Lalatiana Rahariniaina

Comment célèbre-t-on le Nouvel An Malgache?

Le nouvel an malgache a été célébré les 20 et 21 mars 2015. Beaucoup ne le savent pas encore mais Madagascar, dans l’ancien temps, a suivi le calendrier lunaire d’après les historiens. A l’arrivée des colons français en 1897, le calendrier grégorien a été adopté.

Depuis 2009, un groupement d’historiens et de citoyens soucieux de préserver la culture ancestrale essaie de faire revivre la célébration du Taombaovao Malagasy (nouvel an malgache). Depuis le début, je me suis intéressée à cet évènement. Et comme beaucoup d’autres gens, je me suis posée de nombreuses questions: Est-ce un évènement créé de toutes pièces? Comment se fait-il qu’on n’en a jamais entendu parlé auparavant? Est-ce la bonne date? Quels sont les rituels? En quelle année sommes-nous sensés être d’après ce calendrier malgache? etc. Quelques-unes de ces questions ont été répondues dans ce billet que j’ai publiée l’année dernière: Le Nouvel An Malgache.

Cette année, je suis allée à Andohalo et à Ambohitrabiby pour essayer de comprendre comment se déroule la célébration de ce nouvel an.

A Andohalo le 20 Mars 2015:

Afo tsy maty (feu qui ne s’éteint pas)

Afo tsy maty Lors du dernier jour de l’an, on passe une nuit blanche ou « Andro tsy maty« . On allume alors un grand feu « Afo tsy maty » qu’on attise jusqu’aux premières lueurs de la journée pour marquer la continuité des bonnes choses.

A partir du feu allumé, les convives allument des bougies. C’est ce qu’on appelle: partage de lumière ou « fizarana hazavana« . Les enfants font ensuite le tour du quartier avec leurs lampions – « harendrina« .

Les chants, les musiques et les danses se succèdent jusqu’au petit matin.

A Ambohitrabiby le 21 Mars:

Je suis allée avec ORTANA à la colline sacrée d’Ambohitrabiby pour assister à la célébration du dit nouvel an.

On a commencé par la levée du drapeau et l’hymne nationale suivie d’une petite cérémonie religieuse. Se sont succédé par la suite des discours des différents organisateurs et personnages publics.

Fafy rano (bénédiction)

Fafy ranoOn a aspergé l’assistance d’eau sacrée pour la bénir.

Tatao

Vary amin-dronono tondrahan-tantely

On a partagé du riz sosoa avec du lait et du miel (vary amin-dronono tondrahan-tantely) à tous les convives. Pour effectuer la cérémonie du tatao, on soulève le riz par-dessus la tête avant de la manger. Ce rite est sensé protéger contre une éventuelle famine.

Hasina (offrande)

Du temps des royaumes, les citoyens offraient des pièces d’argent aux rois/reines. Pour garder le rituel, on a aussi fait des offrandes aujourd’hui. La somme recueillie sera versée au profit de la réhabilitation du palais d’Ambohitrabiby.

Zara-hasinaOn a ensuite offert des santa-bary (prémices du riz) pour remercier et bénir tous ceux qui ont donné des offrandes. C’est le zara-hasina.

Hira gasy (musique traditionnelle malgache)

Hira gasyL’après-midi, tous les villageois ont pu apprécier la performance des musiciens de hira gasy (Mpihira gasy). C’est plus qu’un simple show, c’est aussi une réelle transmission de message de sagesse pour la population.

Une petite remarque: malgré les efforts déployés par les organisateurs, je ressens encore un grand manque d’intérêt de la part de la majorité de la population et des autorités. On verra bien pour les autres années à venir.

Voilà ce que je peux partager avec vous aujourd’hui. Si vous voulez voir plus de photos, visitez mon Flikcr ici.

Tratry ny Asaramanitra e! Bonne année à tous les malgaches!

 


Madagascar : ce que le peuple ne veut plus en 2015

Ce billet s’adresse surtout aux dirigeants de Madagascar.
Il est d’usage, en début d’année, de faire une petite revue de l’année précédente. Certes, nous sommes déjà à la moitié du premier trimestre 2015; mais il n’est jamais trop tard pour tenter de remédier aux erreurs de 2014. Et d’ailleurs, il reste beaucoup à faire.

Je me suis donc permis de dresser une petite liste de ce qui n’allait pas en 2014 et qu’on ne veut plus retrouver en 2015.

1. Délestage:

Les trop fréquentes coupures d’électricité ont entraîné la colère noire des Malgaches, noire comme la seule couleur qu’ils peuvent admirer dans l’obscurité. C’est vrai, les coupures de courant sont rares ces derniers temps, mais qu’on ne nous fasse plus revivre le calvaire de l’année dernière!

2. Dahalo (niova fo ou pas):

Dernier cadeau que l’ancien premier ministre Kolo Roger a balancé aux Malgaches, le dahalo niova fo (bandits reconvertis) est une sorte de repentance générale pour les dahalo après qu’ils ont commis leurs méfaits. Quel que soit leur crime, les dahalo qui ont exprimé leurs remords ont reçu une aide de l’État et surtout l’effacement total et inconditionnel de leur acte.
Pour ceux qui ne le savent pas, initialement connus comme étant des voleurs de zébus, les dahalo terrorisent l’ensemble des campagnes malgaches en mettant à sac tous les villages qu’ils écument. On a assisté donc à l’intouchabilité de ces criminels sous prétexte qu’ils veulent « changer leur cœur » (traduction littérale de niova fo).
A part le doute sur le bien-fondé de l’histoire, c’est aussi la chose la plus enrageante et ridicule que je n’ai jamais entendue. L’État s’est beaucoup plus préoccupé de ces malfaiteurs soi-disant « repentis » tandis que le petit peuple continue toujours d’attendre qu’on se soucie de son sort.

3. Insécurité:

Puisqu’on parle de dahalo, il ne faut pas oublier de parler de l’insécurité. Je viens d’apprendre que les mesures de protection du président Hery Rajaonarimampianina ont été renforcées parce qu’on craint pour sa sécurité [en malgache]. Je me demande si les « gens d’en haut » sont conscients que nous, on n’a pas de garde du corps. On vit tous les jours dans la peur de se faire attaquer. Mon mari déjà été victime d’agression; des amis aussi. Encore heureux qu’il n’y a plus de problèmes de kidnapping d’enfants ces derniers temps.

4. Être classé parmi les dix pays les plus pauvres:

En tenant un blog, on a envie de ne parler que de choses agréables sur son pays. Pourtant en voyant des chiffres accablants montrant que Madagascar est le 5e pays le plus pauvre au monde, c’est plus que désolant, comment rester sans rien dire. Et même si je crois que chacun a sa part de responsabilité dans le développement du pays, c’est avant tout le principal devoir des dirigeants de relever la nation.

Et si on veut vraiment y arriver, il faudra surement commencer par:

5. Arrêter de faire des mauvais plans:

Avez-vous vu ou entendu parler des trous creusés à Ankadifotsy pour planter des arbres? D’accord, des arbres, on en a réellement besoin pour tenter de sauver notre environnement, mais ce n’était absolument pas l’endroit idéal pour le faire. Les responsables s’en sont bien rendu compte, mais c’était déjà un peu tard. On a dépensé de l’argent, du temps, des énervements des automobilistes avant de devoir réparer les erreurs. Et ce n’est qu’un exemple.
Sinon, pourquoi ces minces couches de goudron pour reboucher les nids de poules? Pourquoi ne pas investir beaucoup plus pour les réparations ou même pour les constructions pour ne pas avoir à les refaire l’année prochaine?

6. Arrêter les faux frais:

Les citoyens s’indignent avec les dépenses plus qu’exorbitantes, voire anormales et non nécessaires de l’État pour les parlementaires (rémunérations équivalentes au salaire de deux cadres supérieurs, plus de 3 millions d’ariary de carburant… ). Députés qui, en malgache signifient solombavambahoaka (avocats du peuple), n’ont à aucun moment jusqu’ici représenté mes intérêts mais plutôt les leurs.

7. Fausses promesses:

Par-dessus tout, le peuple en a marre des mensonges, des belles paroles, des promesses en l’air et des excuses qui sonnent creux.

Bien évidemment, la liste peut être encore bien plus longue. J’appelle à votre aide pour la compléter en commentaires. Croisons les doigts pour qu’on se fasse entendre.


Ame soeur, es-tu là?

14 février, jour de la Saint Valentin. N’est-ce pas un jour idéal pour parler d’amour? L’âme sœur: réalité ou objet de torture? C’est la question que m’a posé Lucrèce Gandigbe ainsi qu’à d’autres Mondoblogueurs.

Il y a un dicton malgache qui dit : « Na ny vodin-tsobika aza manan-tandrify » (Traduction littérale. Même le fond d’une soubique – panier – a une destinée). Les Ntaolo ou ancêtres malgaches voulaient dire que tout le monde, les beaux comme les moins beaux, les « normaux » comme les handicapés, les riches comme les pauvres… ont chacun leur destinée. Considérant cela, je pense donc que l’âme sœur existe bel et bien. Après, il faudra la trouver. Et c’est souvent là que ça se gâte. Tu en essaies plusieurs, et tu n’arrives toujours pas à trouver la bonne. D’un coté, ton âge qui n’arrête pas d’avancer te presse à trouver à tout prix cette perle rare. De l’autre coté, il y a ta famille, tes amis, toute la société qui te rabâchent comme quoi il est temps de te caser. Et Mr (ou Mrs) Right qui fait son difficile n’apparait toujours pas. Si tout ça n’est pas un objet de torture, je ne sais pas ce que c’est.

Dans mon cas, l’histoire s’est bien terminée. Un jour, mon homme, il était là et… ce poème vous raconte l’histoire.

