Ameth DIA

Lettre d’un sénégalais lambda à son neveu

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Bonjour  cher neveu

Comment vont les choses depuis la dernière fois qu’on s’est vu? Cela fait d’ailleurs une éternité qu’on ne s’est pas parlé au téléphone. Il faut dire que le réseau est tellement pourri de ce coté ci du pays que parfois je me demande si ces opérateurs téléphoniques sont au courant de notre existence. Communiquer avec l’extérieur relève souvent du parcours du combattant. Déjà faudrait-il que le réseau t’en laisse l’occasion, lui qui fout très souvent le camp pour aller je ne sais où; laissant la place à Africell le gambien. En parlant de la Gambie, j’aime souvent dire à mes amis que ici, on est plus proche de chez Yayah que du Sénégal. La preuve, même pour écouter la radio là, c’est difficile. On a aucun problème pour capter Capital FM, AfriRadio et trois autres radios gambienne dont je ne rappelle jamais le nom. Mais c’est la croix et la bannière pour écouter RFM, RSi, Sud FM. Seul Walfadjri se laisse écouter facilement mais comme je déteste écouter un journal où les gens ne font que se plaindre, je n’écoute que RFI. Ainsi, j’ai l’actualité mondiale et si jamais il se passe un truc super important du côté de chez vous, je serai au courant.

En parlant de gens qui se plaignent, il parait que ces temps-ci, tout le monde ne parle que de Macky Sall et de son supposé Wax-waxeete. Je dis supposé car selon qu’on soit anti ou pro Macky, la vision change Vu de loin, je me dis que les sénégalais aiment beaucoup parler de sujets qui les divertissent et leur font oublier les choses les plus importantes. Que ce soit 5 ou 7 ans j’aimerais bien que tu m’expliques quel incidence cela aura dans notre quotidien. Le goorgorlou que je suis sera toujours obligé de se dépatouiller pour ramener quelque chose à la maison. Ce n’est pas parce que notre Président ne fera que 5 ans au pouvoir que les Dieg à la maison cesseront de demander leur dépense quotidienne. Alors pourquoi perdre autant de temps et de salive à polémiquer sur une promesse d’un politicien. Ne dit-on pas par ici que « parole de politicien ne vaut pas la peine de battre son fils, encore moins de lui donner la main de la petite dernière de la famille »?
Mon neuveu je suis étonné que les sénégalais soient étonné et surpris par cette décision. Depuis quand les promesses électorales sont elles respectées ici? Ils nous promettent tous monts et merveilles lorsqu’ils sont dans l’opposition, mais une fois au pouvoir, ils font le contraire. Fais comme moi mon neveu, n’accorde jamais ta confiance à un homme politique, n’attend jamais d’eux qu’ils embellissent ton quotidien. Ou alors tu vivras très souvent dans le désespoir.

Bon laissons de côté la politique et passons aux nouvelles du village. Ton cousin a beaucoup grandi. Il devenu très musclé des mollets à force de parcourir des kilomètres chaque jour pour aller au lycée. Tu te rends compte, sur plus de 15 km en allant vers la frontière, il n’y a qu’un seul lycée. D’ailleurs ces derniers jours il économise ses forces car leurs profs sont en mouvement.  On croirait presque qu’ils ne sont jamais satisfaits, à force d’être tout le temps en grève. Et le plus drole, c’est que quand ce ne sont pas les enseignants, ce sont les élèves qui sortent dans les rues soit parce que les salles de classes sont pleines à craquer, soit parce qu’ils leur manquent un prof.
Tu te souviens de la femme de Tapha!? Elle a encore accouché. Elle en est à son huitième ou neuvième, je ne sais plus. La pauvre elle ne doit pas être au courant des moyens de contraception. Cette fois ci elle a accouché avant d’arriver au dispensaire du coin. Tu te rappelle de l’état de nos routes, elles sont toujours pareilles voire pires même. Transporter une femme enceinte en travail sur une charette avec des routes quasi inpraticables, voilà ce à quoi sont confrontées les femmes de la zone.
Pourtant il y a quelques mois de cela des gens habillés en Gillets oranges sont venus dans la zone. Ils prenaient des prélèvements du sol, mesuraient je ne sais quoi et mettaient des inscriptions à différents endroits le long de la route. On pouvait voir des chiffres écrits sur un bloc de pierre ou sur un tronc d’arbre. Les gens d’ici s’entousiasmaient à l’idée de l’arrivée d’une route goudronnée. Ils commençaient déjà à rêver des retombées économiques et de l’amélioration de la mobilité que ça apporterait. Mais avec le temps leur enthousiasme s’est dégonflé. Les hommes en gillets oranges sont repartis avec leurs matériels et leur 4×4 et on ne les a plus revus. J’ai bien peur qu’on doive à nouveau patauger dans la boue l’hivernage prochain. Mais par la grâce de Dieu tout ira bien.

Trêve de descriptions négatives, parlons un peu de toi. Ta situation s’est elle améliorée? La dernière fois que j’ai parlé à ta mère, elle se désespérait de ton cas. Il parait que avec tous tes diplômes tu n’arrives toujours pas à décrocher un boulot. Elle désespère même de réussir à te trouver une épouse. À bientôt 35 ans, il y a de quoi s’inquiéter. Je t’aurais bien proposer de venir travailler avec moi ici aux champs mais même les jeunes du coin préfèrent partir en ville, attirés par ses mirages. Comment pourrai-je convaincre un jeune citadin, diplômé de surcroît, de tout laisser tomber pour retourner à la terre quand les villageois eux même ont peu d’estime pour cette dernière.

Mon cher neuveux, sache que la vie est dure, elle l’a toujours été sauf que de nos jours les choses se sont empirées. Mais heureusement notre destin nous appartient même si il donne souvent l’impression de jouer à cache-cache. Ne perds pas espoir et dit-toi quoi quelque soit ta situation, tu peux t’en sortir. N’attend l’aide de personne, surtout pas de nos politiciens car leurs intérêts sont ailleurs. Notre développement émergence ne se trouve pas entre leurs mains. Tient bon et par la grâce de Dieu, tout ira bien.

Ton Oncle


Tuer la petite souris

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C’est quand même dommage qu’on ne puisse pas  exaucer nos souhaits d’un claquement de doigt ou à l’aide d’une baguette magique. Ça nous éviterait d’essayer de trouver des solutions à des problèmes difficiles, voire complexe. En ce moment, je suis à bout, au bord de la crise de nerf. Tout ça à cause d’une petite bestiole qui a fini par hanter mes nuits au point de me terroriser. Je ne sais pas ce que vous leur trouvez de mignon, mon opinion à leur égard est tout autre. Moi je les trouve répugnantes, vicieuses et par dessus tout agaçantes. A force de coup bas, et c’est peu de le dire, elles ont réussi à éveiller mes envies d’extermination, moi l’un des mecs les plus pacifistes au monde. Seulement voilà, il y a un grand faussé entre vouloir une chose, et parvenir à ses fins.

Vous avez peut être déjà deviné la bestiole dont je vous parle. Si tel n’est le cas, alors laissez moi vous faire une confidence: je n’aime pas les souris. Je trouve même que le verbe aimer est trop tendre et trahit mon ressenti. Oui je devrais plutôt dire je déteste, je hais les souris. Depuis plusieurs mois, je vis avec une colonie de ces sales bestioles. Au début tout allait bien puisque nous ne partagions pas le même territoire. Elles étaient en haut sur le toit en paille et moi en bas dans mon bazar habituel. J’entendais leurs bruits, des cris le plus souvent. On aurait dit qu’elles se chamaillaient la plupart du temps, ou alors elles ont une drôle de façon de s’amuser J’entendais aussi leurs déplacements. Le toile mis pour renforcer l’étanchéité de la toiture favorisait cela. Je les entendais très souvent, mais je ne les voyais presque jamais. Chacun était bien dans son coin, jusqu’au jour où elles décidèrent qu’il allait en être autrement.

Un film d’horreur de mauvais goût

Ce que je m’apprête à vous raconter n’est pas une invention de ma part. Je le dis parce que cela vous paraîtra invraisemblable, mais ça s’est réellement passé. Une nuit, pendant que je dormais profondément, je fus tiré du sommeil par un bruit pour le moins bizarre et effrayant. D’un sursaut je m’étais réveillé, cherchant dans la pénombre, ma lampe torche que j’ai eue du mal à trouver. Le bruit se poursuivait toujours et sur le moment je ne pouvais savoir ce qui était à l’origine. Je descends alors prudemment du lit et J’allume la lampe de la chambre. Comme je ne parvenais pas à voir ce que c’était, j’ai alors cru que cette chose dont on préfère ne pas prononcer le nom m’avait rendu visite. J’ai cherché dans la chambre quelque choses qui pourrait me servir comme arme, mais il n’y avait rien d’autre qu’un mince bâton d’environ un mètre et quelque qui me servait à maintenir la porte fermée. Grossière erreur de ma part car en brousse, il faut toujours avoir un coupe-coupe ou un gros bâton à coté de son lit juste au cas ou. Muni de ce frêle bâton qui risquait de se fracasser au moindre impact, je me rapproche doucement de l’endroit d’où provenaient les cris. Imaginez ma surprise, lorsque je vis un rongeur, en train d’avaler les pattes d’un crapeau. Oui j’ai bien dit un rongeur. Il était plus gros qu’une souris normale, mais plus petit qu’un rat. Il semblait avoir un long museau dans lequel il serrait fermement les pattes arrières du pauvre batracien qui criait et se débattait comme il pouvait. Un sentiment d’effroi s’échappa de mon corps. Jamais je n’aurais imaginé assister à un tel spectacle. Passé le moment de stupeur, j’ai quand même cherché à libérer la pauvre bête tout en prenant soin biensûr de ne pas trop m’approcher du rongeur. On ne sait jamais, il pourrait lui passer l’envie de s’attaquer à quelque chose d’un peu plus appétissante. Opération réussie, avec quelque difficultés au passage. La bestiole ne tenait pas à lâcher sa prise aussi facilement. Depuis ce jour je me suis dit que plus rien ne m’étonnera d’eux. Seulement j’étais loin d’imaginer ce qui allait suivre.

Début de l’invasion

Je disais que nous vivions bien tranquilles, chacun dans son coin, elles en haut, et moi bas. Mais ce  statu quo n’allait pas durer. Du jour au lendemain, je commençais à les voir en bas. C’était le plus souvent des apparitions momentanées et furtives. Elles passaient à toutes vitesse. Il faut dire qu’elles sont rapides. A peine on a le temps de les apercevoir qu’elles ont disparu. Comme si cela ne suffisait pas, les souris ont commencé à creuser des trous dans ma chambre rendant leurs apparitions plus fréquentes. Je ne sais pas vraiment combien elles sont, mais j’en voyais souvent une ou deux. Par contre, il n’y avait pas que deux trous dans ma chambre. Elles avaient même creuser sous mon lit en banco, ressortant au passage toute la terre à l’extérieur. Ce qui faisait que ma chambre ressemblait à un champs de patate. J’ai beau balayé et faire sortir la terre, il en arrivait encore et encore et encore. Comme si cela ne suffisait pas de salir ma chambre, elles se mettent à grignoter tout ce que je dépose dedans. Bout de pain, gâteau emballé dans du papier alu, fruits déposés en  attendant qu’ils murissent. Elles ne laissaient rien passer. Et le plus agaçant, c’est que parmi elles, il y a un souriceau, expert en prélèvement de nourriture. Elle trouve toujours un moyen pour atteindre sa nourriture. Soit elle se faufile dans le moindre petit espace, sa petite taille lui facilitant la tâche ; ou alors elle utilise la méthode Rambo et troue tout simplement le tissu qui me sert d’emballage. En ce moment, j’ai un foulard perforé à plusieurs endroits et un de mes habits a aussi connu le même sort. Autant vous dire que je suis complètement frustré quand je découvre un trou dans la nourriture.

Tuer la petite souris et ses compaires

Soyons d’accord sur une chose, il n’y a pas de date de péremption pour un poison. Normalement plus il est mal entretenu, plus il doit être nocif. Alors pourquoi se fait-il que ces souris ne soient toujours pas mortes? J’avais acheté en premier lieu un raticide de couleur rose. C’était des sortes de granulés qu’il fallait juste déposer pour qu’ils soient mangés par les rongeurs. Échec total, elles ont complètement ignoré le produit. Peut être qu’il n’était pas à leur goût. Je suis alors retourné au Lima et j’ai acheté un autre produit. Cette fois ci c’était une poudre noire, et il faut le mélanger avec de la nourriture. Cette poudre est réputée très efficace mais apparemment pas assez efficace contre mes souris. J’ai fait un mélange pain plus patte d’arachide plus poison, et disposé trois à quatre mélanges dans ma chambre. A mon réveil, trois des quatre mélanges ont disparu. J’ai crié victoire trop tôt mais la nuit suivante, je les entendais encore de plus belle. C’est à croire que ce souriceau prenait un malin plaisir à courir juste derrière mon oreillier. Le bruit agaçant de ses petits pas sonnent encore dans mon esprit. J’ai aussi acheté un autre poison, même effet, même déception. De toutes les souris que j’ai cherchées à éliminer, un en seule est morte. Comment vous le dire sans me ridiculiser encore plus? Elle s’est tuée elle même, la tête prise dans un filet qui trainait par là. Même dans la mort elles réussissent quand même à me narguer.

Au final, on dirait bien que j’ai perdu la bataille contre souris and co. L’autre jour, une souris s’est même permise de me passer dessus pendant que je faisais ma salât. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. Il me reste encore quelques produits à tester. Même après plusieurs échecs, Il doit bien y avoir un truc qui pourra les éliminer. Sinon dans le pire des cas, il faudra que je songe sérieusement à me trouver un chat. Pas un qui passe tout son temps à dormir, non un chat du genre de Mousmi. Un bon chasseur très affûté. On verra alors si elles continueront à faire la grosse tête.


Pardonnez-moi Sempai… j’ai spoilé Naruto (1ere partie)

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Contrairement à bon nombre  de fans, j’ai découvert Naruto sur le tard. Pour vous faire une idée, quand j’ai commencé à suivre l’anime Naruto, les autres étaient déjà  dans la période Shippuden. Je devais être sur une autre planète ou complètement à la masse pour passer à coté d’un truc pareille. Je ne sais pas, j’avoue que j’ai encore un peu de mal à m’expliquer ce fait. Mais puisqu’il faut un début à toute chose, je vais vous raconter comment j’ai découvert l’univers qu’a crée Masashi Kishimoto.

Le hasard fait bien les choses

Tout a commencé un après midi à Kaolack. Nous avions l’habitude, mes potes et moi, de squatter la maison d’un ami qui avait un ordinateur fixe assez puissant pour lancer quelques jeux vidéos. Mais ce n’était pas tout, il avait aussi le luxe d’avoir internet à domicile, dans sa chambre en plus, le graal quoi. A l’époque, on allait chez lui pour jouer aux jeux vidéos, moi particulièrement; mais on en profitait aussi pour mater des clips vidéo de rap américain. On était en plein dans notre délire jeunes ados, grand consommateurs de « gangsta rap ». A force de regarder des clip de 50 cent et compagnies à longueur de journée, de voir des femmes à moitié nues se trémousser et se tenir dans des positions à faire hérisser les poils d’un barbu, il nous arrivait aussi, juste pour le fun, de regarder d’autre vidéos. C’est comme ça que je suis tombé, tout à fait par hasard, sur cet extrait qui mettait en scène le combat entre Kiba Inuzuka vs Naruto Uzumaki.
  https://youtu.be/LbNUwx17n78
Naruto vs Kiba & Akamaru

Je ne me rappelle plus si la vidéo était en français, en japonais, ou
en anglais. Peu importe ce qu’ils se racontaient, la scène de baston avait plus que attiré mon attention. J’ai continué ainsi à regarder des vidéos sur YouTube mais pas plus. Toujours pas d’épisodes visionnés. A cette période, les chaînes câbles ne couraient pas les rues, internet n’était pas aussi rapide que maintenant (si on peut appeler ça rapide) et par dessus tout, le streaming, on connaissait pas encore. J’ai alors attendu jusqu’à ce que j’aille à l’Université pour pouvoir enfin découvrir ce qui allait devenir une vraie passion.

