AGBADJE Adébayo Babatoundé Charles A. Q.

Démocraties africaines entre Hommes forts et institutions fortes

prestation serment Bouteflicat

Au Bénin, les élections communales, municipales et locales, prévues selon la Constitution pour mars 2013, sont reportées et la Cour Constitutionnelle assure « qu’il n’y a pas violation de la Constitution ». Cet avis de la Cour donne carte blanche au gouvernement du président Boni Yayi pour organiser les élections locales quand bon lui semblera et fragilise plutôt la démocratie béninoise. Ce paradoxe institutionnel offre l’occasion de partager quelques réflexions sur  les démocraties  africaines qui ont du mal à trouver leur marque entre Homme fort et institutions fortes.

Un avis polémique de la Cour constitutionnelle du Bénin

 

Depuis juin 2013, le mandat des conseils communaux, municipaux et des conseils de village et de quartier de ville sont arrivés à leur terme. Les élections communales, municipales et locales pour renouveler ces instances sont reportées sine die. En cause, la correction de la Liste Électorale Permanente Informatisée (LEPI) qui n’en fini pas d’aboutir. Mais, au lieu de mettre la pression sur le gouvernement pour la tenue, à bonne date, des élections, pour la Cour Constitutionnelle Béninoise, « il n’y a pas violation de la Constitution » par le gouvernement et le COS-LEPI.

Les décisions de la Cour étant sans appel, la correction de la LEPI peut prendre tout  le temps que possible et les élections locales retardées autant qu’il se peut, il n’y pas de faute et donc pas de coupable.

 La Cour Constitutionnelle béninoise est-elle consciente des risques associés à sa décision et du péril potentiel qu’elle représente pour la démocratie béninoise ?

Cette décision est-elle fortuite ou procède-t-elle d’une stratégie de monopolisation du pouvoir ?

Le sens réel d’une telle décision ? La Cour seule saura le dire. Mais, de toute évidence, elle fait la part belle à l’exécutif et à son chef, le président de la République. De ce point de vue, elle vient compléter la longue listes des incohérences, voire des absurdités qui caractérisent les Cours constitutionnelles africaines et qui discréditent les institutions démocratiques sur le continent.

Une situation récurrente sur le continent

 

On se souvient, en Côte d’Ivoire en 2010-2011, le président du Conseil constitutionnel ivoirien, Paul Yao N’Dré est, à sa manière, l’homme par qui le scandale est arrivé. C’est lui qui, en décembre 2010, a validé la victoire du président Laurent Gbagbo avec 51,45% des suffrages à l’issue du scrutin.

Selon les résultats publiés par la Commission électorale indépendante (CEI) et certifiés par les Nations unies, Alassane Ouattara l’emportait pourtant avec 54,1% des voix.

La crise durera cinq mois et fera 3 248 victimes. Après la crise, le même Paul Yao N’Dré va se dédire et proclamer Alassane Ouattara vainqueur de ces mêmes élections le 5 mai 2011.

Au Sénégal, après deux mandats et à 82 ans passés, le président Wade se déclare encore candidat aux élections de 2012 pour un deuxième mandat sous l’empire de la Constitution 2001 instituant le quinquennat. Les manifestations et contre manifestations, les avis et contre avis d’experts, les plaidoyers et réquisitoires des hommes politiques, de la société civile et des médias n’ont pas pu empêcher la validation de sa candidature pour briguer un troisième mandat qui n’en serait qu’un deuxième pour lui et le Conseil Constitutionnel.

Seule la mobilisation du peuple a permis son éviction du pouvoir par la voix des urnes.

Au Kenya à l’occasion des élections présidentielles de décembre 2007, tous les sondages réalisés avant le scrutin donnaient ODINGA vainqueur devant KIBAKI. Si le résultat des urnes confirmait ces sondages, ces élections consacreraient la maturité de la démocratie kenyane. Après le dépouillement des trois quarts des voix, le candidat ODINGA dépassait le président KIBAKI de quelques milliers de voix. Puis patatras, pour quelle raison on ne sait trop, les publications furent suspendues. Quand elles reprirent quelques jours plus tard, KIBAKI dépassait désormais ODINGA de 200 000 voix. Il sera déclaré vainqueur et la même nuit, devant quelques fidèles, il prêta serment pour mettre tout le monde devant le fait accompli et fermer la voie à quelques formes de recours légales. La protestation électorale engendrée va très tôt se muer en affrontement inter ethnique et en violence politique qui feront au total 1500 morts et près de 300000 déplacés.

Les assemblées et parlements africains qui sont la clé de voûte des institutions démocratiques n’inspirent, pour ainsi dire, aucune confiance aux peuples africains. Ils ne sont souvent que des chambres d’enregistrement de l’exécutif et même les membres des institutions de régulation notamment des Conseils ou Cours constitutionnelles qui ont tout pour assumer leur indépendance, l’aliènent au profit des Hommes forts.

Le paradoxe de l’œuf et de la poule

Comme on le voit, le discrédit qui pèse sur les institutions démocratiques africaines est plutôt légendaire, une situation  si préoccupante que le président américain Barack OBAMA, a fortement thématisé cette question lors de  son adresse au continent africain   face aux parlementaires ghanéens  à Accra  en juillet 2009.  « Ce ne seront pas de grandes personnalités telles Nkrumah et Kenyatta qui décideront du destin de L’Afrique. Ce sera vous, les hommes et les femmes du parlement ghanéen et le peuple que vous représentez. […]  L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions », dira-t-il en substance.

Mais, la problématique entre institution forte ou homme fort  en Afrique rappelle bien le paradoxe de l’oeuf et la poule « Qu’est-ce qui est apparu en premier : l’œuf où la poule ? »

Dans le cadre de démocratie africaines, entre l’Homme fort et les institutions fortes, lequel a engendré ou doit engendrer l’autre ?

Le fait est que au début des années 90, tous les anciens « Hommes forts » de l’époque post colonial ont été évincés et des institutions démocratiques fortes ont vu le jour dans presque tous les pays du continent. Or, actuellement, dans presque tous ces pays on trouve des Hommes forts et plus d’institutions fortes. Mais, quoi qu’on dise, tous ces Hommes forts incarnent une institution démocratique qu’ils sont parvenus à rendre plus forte par rapport aux autres. La question revient à savoir, comment en est-on arrivé là ?

En réalité, toutes les institutions démocratiques africaines sont formatées sur les modèles des démocraties occidentales. Elles ont donc toutes à la base une assise juridique forte qui respecte la séparation des pouvoirs. Pourtant dans les faits, la séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires n’est que factice. Mais, pour un observateur avisé, les dysfonctionnements et frustrations majeurs unanimement stigmatisés par les africains eux-mêmes dans les  pratiques démocratiques, ne proviennent pas du déficit de dispositions légales ou de principes dans les domaines en question, mais plutôt de la non application ou d’une application partiale des dispositions légales dans les domaines concernés. C’est donc la mise en œuvre des textes de lois qui organisent les institutions qui est viciée par les affinités diverses et engendre le mythe de « l’Homme fort ». Par leur défaillance, les institutions démocratiques ont permis l’émergence des Hommes forts. Ces derniers devenus forts formatent les institutions à leurs solde. Les Hommes forts du continent ne tirent donc profit que des défaillances et insuffisances du petit peuple. Comme quoi c’est un cercle vicieux qui s’auto entretient.

Le hic en Afrique est que toutes institutions démocratiques ne sont pas logées à la même enseigne ou plus précisément, toutes ne veulent ou ne parviennent pas à s’approprier leur pouvoir. Le fait est que de toutes les institutions démocratiques, l’institution présidentielle est la privilégiée des privilégiés, la favorite. Elle chapeaute toutes les autres institutions de la république et cristallise toutes les loyautés. Elle n’est, en pratique, limitée par aucune autre institution, mais directement ou indirectement, elle contrôle la mise en place de toutes les autres qui d’une manière ou d’une autre lui font allégeance.

A nation forte, institutions fortes

 

La démocratie n’est pas un slogan, mais un concept concrétisé par des règles et principes qui ne s’accommodent pas de tricheries. En conséquence, elle ne vaut que ce que valent les hommes qui en font l’usage. C’est un système représentatif dans lequel le pouvoir du peuple est incarné par des institutions animées par les représentants du peuple et dont le fonctionnement et la régulation sont régis par les lois également votées par le peuple tout entier ou ses représentants.

Par essence, les institutions ont pour mission de palier les insuffisances humaines, par leur existence donc, les  institutions démocratiques encadrent le pouvoir du peuple pour éviter les abus et dérapages liés à l’exercice du pouvoir. Par ailleurs,  il est dans l’ordre des choses que tous ceux qui ont le pouvoir ont tendance à en abuser. Il revient donc à chaque institution à veiller à la sauvegarde de ses prérogatives et c’est sans doute à ce niveau que les institutions africaines pèchent. Les nombreuses accointances et liaisons incestueuses entre elles ne sont pas en faveur  du respect des libertés individuelles et l’égalité des chances pour dégager et mettre en œuvre le suffrage majoritaire.  Le bon fonctionnement des institutions démocratiques est donc capital et constitue une condition  sine qua non  pour  l’alternance qui assure la vigueur et la pertinence du processus démocratique.

L’intérêt collectif est garanti non par la volonté d’un homme, mais par la force des institutions qui gèrent la société et la force des institutions réside dans l’équilibre des forces sociopolitique qui les compose afin que les institutions se limitent les unes les autres. Ceci exige que de façon consensuelle soit mise en place des institutions à l’intérieur des quelles les rapports de force majorité-opposition-société civile soient équilibrés ce qui leur confère une transparence et une impartialité qui forcent les uns et les autres à jouer franc jeu pour le salut collectif.

Chaque peuple a les dirigeants qu’il mérite et de ce point de vue, ce ne sont pas les Hommes forts africains qui posent problème, mais les peuples africains qui ensemble appellent de leurs vœux le changement et dans le même temps se laissent séduire par les considérations ethniques, religieuses, régionales  ou autres futilités pour soutenir ou cautionner des options qui ne permettent pas à la majorité de sortir de l’ornière

Pour chaque nation, la démocratie est une valeur cardinale et comme tout ce qui est précieux, elle a un prix qu’il faut consentir pour en espérer les bénéfices. C’est un  système représentatif  dont le moteur est le consentement éclairé du peuple. Mais pour avoir la clairvoyance, il faut être éduqué, instruits. De ce fait, la démocratie est dénuée de sens si tous les citoyens ne sont pas instruits pour désigner valablement leurs représentants dans le débat politique. Il faut donc favoriser l’instruction et l’alphabétisation du plus grand nombre pour optimiser le processus. Un peuple éduqué forme une nation forte qui elle génère forcément des institutions fortes.


Top 10 des polygames africains célèbres

C’est un lieu commun de dire que les africains sont polygames. Pourtant, ici aussi, les polygames hors paires sont célèbres et célébrés.

En Afrique, la polygamie est autorisée soit en vertu du droit coutumier, soit en vertu de la charia (lois religieuses musulmanes). Jusqu’à une époque récente, les familles monogamiques étaient l’exception qui confirmait la règle.

Pourtant à partir de trois épouses ici aussi, la réputation du polygame devient remarquable et il devient une référence en la matière.

A travers le continent, ces identités remarquables sont célébrées et la palme d’or de ce curieux challenge revient incontestablement au kényan Acentus Akuku, alias « Danger ».

Acentus Akuku

 Très bel homme,  charmeur et bon gestionnaire, il avait tout pour réussir dans ce créneau.  Son « odyssée polygame » avait commencé par un premier mariage en 1939. Il avait alors 23 ans et, au cours de son existence, il a renouvelé cet acte 130 fois, eut près de 300 enfants et divorça de 85 de ses épouses, pour la simple et bonne raison qu’elles avaient été infidèles.

 « Je ne peux pas tolérer de leur part une conduite à risque, c’est ma vie qu’elles mettent en péril !, affirmait-il très sérieusement. En temps de sida, je me dois d’être très strict sur le comportement de chacune ».  

A vous de juger…

Joséphine, sa dernière femme, épousée en 1997 alors qu’il avait 81 ans, était, elle, âgée de 18 ans ! Pour Joséphine : »Il était bien meilleur mari que les autres jeunes hommes qui semblent forts mais ne sont en fait que des drogués. »

Véritable légende, il était écouté, consulté et respecté et sa réputation dépassait les frontières de son Kenya natal.  Il est mort le 02 OCTOBRE 2010 à 94 ans.

Sur la deuxième marche de ce challenge, on trouve  le roi Sobhuza II de Swaziland qui represente ici les monarques et patriarches africains mariés à un nombre indéfiniment élevé de femmes.

le roi Sobhuza II de swaziland

Il fut chef suprême (1921-1968) puis premier roi du Swaziland (1968-1982). Il entretint la pratique tribale de la polygamie. D’après le Swaziland National Trust Commission, il se maria à 70 reprises et eut 210 enfants (une trentaine morts en bas-âge) entre 1920 et 1970. Environ une centaine de ses enfants étaient encore vivants en juillet 2000.

Sur la troisième marche du podium saluons le géant du saxophone nigérian Fela Ransom Kuti.

Après plusieurs démêlés avec la police de son pays, il s’exila au Ghana. Il en est chassé l’année suivante pour avoir soutenu une violente manifestation d’étudiants qui ont trouvé en sa chanson: « Zombie, oh zombie… » leur cri de ralliement contre la junte du dictateur ghanéen.

De retour au pays, il épouse les vingt-sept femmes de son groupe et se remarie avec sa première épouse.  Chapeau l’artiste.

fela-ransome-kuti

Sur la quatrième marche  de ce palmarès, j’appelle sa Majesté Mswati III, roi de Swaziland.

Sa Majesté  Mswati III, roi de  Swaziland

67e fils du roi Sobhuza II, il est à  l’image de son père et collectionne les femmes et les voitures de luxe.

En février 2014, il a dévoilé l’identité de sa 15e fiancée, une jeune fille de 18 ans nommée Sindiswa  Dlamini et candidate à un concours de beauté. Selon le journal « Times of Swaziland », la jeune fille a été choisie par le roi en personne lors d’une cérémonie de danse traditionnelle organisée en son honneur.

