces larmes étaient autant de trophées qui pleuvaient. J’étais modeste et je souriais nonchalamment, très doucement. Les trophées pleuvaient de plus belle. J’étais cynique, mais cela me permettait d’être digne de moi-même. D’ailleurs je trouve que j’avais tout à fait raison. Les filles se privent-elles de nous faire des scènes pires ?

Je savais ce que je voulais quand je suis parti de cette petite ville. Le plus grand nombre de conquêtes. Je voulais collecter tous les trophées de l’université de Yaoundé, toutes les larmes d’Emombo, mon quartier ; je voulais additionner tous les bonheurs qui vous tendent les mains dans les yeux de chaque fille. Je voulais certes aussi me reposer de mon surmenage. Mais le meilleur moyen de se reposer n’a-t-il pas toujours été de s’occuper, de se distraire ?

J’arrivai donc à Yaoundé un soir, c’était même déjà la nuit. On m’embrassa, on me prépara un bain, on me félicita pour le bac, on m’amena manger chez Stam, on promit de me présenter à quelques connaissances (des filles bien entendues). Ces congés s’annonçaient décidément de bons augures.

Quelques jours se passèrent et on me présenta une voisine. J’eus vite fait de me lasser d’elle. On s’entendait parfaitement depuis le premier jour et tout allait bien, trop bien même. J’atteignis mes fins sans trop me poser de questions. Ça devenait franchement ennuyeux de nous entendre. On ne parlait qu’un seul langage. On n’avait qu’une seule histoire qu’on connaissait chacun par cœur, une histoire banale. Je veux dire qu’on s’emmerdait déjà ensemble deux semaines à peine après le début de notre histoire. J’étais devenu distant parce qu’elle m’envahissait de cet amour que je ne connais pas. Et bientôt ses pleurs me donnèrent quelques joies. Des trophées. Ce que je voulais c’était des compétitions à la hauteur de la ville que j’idolâtrais.

Je plains aujourd’hui encore son innocence

Mi-août, la pluie tombait en fines gouttes et les sentiers qui arpentent les quartiers de la ville aux sept collines devenaient glissants. Je sortais de moins en moins. Je passais de longues heures sur ma véranda un livre à la main. Des fois je sortais avec un stylo et une feuille pour griffonner quelques vers vides de sens, mais pleins de sentiments.  Ou bien je m’asseyais sur une chaise, les jambes et les bras en croix la tête baissée à ressasser quelque déception amoureuse. Quelques fois Zoukine, la fille qui m’emmerdait tantôt venait aussi partager ces instants de solitudes qui m’angoissaient.

– Comment peut-il pleuvoir alors que je dois encore découvrir la ville ?

– Dis donc comme tu es narcissique. Tu penses que le monde tourne autour de ta petite personne ?

Je levai le regard sur ce visage rond et pur que je n’aimais pas, que je n’aimais plus. Pourtant il y a quelques temps encore, je la trouvais formidable. Qu’a-t-il bien pu arriver ? Pourtant Zoukine était belle puisqu’elle était brune. Je plains aujourd’hui encore son innocence…

– Tu ne t’ennuies pas toi ? lui demandai-je pour dire quelque chose.

–  …

Répondit-elle ? Je ne le saurai jamais ! En lui posant la question, j’avais jeté un regard furtif là-haut au-delà de cette barrière-là qui dévoilait étrangement ses secrets aux regards indiscrets qui se trouvaient en contrebas. J’avais jeté un regard furtif disais-je, et j’avais vu un être sublime. Tiens, une seconde suffit pour découvrir la vérité, le centième d’une seconde suffit largement. Assis là avec cet être étrange dont je sentais la luxure m’envahir, je m’étais évadé avec une image insolente, fugace et pour cela même irrésistible. C’était une fille très belle. Je n’ai pas les mots voyez-vous !

Elle n’était pas très belle, elle était sublime. J’affirme que son visage, même vu de loin, n’avait pas un seul mot pour le qualifier. Si le terme « sublimissime » existe, ce n’est que pour mentir sur la candeur de cette silhouette qui commençait à me hanter. Elle me possédait, elle me télécontrôlait. Je pris l’habitude de me mettre sur la véranda pour me délecter à chaque fois de ce breuvage visuel. Je n’en parlais pas à mon frère qui comme d’habitude, aurait eu un petit sourire au coin en me faisant jurer de ne jamais tomber amoureux. Je souffrais un bienheureux martyr pour cette fille qui se montrait à présent chaque soir du haut de son balcon de fortune.

Chaque soir, je sortais m’assoir sur ma véranda les yeux tournés vers cette fille. J’avais trouvé le Nord. Je ne supportais plus les visites de courtoisie auxquelles Zoukine désespérée s’accrochait obstinément. Je la détestais chaque fois que j’entrevoyais sa silhouette svelte pointée au coin de la cour. Je savais que la fille qui là-bas au loin me souriait était celle qui me ferait accéder au Nirvana. Pour la première fois depuis que mon pucelage avait volé de ses propres ailes, j’aimais une fille sans la désirer. Mon grand-frère aurait ri c’est sûr ! je ne lui dirais rien. J’aimerais d’abord et puis on fera la publicité après.

Nos rendez-vous muets se multiplièrent d’une façon exponentielle. Elle me manquait toutes les demi-heures où je ne la voyais pas. Elle s’embellissait jour après jour. Moi, je faisais des efforts pour mieux me vêtir avant de sortir…m’assoir à la véranda. Mais mon grand-frère en vieux briscard ne fut pas dupe. Il se doutait bien que je tramais quelque chose ; mais quoi ? Et mes rencontres mi-virtuelles, mi-réelles continuèrent pendant un moment. Ma dulcinée, je pouvais me permettre de l’appeler ainsi, semblait si radieuse et si pure que je ne pus résister un soir d’en parler à mon frère. D’une manière figurée bien sûr.

Je parlai d’un ami qui disait aimer une fille sans nécessairement vouloir faire l’amour avec. Le résultat fut, sans surprise, que cet ami était un con comme on n’en trouve pas très souvent dans la caste de ceux qui ont trois membres inférieurs. Et les cons moi-même je ne les avais pas trop en considération. Je n’étais pas un con.

Le lendemain, je fus plus que présent au rendez-vous qui s’était négocié silencieusement depuis près de trois semaines. Ce jour-là, je décidai de laisser ma chaise à l’intérieur et de rester debout quelques instants. Pour la première fois de ma vie je tremblai à l’idée de rencontrer une femme. Ce caractère ne m’a pas encore abandonné jusqu’à présent. Cela m’a sans doute fait passer à côté de beaucoup d’opportunités. Mais je pense que c’est aussi ça la vie, ma putain de vie.

Ma peur s’était envolée

Ce soir-là, je n’insultais pas encore la vie. Elle coulait suave et me mettait toujours du côté de ceux qui ne doutent jamais, de ceux qui ne pleurent jamais ; de ceux qui regardent les autres comme des meubles de salon. Ce soir-là, mon cœur ne saignait pas encore de regrets, je n’avais jamais encore eu honte, je n’avais jamais eu l’impression qu’en humiliant l’autre, je m’éclabousserais davantage. En ce temps-là, j’étais un être suffisant, c’est-à-dire un homme asocial. Et j’en étais fier.

