aidara

Abidjan, une ville sans petit déjeuner

Se réveiller le matin pour dénicher un coin où prendre un petit Dej dans ce quartier de Cocody Palmeraie Riviera d’Abidjan semble relever de la gageüre. Même l’ami Hacen, ce Libanais dont le chic resto fait face au grand rond-point baissait ses rideaux en cette journée lourde du 17 octobre 2017.

Trois Mauritaniens perdus dans les rues abidjanaises à la recherche d’un café matinal, c’était comme des Extraterrestres perdus dans un coin de l’Afrique. Pas un cafétéria ouvert. Des centaines de mètres à déambuler dans les rues cabossées, à la merci de chauffards perdus dans cette jungle motorisée. A 8 heures déjà, c’est le grand embouteillage. De ceux qui font perdre aux plus sages leurs langages modérés. Pétarades, embardées, les chauffeurs d’Abidjan sont les plus indisciplinés du monde. Et dire qu’on se plaignait de la pagaille des «Tout-droits Nouakchottois » qui nous semblaient être les diablotins de la circulation routière. On se rend compte qu’ils devront descendre ici à Abidjan pour des stages de formation pour un «certificat de dernière degré de chauffarisme ». Presque tous les resto avaient baissé les rideaux. A croire qu’à Abidjan, on ne déjeune pas. Les trois Mauritaniens vont d’une indication à une autre. «Non messieurs, on ne vend pas de café, seulement des croissants » entonne d’une voix mielleuse une jeune fille derrière le comptoir d’une pâtisserie. «Allez voir chez le Roi du Poulet ». Encore, quelques centaines de mètres plus loin, dans une ruelle encore plus cahoteuse et dégradée que toutes celles déjà empruntées. Ici et là des flaques d’eau, vestiges de la forte pluie qui s’était abattue la nuit. Dire qu’en Mauritanie, l’on rêve d’une seule goutte alors qu’ici le ciel semble si clément.

Au «Roi du Poulet », la place semble vide. Un jeune arabe se cache derrière un comptoir barricadé. «Non, nous n’avons pas de petit déjeuner à vendre ». Nos petits chasseurs de «café-chaud-le-matin » roulent des yeux pour repérer ne serait-ce qu’une gargotte. Ils reniflèrent l’air à la recherche d’une providentielle odeur de café. Ils n’humèrent que l’odeur fétide du sol trempé d’eau fade. Ils piquèrent vers une boutique à côté, histoire de se payer n’importe quoi pour se mettre dans la panse. «On n’a pas de lait frais » susurre le boutiquier, qui  tendait trois bouteilles de lait tiré d’une caisse. N’en pouvant plus, l’un des Mauritaniens lui lança «et pourquoi tu ne gardes pas du lait frais dans ton frigo ? » «Ca ne se vend pas » lui répondit le vendeur. «Alors pourquoi acheter alors du lait si ça ne se vend pas ? » Sans attendre la réponse, les trois Mauritaniens lui laissèrent ses trois bouteilles de lait sur le comptoir. Puis ils décidèrent d’aller prospecter ailleurs. Toujours à la recherche du petit déjeuner qui semblait aussi rare que la silhouette d’une sirène. Une jeune fille venait d’ouvrir sa petite échoppe. Devant, c’était écrit «Resto du coin, café chaud » avec le dessin d’une grosse tasse fumante à l’entrée. Le sourire apparut sur le visage de nos trois chasseurs de «Petit Dej ».

«Vous avez du café ? » s’enquirent-ils, en prenant déjà place comme si la réponse était évidente. «Oui » répondit-elle.  Le visage de nos amateurs de chaud se fendit de larges sourires. «Vous avez quelque chose de prêt ? » demandèrent-ils de nouveau. «Non, malheureusement, cela va prendre un peu de temps, je viens d’ouvrir » leur rétorqua-t-elle.  Le temps pressait et nos trois «amateurs de café matinal » avaient déjà perdu plusieurs minutes sur leur rendez-vous. La circulation, déjà trop embouteillée ne leur laissait nullement le choix. Décidément à Abidjan, en tout cas dans ce coin-ci de Cocody, vaut mieux s’abonner à la diète matinale.

Cheikh Aîdara


A Abidjan, les Premières Dames du Sahel s’engagent pour le changement social

L’immense salle de conférence de l’Hôtel Ivoire d’Abidjan a abrité le 18 octobre 2017 l’engagement des Premières Dames des pays du Sahel en faveur du changement social et comportemental dans leur pays respectif. Elles se sont engagé solennellement à encourager entre autres, l’éducation des filles, l’autonomisation des femmes et des adolescentes ainsi que leur accès à des services de santé de qualité, notamment dans le domaine de la santé reproductive, et de lutter contre les mariages précoces.

Successivement Mesdames Kaboré du Burkina Faso, Mme Keïta du Mali et Mme Issoufou du Niger ont lu leur serment d’engagement en faveur de l’autonomisation des femmes et du dividende démographique dans leur pays respectif. Le discours de la Première Dame de Mauritanie, Marième Mint Ahmed dite Tekber a été pour sa part distribué à quelques participants. Souhaitant la bienvenue à ses consœurs du Sahel et aux délégations présentes, la Première Dame de Côte d’Ivoire, Mme Ouattara, très active dans le domaine social dans son pays, a mis en exergue la symbolique de l’évènement. Elle a évalué à sa juste mesure l’engagement des Premières Dames du Sahel en faveur de la campagne de communication pour le changement social et de comportement. Elle s’est dite convaincue qu’avec cet engagement de haut niveau, le Sahel qui affiche les indicateurs sociaux les plus alarmants, parviendra à renverser la tendance.

Auparavant, plusieurs orateurs s’étaient succédé sur le podium, à l’image de la ministre ivoirienne du Plan, Kaba Nialé, qui avait lu le discours d’ouverture de la journée, le représentant de la Banque mondiale et le directeur adjoint de l’Organisation ouest-africaine de la Santé qui a déclaré que «malgré les efforts consentis par les pays du Sahel et qui se sont traduits par de fortes croissances économiques, des défis de taille subsistent, comme la mortalité maternelle et infantile élevée, la situation alarmante des adolescents et des jeunes, les mariages et les grossesses précoces, la croissance non maitrisée de l’accroissement de la population due à de forts taux de fécondité ». Selon lui, «nous cherchons à travers l’engagement des Premières Dames qu’elles participent à l’amélioration du bien-être des femmes, en usant de leur position pour booster les politiques en leur faveur ».

Mme Ouatara et Mme Aziz dite Tekber (Photo Aidara)

Quant au Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mabingué NGom, il a déclaré qu’il «faut encourager l’accès des populations à des services de santé de qualité, notamment dans le domaine de la santé de la reproduction ». Il a remercié les Premières Dames d’avoir «accepté d’offrir leur image et exprimé leur engagement pour la réussite de la campagne de communication pour le changement social et de comportement dans leur pays respectif.». Il a cependant regretté le fait que «la femme au Sahel meurt cent fois plus que la femme en Europe Occidental » soulignant que des milliers d’enfants africains sont dans la rue, sans éducation et sans formation. «Et cela constitue une perte extraordinaire en termes d’opportunités de développement » a-t-il ajouté. Il faut réduire, dira-t-il en substance, l’important gap qui se creuse d’année en année entre la demande et l’offre social dans les pays membres du SWEDD. Pour cela, selon lui, «il faut intensifier l’investissement dans la jeunesse », soulignant que le Projet SWEDD constitue en cela un modèle de partenariat que «nous devons consolider et repiquer partout sur le continent, dans la région des Grands Lacs, dans la Corne de l’Afrique et dans le Manon River ».

Il a par ailleurs exprimé la disponibilité du système des Nations Unies et celle de l’UNFPA à accompagner les Premières Dames dans leurs actions en faveur des projets initiés par le SWEDD. «Nous sommes satisfaits de vos engagements » a-t-il conclu.

Cheikh Aïdara
Abidjan


Changement de comportement social : Les pays SWEDD mettent le paquet à Abidjan

En prélude à la journée du 18 octobre 2017 consacrée à la mobilisation des Premières Dames des pays membres du SWEDD, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger, Mali, Mauritanie et Tchad, la campagne régionale de communication pour le changement social et de comportement (CCSC) lancée le 17 octobre 2017 a pris toute sa dynamique à Abidjan. Réduire la pauvreté, améliorer la scolarisation des filles, leur autonomisation ainsi que celle des femmes, promouvoir l’égalité genre, améliorer les soins de santé de la reproduction, investir dans la jeunesse et assurer la bonne gouvernance. Autant d’axes d’intervention et d’autres que les pays du SWEDD doivent mettre en œuvre pour assurer  leur transition démographique.

Table officielle lors du lancement de la campagne CCSC au Golf Hôtel d’Abidjan (Photo Aidara)

«La fécondité en Afrique est de 5,5 enfants par femme, soit le double de la moyenne mondiale, et un Africain sur 3 a moins de 35 ans. Autant d’enfants à charge pour des ménages généralement pauvres et autant de jeunes souvent non formés et sans travail exercent une forte pression sur les ressources et plombent l’effort de développement ». C’est en ces termes que le Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mabingué Ngom a introduit son intervention lors du lancement de la campagne régionale de communication pour le changement social et de comportement qui a eu lieu le 17 octobre 2017 au Golf Hôtel d’Abidjan.

L’évènement a regroupé plusieurs délégations venues des 6 pays membres du SWEDD. La Mauritanie a été fortement représentée par une délégation comprenant entre autres le Coordinateur national du SWEDD, Mélaïnine Ould Eyih, le Secrétaire général du Ministère de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ould Vall Ould Abdi et plusieurs de ses collaborateurs, des cadres du ministère des Affaires Sociales, du ministère chargé des Relations avec le Parlement et la Société Civile et du ministère des Affaires Islamiques, en plus de quelques journalistes.

Une partie de la délégation mauritanienne (Photo Aidara)

La cérémonie a été marquée par le mot d’ouverture prononcée par la ministre ivoirienne du Plan et du Développement, Nialé Kaba, qui s’est félicité du lancement de cette campagne de communication qui cible, selon elle, les populations des différents pays membres du SWEDD pour un changement de comportement social, face à des défis récurrents tels que le mariage précoce des filles, leur scolarisation, leur formation et leur insertion professionnelle ainsi que leur accès à des informations utiles sur la santé sexuelle et reproductive.

