Lalatiana Rahariniaina

Noël et moi, un amour indéfinissable

Avez-vous déjà eu une relation compliquée ? Un jour, vous tombez amoureux. Un autre jour, cette relation vous déçoit et vous déprime. Vous avez envie d’oublier, de haïr mais au final vous n’y arrivez pas. Cette relation vous hante et ne vous lâche pas. Votre tête vous dit de tout arrêter mais c’est le coeur qui l’emporte. Un amour qui vous rend heureux et mélancolique. C’est tout un mélange de sentiments à la fois. Je vis ça avec Noël.

Je suis tombée amoureuse de Noël

Je suis tombée amoureuse de Noël dans ma tendre enfance. Un amour pur. Un amour simple. Un amour joyeux. C’est passé de génération en génération chez ma famille. Ma grand-mère était une grande adepte de la fête de la Nativité. C’était l’évènement de l’année le plus important pour elle. Elle était du genre à collectionner des friandises dans son sac pour les partager à nous, ses petits enfants le 25 décembre. Et malgré son invalidité, elle réussissait toujours à aller aux Pavillons Analakely (marché) pour nous acheter nos robes de princesses. J’adorais grand-mère au coeur d’ange. « Bebe (Grand-mère) Gâteau », on l’appelait, tout simplement parce qu’elle regorgeait de douceur et d’amour.

Dès le début du mois de décembre, on n’avait qu’une hâte: décorer le sapin. En ces temps là, on avait le vrai sapin naturel. C’était beau. C’était magique. Les chants de Noël étaient plus beau encore. C’est doux aux oreilles mais surtout au coeur. Le repas n’était pas ce qui m’emballait le plus. Par contre, pour les cadeaux, on était bien gâté. J’adorais ce temps là. Il n’y avait que du bonheur.

Tout ce bonheur a basculé

Tout ce bonheur a basculé un réveillon de Noël. Cet amour que j’avais pour le 25 décembre est devenu amère. Il m’a volé ma mère. Une semaine auparavant, elle disait encore que Noël était sa fête préférée. Je vous l’ai dit; l’amour pour cette fête est passée de génération en génération. Il était 1h du matin. Ma tendre mère a quitté ce monde bercée par l’écho des cantiques d’une église au loin. Des chants qui m’auraient rendu joyeuse. Mais ce que je ressentais était tout autre. Trahison. Injustice. Colère. Déchirure. Magie de Noël tant ressassée, où était-elle?

Pardon

Noël et moi avons rompu cette nuit là. « Comment pourrai-je encore l’aimer après qu’il ait pris ma mère? », me disais-je. Je me suis trompée. J’ai fini par le pardonner.

Trois ans après le départ de ma mère, je suis devenue maman à mon tour. Je ne pouvais plus garder cette haine envers Noël en moi. Je ressentais cette grande envie de faire passer aussi cet amour pour la fête de la nativité à mes enfants. Et tout en douceur, j’ai réappris à aimer décorer le sapin, préparer le repas, acheter les cadeaux… J’ai fini par adorer de nouveau les bons films de Noël. J’ai réussi par me laisser bercer par les douces et belles cantiques.

Noël et moi, c’est bien une relation compliquée, un amour indéfinissable. J’ai pardonné mais je n’ai pas réussi à oublier. Alors, depuis, je suis partagée entre joie et tristesse à l’approche de cette fête. Pour ma consolation, je me suis dit que la magie de noël était que ma mère soit partie un jour qu’elle adorait. Enfin, c’est ce que j’ai envie de croire.

 


Aidez-nous à sauver notre école

Nous avons lancé une campagne de levée de fonds sur Indiegogo: « S’il vous plait, aidez-nous à sauver notre école ». Plus de 80 enfants ont fort besoin de cette école. Et si nous n’atteignons pas notre objectif, nous courons malheureusement le risque de devoir fermer. Voici notre histoire.

Notre histoire

L’école a été créée par ma mère en 1995. Plus de 1400 élèves sont passés par notre DSC_1141établissement scolaire. Notre mère est décédée en 2008 et ma soeur et moi avons assuré la relève.

Après avoir loué pendant 18 ans, le propriétaire nous a demandé de quitter les lieux en 2013. Par chance, nous avons trouvé un autre local à louer tout près. Malheureusement, on nous demande à nouveau de partir à la fin de cette année scolaire. Depuis, nous avons cherché un endroit à louer sans succès. Par contre, nous avons trouvé le terrain idéal pour l’école qui se trouve également dans le même quartier. Le problème, c’est que nous n’avons pas les moyens de l’acheter.

Nous ne sommes pas une grande entreprise, et nous n’avons pas beaucoup de fonds. Ensemble, avec vous, nous voulons changer les choses. Et c’est pour cela qu’on a décidé de lancer cette campagne de financement participatif. Il y a un proverbe malgache qui dit: « Ny erikerika maha tondra-drano » (« Les petits ruisseaux font les grandes rivières.« ). Nous y croyons grâce à vous.

Pourquoi est-ce si important?

Ma mère disait toujours: « Éduquer c’est comme bâtir une maison. Il faut s’assurer que les fondements soient forts pour que les murs des différentes étages le soient aussi« . C’est la devise de notre école. Plus de 80 élèves sont inscrits à notre établissement scolaire. Ils ont besoin de nous.

Nous sommes conscients que notre tâche est loin d’être facile mais nous aimons ce que nous faisons. Participer à la construction de l’avenir de ces enfants est pour nous une fierté.

Cette école est l’héritage le plus significatif que notre mère a laissé pour nous et pour notre communauté. Nous n’avons pas le droit de baisser les bras et d’abandonner son rêve et sa passion.

Qu’est-ce que vous pouvez faire?

Il ne nous reste plus que vingt jours avant la fin de notre campagne de financement participatif (le 18 septembre 2016) sur Indiegogo. Vous pouvez encore nous soutenir en passant le mot à votre entourage et en faisant une petite donation. Nous comptons sur vous.

Lien de notre campagne: https://www.indiegogo.com/projects/please-help-us-save-our-school-education/

 


A 8 ans, on a volé son enfance

J’ai fait la rencontre d’une fillette plutôt maigre, à peine plus haute que … bref, elle est petite pour son âge. On va l’appeler Méline. Elle a 12 ans. Cette fille ne fréquente plus l’école. Elle vit loin de ses parents et de ses frères et soeurs.  Elle vient de la campagne et habite chez des inconnus. Elle n’est pas là pour des vacances. Méline y travaille en tant que domestique.

« J’ai commencé à l’âge de 8 ans » , dit-elle. Ses parents sont des paysans qui n’arrivent pas à s’en sortir financièrement. « Alors, j’ai décidé de les aider en devenant une bonne. »

8 ans? A cette âge, je vivais pleinement mon enfance même si mes parents ne roulaient pas sur l’or. J’étais en classe de CM. Et je passais beaucoup de temps à jouer comme tous les autres enfants de 8 ans. Enfin, pas tous. « Avec mes précédents employeurs, je n’avais absolument pas le temps de jouer » , raconte Méline.

Elle fait tout ce qui est tâche ménagère: le nettoyage, la cuisine, la lessive, le repassage, etc. « Je m’occupe aussi des enfants de mes patrons. J’aime bien m’occuper d’enfants » , me confie-t-elle.

Pour ce travail, cette pauvre petite gagne 25 000Ariary (à peu près 8 Euros) par mois. Une somme de misère qu’elle ne touche même pas puisque tout l’argent est directement récupéré par sa mère. Méline est la cadette d’une fratrie de 8 enfants. Certains sont mariés. Les autres sont des domestiques comme elle.

Je suis vraiment peinée par l’histoire de Méline. Et malheureusement, c’est loin d’être un cas isolé. Selon une enquête nationale sur le travail des enfants (ENTE) en 2007,  90 000 malgaches âgés de 5 à 17 ans sont impliqués dans le travail domestique. Leurs histoires se ressemblent presque toutes. Ces enfants proviennent de familles vulnérables. Ils quittent leur vie misérable de la zone rurale pour aller travailler dans de dures conditions – dignes d’esclavage – en ville.

« Je suis triste que je sois obligée d’être la servante de quelqu’un. J’aurai aimé pouvoir continuer à aller à l’école » , se désole Méline. Elle a arrêté à la classe de T3 (Cours élémentaire).

 

 


Simulacre de mariage pour séparer les jumeaux frère et soeur

Je vous ai déjà parlé du sort des jumeaux de Mananjary.  Les bébés jumeaux sont considérés comme source de malédiction. Autrefois, on les mettait à mort. De nos jours, d’après ce que j’ai entendu dire, ils sont abandonnés par leur famille et finissent dans des centres d’accueil ou dans des familles d’adoption.

Aujourd’hui, je vais parler d’une autre tradition malgache concernant les jumeaux, plus précisemment les jumeaux de deux sexes. Selon la culture malgache, le frère et la soeur sont des êtres « mpifady » (personnes tabous). Ils ne doivent pas se voir nus l’un l’autre. Ils ne peuvent pas se marier. En partageant le ventre de leur mère, le frère et la soeur ont pourtant malgré eux transgressé l’interdit. Et toujours selon les croyances, ils risquent de tomber amoureux entre eux plus tard en ayant justement été réunis dans le même utérus.