Rock lee vs Gaara

Deux heures de connection, une heure de streaming

Haa l’Université ! La période la plus cool dans la vie d’un jeune. Plus de parents pour vous dicter votre conduite. Pleins de nouveaux potes, les confréries, les nuits blanches, les premières virées en boite, les filles, et le meilleur pour la fin, un blondinet turbulent du nom de Naruto.
Ce n’est qu’en 2008 que j’ai réellement commencé à suivre Naruto. Pour ce faire, j’allais très souvent au cybercafé de l’Amicale UFR-LSH dont la gérante était une dame très accueillante et particulièrement belle. Le cybercafé avait à peine une dizaine de machines, mais possédait une connection assez rapide pour le streaming. Oui à cette époque je savais ce que c’était le streaming.

Rock Lee vs Kimimaro (drunk)

Quand j’ai commencé mes recherches, j’ai tout de suite découvert qu’il y avait deux animes, un qui retrace l’enfance du personnage principal et un autre plus récent qui est la suite du premier volet. Sans vraiment hésiter, j’ai tout de suite choisi de débuter par le commencent. L’idée de suivre une série en cours de route et d’ignorer tout un tas d’intrigues ne me tentait pas  vraiment. 
Au début, ce ne fut pas facile de trouver un site offrant en streaming tous les épisodes. Entre les liens morts,  et autres sites truffés de pop-up il m’a fallu beaucoup de patience avant de trouver le bon. Dès que ce fut fait, je venais souvent surfer. Je prenais toujours deux heures de connection à 400fcfa. La première heure, j’en profitais pour faire mes recherches et consulter mes mails et la seconde était destinée au visionnage de trois épisodes. Pour y arriver, j’avais une astuce. J’ouvre une  page de navigation différente de la première qui est réservée aux études et je lance le premier épisode à visionner. Dés que la vidéo démarre, j’appuie sur pause et je la laisse charger en arrière plan tout en continuant mes recherches. Je jette de temps en temps un coup d’œil pour voir où elle en est et dès qu’elle finit de charger je fais de même pour la deuxième, pareille pour la troisième. Une fois la première heure terminée, je me retrouvais d’habitude avec deux épisodes et demi, le troisième continuant de charger pendant que je visionne les deux premiers.
https://youtu.be/7f2GfPIoHEc
Orochimaru vs Sasuke (English sub)

J’avais ainsi visionné une bonne partie des épisodes, puis quand j’ai découvert les logiciels de téléchargement vidéos, je les ai utilisés pour télécharger directement depuis le site de streaming la totalité des 220 épisodes que j’avais gravés sur différents CD J’ai donc visionné tous les épisodes sans même me rendre compte qu’il y avait plein d’épisodes filler, qu’on appelle plus communément hors séries.  Contrairement aux hors séries de Naruto Shippuden qui sont souvent de très mauvaise qualité scénaristique, je n’ai pas le souvenir de ne pas avoir apprécier un seul épisode de Naruto.

Pendant tout ce temps j’ignorais tout ce qui était entrain de se passer dans Naruto Shippuden. Ça ne m’interessait même pas pour le moment. Plus je visionnais l’anime, plus je devenais fan. L’attitude de Sasuké envers Naruto m’exasperait, Konohamaru et Jiraya m’ont fait plier de rire, Orochimaru m’a foutu la chaire de poule,  l’infirmité de Rock Lee m’a presque arraché des larmes et Itachi… que dire d’Itachi? Je n’arrivait toujours pas à cerner la psychologie de ce personnage mystérieux. Tous ces éléments ont fait que j’ai adoré regarder Naruto. Je savais déjà que la suite ne pouvais être que meilleure. Cependant, j’ignorais que j’allais être soumis à autant de tentations, moi qui n’aime pas vraiment les spoils.
A suivre…


Au voleur

« J’ai des envies d’insultes. Traiter de tous les noms d’oiseaux possibles une personne en particulier; que dis-je, insulter sa mère. Au moment où je vous écris, j’ai les doigts qui me démangent, j’ai bouche pleines d’insanités, prête à déverser toute ma colère, toute ma haine. Heureusement que j’ai l’esprit qui m’empêche de me laisser aller, heureusement qu’il me reste encore un peu de « soutoura », heureusement que j’ai reçu une bonne éducation. »

Je n’ai pas pu aller  plus loin, saisi que j’étais par la colère. Heureusement que j’avais l’esprit trop troublé pour continuer sinon Dieu Seul sait ce que j’aurais pu écrire. Les jours passant, les choses se sont apaisées, et ce n’est qu’aujourd’hui j’ai pu reprendre la plume pour vous raconter ce qui m’est arrivé.

Vendredi 28 novembre, il est 14h passée de quelques minutes. Je hâte mes pas pour ne pas rater la prière du vendredi. Au moment où je  pénètre la mosquée, l’imam était déjà entrain de faire son houdba. Je me faufile entre quelques fidèles qui sont assis sur des nattes puis à mon tour, je m’assieds au deuxième rang, au même endroit que le vendredi dernier, celui d’avant, bref comme tous autres vendredis. A peine cinq minutes d’attente, et c’est le début de la salât. En coeur, nous suivîmes les mouvements de l’imam, lançant au passage quelque Allahou Akbar et Amen. Deux raka plus tard, c’est la fin de la salât. Avant que les fidèles ne se dispersent, des prières sont formulées à l’endroit des disparus, malades et autres nécessiteux. Une fois sorti de la mosquée, je hâte à nouveau le pas. J’avais faim et je ne pouvais m’empêcher de penser au Yassa Lapin que j’avais préparé et qu’on allait manger pour le déjeuner. En partant j’avais pris le soin de tout fermer à clef. Arrivé devant ma chambre, je les sors de ma poche, puis j’ouvre la porte. Je remarque au passage, qu’elle s’ouvrait d’une façon un peu bizarre comme si elle avait été déplacée. Je la remet alors en place, pénètre dans la chambre, et en jetant un coup d’œil sur mon lit, je constate que l’ordinateur portable que j’avais laissé en charge avait disparu.
Comme je suis un peu tête en l’air et qu’il m’arrive souvent de chercher mes affaires quelque part alors que je les ai déposés ailleurs, je plonge dans mon lit pour fouiller dans le bazar  permanent qui y est. Je ne trouve rien. Je sors du lit, regarde au dessus du moustiquaire, là non plus rien. Debout, je regarde autour de moi, aucun signe de mon PC. Confus et troublé, je demande alors à mon cousin s’il n’avait pas mis mon PC dans sa chambre. A sa grande surprise, il me répondit non mais vérifie quand même s’il ne s’y trouve pas. Là non plus rien, c’est normal puis que je suis le dernier à être sorti de la maison et que j’ai moi même fermé la porte de ma chambre tout en y laissant l’ordinateur en charge. Je rentre à nouveau dans ma chambre et là je vois le témoin vert du transpositeur allumé. Plus d’ordinateur, plus de chargeur, et plus de smartphone non plus. C’est à cet instant précis que j’ai réalisé que je venais de me faire cambrioler.

J’étais là debout dans ma chambre, l’esprit troublé, les membres paralysés. Je ne sais pour quelle raison, mon coeur battait à cent à l’heure. Je ne parvenais plus à parler. On aurait dit que j’étais piégé dans un cauchemar. Je ne savais plus que faire, comment réagir. J’étais sous le choc. J’ai ensuite eu une avalanche de questions.  Pourquoi, comment, qui? Qui a pu faire une chose pareille? Comment a-t-il procédé? Et pourquoi? Le choc a moitié encaissé mais l’esprit encore troublé, je me rends à la maison d’à côté pour me renseigner s’il n’ont pas vu ou entendu quelque chose de suspect. Ils n’ont vu personne passer, encore moins entendu les chiens aboyer. Sans trop m’en rendre compte, je détenais là une information importante. S’ils n’ont pas aboyé, cela veut dire que la personne qui a fait le coup leur est familière. Donc le scélérat connait bien la maison et y vient fréquemment. Cela dit, le champ de recherche n’en est pas pour autant restreint car nombreux sont ceux qui entrent et sortent.
Je reviens à nouveau dans ma chambre, regarde encore pour la énième fois si je ne l’ai pas déposé ailleurs. Et à chaque fois j’étais encore plus abattu que la précédente. Je sors dehors pour voir par terre si je n’arrivais pas à distinguer des traces de pas de l’intru. C’était peine perdue, je n’arrivais même pas à distinguer mes propres pas de ceux de Idy, ou encore des gamins qui viennent au puis. Je m’isole alors. Assis sous un manguier, le regard perdu, je n’arrêtais pas de rejouer la scène dans ma tête. Je suis le dernier à être sorti de la maison, j’ai pris mon bain, enfilé un kaftan et fait mes ablutions à la va vite et surtout j’ai fermé à clé ma porte. Mais celle ci n’étant pas complètement scellée, le voleur a pu rentrer sans grande difficulté en la forçant.
Malgré le fait que nous étions tous consternés, il fallait quand même que l’on fasse le point. Alors on s’est assis on a essayé de réunir le maximum d’informations. Premièrement les chiens n’ont pas aboyés donc le cambrioleur connait bien les lieux. Deuxièmement il connait aussi très bien nos habitudes car il savait qu’il n’y aurait personne à la maison les vendredi à l’heure de la prière, donc il devait être entrain de m’observer pendant que je me préparais. Et troisièmement, il n’a ciblé que ma chambre, et pourtant, Idy avait laissé ses clefs sur la serrure et qu’il avait lui aussi un ordinateur portable dans sa chambre. Donc le voleur savait exactement ce qu’il venait chercher dans la mienne, il ignorait juste qu’il pouvait empochait le jackpot en visitant aussi l’autre  chambre. Bref il a bien planifié son coup, tellement bien qu’il savait qu’il n’y avait rien dans d’intéressant dans  l’autre sauf que ça c’était avant que Idy n’emménage.

Voilà, nous savions comment qu’il a procédé, quel est son profil, mais impossible de désigner un nom. Le plus ironique et rageant dans tout ça c’est que tout le monde devient un suspect potentiel. Seulement, on ne peut accuser personne car n’ayant pas de preuves. J’ai d’abord penser à un nom, puis à un autre et ainsi de suite mais je ne pouvais me permettre de citer quelqu’un sous peine de  des problèmes. Comble du désarroi, nous étions un vendredi après midi. Je n’étais pas sûr qu’en allant à la sous préfecture de Wack je trouverais un agent pour faire ma déposition. En plus nous étions à un jour du grand Magal de Touba (pèlerinage annuelle à la capitale du mouridisme). Mouride ou pas, tout le monde en profite pour ne pas aller travailler. Et pour finir faire une déposition ne servirait absolument à rien car ils ne prendront même pas la peine de faire une enquête. Il ne me restait plus qu’à aller voir le chef de village et l’informer de la situation.

N’ayant pas plus de solutions, on est obligé de laisser tout entre les mains de Dieu comme on aime le dire par ici. J’ai alors fait les ablutions, étalé ma natte, et fait deux rakas. Et finissant ma salât, j’ai prié le Tout Puissant de maudire celui qui a commis un tel forfait. Maintenant je comprends mieux pourquoi les voleurs se font lyncher par la foule lorsqu’ils se font prendre.



Scorpion

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J’ai très souvent entendu ces histoires de personnes qui se sont faits piquer par un scorpion, de la douleur qui s’en suit, mais je n’avais encore jamais vécu cette expérience.

 

Depuis que je suis à Koutango, je vois fréquemment des scorpions. Malgré ma mauvaise vue, il m’est souvent arrivé de les apercevoir pendant la nuit. Je me rappelle même qu’à deux reprises, j’ai pu voir dans la pénombre, un gigantesque scorpion qui se rapprochait de nous. Après l’avoir tué, on a pu constater le lendemain matin, le danger auquel nous étions exposés. En effet, le scorpion était tellement noir qu’il en devenait presque verdâtre. Il avait de grosse pinces et une queue au bout de laquelle se trouvait un dard tellement visible qu’il vous donnerait la chair de poule. Une piqûre de cette bestiole aurait pu causer de graves conséquences. Depuis, j’ai toujours fait attention à certains détails, comme par exemple, ne jamais prendre un tas d’herbes desséchées à pleine main, ou encore soulever par le bas un objet resté trop longtemps au sol. Jusque là tout allait bien sauf qu’hier soir, j’ai commis une grave erreur même. J’ai chaussé mes bottes de travail sans vérifier s’il n’y avait pas quelque chose à l’intérieur. Pourtant, c’est la première chose que je fais chaque matin avant de les porter: je les secoue vigoureusement, les incline pour voir s’il n’y rien qui tombe puis je jette un coup d’œil à l’intérieur. Mais cette fois ci, je n’ai pas pris toutes ces précautions. J’avoue que ces derniers temps, je suis un peu trop tête en l’air.

Chaque matin, j’enfile mes bottes en caoutchouc, je travaille avec jusqu’à ce que le soleil commence réellement à chauffer, puis, je les enlève pour éviter qu’elles ne me brûlent les orteils. Je les porte aussi à chaque fois que je dois aller de l’autre côté du champ, là où il y a des hautes herbes et l’eau stagnante de l’hivernage en cours. Cet après- midi, je devais m’y rendre pour déplacer notre âne afin qu’il ait à manger. Sans trop faire attention, je saisis mes bottes et je me dirige vers la petite Casamance. Je n’avais pas jugé utile de les chausser sur le coup car j’avais quelques petites tâches à faire en cours de route. Je marchais donc pieds nus, en tenant les bottes avec une main. Une fois que j’ai eu fini ce que j’avais à faire, je me dirige alors vers mes bottes que j’avais déposé juste à côté. Je m’assieds par terre, prend la droite et comme à chaque fois, j’éprouve d’énormes difficultés quand j’essaie de faire rentrer mon pied. Je me relève alors, et prenant appui sur mon pied gauche, j’enfonce le pied droit dans la botte. Et c’est là que j’ai senti une piqure. J’ai alors tout fait pour retirer la chaussure aussi vite que possible. Je ne savais pas encore ce que c’était. Mais à l’instant T, si je devais la quantifier, je dirais que la piqûre ne faisait pas aussi mal que celle d’une d’abeille mais qu’elle était plus douloureuse qu’une piqure de fourmi noire. J’ai d’abord pensé que c’était un scolopendre, un insecte rampant dont on dit que la piqûre est très douloureuse, mais j’ai tout de suite aperçu le coupable dès que j’ai enlevé la botte.