Après la photo de famille, les participants ont par la suite suivi une projection sur les campagnes nationales lancées dans les différents pays du SWEDD. La Mauritanie, par la voie de Fatimetou Babana dite Siham de l’Unité de gestion du projet SWEDD a livré l’essentiel des activités qui ont marqué la campagne nationale pour le changement social et de comportement dont le lancement s’est déroulé du 6 au 8 juillet 2017 à Kiffa et qui se poursuit dans les quatre régions ciblées par le SWEDD. Elle a notamment cité la formation de quelques 360 leaders religieux et l’implication de tous les acteurs, autorités administratives, société civile, jeunes, femmes, journalistes, artistes, en plus de supports médias propres au SWEDD, un site électronique, une page facebook, diffusion de messages accessibles aux populations, entre autres. Chacun des pays membres du SWEDD a également livré sa propre expérience.

La journée s’est poursuivie par la présentation de la Feuille de route de la CCSC 2018-2019. Par la suite, le président du Comité régional de pilotage a supervisé le lancement officiel du 18 octobre, celle qui sera consacrée par la présence des Premières Dames, avant de procéder à la synthèse et à la lecture des conclusions. La clôture de l’atelier a été marquée par le lancement du Rapport annuel 2017 sur la Population mondiale.

La conférence de presse (Photo Aidara)

Il faut souligner qu’une conférence de presse a été animée en marge de cette journée. Elle a été animée par la ministre ivoirienne du Plan, Nialé Kaba, en compagnie du président du Comité régional de pilotage du SWEDD, du président de la Banque Mondiale et du Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. A noter la présence remarquée de l’artiste sénégalaise Coumba Gawlo Seck «Ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies».

Cheikh  Aïdara


ASAC Concorde-AS Ksar 2-2 : du bon jeu, des buts et une belle ambiance

Le match ASAC Concorde contre AS Ksar comptant pour la 3ème journée du championnat national de football et qui s’est joué ce dimanche 15 octobre 2017 sur la pelouse du Stade Cheikha Boydiya du Ksar a tenu toutes ses promesses. Des buts à provision, 4 au total, du bon jeu aussi bien sur le plan technique que tactique et une belle ambiance de football. L’apothéose, la colère des supporters du Ksar qui s’en sont pris vivement au président et maire du Ksar, Cheikh Ould Gharaby.

Une belle empoignade entre la Concorde (en blanc) et le Ksar (en vert)(Crédit photo Aidara)

Après une première mi-temps sans but, les aficionados qui ont fait le déplacement au Stade Cheikha n’ont pas été déçus. Du bon football, ils en ont eu plein les yeux. Les envolées de part et d’autre des véloces attaquants du Ksar et de la Concorde, à l’image de Sy Abderrahmane, Diouf Mame Sossé, Mohamed Sidi MBareck du Ksar, ou encore Yacine Mohamed, Fodé Traoré ou Thiam Idrissa de la Concorde ont tenu en haleine le stade, le transposant de suspens en suspens.

Il a fallu attendre la 63ème minute pour voir les Concordiens ouvrir le score par Youba Zeydane qui reprenait de la tête un coup franc balancé dans la surface de réparation du portier ksarois Sidibé Ahmed qui ne pouvait rien faire sinon regarder la balle rouler au fond de ses filets.

Les deux équipes procéderont à des changements tactiques qui vont préfigurer de la suite. C’est ainsi que l’entraîneur de la Concorde, Boubacar Ibrahima Diop dit NDiobo allait faire entrer successivement deux défenseurs, Coulibaly Amadou et El Hadj Oumar Niang pour faire sortir un attaquant, le n°10, Niang El Hadj Malick et un défenseur, Rachid Sid’Ahmed.

Quant au coach ksarois, Bâ Alpha, il fera entrer Sid’Ahmed El Mane à la place du milieu de terrain, Sadena Mohamed. La tactique sera payante car à la 83ème minute, le Ksar égalisait par l’entremise de Mohamed Sidi MBareck sur une belle combinaison.

Les pendules ayant été mis à l’heure, le public ksarois jusque-là silencieux s’éveilla. Leurs cris d’encouragement enflamma le stade et eut un effet magique sur les joueurs. Les 20 dernières minutes de la rencontre furent un spectacle agréable, d’attaques et de contre-attaques, avec plusieurs occasions manquées de part et d’autre.

Bâ Alpha procéda à son second remplacement. Mohamed Sidi MBareck, auteur du but égalisateur céda sa place à Serigne Bassirou Seck.

A la 87ème minute, la Concorde doubla la mise sur une belle reprise signée MBareck El Id. A bout de nerfs, les supporters du Ksar s’en prirent vivement à Cheikh Ould Gharraby, président du club et maire titulaire du Ksar. «Zéro Cheikh ! Tu as gâché le club du Ksar ! Ça, ce n’est pas une équipe ! 2éro ! » Certaines têtes brûlées parviendront même à se pointer devant la tribune centrale où se trouvait le président du Ksar pour l’invectiver de vives voix.

On jouait les dernières minutes du match et les spectateurs commençaient à quitter les gradins. C’est à cet instant précis, alors que personne n’y croyait plus, que le Ksar obtient un corner, celui de la dernière chance. Les invectives des supporters du Ksar, debout en face du président du club firent rater à la plupart du public le but égalisateur. Seul le cri de joie qui venait de l’aire de jeu vint informer les spectateurs du but égalisateur. Une égalisation sur le fil du rasoir. Quelques poignées de seconde, et l’arbitre central de la rencontre mit fin au match, pour la plus grande joie des joueurs du Ksar.

Cheikh Ould Gharaby président du Ksar (Photo Aidara) Les supporters du Ksar mécontents invectivent Cheikh Ould Gharraby (Photo Aidara)

Cette fin palpitante sera émaillée de grabuges sur la tribune centrale. Des supporters en colère avaient réussi à rejoindre le président du Ksar pour l’agresser. Ils seront repoussés. Mais ils l’attendront de pied ferme à la porte d’entrée du stade.

Nouakchott Kings contre Deuz : 2 à 0

En levée de rideau du derby ASAC Concorde-Ksar, Nouakchott Kings avait pris le meilleur en première heure sur DEUZ. Score final 2 buts à 0.

Duel entre King en noir et Deuz en blanc (Photo Aidara)

Le premier but de Nouakchott Kings a été marqué à la 38ème minute par le n°11 Touda Sidi Abdoullah sur pénalty. Dès la reprise du match en deuxième mi-temps, l’entraîneur de Nouakchott Kings, Baba Seck, procéda à un premier remplacement tactique. Le n°4, Raghani Atigou céda sa place au n°15, Siby Zakariya. L’équipe DEUZ se créera cependant de belles occasions, grâce aux envolées de son excellent 10, Sidi Moulaye qui créa des fils à retordre à la défense massive de Nouakchott Kings. Dans la foulée, le coach de Deuz, Amadou Ly, rebelota ses cartes en faisant entrer Brahim Mamadou Tijani à la place de Sidi Baba Alioune.

A la 85ème minute, les protégés de Baba Seck doublèrent la mise, par l’intermédiaire du n°11 Touda, auteur du premier but, sur une belle action individuelle. Le capitaine de Deuz, Memini Habibou sera expulsé dans la foulée pour anti-jeu. Réduit à 10, les protégés de l’entraîneur des blancs, Mamadou Ly ne parviendront jamais à revenir au score.

A Nouadhibou, le FC Nouadhibou a pulvérisé la Police sur le score de 4 buts à 1.

Cheikh Aidara


CHAN 2018 : les Maliens déboutés, la Mauritanie sera au Maroc

Après un suspens qui dure depuis le mois d’août dernier, la Confédération africaine de football (CAF) a finalement débouté la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) suite à la réserve qu’elle avait portée contre la Mauritanie après l’élimination au CHAN 2018 de l’équipe nationale des locaux du Mali.

Les Mourabitounes locaux (Crédit photo FFRIM-images d’archives)

Après un nul vierge concédé à Nouakchott (2-2) face aux Mourabitounes, les Aigles du Mali allaient perdre le 19 août 2017 sur leur terrain le match de qualification face à l’équipe des locaux de Mauritanie sur le score de 1 but à 0. Cette défaite aura un goût très amer pour les Maliens habitués à faire de la Mauritanie un simple faire-valoir. Après avoir limogé l’entraîneur de leur équipe nationale, Djibril Dramé, la fédération malienne porte une réserve contre les Mourabitounes auprès de la CAF aussitôt après le match.

Les Maliens estimaient que la Fédération mauritanienne de football (FFRIM) n’avait pas présenté les licences prouvant que tous les joueurs ayant disputé la double confrontation à Nouakchott et à Bamako évoluent dans le championnat mauritanien.

Il faut dire que l’anxiété était à son paroxysme à Nouakchott, car les sportifs mauritaniens étaient très inquiets face à ce recours porté contre la FFRIM avec la crainte que le recours des Maliens puisse aboutir, ce qui allait priver les Mourabitounes d’une qualification toute méritée.

Sur la validité du recours, le président de la Fédération malienne de football comme son homologue mauritanien s’étaient exprimés, chacun avançant ses arguments.

«Nous avons exercé le droit de réserve sur les joueurs mauritaniens pour n’avoir pas présenté leur licence lors de la rencontre retour du dernier tour éliminatoire du CHAN 2018. La plainte nous a coûté 2.000 dollars US, soit environ 2 Millions de francs Cfa. Nous croyons à nos arguments et nous nous attendons à une issue favorable » déclarait un membre de la Femafoot.

Du côté de la FFRIM, cette même confiance s’affichait et la même sérénité que la plainte malienne n’aboutirait pas. «Les joueurs concernés par la réserve malienne évoluent bel et bien dans le championnat mauritanien et disposent tous d’une licence de club. Ils ont rompu leur contrat avec l’équipe de Létonie où ils jouaient. Nous avons présenté un dossier en béton auprès de la CAF et nous sommes confiants quant au verdict de l’instance africaine du football » avait déclaré Ahmed Ould Yahya, président de la fédération mauritanienne.

Ainsi, les Mourabitounes seront au Maroc pour les phases finales du CHAN 2018 qui se dérouleront dans le Royaume chérifien qui a été choisi après le retrait par la CAF de la candidature kenyane.