Dans la tradition malgache, lorsqu’il y a violation de « fady » (tabous), il faut conjurer le mauvais sort qui s’en suivrait. Pour le cas des jumeaux garçon et fille, la pratique veut qu’on rompe le ‘lien marital’ qu’il y a entre eux deux grâce à un simulacre de mariage. Voici des témoignages.

Vola: « Lorsque l’enfant est capable de marcher et courir tout seul, on construit une maisonnette en chaume où on place les jumeaux. On met le feu à cette cabane [ouverte] et les bébés se débrouilleront pour s’en sortir. »

Mi: « Je suis née avec un frère jumeau. Nos parents ont respecté cette tradition. Ils nous ont raconté que mon frère et moi sommes sortis de la cabane en feu à quatre-pattes. Je n’en ai aucun souvenir parce qu’on avait moins d’un an. Les adultes qui ont assisté à la cérémonie ont, parait-il, déclaré que desormais on n’était plus mari et femme mais frère et soeur. » 

Andria: « On a fait pareil avec mes aînés frère et soeur jumeaux. On leur a fabriqué une maison en carton et on y a mis le feu. Et il y avait même une fête. Maintenant, on ne dirait pas des jumeaux. C’est plutôt mon frère et moi qui sommes proches. »

La rupture du sort s’explique par le fait que les deux frère et sœur sauvent chacun leur vie sans se soucier de l’autre. Cela signifie qu’ils prennent chacun leur route dans la vie.

Faut-il garder ces croyances? Doit-on encore suivre la tradition? Certains parents ont témoigné qu’ils ne l’ont pas fait et que leurs enfants se portent à merveille. Beaucoup d’autres préfèrent ne pas mettre la vie de leurs enfants en danger. Néanmoins, il y a ceux qui veulent respecter les coutumes pour ne pas hériter des mauvais sorts.

Dans un article précédant, dans lequel j’ai parlé des interdits pendant la grossesse, j’ai avoué ne pas trop croire en ces superstitions. Je respecte toutefois ma culture et ma tradition où nos Ntaolo (ancêtres) sont réputés pour être dotés de sagesse. Le fait de parler aujourd’hui de cette histoire dans mon blog est ma contribution pour mettre à l’écrit le maximum d’us et coutumes malgaches. J’avoue n’avoir jamais entendu auparavant de cette tradition concernant les jumeaux frère et soeur. Une intéressante tradition que j’ai découverte par hasard sur les réseaux sociaux.

 

 


Oh petit peuple malgache, personne ne te protègera

Je suis totalement indignée par les récents évènements malheureux qui se sont produits à Madagascar. Il y a plus d’insécurité que jamais. Et les gens d’en haut au pouvoir ne semblent pas s’en soucier sérieusement.

26 juin vers 19h15, panique sur les réseaux sociaux. Les publications parlent d’un attentat à la grenade à Mahamasina lors d’un spectacle offert pour la célébration de la fête de l’indépendance malgache. Selon l’Express de Madagascar, 2 personnes sont décédées et plus d’une cinquantaine de personnes sont blessées.

26 juin
Un internaute revendique la démission de Mr Florens Rakotomahanina, responsable de la Circonscription interrégionale de la gendarmerie nationale (CIRGN) pour la région Analamanga. « Vous ne protégez pas le peuple, vous protégez les dirigeants et les politiciens » , dit cet internaute. Il a rapporté que, ce matin, les fouilles sur ceux qui ont assisté à la traditionnelle parade militaire ont été très minutieuses et sévères parce que le Président de la République était présent. Ce ne fut pas le cas lors du spectacle de l’après-midi parce qu’il n’y avait que des simples citoyens.

21 juin, environ 70 dahalo (bandits) ont attaqué un taxi-brousse dans le district de Beroroha où une trentaine de personnes ont péri. L’État a mobilisé 50 éléments de la gendarmerie et de l’armée pour sécuriser cette zone et retrouver la trace des criminels. 50 éléments ? Et combien de milliers ont participé au défilé militaire de ce matin [26 juin 2016] ? Est-ce bien plus important alors ?

12 juin, à la sortie d’une spectacle gratuite organisée par BIP, nouvel opérateur en téléphonie mobile à Madagascar, des spectateurs ivres ont saccagé sans état d’âme la voiture d’un particulier qui a juste eu le malheur de klaxonner ces individus pour demander son passage. A la suite de cet évènement, mon mari et moi, conscients que notre sécurité était en jeu, avions décidé de ne pas participer à la tradition annuelle d’emmener les enfants regarder les feux d’artifices du 25 juin. Nous nous doutions bien qu’un tel évènement se produise à nouveau.

En entendant les nouvelles de ce soir sur l’attentat à Mahamasina. On s’est dit qu’on a décidément bien fait. C’était notre façon à nous de nous protéger.

Oh, petit peuple malgache, personne ne te protègera. Tu ne peux compter que sur toi-même. Nos chers dirigeants sont occupés ailleurs. Les discours ne sont même pas rassurants. Nos forces de l’ordre semblent mieux maitriser la parade militaire que notre sécurité.

Pour ceux qui ont perdu leur vie à cause de l'insécurité - Image de Wake Up Madagascar
Pour ceux qui ont perdu leur vie à cause de l’insécurité – Image de Wake Up Madagascar

 


Mémoire d’enfance : notre radio imaginaire

Je me souviens que mon tout premier billet parlait de mes jeux d’enfance. Mais je ne vous ai pas tout dit. Un bon souvenir m’est revenu et j’ai pensé que ce serait bien de le partager aussi. Alors, voila. Ma sœur et moi avions notre propre chaîne radio. Et attention, elle avait même un nom : Radio Zig Zag. Ne me demandez pas pourquoi, parce que je ne connais pas la réponse.

L’animation de cette radio était un de nos jeux favoris et cela nous occupait bien pendant tout un superbe après-midi. Comme dans toute émission radio, le jeu comportait deux phases. D’abord, on préparait nos émissions – et avec un grand sérieux bien entendu. Ensuite, on passait à la présentation de ces émissions.

La Radio Zig Zag avait quatre émissions. Pour le hit parade, on devait lister, classer les top 10 de nos chansons favorites et choisir celles qu’on allait ‘diffuser’. Pour cela, il nous fallait compiler une cassette – et oui, c’était bien à l’époque des radio-cassette -, ou avoir les chansons prêtes sur différentes cassettes. Ensuite, nous avions l’émission spéciale dédicaces. Et vous le devinez sans doute, on inventait une petite dizaine ou vingtaine de dédicaces et de chansons à demander. Après, nous avions le journal infos où nous découpions les news à présenter à partir des papiers journaux. Et enfin, il y avait le « Tantara » , pièce radiophonique unique et en free style.

Pour présenter nos émissions, ma sœur et moi, nous nous mettions près de notre poste radio-cassette. Et souvent, à tour de rôle, on utilisait l’antenne pour micro. « Et sans surprise, à la première place cette semaine, What is love de Haddaway. Bonne écoute! » Puis on appuyait sur le bouton Play et on appréciait la musique où au beau milieu on n’oubliait pas de dire à voix basse « Radio Zig Zag » . « Et maintenant, un message de la part de Ony. Je dédie la chanson ‘All that she wants’ à tous mes amis de la classe 3ème de l’école Hasina » …

Comme c’était bien ce jeu! On devait avoir 12-13 ans à l’époque. Ah! J’aurai absolument voulu avoir un enregistrement de nos émissions. Dites, combien parmi vous faisaient pareil ?


Pas de Père Noël pour mes enfants

Rassurez-vous les amis, comme tous les ans, nous comptons bien célébrer Noël et nous gaver de tonnes de bonnes choses.

La période de Noël fait toujours référence à un personnage aussi mythique que sympathique, oui on y est tous, je veux parler de ce bon vieux bonhomme de Père Noël. Beaucoup de parents jouent le jeu à fond pour faire croire aux gosses qu’il vient à minuit déposer les cadeaux des enfants sages sous le sapin. Je respecte cette croyance. Et je sais que de nombreuses personnes ne seront pas d’accord avec moi. En effet, j’ai décidé que mes enfants ne croiront pas au Père Noël. Voici mes raisons.

Premièrement, ma sœur et moi avions su depuis toujours que le père noël avait été inventé de toutes pièces. Mes parents ont décidé de nous dire la vérité. Et tous nos noëls se sont bien passés et j’avoue même que ça reste ma fête préférée. Or, je ne sais pas pourquoi, mes parents ont fait autrement avec mon petit frère.