Toi, l’étranger

Toi, l’étranger

Que j’ai laissé

M’embrasser.

Mes pensées s’envolent,

Te frôlent,

Et c’est drôle;

Je ne veux pas les retenir.

J’ai envie de me souvenir

D’un ou de deux sourires.

J’ai envie d’apprendre

A croire à tes mots tendres

Et à m’attendre

A ce que l’amour

Puisse un jour

Rester toujours.

Depuis, on s’est marié. Et deux magnifiques gosses sont venus agrandir notre famille, notre Amour.

Pour découvrir la réponse des autres, je vous invite à lire: « Les mondoblogueurs s’expriment au sujet de l’âme sœur »


Mon fils deviendra gay???

Je suis une mauvaise mère. Je suis en train de gâcher la vie et l’avenir de mon fils. Je ne fais pas bien les choses. Non, non. Pire, je les fais de travers. Je bafoue carrément les règles. Je fais tout pour que mon fils devienne GAY. (Et à Madagascar, l’homosexualité est sans doute ressenti comme le pire des drames.) Voilà ce dont on me reproche.

« Mais pourquoi ces jouets de filles? Non, non, non, dis-moi que tu ne laisses pas ton fils jouer à la poupée! Quoi? Tu lui as même offert des dinettes? C’est une blague, c’est ça? Attends un peu, il t’aide même pour de vrai à faire la cuisine? Ton bonhomme de 3 ans? Je n’en crois pas mes oreilles. Mais tu es malade, ma parole? Nom de Dieu, je plains ton petit. Je comprendrai qu’il devienne gay. C’est même certain. Il le sera. Et ce sera ta faute. »

Cette histoire me fait rappeler le billet que mon ami René Jackson a écrit: « Dis-moi, ce que tu bois, je te dirai avec qui tu couches. » Dans mon cas ici, ce serait alors: « Dis-moi les jouets que tu donnes à ton gosse, je te dirai ce qu’il deviendra plus tard. »

Si vous êtes parents, vous avez sans doute déjà fait face à des gens plus experts en parentalité que vous. Nos mères, nos tantes, nos sœurs, nos amies, nos collègues, les autres mamans dans la salle d’attente chez le pédiatre, des gens qu’on ne connait même pas ne se gênent pas pour nous dire: « Non, non, non, ça ne va pas du tout là… Attends, attends, voilà comment tu dois faire! »

DSC_2199D’après les réflexions qu’on m’a faites donc, mon choix d’éducation n’est pas adapté pour un garçon. La poupée, les dinettes, la cuisine sont pour les filles. Au fait, je ne leur ai pas dit, mais je réserve aussi à mon fils l’initiation au ménage et à la lessive pour plus tard. Et j’ai mes raisons.

Mon père a perdu son père très jeune. Ayant dû se débrouiller pour s’en sortir dans la vie, il a très tôt quitté le foyer familial. Livré à lui-même, très vite, il a dû apprendre à tout faire: la cuisine, la lessive, le repassage, le marché… N’ayant retenu que l’énorme côté positif de cet expérience, mon père s’est juré que son fils n’aura pas à découvrir ces tâches tout seul, il les apprendra dès son jeune âge à la maison.

Contrairement à beaucoup de familles, durant notre enfance et adolescence, mes parents ont partagé les corvées ménagères équitablement. Il n’y avait pas de tâches pour filles ou pour garçons. A tour de rôle, ma sœur, mon frère et moi devions faire le ménage, le marché, la cuisine, la lessive… Les gens s’étonnent encore parfois de voir mon frère aujourd’hui prendre un fil et une aiguille pour recoudre lui-même ses vêtements déchirés. En tout cas, je suis convaincue que mes parents ont bien fait. Et je tiens à faire pareil avec mes enfants.

Dans un groupe de mamans sur Facebook, plus d’une fois, des femmes se sont plaintes comme quoi tout leur incombe à la maison. Leur mari ne prend part à aucune tâche ménagère ni s’occupe de bébé. Mais pourquoi dites-vous? Je crois que les jouets ont leur part de responsabilité dans ce problème. Dès l’enfance, les filles ont droit à des kits de cuisine, des poupées, du fer à repasser, des kits de nettoyage… Les garçons s’amusent plutôt avec des voitures, des pistolets, des consoles… Une fois adultes, il devient souvent normal pour certains hommes de croire que les corvées sont donc réservées aux filles. Et c’est ce que je veux à tout prix éviter.

Je n’éduque pas mes enfants à devenir homos ou hétéros. Là n’est pas la question. Mon objectif, c’est que mes enfants deviennent des personnes indépendantes. Il se peut que plus tard, pour diverses raisons, mon fils, puisqu’on parle de lui, se retrouvera seul. Au moins, je peux m’assurer qu’il saura faire mieux qu’une omelette, que sa maison ne sera pas un véritable champ de ruine. Et cela commence avec les jouets et l’éducation à la maison.

Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre; Et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas.

 

* Je n’ai rien contre les homosexuels

 


Noël à Madagascar : une copie à améliorer

Madagascar aime bien adopter les célébrations occidentales. Depuis quelques temps, nous avons des adeptes de l’Halloween, par exemple. Mais il y a des fêtes qui datent de beaucoup plus longtemps comme la Saint-Valentin et Noël, justement. Je n’ai aucune idée des débuts de Noël à Madagascar. Ce dont je sais, c’est qu’il y a des choses qui ne collent pas très bien.

Il est maintenant rare de trouver des Pères Noël dans les rues de Tanà. Normal, ils ont crevé de chaleur avec leurs déguisements. Non, je rigole (ou peut-être pas finalement). Il y a quelques années encore, à l’approche de Noël, plusieurs stands se dressaient à Analakely avec des voitures, des carrosses, des Pères Noël et des photographes pour les passants qui voulaient des photos souvenirs. Mais depuis, la commune urbaine d’Antananarivo n’a plus autorisé ces stands. Maintenant, on les rencontre dans les grands centres commerciaux.

Revenons plutôt aux déguisements du Père Noël. Une petite question qui me trotte dans la tête depuis pas mal de temps. Mais faut-il vraiment que la version malgache du Père Noël s’accoutre de tous ces vêtements d’hiver ? Sérieusement, sous le grand manteau rouge, ils ‘étouffent de chaleur. Pour ceux qui ne le savent pas, en décembre, nous sommes en pleine saison chaude et humide à Madagascar. A la place, moi, j’imagine une tenue plus légère : une chemise rouge, un grand short blanc et des sandales.

Autre chose que j’ai remarquée: même certaines chansons de Noël ne sont pas adaptées. Nos gosses se font une joie de chanter en boucle le fameux Petit Papa Noël, « Dehors tu vas avoir si froid« . Non, il n’aura pas froid. Tout au plus, il devrait prévoir un imperméable. Il y a aussi « Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver« . Mais quel hiver?

Voilà, je ne cherche surtout pas à gâcher la fête, c’est d’ailleurs l’une de mes préférées. Je tenais juste à partager ces petites réflexions. En espérant un petit changement pour les prochaines années à venir, je vous souhaite à tous un Joyeux Noël.

 


Kidnapping d’enfants à Madagascar: les parents angoissent

Sortir avec le bébé même pour aller chez l’épicier d’en face est risqué. Je suis parent et j’ai actuellement peur pour la sécurité de mes enfants. Et je suis loin d’être la seule. Ces derniers jours, on a assisté dans les principales villes de Madagascar une vague d’enlèvements d’enfants.

Fehizoro, un bébé kidnappé
Fehizoro, le bébé de 2 mois kidnappé – Source: Samia Mieritreritra – Facebook

Tout le monde a été pétrifié d’effroi en apprenant l’enlèvement d’un nourrisson hier (21 octobre 2014). Le bébé a été arraché des bras de sa nourrice. Je suis quelque peu soulagée d’apprendre qu’on a retrouvé le petit Fehizoro et qu’il est sain et sauf. Selon une publication dans le groupe sur Facebook « Samia Mieritreritra » (Que chacun réfléchisse), un couple a découvert le bébé dans leur cour et en a pris soin puis l’a conduit à l’Hôpital des enfants.

Cherche Dimitri, un enfant kidnappé
Capture d’écran Facebook

La chance a également souri aux parents de Dimitri, 14 ans, car ce dernier a été relâché par ses ravisseurs. Il parait que ce garçon a trainé avec ses copains Karàna (Indo-pakistanais) lorsqu’il a été kidnappé. Il a ensuite été libéré parce qu’il y a eu méprise sur l’origine de la personne, Dimitri n’est pas Karàna.

Mais qu’en est-il de la fille de 16 ans d’Antsirabe (en malgache)? L’a-t-on retrouvée? Aux dernières nouvelles, cette lycéenne a disparu de son école le 17 octobre 2014. Il parait qu’elle était à bord d’une 4×4 en direction de la Capitale.

Et quelle est la suite de l’affaire sur l’enfant de 6 ans décapitée? L’enquête avance-t-elle? Cette histoire m’a carrément glacé le sang. Je ne souhaite à aucun, même à mon pire ennemi, de vivre pareil cauchemar.

La population malgache a le sentiment d’être complètement désarmée face à cette vague de kidnapping d’enfants. En effet, il semblerait que la police n’y accorde guère d’importance. Pire, selon certaine source (en malgache), les autorités policières en viennent même à ignorer les plaintes déposées auprès d’elles concernant l’affaire Fehizoro.

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Capture d’écran Facebook

Les parents, angoissés, se posent des questions. Certains se demandent si ce n’est pas un trafic d’organes. D’autres pensent que c’est pour détourner l’attention des citoyens face à la situation politique actuelle du pays, ou les problèmes de délestage.