Cheikh Aïdara


3ème journée Championnat D1 : Kaédi confirme et FC Tevragh-Zeine inquiète

La 3ème journée du championnat de 1ère division qui s’est jouée à Nouakchott, Kaédi et Nouadhibou a réservé bien des surprises. Outre la défaite concédée par l’équipe vice-championne de la saison écoulée, le FC Tevragh-Zeine face à la SNIM, Kaédi reste invincible sur son terrain, tandis que les miniers de la Kédia et Tijikja confirment.

FC Kaédi, l’équipe montante de la saison

Le derby entre les deux équipes montantes de la saison, FC Kaédi et FC Teyssir, a tenu toutes ses promesses. Si les représentants du Gorgol ont confirmé leur invincibilité sur le terrain, les Atarois ont connu leur première défaite, après deux journées de victoires euphoriques. Thiam Oumar, auteur de l’unique but de la partie en faveur des Kaédiens, dès la 23ème minute, sera cependant expulsé à la 75ème minute. Malgré ce déficit d’effectif, les protégés de Bâ Kalidou, le président du club, conserveront leur avantage jusqu’au coup de sifflet final. Les Kaédiens rateront même un pénalty mal botté par Bâ Oumar Semega.

En empochant les trois points de la rencontre, FC Kaédi trône désormais à la tête du championnat avec 7 points pour trois matchs deux victoires et un nul.

En déplacement à Nouadhibou, les Galactiques de Tevragh-Zeina sont tombés 1 but à 0 face à l’AS Snim. Une défaite qui doit sonner l’alarme au sein du staff de l’équipe phare de Nouakchott qui a perdu beaucoup de ses vedettes et semble avoir du mal à retrouver ses pas. Avec un nul, une défaite et une seule victoire, le doyen Birama Gaye doit ajuster le tir s’il veut aller loin dans le championnat.

La Garde, finaliste malheureuse de la coupe nationale l’année dernière, suit la même pente glissante que le FC Tevragh-Zeina. Elle a été battue lors de cette 3ème journée par 1 but à 0 par Tijikja qui se hisse à la 3ème place derrière l’AS Kedia qui a disposé de l’AJ Riadh sur le score sans appel de 3 buts à 0.
Le grand derby de cette 3ème journée est sans nul la rencontre choc qui opposera dimanche 15 octobre sur la pelouse du Stade Cheikha Ould Boydiya l’ASAC Concorde au Ksar. Les protégés de NDiobo sont pour le moment dernier du classement tandis que les Concordiens pointent à la 8ème place avec seulement 3 points dans leur compteur.

A Nouadhibou, le FC Nouadhibou en découdra avec l’AS Police alors qu’à Nouakchott FC Deuz s’expliquera avec Nouakchott King.

Cheikh Aïdara


Oumtounsy : un aéroport du désert sans moyen de transport

Embarquer ou débarquer à partir de l’aéroport Oumtounsy de Nouakchott est un véritable cauchemar pour les voyageurs non véhiculés. Sans aucun service de transport, le voyageur qui doit prendre son vol n’a d’autres alternatives que de louer un taxi à 10 ou 12.000 UM (20 à 25 euros) si vous en trouvez, ou quémander un ami ou un proche souvent «rechignard » pour se faire déposer ou récupérer.

Aéroport Oumtounsy

Le pire, c’est lorsque vous êtes convoqués à 4 heures du matin, ce qui est souvent le cas, ou que vous arriviez aux environs de minuit. Si vous n’avez pas quelqu’un qui va vous déposer ou vous récupérer, vous êtes à la merci des rares chauffeurs de tacots qui osent s’aventurer dans ces lieux pour vous vider vos poches.

Et encore ! Les rares voitures taxis qui viennent chasser la chance à Oumtounsy, sont de véritables cercueils ambulants. Il s’agit en général de vieilles Mercedes cabossés qui donnent au voyageur étranger qui vient de débarquer pour la première fois à Nouakchott, une mauvaise impression du pays dont il vient de fouler le pas.

Comment concevoir qu’on mette des milliards à construire un  aéroport à 35 kilomètres de la ville sans prévoir un service de transport, par bus ou taxi. Pour le train, nous ne sommes pas encore le Sénégal dont le nouvel aéroport Blaise Diagne, dont l’ouverture au trafic est prévue pour le 7 décembre prochain, sera relié à la ville de Dakar par 40 kilomètres de chemin de fer et un train pour transporter les voyageurs.

Le pire est réservé aux étrangers. Ils débarquent dans un très bon aéroport et une fois dehors, tu les vois guetter du regard un taxi flambant neuf, comme on en voit dans tous les aéroports. Ils voient souvent avancer un homme, boubou sale traînant derrière lui, qui leur propose les yeux de la tête pour les amener en ville. Une fois le prix fixé d’un commun accord, nos pendouillards se voient embarquer en général dans une vieille rimbarde aux portières défoncées, souvent sans poignet, avec un salon dégarni, sans tableau de bord et des phares à demi mortes.

Cheikh Aïdara


«RYADYA» : la future chaîne TV Sport de Mauritanie

Une nouvelle chaîne de télévision dédiée exclusivement au sport en Mauritanie va être lancée bientôt. «La Super coupe de football prévue le 28 novembre prochain à Kaédi sera le premier match qui sera diffusé en direct à partir de cette chaîne» a annoncé Ahmed Ould Yahya, président de la Fédération mauritanienne de football(FFRIM) , en marge d’une réunion de travail suivie d’une rencontre avec les acteurs du monde sportif qui s’est tenue le jeudi 12 octobre 2017 dans l’amphithéâtre de la fédération à Nouakchott.

De gauche à droite : Pape Amghar Dieng, Ahmed Yahya, Khira Mint Cheikhani et Ahmed Salem Ould Boukhreiss (Photo Aidara)

La Mauritanie aura bientôt sa propre chaîne de sport. Une demande longtemps exprimée par les acteurs sportifs. «Cette chaîne de télévision fait partie des engagements que le président Mohamed Abdel Aziz avait pris et qui se réalise enfin » a déclaré Mme Khira Mint Cheikhani, Directrice générale de la Télévision publique de Mauritanie «El Mouritania» (TVM).

Ahmed Ould Yahya, président de la FFRIM de renchérir, «cette télévision est l’expression de la volonté du président de la République et du gouvernement mauritanien face aux aspirations mille fois exprimée de la jeunesse et du monde sportif qui a toujours réclamé un tel support ». Cette annonce a été faite en marge d’une réunion de travail élargie à leur staff, entre la Directrice générale de la télévision nationale et le président de la FFRIM, le jeudi 12 octobre 2017 dans les locaux de la fédération.

Au sortir de cette réunion, la rencontre a été élargie aux présidents de club et aux journalistes. Face aux questions, la DG de la télévision a voulu recadrer les débats. «Ce n’est pas une conférence de presse mais un échange avec vous pour qu’ensemble nous puissions peaufiner les contours de ce qui va être le contenu et le format des émissions sportives qui seront réalisées » devait-elle préciser.
Certes, la chaîne concernera toutes les disciplines sportives, mais le premier partenariat conclu semble être celui ficelé avec la fédération de football, la seule qui serait activement prête à alimenter les émissions d’une manière constante, selon la directrice de la TVM.

Un draft des programmes a été esquissé par Sidi Ould Nemine, un des conseillers de la télévision publique. Ainsi, le programme phare s’articulera autour d’émissions interactives en direct avec la présence de grands analystes sportifs, avec des rétrospectives sur les anciennes gloires, des documentaires, des infos sportives, mais surtout la retransmission en direct des matchs du championnat national de football et des rencontres internationales.

La future chaîne sportive, qui sera totalement indépendante, selon Khira Mint Cheikhani, sera logée dans l’enceinte de la télévision de Mauritanie et pourra ainsi profiter de ses équipements mais aussi de ses techniciens. «L’aspect technique et logistique pour la chaîne de sport est déjà réglé » a soutenu Sidi Ould Nemine. Le studio  de la télévision de la fédération de football et son personnel seront également mi s à la disposition de la future chaîne.

La rencontre s’est déroulée en présence du conseiller du Ministre de la Jeunesse et des Sports Ahmed Salem Ould Boukhreiss et du président de la Ligue nationale de football, Pape Amghar Dieng.

Cheikh Aïdara


4ème édition Rebranding Africa Forum : promouvoir les talents et mobiliser le secteur privé

Devenu depuis trois ans un des évènements phares où l’Afrique réfléchit pour l’Afrique au cœur de la capitale belge, selon les propos ramassés du Vice-Premier ministre chargé des Affaires étrangères et européennes du Royaume de Belgique, Didier Reynders, le Rebranding Africa Forum a tenu toutes ses promesses au cours de sa 4ème édition qui s’est tenue les 5 et 6 octobre 2017. Organisée autour du thème «Enjeux et défis des systèmes financiers africains  face au dividende démographique», cette édition dont l’invité d’honneur était la Guinée, avec la présence du Premier ministre Mamady Youla, fut un laboratoire et un creuset d’expériences pour l’Afrique.

 

A l’ouverture du Rebranding Africa Forum

«Deux leviers doivent être activés pour le décollage de l’Afrique : le renouvellement de la philosophie de développement du continent et l’analyse de la praxis pour le bien-être de la population » a déclaré Thierry Hot, fondateur du Rebranding Africa Forum à l’ouverture de la 4ème édition de ce think thank organisé en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), les 5 et 6 octobre 2017 à Bruxelles.

L’ouverture

Plusieurs orateurs ont pris la parole à l’entame de ce grand laboratoire et formidable creuset d’influence qu’est devenu le Rebranding Africa Forum qui cherche depuis trois années d’affilée «à mettre l’Afrique en perspectives, à partir d’un diagnostic sans complaisance de son état de santé ainsi que ses atouts » selon Thierry Hot.

Parmi les orateurs, le Premier ministre guinéen, Mamady Youla, selon qui le thème retenu au cours de cette édition «Enjeux et défis des systèmes financiers africains face au dividende démographique» s’inscrit parfaitement dans la dynamique de la recherche de solutions aux nombreux défis de développement auxquels l’Afrique se trouve confrontée. «Un pays dans lequel la part des jeunes dans la population augmente et le taux de fécondité diminue, peut récolter les fruits d’un dividende démographique» a-t-il précisé.