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Il était là, à l’intérieur, la queue déjà parée à frapper à nouveau. Il n’était ni petit, ni grand, mais savait déjà infliger de la peine. A sa vue, je me suis dit que j’allais passer un sale quart d’heure. En effet, une douleur se manifestait par intermittence. Elle était plutôt supportable même si ça faisait mal. Malgré la douleur, je prends quand même le temps d’incliner la botte afin de le faire tomber et dès qu’il touche le sol, je l’écrase avec le talon de mes bottes. Voilà, j’ai assouvi ma vengeance; cela dit elle n’apaisait pas la douleur qui devenait de plus en plus persistante. Sur le coup, j’ai complètement oublié que je devais déplacer l’âne. Je ne parvenais plus à marcher normalement, je sautillais, le plus rapidement possible, pour retourner à la maison. En à peine deux minutes, le temps que je rejoigne les autres et que l’on prépare la moto pour aller au dispensaire, ma jambe me faisait horriblement mal. Je ne parvenais plus à tenir sur place. A l’origine seul mon gros orteil me faisait mal mais là on aurait cru le scorpion m’avait piqué sur les quatre autres orteils. En gros, la douleur a quintuplé à tel point que je parvenais à peine à les bouger.

Nous voilà sur la route qui mène à Keur Tapha. Il était 18h passées, un vent frais soufflait. Idy qui conduisait la moto avait pris le soin de porter son jacket, moi je portais un simple t-shirt. Je ne sentais rien d’autre que mon pied qui me faisait affreusement mal. En à peine quelques minutes on arpentait déjà notre petite montagne à nous. C’était une pente ascendante érodée par les eaux pluvieuses et des sillons de plusieurs mètres de profondeur sur les rebords creusés au fil des hivernages. De là haut, on peut facilement contempler le relief en contrebas, et apercevoir le village s’il n’était pas caché par les arbres. Le paysage est certes joli à observer mais la route par contre est cahoteuse. Heureusement que mon cousin est un as de la bécane. Avant d’arriver au dispensaire, je commençais à sentir une autre douleur. Cette fois-ci elle se situait à l’aine. Elle allait me gêner encore plus dans ma démarche. J’ai essayé de le masquer une fois sur place. J’essayais de marcher normalement sans vraiment y parvenir, ça sautait aux yeux qu’il y avait un truc pas normal. Heureusement qu’il n’y avait beaucoup de monde ce jour-là car les quelques minutes d’attente avant de pouvoir rencontrer le docteur ont semblé une éternité. Je me suis mis dans différentes positions juste pour essayer d’atténuer la douleur. Je me souviens même avoir mis ma jambe en suspension dans l’air mais rien y faisait, j’avais toujours mal.

C’est enfin mon tour. Dès que j’ai expliqué au docteur la raison de notre venue, il a pris une seringue,  y a mis je ne sais quel sérum et me l’a injectée au gros orteil. Sur le coup la douleur a disparu. J’étais là, les yeux fermés, entrain de faire des grimaces, puis d’un coup, tout s’est arrêté. Comme par magie je n’avais plus du tout mal, mon pied s’ést allégé, je ressentais juste un picotement au niveau du gros orteil. J’ai alors éclaté de rire sans vraiment le faire exprès à la grande surprise du docteur qui s’attendait peut être à une autre réaction. Devant l’absurdité de la chose, je n’avais que le rire comme moyen d’expression. Moi qui me tordais de douleur il y a à peine une minute. Quelques paracétamols offerts et nous revoilà sur le chemin du retour. Je me croyais tiré d’affaire mais la douleur, perverse qu’elle était s’était déplacée sur l’autre orteil. Sur le coup je me suis demandé si je m’étais pas fait piquer à plusieurs reprises par le scorpion. Une fois rentrés, j’avais à nouveau mal aux orteils, je recommençais à boiter. Cependant, la douleur était à un degré moindre.

Si j’avais à choisir entre les deux étapes, vous imaginez déjà pour laquelle j’opterai. C’est ainsi que j’ai passé la moitié de la nuit à souffrir le martyr tout en sachant que les choses ne pourraient pas s’empirer. Je n’ai réussi à fermer l’œil qu’à partir de 1h du matin. Le lendemain matin, la douleur avait complètement disparu. Il ne restait plus que quelque picotements comme si j’avais des fourmis aux pieds.

Quand on vous dit que la taille ne compte pas là, faut demander à scorpion même !


Sur la route de Wack

Cette année, la campagne de mangue s’est déroulée d’une façon pour le moins inattendue. Nous avions décidé de récolter nos mangues plus tôt que d’habitude pour éviter qu’elles soient mures trop tôt après cueillette. Il y a avait aussi une autre raison, éviter l’hivernage qui approchait à grands pas, car les mangues pourrissent facilement à cette période du fait de certains insectes comme la mouche des mangues. Ce que nous ignorions, c’est que cela aurait des incidences sur le prix que nous avions l’habitude de fixer.

La concurrence, c’est vraiment pas cool

Les premières clientes à se manifester ont vite fait de nous le faire savoir. En réalité elles étaient deux, des clientes du village, coépouses de surcroît. La précision vaut son pesant d’or, car contrairement à ce à quoi on s’attend d’habitude, ces deux-là s’entendent à merveille. On dirait presque qu’il y a une certaine complicité entre les deux tellement elles étaient sur la même longueur d’onde. Quand elles m’ont annoncé la mauvaise ,j’ai écarquillé les yeux. L’idée de perdre 500 FCFA sur la bassine ne me plaisait pas du tout. D’après elles, il y aurait un autre producteur de je ne sais où qui a baissé le prix de la bassine et toutes les clientes potentielles des environs, vont se ravitailler là-bas. En message codé subtilement, ou pas, vous devez comprendre : soit tu baisses le prix, soit on ne vient pas chez toi.
Étaient-elles en train de bluffer? Je ne saurais le dire. Mais nous avions une urgence avec nos mangues récoltées depuis plusieurs jours, et presque aucun client en vue à part ceux qui achète par un, voire deux kilogrammes. Nous nous résignons alors à baisser le prix de la bassine à 2500 FCFA. A chaque fois que j’en vendais une, je pensais plus à la somme perdue qu’à celle engrangée. Et pour couronner le tout, elles se faisaient désirer, refusaient de prendre certaines mangues parce qu’elles n’étaient pas assez grosses ou pas sucrées. J’ai pourtant beau leur dire qu’une mangue non mûre a toutes les chances du monde d’être amère donc qu’il faut attendre qu’elles soient sur le point de mûrir avant de les vendre mais rien n’y fait, elles s’en tenaient à leur logique, vendre coûte que coûte. Le fait d’être nos seules clientes « régulières » – et là j’ouvre très grand les guillemets, les mettaient dans une position favorable. Nous par contre, nous étions dans un sale pétrin si la situation ne pas venait pas à changer. On aurait cru que personne n’était au courant que la campagne avait déjà commencé.

10 km à dos d’âne

 

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Les jours passant, la situation ne s’améliorait pas vraiment. Ce n’était toujours pas la grande affluence. Devant ce cas de figure, Pa 5 ans et demi préconisait une solution qui ne m’enchantait guerre, prendre la charrette et l’âne pour aller vendre nos mangues dans les villages environnants. Le simple fait de m’imaginer assis sur une charrette en train de crier « Aywa mangoo » me décourageait déjà. Il proposa sa solution plusieurs fois, et à plusieurs reprises je l’ignorais jusqu’au jour où, après les avoir triées, je me suis retrouvé avec un nombre important de fruits très mûrs. Un jour de plus et ils seraient invendables. Devant cette situation, j’ordonnai à Papiss, un de nos sourga, de sangler l’âne. Il était temps qu’on aille nous-mêmes à la rencontre de la clientèle.

Il devait être 11 h lorsque nous avons pris la route. Le soleil ce jour-là s’était montré plutôt clément avec des rayons assez doux même si la température était assez élevée. Un contraste apprécié qui allait nous épargner bon nombre de désagréments. La charrette était chargée de deux damb (grands paniers tressés utilisés généralement dans le commerce des fruits). J’avais bien choisi l’endroit où j’allais prendre place, de façon à tourner le dos à ces gens qui passent toute la journée assis sous l’ombre d’un arbre à converser de tout et de rien.  La marchandise prenait tellement de place sur cette charrette que j’avais à peine un endroit où m’asseoir correctement. Je me trouvais à l’arrière, sur le côté gauche (décidément ce côté ne me convient pas du tout), laissant à mon acolyte le soin de manœuvrer notre âne… Tiens donc parlons un peu de notre âne. Comme tous ces congénères, il est têtu. Et comme si cela ne suffisait pas, il est aussi particulièrement paresseux. Je garde encore d’amers souvenirs de nos précédentes sorties, lorsque nous allions charger du fumier. Comme je m’y attendais, il nous a fallu plusieurs heures avant d’atteindre Wack Ngouna. Trois pour être exact. Autant vous dire que j’avais les fesses en compote à force d’être assis aussi longtemps.

 » Des mangues qui se vendent elles-mêmes « 

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Nous voici à Wack. Fini la bitume, maintenant on roule sur de l’asphalte. Je descends alors de la charrette pour me dégourdir un peu les jambes, mais surtout pour accoster un petit groupe d’individus, des hommes qui se reposaient juste devant nous.
La première tentative fut un échec. Cependant, ils m’indiquèrent qu’il y avait des femmes qui revendaient des mangues un peu plus loin. Nous continuons notre route vers la direction indiquée. Comme par un heureux hasard nous tombons pile- devant l’une d’entre elles. Elle s’approcha de la charrette, inspecta la marchandise et nous demanda d’attendre. Entre-temps des enfants avaient formé un joyeux attroupement autour de la charrette attirant du coup l’attention des plus grands. On réussit à vendre quelques manques avant que nos nouvelles clientes ne reviennent. Elles étaient deux, des peulh. Au fait j’ai remarqué qu’il y avait énormément de villages peulh dans cette partie sud du Saloum. On se croirait presque dans le Fouta.

Après les salamaleks d’usage, elles entreprirent une longue discussion avec moi. En fait, c’était plutôt du marchandage. Moi qui suis hyper nul dans le domaine particulièrement quand il s’agit d’acheter un article, je m’en tirais plutôt pas mal. Il faut dire que la marchandise que nous transportions nous mettait dans de bonnes dispositions. Nous avions emporté avec nous des Californiennes. De grosses mangues rouges dont une seule peut dépasser facilement 1 kg à la pesée. Une mangue charnue, pas assez sucrée à mon goût mais qui se vend assez facilement. En fait elle se vend toute seule, car elle attire le regard des passants qui sont à chaque fois étonnés de voir une si grosse mangue. D’entrée je fixe le prix de la bassine à 3500 FCFA. Ce n’est pas de la surenchère, nous venions quand même de nous taper trois heures de route. Bien sûr les femmes trouvèrent ce prix trop élevé. Elles m’en proposent 3000, ce qui est le prix normal de la bassine de mangue ici. Seulement voilà, mes mangues ne sont pas comme les autres. Je dis alors niet et je campe sur la somme initialement proposée. Après plusieurs arguments échangés, elles proposèrent 3250, chacune prenant une bassine. Je fis un rapide calcul dans ma tête, puis je me dis que 6500 FCFA en un coup c’est plutôt pas mal. Marché conclu, je ressors requinqué de cette transaction, le moral au beau fixe. Et en plus, je venais de me départir de la moitié du chargement.

Après cette transaction nous nous dirigeons lentement vers le coeur de la ville. On passe devant un hangar où étaient stationnés des camions. À l’intérieur des ouvriers s’affairaient encore. J’entre dans le hangar,  j’observe un peu les va-et-vient puis distingue au fond un homme en chemise et jean, tenant un bloc-notes qu’il remplissait. Tiens ça doit être le patron me suis-je dit. Je me dirige alors vers lui, Salameks d’usage puis à peine quelques mots échangés, il me suit en dehors du hangar pour voir la marchandise. Rapidement un attroupement se forme à nouveau autour de la charrette. Quand je vous dis que ces mangues se vendent toutes seules. Les ouvriers, les chauffeurs des camions se mirent choisir une par une les mangues jusqu’à ce qu’il ne reste que les plus molles. Mangues que j’avais mises à part pour éviter qu’elles ne se mélangent avec les autres, car invendables à mes yeux. Mais à ma grande surprise, même celles-là aussi sont convoitées et finissent par être vendues à l’unité. En à peine quelques minutes toutes les mangues sont parties entre les mains des travailleurs.

Chance du débutant ou véritable succès marketing, ce déplacement à Wack a complètement changé le cours de la campagne. J’ai été surpris qu’on ait écoulé notre marchandise si vite, en moins d’une heure et ceci en n’ayant toujours pas atteint le centre de la ville. Finalement on a rebroussé chemin sans même aller jusqu’au marché. Sur le chemin du retour, nous avons laissé l’âne aller à sa guise. Après tout lui aussi avait vécu une journée éprouvante. Nous sommes arrivés au village aux alentours de 18 h, le cou engourdi, le ventre vide, faute d’avoir mangé quelque chose de consistant, mais le moral gonflé à bloc. Au final cette petite excursion en valait vraiment la peine.



Naruto Gaiden chapitre 9 : Sarada se défoule enfin

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Depuis le début de cette aventure, la seule chose que l’on savait de Sarada était son aspect psychologique. Un enfant qui n’avait pas la même insouciance que les autres et qui se posait déjà de nombreuses questions sur son identité, son passé. Un père absent pour on ne sait quelle raison, une naissance entourée de mystère, et par-dessus tout, une photo, celle de Karin, avec une étonnante ressemblance qui soulève la question de l’identité maternelle. Son éveil au Sharingan à la fin du chapitre 4 ne nous a pas non plus dit grand-chose sur ses capacités; l’éveil s’étant fait sous le coup d’une forte émotion, le désir ardent de voir son père et non pendant un combat. Masashi nous a fait attendre jusqu’au chapitre 9 pour que le personnage principal de ce spin-off entre enfin en scène.

Enfin débarrassé de Shin Uchiha

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Il était vraiment temps qu’on se débarrasse de ce perso qui, selon moi, est très en dessous des autres grands méchants qu’on a eus à découvrir dans Naruto. De Zabuza Momochi à Kaguya, Shin est celui qui m’a le moins plu, tant au niveau puissance pure qu’au niveau psychologique. Pour vous dire la vérité, je ne l’aime pas; je n’aime ni sa façon de se battre, ni ses raisons qui l’animent; raisons que je trouve par ailleurs un peu trop tirées par les cheveux. Le fait de prétendre qu’il est un Uchiha alors que ce n’est pas le cas, ces multitudes de Sharingan sur son corps alors qu’ils ne lui servent pas vraiment à grand-chose, et toujours cette même façon de se battre en utilisant des armes, ou encore de battre en retraite pour ne pas dire fuir avec le Jikukan Ninjutsu  à chaque fois qu’il se fait mettre en pièces. Tous ces éléments me font dire qu’il n’est pas vraiment à la hauteur. La seule fois qu’il m’a vraiment bluffé, c’est lorsqu’il a apposé son sceau sur le katana de Sasuké et qu’il s’en est servi contre Naruto pour briser son mode Kurama. Mais à part ça, il n’a fait que montrer son impuissance. D’ailleurs l’affaire a vite été réglée dès lors que Sasuké a élevé son niveau avec le Susanoo. Si je ne le porte pas autant en estime, c’est peut-être parce que j’ai toujours détesté ces shinobis génétiquement modifiés; et shin en est l’archétype parfait.

