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Référendum constitutionnel du 5 août 2017 : lecture sur le nouveau texte

Le référendum constitutionnel qui vient de s’achever avec les chiffres publiés par la Commission électorale nationale indépendante, nonobstant le refus de l’opposition d’en reconnaître les résultats, donne une nouvelle constitution. L’écrasante majorité des électeurs, de l’électeur lambda, aux cadres, leaders politiques, de la majorité comme de l’opposition, en ignoraient pourtant tous les contours avant le vote. Les confrontations ont porté essentiellement sur deux points : le changement du drapeau et la suppression du Sénat. Pourtant, 29 articles ont été touchés par la révision constitutionnelle qui ont porté pour certains, sur des sujets aussi importants.

Les 7 sages de la CENI au moment de la proclamation des résulats (Crédit photo AMI)

Ainsi, la révision a porté sur tous les articles où le mot «Sénat » a été mentionné et des articles entiers ont même être supprimés. Il s’agit des articles 29, 31, 39, 48, 50, 51, 54, 61, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 75, 79, 84, 92, 93, 99.

Parmi les modifications abordées, celle relative à l’incapacité définitive du Président de la République (article 40 nouveau) qui prévoit son remplacement par le président de l’Assemblée nationale, et en cas d’incapacité de ce dernier, par le président de la Cour constitutionnelle. Dans l’ancien article 40 de la Constitution de 1991, seul le président du Sénat pouvait assurer l’intérim du président de la République en cas d’incapacité définitive.

Une contradiction cependant dans ce nouvel article. Si dans l’alinéa 3 de cet article il est stipulé que «le président par intérim ne peut pas mettre fin au mandat du gouvernement intérimaire, ni consulter le peuple par voie référendaire, ni dissoudre le parlement », il est stipulé dans l’alinéa 7 qu’il est «impossible d’introduire une quelconque modification de la Constitution que par la voie référendaire ou par la voie parlementaire durant l’intérim » du président de la République».

Dans l’article 41 nouveau, la Cour constitutionnelle est saisie de l’incapacité définitive du Président de la République par le Président de la République lui-même ou par le Premier ministre. Le président de l’Assemblée nationale perd cet attribut qui lui était délégué dans la Constitution de 1991.

L’article 46 nouveau consacre la suppression du Sénat et l’institution de l’Assemblée nationale comme unique chambre du Parlement.

Le nouvel article 81 donne au Président de la République le choix de désigner 5 membres sur les 9 composant la Cour constitutionnelle et parmi ces 5 membres, 1 doit être désigné par le Chef de fil de l’opposition démocratique. Le Premier ministre choisit 1 membre et le Président de l’Assemblée nationale 3 membres, dont 1 sur proposition du deuxième parti de l’opposition le plus représenté au sein de la chambre. Cet article fixe le nombre des membres de la Cour constitutionnelle à 9 membres désignés pour 9 ans avec le renouvellement du tiers tous les trois ans.

Cet article a connu une modification lors du référendum de 2012 qui a porté le nombre des membres du Conseil constitutionnel de 6 (Constitution de 1991) à 9 membres. Le Président de la République en désignait 3,  le Président de l’Assemblée Nationale 2 et le Président du Sénat 1. La nouveauté dans le nouvel article, c’est la part qui est réservée à l’opposition qui dispose désormais de 2 membres au sein du Conseil constitutionnel.

L’article 86 nouveau exige que tous les projets de loi ainsi que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale soient soumis à l’approbation de la Cour constitutionnelle pour en contrôler la constitutionnalité avant leur adoption.

L’article 94 nouveau est relatif au regroupement du Haut-Conseil Islamique et du Médiateur de la République au sein du Haut-Conseil de la Fatwa et des Recours Gracieux, qui sera composé de 9 membres choisis pour 4 ans renouvelables une seule fois, avec les missions consultatives qui lui sont assignées.

L’article 95 nouveau et l’article 96 nouveau sont relatifs au Conseil économique, social et environnemental. La nouveauté ici est l’introduction du volet environnement dans les prérogatives du conseil qui reste une instance consultative à la disposition du Président de la République.

L’article 98 nouveau introduit les Conseils régionaux comme nouvelle dimension dans la décentralisation dont les contours seront définis par la loi. Ainsi, les régions seront dirigées par des conseils élus au suffrage universel et disposeront d’une indépendance de gestion.

Mais contrairement aux autres institutions vouées à la disparition ou à modification, comme la Cour constitutionnelle, le Haut Conseil islamique ou le Médiateur de la République qui disposent encore d’un délai de fonctionnement jusqu’à l’entrée en vigueur du nouvel organigramme qui les concernent, seul le Sénat semble être exclu de ce temps de grâce, dans la mesure où il est stipulé dans l’article 7 que toutes ses instances et ses dossiers doivent être reversés à l’Assemblée nationale. Les sénateurs semblent même empêchés de regagner leur chambre consacrant ainsi leur suppression de facto, avant même la mise en place des nouvelles dispositions nées des nouveaux changements.

Bien entendu, il y a l’article 8 nouveau qui consacre le drapeau vert avec croissant et étoile dorés, et deux bandes rouges horizontales

Le référendum de 2006

Il faut rappeler que la Constitution de 1991 a connu trois modifications. La première en 2006, après le coup d’Etat contre Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya et la transition démocratique qui l’avait suivie. En effet, le référendum constitutionnel organisé en 2006 avait touché 5 articles, notamment les articles relatifs au mandat du Président de la République qui passe de 6 (sans limitation) à 5 ans renouvelables une seule fois (article 26) ainsi que la limitation de l’âge pour la candidature à la Présidence de la République fixée entre 40 et 75 ans, alors que cet âge n’avait pas un maximum dans la Constitution de 1991.
En 2006, il a été décidé également que le Président de la République ne doit pas diriger un parti politique (article 27) et qu’il ne peut pas se présenter au-delà de deux mandats (article 28) avec un serment (article 29) qui lui interdit de prendre une quelconque initiative ou d’en soutenir une, relative au changement de la durée et du nombre de ses mandats conformément aux articles 26 et 28.
Autre article qui a été modifié en 2006, l’article 99 qui venait fermer définitivement toute tentative de modifier les articles relatifs au mandat du président de la République, sa durée et sa limitation à deux mandats.

Le référendum de 2012

Un autre référendum constitutionnel a été organisé en 2012 et avait touché plus d’une dizaine d’articles et le Préambule.

Ainsi, dans le Préambule modifié de la Constitution de 2012, la diversité culturelle de la Mauritanie a été consacrée, ainsi que l’Arabe comme langue officielle, le Soninké, le Pulaar et le Wolof comme langues nationales.

L’article 3 consacre l’interdiction des coups d’Etats considérés comme crimes imprescriptibles.

L’article 4 introduit la dimension genre dans l’accès aux postes de responsabilités et aux postes électifs avec les mêmes chances pour les hommes et pour les femmes.

L’article 13 élève l’esclavage, la torture, les traitements inhumains et dégradants au rang de crimes contre l’humanité. Il consacre aussi la protection des individus contre les arrestations arbitraires et garantit leur vie privée et leurs communications personnelles, comme l’inviolabilité de leur domicile.

L’article 19 introduit la dimension protection de l’environnement dans les devoirs qui incombent aux citoyens dans leur participation au développement durable.

L’article 42 rend le Premier ministre responsable devant le Parlement du travail gouvernemental à travers la présentation de sa Politique générale.

L’article 52 consacre le changement des sessions ordinaires du Parlement, avec une première session qui s’ouvre le premier jour ouvrable du mois d’octobre (et non plus en septembre) et une deuxième session le premier jour ouvrable du mois d’avril (et non plus en mai). Chaque session dure quatre mois et non deux mois (Constitution de 1991).

L’article 68 est relatif à la Loi des Finances qui doit être examiné d’abord par l’Assemblée nationale dans un délai de 45 jours, et au cas où l’Assemblée nationale ne se prononce pas dans les délais, le texte est transféré au Sénat qui doit l’approuver dans un délai de 15 jours.

Les autres articles 81, 89, 96 et 97 sont relatifs à la composition de la Cour constitutionnelle, le conseil économique et social et la Commission nationale pour les droits de l’homme.

Cheikh Aïdara


L’après-référendum : faible résistance des «béni non-non », troisième mandat et IIIème Reich

Mohamed Abdel Aziz a réussi son test. Malgré les fraudes massives, le référendum est passé. Finalement, le camp du refus a vite abdiqué, désertant le champ de la bataille contestataire. Un test grandeur nature qui lui vaut d’envisager 2019 avec sérénité. Ce qui peut permettre à Mohamed Lemine Cheikh, porte-parole du gouvernement, de déclarer avec suffisance, lors du point de presse hebdomadaire du jeudi 10 août 2017, que «Mohamed Abdel Aziz n’a pas dit qu’il ne briguera pas un 3ème mandat, ni qu’il quittera le pouvoir en 2019 ou en 2030. Le peuple tient encore à lui !». Ce qui augure d’une IIIème République dont les prémisses se dessinent déjà. Une implacable dictature qui ne compte plus se couvrir de gant. Le IIIème Reich est né, avec l’idéologie en moins.

Les rôles semblent bien partagés entre un  Aziz qui miroite un départ en 2019 et son porte-parole qui dit le contraire. «Un autre président viendra après moi et les problèmes subsisteront» disait-il lors de sa visite à la Fédération mauritanienne de football. Le lendemain, son ministre porte-parole commentant les résultats du conseil des ministres d’interpréter les paroles du maître. «Le président n’a pas dit qu’il renonce au 3ème mandat. Le peuple tient encore à lui », soutiendra-t-il, comme pour freiner le flux d’enthousiasme qui commençait à fleurir sur les réseaux sociaux à l’idée que Mohamed Abdel Aziz allait partir à la fin de son mandat.

Finalement, le référendum constitutionnel n’était qu’un test grandeur nature. D’abord, démontrer qu’on peut torpiller la Constitution sans que le ciel ne tombe sur nos têtes. Ensuite, que l’on peut casser de l’opposant dans les rues, brimer des leaders politiques, traîner des femmes, emprisonner des jeunes, embastiller des sénateurs, mettre une croix sur la démocratie et sur toutes les conventions internationales ratifiés sans s’attirer une quelconque foudre de la part de la communauté internationale.