Je restai donc là sur ma véranda debout quelques instants. Je devais me décider à toucher du doigt l’objet de mes fantasmes tant fantasmés. Je me demandais si je devais y aller, le doute m’envahissait. Mon téléphone portable sonna. Je m’empressai pour répondre à un éventuel appel. C’était juste un bip, je déposai l’appareil dans ma poche. J’étais là depuis une trentaine de minutes et je n’osais lever les yeux vers ce regard qui scintillait, et qui souriait, et qui se livrait à moi, et qui se livrait à moi sans retenue. Personne ne pouvait se livrer à moi sans retenue et s’en sortir quitte m’entendis-je murmurer. Non je ne l’aime pas me réconfortai-je. L’amour est une marque de faiblesse. Or je ne suis pas un faible, je la verrai et comme toutes les autres, sa fleur fanera sous les dards de mon soleil.

Je me picotais les tempes pour avoir la confirmation que je vivais toujours. Il fallait que je fasse le mal pour que je me sente vivre, exister même si j’étais ma propre victime. Il commença à pleuvoir. Pas une grande adverse. Un petit crachin aux durs accents de nostalgie. Une pluie indissoluble qui semblait vouloir me hâter encore plus.

Je me dépêchai donc et j’arrivai devant le portail de la demeure qui abritait mes amours et mes peurs. Je sonnai. Plusieurs fois. Je décidai d’entrer. Le portail était ouvert, je poussai imprudemment le portillon et je me trouvai en face d’un escalier qui menait de toute évidence à l’arrière-cour. L’endroit même où la fille à la beauté indicible prenait rendez-vous chaque soir avec moi. Je m’approchai avec l’assurance d’un seigneur. Il faut savoir être impertinent parfois. Je me moquais éperdument de la présence de ses parents. Fort heureusement, personne ne semblait être là, sauf elle. Elle tournait le dos à l’escalier, le regard fixé vers ma véranda.

J’étais content de l’avoir devant mes yeux. Ma peur s’était envolée. J’accélérai le pas avant de me ressaisir brusquement.

« Non ! ce que je vois là ne peut pas être vrai. Ce n’est pas normal. C’est une illusion ! » me répétais-je. La belle fille que je convoitais sans désirer, puis que je commençais bien malgré moi à désirer, était infirme d’un pied. Je me retournais lentement pour qu’elle n’entende pas le bruit de mes pas. Trop tard, elle s’était retournée. Son visage qui m’avait encore lancé quelques flashs me considéra. Je me souviens de la mine qu’il avait ce visage déçu par tant d’espoirs placés en un amour que je rendais impossible. Ses yeux lançaient des étincelles. Non pas qu’elle fut furieuse, elle était trop belle pour laisser transparaître sa colère. Son teint de près était encore plus beau que vu de loin, elle était un fruit mûr qui luisait sur la face du soleil. Cependant, elle était infirme. Toute sa beauté s’en était trouvée corrompue.

J’interrompis mon mouvement. Je la reconsidérai à mon tour. Oui elle était vraiment belle. Mais infirme quand même. Timidement, elle me salua et osa esquisser un sourire. Je me retournai brusquement. Je courais presque. L’odeur de mon parfum embaumait l’air derrière moi. J’entendis cette enfant m’appeler, me dire « s’il te plaît reviens, ne te sauve pas ».

J’entendis sa voix se noyer dans les larmes. Je continuai ma fuite, sans me retourner, le regard vide, la tête aussi. J’entendis cette belle fille  s’écrouler de tout son corps, mais je décidai de me sauver en fermant cruellement le portillon à ma suite. J’étais sauvé !


L’objectif du Cameroun ? Les demi-finales !

Le Cameroun aimerait bien réaliser ce qu'aucune équipe africaine n'est parvenue à faire jusque-là : atteindre les demi-finales d'un Mondial (Crédit photo : DasWortgewand, Pixabay)
Le Cameroun aimerait bien réaliser ce qu’aucune équipe africaine n’est parvenue à faire jusque-là : atteindre les demi-finales d’un Mondial (Crédit photo : DasWortgewand, Pixabay/CC)

A moins d’une semaine du début de la Coupe du monde de football Brésil 2014, les Camerounais espèrent faire mieux qu’en 1990.  A l’époque, poussés par le talent de Roger Milla, les Lions indomptables avaient atteints les quarts du Mondial italien.

Il serait bien fou, le responsable ou le joueur qui oserait l’avouer en conférence de presse. Mais l’ambition est bel et bien là. Tout le monde le ressent, chacun l’espère.

Dans tous les cas, un résultat en deçà des demis a de fortes chances d’être considéré comme un échec.

Se souvenir de l’été italien

Je ne peux pas dire avec prescription que ceux qui pensent que les Lions indomptables peuvent atteindre le dernier carré ont des arguments en béton. Mais depuis la saga de l’été italien, toutes les volontés au Cameroun sont orientées vers l’objectif d’améliorer la performance de la sélection nationale. Et chaque Mondial est une occasion de parvenir à cette ambition.

Ces derniers temps, les performances en demi-teinte des athlètes camerounais ont fini par affaiblir la lueur d’espoir que les plus optimistes entretiennent depuis 24 ans. Le match Allemagne-Cameroun (2-2) du 1er juin 2014 a enfin ramené la sérénité dans les rangs des supporters.

Plus forts qu’en 2010  ?

 

Si j’ai bonne mémoire, c’est la première fois depuis la Coupe du monde 2010 – et peut-être avant – que la plupart des supporters s’accorde pour dire que la sélection faite par le coach est capable de faire de bons résultats. J’ai participé à une discussion enlevée récemment dans un taxi de Yaoundé – ce lieu de débat alternatif. Tous les passagers débordaient d’enthousiasme en évoquant les possibilités des 23 Camerounais qui vont défendre les couleurs de la Fédération nationale de football au rendez-vous brésilien.

Mais les Camerounais sont-ils capables de faire le chemin que leur exigent les fans ?  Les Lions indomptables peuvent-ils jouer une demi-finale ? Je voudrais bien y croire. Je suis supporter ! Mais avant d’atteindre ce niveau de la compétition, Samuel Eto’o et ses copains devront au préalable livrer cinq matches dont trois en phase de poule. Et pour marquer le coup, une bonne idée serait d’infliger un insolent 1-0 à la sélection de Luiz Filipe Scolari le 23 juin 2014. Le souvenir de la Coupe des confédérations France 2003 me revient comme si c’était hier !

William BAYIHA, Mondoblogueur camerounais


Journalistes camerounais, stars au Brésil !

Durant la Coupe du monde, les journalistes camerounais n'auront d'yeux que pour les Lions indomptables (Crédit photo : hiroo, Flickr/CC)
Durant la Coupe du monde, les journalistes camerounais n’auront d’yeux que pour les Lions indomptables (Crédit photo : hiroo, Flickr/CC)

La Coupe du monde de la FIFA 2014 se joue aussi avec la presse. Les journalistes camerounais arrivés au Brésil en éclaireurs sont célébrés comme les Lions indomptables, en attendant l’arrivée de Samuel Eto’o & cie, le 7 juin.

