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En Mauritanie, MBareck Ould Imijine, de la servitude à la… servitude

«Je suis né en 1954 dans la localité de Arr relevant du département de R’Kiz.  A l’âge de 6 ans, à l’indépendance, les maitres m’ont arraché à ma mère pour m’amener dans leur localité, à Rouweibine, pour paître leur troupeau, puiser l’eau au puits et m’occuper des tâches ménagères ». Tout en passant furtivement sur cet épisode lointain de sa vie, debout sur sa petite taille, le corps un peu bedonnant, une couronne de cheveux blancs rebelles échappant de son hawli noir, MBareck Ould Imijine, était déjà prêt pour une nouvelle corvée champêtre. Une journée de plus qui vient s’ajouter à des milliers d’autres journées qui ont jalonné une vie faite de privation, de servitude et de durs labeurs. Il restera entravé dans les chaînes de la servitude jusqu’en 1975.

MBareck Imijne (Photo Lô El Hadj)

Enveloppé dans un caftan à la blancheur souillée de mille tâches, il enfila ses bottes noires, s’empara de sa houe qu’il accrocha avec nonchalance sur son épaule. Voilà, il était prêt. Debout devant le hangar de bois et de tissus qui lui sert de demeure, il jeta un dernier coup d’œil circulaire, histoire de vérifier sans doute que tout allait bien. Une kyrielle de marmots vint se frotter à ses pieds, dans un vol de moineaux.  Son petit, Mahmoud, encore au primaire, et certains de ses petits-enfants.

Sa compagne, Minetou Mint Abeid qu’il a marié en 1980 est de 9 ans sa cadette. «Elle est née trois années après l’indépendance » commente-t-il. MBareck est peu volubile. A peine deux phrases, puis le silence abyssal, tout en vous transperçant de son regard, un sourire avenant à la fleur des lèves. Minetou est une femme d’un âge avancé, qui domine son mari d’une bonne tête, le corps frêle enveloppé dans un voile fripeux. Femme au foyer, elle eut du mal à parquer sa petite marmaille.

«Comme moi, Minetou est originaire de Arr. Nous nous sommes installés depuis quelques décennies ici à Tachtaya » ajoute-t-il. D’un pas traînant, il alla rejoindre son voisin, Aliyine, déjà juché sur sa charrette. Le seul moyen de transport disponible pour se rendre aux terres de culture. Pour y accéder, il faut emprunter des allées boiseuses, dépasser une barrière faite d’un tronc d’arbre que les usagers déplacent puis replacent une fois l’entrée franchie. «Pour empêcher les animaux de pénétrer dans la zone » explique-t-il.  Ensuite, une allée cahoteuse qui longe des étangs et des champs.

«La plupart de ceux qui travaillent ici sont des étrangers », commente-t-il. Sa phrase à peine achevée que voilà une demi-douzaine d’hommes au teint basané, habillés en pantalon et chemise, certains enturbannés, en train de réparer une clôture grillagée. «Ce sont les Touarègues. Ils pullulent comme des mouches ici. Ils vivent là, avec femmes et enfants » confie-t-il. Des huttes apparaissent au milieu des cultures, avec des antennes paraboliques et des plaques solaires. «Ils habitent sur place, au milieu des plantations et n’ont aucun commerce avec les autochtones. Les propriétaires des terres ont dû les mettre en garde contre tout contact avec nous. Ils les préfèrent à nous autres, les résidents. Ils pensent qu’ils sont moins exigeants et plus corvéables » susurre-t-il.

Sautant du coq à l’âne, MBareck revint aux années 70. «Après avoir quitté mes anciens maitres, je me suis rendu au Sénégal où j’ai travaillé comme manœuvre, puis vendeur (Wagav) dans une boutique» raconte-t-il. Comme des milliers de Mauritaniens, il fait partie de ses vagues de rapatriés, victimes des évènements de 1989 qui avaient amené la Mauritanie et le Sénégal presqu’à l’affrontement militaire.

Depuis, MBareck Ould Imijine et Minetou Mint Abeid, vivent dans cette localité paysanne de Tachtaya. Ils ont eu cinq garçons et quatre filles, nés entre 1982 et 2010. «Les trois filles sont mariées. Les garçons, il y en a un qui travaille à la Société nationale d’électricité à Wali au Gorgol, le deuxième est manœuvre, deux sont au Lycée de R’Kiz et le plus jeune est au primaire » débite-t-il fièrement , se rappelant de la date de chacune des naissances, et mêmes des années de mariage des filles. Cette deuxième génération de descendants d’esclaves a visiblement plus de chance que ses ascendants. Ils auront certainement une vie totalement différente de la leur, la liberté, l’éducation et sans doute, un avenir meilleur.

«J’ai décidé de garantir un lendemain plus sûr à mes enfants en m’investissant à fond dans leur éducation scolaire. Quant à moi, je n’ai quitté les chaînes de la servitude domestique que pour tomber dans celles de la servitude agricole. Et je ne veux pas que mes gosses subissent la même chose » avoue-t-il. Là-bas, au bord du Lac R’Kiz, il a bénéficié d’un lopin de terre,  0, 1 ha, où il cultive du riz. «Sans motopompe pour tirer l’eau, je suis obligé de donner près du tiers de mes récoltes pour un accès à ce précieux liquide. Si au moins, l’Etat nous avait aidé sur ce plan » lance-t-il dans un soupir. Les mêmes chaînes de servitude sous lesquelles se ploient des dizaines d’autres paysans harratines, entravent son corps et son esprit. Déjà, une nouvelle génération de harratines, plus cultivée grâce à l’extraordinaire révolution numérique, a décidé de briser ces chaînes de la servitude, conscients de ses droits citoyens. Cette jeunesse est parvenue à arracher auprès de l’Etat, une parcelle de 80 ha, le quadruple de celle qu’ont obtenu leurs parents.

Cheikh Aïdara

Ce portrait a été réalisé dans le cadre du Projet «Liberté, Droits et Justice : combattre l’esclavage par ascendance en Mauritanie » exécuté par SOS Esclaves, une ONG des droits de l’homme créée en 1995, reconnue en 2005, sur financement du Département d’Etat des Etats-Unis.



8ème Journée Super D 1 : des attaques percutantes, 12 buts en une journée

La 8ème journée du championnat national de 1ère Division ou Super D 1 qui s’est déroulée samedi et dimanche 18 et 19 novembre dernier n’a pas dérogé à la règle observée depuis le début de la saison. Des attaquants percutants, même si parfois des maladresses notoires ont été relevées. Au total, ce sont 12 buts qui ont été marqués, dont 7 le samedi et le carton infligé ce dimanche par FC Tevragh-Zeina au Kaédi Football Club,  5 à zéro. Soit une moyenne de 3 buts par match.

Présentation des équipes (Photo Aidara)

Ksar-Deuz : 2 à 1

L’AS Ksar a disposé de Deuz par le score de 2 buts à 1, à l’issue d’un match plein de suspens. A l’issue de la première mi-temps qui s’est achevé par un nul blanc, les Ksarois vont ouvrir leur compteur dès la 51ème minute par un magnifique but de Diallo Mamadou Diouldé. Les protégés de Mohamed Salem Harouna dit Sneïdry vont doubler la mise en cours de jeu par un pénalty exécuté par Mkhailigue Mohamed Saleck qui ne laissa aucune chance au portier de Deuz, Souleymane Boubacar Diop. Mais les jeunes coéquipiers de l’excellent N°10, Sidi Moulaye loin de se sentir vaincu vont mettre le pied sur l’accélérateur en perforant à plusieurs reprises la défense ksaroire. Ils seront récompensés vers la 80ème minute grâce au but inscrit par El Id Mohamed entré en cours de jeu.

Mis en confiance, les trépides attaquants de Deuz sous la houlette de leur meneur de jeu, Sidi Moulaye vont peser sur la ligne défensive du Ksar et obtiendront même un pénalty non sifflé par l’arbitre. Aux termes des 90 minutes du temps règlementaires, le juge central a sifflé la fin de la partie, une délivrance pour les Ksarois qui ont embrassé le sol, heureux d’avoir emporté les trois points de la rencontre, qui les fait oublier la raclée que leur avait admonesté la semaine dernière le FC Nouadhibou.

Garde Nationale-Teyssir d’Atar : 2 buts partout

La rencontre qui a opposé l’AS Garde Nationale au FC Teyssir d’Atar, samedi 18 novembre en levée de rideau du match Ksar-Deuz sur la pelouse du Stade Cheikha Boydiya est sans doute l’un des plus beaux matchs de ce Super D 1. Cueilli à froid dès la 7ème minute de jeu, les jeunes Atarois, dont c’est la première participation en 1ère Division, ont beaucoup peiné avant d’entrer dans le jeu. En effet, ce but surprise de la Garde inscrit par Béchir MBaye Gaye sur une belle combinaison, sera suivi par un deuxième but signé Amadou MBodj à la 27ème minute. Après avoir accompli l’essentiel, les poulains du capitaine Ould Elya croyaient pouvoir dormir sur leurs lauriers, mais c’était sans compter avec la trépidante équipe de Teyssir qui a failli réduire la marge à la 30ème minute.

Mais ce n’était que partie remise car à la 41ème minute, le public du Stade Cheikha Boydiya allait assister à un but d’anthologie marqué par une reprise en pédale par Samba vall. Le public est en feu et les Atarois développent un beau jeu. Ils offriront du spectacle et de l’inédit.  Le public aura un effet droit au premier but marqué par un gardien de but. En effet, Sidi Mohamed Salem, le portier Atarois exécutant un coup de pied arrêté consécutif à un hors-jeu allait battre le portier adverse sur un tir de 35 mètres. Suite à ce long lob, la balle va ricocher sur le poteau puis venir frapper le gardien dans le dos et finir sa course dans les filets.  L’instant était tout simplement magique.

Comme piqué par cet exploit, les Atarois vont appuyer sur l’accélérateur prenant à revers la défense de la Garde qui commençait à prendre l’eau de toute part.

Pour casser le jeu et permettre  à ses poulains de reprendre leurs esprits,  Abdallahi Maouloud dit Janvion, coach de la Garde, va procéder à son premier remplacement. Il fait entrer son attaquant de pointe, Abderrhamane Sy à la place de Adama Koné. Son alter ego de Teyssir, Aylal Yacoub remettait lui aussi les batteries à son équipe en jetant dans la mêlée, Moyaye Baba Seck en lieux et places du milieu défensif, Meinatt Sidi. Loin de vouloir s’en tenir à ce nul 2 buts partout, chacune des équipes cherchait à marquer le but vainqueur. Mais les deux tactiques, s’ils ont contribué à offrir un beau spectacle, n’arriveront pas à changer le cours de la rencontre. Et c’est sur cette parité que Garde et Teyssir se quitteront en se partageant les gains du match. Les deux équipes ont pourtant épuisé toutes leurs cartouches avec côté Garde, l’entrée en cours de jeu de Ismaël Dramane et Diarra Bassary respectivement à la place de Ahmed Salem Tambel et Abou Beye Souleymane. Côté Teyssir également, la réserve a été rappelée à la rescousse avec l’entrée de Veten Moulaye et Ahmed Kader Abdel Vetah à la place respective de Demba Houceine et El Awy Sid’Ahmed.