Agriculture, services et capital humain

Trois panels ont été présentés durant l’édition 2017 de Rebranding Africa. Le premier a porté sur le «Pari agro-industriel». L’occasion pour les panélistes de rappeler l’engagement des chefs d’Etat africain à Maputo d’accorder10 % de leurs budgets nationaux à l’agriculture, tout en se demandant «comment l’Afrique peut-il réussir sa révolution verte» si les pays qui la composent ne veulent pas consentir assez de ressources au secteur agricole. D’autres parmi les panélistes trouvent que les subventions à l’agriculture ne sont pas la solution et qu’il suffit d’équilibres simples pour permettre au paysan africain de disposer de semences de qualité et de moyen pour rehausser ses rendements.

Le deuxième panel relatif aux «Opportunités du marché des services» a permis d’ouvrir un débat contradictoire entre les panélistes. Certains ont valorisé le triptyque Jeunesse-Services-Numérique, soutenant que la jeunesse africaine doit être formée à créer des applications selon les secteurs de leurs choix. Le secteur service qui occupe le tiers du PIB des pays africains, bute cependant selon les intervenants sur des problèmes de financement mais aussi de connaissances pour générer des réponses structurantes, comme un enseignement plus adapté aux réalités africains à la place de celui hérité du colonisateur.

Enfin, le troisième panel, inscrit sous le thème «Investir dans le capital humain», avait pour objectif de clarifier le débat sur la nécessité ou non pour l’Afrique de viser un dividende démographique, afin de doter le continent africain d’un capital humain à la mesure de son désir d’émergence. Il s’agissait d’évaluer l’ensemble des systèmes financiers à mettre en œuvre pour y parvenir.

Pour les panélistes, l’Afrique est le continent le plus jeune avec les taux de chômage les plus élevés au monde. Ainsi, 10 à 12 millions de jeunes diplômés arrivent, selon les experts, chaque année sur le marché de l’emploi, lequel n’offre pourtant que 3 millions d’opportunité de travail.

Mais il y a 30 millions d’autres jeunes non instruits et non formés que les statistiques semblent oublier, rappellera Mabingué NGom, directeur régional de l’UNFPA.

Les chiffres restent ainsi effrayants, avec ses 420 millions de jeunes africains âgés de 15 à 35 ans dont le tiers ne travaille pas.

Le clou

La 4ème édition du Rebranding 2017 a été aussi marquée par la présence de hautes personnalités, outre le Premier ministre guinéen et le Vice-Premier ministre belge, celle de Cécile Kyenge, Députée au Parlement Européen et André Flahaut, ministre d’Etat de la Belgique de la Fonction Publique et de la simplification administrative au sein de la Fédération Wallonie de Bruxelles.

Enfin, le clou de l’édition, la soirée gala et la remise du Prix Innovation d’une valeur de 10.000 euros à Fohla Mouftaou, un des promoteurs de Green Keeper africa, la start-up béninoise avec sa technologie qui transforme la jacinthe d’eau en filtre dépolluante.

Cheikh Aïdara


Mauritanie-Comores : le doute s’installe

L’équipe nationale de Mauritanie, les Mourabitounes se sont inclinés le vendredi 6 octobre 2017 sur le stade de Bizerte (Tunisie) en match amical international, face au Coelacantes des Comores sur le score de 1 but à 0. A Nouakchott, c’est déjà la panique, à quelques encablures d’un match Mauritanie-Burkina Faso prévu en mars 2018 pour le compte de la deuxième journée des éliminatoires de la CAN 2019.

Les Comores jubilent après leur victoire (Photo Africasport)

L’entraîneur français des Mourabitounes, Corentin Martins doit des explications sérieuses au monde sportif mauritanien, bouleversé par les dernières contre-performances de l’équipe nationale. Au vu des résultats glanés par nos équipes A et B (les locaux) lors de nos 7 derniers matchs, le doute commence à s’installer. Une seule victoire 1 à 0 contre le Mali pour une phase qualificative au CHAN, deux matchs nuls contre le Mali 2-2, et face au Kenya 1-1, et quatre défaites, 1-0 contre le Libéria, 3-1 contre le Mali au Ghana lors de la Coupe de la confédération africaine de football, 2-0 contre le Niger au Maroc, et ce 1-0 synonyme d’insulte contre les Comores, 144ème sur le classement FIFA.

Certes, il s’agit pour la plupart de matchs amicaux, comme celui joué en Tunisie contre les Comores, mais ces défaites successives, dues en partie à la mauvaise condition des joueurs, leur manque d’engagement et leurs maladresses commencent à donner un goût amer.

La déception qui se lit dans les commentaires des journalistes et observateurs sportifs font fleurir ici et là des interrogations, surtout que les Mourabitounes semblent prendre un malin plaisir à déjouer les pronostics les plus optimistes. Les Mauritaniens ont pêché sur toutes les lignes, surtout en attaque et les maladresses d’un Beigueli qui vient d’entamer une carrière internationale en Algérie.
Pendant une bonne partie de la première période, les protégés de Martins avaient même des difficultés à sortir le ballon de leur carré de terrain, selon plusieurs observateurs.

Au lieu d’une construction de jeu, les coéquipiers de Bakary Ndiaye se contentaient de longs dégagements qui occasionnaient des contre souvent fatidiques pour le portier Souleymane Diallo, obligés au cours du jeu de céder sa place à Casias.

Plus entreprenant et plus constructeur, les Comoriens qui se pensaient des outsiders commenceront à y croire, poussant les Mourabitounes dans leurs derniers retranchements. Epuisés, lessivé, sans condition physique, sans vision de jeu, les Mauritaniens succomberont à 4 minutes de la fin du match, en encaissant un but assassin signé par l’avant-centre comorien, Youssouf M’Changama.

Malgré les changements opérés par Corentin Martin, le score ne changera pas jusqu’au coup de sifflet final.

Eliminés tous les deux de la qualification à la Coupe du Monde Russie, Mauritaniens et Comoriens  préparent la reprise en cours des éliminatoires de la CAN en mars 2018.

Cheikh Aïdara


2ème journée Super D1 : l’ordre des préséances bousculées

Les équipes de l’intérieur, Atar et Kaédi, qui viennent d’accéder à l’élite du football national confirment de nouveau qu’ils ont bien mérité leur ascension et qu’ils ne comptent pas jouer les seconds rôles. Avec deux matchs et deux victoires, le FC Teyssir trône pour l’instant à la tête du championnat national. Les Kaédiens viennent également de confirmer leurs ambitions en arrachant le nul pour leur premier déplacement à Nouakchott.

A Zouerate, derby entre la Garde et Kédia (Photo : LNF)

Vendredi 6 octobre sur la pelouse du Stade Cheikha Boydiya, le FC Teyssir a arraché sa deuxième victoire d’affilée en battant l’AS Police par 2 buts à 1, tandis que les Kaédien forçaient l’AJ Riadh au nul 1 but partout. C’est Ethmane Sidi qui a ouvert le score pour les locaux de l’AJ Riadh à la 17ème minute avant que les Kaédiens n’égalisent par l’intermédiaire de Thiam Oumar sur une belle reprise de volée en seconde période de jeu.

En deuxième heure, l’ASAC Concorde a lancé son compteur de victoire en étrillant le FC Deux sur le score de 2 buts à 0. Ce qui les compense de leur défaite 2 à 0 concédée devant le FC Nouadhibou lors de la première journée.

A Zouerate, la Garde Nationale a imposé le nul aux miniers de la Kédia, 2 buts partout. C’est la Garde qui a le premier ouvert le score à la 7ème minute. Une avance précieuse que les protégés du Capitaine Eleya conserveront jusqu’à la mi-temps. A la reprise, les miniers de Zouerate prennent le match en main et parviennent à remettre les pendules à l’heure en égalisant puis en doublant la mise. Mais c’était sans compter avec la pugnacité des Gardes qui égaliseront grâce à un coup franc repris de la tête.
Ce soir, dimanche 8 octobre, les aficionados ont rendez-vous avec un derby FC Tevragh-Zeina contre Ksar. En deuxième heure, ce sera le choc AS Tijikja contre SNIM, tandis que FC Nouadhibou et Nouakchott Kings s’expliqueront dans un autre derby passionnant le 10 octobre prochain sur la pelouse du Stade Cheikha du Ksar.

Cheikh Aïdara


Dividende démographique : experts et communicateurs africains se penchent à Bruxelles sur le devenir du continent

Experts, communicateurs et décideurs africains se sont penchés pendant deux journées, les 5 et 6 octobre 2017 à Bruxelles, sur les opportunités d’investissement pour tirer pleinement profit du dividende démographique ainsi que sur les engagements des chefs d’Etat africain à travers la feuille de route qu’ils ont adoptée à Addis-Abeba en janvier dernier. «On ne peut pas espérer la capture du dividende démographique, si on continue à faire cinq, six, sept enfants » a prévenu M.Mabingue NGom, Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Le panel : de gauche à droite, Mme Rose, Mabingué,Yambate, Coumba, Thierry (Photo Aïdara)

En marge de la 4ème édition du «Rebranding Africa Forum » qui s’est déroulée du 6 au 7 octobre 2017 à Bruxelles pour mobiliser le secteur privé autour du dividende démographique, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) a organisé une session satellite sur «investir dans la jeunesse pour tirer pleinement profit du dividende démographique». Cette rencontre organisée en collaboration avec la Banque Mondiale, le Global Business Coalition Health (GBH) et le Réseau des Jeunes Leaders Africains (AfriYan) a mobilisé communicateurs, journalistes et hommes des médias, mais également décideurs, secteur privés et experts du développement.

La rencontre s’était déroulée en présence de la nouvelle Directrice Exécutive de l’UNFPA, Mme Natalia Kanem, qui signait sa première sortie officielle, du ministre de l’Economie et de la Planification du développement du Tchad et président en exercice du Comité régional de pilotage du projet SWEDD, M.Nguéto Tiraïna Yambaye, du Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, M.Mabingué Ngom, du Directeur fondateur du Rebranding Africa Forum, M.Thierry Hot, des parlementaires dont la présidente du Forum des parlementaires africains sur les questions de population et développement, Mme Marie-Rose Nguini Effa, de la directrice du GBH, Mme Nancy Wildfeir-Field ainsi que l’artiste musicienne sénégalaise et «Ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies», Coumba Gawlo Seck.

La session modérée par Ibrahima Cheikh Diong, PDG Africa Consulting and Trade, a ciblé en particulier les hommes des médias et les jeunes.

Apprends-moi le dividende démographie

Sur la sensibilisation et la dissémination en langage clair et concret de la notion du dividende démographique, les médias semblent en faire peu. C’est le reproche que les experts à Bruxelles ont fait à la presse, invitée plus que jamais à s’investir davantage dans le défi qui se cache derrière un concept en apparence compliquée mais qui touche en réalité toute la problématique du développement en Afrique.

