Anani AGBOH

Ma superbe interlocutrice

Crédit: Anouchka Ophélie

A l’époque, rare tu te faisais

Une fois le cours fini, tu disparaissais

Tu ne traînais qu’avec ton sac et personne d’autre

Il ne me fallait pas plus pour décupler mon envie de te connaître.

 

En amphi, j’étais souvent derrière toi

Je te taquinais parfois

Je faisais aussi des blagues pour attirer ton attention

Je réussissais peu ou prou et non sans frustration.

 

Ton prénom a attisé ma curiosité

Ta voix captivante a attiré mon attention

Ton tempérament a suscité mon admiration

La lecture, cette passion commune, nous a rapproché.

 

A part les textos, je t’appelais souvent

Puis, nous avions commencé par échanger des romans

Tu étais fan de Danielle Steel et de Mary Higgins Clark

Tu aimais 50 Cent où plutôt son tube « Amusement Park ».

 

Aux sceptiques de l’amitié homme-femme

Toi et moi sommes un joli pied de nez

Depuis bientôt dix ans que nous maintenons cette complicité

Rien n’a pu faire chanceler cette flamme

 

J’adore nos discussions ô combien enrichissantes

J’aime leur quantité autant que leur qualité

Pour nous, passer du registre familier au soutenu via le courant n’est point une corvée

Cette facilité que nous avons de transiter du drôle au sérieux est plus que vivifiante.

 

J’aime quand nos avis divergent souvent

Ta maturité et ton esprit critique m’impactent positivement

Car tu me montres une autre façon de penser et de voir les choses

Nos valeurs et principes presque identiques nous gardent en osmose.

 

Tu es à moi ce que le journal intime représentait autrefois

Tu es la chambre d’enregistrement de mes joies et désarrois

Tu sais m’écouter et me conseiller

Les bonnes questions, tu sais me les poser.

 

Tu es ma superbe et belle interlocutrice

Ma confidente préférée et attitrée

Pour rien au monde, je ne t’échangerai

Car causer avec toi est un pur délice.

 

Des amies comme toi sont rares

C’est plus qu’une chance de t’avoir

Notre amitié résistera à tout, même la distance

Merci pour tout Délivrance.


Kris Miranda, la passionnée du make-up

Elle aime s’habiller chic et classe. Ses passions sont la mode, le dessin et l’art. Son amour pour le make-up ou le maquillage vient d’ailleurs de là. Née le 21 août 1992 à Lomé, Anoko Miranda Christopha Sitsofé Lawson-Placca, puisque que c’est d’elle qu’il s’agit est plus connue sous le nom de Kris Miranda dans le milieu du make-up togolais et surtout sur les réseaux sociaux (FacebookInstagram et Twitter). « J’ai juste pris mes deux prénoms Miranda Christopha. J’ai inversé l’ordre et enlevé le « topha pour faire « Chris Miranda ». Ne voulant point que cela donne un air de prénom masculin, j’ai changé le « Ch » en « K ». Ce qui donne « Kris Miranda » explicite-t-elle. Maquilleuse professionnelle et artistique, Kris MakeUp est la start-up qu’elle a créée. Titulaire d’un bac scientifique et ayant fait des études supérieures en économie internationale à l’Université de Lomé – elle tient toujours à obtenir sa licence, rien, a priori ne la prédestinait à embrasser une telle carrière. Et ce n’est pas sa maman qui a du mal à comprendre son choix qui dira le contraire. Comment est-elle donc arrivée à faire de sa passion son métier ? Quelle est la particularité de Kris MakeUp ? Que pense-t-elle de l’entrepreneuriat ?

 

Kris Miranda
Crédit: Kris Miranda

 

L’avant Kris MakeUp

Après plusieurs stages et petits boulots dont le tout dernier de six (6) mois à Premium Esplanade, un Lounge bar, en tant que caissière, Kris Miranda s’est résolument engagée dans l’entrepreneuriat en se tournant vers sa passion de toujours : le maquillage. Toute la genèse de Kris MakeUp vient donc de cette dernière expérience professionnelle. Tombées sous son charme notamment la façon dont elle se maquillait, les serveuses du local qu’on pourrait considérer comme ses premières clientes, voulaient qu’elle leur en fasse autant. Quelques tutoriels make-up de perfectionnement visualisés sur YouTube ajoutés à ses précédentes expériences professionnelles, ses études notamment quelques cours en statistique économique ainsi que les conseils d’entrepreneurs chevronnés l’ont finalement convaincue de créer Kris MakeUp.

 

Models Rebi et Patricia
Crédit: Wody Yawo

 

Model Farida
Crédit: Jerry Orlando

 

D’abord le virtuel, le physique ensuite

Kris MakeUp a entamé les démarches pour devenir une entreprise légalement constituée d’ici fin 2017. Cela n’a pourtant pas empêché sa fondatrice de la rendre visible sur les réseaux sociaux où se trouve la majorité de sa clientèle. En procédant ainsi, Kris Miranda a voulu apporter une nouvelle touche au monde du make-up togolais. « Ici, au Togo, on est habitué à ce que certaines choses soient physiques avant de fonctionner » explique-t-elle. « Moi, poursuit-elle, je veux montrer la différence en commençant d’abord par le virtuel avant d’aller au physique ». Même si elle ne néglige pas l’ouverture d’un salon Kris Make-Up censé définir son lieu de travail, Kris Miranda préfère pour le moment se concentrer sur le rayonnement en ligne de sa boîte et aime se déplacer chez ses clients et clientes. « A l’étranger, souligne la jeune entrepreneuse, les grandes maquilleuses se déplacent beaucoup pour maquiller les clientes chez elles malgré qu’elles aient de grands salons. Il suffit de passer un appel, discuter de votre choix de make-up et ensuite on vous livre le make up chez vous tranquillement ».

 

Model Anita
Crédit: Jerry Orlando

 

Une clientèle variée

Kris Make-Up est avant tout un service de make-up professionnel et surtout artistique « en ligne livré chez les clients » selon les propres termes de sa fondatrice. Sa clientèle, constituée d’hommes et de femmes est aussi diverse que variée : particuliers, designers, artistes de la musique. « Je maquille (…) pour des défilés de mode, des shootings artistiques ou pour présenter une collection d’un designer, (…) les artistes (…) lors du tournage de leurs clips vidéo » indique Kris Miranda. A chaque type d’évènement son make-up à l’instar du fashion show make-up, le bridal make-up, le make-up fluorescent, le make-up nude et sophistiqué, le make-up hot et le make-up artistique.

 

Sandra, une cliente
Crédit: Kris Miranda

 

« Vous aurez l’impression d’être fou »

Quand je lui demande s’il est facile d’entreprendre, Kris Miranda répond que l’entreprenariat n’est pas un « monde facile ». « Vous aurez, dit-elle en riant, l’impression d’être fou ». C’est beaucoup de responsabilité car « tout repose sur votre épaule » confie-t-elle. Elle ajoute : « Vous êtes le seul à pouvoir faire réussir votre business même si vous avez une équipe qui travaille avec vous ». Elle poursuit : « Vous dormez à peine, puisqu’il faut émettre plein d’idées, gérer, s’informer des nouveautés, apprendre, planifier, surveiller votre marché et vos concurrents, (…) mettre toutes les stratégies qu’il faut chaque jour pour réussir et tout ceci constitue le sacrifice du succès de votre entreprise ». A l’en croire, le soutien de la famille, des amis et des partenaires est aussi important comme l’est également la propre confiance en soi et en ses capacités de réussir même si ce n’est chose aisée. Regrette-t-elle sa vie d’avant, faite de stages et de petits boulots notamment à MSC Togo et Nestlé-Togo ? « Honnêtement, je préfère ma vie d’entrepreneur parce que je suis mon propre chef et je sais ce que je gère. Je ne rends compte à personne » réplique-t-elle. Elle a cependant eu du mal au début à s’intégrer dans le monde de la mode à Lomé et à en vivre. « Je n’étais, analyse-t-elle, point connue. Mais aujourd’hui, j’arrive à en vivre et je rends grâce à Dieu ». Sa plus grande fierté est d’avoir réussi à se faire un nom « dans le monde du fashion à Lomé », de voir ses œuvres partagées dans la sous-région. Et quand elle parle d’œuvres, elle fait référence à ses make-up artistiques. D’où lui vient d’ailleurs l’inspiration ? « Je fais des recherches sur Internet » affirme Kris Miranda. Elle rappelle au passage qu’elle est passionnée d’art. « Ensuite, continue-t-elle, j’essaie de créer une harmonie d’images dans ma tête pendant des semaines que j’exprime sur le visage des mannequins ». Il arrive aussi que l’inspiration lui vienne de la contemplation du visage d’un mannequin. « Le reste, conclue-t-elle, c’est au mannequin de pouvoir dégager l’expression du make-up fait et au photographe de savoir comment prendre l’image ou si c’est un faiseur d’images, cela agrandit encore plus le make-up artistique comme c’est le cas du photographe Jerry Orlando».

 

Model Irène Crédit: King’s Studios

 

 

Courant 2018, Kris Miranda envisage l’ouverture de son salon. A moyen terme, elle entend rendre encore plus visible Kris MakeUp au Togo et dans la sous-région ouest africaine. A long terme, elle entend internationaliser sa boîte. De Kris MakeUp, à n’en pas douter, on n’a pas fini d’entendre parler.

 

Model Cornelia
Crédit: Wody Yawo


Le « Bon Maraîcher », pionnier de la distribution de produits agricoles

En décembre 2016, ils ont décroché le premier prix du Forum des jeunes entrepreneurs du Togo. Ils sont 5 au total : deux filles et trois garçons tous âgés de 22 ans. Les initiateurs ou les créateurs de la jeune pousse ou, pour faire branché, de la start-up « Bon Maraîcher », puisque c’est d’eux qu’il s’agit, sont spécialisés dans la livraison à domicile de produits agricoles locaux et bio (fruits et légumes essentiellement).

Bruno (1er) et Honoré (4ème) de la gauche vers la droite.

Je les ai rencontrés. Enfin, deux d’entre eux : Honoré Kedji et Bruno Apedo, respectivement étudiants en Gestion commerciale et Marketing et en Comptabilité Finance et Contrôle, dans leurs locaux qu’ils partagent avec d’autres start-ups non loin de la place Anani Santos ex Fréau Jardin à Lomé. Habillés en costard avec chemise simple en dessous, ils ont répondu volontiers à mes questions. C’est en fait Honoré Kedji qui s’est plié à l’exercice, Bruno Apedo lui ayant laissé le soin de parler au nom du Bon Maraîcher.

 

Faciliter la tâche aux femmes fonctionnaires

Parti d’abord du constat et ensuite d’une enquête qui leur a révélé que les femmes salariés et les fonctionnaires de la classe moyenne ont moins de temps à consacrer à leurs courses au marché, ces jeunes étudiants en parcours licence pour certains et Brevet de technicien supérieur (BTS) pour d’autres de l’Ecole supérieure d’administration et de gestion (ESAG-NDE) ont voulu leur faciliter la tâche tout en valorisant par la même occasion les produits agricoles bio et locaux.

« Pour faire savoir aux clients ce que nous avons dans la semaine, nous passons des annonces sur les réseaux sociaux et à travers l’application Whatsapp » nous explique Honoré. Mais ils reçoivent également des appels directs de la part des clients dont 80% sont des fonctionnaires et des libéraux. « Nous travaillons, poursuit-il, en partenariat avec certains producteurs que nous avons sélectionnés ». Des producteurs qui se trouvent à Badja et à Kpalimé.

« On s’emploie nous-mêmes (…) »

De lundi jusqu’à jeudi midi, ils enregistrent les commandes des clients qui sont pour la plupart dans leur base de données. Ils contactent ensuite les producteurs avec lesquelles ils collaborent. Le vendredi, ils s’arrangent pour rentrer en possession des produits et le samedi dans la matinée, ils font eux-mêmes la livraison (10 à 15 en moyenne par semaine) à moto. « Nous sommes certes créateurs d’entreprise, mais on s’emploie nous-même pour le moment » confie le jeune Honoré. Les produits sont livrés souvent dans des paniers en fil de fer. Et dans leur jargon, un panier peut correspondre à un mélange d’oranges, d’ananas, de bananes et de papayes. Il peut être aussi composé de carottes et de betteraves. Un panier coûte 3500, 5000 voire 7500 FCFA selon le mélange et le nombre de kilogrammes.

