aidara

Papotage avec Boubacar Ould Messaoud, Président de SOS Esclaves

«La lutte contre l’esclavage, je suis né avec. C’est dans mon sang » a déclaré Boubacar Ould Messaoud, Président de l’ONG SOS Esclaves, lors d’un entretien informel avec quelques journalistes le mardi 12 septembre dernier à son siège à Nouakchott.

 

Photo : Aidara

Le prétexte de cette rencontre c’était bien entendu l’expulsion des douze membres de la société civile américaine, déclarés persona non grata après leur atterrissage à l’aéroport de Nouakchott.

Selon lui, c’est l’ambassade américaine à Nouakchott qui était directement en pourparlers avec les autorités mauritaniennes.  Ainsi, le calendrier de la visite a été remanié à plusieurs reprises par la partie mauritanienne et la délégation en a aussitôt pris acte. Tout était ainsi fin prêt pour la visite. Qu’est-ce qui s’est passé par la suite, entre le moment où les Américains ont pris leur vol pour Paris et leur atterrissage à Nouakchott ? Mystère et boule de neige selon le leader abolitionniste.

Boubacar Ould Messaoud a aussi, au cours de cette rencontre, récusé l’intention de son organisation de se rendre à Dakar. «Nous n’irons pas à Dakar rencontrer la délégation américaine, car nous évitons toute tracasserie » dira Boubacar.

Ce qu’il peut par contre affirmer, soulignera-t-il, «la délégation était venue sur invitation de SOS Esclaves, car en 2015, elle avait invité l’organisation à Chicago ».

Ainsi, les Américains conduits par le Pr.Jonathan Jackson, devaient certes discuter et échanger avec les organisations mauritaniennes actives sur le terrain de la lutte contre l’esclavage, mais aussi avec les autorités mauritaniennes pour s’imprégner des efforts entrepris pour éradiquer le phénomène.

Cheikh Aïdara


De retour de Dubaï, Messaoud Ould Boulkheir reçu avec tous les honneurs en Mauritanie

L’ancien plus grand opposant politique en Mauritanie, ténor de la lutte antiesclavagiste des années 90, devenu un des proches du pouvoir, a été reçu mercredi 13 septembre 2017  avec tous les honneurs, après une opération réussie à l’hôpital militaire américain de Dubaï (Emirats Arabes Unis).

Messaoud Ould Boulkheïr (turban blanc) lors de son arrivée à l’aéroport de Nouakchott -Crédit photo Aïdara

Jet privé, salon d’honneur, voiture de fonction type ministérielle, accueil populaire et défilé motorisé ouvert par la gendarmerie. Messaoud Ould Boulkheir, président du parti Alliance Populaire Progressiste (APP) et président du Conseil Economique et Social, l’un des anciens ténors de l’opposition pure et dure, rangé depuis quelques années dans l’opposition dite dialoguiste et proche du président Mohamed Abdel Aziz, a été accueilli à son retour en Mauritanie avec panache. C’était mercredi 13 septembre 2017 après plus d’un mois de soins intensifs à Dubaï.

C’est en effet un Messaoud Ould Boulkheir affaibli, soutenu par quelques proches, qui a été accueilli à la porte du pavillon présidentiel à l’aéroport international de Nouakchott par une extraordinaire foule. Chefs de partis politiques, syndicalistes, citoyen lambda de toutes les communautés ont fait le pied de grue depuis les premières lueurs du mercredi 13 septembre dernier pour accueillir l’une des personnalités les plus emblématiques de la scène politique nationale.

Messaoud Ould Boulkheïr qui s’était rendu à Dubaï pour des soins intensifs est arrivé à bord d’un Jet privé. Le salon d’honneur lui a été ouvert.

Dans la cour attenante au Pavillon d’honneur, des dizaines de personnes, femmes, hommes, enfants se bousculaient sous l’œil vigilant de quelques gendarmes en faction. Plusieurs chefs de partis politiques étaient venus à l’accueil, à l’image de Mohamed Ould Maouloud de l’UFPMohamed Borboss et sa tendance du parti Mostaghbal que lui dispute encore l’aile fidèle à Samory Ould BeyeSamba Tham des FPC et Balas d’Arc-en-ciel étaient également au rendez-vous. Plusieurs figures de la société civile étaient aussi présentes avec force, comme la présidente de l’ONG ASPOMSeyide Mint Yenge, mais aussi l’ancien maire de Zouerate Yacoub Saloum Vall ou encore Brahim Bilal Ramadan, président de la Fondation Sahel. Il y avait plusieurs militants du parti APP, dont certaines  têtes pensantes comme Corréra IssaghaSghaïr Ould Atigh ou encore Bilal Ould Bidjel.

L’évènement étant de portée nationale, car concernant l’un des plus grands acteurs de la scène politique, toute la presse nationale avait afflué à l’aéroport. Cueilli à sa descente d’avion, Messaoud Ould Boulkheïr a fait une brève déclaration, dans laquelle il a remercié les autorités émiraties pour le traitement généreux qu’elles lui ont accordé. Certains parlent de gros cadeaux que la famille émirale lui aurait accordés. Il a surtout fustigé la Chine et l’Inde qu’il a maudit, pour leur soutien aux autorités birmanes, accusées de procéder à un génocide sur la minorité musulmane des Rohinguas

C’est surtout la présence de plusieurs femmes, jeunes filles et enfants qui avaient donné le coloris à cet accueil chaleureux. Après quelques minutes d’attente qui parurent des éternités pour ses fans, Messaoud Ould Boulkheïr apparaîtra enfin sur le perron du salon d’honneur, la tête perdue sous un énorme turban blanc. Il a fallu toute l’énergie des gendarmes en faction aidés de quelques militants pour que la foule ne bouscule un Messaoud affaibli et incapable de mouvoir seul. Une voiture de fonction était à son attente.

Puis, à son sillage un formidable défilé de plusieurs dizaines de véhicules qui prirent la direction du centre-ville, sous les sirènes de la gendarmerie nationale.

Ce retour du leader emblématique de la cause esclavagiste en Mauritanie, bête noire de l’ancien régime sous Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya qui avait interdit en 2000 son parti, Action pour le Changement (AC), le remet au centre d’une lutte acharnée autour du pouvoirQue de chemin n’a-t-il parcouru depuis cet anathème qui le jeta dans les bras des nationalistes arabes, les Nasséristes, qui le hissèrent à la présidence de leur parti, APP. Depuis, le vieux baroudeur de la couche Haratine, la frange la plus oppressée en Mauritanie, a bien su s’assagir au contact de la real politik. Sa rupture avec l’opposition radicale est née d’une longue inimitié avec Ahmed Daddah, président du RFD et candidat malheureux aux élections de 2006, qui ne pardonna jamais à Messaoud sa «trahison ». Messaouad avait en effet bien négocié son revirement au second tour de cette présidentielle où plutôt que le candidat de l’opposition, il préféra négocier avec les militaires pour soutenir la candidature de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Ce qui le mettra au cœur du pouvoir après la victoire de ce dernier aux présidentielles de 2006. Bien après le coup d’Etat qui porta en 2008 l’actuel Chef de l’Etat, Mohamed Abdel AzizMessaoud a su bien conserver cette proximité avec le pouvoir qui le portera d’abord à la tête de l’Assemblée Nationale avec seulement six députés de son camp. Son rapprochement avec Ould Abdel Aziz fera dire à ses détracteurs qu’il a vendu ses positions traditionnelles pour des postes juteux.

Son retour, après plus d’un mois d’absence, intervient ainsi dans un contexte politique marqué par une véritable chasse aux sorcières menées par le pouvoir contre des sénateurs, dont la chambre a été dissoute par référendum en août dernier, mais aussi contre des journalistes, des syndicalistes et des hommes d’affaires, notamment le milliardaire mauritanien exilé au MarocMohamed Bouamatou, accusé de financer une fronde intérieure. Les partisans de Messaoud Ould Boulkheir croient que son retour permettra peut-être d’apaiser la tension politique qui a atteint son paroxysme, en ramenant Mohamed Abdel Aziz, qui l’écoute souvent, à de meilleurs sentiments.

Cheikh Aidara

REPORTAGE PHOTOS

La foule devant le Pavillon présidentiel -Crédit photo Aidara

Au milieu en costume Mohamed Yarg et à ses côtés en boubou blanc Mohamed Borboss, tous les deux anciens ministres de la Jeunesse et des Sports pour le compte du parti APP. Les autres sont des militants APP – Crédit Photo Aîdara

Brahim Bilal Ramadhan (boubou blanc) président de la Fondation Sahel et dissident du mouvement IRA qui lutte contre l’esclavage accompagné de ses collaborateurs -Crédit Photo Aîdara

Des militants de l’APP devant une de leurs banderoles -Crédit photo Aïdara

Foule de partisans, surtout des femmes et des jeunes filles venues à l’accueil -Crédit photo Aïdara


Coupe UFOA : le Mali sort la Mauritanie (3-1) et prend sa revanche

Les Mourabitounes renouent avec la malédiction du dernier quart. A 20 minutes de la fin du match, ils encaissent deux buts, après avoir tenu (1-1) devant le Mali pendant 70 minutes. La Mauritanie sort ainsi du tour préliminaire de la Coupe UFOA (Union des fédérations ouest-africaines) et le Mali prend une précieuse revanche après son déboire devant la même équipe lors de la qualification aux phases finales du CHAN disputée récemment à Bamako.

Les Mourabitounes locaux (Crédit photo FFRIM-images d’archives)

Les Maliens tiennent enfin leur revanche, même si le nouvel entraîneur des Aigles locaux du Mali, Nouhoun Diané, avait balayé de la main toute idée de revanche. Il avait déclaré à la presse malienne avant le match, «nous n’allons pas au Ghana pour prendre notre revanche. Nous partons pour gagner ce match ». Nouhoun et sa nouvelle équipe ont succède à Djibril Dramé, limogé avec son staff, suite à la défaite concédée par le Mali devant la Mauritanie (0-1) il y a trois semaines dans le cadre du dernier tour qualificatif au CHAN 2018 prévu au Kenya.

Ainsi, les Mourabitounes sortent prématurément de la course pour la coupe de l’UFOA et devront faire leur valise pour quitter le Ghana. Les Maliens jubilent certainement après avoir pris le meilleur sur l’équipe qui les avait humiliés devant leurs spectateurs à Bamako.

C’est à la 30ème minute que Mandé va ouvrir le score pour le Mali. Six minutes plus tard, Ely Cheikh Voulany, nouveau sociétaire du FC Nouadhibou, signe son retour dans l’équipe nationale en offrant à ses coéquipiers  une précieuse égalisation sur un corner admirablement botté par Samba. A la mi-temps, les deux équipes se quittent sur cette parité 1-1.