Le top 5 de ce challenge, je le dédie au Béninois Salomon Biokou, le grand sage de la ville de Porto-Novo. Il représente pour moi, tous les nombreux polygames mariés à un nombre de femmes compris entre 10 et 15 femmes.

Salomon Biokou

 Incontestablement, Papa Salomon compte parmi les personnes qui ont le plus marqué la ville de Porto-Novo, la capitale politique du Bénin. Premier-adjoint du premier maire de la ville pendant des décennies, cet ancien instituteur  est tenu en grande estime par les porto-noviens. A sa mort, le 02 octobre 2008, Papa Salomon a 46 enfants et a connu 13 femmes dans sa vie. 

Je salue au passage la mémoire de son fils Sébastien Sourou Biokou avec qui j’ai partagé tant et tant de choses. 

Le top 6 revient à un Africain exceptionnel. Il s’agit du président sud-africain Jacob Zuma qui représente dans ce palmarès, les polygames mariés à un nombre de femmes compris entre 5 et 10 femmes.

Jacob Zuma est ses épouses

Quatre épouses, un divorce, un veuvage et 21 enfants, le président zuma a été marié a l’actuelle présidente de la commission de l’Union africaine et ancienne ministre des Affaires étrangères de l’Afrique du Sud Nkosazana Dlamini-Zuma, jusqu’à leur divorce en 1998.

Au top 7 de ce palmarès, saluons la mémoire du nigérian Uroko Onoja. Marié à 6 femmes, il a été forcé par ses six épouses d’accomplir son devoir conjugal. Il est tombé sur le champ d’honneur.

Uroko Onoja polygame nigerian violé par ses six épouses

Il Ignorait la collusion entre ses six épouses, pendant son absence, pour l´obliger á avoir des rapports sexuels avec chacune d´elles, par ordre décroissant. A son retour il fonce chez la plus jeune et les 5 autres envahissent la chambre. Il succomba au cours de sa mission conjugale.  RIP Uroko.

Le top 8 revient au polygame classique, celui qui a entre deux et quatre femmes, tel que le recommande d’ailleurs les préceptes de l’Islam et comme on le rencontre couramment dans les campagnes africaines. Il est ici symbolisé par ce polygame inconnu ou plutôt  trop connu de moi puisqu’il n’est nul autre que mon propre père.

Cyprien Agbadje (2)

Ici avec ma mère en 1950 ;

il a renouvelé cet acte 4 fois

Le top 9 de ce challenge revient aux polygames fantasques représentés ici par le président Mobutu.

Mobutu avec ses 2 femmes jumelles (Bobi à gauche et Kosia à gauche)

Mobutu, alors président du Zaïre, avait célébré son mariage en 1980 avec Bobi Ladawa, l’une de ses ex-maîtresses, peu avant la visite du Pape. Puis  quelques temps après, il fait de sa sœur jumelle Kosia son autre compagne. Curieux non ?

Le top 10 c’est le polygame sériel ou le polygame de fait. Le divorce étant partout légal et le remariage aussi, on observe de « de fait » une polygamie « sérielle » ou « successive » rampante.

Au regard de l’évolution des différentes sociétés en Afrique et partout au monde, au rythme où les mariages se font, se défont et se refont, on peut dire que tous les hommes et toute les femmes sont menacés d’y passer. Le top 10 c’est moi, c’est vous et si ce n’est vous, c’est donc votre frère. Serai heureux de connaitre l’avis des et des autres sur cet aspect de la question. Merci


En Afrique, polygames nous sommes, polygames resterons-nous ad vitam ?

 Polygamy women niger

Les députés kényans ont voté le jeudi 20 mars 2014, une loi permettant aux hommes d’épouser autant de femmes qu’ils le souhaitent, sans avoir à en informer leur première épouse. Cette loi très controversée dans ce pays chrétien a été promulguée par le président de la République du Kenya, Uhuru Kenyatta le 29 avril 2013. L’entrée en vigueur de cette loi au Kenya donne l’occasion de revisiter la question de la polygamie en Afrique pour sonder les tendances sur le continent et les évolutions possibles.

« C’est l’Afrique !»

Quand il s’agit de leur salaire ou de leur petit confort, les députés kényans nous ont habitués à oublier les appartenances politiques et faire bloc pour défendre leurs intérêts. Une fois encore la preuve en est faite le jeudi 20 mars passé lors du vote sur la polygamie. A l’origine, le texte donnait la possibilité aux épouses de s’opposer à une décision de leur mari d’épouser plusieurs femmes. Mais faisant cause commune au-delà des chapelles politiques, les députés kényans hommes ont une fois encore eu gain de cause. La loi votée n’offre aucune possibilité aux premières épouses d’avoir voix au chapitre. Et puisqu’il faut motiver une telle option qu’on pourrait assimiler à du machisme primaire de la part des députés hommes, l’habillage traditionnel a été le motif idéal qui justifie tout. « Quand vous épousez une femme africaine, elle doit savoir que la deuxième va suivre, puis la troisième (…). C’est l’Afrique », a expliqué devant la Chambre l’un de ces élus, Junet Mohammed, cité par Capital FM. Ainsi c’est au nom des traditions africaines que cette loi a été votée.

Cette nouvelle loi formalise donc en droit les lois coutumières kényanes et légalise la polygamie, que la femme y consente ou non. Naturellement, les députés kényans n’ont pas eu la tâche difficile. Ils savent que la polygamie est une pratique plutôt commune en Afrique. Elle rassemble les hommes, divise les femmes et ne laisse pas insensibles certains hommes en Occident à cause de la flexibilité qu’elle offre par rapport à la monogamie. Les députés kényans n’ont donc fait que défoncer une porte ouverte. Et c’est bien ça qui gène.

Bien entendu, la pratique de la polygamie existe à divers degrés dans la plupart des sociétés y compris dans les pays qui l’interdisent. En Afrique, la polygamie est autorisée soit en vertu du droit coutumier, soit en vertu de la charia (lois religieuses musulmanes). Et pour plusieurs raisons la pratique s’auto-entretient malgré les multiples controverses qu’elle soulève.

Primo, les religions endogènes et l’islam autorisent la pratique qui est devenue presque une coutume sous nos latitudes.

Secundo, le sexe fort, on le sait, a bien souvent une libido involontairement débordante. Une institution sociale qui lui permet de satisfaire ce  » défaut de fabrication  » est entretenue et défendue contre vents et marées.

Tertio, dans le ratio homme-femme, la gent féminine domine dans plus d’une société africaine et plusieurs femmes sont menacées de coiffer la Sainte-Catherine. Si donc un homme peut en caser deux ou plus, c’est un service rendu à la société d’où la réaction mitigée des femmes face à la pratique. En effet, l’honneur chez la plupart des femmes africaines est de revendiquer le statut matrimonial “mariée“ et à défaut d’avoir un homme à elles seules, plusieurs ne rechignent pas à partager un même mari, ce qui explique que des femmes, surtout parmi les instruites, qui ont de tout temps abhorré la polygamie, se retrouvent elles-mêmes dans des ménages polygamiques d’où, l’ambivalence des femmes africaines sur la question.

Un manque total de vision      

Pour autant, le vote des députés kényans gène à plusieurs titres. Le devenir des sociétés africaines modernes se construit dans les Parlements où les élus du peuple sont censés donner du sens à nos vies en fixant une direction et en faisant partager à tous un même objectif, en termes d’amélioration de la qualité de vie de tous les membres de la société.

Face donc à un sujet aussi complexe que délicat comme la polygamie, on aurait souhaité des députés kényans une approche plus sérieuse que celle qu’ils ont eue le 20 mars passé. Même l’islam qui autorise la polygamie y impose des contraintes. Le prophète dans sa grande sagesse y a mis des conditions. « Si vous craignez d’être injustes pour les orphelins, épousez des femmes qui vous plaisent. Epousez, comme il vous plaira deux, trois ou quatre femmes. Mais si vous craignez de ne pas être équitables, prenez une seule femme. »  (Sourate 4 verset 3).

Comment comprendre qu’un millénaire et demi plus tard, des parlementaires africains, sur la même question, légifèrent par un blanc-seing, une polygamie sauvage, pour la simple raison que « c’est l’Afrique ». Faut-il comprendre que dans leur mentalité, l’Afrique est immuable, stationnaire, éternelle incapable de la moindre réforme sur une pratique attentatoire à la dignité de la femme et des enfants qui en résulte. Polygames nous sommes, polygames resterons-nous ad vitam aeternam ?

A mon sens, même si la loi ne va pas jusqu’à interdire la polygamie, comme c’est déjà le cas en Tunisie depuis 1957 et plus ou moins au Bénin depuis le nouveau Code des Personnes et de la Famille adoptée en 2004, on aurait souhaité qu’elle balise quelque peu le cadre juridique de sa mise en œuvre. Des contraintes auraient pu être trouvées pour minimiser les méfaits et les effets négatifs de la polygamie dans la famille et dans la société d’une part et d’autre part, pour garantir un relatif bien-être matériel pour les enfants issus de cette pratique, tant d’enfants naissant dans un dénuement sordide. Une approche qui aurait eu le mérite d’adapter quelque peu la pratique aux enjeux de la modernité et de la mondialisation dans l’intérêt des générations actuelles et futures.

Mais, pour les députés kényans, toutes ces considérations sont sans importance. Que dalle! Les méfaits et multiples répercussions de la polygamie sur les personnes et sur les sociétés africaines ne sont que des broutilles.

Quid des palabres interminables entre coépouses pour des futilités ?

Quid des rivalités fratricides entre frères de lits différents pour des broutilles ?

Quid des soucis financiers, de l’appauvrissement des maris et des tensions diverses dans les ménages polygames ?

Quid du boom démographique et de la dégradation de l’environnement engendrés par la polygamie ?

Comme on peut le constater, toutes ces questions n’ont pas de réponse simple, preuve que la problématique mérite un traitement plus avisé et plus approprié que la simple politique de l’autruche pratiquée par les députés kényans. Visiblement ils se trompent d’époque. Mais l’époque elle-même est à l’œuvre pour le leur faire comprendre.

Une évolution plutôt paradoxale

Selon les données sociologiques  disponibles, environ 85 % des sociétés africaines islamique ou animiste sont polygames de droit. Quand on observe la vigueur de la pratique dans certains pays comme le Sénégal où selon une enquête du magazine Elle, «environ 40 % des ménages sénégalais sont officiellement polygames, un chiffre qui serait même en dessous de la réalité, selon Moustapha Wone, sociologue à Dakar ». Face à une telle statistique, on pourrait penser que la pratique est en recrudescence sur l’ensemble du continent. Pourtant, dans les faits, la tendance est plutôt à son essoufflement.

Malgré le blanc-seing des députés kényans aux hommes, l’horizon de la polygamie n’est plus si radieux que ça sur le continent. Sur mon exemple personnel, j’observe que mon cher papa, comme la plupart des hommes de sa génération, est un bon polygame avec ses 5 femmes. Sur les 9 garçons que compte sa progéniture, ni mes aînés sexagénaires ni mes petits frères, tous au-delà de la trentaine, aucun de nous n’est polygame. Plus globalement, dans le grand cercle de mes amis et connaissances, il y a très peu de polygames. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette tendance s’impose de plus en plus dans les sociétés africaines modernes.

En effet, si jadis, la polygamie permettait aux hommes de multiplier leur revenu à cause des bras valides qu’elle fournit pour les travaux champêtres, actuellement elle n’est plus qu’un facteur de dépenses considérables pour l’homme. Tous les postes de dépense domestiques sont multipliés par le nombre des épouses. Dans le contexte de pauvreté généralisée qui est le cas en Afrique, face à la cherté du coût de la vie, tout le monde tire le diable par la queue et une deuxième épouse devient un luxe que beaucoup d’hommes ne peuvent plus se permettre.

Par ailleurs, les femmes deviennent de plus en plus instruites, de plus en plus indépendantes économiquement et de moins en moins soumises. En conséquence, leur gestion devient de plus en plus délicate pour les maris polygames. En outre, pour plusieurs femmes qui acceptent la polygamie, l’objectif réel est plutôt égoïste. C’est tout juste pour revendiquer un statut social et donner un nom à leur enfant et non pour se soumettre aux caprices d’un mari. Dans ces conditions, il n’est plus sûr que le mari trouve son compte dans cette polygamie qui, de plus en plus, profite à la femme.

Enfin, le prestige qui autrefois auréolait les polygames s’effrite peu à peu et l’homme polygame est bien souvent isolé dans sa communauté face à ses problèmes de ménage. C’est donc dire que le métier de polygame n’attire plus foule et tout porte à croire que si la polygamie ne lâche pas l’Afrique, c’est l’Afrique qui la lâchera. D’ailleurs, les femmes le diront mieux que moi, les hommes « dragueurs » elles en croisent plus d’un chaque jour que Dieu fait, mais « les hommes épouseurs » elles sont nombreuses à le rechercher, en vain, parfois toute la vie durant.

Comme on le voit, la tendance du phénomène est à l’essoufflement. Le vote des députés kényans n’a donc d’autre sens qu’un combat d’arrière-garde, une deuxième corde ou plus précisément une deuxième flèche que les hommes veulent bien conserver dans leur carquois. C’est une loi taillée sur mesure pour contenter une certaine classe sociale qui a maille à partir avec les premières épouses intransigeantes. Elle servira au mieux à intimider les épouses, au pire à les harponner pour perpétuer la domination de la femme.

La démocratie est la souveraineté du peuple et non la souveraineté des députés. Que les parlementaires kényans le veuillent ou non, c’est une pratique qui d’une manière ou d’une autre est appelée à évoluer avec l’évolution du niveau d’instruction et d’éducation des peuples.


Formation des mondoblogueurs à Abidjan : “connectiquement vôtre“

mondoblog Abidjan

Du 02 mai au 12 mai à Abidjan (Grand-Bassam), s’est tenu le conseil annuel de la famille mondoblog. Pendant dix jours,  les blogueurs francophones  ont échangé pour faire le bilan de la saison passée et tracer les perspectives de la saison qui commence.