Le groupe de médias camerounais La Nouvelle Expression Sarl basé à Douala, qui édite un quotidien et possède une chaîne de télévision et une radio généralistes – a dépêché une dizaine de journalistes et de techniciens pour suivre les matchs des Lions indomptables et les autres au Brésil. Ils sont arrivés le 28 mai 2014, et en tant que premières équipes de journalistes africains au Brésil, ils ont été reçus comme des stars…

Quand le Brésil confond journalistes et athlètes

Le cas de mon confrère Lindovi est assez éloquent. En temps normal, il est chef de service sport pour La Nouvelle Expression. Mais au Brésil, il est un sacré palliatif à l’absence des 23 Lions, qui doivent affronter la Seleçao le 23 juin 2014 et ne devraient pas être au Brésil avant le 8 juin 2014 et un dernier match de préparation contre la Moldavie à Yaoundé.

Les Brésiliens qui ne sont pas forcément physionomistes feignent de croire que certains des journalistes camerounais sont des athlètes de l’équipe nationale, ou du moins des footballeurs.

« Il arrive quand Samuel Eto’o ? »

Las de se présenter comme simples journalistes, ces honnêtes gens se laissent aller au jeu des autographes. En clair, ils volent la vedette aux poulains du coach allemand Volker Finke. Et cette bénédiction les suit depuis Sao Paulo, jusque dans la ville de Vitoria où le groupe de médias a établi son quartier général pour le Mondial.

Jusqu’à ce que les Lions indomptables arrivent au Brésil, notre reporter sait qu’il a encore de beaux jours devant lui dans l’Etat d’Espírito Santo. Pour l’instant « leurs » fans viennent les rencontrer chaque soir à l’espace Loisir du centre de Vitoria (voir carte)

Pour communiquer, ils baragouinent l’espagnol – dont le niveau n’est guère supérieur aux réminiscences de la classe de terminale – et l’anglais. Le langage des gestes et la passion du football font le reste.

William BAYIHA, Mondoblogueur


Combien de lycéennes sont captives de Boko Haram au juste ?

 

Filles assises par terre.
Il est nécessaire de savoir le nombre exact de filles enlevées (c)bfmtv.

Les chefs d’Etat et de gouvernement réunis à l’Elysée ce 17 mai 2014 n’ont pas pu faire mieux que de sombrer eux aussi dans cette approximation dans leur déclaration finale.
On peut y lire que Boko Haram s’est dernièrement manifestée par plusieurs attentats meurtriers et par l’enlèvement de plus de 270 lycéennes. Un nombre des plus approximatifs également utilisé sur le site web des Nations Unis. Les officiels font comme s’ils ne pouvaient pas faire plus puisqu’après 270 les nombres deviennent incomptables !

Mais les chefs d’Etat ne sont pas les seuls à se mêler les pinceaux lorsqu’il s’agit de se prononcer avec exactitude sur le nombre de jeunes filles qui passent la nuit quelque part dans l’antre du diable depuis le 15 avril 2014. Les médias ne s’accordent pas non plus sur le bon effectif.

Certains comme Libération parlent de 200 filles, sans doute pour arrondir les souffrances des familles. La version en ligne de 20 Minutes se risque à donner un chiffre plus indenté : 276 adolescentes seraient entre les mains des ravisseurs.

Entre les deux extrêmes, il y a Le Nouvel Observateur et Le Monde qui précisent quant à eux que 223 filles (seulement) auraient été retirées de la circulation par les islamistes.

Le Huffingtong Post et Jeune Afrique recensent aussi 223 lycéennes. Mais s’empressent d’ajouter qu’il s’agit de celles qui sont encore en captivité puisqu’ils croient savoir que  53 d’entre elles ont réussi à s’enfuir des griffes de leurs ravisseurs.

Dois-je parler de Wikipedia qui a déjà archivé l’événement dans ses larges tiroirs en soulignant d’un ton quasi historique que 237 lycéennes ont été prises en otages ?

Bon OK ! Je suis d’accord avec vous, la vérité se cache bien quelque part. Mais sait-on jamais où les approximations peuvent nous mener ? Quant on parle des « 200 filles et poussière enlevées », quelle est la poussière de fille qu’on vise ? Quand on aura relâché « plus de 270 », est-on sûr qu’on aura libérer chacune d’entre elles ?

Recensons les toutes avec précision pour qu’aucune douleur ne soit minimisée. Comptons les toutes sans légèreté même si au final c’est effort va rendre l’information moins simple.

 


Le fossé de mon quartier tue

Non, je n’exagère pas. Il y a un vrai fossé dans mon quartier. Il est plus que dangereux.

Fossé avec un pont en bois blanc.
C’est fou, les endroits où on rentre se coucher le soir ! (c) williambayiha

 

 

Avez-vous jamais vu un fossé de votre vie ?Il y a plein de choses dont on parle mais dont on ne sait rien. Un fossé. Si vous me rendez visite, vous en verrez un. Le trou qui serpente mon quartier à Yaoundé est comme ces montagnes qu’on ne remarque plus tellement elles font partie du paysage. Il est comme la forêt. Tant qu’un mort n’y est pas revenu, tout le monde feint d’ignorer qu’il s’agit d’un lieu hostile à l’homme. Le fossé de chez moi est comme les vestiges d’une ville abandonnée à elle-même avec ses rats et ses ordures qui fermentent à ciel ouvert. C’est un accident géologique crée par l’urbanisation pour-faire-beau. Pour bien se figurer de quoi je parle, imaginez qu’il s’agit d’un fossé qui tue. Sept mètres de profondeur par endroit, des ponts branlant en bois blanc, des taudis à ras bord du monstre. Et quand il pleut, un torrent puissant qui draine tous les péchés du monde. C’est en regardant cette eau boueuse que je me suis figuré ce que sera le jugement dernier. L’odeur qui monte des ordures qui se bousculent ne donne même pas envie de vomir. Je n’ose pas penser à tout ce que j’ai vu défiler dans ce boulevard des abysses. C’est fou, les endroits où on rentre se coucher le soir ! En écrivant ces lignes je frissonne. Brrrrrr Seigneur !

Ce fossé tue au sens propre pourtant personne n’y est déjà formellement décédé. Mais ce fossé tue quand même. Contrairement à ce que l’on croit, beaucoup de gens se cachent pour mourir. On renie les causes immédiates de la mort parce qu’on va les chercher au village, repère par excellence des sorciers mangeurs d’âme. Non messieurs. Ces gens qui meurent de mort subite au quartier, c’est le fossé qui les tue à petit feu.

Merveille et Ariane, deux fillettes à peine adolescentes qui marchent avec cet air amusant et comique. Ce n’est pas une mode, elles y ont perdu leurs jambes. L’une marche clopin-clopant de la jambe gauche, l’autre fait pareil de la droite. Elles sont devenues si moches singulières qu’on rit déjà quand on les voit arriver de loin. Avant je souriais aussi.

Franchement, elles font pitié.

Toutes deux ont glissé un jour, chacune à son tour, puis elles ont crié. Le quartier s’est rassemblé. Le terrible fossé venait de leur volé la beauté…

Je réitère que le fossé de mon quartier tue.

Combien d’entre mes voisins se sont-ils cachés pour mourir ? Paludisme, tétanos, pneumonie. J’en ai marre de ce fossé. Et ça date.

