Aristide MONO

« 20 mai » au Cameroun: Fête de l’unité nationale ou fête de l’Etat unitaire ?

lesmiserables.monodoblog.org
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Le Cameroun célèbre chaque 20 mai la fête de l’unité nationale. Une date qui renvoie à la création de l’Etat unitaire d’où la difficulté à cerner clairement sa véritable essence: Est-ce la fête de l’unité ou alors la fête de l’Etat unitaire ?  Et si on admet que c’est la fête de l’unité, idée soutenue d’ailleurs par les organisateurs de cette parade, nous sommes encore enclins à nous interroger cette fois-ci sur l’effectivité au Cameroun d’une unité nationale au sens pur du communalisme de Max Weber. Le communalisme défini comme le sentiment d’appartenir à une même communauté.

Rappel historique du « 20 mai »

Après la réunification du Cameroun occidental (anglophone) et oriental (francophone) le 1er octobre 1961 qui a abouti à un Etat fédéral, le pays va accélérer son processus d’intégration politique. Le 20 mai 1972, à l’issu d’un référendum, les camerounais vont se prononcer pour la création d’un Etat unitaire. Les deux entités politiques fédérales vont se fondre jusqu’à ce jour au sein d’un seul Etat supposé entrainé l’érection d’une nation « une et indivisible ».

Une unité restée jusqu’ici institutionnelle et politique

Le référendum de 1972 est resté une prouesse du point de vue politico-institutionnel, puisqu’effectivement l’Etat fédéral a donné lieu à un Etat unitaire. On est allé plus loin en faisant disparaitre les deux étoiles, symboles des parties anglophone et francophone sur le drapeau national. L’architecture institutionnelle, les discours et autres rites politiques démontrent à suffisance cette réalité. Seulement l’inscription de cette date dans le calendrier comme fête de l’unité nationale fait ressurgir la problématique de la défaillance des pouvoirs publics, cinquante ans après, de dépasser le simple Etat unitaire pour parvenir à l’unité nationale c’est-à-dire une véritable nation unie dans sa diversité .

La notion d’unité nationale

Loin des considérations politiques et institutionnelles comme nous l’avons sus évoqué, l’unité nationale, notion purement sociologique renvoie à une communauté au sens de la Gemeinschaft de Ferdinand Tönnies, proche de la société mécanique d’Emile Durkheim. Elle suppose une intériorisation et assimilation par tous les membres de la société politique du sentiment d’être frères et sœurs dans un élan de solidarité nationale. Dans le cas camerounais on s’attendrait à ce que l’identité collective (nationale) soit au dessus des micros identités, que les citoyens se sentent partout comme chez eux et qu’en fin de compte ils se perçoivent non pas comme ressortissant d’une ethnie, d’une religion, d’une classe sociale mais comme camerounais.

Difficile de parler d’unité nationale au Cameroun !

La résurgence du repli linguistique : La question anglophone

L’Etat unitaire n’a pas entrainé l’unité nationale entre anglophone et francophone. Une certaine élite politique anglophone (activistes du Southern Cameroun) ne cesse de prôner la sécession, allant jusqu’à proclamer clandestinement leur indépendance. Cette obstination trouve son fondement dans le constat selon lequel, les anglophones estiment être marginalisés. L’attribution par consensus politique du poste de premier ministre à cette partie du Cameroun ne parvient pas à remblayer l’insatisfaction des ressortissants du Nord et Sud Ouest dont les plus modérés exigent le retour à un Etat fédéral. Position défendu par le principal leader de l’opposition Ni John Fru Ndi.

Alors, si déjà institutionnellement les clivages persistent, il est difficile de penser que sociologiquement les camerounais sont unis.