Enfin, c’est bien possible de passer sur le bien vouloir de toute une nation et de pousser la provocation à son summum en procédant aux pires fraudes qui puissent être imaginées dans un scrutin. Du bourrage des urnes au vote des enfants, de celui des morts à celui des absents, de la mobilisation des tribus et des entités ethniques, de la caporalisation de l’administration publique et de ses fonctionnaires, de la coercition sur le privé et sur la société civile avec forces menaces et pressions, le vote ou le chômage ou les représailles économiques. Peu ont pu résister. Et pour couronner le tout, la certitude d’obtenir le quitus d’une CENI mise au pas et d’une Cour constitutionnelle acquise.

Passer en force en 2019 pour un 3ème mandat n’est finalement plus qu’un jeu d’enfant. En définitive, cela ne dépend que de Mohamed Abdel Aziz. Car, en face, la combativité du camp adverse pour défendre une quelconque cause, semble tellement dérisoire. Les Mauritaniens ne sont pas encore prêts à mourir pour un idéal. Le peuple ? La fraude pourra bien le suppléer. Il est tellement facile qu’une poignée d’électeurs vote pour la majorité et qu’on fasse voter même les diables.

Le règne de la terreur vient ainsi parachever un processus de containment qui ne se pare plus de simagrées. Les opposants à l’installation du IIIème Reich sont tout simplement embastillés. Trois ans pour un jet de chaussures qui a raté de peu le ministre des Finances lors de la campagne référendaire. Arrestations tous azimuts dans plusieurs villes de jeunes manifestants qui ont osé brandir le «Non » lors des meetings. Chasse aux sénateurs réfractaires. Bastonnades de leaders politiques sur la place publique lors de marches de protestations matées avec une violence inouïe. Persécution du Sénateur Ould Ghadde embarqué par la Police politique à vingt-deux heures de son domicile, quelques heures après sa libération à Rosso où il fut empêché de poursuivre un voyage sanitaire à Dakar. Une énième arrestation après un procès politique. Une véritable hargne contre ce parlementaire qui a juré de divulguer des secrets touchant à la fortune du Président Mohamed Abdel Aziz et son entourage.

Que reste-t-il aux opposants mauritaniens ? La résignation ou l’exil ? La capitulation face au fait accompli ? Le sacrifice suprême pour défendre un idéal de plus en plus sulfureux ? Les choix sont ouverts.

Cheikh Aïdara


Visite à la FFRIM : Premier commentaire d’Aziz sur le référendum constitutionnel

Déçus par les politiques ? En tout cas, la première déclaration du président Mohamed Ould Abdel Aziz après la proclamation des résultats du scrutin du référendum constitutionnel du 5 août 2017, c’est à la Fédération mauritanienne de football (FRIM) qu’il l’a faite ce mercredi 9 août.

Aziz saluant l’équipe nationale des Locaux (Crédit photo FFRIM)

La visite que le président Mohamed Abdel Aziz a effectué le mercredi 9 août 2017, quatre jours après la proclamation des résultats très contestés du référendum constitutionnel, en dit long sur son amertume par rapport à ses hommes politiques sur qui il avait beaucoup compté pour une victoire «propre » du OUI. Ce qui fut loin d’avoir été le cas, avec ces résultats entachés d’irrégularité, et il en a eu le cœur net. En se rendant à son bureau de vote, à la Direction du Patrimoine, il est tombé des nues. Aucune file d’attente d’électeurs, comme il en avait l’habitude. Selon un proche du cercle du pouvoir, il se serait rendu incognito lui-même dans plusieurs centres pour constater que les Nouakchottois n’étaient pas sortis pour le plébiscite.

Mais en politique comme en politique, Aziz a saisi au bond les résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui lui offre un taux de participation assez confortable, 53%, mieux que ce qui se fait dans la sous-région et même au-delà, dira-t-il. «Il y aura toujours des choses qui manquent mais nous avançons et ça l’opposition ne va jamais l’admettre » a-t-il lancé, soulignant qu’il se peut qu’il ne soit «plus là pour parachever l’œuvre de développement économique et social qu’il a entamé, mais d’autres besoins surgiront sans aucun doute et dont nous ne soupçonnons pas maintenant l’existence».

Aziz saluant le président de la FFRIM (Crédit photo : FFRIM)

Allez faire cette déclaration à la fédération mauritanienne de football, ce n’est non seulement pas, selon une certaine analyse, lutter contre la colère qui le ronge en visitant la seule réalisation dont il peut s’enorgueillir pour avoir apporté des résultats tangibles à la Nation durant son mandat tout en rendant hommage au bureau fédéral et à son jeune président Ahmed Ould Yahya, mais c’est quelque part aussi remercier ce monde sportif qui a été le seul à avoir organisé un meeting de soutien digne de ce nom. Dixit, la célèbre manifestation organisée par Moussa Ould Khaïry, 1ère Vice-président de la FFRIM, pour le compte du Secrétariat exécutif de l’UPR chargé de la promotion du Sport, dont il est le vice-président, et qui a connu un réel succès.

Aziz saluant le 1er Vice-président de la FFRIM (Crédit photo : FFRIM)

C’est peut-être un signe avant-coureur de la grande lessive qui marquera certainement la prochaine rentrée politique après l’épreuve de passage que fut le scrutin du 5 août dernier. Mohamed Abdel Aziz lance ainsi un signal sportif fort à son entourage en appliquant à la politique une sentence bien connue dans le milieu footbalistique. Une équipe qui perd, on la change.

Les étapes de la visite

Dans un communiqué de presse diffusée par le service communication de la FFRIM, Mohamed Abdel Aziz a été accueilli à son arrivée par le Président de la FFRIM, Ahmed Yahya, et les membres du Comité Exécutif en présence du ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ould Jibril, et quelques journalistes, La visite guidée a commencé par le bloc principal, où il a suivi les explications détaillées du patron de l’instance faîtière du football mauritanien sur le mécanisme de fonctionnement des différents départements, des réalisations et projets, avant de passer par le bloc secondaire, l’Académie Nationale et le studio de production audiovisuelle.

Aziz suivant les explications des encadreurs de l’Académie (Crédit photo : FFRIM)

Le Chef de l’État a eu l’occasion de constater les remarquables avancées qu’a connues ces dernières années la FFRIM en matière d’installations sportives. La visite s’est terminée sur les nouvelles pelouses synthétiques du siège de la FFRIM, fruit d’un appui de la FIFA où il a d’abord rencontré les jeunes pensionnaires de l’Académie Nationale – dont l’inauguration officielle est prévue pour le mois de septembre prochain – et ensuite le staff et les joueurs de la sélection nationale locale, qui prépare sa double confrontation avec le Mali dans le cadre des éliminatoires du CHAN 2018.

À travers cette première visite historique au siège de la Fédération mauritanienne de football, Mohamed Ould Abdel Aziz démontre remarquablement l’importance qu’il ne cesse d’accorder au sport en général et au football en particulier, selon le communiqué.

Cheikh Aïdara


Le Sénat mauritanien : derniers barouds d’honneur !

Héros pour l’opposition républicaine depuis qu’ils ont constitutionnellement mis fin au projet de loi sur les amendements qui prévoyaient entre autres la suppression de leur chambre, renégats et sacs à corruption pour le régime qui les accuse d’être à la solde de puissances étrangères, les Sénateurs frondeurs mauritaniens ont entamé depuis plusieurs mois leurs derniers barouds d’honneur.

Les sénateurs lors d’une visite que leur a rendu le leader abolitionniste Birame Dah Abeid (Photo crédit IRA)

Mise sur pied d’une Commission d’enquête sur les malversations supposées de l’Exécutif, attaques frontales contre l’institution de la Présidence de la République et contre des membres du gouvernement, lettres à l’adresse de la Cour constitutionnelle pour quérir son avis sur l’irrégularité d’une consultation populaire illégale et anticonstitutionnelle et re-lettes à la Commission électorale nationale indépendante pour attirer son attention sur l’irrégularité du processus électoral qu’elle allait superviser.

Et quand tous les moyens légaux de recours se heurtèrent à la surdité de ceux censés faire respecter la législation, les Sénateurs se barricadèrent dans leur Pinacle, dans un geste suicidaire de désespoir.

Pendant près de cinq jours, ils vécurent reclus dans l’hémicycle de la Chambre Haute du Parlement. Ils étaient une dizaine de sénateurs frondeurs environ, dont quelques femmes. Pendant des jours et des nuits, ils résistèrent à la faim, à la soif, au manque de médicament et de sommeil, livrés à l’obscurité et à la morsure des moustiques, entourés par une armada policière qui empêchait tout ravitaillement. L’extrême sacrifice aurait été de s’immoler collectivement dans leur dernier sanctuaire ou de se faire ensevelir sous les décombres de leur antique chambre, le jour où Aziz, conforté par la victoire du « OUI », décidera de raser la vieille bâtisse comme ses partisans le laissent entendre.  Ce suprême sacrifice aurait certainement déclenché la révolution populaire qui allait emporter l’un des derniers régimes militaires qui sévit encore dans la région ouest-africaine. Mais le peuple mauritanien mérite-t-il un tel hara-kiri collectif, lui qui n’a même pas daigné s’émouvoir du sort des Sénateurs en barricade ? Où sont ces foules qui se sont déversés devant le Sénat pour exiger la levée du blocus qui leur était imposé ? Le peuple est-il même conscient de la valeur des symboles pour lesquels les sénateurs étaient prêts à se sacrifier ?

De l’autre côté, des questions se posent. Pourquoi les Sénateurs ne se sont souciés de la légalité constitutionnelle que lorsque la suppression de leur chambre a été décidée ? N’est-ce pas les mêmes sénateurs qui avaient soutenu la fronde de 2008 qui permit la destitution d’un président démocratiquement élu, Sidi Mohamed Cheikh Abdallahi ? N’ont-ils pas été accusés à l’époque d’être à la solde des généraux lorsqu’ils installèrent la crise politique qui entraîna la fragilité du pouvoir civil naissant ? Ne sont-ils pas artisans de ce coup d’Etat du 6 août 2008 qui permit à Mohamed Abdel Aziz de prendre les rênes du pouvoir mauritanien ? Ce dernier n’a-t-il pas lui aussi pris le malin plaisir de choisir justement la date du 6 août 2017 pour les liquider ?  Finalement, entre Aziz et les Sénateurs, ne serait-ce pas un simple règlement de vieux comptes personnels, dont eux-seuls détiennent le secret ?

En définitive, le peuple mauritanien n’est-il pas le dindon d’une farce politique dont le scénario serait tissé depuis les manoirs obscurs du BASEP, lieu où le général Aziz faisait toutes ses intrigues ?

Ce qui est sûr, c’est que les Sénateurs frondeurs sont entrés dans l’histoire politique de la Mauritanie. Mais dans quel sens ? Seule la suite de cette histoire qui s’écrit encore et dont l’encre de l’épilogue ne s’est pas encore desséchée, pourra le dire un jour.