Une petite anecdote : Quelques jours avant noël, comme chaque année, mon frère écrit donc au cher Papa Noël pour lui faire savoir le cadeau qu’il aimerait recevoir. Notre père était chargé de poster la lettre. Le matin de noël arrive. Mon frère a hâte d’ouvrir son cadeau. « Mais ce n’est pas ce que j’ai demandé ! », s’exclama-t-il avec déception. Et voilà que mon père sort une excuse bidon comme quoi mon frère a écrit trop tard et que le Père Noël a dû improviser.

Bien plus tard, mon frère revenait de l’école choqué. Il s’est disputé avec des enfants (plus jeunes) qui lui ont dit que le Père Noël n’existait pas. Il m’a supplié de lui dire la vérité. Je n’avais plus le choix. J’ai donc confirmé les dire de ses camarades. Il a fondu en larmes. Il était tellement déçu et fâché en même temps contre mes parents. J’ai eu beau lui expliquer que mes parents étaient munis de bonnes intentions. Mon frère s’est tout simplement senti ridicule d’y avoir cru pendant toutes ces années. Et il se demandait même si les parents ne lui auraient pas aussi menti sur bien d’autres choses. Il était comme perdu. Témoin de sa réaction, je me suis jurée de ne pas faire vivre ça à mes gosses.

Deuxièmement, il arrive que tu te retrouves sans le sou et que ça tombe le jour de noël. C’est l’histoire d’une amie. Le matin de noël, son petit frère était tout excité et courait voir son cadeau sur ses souliers près de la cheminée. Mais les souliers étaient restés vides. Le pauvre petit les a pris pour les re-nettoyer. « Maman, je n’ai peut-être pas bien poli mes chaussures. Je vais le faire tout de suite et le Père Noël viendra sûrement plus tard. Je mérite un cadeau. J’ai été très sage cette année. » La mère fondit en larmes en entendant son fils. Que faire? Les parents n’avaient pas d’argent.

Troisièmement, vendredi, je suis allée faire des courses dans un supermarché. Je suis allée jeter un œil dans les rayons jouets pour avoir une idée sur les cadeaux des enfants et les prix. J’y ai rencontré des parents avec une liste. « Non, je ne suis pas très sûre que c’est-ce qu’elle a commandé« , disait la dame. « Oh mon Dieu! Tu as vu le prix? On ne peut pas se le permettre!« , disait un autre parent. Moi, je me sentais plutôt tranquille.

Mes gosses savent que les cadeaux sont des surprises. Bien sûr, ils ont le droit d’exprimer leur souhait. Et ils n’ont même pas besoin d’attendre Noël ou leur anniversaire pour cela. Mais ils savent très bien que c’est papa et maman qui choisissent le cadeau. Et jusque là, ils n’ont jamais été déçu. Je suis convaincue que c’est parce qu’ils ne s’attendent pas à une chose en particulier. Ils adorent même cette idée de les surprendre.

Revenons au Père Noël. J’ai expliqué à mes enfants que c’est une histoire comme dans leurs livres, dessins animés et films. On adore les histoires et surtout les belles histoires de noël. On me reproche de gâcher le rêve des enfants. Mais justement, les livres, les dessins animés et les films ne sont-ils pas censés nous emporter dans ce monde de rêve?

Les parents comme moi bousillent également la Magie de noël, dit-on. Pour moi, la magie de noël est loin d’être fictive, elle opère dans cette joie d’être en famille, de s’échanger des présents, la joie de célébrer la naissance du Petit Jésus.

En tout cas, Père Noël ou pas, excellentes fêtes à tous!


Interview: COP21, plutôt positive pour Madagascar

Interview de Mr Ralava BEBOARIMISA, Ministre de de l’Environnement, de l’Écologie, de la Mer et des Forêts de Madagascar sur la COP21

Qu’est-ce que vous pensez de ce projet d’accord?

Ce projet d’accord est positif pour nous parce que, comme annoncé ce matin, on va aller jusqu’à 1,5 degré. Et c’est une bonne nouvelle pour Madagascar. Pour un petit état insulaire comme Madagascar, c’est extrêmement important parce que la montée des eaux de l’océan peut être néfaste pour les îles ou îlots comme notre pays.

L’engagement de 100 milliards USD plancher jusqu’à 2020 est également une bonne nouvelle. Et au delà de 2025, il y aura une augmentation de cette contribution. C’est un point important aussi.

Mr Ralava BEBOARIMISA, Ministre de de l'Environnement, de l'Écologie, de la Mer et des Forêts de Madagascar
Mr Ralava BEBOARIMISA, Ministre de de l’Environnement, de l’Écologie, de la Mer et des Forêts de Madagascar

Vous êtes satisfait de ce texte?

Le texte en soit n’est pas encore sorti donc on a le temps cet après-midi pour avoir le texte complet pour trouver les accords qui y sont. Nous, on insiste beaucoup sur l’aspect adaptation pour un pays vulnérable comme Madagascar. Donc on attend de cet accord qu’il y ait un volet adaptation qui soit considérable.

Peut-on donc espérer qu’il y aura des projets sur la lutte contre le changement climatique a Madagascar?

Ce qu’on attend pour le moment, c’est la sortie du texte cet après-midi. Ils ont parlé de justice climatique. C’est à dire les pays développés qui polluent et qui sont responsables du changement climatique dans des pays comme Madagascar sont d’accord pour faire de gros efforts pour nous aider à faire face à la lutte contre le changement climatique.

Quels sont les intérêts pour Madagascar d’avoir signé le contrat de vente de crédit carbone? 

Ce contrat a été fait à Bruxelles le mois dernier. Dans ce contrat, il y a des projets avec la Banque Mondiale qui va financer des projets ayant pour objectif la séquestration de carbone. Il y a plusieurs communes et régions dans ce projet avec un objectif de 10 milles tonnes de carbones séquestrées. Si le prix du carbone est actuellement de 5 à 9 USD, on pourra avoir du financement grâce à la vente de crédit carbone qui sera de l’ordre de 50 à 90 millions USD.

12 pays ont soumis leur candidature pour ce projet, 8 ont été sélectionnés dont Madagascar. Ce contrat est pour la lutte contre le changement climatique et la reforestation. Ce qui est très important également, ce sont les projets pour les communautés de base. Nous le savons très bien, ce n’est pas la première fois que Madagascar vend du crédit carbone. On en a déjà vendu à WCS, à Conservation International. La moitié de la somme reçue sera allouée aux projets de développement des communautés de base.

Pour résumer, pour l’instant est-ce que vous êtes satisfait de cette COP?

C’est plutôt positif. Je suis plutôt satisfait même si c’est un accouchement difficile.

 

 


COP21: L’Afrique se bat-elle suffisamment fort?

Les négociations de la COP21 continuent toujours à Paris. Hier, j’ai fait la rencontre de Marion Richard, Coordinatrice du  Réseau Climat Développement, France et Aissatou Diouf, Chargé de plaidoyer changement climatique, Sénégal. Nous avons discuté ensemble à propos du futur Accord de Paris et de la situation de l’Afrique.

Où sont nos dirigeants? Où sont nos ministres?

Beaucoup s’étonne du grand silence des dirigeants et ministres africains. “On a l’impression qu’ils ne sont pas ici”, dit Aissatou Diouf. Seul l’Afrique du Sud a parlé au nom du G77. “Où sont nos dirigeants? Où sont nos ministres? Il est difficile pour nous de savoir qui va défendre et parler pour notre communauté. Nous voulons qu’ils prennent la parole et qu’ils fassent pression sur la question financière, la technologie, les droits humain et l’égalité des sexes.”, clame-t-elle.

Aissatou Diouf (g) et Marion Richar (d)
Aissatou Diouf (g) et Marion Richard (d)

Les points vitaux pour l’Afrique dans cet accord:

Financement de la lutte contre le changement climatique

L’Afrique et les petits États insulaires se disputent pour être inscrits comme étant les plus vulnérables dans cette fameuse résolution qui tarde à naître. Marion Richard estime que ce n’est pas le plus important. « Si l’Afrique est décrite comme la région la plus vulnérable, mais qu’au final, elle n’obtient pas de financement, alors cela ne signifie absolument rien”.

A partir de 2020, les pays du Nord ont promis 100 milliards de dollars aux pays du Sud pour financer la transition énergétique. Cette somme reste pour le moment au coeur des débats.

Aux dernières nouvelles, un problème réside sur le fait que les pays développés ne veulent plus être les seuls à payer. Dans le texte, ils sont reconnus comme étant historiquement responsables de la pollution et sont donc obligés de fournir le financement de la lutte contre le changement climatique. Mais ils demandent à ce que les pays du BASIC – Brésil, Afrique du sud, Inde, Chine – participent aussi au financement climatique. Or ces derniers ne veulent pas fléchir sur ce point.

1,5 ou 2 degrés?

De plus en plus de pays sont d’accord à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5°C. “Ceci est très important pour l’Afrique et pour la plupart des pays vulnérables parce que 2 degrés c’est déjà trop. Mais une fois de plus, cela ne servirait à rien si l’on ne met pas les moyens pour y parvenir.”, dit Marion. Ces pays devraient définir un objectif à long terme. Par exemple, décarboniser l’économie d’ici 2050 ou utiliser 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050. Parce qu’avec les INDC actuels, on court vers un réchauffement climatique de 3°C. “C’est terrible. Ce sera le chaos pour le continent noir.” Il est donc important de réviser ces engagements nationaux.