Comment protéger nos petits? Des précautions s’imposent. Une maman a conseillé de ne plus publier des photos de nos enfants et des informations les concernant sur Facebook; tout au moins qu’elles restent privées. Une autre fait appel à une séance de prière collective. Mon mari et moi avons décidé que, désormais, nous accompagnerons toujours nos enfants à chacun de leur déplacement. Pour le moment, la nounou est déchargé de cette responsabilité. On arrivera bien avant la sortie des classes pour s’assurer que personne ne récupère notre enfant avant nous.

J’espère que cette situation ne s’aggravera pas. J’espère pouvoir avoir à nouveau l’esprit tranquille quand mon fils est à l’école. J’espère ne plus avoir peur de sortir dans la rue avec mes enfants.


#BAD2014 #Madagascar Inégalités hommes-femmes

On s’en plaint rarement, peut-être juge-t-on que c’est sans grande importance, mais il y a bien des inégalités à Madagascar vis-à-vis des femmes par rapport aux hommes. Aujourd’hui, pour la Blog Action Day qui a justement pour thème l’inégalité cette année, est une bonne occasion d’en parler.

Lessiveuse dans l'eau de l'Ikopa

Il y a inégalité quand tu es une femme et que tu ne décroches pas un boulot si tu es mariée.
Êtes-vous mariée ? Non. Vous sortez avec quelqu’un en ce moment ? Euh, non. Euh, pourquoi cette question personnelle ?
On veut s’assurer qu’une fois titularisée, vous n’allez pas vous marier et faire des enfants.
C’était à un entretien d’embauche.

Il y a inégalité quand tu es une femme et que tu n’obtiens pas de promotion parce que tu risques de tomber enceinte, tu l’es ou tu as des enfants en bas âge.
Dans l’ancienne société où j’ai travaillé, le Chef a carrément avoué qu’elle ne voulait plus de femmes pour renforcer son équipe, mais uniquement des hommes pour les raisons citées ci-dessus.
Je connais aussi une enseignante qui a été renvoyée parce qu’elle était tombée enceinte et qu’elle ne pouvait plus assurer toute l’année scolaire.

Il y a inégalité quand il n’y a que « assistance maternelle ». Et les pères alors ? Ils n’ont pas le droit de s’occuper de leurs enfants ? Une fois, je suis tombée malade, les enfants aussi. Mon mari a demandé la permission de s’absenter à son travail. Réponse : Non. Emmener les enfants chez le médecin, c’est le problème de ta femme.

Il y a inégalité quand toutes les corvées ménagères sont dévolues à la femme. Et oui, nous avons des machos à Madagascar. Le problème vient souvent de l’éducation familiale. Ce sont la mère et les sœurs qui font tout à la maison. Et ça devient une habitude et « normal » pour l’homme de ne rien faire.
Tous ne sont pas comme ça mais il y en a quand même beaucoup vu les discussions entre femmes que j’ai suivies sur les réseaux sociaux.

Il y a inégalité quand tu es une femme et que tu n’as pas droit à un crédit auprès d’une institution financière.  Dans une région de Madagascar, j’ai entendu dire que les femmes seules ne peuvent pas signer un contrat de crédit. Ce sont leurs maris qui doivent signer pour elles.

Il y a inégalité quand une femme ne peut pas diriger le pays. Lors des dernières élections présidentielles en 2013, plusieurs personnes ont dit qu’elles ne pouvaient pas accepter qu’une femme soit au pouvoir. Pour eux, c’est l’homme qui est prédestiné à être chef: Chef de famille, Chef du pays.

Il y a inégalité quand le nombre de femmes est inférieur à celui des hommes au Parlement.
Non, je rigole.
Il faut arrêter de demander à ce qu’il y ait 50% d’hommes et 50% de femmes. Ce n’est pas le nombre qui compte mais le principe qui édicte qu’on donne exactement la même chance aux hommes qu’aux femmes pour une même place. Il faut apprécier les compétences de chacun et non se sentir obligé d’atteindre un chiffre quelconque.

 


Dix raisons pour ne pas respecter la loi

La mise en application des lois, nouvelles ou anciennes, suscite presque toujours des débats parmi les Malgaches. Quelques exemples: le port obligatoire de ceinture de sécurité, le port de casque pour les motards, la fermeture des magasins de boissons alcoolisées à 21 heures. Maintenant, il y a les plaques d’immatriculation des voitures. Mais pourquoi donc ? Ci-dessous les réponses que j’ai trouvées suite à des discussions entendues ici et là, que je ne cautionne pas forcément.

1. La loi est n’est pas pour tous. Le petit citoyen se dit : « Les dirigeants qui nous gouvernent violent la loi chaque fois qu’ils le peuvent… Alors, pourquoi je m’y plierais ? » Puisque les plaques minéralogiques sont le sujet chaud du moment, je vais les prendre comme exemple. La loi exige la normalisation de ces plaques : écritures blanches sur fond noir. « Bof… Où sont d’abord ces fameuses plaques rouges de l’administration ? », réclament les automobilistes.

2. Les citoyens savent que s’ils s’entêtent, l’Etat va céder. Tiens, un autre sujet chaud : la vente à la sauvette (et oui, il n’y a pas que le Mondial). Combien de fois ces vendeurs ont-ils été renvoyés, pourchassés ? Combien de fois leurs marchandises ont-elles été confisquées? Personne n’a réussi à résoudre ce problème jusqu’ici.

3. Vive la corruption. Les papiers de la voiture ne sont pas en règle? Ou on a commis des infractions routières ? Il suffit d’avoir un peu d’argent à donner aux agents et le problème est réglé. A ses 18 ans, mon frère, comme la loi l’exige, a demandé une carte d’identité nationale. Et voilà ce qu’un des responsables à la mairie lui a dit en douce : « Ecoute « zandry » (petit), il n’y a pas d’imprimés pour le moment, mais j’en ai déjà réservé un exprès pour toi. Tu me files 5000 Ar et tu auras ta carte la semaine prochaine au lieu d’attendre un mois ou plus, rien n’est sûr. » (Dommage pour ce gars, mon frère n’était pas pressé)

4. L’illégalité devient une pratique courante à un tel point que la majorité de la population pense que c’est tout à fait normal. Fumer dans les lieux collectifs est interdit mais est-ce que les fumeurs s’en préoccupent ? Attendons de voir comment les autorités géreront cela au mois d’octobre quand l’arrêté interministériel n° 29.511/2013 entrera en vigueur.

5. Les délits mineurs sont considérés comme insignifiants ou peu importants. Par exemple, uriner ou déféquer sur la voie publique. Je ne comprends même pas qu’on ait besoin de loi pour interdire un tel acte, c’est tellement logique pourtant.

6. Les lois dont l’Etat a récemment exigé l’application ne sont pas une priorité pour le pays, disent les citoyens. « On s’en fout. Mais qu’est-ce qu’ils croient ces dirigeants ? Qu’en nous obligeant à mettre notre ceinture de sécurité, ça sortira Madagascar de la pauvreté ?… Ahhhh, au lieu de nous embêter avec la plaque de notre voiture, qu’attendent-ils pour traquer les voleurs? « , rognent les gens.

7. La sévérité et la ferveur des autorités ne durent pas bien longtemps. Au début, on a peur. Après, on se rend compte que voilà, les vitres teintées reviennent, ainsi que les voitures à volant à droite…

8. La mise en oeuvre de certaines lois est stupide anormale. Toujours concernant la circulation routière, pour la police, le port de ceinture de sécurité ne semble obligatoire que pour le conducteur mais pas pour les autres passagers. Un enfant de moins de 5 ans ne peut pas s’asseoir sur le siège avant de la voiture, mais il n’y a aucun souci lorsqu’un bébé ou un enfant monte avec ses parents sur la moto. Il suffit juste à l’enfant de porter un casque.

9. Certains font leur propre loi. Cas de la vindicte populaire. On se rappelle du triple lynchage à Nosy Be ou du cambrioleur amputé à Toamasina (photos choquantes). Défaillance de la justice ou pas, rien n’excuse une telle barbarie. 

10. Bref, les citoyens n’aiment pas la loi. Peu importe la loi qui va sortir, peu importe sous quel régime (politique), personne ne va s’y soumettre sans rechigner.

Petit cadeau : une vidéo qui montre la circulation à Behoririka (Centre-ville d’Antananarivo) en fin d’après-midi du 24 juin dernier


Le Nouvel An Malgache

Mais quel nouvel an Malgache? Quand ça? Je n’ai jamais entendu parler de ça… Moi non plus… Moi si, mais je crois que c’est quelque chose qu’ils ont inventé tout récemment… A quoi bon?… Pourquoi pas… L’annonce dans les médias de la célébration prochaine du nouvel an malgache a créé une polémique.

Pour essayer de répondre à certaines questions, j’ai pris contact avec le compte Facebook « Taombaovao Malagasy » (vous l’avez deviné – Nouvel An Malgache). Notre échange s’est fait entièrement en malgache. Et les réponses sont assez longues. Alors, j’ai décidé de le partager dans sa version originale: Taombaovao Malagasy (en pdf). Sinon, les grandes lignes seront relevées en français dans ce billet. J’essaierai de traduire le document pour plus tard et vous tiendrai informé au bas de ce billet.

1.Qui est derrière le compte de « Taombaovao Malagasy »?

« Le compte Facebook de « Taombaovao Malagasy » regroupe quelques historiens malgaches et des personnes ayant suivi les célébrations du nouvel an malgache depuis 2009.