Mondoblogueurs de la troisième saison, c’est pour la première fois que j’assiste à l’événement et je ne le cache pas, j’avais quelques appréhensions  avant la rencontre. Mais, je dois l’avouer, toutes ces craintes se sont vite évanouies. Le site pittoresque de l’hôtel Tereso, la grande diversité de la famille et l’organisation  satisfaisante du séjour ont comblé mes attentes et gommé le stress du dépaysement.

Dix jours durant, les pieds dans la mer de l’hôtel Tereso et la tête dans la toile du web, grâce à la magie de MTN, la famille a eu tout le temps et le loisir de se ressourcer. Grâce aux travaux en atelier, les mondoblogueurs ont renforcé leurs capacités  en écriture journalistiques, sur les règles et la déontologie des journalistes et blogueurs, la sécurité sur le web et ils ont appris les rudiments du codage informatique. A tous les formateurs, j’adresse mon satisfecit.

 Au nombre des institutions et organisations visitées par l’équipe Mondoblog pendant le séjour, il y a le Connectic Abidjan, un AfterWork qui réunit chaque derniers jeudi du mois, les Acteurs de la scène technologique de Côte d’Ivoire.

Je pense aussi que cette semaine de formation Mondoblog à Abidjan peut être placé sous le sceau du « Connectic » au regard des connexions multilatérales qui se sont établies pendant le séjour.

D’abord, il y a la connexion logique des mondoblogueurs, en particulier ceux de la 3ème saison, avec le staff dirigeant de la plateforme. Ziad, Simon, Raphaelle, Manon, le concepteur du projet Philipe Couve et Dilette (mes excuses si le nom est mal écrit) ne sont plus de simples interlocuteurs virtuels, mais des personnes admirables à qui je renouvelle ici ma sympathie et mon soutien.

Ensuite, il y a la connexion évidente entre mondoblogueurs. Un visage, une voix et souvent une impression, voire une émotion accompagnent, dorénavant chez tous, chacun des noms enchanteurs de la plateforme. A tous et à toutes une fois encore mes amitiés.

Au-delà de ces connexions plus ou moins partagées, il y a les connexions particulières. Les miennes sont, pour certaines, plus ou moins attendues et pour d’autres, totalement improbables.

Béninois de la diaspora, ce fut pour moi, un plaisir de faire connaissance de Maurice, Herman, De Rocher et Sinath, les mondoblogueurs de nationalité béninoise. Ma connexion avec eux a  été naturelle  et très intéressante. Chers frères et sœur, je vous encourage et vous souhaite bonne continuation.

Par les récits, je savais que la relation entre Béninois et Haïtiens est souvent passionnelle. Mais  j’étais loin d’imaginer que ma relation avec les mondoblogueurs Haïtiens serait plus que passionnelle, mais fusionnelle. Ma connexion avec Jérôme, Billy, Zacharie, Nelson et Thélyson  a été tout simplement magique. J’entends encore la voix de Jérôme me disant: « Nous les Haïtiens, nous ne sommes pas des descendants des Africains, mais nous sommes des Africains ». Comment décrire mon état d’âme toutes les fois que Zacharie Victor me serrait dans ses bras en martelant : « Tu es mon Papa ! Voici mon Papa ! ». J’en suis encore tout ému. A vous tous et à Valery Moïse, qui n’a pas pu faire le déplacement, j’adresse mes salutations fraternelles. A toi Zacharie je suis fier de te dire : “tu es ptit mwen“.

Enfin, il y a toutes ces connexions improbables nouées au détour d’une conversation.  Je pense à Arthur, le Français Australien, avec qui nous avons parlé du Bénin où est née sa fille. Je salue Yannick, Daye, Stéphane, Baba, David, Gaëlle et Mamadou avec qui j’ai eu des conversations très agréables. Je salue aussi Chantal de Goma dont la personnalité est aussi enchanteresse que le nom. Je pense aussi à mes chers amis Joe Maronne, Naoumane, Richard, Eli, Bassidou, Julien, Aristide, Aphtal, la sœur Awa, la sympathique Josiane, Marech, René  et j’en oublie. Je fais au passage un clin d’œil à mon cher Debelehi dont le départ précipité m’a beaucoup attristé. Ce fut un plaisir de vous connaitre tous.

Toutes les bonnes choses ont une fin et la formation aussi, mais toutes ces connexions, je l’espère, resteront.

 Good-bye Abidjan et vive Mondoblog.


Dis papa, c’est quoi un président fantôme ?

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Il était 2o heures ce vendredi 18 avril 2014, j’étais à table en train de manger mon repas plus préoccupé par les idées qui trottent dans ma tête que par l’ambiance de conversation des enfants et des images qui défilent à la télé.

Soudain, mon attention et celle de mon garçon aîné furent au même moment attirées par l’annonce des résultats de l’élection présidentielle en Algérie.

–   Les résultats de sont tombés vendredi vers 17 h 30. Abdelaziz Bouteflika qui briguait un quatrième mandat à l’âge de 77 ans, a été réélu avec 81, 53 % des voix, annonça la voix monocorde de la journaliste. Son grand rival, Ali Benflis, est crédité de 12 % des suffrages et le taux de participation était quant à lui relativement faible : 51,7 %, contre 74 % lors de la dernière présidentielle en 2009 a précisé la journaliste.

Mon aîné qui guettait ma réaction s’est aussitôt mis à rire.

–       Papa, ça fait rire non ? m’a-t-il demandé

–       Non, moi ça me fait plutôt pleurer, lui ai-je répondu

–       Parce que c’est un président fantôme non ? ajouta-t-il.

–       Oui ! Un président fantôme hélas ! ai-je répondu.

C’est à ce moment que mon benjamin (Oloufêmi, 12 ans) plus intéressé par les bandes dessinées que par les infos politiques abandonne son téléphone et m’interpelle.

–         Dis Papa, c’est quoi un président fantôme ?

La question était si pertinente, mais si inattendue que je ne sus quoi répondre.

–       Papa réponds, c’est quoi un président fantôme ? insista-t-il .

–      C’est un président qui est sur le répondeur.

–       Et c’est quoi un président qui est sur le répondeur ?

–       C’est un président que plus personne ne voit. Quand le peuple l’appelle, c’est sur son répondeur qu’on tombe.

–      Ça veut dire que personne ne l’a vu avant qu’il ne gagne ?

–       C’est un peu ça, acquiesçai-je ?

–       Donc il n’a pas fait campagne insiste-t-il

–       Non. Ce sont ses amis qui ont fait la campagne pour lui

–       Ah bon ! mais, pourquoi papa ? Et lui-même, il est où ?

–       Il est vieux et malade.

–       Vieux et malade… ! Mais c’est le président de quel pays d’abord ?

–       De l’Algérie. Tu connais où est l’Algérie ?

–       Euh, non ! avoua-t-il. C’est en Afrique non ?

–       Oui c’est en Afrique.

Il fit mine d’être satisfait de mes réponses ou peut-être, de ses propres questions, s’éloigne dans sa chambre, puis revient à la charge quelques instants après.

–       Pourquoi l’Algérie ne fait pas comme le Bénin ou la Constitution dit que les candidats à la présidence doivent remplir certaines conditions, être en bonne santé par exemple ?

–       Ces conditions existent dans tous les pays, donc en Algérie aussi.

–       Mais vous dites que le président élu est malade, donc la Commission médicale et la Cour constitutionnelle n’ont pas fait leur travail ? hein non papa ?

–       La question étant trop tendancieuse, j’hésitais à répondre. Mais il ajouta

–       Ou bien il a fait les faux papiers pour dire qu’il est en bonne santé ?

–       Je n’en sais rien petit, je constate comme toi, comme tout le monde.

–       Mais et les Algériens, pourquoi ils n’ont pas réagi contre sa candidature.

–       Ils ont réagi en votant pour à plus de 80 % mon petit. C’est le candidat le plus stable, le plus fiable, l’homme de la situation, l’homme fort du pays.

–       Comment? Celui qui est vieux et malade, c’est lui l’homme fort ?

–       Bon ! je crois que tu sais maintenant ce que c’est qu’un président fantôme, laisse- moi finir mon dîner, décrétai-je pour mettre fin à cette conversation de plus en plus philosophique.

Ouf ! Depuis le début de la campagne présidentielle en Algérie, j’étais conscient que la candidature de Bouteflika posait problème, mais j’ignorais que le cas pouvait éprouver le bon sens d’un gamin.

A mon sens les enjeux de l’heure pou l’Algérie sont d’ordre économique et sécuritaire. Le bien-être du peuple et la menace islamiste. Pour atteindre ces deux objectifs, il faut un leadership doté de clairvoyance politique et du savoir-faire économique capable d’enlever l’adhésion de ses concitoyens à sa vision sur les grands enjeux de l’heure. La présidentielle représentait donc pour le pays une opportunité pour sélectionner ce leader.

Le hic est que le candidat sélectionné par le scrutin du 17 avril passé laisse plutôt songeurs les observateurs extérieurs. Bouteflika, le candidat élu, est vieux et très malade. Mais alors de deux choses l’une. Où le peuple qui l’a élu à 81 % doit être encore plus malade que lui ou une main invisible est dans l’ombre et trompe tout le monde y compris Bouteflika lui-même.

Quoi qu’il en soit, cette élection pose plus de questions qu’elle n’apporte de solution et pour ma part, je note deux conséquences négatives qui découlent de ce scrutin.

La première est que le peuple algérien sait que son président est vieux et malade. Il est donc conscient qu’il  ne gouvernera que par procuration. La réalité du pouvoir sera donc aux mains de personnes qu’il n’a pas élues et peut-être même qu’il n’a pas l’honneur de connaître. Ces personnes auront tous les pouvoirs sans assumer aucune responsabilité.

La seconde est que si en Algérie un candidat vieux et malade parvient à rempiler démocratiquement pour une quatrième fois, la tentation pour des personnes plus jeunes et plus ingambes de rempiler démocratiquement une troisième fois dans leur pays deviendra de plus en plus grande en Afrique. Les différents états-majors vont redoubler d’ardeur sur le continent pour trouver la recette magique pour bluffer le peuple.

Pour conclure,  je ne peux que rappeler ici cette citation d’Abraham Lincoln : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. »

 

 


Naufrage du ferry sud-coréen : tant qu’il reste de l’espoir.

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Photo Issei Kato. Reuters

 

Le Mercredi 16 avril 2014, un ferry sud-coréen, le Sewol a fait naufrage au large de la côte Sud de la péninsule coréenne. Depuis l’annonce de ce drame, la population retient son souffle et espère pour le mieux.

Depuis le début de la matinée du mercredi, la population sud-coréenne suit minute par minute, à la télévision et sur les réseaux sociaux, les gigantesques opérations de sauvetage lancées près de ses côtes autour de l’épave du ferry qui transportant 475 personnes, dont 352 lycéens d’un établissement de la banlieue de Séoul, participant à un voyage scolaire.

Selon le dernier bilan des garde-côtes,  179  personnes ont pu être secourues (dont 7 blessées), vingt-huit corps ont été retrouvés et 268  personnes manquaient toujours à l’appel. Les derniers corps récupérés flottaient dans la mer

A l’étape actuelle de la catastrophe, l’urgence n’est ni les causes, ni les responsabilités, mais les opérations de sauvetage pour arracher à la mer les survivants ou tout au moins les corps. La présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, qui s’est rendue sur les lieux du drame, a pressé les secours de faire au mieux et au plus vite.

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Depuis ce vendredi matin, les opérations de sauvetage s’intensifient autour de l’épave du ferry désormais totalement immergé.

les sauveteurs injectent du dioxygène dans l’épave pour créer ou entretenir les poches d’air dans le ferry. Les espoirs sont aussi fondés sur un petit drone sous-marin qui va être guidé autour de l’épave pour tenter de dresser un état de la situation à l’intérieur, où beaucoup de passagers seraient restés prisonniers de leurs cabines. On compte aussi sur  l’arrivée, sur place, de trois gigantesques grues flottantes qui doivent tenter de redresser l’épave du  ferry une fois tout espoir perdu de retrouver des survivants, a indiqué le chef régional des garde-côtes, Kim Soo-Hyun.

Le drame du sewol est d’autant plus  tragique que les victimes sont en majorité de  jeunes lycéens  en voyage scolaire. Plus de  352  des passagers du ferry proviennent, effet, du lycée Danwon à Ansan, dans la banlieue de Séoul. On imagine aisément la douleur et l’angoisse des parents de ces élèves face  à ce drame. Aussi,  même si les espoirs s’amenuisent d’heure en heure pour trouver des survivants, on ne peut s’empêcher d’y croire tant qu’il reste une goutte d’espoir.

A l’instar de ce moine bouddhiste qui  prie au bord de la mer à Jindo, port sud-coréen où les familles des victimes du naufrage du ferry «Sewol» se sont rassemblées., je joins ma prière aux siennes pour implorer le ciel pour inspirer et fortifier les équipes de sauvetage.


Au Nigeria, un mariage doré chez les Goodluck !

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Elisabeth Sakwe, la fille adoptive du président du Nigeria, Goodluck Jonathan, s’est mariée le 12 avril dernier à Abuja. La fête fut belle et les commentaires aussi vont bon train.

 

On n’est pas fille de la première puissance africaine pour rien, on mérite un mariage doré et le mariage de Faith le fut. La cérémonie du mariage a été diffusée en direct sur la Nigerian television autority (NTA) une des chaînes les plus importantes du pays.

Le décor était magnifique et le casting très relevé. De nombreuses personnalités politiques étaient présentes, dont l’ancien président Olusegun Obasanjo,

Côté mise en scène, action et émotion étaient au rendez-vous. Plusieurs échantillons de cadeaux ont été offerts aux  invités, et un certain nombre d’entre eux  ont reçu un iPhone plaqué or conçu par le designer de luxe Michael Malivelihood.

La rumeur a très tôt couru que ces objets de grande valeur avaient été offerts par la présidence elle-même créant ainsi un malaise dans tout le pays. Mais elle fut très tôt démentie par un tweet de Michael Malivelihood lui-même.

Michael A @malivelihood    Suivre

The iphone was a Gift from us to the Couples, it has absolutely nothing to do with the Government !  8:45 PM – 13 avr 2014

« Les iPhone étaient un cadeau de notre part et n’avaient rien à voir avec le gouvernement », a-t-il assuré sur Twitter.