Malgré les changements effectués en seconde période par l’entraîneur français Corentin Martins, notamment l’entrée de Youba Zeidane à la place d’El Hacen Houeibib (45ème) et celle de Mohamed Wade à la place de Djiby Diop (63ème), pour renforcer la ligne défensive, les Mourabitounes encaisseront deux buts signés par le goléador de l’équipe malienne Moussa Koné. Des buts encaissés dans les 20 dernières minutes de la fin du match. Ce qui fait craindre au retour des Mourabitoues à la malédiction du dernier quart que tout le monde avait cru définitivement vaincu.

Le nouveau coach malien, Nouhoun Diané, peut ainsi se frotter les mains. Il a réussi le pari de battre la Mauritanie. «Ce match contre la Mauritanie est très important. Il faut absolument le gagner. Ça nous permettra de continuer la compétition » avait-il déclaré avant l’entame de la rencontre.

Le Mali rejoint ainsi le Ghana, le Sénégal , le Burkina Faso et la Guinée qui ont déjà validé leur ticket pour la phase de poule. Les trois autres qualifiés pour cette phase devront être connus ce soir. Ils devront, à l’issue de cette première phase,  se répartir dans deux groupes de quatre équipes dans lesquels les deux premiers joueront les demi-finales.

Le vainqueur de cette 5ème édition de la Coupe de l’UFOA empochera la coquette somme de 60 Millions de Francs Cfa, contre respectivement 30 et 15 millions de Francs Cfa pour le finaliste malheureux et le troisième. Tous les pays qualifiés pour la phase de poule recevront 6 millions de Francs Cfa, contre 3 Millions de Francs Cfa pour les équipes éliminées au premier tour.

C’est grâce à un partenariat entre la chaine TV Fox Sports américaine et l’UFOA, que la compétition longtemps interrompue  a été relancée en décembre 2016 à Dakar. Un contrat de 12 ans a été paraphé pour un montant de 40 milliards de Francs Cfa. La compétition comprendra celle des Séniors, des U-17, des U-20, du football féminin et des compétitions de club.

Cheikh Aîdara


Après son expulsion par la Mauritanie vers la France, la délégation américaine se rend à Dakar

La délégation de la société civile américaine conduite par le Pr.Jonathan Jackson, est arrivée à Paris, le 9 septembre 2017, exténuée mais pas du tout découragée, selon des propos rapportés par des activistes qui les ont accueillis à l’aéroport. Refoulés la veille de Nouakchott sitôt débarqués, ses membres ont décidé de se rendre à Dakar, où ils rencontreront certainement les ONG mauritaniennes qui les avaient invités à Nouakchott, notamment SOS Esclaves.

Boubacar Ould Messaoud et l’ambassadeur américain lors de la table-ronde du samedi 9 septembre 2017 (Photo SOS Esclaves)

Le Professeur Jonathan Jackson, fils du Révérend Jessie Jackson et Porte-parole du «National Raimbow Push » ainsi que sa délégation sont arrivés le 9 septembre 2017 à Paris. Des activistes des droits de l’homme mauritaniens les ont accueillis à l’aéroport Charles De Gaulle. Ils semblaient éreintés après un aller-retour Paris-Nouakchott-Paris, plus quelques temps à l’aéroport, juste suffisant pour les formalités de leur refoulement par les autorités mauritaniennes qui les ont déclarés persona non grata.

Ainsi, loin de baisser les bras, la délégation américaine devrait reprendre l’avion pour se rendre à Dakar au Sénégal, à une demi-journée de route de Nouakchott. C’est là où ils rencontreront peut-être les organisations mauritaniennes des droits de l’homme qui les avaient invités pour un séjour d’une semaine pour échanger et discuter sur la problématique de l’esclavage et du racisme en Mauritanie.

L’ambassade américaine déçue

Pourtant, dans leur calendrier, les activistes américains avaient prévu de rencontrer les autorités mauritaniennes, notamment le Président Mohamed Abdel Aziz et ses collaborateurs pour évaluer les avancées enregistrées par la Mauritanie dans le domaine de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles. C’est du moins ce qui  ressort du communiqué publié par l’Ambassade des Etats-Unis à Nouakchott, qui parle «d’efforts courageux engagés par la Mauritanie pour éradiquer l’esclavage et ses séquelles et promouvoir la cohésion sociale», efforts que la délégation était venue apprécier.
Le communiqué encense même l’Etat mauritanien car il évoque «une réussite que la délégation américaine devait promouvoir au niveau international ». Il va plus loin en applaudissant «les actions héroïques des Mauritaniens qui continuent à lutter contre les séquelles de l’esclavage et les divisions raciales dans leur pays ».

N’empêche, l’ambassade américaine à Nouakchott n’a pas caché sa déception et sa préoccupation face à la décision prise par les autorités mauritaniennes «de refuser l’entrée dans leur pays de la délégation du mouvement civique américain ».

SOS Esclaves s’insurge

«SOS Esclaves », l’organisation antiesclavagiste qui avait invité la délégation américaine à cette visite en Mauritanie, souligne dans un communiqué publié le même jour, que «cette attitude des autorités n’honore pas notre beau pays ».  Le président de «SOS Esclaves » Boubacar Ould Messaoud a fustigé l’interdiction qui lui a été faite, à lui et à sa délégation, de se rendre à l’aéroport pour accueillir la délégation, relayant les propos du Directeur général de la Sûreté qui lui disait «de toutes les façons, les militants américains ne descendront pas de l’avion », c’est-à-dire l’avion d’Air France par laquelle ils étaient venus.

Une partie de la délégation américaine accueillie à Paris par des activistes mauritaniens (Photo Activistes IRA)

Le communiqué de rappeler que les militants en question sont «les hôtes de SOS Esclaves » et qu’ils les avaient invités en 2015. De préciser par la suite que cette rencontre avec les militants du mouvement civique américain rentrait «dans le cadre de la démarche pacifique de SOS Esclaves de capitaliser toutes les expériences et approches positives afin d’apporter une contribution à la promotion de la justice sociale, des vertus de conciliation et de la garantie de la paix sociales».

A été évoquée dans ce cadre, «l’expérience américaine dans ce domaine », une expérience qui peut, selon le communiqué, «profiter à toute organisation à travers le monde », rappelant que SOS Esclaves «est une organisation patriotique qui ne s’appuie que sur des principes de justice et de démocratie». Et de souligner que «cette attitude des autorités n’honore pas notre beau pays qui doit renouer avec les valeurs cardinales de paix et d’accueil», ajoutant que «ce genre de pratiques ne sert même pas les objectifs déclarés de nos dirigeants».

Il faut dire que SOS Esclaves a maintenu la table-ronde qui était prévue ce jour, samedi 9 septembre sur le thème ««Expériences, leçons apprises dans le domaine de la lutte contre le racisme, l’exclusion et les séquelles de l’esclavage.».  A la droite de SEM.Larry André, ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique et de Boubacar Ould Messaoud, une chaise laissée vide et sur laquelle devait s’asseoir le Pr. Jonathan Jackson.

La version des autorités

Sur le plan officiel, le gouvernement vient de s’exprimer par la voix du ministre porte-parole du gouvernement. Mohamed Lemine Cheikh dans une déclaration à l’AFP a en effet déclaré que «les militants antiesclavagistes américains, refoulés vendredi soir de Nouakchott, voulaient agir contre les lois mauritaniennes». Le ministre affirme que la visite de la délégation n’a pas été concertée avec les autorités et que dans leur programme de visite, ils devaient rencontrer uniquement «des parties bien ciblées qui travaillent selon un agenda particulier».

Auparavant  quelques proches du pouvoir avaient versé dans le même justificatif, tandis que d’autres soutiennent que les activistes américains auraient dû d’abord balayer devant leur porte avant de faire la morale en Mauritanie. Selon eux, les Noirs américains souffrent de discrimination et de racisme, avec des policiers blancs canardant en toute impunité chaque jour des Noirs chez eux.

Outre le Pr.Jonathan Jackson, la délégation comprenait onze autres personnalités, dont le Révérend Mitchell Johnson, Membre du Conseil d’Administration  «The Abolition Institute », Lynda Lawrence, Membre du Conseil d’Administration, «The Abolition Institute » et Lauréate du Prix 2017 «Aichana Abeid Boilil Award » pour son plaidoyer contre l’esclavage en Mauritanie.

Cheikh Aïdara


Ces noms de quartiers mauritaniens qui font sourire

J’ai bien été inspiré par le blogueur ivoirien Benjamin Yobouet et son clin d’œil sur «Ces rues françaises qui nous font rigoler» paru sur Mondoblog.  Surtout lorsqu’il nous promène en France, derrière son hilarité, du «Chemin de Lanusse » à la «Rue de la galère » en passant par la «Rue des mauvais garçons » ou encore de la «Rue des pucelles » à Strasbourg à la «Rue pourquoi pas » à Toulon.

Nouakchott; la capitale sortie des sables (RFI)

C’est vrai que si nous visitons nos propres appellations de rue ou de quartier, on ne manque pas de nous étrangler de rire, comme il le fait lorsqu’il nous apprend qu’à Abidjan, ce n’est pas moins drôle avec des noms comme «Carrefour gnamôgôdé ou carrefour enfant bâtard.

Je crois que cette  drôlerie populaire, que nos administrateurs guindés ne sont pas parvenus à effacer en dénommant et renommant certains rues et quartiers, n’épargne aucune ville ou capitale en Afrique, voire ailleurs dans le monde.

C’est dans cet esprit de partage d’hilarité, histoire de nous déstresser comme le dit Benjamin Yobouet que je vais vous promener dans l’univers mauritanien où certaines appellations ne manquent pas aussi de piquants.

Tiens, et si on commençait par le quartier «Netag » à Nouakchott, ce qui veut dire «déterre » par allusion aux cadavres d’animaux qui étaient ensevelis dans ces contrées autrefois jonchées de bidonvilles. Il y a aussi «Ghambar Wej Hou » ou «voile-toi la face » car ce quartier excentré à l’Est de l’ancien aéroport était connu pour ses poussières d’argile fin qui vous saupoudraient le visage.  Et le quartier «Mellah » ou le quartier du sel, une agglomération créée dans les années 90 par la transposition d’anciens habitants de la «Kebatt Marbatt »ou «dépotoir du marché aux bétails» que les autorités avaient déménagé suite à de fortes inondations. C’est le cas de «Tarhil», ce nouveau quartier de déménagement, somme de toutes les «Kebat » ou «dépotoirs » de Nouakchott, celui des anciens bidonvilles et des squats. Il y a aussi le quartier du «Summun de la beauté » ou «Tevragh-Zeina », le quartier des riches.