FC Tevragh-Zeine contre Kaédi : 5 à 0

Sur une pente en dents de scie avec des victoires, des défaites et des nuls, le FC Tevragh-Zeina qui a tenu le haut du pavé depuis près d’une décennie dans le championnat mauritanien, avait besoin d’un remontant pour redonner la morale à la troupe. Le doyen des entraîneurs, Birame Gaye sérieusement en bute à des critiques de plus en plus acerbes, et un risque réel de se voir dégommer, avait lui aussi besoin d’un bon résultat, même si ce n’est qu’un sursis. C’est ainsi que dimanche 19 novembre, en premier match comptant pour cette 8ème journée du Championnat, son équipe s’est régalé, étrillant une modeste équipe de Kaédi, elle aussi sur une suite de défaite lourde. Cinq buts à zéro et trois points pour remonter un peu dans le classement. La confiance semblait revenir au sein des supporters mais aussi des dirigeants de FC Tevragh-Zeina.

Le festival des buts a commencé dès la 4ème minute avec ce but marqué par Soueidi Mohamed qui rempilera à la 20ème minute. Puis, Kaédi prit de l’eau de toute part, à la 35ème minute grâce à un très joli but de Karamoko Moussa, l’international qui avait mis fin au rêve malien à Bamako lors du match qualificatif à la CHAN..

Avec une avance confortable de 3 buts sur son adversaire, les Galactiques de la Capitale pouvaient alors respirer durant la pause. A la reprise, la domination des Nouakchottois reprit de plus belle et à la 60ème minute, Karamoko Moussa revenait pour signer son doublé de la soirée.

A 4 buts à zéro, en plus de plusieurs occasions nettes de marquer, les carottes étaient  déjà cuites pour les Kaédiens qui ont pourtant tenté à plusieurs reprises de revenir au score. Mais la fébrilité des attaquants et leur maladresse devant les buts de Mohamed Salah Edine allaient leur faire perdre des occasions de sauver l’honneur. Le coup de grâce interviendra à la 73ème minute, lorsque Karamoko Moussa, encore lui, prolongea une balle admirablement travaillé par El Mamy Cheikh Traoré.

Les Kaédiens ont procédé à leurs changements tactiques, avec l’entrée de Lam Amadou à la place de Diallo Sabou et celle de Bâ Housseinou à la place de Bâ Lambou, mais la sauce ne prit pas. FC Tevragh-Zeina a aussi procédé à deux changements, Mohamed Koné à la place d’El Mamy Traoré et Hadj Moctar à la place de Traoré Karamokho.

Police-Riadh : 1-0

L’AS Police et l’AJ Riadh ont failli se quitter dos à dos, si Boilil Mohamed Nouh n’avait offert à la 88ème minute, un précieux but à ses coéquipiers de la Police. Les des deux équipes ont perdu de nombreuses occasions qui se sont présentées, notamment deux tirs cadrés sous la barre transversale. Le match aurait pu s’achever par un match nul si le capitaine de l’équipe de l’AJ Riadh, Ethmane Sidi Yacoub n’avait pas raté le pénalty sifflé en faveur de son équipe à la 53ème minute.
Le jeu était assez équilibré avec de très belles batailles en mi lieu de terrain. Ndiaye Sidi Moctar, le coach de la Police va dans un premier temps trouver la bonne faille en jetant dans la mêlée, Sy Abou à la place de Gaye Birama, puis Habib Mohamed Yislim à la place de Sow Ali. Une combinaison gagnante qui va aboutir à ce précieux but à six minutes de la fin du temps règlementaire.

A sa décharge, l’AJ Riadh a terminé la partie à dix, après l’expulsion de Saïd Souleymane qui avait écopé de deux cartons jaunes. Cheikh El Hacen Sow, le coach de Riadh a tenté de rééquilibrer en faisant entrer le N°10, Mohamed Vall à la place de Barry Alioune, Cheikhna Ahmed Aboulaly à la place de Mohamed Cissokho et Sow Djibril à la place de Mohamed Vall qui n’a joué que quelques minutes.

Cheikh Aïdara


Journée Portes ouvertes sur la nutrition : SUN Mauritanie et réseau des femmes parlementaires se concertent

Le groupe de la société civile du Mouvement SUN-Mauritanie pour la lutte contre la malnutrition conduit par son président Moulaye El Mehdi Ould Moulaye Zeine et le Réseau des femmes parlementaires sous la houlette de sa présidente, Marième Baba Sy se sont réunis ce matin, vendredi 17 novembre 2017 sous la coupole de l’Assemblée Nationale.

Sun Mauritanie et les femmes parlementaires (crédit Aidara)

La rencontre avait pour objet de sensibiliser les femmes parlementaires sur l’acuité d’une lutte coordonnée contre la malnutrition en Mauritanie, d’autant plus que le caractère grave de la situation nutritionnelle en Mauritanie a été mise en exergue dans plusieurs rapports, dont la dernière enquête publiée dans ce sens en février 2017 par le Ministère de la Santé (Enquête Smart 2016) et l’alerte lancée par le groupe humanitaire pays.

C’est dans ce cadre que le Mouvement SUN compte organiser, en collaboration avec les femmes parlementaires une journée Portes-Ouvertes sur la nutrition en présence de l’ensemble des acteurs impliqués dans la problématique, gouvernement, société civile nationale et internationale, partenaires, organisation du système des Nations Unies pour une meilleure visibilité des actions entreprises jusque-là et les insuffisances à améliorer.

D’emblée, Moulaye El Mehdi a brièvement présenté le Mouvement Scan Up Nutrition, une action mondiale qui fédère aujourd’hui plus de 60 pays à travers le monde, mais aussi plusieurs institutions comme les Nations Unies, l’Union Européenne ainsi que plusieurs donateurs et organisations non gouvernementales internationales. Moulaye El Mehdi a rappelé que la Mauritanie a adhéré à ce mouvement en 2011, avec comme point focal le Ministère de l’Economie et des Finances et la mise en place de ses cinq composantes nationales , à savoir le gouvernement, la société civile, les donateurs, le secteur privé et le système des Nations Unies.

L’implication des parlementaires tient, dira-t-il en substance, dans le rôle central qu’ils jouent dans le vote des lois et des budgets ainsi que le contrôle des actions du gouvernement, en plus de leur redevabilité vis-à-vis des populations.

Mohamed Ould Bneïjara, Secrétaire général du groupe de la société civile SUN-Mauritanie a mis en exergue l’importance pour les acteurs de la société civile de disposer des informations nécessaires et de l’impérieuse implication des parlementaires pour un changement de comportement, l’augmentation de la part du budget alloué à la lutte contre la malnutrition.

Les femmes parlementaires se sont dites d’emblée engagées dans cette initiative. La date de la journée Portes-Ouvertes reste à déterminer compte-tenu de l’agenda fournie des députés tout au long du mois de décembre jusqu’à la mi-janvier.

Avaient assisté à la rencontre, plusieurs ONG nationales et internationales mais aussi le secteur privé, notamment Action contre la faim, World Vision, Adig, Amami, Aspom.

Le réseau des femmes parlementaires qui regroupe 33 membres dont d’anciennes parlementaires était représenté outre sa présidente, par les députés  Loula Mint Zerough, Betoul Mint Abdel Haye, Toutou Mint Eleya, Absatou Kane, entre autres.

Cheikh Aïdara


Ould M’Kheïtir, le brûlot mauritanien

Je pense que la société mauritanienne, recluse dans un carcan idéologique vieux de 7 siècles aussi bien dans sa conception de l’Islam que dans son classicisme poétique préislamique et sa vision des rapports sociaux, avait besoin d’un Birame Dah Abeid, ou d’un Ould M’Kheïtir, pour qu’elle se rende compte combien est archaïque le monde dans lequel elle s’est enfermée. Depuis quelques jours, la rue mauritanienne aussi bien les réseaux sociaux qu’Internet s’enflamment au brûlot qu’est devenu Ould M’Kheïtir, tant et si bien qu’on se demande, comment un écrit aussi mal ficelé dans sa construction que dans son argumentaire, peut ébranler tout un pays, déchaîner tant de passion et incendier tant de conscience, jusqu’à devenir une affaire d’Etat.

Pourtant, la plupart de ceux qui se réclament gardiens des Cieux, détenteurs omnipotents des clés du Paradis et de l’Enfer, distribuant les grâces d’Allah comme ils le font avec les médicaments périmés, les aliments avariés et les marchés du faux et de la contrefaçon, ceux qui se sont taillés de funestes réputations dans le détournement de dons des pays du Golfe destinés à des fins religieuses et sociales, n’ont même pas lu ce que Ould M’Kheïtir a écrit.

En réalité, l’autodafé de Riadh pleinement assumé par le descendant d’esclave Birame Dah Abeid et le brûlot lâché par le forgeron Ould M’Kheïtir, n’auraient jamais connu une telle ampleur s’ils avaient émané de personnes bien nées. Eux, parce qu’issues de classes serviles et de castes n’ayant pas droit au chapitre du religieux, ce sont des mécréants et des ennemis de l’Islam qu’il faut décapiter, là, ce sont des âmes bien nées, victimes du diable, des «Mejdhoubs », un peu dérangés qu’il faudrait ramener à la raison à coups de talismans ou de congés luxueux auprès de quelques saintetés.

Ce qui en réalité a fait la Saga de ces deux affaires qui ont sérieusement secoué le cocotier salafo-wahabite des rigoristes conservateurs, jusqu’à leur fournir le combustible nécessaire à leurs propres calculs machiavéliques à travers l’embrigadement des masses incrédules, c’est aussi bien le régime en place que son opposition, toujours à la recherche d’une bonne bourse politique.

Rappelez-vous des deux sorties de Mohamed Abdel Aziz, aux portes du Palais présidentiel, recevant les masses hystériques et jouant au Commandeur des Croyants, avec ses accoutrements et ses turbans salafistes. Dans le cas de Birame Dah Abeid en 2012 comme dans le cas de Ould M’Kheïtir en 2014, il avait jeté à titre de promesse aux foules déchaînées sous ses pieds, la tête des deux imposteurs. Le pouvoir a ensuite permis, sinon même encadré, tous les meetings que les prétendus «défenseurs du Prophète»  de la Nosra, ont organisé pendant plusieurs mois, vendredi après vendredi, jusqu’à prendre la forme d’une fête foraine, là où les harangueurs rivalisèrent à la bourse de la haine, face à la mosquée Ibdn Abass.

