Aphtal CISSE

Le Bruit du Silence à l’African Media Leaders Forum

Bonsoir chers lecteurs ! Cet article, je sais que je l’ai promis depuis ; en tout cas à vous qui me suivez sur Twitter ou sur Facebook. Je crois que cette fois c’est la bonne ; je n’ai aucune envie de débuter la nouvelle année avec une dette, la promesse en étant une ! Alors voilà en textes, sons et images, le récapitulatif de mes activités à Adis Abeba.

Du 6 au 8 Novembre 2013, s’est tenu à Adis Abeba, la huitième rencontre des leaders des médias africains, à laquelle j’ai eu le privilège de prendre part. C’est une rencontre annuelle, qui regroupe journalistes, hommes de médias, et décideurs qui, ensembles, planchent sur le métier de l’information, en faisant une sorte de récapitulatif de l’année écoulée, et en prenant des résolutions pour l’année à venir.

J’ai été invité à ce forum, notamment pour intervenir sur le thème : «  Effet d’annonce ou réelle opportunité ? Le crowdsourcing ou le journalisme citoyen génère-t-il de la valeur et permet-il une fidélisation en hausse constante ?» !

 

Il s’agissait pour moi d’une part de partager mon expérience de blogueur/journaliste-citoyen, et d’autre part et surtout, présenter l’une des formidables expériences francophones en crowdsourcing, qu’est la plate-forme Mondoblog. Inutile de vous dire que la pression a été plus ou moins grande ! Mais bon, un Cissé est un Cissé hein ! (Ouais, je fais mon vantard). La première partie de mon speech a servi à tacler les journalistes, et à présenter le net avantage qu’ont les blogueurs sur les journalistes. Dans une seconde partie, j’ai présenté le projet Mondoblog, en insistant sur l’aspect de la diversité et du caractère international du projet. Ils ont été bluffé par le blog de Gaïus Kowene, celui de René Jackson et de Serge Katembera. Mais ils ne m’ont pas loupé, lors des séances questions. Ouais, un blogueur n’a pas le droit de trop la ramener, devant un parterre de journaliste!

Bon, il y a eu plusieurs panels de discussions programmés tout au long du forum, de la cérémonie d’ouverture à celle de la clôture. Il y a eu entre autre des panels tels que :

–          Are african media capable of transforming the continent ?

–          African media : taking stock of the last 50 years to prepare for the next phase

–          Africa speaking for and about herself : creating an informed, inclusive and representative continent

–          Hype or real opportunity ? Does crowd-sourcing/citizen journalism add real value and grow real audience ?

 

Outre les grands hommes de médias présents à cette prestigieuse rencontre, il y a avait d’illustres hôtes, comme :

 

–          William Ruto, Vice président de la République du Kenya

–          Halemariam Desalegn, Premier Ministre Éthiopie

–          Donald Kaberuka, Président du groupe de la Banque Africaine de Développement

–          Dr Nkosazana Dlamini-Zuma de l’Union Africaine

–          Dr Carlos Lopes de l’UNECA

–          Amadou Mahtar Ba, de l’AMI

–          Sasha Rubel, de l’UNESCO

–          et beaucoup d’autres grandes personnalités dont je ne me souviens plus vraiment du nom. Et puis il il y a moi-même, n’oubliez pas ! :p

 

Les échanges ont été de haut niveau. Mais les échanges étaient encore plus nourris, plus éloquents, plus houleux et plus abondants sur les réseaux sociaux. Des tweets, il y en a eu un peu plus de 300.000 durant le forum. Et c’était pour cause. Les participants, tweetaient, les journalistes n’ayant pas pu faire le déplacement le faisaient également; mais aussi et surtout, la forte et courageuse communauté de journalistes éthiopiens, qui décriaient la tenue d’un tel forum « dans un pays où les journalistes étaient emprisonnés tous les jours ».

 

Quelques tweets lors des échanges:

 

 

 

je sais pas ce que ça veut dire mais…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait de la Déclaration de l’Initiative des Médias d’Afrique:

L’Initiative des Médias d’Afrique  (AMI) a engagé depuis un certain temps les leaders politiques éthiopiens dans des pourparlers que nous espérons vont améliorer l’environnement des médias locaux et aider à la libération de journalistes éthiopiens emprisonnés.

Nous nous sommes embarqués dans cette aventure très risquée car nous avons foi en un dialogue respectueux et franc;  après tout, cette stratégie d’impliquer directement les leaders politiques  a aidé à libérer des journalistes au cours de cette année dans deux autres pays africains.

Au-delà de garantir la libération de nos collègues, nous élaborons aussi une stratégie à long terme pour l’amélioration du climat dans lequel les journalistes éthiopiens travaillent. Nous désirons aussi aider à renforcer le niveau de compétence des journalistes locaux et des patrons de presse afin de les aider à jouer leur rôle de manière plus efficace dans une Ethiopie en pleine mutation.

Nous notons que notre décision audacieuse d’organiser notre Forum des Leaders des Média d’Afrique annuel à Addis-Abeba a eu un effet totalement bénéfique  en attirant l’attention de nouveau sur la situation critique de nos collègues. Nous restons persuadés que cela contribuera à accélérer la recherche d’une solution définitive.

Au cours des mois précédents, des membres de notre conseil d’administration ont eu de nombreux entretiens avec les leaders politiques éthiopiens, y compris avec le Premier Ministre Dessalegn et bon nombre de ses ministres. Nous avons fait de même avec les membres des familles des journalistes.

Nous avons relevé un degré d’ouverture assez significatif au cours des échanges avec les autorités, même un certain désir de régler ce problème que nous considérons totalement inutile et même nuisible au regard des grandes ambitions de l’Ethiopie.

En dépit des refus catégoriques d’autoriser les diverses délégations étrangères, y compris les délégations européennes et  américaines à rendre visite aux journalistes emprisonnés, les officiels éthiopiens ont finalement consenti à autoriser les leaders d’AMI à visiter la prison à Addis-Abeba le mercredi 6 novembre 2013. Alors qu’un malheureux désaccord, survenu dans l’enceinte de la prison à propos des personnes autorisées à assister à notre réunion avec nos collègues, a temporairement fait avorter la mission, nous espérons que nous serons  bientôt autorisés à avoir de nouveau un accès direct afin de faciliter leur libération.

Nous restons persuadés que beaucoup de dirigeants de premier plan en Ethiopie partagent notre avis qu’il est grand temps pour nos collègues d’être libérés. Nous souhaitons remercier le premier ministre et la plupart des membres de son cabinet pour cette ouverture,  et nous espérons un règlement rapide.

(…)

Pour finir, nous notons avec déception la décision mal avisée du Parlement kenyan de voter une nouvelle loi restreignant les libertés de la presse. (…)

Nous jugeons encourageant le fait que le président kenyan a exprimé son scepticisme à propos du projet de loi, et nous tenons à exprimer clairement notre opposition à ce document.

Addis-Abeba, le 8 novembre 2013

      Fin

Bon ok, quelques images, sur lesquelles je fais ma star…

 

Un montage de quelques images:Photo: Aphtal
Un montage de quelques images:
Photo: Aphtal

 

 

 

Le jour de ma présentationPhoto: Aphtal CISSE
Le jour de ma présentation
Photo: Aphtal CISSE

 

 

 

Avec un intérvenant, dans la Conference Room 2
Avec un intérvenant, dans la Conference Room 2
Quelques gâteries auxquelles j'ai eu droitPhoto: Aphtal CISSE
Quelques gâteries auxquelles j’ai eu droit
Photo: Aphtal CISSE

 

Impossible d’être un parfait blogueur, si on ne produit pas ses propres contenus vidéos; alors voici celles que les dieux de la connexion togolaise m’ont permis de mettre en ligne.

Vous savez, étant grand cuisinier moi-même,  je suis un fin gourmet, et je ne rate aucune occasion de titiller mes papilles gustatives.

 

Une vidéo prise lors du dîner de Gala

 

 

Amateur du beau que je suis:Photo Aphtal CISSE
Amateur du beau que je suis:
Photo Aphtal CISSE

 

SI si, je ne devrais pas les poster, mais bon, vous saurez pas que j'en ai déjà mangé alors...
SI si, je ne devrais pas les poster, mais bon, vous saurez pas que j’en ai déjà mangé alors…

 

 

Une danse folklorique nous a été présentée, histoire d’avoir un aperçu sur la riche culture éthiopienne.

 

 

 

 

 

L‘AMLF a été un succès, au vu des échanges, du franc dialogue qu’il y a eu entre journalistes et décideurs. Certains diront que c’est assez ironique, le choix d’un tel pays pour pareil évènement. Mais au moins, il aura eu le mérite de permettre à des journalistes éthiopiens de s’adresser, aux yeux du monde, à leur Premier Ministre, pour demander la libération de leurs collègues!

J’ai dit!


Ces messages qui nous enchaînent…

Crédit: Google

 

Je vous adresse les salamalecs les plus cordiaux, lecteurs. Je sais cela fait quoi , trois, quatre semaines que je n’ai plus rien écrit. Bon, heureusement personne d’entre vous ne m’a écrit pour s’en plaindre, alors je suppose que tout le monde s’en fout ! Bref, cet article n’en est pas vraiment un ; c’est du pur Gnadoè, du pur kpakpatoya, du pur Kongossa.

 

Hier, j’ai défié les tarifs de connexion, en me connectant avec mon téléphone (oh oui, l’internet mobile au Togo demeure un luxe), histoire de lire très rapidement des notifications Facebook, et quelques tweets. Je reçois alors un message qui m’a été envoyé depuis Whatsapp ; vous savez cette application qui vous fait envoyer des SMS et photos gratuitement, dès que vous accédez à internet. Le message était tout ce que j’abhorrais le plus, dans les rapports humains. Il disait exactement ceci :

 

« Essaie de lire et transférer ça. C’est une histoire vraie ; une femme très malade rêva que Jésus lui donne de l’eau à boire ; quand elle se réveilla le matin, elle était guérie et elle a vu un bout de papier à côté de sa table sur lequel il était écrit J’ESUS EST LE VRAI DIEU VIVANT… Elle raconta aux gens ce qui lui est arrivé. Un policier entendit l’histoire de la dame, la transféra par texto à 13 personnes et il a eu à l’instant une promotion au travail. Un autre monsieur reçoit le message et le supprime à l’instant ; il souffre d’une grande perte pour 13 jours. 

Stp envoie ce message à 13 personnes et tu verras quelque chose. Désolé de te déranger ; mon nom c’est Dieu, j’ai vraiment le temps pour toi. Je t’aime et te bénis toujours. Tu dois prendre 30 min de ton temps avec moi aujourd’hui ne prie pas glorifie juste. Aujourd’hui je veux ce message à travers tout le monde entier avant minuit, peux-tu m’aider ? stp ne coupe pas ce message et je t’aiderai avec quelque chose dont tu as vraiment besoin. Ou propose-moi quelque chose dont tu as besoin. Une bénédiction est sur ton chemin si tu crois en Dieu, envoie ce message stp n’ignore pas ça. Tu es en train d’être testé. Dieu va fixer deux grandes choses à ton choix ce soir dans ta vie. Si tu crois en Dieu envoie la totalité du message et demain, fais passer le message et demain sera un jour meilleur pour toi ; ne brise pas la chaîne. Envoie ce message à 14 de tes amis en 10 minutes. »

 

Des conneries pareilles

La classe non ? Dieu en personne possède un Smartphone là-haut, et il nous envoie des messages directement.  Vous doutez ? D’ailleurs, vous n’avez jamais cherché à connaître la marque de téléphone de Dieu, alors qu’Il a donné des tablettes à Moïse ! Hommes de peu de foi !

D’habitude, je ne vais jamais au bout de la lecture de tels messages et je ne réponds pas, en tout cas spontanément, à l’expéditeur. Et ce que je ne faisais jamais, c’est de faire suivre le message à mes contacts.  Mais pour une fois, j’ai lu avec amusement le message de bout en bout. Pis, je l’ai envoyé à 14 personnes, comme le demande celui qui l’a initié. Oui j’ai envoyé le SMS là aux 14 premières personnes sur lesquelles je suis tombé sur mon répertoire. Et depuis, j’attends les promesses. Depuis là, les bonnes bénédictions promises par le message ne sont toujours pas là ! Pourtant je crois en Dieu, j’ai réussi à son test, j’ai pris 30 minutes de ma triste vie à envoyer le message que Lui-même a composé à destination de toute la terre. Tchayiii ! Bon je m’arrête ici pour ne point tomber dans le blasphème…

 

Je vous dis ma vérité en même temps 

Écoutez, ne m’envoyez plus jamais des foutaises pareilles d’accord ? Si vous avez envie de faire large diffusion du SMS de Dieu, qu’il vous plaise d’ignorer mon numéro. Sérieux !