En 2009, j’ai essayé de me mobiliser. La jeunesse, l’université et la télé font des trucs. On devrait nous désintoxiquer à un certain âge. Je voulais monter une pétition pour alerter les autorités sur ce fossé que j’abhorre. Certaines maisons ont déjà été englouties par la gourmandise de l’hydre dont les têtes et le corps se multiplient au fil des saisons de pluie. C’est vers ses victimes que je me suis d’abord dirigé. Mon militantisme a été refroidi par une maman.

En fait, je ne sais pas si elle est une grand-mère ou une maman.  Elle semble si jeune quand on la regarde sous l’angle de la vieillesse et si vieille si on la prend pour une dame dans la quarantaine.

Bref, elle m’a fait remarquer que si on alertait les autorités municipales, elles en prendraient prétexte pour démolir sa modeste maison. Une maison en terre battue chichement revêtue d’une mince couche de ciment. Cette maison vaincue par le temps est tout ce qui lui reste. Elle aimerait bien aller ailleurs avec ses cinq enfants. Cependant, elle sait pertinemment que cela n’arrivera pas demain. Quatre ans après ma visite, il ne lui reste plus que deux pièces. Sa chambre à coucher et le séjour. Je l’ai revue ce soir assise sur un tout petit banc devant ce logis en équilibre précaire. Pourquoi sourit cette dame ? Les soirs de pluie, elle prie Dieu pour être éveillée pendant que d’autres prient pour chercher le sommeil. Le fossé lui a déjà pris sa vie, mine de rien.


Les 10 trucs à savoir avant de prendre un taxi à Yaoundé

1- Il faut savoir sa destination. Cela n’est pas une tâche facile. Il existe plusieurs quartiers dans la capitale camerounaise et encore plus de secteurs. Lorsqu’on prend un taxi, il faut non seulement connaître le nom précis du quartier et sa prononciation exacte, mais aussi le nom du secteur où on va. Dès lors il ne suffit pas de vouloir aller à Biyem Assi, à l’ouest de la ville. Il faut pouvoir allez à Biyem Assi, Montée Jouvence.

2- Il faut avoir la monnaie. En clair il faut avoir de petites coupures ou carrément des pièces de monnaie. Le taxi ne coûte pas très cher à Yaoundé, 200 francs CFA en journée et 250 francs CFA après 22 heures. Lorsque vous avez déjà une pièce de 500 francs CFA, vous commencez à embarrasser le pauvre taximan qui n’a pas forcément le temps de chercher de la menue monnaie à travers la ville. Si vous n’avez vraiment pas pu faire la monnaie, dites-le dès que vous entrez dans la voiture.

3- Il faut être mince. Les taxis de Yaoundé sont des transports en commun au sens propre de l’expression. La banquette arrière est réservée à trois passagers et le siège avant est très souvent occupé par deux personnes. Il faut compter sept personnes par véhicule. Donc si vous pensez que vous allez prendre un taxi à Yaoundé et que vous avez un physique imposant, commencez à faire des exercices de minceur dès à présent.

4- Il faut savoir «proposer». En tant que transport en commun, il n’y a pas clairement de point terminus pour taxi dans la capitale camerounaise. Les petites voitures jaunes vont où les clients veulent aller. A condition qu’ils y soient encouragés. Il s’instaure donc au fil des trottoirs une sorte d’enchères. Et les taximans ne s’intéressent qu’aux offres les plus fortes. Pour aller à Biyem Assi-Montée Jouvence encore, la personne qui propose 300 francs trouvera plus rapidement un taxi qu’une autre qui ne propose que 200 francs. Mais les enchères profitent aussi aux clients. Si on veut faire 500 mètres par exemple, il ne sert à rien de prendre un taxi au prix normal. Avec 100 francs, les taximans vont se presser de vous «raccourcir la marche».

5- Il faut être zen. Je pense que ce point vaut pour tous les types de transport dans le monde. Ce n’est pas parce que vous avez payé le prix fort que vous devez devenir tyrannique envers votre taximan. Les embouteillages peuvent vous ralentir. Et si vous n’avez pas payé pour une course, souffrez qu’il puisse déposer les autres clients sans trop vous énerver.

6- Il faut savoir vivre avec un minimum de confort. Il arrive très souvent que les vitres arrière des véhicules soient levées et bloquées. Pas moyen d’utiliser une manivelle pour les descendre. Malgré la chaleur étouffante de la ville, je ne me rappelle pas d’un taxi qui fait profiter de la climatisation aux passagers. Et il y a la radio. Quand votre conducteur veut écouter son émission favorite ou le dernierX Maleya, ne vous interposez pas, surtout si vous êtes pressé. Il pourrait vous demander de descendre de son véhicule.
 « Mon Ex » des X Maleya, 2013

7- Il faut être vigilant. Les bagages qui restent dans les coffres des taxis à Yaoundé, il y en a des tonnes par jour. N’oubliez pas que vous avez des bagages, si possible dites au taximan de vous le rappeler en sortant. La plupart sont parfaitement honnêtes et vont se faire un plaisir de vous rappeler que vous êtes en train d’oublier votre valise. Si vous partez, n’espérez pas trop la récupérer.

8- Il faut prendre un taxi en course. Les tarifs formels du taxi à Yaoundé – taxis de l’aéroport mis à part – sont connus. Le ramassage est de 200 francs, la course est à 1 200 francs. La nuit il faut prévoir 250 francs et 1 500 francs. En clair la course n’est pas aussi chère que ça. Donc pour éviter les désagréments et si vous doutez de votre sociabilité, prenez un taxi en course.

9- Il ne faut jamais payer avant la destination. Ne soyez pas pressé de sortir votre argent. Si vous le faites, en général le taximan va vous demander d’attendre. Les taxis à Yaoundé sont pour la plupart des voitures d’occasion. Il n’y a aucune garantie que vous arriviez à destination sans panne. Si vous insistez pour payer, en cas de problème il utilisera votre argent pour se faire dépanner. Une perspective assez ennuyeuse surtout si on a pas de temps à perdre.

10- Il ne faut pas avoir peur de se salir. Quand vous entrez dans un taxi, évitez de mettre un pantalon clair quand il pleut et une chemise d’une couleur similaire en saison sèche. Quand il pleut, les autres passagers peuvent vous salir en prenant place à côté de vous. En saison sèche la poussière de certaines rues – de moins en moins quand même – s’incruste sur le dossier et est susceptible de laisser à votre belle chemise d’étonnantes traces marron.

Pour aller plus loin sur les taxis à Yaoundé, je vous propose cet excellent post (déjà mis en lien) de Florian Nguimbis. 


J’ai fait un rêve

Dessin traditionnel romantique
« A vouloir tout nommer, mes envies prennent vie » (c) Yvette Moenne in darwin.fr

 

Mes pensées divaguent le soir lorsque je dors

Elles voguent à travers l’océan et plus encore

Regardez  cette fille, touchez ses cheveux d’or

Ceci est un acrostiche, un rêve, un accord

Il en est de plus précieux que des trésors

Rêve ou réel ? La ligne n’est plus définie

A vouloir tout nommer, mes envies prennent vie

Parfois aussi je vois mon mythe grec qui s’ennuie

Hélène d’Ulysse, les rages inouïes

Auxquelles elle se livre certaines nuits

Et la fée désirée devient une utopie

La joie s’arrête-t-elle quand le rêve est fini ?