Ces rassemblements dominés par l’odeur du sang, l’appel au meurtre et les menaces à l’autorité de l’Etat, étaient assez atypiques pouf un pays qui se dit moderne, membre de surcroît des Nations Unies dont il a ratifié tous les traités et conventions. Ces foules hystériques rappelaient même à bien d’égards, les pogroms qui faisaient jadis l’apanage des cirques de Rome, quand juché sur les estrades du Colysée, le César descendait son pouce, pour la mise à mort du gladiateur vaincu. Sauf que le pouce de Mohamed Abdel Aziz était un pouce menteur. Birame Dah Abeid est sorti de prison pour emprunter les allées menant vers la présidence de la République, et Ould M’Kheïtir a été presque gracié. D’où ce sentiment de trahison des masses déçues par les promesses non tenues du Guide spirituel que Mohamed Abdel Aziz tentait d’incarner, surfant au gré de ses intérêts sur la fibre islamique.

Mais Nosra, cette organisation des faux amoureux du Prophète (PSL) n’en a pas aussi mené large. Dirigé par un avocat ripoux objet de moult poursuites judiciaires, d’un érudit chantre de l’immobilier au rabais qui est en train de préparer un véritable subprime en Mauritanie et d’un charlatan objet de multiples accusations de viols en série, la Nosra a été laminée par des scandales répétés et des rivalités de clocher.

L’opposition en perte de repère et de vitesse a aussi géré l’affaire des livres incinérés du Fiqh, que le mouvement IRA et son président Birame considèrent comme le «Code noir de l’esclavage » ainsi que celle de Ould M’Kheïtir, au gré des humeurs de la rue. Loin de leurs référentiels de base que  les multiples échecs politiques ont dépouillés de leur substance. Hier, ils ont condamné Birame, l’ont voué aux gémonies et sont descendus jusqu’à l’intellect du charretier analphabète et bédouin. Aujourd’hui, ils l’élèvent au rang de voix autorisée, de chantre de la lutte pour la liberté et les droits de l’homme, un allié politique désormais figure emblématique au cours de tous leurs rassemblements.

De la même manière, ils ont condamné la décision de la Cour d’Appel de Nouadhibou et la libération de Ould M’Kheïtir. En se joignant aux vampires assoiffés de sang du jeune forgeron, en réclamant sa tête contre le droit international et le droit mauritanien, l’opposition mauritanienne perd sa crédibilité sur le plan mondial après l’avoir perdu sur le plan interne.

Cheikh Aïdara


Plus de 3 milliards d’UM pour la PF en Mauritanie

Dans le cadre du Plan d’action 2014-2018 pour le repositionnement de la Planification Familiale (PF), le gouvernement mauritanien prévoit plus de 3 milliards d’ouguiyas (soit  environ 12 millions de dollars U.S).

Revue à mi-parcours du Plan d’action 2014-2018 pour repositionner la PF en Mauritanie (Photo Aidara)

La Mauritanie lutte depuis des années sur l’accélération de la PF pour la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile. Les consultations dans ce domaine s’accélèrent.

Repositionner la PF
«En matière d’accélération de la PF, la Mauritanie a dépassé les engagements du Partenariat de Ouagadougou » selon Dr. Mohamed Lemine, expert au Programme national de la santé de la reproduction (PNSR). Selon lui, «au lieu des 48.000 nouvelles utilisatrices en 2018, elle en est à 55.000 utilisatrices additionnelles».

Cette déclaration a été faite lors d’une revue à mi-parcours du Plan d’action national budgétisé (PANB 2014-2018) du 24 au 27 octobre 2017 en présence de professionnels de la santé, d’experts et des membres de la société civile. «Mais des défis restent, avec des indicateurs encore inquiétants », selon le Coordinateur du PNSR, Dr.Sidi Mohamed Ould Abdel Aziz, qui cite un taux de mortalité maternelle de 582 pour 100.000 naissances vivantes, un taux de mortalité néonatale de 29 pour mille et un taux de mortalité infanto-juvénile de 54 pour mille (MICS 5).

«Ces drames sont évitables, car l’espacement des naissances réduit de 30% la mortalité maternelle » a-t-il indiqué, louant les efforts consentis dans ce cadre, «car de 11% en 2013, le taux de prévalence contraceptif est passé à 17,9% en 2015 (MICS 5) avec un objectif de plus de 18% d’ici 2018 » a-t-il ajouté. Le plan d’action mentionne cependant «une demande de 44,8% et des besoins non satisfaits en matière de PF encore forts, de l’ordre de 33,6% (MICS 5)».

«Malgré une volonté politique insuffisante et un engagement frileux des religieux, la révolution des mentalités par rapport aux avantages de la PF fait son chemin», selon une participante. Cette conviction est partagée par le Plan d’action et la Déclaration de Politique nationale de la Population qui mettent l’accent sur «l’avantage de la maîtrise de la fécondité sur les secteurs socioéconomiques ».

Obstacles
Parmi les obstacles aux résultats escomptés, l’accès géographique, le faible engagement des décideurs et acteurs influents, l’insuffisance des ressources, y compris celles de l’Etat pour la PF, la non implication des hommes, des jeunes et des adolescents,  l’insuffisance en matière législative et réglementaire. L’adoption récente par le Parlement de la Loi sur la Santé de la Reproduction  (SR) a été ainsi considérée comme une avancée. Un décret d’application de la loi est en préparation.

Financement de la PF
Il a été rappelé les 15 Millions d’UM de la ligne budgétaire destinée en 2015 à la sécurisation des produits de la santé de la reproduction (SPSR) non utilisés la 1ère année, puis non renouvelé l’année suivante. «Pour la 3ème année, le Ministère de la Santé a promis de la doubler à 30 millions avec la loi de finance rectificative» a mentionné Dr.Mohamed Lemine.

Il a souligné que la Mauritanie devrait bénéficier de financements multilatéraux, avec l’USAID, 10 millions de dollars U.S et le Fonds d’incitation de l’OMS, 10 millions de dollars. La Mauritanie peine aussi à accéder aux fonds de l’Initiative FP 2020, «eu égard à la lourdeur des procédures » a encore indiqué Dr.Mohamed Lemine qui a lié la faiblesse des fonds internationaux reçus en matière de PF (environ 2,2 millions de dollars) au faible engagement politique. Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) reste à ce jour le principal partenaire du pays en matière de santé et de population, avec une fourniture pendant des années des produits contraceptifs à titre gratuit.

.Grogne de la société civile

Leader en matière de PF/SR en Mauritanie, l’Association mauritanienne pour la promotion de la famille (AMPF) par la voix de Yacoub Ould Ebnou, directeur de programme, a déploré la non-réalimentation des 15 millions d’UM de la ligne budgétaire de  2015 de l’Opportunity Fund destinés à la SPSR.

«C’est grâce à un plaidoyer en deux phases que nous avons pu décrocher ce financement» a-t-il déclaré, soulignant qu’ils ont pu obtenir «une augmentation de 33% mais la ligne budgétaire n’a jamais été réalimentée.» Selon lui, l’absence de volonté politique est manifeste, «car en 2016, le budget de la PF n’a pas été absorbé, et en 2017, il a été tout simplement supprimé».

Il considère l’engagement de l’Etat en matière de PF faible, «bien que le discours du président de la République à Néma sur les méfaits de la fécondité incontrôlée ait pu servir de déclic » rappelle-t-il.

Cheikh Aïdara


5ème Journée Super D 1 : Ksar et Police se neutralisent, Deuz fête sa première victoire

La deuxième partie de la 5ème journée du championnat de la Super D 1 s’est poursuivie dimanche 29 octobre 2017 sur la pelouse du Stade Cheikha Boydiya. Elle a opposé les moins classés du championnat national, AS Police (12ème), AS Ksar (13ème) et Deuz (14ème).

Les jeunes supporters du FC Teyssir et leurs bouteilles en berne. Que c’est dur de perdre ! (Photo Aidara)

AS Ksar contre AS Police : 2 buts partout

Les Ksarois et les Policiers se sont livrés à une véritable bataille de repositionnement dimanche sur la pelouse du Stade Cheikha Ould Boydiya. Un match palpitant qui a tenu le public en haleine jusqu’à la dernière seconde. C’est le Ksar qui a ouvert le score à la 44ème minute grâce à une belle tête de Mkhailigue Mohamed Saleck qui n’a laissé aucune chance au portier de la Police, Gaye Alassane.

A la reprise, la Police égalise à la 49ème minute sur pénalty transformé par Traoré Demba. Mais les protégés de Sid’El Moctar Ndiaye, entraîneur de la Police, ne fêteront pas entièrement ce but. Leur portier titulaire s’écroulait sur le gazon, au moment du but égalisateur. Les soigneurs n’ayant pas pu le remettre sur pied, il cèdera sa place au portier remplaçant, le jeune Baye Samba. Alors que Toldo s’égosillait sur les gradins pour pousser ses poulains du Ksar, la Police par l’intermédiaire de Ngoudé Moussa Niang venait crucifier le gardien de but ksarois, Sidibé Ahmed à la 61ème minute. Score 2 buts à 1 en faveur de la Police.

Puis, les chutes simulées se multiplièrent dans les rangs de la Police, histoire de grignoter sur le temps et conserver la maigre avance que les virevoltants attaquants du Ksar tentaient sur chaque contre de combler.

A la 65ème minute, l’entraîneur du Ksar, Sneïdry fit entrer en même temps deux jokers, Sadena Mahmoud et Sid’Ahmed El Mane, à la place de Seck Sérigne Bassirou et Mohamed Meïssane. Côté Police, Habib Yeslem faisait son entrée contre la sortie de Sow Aly Amadou, en même temps que l’équipe perdait son défenseur Coulibaly Khalifa, expulsé par l’arbitre pour jeu dangereux. Réduit à 10, la Police allait subir l’assaut du Ksar qui parviendra à coups de boutoir, à égaliser à la 75ème minute par l’intermédiaire de son attaquant de pointe, Beily Mohamed Nouh. Un but d’anthologie marqué après un contrôle orienté de la poitrine dans la surface de réparation. Le portier de la Police, Baye Samba ne put que constater les dégâts.

Les occasions nettes de scorer étaient en fin de période, la meilleure chose que les attaques des deux équipes se partagèrent. Certaines parmi ces occasions, comme celles ratées par Sid’Ahmed El Mane du Ksar à la 88ème sont celles qui peuvent faire tomber les entraîneurs en syncope.

C’est sur ce match nul 2 buts partout, que l’arbitre de la partie a mis fin à la rencontre qui laissa au public un goût d’inachevé.

Deuz s’offre sa première victoire

Traînant dangereusement à la 14ème et dernière place du classement du championnat national avec un seul point sur son compteur, l’équipe de Deuz s’est offert ses trois points grâce à sa victoire, 2 buts à 0 face aux Atarois de Teyssir qui en sont à leur seconde défaite après les victoires enfilées au cours des deux premières journées.
Ce match a pourtant livré tous les trésors du beau football, pour la plus grande satisfaction du public qui s’est régalé au cours des 90 minutes de jeu.