DSC_0273.NEF

Il faut un mécanisme de révision

L’enjeu c’est d’abord avoir tout le monde à bord mais aussi d’avoir un mécanisme d’évaluation et de révision tous les  5 ans.

Comme ça on relève le niveau de l’ambition à la fois sur les questions de réduction des émissions de gaz à effet de serre et sur les questions de financement”, dit Aissatour Diouf.

Si on essaie d’avoir des compromis et amener tout le monde à accepter les cycles de révision, peut-être qu’on pourrait atteindre les objectifs qu’on s’est fixé avant 2020”, explique-t-elle.

Accord ou pas? Et ensuite?

Aissatou Diouf et Marion Richard sont confiantes qu’il y aura bien un accord demain. La question qui reste est de savoir si il sera suffisamment ambitieux ou pas. Elles en doutent vu l’évolution des choses.

En tout cas, la lutte continue. L’accord de Paris ne résoudra pas les problèmes de changement climatique.

« Paris n’est pas un point d’arrivée, c’est un point de départ. »

« On doit continuer à travailler au niveau de nos pays pour renforcer la mobilisation et la concientisation citoyenne, pour faire en sorte que nos gouvernements soient redevables vis-à-vis de nous et qu’on soit consulté pour les solutions », s’enthousiame Aissatou Diouf. 


COP21: Madagascar marque des points

COP21? Engagement-climat? Est-ce réellement une priorité pour un pays comme Madagascar? Des personnes pensent que seule la lutte contre la pauvreté est primordiale.

Moi, je pense que dans un pays où il y a tant à faire, où tout reste à reconstruire, une chose positive de faite est déjà un pas en avant, même si ce n’est pas lié directement à l’économie ou au social.

Pavillon de Madagascar à la COP21
Pavillon de Madagascar à la COP21

Je suis actuellement à Paris pour assister à la COP21 en tant que journaliste citoyenne et même si je ne suis affiliée à aucune délégation, c’est quand même une sacrée fierté de voir que Madagascar a son pavillon dans ce concert des nations. Pour mes amis du Kenya, par exemple, leur pays n’en a pas.

En quête d’informations à partager à mes lecteurs, j’ai donc essayé plusieurs fois d’approcher les responsables de la délégation malgache à Paris. Malheureusement, Dr Hery Rakotondravony, du haut de son piédestal de directeur du Bureau de Coordination des Changements Climatiques de Madagascar, ne semble pas vouloir m’accorder même cinq minutes de son si précieux temps. Jean Pierre Feno, le Directeur Général du Trésor quant à lui veut bien répondre à mes questions mais ne m’autorise pas à publier ses mots. A quoi bon? Ces fameuses négociations relèvent-elles du secret d’état pour qu’une fois de plus les citoyens sont poliment priés de passer leur chemin? Bref, je suis allée pêcher ailleurs.

L’initiative AFR100

L’initiative AFR100 engage une dizaine de pays africains, dont le Congo, le Kenya, le Niger, l’Ouganda, le Burundi, le Rwanda, le Liberia, le Malawi, le Togo et Madagascar, à restaurer 100 millions d’hectares de forêt d’ici 2030.

Lors d’un forum dans le cadre des discussions climatiques des Nations unies, la Banque mondiale, le gouvernement allemand et d’autres partenaires se sont engagés à consacrer plus d’un milliard de dollars américains en fonds de développement et 540 millions USD en financement privé pour une réforestation massive en Afrique.

Pour le cas de Madagascar, intégrer un tel programme est fondamental. En effet, les forêts qui font sa rénommée risquent bel et bien de tout bonnement disparaître. L’année dernière, l’île a perdu près de 320 000 hectares, soit 2% de sa superficie forestière. Or elles abritent des espèces végétales et animales parmi les plus endémiques au monde.

Prix Équateur 2015

Le prix équateur 2015 est une récompense aux efforts communautaires qui visent à réduire la pauvreté, à protéger la nature et à renforcer la résilience face aux changements climatiques. 21 lauréats ont été choisis émanant des pays suivants: Belize, Bolivie, Brésil, Cambodge, Chine, Colombie, République démocratique du Congo, Ethiopie/Kenya, Honduras, Indonésie, Madagascar, Malaisie/Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tanzanie et Ouganda.

Les gagnants participent à un sommet communautaire pendant les deux semaines de la COP21 à Paris. Ils ont reçu des récompenses de 10 000 USD chacun le 7 décembre 2015.

Union Soamitambatra est le projet malgache qui a reçu ce prix équateur 2015. C’est une initiative fondée sur le système traditionnel de gouvernance malgache donc gérée par le “fokonolona” (groupe communautaire) et financée grâce au collecte de “dina’’ (cotisation des citoyens) pour régénérer la forêt Badika (dans la région du sud ouest de Madagascar) et ses lacs environnants.

Parce que l’Océan:

Selon des études récentes, l’océan absorbe 25% des CO2 émis et 90% de l’excès de chaleur associée au changement climatique. Il représente pourtant 75% de la surface de la terre et produit la moitié de l’oxygène respiré par chaque être humain. Il va sans dire que c’est également une source principale d’alimentation et de revenus pour de nombreuses populations côtières. Reconnaître et inclure l’océan dans les débats climatiques est donc une juste évidence.

Des représentants étatiques et de la société civile se sont retrouvés le 29 novembre à Paris lors de l’évènement Because the Ocean, tenu au Pavillon Tara « Océan & Climat ». A ce jour, 22 pays (Aruba, Australie, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, la Republique dominicaine, Fidji, France, Guinée-Bissau, Kiribati, Madagascar, Mexique, Monaco, Maroc, Pays Bas, Nouvelle Zélande, Palau, Sénégal, Seychelles, Espagne, Suisse) ont signé la déclaration “Because the Ocean” et soutiennent trois objectifs concrets et communs: un rapport spécial sur l’océan par le GIEC, la Conférence des Nations Unies sur l’océan SDG à Fidji en Juin 2017, et l’élaboration d’un plan d’action pour les océans sous la CCNUCC.

Les signataires de la déclaration Parce que l’Océan le 4 Décembre (de droite à gauche): Valvanera Ulargui Aparicio, directrice du Bureau espagnol du changement climatique; Prince Albert II de Monaco, hôte de la cérélonie; Hans Hoogeveen, vice-ministre néérlandais de l’agriculture; Ralava Beboarimisa, ministre malgache de l’environnement; et Hakima El Haite, ministre marocain de l’environnement. © IIDD

Y a-t-il d’autres projets intéressants pour Madagascar?

En posant la question à Michel Omer Laivao, responsable de l’unité changement climatique au ministère malgache de l’environnement et des forêts, humblement, ce dernier ne souhaite pas se prononcer: “C’est à nos ministres de faire les déclarations mais en tout cas il y a beaucoup de projets acquis et en cours de discussion pour Madagascar en dehors des négociations de la COP21’’, promet-il.

 


COP21: de l’espoir pour l’Afrique ?

Nous sommes à deux jours de la fin de la COP21 et un suspens insoutenable plane sur la ville: l’accord de Paris sera-t-il signé ou pas ? Beaucoup semblent pessimistes.

Amy Dahan Dalmedico, directeur de recherche au CNRS et directeur-adjoint du Centre Alexandre Koyré : « Là, on est à mi-parcours, je ne sais pas comment ça va se finir. Il faut qu’il y ait une clause de révision des engagements régulières et transparentes. C’est très important. Si on n’y arrive pas cette année, il faudra qu’on revienne à la charge l’année prochaine. Sinon, ce sera toujours un divorce entre les mots et les actes, les paroles et les faits. Il faut qu’on en parle, que les projecteurs soient braqués sur les pays pour voir où est-ce qu’ils en sont, avec les scientifiques qui surveillent. »

Mais qu’est-ce qu’on peut déjà retenir de la COP21?

Amy Dahan Dalmedico
Amy Dahan Dalmedico

Amy Dahan Dalmedico: « Ce qui a changé par rapport aux autres années, c’est que tout le monde est là. Tout le monde s’est engagé à combattre le changement climatique. Donc, de ce point de vue là, tout le monde est concerné. »

En effet, les pays ont montré leur volonté de s’engager dans la lutte contre le changement climatique notamment en soumettant leurs contributions nationales (INDC). 53 sur 54 états africains ont fait leur part.