Dieu, le Bon Dieu lui-même, se débrouille comment pour écrire SMS aux gens et puis moi je ne reçois jamais ? Dieu ne connaît pas mon numéro à moi ? Pourquoi c’est toujours par vous qu’Il passe ? Vous dites vous-même la dame s’est réveillée et a vu un morceau de papier à son chevet. Pourquoi Jésus ne me fait pas pareil, à mon réveil ?

Donc, malgré ma vie, malgré toutes les grâces que Dieu m’accorde chaque instant, malgré toutes les richesses dont je suis pourvu sans effort, malgré ma bonne santé, malgré la vie de ma famille et celle de mes proches, malgré tout cela, c’est seulement un SMS que Dieu me demande d’envoyer pour être béni ? Comme si le fait d’être déjà capable de lire votre connerie n’est pas une bénédiction en soi.

Ce qui m’agace le plus dans ces débilités, c’est qu’il y a toujours un mauvais sort qui frappe celui qui refuse de diffuser le message ; comme en l’espèce, un monsieur qui souffre d’une grande perte après suppression du message. Sérieux, vous voulez faire peur à qui ? Si vous n’êtes pas mécréants vous-même, vous auriez su que le Bon Dieu a toujours laissé l’homme faire usage de libre arbitre, et qu’Il se réjouit plutôt de la droiture du cœur de l’homme et non de ces œuvres oh combien superficielles !

Vous me demandez d’envoyer le message en 10 minutes. Heureusement que c’était par Whatsapp ! Si c’était par SMS, ce long texte fait plus de 4 pages, et me coûtera minimum 200 F Cfa par envoi. Ce n’est pas que je suis pingre pour Dieu hein, mais n’est-il guère meilleur de donner cet argent à l’église, ou de permettre avec la même somme à un gosse de s’offrir un repas à midi ?

Un grand ami à moi travaillant dans une société de téléphonie m’a confié que très souvent, des employés de la boîte se chargent d’envoyer des messages comme cela à des numéros, histoire de créer une consommation en chaîne de crédit de communication. J’en avais ri à l’époque, mais là à y voir de près, c’est très possible ; trop possible même, dans un monde où on se truande au nom de Dieu.

D’ailleurs…

Vous qui avez lu cet article, si vous ne voulez pas de problèmes, cliquez sur « j’aime », partagez-le dans 4 groupes Facebook, et twittez le 4 fois, sinon… Dieu est en train de vous tester à travers ce blog. Vous lisez sans commenter, sans diffuser, Dieu n’aime pas cela et veut vous sortir du pétrin. N’endurcissez pas vos cœurs, sinon vos ordinateurs refuseront de s’allumer, vos Smartphones grilleront à l’instant, vos tablettes prendront feu. Pour éviter ceci, commentez et partagez l’article comme mentionné plus haut.

 

Plus sérieusement

Que Dieu existe, je n’en doute point ; qu’Il attende des œuvres de nous, j’en suis persuadé ; mais qu’Il nous prenne pour des couillons, cela j’en doute fort. Je suis profondément convaincu que Dieu n’attend pas mon SMS pour me bénir davantage ! Dieu n’a pas besoin que je me ruine en envoyant des textos pour manifester Sa grandeur, ou pour toucher des âmes. Si ma vie de tous les jours, si ma conduite, si mes actes, si mes choix, si mes pensées, mes paroles, peuvent manifester de sa grandeur et de son existence, je suis persuadé de faire plus de convertis que tous les 14 individus qui enverront ce message à 14 autres.

De toute façon, qui suis-je pour juger ? Qu’il soit fait à chacun selon sa foi !

J’ai dit !


Choléra au Togo : nos autorités décident mal

Traitement de choléra. Images : OMS

 

Bien le bonjour à vous, chers lecteurs. Désolé si je commence par vous fatiguer ; je n’ai rien à faire ces temps-ci, je m’ennuie, alors autant me rendre utile au Grand architecte en planchant sur des sujets, qui, fort heureusement, nous concernent tous.

 

Pour cette sortie, il va s’agir de choléra. Vous savez, cette maladie des mains sales, celle-là qui vous donne la chiasse et des vomissures et vous plonge dans un coma en moins de 24 h ; oui oui, cette maladie là même qu’on guérit rapidement avec trois flacons de sérums Nacl et deux bonnes bouteilles de Coca-Cola (pour la boisson, c’est ma mère qui prétend que c’est pour redonner des calories au malade…) ; oui c’est de cette maladie qu’il va s’agir dans cet article.

 

Eh bien, c’est à croire que l’année scolaire au Togo ne voulait pas débuter, car après moult reports, nos enfants ont repris le chemin des classes avec une charmante épidémie de choléra comme épée de Damoclès, au-dessus de leurs têtes vides, suspendues. Moi je n’étais même pas au courant (je ne regarde plus les chaînes locales hein ; je ne suis plus n’importe qui) ; il paraît que l’un de nos ministres en a parlé à la télé, et que des mesures ont été prises. Je n’en ai eu écho que lorsque j’ai vu certains (je dis bien certains) écoliers de mon quartier se rendre à l’école avec des glacières contenant de la nourriture.

« L’école ne vaut plus rien aujourd’hui, wallaye ! On commence à peine la rentrée, et chaque jour c’est pique-nique pour les gosses, ou comment ? Vraiment ma progéniture à moi risque de devenir descendante de Gaulois… »  me suis-je écrié, en croisant ces petits se rendre joyeusement à l’école avec leur bouffe sous le bras.

 

Quelles sont les mesures prises par les autorités togolaises ?

Nous avons toujours reproché à nos autorités leur laxisme et leur lenteur à réagir face à certaines crises n’est-ce pas ? Eh bien, pour nous couper l’herbe sous les pieds, les autorités ont tout de suite ordonné l’interdiction de vente de toutes sortes de denrées alimentaires au sein des établissements scolaires, ou dans leurs alentours immédiats. En tout cas toute nourriture, toute sorte de nourriture, dont la vente est destinée aux élèves est proscrite, et ce, jusqu’à nouvel ordre. Que ce soit du riz, du riz au gras, du pinon, des gâteaux, des biscuits, des galettes, les jus de bissap ou de baobab, même les sachets d’eau minérale (Pure Water), tout cela est interdit.

Il est désormais demandé à tous les élèves togolais de se rendre à l’école avec leurs propres nourritures et boissons. Voilà ce que nos autorités ont tout de suite pris comme décision. Elles pensaient bien faire, elles croyaient agir, ou réagir « en bon père de famille », dans l’intérêt supérieur de cette jeunesse scolarisée, relève de demain. On ne peut pas leur en vouloir.

La mesure est à saluer, c’est peut-être vrai, mais elle est également à décrier …

 Ce à quoi n’ont pas pensé nos autorités.

La mesure concerne tous les établissements et tous les niveaux d’enseignements, primaire en l’occurrence. Nos autorités n’ont pas pensé à ces pauvres petits qui ne comprennent pas forcément de quoi il s’agit ; on ne s’est pas demandé si ces enfants qu’on veut protéger ont assimilé le processus de transmission de cette maladie, et le bien-fondé de l’interdiction des denrées alimentaires. On ne s’est pas demandé comment le petit manipulera la nourriture confiée par ses parents, de la maison, jusqu’à la récréation.

Vous allez sincèrement m’excuser si je me verse encore dans des lamentations financières. Je n’y peux rien, je suis un « Togolais moyen », sinon, le « Togo d’en bas ; le chômage et la crise, c’est moi qui les combats… »

 Nos autorités n’ont pas pensé à ces foyers qui peinent à s’offrir deux repas par jour ; ces enfants qui ne reçoivent que 25 F Cfa pour la journée, et à qui subitement on demande de faire leur propre repas avant de venir à l’école… Oui, il faut se l’avouer, il y a des gosses qui se rendent en classe avec rien en poche. Ces enfants-là, a-t-on véritablement pensé à eux ? A-t-on pensé au fils ou à la fille de la revendeuse, qui attend la récréation pour aller manger chez sa maman ?

Nos autorités n’ont pas songé à encadrer les revendeuses des établissements scolaires, à les sensibiliser, et à leur imposer un strict contrôle par les agents de l’Institut national d’hygiène. Non ! On opte pour la facilité en chassant ces bonnes dames comme des malpropres, des écoles.

Et puis, nos autorités ne se sont pas demandé si ces bonnes dames arrêteront pour autant la vente, hein. Ah oui, on leur demande de ne pas vendre aux élèves, mais on ne leur a pas demandé de ne plus exercer leur commerce. Bonjour la clandestinité, avec tout ce qui va avec. Au moins avant, vous avez un œil sur elles, dans les écoles ; à présent, ce sont les enfants qui iront vers elles, dans leur crasse…

Hier en me rendant au cyber, j’ai croisé un gosse de l’EPP Cacaveli 2, (une école publique située juste derrière chez moi). On lui avait préparé de l’igname, baignant dans une bonne sauce tomate, le tout délicatement emballé dans un sachet plastique noir (J’oubliais, nos autorités avaient interdit ces sachets-à hein… suivez mon regard). Sous l’effet de la chaleur, et du balancement de ses bras, le sachet se fond, laissant tomber une belle tranche de tubercule au sol. Qui est fou pour abandonner une partie de son goûter ? Le gosse se baisse, ramasse le morceau d’igname, le replonge dans le sachet, puis essaye de refaire le nœud en bouchant le trou causé par le tubercule indélicat. Il s’apprêtait à plonger son précieux colis dans son sac à dos, quand je l’ai interpellé…

Bref chers lecteurs, ce que nous pensons éviter ne fait qu’empirer. Ce gosse aurait pu aller avaler ces ignames, avec toutes les conséquences qui pouvaient en découler.

Au même moment, on lance une campagne de vaccination contre la polio. Je ne dis pas que c’est mauvais hein; je veux juste qu’on s’approprie le sens de la priorisation dans nos prises de décisions.

Je ne joue guère au redresseur des torts des âmes, ni au Père Fouettard, mais si j’ai droit de citer, je déclare en toute humilité qu’interdire la vente de denrées alimentaires est une mesure pas assez murie et contre productive.

Tous nos gosses qu’on prétend protéger mourront allègrement de la chiasse, si nous ne pensons qu’à paraître, au lieu d’être de vrais décideurs.

J’ai encore dit !


Ce pourquoi je n’irai pas à la fête de la bière…

Perfusion d'alcool: Crédit: Moov'in (Facebook)
Perfusion d’alcool: Crédit: Moov’in (Facebook)

 

Bonsoir à vous, chers amis. C’est toujours un plaisir pour moi de savoir qu’il y a des personnes qui perdent quelques minutes de leur vie pour cliquer sur un lien les conduisant dans mon petit univers de togolais frustré ! Bon, j’ai vu comment vous vous êtes moqués de moi dans mon précédant article hein, alors pour cette fois, je ne vais plus raconter une mésaventure ; je vais juste essayer d’exposer les raisons pour lesquelles je n’irai pas à la fête de la bière.

Oh, excusez-moi si le thème devient surabondant ; je sais que beaucoup d’encre a coulé sur le sujet. D’ailleurs un magnifique billet écrit par mon aîné Lovejoyce que je vous convie à lire, fait force en la matière. Soit ! Mais bon, je vais dire pour moi aussi pour me libérer.

Les origines de la fête de la bière ? Lovejoyce dit ceci :

La fête de la Bière, cette tradition allemande, sûrement aussi belge, vieille de plus de 200 ans, nous aurait-elle été léguée, par la colonisation ? Je me le demande. Il apparaît, en tout cas, que célébrer cette fête de la bière, dans des conditions peu brillantes – l’abus d’alcool, étant dangereux pour la santé – soit devenu institution dans notre pays. Comble !

Les origines de cette orgie, moi personnellement je n’en ai rien à foutre. Ce pourquoi moi je la boycotte :

 

Raison N°1 : Je n’ai pas d’argent.