Mais à Nouakchott, beaucoup de rues portent des noms populaires de personnalités politiques, d’artistes, et même de fous ou de régulateurs autoproclamés de la circulation routière. C’est ainsi que nous avons la «Rue Birame», du nom du leader antiesclavagiste, président du mouvement IRA, la «Rue Messaoud » du nom d’un autre ténor de la lutte contre l’esclavage, président du parti APP, la «Rue Dimi », cette grande cantatrice disparue en juin 2011 au Maroc, ou encore le «Carrefour Yéro Sarr», du nom d’un ancien gendarme dont la maison jouxte le carrefour (Yéro Sarr) et et le «Carrefour Bakar», un excentriques personnage que certains considèrent comme fous  (Bakar, ancien policier) car sans salaires, il passe son temps à réguler la circulation au moment des grands embouteillages pour le plus grand plaisir des automobilistes

La plupart des départements et quartiers porte également des noms de villes ou de personnalités étrangères, surtout arabes. C’est ainsi que nous nous promèneront de Riadh, capitale de l’Arabie Saoudite (certains soutiennent que le nom est tiré des cimetières qui s’y trouvent) à Dubaï (Emirats), en passant par Arafat (du nom de l’ancien président palestinien) à Pikine (Pékin capitale de la Chine), Fallouja, Kouva  et Basra (villes irakiennes) baptisés ainsi suite à la guerre du Golfe. Nous avons aussi Dar-el Baidha (Maison blanche) allusion à la ville marocaine Casablanca et les Médinas.

D’autres noms sont plus symboliques comme «Le Ksar » ou «le campement » le premier et plus vieux quartier de Nouakchott où se trouvait la caserne de la garde coloniale surveillant l’ancienne «Route Impériale » qui reliait Saint-Louis du Sénégal et Tanger au Maroc, seule ligne de trafic routier qu’il fallait protéger des rezzous.

Il y a aussi «El Heit » ou «Le Mur » à Zouerate, région au Nord du pays, qui servait à délimiter le quartier des français et celui des indigènes. Zouerate a aussi ses noms pittoresques comme «Bakar Ma Sala » où «parti sans prier » qui indiquait l’heure avant l’aube à laquelle les travailleurs de la Miferma (ancêtre de la Société industrielle et minière) devaient se lever pour ne pas arriver en retard au travail. Il y a aussi «Bel we Ejhar» ou «mouille et creuse », un quartier d’Atar où pour percer le sol, il faut d’abord le mouiller tellement il est rocailleux.

C’est surtout à Atar, ville militaire par excellence avec son Ecole interarmes pour la formation des officiers de l’armée mauritanienne, où les noms les plus «fransmaurisés »,(mots français à la sauce maure) sont les plus répandus, comme le quartier «Kanawal » ou «camp de Noël », ou encore «Eghnemrit » ou «camp américain », par allusion aux garnisons françaises et américaines qui y avaient séjourné durant la colonisation mais aussi durant les deux grandes guerres pour recruter des chaires à canon.

En rapport toujours avec les Français, un quartier très ancien à Nouadhibou (ancien Port-Etienne) porte un nom croustillant, «Krâa Nasrani » ou «le pied du Nazaréen » nom donné aussi aux Français. Des tas d’histoire circulent sur cette appellation, entre autres que le pied d’un français coupé y a été découvert ou enterré.

Pays de savoir avec ses anciennes villes historiques, la Mauritanie a aussi sa rue des «40 savants ». Elle se trouve à Ouadane, ville historique datant du  7ème siècle.

Cheikh Aidara

 


Des Américains persona non grata en Mauritanie : des bourdes, le régime en rajoute

Une forte délégation constituée de quatorze personnalités de la société civile américaine, amenée par le fils du Révérend Jessie Jackson, a été déclarée persona non grata en Mauritanie et ses membres refoulés à partir de l’aéroport de Nouakchott où ils étaient arrivés ce samedi 8 septembre2017.

Pr.Jonathan Jackson

Les autorités mauritaniennes ont réellement des choses à cacher au monde.  Après des séries d’expulsion à l’adresse d’organisations internationale des droits de l’homme, d’avocats, de chercheurs et de journalistes étrangers, voici qu’une délégation de quatorze personnalités de la société civile américaine, venue sur invitation de ses homologues mauritaniens, a été refoulée à partir de l’aéroport international Oum Tounsy de Nouakchott, ce samedi 8 septembre 2017.

La délégation de militants américains sur les droits civiques était composée entre autres, du Professeur Jonathan Jackson, Porte-parole «National  Rainbow PUSH Coalition » et fils du Révérend Jesse Jackson, du Révérend Mitchell Johnson, Membre du Conseil d’Administration  «The Abolition Institute », Lynda Lawrence, Membre du Conseil d’Administration, «The Abolition Institute » et Lauréate du Prix 2017 «Aichana Abeid Boilil Award » pour son plaidoyer contre l’esclavage en Mauritanie. Elle comprend également des Imams, des chercheurs et autres personnalités.

Partis pour les accueillir, Boubacar Ould Messaoud, Président de SOS Esclaves et ses collaborateurs ont été interceptés sur la route de l’aéroport par une unité de la police qui leur a demandé de rebrousser chemin. «Des instructions venues du Directeur général de la Sûreté interdisait à Boubacar Messaoud de se rendre à l’aéroport Oum Toumsy » leur a-t-on fait savoir. D’autres activistes des droits de l’homme ont connu le même sort.

Boubacar Ould Messaoud et ses collaborateurs empêchés par la^police sur la route de l’aéroport (Photo sur la page de Maïmouna Saleck)

Contactée par des confrères, l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique  à Nouakchott a promis d’informer la presse sur cette affaire lorsqu’elle aura en main tous les éléments y afférents.

La délégation américaine devait séjourner à Nouakchott une semaine pour rencontrer et discuter avec des organisations mauritaniennes de défense des droits de l’homme, notamment celles qui militent dans le domaine de l’esclavage et de ses séquelles. Un sujet tabou et une ligne rouge à ne pas franchir pour le régime mauritanien.

En 2001 déjà, sous le régime de Maaaouiya Sid’Ahmed Taya, Me Moussa Maiga, avocat au barreau du Mali et membre de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), a été refoulé dès son débarquement à l’aéroport de Nouakchott. Mandaté par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Me Maiga était venu comme observateur lors du procès de Chbih Cheikh Mélaïnine, président du parti Front Populaire qui devait s’ouvrir le 28 mai de la même année. Un autre avocat, le marocain Me Sidaty Mélaïnine, inscrit au barreau d’Agadir, venu défendre le président du Front Populaire lors du même procès, sera lui aussi refoulé après deux jours de séquestration dans l’enceinte de l’aéroport de Nouakchott.

En décembre 2011, Abdelhafid El Bekkali, journaliste et chef du bureau de l’Agence marocaine de presse (MAP) est déclaré persona non grata et expulsé par les autorités mauritaniennes. Ce qui suscitera un communiqué cinglant de condamnation de la part du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) qui cria au scandale, jugeant la mesure «injustifiée et en violation de la déclaration universelle des droits de l’homme ».

Le 1er octobre 2013, notre confrère Camara Mamady, journaliste guinéen qui travaillait pour le compte du journal «Rénovateur Quotidien », un périodique mauritanien, est refoulé de l’aéroport alors qu’il revenait d’une conférence à Alger pour le compte de sa rédaction.

En août 2015, Hoffman Michel Lawrence, président de l’organisation des droits de l’homme Vivere basée en Suisse a été refoulé lui aussi à partir de l’aéroport après que l’ambassade de Mauritanie à Paris lui ait assuré qu’il aura le visa une fois sur place. Dès sa descente d’avion, un policier l’a conduit au bureau du commissariat de police de l’aéroport où on lui a d’abord expliqué que le système de visa est en panne avant de l’expulser.

Le 17 juillet 2016, l’islamologue et prédicateur suisse Tariq Ramadan est déclaré persona non grata en Mauritanie et refoulé dès sa descente d’avion en provenance du Maroc. Il devait animer une série de tables-rondes et de conférences à Nouakchott.

En avril 2017, la Mauritanie expulse Mary Foray, universitaire en droits de l’homme et Tiphaine Gosse, journaliste. Les deux jeunes Françaises entreprenaient des recherches sur l’esclavage et le racisme en Mauritanie.

Cette énième expulsion, selon certains observateurs, fait du régime de Mohamed Abdel Aziz, le plus grand prédateur des défenseurs des droits de l’homme en dix ans de règne. Elle intervient au milieu d’un climat délétère, poussant les opposants les plus radicaux à parler de «relent de Coréinisation et de Birminisation de la Mauritanie», un pays qui selon eux, «s’enferme de plus en plus alors qu’une véritable chasse aux opposants est engagée à huis clos, sur fond de dilapidation à l’échelle des ressources publiques et d’une paupérisation galopante de la population mauritanienne».

A rappeler que le Pr.Jonathan Jackson avait reçu chez lui le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) Birame Dah Abeid, lors de son passage aux Etats-Unis.

Cheikh Aïdara

 


Conférence de presse IRA : Birame signe et persiste, il sera candidat en 2019

Au cours d’une conférence de presse dont la première partie ressemble fort à un prêche religieux et qu’il a animée jeudi 7 septembre à son domicile, le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid, auréolé du titre de Hajj après son pèlerinage à la Mecque, a renouvelé son soutien aux prévenus dans le dossier du sénateur Ould Ghadde ainsi qu’aux populations éplorées du Brakna et de l’Assaba, avant de réitérer sa ferme volonté de se présenter aux élections présidentielles de 2019.

Birame (calotte blanche) entouré de ses collaborateurs (Photo Aidara)

C’est un Birame Dah Abeid, la tête surmontée de la calotte blanche des pèlerins, qui a convié les Mauritaniens à accomplir, ne serait-ce qu’une seule fois dans leur vie, le pèlerinage à la Mecque. C’était au cours d’une conférence animée jeudi 7 septembre 2017 à son domicile à Riadh à Nouakchott, en présence d’une foule de partisans. D’emblée, le président de l’IRA, a exhorté ses concitoyens à  ce 5ème pilier de l’Islam, «une expérience importante pour la construction personnelle de l’individu » dira-t-il et un «fortifiant pour tout dirigeant politique ».