D’autres Shin à la place de l’original

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J’aurais préféré qu’ils ne soient pas aussi nombreux que ça, et surtout qu’ils n’aient pas tous la même tête, mais bon on va s’en contenter pour le moment. J’avais évoqué dans un précédent billet la théorie du « bandit encore plus bandit que l’actuel bandit », un qui se cache dans l’ombre et qui tire les ficelles à sa guise comme l’ont jadis fait Nagato, Obito, Madara, Zetsu Noir. Cette théorie n’est pas encore confirmée, mais j’ai l’espoir de découvrir un nouveau personnage qui sera vraiment le grand méchant de la série. Pour le moment il faudra se contenter de l’armée des Shin qui ont pris la relève d’une façon fort étonnante. Sur ce coup Masashi m’a vraiment surpris, je ne m’attendais pas du tout à ce changement de leadership soudain. Les clones de Shin sont des personnages mystérieux qui, à mon avis, n’ont pas encore dévoilé tout le secret qui les entoure. Y’aurait-il un lien entre les Shin et l’investigation de Sasuké sur l’armée des Zetsu blanc? Quid de l’implication de près ou de loin de Kaguya.  Quelle est cette menace plus terrible que Kaguya qu’avait évoqué Sasuke avant son départ pour l’investigation?  On le saura très bientôt j’espère.

Sarada, une force de frappe qui en rappelle une autre

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Le sourire de Sasuké à la fin de ce chapitre en a marqué plus d’un. Et c’est le cas de le dire tant ce personnage est sévère et strict. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer ce sourire? La fierté d’un Uchiha qui voit sa fille combattre. Elle s’est enfin défoulée et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’y est pas allée de main morte. Pas encore de ninjutsu, le légendaire Katon des Uchiha viendra sans doute un peu plus tard, mais on a déjà eu un aperçu d’une force de frappe qui en rappelle deux autres. Un seul coup pour envoyer valser tous les Shin qui se trouvaient dans la zone. Le Shannarou de Sarada n’a rien à envier à celui de Sakura. Le Sharingan aurait-il fait déjà effet ?  Vu l’étonnement de Sakura et des autres, je crois que oui. Je ne pense pas qu’elle ait eu le temps de lui apprendre une technique pareille. Technique qu’elle maîtrise déjà à cet âge alors que sa mère a dû attendre longtemps avant de pouvoir en faire de même. Il est donc fort probable que ce soit son sharingan qui lui ait permis de le faire. Elle a sans doute dû voir sa mère l’utiliser par le passé. Si elle suit les traces de ses parents, Sarada risque de devenir un des personnages les plus puissants de sa génération. Imaginez la puissance du Sharingan croisée avec un chakra énorme et la technique d’autoguérison mise au point point par Tsunadé, le Byakugou no jutsu. Après tout le rêve est permis.

Si les enfants aspirent à avoir les mêmes capacités que leurs parents, alors Sarada sera sans doute un adversaire redoutable. D’ici là, le prochain chapitre risque d’être riche en révélations. Le combat contre les Shin prendra-t-il fin dès ce chapitre ? Connaîtrons-nous enfin la vérité sur la mère de Sarada? Il ne nous reste plus qu’un jour à attendre pour la sortie du chapitre 10 de Naruto Gaiden.


Je suis kaolackois, je ne suis pas un as du vélo

Pour aller livrer mes mangues sans perdre trop de temps, l’utilisation d’un vélo ou d’une bécane est indispensable. Encore faut-il être à l’aise sur ces véhicules…

Il m’arrive souvent de me réveiller tôt le matin et d’avoir toute la peine du monde à me tirer du lit. On dirait que mon corps s’engourdit pendant la nuit, je me sens lourd, j’ai mal au dos et j’ai l’impression que la nuit a filé tellement vite que j’ai à peine dormi. Je me réveille donc encore plus fatigué que je ne l’étais la veille. Et le pire, c’est qu’on se rend vite compte qu’une journée bien remplie nous attend.

Ce matin là, je ne me sentais vraiment pas bien. Non seulement j’avais des courbatures, mais en plus je trainais toujours la migraine de la veille. Et comme si ça ne suffisait pas, un début de diarrhée vint obscurcir encore plus le tableau. Je me disais, ça y est je vais encore tomber malade comme l’année dernière à la même époque.

Pas vraiment un as du vélo…

 

Les heures passaient et toujours aucune amélioration : je continuais à travailler comme si de rien n’était. J’avais fini de trier les mangues, faire sortir celles qui étaient pourries, mettre de coté les plus mûres, les charger dans une cassette que je devais convoyer à Wack Ngouna, une commune à 10 km de Koutango.

Nous nous y rendons fréquemment ces dernières semaines pour y écouler nos mangues. Comme Pa 5 ans et demi* se fait vieux et qu’il ne cesse de se plaindre de maux de reins, de dos, etc., c’est moi qui le remplace à ce niveau Mais voilà, le seul problème c’est que c’était la première fois que je devais transporter un poids aussi lourd. Contrairement à la majorité de mes concitoyens,  je ne suis pas un as de la bécane. Oui je suis de Kaolack, la ville du vélo* par excellence au Sénegal, mais je ne sais pas en conduire. Pour dire vrai, il n’y a pas si longtemps que ça, je ne savais pas conduire une moto. Depuis, les choses ont changé, j’ai eu le temps d’apprendre mais cela ne fait toujours pas de moi un conducteur expérimenté

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Il est presque 11 heures, j’ai fini de remplir la cassette, et il est temps de prendre la route. J’enfourche le « saretou mbam« * de Pa (5 ans et demi), je mets le contact et là je perds plusieurs minutes à essayer d’allumer cette fichue bécane. La journée ne pouvait pas mieux commencer. Démarrage en trombe, zig-zig sur quelque mètres sablonneux avant de retrouver un semblant d’équilibre et j’arrive enfin au portail. Ouf, un peu de répit.

J’ai à peine parcouru 20 mètres, mais je savais déjà l’ampleur de la tache qu’il me restait à accomplir. La porte se referme derrière moi, j’enfourche encore la bécane. Démarrage en trombe à nouveau, à peine quelque mètre parcouru et j’entends un bruit bizarre issu d’un frottement saccadé entre deux objets. Je freine, puis me retourne et je vois étalées sur plusieurs mètres de long toutes les mangues qui se trouvaient dans la cassette. Elle s’était détachée sous le poids des fruit… Et pas n’importe lesquels hein, de grosses mangues dont une seule peut atteindre facilement 1kg. Mangues que je devais ramasser une par une et les remettre dans la cassette, que je rattachais en serrant très fort les élastiques. J’enfourche une fois encore la moto et cette fois ci, je réussis enfin un démarrage en douceur.

Plus difficile de transporter des mangues qu’un passager !

Durant le trajet, je sentais le poids de la cassette qui tirait continuellement vers la gauche. Un sentiment bizarre qui faisait que j’étais constamment aspiré vers l’autre coté de la chaussée. Déjà que la moto en temps normal me donnait l’impression qu’elle tirait elle aussi vers la gauche, cela n’arrangeait en rien ma situation. Je me rendis alors compte que supporter* une personne en moto, n’avait rien voir avec le fait de transporter un objet lourd. Les premiers mètres furent hésitant : je n’osais pas accélérer et prendre le risque de perdre le contrôle. Mais je ne pouvais pas non plus continuer à rouler à deux à l’heure, sous peine de me foutre la honte devant tout le village, particulièrement à ces heures où ceux qui ne font rien – et croyez moi, ils sont très nombreux – sont tous assis sous l’ombre d’un arbre, à tuer le temps.

La route en bitume qui mène à Wack n’est pas en si mauvais état que cela, même si il y a quelques endroits cahoteux qui obligent les conducteurs à rouler tantôt à droite, tantôt à gauche. Sans oublier les endroits sablonneux qui donnent toujours des sueurs froides aux néophites de mon genre. Il y en a trois, dont un que je crains particulièrement. Il se trouve à mi-parcours, une vingtaine de mètres ensablés, impossible à éviter. Ne pensez même pas à essayer de passer sur les cotés : ce serait vraiment une très mauvaise idée. La meilleure solution est de passer au milieu, ce que je fais toujours et qui me réussit à chaque fois avec bien sûr quelques difficultés… Pour cette fois ci, je ne sais pas trop ce qui s’est passé dans ma tête, mais je n’ai pas jugé nécessaire de ralentir. Peut être parce que je ne roulais pas aussi vite que d’habitude. J’ai alors gardé la même allure et je me suis dit que plus vite je passerai, mieux ce serait… mais en fait non, ça m’a pris plus de temps que d’habitude.

Vive le judo…

Les premiers mètres n’eurent aucun impact,  normal si ça se complique dès le début, ça enlève tout le croustillant, puis tout d’un coup le pneu avant commence à vaciller. J’essaie de redresser la barre mais là aussi ça part trop vers la gauche. Je continue ainsi à faire des zig zag sur plusieurs mètres puis, ce qui devait arriver arriva. En une fraction de seconde la moto s’affale sur son coté gauche, toujours ce fichu coté gauche, et me voilà projeté en l’air. Un vol plané qui a été très rapide mais dont je me rappelle les moindres détails.

Sur le coup, j’ai réagi à l’instinct, pas le temps de réfléchir. Pendant la chute, je pose en premier lieu ma main gauche, puis je fais passer ma main droit en dessous de la gauche de façon à ce quelle protège ma tête du sol et là j’effectue une sorte de roulade latérale. Mon pied gauche toucha en premier  le sol puis lorsque vint le pied droite, je m’était déjà redressé, les deux mains en appui sur le sol. Je venais d’effectuer un Mae Ukemi, chute en avant en judo ou quelque chose qui y ressemble. Elle n’était pas exécutée de façon académique mais qu’à cela ne tienne elle m’a quand même tirée d’affaire. Et le plus ironique dans tout ça, c’est que la dernière fois que j’ai porté un kimono c’était il y a plus d’une quinzaine d’année.

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Une fois debout je vérifie automatiquement si je n’ai pas de blessures graves. Les jambes, les avant bras, le dos, je ne ressentais pas de douleurs particulières. Le sac que je portais au dos et dans lequel se trouvait la balance a bizarrement amorti ma chute et ne ma causé aucune blessure. Je me souviens encore du bruit sourd des deux impacts. J’avais juste une égratignure au niveau de la la poitrine faite par le guidon mais sinon rien de très méchant. Le T-shirt blanc que je portais n’était même pas sali par ma chute, mon corps non plus; un véritable miracle. La migraine que je traînais depuis la veille avait disparu sur le coup, de même que les courbatures.

Chose paradoxale vu ce qui venait de se passer, je me sentais presque en pleine forme à part la petite douleur à la poitrine. Par chance il n’y avait aucun témoin de l’accident, donc je n’avais pas à rougir de honte. Si l’incident avait eu lieu un jeudi, j’aurais été l’ordre du jour sur toutes les grands places des environs. La roue arrière de la moto continuait de tourner, elle était encore allumé. les mangues quand à elles s’étaient à nouveau éparpillées et il fallait que je les ramasse encore une fois.

Règle d’or : toujours remonter sur son cheval après en être tombé

J’eus beaucoup de mal à redresser la moto. J’ai d’abord essayé de la pousser jusqu’à un endroit moins sablonneux mais j’ai tout de suite abandonné cette initiative ; la moto étant trop lourde, et le sable ne facilitant pas non plus le boulot. Je me résignais alors à monter dessus. Une fois assis, j’avais presque perdu mes repaires. Il me fallut quelques minutes avant d’avoir la confiance nécessaire pour la faire démarrer. Après tout il me restait la moitié du chemin à parcourir.

On dit souvent qu’il faut remonter  à cheval tout de suite après en être tombé : je confirme. Si je m’étais dégonflé, je ne pourrais plus aller vendre mes mangues et revenir aussi rapidement à moins de casquer 1.500 franc pour que les vélo taxi me ramènent. Depuis cet incident, j’y suis retourné trois fois dont deux pour vendre mes fruits. Certes je ne roule pas aussi vite que les conducteurs de vélo Jakarta qui filent à toute allure, peu importe ce qu’ils transportent (sac de riz, bidon d’huile…) Moi, pour le moment, je ne dépasse pas la troisième lorsque je transporte  mes mangues, mais au moins je parviens à bien négocier les endroits sablonneux sauf quand il s’agit de la route qui mène à Keur Tapha.

  • Pa 5 ans et demi : surnom que mon père adopte. Il préfère dire qu’il rajeunit plutôt qu’il vieillit
  •  Saretou mbam : charette tractée par un âne; se dit d’un moyen de transport que l’on cherche à dévaloriser
  • Vélo : les kaolackois utilisent généralement le mot vélo à la place de moto d’où l’expression vélo taxi ou encore vélo Jakarta
  • Supporter : utiliser couramment dans langage pour désigner le fait de rouler à deux sur une moto.


Naruto Gaiden chapitre 5, du déjà vu assez décevant

Il a suffit d’une page pour doucher mon enthousiasme, gâcher le plaisir que j’avais jusque là à suivre cette nouvelle aventure. Il a suffit d’une image en particulier, je dirais même deux. J’avais osé imaginer qu’il n’y aurait pas de shinobis génétiquement modifiés dans cette nouvelle version mais hélas il faut croire que Masashi adore les expériences du genre greffer une partie d’un corps d’un personnage X à un personnage Y. Si par le passé les choses ont plutôt bien marché, je dirais même très bien marché avec Kakashi, Madara, Obito ou encore Danzou ect, reproduire les même choses pour cette nouvelle aventure ne me semble pas être une très bonne idée.

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Visage dévoilé de Grand Méchant

Fini le suspense, l’identité de Grand Méchant est maintenant dévoilée, enfin le visage seulement. Nous étions nombreux, moi y compris, à penser qu’il s’agissait de Shisui, mais c’est sans compter sur la « fourberie » de Masashi qui, à mon avis, s’est bien payé la tête des fans de la série. Cette allusion à Itachi, cet intérêt pour Sasuké et Sarada, cet œil droit greffe, autant d’indices qui menait vers la piste de Shisui mais il n’en est rien. Grand Méchant- je l’appellerai ainsi jusqu’à ce qu’on deigne lui donner un nom est juste un autre Uchiha spychopate qui a décidé d’emmerder son monde avec un autre plan diabolique.
Le truc qui cloche avec ce personnage c’est qu’on en a déjà vu un autre qui lui ressemble, Danzou. Tout comme le mythique chef de La Racine, Grant Méchant a plein de Sharingan implanté sur le bras sans compter celui implanté sur  son œil. Et comme si cela ne suffisait pas, il en a aussi plein sur la tête. Sur ce coup, Masashi a vraiment fait preuve de manque d’originalité – je n’oserai pas dire d’inspiration en nous faisant un remix Danzou-Uchiha. Déjà que certains se plaignaient que le fauteur de trouble soit encore un Uchiha, nous ressortir un méchant pareil me semble un peu trop répétitif. Reste à savoir si la psychologie de ce personnage sera autant intéressant et touchant comme cela était le cas pour les anciens. Masashi s’étant toujours arrangé pour qu’on ait une certaine sympathie pour ses anciens personnages comme Itachi, Nagato, Obito, voire même Madara.

Osef les SGM (shinobis génétiquement modifiés)

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Je commence vraiment à en avoir marre de tous ces perso génétiquement modifiés, capable d’utiliser des techniques qui ne sont pas les leurs et qui du coup, les rendent surpuissants. Si cela a séduit par le passé, repartir sur cette nouvelle base alors que la série Naruto Gaiden était censée se focaliser sur la nouvelle génération me semble un peu trop répétitif. Va-t-on à nouveau avoir droit à des Izanagi à n’en plus finir? Après tout, ces Sharingan sur le bras doivent bien servir à quelque chose.
Quand à Shin, il semblerait qu’il soit aussi le fruit d’une expérimentation et c’est bien dommage car je commençais à apprécier ce personnage un peu trop bizarre. En effet, on aperçoit six personnages habillés et coiffés de la même manière que Shin, arborant tous le blason des Uchiha. Shin aurait donc des semblables, des clones de lui même, tous porteurs du Sharingan et de Mangekyou Sharingan, sans parler des petites créatures cyclopéennes avec elles aussi leur sharingan, le même que celui de Shin et ses clones… bref trop de répétitions. Ah oui j’allais oublié Grand Méchant qui utilise le Jikukan ninjutsu avec son œil greffé et dont le Mangekyou Sharingan est identique à celui de Shin et ses bestioles.