Cheikh Aidara


Scrutin du 5 août 2017 : reportage dans quelques bureaux de vote

L’affluence était très faible le matin du 5 août 2017 dans les bureaux de vote d’une manière générale sur l’ensemble du territoire national. A Nouakchott, les premières tendances du scrutin pour le référendum constitutionnel, objet d’un rude challenge entre le pouvoir de Mohamed Abdel Aziz et l’opposition radicale, oscillaient entre 10 et 20% jusqu’à 15 heures. Au boycott actif de l’opposition, le régime devait réussir le pari de la participation. Voilà tout l’enjeu de ce vote où chaque localité, chaque région et chaque ville de la Mauritanie, avait mobilisé ses administrateurs, ses élus, ses cadres, ses notabilités et ses hommes d’affaires pour la victoire impérieuse du «OUI » pour que l’après-5 août ne se traduise pas en sanctions exemplaires.

Bureau 24 de l’école Khattri (Crédit photo Aidara)

Dans l’après-midi, l’affluence s’est accrue. Les barons du parti et les proches du président Mohamed Abdel Aziz comme son neveu Feïl Ould Lahah, s’étaient déployés dans les bureaux de vote, alertés par les faibles taux de participation. Beaucoup d’électeurs ont été cueillis à domicile, transportés par  bus entiers, pour être déversés dans certains bureaux de vote, comme le Centre de Tensweilim 1Feïl était particulièrement actif.

Entre 16 h 48 et 19 heures, plusieurs bureaux ont été visités. Au Lycée de Dar Naïm, le taux de participation était aux alentours de 24% dans les deux bureaux du lycée.  Les deux représentants, celui de l’UPR, Ahmed Salem Khtour et celui de l’APP, Mohamed Jedou se tournaient les pouces, sous la faible alliance de l’après-midi.

Au Lycée de Toujounine 1, une dizaine de PIck-Up bourrées de gendarmes en tenue de combat s’alignait devant une demi-douzaine de bus déglinguées et vides. Leurs paquets humains étaient en train de voter. Aux alentours, des foules repoussées par les militaires en faction qui ne laissaient passer que les votants. Dans l’un des bureaux visités, un  représentant de l’UPR et un autre du parti Ribat Watani. Taux de participation, 33% environ, lâche la présidente du bureau. Dans le bureau voisin, le taux est un peu plus important, 41% selon sa présidente, Aïchetou Ly.

A Arafat, notamment au bureau 24 de l’école Khattri ainsi que dans le bureau voisin, les taux de participation, à deux heures de la fermeture des bureaux tournaient aux alentours de 26%. Les représentants de l’UPR, de la Convergence nationale démocratique et de l’APP ont déclaré que le scrutin se déroulait jusque-là sans aucune incidence.

C’est à l’école Houceine à Arafat, où une présidente de bureau a refusé catégoriquement de faciliter le travail aux journalistes, poussant un confrère à lui faire la remarque que «peut-être la faible affluence notée dans son bureau la pousse à l’aigreur ». Dans le bureau suivant, interdiction fut faite de toute prise d’image. Des instructions qui seraient venues de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui paradoxalement accrédite des journalistes pour la couverture du scrutin et refuse toute preuve matérielle (par l’image) de son déroulé.

Retour à l’école de Tensweilim 1. Feïl Ould Lahah est toujours là, téléphone aux tympans entouré d’une demi-douzaine de collaborateurs. A l’instant où les gendarmes fermaient les portes du centre, il quitta les lieux. Les dépouillements des urnes eurent lieu à «guichet fermé ».

Cheikh Aïdara


Birame Dah Abeid : «Je prends à témoin l’opinion publique sur la persécution dont je suis l’objet, moi et ma famille»

Le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid,  a animé samedi 5 août 2017 une conférence de presse au cours de laquelle il est revenu sur les persécutions dont il se dit être victime, ainsi que sur le référendum constitutionnel dont le scrutin venait de s’ouvrir.

«Perturbés à leur âge par le traumatisme causé par les nombreuses incursions musclées des forces de l’ordre dans le domicile parental, mes enfants sont menacés d’apatride, car les autorités de l’état-civil en Mauritanie leur ont refusé le passeport, sous prétexte que celui de leur père va expirer dans six mois et ne sera point renouvelé ».», a déclaré le leader abolitionniste, Birame Dah Abeid. C’est le message fort, émouvant et poignant, sorti dans la substance d’une conférence de presse qu’il a animée samedi 5 août 2017. Le leader de l’IRA, qui déclare être persécuté à cause de sa «lutte intransigeante contre l’esclavage, le racisme et la discrimination qui frappe les négro-africains et les harratines en Mauritanie», prend ainsi à témoin l’opinion publique nationale et internationale.

Priver Birame du droit de circuler et le mettre sur écoute

«Me priver de voyage en me privant de mon passeport après son expiration, c’est le combat de tous les Mauritaniens et de tous les hommes épris de justice » a souligné Birame, précisant qu’en essayant de le priver de documents de voyage, le régime mauritanien risque de se mettre à dos la communauté internationale, car parmi les conventions que la Mauritanie a ratifiées, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 qui garantit en son article 13, «la liberté de circuler », une déclaration à laquelle se réfère d’ailleurs la Constitution mauritanienne dans son Préambule et qui reprend ce principe en son article 10.

Birame se plaint également de la mise sur écoute de ses communications. Pour preuve, il cite l’incident de la confiscation de son passeport à Rosso. C’est en suivant une communication où il disait à un proche qu’il lui envoyait son passeport avec un dénommé Sid’Ahmed, afin qu’il entame pour lui les démarches pour son pèlerinage à la Mecque, que ce Sid’Ahmed a été intercepté à Rosso par la police avec  le passeport en question. Alors que le document était transmis au Directeur général de la Sûreté Nationale, le Général Ould Meguett, le jeune Sid’Ahmed aurait subi six heures d’interrogatoire sur l’adresse de Birame et sa famille à Dakar, ainsi que d’autres questions sur ses  éventuels visiteurs, en particulier s’il recevait la visite de l’homme d’affaires et opposant mauritanien en exil au Maroc, Mohamed Ould Bouamatou, ou s’il recevait la visite de quelques officiels sénégalais.

Un poste de police pour surveiller sa maison

Birame se plaint surtout d’être sous la surveillance des Renseignements généraux. «Ils ont mis un poste de police à côté de mon domicile, pour surveiller ceux qui entrent et sortent de chez moi » informe-t-il, précisant que «des indics en civile se mêlent aussi aux citoyens qui lui rendent visite à son domicile, puis vont ensuite faire leur rapport sur ce qu’ils ont vu et entendu ».

Cette pression ininterrompue sur sa vie privée, ajoutée aux incursions de la police chez lui, les jets de gaz lacrymogène contre les foules qui l’accueillent à chaque retour de voyage, les asphyxies qui s’en suivent au sein de sa famille, de ses enfants et de ses voisins, l’avaient poussé dira-t-il, à offrir à sa famille des vacances à Dakar pour leur permettre d’obtenir un peu de répit et de vivre quelques temps, une vie de famille apaisée.

Birame s’en est ainsi pris au régime de Mohamed Abel Aziz, «un régime qui est bâti sur le mensonge, la dilapidation  des richesses nationales et la régression des valeurs ».

L’emprise de l’extrême droite esclavagiste

Pour Birame Dah Abeid, «les pseudos résistants dont le régime veut rehausser l’image au rang de martyrs ne sont en fait que des bandes de pillards et de coupeurs de route qui vivaient de razzias, de guerres tribales, d’esclavage et de désordre, inspirant à ce territoire qui n’avait pas encore de nom, celui de «Bilad Seyba » ou le bled du laisser-aller ». Selon lui, s’il y a des résistants qu’il vaille de saluer la mémoire, ce serait plutôt, des patriotes comme Baba Ould Cheikh Sidya qui a émis une fatwa qui rendait l’occupation coloniale française, malgré ses tares, un moindre mal par rapport à la situation qui prévalait. Selon lui, «grâce à la colonisation française, les bandes de pillards dont on veut saluer aujourd’hui la mémoire comme résistants, avaient été assagis, l’ordre rétabli, la sécurité installée, et les fondements d’un Etat balisés, pour donner lieu à ce qui est aujourd’hui la Mauritanie ». Ce retour à la résistance, n’est d’après lui qu’une tentative de «s’inventer  une résistance qui n’est que le sceau d’un régime dominé par l’extrême droite nostalgique du système esclavagiste et raciste qui était en cours avant la pénétration coloniale ».

Un coup d’état constitutionnel

Revenant sur le scrutin pour le référendum constitutionnel qui se déroulait au moment de sa conférence, Birame a déclaré que ce scrutin était illégal dans la mesure où le processus référendaire a été stoppé net par le Sénat qui y avait mis fin. «Ce qui se passe actuellement, c’est un coup d’état constitutionnel que le peuple mauritanien a déjà rejeté en boycottant le scrutin ».
Selon lui, le régime de Mohamed Abdel Aziz vit ses dernières heures. «Le peuple mauritanien n’est plus disposé à le laisser poursuivre son œuvre de destruction » a-t-il martelé.

Cheikh Aïdara


Conférence de presse de Birame Dah Abeid : «Il est plus facile pour Mohamed Abdel Aziz de devenir Roi de l’Arabie Saoudite que Président de la Mauritanie après 2019»

Au cours d’une conférence de presse animée dimanche 30 juillet 2017 à son domicile à Riadh (P.K 10), le leader du mouvement abolitionniste IRA, Birame Dah Abeid, a déclaré que «Mohamed Abdel Aziz devra passer sur nos corps pour briguer un 3ème mandat » et qu’il lui est plus facile de devenir «Roi d’Arabie Saoudite que Président de la Mauritanie après 2019».

Birame (en costume) à sa droite le sénateur Sylla et le Faqih El Mehdi (Crédit Photo Aidara)

Revenu d’un long périple américain et européen, Birame Dah Abeid, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) a déclaré au cours d’une conférence de presse le dimanche 30 juillet 2017, que le front de refus constitué par son mouvement et les forces de l’opposition barrera la route, dans les règles démocratiques et légales, au «coup d’état constitutionnel que le général Mohamed Abdel Aziz veut perpétrer en Mauritanie». Il a demandé au régime en place et à ses soutiens que le peuple mauritanien ne veut pas d’un 3ème mandat du président Aziz et qu’il ne leur permettra pas de «poursuivre le pillage des richesses du pays et sa conduite vers le chaos».