Ce n’est que par l’endurance, la forte dévotion et l’élévation morale que des hommes et des femmes ont pu faire sortir de cette terre aride et inhospitalière d’Arabie il y a plus de quatorze siècle, une civilisation qui a conquis le monde et étalé sa puissance dans les quatre coins de l’Univers, dira-t-il en substance. De quoi faire méditer, selon lui, tous ceux qui se battent pour une cause et dont les conditions actuelles sont meilleures que celle des Compagnons du Prophète (PSL) qui ont su, malgré un environnement difficile, développé une religion aujourd’hui deuxième en termes d’adeptes.

Haro sur les «Tekfiristes »
Parmi les autres avantages tirés de son pèlerinage, Birame a cité l’accueil chaleureux et fraternel dont il a été l’objet à Médine et à la Mecque de la part de ressortissants mauritaniens établis en Arabie Saoudite. «Des érudits, des docteurs, qui ont tellement entendu du mal sur ma propre personne et qui, après m’avoir entendu et échangé avec moi, m’ont demandé pardon d’avoir cru aux médisances que certains courants hostiles avaient répandu sur le mouvement IRA et sur son président ». Selon lui, le plus grand danger qui menace la cohésion sociale et la stabilité du pays, ce sont ces mouvements «Tekfiristes» qui ont pignon sur rue, entretenus et soutenus par le pouvoir en place. «Ces mouvements racistes et discriminatoires animés par des érudits non pratiquants m’ont déjà excommunié et excommunié mes partisans, distribuant le titre de musulman et de mécréant selon leurs bons vouloirs » dira-t-il.  Il les a comparé à Pharaon et à son lieutenant Haman, des suprématistes qui «ne savent pas que la déchéance de Ibliss est dû justement à son orgueil et à son esprit suprématiste par rapport à Adam » a-t-il rappelé. «Pour la Paix sociale en Mauritanie et l’unité nationale, nous devons tous combattre ces  Tekfiristes, qui sèment le racisme, la discrimination et consolide l’esclavage en Mauritanie » a-t-il martelé.

Militants d’IRA (Photo Aidara)

Solidaires avec les victimes d’injustice
Revenant sur le dossier des prévenus dans l’affaire du sénateur Ould Ghadde, Birame Dah Abeid a réitéré le soutien du mouvement IRA à «toutes ces victimes du pogrom et de l’injustice érigés en système de gouvernance ». Selon lui, des citoyens respectables, des sénateurs, des hommes d’affaires, des syndicalistes, des journalistes, sont trainés dans la boue, par un régime dictatorial qui cherche à intimider tous ceux qui osent dénoncer ses dérives. Mais la leçon doit être apprise, selon lui, «car hier, c’était IRA, ses responsables et ses militants qui étaient victimes d’exactions de la part du même régime et rares sont ceux parmi les victimes actuelles qui s’étaient solidarisés avec eux. Mais nous à IRA, nous avons l’habitude de défendre toutes victimes d’injustices quelles que soient son appartenance et son orientation » a-t-il ajouté, précisant que le mouvement IRA fait du dossier Ould Ghadde son sacerdoce par le combat de terrain dont il est l’un des preux chevaliers.

En ce sens, il a demandé aux Mauritaniens, toutes tendances confondues, à cultiver l’esprit de solidarité pour toute victime d’injustice, rappelant dans ce cadre le «Pacte de l’honneur » (Hilv El Voudoula) signé durant la période Jahilite par quelques Qoraïch dans la maison de Abdoullah Ibn Jid’Ane, pour mettre fin à l’injustice de certains d’entre eux qui avaient l’habitude de détrousser en toute impunité de pauvres pèlerins venus de contrées extérieures.
Selon Birame, la démocratie est aujourd’hui foulée aux pieds et «nous devons faire barrage aux règlements de compte érigé par le pouvoir en épée de Damoclès brandis sur la tête de ses opposants ».

Candidat en 2019
Après avoir réitéré le soutien moral d’IRA aux populations victimes des dernières intempéries dans les régions du Brakna et de l’Assaba, Birame a dénoncé le manque d’intérêt et la nonchalance avec laquelle les autorités ont géré ces drames, fustigeant le voyage du président Mohamed Abdel Aziz en France alors que des populations sont sinistrées et en deuil.

Il a par la même occasion rappelé que sa candidature pour la présidentielle de 2019 est plus actuelle que jamais, exhortant ses militants à entamer dès à présent les démarches pour la préparation d’une telle échéance, en termes de sensibilisation des électeurs sur leur devoir de vote, d’inscription sur les listes électorales, d’obtention de leur carte d’identité. Une mobilisation qui devra se faire selon lui, au niveau de toutes les circonscriptions, de tous les départements, de toutes les Wilayas. «Si aux termes de toutes ces procédures, nous gagnons les élections, et qu’une CENI ou qu’une Cour nous vole notre victoire, nous l’anéantirons » a-t-il averti.

Cheikh Aïdara


Amical Mauritanie-Niger (0-2) : Le MENA ramène les Mourabitounes sur terre

Après le nul concédé contre le Kenya (0-0) le 31 août dernier à Agadir (Maroc) où ils sont en regroupement, l’équipe nationale de Mauritanie, les Mourabitounes, ont été défaits par le Mena du Niger sur le score de 2 buts à 0.

C’est une équipe mauritanienne méconnaissable, épurée aussi bien en défense qu’en attaque qui a livré son dernier match ce mardi 5 août.

Après une première mi-temps vierge (0-0), les Nigériens ont ouvert le score à la 48ème minute sur pénalty. Le coach nigérien, François Zahoui semble avoir fait une meilleure évaluation de l’adversaire du jour, car si la première mi-temps peut être considérée comme un round d’observation, la deuxième mi-temps est réellement celle des entraîneurs. Sur ce point, Corentin Martins semble ne pas avoir vu que son équipe n’était plus que l’ombre d’elle-même, avec un Abdoul Bâ, dans ses plus mauvais jours et des attaquants manquant totalement de réalisme. C’est dans ce contexte fantomatique dans lequel se trouvaient les Mourabitounes, que les Nigériens vont porter l’estocade à la 87ème minute.

Pour rétablir la parité, le coach des Mourabitounes a multiplié les remplacements, sans que le résultat n’ait évolué. Au coup de sifflet final, le Niger l’emportait sur le score de 2 à 0. Le Niger qui avait perdu son premier match test le 31 août devant le Togo sur le même score, termine ainsi son stage marocain sur une note de satisfaction. Une sorte de revanche que les Nigériens viennent de réaliser sur les Mouranitounes qui les avait battus en 2015 et en amical à Nouakchott sur le même résultat de 2 à 0.

Cette défaite aura sans doute l’avantage de ramener les Mourabitounes sur terre, eux qui surfaient depuis un certain temps sur un nuage.

Cette défaite servira sans doute de baromètre au staff technique pour opérer aux réglages qu’il faut, avant mars 2018, face à une redoutable équipe du Burkina Faso. Un match choc comptant pour la 2ème journée des éliminatoires de la CAN 2019.

Cheikh Aidara


Sinistres en Mauritanie : la situation nutritionnelle et alimentaire risque de se compliquer

Une forte tempête suivie de pluies torrentielles a endeuillé une partie des Wilayas du Brakna et de l’Assaba.

Sinistrés (photo d’illustration)

Le bilan le plus meurtrier est signalé dans la région du Brakna, notamment dans les environs de Boghé, où les maisons situées à 5 kilomètres à l’entrée de la ville, mais aussi les villages de Sarandougou, de Niakaka et de Gourel Boubou ont été les plus touchés. En attendant un bilan officiel, plusieurs sources concordantes parlent d’une dizaine de morts et de plus de vingt blessés dont les plus graves ont été évacués à l’hôpital d’Aleg, la capitale régionale.

Le drame est survenu dans la nuit du lundi 4 septembre vers 1 heure du matin. Les populations ont été surprises dans leur sommeil par la violence du vent qui a emporté des toitures, fait effondrer plusieurs maisons, arraché des arbres et même des poteaux électriques à haute tension.

Selon Jules Diop, correspondant local de presse, «les dégâts humains et matériels ont été surtout causé par la tempête plus que la pluie qui n’était pas si forte ». Selon lui, c’est surtout l’effondrement d’une partie de la ligne électrique en provenance de Manantali et confié à une entreprise locale qui est le plus inquiétant.  «Cela prouve seulement que les travaux ont été mal faits » souligne-t-il.

La région de l’Assaba n’a pas non plus échappé aux effets de cette tempête qui a balayé tout sur son chemin, en provenance de la région voisine du Brakna. Selon le site «L’éclairage» et les points focaux de l’ONG ADIG, «le maire de la commune de Melgue, Baba Ould Saleck a appelé les autorités publiques, les organisations de la société civile et les organismes internationaux à fournir une aide d’urgence aux sinistrés ». Plusieurs villages de l’Assaba se seraient retrouvés dans l’œil du cyclone, notamment les villages de Boudaraa, Vountili et Zouira. Là également, les sources déplorent six morts à Boudaraa et à Ehel Deide. Plus d’une centaine de familles seraient sans abri.

En Assaba comme au Brakna, les autorités administratives, militaires et médicales se sont mobilisées, selon les différentes sources, pour faire face aux drames des populations victimes. Des corps ont été retirés des décombres, des ambulances mobilisées et le personnel médical des deux régions mis à contribution.

Le plus urgent pour le moment, selon les sources locales, est de trouver des refuges aux centaines de famille dont les habitats ont été détruits.

Selon quelques acteurs de la société civile, «c’est surtout la situation nutritionnelle qui risque de s’aggraver, les deux régions touchées étant les plus vulnérables en matière de malnutrition des enfants et d’insécurité alimentaire ».

Pour le moment, la priorité des autorités semble être focalisée sur les premiers secours d’urgence à apporter aux blessés.  Viendront par la suite, le bilan des pertes humaines et matérielles, l’acheminement d’abris et la distribution de produits alimentaires. Pour cela, la Mauritanie aura certainement besoin de l’aide humanitaire internationale, notamment celle du Programme alimentaire mondial, de la FAO et des pays amis.

Il faut noter que c’est toute la région du Sahel qui a été touché ces derniers jours par le déchainement des éléments naturels, notamment au Niger, en Guinée, en Sierra-Leone

Cheikh Aîdara


3 journalistes, 2 syndicalistes, 8 sénateurs et consorts : voilà comment le pouvoir mauritanien compte bâtir son scénario du «Grand complot transfrontalier »

Dans l’affaire dite du «Grand complot transfrontalier », un sénateur et un sous-officier de l’armée sont déjà en prison, suite à une comparution devant le Parquet de Nouakchott-Ouest, avec à la clé la mise sous contrôle judiciaire de quelques journalistes et syndicalistes. La Mauritanie s’achemine ainsi vers une série d’arrestations et de procès retentissants où la politique, le business et l’affaire Tweila risquent de créer un remue-ménage.