Les points positifs

Même si la montagne a accouché d’une souris, Masashi s’est rattrapé avec la réunion familiale entre Sasuké et Sarada qui a tourné au vinaigre. Au moins Sasuke est resté égal à lui même, un vrai associal comme le disait Naruto.
-Maintenant on en connait un peu plus sur les raisons de sa longue absence. Une enquête menée sur l’armée des Zetsu, Kaguya et un probable ennemi qui serait plus effrayant et puissant que la mère du Rikudo Sennin. Cette armée des Zetsu blancs aurait-elle un lien avec Shin et ses semblables? Affaire à suivre dans les prochains scans.
-Une petite touche d’humour ne fait pas de mal avec Chouchou qui n’a pas son pareil pour nous arracher un sourire
-Et pour finir un combat dantesque qui s’annonce entre Sasuké, Naruto versus Grand Méchant et Shin avec en toile de fond une probable réunion de la tram 7 si bien sur Sakura arrive à temps sur le champ de bataille.

Pour finir, je ne dirai pas que ce chapitre 5 est à jeter aux oubliettes, mais j’avoue que j’ai vraiment été déçu après lecture. Un sentiment mitigé entre une première partie qui m’a emballé avec l’éveil du Sharingan de Sarada, ses retrouvailles ratées avec Sasuké et une  nouvelle énigme mise en place par l’auteur puis, le souffle est retombé avec un méchant qui en rappelle trop un autre. Ceci dit, on sait par avance que dans les sériés, il y a toujours un méchant encore plus méchant que le méchant actuel, un plus sadique, plus cruel, plus psychopathe, plus vil, plus vicieux… bref prenez tous les superlatifs négatifs que vous pourriez imaginer, il y en a toujours un qui tire les ficelles. En tant que fan, j’ose imaginer que ce personnage n’est en fait rien d’autres qu’une marionnette comme Pain l’a été pour Nagato, Nagato pour Obito et Obito pour Madara. Affaire à suivre.


Cette guerre n’est pas la nôtre

 

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AFP PHOTO/Mamadou Toure BEHAN

La première fois que mon cousin m’a annoncé cette nouvelle, je n’y avais pas cru. Je me suis dit non, ce n’est pas possible. Je ne pouvais pas comprendre ce qu’on pouvait vraiment aller faire là-bas, si loin de chez nous. Puis, plus les jours passaient, plus les choses se sont un peu plus précisées. Hier pour être tout à fait précis, c’est devenu officiel, le Sénégal va envoyer 2100 soldats pour soutenir l’Arabie saoudite dans sa guerre contre les rebelles houthis du Yémen. Ce qui n’a pas manqué de soulever un débat dans les médias et particulièrement sur les réseaux sociaux où la majorité est contre la décision du président de la République.

Cette guerre n’est pas la nôtre, voilà un très bon slogan si jamais il devait y avoir une manifestation au Sénégal, contre l’envoi de nos Diambars à l’autre bout du monde. Manifestation à laquelle je participerais volontiers si j’étais sur place, à Dakar ou à Kaolack. Oui, j’aimerais qu’il y ait une manifestation monstre dans les différentes régions du Sénégal pour dire non Monsieur le Président, cette guerre n’est pas la nôtre. Partout sur les réseaux sociaux, dans les micros-trottoirs, dans les grandes places ou sous la tente de fortune d’un vendeur de tangana, les Sénégalais, dans leur majorité sont contre cette décision. Moi aussi, je suis contre la décision du président, pas parce que je suis contre le président -au Sénégal l’amalgame est si vite fait. Je suis contre, mais parce que cette guerre ne nous concerne en aucune façon, car en vérité cette guerre ne concerne que les gens du Golfe, les Arabes dans une moindre mesure, alors que viennent faire des Subsahariens là dedans? Comme si nous n’avions pas assez de problèmes dans notre propre sous-région pour ne pas parler à l’intérieur même du pays.

Ils clament qu’ils vont aller combattre le terrorisme, alors dans ce cas pourquoi ne pas le combattre chez nous, ou dans la sous-région? N’oublions pas que l’Arabie saoudite tout comme l’Iran, le Qatar et j’en passe sont les premiers bailleurs de fonds du terrorisme qu’ils prétendent combattre. Le Mali tout proche, avec lequel nous partageons une frontière a connu une crise directement liée au terrorisme. On se souvient encore de ces tristes images de salafistes détruisant des mausolées à Tombouctou. Qu’à fait le président de la République lorsque le Mali faisait face tout seul au péril djihadistes? Pourtant on n’a pas besoin d’être diplômé en géopolitique pour savoir que nous aurions été la cible suivante de ces mêmes assaillants si la France n’était pas intervenue. Combien de soldats sénégalais sont présents au Mali, seulement 500,  mais 2 100 de nos Diambars doivent aller dans le Golfe. Si au moins cette intervention était sous l’égide de l’ONU, je n’aurais aucune objection à faire valoir. Je serais le premier à applaudir, car le Sénégal a été et est toujours présent sur plusieurs terrains d’opération dans le monde. Mais ce n’est pas le cas. Certes l’expertise de l’armée sénégalaise est reconnue au niveau international, ce n’est pour rien si nous sommes le 7e pays pourvoyeur de soldats pour les Nations unies, mais il y a quand même une limite à ne pas dépasser. Participer à une coalition de cette envergure est une chose, être le seul à envoyer des soldats au sol alors que le principal intéressé et les pays géopolitiquement concernés se contentent uniquement d’attaques aériennes en est une autre. Il paraît que l’Égypte est toujours traumatisée par son intervention, dans les années 1960 au Yémen. Que penser donc des ces informations faisant état de soldats saoudiens désertant par milliers les frontières ? Où seront positionnés nos soldats ? Ne seront-ils pas mis en première ligne pour servir de chair à canon ? Autant de questions qui me taraudent l’esprit et qui ne peuvent que me conforter dans l’idée que cette décision n’était pas la bonne.

Il paraît que nos Diambars y vont pour défendre la Terre sainte, la Kaaba. Nous ne sommes pas dupes messieurs. N’essayez pas d’attendrir nos cœurs de musulmans, jouer sur la fibre de l’amour que nos compatriotes portent au prophète Mohamed  (Paix et Salut sur Lui). Avez-vous la mémoire courte ? Vous rappelez-vous qu’en janvier dernier vous étiez à Paris, pour marcher à côté de ceux qui se sentaient Charlie, pour défendre cette « liberté d’expression » qui donne le droit à certains d’insulter la foi des autres ? Avez-vous oublié que vous étiez vous-mêmes Charlie pour ensuite à votre retour au pays, interdire la publication du premier numéro après l’attentat ?  Non, cette guerre n’a rien à voir avec l’islam; l’Arabie saoudite défend avant tout ses intérêts géopolitiques, veut contrer l’influence de l’Iran dans la sous-région.  Car c’est bien de cela qu’il s’agit, une guerre de leadership entre deux géants aux idéologies contraires. Vous ne nous duperez pas aussi facilement.

Pour finir, j’espère que vous aurez le courage, l’honnêteté et la décence de dire quelles sont les véritables raisons qui vous poussent à un tel acte. Tous les prétextes bidon annoncés par le ministre des Affaires étrangères ne me suffisent pas. On ne l’a sans doute pas fait au nom d’une quelconque  amitié, encore moins au nom de l’islam comme ils essaient de nous faire croire. C’est connu d’avance, les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts; alors, de grâce, jouons cartes sur table et qu’on nous dise combien de dollars valent 2 100 Diambars.

«  On nous tue, on ne nous déshonore pas » telle est la devise de l’armée sénégalaise. Ils iront combattre avec courage et honneur comme cela a toujours été le cas, mais j’aurais tellement aimé que ce soit pour une cause plus noble que celle jouer les vassaux d’une puissance du Golfe. J’espère juste qu’ils ne seront pas mis en première ligne et surtout qu’ils n’y seront pas indéfiniment, car on sait toujours quand commence une guerre, mais hélas on ne sait jamais quand et comment elle se termine.


Chacun pour soi, les bêtes contre tous

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En cette période d’harmattan où il fait excessivement chaud, jusqu’à 40°, parfois même plus, il y une chose qui n’a pas manqué d’attirer mon attention, il y a énormément de bêtes qui traînent un peu partout dans le village et ses environs. A presque quatre mois du début de l’hivernage, c’est un peu sauve-qui-peut du côté de nos amis ruminants. Les stocks de foins sont presque tous épuisés et l’herbe se fait rare pour ne pas dire quasi inexistante. C’est aussi la période où les paysans ne dorment plus que d’un seul œil.

Vigilance accrue

Cela fait plusieurs jours que je ne vois plus Diodio. Cette femme avait pris l’habitude de venir tous les mercredis dans le champ pour préparer le louma (marché hebdomadaire) du jeudi. Elle venait récolter du citron qu’elle revendait le lendemain avec quelques autres marchandises glanées çà et là. Un soir alors que j’allais acheter du pain elle me reconnut malgré la pénombre et me salua avec les salamalecs d’usage. Moi comme à mon habitude, je répondais sans trop savoir à qui je m’adressais. Il faisait sombre et nous n’avions que la douce lumière de la lune pour nous éclairer. Une de ces pleines lunes qui me permet de marcher à travers les pistes enherbées sur les rebords sans avoir à allumer ma lampe torche. Et comme ça ne se fait pas de braqueur la lumière d’une lampe torche sur le visage d’une personne (si jamais vous commettez cette erreur vous risquez d’entendre voler des noms d’oiseaux)  je fis alors comme si de rien n’était.
Alors comment vont mes citrons?
En période de floraison… aah c’est toi Diodio! Ça fait longtemps. Tu étais partie en voyage?
Non je passe toute la journée dans ma parcelle sinon les bêtes vont tout gâter.

« Les bêtes vont tout gâter », j’ai l’impression que c’est la phrase du moment dans le village. En cette période de la saison sèche où il n’y a pas herbe qui pousse en dehors des champs, les chèvres et autres animaux domestiques n’ont pratiquement plus rien à manger. Les propriétaires décident donc de les libérer afin qu’ils aillent chercher eux-mêmes de quoi se nourrir. On voit ainsi fréquemment un petit troupeau de chèvres ou de moutons errer dans les anciennes parcelles de mil ou d’arachide laissées à l’abandon pendant la saison sèche. Même les vaches ne sont plus accompagnées par les bergers. Comme elles ont l’habitude de parcourir des kilomètres chaque jour pour rejoindre les points d’eau et quelques recoins encore enherbés, elles reconnaissent le trajet et peuvent d’elles-mêmes retourner à l’enclos le soir venu. Avec toutes ces bêtes qui traînent, il arrive hélas, très souvent qu’elles pénètrent dans les zones réservées au maraîchage. Quand vous avez la malchance de ne pas être sur place, vous pouvez être sûr d’une chose, c’est que vous êtes né sous une bonne étoile si vous retrouvez vos parcelles intactes.
L’année dernière par exemple, nous avions connu une expérience assez désagréable. Chaque jour ou presque, des vaches par dizaines s’infiltraient dans le domaine, sans doute attirées par l’odeur des mangues qui mûrissent vers le mois de juin. La première fois qu’on s’en est rendu compte, c’était déjà trop tard, car elles étaient reparties. Nous n’avions trouvé que des crottes encore fraîches et une parcelle de maïs à moitié détruite. La deuxième fois on a eu la chance de les détecter à temps. S’en est suivi une course poursuite endiablée à travers les arbres, branches cassées, feuilles mortes et hautes herbes pour les faire sortir. C’est fou comme ces gigantesques bêtes sont souples et rapides; moi qui n’aime pas les longues courses, j’ai vite perdu mon souffle. Nous avons eu beaucoup de mal à les repousser, mais hélas, le calvaire n’allait pas s’arrêter de si tôt. Il y eut d’autres intrusions, d’autres courses-poursuites et d’autres pertes de souffle, encore et encore et encore.  A chaque fois qu’on repère une brèche dans la clôture, on la répare, mais deux ou trois jours plus tard elles en trouvent une nouvelle. Il suffit d’un barbelé affaissé par le poids d’une branche, ou d’un poteau rongé par les termites pour qu’elles s’ouvrent un nouveau passage. Pour en finir une bonne fois pour toutes, il a fallu une journée entière de maintenance de la clôture à coup de marteau, clous, fil de fer et troncs coupés. Aujourd’hui encore, lorsque j’entends des meuglements trop proches, je ne peux m’empêcher de faire le tour pour voir si on n’a pas encore reçu de visiteurs inattendus.

Maintenant que vous avez un aperçu de nos calvaires de l’année passée, imaginez ce qu’endurent ceux qui n’ont pas de grillage entourant leur propriété. C’est le cas de Diodio et de tous les paysans. Et en plus, leurs terrains sont assez éloignés du village. Ceux qui ont la chance d’avoir une famille nombreuse peuvent alterner la garde, mais les autres n’ont d’autre solution que d’y rester jusque vers les coups de 18-19 h quand les bêtes s’apprêtent à rentrer d’une longue journée de labeur.

Des ravageurs affamés

De tous les animaux domestiques, la chèvre est de loin le plus vicieux. Tous les jours, je vois des chèvres en groupe longer la clôture à la recherche de la moindre brèche qui leur offrirait un passage vers le Graal, ou encore traîner près de l’entrée principale espérant qu’une personne, par manque d’attention, oublie de refermer la porte derrière elle. Raison pour laquelle je demande souvent aux enfants qui viennent puiser de l’eau de bien refermer la porte à l’allée comme en repartant. Comme si elles n’avaient pas jusque-là fait preuve d’abnégation, elles tenteront de passer par-dessus la clôture si cette dernière est trop basse ou alors en ultime recours, elles essayeront de passer en dessous. Il arrive parfois qu’elles y parviennent, mais cette situation se produit rarement.

Comme il est facile de détruire ce qui a pris des années à être mis en place. De la préparation du terrain, au repiquage sans oublier l’arrosage quotidien… que d’efforts fournis pour ensuite tout laisser tomber. Voir des arbres autrefois bien entretenus mourir à petit feu par manque d’eau… J’ai assisté à ce spectacle fort déplaisant il y a à peine un mois. Avant, quand je passais dans les environs, je ne pouvais m’empêcher de contempler la belle vue que nous offraient tous ces agrumes, une trentaine, bien entretenus, sans compter les manguiers plantés par dizaines dans l’autre moitié du champ. Je me disais que d’ici quatre ou cinq ans, la vue aurait complètement changé,  hélas, j’ai bien peur que cela ne se produise pas de si tôt, car du jour au lendemain, le sourga qui travaillait dans ce champ a plié bagage et s’en est allé laissant tout derrière lui. Il s’est alors produit une chose assez étonnante, les chèvres du village se sont, comme qui dirait, donné rendez-vous dans le champ désormais abandonné. Elles y entraient par dizaines broutant tout sur leur chemin. Les piments et autres légumes plantés cela passe encore, mais elles ont vite fait de se tourner vers les agrumes, les manguiers ayant atteint une taille qui les préservait de l’appétit vorace de ces petits ruminants. Il a suffi d’à peine deux semaines pour qu’elles bouffent toutes les feuilles, même celles qui étaient à une hauteur qui aurait normalement dû les épargner. Quand je vous dis que les chèvres sont des animaux vicieux, il faut les voir à l’oeuvre pour pouvoir vraiment comprendre. Entre-temps, la porte d’entrée a été fracassée et jetée par terre par je ne sais qui, facilitant ainsi le travail aux ruminants. Aujourd’hui, quand je passe dans les environs, j’ai le coeur serré, voir autant de travail réduit à néant si vite me désole. Maintenant qui n’y a plus rien à part les manguiers, seuls quelques ânes traînent pour brouter le peu d’herbe qui reste. Quant aux chèvres, Dieu seul sait quels dégâts elles sont en train de commettre ailleurs.