Les Bamiléké « un caillou dans la chaussure » de l’unité nationale

La stigmatisation voulue ou non des bamilékés, ressortissant de l’ouest tire ses origines de l’époque coloniale. En effet cette partie du Cameroun à été le foyer de la lutte anti coloniale à côté du peuple bassa. Les Bamiléké, pour le pouvoir colonial et post colonial, étaient l’ennemie à abattre, des villages entiers seront rasés par les flammes du napalm. Certains parlent du « génocide bamiléké ». Jusqu’aujourd’hui l’esprit de ressentiment animent plus ou moins ce peuple. De l’autre coté, les ressortissants du Sud ne supportent pas le dynamisme et le « nomadisme » des bamilékés et les traitent d’envahisseurs. Les Ewondos de Yaoundé par exemple n’hésitent pas à remettre en cause les transactions foncières qu’ils ont fait avec les bamiléké, allant jusqu’à poser l’hypothèse d’une expropriation par la violence. En outre dans le partage du National-cake, les bamiléké sont restés exclus jusqu’en 2013. Ils bénéficieront cette année là du poste de président du Sénat or cette « ethnie » fait parti des trois grands complexes ethniques du Cameroun (Bayart).

Succession de 1982 à la tête de l’Etat : divorce entre nordistes et bétis

Le passage du pouvoir d’Ahidjo à Biya a laissé un autre abcès aujourd’hui très puant dans les rapports entre le grand Nord et le grand Sud. Les nordistes estimant que le président Biya avait abusé de la confiance d’Ahidjo car, il a cherché à écarter les ressortissants de cette partie, majoritairement musulmane, des poches du pouvoir. Il condamnera Ahidjo ainsi que sa dépouille à l’Exil. Pour certains nordistes Biya le sudiste a trahi la confiance que le grand nord avait mise en lui.

L’exemple type de cette rupture de 1982 entre les nordistes musulmans et les sudistes chrétiens s’est ressenti lors de la vague d’arrestations des bandits à col-blanc ressortissants du Nord dans le cadre de l’opération épervier. On a assisté à la distribution des tracts dans cette zone du pays incitant les nordistes à des actes subversifs pour déstabiliser le pouvoir de Yaoundé, sous le prétexte que ses arrestations relevaient d’une élimination politique du grand nord dans la succession au président Biya.

La marginalisation des minorités ethniques

La marginalisation des minorités est perceptible au Cameroun tant au niveau de l’’allocation des ressources politico-administratives qu’au niveau de la répartition des infrastructures publiques. Les pygmées par exemple demeurent dans leur jungle originelle. Abandonnés dans un enclavement total, ils n’ont jamais eu de représentant dans les deux chambres du parlement, ni obtenir un poste de ministre ou de Secrétaire Générale. L’une des raisons justifiant cette marginalisation politique est d’élites. Ce qui pose le problème de l’abandon de ces camerounais dans leur quotidien moyenâgeux où il n’y a ni routes, ni écoles dignes de ce nom. Peut-on toujours parler d’unité nationale si les Mbororos et les Pouakam (d’autres minorités) sont socialement exclus ou dévalorisés ?

Le tribalisme dans les hautes sphères de l’administration

Le partage des ressources administratives reste l’un des foyers des replis identitaires. Le personnel administratif camerounais étant inscrit dans une logique de néopatrimonialisation de l’Etat n’hésite pas à s’investir dans la gestion ethniques ou tribales des affaires publiques. La nomination d’un ressortissant d’une ethnie X, entraine immédiatement l’invasion de ce ministère par des frères du village sur la base de rien avec des promotions non sens. Actuellement la présence d’un ressortissant de la région de l’Est à la tête de l’école nationale d’administration et de magistrature (ENAM) a favorisé, selon certaines indiscrétions, la réussite massive des jeunes de ladite région aux derniers concours de cette institution. Le même cas avait été observé lorsque Milo’o Medjo était à la tête de la police, les bétis avaient patte blanche au recrutement.

Le tribalisme au quotidien

On se souvient encore du mémorandum de 51 prêtres autochtones du littoral adressé en 1987 au Vatican pour dénoncer la nomination d’un évêque Bamiléké, Mgr Gabriel Simo à l’archidiocèse de Douala. On se souvient également du rejet de Mgr André Wouking comme archevêque de Yaoundé par les Bétis. On n’oubliera pas la lettre de monseigneur Bakot au doyen de l’université catholique de l’Afrique centrale pour se justifier sur la Bamilékéïsation de la faculté des sciences humaines. Les actes de tribalisme sont donc perceptibles au quotidien, les ethnies créent des noms péjoratifs et insultants pour qualifier ou désigner les autres.