Moussa Samba Sy

En haut de gauche à droite : Moussa Samba Sy, Ahmed Cheikh, Sénateur Ould Ghadde (en bas : Maalouma)

Le Procureur général près de la Cour Suprême de la Wilaya de Nouakchott-Ouest a requis, le jeudi 31 août 2017, la mise sous dépôt des ex-sénateur Mohamed Ould Ghadde et Maalouma Mint Meidah ainsi que le sous-officier de l’armée Mohamed Ould MBareck. Il a requis en même temps la mise sous contrôle judiciaire de trois patrons de presse, Moussa Samba Sy du «Quotidien de Nouakchott », Ahmed Ould Cheikh du journal «Le Calame » et Rella Bâ du site «Cridem », ainsi que deux Secrétaires généraux de syndicats, Mohamed Ould Abdallahi dit Nahah de la CGTM et Samory Ould Beye de la CLTM. Des mandats d’arrêt auraient été lancés contre huit ex-sénateurs alors qu’un mandat d’arrêt international a été émis au nom de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou en exil depuis des années au Maroc et son bras droit, Mohamed Ould Debagh. Le juge d’instruction qui a hérité du dossier a décidé de soustraire la sénatrice Maalouma Mint Meidah de la prison, décidant de la placer sous contrôle judiciaire. Les auditions se sont déroulées jusqu’à l’aube.

Les interpellations avaient débuté le vendredi 25 août dernier lorsque la Direction des crimes économiques et financiers, relevant de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), avait convoqué pour audition certains prévenus, notamment les trois journalistes, les deux syndicalistes et quelques sénateurs. Tous ont été relâchés au bout de quelques heures après leur déposition. Les questions qui leur ont été posées portaient toutes sur les relations qu’ils entretenaient avec l’homme d’affaires Ould Bouamatou et s’ils avaient reçu des financements de sa part. Deux journalistes, Jedna Deida, rédacteur en chef du «Quotidien de Nouakchott » et directeur de publication du site «Mauriweb » ainsi que Babacar Baye Ndiaye, webmaster du site «Cridem », entendus tous les deux par la Direction des crimes économiques et financiers, n’ont pas été convoqués par le Parquet.

Voilà le puzzle d’une affaire judiciaire qui risque de défrayer la chronique tout en mettant la Mauritanie sur orbite de l’actualité internationale, tant le scénario ficelé semble, pour certains observateurs, d’une grossièreté déconcertante. Une cascade de procès serait donc en vue et risque d’être marquée par la facture hautement politique qui lui est d’ores et déjà associée, car visant des opposants au régime en place. Pour l’opposition radicale, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un règlement de compte personnel via un appareil judiciaire qui semble n’avoir été associé qu’au dernier moment pour pondre un dossier. Celui portant sur «des crimes transfrontaliers de grande ampleur, étrangers à nos mœurs et aux valeurs de notre société, dans un cadre structuré et organisé, cherchant à semer le désordre et à perturber la sécurité publique ». Dixit, le communiqué accusateur publié par le Parquet général. Dans le communiqué, le Parquet général affirme «avoir mis la main sur des informations documentés relatives à l’implication de plusieurs personnes » dans un projet jugé criminel. Et ce serait sur cette base, qu’une large enquête a été ouverte «en vue d’apporter toute la lumière sur l’affaire ».

Ould Ghadde, au milieu du dispositif

Le bouillonnant sénateur Mohamed Ould Ghadde, président d’une Commission d’enquête du Sénat chargé de faire la lumière sur d’éventuels dossiers de corruption qui impliqueraient l’entourage du président Mohamed Oud Abdel Aziz, est le pilier central et l’élément déclencheur de la procédure en cours. Il avait décidé de braver le Chef de l’Etat mauritanien. Il aurait joué, selon le pouvoir, un rôle central dans la monumentale gifle que le Sénat avait administré à Ould Abdel Aziz, lorsque ses membres, appartenant en majorité à la mouvance présidentielle, décidèrent de rejeter le projet de référendum constitutionnel qui leur a été soumis. Alors que le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), qui regroupe l’aile dure de l’opposition, leur tressait des lauriers en les hissant sur le Panthéon de la bravoure nationale, le pouvoir cria à la trahison. Dès lors, des suspicions de corruption et de manipulation par des forces occultes commencèrent à les poursuivre. Les ténors du pouvoir utilisèrent toutes les tribunes pour vouer les «traitres sénateurs » aux gémonies. Le Président Mohamed Abdel Aziz, lors de plusieurs meetings et déclarations, les accusa de corrompus et de prévaricateurs. Il affirmera sans ambages que «ces gens ont par leurs propres dires procédé à des partages d’argent pris sur des hommes d’affaires pour saper les institutions du pays ».

Ces accusations sont intervenues au milieu d’une vague de fuites organisées par les Services de renseignements à partir d’enregistrement interceptés sur les téléphones du sénateur confisqués depuis l’accident mortel dont il fut l’auteur près de Rosso et qui lui valut son premier procès.  Pour Mohamed Abdel Aziz, les Sénateurs étaient devenus «des traitres à la Nation » pour avoir voté NON à son projet de référendum.

L’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou est sur le viseur. Il est accusé d’avoir corrompu les Sénateurs pour voter NON au projet de référendum et de chercher à déstabiliser le pays. Pourtant, lui et son cousin Mohamed Abdel Aziz avaient filé le parfait amour. C’est lui qui l’avait soutenu après son coup d’Etat contre le premier président démocratiquement élu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi qui ne passa que quinze mois au pouvoir. Grâce à son riche carnet d’adresses, il avait également facilité la reconnaissance internationale du pouvoir militaire de Mohamed Abdel Aziz. C’est encore lui qui avait financé à coups de milliards d’ouguiyas sa campagne présidentielle en 2009. Puis, la brouille sans que personne ne sache aujourd’hui  exactement la cause. Ensuite, l’exil, l’inimitié et une guerre à mort par procuration. Sur le plan économique, Mohamed Abdel Aziz a pratiquement dépouillé Ould Bouamatou de toutes ses filières financières en Mauritanie, la dernière en date étant l’exclusivité de la vente de Marlboro.

Traquer les derniers pseudo-soutiens de Bouamatou

Le pouvoir ratisse large pour assécher les bastions de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou en Mauritanie. C’est ainsi que Mohamed Ould Abdel Aziz tente de dénicher ses relais au sein de la presse mauritanienne en traquant tous les journalistes supposés vivre des financements de l’homme d’affaires. Et là pratiquement, aucun organe de presse ne devait en principe échapper à l’échafaud, ni aucune officine du pouvoir de Mohamed Abdel Aziz, ni aucun Mauritanien, car l’homme est connu pour sa générosité. Il distribuait de l’argent à tout le monde, aux policiers, aux gardes, aux gendarmes, aux magistrats, aux présidents d’ONG, aux hommes politiques, aux syndicats, aux démunies, aux nantis… Son hôpital ophtalmologique à Nouakchott où tout est gratuit en témoigne. Alors, pourquoi mettre le grappin sur deux ou trois patrons de presse ? A l’heure actuelle, c’est tous les patrons de presse qui doivent être mis sous contrôle judiciaire, et même des journalistes, et même moi. Qu’est-ce que cette justice sélective, pour faire quoi, pour monter quoi ?

Mohamed Abdel Aziz, juge à la place de la justice

Aujourd’hui, la justice est accusée par l’opposition de s’être prêtée à une instrumentalisation en prenant le relais d’un dossier confectionné et apprêté par les officines de la Police politique. Car le président se serait lui-même trahi lorsqu’il a promis dès le mois de juillet  que «la mise en œuvre très prochainement de procédures judiciaires afférente à des dossiers plus graves seront divulguées » sans donner plus de détails. Plus tard, lors du meeting inaugural du référendum constitutionnel au stade Mellah à Nouakchott, il promit de faire des «révélations importantes » lors de la clôture de la campagne le 3 août. Mais de révélations il n’y en eut point, laissant l’opinion publique sur sa faim. Pour plusieurs observateurs, il aurait été maladroit que le président devance la justice sur un dossier qu’il allait lui-même lui transmettre sur le plat.

La dernière arrestation de Ould Ghadde

Poursuivant ses provocations, Ould Ghadde allait étaler sur des plateaux de télévision, quelques dossiers de corruption impliquant le président Mohamed Abdel Aziz et ses collaborateurs, évoquant les tentatives de corruption de certains sénateurs via des attributions de terrains. La sénatrice Maalouma Mint Meidah, opposante endurcie par 23 années de résistance politique contre Maaouiya Sid’Ahmed Taya et qui avait déposé ses armes aux pieds de Mohamed Ould Abdel Aziz à qui elle avait fait allégeance, retrouvera aux détours de l’épineuse question du Sénat, toute sa verve révolutionnaire. Ce qui la mettait sur la ligne de mire d’un pouvoir qui n’acceptait pas certains revirements.

Arrêté une première fois lors d’un «providentiel accident routier sur la route de Rosso», tuant une femme et en blessant grièvement une autre, puis jugé et acquitté après plusieurs jours d’emprisonnement, le sénateur Ould Ghadde sera arrêté le 11 août 2017 pour la deuxième fois. Ce sera d’abord à Rosso lorsqu’il tenta de se rendre à Dakar pour des soins médicaux, «suite à des violences policières lors de marches organisées par le FNDU pour dire NON au référendum constitutionnel », soutient-on.  Ensuite, dès son retour à Nouakchott, nuitamment par des éléments en civil de la police politique. Un enlèvement, selon son avocat et l’opposition, qui condamnent une disparition forcée d’un sénateur jouissant de l’immunité parlementaire. Personne ne savait l’endroit où il a été conduit. Pendant plusieurs jours en effet, aucune information sur Mohamed Ould Ghadde jusqu’à son transfert à l’hôpital militaire. Les premières images montrent un homme ravagé.