L’éclat du jour n’a pas éteint mes rêveries

Elle n’est plus un rêve et je lui dis merci.

 


Cyberjournalisme au Cameroun qui sont les prédateurs ?

Des sites web, des webzines bâtissent leur notoriété sur le dos de ceux qui croient en l’avenir de la presse en ligne. Dénonciation.

La jungle des médias en ligne au Cameroun
L’univers des sites web d’information au Cameroun est semblable à une jungle. Le copier/coller impose sa loi. (c) webzine-crocblanc.e-monsite.com

Il serait vain de vouloir entourer ce coup de gueule de circonlocutions et d’ombres. Les principaux responsables de la stagnation de la presse en ligne au Cameroun sont connus et paradoxalement, ce sont des sites web d’information. Ils s’appellent camer.be, cameroun-info.net, cameroun24.net, africapresse.com, africatime.com, nkul-beti-camer.com, lemunen.com – encore qu’il s’agit de quelques uns qui ont repris au moins une fois mes articles. Leur faute, recopier du contenu tel quel produit par d’autres sites d’information et par la presse écrite et les mettre en ligne sans s’encombrer des dispositions légales relatives au droit d’auteur ou même de la politesse. Une forfaiture qui leur profite puisqu’ils deviennent de fait des sources importantes d’information pour les internautes. L’intelligence algorithmique des moteurs de recherche assure à ces sites la première place dans son classement. Google, Yahoo et les autres ne s’intéressent pas à la manière avec laquelle l’information a été collectée. Il faut qu’elle soit mise en ligne. Et plus il y a du contenu, mieux c’est.Or en même temps, l’expérience a démontré que les internautes qui utilisent les moteurs de recherche ne s’intéressent qu’aux premières propositions qui leur sont faites. Traduction. Une information qui a été publiée par une rédaction en ligne conventionnelle telle que newsducamer, avec un coût de production conséquent sera davantage cliquée dans camer.be qui n’a fait aucun effort éditorial. Un fait d’autant plus révoltant que ce dernier site s’est comporté comme un rat qui vient piquer des grains d’arachide sur une table et s’en va les stocker dans son terrier.

 » L’article de newsducamer.com se vend davantage sous forme de plagiat que sous sa forme originale « 

L’humeur que vous avez devant les yeux est rédigée aux alentours de 16h25 ce vendredi 18 avril 2014. Considérons cet article publié par François Bambou sur newsducamer.com. Il est en ligne depuis ce même vendredi à 13h08. A 14h44, le même article est déjà repris par les équipes du «site d’information le plus lue du Cameroun» dixit camer.be. 583 personnes ont déjà cliqué dessus, 05 personnes ont indiqué qu’ils aiment ça sur Facebook, 04 personnes l’ont signalé à leurs amis sur Twitter, 01 personne l’a ajouté à Google+ et 04 personnes l’ont partagé sur Share. Eloquent n’est-ce pas ? Regardons les statistiques du côté de newsducamer.com, site dont l’auteur est par ailleurs administrateur. 276 personnes ont déjà lu, 20 personnes aiment sur Facebook, aucune personne n’a déjà partagé le lien sur Twitter et sur les autres réseaux sociaux…

La part des annonceurs
Ces chiffres sont graves parce qu’ils indiquent quelque chose d’important. L’article de François Bambou se vend plus sous forme de plagiat que sous sa forme originale. Comme si la photocopie d’un journal coûtait plus cher que le journal lui-même. Et contrairement aux moteurs de recherche qui ont une logique algorithmique – encore que Google peut réguler quand il y est contraint – les annonceurs ont une compréhension des enjeux bien particulière. Ils sponsorisent les clics quand même ils savent pertinemment qu’ils encouragent ouvertement la piraterie. Mais ils se justifient : il n’y pourraient rien, le bon sens marketing voudrait qu’on aille vers des espaces populaires. Pas de problème. En finançant des rédactions dont les journalistes les plus talentueux sont des scanners bon à faire du copier/coller, messieurs les annonceurs, vous feignez d’ignorer que vous participez à l’avortement du cyberjournalisme au Cameroun.

La 3G est sur le point d’envahir le marché camerounais ; bientôt la plupart des services seront en ligne, la presse avec. Sera-ce une presse qui agrège des contenus qui ne lui appartiennent pas ? Au bout du compte, si tout le monde copiait ? Il n’y aucun métier, aucun secteur, aucune industrie au monde où certains travaillent pour que les autres récoltent les fruits le jour de la moisson. Je doute que les gars de camer.be, cameroun-info.net, cameroun24.net, africapresse.com, africatime.com, nkul-beti-camer.com, lemunen.com puissent avoir le courage de reprendre cet article. Mais ne préjugeons pas  de leur intelligence.


Homosexualité au Cameroun : gays et lesbiennes prennent d’assaut Internet

Lesbiennes afro
«Les répressions familiales et sociales envers les lesbiennes, nous sommes aussi humaines» (c) www.nkul-beti-camer.com

C’est connu, les possibilités qu’offrent les outils du réseau Internet sont intarissables. Et la multiplication des points de connexion semble avoir décuplé leur influence dans la société camerounaise sur tous les plans.  Grâce à ces nouveaux outils, les personnes homosexuelles au Cameroun  ont trouvé un allié de poids pour se défiler du regard condescendant et réprobateur de la société et de la législation. Groupes Facebook, blogs, sites de rencontre entre personnes du même sexe, des initiatives se multiplient en ligne pour rapprocher et renforcer les liens de solidarité entre les membres d’une communauté qui se sent menacée. Exactement comme l’indique ce slogan emprunté à une plateforme d’échanges entre lesbiennes made in Cameroon : «Les répressions familiales et sociales envers les lesbiennes, nous sommes aussi humaines» !

Un cri du coeur destiné à résumer le sentiment de plusieurs femmes confrontées au rejet systématique de l’homosexualité dans la société camerounaise. Le groupe compte quelque 762 «J’aime». Une performance pour un site public que de nombreux Camerounais inscrits dans les réseaux sociaux n’oseraient seulement pas visiter. Selon les statistiques piochées directement sur la page Facebook du groupe, le projet a été implémenté dès septembre 2012. Au moment où nous la consultons, la tranche d’âge de personnes qui a le plus cliqué sur le bouton d’adhésion est comprise entre 18 et 34 ans. Celle-ci se trouve principalement à Yaoundé, la capitale, et la période de progression de l’activité la plus forte se situe en octobre 2013.

En rapport avec les pages réservées aux «hommes qui aiment les hommes», le groupe des lesbiennes du Cameroun connaît un franc succès auprès de sa cible. Il ne suffit que de visiter l’animation de son mur d’actualité. Conseils sur la santé, dernières actu sur les membres de la communauté, hygiène intime, partage de liens sur le mouvement gay, messages d’encouragement mutuel, etc.  Ici, les discussions directes sont plus que rares et les abonnées ne se connaissent pas forcément. Mais en lisant les commentaires, il est clair que la relation phatique entre les membres est recherchée et que les habituées savent où se retrouver. D’ailleurs les administrateurs de la page n’hésitent pas à rendre compte des conférences et autres manifestations publiques auxquelles assistent des membres ; que ce soit au Cameroun ou à l’étranger. Seulement, aucun visage ne se dévoile.