Ainsi l’argent du contribuable nigérian n’a pas servi à financer le mariage de la fille du président. Soit. Pour autant ce mariage fastueux ne va pas sans polémique

Certes, on ne peut pas tenir grief au président Goodluck d’offrir un beau mariage à sa fille chérie. Mais par son serment présidentiel, il s’était engagé de faire aboutir, entre autres, ce rêve chez toutes les filles nigérianes et pourtant tant et tant de filles nigérianes de l’âge de Sakwé n’auront jamais ce plaisir à cause de la terreur, de l’insécurité et de la précarité dans lesquelles elles vivent.

Oui, beaucoup de Nigérians, pris dans le guêpier de la secte islamiste de Boko Haram  auraient souhaité conduire leur fille devant l’autel comme le président, mais c’est au cimetière ou à l’exil qu’ils les conduisent.

Pour preuve, lundi 14 avril au soir, soit deux jours après le mariage de Sakwe, le groupe islamiste nigérian a enlevé plus de 100 jeunes filles du lycée public pour filles de Chibok, dans  l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, pour la simple raison que « L’éducation occidentale est un péché ». Jusqu’à ce jour on est toujours sans nouvelle des filles.

Le même jour, une gare routière sur le territoire de la capitale fédérale, Abuja, était frappée par un attentat qui a fait au moins 75 morts et 141 blessés. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier jamais commis dans les environs de la ville.

Ainsi, Boko Haram après ces multiplies actions violentes dans la moitié nord du pays, déferle sur la moitié sud et vers les Etats voisins, en premier lieu le Cameroun. Face à un tel déferlement,  il faut un pouvoir fort et avisé pour venir à bout de ces illuminés sans foi ni  loi. Mais, le président trop occupé par les manœuvres pour sa réélection en 2015 se révèle totalement incapable de trouver la bonne formule pour endiguer la menace Boko Haram qui telle une pieuvre soumet tout le pays à sa loi.

Aujourd’hui, le Nigeria est la première puissance africaine, mais l’on constate que de nombreux Nigérians vivent dans un dénuement total ou dans des conditions sordides. Aussi la question se pose de savoir s’il n’est pas indécent qu’au sommet de l’Etat, on puisse se complaire dans un luxe ostentatoire qui ne peut apparaître que comme une injure aux yeux des millions et millions de Nigérians : peuple laborieux, non sécurisé, angoissé et miséreux.

La  leçon qui se dégage de tout ceci est que la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple, mais dans les démocraties africaines, il vaut mieux être serviteur du peuple que le peuple.

 


Rwanda in my mind

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Ils sont morts, la plupart ne sachant trop pourquoi ?

Ils sont d’autant plus effarés, que l’assaillant était

l’ami, le voisin, le frère de toujours.

Combien étaient-ils ainsi fauchés ?

Des milliers, des centaines de milliers, environ un million,

d’hommes, de femmes et d’enfants,

traqués, matraqués, pourchassés, violentés, avilis, tués,

juste pour assouvir la haine,

une haine gratuite, une haine sanguinaire.

Quel crime avaient-ils donc si tant commis ?

Ils étaient condamnés pour délit de faciès !

Ils étaient coupables d’être Tutsis,

où Hutus modérés, c’est-à-dire assimilés Tutsis.

Ces Tutss qui, semble-t-il,  rappellent de grands arbres qui détonnent  Dans la savane et qu’il fallait abattre.

Ces Tutsis qui sont la sournoiserie personnifiée, des cafards qui ne Méritent que d’être écrasés ! écrasés ! écrasés!

Oh,  ciel ! Comment en est-on arrivé là ?

Entre des frères qui,  depuis la nuit des temps, vivaient en symbiose,

qui parlent la même langue : kinyarwanda,

adorent le même Dieu : Imana

et se marient les uns avec les autres.

Comment donc en est-on arrivé là ?

Certes, il y a eu la caricature allemande.

L’instrumentalisation belge.

Les frustrations de part et d’autre.

Les rivalités et ressentiments successifs.

La révolution sociale, la Toussaint rwandaise et j’en oublie.

Mais tout ça, c’est de l’histoire classique des rivalités

dans toutes les nations.

Sauf qu’ici,  l’histoire s’est soldée par un génocide.

Une folle saison, la saison de toutes les folies

Une destruction systématique de tous les Tutsis.

Une animosité qui dépasse toutes les limites de l’entendement

Un projet aussi vil qu’incompréhensible.

Se peut-il que tous les Tutsis soient mauvais et tous les Hutus, parfaits ?

Se peut-il que tous les Tutsis soient exécrables et tous les Hutus aimables ?

Se peut-il que tous les Tutsis soient abjects et tous les Hutus corrects ?

Eh oui ! On le comprend, une idéologie est passée par là.

Une idéologie qui a corrompu les esprits,

formaté les mentalités,

armé les mains.

Une idéologie abjecte à honnir.

Car dans mon esprit, aucune discrimination ne saurait se justifier.

L’exclusion des autres ne console jamais du mal-être de soi.

C’est plutôt ensemble, dans le dialogue et la concorde,

Que les uns et les autres œuvrent à  poser les jalons du bien-être collectif.

Mais à présent que le génocide est derrière nous,

n’ayez plus de crainte, amis rwandais,

nous sommes tous des Rwandais.

Et dans mon esprit, devant nous, un grand défi.

Faire que quelque chose de bien,

sorte du grand mal qui est arrivé.

Le défi de bâtir une nation libre, digne et forte.

La nation post génocide, sans menace tutsie, ni menace hutue.

Pour que les bourreaux d’hier fassent amende honorable et se repentent.

Pour que les victimes d’hier ne deviennent des bourreaux aujourd’hui.

Pour que paix et confiance règnent dans les cœurs et les esprits de tous.

Nous devons le faire pour la prospérité de tous,

mais plus encore pour honorer la mémoire des morts.

Pour que le sacrifice de leur vie, à quelque chose serve.

Pour que plus jamais ça,

Car dans mon esprit,

nous sommes, avant tout, Rwandais,

et, après tout, nous ne sommes forts qu’unis.


La démocratie en perte de vitesse en Afrique

Pierre-Nkurunziza
Au Burundi, au Bénin,  au Burkina Faso, en République démocratique du Congo et au Rwanda, les élections présidentielles sont prévues en 2015-2016, alors que les chefs d’Etat de ces pays respectifs sont à leur dernier mandat. Vont-ils modifier leur Constitution pour briguer leur propre succession ? La suspicion est grande et la vigilance est forte face à toute tentative de réviser la Constitution.

 

Le président Nkurunziza briguera-t-il un troisième mandat contre vents et marées?

 Élu en 2005 par le Parlement burundais, puis réélu en 2010 au suffrage populaire, le président Pierre Nkurunziza ne pourra être candidat en 2015 qu’à condition de réussir à faire passer une nouvelle révision de la loi fondamentale. Mais ce projet de révision constitutionnelle porté par le président Pierre Nkurunziza et son parti Cndd-FDD (Cconseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie) a été retoqué vendredi 21 mars 2014 à une voix près par les députés burundais

Le parti au pouvoir, le Cndd-FDD (à dominante hutu), compte 81 députés sur 106. Mais il avait besoin du vote favorable de quatre-cinquième des députés (soit 85 élus) pour faire passer son texte. Il fallait donc se rallier 4 députés. Trois députés de l’opposition débauchés par le pouvoir ont accepté de voter « pour » si on leur accordait un poste de ministre, ce qui fut fait. Restait à dénicher la dernière voix pour que l’affaire soit pliée. Un autre député de l’opposition pressenti a semblé abonder positivement dans le sens du projet, mais à la dernière minute, il s’est désisté et au final le projet est retoqué à une voix près.

 Mais, moins d’une semaine après ce vote, le camp présidentiel a annoncé qu’avec ou sans modification de la Constitution, le président Nkurunziza sera sur le starting bloc en 2015.  C’est le ministre burundais de l’Intérieur Edouard Nduwimana, un fidèle parmi les fidèles, qui s’est chargé d’annoncer publiquement et officiellement la nouvelle.  « Ce que nous dénonçons aujourd’hui, c’est qu’il y a des gens qui veulent faire croire que la question d’un autre mandat (pour Nkurunziza) est close. Ce n’est pas vrai. Ce que je conseille aux politiciens qui vont être candidats à la présidentielle, c’est de se préparer en sachant qu’ils auront en face d’eux le président actuel qui sera candidat. Ce sera à la Cour constitutionnelle de trancher dans un sens ou dans un autre et les Burundais devront respecter cette décision » a déclaré Edouard Nduwimana.

Face au tollé provoqué, il a relativisé ses propos le lendemain, mais aucun démenti formel n’a été apporté par le camp présidentiel. J’y Vas-t-y, J’y Vast’y Pas? Affaire à suivre donc.

Une situation récurrente sur le continent

Reste que, modifier la Constitution pour s’éterniser au pouvoir est une manœuvre récurrente sur le continent. La même situation qu’au Burundi s’observe, en effet, au Bénin, au Burkina Faso, en RDC, pour ne citer que ceux-là, où sont prévues des élections présidentielles en 2015-2016, et où des projets de révisions constitutionnelles sont également en examens au Parlement où annoncés.

Au Bénin, un projet de révision constitutionnelle engagé en catimini par le pouvoir a eu le malheur d’être combattu par un grand nombre de députés qui ont réussi à botter en touche. Mais le gouvernement promet de revenir à la charge et le pays tout entier attend de voir.

Au Burkina Faso, la Constitution limitant le nombre de mandats successifs à deux, le président ne pourra être candidat à l’élection de 2015 qu’à condition de réussir à faire passer une nouvelle révision de la loi fondamentale. La manœuvre dans ce sens a même commencé et provoque bien des remous dans le pays. Le parti présidentiel, le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) au pouvoir se trouve de plus en plus isolé. Un grand nombre de personnalités de poids qui ont toujours soutenu Compaoré ayant décidé de quitter le navire pour rejoindre en janvier dernier le camp des adversaires de toute révision constitutionnelle. Mais Blaise Compaoré n’a pas encore dit son dernier mot, et ici aussi le pays attend de voir.

En RDC, après avoir longtemps louvoyé, le président Joseph Kabila s’est enfin exprimé en faveur d’une révision constitutionnelle. Les grandes lignes de ce projet consistent à faire élire désormais le président de la République et le vice-président au suffrage indirect au niveau du Parlement pour un mandat de sept ans. Ce projet déposé à l’Assemblée est en passe d’être examiné au cours de la session ordinaire de mars 2014, malgré l’opposition  forte qu’elle rencontre. Ici aussi, affaire à suivre donc.

Comme on peut le remarquer, ces modifications constitutionnelles interviennent, comme par hasard, dans tous ces pays, au cours du deuxième mandat du chef de l’Etat et ont  toutes pour conséquence, entre autres, d’offrir au chef de l’Etat l’opportunité de briguer un mandat supplémentaire et s’éterniser au pouvoir.

Cette tare politique tire sa racine dans l’inclinaison des Africains à ne pas respecter les dispositions écrites. En effet, le respect scrupuleux des dispositions écrites fait encore trop souvent débat sur le continent. Pourtant, l’histoire récente révèle clairement que les crises sociales majeures et les pesanteurs socioéconomiques observées sur l’ensemble du continent naissent toujours de la mauvaise application ou de la non-application des textes en vigueur. Ces constats  témoignent de l’inconséquence et de la versatilité des hommes politiques africains et en conséquence de la fragilité des institutions démocratiques du continent.

La  situation est si préoccupante que le président américain Barack Obama a fortement thématisé cette question face aux parlementaires ghanéens à Accra  en juillet 2009.  « Ce ne seront pas de grandes personnalités telles Nkrumah et Kenyatta qui décideront du destin de L’Afrique. Ce sera vous, les hommes et les femmes du Parlement ghanéen et le peuple que vous représentez. […]  L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions », dira-t-il en substance.

Mais, ce message n’est visiblement pas encore compris par la majorité des parlementaires du continent. Le vote en mars 2014 du projet constitutionnel au Parlement burundais est une illustration patente de ce principe. Au regard des députés burundais, on peut aisément analyser la mentalité des élites politiques africaines pour éprouver la solidité de nos institutions.

Au Burundi, l’accord d’Arusha signé en 2000, institutionnalise le partage du pouvoir entre la majorité hutu (85% de la population), aujourd’hui au pouvoir, et la minorité tutsi (14% des Burundais) qui a longtemps dirigé le pays. D’autre part, l’article 302 de la Constitution interdit au président Pierre Nkurunziza un troisième mandat. Cette modification constitutionnelle qui met en cause ces deux principes ne vise donc qu’à saper l’équilibre sur lequel repose l’ensemble du pays au profit d’un petit groupe. Le président Pierre Nkurunziza le sait, les députés de sa majorité le savent, le peuple le sait. Et pourtant, 84 députés ont voté « pour ». Sans l’unique député qui s’est désisté à la dernière minute L’homme fort Pierre Nkurunziza aurait eu raison de l’institution parlementaire avec la complicité des députés de la majorité. Le plus aberrant est que les députés placent toujours leur action dans l’intérêt du peuple alors que tout le monde sait que c’est la corruption qui est souvent le moteur de leur action. C’est toujours en avantages sociaux et en espèces sonnantes et trébuchantes qu’ils garantissent leur vote.

Au Burundi par exemple, les trois députés de l’opposition pressentis ont garanti leur vote pour un poste ministériel. Rien que ça, juste un poste ministériel que rien ne garantit. De plus, l’histoire l’a montré, tous les accords politiques sur cette base ont toujours tourné court au bout de six mois. Et juste pour ça, des citoyens, qui plus est des élus du peuple, ont sacrifié leur voix.

Pour les députés de la majorité, nul doute que chacun d’eux a fait son compte et espère en retour nomination, avantages sociaux, bien-être matériel.

Quant au président Pierre Nkurunziza, il n’a jamais fait mystère de sa volonté de rempiler pour une troisième fois. Il ne fait donc aucun doute que ce vote est une opportunité pour lui de prolonger son règne pour son bénéfice et celui et sa famille.

C’est donc pour des intérêts égoïstes que roulent les uns et les autres, mais le  peuple a le dos large, puisque c’est partout et toujours en son nom que tous les abus sont commis.