A l’entame de la conférence, Birame Dah Abeid, avait rendu un vibrant hommage aux deux détenus du mouvement qui croupissent dans les geôles de Bir Moghreïn (plus de 1.000 Km de Nouakchott), Moussa Birame et Abdallahi Maatalla, indiquant que leur cause est aujourd’hui soutenue par les plus grandes ONG de défense des droits de l’homme du monde.

Il a estimé au cours de son intervention que les forces politiques, dans ces circonstances graves que traverse la nation mauritanienne, doivent capitaliser le combat mené par le mouvement IRA durant toutes ses années, estimant cependant que certains parmi les leaders de cette opposition ne sont pas encore assez à la hauteur pour appréhender le rôle joué jusque-là par son mouvement sur le terrain de la revendication sociale.

Répondant à une question sur l’histoire de son passeport confisqué, il dira avoir eu conscience que les autorités mauritaniennes tenteront de l’empêcher de voyager après avoir échoué à décapiter le mouvement IRA , via les multitudes de taupes introduits à son sein et malgré les nombreux complots tous couronnés d’échec. Son passeport lui a été remis, dira-t-il, mais pas celui de ses enfants que les autorités refusent d’établir depuis cinq mois. «Sachant que mon passeport va expirer dans les premiers mois de l’année 2018, ils ont préféré ne pas créer un grand tollé, et attendent qu’il meurt de sa mort naturelle avec l’intention de ne pas le renouveler » a-t-il souligné.

Dizaines de militants d’IRA
Crésdit photo Aidara)

De son côté le sénateur Youssouf Sylla a déclaré que la guerre menée actuellement par Mohamed Abdel Aziz contre le Sénat vise essentiellement à éliminer une cour qui l’a jusque-là empêché d’avoir les coudées franches pour puiser comme il le veut dans le budget de l’Etat. «Mais ils se connaissent bien lui et les Sénateurs qui l’avaient aidé à prendre le pouvoir contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi et de la même manière qu’il les combat aujourd’hui, ils lui rendront la pareille » a-t-il martelé.

Plusieurs dizaines de militants avaient assisté à la conférence de presse, qui a été ponctuée par une intervention du Faqih El Mehdi, qui a apporté des éclairages religieux sur les dérapages qui ponctuent la campagne électorale menée tambour battant par le régime en place.

La veille, Birame Dah Abeid avait conduit une marche sur 4 kilomètres, du Carrefour Bamako au PK.7. En plus d’une impressionnante foule qui grossissait au fur et à mesure de sa progression, plusieurs leaders de partis politiques, comme Moussa Fall, Diabira, Ould Horma et quelques représentants du parti Sawab, l’avaient accompagné lors de cette marche, l’une des rares à n’avoir pas subi la répression de la police, comme celle organisée concomitamment dans le département de Toujounine et qui a été violemment réprimée et dispersée après avoir  été autorisée. Plusieurs chefs de partis politiques s’y trouvaient, dont le leader historique de l’opposition mauritanienne, Ahmed Daddah du RFD, mais aussi Salah Hanana du parti Hatem et Mohamed Maouloud de l’UFP.

Cheikh Aidara


Atelier régional de Nouakchott sur le Genre, les Droits Humains et l’Education à la Santé Reproductive : Fondements idéologiques et pratiques sur les questions de genre

Nouakchott a abrité du 25 au 28 juillet 2017, le deuxième atelier régional sur «Genre, Droits Humains et Education à la santé reproductive » après celui de Ouagadougou. Cet atelier organisé par l’UNFPA et le Projet SWEDD a regroupé une quarantaine de participants venus du Niger, du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie.

Au démarrage des travaux de l’Atelier régional organisé à Nouakchott du 25 au 28 juillet 2017 à Nouakchott par l’UNFPA  et le Projet SWEDD, en collaboration avec le Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille, sur le «Genre, les Droits Humains et l’Education à la Santé Reproductive »,  un exposé introductif a été donné par M.Idrissa Ouédraogo, Conseiller Genre, VBG et Droits Humains au Bureau régional de l’UNFPA à Dakar. Le sujet portait sur les «Fondements idéologiques et pratiques sur les questions de genre ». Survolant l’histoire de la femme depuis l’Antiquité à nos jours, de «femme malédiction » chez les Rabbins, au gynécée grec où elle était confinée dans un espace clos, jusqu’à nos jours où elle disparait carrément dans les statistiques de certains pays comme l’Inde, la Chine, le Pakistan et le Bangladesh, la femme est restée cette «Missing girl» des démographes, cette absente oubliée, effacée et même considérée comme morte, dans plusieurs sociétés.

Selon le conférencier, les mutilations génitales féminines ne sont, par exemple, qu’une manière de contrôler la sexualité de la femme, dans une démarche qui tend à lui nier toute existence en tant que femme et en tant qu’être qui a droit à l’intimité et à la jouissance. Ainsi, de tout temps, la femme a toujours été considérée comme inférieure à l’homme, et cela presque dans toutes les religions et chez tous les anciens philosophes, a indiqué M.Ouédraogo. Parmi les stéréotypes encore en usage, cite-t-il, «la femme a moins de valeur que l’homme» malgré les conséquences de telles assertions sur le plan macrosociétal. Selon M.Idrissa Ouédraogo, secondé durant tout l’atelier par sa collègue du Bureau de l’UNFPA de Dakar, Mme Hind Jalal, les sociétés humaines, et en particulier les sociétés africaines, sont majoritairement patriarcales.

Et de se demander : «pourquoi l’homme se croit-il supérieur à la femme ?»

La réponse selon lui, est que l’homme s’identifie à beaucoup de stéréotypes, comme celui de ne «jamais montrer des signes de faiblesse, de douleur ou d’émotion» contrairement à la femme «être faible et fragile», ou quand il s’approprie la sentence qui veut que «la supériorité est accordée non au sexe qui engendre mais à celui qui tue » allusion à «l’homme-chasseur» ou à «l’homme-guerrier qui tue» symbole de la masculinité.

Des questions pertinentes mais aussi des définitions, qui sont allées ainsi jusque dans la sémantique des mots, comme «c’est quoi l’homme, c’est quoi la femme», «c’est quoi le droit », ont été également abordés lors de la communication sur les «Concepts Genre et Droits Humains».

Le droit serait ainsi «ce qu’une personne doit avoir, doit faire ou recevoir de la part des autres et que la loi doit consacrer » et les Droits de l’Homme sont constitués par «les garanties juridiques universelles qui protègent les individus et les groupes dans le domaine des libertés fondamentales et de la dignité humaine».

Ces droits sont indivisibles, universels et égalitaires. Personne ne doit y renoncer et personne ne peut les retirer. Ces droits vont du droit à la vie jusqu’au droit à la liberté de religion, en passant par une multitude d’autres droits personnels et collectifs.

Citant le document référence des droits de l’homme, en l’occurrence la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, Idrissa Ouédraogo a distingué 6 principes de base qui fondent les droits humains : universalité et inaliénabilité ; indivisibilité ; interdépendance et corrélation ; égalité et non- discrimination ; participation et inclusion ; obligation de rendre des comptes et primauté du droit.

«Le principal défi qui se pose est que plusieurs personnes porteurs de droits ignorent leurs droits », dira M.Idrissa Ouédraogo, qui fait passer la conceptualisation de la notion de droit à un cheminement qui va vers la maîtrise des outils de planification, l’analyse des faits sociaux et l’élaboration de stratégies de résolution des défis posés. Cela passe, selon lui, par les clés de base des droits humains, à savoir le principe de redevabilité, qui incombe aux détenteurs d’obligations (autorités), et le principe d’inclusion qui revient aux porteurs de droits (citoyens).

A noter que l’ouverture de l’atelier a été marqué par un échange de discours entre la Représentante résidente de l’UNFPA en Mauritanie, Mme Cécile Compaoré Zoungrana et la Ministre des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille, Mme Maïmouna Mint Mohamed Taghi, en présence d’un représentant de la Banque Mondiale en Mauritanie.

L’atelier a regroupé une quarantaine de participants venus des six pays membres du Projet Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique (SWEDD), Niger, Mali, Côte d’Ivoire, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie.

Cheikh Aïdara

Mohamed Mokhtar Mohamed Lemine, Président sous-comité communication SWEDD-Mauritanie/Président Comité Communication au niveau régional (Sahel)

«Cet atelier revêt une importance particulière parce que les thématiques qui y sont développées vont permettre de renforcer les capacités des différents acteurs concernés par les problématiques du genre, l’égalité entre les hommes et les femmes, la promotion de la jeune fille et de la femme, la santé de la reproduction, l’éducation et les droits humains. Il permet aussi d’harmoniser les expériences et les situations dans nos pays du Sahel. Les différentes présentations qui ont été faites sont d’un très bon niveau. En témoignent la qualité de la participation de tout le monde. C’est le deuxième atelier régional sur le genre après celui de Ouagdougou (Burkina Faso) organisé il y a quelques mois et sur le même thème par l’UNFPA. Je pense qu’avec l’engagement de l’UNFPA, le projet SWEDD et les pays membres pourront réellement mobiliser les acteurs concernés autour des thématiques retenus ».

Tohouri Thapé Marie Laure, Chargée de Programme ONG «MESSI », Mission des Jeunes pour l’Education, la Santé, la solidarité et l’Inclusion, basée à Abidjan (Côte d’Ivoire)

«L’organisation de cet atelier tombe bien dans la mesure où il a permis de réunir des acteurs de divers horizons qui travaillent sur la question de la santé de la reproduction et qui intègrent les défis que nous rencontrons dans nos différents pays, en particulier ceux liés aux adolescents et aux jeunes. Comment parler de sexualité à des jeunes ? C’est une question sensible qui constitue l’un des plus gros défis. En dehors de la Côte d’Ivoire, je me rends compte que les autres pays sont confrontés aux mêmes problèmes et qu’avec les succès des autres pays on peut améliorer nos actions et apporter le bien-être à nos populations. J’ai pris de bonnes notes, et je me suis bien inspirée de l’expérience développée par les autres pays, en particulière celle du Niger avec leur projet «Initiative Adolescents» et qui est développé dans des espaces sûrs avec des mentors. C’est une bonne pratique. C’est vrai que nous aussi, nous avions aussi mené un projet dénommé «Initiative Aides Adolescents » qui s’étalait sur une courte durée, 3 ans, mais qui ne s’adressait qu’aux adolescents scolarisés. Et là, avec l’expérience des Nigériens dont le projet s’adresse aux adolescents, qu’ils soient scolarisés ou non, je compte les approcher plus pour en savoir davantage sur la méthodologie qu’ils ont adopté pour mieux adresser les questions qui restent encore des taboues chez nous ».