Je serai bien hypocrite de passer sous silence cet aspect de la chose. Cette fête tombe mal pour moi, j’avoue. Mais bon, ce n’est pas la seule raison. Une bouteille à la fête de la bière me revient plus chère que de la siroter tranquillement à Cacaveli. Sérieusement, me taper le déplacement, le ticket d’entrée, et le gobelet de bière à la plage, l’équivalent me rendrait déjà ivre chez moi hein ! Petit calcul :

Rien que pour le déplacement :

Aller

Retour

Taxi-moto  Cacaveli-Adidoadin = 150 FCFATaxi-moto  Adidoadin-Cacaveli = 150 FCFA
Taxi  Adidoadin-Grand marché = 400 FCFATaxi  Grand marché – Adidoadin = 400 FCFA
Taxi-moto Grand Marché – Hôtel de la paix = 100 FCFATaxi-moto Hôtel de la paix – Grand Marché = 100 FCFA

 

Il paraît que le ticket d’entrée est à 200 FCFA. En gros juste pour mettre pied dans l’espace réservé à la beuverie, il me faut, au bas mot 1.500 FCFA. Pour moi seul hein. Si jamais je veux m’y rendre avec une certaine Pascaline, ou avec ma fiancée, il va falloir compter double. Une fois à l’intérieur, je dois débourser pour boire (puisque c’est la raison de ma présence), ou avaler deux ou trois brochettes de viandes avariées d’âne, de mouton, ou de saucisses.

Je sais que vous marmonnez « Oh le pingre, 1.500 FCFA seulement et il se plaint ? »  Ouais je me plains parce que le coût du déplacement seul équivaut à trois bouteilles de bières dans un bar à côté. Vous me direz, « Ouais mais et l’ambiance, et tout cela ? ». Ambiance hein ? Quelle ambiance ? Celle de ces jeunes filles impubères aux cuisses dénudées, celle de ces jeunes collégiens pas du tout mignons voulant ressembler à Eminem ou à Wiz khalifa dans leur sape à deux balles ? Pitié, je préfère rester à Cacaveli hein. Je ne suis pas fumeur mais je dois prévoir ma capsule de Ventoline et quelques anti-allergies, car là où il y a alcool, il y a cigarette ; je vais donc y devenir fumeur passif. Bref…

Raison N°2 : j’ai déjà goûté à toutes les bières…

En fait je reprends ici la simple question que m’a posée mon ami Razak : Quelle bière on n’a jamais bu même? Et je lui donne raison! Sincèrement, la fête de la bière n’apporte aucune valeur ajoutée dans la vie des soûlards togolais. Moi, je traverserai vents et marées, monts et vallées pour me rendre à la fête de la bière, si et seulement si, on nous faisait découvrir et déguster des bières étrangères. Franchement, si c’est pour les mêmes Awooyo, Flag et Castel, autant rester chez moi hein, ou prétexter une visite à la charmante Trysha; elle au moins en a, de la bonne bière blonde. J’aurai aimé aller tremper mes lèvres dans une bière blonde allemande, américaine, australienne, ou même ghanéenne, ivoirienne ou sénégalaise. Comment peut-on célébrer la bière, et se limiter à celles qu’on avale tous les jours ? Je n’ai pas assez d’argent hein, mais s’il faut encore le dépenser pour aller boire votre Pils et Lager là, non merci.

Raison N°3 : Je cherche un emploi, pas une promotion éthylique

Les gars, sérieusement, vous avez vu toutes les sociétés qui sponsorisent cette fête de la bière ? Avez-vous une fois essayé de déposer un CV et une demande d’emploi dans l’une de ces sociétés ? Bon, ok la nouvelle chanson actuellement à Lomé, c’est l’auto-emploi et l’entrepreneuriat. Avez-vous déjà soumis un projet à l’une de ces nombreuses sociétés ? Sinon, qu’attendez-vous ? Si oui, quelle fut leur réponse ?

Je ne sais pas pour vous hein, mais dans ce pays, les priorités sont ailleurs. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il n’y a que ces genres de manifestations qui réussissent le mieux au Togo ? Ah, vous avez certainement oublié que l’une des premières sociétés togolaises à obtenir la certification ISO 9000 est la Brasserie de Lomé. Eh oui, on ne boit pas n’importe quoi  comme bière hein, les gars.

Et ne dépensez pas trop pour la fête de la bière ! D’autres joyeuses échéances approchent, chers togolais. Des échéances plus joyeuses, plus festives, et sûrement plus arrosées.

 

 

Cette conclusion du pré-cité Lovejoye mérite d’être reprise ici :

Moi, comme l’autre, éternel apprenti chrétien, je dis non, à cette fête de la bière. Même si, malheureusement, mon avis ne compte pas ! Mais gardez-vous bien, qu’un jour, elle ne compte vraiment. Parce que ce jour, vous apprendrez, qu’à préparer d’abord et surtout, l’avenir et le progrès, au lieu de s’enliser sans cesse, dans le loisir inutile et néfaste, on met à l’abri de la disette, en élevant l’esprit de la jeunesse, un, comme le Togo, Pays Pauvre Très Endetté.

 

Dans une nation dont la bonne partie de la population active passe le clair de son temps à être ivre, on se demande si elle a assez de temps de lucidité pour plancher sur les vrais problèmes qui lui sont inhérents. Bien malin qui voudra « noyer » ses soucis dans la bière. Certains problèmes excellent en apnée, et deviennent plus compliqués, une fois le nez dehors.

 

J’ai dit !

 


J’ai du sang sur les mains…

Crédit: MorgueFile

 

Je me suis agenouillé au bord de mon lit pour prier

J’ai un crime avec préméditation à commettre.

Il me faut, ma conscience, à l’abri du remord, mettre.

Il faut que cet acte, avant d’être commis, soit pardonné.

 

 

Amen ! La messe est dite. Je me lève et je sors,

Sûr de moi, je monte rapidement les marches de son immeuble

Sa porte était entrouverte ; il était seul devant une poignée de terre meuble

Il lisait les cauris, et semblait avertit de son sort…

 

 

Je referme la porte, et lutte contre l’odeur de l’encens ;

Je sors le poignard, puis j’avance vers la « proie » !

Son regard était perçant, trouble, triste mais narquois

J’inspire profondément afin d’avoir la maîtrise de mes sens.

 

Il était gros, non gras ; bedonnant, avec un talisman au cou.

Je suis criminel en devenir ; mais moi je tuerai avec élégance ;

Sans effusion de sang ! Je contourne le pauvre pour atteindre le lit

Je saisis calmement un oreiller puis je me tourne vers lui.

 

Il comprit et s’allongea sur le dos. Je ne frémis point ;

J’approche le coussin de son visage puis… j’appuie…fort

La pression de mes bras lui brise les os du cou…

Il se débat, il tape des pieds, puis secoue ses mains

 

Je serre mes dents, et j’appuie d’avantage.

Je sens ses forces progressivement le quitter

Son pouls est faible…

 

Quelques soubresauts, puis, il se calme

Je maintins quand même mon emprise ;

Avec les anges de la mort, il est aux prises

Je retire quelques minutes plus tard mon arme…

 

Je me lève et j’admire un peu le spectacle.

Il est couché sur le dos, cuisses écartées, écumes aux lèvres…

 

Une légère brise s’élève, avec des senteurs de liberté ;

Une douce et agréable brume flotta sur les bruyères !

Tout était baigné de la lumière argentée de la lune et des étoiles.

Il est mort. Nous sommes à présents…orphelins.

Mais nos vies prendront désormais un plus joyeux chemin…

 

Allô ? Police ? Un meurtre vient d’être commis.

Vous trouverez mes empreintes sur les lieux du crime.

 

J’ai dit !

 

Lomé, Décembre 2011


Doléances pour le meilleur de la chaîne mère

Logo de la TVT: Crédit: tvt.tg
Logo de la TVT: Crédit: tvt.tg

Bonsoir, Chaîne mère ;

C’est avec un vif déplaisir que je saisis ma plume mon clavier, pour vous rédiger cette lettre. Oui oui, c’est une lettre. J’en avais déjà déposé une, à votre secrétariat mais, sans suite.

J’ai longtemps hésité à en faire une lettre ouverte, mais je me suis associé à des internautes, des togolais avant tout, pour avoir de la matière à vous envoyer. Puis s’en est suivie la crainte de la médiocrité, redoutant la verve de votre Directeur Général, Mr Yovodévi. Mais après tout, on s’en fou hein, il fallait bien la rédiger cette lettre. Alors je me jette à l’eau.

J’ai encore en souvenir, toutes les vacances passées à Tchamba, où nous jouions aux cartes et au foot toute la matinée, pour ensuite nous aligner sagement derrière la télé à 17h précises, pour suivre le générique qui caractérisait le début des programmes à la Télévision Togolaise. Dieu seul sait comment c’était jouissif. Nous regardions inlassablement le même générique, pour ensuite nous délecter de ces dessins animés oh combien instructifs.  Après, nous étions toujours là, lorsque notre père s’installait à côté pour regarder le Journal télévisé. Je n’y comprenais pas grand-chose, mais c’était si agréable, de rester groupé là, à regarder le même écran. Ne dit-on pas que s’aimer, c’est regarder dans la même direction ? On s’aimait, et la TVT nous réunissait. (Là on s’aime toujours hein, mais TVT n’est plus dedans)

Aussi clair qu’une mouche dans un bol de lait, la TVT est la chaîne mère, la doyenne, la première épouse.

Mais ça, c’était avant. Depuis, beaucoup de choses ont changé, aussi bien dans le monde que dans notre pays. L’espace médiatique togolais n’est plus la chasse gardée de la TVT, qui est obligé de le partager avec quatre (04) chaînes privées. Les téléspectateurs que nous sommes, ont désormais le choix ; le choix de regarder ce que nous voulons, la possibilité de choisir les contenus que nous désirons regarder seul ou en famille. Jamais la télécommande n’a été aussi utile. Le zapping a repris ses lettres de noblesse, et nous zappons tout bonnement ces télévisions qui ne nous satisfont guère. Et inutile de vous le rappeler, parmi les chaînes que nous zappons le mieux, la TVT occupe une place de choix.

Ce n’est point la période du grand désamour, mais vous ne faites plus sensations, comme il y a quinze ans.  Vous n’êtes plus cette vierge convoitée, désirée, adulée! On a appris à gérer cette perte de vitesse entre nous, ici localement. Mais depuis que vous avez décidé de vous mettre sur satellite, bah, on se doit de vous interpeller pour ne pas vous faire croire que vous excellez.

J’ai demandé à des contacts de se prononcer également sur le problème. De ce qu’il en est ressorti, j’ai fait une synthèse, et vous pourrez lire dans une première partie, ce que nous vous reprochons, pour ensuite lire dans une seconde, nos propositions.

Ce qu’il faut impérativement changer…

  1. En matière de contenu…
  •  La plupart des émissions que vous programmez n’ont aucune valeur ajoutée pour les téléspectateurs. On se demande quels buts poursuivent certaines émissions. Vous êtes-vous déjà demandé à quelle cible s’adresse la TVT ? On dirait que vous êtes toujours dans la logique du « bon père de famille qui ne capte la TVT qu’à 20h pour le Journal télévisé », puisque c’est seulement le journal que vous semblez faire le mieux. Certaines de vos émissions se ressemblent tellement : L’bala, Midi supplice Délices, et l’émission matinale, par exemple. Quelles sont les particularités de ces émissions ? Le Six 8 que vous venez de démarrer, c’est pourquoi ?
  • En matière de promotion de la culture togolaise, nous n’avons rien à mettre à votre mérite. A l’heure où toutes les nations promeuvent leurs artistes et acteurs culturels, vous vous plaisez à nous passer des feuilletons camerounais ou gabonais, qui non seulement ne nous apprennent rien sur nos réalités à nous, mais en plus sont d’une exécrable qualité. Pire, ils passent aux heures où beaucoup de nos enfants sont sous la télé en attendant le dîner ! Vous faites exprès pour noyer les productions togolaises ? Avec tous ces films togolais qui sortent chaque jour, ce n’est pas à la chaîne mère de passer des trucs étrangers.
  • En ce qui concerne la programmation, un internaute le dit sans ambages : Votre Directeur des Programmes est de la « Old School ». Vous avez tous des abonnements Canal Sat, copiez un peu ce qui se fait de bien ailleurs. Créez les émissions, ou du moins permettez aux gens de vous en proposer. Le temps que vous mettez pour étudier les nouvelles propositions d’émissions est trop long. Sérieusement, des années pour étudier la faisabilité d’une émission ? De qui se moque-t-on ?