Fête de l’Etat unitaire et non de l’unité nationale

Au vu de ces quelques exemples sur les replis et clivages identitaires au Cameroun, il est difficile de parler de la célébration de l’unité nationale car la logique voudrait mieux qu’on parle de la fête de la création de l’Etat unitaire. Les politiques d’intégration adoptées jusqu’ici ont fait du Cameroun une arithmétique d’ethnie, une somme d’entités sociologiques disparates qui hébergent silencieusement des ressentiments les unes contre les autres.

 


#MondoblogAbidjan: Apprentissage, rencontre et découverte

lesmiserables.mondoblog.org
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Après plus de 10 jours passés sur les côtes de l’océan atlantique à Grand Bassam en côte d’Ivoire, rentré dans ma petite ville universitaire de Yaoundé 2, quelques amis m’interrogent naïvement sur les retombées du séjour. Surement, hantés par l’esprit de béatification des gains matériels, ils s’attendent à une gibecière remplit d’euros et d’articles, mais que non! Je suis rentré avec une valisette bien garnit de fruits récoltés durant l’apprentissage, les rencontres et les découvertes.

Découverte…

Déjà les préparatifs du voyage et le voyage étaient en eux même une découverte. Il m’a semblé que l’administration camerounaise n’est pas totalement pourrie. La Direction nationale des frontières m’a convaincu qu’on peut établir un passeport express sans passer par la corruption. Il y a des raisons d’espérer ! Découverte également de la grande ville de Lagos et de l’aéroport d’Abidjan qui m’a fait comprendre que le Cameroun était l’un des rares pays encore attaché à la ruralité. 50 ans de stabilité (Cameroun) et 3 ans de reconstruction après plus de 15 ans de crise politico militaire (Côte d’Ivoire) ; il n’y a pas match ! Mon pays assis sur ces certitudes de leader naturel de la CEMAC nage dans une bassine, c’est-à-dire tourne autour de ses illusions appelés grandes ambitions.

Découverte, d’une grande famille mondoblogueurs et mondoblogueuses d’une diversité incroyable, jeunes africains, européens, australiens et américains tous sur une même terre, celle de grand Bassam. Du virtuel au réel, la communauté des mondoblogueurs célèbre sa grande messe annuelle. J’ai découvert ces vaillants hommes et femmes qui se cachent derrières les billets, derrière Ateliers des médias de RFI, les Observateurs de France 24 et Reporters sans frontières.

J’ai découvert Abidjan qui vit les pieds dans l’eau, ses populations qui sont malheureusement atteint du syndrome de pauvreté. Cette pauvreté presque « congénitale » à toute l’Afrique, cependant la côte d’ivoire est loin d’être le dernier pays africain, le Cameroun ne pouvant pas dire mieux.

Rencontre …

Si Ziad est resté jusqu’ici ce « mec » caché derrière son casque et son micro au 92130 Issy- les Moulineaux, je l’ai vu, on s’est vu ! Voilà un autre charme de cette expérience de mondoblog Abidjan 2014. Ici chez nous, où la relation reste une ressource non négligeable dans la vie quotidienne, il faut dire que de nombreuses rencontres ont favorisé l’émergence d’un nouveau réseau. Un réseau dont la connexion va des hommes et femmes de l’atelier des médias jusqu’à l’office nationale du tourisme Ivoirien, en passant par le personnel de Reporters sans frontières, France 24, Kremlin Bicêtre et les mondoblogueurs. Que de rencontres, que d’échanges. Un réseau s’est alors vite constitué, je suis maintenant connecté.

Apprentissage…

Les retombée les plus fondamentales ont été l’acquisition d’un nouveau matériau et logiciel intellectuels en termes de bloguing. Peut-être je suis loin des érudits ayant assimilé à une vitesse V l’exposé de Julien Pain sur le traitement des images et vidéo, mais le minimum a été retenu, à savoir une certaine vigilance dans la lecture de ses autres formes d’informations. D’ailleurs des astuces ont été livrées à cet effet afin de détecter les photos et vidéos manipulées.