Dr Johnson Nkem
Dr Johnson Nkem

Lors de la journée de l’Afrique, le 8 décembre, Dr Johnson Nkem de la commission économique des Nations Unies pour l’Afrique déclara : « Les INDC des pays africains couvrent au total 10 secteurs: l’énergie, l’agriculture, la foresterie, l’industrie, la gestion des déchets, le transport et infrastructures, la santé, l’écosystème et la biodiversité, la ressource en eau et la protection des zones côtières. »

Hery Rajaonarimampianina, président de la république malgache, a d’ailleurs précisé dans son discours: ‘’Je porte ici aussi la parole des 600 000 sinistrés climatiques que nous enregistrons chaque année, je parle de la destruction des infrastructures sociales et de production, ainsi que de la perte de récoltes par milliers de tonnes, due à l’ensablement des surfaces cultivées, alors que l’amélioration de la nutrition de notre population est une préoccupation centrale dans notre lutte contre la pauvreté. Le changement climatique est en train de miner ce que nous avons de plus important pour notre développement: notre Capital naturel.’’

Madagascar, dans ses INDC, s’engage ainsi à réduire de 14% ses émissions de gaz à effet de serre. ‘’Avec l’appui de nos partenaires, nous estimons pouvoir atteindre l’objectif de réduction de 30%. Dans cette même ligne, Madagascar, augmentera de 32% sa capacité d’absorption d’ici 2030 et s’efforcera de consolider un puits de carbone compatible avec son essor économique’’, dit le président de la république malgache.

Où en est l’Afrique dans ces négociations? Peut-on être confiant?

Activistes représentant la société civile à la COP21
Activistes représentant la société civile à la COP21

Le Réseau Action Climat estime que « Jusqu’à présent, la société civile africaine a trop peu entendu les pays africains dans ces négociations climat. Il reste quelques heures seulement aux Ministres et chefs de délégations africains pour prendre la parole pour défendre haut et fort les intérêts leurs populations, qui sont déjà très affectées par les changements climatiques. Ils ont dans leurs mains le destin des communautés africaines, les plus pauvres et les plus vulnérables.’’

Amy Dahan Dalmedico est persuadée que : « L’Afrique n’aura pas suffisamment encore de garantie sur l’argent qu’elle devrait recevoir. Pas mal de pays africains ont fait des efforts en ce qui concerne les INDC mais à condition qu’ils reçoivent les fonds nécessaires évidemment. Ils vont en recevoir un peu. Mais d’abord, ce ne sera pas pour tout de suite. D’ici 2020, rien n’est garanti comme somme. Je pense que de ce point de vue là, il faut continuer à se battre pour une augmentation des chiffres. Et ce n’est pas seulement l’Afrique qui se bat. Tout le monde est conscient du fait qu’il faudra beaucoup d’argent pour équiper, aider un continent comme l’Afrique à prendre une énergie soutenable et aussi adapter l’agriculture aux impacts climatiques. »

Michel Omer Laivao, responsable de l’unité changement climatique au ministère malgache de l’environnement et des forêts, déclare quand à lui que « Les négociations sont toujours en cours et on exploite à fond toutes les techniques de négociation. L’Etat Malgache n’est pas perdant tant que la COP n’est pas terminée. »

 

 

 

 


Hôtel Happy: un engagement citoyen

Mahavelona, plus connu sous l’appellation « Foulpointe », est une ville située dans la zone littorale est de Madagascar. J’aime bien y passer des vacances pour sa proximité par rapport à Antananarivo (d’où je suis), pour sa plage paisible et pour le coût de la vie qui est plus ou moins abordable. J’y suis allée récemment et j’ai fait la rencontre d’une personne assez unique en son genre: RASOLOARIMANANA Andriamananjara (Njara), gérant/associé de l’hôtel Happy où j’ai séjourné.

Compte-tenu du fait que Foulpointe est une destination touristique, les hôtels y pullulent mais l’établissement que notre ami Njara gère émerge du lot. En effet, Happy est presque entièrement autonome quant à son approvisionnement en énergie: il utilise des panneaux solaires.

Panneaux solaires utilisés par l'hotel Happy - Foulpointe MadagascarPourquoi l’énergie solaire?

« Nous avons le soleil toute l’année (de 310 à 320 jours par an). Pourquoi s’en priver?« , réplique Njara.

Il explique aussi que c’est leur contribution à la protection et à la préservation de l’environnement. Enfin et non des moindres, c’est pour ne pas être dépendant de la JIRAMA (fournisseur en eau et électricté à Madagascar). A Foulpointe, pendant les périodes de vacances, surtout de juin à aout, même en septembre, il y a deux délestages: le matin et le soir. « Nous avons de l’autonomie grâce à l’énergie solaire. Ce qui satisfait la clientèle« , avoue-t-il.

Hotel Happy Foulpointe MadagascarJ’ai découvert cet hôtel l’année dernière. Son emplacement lui assure une tranquilité à toute épreuve que moi, petite citadine stressée, recherche. Une chose qui m’a attiré de prime abord, c’est ses couleurs vives. Chaque chambre a sa propre couleur et ça donne à l’ensemble un air vivant.

Hotel Happy Foulpointe ToamasinaDans les chambres, l’utilisation de puissants appareils électriques est interdite. J’ai demandé à Njara si une telle interdiction ne décourageait pas les clients. Il m’a affirmé que les clients comprennent leur idée de protection de l’environnement. D’ailleurs, ce qui importe surtout pour les clients c’est qu’il n’y ai pas de coupure de courant. Moi, franchement, je peux me passer de ces appareils pour quelques jours de vacances paisibles. En fait, ce que j’aime aussi c’est leur chambre familiale avec cuisine où, quand je séjourne avec mes enfants, je peux leur préparer à manger comme à la maison et ils adorent ça. Pour information, l’hôtel propose également des chambres double et pour 4 personnes.

D’où vient cette idée de protéger l’environnement?

A Madagascar, il est assez rare de rencontrer un entrepreneur qui se soucie vraiment de l’environnement et qui en a fait la base de son modèle économique.

RASOLOARIMANANA Andriamananjara (Njara), gérant/associé de l’hotel Happy
RASOLOARIMANANA Andriamananjara (Njara), gérant/associé de l’hôtel Happy

Njara est-il un activiste écologique? Je ne sais pas. Ce qui est sur c’est qu’il a un mode de vie qui diffère de la pluplart des malgaches.

A part les plaques solaires, son foyer utilise aussi un four solaire et des « fatana mitsitsy » (réchauds à charbon économiques) de l’ADES. « Au lieu de dépenser 1kg de charbon, nous n’avons besoin que de 250g« , explique Njara. « Les produits ADES sont très intéressants mais peut-être qu’ils ne sont pas à la portée de tous les foyers malgaches. 15,000Ar pour le réchaud d’ADES est un prix correct mais les gens préfèreront sans doute les soit-disant « fatana mitsitsy » qui sont moins efficaces mais qui coûtent 2,000 ou 3,000 Ariary au marché », précise-t-il.

La pépinière de Njara
La pépinière de Njara

Njara a la main verte. Il plante des arbres fruitiers, des légumes et des brèdes dans son jardin. Il fait lui-même son compost. « Je ne veux absolument pas utiliser des produits chimiques pour justement protéger l’environnement« , dit-il. Et il ajoute:

« Même si c’est une petite initiative personnelle, c’est ma contribution à la lutte contre le réchauffement de la planète. »

Changement climatique à Madagascar?

Voici ce qu’en dit Njara:

« Il y a le changement climatique à Madagascar et dans le monde entier d’ailleurs. Pour donner des exemples sur la côte Est de l’île, les bordures de la plage diminuent à cause de la montée des eaux parce que les glaciers du pôle nord fondent. Les températures à Toamasina qui  devraient être aux alentours de 30°C montent jusqu’à 32, 34, 35. Avant le soleil ne brulait pas la peau. Ce n’est plus le cas actuellement. »

Njara estime humblement que ce qu’il fait relève d’une petite initiative. Moi, je suis persuadée que le changement passe par de telles petites initiatives citoyennes. Je lui souhaite sincèrement sa « part de soleil » dans son entreprise.

*** Cet article a été réalisé dans le cadre du projet Médias21 Afrique de CFI, l’agence française de coopération médias.


L’Afrique et le défi énergétique

Depuis quelques mois (pour ne pas dire années), la population malgache n’en peut plus des délestages quotidiens. Des délestages qui sont devenus une préoccupation principale des Malgaches, car ils affectent jusqu’à leur subsistance.

J’avoue qu’étant moi-même victime de ces coupures intempestives, j’ai cherché une solution à ce problème en me tournant vers les énergies renouvelables. Jusque-là, je ne me suis pas lancée parce que je trouve que les offres présentes sur le marché sont hors de prix. Le souci ne réside pas dans la question de rendement à long terme mais surtout l’accès onéreux à une énergie propre. Un panneau solaire pour juste deux lampes, la télé et charger un téléphone coûte environ 800 000 ariary. L’électrification de toute la maison (lampe dans chaque pièce, télé, frigo…) peut facilement monter jusqu’à 30 millions d’ariary selon une connaissance.

Je suis actuellement à Victoria Falls, Zimbabwe pour assister à la 5e conférence annuelle sur le changement climatique et le développement en Afrique (CCDA-V). Et durant les différents discours et discussions, on estime à de plus de 500 millions le nombre d’Africains qui n’ont pas accès à l’électricité. Le problème est énorme. D’autant plus, l’électricité pour tous est l’objectif à atteindre en 2030 en Afrique.