Diodio m’avait raconté que personne ne lui venait en aide lorsqu’elle était absente et que sa parcelle se faisait attaquer par les bêtes. Pourtant il y avait des personnes présentes juste à côté. J’ai aussi entendu des histoires similaires venant d’autres personnes. Tout ceci me réconforte dans l’idée que la solidarité se fait rare dans ce recoin du Saloum. Jadis il fut un temps où nos ancêtres étaient vraiment solidaires jusque dans les travaux champêtres. Ils choisissaient d’un commun accord un jour où c’est la famille Ndour qui allait être aidée pour qu’elle avance un peu dans ses travaux, puis ce sera au tour de la famille Sall, puis Ndiaye et ainsi de suite. Mais hélas les temps ont changé et les mentalités avec. Maintenant je comprends mieux pourquoi Pa 5 ans et demi dit souvent : « Ici c’est chacun pour soi et le diable contre tous« .


Ces Mickey qui ont marqué mon enfance

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Conan et Nidole

Ya!! Ameth, da ngay sétane mickey? Je ne saurais vous dire à combien de reprises, on m’a fait cette réflexion. Je voyais toujours ce même étonnement sur leur visage, comme si je faisais une chose interdite. Pourtant j’étais juste entrain de regarder un « Mickey ». Mais pour eux, les « Mickey », c’est pour les enfants. Bon ok, j’avoue, j’étais à l’université, la vingtaine bien remplie mais depuis tout petit j’ai eu un intérêt particulier pour ces petits bon hommes animés et cet intérêt n’a cessé de grandir avec l’âge. Si vous vous posez encore la question, Mickey, en dehors d’être un personnage de Walt Disney, est un terme générique pour désigner les dessins animés. Alors ne soyez point surpris si au Sénégal, un enfant ou même un adulte vous demande si vous adorez regarder des mickey.

Une histoire de générique

Générique Conan l’aventurier

J’ai rarement vu un dessin animé avec un générique tout pourri. Ou du moins je ne m’en souviens pas. Il faut dire que c’est par là que tout commence, d’où l’intérêt d’en avoir un, accrocheur, avec une chanson  plutôt cool et par dessus tout, une mélodie facile à retenir.
Au fur et à mesure que l’on entend cette chanson chaque jour, à la même heure, …  A propos d’horaire, la RTS, à l’époque, ne commençait ses programmes qu’à partir de 6h de l’après-midi, exception faite pour les samedis où ça commence plutôt, vers midi. Juste après le journal, nous avions droit à notre dose quotidienne de mickey.  Rien à voir avec les chaînes d’aujourd’hui, qui commencent leur programme très tôt le matin, en même que ceux qui se lève pour aller à leur besogne. Je disais donc que à force d’entendre la même chanson, chaque jour à la même heure, on commence à fredonner des paroles qui ne sont pas forcément les bonnes mais qui s’y rapprochent beaucoup, puis on finit par le maitriser par coeur. Enfin je vais mettre un peu d’eau dans mon bissap hein, on s’autorisait parfois quelques modifications plutôt marrante. Il y a en une particulièrement qui avait marqué son époque. J’étais très jeune à cette période, mais vraiment très très jeune. Pour dire vrai, je ne me rappelle pas du tout de l’histoire encore moins à quoi ressemblaient les personnages; la seule chose dont je  me souviens. c’est cette façon si particulière que nous avions de chanter le générique, un remix à la sauce sénégalaise. Il s’agissait des Quatre mousquetaires… oui vous avez bien lu les Quatre mousquetaires car nous étions nombreux à penser qu’ils étaient au nombre de quatre. Nous chantions à cette époque : Dartanian Arlemis Artemis souba la nguenté leu! Lekeu sa lakh nane sa soow aw sa yonou keur!  Tadaan tadaan tadan tadan tadan.
Ne me demandez pas une traduction, ça n’aurait aucun sens pour vous, sachez juste que à défaut de connaître les vraies paroles, nous avions notre propre version que nous chantions à tue-tête. Aujourd’hui encore, il m’arrive de me rappeler des bribes de certaines de ces chansons.

https://youtu.be/qvM2BjMzJ4M
Générique – Kangoo

https://youtu.be/z7fspSdwGS8
Générique CLEMENTINE [HD]


Samba et Leuk Générique

Les prémices d’une passion

Il n’y a pas si longtemps , je regardais la télé  tard dans la nuit et en zappant, je suis tombé sur la chaîne Manga. Il a fallu que je vois le visage d’un serpent pour faire un bond d’une vingtaine d’année en arrière. Il s’agissait de Dregs qui faisait office de sous fifre du méchant Iramon. J’étais entrain de regarder Conan l’aventurier, l’un de mes séries d’animations favoris à l’époque. Ça m’a fait tout bizarre de visionner à nouveau un épisode. J’ai tout de suite reconnu certains personnages comme Loup gris le magicien, Nidole le Phoenix bavard et poltron, Tonnerre le puisant cheval de Conan et  tous ces autres personnages dont j’ai hélas oublié le nom. Ce soir là j’ai attendu en vain un autre épisode juste pour entendre à nouveau ce générique qu’on aimait tant mais hélas ils en ont mis un autre à la place. Conan l’aventurier fut le tout premier dessin animé envers lequel j’ai eu un intérêt particulier.
J’ai regardé par la suite tout un tas de séries télévisée d’animation comme  Davy Crockett, Tortue Ninja, Clémentine, Tom Sawyer, Samba et Leuk, Simba, Les Kangous, Poil de Carotte, Père Castor, etc… et même Franklin. Mais si je dois en retenir un seul, qui a marqué toute une génération, sans hésiter, je dirai L’école des champions. Qui ne se rappelle pas de cette scène où Benjamin s’entraîne sur la plage avec son ballon, jonglant et sautant d’un poteau à l’autre, toujours ballon au pied?  Combien de fois ai-je simulé dans ma tête entrain d’effectuer le tire de l’aigle, cette façon si particulière qu’il avait de décocher un tire en inclinant son corps en avant et en levant son pied  de façon à faire un grand écart dans l’autre sens. Technique qui donnait au ballon une trajectoire imparable pour les gardiens. Qui a pu oublier Cesaré, avec sa force de frappe surhumaine qui emportait tout sur son passage, joueurs adverses tentant de tacler, gardiens de but et même très souvent filets qui se déchiraient. J’ai adoré regarder ce dessin animé. Je peux même vous assurer que je n’ai raté que très peu d’épisodes; mais bien sur on pouvait compter sur l’altruisme de la RTS qui ne se faisait pas prier pour rediffuser encore et encore certains épisodes.
https://youtu.be/BAxXtSOVF9o

Générique du début L’Ecole des champions

Mon délire de duelliste
A part L’école des champions, il y’a aussi ce dessin animé qui a réveille mon âme de gameur. Je m’en rappelle très bien, j’étais en seconde S, allez savoir ce que je foutais là bas moi qui ai toujours détester les mathématiques et qui de surcroît n’a même pas demander à être orienté en série scientifique. C’était en 2005, je venais de découvrir Yu-gi-Oh, une série d’animation japonaise dans lequel les différents protagonistes s’affrontent en duel. En lieu et place des épée et autres pistolets, ici les personnages utilisent des jeux de cartes qu’on appelle deck. Le deck est composé de 40 cartes minimum reparties en cartes monstres, cartes magiques et cartes pièges. Les cartes monstres sont des cartes à vocation offensive ou défensive. Chaque carte est représenté par un être (elf, fée, nain magicien, bête,guerrier etc), qui a un nom spécial et possède des points d’attaque et de défense. Elles peuvent aussi avoir un effet lorsqu’elles sont activées sur le terrain. Les cartes magiques et pièges comme leurs noms l’indiquent ont des aptitudes spéciales lorsqu’elles sont activées. Elles sont d’une importance capitale pour les duellistes  car pouvant avantager handicaper les protagonistes lors des duels. J’ai très vite été envouté par cette ambiance mêlant magie et stratégie à tel point que j’ai décidé de créer mon propre deck en me basant bien-sûr pour la plupart des cartes sur ce que j’ai retenu dans la série. Je devais avoir une vingtaine de cartes. J’avais pris le ciseau de ma soeur, découpé les couvertures de mes anciens cahiers qui étaient assez solide pour faire office de cartes. Il ne restait plus leur donner un nom, chose qui était plus difficile que je ne pensais, et des point d’attaque et de défense. Parfois il arrivait que je gribouille quelque chose dessus pour le rendre plus attractif  J’avais un pote qui avait la même folie que moi; il a lui aussi rapidement constitué son deck et on s’est mis à s’affronter  dès qu’on avait une pause assez longue. Nous ne respections pas toutes les nombreuses règles du jeu mais qu’à cela ne tienne, nous avions réussi à faire quelques bons duels. Nous avions très vite attiré l’attention de nos camarades de classe qui trouvaient qu’on s’adonnaient à un jeu plutôt bizarre. Certains s’y sont essayé mais ont vite fait d’abandonner, trouvant les règles trop compliquées. Ils ne suivaient sans doute pas ce Mickey pour avoir la base requise.  Le délire a duré un instant puis faute d’adversaire à ma hauteur je suis passé au jeu sur PC et sur émulateur game boy advance, mais ça c’est une autre histoire.

Rire ça fait du bien
Il y a aussi ces dessins animés qui nous ont fait plié de rire. Hélas je n’avais  pas la chance de regarder les productions de  Walt Disney comme Tom et Jerry, mais on a bien rigolé avec ce qu’on nous proposait comme par exemple Le Marsupilami, Oggy et les cafard, les Ratz avec Éric et Ramzy au doublage. Mais celui-là qui m’a fait mourir de rire c’est Titeuf et sa façon si particulière de tordre la langue française dans tous les sens : « Suis matisé à mort! J’suis trop matisé ». Toujours fourré dans les coups foireux avec son pote Manu, surtout lorsqu’il s’agit d’attirer l’attention de Nadia.

Avant, on avait pas trop le choix, on prenait que ce que voulait bien nous donner la télévision nationale, la RTS. A cette époque, il n’y avait point de chaînes concurrentes au niveau national, les chaînes du câble étaient encore trop chers pour ne pas dire inexistantes, les rares antennes paraboliques qu’on pouvait voir étaient tellement gigantesques qu’il serait difficile de passer à côté sans les remarquer. Et internet dans tout ça, jamais entendu parlé. La RTS avait toute exclusivité, et au moins sur ce sujet précis, elle n’a presque jamais dessus, nous proposant à chaque fois des programmes alléchants qui ont fini de susciter chez certains une passion jusque là intacte. Le monde a bien changé avec le temps. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont que l’embarras du choix contrairement à nous. Mais pour rien au monde je ne changerai de génération mais si j’en avais la possibilité. Le jeu en vaut définitivement la chandelle.


Violet de Galmi, la campagne suit son cours

J’avais dit dans un de mes précédents billets que mettre 1 kg de semence de violet de Galmi en pépinières n’était pas une chose aisée, mais ce que je n’avais pas prévu c’est que le fait de les repiquer est encore plus difficile.

Épandage avant enfouissement du fumier
Épandage avant enfouissement du fumier

Depuis bientôt un mois, c’est comme si je suis retourné en arrière, c’est-à-dire à l’époque où l’on préparait les planches pour les pépinières. J’ai renoué le contact avec ma fameuse pelle carrée et la brouette que j’avais délaissées avec grande joie juste le temps d’un petit répit. Je me souviens encore des va-et-vient incessants, de la lourdeur du poids du fumier malgré les consignes de Pa 5 ans et demi de ne pas surcharger la brouette, du pneu de celle-ci qui s’enfonce dans le sol sablonneux rendant le trajet encore plus long et plus difficile. Cette fois-ci les choses ont un peu changé. Il faut dire que j’ai retenu les leçons des expériences passées. Le tas de fumier était juste à côté de la parcelle qu’on allait exploiter. Et autre avantage de taille, nous avions reçu du renfort, un cousin qui est arrivé à point nommé et qui est désormais mon collègue de travail.

Planches dun mètre de large
Planches d’un mètre de large

Le repiquage de l’oignon nécessite aussi des planches. Le procédé reste le même, pré irrigation, labour, délimitation des planches (avec toujours une largeur de 1 m) et pour finir enfouissement de l’engrais chimique et/ou organique. Au début, la difficulté ne se faisait pas sentir, parce que nous repiquions à même les pépinières. Comment est-ce possible?  Lors du semis, nous avions laissé assez d’espace entre les lignes (20 cm) pour que cela soit possible, faisant ainsi d’une pierre deux coups. Avec cette technique, on a vite fini de repiquer toute cette parcelle qui servait toujours de nurserie avant d’aller vers une nouvelle. Rebonjour les maux de dos. À force d’avoir le dos courbé toute la journée à sortir des planches, on finit par ne plus ressentir sa colonne vertébrale qui s’étire et les os du bassin qui piquent la peau. Parfois, il m’arrivait de me tenir debout, les mains posées sur le bassin, le haut du corps légèrement penché vers l’arrière essayant de contrer les pressions exercées sur cette partie du corps. Ça me soulageait pendant un moment seulement, mais la douleur revenait dès que l’on se remettait au boulot. Une fois les planches finies, il est temps de passer au repiquage.

Plantules à habiller et calibrer
Plantules à habiller et calibr

Là aussi il y a un travail préliminaire à effectuer, l’habillage, la taille des racines et le calibrage. Lorsque les plantules sont retirées de la pépinière, elles doivent être coupées en deux sur la longueur, pour qu’une fois repiquées, de nouvelles feuilles puissent repousser. De même on diminue les radicelles. Le calibrage consiste lui à mettre de côté les plus grosses plantules des plus petites. Hélas beaucoup de paysans ne prennent pas le temps d’effectuer cette tâche ô combien importante. Lorsque les grosses plantules sont mélangées aux plus petites et repiquées sur la même place, ces dernières n’arriveront pas à terme au même moment. Or une fois que l’oignon a fini son cycle, il est obligatoire d’arrêter l’arrosage sous peine de voir sa production pourrir. Ils se retrouvent donc souvent entre le marteau et l’enclume, à essayer de choisir entre préserver les plantes arrivées à terme, et sauver celles qui ne le sont pas encore. Dans les deux cas, ils seront perdants.