       2.  En matière de présentation. (Forme)

  • Pour une télévision nationale, disposant des moyens de l’état, vos journalistes et présentateurs s’habillent mal. Très mal. Trop mal, pour certains. On peut réduire la taille des vestes des journalistes hein, revoir les couleurs de leur serviette cravate, revoir également les chemises, mais il faut impérativement brûler les bouts de tissus qu’arborent certaines filles, pour des émissions du Midi, ou pour les bulletins météos. Seigneur, vous mentez déjà sur le temps qu’il va faire, mais habillez décemment celle qui va servir ce mensonge non ? Dites-leur de ne guère confondre « s’habiller léger », et « cacher l’intimité ». Sinon, elles peuvent venir directement en cache-sexe pour qu’on n’en parle plus ! Bon Dieu, Vous êtes une chaîne nationale hein, désormais sur satellite hein.
  • De plus, si ce n’est trop vous demander, revoyez la décoration des plateaux de vos émissions ! Le siège de la TVT est assez grand, ne faites pas les choses à moitié. Le décor est un élément très important, dans le choix des émissions par les téléspectateurs. Et pour dire vrai, vous n’êtes ni invitant, ni captivant. On ne peut pas tomber par hasard sur une émission et y rester plus de cinq minutes.

Ces couacs qu’il faut impérativement corriger

  • Que le Directeur des Programmes et le Réalisateur prennent le soin de visualiser intégralement les films avant de les passer. S’ils comportent une scène d’amour, prenez la peine d’indiquer la tranche d’âge autorisée à les regarder ! (-18, -16, par exemple). Il n’y a pas que les enfants qui regardent la TVT, ne floutez pas les scènes d’amour. Le film vous le passez intégralement, ou vous ne le passez pas. Celui qui l’a réalisé n’est pas con, ne le soyez pas non plus.
  • Vos animateurs, qu’ils fassent une formation professionnelle, ou qu’on les changes. Le monde est trop compétitif pour que la TVT flirte avec la médiocrité. La qualité des images est à revoir, ce qui nécessite de la haute technologie, et des personnes formées pour s’en servir ; il faut une parfaite maîtrise des sujets à passer par le réalisateur ou le technicien, pour ne pas mettre l’animateur ou le journaliste en mauvaise posture. Soyez class : au lieu de prendre un combiné hors caméra,(là même vous êtes maladroits puisque nous vous voyons le faire) pourquoi ne pas faire usage des oreillettes ? Pourquoi ne pas trouver de jolis petits micros aux invités sur le plateau ?
  • Que les présentateurs, à la fin du bulletin d’information, nous fassent croire à un direct, en n’utilisant plus le futur dans le rappel des titres. C’est pas un peu stupide, cela ? Ensuite, que le Directeur de la TVT, malgré toute son éloquence, son aisance, son intelligence, et sa suffisance, ne débarque plus sur le plateau, pour expliquer les discours du Président de la République. C’est du ridicule, du griotisme de bas étage, de l’excès de zèle d’un autre siècle, du lèche-botte pathétique et stérile. Nous avons tous compris le français parlé par le Président, pas la peine de revenir dessus. C’est juste avilissant, pour lui-même et pour les téléspectateurs.
  • Respectez les téléspectateurs : cela passe par le fait de ne pas interrompre une émission, un film, un dessin animé, sans crier gare, sans s’excuser. Ce n’est pas professionnel, et cela prouve encore l’improvisation qui règne dans la Programmation. On n’a rien de personnel contre le Directeur des Programmes, quoiqu’il soit nul dans ce rôle.

Dernières requêtes : moi Aphtal CISSE, je vous demande de passer intégralement les débats parlementaires ! Vous perdez bien plus de 5h de temps pour transmettre Miss Togo, et autres âneries dans le genre ; passez nous les débats parlementaires, c’est la moindre des choses pour une chaîne nationale. Et une requête spéciale du Premier Ministre, Bâtonnier Joseph Kokou Koffigoh :

Je voudrais des émissions autour du livre aux heures où les enfants, élèves et étudiants peuvent les voir. Ça leur donnera le goût de la lecture. Les professeurs se plaignent de la baisse du niveau du français. Or sans une bonne compréhension de la langue, on ne peut bien assimiler les autres matières, même scientifiques.

Voilà en gros, ce que nous avions à vous dire, chère Télévision bien aimée. Nous aurions pu choisir la voie la plus facile : nous taire et vous laisser faire ; ne rien dire et vous laisser dans le bac à sable. Mais nous le disons parce que nous voulons vous voir grandir ; nous le disons parce que nous vous aimons, et surtout, parce que nous vous interdisons désormais de flirter avec la médiocrité.

J’ai dit!


Eh oui, j’ai découvert le Couchsurfing

Bonjour les amis.

Je viens de vivre une expérience…assez particulière. Oui très particulière, à la limite bizarre. Mais une assez bonne expérience quand même que je renouvellerai, volontiers.

Le Couchsurfing, vous connaissez ? Ah j’imagine déjà vos visages incrédules, et la courbe de vos lèvres en tentant de prononcer ce mot. Eh bien moi non plus je n’en sais rien ; enfin je n’en savais rien, jusqu’à ce que j’en fasse l’expérience. En deux temps trois mouvements, le Couchsurfing, c’est une sorte de réseau social qui vous permets d’avoir des contacts locaux dans une ville ou pays, susceptibles de vous loger lorsque vous serai en visite dans une  ville. Je sais que vous ne comprenez pas. Moi non plus je ne maîtrise pas vraiment le principe.

Mais bon voilà, mon expérience :

Le samedi dernier, j’étais à la gare routière d’Agbalépédogan pour y accueillir la blogueuse ivoirienne Amah N’ghetta. Fan de voyages et d’aventures, elle avait juste un « léger » sac-à-dos, provenait d’Accra, se rendant à Cotonou. Mais son trajet est bien plus long. Abidjan==Cape-Coast==Accra==Lomé==Cotonou==Porto-Novo==Lagos ; avant de retourner à Abidjan. Oui oui, il y a des personnes qui aiment l’aventure. Elle passera trois jours à Lomé, avant de continuer son périple. Et son contact local à Lomé, c’est moi.

 

Bon, soit dit en passant, je ne suis pas inscrit sur Couchsurfing. Elle a bien voulu me contacter, parce que j’étais blogueur comme elle, mais aussi et surtout sur recommandation du grand frère Cyriac Gbogou. Et j’avoue que c’est également à cause de lui que j’ai accepté être son hôte.

 

Donc, la charmante Amah était à Lomé pour trois jours, et je suis son hôte. Ce n’est point comme chez les blancs, où il y a déjà une chambre d’amis, toujours prête à recevoir hein. Il fallait ranger rapidement la chambre (oh, oui je pouvais faire mieux hein, mais bon…), dépoussiérer un peu… je ne dis pas qu’habituellement je vis dans la crasse, mais, un étranger, jolie fille en plus, il faut un coup de neuf.

 

La justification de ma soudaine hospitalité…

 

Il m’a fallut des heures et des heures d’explications pour convaincre la famille et leur faire comprendre qu’il s’agissait d’une amie, d’un réseau de blogueurs qui s’hébergent… Mes frères n’arrivaient pas à comprendre :

 

 « Tu affirmes ne pas la connaitre ? Tu ne l’as jamais vu ? Mais tu lui laisse ta chambre ? Pour trois jours ? Eh Aphtal, ton jeu n’es pas clair. »

 

 

 Mon plus jeune frère est allé jusqu’à affirmer ceci :

 

« Je ne  suis pas sûr qu’Aph fasse cela gratis. Quelque chose me dit qu’il a engrossé une nana, et essaye de nous apprendre à cohabiter avec  sa future femme. »

 

 

J’ai eu des envies de meurtre hein, mais vu qu’il est le dernier de la fratrie, suivez mon regard…

 

Le quartier ! Je n’ai pas l’habitude de prêter attention à tout ce qui se raconte sur moi à Cacaveli, mais là, sérieusement, je sais que j’étais à la une de toutes les discussions.

 

« Tu as remarqué aussi ? Ça fait deux jours que le gars se balade avec la nana là. Elle vient d’où même et puis elle prend tout en photo comme ça même ? » ; « oh, le type là a le cœur hein ! Il a chambré une fille depuis là, et il se pavane avec elle comme ça ? » ; « Les enfants là vont tuer leur mère un jour, wallaye. On leur dit de fréquenter, et de chercher emploi, c’est affaire de femme seulement. L’autre au gros crâne qui s’amuse avec internet là, lui il se balade avec une fille qui a la viande. Et il ne se cache pas hein ; attends ils vont rentrer bientôt tu verras la nana. »…

 

 

Oh Amah, je t’épargne du reste des commentaires. C’est ta faute aussi ; tu es trop jolie.

 

Ah et puis il y a ma fiancée. Oh la la ! J’ai tout dis, tout expliqué, tout justifié, elle ne voulait pas comprendre ; elle ne pouvait pas comprendre. Difficile pour elle de concevoir qu’Aphtal puisse héberger une si jolie fille, sans que rien, mais alors rien du tout ne se passe. Présomption de culpabilité, vous avez dit?

 

« Tchalé, regarde moi dans les yeux hein ; tu ne la connaissais pas ? Sûr ? Ok, et il y a quoi entre vous ?  Et puis pourquoi elle te sourit comme ça ? Ou bien elle se moque de moi? Tu lui as raconté quoi ? Hein ? Elle dort où ? Et toi-même tu dors où ? Hmmmmm, ah bon ? Tu es sûr que vous ne vous connaissiez pas ? Oh Aphtal, je ne te comprends plus hein ! »…

 

 

Et c’est reparti pour des heures et des heures de négociations…

 

Les trois jours d’Amah à Lomé

 

Franchement ce fut assez édifiant d’héberger une personne dans la promiscuité de ma chambre, ma garçonnière, mon laboratoire, mon temple, ma loge… Eh oui, et j’avoue que mon hôte m’a implicitement fait une leçon de survie. C’est incroyable, je n’ai jamais pensé qu’on pouvait voyager aussi loin avec si peu d’effets. Et pour une fille (excusez mon sexisme, vous comprenez qu’avec leur crème, et autres trucs de beauté…), c’est quand même extra.

 

Elle était curieuse, voulait tout comprendre, tout connaître, parler la langue, apprendre les mets… Il m’était parfois difficile de répondre à certaines questions, car j’ignorais les réponses. Eh oui, on pense savoir mais en réalité…. Comment lui expliquer la différence entre éwé et Mina, comment lui décrire les subtilités culturelles entre Kabyè et Kotocoli… 

 

Ce qui fut encore plus édifiant pour moi, c’est qu’en jouant au guide touristique, je suis allé à la redécouverte de Lomé : ces beaux endroits qui ne nous disent pourtant rien, ces charmantes  lagunes qui nous hantent, ces bâtiments et édifices chargés d’histoires, auxquels on ne prête aucune attention, cette belle et sablonneuse plage où on crache et pisse contre le vent, qui pourtant attire les étrangers

 

En tout cas, j’ai réalisé qu’en fait, nous ne prenons pas le temps d’apprécier ce que nous avons, espérant toujours mieux, exigeant encore plus. Oui il reste encore beaucoup à faire à Lomé, mais, avouons quand même qu’elle n’est pas si mal, notre capitale, si on sait la regarder d’un œil objectif.

 

 

De toutes les façons, c’est une très belle expérience, que je renouvellerai bien volontiers. Je suis prêt à héberger qui désire passer du temps à Lomé, mais… fille de préférence (ne m’en voulez pas hein), et si blogueur, passez par Le Président Cyriac Gbogou.

J’ai dit!


Elections législatives: J’emmerde votre transparence

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Bonjour à tous.

Les élections législatives, c’est terminé. Mais je me permets de revenir dessus, car certains discours tenus m’agacent et me révulsent.

Que des observateurs tiennent un langage élogieux par rapport au déroulement du scrutin, je comprends. Il parait qu’être observateur des élections est un nouveau job en vogue sur le continent.  Mais lorsque des togolais, de la diaspora surtout, se contentent du scrutin, s’en félicitent même, j’ai envie de pleurer.

Sincèrement, comment peut-on être fier des dernières élections législatives, au Togo ? Chacun y va de son indice de satisfaction. Mais l’indice le plus rétrograde et sûrement le plus stupide est celui de la non-violence. Franchement, vous êtes bêtes ou faites exprès ?

Parce qu’il n’y a pas eu de violences, parce qu’il n’y a pas eu d’incendies, de pneus brûlés, les élections sont transparentes ? Expliquez moi hein ! Est-ce parce que le Kotocoli que je suis n’a pas brisé le crâne à mon voisin, natif de que ma voix a compté dans l’urne ? Parce que les autochtones d’Agoè n’ont violé aucune fille Kabyè à Lomé, les élections ont été transparentes ? Si à Sotouboua, il n’y a pas eu heurts entre Tem et Kabyè, s’il n’y a pas eu d’échauffourées entre Wawa et Moba à Kanté ou Dapaong, les législatives passées reflètent-elles ipso facto le choix du peuple ? Le Ouatchi qui décide de ne rien faire au Losso, à Aneho, le jour du scrutin, est-il en train de légitimer les résultats du scrutin ?