Que dire du data journalisme comme nouvelles formes du journalisme? Désormais, face au data déluge je peux épargner mes lecteurs d’un trop plein de littérature en leur fournissant des informations sous forme de données, rassemblées et croisées.

Beaucoup de choses également sur la protection du blogueur et  la sécurité numérique.  Le monitoring de Reporters Sans Frontières sur la liberté de l’information et la censure en ligne a été plus qu’édifiant.

Les différents ateliers par petits groupes ont permit aux blogueurs de se doter de nouvelles techniques d’écriture, d’une gestion optimale des temps verbaux ainsi que quelques écueils à éviter. Bloguer c’est incarner, raconter, fournir les couloirs de réflexion dans le respect de la déontologie journalistique.

Alors si vous avez besoin de cette richesse que j’ai ramenée de Grand Bassam, cherchez moi !

 


Lorsqu’on est bloggueur activiste dans un Etat-policier… Une réponse aux amis lecteurs

Très difficile d’animer une page de courant épistémologique holiste, de courant idéologique révolutionnaire progressiste, une ligne éditoriale politique anti-régime dans un Etat qui connait une longue expérience autocratique et où un habitus de peur déguisé en paix a été institué. Très difficile d’animé une page qui démontre que le pays se résume à un seul personnage qui cumule plus de 32 ans de pouvoir. Très compliqué d’assumer ses écrits dans un tel environnement où prononcer le nom du président où d’un ministre sans mettre « EXCELENCE » est un acte subversif.

Mes analyses peuvent paraitre hyperbolique, ce qui est d’ailleurs relativement vrai, mais elles ne se détournent guère du locutoire, du perlocutoire et de l’illocutoire, c’est un combat social avec pour cible l’homme politique africain.

Je commencerai par répondre à une préoccupation des amis lecteurs qui me demandent pourquoi je politise tout dans mon blog ?

Alors comme je l’ai précisé plus haut, je suis de courant holiste c’est-à-dire que la société conditionne le comportement des individus et que dans un Etat les citoyens ne sont que le reflet de ce que la classe dirigeante a voulu qu’ils deviennent. Nul ne peut désormais douté que le principal responsable de la décrépitude de l’Afrique n’est rien d’autre que son élite gouvernante qui élabore des politiques publiques anthropophagiques. Je marque une emphase sur les hommes politiques justement parce qu’en Afrique tout est politique, l’Etat-Président fait du souverain un potentat qui détermine toute l’activité sociétale, alors si une victoire des lions indomptables est considérer comme une prouesse du souverain pourquoi le ménager lorsqu’il faudra plus tard déterminer les responsables de la défaite.

Les amis aux profils académiques  différents essayent de justifier les contres performances de nos Etats du quart-monde par la déchéance économique, environnementale, culturelle, morale,  et bien d’autres. Mais, tous en reconnaissant cette autre façon de traiter le problème africain, je pense qu’en Afrique c’est le politique qui organise tout ces secteurs à sa guise, alors tout est politique et le politique est coupable.

En outre mon travail relève de la politisation des masses, il faut apprendre aux africains à désacraliser les hommes fut-il héros, l’homme ne saurait se substitué à Dieu fut-il président fondateur. Alors un blog comme Akuk People comme son nom l’indique est très amer envers Biya, il cherche à édulcorer le tapage médiatique sur le vernissage d’un régime prédateur et prévaricateur qui tue toute une jeunesse. Il faut apporter un discours alternatifs très dur puisque les médias d’Etat qui violente symboliquement plus de 18 millions de camerounais sont les seuls à émettre dans toute l’étendu du territoire le reste de radio et télé se limitant dans les 10km2 de leur sièges.

Il est vrai qu’un blog ne peut pas désamorcer une telle technologie de sacralisation du chef de l’Etat et de son parti, mais la satisfaction d’un révolutionnaire n’est pas de gagner le combat mais d’y avoir participé.