Une mobilisation de tous les instants

Au demeurant, quel sens donner alors à toutes ces  révisions constitutionnelles au Bénin, en RDC, au Burkina Faso ou à cette tentative de passage en force au Burundi, si elles sont dénuées du minimum de bon sens exigible au sommet d’un Etat qui se veut moderne. Le fait est que la plupart des Constitutions modernes à travers le monde disposent que le mandat présidentiel est renouvelable une fois. Le respect de ces dispositions dans toutes les démocraties modernes est le moteur de leurs avancées socioéconomiques et fait la fierté des citoyens de ces pays. Il n’y a qu’en Afrique qu’on s’amuse à se tromper et se complaire dans la médiocrité.

C’est malheureux de le dire, mais il n’y qu’en Afrique que la disposition constitutionnelle d’un mandat renouvelable une fois peut donner lieu à mille et une interprétations, chacune ne visant qu’à justifier un troisième mandat tout en respectant la Constitution. Hé oui ! Cessons en Afrique de prendre les vessies pour des lanternes ! Un mandat présidentiel renouvelable une fois signifie que nul ne peut faire trois mandats consécutifs, quel que soit le mode de scrutin. Ça on n’a pas besoin de faire Science Po pour le comprendre. Même les vendeuses des marchés en Afrique le comprennent, mais les élites politiques africaines, notamment les députés des partis au pouvoir ne le comprennent pas encore. En fait, ils donnent l’impression de prendre le peuple pour un ramassis de demeurés à qui, par de subtils jeux de mots, on peut faire admettre tout ce qu’on veut et ne réalisant pas que personne n’est dupe sur leur propre compte. .

En fait, en ce début du troisième millénaire, l’idée du respect scrupuleux des engagements écrits et celle de les tripoter au gré des intérêts partisans sont en compétition sous nos yeux. Et malheureusement, ce ne sont pas les illettrés qui portent les coups de griffes à l’écrit, mais bien les personnes lettrées, de grands intellectuels, qui sont les éminences grises des hommes politiques qui envoient les mauvais exemples au peuple.

La modification à dessein des lois constitutionnelles représente sur le continent, la forme la plus flagrante, la plus pénalisante et la plus révoltante du non-respect des dispositions écrites. Les premiers cas réussis de modification de la Constitution ont ébauché sur le continent un comportement nouveau basé sur le non-respect des dispositions écrites . Ce comportement, fortifié par l’usage, qui tend à se généraliser dans le microcosme politique, n’est que le reflet de la corruption généralisée dans les sociétés africaines. Cette pratique qu’on ne saurait assimiler à une qualité est forcément une tare sociale qui jette l’opprobre sur tout le continent, notamment, par le scepticisme qu’elle suscite chez les autres peuples. Ces derniers s’interrogent sur les capacités des Africains à s’organiser pour former une communauté de progrès, s’ils ne sont même pas capables de respecter leurs propres conventions, leurs serments ou leurs institutions.

Il est bien triste de constater que les acteurs de ces manœuvres qui sont censés être la crème du continent, les pasteurs sur lesquels comptent les peuples pour les conduire vers les sentiers du développement, ne sont en réalité que des malins qui tels des loups déguisés dans la bergerie menacent tout le troupeau.

L’Afrique doit se pencher sur la question fondamentale de la finalité du pouvoir qu’on observe sur l’ensemble de la chaîne sociale qui maintient plus d’une nation dans une situation de ni paix ni guerre. Elle doit aussi veiller à élaborer des signaux clairs, des mécanismes consensuels, des réponses appropriées qui permettent aux acteurs politiques de se conformer à un minimum de bons sens.


Claude Dany, premier porteur du coeur artificiel de Carmat

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Le 2 mars dernier, décédait le premier homme greffé d’un cœur artificiel, 74 jours après l’implantation. L’identité de l’homme et les raisons  de sa mort sont rendus public ce dimanche 16 mars dans le JDD.

 

Grande  première mondial, un cœur artificiel de la société française Carmat a été implanté mercredi 18 décembre sur un patient de plus de 70 ans souffrant d’insuffisance cardiaque terminale par l’équipe du professeur Christian Latremouille, de l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris, sous le contrôle du professeur Alain Carpentier, père de cette innovation médicale.  « Cette première implantation s’est déroulée de façon satisfaisante, la prothèse assurant automatiquement une circulation normale à un débit physiologique » a écrit la société Carmat dans un communiqué, après l’opération. 

Malheureusement, depuis le 10 janvier, trois semaines après l’intervention, l’état du patient s’est dégradé et il fut admis au service de réanimation. Les dernières semainesc’est à travers  une ardoise qu’il communique avec sa famille. Deux jours avant sa mort, il avait  dans un cri de détresse, écrit : « Ça s’arrête ». À la question de son épouse,  veut-il que ça s’arrête, il avait acquiescé de la tête.

Le 2 mars, sa volonté fut accompli et ce cœur de tout les espoirs pour l’humanité, s’arrête brusquement.

« Mon père n’a pas donné son corps, dit aujourd’hui son fils Éric, il a donné sa vie. »

Le receveur, on l’a appris ce jour est Claude Dany, un ancien ouvrier normand âgé de plus de 70 ans qui n’était pas éligible à une greffe traditionnelle en raison de son âge avancé.  à la moustache et aux cheveux blancs, le visage souriant, fait la « une » du journal. On apprend qu’il a souffert énormément au cours des deux derniers mois de sa vie

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Claude Dany, dans son jardin en juin 2012. (DR) Image JDD.

 

Le professeur Alain Carpentier revient ce jour? dans le JDD? sur l’arrêt brutal du cœur artificiel implanté à Claude Dany, mort 74 jours après son opération.

« La mort n’est pas liée à une complication du malade, ni au principe fondamental de cette prothèse qu’est l’emploi de matériaux biocompatibles pour limiter la formation de caillots et le risque de thrombose », assure-t-il avant d’ajouter : « Pendant 74 jours, ce patient n’a montré aucune déficience cérébrale, et la vérification du cœur après le décès et l’autopsie l’ont confirmé : il n’y avait pas le moindre caillot, ni dans la prothèse, ni dans la circulation. En ce sens, l’essai est un succès. »

C’est un problème électronique qui serait à l’origine de l’arrêt du cœur et non des complications post-opératoires. C’est un court-circuit qui est à l’origine de l’arrêt du coeur artificiel greffé. Une panne technique qui a été fatal à Claude Dany mais qui n’entame pas le mérite de toute l’équipe qui a œuvré à sa réalisation. Ne l’oublions pas, malgré cette issue fatale, cet essai est un exploit scientifique et médical qui augure d’une alternative crédible aux greffes cardiaques.

Vivement que  la suspension des essais  que la société Carmat  aurait décidé,  le temps de comprendre les raisons de l’arrêt du premier coeur artificiel, soit de courte durée afin que les 3 patients en attente de greffe puisse aussi l’expérimenter.

 


Bénin, crise sociale : “L’étrange cas du Dr Boni et de Mr Yayi“

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Enfin, la rencontre entre le président béninois Dr Boni Yayi et les leaders des syndicats des travailleurs béninois, en grève depuis le 7 janvier, a eu lieu ce mercredi 12 mars 2014. Les avancées notables enregistrées au cours de la rencontre indiquent qu’on évolue vers un dégel de la crise sociale. Toutefois, ce dénouement inespéré de la crise révèle,  une fois encore,  la personnalité du Dr Boni Yayi, qui rappelle à s’y méprendre à l’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde de l’œuvre de Robert Louis Stevenson.

 Selon le relevé de décisions issues de la rencontre, le président Boni Yayi et les leaders syndicaux ont pendant 6 heures d’horloge passé en revue tous les sept points de la plateforme revendicative des travailleurs grévistes. De nombreuses propositions en vue de satisfaire la plateforme revendicative de syndicats ont été faites par le chef de l’Etat.

Le président Boni Yayi a notamment confirmé sa volonté de restituer les défalcations opérées sur les salaires des mois de janvier et de février 2014 pour fait de grève.

D’autre part, le président Boni Yayi a accepté de relever le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 31.625 à 40. 000 francs Cfa (soit de 67 à 85 $US).

Il a aussi promis d’étudier la demande des enseignants relative au bénéfice de revalorisation de 25% du traitement indiciaire.

En outre, le chef de l’Etat  a présenté les excuses de la nation aux responsables syndicaux et les a  rassuré que des dispositions sont prises afin que les événements du genre de ceux du 27 décembre 2013 ne se reproduisent plus.

Même si les propositions présidentielles ne sont pas toutes satisfaisantes, du point de vue des syndicalistes,  elles ont le mérite de faire bouger les lignes.

Mais, pour ma part, ce sont les excuses présidentielle aux leaders syndicalistes qui, à mes yeux, posent problèmes. Naturellement, ces excuses présidentielles vont passer du baume sur les cœurs des syndicalistes meurtris et humiliés, mais elles ont tout de même de quoi inquiéter le citoyen béninois lambda.

Le 27 décembre 2013, la police a dispersé une manifestation organisée par six syndicats qui voulaient protester contre les violations des libertés syndicales et réclamer une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Il y aurait une dizaine de blessés parmi les manifestants

On s’en souvient, dans sa sortie médiatique du 27 janvier 2014,  Boni Yayi  avait alors traité les syndicalistes de tous les noms d’oiseau  en accusant les manifestants blessés d’avoir utiliser de l’encre rouge pour simuler le sang, pour ternir son image,  l’image de la République et de la nation…

Ces propos offensants du chef de l’Etat sont en partie responsables de la crise qui secoue le pays depuis deux mois.

Et patatras, c’est le même chef de l’Etat qui, deux mois après, reconnait que les événements du 27 décembre étaient un incident malheureux et présente les excuses de la nation aux responsables syndicaux.

Le fait est que ces volte-face et reniements du chef de l’Etat sont trop fréquents et interpellent tout citoyen soucieux du développement de son pays.

Pourquoi le président Boni Yayi a-t-il coutume de se laisser aller à tous ses états d’âme avant de revenir à la raison ?

Pourquoi laisser  une situation pourrir pendant deux mois avant de faire ce qu’on aurait dû faire dès le début ?

Les dommages énormes engendrés par ce bras de fer inutile sont à mettre sur quel compte ?

Autant de questions, comme on le voit, qui laissent perplexes sur  la personnalité de Boni Yayi qui rappelle, à bien des égards,  “l’étrange cas du Docteur Jekyll et de Mr Hyde“

La question se pose, en effet,  de savoir si les revirements et reniements du président Bony Yayi, procèdent d’un comportement délibérément stratégique ou si c’est le fait d’une dualité de l’homme ? Y aurait-il deux personnalités dans la personne du chef de l’Etat béninois à l’instar du Dr Jekyll et de Mr Hyde.

Y aurait-t-il le Dr Boni, le légitime, le sage et modéré, et  Mr Yayi,  l’absurde, le provocateur qui fait, trop souvent, du tort à son mentor ?  Deux personnalités qui cohabitent dans la même personne et qui la rendent insaisissable?  La question mérite certainement d’être posée.

Au demeurant, il est fort heureux de constater que la raison a fini par l’emporter. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et tant mieux si ces revirements permettent d’aller de l’avant.

Vivement que la concorde retrouvée permette au pays de renouer avec le travail et la croissance.


8 mars: Une date qui rappelle que la femme est l’avenir de l’homme.

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La Journée internationale de la femme est célébrée le 8 mars de chaque année par les  femmes dans le monde entier. Elle est également célébrée à l’ONU et, dans de nombreux pays, c’est un jour de fête nationale. Certes, la condition féminine n’est pas la même sur tous les continents, mais visiblement, le déficit d’égalité entre l’homme et la femme semble de mise partout.

La journée du 8 mars est donc une opportunité pour les femmes de tous les continents, souvent divisées par les frontières nationales et par des différences ethniques, linguistiques, culturelles, économiques et politiques,  pour revendiquer l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, facteur d’émancipation humaine.

Cette journée  puise ses racines dans la lutte menée par les femmes depuis des siècles pour participer à la société sur un pied d’égalité avec les hommes.

A l’instar de la sagesse chinoise  à l’affiche de ce billet, l’enjeu pour ce 8 mars 2014 est double :

D’une part, elle vise une meilleurs prise de conscience des femmes elles-mêmes  de la valeur de leur rôle en tant qu’acteur économique, social et politique, et par conséquent une plus grande responsabilité de leur part des implications de l’égalité recherchée.

D’autre part, faire le plaidoyer en direction des hommes pour une élévation du niveau de la prise de conscience sur la question, pour comprendre qu’en donnant l’égalité à la femme, elle la multipliera, l’amplifiera et rendra l’humanité plus juste au bénéfice des deux sexes.

Comme quoi, le poète a bien  raison quand il dit que la femme est l’avenir de l’homme.


Cogito, autem non sum! Je pense, mais je ne suis pas!

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Diomande N. Berole, 10 ans, brandit fièrement son acte de naissance fraîchement acquis à Bandoukou  en Côte d’Ivoire. 

J’ai relu cette semaine pour la énième fois le discours de la méthode de René Descartes qui est l’un de mes livres de chevet préférés. Mais, contrairement aux autres fois, en relisant, cette fois-ci, sa célèbre pensée : « Je pense donc je suis », je n’ai pas pu empêcher mon esprit de penser à ces milliers d’Africains qui pensent sans être, ces Africains qui existent physiquement, sans exister légalement, ces Africains qui font le nombre sans être du nombre, ces Africains fantômes, étrangers dans leur propre pays. Cette réalité qui pose plus globalement la problématique de l’état civil des pays africains est un drame sur lequel il urge que  le continent se penche sérieusement.

L’enfant est au centre des valeurs fondamentales humaines et en Afrique. Plusieurs cérémonies et festivités plus où moins fastes sont organisées le jour du baptême coutumier qui  accompagne presque toujours la naissance de chaque enfant comme le veulent nos traditions.

En basculant de la civilisation traditionnelle dans la civilisation moderne avec la colonisation, les Africains ont tacitement opté pour une série de valeurs dont l’importance n’est pas toujours bien perçue par tout le monde. Parmi ces valeurs, on trouve en bonne place, la déclaration de naissance d’un enfant à l’état civil.