Que pensez-vous du découpage électoral ? Les nombreuses milices qui empêchaient le CST de tenir son meeting à Kara, ou qui les attaquaient à coup de machettes à Lomé (quartier Adéwui), vous en faites quoi, chers amis ? Dites-moi, elca vous inspire quoi, l’invalidation de la liste du CST dans la Kozah, hein ? Les présidents de bureaux de votes qui n’ont toujours pas transmis leur résultats, jusqu’à ce jour, les urnes transmis à la CELI sans scellés, vous en faites quoi, oh grands certificateurs de scrutin ? Les bourrages d’urnes, les votes dans des endroits privés, les chefs canton qui s’exilent car surpris en flagrant délits (de bourrage d’urnes), les candidats qui tentaient de remettre des urnes à la CELI, vous en faites quoi ? Les achats de votes,  la distribution de 10.000 FCFA contre un vote pour un parti, tout cela rentre-t-il dans le champ de votre satisfecit ?

Il ne vous est jamais venu à l’esprit que le togolais est fatigué de répéter la même histoire écrite avec le sang de son voisin, éclairé par les flammes de sa case qui brûle ? Malgré votre intelligence, il ne vous est pas apparu que le togolais a eu marre de se retrouver exilé, étranger dans les pays voisins ? Votre science ne vous a point permis de réaliser qu’en fait, le togolais a un peu mûri, et a compris qu’il ne servait absolument à rien de s’en prendre à une ethnie ? Vous n’avez pas su déceler chez le togolais, une certaine renonciation, un certain fatalisme qui le pousse à affirmer « tout cela ne vaut plus la peine » ?

Vous faites du mal à ce pays !

Il est un peu trop facile, surtout lorsqu’on vit à des milliers de kilomètres, d’affirmer sur les réseaux sociaux « Le Togo a eu un scrutin apaisé, tout va bien », « aucun mort aucun blessé, le Togo fait un grand bond démocratique », « les togolais ont voté dans le calme, la démocratie est en marche »… Non mais allo quoi ! Vous vous relisez un peu ? Vous insultez l’intelligence de ce peuple qui décide de ne pas se faire du mal, car résigné à la fatalité selon laquelle sa voix n’a en fait jamais compté.

Jusqu’à quand allez-vous célébrer la non-violence, dites ? Quand aurons-nous droit à de scrutins reflétant le véritable choix du peuple ? Quand comptez-vous exiger des organisateurs des élections, des conditions minimums de transparence ? Quand comptez-vous éduquer le peuple, quand rendez-vous sensibiliser le peuple sur les vraies notions de dignité, d’intégrité, et d’honneur ? Dites-moi.

C’est quoi ce honteux et risible amalgame que vous faites entre transparence et tension ? De quoi êtes vous satisfaits, au fait ?

Si j’ai décidé de ne pas courir après un kabyè ou un Wawa avec les machettes, c’est parce que je suis intelligent. Mais si cela vous fait dire que le vote a été transparent, eh bien j’emmerde votre transparence.

J’ai dit !


Avec ces élections, je ne suis plus n’importe qui

Quand on change de statut, cela se sent dans l’habillement, non? Image: Tie. / Crédit : MorgueFile

 

Bien le bonsoir à vous, chers lecteurs.

J’espère que vous vous portez tous très bien. En ce qui me concerne, je continue de me reposer.

Vous l’aurez sûrement remarqué, mon dernier billet date de plusieurs semaines. Je me suis offert des vacances. Tout d’abord pour me reposer, et me soigner, suite à ma mésaventure lors des élections législatives passées ;  (oui, être Rapporteur dans un bureau de vote, c’est une mésaventure) ensuite et surtout me concentrer sur certaines choses, redéfinir des priorités, et œuvrer pour l’accomplissement de certains projets personnels.

Rassurez-vous, je ne laisserai guère cet espace plein de poussière. D’ailleurs là ce n’est pas pour écrire un article ; je suis sérieusement en panne d’inspiration, et je n’ai vraiment pas envie de forcer quoi que ce soit. Cependant, aujourd’hui, je viens juste vous annoncer une nouvelle ; une bonne nouvelle. Eh bien sachez-le, je ne suis plus n’importe qui.

Je vous explique.

Vous le savez tous, j’ai été Rapporteur dans un Bureau de vote. Ce que vous ne savez pas, c’est que je l’ai été sous la casquette du parti UNIR. Je ne vais pas vous le cacher : j’ai approché le parti ANC (Alliance Nationale pour le Changement) pour être membre de bureau de vote en son nom, ils m’ont clairement traité d’espion à la solde du parti au pouvoir ; la Coalition Arc-en-ciel a fait du dilatoire ; mais comme je tenais à être présent dans un bureau de vote, je me suis adressé au parti UNIR, qui n’a pas hésité à me proposer à la CENI comme Rapporteur, dans le Centre Cacaveli 2.

Ceci dit, avant la formation des membres de bureau de vote par la CENI, le parti UNIR a organisé une formation pour tous ses membres et sympathisants. (J’ignore s’il en a été pareil dans les autres partis politiques, mais j’avoue qu’UNIR a fait un effort d’éducation pour ses membres, lors de ces élections). Une fois la formation terminée, une rumeur courait qu’il y aura distribution de billets de banques. Ah oui ? C’est ma première fois de participer à un truc organisé par UNIR, je ne connais pas les habitudes de la maison. Il fallait attendre donc.

Entre temps je me suis déplacé, histoire de trouver quelque chose à manger ; je ne vais pas rester là le ventre creux à attendre un hypothétique billet, dont j’ignore d’ailleurs le montant. A mon retour, voilà un candidat inscrit sur la liste du parti UNIR, qui se déplace de salle en salles, aidé par deux autres gens,  pour distribuer l’argent à ceux qui étaient encore présents. Apparemment, il a déjà terminé avec ma salle alors, on me dit d’aller me faire foutre.

Je n’étais pas le seul lésé, et très rapidement, nous étions plus d’une quarantaine à réclamer notre argent. Un quart d’heure durant, nous étions là à déambuler avec lui. Je me suis surpris à suivre cet homme, et à lui demander de me remettre mes 2.000 FCFA. D’autres le suppliaient carrément. Un instant je me suis ressaisi, et me suis posé des questions :

« Aphtal qu’es-tu en train de faire là, hein ? C’est à cause de 2.000 FCFA que tu parles comme ça ? Tu n’as jamais tenu un billet de 2.000 FCFA dans ta triste vie ou comment ? C’est pour cette somme là que cet homme là te parle comme ça ? Lui-même il est qui, sans le tricot et la casquette UNIR qu’il arbore, hein ? Merde Aphtal, sérieusement,  que fais-tu là? »

Je me mets à l’écart de la foule, pour réaliser ce que j’étais en train de faire. Un instant, je recompte tout ce que j’avais sur moi comme argent. En tout et pour tout, 440 FCFA ; de quoi payer à peine mon transport. Disons nous la vérité : c’est vrai que les 2.000 FCFA du gars là m’auraient arrangés mais, comme aime à me le répéter ma mère, « on peut être fauché et digne ». Je ne sais pas trop ce qui m’a pris sur le coup, mais j’arrache une feuille du cahier dans lequel j’ai pris des notes de la formation, pour y inscrire en caractères lisibles mon patronyme : « APHTAL CISSE » ! Je rejoins la foule, m’approche du candidat et lui tends le papier. Il hésite mais finit par le prendre. Et je lui ajoute :

« Mon cher ami, tenez ! Ceci est mon nom. Aphtal CISSE. Moi je ne vais pas vous supplier pour votre argent. Regardez-moi bien, je ne vais pas vous supplier, vous, pour 2.000 FCFA, d’accord ? A la maison, tapez ce nom là, mon nom là, dans GOOGLE. Faites une recherche de mon nom dans GOOGLE, et vous saurez ce que moi je peux vous faire dans votre vie, et sûrement pour votre élection ou pas. Retenez bien le nom, et regardez-moi bien. Au revoir »

Puis je lui tourne le dos. Les autres continuaient de se lamenter, et me jetaient même des regards noirs. Le futur député était là, perplexe, relisant le papier, et me regardant m’en aller. Je vous assure que j’ignore pourquoi j’ai réagis ainsi. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne sais pas ce sur quoi je comptais, je ne sais même pas ce qu’il allait trouver sur Google, si jamais il effectuait la recherche, comme je le lui ai demandé.

Le lendemain, je reçois un mail, me confirmant mon poste de rapporteur, et m’invitant à être alerte lors des élections, et à œuvrer pour la victoire de « notre » parti. J’ai juste ri, sans répondre. Après le vote, et surtout après la publication des tendances des résultats provisoires, j’ai reçu un appel téléphonique du désormais député. Le gars me remercie pour tout ce que j’ai fait, et m’invite à le rencontrer, histoire de « mieux faire connaissance ». La rencontre, en présence d’un préfet, d’un colonel, et d’un Proviseur de lycée, a été vraiment conviviale, sans complexes et sans préjugés.

Donc je ne suis plus n’importe qui.

Eh oui, chers lecteurs. Mon cercle d’ « amis » s’agrandit, et j’ai les numéros personnels d’un Colonel et d’un honorable député dans mon téléphone. Oh, je suis chômeur hein, je suis sans le sous hein, mais au Togo, vous-même vous savez les pouvoirs que peuvent conférer des coups de fils à ces personnes, quelque part en ville non ?

Moi je peux violer les feux tricolores hein, les petits policiers là ne peuvent plus confisquer la moto Haojue du voisin que je prête souvent pour épater les nana de Cacaveli ; je peux même gifler un « sôdja* », s’il bronche, j’appelle mon colonel ou bien ? Sinon, j’appelle l’honorable qui peut appeler un Général qui peut ordonner à un Colonel de dire au Capitaine que le petit Major là embête Aphtal CISSE, celui là que le Député a connu grâce à Google.

Eh oui, je suis désormais caillou parmi les œufs : si un œuf tombe sur moi il se casse ; si je tombe sur un œuf, il se casse. Eh oui, les délices des coups de fils là, moi aussi je vais gouter à ça dans ce pays.

Plus sérieusement, ne vous en faites pas pour moi. Ma devise, c’est « fauché mais digne ». On est ensemble.

Mais faites toujours attention à vos commentaires, désormais ; on ne sait pas quel député ou quel Colonel vous lira, et vous …

J’ai dit !

* Policier ou Militaire


Elections législatives: Mes premières impressions…

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Qu’il me soit permis de prendre le pas sur les supers observateurs des élections législatives. Oui, avant les résultats définitifs et surtout avant les sempiternelles conclusions des observateurs (tout s’est bien passé ; les irrégularité notées ne sont pas de nature à entacher la crédibilité des résultats…), permettez-moi de me prononcer sur les résultats provisoires, sur les tendances, données par la CENI.

 

Selon ces tendances censées être provisoires, il appert clairement que le parti Union pour la République (UNIR, parti au pouvoir) est largement en tête. Je ne vais pas spéculer ; dans le bureau de vote où j’ai été Rapporteur, sur 320 bulletins, 190 sont favorables au parti UNIR, 71 pour le CST, 16 pour l’AEC… Il faut bien qu’il y ait un vainqueur, et ce vainqueur, c’est le parti au pouvoir. De ces résultats, j’ai tiré mes conclusions.

 

De l’imbécilité de l’opposition togolaise…

  1.       Avant les élections

    Alors que le Parti UNIR balisait le terrain, en sensibilisant ses membres, en multipliant des actes de séductions, et au besoin, en achetant des consciences, les partis de l’opposition n’étaient toujours pas encore fixés sur leur participation ou non aux élections. Lorsqu’ils se sont enfin décidés, oubliant les vrais problèmes, faisant fi des véritables réformes qui s’imposent, ils ont subordonné leur participation à la libération de certains de leurs militants, arrêtés dans l’affaire des incendies.

    Ils se sont rendus aux élections, sans un véritable travail de fond. Oui, beaucoup de personnes, même à Lomé, ne sont pas au courant de la scission ANC-UFC ; beaucoup ignorent que le parti CAR fait parti d’une coalition ; beaucoup ne savent même pas que NET est un parti politique, et que le STT est un syndicat. Néanmoins, tout le monde sait que l’oiseau blanc dans un carré bleu, c’est le signe du parti UNIR. A qui la faute ?

