Ameth DIA

En valent-ils vraiment la peine?

Cette question, je n’arrête pas de me la poser depuis plusieurs semaines vu les derniers événements qui se sont passés en Afrique, notamment en Guinée et en Côte d’Ivoire. Aussi j’aimerais partager, avec vous amis mondoblogueurs, mes doutes et mes sentiments concernant le sujet. Donc cette question s’adresse aussi à vous: les politiciens en valent-ils la peine?

Comment se fait-il  qu’il puisse y avoir autant de tension à l’approche des élections en Afrique? Comment cette tension peut-elle donner l’impression que le pays se trouve en état de guerre? Parce que à la base, il y a des gens qui sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Pour moi le politicien africain est celui qui te promettra le ciel et la terre si cela lui permettait d’être élu. Le politicien est un homme qui respecte rarement sa parole et qui manipule à sa guise les foules trop naïves pour se rendre compte de la supercherie. Bien sûr certains trouveront ce raisonnement trop pessimiste voire exagéré; ils se diront sûrement qu’il y a des exceptions. Certes il en existe; mes ces derniers sont peu nombreux et quasi invisibles face au gang de requins qui s’accaparent tout le temps des médias.

C’est la raison pour laquelle je ressens un grand désarroi à chaque fois que j’entends à la RFI qu’il y a des morts ou des blessés suite à des échauffourées entre partisans ou sympathisants de différents partis politiques. Au plus profond de moi je me dis : quel gâchis !! Se battre ou risquer sa vie pour des hommes qui aujourd’hui s’insultent pour trouver, le lendemain, un consensus qui arrange leurs affaires. Finalement le grand perdant dans tout çà n’est personne d’autre que la population qui est confrontée directement à la situation. Alors chers citoyens, avant de vous engager dans une bataille qui peut mettre votre vie en danger ou celle de celui qui se trouve en face de vous, demandez-vous si les politiciens en valent vraiment la peine.


Il était une fois au Sénégal, les télécentres…

Bien avant que les téléphones portables ne débarquent en grande quantité au Sénégal, seuls quelques nantis pouvaient se targuer d’en posséder. D’abord parce que le portable coûtait cher en plus le prix de la communication était assez élevé du fait qu’il n’existait qu’un seul opérateur( Alizé devenu entre temps Orange). La preuve, il fût une époque où la puce valait 5000 fcfa alors que maintenant elle ne coûte plus que 1000 fcfa. Aussi, les moins nantis, n’ayant pas assez d’argent pour avoir le téléphone fixe à domicile et encore moins pour s’offrir les service d’un cellulaire se sont retournés vers les télécentres.

Un télécentre est un petit local aménagé spécialement pour passer un coup de fil. En accord avec l’opérateur (Sonatel à l’époque), les gérants mettent deux voire trois téléphones fixes à la disposition de potentiels clients qui veulent passer un appel. Le télécentre est donc une sorte de cabine téléphonique; d’ailleurs chaque appareil est muni d’un compteur pour calculer la durée de l’appel et ainsi la somme à payer. A cette époque, vers les années 2000, l’unité était à 75 fcfa, donc à la portée de tout le monde. Ce petit commerce a rencontré un franc succès puisque c’est souvent le voisin du quartier qui est le gérant. Aussi les télécentres se sont-ils multipliés à travers tout le pays. Mais ce qui devait arriver arriva.

Comme on n’arrête pas le progrès, ce qui était inaccéssible il y a une décénie est maintenant à la portée de tout le monde. Bien sûr la marque, la qualité et le prix diffèrent encore, mais le portable n’est plus l’objet de luxe réservé uniquement aux hommes d’affaire et autres personnes riches. Maintenant même les adolescents en possèdent. Malheureusement les télécentres n’ont pas pu résister à cette vague numérique. De nos jours il est difficil, voire impossible de trouver un télécentre ouvert. Tous ont formé leur porte à cause des portables qui ont fini d’inonder le marché. Avec l’arrivée massive des cellulaires, de nouveux opérateurs ont fait leur apparition comme Tigo ou encore le dernier venu Expresso. Se livrant une concurrence acrue la bourse du citoyen s’est retrouvée allégée. D’ailleurs pour fidéliser la clientelle, les opérateurs ne manquent pas d’imagination: les promotions(50% ou 100% ajouté au crédit acheté), les reductions pour les numéros favoris ou encore les appels illimités à partir de minuit sont leurs tactiques préférées pour attirer les consommateurs.