FC Deuz savoure sa première victoire (Photo Aidara)

Après un jeu équilibré marqué par une bataille pour le contrôle du milieu de terrain, la première alerte sérieuse ne se manifestera qu’à  la 42ème minute, lorsque le N°11 de FC Teyssir, Selem Id se retrouva seul à seul avec le gardien et rata son tir. Ce qui souleva un tollé de déception sur la tribune latérale gauche où s’étaient massés les supporters de l’équipe d’Atar, nouvellement promue en 1ère division dénommée Super D 1.

Jusqu’à la fin de la première période, les deux équipes ne s’offriront plus de sérieuses occasions de but.

A la reprise, El Id Mohamed fit son entrée à la place de Sidi Baba Alioune pour renouveler le milieu de terrain de Deuz. A la 61ème minute, l’équipe de Deuz passe à côté de l’ouverture du score. Son  buteur maison, Traoré Moussa, rata un but qui lui a été servi sur un plateau d’argent à l’intérieur de la surface de réparation. Un énorme gâchis qui souleva la tribune centrale. Mais ce n’était que partie remise, car le même Traoré Moussa se fera pardonner en inscrivant le premier but de la rencontre à la 70ème minute. Une reprise sur centre, beau geste technique qui fut largement apprécié par le public qui se délectait.

Puis, les deux équipes procédèrent à leurs remplacements d’usage, Atar pour revenir au score, Deuz pour conserver son avance ou creuser l’écart. C’est ainsi que le latéral droit de Deuz, Brahim  (N°17)  céda sa place à Thiam Mamadou (N°11) l’autre buteur de l’équipe, alors que l’entraîneur du FC Teyssir, Doudou Ly procédait à un double changement, Abdel Kader Abdel Vetah à la place du milieu offensif Demba El Housseinou et Al Awve Sid’Ahmed à la place de Sedene El Id.

Pendant près de dix minutes, les occasions nettes de but allaient d’un camp à l’autre. Des occasions de but dont la plupart devait aller au fond des filets. Mais la maladresse des attaquants des deux équipes continuaient à maintenir la pression au bord de la main courante mais aussi sur les gradins archi-comble du Stade Cheikha Ould Boydiya. La rencontre pouvait basculer à chaque instant, en faveur de l’une ou de l’autre des deux formations

Finalement, c’est l’équipe de Deuz, dont l’attaque se révéla la plus efficace, qui fera la différence en marquant son deuxième but, à la 92ème minute par l’intermédiaire de l’inamovible Traoré Moussa, auteur d’un doublé.

Avec ce but, l’équipe de Deuz pouvait enfin savourer sa première victoire depuis le début de la saison, ce qui l’extraie momentanément de la dernière place, alors que le Ksar s’enfonce en bas du tableau.

Cheikh Aïdara


5ème journée Super D 1 : le réveil de FC Tevragh-Zeina, la chute du leader et la correction de Kaédi

La 5ème journée du championnat national de la Super D1 s’est jouée ce samedi 28 octobre 2017 à Nouakchott, Nouadhibou, Zouerate et Kaédi, avec le retour  en lice du FC Tevragh-Zeina (FC TVZ) après une série de défaites, avec la première déconfiture de la Kédia de Zouerate qui trônait en tête du championnat, mais aussi avec la deuxième raclée de Kaédi, cette fois devant son public.

Match FC TVZ contre AJ Riadh (photo LNF)

FC Tevragh-Zeina broie l’AJ Riadh : 6 à 0
C’est une équipe de Tevragh-Zeina complètement rénovée en défense, qui a cartonné ce samedi 28 octobre au Stade Cheikha Boydiya du Ksar, à Nouakchott, face à l’AJ Riadh. Score final 6 buts à 0. Sur une suite de défaites depuis la 3ème journée, Birama Gaye devrait redresser la barre en  revoyant son écurie. C’est ainsi qu’il a fait appel à de jeunes défenseurs, Abderrahmane Brahim, Balla MBareck Bilal, Ibrassi et Mohamed Lemine Bilal, pour remplacer Cheikhna Varajou et Bocar Coulibaly, absents tous les deux sur la feuille de match, alors qu’Abdallahi Bilal et Diaw étaient relégués sur le banc de touche. Et la sauce a bien tenu.

Dès les premières minutes de jeu, ouverture du score sur pénalty transformé par Karamoko Traoré, auteur d’un doublé avec le troisième but inscrit en faveur de son équipe avant la pause. Auparavant, le jeune et talentueux milieu de FC TVZ, Sidi Brahim avait offert le 2ème but à son club.

Au retour des vestiaires, Yacoub Deyna va s’offrir un festival de buts, en inscrivant successivement à la 56ème et à la 67ème minute. Et peu avant le sifflet final de l’arbitre, le jeune Yeli Diarra, allait inscrire le but du break, le sixième. Belle opération du FC Tevragh-Zeina dont les performances commençaient à inquiéter les supporters, les dirigeants et le staff technique. Avec les trois points engrangés et cet important goal-average, les Galactiques de la Capitale se rapprochent des équipes de tête avec 7 points + 7.

Pendant tout le match, l’AJ Riadh n’a été que l’ombre d’elle-même, malgré les nombreuses constructions en attaque pour trouver une faille dans le dispositif défensif de l’adversaire et les nombreux changements opérés par le coach, Cheikh El Hacen Sow.

L’ASAC Concorde confirme face à la Garde : 1 à 0
En seconde période, l’ASAC Concorde qui est sur une belle pente de performances a battu l’AS Garde par la plus petite marge, 1 à 0. But inscrit dès la 15ème minute par le talentueux 10 de l’équipe, Niang El Hadj Malick qui après avoir été raccroché sur la surface de réparation est parvenu à se relever pour crucifier Aly Oumar Thiam, le portier de la Garde. Les Concordiens auraient même dû doubler la mise à la 21ème minute sur un pénalty sifflé en leur faveur. Niang El Hadj, chargé d’exécuter la sentence, enverra sa balle dans les bras du gardien.
Malgré les débordements magnifiques de l’ailier droit de la Concorde MBareck Mohamed, le score en restera là à la première mi-temps.
Au retour des vestiaires, la Garde va se faire menaçante et la Concorde va en profiter par marquer un deuxième but refusé pour hors-jeu.
Dans les dernières minutes du match, c’est la Garde nationale qui a failli à plusieurs reprises revenir au score, mettant le feu dans la surface de réparation des buts gardés par Babacar Harouna Traoré, le portier réserviste de l’équipe nationale. C’est le cas à la 60ème minute où il lui a fallu tout son génie pour repousser un coup franc assassin de Barry Seydou.  A la 75ème minute, la Garde a perdu une autre nette occasion, par l’intermédiaire de son attaquant de pointe, Fodé Traoré. Servi sur une passe lumineuse à l’intérieur de la surface, il rata son tir, faisant arracher les cheveux à son président, Ould Eleya. Dans les gradins, Thiarthiora, fervent supporter de la Garde s’égosillait pour pousser ses joueurs à aller de l’avant. Vers la 80ème minute, la Garde rata de nouveau le coach d’une égalisation méritée. La tête de Moctar Salem sur un beau service de Thiam Idrissa passa hors du cadre. A la 88ème minute, Harouna Traoré sauva pour la énième fois son équipe, en repoussant une balle de but du n°12 de la Garde, Barry Seydou. Au sifflet final de l’arbitre, la Concorde enrichissait son panier de trois nouveaux points, ce qui la place pour le moment deuxième au classement, juste derrière le FC Nouadhibou.

 A Zouerate, Kédia tombe devant Tidjikja

FC Tidjikja fête sa victoire sur la pelouse (photo libre)

Battue la semaine dernière par l’AJ Riadh, l’AS Tijikja qui a tapé plus de 700 kilomètres vers le Nord du pays, s’est payé une nouvelle santé en s’offrant  la Kédia, leader du classement et invincible depuis le début du championnat sur son terrain à Zouerate. Les coéquipiers de Hacen Teguedi n’ont pas fait dans la dentelle et ont broyé les miniers sur le score sans appel de 4 buts à 0.

A Kaédi ; FC Nouadhibou met fin au mythe de la citadelle imprenable de Diembé
En déplacement dans la capitale du Gorgol, FC Nouadhibou a mis fin au mythe de la citadelle imprenable, celle de l’AS Kaédi, invaincu jusque-là sur son propre terrain. Les poulains de Kalidou Bâ qui revenaient d’une défaite lourde la semaine dernière de Zouerate où la Kédia les avaient sévèrement corrigés, 4 à 0, semblent être restés prisonniers de la malédiction du 4. C’est en effet sur ce même score, qu’ils ont plié face à l’attaque de feu du FC Nouadhibou.

A Nouadhibou, la SNIM s’incline devant Kings
Les miniers de la SNIM se sont inclinés samedi 28 octobre à domicile à Nouadhibou devant les visiteurs, Kings de Nouakchott sur le score de 2 buts à 1. Après une victoire précieuse glanée à Nouakchott, la SNIM se fait ainsi surprendre par des Nouakchottois qui avaient partagé les points la semaine dernière devant le Ksar.

Dimanche 29 octobre, le stade Cheikha Boydiya abritera deux matchs, Ksar contre Police en première heure, puis en deuxième heure, Deuz contre Teyssir.

Cheikh Aîdara

CHAN 2018 : la place de l’Egypte en balance entre le Rwanda et l’Ethiopie

Finalement l’Algérie ne sera pas repêchée pour remplacer l’Egypte qui a désisté pour sa participation au CHAN 2018 prévu au Maroc. Les Egyptiens avaient avancé comme arguments les nombreux engagements de la sélection A et des autres clubs.

La Confédération africaine de football a décidé qu’un match de barrage opposera le Rwanda et l’Ethiopie avec une place au CHAN pour le vainqueur.

Grosse déception donc en Algérie dont l’équipe se croyait promue d’office après la correspondance envoyée par la Fédération égyptienne signifiant son retrait de la compétition africaine réservée aux équipes nationales locales et pour laquelle elle s’était qualifiée.

En effet, la presse algérienne voyait presque la CAF convier l’Algérie pour compléter la liste des 16 équipes.

A noter que le tirage au sort des groupes pour la phase finale aura lieu le 17 novembre 2017 à Rabat et la compétition se déroulera du 12 janvier au 4 février 2018.


Pour un problème de chefferie, le FNDU menace d’imploser

Divisé, affaibli et éclaté à cause de ses inepties, le Front national pour le développement et l’unité (FNDU) qui regroupe l’ensemble des partis de l’opposition la plus radicale, risque d’imploser pour un problème de présidence tournante. Une querelle de chefferie qui rappelle à bien des égards les drames qui minaient nos antiques émirats et qui fournirent une matière exotique aux chroniqueurs de l’époque.