Des pratiques destructrices de l’environnement

Pr Thomson Sinkala
Pr Thomson Sinkala

Le professeur Thomson Sinkala, président de Biofuels Association de Zambie, a avancé que l’Afrique a vécu avec des pratiques qui se sont révélées destructrices pour l’environnement: la culture itinérante, la production incontrôlée de charbon, le braconnage, les feux de brousse qui restent souvent impunis, le gaspillage né d’une exploitation minière sauvage et irréfléchie. Il donne même des chiffres montrant l’énormité de la perte: “On a besoin de 6 à 10 tonnes de bois pour produire 1 tonne de charbon de bois; et chaque ménage consomme 1 à 1,3 tonne de charbon par an

Que faire?

Le charbon a énormément affecté l’écologie, l’économie et la santé. Il est évident qu’il faut faire quelque chose. Les experts proposent diverses solutions à l’utilisation des charbons de bois et du bois de chauffe mais aussi l’électrification. Il y a le panneau solaire, l’énergie éolienne, la biomasse, le biogaz, l’éthanol… des énergies qui se caractérisent toutes par leur propreté et leur état perpétuel.

Je suis personnellement convaincue des bénéfices qu’apportent ces énergies propres. En effet, le professeur Muna Ahmed et son équipe de chercheurs ont offert des unités de biogaz à 15 ménages dans l’Etat du Kordofan Nord-Soudan. Elle a cité quelques atouts sur l’utilisation du biogaz : les femmes n’ont plus besoin de couper et utiliser le bois, le temps passé à la cuisine est réduit, et ça donne plus de temps à passer avec les enfants.

Les énergies vertes et renouvelables réduisent également les risques d’infections respiratoires puisqu’elles sont sans fumée et sans cendre. L’écologie n’est pas en reste avec une réduction de la déforestation et des émissions de gaz à effet de serre.

Lampe solaire que j'ai vu à l'exposition de CCDA-V
Lampe solaire vue à l’exposition de CCDA-V

Mais qu’est-ce qui empêche donc les Africains d’adopter ces solutions?

Selon Anne Nyambane, ESPA Fellow at the SEI Africa – Nairobi, beaucoup de gens vivent de la forêt. Ils y trouvent de la nourriture, des plantes médicinales. Ils y prennent du bois. “La promotion de l’énergie propre aurait un impact négatif sur ces personnes”. Les énergies renouvelables peuvent aussi donc détruire toute une mode de vie.

Il y également le manque de sensibilisation, mais surtout, je pense, le problème de coût auquel j’ai fait allusion plus haut.

Kit solaire vu à l'exposition de CCDA-V
Kit solaire vu à l’exposition de CCDA-V

Comment peut-on y remédier ?

J’ai eu l’opportunité d’échanger avec le professeur Thomson Sinkala sur la question. Et voici comment il voit les choses.

L’État pourrait, par exemple, demander aux producteurs de charbon de payer des taxes. Ce qui augmenterait le prix du charbon » (et implicitement rendrait le prix des énergies vertes moins cher).

Il pense également que si  le gouvernement décidait d’opter pour une politique de remplacement du charbon par les énergies alternatives afin de préserver la forêt et les réserves naturelles, alors, les gens arrêteraient de faire du charbon pour produire, par exemple, du bioéthanol.

Anne Nyambane rajoute qu’il faudrait choisir des emplacements plus proches des utilisateurs pour réduire les coûts de transport. Elle pense aussi que le renforcement des capacités des habitants pourrait beaucoup réduire le coût de l’emploi.

Sinon, on peut aussi considérer la facilité de prêt auprès des institutions de microfinance pour que les ménages africains puissent avoir accès à ces énergies vertes et renouvelables, a-t-on suggéré lors de la CCDA-V. Un exemple qui marche. Le projet M-KOPA propose une facilité de paiement pour que les foyers du Kenya, de Tanzanie et d’Ouganda puissent s’offrir des petits panneaux solaires.

 


Des paysans malgaches découvrent la permaculture

Comme vous l’avez sans doute remarqué, depuis quelque temps, je me suis intéressée de plus près au changement climatique. J’essaie surtout de partager avec vous les initiatives pour lutter ou diminuer les impacts de ce fléau planétaire. Aujourd’hui, je vais parler d’une technique agricole.

Les 28 et 29 septembre 2015 Ecovillage Madagascar a organisé une initiation de quelques paysans malgaches à la permaculture. J’ai été ravie d’avoir assisté à une partie de cette formation.

Qu’est-ce que la permaculture? Quels sont ses atouts?

Andrianjafy Rasoanindrainy
Andrianjafy Rasoanindrainy

Andrianjafy Rasoanindrainy, principal initiateur et fondateur du projet Ecovillage Madagascar, explique: « En résumé, la permaculture est un système de culture permanente. Dans un contexte de pauvreté et d’insécurité alimentaire comme à Madagascar, cela a son importance puisque cela implique une production alimentaire continue et donc une sécurité alimentaire continue et améliorée.
Dans le fond, la permaculture va au-delà de la simple agriculture, c’est une façon de penser, de vivre, c’est une philosophie et d’autres diront c’est un art
. »

Afin d’améliorer les conditions de vie des populations rurales et surtout pour améliorer l’environnement et la gestion des ressources naturelles, l’Ecovillage Madagascar organise des séances de formations en permaculture. En effet, selon Andrianjafy, le paysan malgache est devenu dépendant des moyens dits « modernes », coûteux et non durables qui détruisent son environnement au fil du temps. « Le paysan malgache travaille beaucoup pour rien. Il n’y pas vraiment d’efficience. En fin de compte, sa vie ne s’améliore pas. »

Et convaincre les paysans de changer et d’adopter les techniques de permaculture est tout sauf facile. « La permaculture utilise plus de ressources intellectuelles que de ressources musculaires et parce que les paysans ont déjà été éduqués depuis des décennies aux mauvaises manières de produire rapidement juste pour manger demain« , avoue Andrianjafy.

Que pensent les participants et/ou paysans de ce système?

J’ai profité de l’occasion pour discuter un peu avec quelques participants de la formation. « Ça me fait rêver. Ça me donne espoir« , répondit François Rasavelo.

Fidy Andriamanalina  est aussi enthousiaste. « La façon dont on utilise le sol change. Désormais, avec cette nouvelle méthode, on peut cultiver tout au long de l’année et on abandonne la monoculture (une seule espèce de plante sur une parcelle) ».

Rasoamanana Sylvain
Rasoamanana Sylvain

Rasoamanana Sylvain va mettre à l’essai les techniques permaculturales qu’il vient d’acquérir. « Si ça marche, je vais les adopter« , dit-il. Mais Sylvain a relevé un problème de matériel pour la mise en place de cette méthode, notamment, le système d’arrosage. « En attendant, je vais continuer à utiliser mon arrosoir« , confia-t-il.

Rakotonirina Célestin a déjà mis la permaculture en pratique. En effet, il habite dans l’Ecovillage Madagascar à Talatanivolonondry. « Ma façon de vivre a changé. Ça s’est amélioré. C’est moins fatigant. Je peux gagner ma vie avec les bonnes récoltes« , témoigne-t-il.

Changement climatique et permaculture

Les quelques paysans avec qui j’ai discuté ne ressentent pas encore l’imminence du danger que représente le changement climatique.
Au contraire, Andrianjafy Rasoanindrainy affirme qu’à Madagascar, le changement climatique s’avère plutôt bénéfique, car il y a plus de pluie et de chaleur et cela est un atout pour l’agriculture.
Un aperçu d'une parcelle permaculturale
Un aperçu d’une parcelle permaculturale
Néanmoins, ces paysans sont persuadés que cette nouvelle méthode agricole contribue à la lutte contre le changement climatique. En effet, ils n’utilisent plus de produits chimiques. Premièrement, plus d’engrais chimiques. Ils donnent place au compost et au fumier. Deuxièmement, plus d’insecticides. Grâce au système multicultural, « les plantes se protègent entre elles ». Par exemple, les insectes nuisibles aux carottes n’aiment pas les oignons. L’association de ces deux espèces de plantes sur une même parcelle éloigne donc les insectes.
« Et l’abandon des produits chimiques est triplement bénéfique: pour la santé, pour l’environnement et pour le portefeuille« , reconnaît Rasoamanana Sylvain.
Un pot de pépinière en papier journal
Un pot de pépinière en papier journal

J’ai noté qu’en permaculture, on utilise beaucoup moins d’eau par rapport au système traditionnel. Et j’ai pu aussi observer qu’ils utilisent du papier journal pour faire des pots de pépinières. Méthode simple et ingénieuse. J’adopterai bien ce système permacultural lorsque, plus tard, j’aurai un jardin potager.

*** Cet article a été réalisé dans le cadre du projet Médias21 Afrique de CFI, l’agence française de coopération médias.


Que faire sans sacs plastique ?