Ainsi, à côté de toutes les cérémonies rituelles ou coutumières qui entourent la naissance d’un enfant, la déclaration de naissance de l’enfant devant l’officier de l’état civil devient une formalité administrative hautement capitale. Ce dernier doit enregistrer la naissance de l’enfant sur les documents de l’Etat et délivrer aux parents une pièce d’état civil ou acte de naissance de l’enfant. C’est dorénavant ce document qui rend à l’enfant son identité, préserve ses droits et son avenir. Il est la preuve légale unique de son âge, de sa filiation biologique, de son identité et de sa nationalité. C’est lui et lui seul qui atteste de celui que l’individu prétend être et seul ce qu’il dit compte. Concrètement donc, c’est l’acte de naissance qui établit la vérité légale sur la réalité objective que constitue l’individu.

En définitive, la déclaration de l’enfant à l’état civil constitue une formalité plus capitale que le baptême, la présentation  ou l’initiation de l’enfant. Cette déclaration de naissance se fait devant l’officier de l’état civil dans les mairies, les sous-préfectures ou les communes selon les pays. Dans tous les cas, où qu’on se trouve en Afrique actuellement, il y a  une administration plus ou moins proche pour inscrire son enfant sur le registre de l’Etat et lui donner un acte de naissance.

Mais, cinquante après les indépendances, peut-on dire que toutes les naissances sur le continent sont enregistrées  ? La réponse est hélas, non !

Un mal profond

Pour les citadins qui ne sont pas confrontés à ce problème, la question semble sans intérêt. Mais dans les couches rurales qui forment l’essentiel des sociétés africaines, l’identification des individus nécessite souvent les jugements supplétifs d’acte de naissance. Avec l’exode rural et les migrations tous azimuts, ce drame est plus proche de soi qu’on ne le pense souvent, car les personnes démunies d’acte de naissance font partie de l’environnement de chaque Africain. C’est le cousin, le voisin ou de simples connaissances, voire des personnes au-dessus de tout soupçon.

Dans le film de sensibilisation “Rêves brisés“,  réalisé par Idrissa Ouédraoguo, et présenté au Fespaco 2007, on y apprenait déjà qu’en Afrique occidentale et orientale, un enfant sur quatre n’a pas de pièce d’état civil.

Selon l’Unicef en 2008, au  Burkina Faso, par exemple, on comptait 5, 5 millions d’enfants sans acte de naissance sur une population d’environ 15 millions d’âmes. A  Madagascar, le phénomène existe aussi avec 2, 5 millions d’enfants sans acte de naissance, donc sans existence légale.

L’année 2009 fut dédiée par les Nations unies à la réhabilitation des naissances avec un soutien aux Etats africains pour donner une existence légale à tous les enfants. Pourtant, année après année, les statistiques se suivent et se ressemblent.

A l’occasion de son 67e anniversaire, le 11 décembre 2013, l’Unicef dévoile dans un nouveau rapport que dans le monde un enfant de moins de cinq ans sur trois… Soit 230 millions d’enfants de moins de cinq ans n’ont jamais été déclarés à leur naissance. En Afrique, les cinq pays au plus bas niveau d’enregistrement des naissances sont : la Somalie (3 %),  le Liberia (4 %), l’Éthiopie (7 %), la Zambie (14 %), le Tchad (16 %), ce qui indique que la grande majorité des enfants de ces pays sont sans acte de naissance.

Comme on peut le constater, les personnes démunies d’acte de naissance représentent une frange non négligeable de la société africaine. Elles ne sont présentes sur aucun registre des Etats. Elles naissent, grandissent et meurent dans l’anonymat total. Une situation dans laquelle elles sont bien souvent sans le savoir et presque toujours sans le vouloir.

Le drame est que les parents nés pendant la période coloniale ont des actes de naissance ce qui n’est pas le cas de leurs enfants nés après les indépendances.

Les causes multiples

D’une manière générale, plusieurs facteurs expliquent le faible taux des déclarations des naissances en Afrique. Il y a d’abord la méconnaissance par les parents et les communautés surtout rurales de l’importance de l’état civil dans vie de l’individu et donc de l’intérêt de l’enregistrement des naissances.

En outre, beaucoup de parents dans les pays concernés ne donnent simplement pas la priorité à cette formalité, étant donné qu’ils doivent déjà faire face à plusieurs autres défis quotidiens.

Plusieurs  parents, en effet, se contentent, de bonne foi, des fiches de naissance délivrées par la maternité et  se rendent compte de sa caducité longtemps après.  D’autres, en revanche plus informés ont peur des amendes encourues par les parents une fois dépassé le délai limite pour déclarer un nouveau-né qui varie de 15 jours à 60 jours selon les pays. Et cela sans compter  l’éloignement et le manque de moyens des services d’état civil.

A ces différents facteurs, s’ajoutent les conséquences de plusieurs années de crise sociopolitique dans différents pays.  En temps de guerre, la déclaration de naissance devient  impossible, même aux parents qui voudraient bien le faire. Avec la série de crises qui a frappé le continent et la quasi-dislocation des Etats sur l’arc Mali, Libye, Soudan, Centrafrique, RDC, le nombre des déplacés et réfugiés de l’intérieur ne cesse de croître sur le continent et avec lui le nombre d’enfants non enregistrés.

Toutefois, les guerres, l’éloignement n’expliquent, qu’en partie, cette déplorable situation. Le phénomène concerne, en effet, des personnes nées en période de paix et s’observe aussi  dans des pays tels que le Bénin ou le Burkina Faso qui n’ont pas connu de guerre dans un passée récent. Aussi la cause de  l’ignorance ou la faible importance accordée à ce bout de papier par ces personnes chez qui les considérations de la civilisation écrite perdent du terrain face aux coutumes de la civilisation orale.

Des conséquences multilatérales

Pour l’Unicef, « un enfant sans acte de naissance est un enfant qui n’a pas de nom, de nationalité, d’accès à l’éducation et à la santé, y compris à la vaccination, de protection contre les éventuels abus et violations de ses droits.

L’état civil a deux fonctions principales,  l’une administrative et l’autre statistique.

Au point vue administratif : « Un enfant sans acte de naissance n’est pas un citoyen, mais un fantôme! ». L’Unicef rappelle que bien plus qu’une formalité, être reconnu par son pays est un droit sans lequel les enfants deviennent la proie de tous les abus

Du point de vue statistique, un pays qui n’est pas en mesure de  connaître le nombre de ses habitants aura toutes ses données  macroéconomiques faussées et par conséquent devient lui aussi, petit à petit, débordé par des problèmes sociaux qu’il n’a pas vu venir.

Les mesures  à l’ordre du jour

La plupart des Etats africains ont entrepris ces dix dernières années d’importants changements dans le fonctionnement de leur  SEC. Le but de ces réformes étant de répondre aux défis de la modernité et d’améliorer l’offre de statistiques.

Des audiences foraines  soutenues par des financement  de l’union européenne ou des UNICEF ou d’autres types de procédures locales sont réalisées dans plusieurs pays africains (Bénin, Niger, Cameroun, Cote d’Ivoire, Nigeria, Ouganda, …)  afin que ses personnes sans papier puisse  bénéficier d’un jugement supplétif, qui leur permettra de se faire établir un acte de naissance, puis un certificat de nationalité avant la carte nationale d’identité ou la carte électorale.

L’UNICEF utilise des approches innovantes pour appuyer les gouvernements et les communautés dans le renforcement de leurs systèmes d’état civil et d’enregistrement des naissances y compris dans certains camps de réfugiés comme ici dans le camp de Tabareybarey    Niger


tumblr_inline_mxphsxiFSQ1s5i37lDes  mamans exhibant les actes de naissance de leurs enfants après l’audience, le 9 /12/ 2013, camp de réfugiés de Tabareybarey.  UNHCR

Toutefois il  importe de souligner que, ces audiences foraines  ne sont que des procédures temporaires et il est nécessaire que les mentalités changent pour éliminer cette insuffisance.

La lutte est donc au  niveau de la sensibilisation pour que ne se renouvelle pas cette tare sociale. Les Etats modernes africains ne peuvent plus se permettre d’abriter en leur sein des personnes  fantômes.

Un enfant, pour la plupart des humains, est un rêve, un engagement, un projet qui se matérialise à la naissance de l’enfant. Toutefois, pour que le rêve devienne réalité, cette naissance doit être actée à l’état civil afin que cet enfant compte pour lui-même et pour la société.


Bénin: le linge sale à laver en famille.

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 La situation actuelle au Bénin est très préoccupante. La crise sociale est profonde. Le bras de fer gouvernement/syndicat se radicalise chaque jour un peu plus et la peur que la situation dégénère à tout moment est grande. Pourtant, une soupape certaine de la situation  est un compromis satisfaisant sur la LEPI ( Liste Électorale Permanente Informatisée). Sa correction satisfaisante est attendue par tout le pays et visiblement c’est le flou total autour de ce qui a vocation d’être un outil de transparence électorale. Question de moyens ou simplement anguille sous roche?

Une fois n’est pas coutume, je veux commencer ce billet par une devinette. Juste une petite colle qui n’est rien d’autre que le secret de polichinelle le plus célèbre du Bénin.

Je suis une base de données béninoise.

Sur mes pages et dans mes champs sont enregistrées les données d’état civil, biométriques et d’adressage de tous les béninois de 16 ans et plus.

Je connais où se trouve chaque béninois, mais aucun béninois ne sait où me trouver.

Que suis-je ?

Oui ! Oui ! Tout à fait. Mais bravo à tous!

 Je suis la Liste Électorale Permanente Informatisée (LEPI).

Un véritable serpent de mer

 Outil de performance administrative, de développement économique et surtout de transparence électorale, la LEPI ( Liste Électorale Permanente Informatisée) a été  mis en place  de 2009 à 2011 pour consolider la démocratie béninoise. Elle a servi pour la première fois, lors des élections présidentielles puis législatives de 2011  qui ont paradoxalement conduit à des scrutins suivis de fortes réclamations et contestations dans le pays. Depuis lors, plus aucune trace de cette base de données dans le pays.

Elle s’est située pendant un moment au ministère de l’intérieur, mais non, elle n’y était pas. Puis on l’a située dans les bureaux du  PNUD à Cotonou., mais non, l’information a été vite démentie.

Où donc est-elle dans le pays?  Bien Malin qui peut le dire.

«Actuellement, dans beaucoup de milieux, au Bénin, les gens ne croient pas qu’il y a une LEPI au Bénin. La LEPI est devenue une sorte d’arlésienne béninoise, un véritable serpent de mer qui menace la démocratie béninoise.

La priorité des priorités

Depuis les frustrantes élections de 2011, la correction de la LEPI est la priorité des priorités pour l’ensemble de la nation béninoise et de toute part fusent des messages allant dans ce sens à l’endroit du gouvernement surtout en prévision des élections municipales et locales qui doivent se tenir en 2013.

Dans cette optique, Suite aux élections à polémique de 2011, une mission d’évaluation de la LEPI a été commanditée par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) sur la demande du Gouvernement.  Cette mission  à auditer la LEPI sans avoir eu accès à la base de donné elle même. Le rapport de son audit contenant 39 recommandations dont la plupart visent la mise à jour, la correction et/ou la révision du fichier électoral de 2011, a été présenté à divers acteurs politiques et à la société civile le 1er avril 2012. .

 A la veille des élections communales et locales de 2013, un nouveau consensus s’est dégagé au sein de la classe politique béninoise pour la correction de cet outil, plus que jamais incontournable de gestion des processus électoraux. Le  Chef de l’Etat lui même était très engagé sur la question pour que les élections municipales se tiennent à bonne date, pourtant du coté du gouvernement c’est le calme plat, jusqu’au report  sine die de ces élections municipale et communales..  !

Après moult tergiversations, le Conseil d’Orientation et de Supervision pour la correction de la  LEPI, (COS-LEPI)  a été installé en mai 2013.

Dans un point de presse tenu à son siège 2 mois après le démarrage de ses activités, Le président du COS LEPI avait annoncé le chronogramme de la mise en œuvre pratique du processus de révision qui se déroulera en dix (10) phases, dont les principales sont l’audit participatif, l’enregistrement complémentaire des citoyens, la consolidation et le dédoublonnage, l’extraction de la version actualisée de la LEPI et la distribution des nouvelles cartes d’identité à valeur de carte d’électeur..

Ce  chronogramme d’activités  prévoit la mise à disposition de la liste actualisée pour le mois de novembre 2013». Ce délai est passé à janvier 2014, puis février 2014 et actuellement à juin 2014. Mais, sur un budget prévisionnel de 9 milliards, le gouvernement n’a à ce jour versé que quelques millions au COS LEPI ce qui fait douter de sa bonne foi pour voir aboutir cet outil pour des élections transparentes et apaisée.

La preuve, à plusieurs reprises, le Cos LEPI a annoncé l’impression et l’affichage des listes de 2011 ; mais elle n’est toujours pas rendue publique et encore moins, affichée. Les différents acteurs du processus ne finissent pas d’être formés. et il est difficile, à ce jour, de dire ce qui se corrige par le Cos-LEPI

En conséquence, dans beaucoup de milieux, aujourd’hui, les gens ne croient pas qu’il y a une LEPI au Bénin. Chacun y va de ses interprétations  et de nombreuses voix s’élèvent pour demander son abolition pure et simple.

Une inquiétude partagée par la communauté internationale

La correction de la LEPI est aussi une préoccupation de la communauté internationale. La Fondation allemande Friedrich Ebert à Cotonou  a consacré à ce sujet le vendredi dernier, 14 février 2014, une rencontre d’échanges dénommée « Soirées politiques ».

Placée sous le thème «Regards croisés des acteurs politiques et de la société civile sur la Liste Electorale Informatisée (LEPI) », cette soirée  a été animée par trois personnalités, à savoir, l’honorable Sacca Lafia, président du COS-LEPI, Honorable Basile Ahossi, membre du COS-LEPI et Orden Alladatin, expert électoral en présence de nombreuses autres personnalités et diplomates en poste à Cotonou..

Le moins qu’on puisse retenir de cette soirée de réflexion, est que même au sein du COS LEPI les avis diffèrent sur l’effectivité de l’existence de la LEPI.