Conquérir les hôtels et restaurants

Depuis un an déjà qu’ils ont commencé, ils affirment rencontrer les difficultés ordinaires auxquelles font face les entreprises débutantes. Cependant, les conseils et témoignages d’entrepreneurs expérimentés leur permettent d’avancer. Honoré, Bruno et leurs trois autres cofondateurs ambitionnent d’étendre leurs livraisons aux restaurants et hôtels. D’ici un à deux ans, le Bon Maraîcher entend contribuer à l’accroissement de la production locale et bio et participer par ricochet à l’émergence économique du pays. « Nous voulons satisfaire (…) et fidéliser les clients actuels » ajoute Honoré Kedji, le porte-parole du Bon Maraîcher du jour et de notre rencontre. Mais dans l’immédiat, c’est-à-dire dans trois-six mois, cette start-up veut augmenter son chiffre d’affaires. Une augmentation qui devra se traduire par une autre : celle de la clientèle.


Le genre à Donald, c’est la caricature de presse

Tenir un discours devant un public, ce n’est pas son genre. Et il a vite fait de le préciser au public venu assister à la présentation et à la dédicace de son premier recueil de caricatures couplée de la sortie du cinquième roman de kangni Alem, Les enfants du Brésil le 22 juillet dernier à la résidence de l’Union européenne au Togo. « Prendre la parole, ce n’est pas facile » a-t-il dit provoquant ainsi au passage le rire de l’assistance. Son genre, vous l’auriez compris, ce sont les caricatures avec lesquelles il s’exprime mieux. Aklassou-Gana Kossi Donald de son vrai nom et plus connu comme Donald, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas un quidam. C’est un caricaturiste de renom au Togo. Surtout pour les lecteurs et abonnés du quotidien privé togolais Liberté –assez critique à l’égard du régime en place- où il travaille depuis 2008. Mais aussi pour les lecteurs d’autres journaux avec lesquelles il collabore : Golfe Info, Focus Infos, triangle des Enjeux, Sika’a et Viva.

« (…) Donald est arrivé à créer un style de communication qui lui est propre, si bien que ses caricatures peuvent être tout de suite identifiées sans même sa signature, ce qui est un indicateur de réussite »

Intitulé Cari-Actu, ce premier recueil de caricatures sur la l’actualité togolaise et internationale concernant des sujets aussi divers comme l’économie, la politique, la jeunesse, l’éducation et la santé n’est que le premier tome des plus de 3000 caricatures que Donald a publié avec Liberté entre 2012 et 2017. Si ce recueil a vu le jour, c’est justement grâce à ses caricatures « sur » ou « contre » l’Union européenne comme l’a fait remarquer Donald lui-même. Des caricatures qui ont poussé la curiosité d’abord de Patrick Spirlet et ensuite de Nicolas Berlanga-Martinez respectivement ambassadeur de l’UE au Togo de connaître celui qui se cachait derrière lesdites caricatures. « (…) Donald est arrivé à créer un style de communication qui lui est propre, si bien que ses caricatures peuvent être tout de suite identifiées sans même sa signature, ce qui est un indicateur de réussite » affirme Berlanga-Martinez dans la préface de l’ouvrage. C’est ce dernier qui l’a incité à sortir ce premier recueil. « Pour nous, ajoute l’ambassadeur, c’est de l’humour avec un message, des instantanés captés par le crayon d’un artiste qui est aussi un observateur attentif de la vie au Togo ». Et Donald qui n’aime pas la censure a dû faire des concessions sur le choix des caricatures de Cari-Actu. « Avec l’ambassadeur, a-t-il confié, on a choisi les dessins qui font moins mal ».

Pour ceux qui aimeraient voir les dessins qui font plus mal, les anciennes et futures caricatures de Donald dans Liberté piaffent d’impatience de provoquer chez eux réflexion et sourire en coin.


Kangni Alem : « (…) Dans la démarche d’un écrivain la plupart du temps, ce n’est pas ce qu’on trouve qui est intéressant. C’est ce qu’on n’a pas trouvé ».

L’écrivain togolais Kangni Alem a présenté et dédicacé son cinquième roman Les enfants du Brésil samedi dernier à Lomé. « Le Brésil autrement, c’est tout ce que je prenais pour le paradis » a-t-il expliqué lorsqu’il s’est agit de révéler la genèse de ce cinquième ouvrage que d’aucuns ont qualifié d’un récit d’une construction des apparences. Mais également, d’un voyage réel vers le Brésil et d’un voyage à rebours vers l’enfance des personnages (Galva,  Santana et Djibril).

Kangni Alem : « J’ai écrit un roman en 2009 qui s’appelle Esclaves, qui a été publié en portugais, qui a eu un certain succès dans les milieux afro-brésiliens notamment dans la ville de l’ambassadeur [du Brésil au Togo] à Recife. Quand j’étais parti pour la première fois au Brésil en 2006, je ne savais pas réellement ce que j’étais allé chercher. J’avais une vague idée. Je voulais écrire sur l’histoire de l’esclavage entre le Brésil et le Golfe de Guinée notamment le royaume du Dahomey. Mon idée de départ était entre guillemet de réhabiliter un roi du Dahomey dont on ne parle plus qui s’appelle Adandozan. Et puis, à un moment donné de l’écriture du roman, le Brésil s’est imposé à moi tout seul. Sauf que, quand ça m’arrive de parler des choses que je ne connais pas, je suis mal à l’aise. Donc, un jour, j’ai décidé d’aller au Brésil pour voir si le Brésil allait m’inspirer. C’est comme ça que je m’y suis retrouvé en 2006 et j’ai fini par écrire ce roman sur Adandozan et la mémoire des esclaves afro-brésiliens. Sauf que, dans la démarche d’un écrivain la plupart du temps, ce n’est pas ce qu’on trouve qui est intéressant. C’est ce qu’on n’a pas trouvé. Tous les jours, pendant trois mois quand je circulais entre Rio, Salvador de Bahia et Recife, j’avais un carnet. Et je notais toutes les expériences qui m’arrivaient ou les expériences  que provoquais parfois, les choses les plus futiles. Et quand j’avais fini de publier Esclaves, il me restait ce carnet de note de voyage. Et dans toute cette histoire, il y a un personnage qui n’arrêtait pas de me poursuivre. Qui en fait, m’a aidé énormément pendant mon séjour. Il s’agit d’une jeune dame qui s’appelle Galva. Mon portugais était lamentable. J’étais bon en portugais uniquement pour acheter de la nourriture. Pour lire les archives, j’avais un dictionnaire, j’utilisais un traducteur automatique. Je me débrouillais. Et puis, je suis tombé sur cette étudiante en anthropologie qui m’a aidé à avancer. Elle m’a raconté beaucoup de choses d’elle. Et moi, pour lui rendre hommage à la fin, j’ai décidé d’écrire un roman dans lequel elle serait le personnage. (…) Cette personne m’a raconté le Brésil autrement. (…) Elle me montrait toujours l’envers du décor ».


Ralycia: «Je veux poser mon empreinte »

Le R de son nom d’artiste Ralycia fait référence à l’initial de son prénom Reine. Alycia, par contre, est un hommage à une de ses tantes partie trop tôt et qui comptait beaucoup pour elle. Gagnante de la saison 1 de Tubox, émission radiophonique et de téléréalité musicale, Ralycia à en croire beaucoup est une voix et « une étoile qui promet de briller ».  Qui est réellement celle qui aimerait bien maîtriser la guitare et l’Ewe?

 

Ma carrière a été lancée en quelque sorte après ce concours. Et je pense que je serai loin en ce moment si toutes les promesses avaient été tenues. Mais, l’homme propose, Dieu dispose. Ils n’ont pas été honnêtes. Mais, ce n’est pas pour autant que je vais rester là à les attendre. Moi j’avance !

 

Entre gentillesse et ambitions

 

« Femme trop gentille cherche mari gentil » serait peut-être dans quelques années l’avis de recherche du prince charmant de Ralycia si ça se trouve. S’estimant « trop gentille », la gagnante l’année dernière de la première édition du concours de musique Tubox se voit marier à un « gentil mari » et trois enfants à la clé. Elle se voit également diriger  sa propre agence de communication évènementielle.  Mais pour le moment, c’est la soutenance de son mémoire en vue de l’obtention de sa licence professionnelle en journalisme à l’Institut des sciences de l’information, de la communication et des arts (ISICA) de l’Université de Lomé qui la préoccupe. « J’ai arrêté la musique pendant un moment pour me concentrer sur la préparation de mon mémoire » explique Ralycia de son vrai nom Reine Essognim Tchedre. Du haut de ses 1m60, celle qui aura 23 ans le 04 novembre prochain voit les choses en grand après cette pause. « J’ai perdu, concède-t-elle, un peu de ma qualité vocale. Je travaille actuellement pour être au top et mon plus grand défi c’est la sortie d’un album ». « Je veux poser mon empreinte » martèle-t-elle.

 

 

Une vie de concours

 

 Je n’étais pas assez préparée. Je n’ai pas eu le temps de m’entrainer. J’étais en stage, je sortais d’une autre compétition musicale [Tubox] et il y avait les préparatifs pour le voyage, la fatigue et le stress. J’étais submergée 

 

Si Ralycia a remporté Tubox, elle n’était pas à son premier coup d’essai en ce qui concerne les concours de chants. « Je suis une habituée des scènes de concours » plaisante-t-elle. Les concours interscolaires étaient son domaine de prédilection. Mais le premier d’un niveau plus élevé a été le Togo Star Karaoké en 2012 où en finale, elle termina 3ème. En 2014, elle faisait partie des candidats du Campus Live. Sa dernière compétition en la matière a été la première édition de The Voice Afrique Francophone. Elle n’est malheureusement pas allée plus loin que l’étape des auditions ou castings. Aujourd’hui avec le recul, elle analyse les raisons de cet échec. « Je n’étais pas assez préparée. Je n’ai pas eu le temps de m’entrainer. J’étais en stage, je sortais d’une autre compétition musicale [Tubox] et il y avait les préparatifs pour le voyage, la fatigue et le stress. J’étais submergée » avoue-t-elle. Tubox aurait dû véritablement lancer sa carrière musicale si toutes les promesses avaient été tenues opine-t-elle. Elle était censée empocher 2,5 millions de Francs CFA, sortir un single et un clip promu sur Trace Tv. Elle relativise : « Ma carrière a été lancée en quelque sorte après ce concours. Et je pense que je serai loin en ce moment si toutes les promesses avaient été tenues. Mais, l’homme propose, Dieu dispose. Ils n’ont pas été honnêtes. Mais, ce n’est pas pour autant que je vais rester là à les attendre. Moi j’avance »! Car Tubox était un véritable challenge pour Ralycia. « Ça a été une belle expérience. Le fait d’être toujours devant la caméra m’amusait. Ça a été un nouveau challenge pour moi et une chance d’y participer » relève-t-elle. Mais comment la native de Kara (environ 420 km au nord de Lomé) compte-t-elle gérer sa carrière musicale et journalistique ?

 

Je ne sais pas encore si je ferai carrière en journalisme. Mais, quel que soit le domaine dans lequel je me retrouverai, je ferai en sorte d’avoir toujours une place pour ma musique

 

« On trouve toujours du temps pour ce qu’on aime faire »

Entre la participation aux différents concours et la préparation de son mémoire, Ralycia a déjà effectué deux stages dans des chaînes de télévision. Le premier à New World TV et le second plus récent à la télévision togolaise (TVT). Elle semble cependant accorder une place de choix à la musique qui est sa « plus grande passion ». « Je dis, fait-elle remarquer, qu’on trouve toujours du temps pour ce qu’on aime faire ». Et le journalisme dans tout ça ? « Je ne sais pas encore si je ferai carrière en journalisme. Mais, quel que soit le domaine dans lequel je me retrouverai, je ferai en sorte d’avoir toujours une place pour ma musique » explicite-t-elle. Sa musique, sa famille l’a acceptée et le soutien de cette dernière l’aide énormément. Si Ralycia est une fan des Shin Sekai, ce sont pourtant Dadju et Keblack qui l’inspirent en ce moment.