Les sénateurs en signe de protestation envahirent le Sénat pour un sit-in prolongé. La police les encercla, empêchant tout contact entre eux et le monde extérieur, ni nourriture, ni boisson, ni électricité, ni médicament pour ceux qui devaient prendre des prises régulières. Jusqu’au 6 août 2017 et la proclamation des résultats préliminaires du vote sur le référendum, que l’opposition considéra comme une victoire retentissante du boycott. Les chiffres divulgués par la Commission électorale nationale indépendante, avec un taux de 53% de participation, seront jugés fallacieux par l’opposition qui parle de bourrage des urnes, de pressions sur les électeurs et sur les présidents de bureaux de vote, fustigeant la mobilisation des administrations régionales et des corps constitués pour les besoins d’une fraude électorale à large échelle. N’empêche, Mohamed Abdel Aziz a obtenu ce qu’il voulait, la suppression du Sénat qu’il entérina aussitôt sans délai de grâce.

Faire payer aux Sénateurs leurs frondes

Aujourd’hui, il s’agirait de faire d’une pierre deux coups. Faire payer aux sénateurs leur audace et porter atteinte à l’image d’un homme d’affaires en le mettant sur une liste de «criminels internationaux en fuite et hors-la-loi ».

Pour plusieurs observateurs, l’aventure ouverte par Mohamed Abdel Aziz est préjudiciable à plus d’un titre pour la Mauritanie. D’abord, elle enlèverait tout crédit au système judiciaire qui se retrouve embarqué dans un véritable imbroglio, en ouvrant un dossier sur la base d’une procédure «qui n’a pas été respectée lors de l’arrestation et l’emprisonnement » de Mohamed Ould Ghadde, selon le communiqué du Parquet (voir : https://cridem.org/C_Info.php?article=701651).

En effet, selon Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny, avocat de Mohamed Ould Ghadde, «on ne peut pas parler d’une arrestation, mais d’un enlèvement du fait que les procédures et garanties légales n’ont pas été respectées par la police lors de l’interpellation du sénateur ». Il accuse même le président Mohamed Abdel Aziz de «gérer le dossier à la place du procureur, du ministre de la justice et des avocats (https://cridem.org/C_Info.php?article=701559). Il déplore même avoir été empêché de voir son client dans les conditions prescrites par la loi mauritanienne. Me Lô Gourmo dans un article publié dans la presse parlera lui d’un «enlèvement et d’une disparition d’une gravité extrême au regard du Code pénal mauritanien et du droit international». Et la justice mauritanienne entérine toutes ces forfaitures pour plaire au Prince, déplore plusieurs activistes des droits de l’homme ainsi que des juristes.

Deuxième erreur dans laquelle Mohamed Abdel Aziz risque de se retrouver, selon certains observateurs, l’ouverture de la mystérieuse affaire de la «balle de Touweïla »qui continue de défrayer la chronique.

En effet, l’arrestation du sous-officier Ould MBareck, dont le témoignage sur le drame survenu en avril 2012 dans la base militaire de Touweila, risque de remettre en cause la version officielle jusque-là retenue. A l’époque, le président Mohamed Abdel Aziz avait été grièvement blessé au bas-ventre. Un jeune officier de l’armée, dans un témoignage télévisé, présentera ce qui est considéré aujourd’hui comme la version officielle. Il affirme avoir tiré sur un véhicule inconnu. Plus tard, il affirme avoir appris que dans la voiture se trouvait le président et qu’il a été blessé. Cette version a été remise entièrement en cause, avec l’entremise du sénateur Mohamed Ould Ghadde, par le jeune sous-officier que le lieutenant avait cité dans son témoignage comme second témoin. Un jour après son témoignage vidéo, le jeune sous-officier avait disparu et personne ne savait ce qu’il était devenu jusqu’au jeudi dernier, lors de sa comparution devant le procureur.

Cheikh Aïdara


Pour la fête de Tabaski, des chefs de ménage effondrés !

J’ai effectué un petit tour, ce jeudi 31 août 2017, à un jour de la fête de Tabaski, dans les endroits les plus fréquentés ces jours-ci par les Nouakchottois, les marchés aux fripes, les marchés de mouton, mais surtout les banques, là où le drame des chefs de famille est le plus saisissant.

Marché central de Nouakchott (Crédit photo Aidara)

J’ai vu une femme qui était venue faire un retrait. Le caissier lui rend son chèque en lui disant que son compte est vide et que le virement dont elle s’attendait n’a pas eu lieu. Je l’ai vue s’agripper au comptoir, les jambes flageolant, au bord de l’évanouissement. Je l’ai aidée à s’asseoir sur un des fauteuils réservés à la clientèle et lui ai demandé ce qui n’allait pas. «Je n’ai pas eu mon virement. C’était mon seul espoir. Je ne sais pas ce que je vais dire à mes enfants qui attendent leurs habits ». Je ne savais que lui dire, sinon de chercher quelqu’un pour lui prêter le montant nécessaire. «Qui va me prêter de l’argent ces temps-ci ?» s’interrogea-t-elle, les mains sur la tête.

Ailleurs, la désolation était plus grande chez les retraités. Une carrière remplie au service de la Nation et l’oubli dans la vieillesse. Aucun virement d’avance fête ne leur a été accordée comme les fonctionnaires. Et les banques ne consentirent que rarement à délivrer des visas pour certains d’entre eux. Ils erraient, âmes absentes dans les allées des banques. Les yeux perdus dans le vide. «J’ai reçu de vieux retraités au bord des larmes me demandant un visa, alors que j’étais impuissant à le leur accorder » témoigne un banquier.

En ces jours de tension, certaines banques ont même eu leurs lots d’empoignades verbales entre certains clients et des caissiers. Comme ce relent de racisme qui opposa au guichet d’une des banques, un négro-mauritanien, un maure et un hartani. Tout commença lorsque le négro-mauritanien détenteur d’un compte d’épargne se mit à épuiser le chèque guichet en se trompant à trois reprises. La caissière, une hartanya de lancer à son intention : «eh, ne pense pas que le chèque guichet on le fabrique gratuitement. Remplis correctement ton chèque au lieu de nous en faire perdre plusieurs » Et le type de l’apostropher «tais-toi, tu n’es qu’une (mot vulgaire) placée là juste pour nous servir » Ce à quoi, le maure acquiesça, alors que la caissière choisit de ne pas relever l’insulte. Elle se tourna vers un vieux hartani pour le servir. Ce que à quoi le négro-mauritanien s’opposa, déterminé à être servi le premier. «Parce qu’il est hartani comme toi, tu cherches à le libérer avant moi ! » l’apostropha-t-il. Les échanges devenant de plus en plus violents, il fallut ameuter la sécurité.

Au marché de la Capitale, complètement bouclé à la circulation aux quatre axes qui y convergent, des centaines de personnes avaient envahi les avenues, heureux de battre le macadam sans la concurrence des voitures. Des femmes, des enfants, des hommes, sachets bourrés d’habits et de chaussures à la main, repartaient l’air satisfait. «Cette année, on peut faire la fête. Il y en a vraiment pour toutes les bourses. Les prix sont plus abordables » témoigne une femme, traînant deux garçons et une fille à ses basques. Il faut dire que le nombre de vendeurs semble s’être décuplé. De l’immeuble BMCI, plus connu sous le nom Afarco, des étals à perte de vue, sur des centaines de mètres jusqu’au cœur du marché central. Des boubous, des serwals, des chaussures, des chemises, des pantalons, bradés presque à même le sol et sur le macadam. Même les taxis n’ont pas doublé leur prix, comme en de pareilles occasions, où les prix du transport public flambaient au double. C’est comme si tout le monde était conscient de la misère qui a frappé les populations et de la raréfaction des signes monétaires. Faire de la surenchère dans ces conditions n’arrangerait en effet personne.  La raison semble ainsi l’avoir emporté sur la cupidité des années d’opulence que la Mauritanie n’a plus connue depuis 2008.

Mais les vendeurs de mouton ne semblent pas avoir compris la nouvelle donne. Au Marbatt de Haye Saaken, le prix du bétail semble défrayer la chronique. Là, le plus maigrelet mouton se négocie à prix d’or, 35.000 UM. Pour un mouton raisonnable, il faut casquer pas moins de 45.000 UM. Plusieurs pères de famille ont choisi de partir et de revenir le jour de la fête. Le dernier jour où les vendeurs sont obligés de revoir leurs ambitions à la baisse, car passé le Jour-J, leur cargaison risque de leur rester sur les bras, faute de clientèle.

Les plus prévoyants, comme moi, ont choisi quant à eux de commander leur mouton de fête depuis les régions de l’Est, à 25.000 UM, plus 1.000 UM pour le transport.
Bonne fête de Tabaski.

Cheikh Aïdara


Match amical à Agadir au Maroc : la Mauritanie et le Kenya se neutralisent 1 but partout

En match amical comptant pour les jours FIFA, ce jeudi 31 août 2017 à Agadir au Maroc, les Mourabitounes de Mauritanie et les Harambee Stars du Kenya ont fait match nul 1-1 à l’issue des 90 minutes réglementaires. L’équipe nationale du Kenya avait ouvert le score à la 58ème minute. Les Mourabitounes égaliseront à la 82ème minute par Khassa Kamara avant de passer près du doublé à la 84ème minute lorsque la balle de Soudani Dicko frôla à quelques centimètres, les cages du gardien de but kenyan.

Les Mourabitounes, qui poursuivent leur  préparation en vue de la rencontre en mars 2018 contre le Burkina Faso comptant pour les éliminatoires de la CAN 2019, affronteront le Niger lors de leur deuxième match amical.
Avec des ambitions fortes pour une première qualification historique à une CAN, les Mourabitounes qui ont emporté leur première rencontre des éliminatoires contre le Botswana (0-1), rêvent d’une première place de leur poule, composée du Bostwana, de l’Angola et du Burkina.
L’équipe a été renforcée par plusieurs nouvelles figures, comme le jeune milieu de l’AJ Auxere (France) Moussa Diallo, ou encore le jeune défenseur de l’AS Monaco (France) Abdoul Kader Thiam né en 1998, (5 sélections en équipe de France des moins de 16 ans et à l’UEFA des U-19).

Cheikh Aïdara


PMDE : un retour en force par la porte de la majorité présidentielle

C’est avec force que le président du Parti Mauritanien pour la Défense de l’Environnement (PMDE), Mohamed Dellahy, signe son retour sur la scène politique nationale par la porte de la majorité présidentielle après une longue absence. Siège flambant neuf près du Carrefour Ould Mah au Ksar et conférence de presse populaire animée le lundi 28 août 2017 à l’hôtel Khatter de Nouakchott, en présence de partis de la mouvance présidentielle et de l’opposition dite dialoguiste.