PECOBAT sélectionne les bâtisseurs de demain en Mauritanie, avec le soutien du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique

Formation de jeunes en chantier-école, renforcement des capacités des entreprises et appui aux structures publiques. Tels sont les objectifs du PECOBAT, projet relevant du Bureau International du Travail (BIT) et financé par le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique de l’Union Européenne. Alors qu’à Nouakchott se poursuit depuis le 3 juillet 2017 l’Académie des Entreprises pour le renforcement des capacités des acteurs du bâtiment dans les techniques de construction en terre, Kaédi et Sélibaby ont entamé depuis le 6 juillet dernier la sélection des candidats en maçonnerie terre et en énergies renouvelables pour une formation qui va durer 7 mois à partir d’octobre 2017. Reportage réalisé par Cheikh Aïdara pour la Délégation de l’Union européenne en Mauritanie pour le projet PECOBAT.

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Dans la vaste cour de la Délégation régionale de l’Agriculture de Kaédi, pousse le Centre de Formation et de Perfectionnement Professionnel (CFPP). Des bâtiments ultra-neufs dont le rouge flamboyant contraste avec de vieux bâtiments post indépendance. Des dizaines de jeunes déambulent, dossiers en main. Assis à même le sol au pas de l’escalier en colimaçon, ou poirotant sur le perron du deuxième étage, ils attendent leur tour. Ils sont tous venus  postuler à un avis de sélection de candidats à la formation professionnelle initiée par le projet PECOBAT du BIT sur financement de l’Union Européenne.Deux filières sont au choix et débouchent sur un diplôme national de certificat de compétences  après 7 mois de formation. Aide maçon en terre et installateur de systèmes en énergies renouvelables.

Par deux, les jeunes sont accueillis par deux représentants de l’Agence nationale d’emploi des jeunes (ANAPEJ), qui les inscrivent dans leur base de données. Ensuite, les candidats passent au test de niveau devant les représentants du Ministère chargé de la Formation Professionnelle: lecture, écriture, arithmétique élémentaire.

Niveau requis, le fondamental. Mais la plupart des candidats ont atteint la terminale. Certains ont tenté deux à trois fois le bac, sans succès.

C’est le cas de Thierno Abdoulaye Ly, candidat à la maçonnerie. Deux échecs au baccalauréat. Pour lui, la maçonnerie, «est un métier très sollicité dans la région ».

Mohamed Moussa Bâ, trois fois le bac sans résultat et l’angoisse du chômage. «Avec cette formation, je compte acquérir des compétences et gagner ma vie».

Fatimetou Ly fait partie des nombreuses jeunes filles venues postuler pour la formation en énergies renouvelables. Comme toutes les candidates, elle pense que « la maçonnerie est un travail d’hommes ». Inscrite en 5ème D au Lycée de Kaédi, «le baccalauréat, selon elle, ce sera pour l’année prochaine».

Les autorités communales semblent aussi bien apprécier le projet.  Mme Mama Khalifa Diakité, 1ère adjointe au Maire de Kaédi, a délaissé depuis deux jours son bureau pour assister à la sélection des candidats. Pour elle, «l’initiative lancée par le PECOBAT est appréciable, dans la mesure où elle permet de sauver des dizaines d’élèves en déperdition scolaire des affres du chômage et du désœuvrement, deux fléaux qui menacent la jeunesse».

Oumar Ndiaye est chef de service de la formation professionnelle. Il est venu superviser la sélection des candidats à la formation-emploi dans le cadre du partenariat qui lie le BIT à sa tutelle, le Ministère de l’Emploi, la Formation Professionnelle et les Technologies de l’Information et de la Communication. «Nous sommes là, à Kaédi, pour participer à la sélection de 50 jeunes dans les filières de la maçonnerie en terre et des énergies renouvelables ». Selon lui, «les jeunes formés, construiront une école à Dar-Essalam, dans le cadre d’un partenariat avec le Ministère de l’Education Nationale ».

Et l’ANAPEJ dans tout cela ? Salem Ould Babya, conseiller-emploi de l’agence, explique. «Nous permettons à la fois aux jeunes de s’inscrire dans notre base de données, ce qui leur permettra de bénéficier par la suite des opportunités d’emploi et de stage entreprise que nous offrons. Nous sommes aussi membres de la commission de sélection des candidats aux formations diplômantes du BIT».

En tant que structure d’accueil, le CFPP offre ses locaux et son expertise. Yahya Ould Sidi Yahya, Directeur du CFPP de Kaédi, brossant l’importance que l’Etat mauritanien accorde à la formation des jeunes, trouve que «l’idée de rapprocher les formations-emplois des populations est excellente ». Il dit apprécier l’expertise du BIT en matière de formation, soulignant qu’ensemble, «l’Etat et ses partenaires, le BIT et l’Union Européenne, conjugueront leurs efforts pour former des jeunes dans des métiers d’avenir compatibles avec leur environnement».

Pour Sidi Mohamed Ould Cheikh, Coordinateur du PECOBAT, «le projet va initier une formation qui ira de pair avec la construction en terre». Au total, 5 écoles vont être construites, dont deux cette année, à Dar-Esssalam, à 9 kilomètres de Kaédi, et à Sélibaby-aéroport. «Ces bâtiments seront construits par des jeunes issus de ces deux régions, après une formation de 7 mois à partir d’octobre 2017, avec l’encadrement de techniciens actuellement en formation à Kaédi mais aussi à Nouakchott dans le cadre de l’Académie des Entreprises, le tout sous la supervision des CFPP de Kaédi et de Sélibaby » a-t-il poursuivi, soulignant que «le démarrage des chantiers se fera en même temps que la formation proprement dite ». C’est dans ce cadre, dira-t-il en substance, qu’une commission de sélection, présidée par le Hakem et comprenant les directions techniques du ministère chargé de la formation professionnelle, l’ANAPEJ, les élus et la société civile, a été mise sur pied. A Kaédi, la commission a siégé du 6 au 8 juillet 2017 et devra poursuivre son chemin vers Sélibaby pour la même opération entre le 10 et le 12 juillet courant.

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Pour une compréhension plus large du PECOBAT et du Fonds fiduciaire, M. Hans-Christian Beaumond, Chef de Coopération à la Délégation de l’Union Européenne en Mauritanie, souligne que le projet « Amélioration de l’employabilité des jeunes et des capacités des PME par le développement du sous-secteur du BTP en matériaux locaux et de la formation professionnalisante dans les chantiers écoles » dit PECOBAT cible les jeunes et les entreprises pour une formation en techniques traditionnelles pour la construction de bâtiments modernes. «Il découle d’une prise de conscience de la valeur réelle des constructions à partir de matériaux locaux, tant en termes de confort, de résistance et d’esthétique, qu’en termes de coût ». Il s’agit tout simplement, selon lui, de réhabiliter un savoir-faire local dont «l’empreinte carbone est négligeable, donc une économie verte qui offre plus de confort et une meilleure qualité de vie».Ainsi, selon M. Beaumond, «avec le PECOBAT, ce n’est pas seulement de la formation qui est proposée mais aussi une intégration entre une formation professionnelle dans des centres publics et l’emploi pour l’initiative privée, à travers un partenariat avec des entreprises locales également formées par le BIT». Troisième volet du chantier-école, PECOBAT permet enfin de donner de l’emploi à des jeunes qui seront capables d’acquérir de l’expertise et de l’expérience pour monter leur propre entreprise du  bâtiment, donc création d’emplois et de nouveaux marchés de construction en milieu local.

L’objectif final du PECOBAT est de fixer les jeunes dans leur terroir, d’où son financement par le Fonds fiduciaire. Il s’agit d’un fonds d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre la migration et l’insécurité, dans 23 pays du Sahel, du Lac Tchad, de la Corne de l’Afrique et de l’Afrique du Nord dont la Mauritanie, considérés comme les principaux couloirs de la migration. «De tels efforts passent par le développement local, étape importante pour créer un cercle vertueux pour les jeunes dont l’employabilité à un impact réel sur la croissance économique des pays » a conclu M. Beaumond.

Cheikh Aïdara, reporter pour la Délégation de l’Union européenne en Mauritanie pour le projet PECOBAT.

Lien de l’article : https://ec.europa.eu/europeaid/news-and-events/pecobat-selectionne-les-batisseurs-de-demain-en-mauritanie-avec-le-soutien-du-fonds_en

 


Référendum constitutionnel : les Sénateurs font de la résistance…politique

Les Sénateurs ont promis de résister à leur immolation sur l’autel d’une «Troisième République» qui s’ouvrira au lendemain du référendum constitutionnel le 5 août 2017. D’ores et déjà, ils multiplient les provocations, en ouvrant les dossiers sales de la République. Mais les ministres convoqués par l’Auguste Chambre Haute, la considère déjà comme morte et n’attendent que le verdict des urnes, dans moins de deux semaines, pour l’enterrer.

Sénateur Ould Ghadde

Dans une démarche de dernier sursaut, le Sénat avait mis en place une commission d’enquête sur les marchés de gré-à-gré. Ceci pour démentir le président Mohamed Abdel Aziz selon qui, ces pratiques n’existent plus depuis son arrivée au pouvoir. Seulement, les sénateurs se sont heurtés au refus du gouvernement de leur ouvrir ses placards ou de permettre à ses ministres de répondre à leur convocation depuis deux mois. Pour le pouvoir, l’existence du Sénat n’est plus qu’une question de jours.

Mais en tant qu’institution légalement fonctionnelle à ce jour, le sénateur Moustapha Sidaty considère que le gouvernement est pourtant tenu de se soumettre à son action de contrôle et que l’absence de réaction des ministres convoqués par le Sénat prouve l’ampleur du gaspillage des ressources publiques et de la gabegie ambiante.

Le président de la Commission d’enquête, le sénateur Mohamed Ould Ghadde, objet d’harcèlement judiciaire depuis quelques semaines, affirme qu’un avenant de 2 milliards d’ouguiyas relatif à un marché pour la réalisation de conduite d’eau au PK 13 de Nouakchott de la Société Nationale d’Eau (SNDE) et attribuée à une entreprise privée peu connue, a été passée de gré-à-gré. Il en va de même du marché de la Société nationale industrielle et minière (SNIM) pour la fourniture de wagons, estimé à plusieurs dizaines de milliards d’ouguiyas et attribué à une entreprise chinoise ayant débouché sur la livraison d’un matériel non conforme aux cahiers de charge.