Nous sommes conscients que la solidarité des Malgaches et la valorisation de l’identité malgache sont parmi les bases requises pour lutter contre la pauvreté et l’accaparement de la richesse nationale par les étrangers. »

2. A quelle date célèbre-t-on le Nouvel an malgache?

« Avant la colonisation de Madagascar, chacune des ethnies malgaches avaient leur propre calendrier. Depuis le règne de Radama II jusqu’à Ranavalona III (1883-1896), les 3/4 du peuple malgache ont commencé à avoir le même calendrier. Toutefois, dans toutes les ethnies, chaque début de mois est défini par l’observation du premier croissant de lune. Tous – notamment les descendants de marins indonésiens, arabes, bantous, portugais, indiens et juifs – observaient le calendrier lunaire et la position des 12 constellations dans le ciel.
La date du premier jour de l’an ainsi que l’histoire qu’a vécu chaque ethnie variaient également suivant les monarques qui se sont succédé.
L’occupant français a supprimé cette célébration en 1896 et l’a changé à la date du 1er janvier. Jusqu’à nos jours, les autorités successives ne se sont pas intéressés à changer cela.

Depuis 2007, nous avons à nouveau célébrer le Nouvel an Malgache. L’Académie Malgache et le Centre Culturel Malgache ont annoncé que le Nouvel an Malgache sera dorénavant célébré au jour de l’observation du premier croissant de lune proche du 21 mars. »

Plusieurs avis divergent quant à l’origine de ce nouvel an. 3. Est-il uniquement celui des Merina (un groupe ethnique – peuple occupant la partie nord des hautes terres centrales de Madagascar) ou de tous les malgaches?

« Le nouvel an malgache n’est pas un nouvel an Merina. Pour preuves:
Premièrement, selon l’histoire, les Ntaolo (ancêtres) n’utilisaient pas le mot « taombaovao » mais « tonontaona« . L’appellation du nouvel an n’a cessé d’évoluer pour le peuple d’Imerina. Du Roi Ralambo (1575-1610) au Roi Andrianampoinimerina (1787-1810), on l’a appelé « Alahamadibe » (jour du roi). Il y avait d’autres festivités telles que l’ « Alakaosibe » et l’ « Adijadibe » qui promouvaient les « pratiques païennes ». Ces célébrations portant des noms de mois sont donc des rituels païens et des cultes des morts. A l’arrivée de la religion chrétienne en 1810, les rois qui se sont convertis au christianisme ne voulaient plus utiliser le nom « Alahamadibe » (jour du roi) mais « Fandroana » (bain sacré) pour désigner le début de l’an. Il n’était plus question de pratiques païennes ou de cultes des morts durant les célébrations. Au temps de la reine Ranavalona III, elle a changé le « Fandroana » (bain sacré) en « Asaramanitra » (grande fête) qui était désormais fêté à la date de son anniversaire – le 22 novembre. Par conséquent, le nouvel an malgache n’a rien à voir avec l’ « Alahamadibe« , le « Fandroana » et l’ « Asaramanitra » d’où le nom « Taombaovao Malagasy » pour marquer sa différence.
Deuxièmement, le Nouvel An Malgache est célébré le jour où l’on observe le début de croissant de lune le plus proche du 21 mars et non pas le 22 novembre comme l’a fait Ranavalona III. Le but n’étant pas de se rattacher à un ou des rois/reines Merina mais de renforcer le « fihavanana » (valeur ancestrale qui constitue le cœur de l’entraide et de la solidarité au sein de la population malgache) parce que le «Taombaovao Malagasy» ne distingue ni ethnie, ni religion, ni origine ni race.
Enfin, il n’ a jamais été question de célébrer le Nouvel an Malgache selon les rituels Merina. L’organisation de l’événement est libre et dépend des organisateurs et des régions. On encourage même l’adoption des couleurs de chaque région, de chaque ethnie pour la célébration du nouvel an dans tout Madagascar. Par ailleurs, chaque groupe religieux peut célébrer selon leurs pratiques. Les artistes et tout secteur d’activités peuvent également célébrer comme ils le souhaitent: par exemple, des danseurs vont faire des représentations au devant de Tahala Rarihasana. Des restaurants organisent des repas festifs. Les élèves de « Kabary » (art du discours) de la Fjkm Ambohidrabiby font également des représentations lors du nouvel an malgache. »
"Afo tsy maty" ou feu éternel
« Afo tsy maty » ou feu éternel – (c) Ariniaina 2010

4. Comment se déroule la célébration?

« La célébration du nouvel an malgache est libre car il n’y a aucune distinction de religion, d’origine ou de race. Cela dépend des organisateurs. Notons aussi que les rituels ont changé tout au long des siècles et chacun avait leur manière de célébrer le nouvel an. Par exemple, avant l’avènement de la religion chrétienne, les festivités comportaient des cultes des morts et des pratiques païennes. Depuis le règne de Radama II (1861-1863) jusqu’à la fin des royaumes malgaches (1896), le « Fandroana » (bain sacré) et l’ « Asaramanitra » (grande fête) étaient célébrés selon les pratiques chrétiennes.
Comme le « Taombaovao Malagasy » ne veut pas qu’on distingue la religion, l’origine ou la race, le Centre Culturel Malgache n’associe aucune pratique religieuse à la célébration du nouvel an malgache. Le Centre Culturel Malgache a donc supprimé tout ce qui concerne les pratiques religieuses notamment les cultes des « sampy » (idoles), les sacrifices d’animaux, les cultes des tombeaux. L’allumage des « afo tsy maty » (feux éternels), le port des « harendrina » (lampions), les « tsodrano » (bénédictions) sont gardés et peuvent changer d’une région à une autre.
Cela n’empêche pas les groupes religieux ou les villages de célébrer le nouvel an comme ils le souhaitent et selon leurs pratiques. Les descendants d’Ambohidrabiby organisent un culte œcuménique à la Fjkm Ambohidrabiby le samedi 29 mars 2014 à partir de 14heures. L’association Mamelomaso, par exemple, suit la tradition merina pour la célébration du nouvel an malgache. Des écoles célèbrent également ce jour au sein de leur établissement respectif. Les descendants des familles royales célèbrent selon leurs propres rituels.
Les "Harendrina" ou lampions - (c) Ariniaina 2010
Les « Harendrina » ou lampions – (c) Ariniaina 2010

5. Comment se fait-il qu’il y ait beaucoup de malgaches qui ignorent l’existence de cet événement?

« Premièrement, les habitants des campagnes ont toujours célébré l’ « Alahamadibe » mais en cachette car la société les prend pour des païens. Le « Fandroana »  a été supprimé depuis l’annexion de Madagascar.
Deuxièmement, la célébration du nouvel an malgache n’a pas été enseigné à l’école.

Et enfin, compte tenu du budget limité, seule Antananarivo est sensibilisée. De nos jours, il y a de plus en plus de Malgaches qui parlent de ce nouvel an parce que les médias en parlent grâce aux efforts déployés par le Centre Culturel Malgaches et leurs partenaires. Aussi, beaucoup actuellement n’hésitent plus à célébrer cet événement à leur propre manière. »

6. Est-il important de faire revivre le nouvel an malgache?

« Oui. Et il y a 3 grandes raisons pour cela.
Premièrement, la célébration du nouvel an malgache diffère de celle du 1er janvier. Les ancêtres malgaches accordaient de l’importance à la purification du cœur, de l’esprit et de l’environnement pour le retour aux valeurs, pour se réconcilier, pour renforcer le « fihavanana » (valeur ancestrale qui constitue le cœur de l’entraide et de la solidarité au sein de la population malgache).
Deuxièmement, c’est une opportunité d’améliorer l’économie malgache grâce au développement de l’artisanat et du tourisme.
Et enfin, plusieurs pays (les occidentaux, les chinois, les arabes, les pays musulmans…) ont su garder leur propre nouvel an. Le notre a été supprimé par la France en 1896. Le fait d’avoir un nouvel an malgache officiel prouverait que Madagascar jouit de sa pleine souveraineté.
Un grand "Fanorona" (échiquier malgache) - (c) Ariniaina 2010
Un grand « Fanorona » (échiquier malgache) – (c) Ariniaina 2010

7. Quand est-ce que le Nouvel an Malgache sera célébré cette année? Quelles sont les programmes prévus pour l’occasion?

« C’est pendant la nuit du 30 mars 2014  qu’on observe le croissant de lune le plus proche de l’équinoxe du 21 mars. Mais comme nous, Malgaches, considérons que la journée commence le matin, le premier jour de l’an sera donc le 31 mars 2014.
Le 30 mars, on allumera le « afo tsy maty » (feu éternel) à Andohalo qu’on emmènera par la suite à Ikianja Ambohimangakely le même jour. Tous ceux qui désirent prendre ce feu peuvent venir à Andohalo ou à Ikianja et apporteront des bougies.
Le 31 mars, il y aura une célébration à Ikianja Ambohimangakely.
Des festivités sont également prévues à Imerimanjaka la nuit du 30 mars et le 31 mars.
Il y aura un culte œcuménique à Ambohidrabiby le 29 mars à partir de 14 heures.
Une porte ouverte sur le Nouvel an Malgache se tiendra au Tahala Rarihasina du 29 mars au 02 avril.
Comme tous les ans, le Nouvel an Malgache sera également célébré à Ambohimanga Rova et à Avarabary Imerintsiatosika les 30 et 31 mars.
D’après les médias, Vohémar et Antsirabe célèbreront également le « Taombaovao Malagasy« .
En outre, plusieurs restaurants organiseront des repas festifs et des écoles fêteront également le Nouvel an Malgache.
Le partage du feu éternel - (c) Ariniaina 2010
Le partage du feu éternel – (c) Ariniaina 2010

8. Quelle est la position de l’état vis-à-vis du Nouvel an Malgache? Prend-il part à sa promotion?

« Avant 2013, l’État Malgache  ne s’est pas du tout intéressé à la célébration du Nouvel an Malgache. Il redoutait les critiques venant de leurs électeurs qui sont presque tous chrétiens. Entre autre, la vraie date du jour de l’an reste confuse. Cependant, des collectivités décentralisées ont toujours collaboré avec le Centre Culturel Malgache dans l’organisation du « Taombaovao Malagasy« . L’Office Régional du Tourisme d’Analamanga est parmi les partenaires les plus actifs de l’événement.