Le président Mohamed Dellahy (boubou bleu et chemise noire) entouré de ses collaborateurs (Crédit photo Aidara)

Le président du Parti Mauritanien pour la Défense de l’Environnement (PMDE), Mohamed Dellahy, a animé lundi 28 août dernier à l’hôtel Khatter de Nouakchott une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé son intention de réinvestir la scène politique nationale après un recul de quelques années. Ce que le président du PMDE n’a pas dit cependant au cours de sa rencontre avec ses militants et quelques journalistes, c’est qu’il fait son come-back politique en empruntant la porte de la majorité présidentielle après plusieurs années d’activisme dans les rangs de l’opposition.  En effet, très proche politiquement et familialement du défunt Ely Ould Mohamed Vall, ancien chef de l’Etat sous la transition (2005-2007), Mohamed Dellahy se serait retrouvé orphelin après la disparition de l’ancien patron des services de renseignement sous Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, pour se rapprocher de son autre cousin, l’actuel président Mohamed Abdel Aziz. Seulement, Mohamed Dellahy n’est pas de ses hommes politiques qui mettent en avant leurs liens familiaux pour ne pas «dire ce qu’il pense »témoigne en substance, sous le sceau de l’anonymat, l’un de ses proches collaborateurs qui ajoute, «cela, il l’a déjà prouvé lors de son parcours précédent où il a souvent défrayé la chronique».

Aujourd’hui lancé sous la bannière d’un soutien indéfectible au pouvoir actuel, Mohamed Dellahy compte cependant rester un homme politique avisé, qui refuse de se lancer dans «une position partisane illuminée qui ne sert ni les objectifs grandioses du président de la République ni la réalisation de ses ambitions pour le pays ».

Il prône ainsi un apaisement de la scène politique, en demandant au pouvoir «d’ouvrir les canaux d’un dialogue national pour que tous les acteurs politiques puissent redéfinir de nouvelles bases pour une concertation nationale à même d’assurer le consensus ». Il exhorte également l’opposition «à abaisser la barre de ses revendications ».

Mohamed Dellahy qui déclare placer l’unité nationale et la cohésion sociale au cœur de ses préoccupations, fait aussi partie de ceux qui croient que l’armée a un rôle à jouer, même en politique, et que son avis doit être pris en compte dans le puzzle national.

Répondant à une question sur l’Affaire Ould Ghadde, le président du PMDE estime que l’ex-sénateur Ould Ghadde comme tout autre citoyen doit se conformer à la loi, trouvant que «ses relations outre-frontière avec des forces qui cherchent à déstabiliser le pays sont condamnables »

Plusieurs orateurs, dont Isselmou Ould Moustapha au nom de la majorité, ont salué le retour du PMDE dans le giron du pouvoir, même si Isselmou Ould Hanefi, connu pour sa verve a secoué le cocotier en soutenant que «la majorité en réalité, ça se dit Mohamed Abdel Aziz » déniant aux autres partis qui se disent de la majorité présidentielle «le moindre rôle dans la réalisation de la politique générale du président de la République ».

A noter que le PMDE, parti créé en 2003, avait mobilisé son bureau exécutif pour les besoins de la conférence de presse ainsi qu’un agréable personnel d’accueil. Un seul parti de l’opposition dite dialoguiste avait assisté à la rencontre, le parti Arc-en-ciel, représenté à l’occasion par son vice-président Souleymane Samba Vall.

Cheikh Aïdara

Une partie de l’assistance (Crédit photo Aidara)


Mohamed Salem Dah, Président du SJM : «Ni charge ni arrestation contre des journalistes »

Le Président du Syndicat des Journalistes de Mauritanie (SJM), Mohamed Salem Ould Dah, alerté par plusieurs rédactions alors qu’il se trouvait hors de Nouakchott au moment de l’interpellation de certains confrères journalistes, déclare avoir rejoint aussitôt la Capitale pour s’enquérir de la situation.

Mohamed Salem Dah, président du SJM (crédit photo : google)

«Je me suis rendu directement à la Direction Générale de la Sureté Nationale, où après quelques contacts, j’ai été autorisé à rencontrer les confrères interpellés », selon ses propos.

D’ajouter «à mon arrivée, Moussa Samba Sy, Directeur de Publication du Quotidien de Nouakchott et son rédacteur en Chef Jedna Deida qui est en même temps Directeur de publication du site Mauriweb, ont été relâchés. Il ne restait sur place pour interrogatoires que les confrères Aminata Bâ, gestionnaire du site Cridem et son webmaster Babacar Baye Ndiaye». Mohamed Salem Dah affirme s’être enquis de leur situation et qu’ils lui ont déclaré n’avoir subi aucune contrainte.

«Je me suis entretenu avec le commissaire responsable de la Direction des crimes économiques sur les raisons de l’interpellation de nos confrères. Il m’a confirmé qu’ils ne sont pas en état d’arrestation et qu’aucune charge ne pèse sur eux » a souligné le Président du SJM. Selon lui, le policier lui a expliqué que les confrères sont tout simplement entendus dans le cadre d’une enquête, que deux d’entre eux ont été libérés et que les deux autres le seront aussi dans les prochaines heures.

Cheikh Aïdara


UFOA 2017 : encore un Mali-Mauritanie à relent de revanche

Après avoir été éliminés par la Mauritanie aux portes du CHAN 2018 où ils se voyaient déjà propulsés, les Maliens devront de nouveau affronter les Mourabitounes pour les phases finales de la Coupe de l’UFOA prévues du 9 au 24 septembre prochain au Ghana.

Les Mourabitounes locaux (Crédit photo FFRIM)

Cette compétition concernera, comme pour le CHAN, les équipes nationales composées uniquement de joueurs locaux. Pour dire, que les poulains de Djibril Dramé (sélectionneur des Aigles du Mali) et les protégés de Corentin Martins (sélectionneur des Mourabitounes) croiseront de nouveau le fer, les uns pour se venger d’une défaite encore toute fraîche, les autres pour confirmer qu’ils ont définitivement vaincu le «signe indien malien».

En tout, 16 équipes en poule de 4, sont concernées pour cette première phase à élimination directe (un seul match sans aller-retour).

Les huit nations qualifiées seront à leur tour divisées en deux groupes de quatre et les premiers de chaque poule joueront les demi-finales aux termes desquelles les finalistes seront connues.

Il faut rappeler que la Coupe de l’UFOA est une compétition de football à deux niveau, la Coupe UFOA des Nations qui regroupe les équipes nationales des Locaux des 16 pays membres et la Coupe UFOA des Clubs qui regroupe les meilleurs clubs des championnats affiliés à l’Union des fédérations ouest-africaines de football qui ne sont pas qualifiés pour des compétitions de la Confédération africaine de football (CAF).

La Coupe UFOA des Clubs, aussi connue sous le nom de Coupe Général Eyadema, a été créée en 1977. La première équipe à avoir remporté le tournoi était le Stade d’Abidjan. Entre 2001 et 2008, la compétition a été interrompue et a repris en 2009. La dernière édition, celle de 2017 a été remportée par l’AS Tanda, un club ivoirien, devant l’US Gorée de Dakar, lors d’un mini-tournoi à 4, avec les Ghanéens de Wa All Stars et les Libériens de Barrack Young Controllers.

La Coupe UFOA des Nations a été reprise par l’UFOA en 1981, alors qu’elle s’appelait «Coupe d’Afrique de l’Ouest des Nations » plus connu sous le nom «Coupe CSSA des Nations » ou Coupe du Conseil Supérieur des Sports en Afrique, une ancienne compétition fondée en juin 1965 à Brazzaville. Abandonnée en 1987, elle reprendra cours en 2001 puis abandonnée de nouveau en phase finale suite aux évènements de Côte d’Ivoire qui l’abritait.

Invités à prendre part à la Coupe UFOA en 2013, les locaux de la Mauritanie avaient finalement désisté. La coupe a été remportée par les Super Stars du Ghana devant les Lions du Sénégal.

Le Ghana avait remporté toutes les coupes de l’UFOA en 1982, 1983, 1984 et 1986 devant le Togo, puis en 1987 devant le Libéria.

Cheikh Aïdara

TOUS LES GROUPES DE LA COUPE UFOA 2017

GROUP A

Ghana vs. The Gambia

Nigeria vs. Sierra Leone

Mali vs. Mauritania

Guinea vs. Guinea-Bissau 🇬🇼

GROUP B                   

Senegal vs. Liberia

Burkina Faso vs. Niger

Côte d’Ivoire vs. Togo

Benin vs. Cape Verde


CHAN 2018 Mali-Mauritanie : De la réserve malienne, personne n’en parle à Bamako !

Vingt-quatre heures après la cuisante défaite de son équipe nationale des Locaux face à la Mauritanie, le samedi 19 août 2017 lors du dernier match retour qualificatif au CHAN 2018 au Kenya, la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) avait porté réserve contre deux joueurs mauritaniens. Mais de cette réserve, aucun organe de presse malien n’en parle à Bamako.

le corps arbitral du match Mali-Mauritanie (Crédit photo : Maliweb)

Au Mali, aucun organe de presse ne parle de la réserve portée par la Femafoot contre la Mauritanie après le revers subi le samedi 19 août 2017 par son équipe nationale des Locaux, comme si le monde sportif malien a déjà tourné la page du CHAN, laissant à ses dirigeants en fin de mandat le plaisir d’un rêve.

La Femafoot espère désespérément gagner sur tapis vert, ce que ces internationaux locaux ont été incapables d’obtenir pendant 90 minutes sur la pelouse du Stade Modibo Keïta de Bamako. Une réserve d’autant plus chimérique que Dellahi et Palaye, visés par les dirigeants maliens, ont rompu leur contrat avec les Luthuaniens et évoluent actuellement au FC Nouadhibou, contrairement aux allégations des Maliens qui soutiennent qu’ils n’évoluent dans aucun club en Mauritanie.

Ce dont on parle avec intensité actuellement dans la presse malienne, c’est surtout de la prochaine Assemblée générale de la Fédération malienne de football prévue le 8 octobre prochain et le départ programmé de Boubacar Baba Diarra, l’actuel patron de la Femafoot, au profit de l’un de ses trois adversaires, Mamadou Touré dit Bavieux, Alassane Souleymane ou Salah Baby. L’inspecteur de police Boubacar Baba Diarra, compte-tenu de son bilan mitigé à la tête de la fédération, n’est pas en effet candidat à sa propre succession.

Du match Mali-Mauritanie couronné par le double exploit des protégés de Corentin Martins, «battre le Mali à domicile et se qualifier au CHAN », la presse malienne ne retient en fait que les incidents qui ont émaillé la rencontre et la défaillance des forces de sécurité. Les Maliens seraient ainsi réputés être de mauvais perdants car les mêmes débordements auraient également marqué la rencontre qui avait opposé le Mali au Ghana.