Ould Ghadde a aussi évoqué un marché de gré-à-gré d’un montant de 15 milliards d’ouguiyas pour la construction d’un grand complexe comprenant une mosquée et des annexes multiples accordé à la société Nejjah, cette championne du troc qui avait construit l’aéroport Oum Toumsy contre les terrains de l’ancien aéroport et d’autres terrains situés dans ce qui est devenu le quartier «Soukouk».

La Société mauritanienne d’électricité (SOMELEC) ne serait pas elle aussi épargnée, selon le sénateur Mohamed Ould Ghadde, qui a parlé d’une série de marchés de gré-à-gré qu’elle a fait passer, mais aussi le ministère de l’Agriculture pour la réalisation d’un canal près du fleuve Sénégal, dans le département de Keur Macène, attribué à la STAM, entreprise marocaine, dans «des conditions douteuses».

Il faut rappeler que ce sont les mêmes sénateurs qui tentent aujourd’hui d’abattre Mohamed Abdel Aziz, qui lui avaient facilité sa prise de pouvoir en 2008, en fomentant une révolution contre le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Le regrettent-ils maintenant ?

Cheikh Aïdara


Indice synthétique de 3 enfants par famille : la Mauritanie est-elle prête ?

Faire baisser les indices synthétiques des Etats membres de la CEDEAO, plus la Mauritanie et le Tchad, à trois enfants par femme d’ici 2030. C’est l’initiative que Mohamed Ould Boilil, président de l’Assemblée Nationale, vient de prendre le 22 juillet 2017, en compagnie d’autres présidents de Parlements nationaux de la région, dans une déclaration finale prise à l’issue d’une réunion tenue à Ouagadougou.

Cédéao: objectif de trois enfants maximum par femme d’ici 2030 © AFP/Archives / ISSOUF SANOGO

Réunis à Ouagadougou (Burkina Faso) les 21 et 22 juillet 2017, dans le cadre d’une rencontre portant sur le financement adéquat de la santé, le dividende démographique et les politiques de population et de développement, les Présidents de plusieurs parlements de la CEDEAO, plus la Mauritanie et le Tchad, ont adopté une déclaration commune.

Le point qui créé aujourd’hui le plus de polémique dans cette déclaration est celui relatif à la limitation des naissances à 3 enfants par famille. Une interprétation biaisée de l’esprit de la déclaration qui évoque plutôt une moyenne nationale, à travers l’indice synthétique de fécondité. Un raccourci que les tenants de la religion ne manqueront pas d’emprunter pour s’opposer à une telle initiative qui vise à faire baisser d’ici 2030 le taux de natalité dans une région qui affiche le plus fort taux de naissances au monde. En effet, avec un taux de fécondité de 5,6 enfants par femme, le plus élevé sur la planète, l’espace CEDEAO + la Mauritanie et le Tchad, risque, selon les spécialistes, de se retrouver avec une population d’un milliard d’habitants d’ici 2050, dont la moitié sera constituée de jeunes.

Pour le président du Parlement du Burkina Faso, Salifou Diallo, «avec de tels taux, nous sommes dans une situation de démographie non maîtrisée et nous ne pouvons pas espérer de développement ». D’où selon lui, l’urgence de contenir la poussée démographique dans l’espace de la CEDEAO pour promouvoir un réel développement viable et durable.

Pour les parlementaires présents lors de la rencontre de Ouagadougou «la jeunesse, qui représente les deux tiers de la population, deviendra, si elle ne trouve pas de solution, une bombe qui traversera la Méditerranée et le désert avec des milliers de morts pour tenter l’immigration clandestine »

En Mauritanie où le planning familial se fraye un difficile chemin dans son acceptation d’espacement des naissances, la question de la limitation est officiellement bannie. D’où l’étonnement de voir le président de l’Assemblée nationale, Mohamed Beylil, parapher une déclaration sans prendre en compte la réserve que lui impose la position de l’Etat mauritanien par rapport à une question aussi sensible.

Cheikh Aïdara


Campagne référendaire : l’Etat et l’Administration publique s’offrent deux semaines de vacances !

Inouïe ! L’Etat et l’administration publique mauritanienne seront absents pendant deux semaines. Les citoyens devront s’arrêter de vivre autrement que par la campagne référendaire pendant quatorze jours. C’est le plus beau cadeau que le président Mohamed Abdel Aziz pouvait offrir à une population rompue à la paresse, à défaut d’augmentations de salaires, de gratuité des services de santé et d’éducation, d’alimentation en eau et électricité et de baisse de niveau de vie. Et c’est parti !

Mohamed Abdel Aziz lors de son discours à Rosso (Crédit photo : site Legwarab)

Du haut de l’estrade officielle plantée au stade de Mellah, le quartier le plus oublié de la Planète Terre en ce fatidique vendredi 21 juillet 2017, Mohamed Abdel Aziz qui ne présente aucun symptôme d’un président en fin de mandat, a rassuré la populace. «Pendant toute la campagne pour le référendum constitutionnel, nous serons occupés !»

Toutes les administrations mauritaniennes se sont vidées. Des instructions fermes, sous couvert de menaces lourdes, s’étaient abattues sur tous les fonctionnaires de l’Etat mauritanien. Tous, devront s’investir à faire réussir le référendum le plus contesté dans l’histoire politique en Mauritanie.

Tous au meeting de Aziz !

Et c’est devant des centaines de personnes, déversées par bus entiers, que le président Mohamed Abdel Aziz a fait endormir la masse, à coups de chanson taillées à son effigie et d’éloges sur ses grandioses réalisations pour une Nation éclopée, vivant de mendicité, tandis que les finances publiques ne sont plus financées qu’à coups de raquettes, de sur-impôts et de surtaxes, pour freiner la grande hémorragie causée par les détournements, les dilapidations et les malversations diverses, au milieu de coupures incessantes d’eau et d’électricité, d’une jeunesse qui sort par milliers des lycées et collèges fautes de réussite aux examens nationaux.

Pendant deux semaines, certains fonctionnaires en profiteront pour prendre des sur-vacances gratuites aux frais de la Princesse au bled. D’autres tenteront de s’accrocher aux centaines de délégations dépêchées dans les quatre coins du pays, pour grignoter de maigres subsides, parmi les mannes distribuées par le Trésor Public aux présidents de campagne. Le tout pour que le OUI puisse l’emporter massivement.

«Le OUI l’emportera car nous avons déjà bourré les urnes !» a déclaré sur le ton de la plaisanterie (peut-être qu’il est sérieux) un politicien du Chargh, à qui une amazone, rompue aux magouilles sous le PRDS, l’ancêtre de l’UPR, tentait de refiler 50 cartes d’identité nationale qu’elle voulait placer rubis sur ongle.

Silence, on réprime !

Non content d’avoir l’argent du contribuable et le beurre d’une puissance tutélaire étalée sur tous les rouages de l’Etat, le pouvoir actuel réprime toutes les voies discordantes, épargnant l’opposition dont les tournées peinent à trouver des mécènes. Ainsi, plusieurs jeunes activistes du « Mouvement du 25 février » ont-ils subi des arrestations préventives, avant l’entame du fameux meeting de Mohamed Abdel Aziz à Mellah, le quartier symbole de la misère humaine.

Le plus rocambolesque dans cette campagne référendaire, c’est l’action active d’une certaine opposition végétarienne, la seule à avoir le droit de brouter dans les vastes praires verdoyantes de la présidence de la République, et qui était présente cette nuit au meeting de Aziz, avec des envolées lyriques plus troubadours que les laudateurs les plus endurcis. Tous ont réclamé le OUI le jour fatidique. Mais dans une démarche encore plus machiavélique, le parti Alliance Populaire Progressiste (APP), a opté pour le double OUI-NON. Non au changement de drapeau et Oui à tous les autres amendements qui portent sur la suppression du Sénat, de la Haute Cour de Justice et de plusieurs autres Hauts conseils, plus le Médiateur de la République, et l’institution de Conseils régionaux.

La tournée présidentielle

Avec une tournée régionale qui commence ce lundi par la ville de Rosso, dans ce Trarza qui souffre pourtant du plus grand embargo depuis la naissance de l’Etat mauritanien, avec une route Rosso-Nouakchott devenue une véritable tombe pour les usagers et des projets agricoles avortés, le président Mohamed Abdel Aziz entame un marathon qui va le conduire dans toute la Mauritanie, avant de finir en apothéose le 3 août à Nouakchott par un meeting populaire. Il veut lui-même porter le flambeau du OUI comme s’il n’avait pas confiance aux centaines de ministres et de hauts cadres de l’Etat dépêchés dans les quatre coins du pays, avec grands renforts des tribus et des hauts gradés de l’armée nationale.

L’armée est en effet présente dans la campagne référendaire. Soucieux de préserver le régime qui les a le plus ouvert les chemins de l’enrichissement illimité, les généraux et autres colonels de nos vaillantes forces armées tiennent à Mohamed Abdel Aziz et à son projet politique comme à la prunelle de leurs yeux. Cela, malgré l’interdit qui frappe l’Armée nationale contre toute immixtion dans les affaires politiques et que l’opposition ne cesse de rappeler. En vain.

La suite est prévisible. Un succès pour le OUI et la chasse aux sorcières avec comme symbolique, le rasage du Sénat, puis des poursuites probables contre les Sénateurs frondeurs qui ont osé défier la puissance tutélaire de Mohamed Abdel Aziz. Beaucoup de poursuites judiciaires en vue, dont le prologue est déjà annoncé par les audios fuités du Sénateur Mohamed Ould Ghadde, où il serait question de complot et de trahison envers la Patrie avec l’aide d’une puissance étrangère et d’opposants en exil. C’est ça peut-être l’une des surprises que Mohamed Abdel Aziz a promis de livrer aux populations le 3 août prochain. Mais il évoque déjà par mots voilés, la mère des surprises ! La possibilité d’un 3ème mandat et l’ouverture de la boîte à Pandore!

Cheikh Aidara


Le TAS donne 20 jours à la FFRIM pour sa défense contre la Garde

Contrairement à ce tout ce qui a été dit, le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), basé à Lausanne (Suisse) vient par courrier d’intimer l’ordre à la Fédération Mauritanienne de Football (FFRIM) de déposer dans un délai de 20 jours son mémoire de défense suite à la plainte déposée par l’équipe de la Garde Nationale.

En effet, après avoir accusé réception du courrier de l’AS Garde Nationale du 14 juillet 2017, portant plainte contre la FFRIM dans le cadre de la réserve non traitée portée contre le FC Nouadhibou, le Secrétaire général du TAS balaye la voie à un procès judiciaire dans l’une des affaires les plus retentissantes dans l’histoire du football national.

Cette information vient démentir celle qui soutenait la thèse selon laquelle le TAS avait classé le dossier de la Garde pour vice de procédures.