C’est en 2013 que l’on a ressenti un changement émanant de l’État grâce à la présence d’une haute personnalité politique  et sa prise de parole lors de la célébration du Nouvel an. Toujours en 2013, la RNM (Radio Nationale Malgache) a consacré tout un programme sur le Nouvel an Malgache.

Pour le 31 mars, on a bon espoir de mobiliser bon nombre de hautes personnalités étatiques.

9. Avez-vous des messages ou commentaires particuliers à partager aux lecteurs?

« Il est complètement faux de dire que le Nouvel an Malgache est une fête des familles royales. Ceci est une fête nationale qui ne verse point dans une quelconque discrimination. Nous invitions tous les Malgaches de part le monde à célébrer notre Nouvel an le 31 mars 2014 selon les convenances de chacun. Tous ceux qui désirent organiser une fête pour l’occasion peuvent prendre contact avec le Centre Culturel Malgache via Facebook « Trano Koltoraly Malagasy » ou auprès de son bureau à Ikianja Ambohimangakely. Venez nombreux pour assister aux événements d’Andohalo, d’Ikianja Ambohimangakely et d’Ambohidrabiby dont l’entrée est gratuite.
Nous souhaitons à tous les Malgaches de par le monde une bonne année ce 31 mars 2014. »Je remercie « Taombaovao Malagasy » de nous avoir aidé en nous donnant ces quelques explications.Le débat reste tout de même ouvert. Les doutes persistent peut-être encore quant aux dates exactes du nouvel an (Mars, Juillet ou Novembre?). Les avis divergent également sur la nécessité ou pas de célébrer ce Nouvel an Malgache. J’attends vos commentaires.

(J’ai pris ces photos à Andohalo lors de la célébration du Nouvel an Malgache en 2010. J’ai d’ailleurs partagé mes expériences dans ce billet [EN])


Mon nom est malgache, devrais-je le changer ?

Notre avion venait d’atterrir à Dakar. C’était pour participer à la formation Mondoblog de 2011. Il était 4 heures du matin. Et dehors, il faisait encore sombre. J’ai pu à peine apercevoir à travers une vitre pleine de buée quelqu’un tenant un écriteau complètement rempli de noms. Mais j’ai tout de suite dit à mon ami, Andriamihaja,  que c’était le chauffeur qui venait nous récupérer, car des noms aussi longs, ça ne devait être que les nôtres. Je ne me suis pas trompée.

« Mon nom est imprononçable, mon nom est malgache ». C’est le nom d’une page Facebook que je prête ici.

Andrianampoinimerina, roi malgache (1787-1810)
Andrianampoinimerina, roi malgache (1787-1810)

L’anecdote se passe toujours à Dakar. Un des mondoblogueurs venait de rejoindre le groupe et a dit: « Bonjour! Toi, tu dois être A-ri-ni-ai-nà! » Et tout le monde s’est mis à rire puis l’a taquiné: « Bein, toi, tu n’as pas arrêté de répéter son nom dans l’avion pour avoir réussi à le prononcer d’un coup. » En choisissant ce pseudonyme Ariniaina qui vient de mon nom de famille – Rahariniaina – à aucun moment, je n’ai pensé que quelqu’un aurait du mal à le prononcer.

« Je trouve que « Einstein » est plus difficile à prononcer que mon prénom: « Rijaniaina » »

Ce mondoblogueur malgache a aussi touché un mot sur le sujet. Et ça me rappelle un autre ami qui a pris l’exemple de Schwarzenegger.

He-ry-Ra-jao-na-ri-mam-pi-a-ni-na. Tiens! Puisqu’on en parle. Le nom du nouveau président de la Grande Île a évidemment donné du fil à retordre à plus d’un, surtout les journalistes. The Guardians [EN] s’est même amusé à compter les caractères de son nom au complet – Hery Martial Rakotoarimanana Rajaonarimampianina – ils ont dit 44 mais en fait il y a 45 caractères en tout. Le journal lui a également décerné le titre du nom de chef d’État le plus long.

Pourquoi les noms malgaches sont-ils aussi longs? Slate Afrique répond à cette question. Le linguiste Narivelo Rajaonarimanana explique:

«Le nom malgache n’est pas une étiquette. C’est un souhait, un destin, une parole qui contredit un mauvais destin, un souvenir du jour de naissance, une combinaison de noms de parents ou d’ancêtres»

Effectivement, les noms malgaches ont une signification précise et expressive. Mon prénom Lalatiana, par exemple, Lala signifie chérie et Tiana aimée (ou chérie). Une amie américaine a décidé de m’appeler « Double Loved » (aimée deux fois). Sans aucun doute, mes parents m’aiment énormément d’où ce prénom, ou ils voulaient s’assurer que je sois aimée : D Celui de mon mari Andry veut dire pilier. C’est sur qui on compte… Ici vous pouvez voir une liste de prénoms malgaches avec leur signification.

Bref, comme je l’ai dit plus haut, les noms malgaches sont souvent longs et imprononçables. Ce qui ne facilite pas toujours la relation avec le reste du monde, car beaucoup ont peur d’écorcher nos noms, expliquent quelques membres de la diaspora. Comment y remédier ? Utiliser un diminutif pour faciliter la communication? C’est mon cas. Désormais, je n’utilise que la première moitié de mon prénom. Avoir un deuxième prénom? Comme Andriamihaja qui utilise Guénolé.

Un sujet de discussion vu les réseaux sociaux lancé par une Malgache vivant en France:

« J’ai du demander un acte d’état civil auprès d’une mairie en France. Je me suis sentie humiliée en sortant de là à cause de mon nom qui paraît-il est trop long pour le logiciel de la mairie. Je suis triste parce qu’ils ont donné tort à mes parents. Ils ont dit que nous autres Malgaches devrions changer nos pratiques qui sont démodées. »

A cela, les commentaires se résument en : « Ce sont les parents qui sont à blâmer? ou c’est le logiciel qu’il faudra changer? Nous ne devons nullement avoir honte de nos noms. C’est ce qui nous différencie. C’est notre culture. Ça devrait être notre fierté. »  Et je partage ces opinions.

Sinon, quelqu’un a proposé que cette femme aille au tribunal et change de nom. En effet, un tel recours est possible. Mais doit-on réellement en arriver là? Changer de nom serait, pour moi, déshonorer ses parents et renier son origine. Après, la décision appartient à chacun.

Une autre personne a proposé qu’on raccourcisse les noms donnés aux enfants pour faciliter les choses. Certains restent sur leur position comme quoi la fierté culturelle prime et qu’on ne doit rien changer à la tradition. D’autres considèrent la question.

Mais est-ce réellement un dilemme de porter un nom trop long? Il faut préciser que trop long veut aussi dire beaucoup de prénoms voir trois, quatre ou plus. Il y a des gens qui n’ont aucun problème avec cela qu’ils soient à l’étranger ou pas. Mon mari, par exemple, porte bien son nom malgré sa longueur. Quant à une de mes tantes, elle a avoué que ça l’énervait quand, lors des examens à l’école, elle était encore en train de remplir les cases des noms et prénoms alors que les autres commençaient déjà leur devoir. Notre pasteur a vécu la même expérience et déconseille vivement aux nouveaux parents de donner des noms trop longs à leurs enfants. Mon père a préféré ne pas nous faire porter son nom de famille. Il a toujours galéré avec. Et j’avoue que même entre Malgaches, son nom reste compliqué.

Alors, est-ce un compromis, une prise de conscience ou une simple envie de changer? Car beaucoup de parents optent actuellement pour des prénoms malgaches, courts, concis, faciles à prononcer pour la joie de tous. C’est sans doute la raison des créations de nouveaux prénoms malgaches qui sont très tendance.  Henika Fitia ( remplie d’amour) est très à la mode ces derniers temps. Mais il y aussi Henikaja (rempli de respect), Aro (protection), Mahatia (on a envie d’aimer), Iloniaina (huile de la vie ou plutôt raison de vivre)…

Les parents  font même preuve d’une grande imagination et d’inspiration pour essayer d’avoir des prénoms malgaches bien originaux. Quelques exemples:  Tianay (nous aimons), Anay (à nous), Tohy’Aina (suite de la vie), To’Ahy (venant de Toa Ahy – comme moi)…

Mon mari et moi avions trois critères pour choisir les prénoms de nos enfants. On voulait des prénoms malgaches, signifiant nos souhaits pour eux et qui ne sont pas trop courants. J’avoue que nous n’avons pas tellement tenu compte des difficultés possibles qu’auront les non-Malgaches avec leurs prénoms. Espérons que les gosses s’en sortiront bien. Notre fils s’appelle Andraina (vers qui on lève la tête, en qui on place l’espoir) To (accompli). Notre fille s’appelle Ikoriantsoa (en qui coulent les biens/bonnes choses) Tanteraka (synonyme de « To » pour dire que nos enfants sont sur le même piédestal).

Il y a eu une période où les parents préféraient les prénoms étrangers. Depuis peu, on remarque que les prénoms purement malgaches sont favorisés. Et, entendons-nous bien, je n’ai absolument rien contre les Yoan, Erwan, Aaron…, mais j’aime les noms malgaches. Je prends d’ailleurs toujours plaisir à expliquer leurs significations aux étrangers. J’espère que cette tendance persistera.

 

 

 

 

 


Madagascar: L’éducation selon les Ntaolo est-elle encore d’actualité?

