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Economie : Le Benin (re)découvre un peu de pétrole

Du pétrole, un bol de pétrole. En cela, le Bénin renoue avec son passé de modeste exportateur de pétrole. 87 millions de Barils escomptés à raison de 7500 Barils / jour et ce pendant quatorze ans paraît en effet assez modeste comme découverte.

Quand bien même, cela ferait quelques milliards de francs CFA de plus pour le budget national, les béninois semblent assez peu enthousiastes.

L’or noir rimant le plus souvent avec malheur en Afrique à quelques exceptions près, les béninois sont plus que dubitatifs sur les conséquences de cette découverte. Toutes les craintes sont de sortie : déstabilisation, insécurité, guerre………..

La mauvaise gestion ambiante érigée en règle d’or des entreprises d’Etat n’aide pas à plus d’optimisme.

Cependant, cette trouvaille a eu le mérite de galvaniser quelque peu les porte-voix du régime. On est reparti pour un tour de manège.

Pendant ce temps,  les réformes économiques majeures se font attendre. Ce que surligne encore un peu plus le dernier rapport du  Doing Business qui classe le Benin  à la 175ème  place sur 183 pays notés. Pas de grands changements en somme.

L’économie béninoise, c’est une économie en grande partie  basée sur la réexportation vers le Nigéria et les pays de l’hinterland. L’informel tient une place prépondérante dans ce schéma qui dure depuis plus d’une trentaine d’années.

Au final, l’exemple du Nigéria tend à prouver que ce qui compte n’est pas tant de découvrir telle ou telle autre  quantité de pétrole ou de minerais  mais l’environnement économique crée autour  afin de tirer  le meilleur parti de leur exploitation.


Et si Yayi Boni avait tout compris ?

La personnalité versatile du locataire du palais de la Marina interpelle, intrigue et irrite. Mais c’est encore plus  frappant d’observer à quel point le microcosme politique  s’est polarisé autour d’un seul nom. Tout se fait et se défait autour de ce personnage.

Scandez « Yayi boni » et vous serez sauvé ! Pour s’en rendre compte, il suffit de prendre en exemple la pléthore de ministres issus du dernier remaniement gouvernemental. Tous rivalisent  d’inventivité dans l’organisation de messes d’action de grâce, de prières et autres marches de remerciements. Cela semble s’apparenter à un passage obligé pour tout nouveau collaborateur du chef de l’Etat.

On remercie et on prie pour le chef. On prend à témoin les membres de sa région natale, de son ethnie. Si le référent identitaire n’a jamais été loin de la chose politique au Bénin, Yayi Boni a  poussé le vice au maximum. Le tout noyé dans une dialectique manichéenne  du « Bien et du  Mal ». Le Mal bien évidemment, pour décrire  les « autres » ! Les opposants, les syndicalistes, les avocats, les vendeurs d’essence de contrebande, les opérateurs économiques locaux  …….

Aussi  la référence religieuse n’est-elle jamais de trop quand il s’agit de requérir l’adhésion de la masse. L’imaginaire collectif des Béninois s’y prête déjà assez bien. Si en plus, le chef de l’Etat a accepté Jésus comme seigneur et sauveur et que bon nombre de pasteurs évangéliques peuvent en témoigner, pourquoi s’en méfier ? Les imams aussi ne sont jamais les derniers quand il faut apporter au sauveur de la Nation une onction protectrice. Seule l’Eglise catholique se retient quelque peu ces derniers temps.

D’ailleurs ni l’actuelle campagne autour de la révision constitutionnelle ni celle autour de la vulgarisation du Ramu (Régime d’assurance maladie universelle) n’échappent au même mode d’emploi. La manoeuvre est retraduite au petit peuple, celui des villages et des campagnes comme une croisade morale. Et face à ce cavalier seul, l’opposition cherche toujours la parade !