Une activité sur les réseaux sociaux sans le visage de ses animateurs ? Ce n’est pas exactement la même chose dans les espaces en ligne consacrés exclusivement aux gays – homosexuels hommes. Même si certains utilisent des pseudonymes, l’identité de nombreux messieurs n’est pas un secret dans les groupes Facebook auxquels ils participent. Une raison à cela : les filles animent une page et même un blog tandis que les garçons semblent avoir opté pour des groupes.

Le temps des hommes

Le plus important groupe d’hommes homosexuels au Cameroun sur Facebook compte environ 500 membres et il faut passer par l’administrateur pour y avoir accès. Pour comprendre son fonctionnement, l’enquêteur curieux se voit contraint de se rabattre sur des groupes concurrents. Ceux-ci sont ouverts à tous les internautes. A partir de l’exploration de ces espaces réduits, il est possible de tirer les principales caractéristiques de ces outils de médiation.

Du point de vue du contenu en effet, les garçons ont des centres d’intérêt bien plus pratiques que les filles. Pour ces derniers les références au sexe sont explicites que ce soit à travers les photos que postent certains membres ou à travers les commentaires. L’utilisation des codes communautaires est ici la chose du monde la mieux partagée : dans les fils d’actualité on parle d’ «actifs», on se fait des photos de torse poilu et parfois lorsqu’un amis étranger tombe sur ces contenus, la gêne est à couper au couteau.

Les plateformes de mise en réseau des lesbiennes et des gays camerounais sont un moyen de se faire une idée de la vie à l’intérieur de la communauté locale LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres). Car en plus des conseils que les administrateurs de la communauté lesbienne peuvent laisser sur leur page, la cible elle-même se raconte au fil des jours. Il y en a aussi qui parlent de leur relation actuelle et qui n’hésitent pas à demander le soutien de la communauté. C’est le cas de l’auteur gay du commentaire suivant : «S.O.S mes frères ! Pardon, donnez-moi d’urgence une idée. Mon ami à moi vient de se faire menacer par mon grand frère et il a avoué notre relation gay. Que faire mes génies ! Je suis à court d’idée. Pardon, j’attends vos réactions». Une semaine après le post, les réponses se font toujours attendre, en vain. Il y a aussi des violences conjugales, des jalousies extrêmes et des viols. Sur 10 lesbiennes au Cameroun, sept auraient déjà été violée dans une relation hétérosexuelle, du fait de leur orientation sexuelle, estime l’un des administrateurs de la page qui leur est réservée.

Les armes de la répression

Internet agit également comme un promontoire pour attaquer directement le gouvernement. La communauté LGBT du Cameroun a ses stars dans la vie matérielle comme en ligne. Celles-ci s’appellent Me Alice Kom d’une part et d’autre part Eric Lebembe et Roger Mbédé, deux activistes homosexuels décédés dans des conditions troubles respectivement en juin 2013 et en février 2014. Des personnalités au profil particulier et dont l’actualité a souvent poussé le gouvernement à se prononcer. M. Lebembe par exemple a été retrouvé assassiné à son domicile à Yaoundé. Face à l’opinion des médias occidentaux qui accusaient le gouvernement d’avoir laissé prospérer des meurtres contre les homosexuels, le ministre de la Communication s’était cru obligé d’apporter des éclaircissements en indiquant qu’il n’y avait pas une politique de chasse aux sorcières contre les homosexuels au Cameroun. Mal lui en a pris puisque son mur Facebook a été pris d’assaut par les administrateurs des plateformes virtuelles de défense des intérêts de cette communauté sexuelle. Leur action semble avoir été si nuisible qu’il est aujourd’hui impossible de retrouver le compte Facebook personnel du ministre Issa Tchiroma. Un comble pour le patron de la communication au sein du gouvernement !

En même temps que les lesbiennes s’en prennent à Issa Tchiroma Bakary par exemple, internet les met également à la portée de leurs adversaires les plus acharnés. Leur principal ennemi, un certain Sismondi B. Bidjoka. Le journaliste et polémiste anime également une page sur Facebook qui compte plus de 4 000 membres. Entre autres sujets, il y dénonce les méfaits des pratiques célébrées par les gays et les lesbiennes. D’ailleurs l’un de ses plus récents post est le titre de son dernier ouvrage : Homosexualité, un crime contre l’humanité.

La multiplication des plateformes en ligne d’échanges entre personnes homosexuelles au Cameroun n’est pas une réalité récente, indique Mme Lamana, spécialiste de la veille stratégique et chercheur en Sciences de l’information et de la communication. Au-delà des aspects sociologiques qui peuvent expliquer cet état de fait, l’enseignante à l’Institut africain d’Informatique de Yaoundé constate que les personnes qui participent aux discussions dans ces groupes virtuels sont de plus en plus jeunes et se recrutent davantage parmi les garçons. Ce mouvement se conjugue à la recrudescence des espaces de promotion de la prostitution sur internet. Un phénomène qui concerne aussi bien les relations homosexuelles qu’hétérosexuelles. En plus de cela, force est de constater que la présence des espaces publics et privés consacrés à la vie homosexuelle, animés par des Camerounais qui vivent au Cameroun est un défi à l’option répressive de l’État.

L’homosexualité est en effet considérée comme un délit au Cameroun selon les termes de l’article 347 bis du Code pénal. Le régime de sanctions peut atteindre cinq ans de prison en cas de flagrant délit. Mais que peuvent les autorités lorsque des contenus explicites sont publiés sur la toile par des défenseurs de la communauté LGBT ? Pour les administrateurs des pages et des groupes, il s’agit de l’exercice de la liberté d’expression dans ce qu’elle a de plus essentiel. Un officiel du ministère de la Communication est d’avis tout à fait contraire sur la question. Il estime que même si aucun texte n’est encore disponible pour réprimer ce type de «dérives», on ne peut pas dire qu’il y a un vide juridique. Les contenus postés sur internet bénéficient de la protection de la loi sur la liberté de la communication sociale. Et la promotion de l’homosexualité pourrait être lue comme une atteinte aux bonnes mœurs. Cependant assure-t-il, la réflexion qui doit se tenir à Johannesburg, Afrique du Sud cette année sur le droit des contenus en ligne en Afrique devra être un début de solution.

Le plus important groupe d’hommes homosexuels au Cameroun sur Facebook compte environ 500 membres et il faut passer par l’administrateur pour y avoir accès. Pour comprendre son fonctionnement, l’enquêteur curieux se voit contraint de se rabattre sur des groupes concurrents. Ceux-ci sont ouverts à tous les internautes. A partir de l’exploration de ces espaces réduits, il est possible de tirer les principales caractéristiques de ces outils de médiation.

Du point de vue du contenu en effet, les garçons ont des centres d’intérêt bien plus pratiques que les filles. Pour ces derniers les références au sexe sont explicites que ce soit à travers les photos que postent certains membres ou à travers les commentaires. L’utilisation des codes communautaires est ici la chose du monde la mieux partagée : dans les fils d’actualité on parle d’ «actifs», on se fait des photos de torse poilu et parfois lorsqu’un amis étranger tombe sur ces contenus, la gêne est à couper au couteau.