Repiquage des plantules (12*20cm)
Repiquage des plantules (12*20cm)

D’habitude, le repiquage se fait de préférence le soir lorsque le soleil est sur le point de décliner, pour éviter qu’il n’affaiblisse trop les plantules. Cependant, l’oignon est beaucoup plus résistant que les autres plantes sur ce point précis. Comme pour la tomate, le piment, l’aubergine, etc. Il est fortement déconseillé de repiquer plus tôt dans la journée sous peine de voir les plantules flétrir même après l’arrosage. J’en ai fait l’amère expérience. Un jour, nous avions repiqué des plants de tomate en pleine matinée. Le soir lorsque je suis revenu voir comment elles se débrouillaient, elles étaient toutes flétries, comme si elles n’avaient jamais été arrosées. Il nous a fallu plusieurs jours d’arrosage quotidien pour que les plantules reprennent un bon départ.
Dans le cas de l’oignon, le repiquage peut se faire à n’importe quel moment de la journée sans qu’il n’y ait une très grande incidence sur les plantules. Il faudra alors arroser copieusement les planches juste après. Les plantules sont transplantées à l’intérieur des planches d’un mètre de large maximum. Elles sont disposées en lignes écartées de 15 à 20 cm et sur cette même ligne, espacées de 10 à 12 cm. C’est selon la volonté du paysan d’avoir de gros bulbes ou des moyens. Là encore certains pensent qu’il est préférable de les repiquer serré pour avoir le maximum de plants dans une planche, oubliant qu’il faudra désherber et gratter le sol pour que la plante se développe normalement. À ce propos, une femme qui nous aidait à repiquer trouvait que l’on avait laissé beaucoup trop d’espace entre nos lignes. Le plus bizarre ce n’est pas sa remarque, mais c’est que l’explication qu’on lui donna par la suite ne l’a guère convaincue. C’est vous dire combien il est difficile de changer les habitudes d’une personne, particulièrement du saloum-saloum.

La campagne de « soblé » suit son cours. A chaque étape ses écueils qu’on parvient à surmonter tant bien que mal. Bientôt il sera temps de changer de parcelle, car la nouvelle n’est pas assez grande pour pouvoir accueillir toutes les pépinières. C’est qu’au début nous avions prévu d’en vendre une partie, mais devant le peu d’intérêt que les gens du coin ont manifesté, sans oublier les tentatives de certains qui veulent en profiter pour casser le prix (3 000 francs Cfa le mètre carré), nous avons décidé de ne point sacrifier tant d’efforts et d’aller jusqu’au bout de l’aventure. Prochaine étape, un endroit mythique, connu de tous dans le village et qui en a fait détaler plusieurs…
A suivre.


L’année de Ameth

wpid-2015-01-03-17.20.17.jpg.jpegLe titre de ce billet vous dit quelque chose n’est-ce pas? Si vous aussi vous utilisez Facebook, vous avez sans doute remarqué toutes ces personnes qui ont passé « une année magnifique ». Alors que 2015 pointe le bout de son nez, c’est le moment idéal pour se poser et faire un bilan de l’année écoulée. La mienne n’est pas été si mauvaise. J’ai connu plein de situations qui m’ont marquées. Je m’en vais vous en raconter juste quelques unes. Tout a commencé un soir de 31 décembre 2013.
Fin décembre: « Alone in the dark, j’ai trop le seum ». Voilà ce que j’ai pu écrire sur mon mur le 31 décembre dernier, pas de cette année écoulée mais la précédente. J’étais loin d’avoir le moral à cette époque. Toute cette euphorie qu’il pouvait y avoir en ce jour spécial ne me concernait guère pour la bonne et simple raison que j’allais passé mon premier réveillon tout seul et surtout loin de la famille et des amis. Et quand je dis tout seul c’était vraiment tout seul. J’étais là assis sous la case qui nous sert de salon, un néon allumé qui éclairait les environs et qui attirait quelques insectes, un repas venu spécialement de Kaolack pour me réconfonter; mais hélas personne avec qui le partager. Au loin, des mélodies de music parvenaient à mes oreilles, il y avait des festivités dans le village mais je n’avais pas du tout envie d’y aller. J’étais là assis, toute la soirée durant à broyer du noir, loin de l’allégresse ambiante . J’aurai pu allumer mon PC et lancer une partie de jeu vidéo mais l’envie n’était pas là non plus. Mon corps était présent sur place, mais mon esprit était retenu ailleurs, à Kaolack.
Janvier: J’ai le béguin. Alors que je venais de passer la pire soirée de ma vie jusqu’à présent, le retour des fêtes de la jolie sérère qui habitait juste la maison d’en face allait requinquer mon moral qui était jusque là assez bas pour ne pas complètement par terre. j’étais  tombé sous le charme de cette belle plante qui avait l’habitude venir puiser de l’eau chez nous. Le puis était devenu notre lieu de discussion préféré. Il arrivait même très souvent que je puise l’eau à sa place. Après tout il faut être un peu galant non 🙂
Février: La dernière fois qu’on a célébré un événement qui a réuni la famille proche ou lointaine, les amis et autres voisins du quartier c’était en 1991 lors de la naissance de la petite dernière de la famille. Cette fois ci c’est l’ainée de la maison qui se mariait. J’ai revu des visages qui m’étaient familiers. Avec le temps j’ai n’ai peu en reconnaitre que certains, pour les autres je ne savais même pas qui m’adressait la parole. J’ai aussi entendu un nom que très peu utilisaient pour m’appeler, Mouhamed.
Mars: j’ai un coup de mou. Cela fait plusieurs jours que j’ai un réveil difficile. Chaque jour c’était la même chose. Je me couchais fatigué, le dos en compote et je me réveille le lendemain encore plus fatigué que la veille. Ce jour là, je me suis réveillé avec des courbatures, je me sentais lourd, j’avais mal partout dans mon corps. Quand je me suis levé, j’ai essayé de travailler, mais je  parvenais à peine à soulever deux arrosoirs. Heureusement j’ai eu du renfort le jour même, un cousin est passé et a pu prendre le relais pendant quatre jours le temps que je reprenne des forces.
Avril: j’ai deux sourga. Ça m’a fait tout bizarre parce que je ne suis pas habitué à diriger. Pa 5 ans et demi me répétait très souvent « Il faut que tu apprennes à donner des ordres…. ». Oui ça n’a pas été facile. A chaque fois que je disais faites ceci, j’avais l’impression que j’abusais de mon autorité. Je ne voulais pas non plus donner l’impression de moins travailler. Du coup  me sentais obligé d’y aller avec eux. Jusqu’à ce que je me rende compte que tant qu’ils ne reçoivent pas d’ordre, ils croisent les bras et seraient même capable de laisser crever les plantes qui ont besoin d’eaux.
Fin avril: au feu!!!! Un soir alors que je me reposais sous le manguier, je vois nos deux soupprgas passer devant moi en courant. Que se passe t-il? Ils me répondent qu’il y a un incendie de l’autre côté du champs. Je me lève en sursaut  et tout comme eux, je prends deux arrosoirs en main. Il était 15h environ quand ça a commencé. A coups d’arrosoirs, on a réussi à circonscrire le feu. Heureusement il y a avait juste à coté l’eau du marigot. Quand on a enfin terminé, il était 18h passé. Qui a allumé le feu? Nous ne le savons toujours pas. Quelqu’un a eu la bonne idée de bruler un arbre mort qui est tombé dans notre propriété et a brulé tout le long de la clôture. Le feu a brulé tous les anacardiers et palmiers qui e trouvaient à proximité. Heureusement le pire a été évité. Dieu seul sait ce qui allait se passer si nous avions pas intervenu assez tôt pour l’éteindre. Seule consolation, nous avons récupéré le charbon de bois (environ 5 sacs) et à l’heure où je vous parle, il nous en reste encore.
Mai: la nature nous réserve parfois bien des surprises. Cela fait deux mois que nous avons planté des aubergines. Tout s’est déroulé très bien jusque là, l’arrosage presque quotidien, l’émondage à intervalle régulier, les traitements phyto que je faisais moi même, bref tout. Sauf que voilà elles n’ont toujours pas produit. La faute à qui, à des oiseaux qui mangeaient les fleurs rompant ainsi le développement du fruit. Un matin, en faisant le tour des plantes, j’en ai moi même fait le constat. Une fleur a moitié dévorée, et en bas de la plante, quelques pétales déjà desséchées. Si je vous dis qu’on n’a pas récolté une seule aubergine sur près d’un millier plantées, vous auriez du mal à me croire.
Juin: les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules. Comme si cette déception ne suffisait pas, des bêtes commencent à rentrer dans notre propriété. A cette période de l’année elles ne sont pas retenues dans les enclos, encore moins sous la surveillance d’un berger. Elles sont laissées à elles même. Un jour on a découvert des crottes dans notre champs et ce qu’on craignait aller arriver, elles ont mangé les tomates et autres aubergines qu’on avait plantées. Chaque jour sa course poursuite; quand on referme une brèche, elles en trouvent une autre. Il a fallu qu’on fasse le tour de la clôture arrière et que l’on renforce toute cette partie pour qu’elles nous laissent enfin en paix
Deuxième coup de fatigue. Cette fois ci c’était beaucoup plus grave. Ça a commencé avec des courbatures, puis des maux de tête. La nuit j’ai vomis et c’est que j’ai commencé à avoir une violente diarrhée. En plus j’avais hyper mal au ventre. Je me suis couché dans toutes sortes de positions pour soulager mon mal; rien n’y fait. Je n’avais plus d’appétit. Au début je pouvais encore manger de la mangue; mais après je ne pouvais même plus supporter son odeur. En quelque jours j’ai perdu énormément de poids. Il a d’ailleurs fallu que je rentre sur Kaolack pour pouvoir reprendre des forces. Deux semaines de repos bien méritées.
Juillet: l’hyvernage se fait attendre. Depuis le début du mois, on a pas reçu de pluies diluviennes. Je me demande même si on a eu plus de trois pluies. Les plantes avaient tellement soif que certaines se desséchaient. Le sol devenait  sec un jour à peine après l’arrosage et le soleil, brulant n’arrangeait en rien la situation. Les paysans qui ont semé trop tôt leur arachide ne savent plus ou donner de la tête.
Ramadan rime avec journée continue. Nous travaillions des fois jusqu’à 14h, particulièrement les premiers jours. Plus on avançait dans le calendrier, moins ça devenait possible. Il arrivait des jours où j’étais déjà K.O avant même midi. Il faut dire que e n’est pas facile de mener un activité physique soutenue en ayant le ventre vide et la gorge sèche. C’est ce dernier point qui m’affectait le plus. Les après midi étaient réservé pour le repos. Moi qui ne faisait que très rarement la sieste, je me suis donné à coeur joie.
Août: Rupture: après un aïd inoubliable où tous les membres de la famille étaient présents, je suis allé rendre visite à la belle famille à Mbour. Séjour inoubliable tout comme le retour au village l’a été mais cette fois ci d’une façon plutôt négative. A peine arrivé que j’apprends par la principale intéressée que notre y idylle touche à sa fin. Une soirée toute pourrie comme jamais je ne voudrais en vivre une autre.
Cambriolage : un matin très tôt, alors que j’inspectais les pépinières, je remarque que quelque chose manquait dans le décors. Je m’arrête, regarde plus attentivement et remarque qu’il n’y avait plus que le petit panneau solaire. Ou peut bien être le grand. Con que je suis, je me dis que c’est peut être le vent qui l’a déplacé. Je fis alors le tour de la case d’à coté mais rien. Je me dis non mauvaise hypothèse, seul un vent assez violent peut déplacer ce panneau solaire et je l’aurais senti si c’était le cas. Je regarde alor de plus près et là je remarque que le scotch qui liait les deux fils était défait. Du coup mon coeur se mit a battre à 100 à l’heure, je me rendis enfin compte qu’on a été visité. J’ai alors compris pourquoi les chiennes étaient aussi agitées la nuit passée. Et dire que je suis sorti et que je suis venu jusqu’à même pas deux mettre des panneaux. J’ai allumé ma lampe torche, éclairé le poulailler, puis je suis retourné me couché. Lorsque on a regardé les alentours, nous avons trouvé des empruntes de pas ( pieds nus) que nous avons suivies jusque dans un champ à coté du nôtre. Après les avoir perdu sur les parties enherbées, nous les avons retrouvées sur une piste qui menait ur la bitume et là on les a perdu définitivement.
Septembre: La Tabaki approche, et nous ne sommes plus que deux. Nos sourga sont réparti en Gambie pour fêter l’Aïd chez eux. Et avec le vol du mois derniers, il était hors de question de laisser le champ sans surveillance donc il fallait que quelqu’un passe la fête sur place. J’ai donc décidé de rester. Ce fut mon tout premier Tabaski sans la famille. Un ô de solitude encore pire que pour le 31 décembre. Je ne me suis même pas fait beau pour aller à la prière; et la place de la savoureuse viande de mouton, j’ai en du poulet.
Octobre: ils ne reviendront pas. En partant ils ont dit qu’ils allaient revenir dans 21 jours mais bizarrement ils n’ont laissé aucun effets personnels après leur départ. Après un mois d’absence, ils n’ont fait aucun signe, même pas un coup de fil pour dire qu’ils sont bien arrivé. Maintenant c’est certain, ils ne reviendront plus, en plus nous nous trouvions dans la période idéale pour engager les différentes campagnes et faire de bon coup. Mais hélas sans main d’oeuvre, il est difficile de mener à bien une campagne
Novembre: « je n’attends personne pour travailler« , Pa 5 ans et demi a dit. Sur ce nous avons pris le problème à bras le corps. Pelles et brouette sont de sortie. Un chantier gigantesque nous attendait, un kilogramme de semence d’oignon à mettre en  pépinieres. Pendant cette période, j’étais tellement fatigué que je pouvais m’endormir pour 30mn seulement.
Décembre : arrivée de renfort. Heureusement nous avons reçu du renfort. Un jeune baye Fall très sympathique et surtout travailleur nous a rejoint. Son arrivée a donné un coup de boost au travail entrepris jusque là. L’arrosage était plus rapide, nous avons enfin pu accélérer le repiquage des tomates, même la cuisine prenait moins de temps.
31 décembre: encore un autre réveillon au village. Mais cette fois ci je n’ai plus le seum et je ne me sens plus seul. Quelque chose a changé en moi, la foi. J’ai pu voir de quoi j’étais capable quand on est seul et je sais et dorénavant, je saurais ce dont je serais capable quand j’aurais une équipe de quatre personnes motivée.
Cette année n’a pas été exceptionnelle mais je ne m’en plaindrais pas, d’autres ont connu pire. J’ai connu beaucoup d’échec,des moments de doute, des moments de solitude, des moments de fatigue extrême, mais j’ai aussi appris un mot dont la signification m’a beaucoup marquée, la résilience. Cette année 2015 débute plutôt bien, je me sens hyper motivé. J’éprouve du plaisir dans me différentes activités. C’est le moment ou jamais de me prouver à moi même que la voie pour laquelle j’ai optée peut m’amener à à bon port. Je sais aussi que la route est longue, alors il ne vous reste pus qu’à me souhaiter bonne chance.
Bonne année 2015


Planches et pépinières, la campagne du violet de Galmi a déjà démarré

Pépinières de violet de Galmi (oignon)

Ça a commencé avec 36 mètres carrés, puis 25, puis 12, puis 54, puis… j’ai arrêté de compter. Plus on avançait, et moins j’avais l’impression que le pot de semence d’un kilogramme de violet de Galmi (oignon) allait se vider. C’est que mettre 1000 grammes de semence en pépinières n’est pas une chose aisée car dans un gramme de semence, il y a environ 250 graines;  et je ne vous parle même pas du travail préparatoire que tout cela requiert.