Bonne et heureuse année 2014 à tous! Je reviens avec une bonne nouvelle. Je viens d’avoir une petite fille. Ce qui a valu cette pause.

Ma fille est née un vendredi. A quoi ça sert de savoir ça me diriez-vous? Mais c’est un jour que je dois prendre en compte sérieusement, selon ma belle-mère en tout cas. « Ne coupe surtout pas les ongles de la petite un vendredi. Ses cheveux non plus. – Ah bon? Pourquoi?
– Je n’en sais rien. Mais c’est comme ça. Il faut suivre les coutumes.« 

Bracelet de bouton pour la poussée dentaire - ©ariniaina
Bracelet de bouton pour la poussée dentaire – ©ariniaina

Je vous ai déjà parlé des tabous durant la grossesse. Aujourd’hui, je vais partager le peu que je connais sur l’éducation des enfants selon les croyances des Ntaolo (ancêtres). Certaines croyances restent inexpliquées. Aucune personne de mon entourage en tout cas n’en connait les vraies raisons.

J’ai fait quelques recherches sur internet mais en vain, je n’ai trouvé qu’un livre (payant) qui parle du sujet. Je n’ai pas encore pu me l’offrir. Aussi, je demande votre aide. N’hésitez surtout pas à partager si vous connaissez d’autres croyances sur la manière d’élever son enfant. La liste ci-dessous relève donc de ce qu’on m’a dit de suivre depuis que je suis mère.

A NE PAS FAIRE

– Après la naissance, au moment d’enfouir le placenta sous terre, il ne faut pas se retourner au risque d’avoir un bébé qui louche.

– Une fois que le cordon ombilical tombe, on le donne à manger aux bœufs. Si une personne a très mauvaise mémoire, on le surnommera « very tadi-poitra » (celui/celle qui a perdu son cordon ombilical).

– Il ne faut pas emmener bébé sortir le soir pour le protéger de l’esprit du mal. Sinon, mettre de la cendre sur le front de bébé avant de sortir la nuit, brûler des cheveux une fois de retour à la maison pour faire partir cet esprit.  On peut également enjamber une flamme pour conjurer le mauvais sort. Il faut faire de même après une présentation de condoléance chez la famille du défunt, une veillée funèbre ou un enterrement.

– Dans la région Est de Madagascar, il est interdit à l’enfant qui n’a pas encore de dents de porter un chapeau en raphia. Le raphia met sept ans pour fleurir. Il paraît alors  que l’enfant qui ne respectera pas cette croyance ne survivra pas au delà de ses sept ans.

– Le garçon non circoncis ne doit pas s’asseoir sur un mortier.

A FAIRE

– Quand bébé a trois mois, il aura droit à sa première coupe de cheveux. Pour cela, sa mère choisit une personne ayant une belle chevelure, espérant ainsi que le bébé ait d’aussi beaux cheveux que cette personne. Au moment de la coupe, personne ne doit se retourner. C’est aussi une grande célébration pour toute la grande famille.

– Faire mettre un bracelet fabriqué à l’aide d’un fil et d’un bouton qu’on a ramassé (trouvé) pour faciliter la poussée des dents.

– Verser de l’eau à l’endroit où l’enfant est tombé.

– Le parent, avant de partir en voyage, sucera l’auriculaire de son enfant pour que l’absence ne soit pas trop pénible pour ce dernier.

– Un garçon non circoncis ne sera pas un vrai homme.

SUIVRE ou PAS? CROIRE ou PAS?

Depuis quelques temps, je suis un groupe sur Facebook: « Koloiko ny zanako » (Je prends soin de mes enfants). J’ai demandé aux mamans membres de ce groupe de partager leur opinion sur la question. Les avis divergent.

Il y a celles qui s’y opposent. Une grande majorité préfère s’en remettre à Dieu et juge ces croyances d’occultes. Une autre partie ne suit pas car, pour elles, tant qu’il n’y pas d’explications scientifiques, elles n’en croient rien.

Ensuite, il y a celles qui respectent ces coutumes. Pour elles, c’est pour ne pas contredire les parents ou grand-parents. Ce sont souvent ces derniers qui rappellent aux jeunes mères comment il faut faire pour élever son enfant. Mais c’est aussi pour respecter la culture malgache et la faire perdurer. « De toute manière, Dieu ou pas, science ou pas, il n’y a aucun mal à suivre ces pratiques« , disent-elles. « Sachez qu’il y a plusieurs pays tels que l’Inde, le Japon, la Chine… dont les peuples sont jaloux de leur culture. Ce n’est pas pour autant qu’on les juge de païens« , a ajouté Fenohasina, l’une des mamans du groupe.

Et enfin, il y a certaines qui redoutent les possibles conséquences de telles croyances. Aussi, elles les suivent à la lettre.

Moi, je fais partie de ces gens qui n’y prêtent pas beaucoup attention. Comme je l’ai dit dans mon billet sur les interdits qui concernent les femmes enceintes, je recherche plus d’explications scientifiques. En parlant de coutume, j’ai tout de même fait circoncire mon fils, ce qui m’a valu le surnom de mère ignoble qui a fait mutiler son enfant.  Mais, je vous rassure, mon fils va merveilleusement bien. Sinon, je me souviens, un jour, mon bonhomme a joué sur le seuil de la porte. Alors, pour ne pas l’embêter, je l’ai enjambé pour passer. On m’a crié dessus comme quoi c’était tabou et que mon enfant ne grandira plus.

Et vous, que pensez-vous de ces croyances?

 

 


Je suis malgache, j’ai fait circoncire mon fils

Mon garçon n’était même pas encore né que, comme tout parent, je me projetais dans son avenir. J’imaginais notre première rencontre à sa naissance, son premier biberon, son premier éclat de rire, ses premiers pas… Et depuis, je redoutais déjà le jour de sa circoncision. Aaaahh, cette culture à laquelle les petits garçons malgaches n’échappent pas.

Faire la circoncision ou pas? Si oui, quand l’enfant aura quel âge? Où? La faire à l’américaine ou y a-t-il d’autres choix? Dire au petit ce qu’on va lui faire ou pas? Combien de temps ça va mettre pour guérir? Faire la fête comme la tradition le veut ou pas? Toutes ces questions nous préoccupaient à mon mari et à moi.

La circoncision, on doit la faire. La tradition l’oblige. La société la réclame. L’école l’exige. Vous vous étonnez sûrement mais oui, l’école demande à ce que l’enfant soit circoncis avant la rentrée. Peut-être pas toutes les écoles à Tanà, mais celle qu’on a choisi pour notre fils en tout cas. Je me suis même surprise à répondre: « Oui, de toute manière, c’est prévu » lors de l’entretien avec la directrice d’école. On va donc la faire.

Mon fils dans son "malabary" après sa circoncision. Photo © Ariniaina
Mon fils dans son « malabary » après sa circoncision. Photo © Ariniaina

Quel est l’âge idéal pour la circoncision? J’ai vu que chez les Juifs, l’enfant est circoncis au 8ème jour après sa naissance. La circoncision musulmane se pratique à la pré-adolescence. Y a-t-il un âge spécial requis à Madagascar? Pas que je sache. Beaucoup le font avant la rentrée à l’école, aux alentours de 3 ou 4 ans. Sinon, à Mananjary, par exemple, on attend le Sambatra. C’est un rituel de circoncision collective pratiquée tous les 7 ans dans cette partie Sud-est de la Grande Île. Peu importe l’âge de l’enfant, les parents de cette région attendent cet événement pour faire circoncire leur fils. Mon fils, lui, on l’a fait à ses 2 ans, samedi dernier (10 août 2013). Nous avons préféré le faire cette année parce que si on attend encore, il en gardera peut-être un traumatisme. C’est ce que son père et moi pensons en tout cas.

Mais pourquoi faire ce rituel? J’allais me justifier en disant que c’est pour des raisons médicales. Comme quoi des saletés peuvent rester dans le prépuce. Ou que ça favorise le risque de cancer. Et que plus tard, il se peut qu’on doit quand même le circoncire parce qu’il aura des problèmes de santé. Il sera alors plus âgé, plus conscient de la douleur. Ainsi, j’aurai regretté de ne pas avoir fait la circoncision plus tôt. Mais, au fond, est-ce la culture qui l’emporte? N’est considéré « vrai homme » que celui qui est circoncis. Cependant j’avoue que je n’apprécie pas trop le fait qu’on félicite mon fils. Non, sérieusement, mon petit garçon a 2 ans. Il ne peut pas être considéré comme devenu « adulte » parce qu’on lui a enlevé un bout de son zizi. Enfin bref, je me convaincs qu’au moins, plus tard, il ne se sentira pas différent des autres garçons malgaches. C’est mon lot de consolation.

Où faire la circoncision? C’était la décision la plus difficile. Une chose était sûre. Hors de question de la faire à l’ancienne comme je l’ai expliqué dans un précédent billet. Le rituel se fait à la maison, avec un guérisseur traditionnel (d’ailleurs où en trouver?), avec un simple couteau de cuisine, sans anesthésie. Non, non et non. J’ai lu un article en malgache qui reproche à la génération actuelle de ne plus respecter la tradition. Mais n’est-il pas plus important de réduire au maximum la souffrance de l’enfant? ainsi que les risques encourus en ne faisant pas la circoncision dans un milieu hospitalier? En tout cas, nous, mon mari et moi, ces deux raisons étaient la base même de notre choix. Il y a un médecin très expérimenté qui a son cabinet médical assez près de chez nous. Il pratique la circoncision à l’américaine qui consiste à couper le morceau de peau avec une capsule brûlante. Beaucoup sont convaincus par cette méthode car il n’y a pas de saignement et c’est presque sans douleur. Je n’ai rien contre ce médecin. Il était d’ailleurs notre premier choix. Mais finalement, on a opté pour l’hôpital HJRA et c’est sans regret car pour eux on endort l’enfant. Donc, l’enfant ne voit rien et ne ressent rien pendant l’opération qui a duré à peine 5 minutes. C’était très important pour mon mari et moi. On a pu constater que notre enfant n’est pas traumatisé après l’opération et aussi, ne ressent aucune colère envers mon père et mon frère qui l’ont conduit à l’hôpital. Contrairement à mon frère qui se souvient de toutes les personnes qui l’ont tenu le jour de sa circoncision; des gens qu’il a détesté pendant un long moment de sa vie.