Quelles peuvent être les conséquences d’une telle entreprise à travers un blog.

D’abord notons l’hypothèque du bloggeur sur sa propre survie. Au-delà de l’insécurité de sa personne il y a la compromission de toutes ses chances d’émerger au sein d’un système qu’il dénonce virulemment, et s’il n’a aucune base sociale, aucun soutient, il est probable que le système l’écrase, qu’il aille se faire voir avec ses trophées académiques et compétences ailleurs, vous courez le risque d’être éternel chômeur. Il y a un risque de voir sa vie étouffer à l’heure où elle devrait décoller.

Il est difficile d’évaluer le nombre de visiteurs dans ce style de Blog. Je suis parfois surpris de savoir qu’il y a des abonnés lecteurs plus que je ne m’en doutais, curieusement il ne poste aucun commentaire !!! Ceci est à priori étonnant que ces lecteurs parfois, mes amis, préfèrent des commentaires hors du blog. Mais lorsqu’on rentre dans la socialisation politique des camerounais, on se rend compte que le projet de zombification a connu une réussite. « Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain », aussi « Tu ne prononceras pas en mal le nom du président en public », telle est la maxime.

En plus de la peur qu’ils ont pour leurs carrières, il y a des amis qui s’inquiètent de mon sort et ne tarde pas à me prodiguer des conseils afin de diluer mon ton et de ne pas m’exposé autant.

Cependant, issue et victime de la frustration j’assume mes convictions, d’ailleurs plusieurs membres de la société civile et partis politiques n’hésite pas d’encourager le blog même s’il y a généralement derrière ces félicitations des tentatives de manipulations et autres yeux doux pour adhérer à leur partis. A ceux là je dis merci mais mes convictions ne cherchent pas preneurs.

C’est très difficile ! Difficile d’avoir accès aux sources d’informations et couvrir des évènements politiques car ma tête inspire déjà la critique c’est pourquoi je préfère des analyses que la restitution des faits. J’inspire la méfiance sous le prétexte que je détiendrai un projet politique souterrain soutenu par une main invisible. Ceci relève également de la construction de l’incapacité de la jeunesse à produire d’une manière autonome une lecture politique. Alors pour mes lecteurs, en guise de mise au point, je suis pour le moment un non partisans qui ne pactise ou tout simplement n’est réactionnaire d’une quelconque ambition politique malsaine d’un leader politique.

C’est très difficile mais l’essentiel c’est de galvaniser la jeunesse africaine qu’elle peut assumer ses responsabilités même politiques sans se faire corrompre.

C’est très difficile !

 


Il n’y a pas de pudeur politique en Afrique!

 

Même après avoir passé une nuit en prison les ministres ne démissionnent jamais !

Un mandat de dépôt du lundi 1er avril a conduit à l’arrestation du ministre camerounais de l’enseignement secondaire qui a été enfermé à la prison centrale de NKondengui (Yaoundé). Pendant que les camerounais jubilaient ce grand retour de l’opération d’assainissement des mœurs économiques, coup de tonnerre : ledit ministre a été libéré le lendemain, 2 avril vers 17H, la même nuit il a été accueilli en grande pompe par ces collègues dans son domicile privé, un diner solennel a été improvisé pour la circonstance, les pasteurs ont rendu grâce à Dieu toute la nuit. Le lendemain, c’est-à-dire le 03, Louis Bapès Bapès était au ministère à 7h et reçu héroïquement par ses collaborateurs au moment où l’opinion nationale s’attendait à sa démission pure et simple comme cela se passe ailleurs ou simplement à son éviction du gouvernement par le président.

La première honte dans cette connerie politique, c’est le fait que la prison de Nkondengui soit devenue la capitale politique du Cameroun où on retrouve un premier ministre, des ministres, des secrétaires et directeurs généraux. Tout un gouvernement est en taule ! Aucun d’entre eux ne reconnait les faits, aucun n’est prêt à présenter ses excuses au peuple surtout lors qu’on sait que par an dans ce pays, 3575 milliard quittent les circuits licites pour se retrouver dans les caisses illicites, soit 25% du PIB. Le président de la république qui est responsable de ce mauvais castings de bandits c’est-à-dire, le coach de cette équipe de malfrats n’a jamais, de son coté, regretté publiquement ses options encore moins penser à rendre le tablier.