Marche de l’opposition du 15 juillet 2017 à Nouakchott (Photo Aidara)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Selon des sources proches du FNDU, le Pôle politique s’opposerait au transfert de la présidence tournante au profit du Pôle des personnalités indépendantes. Il faut dire que le FNDU, pour les profanes, est composé de trois pôles : les partis politiques, les personnalités indépendantes, la société civile (et les syndicats). Les partis politiques cherchent à conserver la présidence et ont proposé le leader du parti Union des Forces du Progrès (UFP), Mohamed Ould Maouloud, pour la direction du forum pendant la prochaine mandature qui dure une année.

Une position que les personnalités indépendantes réfutent catégoriquement, eux qui tiennent à prendre leur tour vaille que vaille. Ils ont ainsi désigné à l’unanimité l’ancien bâtonnier de l’Ordre national des avocats, Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeïny pour la présidence du FNDU.

L’entêtement du Pôle politique à conserver le pouvoir est ainsi perçu comme une première dans l’histoire du Front, car jamais l’alternance à la tête de la structure n’a créé de polémique, la présidence ayant été jusque-là assurée à tour de rôle par un membre issu d’un des trois pôles par tour de rôle. Le ridicule d’une telle situation tient surtout du fait que la présidence du FNDU est tellement inutile, sans objet et sans finalité, que l’on se demande si réellement les Mauritaniens ont à faire à des leaders sérieux qui postulent à les diriger demain. Si tel est le cas, beaucoup d’entre eux prient déjà pour qu’une telle élite ne préside à sa destinée.

D’autre part, les observateurs considèrent que si les leaders du FNDU ne parviennent pas à trouver une issue à la crise qui couve, ce conglomérat d’opposants risque d’imploser.

Une telle perspective, à l’orée d’élections présidentielles décisives prévues en 2019 qui appellent plus à l’unité de l’opposition qu’à son éclatement, ne profiterait en définitive qu’au pouvoir qui cherche déjà un dauphin au président sortant. C’est le sentiment exprimé par l’un des membres du Pole de la société civile, qui se dit déçu par de tels tiraillements à l’heure où des questions graves interpellent la conscience de la nation, telles celles liées au recul des libertés publiques, à l’emprisonnement des opposants et des leaders d’opinion, à l’institutionnalisation de mesures impopulaires prétendument sorties du référendum constitutionnel, comme le nouvel hymne, le nouveau drapeau, la suppression illégale du Sénat, et d’autres questions liées aux conditions économiques difficiles que traverse la Mauritanie ainsi que les problèmes liés à l’unité nationale et à la cohabitation

Une opposition piégée

L’opposition mauritanienne a perdu de son aplomb et de son aura. Certains diront même qu’elle a perdu toute crédibilité en perdant toute ses batailles depuis les Accords de Dakar où elle s’est piégée, en acceptant un accord à minima et au rabais. En 2009, elle a permis en effet à Mohamed Abdel Aziz, encore isolé sur la scène internationale après son coup d’Etat anticonstitutionnel contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi, de revenir par la porte d’entrée alors qu’il essayait de se faufiler difficilement par la porte cochère. En fin tacticien, il avait d’abord utilisé le ténor de l’opposition, Ahmed Ould Daddah qui se voyait déjà son dauphin. Et il s’en débarrassa une fois son plan réussi pour la conquête démocratique du pouvoir.

Puis, l’opposition tenta de se regrouper au sein d’une Coordination de l’opposition démocratique (COD) qui ne parviendra jamais à dépasser ses divergences jusqu’à son éclatement suite à des prises de position inconséquentes, tel le boycott des législatives de novembre 2013 qui a exclu depuis lors ses leaders et ses membres de la scène politique. Sans maire, ni même le moindre conseiller municipal, et sans parlementaire, la COD qui avait éclaté pour se reconstituer en un FNDU tout aussi stérile, a depuis lors évolué en marge de la vie institutionnelle. On l’a vu depuis, profitant de quelques étincelles populaires, pour se manifester avant de mourir chaque fois d’une mort lente, oubliée et effacée jusqu’aux tréfonds des bidonvilles d’où fusaient les appels lancinants à son égard. Demain et en l’an 2019, cette opposition ne sera peut-être, si elle ne change pas de tactique et d’approche, qu’une multitude de lambeaux insignifiants, face à la machine implacable du pouvoir qui n’aura aucune peine à la laminer comme un fétu de paille.

Cheikh Aïdara


Plus de signal pour les télés privées en Mauritanie

Passé le délai d’une semaine qu’elle avait donné aux chaines de télévision et aux radios privées pour payer leurs redevances impayées, la Télédiffusion de Mauritanie (TDM) qui contrôle le signal pour l’audiovisuel a décidé de couper les robinets. Résultats, tous les écrans de télévisions privées ont perdu le signal de diffusion, ce mardi 24 octobre 2017, et seule une barre arc-en-ciel accueille les téléspectateurs.

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C’est l’écran qui barre désormais l’écran de 4 chaînes de télé privée depuis quelques jours – Crédit : Pixabay CC

Il faut dire que les redevances accumulées par l’audiovisuel privé sont consécutives à de longs moins d’impayés, la plupart des chaines de télévision et de radios privées n’ayant même plus de quoi payer leur personnel ni de faire face aux dépenses courantes par manque de recettes. Elles vivent le même drame qui frappe la presse écrite et électronique privée depuis que l’État mauritanien a décidé de réserver d’une manière inéquitable toute la publicité publique aux seuls organes officiels. Sans recettes publicitaires et sans annonceurs privés qui ont suivi les mots d’ordre de restriction lancés par le gouvernement mauritanien contre la presse privée d’une manière générale, les télévisions et les radios, ainsi que les journaux et les sites vivent une diète qui a forcé plusieurs d’entre eux à jeter l’éponge.

La première suspension des émissions radiotélévisées privées était intervenue la semaine dernière. Les directeurs des chaines et radios privées étaient parvenus à convaincre la TDM à surseoir à sa décision, l’invitant à une entente qui permettrait de régler définitivement le problème des arriérés de redevance et ce dans le but de maintenir la diversité des programmes audiovisuels et de respecter le droit au public mauritanien de recevoir une information variée venant de sources diverses. Aux termes des discussions, un délai d’une semaine leur a été accordé. Le couperet vient ainsi de tomber, plongeant dans le noir toutes les rédactions concernées.

Au départ pourtant, la mesure avait pris des allures de croisade contre la seule chaîne «Al Mourabitoune», celle des Islamistes, dont la ligne éditoriale a toujours été considérée comme hostile au pouvoir. L’une des émissions phares de cette télé qui dérange, «Vissamim» (en profondeur) avait d’ailleurs été suspendue pendant un mois en février 2016 par la Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel (HAPA) que d’aucuns considèrent comme l’un des nombreux bras armés du pouvoir pour mater les médias récalcitrants. Parmi les raisons avancées par la HAPA à l’époque, celle accusant la chaîne «d’incitation active à l’atteinte à l’ordre et à la sérénité publics et de faire la propagande des manifestations politiques».

Son animateur vedette, Mohamed Wediya, membre des instances du parti islamiste «Tawassoul» avait auparavant poussé le Chef de l’Etat, Mohamed Abdel Aziz, à une bourde passée depuis lors à la postérité. C’était au cours d’un de ses shows télévisés annuels où pour parler de la situation du pays, certains journalistes triés sur le volet, plus quelques supposés contradicteurs, sont conviés. Ould Wediya avait tellement courroucé le président Aziz que celui-ci, hors de lui, avait immédiatement ordonné en direct, la coupure de l’émission. Celle-ci reprendra plusieurs minutes plus tard, mais l’injonction «Eftou Telvese !» (éteingez la télé !), lancé par Aziz aux techniciens de la télé publique, la seule à transmettre cet événement, est désormais resté comme une boutade.

Cette fois-ci, c’est le fisc qu’on avait envoyé à la chaîne «Al Mourabitoune» pour impayé d’impôts. Les autres chaînes, redevables elles-aussi auprès du fisc, décidèrent de se solidariser. La fermeture ne dura ainsi qu’une seule journée. La mesure semblant gauche, le pouvoir changea de fusil d’épaule et brandit l’arme des redevances de diffusion et là, tout le monde passa à la trappe dans une punition collective.

Selon des sources de presse, les patrons de l’audiovisuel auraient décroché une audience ce jour, mercredi 25 octobre, avec le Premier ministre pour lui exposer leurs difficultés.

Selon des chiffres approximatifs, les dettes cumulées des chaînes et radios privées auprès de la TDM s’élèveraient à plusieurs centaines de millions d’ouguiyas, voire quelques milliards d’ouguiyas selon certaines sources. Par an, la redevance TDM coûterait 30 millions d’UM par organe privée. Certains payaient par tranche et d’autres n’auraient jamais payé de redevances. Au fil des ans, elles sont devenues comme une Epée de Damoclès suspendue sur leur tête.

Cheikh Aidara

Budget Presse de la Primature : 50% déjà dépensés

Des 8.950.000 UM réservés au budget presse au sein de la Primature, il n’en resterait que la moitié. Une découverte qui a poussé plusieurs journalistes à se demander «où sont passés ces 4.036.566 UM déjà dépensés ? A qui ont-ils été distribués ? Sur quels critères ? »

A l’heure où la note circulaire liberticide interdisant aux services de l’Etat de verser le moindre khoums à la presse privée, est toujours en vigueur, par quelle entourloupette, la Primature a pu arroser certains médias privés et selon quelle logique ?

Tant de questions soulevées qui en disent long sur le népotisme et le favoritisme qui continue d’avoir droit de cité, surtout avec l’existence d’une presse sous-commande à la solde de quelques barons du pouvoir soucieux de soigner leur image souvent terni par leurs pratiques peu orthodoxes en entretenant certains journalistes laudateurs.


Football Super D1 : légère modification du calendrier

Eu égard à une rencontre internationale que l’équipe nationale de Mauritanie locale effectuera au Maroc du 5 au 12 novembre 2017, la Ligue nationale de football vient d’annoncer dans une circulaire adressée aux présidents des clubs de Première division dénommée Super D1 une légère modification du calendrier du championnat. Cette modification concerne essentiellement les matchs prévus à partir de la sixième journée qui se joueront à partir du 3 novembre au lieu du 2 novembre.

Par ailleurs, la Ligue annonce que la rencontre devant opposer l’ASC Kédia à l’ASC Tidjikja comptant pour la 5ème journée initialement prévue le dimanche 29 octobre sera avancée au samedi 28 octobre.