Un autre défi et non des moindres pour Ralycia est d’arriver à s’exprimer couramment en Ewe qui lui « file toujours entre les doigts ». Ainsi, elle réussira sa totale intégration dans la capitale, où elle a débarqué après son Bac obtenu au Collège Chaminade de Kara, et qu’elle connaissait peu ou prou pour y avoir passé régulièrement ses vacances.


« C’est (…) le couronnement de plusieurs années de travail » (Daniel Addeh)

Lauréat du prix « Prix Lorenzo Natali 2017 » qui invite les journalistes professionnels comme amateurs à s’intéresser à des questions de développement, d’éradication de la pauvreté et de démocratie entre autres, le journaliste togolais de la Radio Télévision Delta Santé (RTDS) Daniel Addeh explique dans cette interview que c’est le « couronnement de plusieurs années de travail ».

 

Tu es le lauréat du « Prix Lorenzo Natali 2017 » pour le journalisme dans la catégorie

professionnelle pour l’Afrique. Que revêt ce prix pour toi ?

 

Vous savez je suis le second togolais  à avoir remporté ce prix, mais je suis le premier journaliste. C’est un sentiment de satisfaction et particulièrement le couronnement de plusieurs années de travail. Vous pouvez donc imaginer ma joie.

 

Daniel Midodji Addeh recevant son prix

 

Ce prix m’a permis de rencontrer beaucoup de journalistes étrangers et des personnalités de renom qui travaillent dans le domaine du développement, et d’autres part,  il m’a permis d’appréhender notre métier autrement. Et particulièrement d’envisager d’autres projets.

 

Raconte-nous comment en es-tu arrivé là !

 

J’ai entendu parler de ce prix alors que j’étais en Ethiopie en 2016 pour recevoir un autre prix sur les changements climatiques. Alors, de  retour à Lomé,  j’ai fait des recherches sur internet mais le prix en question n’était pas encore lancé. Et c’est  quelques mois après que j’ai vu l’appel à candidature sur les réseaux sociaux et j’ai postulé sans hésiter. Vous connaissez la suite.

 

Quel changement ce prix peut-il avoir dans ta carrière ?

 

Beaucoup de choses. Ce prix m’a permis de rencontrer beaucoup de journalistes étrangers et des personnalités de renom qui travaillent dans le domaine du développement, et d’autres part,  il m’a permis d’appréhender notre métier autrement. Et particulièrement d’envisager d’autres projets.

 

(…) J’ai fait ce choix parce que je voulais faire part aux autorités togolaises de la situation de ces enfants.

 

Quel sujet et quel support as-tu choisis pour concourir ?

 

L’article qui m’a permis de remporter ce prix est intitulé:  « On avait juste besoin d’énergie solaire pour réussir ». Je l’ai publié sur mon blog. Et il a été repris par certains sites d’informations. Il parle des conditions d’études des élèves du petit village d’Agbetim, situé à une trentaine de kilomètres de la ville de Tsévié (environ 35 km au nord de Lomé). Faute d’électricité dans le village, les apprenants ne peuvent  réviser leurs leçons les soirs qu’en mettant des piles neuves, une fois par semaine, dans leurs torches. Et pour cela, ils vont dans la forêt couper du bois pour le revendre au plus offrant.

 

(…) On pourra avec les autres journalistes appréhender autrement notre métier pour faire de grandes choses.

 

Pourquoi ces choix ?

 

Parallèlement à mon travail à la télévision, j’ai eu la chance de collaborer avec beaucoup de médias étrangers. Le constat que j’ai fait au cours de ces collaborations est que ces médias sont plus intéressés par le traitement des sujets d’impacts contrairement à ce qu’on fait  au Togo. C’est donc depuis ce moment que  j’ai compris que je pouvais contribuer à changer  positivement la vie des populations qui vivent dans des conditions d’extrême pauvreté grâce à mon arme qui est ma plume. Donc pour revenir à votre question, j’ai fait ce choix parce que je voulais faire part aux autorités togolaises de la situation de ces enfants et montrer par ailleurs le travail exceptionnel abattu par les jeunes étudiants de la start-up EP GROUP, qui installe des panneaux solaire dans les villages.

 

Une partie servira à aider ses enfants et l’autre partie à m’équiper en matériel. Car j’ai de nouveaux défis à relever.

 

Avec ce prix, que penses-tu pouvoir changer au Togo ?

 

Dans l’immédiat rien. Vu que ce n’est qu’un prix. Mais dans le temps, on pourra avec les autres journalistes appréhender autrement notre métier pour faire de grandes choses.

 

En plus du trophée du prix, tu as empoché 5 mille euros. Que comptes-tu faire avec cette somme ?

 

Rires… Beaucoup de choses. Une partie servira à aider ses enfants et l’autre partie à m’équiper en matériel. Car j’ai de nouveaux défis à relever.


« La meilleure façon de vivre ça, c’est de ne pas vouloir en vivre » (Ayi DOSSAVI-ALIPOEH)

Mondoblogueur, grand amateur de musique classique et de Jazz, fan d’Adèle – la chanteuse britannique –  et panafricaniste convaincu, Ayi Dossavi-Alipoeh est un jeune écrivain qui a déjà à son actif trois ouvrages dont son premier recueil de poèmes, Rosées lointaines, paru en juillet 2015 et avec lequel il a été programmé sur la 10e édition du festival international Filbleu. Dans cette interview qu’il m’a accordée, il est longuement question de Rosées lointaines. Mais également de son parcours qui va des sciences aux lettres, du métier d’écrivain ou de poète et de l’avenir du blogging au Togo, entre autres.

 

Comment te définirais-tu ?

Pour faire simple, je me définirais comme un écrivain à l’origine passionné par les lettres et qui s’intéresse également à la science et à la culture.

 

Tu as fait tes études supérieures à l’ESTBA…

Oui, oui ! J’ai fait une Licence en analyse biomédicale à l’Ecole Supérieure de Technique Biologique et Alimentaire en abrégé ESTBA. Un cursus en sciences de la santé.

 

C’est un fort message, j’ai envie de dire, pour la mère patrie et également un hymne à la vie, à l’humanité et à l’Afrique globalement.

 

 

Ton premier recueil de poèmes, Rosées lointaines, est paru en juillet 2015. Quel est le message que tu veux passer à travers tes vers ?

 

Essentiellement, je crois que c’est… je ne dirai pas de tout et de rien. Je parle d’un certain nombre de choses. Je raconte un peu le quotidien, et surtout mon amour pour mon pays, mon continent et mon peuple essentiellement, et l’amour en général qui ne manque pas dans nos productions littéraires. C’est un fort message, j’ai envie de dire, pour la mère patrie et également un hymne à la vie, à l’humanité et à l’Afrique globalement. Ce n’était pas à l’origine un recueil à thème précis. Ça nous a donné une certaine liberté.

 

Je travaille plus au niveau des textes. Pour plusieurs raisons : passer des messages, et m’exprimer. C’est vrai que je me penche plus vers les lettres que vers les sciences. C’est du 60-40 en gros. Mais ça varie selon les jours.

 

Tu as déjà gagné par le passé deux prix littéraires. Entre toi et la littérature, est-ce une histoire d’amour ? Es-tu plus scientifique que littéraire ?  

Fondamentalement, je ne m’inscris pas dans cette division littéraire-scientifique. Pour moi, c’est quelque chose qu’il faudra corriger dans notre façon de voir l’école et la façon d’aborder les choses. Ceci étant dit, est-ce que je suis plus littéraire que scientifique ou scientifique que littéraire ? Non, non… j’adore ce que j’ai étudié : les sciences de la santé. C’est très intéressant. Même si pour le moment, je travaille plus au niveau des textes. Pour plusieurs raisons : passer des messages, et m’exprimer. C’est vrai que je me penche plus vers les lettres que vers les sciences. C’est du 60-40 en gros. Mais ça varie selon les jours.

 

Donc tu préfères les mots ou les lettres aux rats de laboratoires ?

 

Euh… non, non. Je suis quelqu’un qui écrivait des textes entre un cours de biologie et de mathématiques. Mais au-delà de ça, je garde un pied quand même au laboratoire. Parce que c’est important, c’est intéressant et tout aussi passionnant. On n’a pas autant l’occasion de s’exprimer, de passer un message dans un laboratoire comme on peut le faire à travers des livres. Donc, c’est important aussi.

 

Pour moi, le fait que les poètes, les écrivains en général soient moins représentés dans le monde ne veut pas dire que leur temps est passé. Ça veut dire que ce monde va mal. La poésie, le roman ou l’écriture en général participent à forger l’esprit des gens.

 

Alors, le monde actuel peut-il se passer des poètes ?

 

Ça, c’est une grande question. C’est un éternel débat. Pour moi, le simple fait que l’on se pose la question montre que, encore aujourd’hui… non. Non. C’est vrai qu’on est de plus en plus distrait, poussé vers la matière, éloigné de la culture générale. Mais c’est un faux problème ! Pour moi, le fait que les poètes, les écrivains en général soient moins représentés dans le monde ne veut pas dire que leur temps est passé. Ça veut dire que ce monde va mal. La poésie, le roman ou l’écriture en général participent à forger l’esprit des gens. S’il n’y a plus ceux qui parlent au cœur, à l’âme, à l’esprit des personnes, je me demande bien de quoi les gens seront faits. Donc, c’est ça qui pose problème. Le monde ne peut pas s’en passer. S’il prétend s’en passer, c’est qu’il est malade en fait. Il y a un grand vide et nous remplissons ce vide avec du vide. Non, on ne pourra pas se passer des poètes…

 

On gratte un peu sur les heures de sommeil pour écrire. Ce qui fait que c’est très difficile d’en vivre. La meilleure façon de vivre ça, c’est de ne pas vouloir en vivre. Ça libère et tu ne te mets pas la pression non plus.

 

Je crois qu’avec ton recueil de poèmes, tu viens de rentrer dans le cercle fermé (ou pas?) des poètes togolais. Avec ta petite expérience, est-ce que le poète togolais peut vraiment vivre de son art ?

 

Le cercle n’est pas trop ouvert. Mais ce n’est pas fermé non plus (rires). Il y a encore quelques années, j’aurais dit non. Mais aujourd’hui, celui qui s’y consacre vraiment matin, midi et soir et fait des « tournées » et avec beaucoup d’efforts, je pense qu’on peut commencer à tirer nos épingles du jeu. Mais c’est difficile. Surtout parce que la plupart des écrivains ne sont pas uniquement écrivains. Ils ont plusieurs casquettes, notamment le poète. Entre les heures creuses, on se débrouille. On gratte un peu sur les heures de sommeil pour écrire. Ce qui fait que c’est très difficile d’en vivre. La meilleure façon de vivre ça, c’est de ne pas vouloir en vivre. Ça libère et tu ne te mets pas la pression non plus. Mais celui qui s’y met vraiment à fond, vraiment, c’est-à-dire matin, midi et soir de lundi à dimanche, se lève, sillonne le pays, d’écoles en écoles, vend son truc, va sur les médias, je pense qu’il peut tirer son épingle du jeu. Aujourd’hui, c’est faisable. Je pense que ça le sera encore plus dans quelques années. Disons qu’Il y a de l’espoir.

 

On va un peu parcourir le recueil de poèmes. À la page 16, tu écris :

« La misère embrasse mon pays comme une catin affriolante

Et mon pays fornique avec elle, et baigne dans le sang et la fiente !

Je lui baise les pieds et je l’embrasse, la terre qui m’a vu naître,

En lui demandant : « Pourquoi donc as-tu donné le sein à ces traîtres ? »

 

Tu y vas un peu fort non ?

 

Oui, c’est vrai. Comme les textes n’ont pas été écrits au même moment, chacun porte l’état d’esprit, l’état mental, le feeling de l’auteur au moment où il écrit. C’est un cri de colère. Je ne me rappelle plus très bien de l’occasion. C’est vrai que le Togo nous donne beaucoup d’occasions de nous énerver. Ça ne manque pas. Je pense quand même, pour un Etat relativement petit comme le nôtre, pas surpeuplé, normalement nous ne devons pas avoir certains problèmes. C’est étonnant, énervant, ça retourne l’estomac de constater certaines réalités.  Et quand on est écrivain, on rend ça. Oui, j’y vais un peu fort. Je pense que j’ai le droit. Et on ne m’en voudra pas pour ça.