A rappeler que cette affaire remonte au mois de mars dernier, lorsque suite à la demi-finale de la Coupe nationale entre la Garde et le FC Nouadhibou, une réserve a été portée contre le joueur Sahroui El Weli Yacine porteur d’une licence jugée frauduleuse par l’équipe de la Garde. L’affaire qui devait être tranchée par la Commission Discipline de la FFRIM sera par la suite confisquée par le Secrétaire général puis tranchée par vote lors d’une réunion du comité exécutif.

Cheikh Aïdara


CHAN 2018 : la Mauritanie se qualifie sur le fil du rasoir

Les Mourabitounes (équipe nationale de Mauritanie) sont passés in extremis au bord de l’élimination. En se faisant surprendre chez eux, ce dimanche 23 juillet 2017 à Zouerate, devant des centaines de supporters par le Libéria (1 à 0), les protégés de l’entraîneur français Corentin Martins ont failli payer cher l’euphorie d’une qualification supposée acquise depuis Monrovia où ils s’étaient imposés 2 à 0.

Les Mourabitounes lors de leur dernière séance d’entraînement sur le stade de Zouerate avant le match contre le Libéria (Crédit photo : FFRIM)

Les Libériens étaient venus à Zouerate (ville située à 700 Km au Nord de Nouakchott) déterminés à arracher une qualification presque perdue. Les Mourabitounes surfaient quant à eux sur un nuage d’une qualification déjà empochée. Les nombreuses occasions ratées par Beyguili et Bessam dans les premières minutes du jeu, conforteront les coéquipiers de Bakayoko, capitaine de l’équipe, dans leur euphorie. Mais le but encaissé dans les dernières minutes de la première mi-temps, sur une envolée de l’attaquant libérien, Christopher Jachso viendra leur rappeler que les poulains de l’entraîneur libérien James Debbah, n’étaient pas venus pour s’amuser. Ils étaient venus pour gagner.

La seconde mi-temps sera marquée par des échanges et des duels où la rudesse de la défense libérienne laissera des commentaires épiques sur les ondes de Radio Mauritanie, la seule station qui retransmettait le match en direct.

Devant les yeux des officiels venus assister à la rencontre, le ministre de la Jeunesse et des Sports, le Wali et le Maire central de Zouerate, le président de la Fédération mauritanienne de football et les nombreux supporters venus de Zouerate mais aussi de Nouakchott, Nouadhibou et plusieurs autres régions du pays, l’équipe des Mourabitounes a montré un autre visage que celui miroité à Monrovia.

Obligés de préserver leurs cages contre un second but libérien fatidique, les coéquipiers de Bakary Ndiaye, le sociétaire de Tevragh-Zeina dont le contrat avec l’équipe marocaine Al Hassani est d’ailleurs suspendu pour la cause, souffriront le martyr pendant les 45 dernières minutes. Certains parlent même d’un pénalty que les Libériens auraient obtenu et que l’arbitre malien n’aurait pas accordé. La tension dans le stade municipal de Zouerate était tendue et c’est dans une grande délivrance que le sifflet final de l’arbitre sonnera pour libérer tout un peuple. Quel supplice les Mourabitounes ont-ils infligé à toute une Nation !

Battus 1 à 0 chez eux, les Mauritaniens devront rapidement retrouver leurs esprits et leurs jambes pour se préparer au pire : une rencontre à domicile dans une vingtaine de jours, contre les Aigles du Mali. Et ça, c’est une autre paire d’histoire !

Cheikh Aïdara


La Mauritanie et le CHAN 2018 : l’obstacle libérien et le signe indien malien

Le chemin est encore semé d’embûches devant les Mourabitounes pour une seconde qualification historique au CHAN 2018 prévu en Ethiopie. Vainqueur au match aller contre le Libéria par 2 buts à 0, les Mauritaniens devront rester prudents lors du match retour prévu ce dimanche 23 juillet à Zouérate contre un adversaire qui va jouer son va-tout. Passé le cap libérien, les Mourabitounes devront ensuite vaincre le signe indien malien, leur bête noire qui les a déjà éliminés dix fois au cours des dernières années contre 6 nuls et seulement 4 défaites.

Arrivée de l’équipe nationale à Zouerate (Crédit photo : site alakhbar)

C’est ce dimanche 23 juillet 2017 que les Mourabitounes devront assurer leur ticket pour le deuxième tour des éliminatoires du CHAN 2018 réservé aux joueurs locaux. Auteurs d’un superbe match  à l’Aller au Libéria, où ils ont emporté les trois points de la rencontre après une belle victoire de 2 buts à 0, les protégés du français Corentin Martins devront jouer la prudence.

Evoluant chez eux et devant leurs supporters, l’équipe nationale devra s’attendre à une équipe du Libéria venu chercher la qualification à tout prix, n’ayant rien à perdre.

L’option de l’entraîneur libérien James Debbah est claire. Il va lancer ses attaques contre les cages mauritanien,es, en sollicitant ses meilleurs chasseurs, notamment Seku Conneh et William Jebor. Ce qui suppose, revers de la médaille, le risque d’alourdir l’addition, car l’attaque mauritanienne, sous la férule de Bessam, Beguili, mais aussi le milieu offensif, avec Dellahi, auteur du premier but à l’aller, pourraient se régaler. Un match très tactique est ainsi attendu à Zouérate où des centaines de supporters mais aussi des journalistes se sont rendus, donnant un air de fête à la cité minière.
Déjà, les pronostics prévoient une victoire des Mourabitounes par 1 à 0.
Les deux équipes ont bouclé leur dernier entraînement sur la pelouse toute neuve de Zouerate. A leur arrivée, les Mourabitounes ont eu droit à un accueil populaire.

Vaincre le signe indien malien

En cas de victoire, les Mourabitounes devront s’apprêter à affronter une redoutable équipe du Mali, vice-championne lors du dernier CHAN et qui vient de prendre une bonne option en battant samedi 22 juillet dernier la Gambie par 4 à 0 après un nul au match  Aller à Banjul. En effet, l’équipe nationale avait été éliminée justement au CHAN 2016 par le même Mali (1-1 Aller à Nouakchott et 2-1 au Retour au Mali). La Mauritanie était d’ailleurs sortie ces dernières années par le Mali au niveau de toutes les catégories.

Cheikh Aïdara

 


La FFRIM sur la sellette de la justice internationale : à l’affaire de la Concorde, succèdent le dossier de la Garde et la colère des acteurs du football national

Les instances du football mondial, la FIFA et la CAF notamment, se rendent compte de jour en jour que le titre de «bon élève de la classe », jusque-là attribué à la Fédération mauritanienne de football (FFRIM) n’est qu’un faux vernis.

Direction légitime de la Concorde (crédit : page facebook Concorde)

Les plaintes se succèdent jour après jour, devant les juridictions spécialisées de la FIFA et de la CAF en une cadence inquiétante de la part de clubs mauritaniens pour fustiger la mauvaise gestion du football mauritanien. La finale non jouée de la Coupe du Président de la République pour l’édition 2016-2017, une première dans les annales du football national, constitue en cela la goutte qui a fait déborder le vase. Immixtion dans le fonctionnement des clubs et confiscation d’associations, jalonnent ainsi le fonctionnement d’une fédération rompue dans la violation de ses propres textes et règlements.

Affaire de la Concorde

L’affaire la plus rocambolesque est celle de la Concorde. Voilà un club qui a été confisqué d’une manière illégale par le Président de la FFRIM avec la complicité de trois ex-membres du club pour masquer le détournement de 75.000 Euros issus du transfert de deux joueurs obtenu aux termes d’un contrat signé avec Levante UD, un club de 2ème division espagnole.

Ce scandale avait été largement commenté à son temps, en 2016, par la presse sportive nationale. Pour suivre la chronologie des faits, voir le lien : https://cridem.org/C_Info.php?article=695776.

A rappeler que le Président de la FFRIM serait directement impliqué dans cette affaire, dans la mesure où c’est lui qui avait exigé du club espagnol le transfert de l’argent dans les comptes de la fédération et non dans celui de la Concorde comme il était stipulé dans le contrat. Pour contraindre les Espagnols à se plier, il avait brandi une menace, celle de ne pas délivrer les CIT (Certificats internationaux de transferts) des deux joueurs, Aly Abeid et Hacen El Id, tout en déclarant que les dirigeants légitimes de la Concorde, en l’occurrence le président Dr.Bâ, n’étaient plus responsables du club. Cette dernière affirmation est paradoxalement rétroactive, car elle a été annoncée le 9 novembre2016, bien avant que le Dr.Bâ ne soit convoquée le 18 novembre 2016 puis sanctionnée le 29 novembre.

Dans la foulée, la fédération va imposer un comité de normalisation en choisissant arbitrairement 6 membres dirigeants du club. Quatre parmi ses membres démissionneront en mettant en exergue l’illégalité de ce comité. Ce qui n’empêchera pas la fédération de maintenir le comité opérationnel avec les deux membres restant, en violation de la règle la plus élémentaire en matière démocratique, la loi de la majorité. Ce sont d’ailleurs ces deux membres auxquels s’ajoutera un troisième qui aideront la fédération à faire main basse sur les  75.000 Euros de Levante UD sur la base de documents falsifiés. C’est suite d’ailleurs à cette affaire de la Concorde, que le club espagnol Levante UD, qui s’apprêtait à recruter Teguedi, Tangi et Dellahi, s’est désisté. Depuis lors,  il n’a plus essayé d’enrôler des joueurs mauritaniens.

Traînée par la Concorde devant la Chambre civile du Tribunal de Nouakchott pour cette affaire de 75.000 Euros du transfert de ces joueurs, la FFRIM a été sommée le 28 février 2017 de restituer cet argent plus les frais de justice y afférents. Mais la Concorde a fait Appel et a réclamé des dommages et intérêts.  Le verdict est attendu ces jours-ci. Mais Dr.Bâ ne compte pas s’arrêter là. Il promet de porter l’affaire au Pénal pour attaquer les trois membres qui avaient émis de fausses factures à l’origine du transfert des 75.000 Euros.

La Concorde n’est cependant pas le seul club que le président de la FFRIM a arraché à ses dirigeants. Il y a également l’affaire du club AJR de Moustapha Camara, qui s’est vu spolié de son équipe qu’il avait bâti avec beaucoup d’efforts.