  2. Pendant les élections…

    Ce que j’ai vu dans mon bureau de vote m’autorise à penser que l’alternance politique ne viendra d’aucun parti de l’opposition, si ce n’est par un sursaut national. Comment espérer arriver au pouvoir, lorsque des délégués de partis politiques dans un bureau de vote, ne savent pas lire, ni écrire couramment français ? Comment voulez-vous être véritablement représenté dans un bureau de vote, en y envoyant de jeunes lycéens et collégiens, demi-lettrés comme délégués ?

    Je me suis amusé à faire un cours de droit constitutionnel et de droit parlementaire à tous les délégués de partis politiques, dans mon bureau de vote, ce qui a vraiment détendu l’ambiance, mais aussi et surtout contribué à les maintenir dans une sorte d’infériorité intellectuelle. Ils m’appelaient tous Fovi (Grand-frère), et j’en envoyais même certains me chercher de quoi manger, de quoi boire, et autre… Franchement, parmi ceux là, qui pouvait s’opposer à moi, si je décide d’annuler un bulletin de vote, durant le dépouillement ?

    Et comme beaucoup de ces jeunes délégués de bureau de vote l’étaient beaucoup plus par soucis d’argent (et combien encore) que par conviction, ils n’étaient pas capables d’attendre la rédaction des procès verbaux, le scellé de l’urne, et sa transmission, avant de s’en aller. A peine 18h, il n’y en avait plus un seul. Ils ne savent même pas que nous avons dû transporter les urnes sur la tête à 23h, du bureau de vote à la CELI.

  1. Après les élections…

Les candidats de l’opposition devront tout simplement garder silence, après les résultats, même si le Parti UNIR s’arroge 80 sièges sur 91. Il y a des rumeurs de fraude. J’ai même vu des jeunes vandaliser la voiture d’un député, qui tentait de livrer 10 urnes pleines à la CELI. Hormis ces cas flagrants, les partis de l’opposition ne devront s’en prendre qu’à eux même.

 

Voiture du député Djadja Avonyo caillassée par la population riveraine.Copyright: Aphtal CISSE
Voiture du député Djadja Avonyo caillassée par la population riveraine.
Copyright: Aphtal CISSE

 

Mon constat le plus amer, est que le peuple togolais est d’une immaturité incontestable. Nous avons tous été témoins de l’achat de conscience qu’il y a eu ça et là, de la part du parti au pouvoir. C’est à la veille du scrutin qu’il y a distribution de billets de banques, de T-shirt, de gadgets, et de promesses plates. Si tout cela a pu vicier le choix des togolais, il n’y avait pas de gendarme dans l’isoloir pour orienter ce choix.

 

Nonobstant leur misère, leur pauvreté, leur chômage, leur conditions difficiles, les togolais n’ont pas eu la jugeote nécessaire pour sanctionner la gestion calamiteuse de la cité. Hélas, pour un t-shirt, un billet de 2.000, le togolais a encore remis son sort entre les mains du même parti. Félicitations au gagnant : le peuple n’a que le dirigeant qu’il mérite.

D’une certaine redistribution des cartes.

 Le fait le plus flagrant de ces élections, est de loin le cinglant désaveu du peuple, du parti Union des Forces du Changement (UFC), qui paye au comptant son alliance avec le parti UNIR, et sa complicité dans l’accroissement de la misère du togolais. Ce parti n’a absolument rien à mettre à son actif, en plus de 7 mois de copinage avec le parti au pouvoir. Eh oui, cela, c’est la #Honte228.

 Par contre, les alliances Collectif Sauvons le Togo, et Arc-en-ciel, ont été plébiscités, et seront sans doute la prochaine opposition parlementaire. Je suis curieux et impatient de voir nos nouveaux parlementaires à l’œuvre. Je n’espère pas un blocage systématique de toute action gouvernementale ; mais j’attends quand même beaucoup d’eux.

 Certains nouveaux partis politiques ont également fait parler d’eux, et il va falloir désormais compter avec eux, qu’on le veuille ou non. Le NET a fait son baptême de feu, et se place dans une position plus ou moins confortable, même s’il n’arrive pas à gagner un siège au Parlement.

 

En tout cas, il n’y a pas à mon avis, bipolarisation du paysage politique comme le disent certaines radios internationales. Il y a juste une écrasante majorité parlementaire d’une part, et une disparate opposition parlementaire d’autre part.

De toutes les façons, je suis sûr que les recours seront légions, après les résultats définitifs. Mais toutes sortes de violence est à proscrire. En tout cas, celui qui y recourra fera preuve de lâcheté, et sera coupable d’atteinte suprême à l’intelligence des togolais. Encore faut-il que ces derniers en aient une.

 

J’ai dit !

 


Elections législatives: Ma mise au point du jour J-1

vote

Peuples du monde, la plus grande comédie électorale du Togo sera bientôt sur scène. Longtemps décriées, ces élections finiront par avoir lieu, dans moins de 24h. Afin de mieux comprendre ce qui se passe, et me faire ma propre opinion de la chose, j’ai réussi à être membre de bureau de vote; j’en suis même Rapporteur. Demain, je serai dans le Centre de Bureau de Vote de l’École Primaire Publique Cacaveli 2, dans le Bureau de Vote N°7.

Cet article, est une sorte de résumé, sur les différentes étapes de l’organisation de ces élections législatives. Bien entendu, je ne parlerai que de ce dont j’ai connaissance. J’aurai aimé vous faire des articles au jour le jour, mais les contraintes sont légions. Alors souffrez que j’insère des tweets, mes tweets, sur tout ce qui s’est passé jusqu’à cet instant.

 

Deuxième jour de formation…

Ce Mercredi, 24:

Vous l’aurez compris, je suis rentré chez moi, sans avoir été formé sur les procédures de dépouillements, de rédaction d’un Procès Verbal, transmission des résultats, et autres trucs assez techniques, et nécessaires à la fiabilité des résultats.

Mon cas n’est pas pire, car, il y a des présidents de bureau de votes, des rapporteurs, qui ne savent ni lire, ni écrire de façon correcte le français, langue officielle du Togo. J’ai envie de crier tout de suite que les élections n’augurent rien de bon, mais vous penserez que c’est parce que j’ai décidé de ne pas voter.

Hélas, ce que je vois, de mes propres yeux, ce que j’entends de mes propres oreilles, me laissent assez dubitatif, quant à la vérité des urnes. Ce qui me choque le plus, c’est le silence des partis de l’opposition qui prennent part à ce scrutin. En effet, chaque parti a un représentant et délégué dans les bureaux de votes, et ils sont donc informés des dysfonctionnements combien criards, dans l’organisation de ces élections. Ils se taisent, iront voter, pour contester les résultats après! Suprême sottise.

En tout cas, sachez-le: moi je ferai de la violence post-électorale; mais ma violence sera dirigée contre le parti politique qui osera contester les résultats, de ces élections, sans noter tout de suite les dysfonctionnements; ma violence sera dirigée contre le citoyen qui osera sortir manifester, alors qu’il n’a pas assisté au dépouillement dans son bureau de vote. Oui je serai vraiment violent contre ces futurs imbéciles.

Vous voulez éviter la violence, agissez maintenant. Que chacun prenne ses responsabilités. Les partis politiques qui ne disent rien sur le processus en cours devront tout simplement garder le silence. Le citoyen qui n’assistera pas au dépouillement, qui ne saura rien du procès-verbal de son bureau de vote, devra accepter les résultats, sans broncher.

A comportement de moutons, réaction de berger. Les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent.

J’ai dit!


Togolais, quel type d’hommes êtes-vous?

Pauvre de moi : je n’ai plus de radio. Non pas qu’on me l’a volé, ou que je l’ai égaré ; je n’ai plus de radio, car je viens de réduire en morceaux la seule que j’avais ; et délibérément, en plus. Je ne l’ai pas brisé, parce que j’en avais assez d’elle, ou que j’ai des poussées soudaines de violence, mais j’étais sous l’effet de la colère. Eh merde ! Les vieux ont raison, ne jamais réagir sous l’effet de la colère. Je viens d’en faire les frais. Ok ok, chers lecteurs, je sais que vous n’en avez rien à foutre, que je n’ai plus de radio ou pas, et que personne d’entre vous ne se proposera de m’en offrir une nouvelle ; mais je vais vous dire dans quelles circonstances cela s’est passé.

Eh bien, ce vendredi, (comprenez pourquoi je déteste le vendredi), après avoir écouté Appel sur l’actualité de Juan Gomez, je décide de tourner la fréquence, pour capter une radio locale, histoire de savoir également ce qui se passe à côté, tout près de moi. Je ne cherchais aucune fréquence précisément, alors j’évite soigneusement ces fréquences occupées par de pseudos pasteurs qui aboyaient la parole de Dieu, pour m’arrêter sur une radio où se tenait une émission-débat interactive ; vous savez, ces émissions où il y a un thème, des invités qui en parlent, et des auditeurs qui interviennent par téléphone. Le présentateur reprenait le thème du jour, un problème de foyer, soumis par une femme, ce qui suscite ma curiosité, et me retient. J’étais accoudé à ma table de travail, rédigeant un truc sur l’ordinateur que je venais de prêter chez un voisin. Voici le problème de la dame, sujet du jour :

 Je vis avec un homme avec lequel j’ai eu trois enfants. Il était chauffeur pour un homme d’affaires qui, la laissé pour raison de voyage (l’homme d’affaires a quitté Lomé). Depuis trois ans qu’il n’a plus de boulot, il ne reste qu’à la maison, et ne participe plus aux besoins de la maisonnée. Les frais de loyer, (une chambre salon), c’est moi ; les frais de scolarités des deux grands enfants, c’est moi ; même le manger c’est moi. Je ne suis qu’une commerçante aussi, pour qui, les affaires ne sont pas si fameuses que cela. Parfois ca me dépasse mais je n’ai pas le choix ; et mon mari n’a pas non plus de boulot, donc on se serre les coudes en attendant.

La semaine passée, on regardait la télé, avec mon mari et notre fille aînée, lorsque des personnes frappent à notre porte. On les fait entrer, et le plus âgé d’entre eux nous informe que sa nièce présente (il désigne la fille en question qui était avec eux), est enceinte de mon mari. Mon mari n’a pas nié et a reconnu la grossesse, tout en promettant à la famille de prendre des dispositions, pour que les choses rentrent dans l’ordre. Je ne sais pas quoi faire, aidez moi.

Tout d’abord le libellé du problème m’a mis hors de moi, me plongeant dans tous mes états colériques. « Merde », me dis-je. Encore un con d’homme, qui remercie sa femme de la façon la plus abjecte qui soit. Mais calmons-nous. Je me garde de verser dans un récit partisan. Le débat qui a suivi a été fort enrichissant. Le présentateur, j’avoue, était vraiment très bon en français, et ses invités étaient vraiment à la hauteur du débat : un musulman, professeur d’université, et un chef de canton. Des émissions comme je les aime : débat d’idée entre tradition, religion, et intellect.

J’ai suivi le débat avec intérêt, même si je n’ai pas vraiment été convaincu par les arguments avancés par les deux invités, chacun alliant sagesse et compromis. J’étais toujours aussi en rogne contre l’imbécile de mari qui, nourrit et blanchi par sa femme, a assez de force pour engrosser une autre femme. Jusque là je me maîtrisais, jusqu’à ce qu’un auditeur entre en ligne. Seigneur, ce fut le comble de l’ignominie et de la bêtise masculine ; c’était ce genre de point de vue qui, à la fois irréfléchi, machiste, et stupide, vous fait piquer une crise si vous avez les nerfs fragiles. Le gars fait les salamalecs, puis dis :

« Je comprends la dame, mais elle doit être forte. Elle doit être sage. Elle doit pardonner le mari, et accepter que la fille qu’il a engrossée vienne vivre avec eux. Si elle veut sauver son foyer, elle initiera volontiers cette fille, au métier de ses mains, pour qu’i y ait deux sources de revenus dans la maison. Les hommes sont ce qu’ils sont ; aux femmes de savoir les manager, pour la cohésion familiale, et le bien-être de la société. Je vous remercie»

« Le f*** de p*** », me suis-je écrié. Je quitte la table, téléphone au poing pour réagir aussi. Trop de personnes en ligne, le numéro de la radio sonnait occupé. Lorsque je réussi à entrer en ligne, on me met en attente, alors que je n’avais pas assez d’unité ; en tout cas juste assez pour crier à l’antenne « dernier auditeur là, sorcier, assassin, salaud, couguar »… Hélas, les vilaines standardistes de Togocel m’en ont empêché. Tellement furax, j’ai failli projeter mon téléphone contre le mur ; mais j’ai su raison garder : c’est mon premier Androïde, et puis ce n’est pas n’importe quelle marque, alors…

Mais bon, la radio continuer d’égrener les stupidités de ces messieurs qui maltraitent quotidiennement leurs épouses. Un autre cynique entre en ligne et dis, avec un sadisme calculé « le chômage n’interdit pas la polygamie ; et puis elle se plaint pourquoi ? Qui lui dit que la fille que son mari a engrossée est moins aisée qu’elle ? Cette femme est jalouse, et devrait penser à… » Je lui ai imposé le silence, à ma radio ; un silence éternel, hélas.