Que faire sans sacs plastique ? Plusieurs se posent cette question. En effet, la loi bannit les sachets et sacs plastique à Madagascar à partir du 1er octobre 2015.

Cette loi entre a priori dans le cadre de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, mais prend part également dans la lutte contre le changement climatique. La production des sacs en plastique consomme des produits pétroliers, de l’eau, de l’énergie, et émet des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.

Que pensent les gens de cette loi ? Que prévoient-ils pour remplacer les sacs plastique ?

Je suis allée au marché d’Andravoahangy pour parler aux consommateurs et vendeurs, premiers touchés par cette loi.

Beaucoup s’accordent à dire que c’est une bonne initiative de la part de l’État pour préserver l’environnement. En effet, les sacs plastique sont jetés n’importe où et bouchent les canalisations, flottent sur les fleuves, volent un peu partout dans la nature.

N’empêche que des doutes s’installent. Côté vendeurs : « Nous n’avons aucune idée de remplacement pour ces sacs plastique ». C’est aux clients de se débrouiller disent certains « s’ils n’achètent pas, tant pis », ajoute Mme Lija vendeuse de fruits ; c’est à l’État de proposer une solution suggèrent d’autres « Ils ont décidé cette loi. Ils n’ont qu’à proposer des solutions ». Quelques vendeurs s’en préoccupent sérieusement,car les clients ne veulent rien savoir, disent-ils, et n’achètent pas si on ne leur donne pas de sacs « et ce sera sûrement une dépense de plus qu’on devra ajouter au prix des marchandises », s’inquiète Claudine, vendeuse de légumes.

Photo: Ariniaina
Panier en paille

La plupart des consommateurs, quant à eux, avouent avoir un peu de mal à se passer de ces sacs. Beaucoup attendent de voir ce qu’on leur proposera comme solution et ne s’en préoccupent pas trop pour le moment. Les sacs en papier feront sûrement leur retour. Des sacs en toile sont déjà sur le marché. Sinon, il y a le traditionnel panier en paille « vita Malagasy ».

Ou des sacs biodégradables

J’ai fait la rencontre de Mamitiana Razanakolona, responsable des ventes chez Gasyplast. Cette entreprise 100 % Malagasy, officiellement créée en novembre 2014, propose des sacs biodégradables.

Les sacs sont fabriqués à base d’amidon de manioc et sont entièrement biodégradables. Ils ne contiennent aucun composant chimique et n’ont aucun effet néfaste pour le sol. Au contraire, ils améliorent l’apport calorifique du sol.

Après avoir suivi une formation en Indonésie, le personnel de Gasyplast a acquis le savoir-faire et l’entreprise dispose de machines de pointe et de son propre laboratoire.

Photo: Ariniaina
Sac biodégradable produit par Gasyplast

Gasyplast peut produire 18 modèles de sacs de différentes tailles : sac à poignée haricot, sac à poignée à bretelle, sac à ordures, sac de blanchisserie, pot de pépinière…Un show-room ouvrira très prochainement ses portes à Anosivavaka où les consommateurs pourront se procurer ces sacs biodégradables qui seront, pour le moment, vendus en packs.

« Nous avons déjà élaboré le projet depuis bien longtemps car notre but est d’aussi préserver l’écologie. La sortie du décret n’a fait qu’accélérer les choses,» précise Mamitiana. « Même s’il y a des points négatifs comme la perte de travail pour plusieurs personnes, nous prenons cette loi positivement. Elle a pour but de préserver et d’améliorer l’environnement et ça coïncide avec l’objectif de Gasyplast, » ajoute-t-elle.

Le prix de ces sacs biodégradables sera légèrement supérieur à celui des sacs plastique. Il faut considérer que, pour le moment, Gasyplast importe les matières premières. Le marché local n’arrive pas à satisfaire le besoin en amidon de l’entreprise qui est d’une tonne par jour. Aussi, elle ne possède pas encore la machine pour produire les matières premières.

« Nous espérons que, dans un futur assez proche, nous puissions travailler avec des paysans et entreprises locaux. Les paysans fourniront ainsi les matières brutes et une autre entreprise produira l’amidon, » dit Mamitiana.

L’Afrique bannit les sacs plastique

L’Afrique du Sud et le Rwanda ont été les premiers sur le continent à prendre des initiatives pour interdire les sacs plastique. D’autres pays ont ensuite emboîté le pas tels que la Tanzanie, le Gabon, la Somalie, le Botswana, l’Algérie, le Tchad, le Maroc, le Cameroun, la RDC  le Mali, la Mauritanie, le Togo, la Côte-d’Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Niger…, très récemment Madagascar et le Sénégal.

 

 


Afrique : l’agriculture innove, le climat s’améliore

L’agriculture est un des secteurs les plus directement touchés par le changement climatique. Victime de ce fléau planétaire, elle est affectée par la hausse de température et la baisse des précipitations. En même temps, nul ne peut nier que l’agriculture, voire la production agricole à rendement massif, fait aussi partie des causes du changement climatique. En effet, la culture sur brûlis, l’utilisation de pesticides d’engrais inorganiques, entre autres, sont autant de sources d’émission de gaz à effet de serre (GES).

Photo: Sophie Mbugua. Avec permission
Machakos Kenya – Crédit Photo: Sophie Mbugua. Avec permission

Des recherches scientifiques ont été menées tant sur les impacts du changement climatique à l’agriculture que sur les solutions possibles. Je me suis intéressée beaucoup plus au cas de l’Afrique et surtout de Madagascar.

A Taita Hills (Nairobi, Kenya), par exemple, les chercheurs et agriculteurs ont confirmé la prolifération des insectes nuisibles à cause de la hausse de température ainsi qu’à la baisse de la production due justement à ces foreurs de tige mais aussi au manque de pluie.

Narindra Rakotovao, étudiante en 3e année de thèse, Laboratoire des RadioIsotopes à l’Université d’Antananarivo, a mené des études sur les Hautes Terres (Itasy) et dans la région Est (Analanjirofo) de Madagascar. Les champs de riz sont les causes principales de GES surtout dans la zone Est où les agriculteurs cultivent deux fois  par an du riz.

Arusha Tanzania - Crédit Photo: Sophie Mbugua. Avec permission
Arusha Tanzania – Crédit Photo: Sophie Mbugua. Avec permission

« Pour atténuer le changement climatique, il faut réduire les émissions de GES dans l’atmosphère« , explique Olufemi Emmanuel Ayanfeoluwa, chercheur nigérien spécialiste en engrais organique.

Au Nigeria, Olufemi Emmanuel Ayanfeoluwa (que j’ai eu le plaisir de rencontrer ici à la conférence Our Common Future Under Climate Change) propose le compost accéléré. Il a, en effet, mené des recherches sur une nouvelle technologie de compostage qui mûrit plus rapidement en 21 jours (au lieu de 3 mois pour le composte normal). L’utilisation de ce compost sera bénéfique pour les agriculteurs en terme de production. Aussi, ce type de composte est idéal pour l’environnement puisqu’une grande partie du carbone sera séquestré dans le sol et non émis dans l’atmosphère.

Les recherches de Edward Yeboah, chercheur ghanéen, l’amènent à proposer le biochar, du charbon à usage agricole. C’est un produit organique très riche en carbone, issu de résidus agricoles renouvelables. Le biochar améliore la fertilité des sols. Aussi, le carbone dans le biochar est stable dans le sol, absorbant ainsi du carbone de l’atmosphère.

A Madagascar, Narindra Rakotovao s’est concentrée  sur l’empreinte-carbone. D’après ses évaluations, par rapport au système traditionnel de culture du riz, avec le système de riziculture intensive (SRI) l’émission du méthane est réduite jusqu’à 50 %.

Est-ce que les solutions qui s’appliquent à l’Afrique de l’Ouest pourront également s’adapter à l’Afrique de l’Est?

Edward Yeboah est convaincu que géographiquement, les solutions applicables pour lutter contre le dérèglement climatique devraient pouvoir s’appliquer à l’ensemble de l’Afrique et que les différences à adapter au cas de chaque pays sont moindres, s’il y en a.

Ces innovations agricoles semblent les unes comme les autres très intéressantes. Maintenant, la question qui se pose c’est comment convaincre les agriculteurs de les utiliser? Le problème majeur étant, dans presque toute l’Afrique, le coût que l’adoption de ces nouvelles technologies engendre. Affaire à suivre.


Pourquoi le changement climatique devrait intéresser Madagascar?

Nous sommes dans la dernière ligne droite de la COP21 qui se déroulera à Paris en décembre 2015. La COP est un organe de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) – UNFCC en anglais. Cette convention qui a été adoptée en 1992 à l’issue du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, Brésil, est entrée en vigueur en 1993.

La CCNUCC a pour objectif ultime de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation. Depuis 1995, les 196 pays membres de la CCNUCC se réunissent chaque année aux Conférences des Parties (COP) pour évaluer les progrès en matière de changement climatique.