 Au réveil du petit après la circoncision, il a pleuré pendant une bonne heure jusqu’à notre retour à la maison. C’était dur, dur, dur. Je ne savais pas comment consoler mon pauvre garçon. Heureusement qu’il a compris ce qui lui arrivait. Parce que quelques jours auparavant, je lui ai maintes fois expliqué ce qui l’attendait, qu’on devait absolument le faire, que ça allait faire très très très mal, et qu’il avait le droit de pleurer. Après les pleurs, il a fait une petite somme. Ensuite, on lui a offert de nouveaux jouets. Aussitôt, la douleur est oubliée. Il a joué comme si de rien n’était. Seuls les pipis de cette première journée se faisaient avec de petites larmes ainsi que le bain du lendemain. Là, on est au 5ème jour après la circoncision, ce n’est pas tout à fait guéri mais le petit va bien. Il refuse juste d’enfiler un pantalon. Il préfère ne mettre que son « malabary » , une tenue traditionnelle pour l’occasion. Et oui, je tenais quand même à suivre quelques points de la tradition.

En parlant de ça, mon père a également tenu à remplir son rôle de grand-père: avaler le prépuce avec une banane. Donc, je me suis dit « tant mieux« . Et certes, la circoncision dans les centres médicaux peuvent se faire toute l’année, on a quand même gardé la tradition en la faisant en hiver. C’est vrai quoi, c’est mieux pour la cicatrisation non? Sinon, on n’a pas fait de fête. On a beau appeler la circoncision « hasoavana » (grande joie) en malgache, mon cœur n’était pas pour la célébration. Seuls les proches étaient prévenus. Je voulais me concentrer plus à mon bonhomme qu’à la bouffe, aux boissons et au bien-être des invités.

Voilà, c’est mon expérience en tant que mère d’enfant circoncis. Le plus dur finalement était la nuit précédant la circoncision. J’ai passé une nuit blanche tellement j’angoissais. Une fois l’opération faite, il fallait faire face et ça s’est bien déroulé. Allez, bon courage aux parents qui auront à faire ce choix et vont vivre cette expérience. « Arahaba ririnina » (Joyeux hiver) – comme on dit – à ceux qui viennent de la faire.


Antananarivo: Chasse aux pisseurs de rue

Un jour, j’ai emmené mon petit frère avec moi pour aller acheter des ceintures de karaté en ville. Il devait avoir 7 ans. A peine les ceintures achetées, voilà que mon frère a eu envie de faire pipi. Panique! Panique! Où peut-il faire son besoin? Pas de pissoir aux alentours. Le plus proche, qu’on surnomme « Métro » car il se trouve dans le sous-sol de l’esplanade d’Analakely, était à 10mn à pied. Mais c’était tout sauf propre. Pas question pour moi d’y mettre les pieds. Je lui ai alors proposé de faire vite derrière une voiture garée à côté. Je lui ai même convaincu que personne ne pouvait le voir. Mais mon frangin ne voulait rien savoir. L’éducation de maman lui interdisait d’uriner n’importe où. Alors aucune discussion possible. Grande sœur, qui n’était encore qu’une pauvre étudiante à l’époque, n’avait qu’une solution: prendre un taxi pour le ramener au plus vite à la maison.

Je me souviens m’être engueulée avec ma mère une fois à la maison. Comme quoi à cause de son éducation, je me suis ruinée en taxi. Mais à bien y réfléchir maintenant, je suis fière que mon frère ne soit pas comme ces pisseurs de rue qui salissent l’environnement. On dirait même qu’il suffit qu’un seul commence à arroser un mur ou un poteau pour que d’autres le suivent. Il arrive très souvent qu’on doit passer à de tels endroits et non seulement ça pue, mais on ne sait plus où mettre les pieds.

Depuis longtemps des avertissements sont laissés sur les murs: « Alika no mamany eo » (Sont des chiens qui pissent là), « Raràna ny mamany eto. Dina  5 000Ar » (Défense d’uriner ici sous peine de payer une amende de 5 000Ar). Plus tard, quelqu’un a même eu l’idée de mettre: « Dina 10 000Ar miampy daroka » (Amende 10 000Ar et des coups). Mais assouvir les besoins de faire pipi semble être plus fort. D’ailleurs, a-t-on déjà réellement vu quelqu’un mettre en application ces messages et réclamer les « dina » ?

2013-08-07 09.32.56

Détrompez-vous les gars de Tanà! Aucune intention de ségréguer ici mais c’est vrai quoi, 99% de ces pisseurs de rue sont des mâles. Je disais donc, faites gaffe! Depuis quelques temps, j’ai remarqué un camion-bus blanc de la police municipale arriver à l’improviste près du pont de Behoririka. Sa mission: embarquer tous ceux qui urinent sur la voie publique. Je ne sais pas ce qui attend ces personnes arrêtées. Seront-elles enfermées pendant 24 heures? 48 heures? Devront-elles payer des amendes? Recevront-elles juste un avertissement pour cette fois? En tout cas, je salue cette initiative. Ces personnes réfléchiront sans doute à deux fois avant de sortir leur engin pour arroser d’autres murs ou trottoirs. Si ces arrestations continuent, du moins dans mon quartier, je pourrai peut-être apprécier un peu mieux ma véranda. Parce que, j’avoue, il y a des moments où les odeurs de pisse arrivent jusque chez moi. C’est insupportable! C’est dégueulasse! C’est révoltant!

Mais pourquoi uriner dans la rue? J’ai demandé à quelques personnes et en gros, les raisons sont les suivantes. Les pissoirs publics sont insuffisants. Le prochain est trop loin. Du coup, quand l’envie est pressante, le coin de la rue aide. D’autres se plaignent des 50Ar et 100Ar qu’il faut payer dans ces WC publics. Ils ne comprennent pas pourquoi on doit payer pour un service public. Et pourtant cette petite somme sert à entretenir les toilettes. En même temps, il ne faut pas s’attendre à une propreté totale hein. Disons que certaines toilettes sont plus ou moins supportables que d’autres. Sinon, certains ont juste répondu: par mauvaise habitude (avec un petit sourire aux lèvres).

Il fait assez froid actuellement dans la capitale. Et on comprend que les envies d’uriner deviennent plus fréquentes. Mais attention, la chasse aux « arroseurs » de rue est ouverte! D’ailleurs, hier, elle a été bonne pour la police municipale. J’ai pu compter une dizaine de personnes embarquées dans le camion-bus.

 


Une nouvelle vie avec Opération Smile

66 volontaires composés de médecins, chirurgiens, dentistes, infirmiers…, tous membres de l’OSSA – Opération Smile South Africa – sont actuellement à Antananarivo. En collaboration avec le Lion’s Club Antananarivo, ces volontaires venant d’Afrique du Sud sont ici pour l’Opération Smile Madagascar 2012 qui consiste à opérer gratuitement des personnes souffrant de fentes labiales et palatines.

Les 9 et 10 Août derniers, plus de 250 enfants ont été dépistés. Du 13 au 17 Août, environ 150 enfants ont bénéficié d’une chirurgie gratuite.

 “L’équipe a été très occupée à Madagascar! Au cours des deux derniers jours, nous avons déjà opéré 60 patients et ne sommes pas encore à mi-chemin de notre mission de la semaine! Comme toujours, nous sommes très reconnaissants pour tous les formidables soutiens que nous recevons. Merci à tous et à chacun – nous ne pourrions pas le faire sans vous!”,  a publié OSSA sur leur page Facebook [EN] mercredi matin.

Hotel Carlton Madagascar, un des partenaires de l’Opération Smile, a fait appel aux membres de ICE English Club pour ceux qui ont bien voulu faire du bénévolat durant la mission 2012. Je comptais parmi les volontaires le 10 Août. Nos tâches consistaient à remplir les fichiers des personnes à dépister.  Sinon, on servait aussi d’interprètes car les membres d’OSSA ne parlent pas malgache.

Des jouets ont été offerts aux enfants durant l'Opération Smile Madagascar Août 2012
Des jouets ont été offerts aux enfants

J’ai pu remarquer qu’une grande majorité des parents qui ont emmené leurs enfants à l’HJRA – Hopital Joseph Ravoahangy Andrianavalona – étaient des paysans agriculteurs-fermiers. Ils venaient des zones suburbaines d’Antananarivo souvent après avoir fait un long trajet de marche ou en taxi-brousse. J’ai entendu certains dire que l’Opération Smile est un réel espoir pour leurs enfants qui ont un bec-de-lièvre.

Une partie des volontaires durant l'Opération Smile Madagascar Août 2012
Une partie des volontaires

Certaines personnes de mon entourage ne comprennent pas pourquoi je tiens à « perdre mon temps » dans du bénévolat qui ne me rapporte pas d’argent. Ma contribution est moindre comparée aux savoir-faire, temps, et dévouement des membres de l’OSSA mais ça a été un réel plaisir pour moi d’avoir apporté ma petite part de brique. C’est une vraie compensation de savoir qu’en offrant un nouveau sourire à ces enfants nés avec un bec-de-lièvre, on leur offre également une nouvelle vie.