Les plateformes de mise en réseau des lesbiennes et des gays camerounais sont un moyen de se faire une idée de la vie à l’intérieur de la communauté locale LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres). Car en plus des conseils que les administrateurs de la communauté lesbienne peuvent laisser sur leur page, la cible elle-même se raconte au fil des jours.  Il y en a aussi qui parlent de leur relation actuelle et qui n’hésitent pas à demander le soutien de la communauté. C’est le cas de l’auteur gay du commentaire suivant : «S.O.S mes frères ! Pardon, donnez-moi d’urgence une idée. Mon ami à moi vient de se faire menacer par mon grand frère et il a avoué notre relation gay. Que faire mes génies !  Je suis à court d’idée. Pardon, j’attends vos réactions». Une semaine après le post, les réponses se font toujours attendre, en vain. Il y a aussi des violences conjugales, des jalousies extrêmes et des viols. Sur 10 lesbiennes au Cameroun, sept auraient déjà été violée dans une relation hétérosexuelle, du fait de leur orientation sexuelle, estime l’un des administrateurs de la page qui leur est réservée. 

Les armes de la répression

Internet agit également comme un promontoire pour attaquer directement le gouvernement. La communauté LGBT  du Cameroun a ses stars dans la vie matérielle comme en ligne. Celles-ci s’appellent Me Alice Kom d’une part et d’autre part Eric Lebembe et Roger Mbédé, deux activistes homosexuels décédés dans des conditions troubles respectivement en juin 2013 et en février 2014. Des personnalités au profil particulier et dont l’actualité a souvent poussé le gouvernement à se prononcer. M. Lebembe par exemple a été retrouvé assassiné à son domicile à Yaoundé. Face à l’opinion des médias occidentaux qui accusaient le gouvernement d’avoir laissé prospérer des meurtres contre les homosexuels, le ministre de la Communication s’était cru obligé d’apporter des éclaircissements en indiquant qu’il n’y avait pas une politique de chasse aux sorcières contre les homosexuels au Cameroun. Mal lui en a pris puisque son mur Facebook a été pris d’assaut par les administrateurs des plateformes virtuelles de défense des intérêts de cette communauté sexuelle. Leur action semble avoir été si nuisible qu’il est aujourd’hui impossible de retrouver le compte Facebook personnel du ministre Issa Tchiroma. Un comble pour le patron de la communication au sein du gouvernement !

En même temps que les lesbiennes s’en prennent à Issa Tchiroma Bakary par exemple, internet les met également à la portée de leurs adversaires les plus acharnés. Leur principal ennemi, un certain Sismondi B. Bidjoka. Le journaliste et polémiste anime également une page sur Facebook qui compte plus de 4 000 membres. Entre autres sujets, il y dénonce les méfaits des pratiques célébrées par les gays et les lesbiennes. D’ailleurs l’un de ses plus récents post est le titre de son dernier ouvrage : Homosexualité, un crime contre l’humanité.

La multiplication des plateformes en ligne d’échanges entre personnes homosexuelles au Cameroun n’est pas une réalité récente, indique Mme Lamana, spécialiste de la veille stratégique et chercheur en Sciences de l’information et de la communication. Au-delà des aspects sociologiques qui peuvent expliquer cet état de fait, l’enseignante à l’Institut africain d’Informatique de Yaoundé constate que les personnes qui participent aux discussions dans ces groupes virtuels sont de plus en plus jeunes et se recrutent davantage parmi les garçons. Ce mouvement se conjugue à la recrudescence des espaces de promotion de la prostitution sur internet. Un phénomène qui concerne aussi bien les relations homosexuelles qu’hétérosexuelles. En plus de cela, force est de constater que la présence des espaces publics et privés consacrés à la vie homosexuelle, animés par des Camerounais qui vivent au Cameroun est un défi à l’option répressive de l’État. 

L’homosexualité est en effet considérée comme un délit au Cameroun selon les termes de l’article 347 bis du Code pénal. Le régime de sanctions peut atteindre cinq ans de prison en cas de flagrant délit. Mais que peuvent les autorités lorsque des contenus explicites sont publiés sur la toile par des défenseurs de la communauté LGBT ? Pour les administrateurs des pages et des groupes, il s’agit de l’exercice de la liberté d’expression dans ce qu’elle a de plus essentiel. Un officiel du ministère de la Communication est d’avis tout à fait contraire sur la question. Il estime que même si aucun texte n’est encore disponible pour réprimer ce type de «dérives», on ne peut pas dire qu’il y a un vide juridique. Les contenus postés sur internet bénéficient de la protection de la loi sur la liberté de la communication sociale. Et la promotion de l’homosexualité pourrait être lue comme une atteinte aux bonnes mœurs. Cependant assure-t-il, la réflexion qui doit se tenir à Johannesburg, Afrique du Sud cette année sur le droit des contenus en ligne en Afrique devra être un début de solution.

 


Cameroun : une loi contre la nicotine en gestation

La Coalition camerounaise contre le tabagisme (C3T) a animé un séminaire ce 12 mars 2014 sur les dangers de la consommation du tabac.

C’est au sein même de l’hémicycle de l’Assemblée nationale que la responsable de la coalition, Flore Ndembiyembe est venue à la rencontre des députés avec des chiffres sensés montrer l’ampleur du problème. 17,5% de Camerounais consommeraient activement le tabac à travers la cigarette tandis que les chiffres de fumeurs passifs seraient encore plus élevés : 37 %.   Dans une étude de l’OMS réalisée en 2008 a continué la secrétaire générale du ministère de la Santé, il ressort que 15% d’adolescents de 13 à 15 ans ont déjà fumé une cigarette ne serait-ce qu’une fois.

Un fumeur
Il n’est pas exclu qu’un nombre plus important d’institutions soit concerné par l’interdiction (c)independantexpress.com

Ces chiffres correspondent à une augmentation de la consommation des produits à base de tabac a confié le Professeur Sinata Koulla Shiro. Une situation préoccupante du point de vue de la santé publique inique l’oratrice. Sur la foi des observations mondiale, elle a souligné que tabagisme actif et passif est la principale cause des maladies non transmissibles : cancer, diabète, maladies respiratoires chroniques, attaques cardiaques, etc. Maladies qui sont responsables de plus de 80% des décès dans les pays en développement.

Dans l’immédiat, la représentante du ministre André Mama Fouda assure que le ministère de la Santé est entrain de finaliser un projet de loi pour durcir la réglementation anti-tabac au Cameroun. Concrètement, il n’est pas exclu qu’un nombre plus important d’institutions soit concerné par l’interdiction encore timide de fumer dans certains lieux publics actuellement en vigueur. Mais la C3T veut aller plus loin. Il est question de mettre en œuvre une véritable loi qui permettrait de matérialiser la vision «Cameroun sans maladies et sans décès liés au tabac».


Dieudonné : héros national au Cameroun

Dieudonné M’bala M’bala. Vous connaissez ? Si oui, sachez qu’il est actuellement au Cameroun. Pas pour un spectacle, mais pour se reposer.