Les journalistes participants (Photo Aidara)

Mabingué NGom part de faits réels et de chiffres concrets pour donner un aperçu de la situation. «Il existe un quartier à Abidjan où l’on enregistre 300 naissances par jour. Ce qui suppose qu’il faut construire chaque jour six classes de cinquante élèves. Donc autant de collèges, de lycées, d’amphithéâtres, de centre de santé et d’hôpitaux à construire pour prendre en charge cette poussée démographique. Des charges que nul pays ne peut supporter. Tant qu’on continuera à faire cinq, six, sept enfants par femme, l’Afrique ne s’en sortira jamais » a-t-il conclu. D’une manière plus générale, l’objectif visé dans la réalisation du dividende démographique est de réduire la population dépendante (les moins de 15 ans et les plus de 64 ans) et d’augmenter la population active, tout en investissant dans la jeunesse (éducation et formation) et dans la santé (santé de la reproduction, planning familial), lutter contre les mariages précoces, assurer l’autonomisation des femmes et des filles et promouvoir la bonne gouvernance.

C’est autour de cette problématique qu’ont tourné toutes les interventions, notamment celle du Dr.Justin Koffi, Cordonnateur SWEDD-UNFPA, qui est revenu sur la position commune africaine de 2014, l’Agenda 2030 des Nations Unies et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine ainsi que sa Feuille de route et les quatre piliers qui la sous-tendent, à savoir, l’emploi et l’entreprenariat, l’éducation et le développement complémentaire, enfin la santé et le bien-être. Il a également évoqué la contribution de l’UNFPA dans le dialogue et le plaidoyer, le renforcement de capacité des acteurs, l’offre de services et le partage des connaissances, un package qui vise depuis des années à activer les différents leviers susceptibles d’accélérer la transition démographique en Afrique.

La directrice du GBH, Mme Nancy Wildfeir-Field a quant à elle insisté sur le rôle des partenaires financiers, notamment le secteur privé et les partenaires dans l’investissement dans la jeunesse, surtout la jeune fille, pour son implication en tant qu’actrice du développement.

Pour sa part, le ministre tchadien de l’économie, M.Yambaye, a affirmé que «la forte croissance démographique en Afrique est un frein à la croissance économique» si elle n’est pas maîtrisée et transformée en opportunités. Pour cela, il a insisté sur la nécessité d’investir dans le capital humain et de contrôler les naissances. «Plus de la moitié de la population africaine a moins de 15 ans et cette forte fécondité en Afrique représente une forte pression sur les ressources et les infrastructures de base » a-t-il fait remarquer. Pour lui, les consciences commencent à s’éveiller et le dividende démographique imprègne de plus en plus les esprits, notamment ceux des décideurs politiques, mais aussi des acteurs du changement que sont les jeunes, les religieux et les autres segments de la société civile. Il a évoqué dans ce cadre la réussite du forum sur «Islam, dividende démographique et bien-être » organisé fin juillet 2017 à Ndjamena au Tchad.

Les jeunes d’abord

Fortement impliqués dans tous les problématiques du développement, en particulier dans la question du dividende démographique grâce à la volonté du directeur régional de l’UNFPA, Mabingué NGom, la jeunesse africaine s’est fortement exprimée à Bruxelles, à travers la présence de plusieurs de leurs représentants et par la voix de Pape Arouna Traoré, Secrétaire Exécutif du réseau des jeunes leaders africain ou AfriYan. Leur mouvement, rappelle-t-il, est né dans la décennie de la Charte africaine de la jeunesse célébrée en Gambie, puis formalisée suite à l’appel du Directeur régional de l’UNFPA Mabingué NGom, dans son slogan «Young people first » ou la jeunesse africaine d’abord. Leur réseau, selon lui, est le résultat de telles circonstances, soulignant que depuis sa constitution, les jeunes ont entrepris plusieurs actions, dont la vulgarisation de la Feuille de route de l’UA pour le dividende démographique, une rencontre avec les parlementaires africains et le secteur privé. Pape Arouna Traoré déclare que les jeunes africains sont cependant déçus du manque de suivi des engagements pris par les décideurs et les acteurs africains.

Tables des jeunes membres de AfriYan (Photo Aidara)

D’autres intervenants ont réclamé carrément un Plan Marshall pour l’Afrique à l’image de celui qui avait permis à l’Europe, dévastée par la seconde guerre mondiale, de se reconstruire. »Il faut une ambition et une audace politique pour changer la donne. Nous devons avoir l’ambition d’une expansion à l’échelle des actions projetées. L’engagement politique doit se traduire par une action sur le terrain » a déclaré Mabingué NGom à la fin des travaux. Cela se fera, selon lui, par les startup qui permettent de valoriser le talent et l’innovation en Afrique, le passage à l’échelle des expérience concluantes, l’accélération de la politique fiscale, l’expérience du projet SWEDD vers le modèle 2.0 et  sa mise en œuvre partout en Afrique, soulignant que beaucoup de pays ont émis le souhait de profiter de l’expérience de ce projet sous-régional qui dans sa phase expérimentale ne concernait que six pays, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger, Mali, Mauritanie et Tchad. En 2017-2018, le projet SWEDD entamera une autre dimension de ses activités, a annoncé Mabingué NGom, citant l’amplification de ses messages par la presse et les médias ainsi que la réalisation d’un guide des réalisations démographiques.

Ces deux sessions ont été marquées par l’intervention phare de la nouvelle directrice exécutive de l’UNFPA, Natalia Kanem, pionnière de la «Santé de la reproduction». Elle a plaidé pour la réduction du taux synthétique de naissance qu’elle trouve trop élevé en Afrique, empêchant son décollage, tout en plaidant pour la cause de la femme africaine qui doit selon elle pouvoir exprimer sa pleine potentialité.et participer efficacement au développement du continent. Déjà à Londres où elle avait participé en 2016 au sommet sur la planification familiale, elle avait annoncé, au nom de l’UNFPA, l’objectif de 2 millions d’utilisatrices supplémentaires à l’horizon 2020.

Cheikh Aïdara


Daffor complètement assiégé par des brigades de gendarmerie

Le village mauritanien de Daffor relevant du département de Ould Yengé dans le Guidimagaha est à présent complètement isolé du reste du pays. Toutes les brigades de gendarmerie du Guidimagha sont actuellement sur place, en plus de renforts venus du Brakna et de l’Assaba. Personne ne rentre et personne ne sort.

Aperçu du village de Daffor (photo archive-google)

A l’origine, une révolte des jeunes qui a vite dégénéré, suite au refus du maire de leur accorder une deuxième autorisation.
Pour en savoir plus, nous avons contacté le maire adjoint de Daffor, M.Bakary Hamadi Camara, faute d’avoir eu le maire titulaire Camara Diadié Gagny. Selon lui, «les jeunes de Daffor avaient obtenu une autorisation de se réjouir jusqu’à minuit. Mais à minuit, au lieu de s’arrêter, ils ont continué à jouer du tam-tam, refusant de s’arrêter. C’est ainsi que les notables du village, excédés par le bruit, se sont réunis vers 4 heures du matin pour protester auprès du maire. Ils ont affirmé ne plus pouvoir supporter un tel tapage, et ont accusé le maire d’être le principal responsable d’un tel fait. »

Selon lui, les notables se sont dirigés ensuite vers les jeunes pour les disperser. Ce qui provoqua des escarmouches.  Le lendemain, les jeunes récidivèrent en introduisant une deuxième demande de réjouissance. Mais cette fois, le maire titulaire, Camara Diadié Gagny refusa catégoriquement de la leur accorder. C’est ainsi que les jeunes se lancèrent dans une vendetta, arrosant le domicile du maire de jets de pierre, le blessant lui et son frère. Puis les jeunes se mirent à saccager la mairie, détruisant tout sur leur passage, avant de se diriger vers le marché pour mettre le feu à quelques hangars. Face aux troubles, les quelques éléments de la brigade locale tentèrent de s’interposer. Ils seront accueillis par une pluie de pierres qui blessèrent quelques gendarmes.

Face à de si graves incidents, des renforts sollicités arrivèrent de toutes les brigades du Guidimagha, en plus des brigades du Brakna et de l’Assaba.

«Les gendarmes ont arrêté d’abord 19 personnes, mais face à la pression des jeunes, ils en libérèrent quelques-uns et amenèrent les meneurs du trouble vers la brigade de Ould Yengé» a précisé le maire adjoint.

Aujourd’hui, après trois jours d’émeute, la situation est maîtrisée, mais Daffor reste complètement isolé, encerclé par des centaines de gendarmes. Une enquête a été ouverte.

Seulement, quelques sites d’information commencent à mettre le feu sur l’huile. Si certains évoquent déjà des problèmes raciaux en parlant dans certains réseaux sociaux «d’une armée d’occupation venue mater des populations noires » d’autres parlent d’un conflit de classe «entre la noblesse locale et des jeunes issus des castes inférieurs ». D’autres encore vont plus loin, en évoquant des «tensions politiques, et la manipulation des jeunes par des forces hostiles au pouvoir.»

En réalité, selon le maire adjoint de Daffor, Bakary Hamadi Camara, il n’en est rien. «Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un trouble à l’ordre public causé par des jeunes qui veulent outrepasser l’autorité du maire ».

Plusieurs questions se posent ainsi face à l’attitude des jeunes de Daffor. Beaucoup lient leur révolte au désœuvrement que vit actuellement la jeunesse mauritanienne, abandonnée à elle-même sans horizon et sans espoir. Les incidents de Daffor ne seraient en définitive que l’un des aspects du malaise que vit cette jeunesse, repue de frustration et de mal être.

Cheikh Aïdara

 


Mauritania Airlines, compagnie nationale ou compagnie arnaque

Profitant de son quasi monopole sur certaines lignes aériennes, notamment l’axe Nouakchott-Dakar et Nouakchott-Tunis, Mauritania Airlines se comporte en véritable prédateurs, en plus de la qualité de ses services, de ses retards incessants et de ses annulations de vol sans prévenir.