 

Le Togo seul ne pourra pas s’en sortir. Le Ghana seul ne pourra pas s’en sortir. La Côte d’Ivoire ou le Mali seul ne pourront pas s’en sortir. Ni le Congo ni le Malawi.

 

Alors, es-tu défaitiste quant à ce que les choses changent ou s’arrangent ?

 

Non. Pas du tout. Absolument pas. Je ne suis pas d’un optimisme béat. Je crois que les gens construisent leur destin. Mais pour ça, il faut être prêt à faire des sacrifices. Je ne suis absolument pas défaitiste quant au destin du Togo. Je ne regrette pas le Togo. Je regrette l’Afrique en général. J’ai une vision beaucoup plus continentale du destin commun. Le Togo seul ne pourra pas s’en sortir. Le Ghana seul ne pourra pas s’en sortir. La Côte d’Ivoire ou le Mali seul ne pourront pas s’en sortir. Ni le Congo ni le Malawi. Je pense vraiment que c’est une renaissance totale africaine. C’est Tabo Nbéki  qui parlait de renaissance africaine à un moment donné. Je penche plus vers ça. Donc, je ne suis absolument pas défaitiste ou en désespoir quant au destin du Togo ou de l’Afrique. Au contraire, j’ai un immense espoir pour l’avenir. Comme dirait Edem Kodjo, il ne faut surtout pas sombrer dans le désespoir. L’Afrique a son avenir devant elle. Mais, il faudra se battre, il faudra travailler. J’ai un grand et immense espoir pour l’avenir.

 

On retourne à ton recueil de poèmes à la page 25 très exactement où se trouve le poème intitulé Cours

« Un prof, tout grand tout docte, dans une salle

Parle, parle, parle

Brasse l’air et le feu et le souffle et les mots et l’idée

L’auditoire, distraitement attentif,

Gît, exsangue,

Bataillant férocement contre le sommeil

L’université … Le poids de l’ennui ».

 

L’Université est-il vraiment le poids de l’ennui ?

 

(Rires) Je pense qu’on a tous… Il nous est arrivé de nous ennuyer ferme à l’Université hein ! C’est incroyable ! Parfois, tu te demandes qu’est-ce que le type raconte. C’est ça quoi ! On a appris des choses très passionnantes aussi. Mais par moment, je ne sais pas si c’est lui qui se fout de nous ou le contraire, mais parfois certains profs nous facilitent la chose quant à l’ennui ! C’est une petite pique comme ça qui est restée dans le texte. J’ai trouvé ça amusant de garder ça. C’est un clin d’œil à la fac. Je pense que beaucoup de mes camarades étudiants, ceux qui sont passées par l’Université s’y retrouveront d’une manière ou d’une autre.

 

C’est quoi la prochaine étape ? Un nouveau recueil de poèmes, un roman ?

 

Oui ! Les deux. Les trois mêmes je dirai puisqu’actuellement, je travaille à la fois sur un prochain recueil de poèmes, un roman également et un essai. Un essai pas politique, mais plutôt théorique. Je ne sais pas lequel des trois sortira en premier parce que l’édition au Togo c’est un chemin de croix. Mais je ne compte pas m’arrêter quand même ! Il y a encore des choses intéressantes à dire. Rester à l’écoute. Déjà, il faut profiter de ce premier recueil, achetez-le en attendant et il y aura certainement d’ici la fin de l’année un autre ouvrage à paraître.

 

Je pense que le plus intéressant c’est le fait que les gens puissent s’exprimer. Pendant longtemps, on a été chacun dans notre coin avec quelque chose dans sa tête qu’à un moment donné on a failli exploser. Maintenant, il y a un foisonnement incroyable des voix, des points de vue, une multitude de centres d’intérêts, de points de vue.

 

On sait aussi que vous êtes blogueur, mondoblogueur qui plus est. Ça fait un moment qu’on constate un foisonnement de blogueurs sur la toile. Comment voyez-vous l’avenir du blogging au Togo ?

 

Je pense que c’est comme pour l’écriture. Il y a une renaissance si on peut dire, une nouvelle floraison, une ré-émergence des idées. C’est intéressant le blogging. C’est quand même les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ça ouvre des voies. Je pense que le plus intéressant, c’est le fait que les gens puissent s’exprimer. Pendant longtemps, on a été chacun dans notre coin avec quelque chose dans sa tête, tant et si bien, qu’à un moment donné on a failli exploser. Maintenant, il y a un foisonnement incroyable des voix, des points de vue, une multitude de centres d’intérêts, de points de vue. Je pense que si nos autorités du ministère des Postes et de l’Economie Numérique nous offre une meilleure connexion, ça ira encore en avant. J’ai un bon espoir pour ça. J’ai aussi un regard un peu distant par rapport à ça. Je tourne de plus en plus vers le livre physique, vers des « travaux » plus sérieux, plus conséquents.  Mais, je trouve très intéressant cette émergence. Ça fait beaucoup de bruit aussi hein. Le fait que tout le monde ait la parole n’est pas forcément une bonne chose (rires). C’est quand même mieux que quand personne n’a le droit de s’exprimer. Je pense que des gens ont commencé par devenir blogueurs professionnels. Ça a déjà commencé, ça ira crescendo. Ça ouvrira la voie à la fois pour la liberté d’expression, pour la communication et aussi pour les affaires dans un pays où le chômage est quand même assez important.

 

Il faut sortir du Togo peut être pour se rendre compte de ce qu’est le Togo. On dit que c’est un petit pays par la taille mais grand par ses hommes. Mais, combien de grands hommes avons-nous ? J’imagine le Togo en négociation avec la Chine. Quand on sait que notre population représente un quartier de Beijing, on doit se poser des questions et se remettre en cause. Le temps des petits pays est révolu.

 

Quand on vous écoute, on sent le panafricain. Le panafricanisme, vous y croyez ?

 

Absolument ! Je suis un panafricain convaincu. Je dirai même panafricain radical. C’est une question de point de vue, de vision des choses. Ne serait-ce que pour des raisons géostratégiques ou géopolitiques. Le temps des petits ensembles est révolu. Il faudra que les pays africains le comprennent. Les petits pays à moins, d’être Israël et d’avoir un puissant réseau de diaspora, des gens fortunés répartis aux quatre coins du monde, ne pèsent rien face à la Russie, à la Chine, à l’Inde, aux Etats-Unis, ou à l’Union Européenne. Il faut oublier ça. Je ne dis pas de fusionner tout comme ça. Mais, il faut voir grand. Il faut sortir du Togo peut-être pour se rendre compte de ce qu’est le Togo. On dit que c’est un petit pays par la taille mais grand par ses hommes. Mais, combien de grands hommes avons-nous ? J’imagine le Togo en négociation avec la Chine. Quand on sait que notre population représente un quartier de Beijing, on doit se poser des questions et se remettre en cause. Le temps des petits pays est révolu. C’est fini ça. Après, chacun sa sensibilité. C’est mon point de vue. Rien que pour ça, je suis un panafricain radical. Quelle forme ça prendra, comment ça va se présenter, c’est autre chose. Je pense que c’est un point de vue intéressant qui malgré les échecs cuisants du passé, mérite quand même d’être revisité, re-exploré pour l’avenir. Même si l’Union Africaine joue très mal son rôle qui lui était dévolu, c’est un indice quand même de ce vers quoi on doit tendre. Ce n’est que mon point de vue évidemment. Mon avis compte si peu.

 

Comme je lis beaucoup, je me suis rendu compte que c’est une musique qu’on peut écouter tout en lisant. C’est généralement sans paroles.

 

C’est la musique classique que tu écoutes apparemment lorsque tu écris tes vers et textes !

 

Oui, je suis un immense consommateur de musique classique européenne.

 

Une bonne source d’inspiration ?

 

Oui. C’est excellent pour… en fait, c’est intéressant la façon dont je suis arrivé à ça. Comme je lis beaucoup, je me suis rendu compte que c’est une musique qu’on peut écouter tout en lisant. C’est généralement sans paroles. J’ai également découvert les grands compositeurs comme Mozart ou Bach… Beethoven aussi, qui pour moi est le plus grand compositeur de tous les temps même devant Mozart. Je consomme aussi beaucoup de jazz que certains appellent la musique classique africaine. C’est un parallèle intéressant. J’écoute donc beaucoup de musique classique et de jazz, mais je suis ouvert à tous les genres musicaux.

 

J’ai repris les disques de mon père pour reprendre Youssoupha.

 

Vos artistes préférés de Jazz ?

 

Incontestablement Miles Davis, Sydney Bechet, le vieux Louis Armstrong, John Coltrane aussi. Disons que je suis relativement old school. J’ai repris les disques de mon père pour reprendre Youssoupha.

 

 

Et côté féminin ?

 

En matière de jazz, je verrai plutôt Nina Simone. C’est La voix par excellence en matière de musique. Pour les slows, j’écoute beaucoup Nana Mouskouri. J’écoute aussi l’anglaise Adele qui est la meilleure chanteuse d’Europe des dix dernières années selon moi.


Sonya Tomegah au pays de la création

Née à Lomé il y a 30 ans, Sonya Tomegah est une entrepreneuse passionnée avec trois principales casquettes. Le monde de la création est là où elle exprime le mieux son talent d’architecte junior et de créatrice d’accessoires en wax et en textile africain. Discrète, dynamique et ouverte d’esprit, elle est perçue comme une professionnelle honnête, gentille et de bonne humeur.

Sonya Tomegah

 

Amoureuse de la vie comme elle se définit elle-même, diplômée de l’Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’urbanisme (EAMAU) de Lomé, titulaire d’un Brevet de Technicienne Supérieure (BTS) en Arts appliqués spécialité Design d’espace au lycée des Métiers de l’habitat et de l’aménagement urbain Adolphe Cherioux de Vitry sur Seine en France après l’obtention d’un bac Economique et Social, Sonya Tomegah a une vie professionnelle bien remplie. « Très tôt, j’ai su que je travaillerai dans le milieu de la création sans pour autant savoir exactement vers quelle branche me tourner » confie-t-elle. « J’ai trois casquettes principales » opine Sonya. Car celle dont le parcours et le cursus ont tourné autour de formations relatives à la création a fini par trouver non sa voix mais ses voix : celle de la raison, celle de la passion et celle du cœur.

 

« Toutes ces activités font mon équilibre »

 

« L’architecture, l’architecture d’intérieur (à ne pas confondre avec la décoration d’intérieur) sont mes choix de raison, le gagne-pain sur lequel je pourrai compter quoi qu’il arrive… » explique Sonya qui travaille en association avec deux de ses aînés dans le domaine avec autour d’eux une équipe de dessinateurs et d’ingénieurs.

« Nyah’s Touch » en abrégé NT, l’entreprise qu’elle a lancée il y a cinq ans, qui promeut « le textile ayant fait ou faisant partie de l’histoire africaine «  et qui crée des accessoires à base de wax ou de textile africain (cuir, bogolan, danfani, kenté, etc.) est sa passion. « NT pour moi, déclare Sonya, c’est une chose naturelle. Je ne peux pas voir un bout de tissu à côté de moi sans en faire quelque chose ». Elle affirme par ailleurs que « ne pas créer NT aurait été pour moi l’équivalent de renoncer à ce que je suis ».

 

L’école la Madone (maternelle, primaire et collège) fondée par sa maman il y 31 ans et où elle donne des cours d’arts plastiques aux classes du collège est enfin son choix de cœur pour pérenniser la « belle initiative » de sa maman qui n’est plus. « (…) Toutes ces activités font mon équilibre et me rende heureuse. J’ai déjà essayé de me séparer de l’une d’entre-elles. Impossible. J’y reviens toujours » explicite Sonya.

 

« Râleuse, paresseuse par moment, égoïste de mon temps (…) »

 

Décrite comme une grande professionnelle honnête, gentille et de bonne humeur, Sonya est à la fois discrète, dynamique et ouverte d’esprit. A en croire certains, elle n’hésite même pas à passer des nuits blanches pour satisfaire ses clients. A la qualité, elle tient beaucoup. « J’essaie surtout de donner tout ce que j’ai de meilleur en moi, d’être la meilleure version de moi-même » souligne l’architecte d’intérieur avant de reconnaître qu’elle n’est pas infaillible, que la perfection n’étant pas de ce monde, elle a aussi comme tous, beaucoup de défauts par rapport au portrait parfois idyllique que les gens dressent d’elle.