Hélas, car cela n’empêche pas ces abjects individus de débiter des âneries dignes d’un autre siècle.

Quoi, de quel sacrifice parle cet auditeur, pardi ? Rester auprès d’un homme improductif, si ce n’est pas un sacrifice, dites-le moi ; payer le loyer, alors qu’un imbécile dort dans ton lit, mange à tes frais, et peut-être même jouit encore de ton corps, y a-t-il plus grand sacrifice pour une épouse ? Y a-t-il un plus grand sacrifice pour une femme, de s’occuper des enfants, d’assurer leur scolarisation, alors qu’un homme sans dignité ni honneur, est là, bras croisés, à ne rien faire ? Qu’attendez-vous de plus, de vos femmes, togolais ?

Oui il y a de mauvais moments dans la vie d’un homme, oui un homme peut se retrouver au chômage, des années durant ; oui, le chômage n’interdit pas la polygamie, mais le chômage n’excuse pas l’infidélité ou le vagabondage sexuel. C’est à cause de ces hommes, et de ces genres d’émissions que ma fiancée hésite à m’épouser. Awo, je le dis et je le répète : prenez soin de vos épouses, si vous voulez ; mais votre honneur, votre dignité et votre amour-propre imposent d’être plus gentleman, et plus… prévenants. Et puis, à mon avis, il n’y a pas meilleur témoignage de l’honneur, de la dignité et de la probité d’un homme, que le bonheur de sa femme. Seuls les hommes intelligents rendent les femmes heureuses. Et toutes les femmes méritent des hommes intelligents.

J’ai dit !


Elections législatives: Ce que vous devez savoir

vote*

Bonjour à vous, chers lecteurs ! Vous allez bien, je suppose. Moi, al hamdou lilaye.

Vous n’êtes point sans savoir que le Togo est en plein processus électoral, et que tous les partis politiques sont en pleine campagne. En tout cas, le parti au pouvoir, UNIR (Union pour la République), est en plein dedans, et ne lésine pas sur les moyens ; matériels, humains comme financiers.

Au fait hier Samedi 13 Juillet, le parti UNIR a organisé une formation à l’endroit de ses membres et sympathisants qu’il compte placer dans les bureaux de votes. J’ai assisté également à cette formation, (en tant que citoyen, et blogueur, s’il vous plaît) que j’ai trouvée assez intéressante sur le plan intellectuel, d’ailleurs. Cela m’a d’une part permis de rencontrer un des candidats de la liste UNIR de la circonscription du Grand Lomé, et d’autre part, d’être témoin des méthodes pas vraiment orthodoxes, de ce parti. Mais là n’est pas l’objet de ce billet. Je me propose ici, de partager avec vous, ce que j’ai appris à cette petite formation. Je crois que cela mérite d’être connu de tous, pour le bon déroulement de ce scrutin. En tout cas, vous qui allez voter, méritez de savoir comment cela va se passer, le jour du scrutin. En ce qui me concerne, j’ai décidé de ne pas voter. Et vous le savez certainement déjà.

A-     Composition des bureaux de votes.

Tout d’abord, sachez qu’un bureau de vote est composé de Six (06) membres ; ni plus ni moins. Ils sont ainsi désignés :

  • Deux (02) membres sont désignés par la Majorité Parlementaire.
  • Deux (02) membres sont désignés par l’opposition Parlementaire.
  • Un (01) membre est désigné par l’Administration.
  • Et enfin UN (01) membre est désigné par l’opposition extra-parlementaire.

J’ai dit ni plus ni moins, car, les délégués des partis politiques, présents le jour du scrutin, ne font pas parti du bureau de vote, organisé de la manière suivante :

B-      Organisation du BV

Nous l’avons dit plus haut, le bureau de vote est composé de 6 membre : Un Président, Un Rapporteur, et 4 assesseurs. Notons ici qu’il est impératif que le Président et le Rapporteur du bureau de vote soient de sensibilité politique différente. Genre, Président UNIR, Rapporteur NET ou ANC. (ce n’était qu’un exemple). Quel rôle jouent-ils ?

1) Le Président du BV.

C’est le personnage principal et le premier responsable du bureau de vote. Il est censé être de bonne moralité, savoir lire et écrire, et être neutre dans l’exercice de ses fonctions. Il réceptionne les accessoires et documents électoraux. La veille du scrutin, il visite le BV, et y fait les derniers ajustements (hygiène, dispositions…)

Le jour du scrutin, il aménage la salle, avec les autres membres du BV, et coordonne les activités de ces derniers. Il leur explique brièvement le fonctionnement du BV, et donne des instructions pour le déroulement du scrutin.

2)      Le Rapporteur.

Comme première tâche, il reçoit la carte de l’électeur, vérifie sa validité, et son inscription sur la liste électorale ; ceci, aidé par un autre membre du BV. Il fait émarger l’électeur, lorsque celui-ci a accompli son devoir civique. A la fin du scrutin, le rapporteur inscrit le nombre de votants sur le Procès Verbal, remplit les exemplaires du procès verbal, et dresse un Procès Verbal final, après le dépouillement.

3)      Les Autres membres du BV

Les autres membres du BV, ou assesseurs, ne sont pas passifs, le jour du scrutin. L’un d’entre eux se tient à l’entrée de la salle, pour accueillir l’électeur et examiner ses doigts (pour déceler traces de l’encre indélébile, en fait). Un autre membre est assis à la table de décharge pour constater l’identité de l’électeur. Un autre membre veille su les bulletins de vote, et enfin un dernier est chargé de l’encre indélébile.

C-      Quid des délégués des partis politiques ?

Je le répète : le délégué de parti politique n’est pas membre du Bureau de Vote. Il ne fait que représenter son parti politique dans le BV. Il veille, pour le compte de son parti, au respect du libre exercice du droit des électeurs. Il doit être vigilent et éveillé, afin de noter toute irrégularité. Il pourra faire des remarques au Président du BV, et pas plus. Il gardera son rapport pour son parti politique. Un bon délégué de parti doit maîtriser toute la procédure de vote. Il suit attentivement le dépouillement, et doit réclamer une copie du Procès Verbal.

 Bon à savoir :

  • Trente minutes avant l’ouverture du scrutin, le Président ouvre l’urne en présence des autres membres du BV, (et des délégués des partis politiques, s’il y en a).
  • Le Président du BV vérifie publiquement les documents et les accessoires électoraux, en utilisant l’aide mémoire. Il dispose le matériel dans l’ordre indiqué dans l’aide mémoire.
  • Le président du BV annonce l’ouverture du scrutin.
  • Le Président du BV a le pouvoir de police, dans le Bureau de Vote. Il peut à ce titre, interdire l’accès à la salle à un électeur pouvant troubler le bon déroulement du scrutin (bruyant, véhément, port d’armes)
  • Le Président du BV peut requérir la présence de forces de sécurité dans les environs et dans le bureau de vote.
  • Le Président du BV peut expulser un électeur qui perturbe le vote, après consultation des autres membres du Bureau de vote.
  • Le Président du BV est censé ne jamais quitter l’urne des yeux.
  • Le Président du BV annonce la clôture du scrutin, après le vote du dernier électeur. Il fait compter le nombre de votants, veille à la rédaction du Procès Verbal par le rapporteur.
  • Enfin, le Président du BV proclame les résultats de son BV, après le dépouillement.

Et c’est tout.

Bon voilà, chers lecteurs, ce que j’ai pu retenir à cette formation. Je m’en voudrais énormément de ne pas partager ces précieuses informations avec vous. Si quelqu’un a quelque chose à y ajouter, qu’il le fasse dans la case des commentaires. Cela ne profitera qu’au grand nombre. Le but est de faire reculer l’ignorance, afin que la population soit sa propre sentinelle. Nous devons sensibiliser les uns et les autres, afin que chacun puisse savoir ce qui DOIT ÊTRE, et le comparer avec CE QUI SE FERA. Plus nous en saurons, moins nous dépendrons des partis politiques, de leur rapports, et autres combats qui ne sont forcément pas pour le grand nombre.

Ne nous trompons pas de combat : UNIR n’organise pas ces élections pour les perdre. Il usera de tous les moyens, licites et illicites, légaux et illégaux pour avoir la majorité absolue au Parlement. Souvenez-vous de la morale de la tentation de Jésus dans le désert : Le Diable connait très bien les paroles divines, alors l’interpréter à son avantage n’est pas un problème pour lui. De l’autre côté, nous avons une opposition un peu débile, qui participe à ces élections dans un esprit défaitiste, prêts à contester les résultats, qu’ils soient transparents ou pas.

Disons nous la vérité : ces élections peuvent être truquées, mais à l’avantage de l’opposition. Elles peuvent également être transparentes, et voir quand même la victoire du parti au pouvoir. C’est aussi cela, la politique. C’est au peuple, c’est à nous d’être vigilants ; à nous de décider de la transparence du scrutin ou pas ; à nous de nous faire notre propre opinion des résultats.

Voilà ce que j’ai pu enregistrer du passage combien maladroit du candidat UNIR. Bof…

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Si nous nous taisons, si nous sommes ignorants, si nous n’agissons pas, nous seront toujours ce stupide bétail au nom duquel, ces voyous aux cols blancs se réclament être les bergers.

J’ai dit !


Lettre ouverte aux Kabyès…

Par Jean-Claude Abalo. Lutte évala en pays kabyè. Pya, Togo, 17 juillet 2010.

Chers frères Kabyès,

Tout d’abord excusez-moi pour le canal de ce message. Il aurait pu être plus formel, plus respectueux, plus discret et il aurait dû suivre une procédure bien précise. Mais bon, je ne maîtrise pas vraiment vos us et coutumes, alors je m’adresse directement à la majorité ; en tout cas ceux d’entre vous qui savent lire.

Il ne fait plus de doute que vous autres Kabyès, êtes une ethnie forte. Vous êtes des gens dignes, honnêtes, probes, droits ; vous êtes des gens loyaux, travailleurs, respectueux, et forts. Et cette force qui caractérise vos hommes, vous en faites montre chaque année, à travers vos luttes traditionnelles, Evala. Il ne fait non plus aucun doute que, pouvoir politique aidant, ces luttes traditionnelles sont devenues, une fête nationale, qui s’imposait tacitement aux autres togolais. Au fil du temps, nous avons tous pris gout à ces luttes, et n’hésitons plus à nous joindre à vous, le moment venu.

Eh bien, cette année encore, chers frères Kabyès, vous vous soumettrez à ces rites ancestraux, aujourd’hui modernisés. Et selon ce qui se dit, cela se déroulera, cette année, en ce même mois de Juillet ; j’ignore quel jour précisément, mais c’est en Juillet, donc dans un avenir très proche. Le but de ma lettre, c’est de solliciter respectueusement, auprès de votre plus que haute bienveillance, le report des luttes traditionnelles « Evala ».

Ma prétentieuse demande n’est pas motivée par ces foutues élections législatives qui nous divisent et qui nous font perdre du temps et de la salive pour rien. Non, je n’oserai jamais solliciter le report de ces luttes traditionnelles juste à cause de cette comédie électorale qui se passe également en Juillet. Non ! Ce qui motive ma demande est bien plus grand, bien plus noble, et bien plus rassembleur. Le motif pour lequel je demande le report des luttes Evala, mérite qu’on se penche dessus, qu’on étudie la chose, qu’on cogite dessus sérieusement, et qu’on fasse quelque chose.

Eh bien, c’est simple : en Juillet, très prochainement d’ailleurs, nous autres musulmans, entamerons le Ramadan, le jeûne, ou le carême, pour faire plus simple. Et vous n’êtes pas sans savoir que cette période est celle de toutes les privations, pour les musulmans : nourritures, boissons, pensées perverses, sexes, activités trop festives, en tout cas non-religieuses. Or vous convenez volontiers que c’est tout ce qui accompagne ces luttes traditionnelles.