L'inventeur de la fameuse quenelle croqué par les internautes camerounais (c) Thierry Ngongang
L’inventeur de la fameuse quenelle croqué par les internautes camerounais (c) Thierry Ngongang

La fin d’année 2013 et janvier 2014 n’ont pas été de tout repos pour l’humoriste français d’origine camerounaise. Entre les accusations pour antisémitisme et l’interdiction de ses spectacles par le gouvernement, Dieudonné n’a pas pu faire sa traditionnelle visite à ses proches en fin d’année. Lors de ses précédentes visites, l’homme de 48 ans arrivait au pays comme tous les Camerounais vivant en Europe. Un peu incognito du grand et paisible public que nous sommes. Mais depuis que le fisc français l’accuse d’évasion fiscale vers le Cameroun, le pays d’origine de son père,  l’opinion a  été conquise par ce Robin des bois des temps modernes. Qui est donc ce Dieudonné qui prend de l’argent aux Français pour investir dans le pays ? D’habitude, le chemin de l’argent et des richesses prend le chemin inverse. Du Cameroun vers la France et autres paradis fiscaux. Les Camerounais avaient déjà commencé à perdre espoir sur l’attractivité économique du pays.

Dieudonné
L’humoriste Dieudonné à sa descente d’avion à l’aéroport de Douala

C’est vrai que personne n’a vu l’ombre des 400 000 euros – 262 millions de francs Cfa– que Dieudonné aurait transféré à sa société Ewondo Corp. Mais c’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ?  Sans pour autant être un feyman comme il a pu en exister au début des années 1990, Dieudonné jouit de la popularité de ceux qui essaient de rééquilibrer la balance en faveur des pauvres.

L’homme est arrivé dimanche 9 février à Douala, le sourire aux lèvres. Fier de se retrouver dans son élément et loin de la polémique que son récent spectacle a provoquée en France. Ici, il sait qu’on ne lui fera pas de procès d’intention, qu’il ne subira pas un ostracisme se fondant sur le « un poids, deux mesures », sur l’amalgame.

Pour couronner l’ensemble de son œuvre, les télévisions nationales se sont déplacées pour l’accueillir dès sa descente d’aéroport. Comme sur la photo avec le reporter de STV, M. M’bala n’a pas boudé son plaisir. En un mois, le halo des médias français anti-Dieudonné a fini par en faire un sujet d’actualité. Et la magie du net fait que les soutiens les plus actifs de Dieudonné ont aussi été les Camerounais. Tout au long du mois de janvier 2014, de nombreuses personnes ont découvert pour la première fois le visage de l’humoriste qui, soit dit en passant, n’a jamais fait un seul spectacle au pays. Toute chose qui ne saurait tarder puisqu’il y a désormais un public d’aficionados sur place.


A Yaoundé, après les fêtes les éboueurs font grève

Les ordures s’entassent dans la capitale camerounaise. Les éboueurs ont rangé leurs gants depuis le début de la semaine. ils se plaignent de n’avoir pas été payés lors du mois de décembre 2013. Des sources proches de la direction relativisent cette version.

Côté salubrité, l’annéHysacame commence bien mal à Yaoundé. Certaines rues du centre-ville de la capitale sont méconnaissables. Des tas d’ordures s’amoncellent depuis quelques jours. Au lendemain du Jour de l’An, ce n’est pas vraiment la fête.
Le constat est simple, les rues ne sont plus balayées comme d’habitude. Les éboueurs de la société Hygiène et Salubrité du Cameroun ( Hysacam) chargée du ramassage des ordures à Yaoundé et dans le reste des centres urbains du pays ont rangé leurs gants depuis le début de la semaine. Ils accusent la direction générale de ne pas tenir ses engagements salariaux. Plus exactement, révèle une source proche de la direction, il s’agit de primes spéciales que cette catégorie de travailleurs a l’habitude de toucher chaque fin d’année.

Le malaise qui couvait depuis la mi-décembre est allé agrandissant au fur et à mesure que la semaine des fêtes de fin d’année s’approchaient. Après la Noël, les éboueurs ont décidé de passer à l’action. Le 31 décembre 2013, ils ont pris d’assaut l’agence régionale de Yaoundé, barricadant l’entrée et séquestrant les responsables encore présents. Selon des sources proches de l’entreprise, certains cadres ont dû passer la nuit de la St-Sylvestre dans leurs bureaux.

La situation est loin de s’apaiser ce 2 janvier 2014. Les journalistes venus s’enquérir de la situation sont tenus à distance par les équipes en charge de la communication. Mais des informations non officielles font état de négociations entre le patronat et les salariés. L’objectif en est bien évidemment la levée du mot d’ordre de grève et la reprise du travail dans la sérénité en 2014. Pour la main-d’œuvre cependant, la reprise ne peut être possible que si les revendications sont prises en compte et soldées toutes affaires cessantes. En souvenir de la journée du 31 décembre, une partie de l’équipe des cadres a préféré faire la grasse matinée ou carrément rester chez elle en cette première journée ouvrable de l’année, en attendant que les tensions s’apaisent.

L’année 2013 s’achève donc pour Hysacam à l’image de ce qu’elle a été en définitive. En mai dernier, une grève de même nature avait été déclarée à Ebolowa dans le sud du pays. Les grévistes réclamaient là encore le paiement de deux mois d’arriéré de salaire ainsi que neuf mois d’arriéré de prime de savon.

Ce texte a également été publié ici.

 


Rétrospective : putain ! que cette année était bonne

Alors que l’année 2013 s’en va, je souhaite (sur invitation d’un célèbre mondoblogueur) revenir sur quelques faits qui m’ont marqué ces douze derniers mois. Désolé, je n’en ai que cinq et ils parlent de moi.

William Bayiha

1-      C’est obligé, je dois commencer par la naissance de ma fille il y a près de trois mois. Désolé pour ceux qui l’apprennent seulement maintenant. Les grandes joies ne sont-elles pas muettes ? Qu’elle est belle Seigneur, qu’elle est belle !

2-      Il y a ensuite Dakar ! Putain, c’était carrément démentiel. Une soixantaine de mecs et de meufs venus de partout. Afrique, Europe, Amérique, Caraïbes – je me répète ?!… Bref de partout. Dix jours de rencontres époustouflantes, de la bonne humeur, de la gueule. Et puis tout ce qu’on a appris ! Un souvenir éternel.

3-      Des débats passionnants sur cette plateforme même. Le sujet qui m’a divisé avec une partie de mes lecteurs – mondoblogueurs ou pas : la question du mariage homosexuel. Personne n’a réussi à persuader l’autre. Etait-ce seulement l’objectif ? Le plus important reste de partager, n’est-ce pas ? La preuve que les idées et les arguments peuvent encore être un recours crédible face à la violence des convictions.

4-      Au quotidien, j’ai continué à faire un peu plus du journalisme mon métier. C’est dur, mais je me suis accroché jusqu’ici. J’ai fait quelques premières pages, révélé quelques informations exclusives, mené quelques enquêtes et grossi un peu plus mon carnet d’adresses. Je me suis toujours persuadé qu’un bon journaliste c’est celui qui continue à être professionnel même dans l’adversité.

5-      J’ai fait un accident en fin août 2013. Normalement, je devais m’en plaindre, mais non, j’en suis plutôt fier. J’en suis sorti vivant et sans rien de plus que quelques égratignures, une stressante évacuation en ambulance, et une grosse frayeur. Je reste persuadé qu’on n’est pas courageux si on n’a pas eu peur de sa vie. Le courage n’est-il pas la peur d’avoir peur ?