Quelques résultats des précédentes COP :

En 1997, le Protocole de Kyoto a été conclu et a mis en place des obligations juridiquement contraignantes pour les pays développés de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Les accords de Cancún de 2010 stipulent que le réchauffement planétaire futur devrait être limité à moins de 2, 0 ° C (3,6 ° F) par rapport au niveau de l’époque préindustrielle.

Pendant la COP20 tenue à Lima, Pérou l’année dernière, les pays membres ont convenu de définir des actions qu’ils envisagent de prendre dans un accord global avant mars 2015. Ces engagements sont appelés Contributions déterminées au niveau national ou INDC (en anglais).

Jusqu’ici 43 pays ont présenté leurs INDC dont 3 pays africains qui sont le Gabon, le Maroc et l’Éthiopie.

Où en est le plan d’action climat de Madagascar ?

A noter qu’une deuxième date limite de soumission implicite est le 1er octobre 2015. Après cette date les soumissions sont encore autorisées mais ne seront pas incluses dans le rapport de synthèse de la CCNUCC, qui sera mis à la disposition des Parties pour la COP21.

L’objectif de la COP 21 est de parvenir à un accord universel juridiquement contraignant sur le climat bénéficiant de l’appui de la majorité des pays du monde.

DSC02114

Le changement climatique

Dans un récent rapport sur les menaces planétaires publié par le Forum économique mondial, le changement climatique occupe la deuxième position, après le terrorisme. Il est donc crucial pour Madagascar d’agir maintenant.

La Grande Île dispose d’atouts majeurs. Avec 12 autres pays, Madagascar est considérée comme une nation méga diversifiée. Les autres nations sont : le Mexique, la Colombie, l’Équateur, le Pérou, le Brésil, la RDC, la Chine, l’Inde, la Malaisie, l’Indonésie et l’Australie. Ces pays représentent  » 70 % de la diversité mondiale « .

Le nombre d’espèces endémiques à Madagascar

Pays

Plantes vasculaires

Mammifères

Oiseaux

Reptiles

Amphibiens

Madagascar

9 505

165

262

300

234

Le climat tropical chaud et humide et les sols fertiles sont favorables à  l’agriculture. Madagascar dispose également de potentiel de développement des énergies renouvelables (mais le pays s’est concentré sur les combustibles fossiles, le charbon et l’exploitation du pétrole).

Mener correctement une lutte contre le changement climatique non seulement préservera ces ressources, mais boostera l’économie.

Madagascar a perdu plus de 4/5ème de sa surface forestière depuis un siècle. Une étude de septembre 2014 avait révélé qu’environ 36 000 hectares de forêts entre 2005 et 2010 avaient été annuellement détruits. La déforestation est principalement due à la pratique de la culture sur brûlis, la création de pâturages ou la collecte de bois de feu. Mais il y aussi la surexploitation et le commerce illégal du bois de rose et du bois d’ébène.

L’activité humaine est la principale responsable du réchauffement climatique. Et « si l’Homme l’a fait, l’Homme peut probablement le défaire », citation qu’a repris Jean-Pierre Poncet, deuxième conseiller, Délégation permanente de la République française auprès de l’Unesco.


Parent d’enfant autiste : « Le combat de toute une vie »

« Voir et entendre mon fils autiste écrire et lire quelques mots sous l’encadrement de sa sœur ainée… ‘y a pas mieux pour finir la journée… Merci les enfants. »

Je suis le fier papa de Tsiky 9 ans, en classe de 8ème et Lucas, 8 ans en Cours Préparatoire. Et vous l’avez compris, Lucas est autiste.

Rien ne nous, sa mère et moi, laissait présager que notre Lucas serait autiste. La grossesse s’est bien déroulée et il ne présentait aucun signe de ce handicap à la naissance. Ce n’est qu’entre deux et trois ans que l’on a constaté qu’il s’isolait de plus en plus, ne parlait pas, ne se retournait pas quand on appelait son nom. Il criait souvent, devenait toujours nerveux, ne prêtant aucune attention aux autres.

Après plusieurs visites chez le pédiatre (et divers tests), celui-ci nous a redirigé vers un orthophoniste, qui, à son tour, a diagnostiqué un syndrome autistique (après une séance d’évaluation d’une heure environ avec Lucas).

Pour nous, c’était le vide total ! En tant que parents, nous n’avions pas réalisé l’annonce du résultat de diagnostic. C’est la première fois qu’on en a entendu parler. On nous disait que l’autisme n’était pas une maladie mais que c’est un état, qu’il n’y avait pas de remède miracle, ni de médicaments pour  le guérir. Ce n’est que là que nous avons commencé à nous documenter sur internet et où nous n’avons pas trouvé de réponses réconfortantes.

Dans ce temps là, l’entourage ne comprenait même pas ce qu’était l’autisme. A force de remarques désobligeantes par rapport au comportement imprévisible (et souvent dans un état de crise), à un certain moment, nous avons fini par zapper les sorties (en famille ou en groupe). A l’époque, on n’avait aucun contrôle sur le comportement de Lucas, et souvent on passait pour de mauvais parents qui, soit gâtaient leurs enfants, soit n’avaient aucune autorité sur eux.

Lucas et sa famille
Lucas et sa famille

Vous voulez peut-être savoir comment il est maintenant? Mais pour les parents d’autistes,

« Il importe plus de voir l’évolution de l’enfant depuis le début, plutôt que de s’arrêter à constater son état actuel. »

Lucas, à trois ans, ne pouvait même pas tenir un crayon. Il ne s’adaptait pas au changement. Il avait le regard fuyant (ne soutenait jamais un regard) et il était tout le temps dans sa bulle – ne s’intéressait à personne d’autre. Il n’aimait pas qu’on le touche. Il avait un déficit d’attention : il ne se concentrait jamais longtemps sur une chose.

Grâce aux efforts combinés d’un psycho-motricien (grand merci à Mr David), et d’une orthophoniste (notre reconnaissance aussi à Madame Rose), et dernièrement avec l’appui de Mr Menja, nous pouvons dire que Lucas s’épanouit de plus en plus. Il faut noter que divers expériences de socialisation l’ont aussi beaucoup aidé. En effet, depuis tout ce temps, nous avons toujours envoyé Lucas dans diverses écoles standard – pour ensuite le transférer vers une autre école à la fin de l’année pour diverses raisons. Nous profitons aussi de l’occasion pour exprimer notre reconnaissance aux différentes maitresses d’école qui ont eu à gérer Lucas depuis qu’il a fréquenté les bancs de l’école : la compréhension et la patience de ces enseignantes ont aussi contribué à son évolution positive.

Lucas adore l’école- surtout quand il y a de l’espace où il peut se dépenser physiquement. Actuellement, Lucas passe à l’école dans la matinée, et dans l’après-midi il est pris en main par un orthophoniste et une autre personne qui fait du suivi personnalisé pour son cursus scolaire. Lucas est arrivé à un stade où il cherche à jouer avec les autres enfants.

Un enfant autiste a des difficultés de communication verbale, ce n’est pas pour autant qu’il n’essaie pas de communiquer. Les gens qui ont l’habitude d’être avec lui le comprennent, ce qui n’est pas le cas avec les autres. Parfois, ces derniers préfèrent prendre leur distance ne sachant pas trop comment lui parler, même si actuellement Lucas commence à chercher des interactions. Il nous approche pour discuter. On ne comprend pas toujours ce qu’il veut nous raconter mais on sent qu’il y met de tout son cœur et on lui montre de notre côté qu’on l’écoute. Ça le rassure. Il faut savoir aussi qu’actuellement, de premier abord, Lucas ne présente aucun signe extérieur de différence.

Vous n’imaginez pas la satisfaction qu’il a quand il voit que vous essayez de comprendre (et que vous avez compris) ce qu’il cherche.

« Vivre avec un enfant autiste nous apprend à accepter la différence. »

Certes, cela prend du temps avant d’assumer que nous avons un enfant autiste, et c’est toujours un combat quotidien d’essayer de l’intégrer dans la société où nous vivons (où les préjugés sont rois) : mais nous avons aussi beaucoup à apprendre d’un enfant autiste. Il est admis qu’un enfant autiste a souvent de super-talents dans un domaine donné : en tant que parents, nous lançons un appel pour que les gens qui aient la patience de travailler avec un enfant autiste se manifestent. En effet, tantôt ce sont des enfants qui excellent dans l’art plastique, tantôt dans la musique, tantôt dans les maths ou autres disciplines : les parents d’autistes ont besoin de travailler avec des personnes qui puissent les aider à révéler et nourrir ces talents.

L’autisme n’est pas une maladie, c’est un état. Nous aimons à croire qu’il est différent et que c’est à nous de trouver les moyens pour qu’il arrive à s’intégrer, à sa façon, à la société dans laquelle nous vivons. Avant, on voulait tellement qu’il suive le parcours normal d’un enfant – à ce jour, nous sommes de plus en plus en faveur de l’option où nous devons développer les aptitudes de Lucas au lieu de focaliser nos efforts pour le rendre « normal ».

—–

Je remercie Hery Zo et sa femme d’avoir bien voulu accepter de répondre à mes questions.