«Manque de compétence» et «médiocrité» ont été les termes utilisés par la presse malienne pour fustiger la Commission de sécurité dirigée par le Commandant Mohamed Samaké dit Mao. La gravité des évènements a atteint, selon les confrères maliens, un seuil inimaginable, «obligeant les joueurs adverses et le corps arbitral à passer la mi-temps sur la pelouse». Et de conclure que le Mali, en plus d’avoir perdu sa qualification au CHAN 2018 court le risque de sanctions sévères de la part de la Confédération africaine de football (CAF).

Cheikh Aïdara


CHAN 2018 : Les Mourabitounes seront à Nairobi

L’équipe nationale de Mauritanie des Locaux vient de réaliser ce soir, samedi 19 août 2017, un véritable exploit en battant le Mali sur le score de 1 but à 0 à Bamako. En remportant cette précieuse victoire comptant pour le 2ème et dernier tour qualificatif du CHAN 2018, les Mourabitounes s’offrent un ticket pour le Kenya.

Corentin Martins, l’homme qui a amené la Mauritanie à son 2ème CHAN (Crédit photo Lassana)

Pour une surprise, la victoire des Mourabitounes face aux Aiglons du Mali, par le score étriqué de 1 but à 0, en est bien une. L’équipe vice-championne du CHAN 2016 tombe ainsi, devant une équipe de Mauritanie dont les joueurs se sont donnés à fond pour assurer une deuxième qualification historique pour les phases finales du championnat africain des locaux.

Pourtant, tout le monde ou presque s’attendait à une qualification du Mali, notamment du côté de la presse à Bamako qui donnait pour acquis la victoire des protégés de Djibril Dramé, le sélectionneur malien, surtout après le nul 2-2 concédé lors de la manche aller à Nouakchott. Malgré cette quasi certitude des Maliens, le doute subsistait encore face à une équipe mauritanienne que leur sélectionneur avait décrit de grande nation «qui commence à revenir sur l’échiquier continental », donc à prendre très au sérieux.

Ainsi, en recevant les Mourabitounes locaux ce samedi 19 août 2017 à Bamako, les Maliens savaient que la tâche pour une deuxième qualification successive au CHAN 2018 au Kenya, après celui de 2016 où ils étaient allés jusqu’en finale,  ne serait pas chose aisée.

Les Mourabitounes le prouveront dès la 13ème minute, quand Palaye manqua d’ouvrir le compteur des buts en ratant le pénalty obtenu à cet instant critique du jeu. Le superbe arrêt du gardien de but malien, Djigui Diarra, allait ainsi enlever un énorme poids dans le cœur des supporters des Aiglons qui avaient pris d’assaut le mythique Stade Modibo Keïta, tôt dans l’après-midi.

Mais pour les Mourabitounes, ce n’était que partie remise, car à la 22ème minute et sur une belle introduction de Palaye, Karamoussa Traoré allait inscrire un but qui vaudra plus tard de l’or.

Pressé par leur public et l’anxiété d’une élimination qui se profilait à l’horizon, les Maliens devenaient nerveux aussi bien sur les gradins que dans l’aire de jeu. Jets de bouteilles et de projectiles blesseront un membre de l’encadrement mauritanien, avant d’obliger les joueurs à passer la mi-temps sur le terrain avec impossibilité de regagner les vestiaires.

Même à la reprise, les supporters maliens de plus en plus en colère redoubleront de violence, subjugués par la belle prestation des Mourabitounes et l’impossibilité pour leur redoutable attaque de trouver la moindre faille dans le mur défensif mis en place par l’entraîneur français Corentin Martins. Le match sera ainsi interrompu à plusieurs reprises, poussant l’arbitre central égyptien à menacer d’interrompre la rencontre et d’offrir la victoire aux Mourabitounes.

A la 40ème minute, Sékou Diarra, défenseur de l’équipe nationale malienne et du club «Onze créateur » du championnat local, se fait expulser après un coup de poing donné au buteur mauritanien, Karamoussa Traoré. Réduit à 10, les Maliens voyaient ainsi leur rêve d’une qualification s’évanouir.

Eliminés du CHAN 2016 par cette même équipe malienne, les Mauritaniens pouvaient ainsi savourer leur revanche et festoyer dans les vestiaires qui leur étaient devenus accessibles à la fin de la rencontre. Un lâcher qui fait le buzz sur la toile.

En qualifiant l’équipe de Mauritanieà son deuxième CHAN, Corentin Martins et son staff redorent ainsi leur blason après le nul de Nouakchott (2-2)  qui leur avait attiré les critiques d’un public mauritanien devenu de plus en plus exigeant face au niveau de performances de ses équipes nationales.

Après le CHAN 2014 où la Mauritanie avait accédé pour la première fois sous l’impulsion de Patrice Neveu, voilà que Corentin Martins offre à son tour aux Mourabitounes la possibilité de se hisser parmi les 14 meilleures nations africaines, pour une deuxième qualification historique.

Kenya 2018 ouvre ses bras à une équipe de Mauritanie que les autres regarderont de moins en moins avec hauteur. En sortant l’équipe vice-championne du CHAN 2016, les Mourabitounes savent désormais qu’ils ont un prestige à défendre et pour les battre, il faut savoir d’abord manger plusieurs aiglons.

Cheikh Aïdara


CHAN 2018 Mali-Mauritanie : Mission difficile pour Corentin Martins à Bamako

«Pour moi, la qualification se jouera en Mauritanie à condition qu’on arrive à faire un résultat positif lors de ce déplacement avant la manche retour chez nous à Bamako», déclarait le défenseur central des Aigles locaux du Mali, Hamet Marius Assoko avant la confrontation qui a opposé les deux équipes, le 12 août dernier, au Stade Cheikha Ould Boidya de Nouakchott. En arrachant le match nul lors de leur déplacement, 2 buts partout, les Maliens viennent ainsi de réaliser le résultat positif recherché. Un nul qui complique davantage les calculs du sélectionneur français des Mourabitounes, Corentin Martins, obligé d’arracher une victoire lors du match retour prévu le 19 août prochain au Stade Modibo Keïta de Bamako, l’antre de l’équipe malienne. Une mission difficile pour l’équipe mauritanienne qui a perdu 5 de ses meilleurs éléments, fraîchement engagés dans des clubs étrangers et qui doit faire face à une équipe malienne vice-championne du dernier CHAN 2016 et pétrie d’expériences de haut niveau.

Les Mourabitounes locaux (Crédit photo FFRIM-images d’archives)

Le raté de Nouakchott

Le public mauritanien s’attendait à une victoire à domicile face aux Aigles du Mali pour négocier avec sérénité le retour qualificatif prévu dans une semaine à Bamako, comptant pour le dernier tour du CHAN 2018 à Kenya. Aussi, avait-il répondu massivement le 12 août 2017, à l’appel de la Fédération mauritanienne de football qui avait lancé des sms pour soutenir l’équipe nationale des locaux. Jamais de mémoire de mauritanien, le Stade Cheikha Ould Boidya n’avait connu pareille affluence. Des centaines de spectateurs avaient pris d’assaut, dès les premières heures, le mythique stade de la Capitale, qui prend le relais du Stade Olympique en réfection. Un important dispositif de sécurité avait été ainsi mis en branle pour contenir la formidable foule qui avait envahi les gradins du stade ainsi que les pourtours grillagés.

Sous le sifflet du trio guinéen de la rencontre, le match a démarré sur les chapeaux de roue avec un but inscrit dès la 35ème seconde par l’attaquant malien Mandala Konté sur une monumentale erreur défensive. A la 11ème minute, les Mourabitounes bénéficient d’un pénalty transformé par Palaye qui remettait les deux équipes à égalité. Sept minutes plus tard, à la 18ème minute, Moussa Samba, à l’entrée de la surface de réparation malienne, doublait la mise pour les Mourabitounes, canonisant le gardien malien Djigui Diarra, d’une frappe qui alla mourir dans la lucarne gauche. Mais l’euphorie des Mauritaniens sera de courte durée, car il n’a fallu que quatre minutes à la redoutable attaque malienne pour revenir au score par l’entremise d’Aboubacar Diarra qui d’une belle reprise de volée sauva son équipe à la 22ème minute.

C’est sur ce score de 2 buts partout, et un début de match fou, que les deux équipes regagneront les vestiaires. Aucun but ne sera marqué lors de la seconde mi-temps malgré les nombreuses occasions de buts manquées de part et d’autres. Très physique, la fin de match sera marquée par plusieurs blessés dans les deux camps, obligeant les deux entraîneurs à épuiser leurs cartouches de remplaçants. Le sifflet final de l’arbitra laissa ainsi transparaître la profonde déception des Mauritaniens piégés par un nul qui rend leur qualification encore plus difficile.

Banc des journalistes (Crédit Photo ; Lassana)

Conférence d’après-match

Pour l’entraîneur malien, Djibril Dramé, lors de sa déclaration en conférence d’après-match, «on allait assister à un superbe match n’eût été l’arbitrage catastrophique du trio guinéen ». Et d’asséner, «je n’ai jamais vu, durant toute ma carrière, un arbitrage aussi mauvais», accusant le trio arbitral guinéen d’avoir pris fais et partie pour la Mauritanie. Il s’est dit cependant impressionné par le progrès accompli par le football mauritanien, soulignant que dans dix ans, «il sera difficile de battre la Mauritanie», mettant l’accent sur l’excellet travail à la base qui est en train d’être mené.

Pour Corentin Martins, «il nous a fallu affronter une équipe malienne, avec un effectif handicapé par le départ de cinq parmi ses meilleurs joueurs qui ont signé des contrats professionnels avec des équipes à l’étranger, ce qui les met hors sélection locale». Corentin Martins était visiblement en mauvaise humeur, vu que pour la deuxième année consécutive, son contrat avec la FFRIM est sérieusement menacé avec cet autre échec qui se dessine pour une qualification au CHAN. Et face à la même équipe malienne dont il n’est pas parvenu à déchiffrer le talisman. D’où le scandale provoqué par sa sortie malencontreuse contre le confrère Thiam Mamadou du journal «Le Calame», lequel en parlant de «piètre performance des Mourabitounes » lui a arraché cette réplique «vous êtes Mauritanien ?». Ce qui provoqua un échange salé pimenté entre l’entraîneur français et certains journalistes qui sortirent de la salle de conférence en solidarité avec leur confrère. Une fin de conférence qui en dit long sur l’état d’esprit du sélectionneur national, déjà en bute à une équation kamikaze : «comment arracher une qualification dans moins d’une semaine à Bamako ?».

Cheikh Aïdara