Imaginez-vous que l’axe Nouakchott-Dakar qui dure 45 minutes coûte plus cher (149.000 UM) que Nouakchott-Tunis (140.000 UM) qui dure 3 heures de temps ! Mauritania Airlines profite de ce monopole avant le décollage d’Air Sénégal, pénalisant ainsi les Mauritaniens qui sont plus nombreux sur cet axe. Mieux, le billet sur Las Palmas est paradoxalement plus cher aujourd’hui qu’il y a un mois, bien qu’il y ait moins de voyageurs ! Quelle aberration ou quelle politique commerciale ! Pourtant, en tant que compagnie nationale, Mauritania Airlines devait appliquer des tarifs concurrentiels face aux compagnies étrangères. Elle devait faciliter les déplacements des citoyens mauritaniens qui ont été en partie saignés à blanc pour sa création.

En plus de profiter largement de cette situation, en l’absence de compagnies nationales dans les pays comme le Sénégal ou le Mali, pour plumer les voyageurs mauritaniens, Mauritania Airlines est toujours en retard. Son équipage verses quotidiennement dans des excuses plates au moment des décollages. Que dire alors des annulations intempestives de vol, qui laissent parfois en rade des voyageurs souvent désargentés et à l’étranger, ne sachant à quel saint se vouer en attendant la prochaine programmation.

Il n’est pas étrange que la compagnie mauritanienne soit actuellement sous la ligne de mire de la presse nationale. Les articles fouillés sur sa gestion chaotique, aussi bien sur le plan financier que technique, remplissent chaque jour les colonnes des sites d’informations.

La situation est d’autant plus incompréhensible que la compagnie a modernisé sa flotte et possède actuellement 2 appareils type Boeing 737-500 (dont l’un est cloué depuis des jours à Dakar), 1 Boeing 737-700, 1 Embraer 145 et 1 Boeing 737-800. Elle est même sur le point d’acquérir un deuxième Boeing 737-800 MAX aux Etats-Unis. Le problème est que Mauritania Airlines qui cherche à élargir ses horizons, après Paris et Las Palmas vers Jeddah, souffre d’un manque de personnel navigant, notamment des pilotes expérimentés, après le départ de plusieurs d’entre eux vers d’autres compagnies plus disant.

Avec une flotte aérienne de 5 appareils et trois équipages fonctionnels (7 personnes), la compagnie doit d’abord combler son important déficit en personnel, car elle a besoin d’au moins douze équipages. Elle doit nécessairement soit rappeler ses pilotes qui ont migré vers d’autres compagnies avec une bonne incitation, soit recruter des pilotes étrangers (ce qui serait difficile vu les salaires dérisoires proposés) et commencer dès à présent à former des pilotes. Sans cela, Mauritania Airlines sera obligé de clouer un de ses appareils au sol, faute de personnel navigant.

Le personnel actuel se plaint déjà de la faiblesse des revenus qui leur sont accordés et de graves accusations de malversations et de mauvaise gestion pèsent sur la direction de la compagnie aérienne nationale.

Il faut rappeler que Mauritania Airlines a été lancée en décembre 2010 sur les cendres de Mauritania Airways et d’Air Mauritanie. Elle est entièrement détenue par l’Etat mauritanien et dessert douze destinations en Afrique avec une flotte de 5 appareils, un sixième serait en route. Son capital de départ vient de plusieurs fonds d’entreprises publiques, comme la Société industrielle et minière (SNIM) ou la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss).

Cheikh Aïdara


Les journalistes ouest-africains édifiés sur les engagements nationaux en faveur de la Planification familiale

Bamako a abrité lundi 18 septembre 2017, l’ouverture d’une session de remise à niveau et d’information à l’intention des journalistes spécialistes des questions de santé de la reproduction et de planification familiale issus des 9 pays du Partenariat de Ouagadougou.

Table officielle : de gauche à droite, Rodriguez NGouana, Cheikh Touré, Fatimata Sy, Marie Bâ et Moctar Diallo (Crédit photo Aïdara)

Pendant trois jours, du 18 au 20 septembre 2017, plus d’une dizaine de journalistes issus des pays membres du Partenariat de Ouagadougou devront suivre une session de remise à niveau, d’échanges et de débats sur l’évolution de la Planification Familiale (PF) en Afrique de l’Ouest.

La séance de lancement de cet important atelier a eu lieu lundi dernier à l’hôtel Radisson Blu de Bamako, en présence de la Directrice Exécutive de l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou (UCPO), Mme Fatimata Sy et ses collaborateurs, en plus du Dr.Cheikh Touré, Directeur d’Intrahealth Mali et du Dr.Moctar Diallo, Directeur du «Civil Society For Familiy Planing » ou CS4FP.

Quid des engagements des Etats

A quelques encablures de la rencontre annuelle des pays du Partenariat de Ouagdougou, prévue en décembre 2017 à Lomé (Togo), les journalistes participants à la rencontre de Bamako ont été largement édifiés sur le rôle crucial qu’ils devront jouer dans la phase actuelle d’accélération. Celle-ci succède à la Première phase, «l’urgence d’agir » pour la période 2011-2016 qui avait tablé sur 1 million d’utilisatrices supplémentaires. Le résultat étant largement satisfaisant, avec 1,2 millions de nouvelles adhérentes, la Phase d’accélération lancée en 2016 cherche à assurer davantage l’atteinte des objectifs fixés à l’horizon 2020 (initiative FP 2020), soit 2,2 millions d’utilisatrices supplémentaires. Or, la lenteur constatée sur ce plan au niveau des Etats membres du Partenariat de Ouagadougou, fait douter de la capacité de ces pays à atteindre leurs objectifs sans des efforts supplémentaires tant au niveau de l’amélioration des taux d’accès aux services de la planification familiale que sur celui de la satisfaction des besoins non satisfaits.

Il s’agira d’accompagner les pays membres à revoir leurs Plans d’action nationaux budgétisés (PANB) pour en faire des plans de deuxième génération capables d’assurer l’accélération de la mise en œuvre de leur politique de planning familial.

C’est dans ce cadre que les pays du Partenariat ont renouvelé en août dernier à Londres devant la communauté internationale, leurs engagements à réaliser leurs objectifs respectifs dans l’atteinte du nombre d’utilisatrices supplémentaires qu’ils se sont fixés. Ils devront à ce titre redoubler leurs efforts tant sur le plan politique, financier que programmatique. Le rôle des journalistes consistera, sur la base d’une production soutenue et de qualité,  à rappeler à leurs gouvernants les engagements qu’ils ont pris, et de parvenir avec le concours de la société civile et des autres acteurs à faire bouger les lignes.

A rappeler qu’en 2015 au cours de la réunion des ministres de la Santé des pays du Partenariat de Ouagadougou, les 9 pays membres (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Sénégal et Togo) s’étaient engagés entre autres, à créer la demande en services PF, à adopter une approche multisectorielle dans leurs démarches, à assurer la sécurisation des produits contraceptifs, à mettre en œuvre des initiatives hautement porteuses et  à aligner leur vision politique sur l’agenda du PF 2020, notamment en adoptant une loi sur la santé de la reproduction, en rehaussant la part de leur budget national réservée à la PF et en élaborant de bonnes programmations.

Accélérer la planification familiale

Rodriguez NGouana, Chargé des Relations avec les Pays au sein de l’UCPO a présenté une communication exhaustive, qui a porté sur les enjeux, les objectifs et les perspectives de la Phase d’accélération 2016-2020 de la PF, mais aussi sur la situation de chaque pays membre du Partenariat. Alors que la zone Afrique de l’Ouest affiche un taux de prévalence contraceptif (TPC) de 11% avec des besoins non satisfaits de 29%, il fait remarquer que dans les pays développés, 57% des femmes utilisent la contraception contre seulement 18% de besoins non satisfaits.

Par ailleurs, M.NGouana fait remarquer que les résultats restent disparates entre les pays membres du Partenariat de Ouagadougou avec des pays qui font des progrès comme le Sénégal qui a fait un bond de 8 points en trois ans, la Mauritanie et le Niger qui ont enregistrés aussi des résultats incitatifs, et d’autres pays qui accusent des retards. Selon lui, en sus de son rôle fédérateur, catalyseur, émulateur et mobilisateur grâce au réseautage des acteurs clés (journalistes et société civile) en plateformes d’échanges et de plaidoyers, le Partenariat de Ouagadougou s’efforce surtout de développer le relèvement de l’ancrage institutionnel de la planification familiale, d’accélérer les objectifs fixés par les États, d’accroître l’investissement et le nombre d’utilisatrices, tout en veillant au maintien du momentum de 2011 et au développement de plans d’action ambitieux avec de bonnes perspectives.

«Avec 84% des accouchements dans les centres de santé, il est inconcevable que seules 16% de femmes partent avec une méthode contraceptive » regrette-t-il. Pourtant, note-t-il, les financements par les partenaires techniques et financiers de la Planification Familiale en Afrique de l’Ouest, sont passés entre 2011 et 2015, de 80 millions à 100 millions de dollars U.S, avec 18% d’augmentation rien qu’entre 2014 et 2016. Selon lui, les pays du Partenariat de Ouagadougou doivent également augmenter leur part du budget réservé au planning familial, soulignant que leur engagement à accorder 15% de leurs budgets nationaux à la santé, reste déjà un vœu pieux.

Pour Rordriguez Ngouana, si les tendances actuelles se poursuivent, l’objectif de 2,2 millions d’utilisatrices supplémentaires en 2020 risque de ne pas être atteint. Ainsi, la Côte d’Ivoire a promis 441.000 nouvelles utilisatrices d’ici 2020, le Burkina Faso 389.000, le Niger 304.000, le Mali 269.000, le Bénin 227.000, le Sénégal 217.000, la Guinée 188.000, le Togo 141.000 et la Mauritanie 39.000.
Il fait remarquer que durant la Première phase 2011-2015, tous les pays du Partenariat, hormis le Burkina Faso, n’avaient pas atteint les objectifs attendus, comme la Mauritanie qui avait promis 7.847 utilisatrices supplémentaires et qui n’a réalisé que 5.657. Si la tendance se maintient, trouve-t-il, les gap risquent d’être importants entre les résultats attendus et ceux qui seront réalisés, précisant que certains gap peuvent aller jusqu’à un chiffre de 50.000 comme dans le cas de la Côte d’Ivoire, fait-il remarquer.