Sonya est aussi « râleuse » et « paresseuse par moment ». « Egoïste de mon temps » comme elle l’avoue elle-même, elle est sévère pour les uns et aussi critique pour les autres. « C’est souvent l’inspiration de dernière minute qui occasionne les nuits blanches ou les nuits charrette comme cela se dit dans le jargon des architectes » affirme Sonya. Les commandes pressées peuvent en être également la cause. Cela ne semble guère déranger Sonya. « J’ai l’habitude de ne pas me plaindre du travail supplémentaire ou sous pression. C’est une grâce d’avoir du travail et de pouvoir faire ce que l’on aime. Dans ces moments-là, je retrousse mes manches, je mets de la bonne musique et je fonce » indique cette âme sensible à la musique classique et à la salsa cubaine.

https://www.instagram.com/p/BMbnT9BDu2M/?taken-by=sonya_fifonsi

« Il est peut être facile de démarrer mais c’est faire perdurer son entreprise qui reste le plus dur »

 

Sonya Tomegah est à une étape où elle doit évoluer et trouver de gros financements pour Nyah’s Touch. Jusque-là, elle finance NT avec sa principale activité d’architecte. « Il est clair, avoue-t-elle, que si je veux développer NT, je dois y mettre plus de moyens ».  » Il ne faut pas se leurrer » lâche-t-elle avant de poursuivre: « Je dirai qu’il peut être facile de démarrer. Mais c’est faire perdurer son entreprise qui reste le plus dur ». « En ce qui me concerne, c’est beaucoup de sacrifices. Tu injectes beaucoup de temps, d’argent sans pour autant avoir de résultats immédiats » révèle Sonya qui a plusieurs pistes en tête et réfléchit à la meilleure tactique à adopter. Elle ne compte pas les nombreuses fois où elle a voulu arrêter l’aventure avec NT car le jonglage entre le meilleur business model, la gestion de la comptabilité et les impôts n’est pas une sinécure. « Vous n’aviez pas fini d’entendre parler de Nyah’s touch » lance-t-elle. Pour l’instant, elle savoure dès qu’elle le peut un verre de Gewurztraminer tout en écoutant « Le clair de lune » de Claude Debussy : un de ses moments « priceless » et « juste exquis ».

 


Attirance un jour, attirance toujours

Kèmba

Je sais que je ne devrais pas

T’écrire un poème

En ce jour,  mérite l’anathème

 

J’aime exprimer les choses qui sont au fond de moi

Même si elles suscitent parfois l’émoi

Et donc, sans transition

Je te réaffirme mon admiration

 

De toi, je suis toujours amoureux

En ta présence, je sens brûler en moi le feu

Ce feu qui brûle en moi depuis le premier jour

Et me convainc que c’est le véritable amour

 

J’ai voulu te détester

J’ai essayé

C’était voué à l’échec

Comme un mauvais déclic

 

Je t’ai dans la peau

De ma vie sentimentale, tu es la météo

Même éloignée de moi, je sens toujours ton influence

Te connaître est plus qu’une chance.

 

Il y a toi d’abord et ensuite les autres filles

Aucunes d’entre-elles ne t’arrivent à la cheville

Tu es unique

Tu es à la fois magnifique et magique

 

Mes mains dans tes mains

Moi qui t’étreins

Moi qui t’embrasse

Moi qui ne me lasse

 

Toi qui m’appelle « Bébé »

Ou Barthy que tu m’as surnommé

Toi qui me touche

Toi qui aime les bisous de ma bouche

 

Attirance du premier jour

Attirance toujours

Sur toi, je fantasme

Mais au-delà du physique, je t’aime.

 

Il vaut mieux au moins que l’amitié nous unisse

Il ne faudrait pas que tout finisse

Tu restes la femme de ma vie

Et j’en suis convaincu et ravi.

 


Kajola

Kajola, ce dimanche

Où de moi, tu étais proche,

J’avais remarqué ta forte pilosité

Et ton sourire m’avait enchanté

 

Après ton départ, j’ai regretté de n’avoir pas pris ton numéro

Mais, sur Facebook, je t’ai cherché

Et après avoir associé ton nom à celui de Kégué, ton quartier, je t’ai trouvée

J’eus la confirmation avec ta photo

 

Au début, tu étais méfiante

C’était tout à fait normal

Avec le temps, nos discussions sur Whatsapp, sont devenues cultes

Tel un rituel

 

Ton surnom Kajola

Couplé de ton aura

Me donne envie de te cajoler

Et de te câliner

 

Du peu que je sais sur toi,

Tu es une battante

Ta lutte pour avancer, malgré les écueils, est permanente

Ton côté touche-à-tout me laisse souvent pantois

 

Tu incarnes la joie de vivre

Dont tes ami(e)s à coup sûr sont ivres

Avec ta gueule d’ange

J’adore l’énergie que tu dégages

 

Tu es belle

Gracile

Et avec tes airs de gamine,

Superbement mignonne

 

Tu es stylée

Passionnée

Intéressante

Et attirante

 

Tu es intelligente

Alerte

Quand tu ries, tes fossettes décuplent ton charme

Quand tu parles, ta voix, un tantinet grave, raisonne comme un slam

 

J’aime ton franc parlé

L’importance que tu accordes à l’amitié

Le sens de la famille que tu privilégies

Et j’en suis ravi.


Tu es l’Etoile qui brille

Crédit: https://www.lechelledejacob.com

La première fois, tu m’as charmé

Car en plus d’être stylée, tu étais bien habillée

Et rien que pour ça, tu m’as plu

Mon intérêt pour toi s’est accru

 

Avec le temps, j’ai découvert ta sensibilité

Mais aussi ta gentillesse et ta tendresse

Mon attirance pour toi, à travers ta sensualité, s’est décuplée

Avoir réussi à tenir la conversation avec toi reste pour moi une prouesse

 

Ton rire est unique

Mais également magnifique

Il attire l’attention

Suscite l’admiration

 

Ton rire est comme une lumière qui brille dans une pièce obscure

Il est comme une Etoile qui brille dans la nuit

Telle une lueur, il luit

Et quand tu ris, moi, j’adore

 

J’aime ton côté rêveuse

Ainsi que ta façon de voir les choses

Je kiffe tes manières de gamine

Qui confirme que t’es une vraie benjamine

 

Ça me fait un bien fou de te câliner

De te couvrir de bisous

De toucher tes joues

Car, c’est extrêmement soyeux et doux

 

Te taquiner reste mon sport favori

Quand tu fais tes scènes de jalousie

Te pousser à bout m’amuse comme un enfant

Parce que c’est plus que tentant

 

Quand nos mains s’entrelacent, c’est un pur bonheur

Quand nos regards se croisent, je sens des frissons

Nos discussions reflètent l’harmonie d’une belle chanson

Qui raisonne comme un son d’Usher

 

 

J’aurai bien aimé ou j’espère un jour ou toujours t’embrasser

J’aurai voulu qu’il y ait beaucoup plus entre toi et moi qu’une simple amitié

J’aurai voulu que tu te confies plus à moi

Car tes soucis te rongent trop de l’intérieur parfois.

 

 

 


Pikaluz, le puriste qui prône le retour aux sources du Hip-hop togolais

Rage et assurance caractérisent le flow de Pikaluz à qui j’attribue déjà à tort ou à raison l’ego surdimensionné d’un Kanye West. Et tel un docteur ou un puriste, il pose le diagnostic de l’état de santé du Hip-hop togolais. Tout simplement malade, le genre a perdu de sa superbe constate-t-il amèrement sous la forme d’un coup de gueule. A l’en croire, les promoteurs mettent plus en valeur des artistes venus d’ailleurs. C’est fort de ce constat qu’il sort deux singles : Obéna et surtout Bintoua dans lequel Pikaluz  veut purifier le Hip-hop togolais et appelle tous les rappeurs à un retour aux sources.

« Je les appelle vraiment à un retour aux sources car la plupart des artistes qui ont commencé avec le Hip-hop ont dévié vers le commercial » fait remarquer le natif de Kodjoviakopé ou de la cité K, un quartier populaire de Lomé. Toujours dans Bintoua, il clashe Mic Flammez, un nom connu du Hip-Hop togolais. Aurait-il viré vers le commercial? Ou querelle de quartier?

S’il a choisi de rapper en Mina ou en Ewe, c’est selon, dans ces deux singles, c’est parce qu’il s’y sent à l’aise. « C’est ma langue maternelle, se justifie t-il. C’est de là que je peux m’exprimer à fond. Il est temps qu’on valorise notre propre langue aussi. Avec le Mina, je peux conquérir le Togo, le Bénin, le Ghana voire la diaspora ». Il précise par ailleurs la sortie prochaine de singles aussi bien en Anglais qu’en Français.

De retour du Ghana voisin où il a fait des études en cinématographie, Pikaluz est soutenu et rassuré par la Team Atiglinyi fondé par ses soins et dont les membres sont de jeunes talents ayant pour but de promouvoir la musique et la fraternité au sein de la cité K. Adzakey Kodjo Enyonam à l’état civil, Pikaluz – condensé de Papi, un autre de ses surnoms, Kodjo, de Adzakey et de Luz signifiant lumière en Espagnol – n’est pas un perdreau de l’année dans le rap game. Et à ceux qui croiraient le contraire parce qu’ils n’a pas encore d’album à son actif, il souligne que déjà en 2007, il a collaboré avec Black T, Master T et le groupe Most Wanted sur le titre Ancien dont il a composé le refrain. Lorsqu’on lui demande si c’est un album qui se prépare avec son retour au pays et les deux singles, il répond : « Si Dieu le permet, pourquoi pas ? » A ceux qui colportent à tort ou à raison des rumeurs sur lui, il les laisse parler et continue d’avancer. N’est-ce pas le message qu’il véhicule dans Obena ?

 

 

 

 


Le jour où mon casier d’ivresse n’était plus vide #MondoChallenge #MaPremièreFois

La première fois, c’était avec Jude. Lui avait déjà vécu pareille expérience. Il avait un palmarès peu ou prou riche en la matière. Il avait l’habitude de me raconter ses exploits ou déboires, c’est selon. Moi, mon casier d’ivresse était vide jusqu’à ce samedi soir. De l’année, je ne me rappelle plus. Mais, je sais que c’était lors de la fête de la bière à Lomé, que c’était en octobre, que c’était récent. Car elle s’est déroulée en face de l’Hôtel de la Paix et non plus en face de l’Hôtel Ibis comme les années précédentes…

Nous nous étions donnés rendez-vous Jude et moi sur les lieux. Comme convenu, nous nous retrouvâmes à l’une des entrées bondées de monde. Nous y entrâmes, allâmes saluer un de mes grands frères qui y tenait un stand. Nous primes place chez lui un moment. Quand un non fan de bière comme moi va à la fête de la bière, il y a déjà problème. Même si on y vend pas que de la bière, il est difficile de ne pas en consommer. Nous commandâmes une Castel chacun. Habitué à boire de la bière, Jude n’eut aucune peine à finir sa bouteille. C’était plutôt le contraire chez moi. J’eus toutes les difficultés du monde à finir la mienne. C’était un véritable supplice que je m’infligeai. Et comme si cela ne suffisait pas, nous quittâmes le stand de mon frère pour un autre. Une amie de Jude devait nous y rejoindre.

La fête de la bière est l’occasion de promotions en tous genres comme par exemple: deux Castels pour le prix d’une. C’est justement cette promotion qui aura fini de m’achever et de me porter le coup de grâce. Avant que l’amie de Jude ne nous rejoigne, nous fîmes un tour. Autrement dit, je m’infligeai encore tel un sadomasochiste deux Castels. J’ai oublié de vous dire que Jude et moi avions fait l’Institut des Sciences de l’Information, de la Communication et des Arts (ISICA) de l’Université de Lomé et que c’est lors d’un stage à la Radio Lomé qu’il a connu cette amie. Lorsqu’elle arriva, nous fîmes un autre tour. Deux nouvelles bouteilles de Castel étaient servies à chacun de nous trois. Je tiens à préciser que j’ai accompli jusque-là un exploit. Boire trois bouteilles était pour moi la mer à boire. J’entamais à peine ma quatrième bouteille lorsque je constatais que j’étais en état d’ébriété. J’étais en fait à la fois mi saoul et mi conscient. Il fallait arrêter le massacre. Une autre gorgée de bière aurait été celle de trop.