N’ayant pu résister à la vague déferlante des mobiles, les télécentres ont rendu un grand service au citoyen lamda pendant près d’une dizaine d’année. Certes ce service de proximité n’existe plus, mais les opérateurs ont eu une bonne idée de mettre en place un dispositif qui se rapproche de celui des télécentres. Maintenant, il est possible d’acheter du crédit à partir de 100fcfa chez le boutiquier du coin. Les cartes de crédit n’existant qu’à partir de 1000fcfa (sauf pour Expresso qui a une de 500fcfa), la recharge automatique facilitent les communications beaucoup de personnes, particulièrement celles de la génération SMS.


Sénégal : le mouton qui vaut 4 millions

On ne parle que de lui à l’approche de la Tabaski, le mouton qui vaut 4 millions fcfa. Il s’appelle Yékini (actuel roi des arènes, lutteur invaincu jusqu’à présent) et il est au centre de tous les débats comme celui tenu aujourd’hui sur la radio RFM (une sorte d’appel sur l’actualité version sénégalaise). Ce débat, traitant du thème de la gabegie dont font preuve certains Sénégalais à l’approche des grandes fêtes a pris comme exemple un vendeur très célèbre, Gallo Thiello (ex comédien reconverti dans la vente de mouton), à qui une personnalité aurait proposé 4 millions pour son mouton.Les intervenants, majoritairement des acteurs de la scène politique et médiatique entre autres ont tous condamnés ces agissements qui incitent les populations à faire des dépenses incommensurables dans le seul but d’avoir une bonne image au près des voisins et autres amis. Il faut dire cette gabegie est devenue une tendance au Sénégal, particulièrement à  Dakar où les riches se livrent une compétition ardue dans le but de savoir celui qui dépense le plus. Pour ceci les occasions préférées sont les baptêmes et les mariages. Rappelons qu’avec ces 4 millions, la personnalité dont ont ignore le nom aurait pu s’acheter une quarantaine de moutons voire même le double et faire le bien autour de lui car nombreux sont les pères de famille qui n’arriveront pas, par manque de moyen, à acheter un mouton pour la Tabaski.

Gallo Thiello, propriétaire de Yékini


La guère des affiches à l’UGB

A chaque début d’année académique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, une classe d’étudiants est particulièrement ciblée par l’ensemble de la communauté estudiantine : les bleus et les « bleuses ». Ces termes désignent dans le langage courant des étudiants les nouveaux bacheliers orientés à l’université. Ces derniers, découvrant un nouvel univers rempli de mythes et d’histoires en tout genre, sont assiégés par différents messages de bienvenue placardés un peu partout dans le campus.

Exemple de message adressé aux bleus

Ces messages, faits uniquement à l’aide d’affiches sont, pour la plupart, l’œuvre des associations des étudiants qui représentent les différentes régions du Sénégal ; sans oublier aussi les étudiants étrangers qui sont nombreux à l’UGB. Ils contiennent tous des numéros de téléphones pour faciliter l’intégration des bleus(es). Ainsi, les associations se chargent de trouver, pour ceux qui n’ont pas de proches,  un ou une « ance » (diminutif d’ancien) qui leur sert de mentor et parfois même qui les héberge dans leur chambre jusqu’à ce qu’ils en obtiennent une, l’année suivante. Entrent aussi dans la danse les étudiants vendeurs, les différents clubs (Anglais, Sociologie, Géographie), les partis politiques et les associations religieuses (musulmanes et catholiques).

Près de la porte d’entrée du resto 2

Pour que les affiches soient vues par le plus grand nombre, les étudiants choisissent des endroits stratégiques comme les portes d’entrée et de sortie des restaurants ou encore sur les façades des bâtiments devant lesquels passent chaque jour des centaines d’étudiants. Il faut dire qu’à l’UGB, il n’y a qu’un seul endroit réservé par l’administration pour y afficher les prospectus. Aussi les étudiants préfèrent-ils se livrer à l’affichage sauvage au point de dégrader les murs des restos. La majorité utilise de la colle pour que leurs affiches restent le plus longtemps possible et qu’elles soient difficiles à enlever car il arrive souvent qu’une affiche soit arrachée pour faire de la place à une autre. Aussi, pour palier à cette éventualité et éviter par la même occasion que l’on colle un autre message sur son prospectus, certains préfèrent mettre les leurs  en hauteur à l’aide d’une échelle.