L’impondérable retrait des fonds américains

Brossé par Rodriguez NGouana lors de sa présentation, le financement de la PF sera davantage approfondi par Marie Bâ de l’UCPO, qui a évoqué le risque d’une diminution de l’enveloppe destinée à ce volet à cause de la politique du président américain Donald Trump. «Ce n’est pas un phénomène nouveau, car cette politique, nous l’avons vécu souvent avec les Républicains, sans que nous nous écroulions » a-t-elle fait remarquer. Il s’agit tout de même d’un des plus grands bailleurs, car l’USAID contribue à hauteur de 46 millions de dollars. La perte des fonds américains, qui pourrait être décidée par la nouvelle administration américaine, pourrait cependant, selon Marie Bâ, être compensée par l’apport d’autres initiatives privées, comme «She Decides » qui est parvenu à mobiliser 400 millions de dollars en 2016. L’UNFPA participe à hauteur de 22 millions de dollars et Gates de 25 millions.

Une partie de l’assistance (Photo Aïdara)

Elle a évoqué d’autres partenaires qui accordent d’importantes enveloppes au niveau mondial comme le Canada avec 650 millions de dollars, mais aussi Global Gag Rule depuis 2017, mais aussi le Challenge Initiative, le projet SWEDD qui regroupe 6 pays d’Afrique de l’Ouest, le Gate’s Arc qui couvre les 9 pays du Partenariat de Ouagadougou, Hewlett’s, CS4FP et Dutch d’Intrahealth, etc.

Elle a notamment parlé de sources additionnelles et d’un financement qui est passé de 80 millions à 126 millions de dollars entre 2012 et 2016, avec 17 millions amenés par deux nouveaux bailleurs, qui sont venus s’ajouter aux  bailleurs traditionnels du Partenariat de Ouagadougou et qui eux, ont maintenu leur apport à 109 millions de dollars.

Selon Marie Bâ, «nous avons surtout besoin de nouveaux Plans d’action nationaux budgétisés », soulignant que le problème du financement se situe surtout au niveau des besoins non satisfaits encore sous-financés par rapport à un sur-financement de l’accès aux services de PF. «Le Planning familial demeure malgré tout un domaine prioritaire pour les bailleurs.» fera-t-elle remarquer. Elle a seulement regretté la distribution non équitable des financements entre les pays du Partenariat de Ouagadougou, certains recevant bien plus que d’autres, comme la Mauritanie qui ne reçoit que 2,2 millions de dollars comparée par exemple à une Côte d’ivoire qui reçoit 24 millions de dollars ou le Sénégal 25 millions de dollars. Selon elle, «le niveau de contribution des pays pourrait constituer un déterminant majeur dans la contribution  des bailleurs.»  Elle s’est surtout inquiétée de la diminution constatée dans l’achat des produits contraceptifs.

Sur le plan des efforts budgétaires nationaux, les gouvernants des pays d’Afrique de l’Ouest ont aussi besoin d’être bousculés. Ainsi, le Burkina Faso a promis d’injecter 500 millions de francs Cfa dans la PF, le Sénégal 300 millions, le Mali 200 millions, là où la Mauritanie n’accorde à ce volet que 15 millions de francs Cfa de son budget. Mais la Mauritanie reçoit également le moins de financement extérieur pour l’appui à ses politiques de PF, environ 2,2 millions de dollars, alors que certains pays reçoivent jusqu’à 24 millions de dollars.

Jeunesse, société civile et fistules obstréticales

Les participants ont également suivi d’autres présentations, notamment une communication sur «Ados et Jeunes : a-t-on repensé les approches et les stratégies ? Pour quels résultats ?» présentée par Dr.Moctar Diallo, Directeur CS4FP dont le but est de renforcer l’engagement de la société civile dans le repositionnement de la PF en Afrique de l’Ouest. Il déclare que son institution travaille beaucoup avec les jeunes scolarisés et déscolarisés, avec  un accent sur l’Éducation complète à la sexualité qui se heurte encore à des barrières socioculturelles. Certains espaces de dialogue commencent ainsi à émerger,  selon lui, comme les Synergie-Call ou encore les Think Thank Jeunes, avec des résultats satisfaisants sur le plan de la coordination sous-régionale.

Vue partielle de l’assistance (Photo Aïdara)

Parlant au nom de la Coalition régionale de la société civile qu’il préside, Mamoutou Diabaté de nationalité malienne, est revenu sur l’historique du Partenariat de Ouagadougou qui a vu le jour en février 2011 dans la capitale burkinabé. C’est en septembre de la même année à Saly-Portudal dans le département de Mbour (Sénégal), que la société civile verra, dira-t-il, ses préoccupations inscrites dans les Plans d’action nationaux budgétisés des pays membres. Des points focaux vont être créés dans les différents pays après la mise en place d’un bureau de coordination dont le but est d’accompagner les différentes coalitions nationales de la société civile.

Ensuite, Aoua Guindo, patronne de la Direction nationale de la Santé et Santé de la Reproduction du Mali a fait une présentation de la PF dans son pays. Un diagnostic qui recoupe en gros celui des autres pays du Partenariat de Ouagadougou, avec les mêmes problèmes, les mêmes défis et opportunités.

La dernière communication, présentée par le Dr.Demba Traoré d’Intrahealth-Mali, a porté sur la fistule obstétricale, un fléau qui touche plus de 2 millions de femmes dans le monde, selon lui. La fistule est provoquée, fera-t-il remarquer, par un accouchement difficile lié souvent à un mariage précoce, soulignant qu’il existe aussi des fistules nées de faute professionnelle ou de négligence médicale. Ces derniers cas, sources  actuelle de vives préoccupations dans le milieu médical, représentent entre 8 et 12% des cas de fistules enregistrés, a-t-il souligné. En plus de l’âge précoce au mariage, la fistule serait due aussi selon lui, à l’analphabétisme, l’excision, la pauvreté, l’inaccessibilité géographique et la discrimination sexuelle. «Quelques 894 fistules ont été réparées depuis 2014 au Mali » a-t-il témoigné. Un documentaire racontant le calvaire de quelques fistuleuses guéries est venue verser un brin d’émotion dans la salle et clore une journée bien remplie.

Cheikh Aïdara
Envoyé Spécial à Bamako

Qu’est-ce-que Intrahealth ?

IntraHealth, est une ONG américaine qui a pour but l’amélioration de la qualité des soins de santé. Elle a été fondée en 1979 sous le nom Intrah. Elle a une réputation internationale pour ses innovations dans l’amélioration de la performance et des activités de formation dans des domaines tels que le planning familial, la santé de la reproduction et la santé maternelle et infantile. Le bureau régional d’IntraHealth, Afrique de l’Ouest et Central se trouve à Dakar.

 

Au sujet du CS4FP

CS4FP ou Projet de renforcement de l’engagement de la Société Civile pour la planification familiale en Afrique de l’Ouest, mis en œuvre par IntraHealth international,  a pour but de contribuer à l’atteinte du dividende démographique dans les neuf pays du Partenariat de Ouagadougou à travers le renforcement des capacités de plaidoyer et d’action des coalitions d’OSC, des jeunes et des leaders religieux ; et l’amélioration de l’accès des jeunes et adolescents aux programmes de santé de la reproduction y compris la prévention du VIH/SIDA.


Renvoyée de Mauritanie, la délégation américaine se penche sur l’esclavage depuis Dakar

À Dakar, Birame Dah Abeid, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), a démenti les prétextes avancés par les autorités mauritaniennes sur leur refus d’accepter la visite des personnalités américaines anti-esclavage, déclarées persona non grata après leur arrivée à Nouakchott, vendredi 8 septembre dernier.

Birame, la main tendue devant le miacro entouré des membres de la délégation – Crédit photo IRA

«Parmi les résultats de ma visite à Chicago le 7 juin dernier, au cours de laquelle j’ai rencontré les activistes des droits de l’homme américains, dont des combattants historiques comme le Révérend Jessie Jackson et d’autres prêtres américains, mais aussi des Imams de mosquée et des libéraux qui ont contribué à la chute de l’Apartheid en Afrique du Sud, il y a l’organisation de cette visite d’une délégation du mouvement civique américain, largement édifiée par le mouvement IRA et SOS Esclaves sur la situation des droits de l’homme en Mauritanie. » C’est par ces propos que le leader anti esclavagiste Birame Dah Abeid a ouvert la conférence de presse qu’il a animée à Dakar aux termes de sa rencontre avec les membres de la délégation américaine qui a été refoulée de l’aéroport de Nouakchott le 8 septembre dernier.

IRA, pomme de discorde entre les Américains et les autorités

«Le calendrier de visite de la délégation américaine comportait, selon Birame, des rencontres avec les activistes des droits de l’homme mauritaniens et les acteurs de la société civile, mais aussi des réunions de travail avec les autorités.» Cette visite revêtait ainsi, dira-t-il en substance, un cachet hautement officiel, car l’ambassade américaine à Nouakchott a été saisie selon lui par le Département d’Etat américain pour instruire les autorités mauritaniennes sur l’arrivée de la délégation. Les autorités mauritaniennes n’auraient pas, selon lui, manifesté la moindre opposition à cette visite au départ, sauf au dernier moment où elles ont posé une seule condition : que le mouvement IRA soit exclu du programme de visite. Sauf que les Américains ont insisté pour rencontrer leurs partenaires du mouvement IRA, au même titre que leur autre partenaire SOS Esclaves. A rappeler qu’IRA est un mouvement créé en 2008 pour lutter contre l’esclavage, le racisme et toute forme de discrimination en Mauritanie. Les autorités mauritaniennes refusent de le reconnaitre.

Ainsi, après leur refoulement de l’aéroport de Nouakchott, raconte Birame, la délégation a tenu à rester à Paris pour prendre le vol à destination de la capitale sénégalaise pour y rencontrer les activistes d’IRA. «Notre mouvement a également tenu à accueillir les Américains à Dakar. Il a dépêché à cette occasion ses dirigeants ainsi que quelques victimes d’esclavage assez représentatives des différentes formes de servitude exercées en Mauritanie, des victimes de l’esclavage domestique, de l’esclavage foncier et du viol esclavagiste, mais aussi les exilés, les victimes de racisme et les rescapés des camps de la mort, sans compter les victimes d’arrestations arbitraires et de tortures », a-t-il souligné. Parmi les membres de la délégation du mouvement IRA, il a cité le sénateur Youssouf Sylla, échantillon représentatif selon lui «des sénateurs actuellement victimes de la chasse aux sorcières par un régime qui les punit parce qu’ils ont refusé d’entériner un projet de révision anticonstitutionnel ».