Affaire de la Garde

L’affaire de la Garde n’a plus besoin d’être détaillée, tellement elle avait occupé et occupe toujours le devant de l’actualité sportive nationale. Voire le lien :

https://aidara.mondoblog.org/2017/06/10/affaire-garde-nationale-fc-nouadhibou-succession-dactes-delictuels/

Le dossier est aujourd’hui pendant devant le Tribunal Arbitral Sportif (TAS) qui va l’examiner en présence des avocats des deux parties, celui de la FFRIM et celui de la Garde nationale.

Contrairement aux rumeurs qui avaient évoqué la clôture du dossier pour vice de procédures, l’affaire sera bel et bien traitée par les autorités sportives internationales. Avec un dossier en béton aussi solide, l’avocat de la Garde ne manquera pas de démontrer toute l’arrogance d’une fédération qui fait fi non seulement des lois nationales en matière d’état-civil, mais aussi des textes qui régissent son fonctionnement.

Pour le secret de l’instruction, rien ne peut encore être dévoilé dans cette affaire mais l’avenir nous fixera sur le déroulé de cette plainte dont le verdict pourrait bouleverser la donne sportive au niveau national. Sans compter que la Garde se réserve le droit d’activer elle aussi l’aspect pénal de l’affaire, car il y a eu falsification de documents administratifs et de licence de football.

La grogne au sein des acteurs

Plusieurs clubs de football de 1ère et de 2ème division sont tellement écœurés par la gestion partisane de la FFRIM, que beaucoup pensent jeter l’éponge. En effet, beaucoup de dirigeants se demandent «pourquoi s’investir dans le football, si les jeux sont pipés et si les textes ne sont pas respectés».

Ainsi, le Championnat national pour la saison 2017-2018 pourrait réserver bien des surprises.
En effet, l’équipe de Tevragh-Zeina qui avait boycotté la finale de la Coupe nationale cette année pour s’insurger contre la gestion illégale de la réserve portée par la Garde contre le FC Nouadhibou, mais aussi les équipes de Toujounine, de l’Armée nationale, reléguée en seconde division et qui se sentent frustrées par le parti pris du président de la FFRIM pour son équipe, le FC Nouadhibou, tout aussi reléguable en seconde division, sont remontées contre l’instance dirigeante du football national. Il en va de même pour d’autres clubs comme la Police, ou encore certaines ligues nationales. Que dire alors des 14 clubs de seconde division injustement écartés de toute décision au sein de la Fédération, après le coup d’état contre le Statut de la FFRIM perpétré par le nouveau président pour verrouiller les textes et se maintenir ad aeternam à la tête de la fédération.

Les succès de l’équipe national ne sont pas imputables au Président de la FFRIM

Comme si on lui avait délivré un chèque en blanc eu égard aux performances du football mauritanien, le président de la FFRIM se croit tout permis. Ainsi, à chaque fois que des critiques légitimes lui sont faites sur la base de sa gestion personnelle du football national, ses supporters mais aussi certains naïfs de bonne foi, lui cherchent des circonstances atténuantes en brandissant les bons résultats des équipes nationales. C’est le lieu d’observer que d’abord, sans club, il n’y a pas d’équipes nationales, mais aussi que sans la volonté politique, de telles performances n’auraient pas été réalisées. S’il y a des mérites à distribuer par rapport aux avancées constatées dans le football mauritanien, il faudrait rendre hommage aux dirigeants des clubs de football. Sans les efforts consentis par ces dirigeants, en termes financiers, matériels et techniques avec beaucoup d’investissements propres, les équipes nationales n’auraient pas eu de bons joueurs pour afficher de bons résultats.

D’autre part, si les succès d’un président de fédération, parce que ses équipes nationales et ses clubs gagnent au niveau international, devaient le mettre au-dessus des lois et de la justice, le président de la Fédération espagnole de football, Angel Maria Villar ne serait pas aujourd’hui en prison pour malversations. Avec lui, les équipes et les clubs espagnols ont tout raflé, coupes du monde, coupes UEFA, Ligua, etc.  Mais qu’ont gagné les équipes et clubs mauritaniens, malgré les milliards dépensés, depuis que Ould Yahya dirige la FFRIM ?

Cheikh Aïdara

 


Planning familial : la Mauritanie et 8 pays d’Afrique francophone s’ouvrent au Sayana Press

Le Sayana Press est ce nouveau contraceptif tout-en-un injectable, désormais disponible à bas coût pour offrir plus d’option de contraception aux femmes démunies dans les pays les plus défavorisés au monde, dont la Mauritanie. L’annonce en a été faite par la Fondation Bill and Melinda Gates, Pfizer et le Children’s Investment Fund Foundation (CIFF) depuis le 8 mai 2017.

Après le DIUPP (dispositif intra-utérin post-parten), voilà que la Mauritanie s’ouvre au Sayana Press, à l’image de 8 autres pays francophones, Mali, Niger, Sénégal, Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée et Togo. Il s’agit d’un nouveau contraceptif également connu sous le nom de «acetate de médroxyprogestérone » désormais disponible au prix garanti de 0, 85 dollars U.S la dose au lieu de 1 dollar précédemment. Cette réduction annoncée le 8 mai 2017 est le fruit d’un travail collaboratif de 3 organisations, Pfizer, Fondation Bill and Melinda Gates et CIFF afin d’offrir plus d’option aux femmes vivant dans les pays les plus défavorisés.

Cette réduction constitue surtout un développement notable pour les programmes et plans de planification familiale (PF) dans les 9 pays francophones cités et réunis au sein du Partenariat de Ouagadougou. Il s’agit d’un groupe de bailleurs de fonds clés qui œuvre depuis 2011 au repositionnement de la PF pour réduire la mortalité maternelle et infantile, afin de permettre la capture du dividende démographique nécessaire pour l’émergence économique.

Le Sayana Press a été déjà expérimenté dans une phase pilote au Burkina Faso, au Niger et au Sénégal. Ce qui a rendu les contraceptifs injectables plus disponibles au niveau communautaire, permettant ainsi à plus de femmes d’être servies dans leurs villages.

« Les femmes devraient recevoir des services de PF de qualité, où qu’elles vivent et devraient avoir accès à une gamme variée de méthodes contraceptives, afin de choisir celles qui leur conviennent le mieux » selon Fatimata Sy, Directrice de l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou.

Faite en accord avec les ministères de la Santé des pays ciblés, l’introduction du Sayana Press a démontré une forte demande pour la méthode, notamment chez les jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans, comme au Niger où 34% des doses demandées provenaient de cette tranche d’âge.

« L’annonce de Pfizer de réduire le coût du Sayana Press est une bonne chose. Nous aurons plus de disponibilité, parce que les ressources vont nous permettre d’avoir une plus grande quantité que nous mettrons à la disposition de la population. Ceci va nous amener à rendre disponible ces produits dans l’ensemble des structures habilitées à l’administrer » a déclaré D.Hassane Atamo, Chef de division service planification familiale au Niger.

Pour Mr Alain Kaboré, Chargé de programme Sayana Press à UNFPA Burkina Faso, « la baisse du coût de Sayana Press, entrainera naturellement la baisse du coût global d’implémentation du programme, et permettra aux pays qui ont des ressources limitées de pouvoir en acquérir davantage et profiter pleinement du potentiel qu’offre cette méthode innovante ».

Fatimata Sy exhorte les gouvernements, les partenaires tels que Pfizer et les bailleurs de fonds à continuer de travailler ensemble pour permettre une rapide disponibilité de Sayana Press à travers les pays du Partenariat de Ouagadougou et son intégration dans le panier des méthodes offertes aux femmes. Ceci est crucial selon elle pour atteindre les objectifs de la phase d’accélération et pour le bien-être général des familles dans la sous-région.

Cheikh Aïdara


Arrestation du président de la Fédération espagnole de football : en 2014, Angel Maria Villar était à Nouakchott

Le puissant président de la Fédération espagnole de football, Angela Maria Villar, est tombé ce mardi 18 juillet 2017 dans les mailles de la justice espagnole pour abus de confiance, corruption et contrefaçon de document.

Angela Mari au milieu et à sa gauche Ahmed Yahya

Angela Maria Villar avait séjourné pendant plusieurs jours à Nouakchott, sur invitation de la Fédération mauritanienne de football. Le 27 novembre 2014, il avait assisté aux AWARDS en présence de la ministre de la Jeunesse et des Sports, Mme Houleymata Sao à l’occasion de la commémoration du 54ème anniversaire de l’indépendance nationale. Puis, le 1er décembre suivant, il avait assisté à la coupure du ruban symbolique marquant le début du travail dans le nouveau siège de la FFRIM, en présence de la ministre des Sports.

Angela Maria Villar avec le bureau fédéral

Au cours de son séjour en Mauritanie, Angela Maria Villar très volubile, avait fait beaucoup de déclarations à la presse nationale. Par exemple, lors des Awards, il s’est dit heureux d’être en Mauritanie qu’il visite pour la première fois, expliquant que c’est en marge de la finale de la super coupe espagnole entre le Real et Madrid qu’il a reçu l’invitation du président de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM) Ahmed Ould Yahya. «J’ai répondu favorablement parce que j’ai senti chez ce jeune une volonté de faire quelque chose pour le football dans son pays » avait-il lâché.

C’est pendant aussi ce séjour, qu’il avait miroité la possibilité qu’une sélection espagnole puisse faire un déplacement en amicale en Mauritanie, ou quand sur le ton du conseil il lâche que «c’est avec la patience que se construisent les résultats », interpellant Ahmed Ould Yahya pour lui dire « permettez à votre sélectionneur de faire son travail et surtout prenez patience, les résultats ne doivent pas être un impératif immédiat ».

Au cours de son séjour, un important protocole d’accord avait été signé avec la FFRIM dans le domaine de l’assistance technique, la formation, les échanges d’expérience, et les possibilités de stage en Espagne pour les acteurs du football mauritanien.

C’est cet homme, qui vient d’être rattrapé par la justice espagnole ce mardi 18 juillet 2017 pour «abus de confiance, détournement, corruption privée et contrefaçon de documents ». Son arrestation, selon le quotidien sportif espagnol «Marca», fait suite à une enquête diligentée par le juge Santiago Pedraz, en coordination avec le procureur anti-corruption.
Angela Maria Villar, 67 ans, est président de la Fédération espagnole de football depuis 1988. Il a été réélu en mai dernier pour la huitième fois consécutive à la tête de l’instance dirigeante du foot espagnol. Il a été président par intérim de l’UEFA en 2015, suite à la suspension de Michel Platini, et vice-président du conseil de la FIFA.
Le ministre espagnol de l’Education, de la Culture et du Sport, n’a pas commenté l’arrestation de Villar, expliquant simplement qu’en «Espagne, les lois sont les mêmes pour tout le monde et personne n’est au-dessus».

Cheikh Aïdara