Quelques uns de mes amis malgaches bénévoles à l’Opération Smile Août 2012 ont bien voulu partager pourquoi ils ont consacré un peu de leur temps pour ce projet humanitaire.

Aimée Rakoto:

C’était une opportunité pour moi de partager mes connaissances et d’en avoir de nouvelles. En plus, j’ai rencontré des gens nouveaux et en même temps, j’ai développé mon estime de soi et ma confiance en moi. J’ai également acquis de nouvelles expériences et ai servi non seulement ma communauté mais aussi mon pays.

Tahiana Rakotoharinavalona:

La principale raison de ma participation est la satisfaction d’avoir aider des gens, surtout des enfants, de faire briller leur vie même si ce que j’ai fait n’est qu’un grain de sable (comparé au travail qui doit être fait).

Aussi, j’ai voulu vivre cette ambiance spéciale qui ne peut être ressentie que dans le volontariat, et encore une fois, c’était exceptionnel! C’est difficile de trouver les mots pour l’expliquer mais si voulez le connaitre, vous devriez le voir par vous-même. Merci Opération Smile!

Maharavo R. Ambinintsoa:

La raison pour laquelle j’ai pris part à cet événement est très simple. J’aime aider les autres et par dessus tout, je l’ai fait de mon propre gré. Tant que je peux aider quelqu’un, je le fais.

Un jour, quelqu’un m’a dit que s’il y a deux personnes debout, je dois être l’une d’elles; et si l’une d’elles n’abandonne pas, cette personne devra être moi.

OSSA prévoit de faire deux interventions par année à compter de 2013: une à Antananarivo et une autre à Toamasina. Prochain rendez-vous pour la capitale: Mars 2013.


The Voice devient The One?

Anyah, une des coachs, va-t-elle appuyer sur le bouton ou non?

Concours de chant pour trouver la meilleure voix. Première phase: sélection à l’aveugle. Quatre coachs dos au concourant qui tente de séduire au moins un des coachs avec sa voix. Le (ou les) coach(s) appuie(nt) sur un bouton pour tourner son fauteuil s’il(s) juge(nt) la voix intéressante. Ce n’est pas tout. Pendant que les participants sont sur scène, les supporteurs (amis ou familles) sont dans une salle suivant la performance via un écran… Beaucoup d’entre vous diront « The Voice« [EN]? Et non, au fait, c’est The One.

Il y a quelques mois, une chaîne privée à Madagascar a annoncé le lancement d’un prochain concours « One Voice« . Déjà, des commentaires négatifs se sont faits entendre. On redoutait le copier-coller. Finalement, ce sera « The One » qui a démarré sur la RTA le samedi 28 juillet 2012 après le premier casting d’il y a quelques semaine. Cette chaîne a été connue par ses concours du même genre des années précédentes: Pazzapa, VoxPop. Et je peux dire que ce genre de téléréalité a conquis l’intérêt de nombreux téléspectateurs malgaches (moi, franchement, je ne suis pas trop fan).

Récemment, la RTA a licencié plusieurs de ses animateurs vedettes, d’autres ont démissionné. Ces anciens animateurs se sont alliés à une toute nouvelle chaîne fraichement créée: Dream’In. Et beaucoup des spectateurs se lancent dans un pari: qui des deux sera la meilleure? D’autres s’attendent à la perte de la première. Ce copier-coller de The Voice va-t-il aider la RTA?

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The Voice devient The One?

Concours de chant pour trouver la meilleure voix. Première phase: sélection à l’aveugle. Quatre coachs dos au concourant qui tente de séduire au moins un des coachs avec sa voix. Le (ou les) coach(s) appuie(nt) sur un bouton pour tourner son fauteuil s’il(s) juge(nt) la voix intéressante. Ce n’est pas tout. Pendant que les participants sont sur scène, les supporteurs (amis ou familles) sont dans une salle suivant la performance via un écran… Beaucoup d’entre vous diront « The Voice« [EN]? Et non, au fait, c’est The One.

Anyah, une des coachs, va-t-elle appuyer sur le bouton ou non?
Anyah, une des coachs, va-t-elle appuyer sur le bouton ou non?

Il y a quelques mois, une chaîne privée à Madagascar a annoncé le lancement d’un prochain concours « One Voice« . Déjà, des commentaires négatifs se sont faits entendre. On redoutait le copier-coller. Finalement, ce sera « The One » qui a démarré sur la RTA le samedi 28 juillet 2012 après le premier casting d’il y a quelques semaine. Cette chaîne a été connue par ses concours du même genre des années précédentes: Pazzapa, VoxPop. Et je peux dire que ce genre de téléréalité a conquis l’intérêt de nombreux téléspectateurs malgaches (moi, franchement, je ne suis pas trop fan).

Récemment, la RTA a licencié plusieurs de ses animateurs vedettes, d’autres ont démissionné. Ces anciens animateurs se sont alliés à une toute nouvelle chaîne fraichement créée: Dream’In. Et beaucoup des spectateurs se lancent dans un pari: qui des deux sera la meilleure? D’autres s’attendent à la perte de la première. Ce copier-coller de The Voice va-t-il aider la RTA?

Voici les premiers commentaires sur The One que je cautionne d’ailleurs.

« The One » copieur… c’est vraiment du copier-coller.. pfff!!!

Question: est-ce qu’on est obligé de toujours copier ce qui ce fait à l’étranger? Il n’y a aucune différence entre The One et The Voice! Pourquoi ne pas chercher un nouveau concept!

Ce dernier se demande si ce concours ne va pas à l’encontre des concepteurs de The Voice ou s’il y a déjà un contrat entre les deux entités.

Pardonnez-moi si jamais je me trompe mais dans d’autres pays, le nom The Voice et le logo sont les mêmes. Donc, si réellement il y avait un contrat quelque part, pourquoi avoir changé le nom et le logo pour RTA Madagascar?

Allez, on va mettre ça sur le compte du dicton malgache « Ny soa fianatra » (ce qui est bien s’apprend).


Célébration de l’indépendance américaine à Madagascar

4 juillet 2012, c’est le 236ème anniversaire de l’indépendance des États-Unis. L’ambassade américaine à Madagascar l’a célébré hier (03 juillet).

A l’ouverture de la cérémonie, tous les invités se sont rapprochés et les journalistes photographes se sont bousculés au devant de la scène. Et là, la courte photographe que je suis, a eu un peu de mal à se faufiler. En plus, j’ai entendu derrière moi des invités qui se sont dit entre eux: « Qu’est-ce que je ne donnerai pas pour avoir des photos de cette ouverture ».

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Célébration de l’indépendance américaine à Madagascar

4 juillet 2012, c’est le 236ème anniversaire de l’indépendance des États-Unis. L’ambassade américaine à Madagascar l’a célébré hier (03 juillet).

A l’ouverture de la cérémonie, tous les invités se sont rapprochés et les journalistes photographes se sont bousculés au devant de la scène. Et là, la courte photographe que je suis, a eu un peu de mal à se faufiler. En plus, j’ai entendu derrière moi des invités qui se sont dit entre eux: « Qu’est-ce que je ne donnerai pas pour avoir des photos de cette ouverture ».

Opening ceremony

The Choir
Chorale chantant l’hymne national américain et malgache
Eric Wong, Chargé d'Affaires of US Embassy - Madagascar
Eric Wong, Chargé d’Affaires de l’ambassade américaine à Madagascar

Dans son discours, Eric Wong, Chargé d’Affaires de l’ambassade américaine à Madagascar, met en avant les projets financés par les États-Unis. « Beaucoup a été dit sur la crise au cours de ces trois interminables années. Cependant, on dit souvent qu’en se concentrant trop sur les problèmes d’aujourd’hui, on rate les potentialités de demain. Saisissons donc cette occasion pour tourner notre regard vers l’avant, vers l’avenir de Madagascar ». C’est dans cette perspective que les États-Unis se sont investis dans la génération de jeunes dirigeants à travers le Centre Martin Luther King pour l’Éducation Civique des Jeunes. Il y a aussi le projet « Vivez une expérience naturelle » au Parc de Ranomafana. Un Centre Culturel Mobile fait actuellement le tour de Madagascar. Et un tout nouveau Centre Américain ultra-moderne va aussi s’ouvrir au grand public en septembre 2012.  « Les États-Unis apportent la nouvelle technologie et des opportunités au cœur même de la crise », indique Eric Wong.

Sample of books to be seen at the new American Center
Des échantillons de livres qui seront disponibles au nouveau Centre Américain
Kindles
Des kindles, lecteurs de livres numériques, parmi les outils de pointe qui seront utilisés au nouveau Centre Américain

L’ambassade des États-Unis à Madagascar a tenu à inviter les blogueurs pour la célébration de leur fête de l’indépendance. Nous étions 5 à avoir répondu présents.Cette invitation était un très beau geste de leur part. Cependant, il y a quelques points qui m’ont mis mal à l’aise.

Ce qui m’a le plus choqué c’était la « ségrégation » entre les invités et les journalistes. Les membres de la presse (les blogueurs y compris) n’ont pas eu le droit de se mélanger aux invités. L’ambassade a réservé un coin (style perchoir) pour les journalistes. Seuls les photographes pouvaient descendre le temps de l’ouverture de la cérémonie et du discours d’Eric Wong. Et juste après le discours du Chargé d’Affaires, ils ont organisé une conférence de presse à laquelle on nous a obligé d’assister pour ensuite nous mettre dehors. « Est-ce ça la liberté de la presse? », s’est demandé un des invités présents.

En tout cas, comme tous les autres invités, ça m’a bien fait plaisir d’être rentrée avec un pot d’oranger comme cadeau. Eric Wong a terminé son discours en précisant que ces orangers porteront leurs premiers fruits dans une année et sont signes de la volonté des États-Unis à collaborer durablement avec Madagascar.