En attendant de grands derbys attendent les passionnés du football cette fin de semaine du 28 au 29 octobre comptant pour la 5ème journée. A Nouakchott et au Stade Cheikha Ould Boydiya, le FC Tevragh-Zeine tentera de revenir sur scène face à l’AJ Riadh qui sort d’une précieuse victoire la semaine passée contre Tidjikja. En deuxième heure, l’AS Garde en découdra avec l’ASAC Concorde. Le même jour et à Zouerate, le leader actuel, la Kédia sauvera son fauteuil face à Tidjikja.
A Kaédi et devant son imprenable citadelle, Kaédi qui vient d’une lourde défaite à Zouerate (1-4) contre la Kédia aura fort à faire devant l’ambition gourmande du FC Nouadhibou qui cherchera de remporter la première place.

Dimanche 29 octobre, l’ASC Ksar et FC Deuz, feront face respectivement à l’ASC Police et au FC Teyssir d’Atar sur la pelouse du Stade Cheikha Boydiya à Nouakchott.

Cheikh Aidara


La PF Islamique, oui ça existe !

«Les contraceptifs doivent être exclusivement réservés aux couples mariés » et «toutes les dispositions du texte doivent être conformes à la Charia islamique». C’est avec ces amendements apportés à la très controversée loi sur la Santé de la Reproduction, que le texte définitif est enfin sorti de l’ornière des parlementaires mauritaniens.

A Nouadhibou lors d’une formation sur la pose du Dispositif Intra Utérin du Post-Partem (Photo Aidara)

En effet, c’est au cours d’une plénière tenue à l’Assemblée nationale que le projet de loi relatif à la santé de la reproduction a été adopté, après les amendements apportés aux articles 6, 22, 25 et 17 dudit projet de loi pour en préciser certains concepts. A la clé, la PF islamique.

Même si les acteurs de la société civile sont peu satisfaits de ce projet de loi, loin de celui qu’ils avaient proposé, ils font contre mauvaise fortune bon cœur. «Qu’il y ait une loi sur la SR en Mauritanie, c’est déjà un succès. Après, on verra » a déclaré l’un d’entre eux.

Le texte est en effet resté depuis des années enfermé dans les obscurs tiroirs de la République et ce n’est que le 16 octobre 2016 qu’il a été adopté en Conseil des ministres. Ce texte présenté une première fois au Parlement sera rejeté. Les Islamistes montent au créneau et fustigent une loi qui «ouvre la voie à la dépravation des mœurs », selon l’envolée enflammée de Toutou Mint Taleb Navé, député du parti islamiste Tawassoul qui pointe du doigt les articles 7, 9 et 17 qu’elle juge dangereux. Dangereux , dira-t-elle, parce que «leurs charges sont nocives pour nos valeurs » dans la mesure selon elle, où ses articles prônent l’enseignement de l’éducation sexuelle dans les écoles, encouragent les jeunes à utiliser les préservatifs et à avoir accès à des informations relatives aux méthodes contraceptives, à exiger des centres de santé de mettre les produits contraceptifs à la disposition des jeunes et des adolescents. Les Islamistes s’élèvent également contre la publicité sur le planning familial, la contraception et ses produits.

En circoncisant l’utilisation des produits de la contraception aux seuls couples mariés, la nouvelle loi sur la SR semble ignorer qu’en Afrique subsaharienne, moins de 15% seulement des femmes mariées utilisent un contraceptif et que le recours à ces produits par les femmes célibataires, sexuellement actives et en âge de procréer, est au moins deux fois plus élevés. L’utilisation des préservatifs permettraient surtout de protéger les adolescentes et les jeunes femmes de grossesses non désirées, telles les grossesses qui surviennent suite à un viol, avec les chiffres alarmants de ce crime en Mauritanie. Que dire des dizaines de bébés abandonnés souvent dans des décharges publiques sous le manteau de la nuit, des infanticides…

Cette loi qui exclut également toute publicité ou information publique sur la planification familiale, sur la contraception et sur ses méthodes risque de réduire drastiquement le rôle des médias dans la prise de conscience des populations et leur éducation sociale.

Au cours de cette plénière, le ministre de la Santé, Pr. Kane Boubacar, a souligné que le projet de loi sur la SR vise à définir la santé reproductive en tant qu’un ensemble de méthodes et de techniques qui contribuent à améliorer la santé de la femme et de l’enfant. Il peut surtout s’enorgueillir d’avoir tenu la promesse faite à ses partenaires, notamment la Représentante de l’UNFPA en Mauritanie, Mme Cécile Compaoré lors de leur rencontre du 30 août 2016, peu après le rejet du projet de loi par le parlement. Il lui avait promis que le texte sera adopté. Le gouvernement mauritanien pourra certainement alors bénéficier des possibilités offertes par l’Initiative H6 pour la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile qui regroupe l’UNFPA, l’UNICEF, l’OMS, ONUSIDA, ONUFEMMES et Banque Mondiale.

Ce projet de loi constitue avant tout en engagement de la Mauritanie dans le cadre du Projet SWEDD pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique, dont l’un des créneaux est la pleine responsabilisation de la femme, y compris dans son libre choix à fixer le nombre d’enfants qu’elle désire.

Cheikh Aïdara


Eliminer la Pauvreté d’ici 2030 : les décisions politiques plombent les ambitions économiques

La Mauritanie est un pays atypique dans le monde, n’appartenant ni totalement à l’Afrique de l’Ouest ni totalement à l’Afrique du Nord, avec une très grande étendue de terre peu peuplée, vivant d’une économie de rente, avec un climat désertique difficile et où deux groupes ethniques se sentent exclus du pouvoir.

Nouakchott; la capitale sortie des sables

La définition est de Philip English, Lead economist de la Banque Mondiale ou Country Manager qui couvre le Sénégal, le Cap-Vert, la Guinée Bissau, la Mauritanie et la Gambie. C’était son mot introductif lors d’une rencontre avec une partie de la société civile mauritanienne en octobre 2015.

Une croissance Pro Pauvre

Face à l’ambition du gouvernement mauritanien d’éradiquer la pauvreté à l’horizon 2030, il semble optimiste, notant que la pauvreté a diminué depuis 1990, et plus particulièrement entre 2008 et 2014. Mais le paradoxe, selon lui, c’est que cette baisse de la pauvreté est réelle dans le milieu rural alors que le milieu urbain se paupérise, notamment dans les grandes villes comme Nouakchott, Nouadhibou, Zouerate, Rosso. Au niveau national, il note que la croissance paraît Pro Pauvre entre 2008 et 2014, avec l’augmentation de la consommation chez les pauvre et l’inverse chez les riches. D’où la question centrale qui se pose : comment expliquer cette évolution de la pauvreté ?

Une explication, serait qu’en milieu rural, le facteur solidarité jour un rôle d’’équilibre ainsi que l’apport permanent de la diaspora, sans compter le succès enregistré dans la promotion de la production agricole irriguée, le progrès dans le secteur de l’élevage et l’augmentation du prix du bétail, le transfert d’argent de plus en plus facile des villes vers la campagne. L’impact du programme EMEL dans l’amélioration du bien-être en milieu rural a été considéré de très insignifiant sinon nul. Dans les grandes villes, la migration vers Nouakchott et les grandes villes du Nord se serait fait au détriment de la capacité de ces centres urbains à créer des emplois pour les nouveaux venus. Ainsi, la pauvreté non monétaire aurait considérablement baissé, de l’ordre de 50%, selon les résultats de la dernière Enquête sur les conditions de vie des ménages (EPCV).

Les chiffres biaisés de l’éducation

Dans le domaine de l’éducation, les chiffres bruts dans le primaire cacheraient cependant une grande disparité par rapport au taux net de scolarisation. Si le taux de scolarisation brute dans le primaire prend en considération l’ensemble des enfants présents dans le fondamental sans considération d’âge (avec des 14 et des 15 ans), l’analyse du taux de scolarisation des enfants qui devaient normalement se trouver dans le primaire ferait ressortir un grand problème d’accès à l’éducation en Mauritanie, car ce taux serait inférieur à 40%, ce qui serait loin des chiffres avancés. Il existerait aussi de grandes difficultés encore pour l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, tout comme la parité genre reste encore un objectif non réalisé. En attesterait, ce chiffre de 0,644 affecté à la Mauritanie alors que la moyenne en Afrique Subsaharienne est de 0, 578. Ce serait aussi le cas dans l’accès des femmes au marché du travail dans la mesure où seule 26, 8% de Mauritaniennes ont accès à l’emploi.

Croissance concentrée

La croissance économique serait robuste en Mauritanie depuis 2000, avec un taux annuel de 4,5% ; elle est cependant très concentrée, tirée par l’export, les minéraux et la pêche ; elle est volatile, car elle a baissé à 3,1% en 2015 et pourrait remonter à 3,7% en 2017. La gestion macroéconomique est qualifiée de prudente par la Banque Mondiale, avec une augmentation des recettes fiscale, mais un surendettement trop élevé qui représenterait près de 80% du PIB. Les industries extractives représentaient 24% du PIB en 2013, à la fin de la période euphorique 2010-2013 où le prix du fer avait atteint des sommets historiques, marqués notamment par l’expansion de la SNIM. Une situation qui se serait beaucoup dégradée depuis la fin de la période de grâce.

Secteur primaire sauveur

La pêche ne serait pas non plus en bon embonpoint avec une flotte nationale vieillissante et en déclin qui représente à peine 37% du total des navires opérant dans les eaux, avec une valeur ajoutée limitée, seulement 10% de la production étant débarquée.

L’agriculture et l’élevage restent les deux principaux employeurs en Mauritanie, l’élevage représentant à lui seul 70% du PIB. Mais ces deux piliers de l’économie nationale seraient négligés, avec seulement 0,5% du territoire cultivable et seulement 20% des zones irriguées exploitées.

Climat des affaires faible

Le climat des affaires en Mauritanie est jugée très faible, avec une absence de dynamisme entrepreneurial et une position de 176ème dans le dernier rapport de Doing Business. Par contre, le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) serait en pleine expansion avec la libéralisation en cours. Le marché du travail serait en crise, avec seulement 39% de jeunes en âge de travail qui sont actifs, un taux qui a chuté à 35,6% en 2014. Le secteur informel serait le principal pourvoyeur d’emplois, 96%. Les salaires auraient cependant beaucoup augmenté.

Bonne gouvernance insuffisante

Dans le domaine de la Bonne Gouvernance, l’indice aurait chuté entre 2003 et 2013 se situant dans une moyenne beaucoup plus faible par rapport à l’Afrique Subsaharienne. En termes de protection sociale, seules 16% des subventions seraient affectées aux 40% des pauvres.

L’économie mauritanienne serait affaiblie par son manque de diversité, mines, fer, pêche, avec un risque environnemental lié aux changements climatiques et l’exclusion des pauvres. A cela s’ajouteraient un taux d’employabilité très faible, de mauvais rendements dans le domaine de l’éducation, une faible participation des femmes qui représentent plus de la moitié de la population et un manque de cohésion sociale.