« Je suis relativement satisfait parce qu’on a au moins quelque chose qu’on corrige aujourd’hui », s’est réjoui le président du COS-LEPI.  Pour le député Basile Ahossi également membre du COS LEPI, «Je sais qu’il y a une liste, mais dire que c’est de la LEPI me paraît difficile », pour Aurélien Agbénonci, fonctionnaire international béninois, autre participant de cette soirée : «Il faut retirer la LEPI des mains des politiciens  et confier  sa gestion à un organe non partisan ».

 Pour sa part, Constantin Grund, Représentant Résident de la Fondation Friedrich Ebert au Bénin.a conclu la soirée en ces termes : « De mon interprétation personnelle,  l’absence durable de consensus sur ce sujet important ne porte pas seulement atteinte à la vie politique nationale, mais est également l’indicateur d’un manque de confiance vis-à-vis des institutions compétentes »,

 

Un linge sale à laver en famille.

Visiblement, il y a trop de zones d’ombre, trop de flou autour de la LEPI, qui est censé être un outil de transparence électorale.

 En définitive que cache le manque de volonté du gouvernement pour rendre disponible la liste 2011 de la LEPI et accompagner sa correction effective ?
–  La gène de voir ressortir les incohérences de la LEPI sans raisonnablement admettre que  la victoire KO du président Yayi BONI en 2011 sur la base de cette liste est problématique ?

–  Ou plus grave encore, l’intention inavouée que lui prête l’opposition de faire du dilatoire pour conserver en l’état la liste de 2011 et la sortir au dernier moment pour faire gagner le camp du président Yayi aux élections présidentielles de 2016,

Dans la première hypothèse, c’est le passé qui est visé. Nul ne peut revenir sur la chose jugée. Toutefois, on ne saurait épargner à personne les états d’âme de ses propres inconséquences. Si gène il y a, elle est, de toute façon, sans objet.

Quant à la seconde hypothèse, elle vise l’avenir et à ce titre, si ces accusations étaient avérées elles constitueraient un précédent d’une extrême  gravité. Une telle allégation porte en elle le germe du dévoiement des institutions démocratique et augure des lendemains sombres pour le pays.

Le Bénin a à sa manière porté sur les fonts baptismaux la démocratie en Afrique, de telles allégations préfigurent  que  l’oraison funèbre des démocraties africaines sera encore prononcé au Bénin.

Une porte de sortir de cet imbroglio de la LEPI est, peut être, un consensus national pour enterrer tout simplement cette LEPI, et d’initier une nouvelle base de données dont la conception et la réalisation seront confiées à un organe non partisan dont la gestion pourra être accessible à tous les citoyens. Une façon de laver le linge sale en famille pour avancer au lieu de l’enlisement qu’on observe actuellement.

Il faut dire que personne n’a vraiment compris ce qui s’est passé en 2011, des anonymes ont réussi à se faire élire député au grand dam des personnes portées par toute la région. La seule façon de ramener la confiance et la sérénité dans tous les esprits autour des scrutins à venir, c’est de réinitialiser le fichier électoral, une remise à plat du fichier électoral. Naturellement, c’est dommage de passer par perte et profit plus de 40 milliards de francs investi dans la réalisation de la LEPI, mais la paix n’a pas de prix.

Un simple lifting de la LEPI sans un mode de gestion transparente n’est pas souhaitable. Vivement que les autorités qui ont le pouvoir de décision au Bénin prennent la mesure de la situation et font le choix satisfaisant pour le pays.


Désolés pour ce léger retard indépendant de notre volonté!

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«Désolés pour ce léger retard, indépendant de notre volonté ! » Tous ceux qui sont en Afrique ou qui sont passés par l’Afrique connaissent bien cette phrase.  C’est le mot d’ouverture classique de presque toutes les manifestations sur le continent.

Rarement, en effet, les manifestations officielles ou privées, les réunions administratives, associatives ou politiques, les réunions de famille, les rencontres sportives, les spectacles,  les rendez-vous mondains ou d’affaires démarrent exactement à l’heure prévue sur le continent. Quand ce ne sont pas les organisateurs de l’événement qui ne sont totalement prêts, ce sont les invités ou participants qui ne sont pas arrivés à temps. Dans tous les cas, le retard est consommé et pas souvent assumé.

Pour se dédouaner, les organisateurs prononcent la formule magique : « Désolés pour ce léger retard, indépendant de notre volonté ! », et la cérémonie peut commencer. Comprenez- nous sommes fautifs, mais pas responsables. De leur côté, les invités ou participants retardataires évoquent mille et une raisons pour justifier l’injustifiable. Au finish, tout le monde est en retard, tout le monde est excusable, ce qui fait que le retard se porte comme un charme sur le continent.

La ponctualité est sans doute l’une des valeurs modernes dont l’appropriation reste problématique en Afrique. « Le retarmania » est une affection chronique qui sévit de façon endémique dans presque tous les pays de l’Afrique subsaharienne. Respecter l’heure fixée est presque une gageure en Afrique noire. Le reproche est valable pour la majorité des Africains, moi y compris, d’où la question de fond de ce billet, « pourquoi ce rapport difficile des Africains à la ponctualité ? ».

Un retard systématique

Le retard, en effet, est une réalité trop fréquente sur le continent pour passer inaperçue. En terme de grandeur, le léger retard en question s’exprime, la plupart du temps, en dizaines de minutes, voire en heures. Il n’est pas la manifestation d’un comportement conventionnel tel le « quart d’heure ou à la demi-heure de politesse » qu’il est fréquent d’observer dans les rendez-vous mondains sous d’autres latitudes. Le comble est que même les institutions de référence qui ont tout pour être au-dessus de la mêlée, sont aussi dans la mêlée.

Tenez, année après année, presque toutes les cérémonies marquant les anniversaires de l’accession de nos Etats à l’indépendance commencent toujours avec un certain retard.

Au Bénin, en 2010, la cérémonie commémorant le cinquantenaire des indépendances a démarré avec un retard de plus de deux heures d’horloge au grand dam des nombreux chefs d’Etat des pays hôtes, des diplomates et hauts cadres de la nation arrivés à l’heure.

En Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir a fêté son centième anniversaire en décembre 2012. Le clou du grand meeting organisé à Bloemfontein pour célébrer l’événement était le discours du président Jacob Zuma devant les 4 500 délégués venus de tout le pays, mais ce discours fut livré avec un retard de plus de quatre heures d’horloge sur le planning.

Au niveau panafricain, le sommet de l’Union africaine à Accra en 2008 et celui de l’O.C.I à Dakar en 2008 se sont tous deux, ouverts avec un retard d’une heure chacun. Cinq ans plus tard, les festivités du 50e anniversaire de l’Union africaine à l’Africa Hall en mai 2013 à Addis-Abeba a encore accusé un retard d’une heure de temps au grand dam des prestigieux invités.

Au quotidien, le retard s’observe partout. Dans les administrations, les écoles, les hôpitaux, etc.

Les vols sur les compagnies aériennes, les émissions radiotélévisées, les forums, les colloques et autres rencontres internationales qui, partout ailleurs, sont des rendez-vous pris à la lettre et accusent eux aussi trop souvent des retards hallucinants sur le continent.

Au niveau des chaînes de radios et télévisions, un zapping à travers les télés africaines pendant une journée suffit pour constater qu’il y a fréquemment un gap entre la grille des programmes et les émissions présentées à l’antenne. Les  chaînes qui démarrent le journal ou autre émission sur un compte à rebours ou à heure exacte ne sont pas légion.

Ce retard constaté dans les horaires des rendez-vous individuels ou publics s’étend également aux calendriers et agendas politiques ou culturels. Tenir les élections à bonne date ou respecter les délais constitutionnels dans la mise en œuvre des politiques est une gageure en Afrique.

Au vu de tous ces manquements observés de la base au sommet de la chaîne sociale et aux quatre coins du continent, on peut affirmer que le timing n’est pas le truc des Africains

Un handicap pour l’individu et pour la communauté.

Les rendez-vous en Afrique, c’est toujours un casse-tête. Pour plusieurs personnes, l’heure convenue pour un rendez-vous, au lieu de représenter l’heure de se trouver à point nommé, est souvent confondue avec l’heure de prendre départ pour le rendez-vous. Le retard devient alors une fonction à plusieurs paramètres, le temps nécessaire pour rallier le lieu du rendez-vous en fonction des moyens de déplacement disponibles et l’intérêt porté à la rencontre par l’un ou l’autre des correspondants étant les principaux.

Ainsi, si on n’y prend garde, on perd doublement de temps, avant et après chaque rendez-vous en étant ponctuel.

Une étude réalisée par le ministère des Finances du Bénin a révélé que ce pays perd chaque année soixante dix milliards de francs Cfa à cause des retards accumulés par les agents économiques à différents niveaux. A côté donc des dommages de commodité, le retard engendre de gros dommages économiques et pourtant,  on s’en accommode.

 Question de culture ou d’éducation?

Mais en fait, pourquoi tous les autres peuples parviennent à être ponctuels et pas les Africains ? Les Africains auraient-ils un problème particulier avec l’heure ? Question de culture ou d’éducation ?

Probablement un mélange des deux. A mon sens, le ressort psychique inconscient de cette tare relève, vraisemblablement, du « mème » de la culture orale du continent. L’horloge, la montre et les rendez-vous à heure fixe sont apparus en Afrique avec la colonisation et les instruments de mesure du temps sont entrés dans l’usage des ménages et la vie sociale de la majorité des Africains il y a juste un  siècle. C’est dire qu’il y a actuellement des adultes africains qui n’ont jamais possédé de montre.

Dans l’Afrique ancestrale, il y avait aussi des rendez-vous, mais le repère horaire est souvent relatif, dans le genre : le premier chant du coq, le lever du soleil, dans la matinée, au moment du déjeuner, dans l’après-midi, au coucher du soleil, à la tombée de la nuit, etc. Comme on le voit, c’est un système assez approximatif, car aucun de ces repères n’est ponctuel. Dans ces conditions il est presque impossible d’établir un timing quelconque. Tel, fut pendant des siècles, le comportement des Africains face aux rendez-vous. Ce comportement acquis sous l’influence de la tradition orale est ce qu’on peut appeler : le  » mème » du temps souple, qui s’est propagé de cerveau en cerveau par l’usage et a eu cours pendant des siècles en Afrique.

Avec la pénétration européenne et l’aventure coloniale, l’horloge fait son apparition sur le continent et il a fallu que les Africains s’adaptent à ce nouvel outil d’appréciation du temps. Mais, dans ce nouveau contexte, le temps est fixé de façon très précise et la ponctualité devient une valeur nouvelle qui fait son apparition sur le continent. L’heure avant l’heure n’est pas l’heure, l’heure après l’heure, n’est pas l’heure, l’heure, c’est l’heure. Les Africains vont s’employer pendant environ un siècle à s’adapter à cette nouvelle donne avec plus ou moins de bonheur.

Seulement voilà, après environ cent ans d’adaptation, le retard est un défaut qu’une large majorité d’Africains ont encore en partage. Très léger ou très  prononcé selon le cas, le retard colle malheureusement trop souvent à l’image des Africains dans leurs relations publiques et motive quelque peu les critiques de décontraction, d’absence de rigueur et de négligence souvent formulées contre eux. Une situation bien souvent paradoxale d’ailleurs. Les gens attendent la dernière minute avant de manifester leur empressement à être à l’heure, ce qui fait que le retard est consommé malgré l’empressement qu’on peut observer.

Mais alors, qu’est-ce qui empêche actuellement,les Africains d’être ponctuels ou de faire de la ponctualité une valeur culturelle majeure ? La négligence ? Peut-être. L’absence de rigueur pour se conformer à ce qui est écrit? Assurément, l’accent n’est pas suffisamment mis sur l’éducation pour corriger cette tare collective. Certes, tout le monde considère le retard comme un défaut, mais de très faible gravité, la pression de sélection de l’éducation  reste faible donc pour éliminer ce comportement.  Nos ancêtres n’étaient point tatillons sur l’heure parce qu’ils avaient des référentiels très relatifs. Actuellement, les Africains ont un référentiel bien précis et universel, cependant, ils ne sont guère à cheval sur la question du temps. Manifestement ceci est une marque du phénomène de l’empreinte comportementale précoce. C’est, à mon avis, un « mème » culturel, transmis des générations passées aux générations actuelles.

 Le retard n’est pas une héritabilité génétique

Pour autant, ce retard endémique n’est pas une héritabilité génétique, il est plutôt culturel et peut se corriger ou se déconstruire dès que la société de façon déterminée va accentuer la pression de sélection sur ce critère pour que les choses changent rapidement. Non! Les Africains n’ont pas le retard dans le sang. Tous ces retards constatés à différents niveaux qui minent le développement ne sont que le fruit de mauvaises habitudes engendrées ou favorisées par l’empreinte précoce du « mème » du temps souple. Seule l’éducation peut contribuer à le corriger afin que le temps devienne de l’argent au service du développement. Ceci revient à faire de la ponctualité une valeur cardinale de nos cultures et de sensibiliser toutes les couches de la société, notamment,  les élèves, dès les classes élémentaires afin de créer un nouveau patron comportemental qui finira par bannir le retard sur le continent.


Et si c’était vrai ?

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la rumeur d’un futur divorce entre Barack et Michelle Obama  pour  cause  d’ une supposée  love story adultère de son mari avec une autre femme enflamme le web aux Etats-Unis.   Pourtant  ni    la Maison Blanche ni les grands médias américains n’ont pour l’instant pas relayé l’information ce qui rend le suspens total.

Pas facile de croire cette information, surtout que le très controversé National Enquire qui a lancé aujourd’hui en «Exclusivité mondiale» la nouvelle n’en est pas à sa première fausse rumeur sur le couple présidentiel américain.

Selon ce tabloïd américain, Barack Obama et  Michelle Obama seraient au bord de la rupture. Les deux époux feraient  chambre à part depuis déjà quelques temps  et  Michelle prévoirait de divorcer à la fin du second mandat du Président. La raison : une liaison supposée de Barack Obama avec une autre femme. La First lady aurait,  semble-t-il découvert une  liaison de son mari avec une femme dont l’identité reste encore inconnue. Un événement qui serait survenu lors des fêtes de fin d’années quelques semaines  avant  les 50 ans d’anniversaire de la First lady, ce qui aurait ajouté à sa colère.