Entrée resto 2

Sur le contenu des messages, différentes tactiques sont employées. Si la sobriété est utilisée par la majorité qui diffuse uniquement leur information, certains utilisent le prêche pour ramener les brebis galeuses tandis que d’autres préfèrent les messages chocs. L’année dernière une diatribe visant les organisateurs de soirées a été photocopiée en une centaine d’exemplaire et déposée anonymement sur chaque table des restos. L’auteur de ce message critiquait violemment les étudiants qui, dans leurs affiches, mettaient des filles de plus en plus dénudées et parfois dans des positions très sensuelles voire même érotiques. Cette année, une nouvelle affiche destinée aux bleus a fait son apparition après que des étudiants ont organisé une soirée dansante dite de Retrouvaille et d’Intégration le week-end dernier, à la Kfet (cafétéria : lieu disposant d’une sonorisation où se retrouvent les étudiants pour des conférences, des soirées dansantes ou pour regarder les matchs de foot). Voici la photo ci-dessous. A vous de juger.

Affiche d’une soirée

Photo représentant une dépouille


Classement 2010 Reporters Sans Frontières : état de la liberté de presse en Afrique

Guerres civiles, dictatures, famines, maladies, corruption sont, entre autres, les maux qui gangrènent le quotidien de bon nombre d’Africains au point que ces images restent gravés dans les consciences du monde extérieur, particulièrement celle de l’Occident. La liberté de la presse est aussi un critère pris en compte pour évaluer aussi bien le niveau de démocratie des pays africains que le respect des droits de l’homme. Et dans ce cadre, l’Afrique présente deux visages : celle qui évolue et celle qui stagne, voire qui régresse.

Meurtre, emprisonnement, pressions en tout genre, censure  ou encore l’exil sont les problèmes aux quels sont confrontés les journalistes dans certains recoins du monde. Au rang des mauvais élèves, on retrouve certains pays africains comme : l’Erythrée, bon dernier au classement mondial depuis quatre années consécutives, est à la 178e place pour une politique de répression envers les journalistes (une trentaine de journaliste sont emprisonnés et seuls les medias publics, soumis à un contrôle strict, sont tolérés) ; le Soudan à la 172e place du fait de la censure et de la répression sur le quotidien d’opposition Rai-al-Chaab. Viennent ensuite le Rwanda 169e (« pour la suspension des principales publications indépendantes le climat de terreur entourant l’élection présidentielle et l’assassinat, à Kigali, du rédacteur en chef adjoint d’Umuvugizi, Jean-Léonard Rugambage »), la Guinée équatoriale 167e, la Tunisie 164e, la Somalie 161e(à cause de la guerre civile entre les Islamistes et le gouvernement et le contrôle des radios indépendantes par le milices Al-Shabaab et Hizb-Al-Islam) et la Libye 160e.

Heureusement, tous les pays africains ne sont pas logés à la même enseigne. Le Sénégal  qui est à la  93e place a perdu quatre places depuis le dernier classement. Ce recul est dû entre autres à l’agression de deux journalistes par les forces de l’ordre lors d’une couverture de combat de lutte, au saccage de plusieurs locaux de medias dont ceux du groupe Walfadjri et à la pénalisation des délits de presse, toujours en vigueur malgré la promesse faite par le Président visant à le supprimer.  D’autre par contre se retrouvent dans une bonne position. D’ailleurs sept d’entre eux figurent dans le top cinquante. Il s’agit de la Namibie 21e, du groupe Cap Vert, Ghana, Mali à la 26e place, de l’Afrique du Sud 38e, de la Tanzanie 41e, et du Burkina Faso 49e. Autre satisfaction, la France 44e, éternelle donneuse de leçon aux Etats Africains se trouve devancée par les six pays africains précédemment cités. A l’image de la France, c’est l’Union Européenne qui perd son statu de leader ; ce qui veut dire que ce n’est pas qu’en Afrique que les journalistes rencontrent  des problèmes.