Oh, Kabyès, ayez pitié…

Dans mon cours d’Histoire, au Cours Primaire, on m’a appris que parmi les éléments venus du Nord, vous autres Kabyès êtes tombés du ciel. Mais moi je suis sûr que c’est faux, et que vous et nous (nous autres Kotocoli), sommes très frères. Ecoutez les supplications du petit Kotocoli que je suis.

Une chose est sûre, en période de Ramadan, nous autres Kotocoli musulmans, ne pourrons guère nous rendre à Kara. Et pourtant nous avons aussi une irrépressible envie de nous y rendre, retrouver nos autres frères du Togo qui prendront des congés pour l’occasion, ou qui déserteront délibérément leurs postes et services pour votre fête traditionnelle. Nous autres Kotocoli, voulons également faire une forte délégation de Sokodé, faire des réservations dans les hôtels sans étoiles ou les motels crasseux de Kara, pour assister aux luttes Evala.

Ayez pitié. Nous aussi nous voulons regarder, admirer, convoiter, toucher, déguster et savourer toutes vos belles filles, à la beauté sauvage et naturelle, à la chair tendre et ferme, qui se livrent presque gratuitement durant ces périodes de retrouvailles, désormais nationales. Ayez pitié, chers amis Kabyès. Nous voulons aussi participer à l’orgie ; et ce n’est possible qu’après le Ramadan, pas pendant !

Cela vous coutera quoi, de reporter de quelques semaines ces luttes, histoire de nous permettre aussi de nous gorger de votre bière locale, dans toute sa pureté, sa diversité, et surtout son abondance ? Nous sommes fatigués des Tchouk et Tchakpa mal cuits de Lomé ou de Sokodé ; nous voulons nous fondre dans la masse, et nous délecter du précieux nectar, de cet authentique jus de mil, servi dans de sales calebasses. Nous mourrons d’envie de profiter aussi de la promotion de la Brasserie sur les bières Castel, Eku, Awooyo, durant ces périodes. Ne sommes nous pas tous fils du Togo ?

Toutes ces viandes, licites ou non, qu’on frits, qu’on braise, qu’on grille, qu’on sèche, et qu’on vend à vil prix, aux alentours des aires de jeux, pourquoi voulez-vous nous en priver, hein ? Ces viandes de mouton, de boucs, de bœufs, de chiens, de chats, de porcs, de truie, de coq et de poule, de varan et de serpent, de perdrix et d’éperviers, de lièvre et d’écureuils, toutes ces merveilles culinaires, œuvre du génie Kabyè, pourquoi ne voulez-vous point qu’on en profite ensemble, cette année, hein ?

S’il vous plaît reportez ces luttes, car de toute façon, durant elles, seul le cœur de la ville de Kara bat normalement. Cela me sert à quoi de rester à Lomé, à Sokodé, ou à Cinkassé, durant les luttes traditionnelles en pays Kabyès, alors que le Président de la République, le Premier valet et ses ministres, sont à Kara ? Je ferai quoi à Lomé, lorsque je peux me rendre à Kara, avec mon Curriculum Vitae sous le bras, dans l’espoir d’y croiser un Directeur de Société, un Directeur de Ressources Humaines, un Chef Département Juridiques ou Risques ? Hein ?

Pitié, reportez ces luttes, car, que nous y soyons ou pas, nous ne verrons que cela à la télé. Toutes nos chaines retransmettent bêtement ce qui se passe à Kara, durant vos luttes traditionnelles. Chers amis Kabyè, vous voulez vraiment nous infliger cela, en cette période de ramadan ? Hein ? Vraiment ? Vous-même regardez l’encre de l’amertume dans laquelle j’ai trempé mon curseur ce soir, pour rédiger cette lettre…

D’ailleurs, il est impératif que ces luttes soient reportées, car vous vous en doutez peut-être, vos luttes sont désormais tout sauf traditionnelles. Elles ont été instrumentalisées, politisées, et même « économisées ». Vos fils ne se battent plus trop pour l’honneur de leurs famille et village, mais pour les sponsors et pour les sociétés qui leur confectionnent leur culottes et prends en charge certaines de leur charges, durant les entraînements. Il n’y a même plus de fair-play, entre les lutteurs.

Photo: Blog de Cleanson

Vous semblez vous livrer annuellement à un théâtre national. Les politiciens se sont transformés en metteurs en scène, et vous ne leur refusez plus rien. Eh bien le spectacle a pris, et nous sommes désormais friands de vos scènes. Le spectateur Kotocoli que je suis n’aimerait pas rater la représentation de cette année. Si vous pouvez consulter le calendrier politique du Président, au lieu des mânes des ancêtres avant de fixer la date de vos luttes traditionnelles, alors vous pouvez aussi attendre que je finisse mon Ramadan.

Je ne vous demande pas de m’attendre, moi, Aphtal ! Je vous demande d’utiliser votre fête pour la cohésion et l’unité nationale, vu que c’est l’une des rares occasions où tous les togolais, quelque soient les tendances politiques, les origines ethniques ou sociales, se retrouvent ensemble, dans la crasse de Kara, agglutinés près des aires de luttes, pour voir les lutteurs mordre la poussière.  Vous pouvez aller au-delà de la simple lutte Kabyè, pour faire de l’Evala, une fête véritablement nationale.

Mais en attendant que cela n’arrive, profitons de votre soumission à la politique. Faure n’est pas musulman, mais attendez quand même la fin du Ramadan. Vous ferez des hommes heureux, et la fête ne sera que plus belle.

J’ai dit !


Lettre ouverte à Gerry Taama, Président du N.E.T.

Letter (Credit photo: MorgueFile)

Cet article, prenez-le comme une sorte de lettre ouverte à Monsieur Gerry Taama, blogueur togolais, écrivain, et homme politique. J’ai fait un lien vers sa biographie complète, mais pour faire simple, Mr Gerry est le Président du parti Politique « Nouvel Engagement Togolais » (N.E.T). Cet article intervient à la suite d’une interview donnée par l’homme, à mes aînés d’Africardv, interview dans laquelle le Monsieur demandait à ce que soit mis fin au vote ethnique ; je vous rappelle que Mr Gerry est candidat aux législatives prochaines et tête de liste dans la circonscription du Grand Lomé.

Monsieur le Président, (du N.E.T. hein), j’ai lu avec attention et amusement votre interview publiée sur Africardv. De celle-ci, se dégage comme idée force, « il est temps que les togolais comprennent que le vote ethnique est aujourd’hui désuet, avec le brassage culturel ». Ceci, justement pour justifier votre candidature dans la circonscription du Grand Lomé, tout le monde vous connaissant comme originaire du Nord Togo (Siou, plus précisément). De prime abord, qu’il me soit permis d’avouer mon admiration pour votre façon de faire la politique. Le N.E.T fait partie de cette poignée de partis politique togolais qui font de la politique d’une façon un peu plus intellectuelle, un peu plus réfléchie, et assez innovante. Ceci dit, permettez-moi également de rebondir sur certaines de vos déclarations, qui m’offusquent, et qui, disons le, me laissent plus ou moins perplexe.

Les élections législatives, sont l’occasion par excellence pour le peuple souverain, d’investir du pouvoir législatif, ses dignes filles et fils. Même si la fonction principale d’un député est de légiférer, on ne saurait y réduire toute sa mission, qui est également celle d’écouter sa base, son électorat, d’abord, et le peuple dans son entièreté, ensuite. Le mandat législatif au Togo étant un mandat national (et donc non impératif, confer Article 52 de la Constitution Togolaise), le député, est quand même le représentant d’une localité, avant d’être le représentant du peuple. Ceci dit, vous convenez avec moi, que le vote est fortement empreint d’une marque de confiance ! Si votre ethnie ne vous fait pas confiance, qui d’autre le fera, Monsieur le Président ?

Lorsque moi je parle d’ethnie, je désigne cet ensemble d’individus, ayant en partage la même langue, les mêmes coutumes et traditions, les mêmes problèmes, les mêmes divinités et le même angle de vue. Oui, il y a brassage culturel, mais c’est également notre culture qui nous dit « qu’un morceau de bois a beau séjourner dans l’eau, il ne deviendra jamais caïman ».

A bien vous suivre, au nom de votre brassage culturel, un Ouatchi peut être député à Sokodé, un Kotocoli peut-être député à Vogan, un Losso peut être élu à Kpalimé, un Kabyè député pour Afagnan, un Konkomba pourra se présenter à Badou. Rien, absolument rien n’interdit cela ; d’ailleurs, cela est bien beau à priori, mais à mon avis, c’est du désordre politique. Désordre, parce que j’imagine mal un Ouatchi, battre campagne à Sokodé. Que dira-t-il ? Dans quelle langue le dira t-il ? Ira-t-il prier à la mosquée avec ses électeurs, après les meetings ? Fera t-il le Ramadan avec les Kotocoli, durant le mois saint ? Qu’a-t-il en commun avec cette paisible mais prudente population de Sokodé ? C’est dans cette logique que je m’inscris, moi.

Oui je sais qu’en vertu du mandat national, en vertu de notre vœu de faire de ce pays une nation forte, une et indivisible, il serait souhaitable qu’un candidat puisse se présenter partout où il le désire, partout où il sent pouvoir faire un excellent score. Mais en réalité, le Togo est une jeune nation, une trop faible démocratie, où méfiance et suspicion règnent. Commençons par faire confiance aux gens de notre famille, de notre village, de notre ethnie, avant de jouer la carte du brassage culturel, et du mandat national. Je vous convie à lire ces articles de Cyriaque Gbogou et de Nelson Simo, sur la trahison des nôtres.

Une autre de vos déclarations qui me dérange, moi Aphtal, est celle-ci : « (…) Je vis à Lomé, je travaille à Lomé, il n’y a pas de raison pour que je me présente ailleurs (..) ». Si je me permets une interprétation à contrario, je peux vous faire dire ceci : « Je ne vis pas à Siou, je ne travaille pas à Siou, il n’y a pas de raison que je m’y présente ». Est-ce à dire que vous ne vous rendez jamais (ou pas assez) dans votre village natal, Siou ? Que vous n’y êtes pas assez connu ? Que vous n’y êtes impliqué en rien ? Que vous n’y avez faites aucune réalisation ?

Dans le cas de l’affirmative, vous convenez avec moi, dans un Togo où tous les intellectuels et hommes politiques ne s’arrêtent qu’à la capitale, que c’est vraiment dommage, et d’ailleurs blâmable ! Vous reconnaissez que les gouvernés sont assez déconnectés de leurs gouvernants, et que les réalités ne sont pas les mêmes en ville qu’à la campagne. Si jamais vous devenez député (je vous le souhaite d’ailleurs), resterez-vous uniquement à Lomé, puisque c’est votre circonscription et où vous vivez et travaillez, au détriment de Siou dont vous êtes natif, et dont les vieux sont fiers et attendent beaucoup de vous ?

Vous avez décidé de participer à cette mascarade électorale, alors je ne reviendrai plus sur ma déception provoquée par la participation de l’opposition togolaise à ce vote. Oui je vous le dis, j’ai vraiment été déçu. Mais on s’en fout, vous avez déjà fait acte de candidature. Soit !

Mais mon problème se situe juste au niveau de votre appel à ne pas faire un vote ethnique. Je sais que tout ce que je dis ici, ne changera absolument rien, mais à compétences égales, je préfère donner ma voix à un Kotocoli qu’à un Kabyè ou à un Ewé. Et vous savez pourquoi. Au cas où aucun candidat de chez moi (Sokodé) ne fait le poids, et UNIQUEMENT dans ce cas, je consentirai à donner ma voix à un candidat togolais d’une autre région, et ce, dans l’intérêt supérieur de la nation. Dans le cas contraire, je m’abstiendrai de tout vote, car je préfère avoir un hémicycle vide, qu’un hémicycle mal occupé (Un Kabyè cultivateur, ne fera pas mieux qu’un Kotocoli routier, au Parlement).

Je vous, sais Monsieur Gerry, intelligent, éloquent, et compréhensif. Cet article ne vaut que ce qu’il vaut ; ce n’est que le point de vue, d’un jeune togolais longtemps déçu par ses hommes politiques, et indécis quant à son engagement politique à venir.

Qu’il vous plaise de lire en ces lignes, Monsieur le Président du N.E.T, l’expression de moult interrogations, couchées dans le respect dû à votre rang.

Nous aspirons tous à un Togo meilleur. Mais certains agissements politiques actuels n’augurent rien de bon. Ce n’est pas parce que nous ne disons rien que nous n’avons rien à dire. Vous au moins savez nous lire, et écrire ; voilà pourquoi je m’adresse à vous.

Que l’Eternel bénisse le Togo.

J’ai dit !