Démenti de la thèse officielle

Selon Birame, «parmi la propagande véhiculée par le gouvernement mauritanien et relayée par les organes d’information publique ainsi que les réseaux sociaux, pour expliquer l’autorisation refusée aux Américains d’entrer en Mauritanie, celle qui parle d’une délégation de mécréants venue pour détruire de l’intérieur le tissu social d’un pays musulmane.» Cette propagande est mensongère, dira le leader d’IRA, dans la mesure où la délégation comprenait également, selon lui, des érudits musulmans, dont le premier juge (Cadi) américain d’origine musulmane, mais aussi des membres d’associations islamiques et des imams de mosquée de Chicago, connus pour leur combat contre l’islamophobie aux Etats-Unis.

L’autre propagande distillée par les autorités mauritaniennes, selon Birame, parle d’une visite destinée à insuffler dans le pays un brin de racisme et de division. «Ce qui est encore archi-faux et mensonger », rétorque-t-il, car selon lui, la délégation comprend aussi bien des Noirs que des Blancs américains, tous réunis dans le même combat contre le racisme et la discrimination, d’une manière légale et pacifique, à l’image du Pr. Jonathan Jackson, connu pour sa lutte contre l’injustice.

En réalité, selon le président du mouvement IRA, «le principal objectif visé par les autorités à travers ce refus d’accorder à la délégation du mouvement civique américain le droit de rentrer en Mauritanie, c’est de faire peur aux activistes des droits de l’homme mauritaniens. »

«A cause de son registre historique rempli de pratiques racistes, d’iniquité et de mal gouvernance, le gouvernement mauritanien est mal placé pour donner des leçons en matière de démocratie, de justice, de respect des droits de l’homme, de lutte pacifique, de respect des lois et des nobles valeurs » dira Birame, «car il foule du pied tous ces principes, avec le plus grand mépris pour les lois, la Charia et l’Humain».  Et de poursuivre : «tous ces prétextes mensongers ne dérangent nullement le mouvement IRA qui jamais ne faiblira ni ne se soumettra à un régime inique, jusqu’à ce qu’Allah tranche entre nous. »

Selon lui, les membres de la délégation américaine ont longuement interrogé les victimes et sont partis convaincus de l’ampleur dramatique de la situation de l’esclavage et de la violation des droits humains en Mauritanie.

Cheikh Aïdara


A Aleg, consultation de haut niveau sur le secteur agropastoral en Mauritanie

Comment financer l’agriculture et l’élevage en Mauritanie tout en faisant face aux résiliences dans les systèmes agropastoraux ? C’est la question que la Banque Mondiale voulait élucider auprès des cadres des départements concernés, en plus de la société civile, des partenaires techniques et financiers et l’Agence Tadamoun. Aux termes de la journée organisée à Aleg, dans la région du Brakna le jeudi 14 septembre 2017, une feuille de route pourrait bien se dessiner sur la base des contributions collectées au cours de la rencontre.

Table officielle. De gauche à droite : Limam Abdawa (ancien SG de Ministère), le Wali du Brakna, le DG de l’Agence Tadamoun, le Représentant de la Banque Mondiale, le Hakem d’Aleg, et le Directeur des affaires économiques et du développement (MEF) – Crédit photo Aïdara

Après la ville de Chami sur «L’urbanisation et l’accès aux services publics» le 21 août et Nouadhibou sur la «La capacité de compétitivité et les opportunités d’emploi pour réaliser le développement global et durable» le 6 septembre, la ville d’Aleg a accueilli jeudi 14 septembre 2017 la troisième journée de consultation sur le financement du développement, initiée par la Banque Mondiale en Mauritanie. La journée régionale a porté sur la préparation du Cadre de partenariat du groupe de la Banque Mondiale en Mauritanie avec comme thème «Agriculture, élevage et résilience des systèmes agropastoraux aux effets du changement climatique».

Successivement, le Wali du Brakna, Abderrahmane Ould Khattri, le Directeur général de l’Agence nationale Tadamoun (agence pour l’insertion des rapatriés mauritaniens, de la lutte contre la pauvreté et les séquelles de l’esclavage), Hamdi Ould Mahjoub et le représentant de la Banque Mondiale en Mauritanie, Laurent Msellati ont pris la parole pour magnifier l’excellence des relations qui lient leurs institutions, se féliciter des performances réalisées en matière de lutte contre la pauvreté et de croissance économique, ainsi que de l’importance des secteurs de l’agriculture et de l’élevage dans l’économie mauritanienne.

Selon le Représentant de la Banque Mondiale, «les bonnes performances enregistrées par la Mauritanie dans le cadre de la rigueur budgétaire, lui ont fait bénéficier d’un supplément de financement pour son programme triennal 2018-2020. De 80 Millions de dollars U.S qui lui était alloués sur fond IDA, l’enveloppe accordée par la Banque Mondiale passe ainsi à 200 Millions de dollars».

Les participants, cadres du Ministère de l’Économie et des Finances, du Ministère de l’Agriculture et du Ministère de l’Élevage, mais aussi du Ministère de l’Environnement et de la Direction de l’Emploi, en plus d’acteurs actifs de la société civile, ainsi que des partenaires comme le PNUD, la FAO, le PAM et l’Union Européenne, devaient réfléchir sur les secteurs prioritaires dont le financement serait le plus efficient possible.

Plusieurs communications ont été présentées, notamment sur la Stratégie de croissance accélérée et de prospérité partagée (SCAPP),  présentée par le Directeur des affaires politiques et économiques du Ministère de l’Économie et des Finances et qui constitue le Document-cadre stratégique de la politique de développement de la Mauritanie pour la période 2016-2030. Une autre présentation, faite par le Représentant local de la Banque Mondiale, a porté sur le cadre de Partenariat du Groupe de la Banque Mondiale, qui définit la politique-pays de la Banque en Mauritanie jusqu’à l’horizon 2030, avec trois objectifs clés, le développement du capital humain, l’accès aux services de base et le renforcement de la gouvernance.  Troisième  communication, celle présentée par le chef du «Projet Tekevoul », un sous projet de l’Agence Tadamoun  qui consiste à fournir du cash aux familles  les plus démunies (5.000 bénéficiaires) à raison d’un transfert monétaire de 15.000 UM par trimestre (environ 40 euros) et par ménage. Enfin, quatrième communication, celle présentée par le Directeur général de la Société nationale de développement rural (SONADER) sur son institution, une boîte créée  en 1975 pour la promotion de l’agriculture irriguée et la gestion des infrastructures collectives (aménagement de terres et encadrement des paysans).

Les participants se sont scindés par la suite en deux groupes, l’un sur le développement de l’agriculture et de l’élevage et l’autre sur les résiliences aux systèmes agropastoraux.

Contexte, défis et opportunités dans les deux secteurs de l’agriculture et de l’élevage ont été ainsi dégagés. Les maux dont souffre les deux secteurs ont été peints et des solutions proposées pour une valorisation de la richesse agricole et pastorale de la Mauritanie, porteur de plus-value, de richesse et d’emplois.

En effet, l’agriculture et l’élevage sont soumis à des chocs exogènes (déficit pluviométrique, climat rude, environnement hostile) mais aussi à de mauvaises politiques sectorielles.

Parmi les défis posés à l’agriculture, la sous-utilisation des terres aménagées  (25.000 sur 100.000 hectares), la faible mécanisation,  le manque d’appui accordé aux agriculteurs, la discrimination dans l’accès à la terre, le manque de routes pour l’acheminement de la production agricole. Pourtant, le secteur a bénéficié de beaucoup de financement, sans compter la disponibilité de larges surfaces aménagées et l’existence de quantités importantes  de sources d’eau (Fleuve Sénégal).

Idem pour le secteur de l’élevage qui a toujours été le parent pauvre des plans de développement,  malgré qu’il soit le seul secteur qui assure l’autosuffisance alimentaire de la Mauritanie et malgré l’importance du cheptel qui alimente les marchés de la sous-région en bétail sur pied et en viande rouge.  Les participants estiment que le plus grand mal de l’élevage c’est cette culture du prestige (le nombre de bétail comme statut social) qui prime sur la productivité, d’où la nécessité d’une campagne pour un changement de comportement.  Les participants recommandent ainsi le recensement du cheptel,  l’autosatisfaction en produits laitiers (la Mauritanie importe chaque année la valeur de 25 Milliards UM en lait), faute d’un système de conservation du lait national, mais aussi l’institution d’un crédit pour l’élevage, le développement de l’élevage intensif par l’importation de vaches laitiers, de croisement et d’insémination artificielle de spécimen à haute rentabilité.

Cet atelier entre dans le cadre de la nouvelle stratégie de la Banque Mondiale basée sur le Diagnostic systématique pays (DSP) dont le but est d’identifier les principales contraintes et interventions prioritaires nécessaires pour permettre à la Mauritanie d’atteindre les deux objectifs du Groupe de la Banque Mondiale, à savoir mettre fin à l’extrême pauvreté et améliorer la prospérité partagée chez les 40% des personnes les plus démunies de la population.

 

Cheikh Aïdara


Hivernage 2017 : une terrible année pour la Mauritanie

De Nouakchott jusqu’à Aleg, ce n’est que désolation. Des étendues de terre aride, comme si aucune goutte de pluie ne s’est abattue dans ces contrées, alors que l’hivernage a presque plié ses derniers nuages. Les rares pluies qui se sont abattues prématurément dès le mois de juin et de juillet dans ces contrées ont laissé quelques maigres touffes d’herbe asséchées. Le bétail n’a plus que la peau sur les os, et les populations risquent de vivre la période de soudure la plus implacable de leur vie.

Vaches aux alentours d’Aleg ce jeudi 14 septembre 2017 (Photo Aidara)

Selon des images satellites projetées par la FAO sur la Mauritanie, la saison des pluies de l’année 2017 risque d’être la plus catastrophique que le pays ait jamais connu. Seule une bande verdoyante couvre les régions frontalières avec le Mali du côté du Hodh El Gharbi, de l’Assaba et du Guidimagha.

Tout le reste du pays est frappé de plein fouet par une sécheresse aux conséquences dramatiques aussi bien pour le bétail que pour les populations. D’où le risque que la Mauritanie soit confrontée à des flux importants d’exodes du monde rural vers les villes, avec leur lot de malnutrition et l’aggravation de l’insécurité alimentaire.

Déjà, plusieurs acteurs nationaux et même internationaux commencent à tirer la sonnette d’alarme pour prévenir toute situation de catastrophe humanitaire à venir.

Cheikh Aïdara