Source: https://fr.rsf.org/afrique-l-afrique-20-10-2010,38585.html

https://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html


Quand Bollywood débarque sur le petit écran des Sénégalais !

Il y a deux ans de cela, le paysage audiovisuel sénégalais était dominé par les télénovelas sud américaines, séries à l’eau de rose qui permettaient à la gent féminine de rêver au prince charmant. Pendant plus d’une dizaine d’année, ces séries brésiliennes ou mexicaines ont accompagné le quotidien des Sénégalais. Tous les jours (sauf le samedi et le dimanche), vers 19h30, toute la famille, du moins les femmes, les adolescents et les enfants, se retrouvent devant leur petit écran pour suivre l’aventure amoureuse mouvementée de leur héroïne. Que ce soit Rosa la sauvage, Marimar, Sublime mensonge, Luz clarita, Muñeca Brava ou encore Barbarita, ces téléfilms ont tous eu un succès retentissant au point de marquer toute une génération. Mais toute hégémonie ayant une fin, les téléspectateurs ont relégué au second les télénovelas pour porter toute leur attention sur cette nouvelle vague venant d’Inde.

Je me souviens que, étant enfant, nous attendions avec impatience la diffusion des films hindous avec leurs histoires de sorcelleries, leurs danses folkloriques et surtout, les scènes de bastons interminables d’Amitabh Bachan. A l’époque, alors qu’il y avait encore des salles de cinéma, à chaque fois qu’un film hindou était à l’affiche, les salles étaient pleines à craquer. Aussi, connaissant l’intérêt que les Sénégalais portent au cinéma bollywoodien, et devant la médiocrité de plus en plus accrue des séries sud américaines, la 2STV (première chaine privée à voir le jour dans le pays) innove et propose un téléfilm qui va connaître un succès retentissant : Vaïdéhi. Différente des autres télénovelas, cette série hindoue s’est distinguée par son histoire plutôt originale, par son univers proche des réalités africaines et surtout du thème majeur : la place de la femme dans la société. Autre aspect important, le cinéma hindou est en général dénué de toute sexualité. Dans un pays encore attaché à ses valeurs culturelles et religieuses, les séries sud américaines étaient perçues par leurs détracteurs comme un moyen de pervertir la conscience des jeunes générations. D’ailleurs, pour ne pas heurter la sensibilité des téléspectateurs les chaînes de télévision sont obligées de censurer les scènes jugées un peu torrides. Mais avec les séries hindoues, aucun problème à ce niveau ; toutes les classes d’âge peuvent les visionner. Du coup, le feuilleton a eu un tel succès qu’il a ouvert une brèche dans laquelle s’est engouffré le reste des chaînes nationales. Maintenant que ce soit la RDV, la TFM (dernière née dans l’audiovisuel sénégalais) ou encore la RTS, chacune de ces chaînes a sa propre série hindou diffusée à des horaires diverses. Au total depuis la diffusion de la série Vaidéhi, quatre nouveaux feuilletons sont arrivés dans le paysage audiovisuel sénégalais. Ce qui laisse présager une longue aventure

Le phénomène Vaïdéhi : L’actrice Pallavi Kulkarni se souviendra pendant longtemps de l’accueil exceptionnel qui lui a été réservé le 26 janvier 2010 par des milliers de fans en délire. Invitée par la chaîne privée pour la finale de la série, l’actrice hindoue a pu jauger sa popularité auprès de ses fans. Depuis sa descente de l’aéroport jusqu’aux locaux de la 2STV la jeune actrice a traversé les rues de Dakar devant une foule conquise et heureuse de voir leur héroïne défiler devant leurs yeux. Jamais un tel accueil n’a été réservé à une personnalité depuis le retour des Lions du foot de la coupe du monde 2002. La série était tellement suivie par les téléspectateurs que les tailleurs ont vite fait de copier le modèle des habits traditionnels porté par les personnages féminins. Aussi, lors de la fête de Tabaski (l’Aïd al Kabir : fête du sacrifice du mouton), nombreuses étaient les femmes qui avaient arboré la copie des vêtements de leur héroïne préférée lançant ainsi une nouvelle mode. Jamais une série n’avait rencontré autant de succès au point d’influer sur les habitudes vestimentaires de ces demoiselles.