Cheikh Aidara


4ème journée Championnat D1 : La Police cartonne et Teyssir Atar plonge à Nouadhibou

La 4ème journée du championnat national de Première Division de football s’est poursuivie dimanche 22 octobre à Nouakchott et à Nouadhibou.

Image de la rencontre FC Nouadhibou contre Teyssir d’Atar (Photo sur la page de Pape Amghar)

Ksarois et Nouakchott Kings se neutralisent

Deux matchs se sont déroulés sur la pelouse du Stade Cheikha Boydiya de la Capitale, Nouakchott Kings-ASC Ksar et AS Police-Deuz.

En première heure et sous une chaleur infernale, les Ksarois et les Nouakchottois de Kings se sont neutralisés sur le score de 1 but partout. Ce sont les protégés de Mohamed Salem Harouna dit Sneïdry qui ont les premiers ouvert le score sur pénalty.  Ils parviendront à maintenir cet écart jusqu’à la mi-temps.

En seconde période, Pape Seck a remis de l’ordre sans son écurie. Les deux équipes se maitriseront avec des offensives et des contre-offensives souvent maladroites enrayées par les défenses. Vers la 80ème, sur un tir-centre lumineux et trompeur, Mohamed Ahmed Aida, qui était rentré en seconde période égalisera pour Nouakchott Kings. La balle a ricoché sur le poteau gauche du gardien de but du Ksar, avant de rebondir sur l’autre poteau puis mourir dans les filets. Le score en restera là, sans beaucoup de spectacle jusqu’au sifflet final de l’arbitre de la rencontre.

La Police cartonne
Sur trois défaites d’affilée, la Police a engrangé ses trois premiers points en corrigeant sévèrement Deuz sur 4 buts à 2. En effet les Oranges ont très tôt trouvé les chemins des buts dès la 8ème minute grâce à un travail individuel de Cheikh Sidi Mohamed sur le flanc gauche. Trois minutes plus tard, sur un tir repoussé par le gardien de Deuz et mal repoussé par la défense, Sow Aly Demba doubla la mise.

Mais les protégés de l’entraîneur de Deuz, Doudou Ly  ne tarderont pas à réagir en réduisant le score à la 15ème minute par l’entremise de leur attaquant de pointe, Souleymane Sambeit.

Mais l’euphorie des coéquipiers de l’excellent  pivot de Deuz, Sidi Moulaye ne sera que de courte dure. Peu avant la pause, la Police signait son triplet par l’entremise de Djedjé Ange Michel.

Auparavant, l’équipe de Deuz était amputée de son gardien de but qui avait écopé d’un carton rouge pour une sortie dangereuse sur un attaquant de la Police. Mené au score et réduit à 10, l’équipe de Deux a été sauvée du naufrage.

En seconde période, la Police allait signer son quadruplé par le biais de Sy Abou qui avait travaillé le défenseur latéral, driblé le goal et envoyé le ballon dans la cage vide.

Les Policiers rateront d’ailleurs plusieurs occasion nettes de corser la facture, n’eût été la maladresse des attaquants à qui il a toujours manqué la dernière touche décisive. Alors que le public commençait à quitter les gradins et que le match semblait consommé, le jeune prodige de Deuz, Sidi Moulaye qui a créé du fil à retordre à la défense de la Police parviendra par un mouvement technique de haute facture suivi d’un tir bien cadré au ras du poteau droit, à inscrire le deuxième but de son équipe. Le score en restera là.

A Nouadhibou, le FC Nouadhibou était parvenu à emporter les trois points du match face aux jeunes promus de la D 1, Teyssir d’Atar, grâce à un doublé sur pénalty signé Ablaye Guèye.

A l’issue de cette quatrième journée, la Kédia de Zouerate et FC Nouadhibou prennent la tête du classement avec chacun 10 points, suivis de l’ASAC Concorde (7 points), ex-aequo avec la Garde, ASC Tijikja et Kaédi.

FC Teyssir d’Atar pointe à la 7ème place avec 6 points, suivi de Nouakchott Kings (5 points) et de Tevragh-Zeina (4 points), respectivement  8ème et 9ème. Ferment la marche, AS Snim, AJ Riadh, AS Police, ACS Ksar et FC Deuz.

Cheikh Aïdara  


Faux médicaments en Mauritanie, des milliards de bénéfices contre des milliers de vie

La Mauritanie risque d’être épinglée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme pays exportateur de faux médicaments. Une menace qui a poussé les autorités sanitaires à diligenter une enquête nationale dont le rapport reste encore confidentiel. Selon des fuites parues dans la presse, 60.000 à 100.000 tonnes de faux médicaments circuleraient sur le marché, malgré l’adoption d’une loi de 2010 jugée coercitive et la mise en place de mesures institutionnelles de contrôle. Au passage, ce sont des milliards d’ouguiyas qui seraient générés par ce trafic de la mort avec la complicité des pouvoirs publics.

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CC Pixabay

 

Les faux médicaments en Mauritanie ne sont pas un problème nouveau. Depuis la privatisation en 1981 du secteur des pharmacies, un trafic illicite de faux médicaments s’est développé, animé par des armées de commerçants véreux et souvent quelques officiers de l’armée. Ce juteux trafic n’a cessé d’attirer du monde, vu les énormes bénéfices qu’il génère, même si c’est au détriment de centaines de vies. Beaucoup n’hésitent pas à lier ce trafic au nombre élevé de cancers recensés en Mauritanie. Aujourd’hui, le nombre de malades mauritaniens du cancer dans les hôpitaux du Maroc, du Sénégal et de la Tunisie, pour ne citer que ceux-là, serait parmi les plus élevés dans la sous-région.

L’alerte a été donnée tout dernièrement, avec la menace brandie par l’OMS de classer la Mauritanie parmi les pays exportateurs de faux médicaments. D’où l’enquête précipitamment diligentée par le ministère de la Santé, qui s’est toujours vanté de la qualité des contrôles sur la qualité des médicaments vendus dans le pays. Le rapport encore confidentiel de l’enquête, selon des fuites obtenues par la presse, parle de 60.000 à 100.000 tonnes de faux médicaments qui seraient en stock ou en circulation. Une affaire grave sous-tendue par des réseaux fortement implantés qui bénéficieraient d’une totale impunité.

Des mesures inefficaces

Malgré la révision de la loi de 2008 qui ouvrait l’activité à tout Mauritanien et l’adoption en 2010 d’une nouvelle loi qui restreignait la vente des médicaments avec des sanctions sévères à la clé, le trafic n’a jamais cessé de s’étendre, de se diversifier et de prendre de l’ampleur. La Mauritanie commençait à traîner la vilaine réputation de plaque tournante des faux médicaments en Afrique de l’Ouest, menaçant dangereusement d’inonder les pays voisins. L’image des autorités politiques en prenait un sacré coup, elles qui étaient de plus en plus accusées de laxisme dans leur gestion de la forfaiture.

En quelques années, quelques 29 grossistes de médicaments et 700 pharmacies étaient décomptés pour une population de 3 million d’habitants. Au Sénégal, et avec 14 millions d’habitants, on ne compte qu’environ 6 grossistes, 5 en Côte d’Ivoire (19 millions d’habitants), 6 au Mali (14 millions). Dans les pays européens avec 50 millions d’habitants, on ne dénombre guère plus de 5 à 10 grossistes.

L’arsenal juridique et institutionnel mis en place semble avoir été conçu juste pour la décoration, avec un Laboratoire national de contrôle de la qualité des médicaments impuissant face aux lobbies des commerçants souvent couverts par des personnages clés de l’Etat, ainsi que la démission de la Direction des Pharmacies et des Laboratoires et la Direction des Douanes. Le reste de la chaîne semble tout aussi gangrenée, en l’occurrence la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels et Consommables (CAMEC) ainsi que les autres officines agrées.

Les causes du mal et ses racines

Sont mis en cause l’absence de contrôle aux frontières, la persistance de lacunes dans la législation, la faiblesse des services de contrôle sanitaire, la porosité des points de passage aux frontières et l’impunité qui couvre les trafiquants.

Les faux médicaments proviennent essentiellement de Chine, de l’Inde et des Emirats Arabes Unis. Mais la Mauritanie n’est pas le seul pays touché par ce mal. Tout le continent africain a été transformé en un énorme dépotoir de faux médicaments, mais la Mauritanie semble prendre la tête du lot. Les pharmacies à ciel ouvert y ont pignon sur rue. Ce sont de véritables réseaux qui se sont créés et développés tels une gangrène, en partant des gros importateurs, en passant par les grossistes, les détaillants et les ambulants. Pratiquement tous les médicaments semblent être touchés par le phénomène, des antalgiques aux antipaludéens, en passant par les dermocorticoïdes, les sildenafil (viagra), etc.

Des milliards d’ouguiyas de chiffres d’affaires sont en jeu et aucune ligne de la loi de 2010 n’est respectée, malgré les protestations des professionnels de la santé et des médicaments qui voient les ravages que ce trafic de la mort causent sur les patients mauritaniens. Beaucoup mettent en cause la complicité du ministère de la Santé et ses démembrements. « L’Etat mauritanien néglige la santé des Mauritaniens », déplorent certains d’entre eux. Ils vont plus loin et accusent les autorités de parrainer un trafic qui se déroule sous leurs yeux.

Moins chers, plus nocifs

Au lieu de vendre des médicaments homologués et prescrits par les médecins, certains pharmaciens proposent en général leur équivalent, moins cher, donc un faux. «J’ai toujours exigé de mes patients qu’ils achètent le médicament prescrit et non l’équivalent », indique le Dr Abdallahi, un chirurgien, qui a découvert que très souvent, les pharmaciens ne donnent pas le vrai médicament prescrit mais proposent aux malades un traitement moins cher, donc un faux médicament qui n’a aucun principe actif.

Les pauvres sont les principales victimes. Résultat, les malades mauritaniens ne guérissent jamais et risquent même d’attraper des maladies plus graves, dont le cancer.

Qu’il est loin le temps où les acteurs félicitaient le gouvernement mauritanien pour les mesures prises pour lutter contre les faux médicaments. C’était en 2008, à la création du laboratoire contrôle-qualité. Quelle euphorie avait aussi accompagné la fermeture en 2015 de trois grands distributeurs, accusés de vente de faux médicaments, en l’occurrence, Amal Pharma de Mohamed Ould Ebnou, député influent de l’UPR (parti au pouvoir), Origine Pharma et El Mina-Pharma de Dahah Ould Isselmou et de Maouloud Ould Mah. Un simple coup d’épée dans l’eau. Un répit. Le commerce de la mort a depuis lors repris son silencieux et sombre cours.