Je pris la décision de rentrer. J’en informais Jude. « Je n’en peux plus » lui dis-je. Il comprit. J’étais à bout. Ma maison ne se trouvait qu’à quelques kilomètres. Je marchais alors pour rentrer. Sur le trajet, je me demandais comment j’en étais arrivé là. Étais-je vraiment saoul ? Cette interrogation tournait en boucle dans ma tête. J’allais connaître pour la première fois l’expérience de l’ivresse. Rien qu’en y pensant, j’étais terrifié. Une fois rentré, je ne tardais pas à avoir la confirmation. Je gerbais d’abord. J’eus ensuite envie d’aller aux chiottes. Et là, je roupillais un bon moment. Je me réveillais en sursaut. Je me rendis compte que j’étais vraiment saoul, que je venais de manifester les quelques symptômes de l’ivresse, que je me retrouvais dans toutes ces histoires de mésaventures alcooliques racontées par des amis.

Je me rendis directement au lit. Toute la nuit, je me réveillais par moment car j’étais mal à l’aise. Le lendemain, j’eus de la peine à me réveiller. J’avais un mal de tête pas possible. Me lever et me tenir debout était une corvée. Quand je réussi enfin, je n’ai pas tenu longtemps. Dehors, mon visage ne pouvait supporter le soleil. Je tentais tant bien que mal de soigner ma gueule de bois. Je passais une mauvaise journée. D’ailleurs, une mauvaise semaine. La soirée de samedi soir a déteint négativement sur toute ma semaine.

Entre la bière et moi, ce n’est toujours pas le grand amour. Il ne pouvait en être autrement ! Mon casier d’ivresse, lui, n’était plus vide !


Lomé, la ville à la double naissance

Lomé était-elle vraiment une ville centenaire en 1997 ? N’existait-elle pas avant 1897 ? A-t-elle été fondée par Dzitri comme nous l’avions appris sur les bancs d’écoles ? Qui étaient ses premiers habitants ? Que nous disent les livres d’histoires ou les historiens à propos ? Voilà autant d’interrogations qui méritent de trouver des éclaircissements. Les versions et les sources divergent. Les analyses critiques sont sans concession. Pour Yves Marguerat[1], Lomé aurait ou a deux naissances. La première, « mystérieuse » et la seconde, plus que plausible.

« C’est en effet par les chronologies comparées que l’on doit arriver à une chronologie plus fiable »[2] écrivait Robert Cornevin[3] dans le mensuel Togo Dialogue en 1984.

Essayons d’y voir plus clair avec les traditions contradictoires, les documents administratifs, les récits et les écrits de l’époque.

Ce que tout le monde sait ou croit être la vérité 

Les versions divergentes ne font pas défaut. Demandez à un ou une élève du cours primaire qui a fondé la ville de Lomé. Il vous dira sans sourciller : « Dzitri ». Il vous dira même l’année : 1630, au XVIIe siècle. Et il n’as pas tort. C’est ce qu’on lui a appris.

« La tradition la plus répandue, qui a presque valeur officielle, et qu’on enseigne aux enfants des écoles, est celle qui parle de Djitri, telle qu’elle aurait été recueillie au tout début de ce siècle (XXe) par le pasteur Sieth, le grand anthropologue des Ewé, et transcrite par le premier historien togolais, le RP Henri Kwakumé[4] » renchérit  Yves Marguérat.

Dans le même ordre d’idées et à en croire Robert Cornevin, qui s’appuie sur des documents allemands et un article de l’administrateur Nativel[5], la naissance de Lomé coïnciderait avec  l’installation au XVIe siècle du chasseur Dzitri à l’emplacement de l’ancien quartier Zongo. Yves Marguérat souligne cependant, que jusqu’au dernier quart du XIXè siecle, les sources écrites étaient muettes sur les origines lointaines de Lomé.

D’autres traditions, orales pour la plupart, attribue la fondation de Lomé à un certain Konou ou à Elou. Des « personnages dont on ignore tout en dehors du nom » indiqua Yves Marguerat. Konou, selon une tradition du quartier d’Amoutivé qui reprend un récit entendu à Agbatopé (village situé près de Tsévié) et recueillie en 1979 par le RP Robert Pazzi, serait le fils d’un certain Avounya, chef de l’un des clans sortis de Notsè. Un récit recueilli en décembre 1986 à Kélégougan -banlieu nord de Lomé- par E. Ahiako de L’ORSTOM-Lomé attribuerait quant à lui la fondation de Lomé à Elou.

Vue de Lomé à partir du quartier administratif
Crédit @AnaniAgboh

 

Alomé, une ville de fuyards

Alomé, qui perdra son A initial pour Lomé et signifie littéralement « au milieu des alos », aurait été le premier abri du chasseur Dzitri « dont les ascendants se trouvaient dans le troisième groupement de l’Exode de Notsé » ou des Ewés selon H. Kwakume. Dzitri nomma ce lieu Alomé en référence aux arbres qui y végétaient et dont les fruits sont dits « alo ». Pour le RP Kwakume, Alomé correspond à Zongo, quartier des commerçants haoussah de 1909 à 1977, entre le commissariat central et la tour de la Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie (BTCI).

« Dzitri escomptait être à l’abri des animaux féroces dont toute la région côtière était infestée en ce temps-là » fait remarquer le premier historien togolais.

L’établissement de Dzitri à Lomé est la suite logique de la grande migration des Ewés, qui s’opposant à la tentative forcée de monarchie centralisée voulue par le roi Agokoli ont quitté Notsè, « leur berceau historique » comme l’écrivit Yves Marguérat. Ils se sont alors éparpillés en petits groupe dans des directions diverses. Il a fallu, selon les estimations de Marguérat, un demi-siècle voire un siècle à ceux qui se dirigeaient vers le littoral, les ascendants de Dzitri, d’y parvenir. Les Ewés ayant quitté ou fui Notsè, c’est selon, seraient donc les premiers habitants de Lomé. La version populaire dit qu’ils ont fui le désir sanguinaire d’Agokoli. La version historique plus argumentée parle plutôt d’une révolution contre le pouvoir que voulait imposer Agokoli. Les seconds, eux, seraient venus de l’est c’est-à-dire du Dahomey. S’étant bien confortablement établi à Lomé, Dzitri décida de fonder pour son fils aîné Aglen un village du nom d’abord de « Adelatô »  (quartier des chasseurs) puis . Bè, la cachette, a gardé son nom jusqu’à aujourd’hui. Bè était donc la cachette des Adjas qui ont fui le Dahomey pour causes de guerres. Ils demandèrent donc asile chez Aglen qui les hébergea après un avis favorable de son père. Ces Adjas, explique H. Kwakume, « craignant que leur nouvel habitat ne fût découvert à la longue par leurs ennemis les Dahoméen, firent une loi de ne jamais parler à haute voix, ni de tirer des coups de fusils, ni de s’amuser en dansant aux sons du tam-tam, raison pour laquelle Aglê surnommait son village « Bè » (Cachette). On l’appelait aussi « Badefe, Badekpa » (clôture où l’on ne parle qu’à voix basse). « Il y avait, précise Yves Marguérat qui s’appuie sur le père Kwakume, au moins deux groupes à l’origine de Lomé et surtout de Bè, les Ewé, venus de Notsè, et les Adja, venus de l’est ». Il évoque également l’éventualité d’un troisième groupe originel qui d’après la tradition de Bè serait venu d’Aflao, à l’ouest, actuellement au Ghana.

La seconde naissance de Lomé : une histoire de contrebande

Selon Yves Marguérat pour qui « Alomé et ses habitants resteront toujours fantômatiques », l’installation de Dzitri parmi les alos pourrait constituer la première naissance de Lomé. Si les sources semblent ne pas être fiables sur cette première naissance, le mécanisme qui conduit à la seconde naissance de Lomé est « clairement intelligible » dixit Y. Marguérat. Tout se serait passé entre 1874 et 1884.

« Les anglais annexent à leur nouvelle colonie de la Gold Coast le littoral des Anlo. Ne sachant pas exactement ou s’arrête celui-ci vers l’est, ils occupent aussi le littoral mitoyen, celui des Somé ; ils imposent désormais de lourdes taxes douanières aux denrées d’importation les plus bénéficiaires : le gin, le rhum et le tabac, taxe qui sont de très loin la ressource essentielle du budget de leur colonie (jusqu’à 80%) » détaille Y. Marguérat.

Cette annexion se déroule en août 1874.

Mais très vite, des commerçants de la région créent au-delà de cette nouvelle frontière de la Gold Coast, un nouveau poste de commerce à Denu. Craignant que ce nouveau poste ne plombe l’économie de la colonie, les anglais reviennent à la charge le 1er décembre 1879 pour annexer derechef 7 km supplémentaires du littoral, Denu et Aflao compris. Ils fixent ainsi les frontières de l’actuel Ghana. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un nouveau trafic vit le jour au-delà de cette nouvelle frontière. Il s’agit de la contrebande qui se déroule à Bey Beach qui n’est autre que Lomé. Ceci apparaît dans un rapport rédigé le 21 décembre 1880 par le commandant de Keta, le capitaine Graves.

« J’ai découvert, narre-t-il, que de nombreux chefs d’Aflao et d’Agbosomé, ainsi que quelques chefs anlo, y ont débarqué des quantités de rhum, de gin et de tabac, de poudre et de fusils. (…) Cela prive Keta de revenus [douaniers] importants, car ces nouveaux points de commerce sont très proches ».

Les rapports alarmants des successeurs de Graves comme ceux des capitaines Wilton et Firminger demandant avec insistance à Londres d’annexer Lomé afin d’y juguler la contrebande ne trouveront aucun écho favorable. « La ville de Lomé, soulignait Wilton dans un rapport du 6 octobre 1881, est le quartier général des opérations ».

« Les pertes de revenus douanières, poursuit-il, causées à la colonie par la contrebande faite à cet endroit et à Baguida[6] sont énormes. Les gens traversent constamment Adafienu et Denu [en venant de Keta] avec des dames-jeannes vides sur la tête. Aucune de ces dames-jeannes ne revient jamais par le même chemin ».

ll faut noter que Lomé est située à 2,3 km d’Aflao. En d’autres termes, c’est la distance exacte à en croire Yves Marguérat, qui va de la frontière actuelle au carrefour avenue de la Libération/boulevard de la République. Lomé ou Beh Beach voire Lomi comme on pouvait le lire dans certains rapports, n’a fait son apparition que depuis l’annexion de Denu et d’Aflao (1879).

Abondant dans le même sens, le capitaine Firminger évoque la nécessité d’annexer Lomé avec des chiffres à l’appui dans un rapport datant du 26 mars 1884. En voici un extrait :

« En 1880, l’année qui avait suivi l’établissement de douanes à Denu, les revenus douaniers étaient remontés [de 2136 livre] à 6184 livre. Dès 1881 toutefois, le nouveau point de commerce de Lomé, ou Beh [Beach], qui avait été fondé par les chefs d’Agbosomé avec les subsides qui leur avaient été donné [1880], s’était solidement implanté comme dépôt de contrebande. A mesure que son trafic augmentait, les revenus de Quittah (incluant ceux de Danoe) ont baissé : 3771 livre en 1881. […] ».

« Sans Beh Beach (Lomé donc) entre nos mains, Agbosomé et Afflahoo n’ont pour nous peu d’intérêt, voire aucun » écrit-il également tout en faisant remarquer que « les droits de douanes qui pourraient être collectés à Beh beach sont estimés à 30 000 livre par an ». Yves Marguérat indique qu’en 1883 et juste après deux années déficitaires constatées au niveau du budget de la Gold Coast, la somme de 30 000 livre « était bien tentant ».

Ainsi donc, faisant fi du refus de Londres, le gouverneur d’Accra envoya en juin 1884 Firminger à Lomé dans le seul but de mettre fin à la contrebande florissante qui s’y déroulait.

