Pangabou Paterne ZOMBRA

Situation politique au Burkina: j’ai peur pour mon pays

          La classe politique burkinabé est divisée sur les questions de révision de l’article 37 de la constitution et de mise en place du sénat. Rappelons-le, la révision de l’article 37 permettrait au président Blaise Compaoré de briguer un énième mandat. Les burkinabé sont divisés entre pro et anti-référendum, pro et anti-Blaise. Mais j’avais espoir. Espoir que les leaders politiques ne tiennent compte que de l’intérêt de la nation. Espoir que la crise politique ne s’enliserait pas. J’avais espoir…

Les manifestants ont perturber la circulation sur le pont Martin Luther King
Les manifestants ont perturber la circulation sur le pont Martin Luther King; crédit photo: Zombra Paterne

 

Hier, alors que je rentrais chez moi,

Je vis qu’elle était bloquée la voie,

Barrée par une foule de manifestants

Venus exprimer leur mécontentement.

Ils en avaient après notre chef d’Etat

Qui n’entend pas céder sa place.

Je vis ces personnes qui manifestaient

Et je su qu’elle est si fragile la paix.

Au début mon président avait promis

Ne pas aimer le pouvoir à vie.

A-t-il a changé d’avis? Eh bien  soit!

Continuer à le soutenir aussi est un droit.

Nous, le peuple, sommes divisés.

Alors mon président, inutile d’insister

Pour se maintenir au pouvoir

Au risque de compromettre la paix sociale.

En tant qu’homme fort et grand homme,

Mon président doit préserver

Les valeurs démocratiques

Acquises sous son règne.

Président Compaoré,

Vivement qu’un de ces jours,

Nous soyons fiers d’écouter votre histoire

Relatée par Alain Foka!

De menace en menace, je crains qu'on ne s'en sorte;  crédit photo: Zombra Paterne
De menace en menace, je crains qu’on ne s’en sorte; crédit photo: Zombra Paterne


Rentrée scolaire à Ouagadougou, un vrai casse-tête

          J’étais entrain de réfléchir à un sujet pour le premier article de mon blog quand ma sœur arriva à la maison. D’où venait-elle? Eh bien de son lycée, un lycée privé. Le 1er octobre c’était la rentrée des classes. Plus besoin de chercher, le sujet était tout trouvé!

L'entrée principale du Noble Zinda
L’entrée principale du Noble Zinda

D’ABORD, OBTENIR UNE PLACE POUR SON ÉLÈVE

          La première étape pour le parent d’élève désireux d’inscrire son enfant à l’école, est de lui trouver une place dans un établissement public (cela n’est vrai que pour le burkinabé moyen, les plus nantis préfèrent les établissements privés). En principe, un dossier de demande d’inscription suffit à résoudre le problème (parce que c’en est véritablement un!). Mais en pratique, ce n’est pas toujours aussi simple… même quand l’élève a un bulletin de notes respectable.

          Comme dans tout service ou toute institution du pays, à l’école, ça compte aussi les “bras-longs”. Certains vous parlerons de «relations», de “contacts” ou de “parents”, c’est selon. Moyennant une contrepartie, de l’argent en général, votre contact jouera de toute son influence pour faire pencher la balance en faveur de l’admission de votre enfant. Si vous n’avez pas le bras-long, renseignez-vous, des professeurs et surveillants “vendent des places”. Il se raconte que ces derniers ont deux places garanties au sein de leur lycée d’affectation. Quand Monsieur le Professeur n’en a pas besoin, il la revend. À combien? Monsieur le Parent d’élève pourrait bien débourser 50 000 FCFA pour cela! C’est 4 fois la scolarité d’un ancien élève dans un lycée public et l’équivalent de celui d’un nouveau. Le marché ainsi conclu, le parent devra en plus s’acquitter bien évidemment des frais de scolarité.

PARLONS-EN JUSTEMENT, LES FRAIS DE SCOLARITÉ

          À ce propos, les options manquent à l’appel. Prêts pour tout le monde ou presque ;-). Les frais de scolarité dans les lycées publics sont abordables à mon sens. La situation est toute autre dans les lycées privés: au moins 60000 F pour le premier cycle et 100000 F pour le second en général . Tout dépend de l’établissement puisque dans le secteur privé, l’éducation c’est du business !

UN MOT SUR LA COMPOSITION DES FRAIS DE SCOLARITÉ

          Les frais d’A.P.E. (Association des Parents d’Élèves): 5000 F. Un de mes professeurs de Philosophie me disait qu’on est libre de ne pas les payer puisqu’il s’agit d’une association. Et à une association on est libre de ne pas adhérer n’est-ce-pas? Mais essayer de payer vos frais sans la cotisation A.P.E. et vous verrez la réaction du caissier! Si vous n’êtes pas au vent des réalités du système éducatif du pays, sachez qu’elles ne font pas grand chose ces associations: une réunion en début d’année pour élire le bureau et une autre des années plus tard pour le renouveler et faire un bilan de pure formalité!

          Les frais de bibliothèque. Triste constat: les élèves se retrouvent trop souvent avec seulement la moitié des manuels scolaires. Ceux qui manquent sont les plus importants: Mathématiques, Physique-Chimie, Français.

          La tenue scolaire dans les établissements privés est généralement personnalisée. Elle n’est donc pas disponible dans la commerce et est obligatoire. Le souci c’est que le tissu qui sert à la confection de la tenue est de mauvaise qualité aux dires des connaisseuses, nos mères.

         Les incontournables frais de rames de papier ! Deux rames par élève et 3500 F par rame dans certains lycées. Sur le campus de l’Université de Ouagadougou elle coûte 2200 F! Les responsables des établissements justifient ces frais comme étant une contribution aux frais d’impression des devoirs, exercices… Soit mais on paye le prix de 1000 feuilles blanches pour n’en utiliser souvent que 300 au maximum! Moi je trouve ça un tout petit peu exagéré. Là encore, proposez au caissier d’apporter vous-même les deux rames de papier plutôt que de leur en verser le prix supposé. Vous verrez de vous-même!

          Vous comprenez maintenant pourquoi je vous disais que le secteur privé fait de l’éducation un moyen d’enrichissement ? Dire que l’État a démissionné de son rôle en matière d’enseignement est un peu exagéré certes. Mais on comprend aisément pourquoi les écoles maternelles, primaires, secondaires et supérieures fleurissent à Ouagadougou. Heureusement qu’il y en existent qui sont de qualité.