Cheikh Aidara


4ème journée du Championnat D1 : Tevragh-Zeine déçoit et Kaédi connait sa première défaite

C’est l’inquiétude dans les rangs du FC Tevragh-Zeine. L’équipe plusieurs fois championne de Mauritanie et qui a dominé le football national ces dernières années n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle a été battue l’après-midi du samedi 21 octobre 2017 par la Garde Nationale sur le score de 1 but à 0 au Stade Cheikha Boydiya.

Tevragh-Zeina en noir et blanc, la Garde en rouge (Photo Aidara)

Avec une défense dominée par deux grandes citadelles, Abdellahi Bilal et Cheikhna Varajou, très bons sur les balles aériennes mais fébriles devant des attaquants véloces, un milieu de terrain avec un Sid’Amar Brahim esseulé et une attaque presqu’inexistante, les poulains de Moussa Khaïry doivent se remettre en question s’ils veulent aller loin dans le championnat.

Tout s’est joué en seconde période, après un nul vierge en première mi-temps nul sur le plan du jeu et de la conception. L’arbitre avait aussi sa partition dans le jeu décousu livré lors des premiers 45 minutes avec un pénalty non tiré en faveur de Tevragh-Zeine, sous la protestation du public. Mais d’occasions nettes de scorer il n’y en eut presque pas. N’eût été la maladresse des attaquants de Tevragh-Zeina devant les buts de la Garde, le score aurait tout autre.

C’est vers la 56ème minute, après un travail remarquable de Aboubeye Souleymane qui a presque effacé toute la défense Tevragh-Zeinoise pour piquer une passe dans l’extrême ligne de but, que Abderrahmane Sy n’eut aucune difficulté à prolonger la balle dans la cage de Mohamed Salehdine Saleck dit Casias. Plus entreprenants dans l’entre-jeu, les Rouges de la Garde se montrèrent plus incisifs, tant et si bien qu’ils obtiennent un deuxième but refusé par l’arbitre à la 66ème minute. Pourtant, ce but a été d’abord validé avant d’être transformé en coup-franc pour charge sur le gardien. Ce qui provoqua un tollé de protestation qui ne faillit s’éteindre sur les gradins.

Et c’est sur ce score de 1 bu à 0, que le match prendra fin. Le FC Tevragh-Zeina signait là sa seconde défaite en deux journées consécutives, avec celle concédée la semaine dernière devant la SNIM à Nouadhibou. Avec seulement 4 points au compteur, les protégés de Birama Gaye risquent de glisser encore plus bas sur le classement, eux qui pointaient à la 15ème place.

Avec les trois points de la rencontre, les poulains du Capitaine Eleya se rapprochent quant à eux du peloton de tête avec 7 points.

La Kédia pulvérise Kaédi 4 buts à 1

A Zouerate où le FC Kaédi, nouveau promu de la première division évoluait pour sa première sortie, les miniers de la Kédia n’ont pas fait dans la dentelle. Ils ont pris le match dès le début et n’ont laissé aucune chance aux Kaédiens. Score final, 4 buts à 1. Ce qui propulse pour le moment la Kédia à la première place du championnat aux termes de ces quatre premières journées.

Les banlieusards de Riadh surprennent Tijikja

En deuxième heure du match joué le samedi sur la pelouse du Stade Cheikha Boydiya, juste après la rencontre Tevragh-Zeine/Garde Nationale, les banlieusards de l’AJ Riadh ont pris le meilleur sur l’ASC Tijikja. Score final 1 but à 0, but inscrit à la 56ème minute par Barry Alioune sur un mauvais dégagement du gardien de but.

Pourtant, c’est Tijikja qui s’était fait menaçant avec cette belle occasion de Homoye Ould Tanji qui face à face avec l’ancien international et gardien de but des Mourabitounes, MBaye Lemine, a raté son tir.
Le vendredi 20 octobre, toujours au Stade Cheikha Boydiya, l’ASAC Concorde avait battu la SNIM sur le score de 3 buts à 0.

La 4ème journée de la D1 s’est poursuivie dimanche à Nouakchott et à Nouadhibou, avec les rencontres FC Nouadhibou contre FC Teyssir d’Atar, Nouakchott Kings contre ACS Ksar et ASC Police contre FC Deuz. Nous y reviendrons plus amplement dans notre prochaine édition.

Cheikh Aidara

 


L’appel de Bamako pour lutter contre l’esclavage toujours présent au Sahel

Plusieurs organisations de la société civile du Mali (Temedt, Infa-plus et Ikewane), ainsi que du Niger (Timidria) et de la Mauritanie (IRA), ont lancé à Bamako un appel réclamant la fin de toutes les formes d’exploitation, d’asservissement et d’esclavage dans le Sahel. C’était en marge d’un colloque tenu du 16 au 18 octobre 2017 à l’Université Badalabougou dans la capitale malienne. Cette réunion a eu lieu en présence d’experts et d’universitaires venus de plusieurs régions du monde, dont le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid, qui a fait le point sur la situation en Mauritanie.

Birame Dah Abeid au premier rang en costume sombre (Photo IRA)

Cet appel s’adresse aux gouvernements et aux acteurs de la société civile au Sahel, mais aussi aux organisations internationales et africaines, telles que la CEDEAO, l’Union Africaine, ou encore l’Union européenne et l’ONU.

Les participants évoquent le Sahel et mettent en avant une réalité : le Sahel est une des dernières régions du monde à connaître l’esclavage et ses pratiques assimilées, basées sur une fausse interprétation de l’Islam, enchaînant ainsi des millions d’individus dans les mailles de la servitude, sur la base des mêmes instruments idéologico-religieux que ceux qui sont utilisés par les mouvements terroristes. Force est de reconnaître qu’aujourd’hui encore l’esclavage est une réalité dans les pays du Sahel.

Les ONG des droits humains ainsi réunis ont appelé à la libération de deux activistes du mouvement IRA, Moussa Bilal Biram et Abdallah Maatalla Saleck, détenus depuis près de deux ans à Bir-Moghreïn. Elles ont aussi invité le gouvernement mauritanien à lever l’interdit sur les activités d’IRA.

Ils ont également invité le gouvernement du Niger à accélérer l’application de la loi 2003 qui criminalise l’esclavage, prônant ainsi la mise en place d’un « G5 Sahel » contre l’esclavage.

Au cours de la rencontre de Bamako, la maladresse du gouvernement mauritanien s’est de nouveau étalée au grand jour : un professeur d’histoire de l’Université de Nouakchott, que certains activistes d’IRA qualifient de «nègre de service » avait été sollicité, via l’ambassade de Mauritanie à Bamako, pour porter la contradiction à Birame Dah Abeid. Mal lui en a pris car face à ses dénis du fait esclavagiste en Mauritanie, des universitaires présents au colloque lui ont brandi sous le nez le rapport des différents Rapporteurs des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage. Le dernier en date (celui de  Philip Aston écrit après sa venue en Mauritanie) mentionne la persistance de l’esclavage en Mauritanie. Hué par le public, il est sorti de la salle et n’est plus revenu, selon les témoins.

Aujourd’hui, Birame Dah Abeid semble concentrer ses efforts sur le plan international, il avait auparavant suscité la polémique, après la réunion de la société civile sénégalaise à Dakar, qu’il avait finalement séché, alors que le ciel des relations entre la Mauritanie et le Sénégal menaçait de s’assombrir de nouveau…

Cheikh Aidara


A Abidjan, les experts au chevet d’un malade nommé Sahel

Le Sahel est une région malade et misérable, une des régions les plus malades et les plus misérables du monde.

De très nombreuses femmes y meurent chaque année en donnant la vie. Au Sahel, les enfants ont peu de chance de fêter leur cinquième anniversaire. Les jeunes, même diplômés, ont perdu toute illusion : pas de travail et pas de perspective d’avenir (avec la déception d’avoir suivi des études supérieures, pendant plusieurs années, qui ne mènent à rien).
Le Sahel, c’est aussi la région du monde où l’on fait des dizaines d’enfants avec la certitude que la Providence leur ouvrira la voie du succès et qu’Allah se chargera de leur subsistance. En réalité, beaucoup d’entre eux finissent dans la rue, ils deviennent brigands de grands chemins, quand ils ne sont pas récupérés par le premier recruteur de la région, Al Quaïda ou Boko Haram, qui les transforme en torchon ambulant ou en tueur en séries.

Crédit photo : Presse-dz

Au Sahel, plus de la moitié de la population – c’est-à-dire les femmes – est exclue du cycle de production économique. Des analphabètes, on en forme des millions. De simples mères pondeuses, des esclaves sexuelles, tout juste bonnes à faire des enfants dès le plus jeune âge, sans droit au chapitre dans la vie de la cité, y compris pour décider de leur propre sort ou de celui de leurs enfants. On les répudie souvent, vieille dès l’âge de trente ans, un paquet de marmots sur les bras, sans instruction, sans formation et donc sans travail.

Dans les pays du Sahel, qui vivent sous perfusion de la finance mondiale, règne la corruption : détournement des deniers publics, détournement de l’aide internationale et des  prêts préférentiels. Les pays du Sahel creusent ainsi, année après année, des gouffres dans leurs budgets nationaux, hypothéquant l’avenir de plusieurs générations à venir.

Les écoles des pays du Sahel forment des chômeurs analphabètes. Quant aux structures de santé, elles accueillent des malades que l’on détrousse et saigne à mort avant leur séjour à la morgue.

Dans ces pays végètent des élites corrompues, des chefs d’Etat à vie et des dictatures implacables. Ces élites ratifient tout ce qui bouge en matière de traités ou de conventions internationales. Elles affament le peuple, le paupérise et le tient parfois en joue avec des armées républicaines transformées en milices.

Ces élites bien en chair se soignent à l’étranger, loin des hôpitaux mouroirs de leur pays. Elles envoient leurs progénitures dans les plus prestigieuses écoles du monde, loin de leurs écoles à abrutir le petit peuple qui applaudit les réalisations du grand guide éclairé.

Oui, il faut le dire, malheureusement le Sahel en est encore là.

Guerres, famine, maladies, fanatisme, rébellion, contre-rébellion, drogue, prostitution, trafics illicites en tout genre, violences… tout cela fournit chaque jour de la matière à la presse internationale.

Voilà les gros mots, et les gros maux, dont souffre le Sahel.

Le Sahel, ce macchabée que l’on tente de ressusciter depuis des décennies, que ce soit à Abudja, à Nairobi, à Addis-Abeba, à Maputo, à Johannesburg, à Niamey, à Bamako, à Dakar ou encore à Nouakchott, et même à Londres, Paris ou Bruxelles. Que de sommets, que de discussions… En vain.

La rencontre d’Abidjan les 17 et 18 octobre derniers, consacrée à l’engagement des Premières dames des pays membres du SWEDD (Projet d’Autonomisation des femmes et du dividende démographique au Sahel), après les engagements non tenus de leurs maris, n’est que la toute dernière intervention du médecin avant la mort, une énième tentative de venir au secours de peuples dont le plus grand malheur vient de leurs dirigeants.

Cheikh Aidara