« Il séjourne dans la région à partir du 18 juin 1884, rencontre les autorités de Bè, de Porto-Séguro et de Togoville et leur arrache la promesse de faire cesser la contrebande nuisible à la Gold Coast dans un délai d’un mois, faute de quoi la puissance britannique se manifesterait en occupant toute la région » explicite le Professeur Nicoué Lodjou Gayibor.

Ce dernier précise que « Firminger repart très content de sa mission, ignorant qu’il venait, bien malgré lui, de sceller le destin allemand de la future colonie du Togo ». « On sait, note Y. Marguérat, la principale conséquence de cette démonstration de force de Firminger sera, deux semaines plus tard, l’appel au secours lancé à un navire allemand qui passait là providentiellement, et donc, très directement, la naissance du Togo en tant qu’entité territoriale internationalement reconnue ». Le Togo allemand est « un pur hasard » dira le Pr Gayibor lorsqu’il préfaça en 1993 l’ouvrage : La naissance du Togo selon les documents de l’époque[7] d’Yves Marguerat.

« (…) L’existence du Togo allemand, opine-t-il, fut réellement un produit du hasard. Nullement accrédité pour signer des traités d’occupation sur la Côte des Esclaves, Nachtigal réussit néanmoins à y jeter les bases d’une colonie qu’on qualifiera bientôt de « modèle », en profitant d’un concours de circonstances habillement –et providentiellement ? – exploitées par les commerçants allemands, pourtant en petit nombre sur les lieux ».

A l’en croire, « trois évènements cruciaux ont rendu cette réalité possible ». D’abord, « la création de la colonie anglaise de la Gold Coast et, par voie de conséquence, l’émergence de la ville de Lomé ». Ensuite, « les rivalités anglo-françaises sur la Côte des Esclaves, enclavée entre les possessions britanniques de l’ouest (la Gold Coast) et de l’est (Lagos, alors rattachée à la précédente) ». Et enfin, « les rivalités internes entre les dynastes Akagban (Lawson) et Adjigo d’Aného, deux camps soutenus par une forte clientèle, dans leurs luttes pour le partage (ou le monopole) des taxes et rentes foncières payées par les firmes européennes-anglaises, allemandes, françaises-et sierra-léonaises, installées sur la place ».

De cet appel au secours découlera la signature du protectorat allemand par l’entremise du Dr Nachtigal envoyé par Bismarck. Nachtigal à son tour désigna le commerçant Heinrich Radad pour représenter l’Allemagne dans son protectorat le 6 juillet 1884 et lui assigna Lomé comme résidence. « Si Togoville était la capitale officielle du royaume du Togo, Lomé en était donc la capitale administrative, et la décision du 6 mars 1897 ne fut, en fait, qu’un retour aux sources… » affirme M. Marguérat.

Lomé, ville centenaire en 1997 ?

La seconde naissance de Lomé, qui semble la plus plausible et qui est intervenue juste après l’annexion de Denu et d’Aflao par les anglais en 1879, fruit des commerçants contrebandiers se situerait en 1880. Pourquoi alors a-t-on donc fêté le centenaire de la ville de Lomé en 1997 ?

« En fait, confie Yves Marguerat, en 1897 Lomé existait déjà depuis 17 ans, et même depuis deux siècles. Mais ces deux naissances avaient été fort discrètes et obscures ». Lomé était sûrement commémorée en tant que capitale du Togo car c’est bien le 6 mars 1897 qu’elle obtint ce titre. Elle n’était pas célébrée comme ville au sens propre du terme.

« C’est pourtant, fait toujours constater le français de l’ORSTOM, ce qui a été longtemps affirmé, et même imprimé : Lomé aurait été fondée en 1897 par le gouverneur Köhler, vrai génie visionnaire qui en aurait dessiné tout le plan, jusqu’au boulevard circulaire inclus. Certains ont même écrit que ce plan était inspiré de Hambourg ce qui prouve une totale méconnaissance des deux villes, que vraiment rien ne rapproche ».

Tout porte donc à croire qu’on a voulu passer sous silence ce que Lomé était avant 1897 et comme par enchantement, elle a commencé à vivre en 1897. S’agit-il peut être d’un coup de communication pour faire rentrer Lomé dans le cercle des villes centenaires du monde ?

« Pour les historiens, tranche Yves Marguerat, c’est bien en 1880 qu’eut lieu la seconde naissance de Lomé, celle qui fut définitive ».

 

Références:

[1]Les deux naissances de Lomé : Une analyse critique des sources. In : Gayibor N., Marguerat Y. Nyassogbo K. (ss. dir. de) 1998 : Le centenaire de Lomé, capitale du Togo (1897-1997), Actes du colloque de Lomé (3-6 mars 1997), Collection « Patrimoine » n°7, Lomé, Presses de l’UB, pp.59-77.

[2] Robert Cornevin. Au sujet des origines de Lomé, Togo Dialogue, N°92, 1984.

[3] Ex Secrétaire Perpétuel de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.

[4] « Premier prêtre natif du Togo, ordonné en 1928, décédé en 1960, il publia d’abord ses études dans des articles de la revue catholique en éwé Mia Holo, dans les années 1930, puis les reprit en livre en 1984 » (Yves Marguerat)

[5] Leo Nativel : Administrateur-adjoint du cercle d’Atakpamé (novembre-décembre 1931)

[6] « Un second point de trafic s’ouvre, une quinzaine de km plus loin, sur la plage du vieux village de Baguida, mais il restera nettement moins actif » (Yves Margurat)

[7] Yves Marguerat, Les chroniques anciennes du Togo N°4, La naissance du Togo selon les documents de l’époque, première période : l’ombre de l’Angleterre, Lomé, 1993.


La 10e édition du Filbleu fera la part belle aux arts plastiques

Si Filbleu brille encore cette année par sa pluridisciplinarité, elle fera la part belle cependant aux arts plastiques. Cette 10e édition (15-25 mars 2017) « est l’occasion de la première rétrospective dans les arts plastiques au Togo » annonce Kangni Alem, directeur artistique du festival pour qui il s’agit de mettre en exergue ce qui a marqué l’histoire des arts plastiques au Togo.

Affiche de la 10e édition du Filbleu

 

Ainsi, les projecteurs seront braqués sur le mystérieux peintre Calico à la double mort, définitivement décédé en 2002. Il appartenait à ce qu’on appelait « l’école de Lomé ». « Nous avons cherché à retrouver ses œuvres pour une rétrospective » précise Kangni Alem. De la musique, du théâtre, des débats d’idées sont également au programme. Côté littérature, trois écrivains béninois, autant d’ivoiriens, le jeune poète togolais et mondoblogueur Renaud Ayi Dossavi-Alipoeh sont entre autres au rendez-vous.

Commençons par évoquer ici la caravane littéraire qui a sillonné le Togo du nord au sud, de Dapaong à Lomé, pendant une semaine (26 février-04 mars 2017) et qui a servi indirectement de tremplin au Filbleu 2017.

La caravane littéraire comme rencontre directe entre auteurs et public de l’intérieur du pays

L’idée a germé il y a six mois. Toutes les conditions, semble-t-il, étaient réunies pour qu’elle se réalise. D’un côté, la délégation de l’Union européenne au Togo dont le soutien à la promotion de la culture et des arts, n’est plus à démontrer était prête pour un partenariat et voulait en profiter pour lancer des projets de développement. De l’autre, l’Association des écrivains du Togo (AET) désirait promouvoir ses auteurs et par ricochet leurs œuvres. Par ailleurs, l’association Filbleues organisatrice du festival du même nom ne pouvait rêver d’un meilleur tremplin que celui-ci.

L’équipe de la caravane à l’étape d’Atakpamé

La caravane allait être bénéfique pour toutes les parties prenantes. Ainsi, les écrivains togolais : Kangni Alem, Sami Tchak, « la guest star » de la caravane et écrivain togolais de la diaspora, Germaine Kouméalo Anate, poétesse et ex-ministre de la Communication, Sophie Ekoué, autre plume de la diaspora, Claude Assiobotis, l’homme du complexe de Mamiwata, Alexandre Goli, Thérèse Karoué-Atchall auréolée de son prix littéraire France-Togo 2016, Koffi Boko, l’écrivaine française Annie Ferret qui voyage souvent entre le Mali, le Burkina Faso et le Togo, le conteur Joseph Koffi Bessan et la slameuse Wapondi armés de la langue française avec laquelle ils expriment leurs talents avaient pour mission de parler de la littérature en général, faire la promotion de leurs œuvres, favoriser la rencontre directe entre auteurs et lecteurs, familiariser les jeunes de l’intérieur du pays avec la littérature et les arts. Ils devaient aussi « promouvoir la créativité et la richesse de la littérature togolaise » et susciter des talents ou vocations. Les lieux où ils devaient intervenir étaient aussi divers les uns que les autres : prisons, collèges, lycées, universités, centre de lecture et d’animation culturelle, centres de jeunesse.

À la prison civile de Dapaong (664 km au nord de Lomé), on pouvait lire la joie sur le visage de ces détenus qui grâce à un des leurs pouvaient comprendre en Moba, la langue du milieu, les prestations en français des artistes. Ils ne se sont pas montrés indifférents aux extraits lus par Koffi Boko de son ouvrage « Nawir ». Ils ont également participé de manière active aux récits de Joseph Koffi Bessan, le chasseur de contes et des textes déclamés de Wapondi, la slameuse.

Contre vents et marées !

La caravane a fait preuve d’ingéniosité et a montré qu’elle pouvait faire face à toutes les situations comme une grève de l’enseignement par exemple ! Le premier jour de la caravane à l’étape de Dapaong, deux équipes d’écrivains se sont retrouvées dans des lycées vidés de leurs élèves. Mais, rapidement, ils ont trouvé un plan B : celui d’aller à l’école normale d’instituteurs de la ville. Là, également, les instituteurs étaient absents. Leurs formateurs par contre étaient présents. Les écrivains Kangni Alem, G. K. Anate, Alexandre Goli et Annie Ferret ne pouvaient rêver mieux. K. Alem saisit l’occasion pour lancer une discussion sur ce qu’on peut faire de la littérature togolaise. Les débats ont tourné autour de l’évaluation critique de cette littérature qui n’est pas assez poussée. Les formateurs se sont demandé à tort ou à raison si les Togolais faisaient de la littérature. La question a monopolisé les débats. Pour les auteurs, la question n’a pas lieu d’être, car les écrivains togolais reçoivent des distinctions littéraires à l’international. Ce qui prouve, selon eux, qu’ils produisent des contenus de qualité. Les formateurs soulignent le manque d’ouvrages de référence.

Les écrivains trouveront que l’on n’accepte pas, au niveau du système éducatif togolais, l’évolution de la langue française et l’adaptation qui en est faite dans chaque pays francophone. Pour les formateurs, les textes des écrivains togolais peuvent ne pas être accessibles aux enfants. À cette inquiétude, les écrivains répondront qu’il faut accepter que les enfants où les élèves ne comprennent pas tout. Tous s’accorderont sur le principe ou la nécessité de programmer les écrivains togolais et d’introduire les extraits de leurs ouvrages dans les manuels scolaires. Les écrivains ont mis un accent particulier sur l’impérieux devoir qu’ont les instituteurs de transmettre le goût de la lecture, d’établir le contact entre l’apprenant et le livre afin de faire la littérature un « rêve utile, un vrai partage des imaginaires. “Le goût de la lecture ou de la littérature, la passion du livre doivent être communiqués sur les bancs de l’école” renchérira Germaine Anate, car pour elle, la littérature est une chose qui traverse toutes les frontières. Durant, la caravane, les écrivains ont été confrontés à des questions relatives à leurs noms de plume, aux titres de leurs ouvrages, aux genres littéraires, aux thèmes qu’ils développent, sur la littérature togolaise, sur l’accessibilité de leurs œuvres, etc.