Quand on a commencé la nurserie, nous n’étions que deux, mon père alias Pa 5 ans et demi (c’est comme ça qu’il souhaite qu’on l’appelle) et moi. Nos deux sourga (employés) gambiens étaient rentrés à l’occasion de la Tabaski et, à ce propos, il ne se sont toujours pas de retour. Et comme Pa 5 ans et demi a l’habitude de le dire : Je n’attends personne quand c’est l’heure de travailler, ne m’attendez pas quand il faut manger, il a décidé qu’il fallait impérativement commencer à préparer le terrain pour être parmi les premiers sur le marché. On s’est donc mis au boulot. Comme nous étions au début du mois de novembre, cela veut dire que l’hivernage a tiré sa révérence depuis deux mois, Il a d’abord fallu que l’on humidifie l’endroit qui allait accueillir les pépinières afin de rendre le travail de la terre plus facile. Rien de très difficile puisque nous disposons de motopompes et d’assez de tuyaux pour emmener l’eau un peu partout dans le champ. Une fois la pré-irrigation finie, c’est là que commence le travail de titan. L’endroit choisi était recouvert d’herbes, comme la totalité des parcelles inexploitées. Il fallait donc désherber avant de pouvoir y mettre quoi que ce soit. Heureusement pour nous, nous avions remis sur pied notre motoculteur, une marque chinoise, mais vraiment très solide. Cette précision est importante vu qu’en Afrique tout ce qui est made in Chine est généralement de la pacotille. Cette machine marche au gas-oil a un refroidissement à eau injectée; ce qui veut dire que temps que vous avez de l’eau à côté, la machine ne sera jamais en surchauffe. On a donc franchi cette étape sans difficulté; il nous a fallu à peine une heure pour tout débroussailler.

Pied de tomate atteint par des nématodes
Pied de tomate atteint par des nématodes

La place que l’on a choisie pour la nurserie n’a pas été prise au hasard. Quatre mois auparavant, nous y avons cultivé de l’arachide. Malheureusement, dans cette partie du Saloum et presque un peu partout, nos sols sont infestés de nématodes (insectes parasites invisibles à l’œil nu, qui attaquent les racines de la plante l’empêchant ainsi de s’alimenter convenablement). Or l’arachide est un piège à nématodes; donc cette parcelle est l’endroit idéal pour accueillir des pépinières. Une fois le désherbage fini et le sol ameubli par la même occasion, commence l’une des parties les plus difficiles, le début des travaux manuels.

Planches espacées de 50 cm constituant les allées
Planches espacées de 50 cm constituant les allées

On commence d’abord par délimiter les planches. A l’aide d’une règle en bois, nous mesurons les planches, généralement 5 m de long  pour 1 m de large. Vous pouvez faire autant de mètres que vous souhaitez pour la longueur, mais pour la largeur il est déconseillé de dépasser un mètre car cela causera des difficultés lors du semis. Nous avons choisi de ne pas faire des planches super longues pour faciliter l’arrosage. Oui il faut tout prévoir à l’avance, sinon les difficultés s’accumuleront et vous ne serez pas efficace à 100 %. Une fois les planches et les allées délimitées, il faut commencer à sortir les formes. Étapes très importante puisque la forme change selon la saison. En hivernage on surélève pour éviter la stagnation de l’eau de pluie et en saison sèche, c’est le contraire. Ensuite il faut retourner le sol. La encore vous avez deux options, la pelle carrée ou le « gabe ». Pour la première on avance à reculons et le contraire pour le second. Ce n’est qu’après avoir franchi cette étape qu’on passe à l’enfouissement de l’engrais organique (très important) et ou chimique. En ce qui nous concerne, on a fait les deux. Comme le dépôt de fumier était un peu éloigné  et qu’il faillait absolument en mettre, j’ai pris la brouette et fais des va-et-vient  incessants. J’en ai poussé des brouettes, à tel point que je ne ressentais plus mon dos; à mon âge, vous vous rendez compte! Vous pensez que c’est fini, oh non pas encore, après l’enfouissement, il faut tirer à la règle pour niveler la planche. Il est très important que la planche soit bien nivelée, sinon vous risquez d’avoir des défauts d’arrosage, l’eau n’allant que d’un seul côté. A ce propos, avant de commencer toute activité agricole, il faut toujours repérer la où les différentes pentes dominantes et en tenir compte lors de la préparation du terrain  A partir de cette étape, c’est à dire l’enfouissement, vous pouvez vous estimer à mi-chemin. Maintenant il ne vous reste plus qu’a semer.
Mais voilà, on ne sème pas n’importe comment non plus. On ne sème pas à la volée comme on le faisait jadis. Non, là on fait sortir de petits sillons dans lesquels on met un insecticide (Furadan la plupart du temps). On prévoit un écart d’environ 20 cm sur la largeur de la planche. L’écartement est très important, car il permet aux jeunes plantules de se développer normalement et vous facilite le travail lors du grattage. Pour l’oignon, vous pouvez diminuer l’écart entre les lignes jusqu’à 10 cm, car l’épaisseur de feuille est assez fine pour vous le permettre. A propos des sillons, il ne faut pas qu’ils soient trop profonds. La semence est composée de toutes petites graines; les enterrer en profondeur risque de provoquer des retards de germination, voire un échec de la pépinière. Lors du semis, il est aussi préférable de diminuer la densité des graines. Dans le cas de l’oignon comme du chou, il est difficile de séparer les graines les unes des autres car elles sont très petites donc il faut avoir la main légère au moment de les mettre dans les sillons. Sinon lorsqu’elles sont trop serrées, les plantes auront du mal à croître toutes normalement. Donc les plus fortes le feront au détriment des plus faibles qui vont fondre petit à petit. C’est ce qu’on appelle la fonte de semis. Et comme le pot de semence est extrêmement cher, 40 000 francs les 500 gr, il faut éviter tout gâchis.
Une fois le semis terminé, on recouvre les sillons avec de la terre, du sable blanc ou du terreau si votre terrain est argileux, et on plombe le tout avec d’une planche ou de tout autre objet assez lourd à la surface plate qui pourra damer le sol. Étape très importante,  car l’oublier peut conduire à l’échec de la pépinière. Maintenant il ne reste plus qu’à recouvrir les planches par un tapis herbacé et à arroser quotidiennement jusqu’à la germination (entre 4 jours et une semaine cela dépend de la qualité du fumier).

Ça y est, maintenant vous connaissez les différentes étapes pour faire une planche. Après la germination commence un autre travail tout aussi délicat et qui requiert beaucoup d’attention, car il va falloir arroser quotidiennement, éliminer les mauvaises herbes, gratter les planches au moins une fois par semaine et surtout ne pas oublier les traitements phytosanitaires, une fois par semaine, en guise de prévention.  Malheureusement, beaucoup de paysans ne maîtrisent pas assez ces techniques essentielles pour mener à bien une campagne. Ils sont obligés d’aller acheter des plantules qui sont livrées dans de très mauvaises conditions. Cette années, nombreux sont ceux qui ont tenté de faire eux-mêmes leur propres pépinières et qui ont échoué. Rien qu’hier, une connaissance me confiait avoir ainsi perdu toutes les pépinières qu’il avait faites. Un échec total qui représente une triple perte, de l’énergie, de l’argent et un retard sur la campagne. En ce qui nous concerne, alhamdoulilah, tout s’est très bien passé et on a déjà débuté la phase de repiquage.


Une histoire de Tiébou dieune

Je crois vous avoir déjà parlé de mon amour pour le Tiébou dieune. Ce fut lors d’un billet sur la ville de saint-Louis où j’en ai brièvement parlé. Alors aujourd’hui c’est le moment de vous raconter une expérience un peu particulière.

Dans la vie j’aime particulièrement trois choses. La Sexion d’assaut, Naruto et le Tiebou dieune. Si les deux premiers sont récents, mon histoire avec le Tiebou dieune date de fort bien longtemps pour ne pas dire depuis toujours. Je me rappelle que étant petit, j’en raffolait à telle point que j’étais très souvent le dernier au bol. Ce qui exaspérait mon père ce n’était pas le fait que je fasse la même chose en dehors de la maison mais surtout que je n’aimais pas la plupart des autres plats qu’on cuisinait à la maison; particulièrement ce qu’on appelle  les « Niari tchine » (plats accompagné de sauce, Thiou, Domada, Mafé Yassa etc). En fait aimer n’est pas le verbe qui convient; je dirais plutôt détester. Très souvent, quand on cuisinait ces plats, il m’arrivait de faire semblant de manger. Je prenais une bouchée, faisais semblant de l’avaler, puis je disposais discrètement plus de la moitié à coté de mes frères et soeurs tout en continuant de faire semblant de mastiquer. Mais quand il s’agissait du Tiébou dieune, plus question de simuler. J’y allais à fond à tel point que mon père, encore lui, me disait: Tu as intérêt à avoir les poches pleines si tu veux manger du tieb tous les jours.  A cette période je ne me souciais guerre de ce que cela pouvait bien signifier. Par contre il y a une phrase que j’ai tout de suite comprise et qui m’a beaucoup marquée. Ma mère me disait très souvent que si je voulais manger du bon  Tiébou dieune il faudrait que j’épouse une Saint-louisienne. La légende dit que c’est elles qui cuisinent le mieux le tieb. Et je confirme; celui de ma mère est tout juste exceptionnel de même que celui de ma grand mère. J’ai donc grandi avec cette idée dans un coin de ma tête.
Avec le temps, mon amour pour ce plat n’a fait qu’augmenter. Cependant mon désamour pour les autres a diminué mais pas au point de disparaître complètement. Heureusement je suis issu d’une famille qui aime bien ce plat et qui le prépare plusieurs fois par semaine. Sachant qu’on le cuisine un jour sur deux…  Ah ou j’allais oublier de vous faire une petite précision. En fait il y a trois type de Tiébou dieune: Tieb bou honk, mon préféré, préparé avec de la tomate le tieb prend une couleur rouge. Ensuite il y a le Tieb bou weh, cuit sans tomate. Utilisez de la fleur d’oseille blanc en guise de bissap vous m’en direz des nouvelles. Et le meilleur pour la finir; enfin selon la majorité et je dois préciser que je n’en fais pas parti, le Tiébou diaga, de meme couleur que le Tieb bou honk mais servi avec de la garniture. Vous pouvez y mettre tout ce que vous voulez, fruits de mer, boulettes de poisson etc, du moment que c’est compatible avec le plats vous pouvez laisser libre court à votre imagination. Je disais donc que sachant qu’on le cuisinait une fois sur deux, je savais déjà quels jours de la semaine j’allais me régaler. Cependant, il arrivait que mes certitudes soient tempérées. Très souvent sur le chemin du retour de l’école, la senteur des cuissons des voisins venait souvent troubler mon odorat. Hé oui je commençais déjà à humer l’air à la recherche de cette odeur si particulière bien avant d’arriver chez moi. Très souvent , à la place du Tiebou dieune tant désiré, il me parvenait ces plats qui je n’aimais pas du tout, genre Tiou, Domada, Yassa. Et à chaque fois que cela arrivait, je devenais confus, je ne cessais alors de me poser des questions et je n’étais plus sûr de ce qu’on allait me servir que une fois devant le bol. Heureusement pour moi je n’ai étais déçu que très peu de fois.
Il n’y a pas si longtemps de ça, j’ai tenté une expérience inédite. J’ai essayé de cuisiner du Tieb. Comment en suis-je arrivé là? Disons que j’étais dans un endroit où on était que deux personnes, mon père et moi. Et de nous deux il fallait forcément qu’il y et quelqu’un qui cuisine. Donc voilà comment j’en suis arrivé là. Généralement les hommes ne cuisinent pas. Cette tâche est réservée aux femmes. Quand on rentre dans une cuisine, la plupart du temps c’est pour aller piocher quelque choses dans le frigo. Sauf que quand il n’y a pas de femmes dans l’environnement immédiat et que le vieux se refuse à l’idée d’engager une bonne (trop couteux…, ça ne sert jamais ce qu’on désire vraiment… ça cause très souvent des problèmes) il faut se retrousser les manches et se livrer à cette activité oh combien difficile. J’avais la chance d’avoir du une expérience culinaire lors de mon séjour à Casa. J’arrivais à peu près à bien cuisiner le Yassa poulet, les Vermicelles et d’autres plats à base de sauces. Donc je n’étais pas en terrain inconnu. Ce qui m’a le plus aidé c’est que ici on ne se tue pas à cuisiner des trucs trop compliqués. On ne cuisine généralement qu’un seul plat, le Kaldou, qui en passant est très facile à cuisiner (riz blanc accompagné d’une sauce à laquelle on ne met que ce qu’il faut d’huile). Ce qui me manque le plus quand je suis ici c’est le Tiébou dieune de chez moi. Maintenant la fréquence a fortement diminué. D’un jour sur deux, on est passé d’un samedi sur deux. Alors un beau matin, je me suis dit qu’il est temps que je m’attaque au sacro-saint de la cuisine sénégalaise. Mais ne sachant quel résultat j’allais obtenir, j’ai attendu que le vieux parte en voyage et que je sois tout seul pour m’y essayer Comme ça au moins, je ne me foutrais pas la honte devant tout le monde. Je me suis donc mis devant le fourneau. Sans demander de l’aide à personne, j’ai établi ma propre logique du procédé qu’il fallait suivre pour réussir un tieb normal. J’ai d’abord préparé ma sauce; en plus ce jour j’avais reçu de bons poissons. Une fois terminé j’ai enlevé les poissons ( je n’avais pas mis de légumes, de toute façon à l’époque je ne les apréciais  pas vraiment) puis je l’ai mélangée avec le riz préalablement cuit à la vapeur. J’ai laissé mijoter jusqu’à ce que j’estime que tout est cuit, et là j’ai servi. Voilà c’était aussi facile que ça. Aucune indication sur la quantité d’eau et d’huile. Qu’en est il du résultat ? Et bien c’était un peu bizarre. A l’époque j’avais pris une photo histoire d’immortaliser ce moment mais hélas je n’ai plus la photo en ma possession. Comment vous le décrire?…
Imaginez du tieb, le plus banal qui soit, puis visualisez du poisson disposé un peu n’importe comment par dessus. Ça y est. C’est exactement ce à quoi ressemblait mon tout premier Tiébou dieune. Voici venu l’heure de la dégustation. Je savais d’avance que ça ne pouvait avoir le même gout que ce que j’avais l’habitude de manger. Rien que la vue offerte risque de décourager les plus grands amateurs mais il fallait quand même que je le mange puisque je l’ai cuisiné. A la première cuillerée, je n’ai rien senti de spécial, mais vraiment rien. Ce n’était ni bon ni dégueulasse, seulement, le riz n’était pas assez bien cuit et il manquait un peu beaucoup de sel. Comment le decrirais-je? C’était… « mangeable »! Oui voilà c’était tout juste mangeable. Alors je l’ai mangé, pas comme de la même façon que ceux qu’on cuisinait à la maison. Non j’ai mangé calmement sans y prendre un plaisir particulier. Après avoir fini, j’ai eu un sentiment de fierté parce que j’y suis arrivé par moi même, sans aucune aide ni indications. Et je savais déjà que les prochains seraient meilleurs; ce qui fut le cas. Il me reste juste à améliorer la présentation et diversifier les les légumes mais sinon les derniers Tiébou dieune que j’ai cuisinés sont plus que mangeables.
En parlant de décoration, j’ai récemment publié une photo de certains plats plutôt réussi sur facebook sous le #Proudlycuisinéparsamabopp et mes amis se sont mis a se moquer de ces plats un peu bizarre qui ne ressemblaient pas vraiment à ce qu’ils ont l’habitude de manger. J’ai alors rigolé avec eux tout en me disant: si seulement vous aviez vu mon tout premier Tiébou dieune.