Il est vrai le couple présidentiel américain fascine à plus d’un titre. Le style, le prestige et  l’amour s’allient pour former autour d’eux un charisme hors pair. Une chance qui a suscité bien d’amitiés à travers le monde et probablement autant d’inimitiés. Il n’est pas exclu que Barack soit victime  de son succès. Une mauvaise lecture de ses élans et gestes par Michelle peut susciter une scène de jalousie regrettable.

Ce fut d’ailleurs le cas le 10  décembre au Soccer City Stadium de Soweto, lors de l’hommage national à Nelson Mandela. Après son brillant discours, assis aux côtés de sa femme Michelle pour le reste de la cérémonie, sa voisine de droite, la Première ministre danoise Helle Thorning-Schmidt, lui a demandé une photo à ses côtés ou plus précisément un selfie, un autoportrait pris à bout de bras à l’aide d’un téléphone portable. La mine agacée de Michelle Obama et son  empressement à séparer les deux personnalités, en s’asseyant entre elles n’a pas échappé aux observateurs.

L’événement en cause actuellement  peut bien être quelque chose dans la même veine instrumentalisée par les ennemis du couple, voire même quelque chose qui n’a jamais existé. Reste que Michelle n’est pas une gamine et la question se pose de savoir et si c’était vrai ?

Cela voudrait dire que les allégations du tabloïd américain ne sont pas l’œuvre d’une presse qui prend ses imaginations pour la réalité, mais bien la réalité qui se joue de nos imaginations.

Cela voudrait surtout dire que la menace de divorce en 2016 viendrait effectivement de Michelle Obama et dans ce cas le risque est grand pour qu’elle mette à exécution sa menace.

Cela voudrait aussi dire que le couple présidentiel ne ferait plus rêver et surtout que la sérénité qui a caractérisé Barack Obama jusqu’à ce jour peut être sérieusement affectée.

Mais, comme ce divorce  n’interviendra qu’à l’horizon 2016, nous seront  nombreux à  plaider auprès de Michelle les circonstances atténuantes pour Barack afin que ce que Dieu a uni reste a jamais uni.


Bénin : des chiens aboient, la caravane est aux abois!

 

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La crise sociale au Bénin prend  malheureusement de plus en plus d’ampleur et la dernière sortie médiatique du chef de l’Etat béninois a comme jeté de l’huile sur le feu avec une radicalisation des revendications syndicales.  Mais, il reste que la situation du pays est plus que critique et la question se pose de savoir si le chef de l’Etat prend vraiment la mesure de la situation.

L’actualité sociopolitique au Bénin, de plus en plus alarmante, ne laisse plus personne indifférent dans le pays. L’année 2013 aura été une année noire pour le président Yayi et pour le Bénin. Tout au long de l’année, le chef de l’Etat a cumulé les déboires et les revers dans la mise en œuvre de ses réformes.

Sur le front social non plus, la politique gouvernementale n’est pas avenante. A propos du dialogue social, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il est depuis bien des années en panne. Année après année, les syndicats des différentes corporations interpellent le gouvernement sur leurs misérables conditions de travail, et chaque année les doléances restent sans suite. Le gouvernement dans une démarche floue mélange mutisme, intimidation et manipulation. Outre l’interdiction systématique des marches pacifiques des organisations qui ne partagent pas les mêmes opinions que le pouvoir, des diatribes et intimidations fréquentes sont proférées contre les secrétaires généraux des  syndicats, organisations de la société civile, journalistes, politiques voire le clergé catholique, une pratique jugée méprisante et antidémocratique par les partenaires sociaux.

Pour dénoncer tous ces manquements, et abus qui caractérisent la gouvernance Boni Yayi, les 5 centrales et confédérations syndicales du pays ont organisé le 27 décembre 2013, une marche pacifique à travers les rues de Cotonou.

Contre toute attente, cette marche a été violemment réprimée dans le sang sur ordre du préfet de l’Atlantique et du littoral Placide Azande, ordre exécuté par le commissaire central de Cotonou Agossadou Pierre. Cette violente charge de la police a causé une dizaine de blessés dans les rangs des manifestants, dont deux leaders des organisations syndicales.

La réaction des Responsables syndicaux et de l’ensemble des travailleurs est à la hauteur de l’indignation que cette répression a suscitée dans le pays. En riposte à cette répression, les cinq centrales syndicales du pays ont décidé d’une grève de 48 heures à compter du 7 janvier 2014. Les responsables syndicaux initiateurs de la grève exigeaient entre autres :

–          le relèvement de leurs fonctions de Placide Azandé, préfet du département de l’Atlantique-Littoral et de Pierre Agossadou, commissaire central de police de la ville de Cotonou, principaux « instigateurs » selon eux de la répression musclée de leur marche du 27 décembre,

–           le « respect scrupuleux et la jouissance sans entrave » des libertés démocratiques et syndicales,

–          la garantie de la sécurité à tous les citoyens, notamment les responsables syndicaux, des magistrats, des responsables de la société civile, des partis politiques et les opérateurs économiques ne partageant pas les mêmes points de vue que le pouvoir,

–          l’annulation « pure et simple » du concours de recrutement « frauduleux » au profit du ministère de l’Economie et des Finances de juillet-août 2012 et récemment validé par le gouvernement.

Après deux semaines d’observance de la motion sans satisfaction, le mouvement de débrayage est passé à 72 heures à compter du mardi 21 janvier.

Cette grève soutenue par les partis politiques de l’opposition et largement suivie par les travailleurs n’a pas du tout été du goût du gouvernement. Dans un communiqué du gouvernement signé de son secrétaire général Eugène Dossoumou, il est rappelé à l’attention des travailleurs que : « Conformément à la gouvernance syndicale universelle, le salaire est la juste rémunération du travail accompli.En conséquence, l’Etat  procédera à la défalcation systématique du nombre de jours non travaillés de leur salaire… Les intéressés devront s’adresser aux syndicats initiateurs des mouvements de débrayage pour se faire rembourser le nombre de jours ainsi défalqués ».

En effet, suite à l’effectivité de la mesure gouvernementale de défalcation sur les salaires des travailleurs pour fait de grève, constatée par les travailleurs sur leur salaire du mois de janvier, les grévistes ont durci le ton. Les mouvements de paralysie générale de l’administration publique ont gagné en intensité notamment dans le secteur de l’enseignement supérieur, de la magistrature, de la santé et dans l’administration générale.

Dans l’enseignement supérieur, suite à la défalcation sur salaires pratiquée par le gouvernement, les enseignants des universités publiques du Bénin ont déclenché une grève illimitée en vue d’exiger de l’exécutif béninois, la satisfaction des revendications des travailleurs béninois, mais aussi le remboursement sans délai des ponctions « arbitraires » faites sur les salaires des enseignants du supérieur pour fait de grève, indique un communiqué de l’Intersyndicale des enseignants du supérieur composé du Snes, Synares, Synhub et du Sécup. Une année blanche en perspective dans le pays.

Dans le secteur judiciaire, l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) était en grève de 72 heures renouvelables chaque semaine depuis novembre pour des raisons corporatistes. Elle  a aussi suivi le mot d’ordre de grève des centrales syndicales de janvier dernier et les magistrats aussi ont vu leur salaire défalqué des jours de grève ce qui a ravivé leur colère.  Réunie en assemblée générale extraordinaire le lundi 27 janvier 2014, l’Union nationale des magistrats du Bénin a exigé du gouvernement l’annulation pure et simple, et ce, avant vendredi 31 janvier 2014 de la mesure de défalcation qu’il a prise.

Passé ce délai, l’Uanamab pourra durcir le mouvement en cours en passant d’une grève de trois jours à cinq  jours par semaine, renouvelable par tacite reconduction, à compter du lundi 3 février 2014 à effet d’exiger du gouvernement entre autres :

– La rétrocession de l’intégralité des fonds illégalement et arbitrairement défalqués,

– la correction des irrégularités contenues dans les nominations de 2013 et de 2014.

Toutes ces revendications n’étant pas satisfaites à ce jour, la logique d’une paralysie du système judiciaire du pays s’impose ici aussi en perspective des dommages énormes pour les justiciables béninois.

Dans le secteur de la santé, depuis le 1er octobre dernier, le Collectif des praticiens hospitaliers (CPH) qui observait déjà un mouvement de grève dans tous les hôpitaux publics pour des raisons corporatistes a également suivi le mot d’ordre de grève des centrales syndicales de janvier dernier et les médecins aussi ont vu leurs salaires défalqués des jours de grève.

Réunis en assemblée générale à l’hôpital de la mère et de l’enfant Lagune (Homel) de Cotonou ce 28 janvier 2014, le Collectif des praticiens hospitaliers menace aussi de durcir le ton si le gouvernement ne fait rien pour accéder à ses revendications avant le 10 février 2014. En lieu et place de la grève de 96 heures qu’il observe déjà, le CPH entend déclencher la semaine « hôpitaux morts, sans médecins ». Autant dire une hécatombe en perspective dans le pays.

Il faut dire que cette radicalisation des mouvements syndicaux sonne un peu comme la réponse de la bergère au berger après le  discours du chef de l’Etat du 27 janvier, discours dans lequel il n’y est pas allé du dos de la cuiller contre ses pourfendeurs :  « Ils vont à Paris … je les suis…je suis au courant de tout…je les ai tous…ils sont dans mes mains… je les attends… je vais bondir et je bondirai sur… ils verront… il peut y avoir la guerre… vous les jeunes je vous le jure… le Père céleste créateur du ciel et de la terre…vous êtes mon bouclier, je serai avec vous au ciel ou sur la terre…les syndicalistes…le président ne peut plus toucher quelqu’un…ils vont utiliser de l’encre rouge pour simuler le sang…pour ternir mon image…l’image de la République « , etc.

Dans ce contexte délétère où tout le monde est fâché contre tout le monde, les travailleurs visiblement plus engagés que jamais et le gouvernement décidé à en découdre avec eux, la question se pose de savoir où va le pays ?

Hôpitaux morts, université en berne, tribunaux en berne, écoles et lycées et en berne, Administration publique paralysée, autant dire pays mort. Cette stratégie peut être comparée à une défense en ligne au football. L’adversaire est techniquement mis hors jeu, ce qui est aussi bien dangereux pour le pays que pour le chef de l’Etat.

Oui, il y a lieu de le dire, au Benin, il y a péril dans la demeure. D’ailleurs, dans son discours du 27 janvier, après avoir traité tous ses pourfendeurs de : « Chiens qui aboient…qui ouvrent la gueule.. », le président a lui-même avoué que : « … La situation est très dangereuse… très triste, nous sommes tous coupables… »

Pour ma part, je pense qu’il ne faut peut-être retenir du discours du chef de l’Etat que cette dernière phrase. Tous coupables, une façon de reconnaître que la solution est dans le dialogue et non dans la confrontation.

Vivement que la rencontre paritaire gouvernement-syndicat prévue ce lundi à Cotonou pour explorer les voies de sortie de cette terrible crise se tienne effectivement et permette aux protagonistes de fumer le calumet de la paix afin que les compromis nécessaires soient trouvés pour dénouer l’une des crises les plus profondes de l’histoire du Bénin.


France : La rupture Hollande – Trierweiler officialisée

 

De notoriété publique, depuis l’annonce de L’idylle entre le président François Hollande et l’actrice Julie Gayet, le couple présidentiel ramait contre le vent. Pendant sa conférence de presse le 14 janvier  dernier, François Hollande, s’était engagé à clarifier la situation de son couple avant sa visite officielle aux Etats-Unis prévue le 11 février. C’est chose faite depuis ce samedi. 

Le président français François Hollande a annoncé samedi en fin d’après-midi à l’AFP « la fin de sa vie commune avec Valérie Trierweiler », deux semaines après la révélation de sa liaison avec l’actrice Julie Gayet par le magazine Closer.

En prenant soin de Préciser qu’il s’exprimait à titre personnel et non en tant que chef de l’Etat, car il s’agissait de « sa vie privée » , il a déclaré: « Je fais savoir que j’ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler ».

Ensemble depuis 2007, le couple aura passé sept années de vie commune. Revenus chacun  de très loin – deux divorces pour Valérie et une rupture pour François –  sept ans durant, le couple a connu les moments difficiles des familles recomposées et la gloire du sacre. Pendant sept ans, chacun d’eux, a probablement donné le meilleur de lui-même, pour réussir ce qu’ils n’avaient pas réussi dans leurs vies passées, mais hélas.

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François hollande et Valérie au moment où les deux  regardaient dans la même direction.

 

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Dorénavant, chacun regarde de son coté.

Dommage que cette belle histoire n’a pas résisté à l’épreuve du pouvoir.

Toute fois, il est regrettable que   cette séparation a pour fond de toile l’ affaire Julie Gayet. Si on ne s’en tient qu’ à la chronologie des  événements,  elle  apparaît  logiquement, comme le détonateur de la séparation du couple présidentiel, pourtant elle est loin d’en être le cause.

Un dicton africain prône qu’il ne faut pas regarder là où on est tombé, mais où on a trébuché. Certes, la révélation de la liaison de François Hollande avec  l’ actrice, a contribué à alimenter le tourbillon médiatique, mais il serait naïf de croire que c’est Julie Gayet qui a semé le trouble dans le couple présidentiel. François Hollande et Valérie Trierweiler seuls, savent où leur couple a trébuché pour aboutir à la séparation actuelle. Le  tweet de soutien de Valérie au rival de Ségolène Royal pour le siège de député de La Rochelle en juin 2012, les griefs des enfants de Hollande contre Valérie et les nombreux désaccords entre les deux conjoints sont autant de frictions susceptibles de  fragiliser la cohésion du couple Hollande.

Loin d’être donc celle par laquelle la faute arrive, Julie Gayet n’est, à mon avis, que la conséquence des déboires du couple Hollande.

Après la clarification présidentielle, il faut espérer que les deux vont trouver une bonne modalité de séparation pour atténuer le traumatisme de la rupture.

Vivement que la sérénité revienne rapidement dans les cœurs et les esprits des deux, en particulier, dans celui du président pour répondre aux  exigences de sa lourde fonction.