Sami Tchak, la « guest star »

Sami Tchak représenté au Centre de Lecture et d’Action Culturelle de Sokodé avec des citations des écrivains de la caravane littéraire


Durant la caravane, un nom aura été dans tous les esprits. À n’en pas douter, ce nom est bien celui de Sami Tchak, l’écrivain togolais qui n’est plus rentré au pays depuis plus de trente années et fait partie avec Sophie Ekoué des écrivains de la diaspora qui vivent en France. Prolifique et lauréat de nombreux prix littéraires (Grand prix littéraire d’Afrique Noire, prix Ahmadou Kourouma), Kangni Alem dira de lui qu’il “est le meilleur de nous tous” même si certains le trouvent “sulfureux”. Sami Tchak, objet de nombreuses thèses de doctorat à travers le monde, est traduit en Allemand, en Espagnol et Italien pour ne citer que ces langues, est celui qui a reçu plus d’hommages tout au long de la caravane. À l’université de Kara, dans son village natal Bowoumda (à 20 km de Sokodé Ville) qui veut dire littéralement “dans le trou” et où il n’a pu retenir ses larmes, Sami Tchak est resté égal à lui-même, c’est-à-dire simple.

“Ça fait toujours un grand plaisir, affirme-t-il. Quand je reviens, je me dis : c’est peut-être la dernière fois. Et ça, je ne le dis pas pour faire l’écrivain, c’est quand même la réalité de la vie. En repartant, je ne sais pas si je reverrai le village ou le village me reverra. Toutes ces personnes m’ont réservé un accueil qui témoigne de l’importance qu’ils me témoignent. L’accueil m’a semblé trop grand, par rapport à l’image que j’ai de moi. Sans faire semblant, je me disais que je ne méritais pas cet accueil-là”.

À Bowoumda, il confiera que la visite de la forge de son père lui rappelle ce dernier décédé à la Mecque ainsi que sa mère inhumée dans un autre village.

“Assis dans cette forge, je pense à notre père qui est mort à la Mecque et qui n’a pas laissé de tombe ici. Chaque fois que je pense à notre père qui est mort sans la tombe qui scelle le lien entre la famille et les défunts. Je pense aussi à ma mère qui est morte loin d’ici et qui est enterrée quelque part, il y a quarante-cinq ans aujourd’hui. Je pense à la très grande probabilité que moi, je n’aurai pas de tombe ici. Vivant loin de ce village, je suis quand même persuadé que ma mort se trouve ailleurs et que moi non plus, je n’aurai de tombe ici. Mais la forge est la chose que je porte en moi. C’est de là d’ailleurs que me viennent les textes que j’ai publiés sous le titre Le son de la cloche” a confié l’écrivain.

 

Sophie Ekoué et Sami Tchak à Bowoumda, le village natal de ce dernier

À l’Université de Kara, celui dont Sophie Ekoué – ex-journaliste à Radio France Internationale (RFI) – souligne la “grandeur et l’humanité” affirmera que “l’écrivain n’apporte de contribution que grâce aux lecteurs et de ce qu’ils font de ses textes”. Il précisera aussi qu’“un écrivain est avant tout un chercheur”. Un paramètre que les jeunes écrivains actuels selon lui ont tendance à oublier. Il indiquera également à l’Université de Lomé où il fut honoré qu’“il reste au fond de chaque écrivain, la claire conscience de ce qu’il n’est pas encore”. Sami Tchak s’estime comme un “bâtard” en termes de référence littéraire. SI Ahmadou Kourouma est l’une de ses premières références, les auteurs latino-américains sont ceux qui l’ont beaucoup influencé. “Même morts, les écrivains ont la capacité de nous entendre et de nous maudire”, ironise-t-il. Il accorde une place centrale au voyage. “Le voyage, avance-t-il, est une occasion pour un écrivain de renouveler une interrogation”. Dans la même dynamique, il fait remarquer que “l’insatisfaction chronique est le propre de l’écrivain”. Derrière chaque œuvre littéraire devrait se trouver une idée philosophique à en croire le natif de Bowoumda qui avoue que l’un de ses plus grands défis sera de “contribuer à aider un jeune écrivain togolais à trouver son chemin”. Un autre défi qui pourrait s’imposer à lui sera peut-être de permettre à tous ceux qui parlent sa langue maternelle, le Tem, de pouvoir la lire également. Son roman Femme Infidèle paru aux éditions NEA en 1988 a été traduite récemment aux éditions Graines de Pensées non seulement dans sa langue maternelle et en Ewe, une autre langue populaire du pays. Ne sachant pas lire dans sa langue maternelle, Sami Tchak de son vrai nom Sadamba Tcha-Koura ne peut donner son avis sur le contenu de cette traduction. Sa pensée a-t-elle été fidèlement traduite ? Ses lecteurs Tem comprendront-ils vraiment ce roman ? Sami pourrait-il lui seul promouvoir sa langue maternelle ? Réussira-t-il ? Et la francophonie ou l’Organisation internationale de la francophonie dans tout ça ?
“Trop occupée à résoudre les crises politiques” nous dira Kangni Alem. “Je ne cesse de le leur répéter aux réunions de l’OIF à Paris”, poursuit-il. L’OIF a beaucoup plus à gagner dans la promotion de la diversité linguistique et culturelle qu’à vouloir résoudre les crises politiques selon lui.

 

La caravane littéraire, une expérience à renouveler

Wapondi sur scène


À la prison civile de Sokodé, l’Ambassadeur de l’Union européenne au Togo a été touché par l’enthousiasme des détenus qui à un moment donné ont pris d’assaut la scène en lieu et place du conteur Joseph Koffi Bessan et de la slameuse Wapondi pour prester eux-mêmes. Un écrivain fut marqué par cet élève qui tout en saluant les initiateurs de la caravane faisait remarquer son ignorance de l’existence d’une littérature togolaise. Ses professeurs et enseignants étant trop occupés à lui parler d’auteurs français. La caravane a permis selon les organisateurs de se faire une idée sur comment la littérature togolaise est enseignée dans les écoles, les universités et dans les manuels scolaires (où elle est presque inexistante). La caravane devrait amener les dirigeants à repenser la qualité de l’éducation et du système éducatif. Pour le ministre de la Communication, des Arts, de la Culture, des Sports et de la Formation civique, “l’on ne découvre le monde qu’à travers le livre”. “La caravane littéraire, selon ce dernier, a apporté quelque chose de particulier : faire découvrir les artistes, reprendre le chemin des bibliothèques”. Le ministre envisage déjà de constituer des mini bibliothèques dans toutes les prisons du pays. “Dans la solitude, la douleur et la peine, la meilleure façon de se débarrasser de ses chaînes, c’est la lecture qui doit permettre à chacun de s’évader” a-t-il opiné. Dans cette dynamique de bonnes intentions, la délégation de l’UE au Togo et l’Association Filbleues pensent également à la création d’une troupe théâtrale dans chaque établissement pénitencier du pays. Simple effet d’annonce ?


Tous les protagonistes espèrent que l’expérience de la caravane littéraire ne s’arrêtera pas à cette première édition, qu’elle se renouvellera surtout qu’elle avait aussi des allures d’une caravane socioculturelle avec les lancements de projets de développement de la délégation de l’Union européenne à l’instar du “Programme d’appui au renforcement de la démocratie participative locale pour un développement durable dans le sud-est de la région des Plateaux au Togo”.


J’aime la radio parce qu’elle rend mon imagination débordante

Oui, j’aime la radio. Je l’adore même. Parce que d’abord, c’est le média traditionnel par excellence de l’instantanéité. Ce n’est donc pour rien qu’elle « annonce » avant que la télé ne « montre » et que la presse n’ « explique ». Avec elle, la loi de proximité est plus qu’une réalité. Les radios rurales ou communautaires jouent bien ce rôle. Les émissions ou programmes en langues locales rendent la radio populaire.

Il faut noter aussi qu’un poste radio ne coûte pas les yeux de la tête et la peau des fesses. Avec de l’électricité et/ou surtout des piles électriques, je peux donc capter ma fréquence radio préférée.

De nos jours et depuis belle lurette, je peux même écouter la radio sur mon téléphone portable tout en faisant autre chose comme marcher ou en faisant du jogging. Quelle aubaine! Il suffit d’avoir les écouteurs qui servent également d’antenne et le tour est joué. Je suis donc dans l’ère de la radio à portée d’oreilles.

Beaucoup prédisaient sa disparition avec l’avènement des nouveaux médias. Mais, elle ainsi que la télé et la presse se sont plutôt bien adaptées à la situation . Avec la numérisation, la radio demeure un média d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Une autre raison et non pas des moindres: c’est la possibilité de devenir devin le temps d’un instant grâce à la radio. Cet instant est celui de la retransmission accompagnée de commentaires d’un match de football à la radio. Pour réussir cette forfaiture, rien de mieux que de se placer, tout en suivant le match à la radio, au milieu de gens qui le suivent à la télé. Comme par enchantement ou si c’était de la magie, je peux leur annoncer à l’avance les buts qui seront marqués lors du match. Durant la dernière Coupe d’Afrique des Nations (CAN) tenue au Gabon, j’étais un véritable devin. Lol!

La dernière raison et la principale pour laquelle j’aime la radio dont la journée internationale est célébrée chaque 13 février, c’est qu »elle développe mon imagination. Je crois que le fait d’écouter la radio et des podcasts régulièrement me permet d’avoir une imagination débordante. A travers la voix de ces journalistes, animateurs et invités, je décèle des émotions, des états d’âme et d’esprit. J’imagine ces interviews, ces émissions et journaux parlés réalisées au studio. J’imagine l’ambiance, comment ils sont habillés, comment ils se tiennent devant le micro, tous ces signes qu »ils se font au studio avec le ou les techniciens et réalisateurs. Mon cerveau est en perpétuel réflexion. Je trouve tout simplement un match de foot ou un événement sportif à la radio super bénéfique pour l’imagination. Souffrez, vous qui adorez la télé, que je vous le dise!


Chérita, la poupée d’ébène

Prologue: Personne ne lui avais jamais écrit de poème a-t-elle laissé entendre. Et à l’en croire, ça frisait presque l’injustice. Voir l’opprobre ou l’affront. Et Chérita, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, avait raison. Une telle beauté devrait être une muse. Mais que peut une muse devant des gens privés de la fibre artistique ou qui n’en ont même pas une once? Je crois avoir un tantinet cette fibre artistique.  Et comme je sais aussi un peu manier les mots, j’ai voulu m’essayer au jeu afin de réparer cette injustice. Je précise qu’en matière de poème, je suis un véritable débutant. J’ai donc droit à l’erreur. J’espère que Renaud Dossavi ne m’en tiendra pas rigueur.

 

Poupée d’ébène

C’est le sobriquet que Délivrance te donne

Elle me demanda, après notre première rencontre, comment je t’avais trouvée

De te tresser des lauriers, je ne me suis pas privé

 

Tu as, lui avais-je répondu, de beaux et jolis yeux

Tu es belle, attirante, as un joli teint, un joli sourire

Ce portrait juste et non flatteur de toi faisait de moi un chanceux

Même si ce fut pour un laps de temps assez court

 

Messie disait que de toutes celles dont je lui avais montré les photos, tu étais la plus jolie

Ton visage angélique et poli

Tes lèvres presque lippues

Ta peau noire, grâce à laquelle ton surnom prend tout son sens, scintillante et reluisante l’ont sûrement convaincu

 

Durant ces deux rendez-vous, j’ai adoré causé avec toi

Face à toi, je suis resté pantois et sans voix parfois

Comment ne pas l’être devant une telle beauté ?

J’ai passé pratiquement le temps à te contempler

 

Si tu étais une toile de Picasso, je t’aurai acheté

Sans hésiter

Et une fois mienne, tu aurais été l’objet de toutes mes attentions

Je t’aurai analysé avec passion

 

 

Ta franchise et ton côté sans façon

Ajouté à ta disponibilité et à ta bienveillance

Prouvent qu’avec toi, je n’aurai pas eu trop de mouron

Mais il fallait que je rompe avec cette fâcheuse tendance

 

Tu sais pourquoi il n’y a pas eu de troisième rendez-vous

Il faut que j’apprenne de mes erreurs

Je dois éviter pour le moment, de nouvelles secousses sentimentales, à mon cœur

Cependant, rien n’est tabou.

 

Epilogue: Après m’être efforcé à accoucher de ce poème aux forceps, je crois avoir atteint l’objectif à moi fixé : celui de réparer l’injustice faite à Chérita à qui personne n’avait jamais écrit auparavant de poème. Je me suis d’un coup découvert une nouvelle passion pour les poèmes. Vous me lirez plus souvent dans ce registre-là.