Une deuxième honte a trait au comportement malsain de monsieur Louis Bapès Bapès, qui, juste après son arrestation devrait rendre immédiatement sa démission, non pas en terme de désaveux du régime mais pour se consacrer à sa défense et éviter cette honte au camerounais que leur ministre en poste se trouve en prison. Parce que n’ayant pas démissionné le ministre de l’enseignement secondaire jouissait toujours des prérogatives d’un ministre et peut-être a eu à signer les dossiers. Le comble de l’imposture c’est le retour en triomphe de ce dernier dans ses bureaux faisant comme s’il n’y avait rien eu, une autre forme de malhonnêteté, à l’heure ou on s’attendait à un sursaut d’orgueil afin de sauver son honneur à travers une noble démission.

Une autre honte c’est le fait que le ministre de l’enseignement secondaire organise une petite réception et fait prier les pasteurs chez lui toute une nuit. Une manière de montrer que la justice de Dieu a triomphée sur des accusations injustes qui l’ont fait dormir à Nkondengui, se considérant désormais comme un innocent blanchi. Ceci est une humiliation pour la justice camerounaise dans le sens où d’une manière pudique on se rend compte que c’est un seul individu qui tient les manettes du destin d’un pays.

Il y a également une décridibilisation consommée de l’opération épervier (lutte contre les détournements), car si jusqu’ici on pensait tout au moins qu’il y avait une prédominance du judiciaire dans ces affaires aujourd’hui cette opération s’affirme de plus en plus comme une opération politique.

Le comportement narguant de Louis Bapès est similaire au cas de l’ex ministre de l’éducation de base Haman Adama qui en sortant de prison en septembre 2013 après avoir remboursée ses 200 millions volés avait un jet qui l’attendait pour aller renforcer les troupes du parti au pouvoir qui se trouvaient en campagne électorale à Garoua. Comment un ex ministre reconnu coupable de vol et qui vient de rembourser le corps du délit peut-il convaincre un électorat ? C’est très dommage !

Dommage pour la démocratie qui exige l’institutionnalisation effective d’un Etat de droit donc une séparation du pouvoir. Dommage également pour les 3575 milliards blanchis chaque année. Dommage pour le peuple nargué par ces voleurs une fois sorti de prison.

Enfin de compte, dommage pour le manque de pudeur politique : En Afrique on ne démissionne jamais même lorsqu’on est pris la main dans le sac !

 

 

 

 


Coup de griffe : la sorcellerie racontée par les petits enfants en Afrique!

Le sujet est délicat, mais risquons nous quand même. Ce n’est pas le problème de la succession de Dieu, nous parlerons de la sorcellerie, Il se pourrait que toute la République est attachée comme le disait Charles Ateba Eyéné de regrettée mémoire. C’est même quoi cette histoire de sorcellerie ? Tenez !

Au-delà des ardeurs classificatoires  entre Anglo-Saxons qui de leur côté divise la sorcellerie en wichcraff  (magie blanche) et sorcery (magie noire) et francophones qui ne font aucune différence. Au-delà de ce débat, disais-je,  la sorcellerie « est un ensemble de croyances structurées et partagées par une population donnée touchant à l’origine du malheur, de la maladie ou de la mort » pour reprendre  Marc Augé, grand théoricien de la sorcellerie.

Si cette dynamique obscure a été longtemps maintenue dans l’ombre, et que seules les intelligences, spécialistes des forces occultes étaient à même de déchiffrer les codes de ce phénomène, aujourd’hui, la sorcellerie connaît une grande innovation, elle se raconte désormais au grand jour. Le caractère secret, invisible des discours et pratiques des sorciers ne fait que reculer, l’âge importe peu, désormais se sont les enfants qui sont aux commandes des jets et Boeing de minuit.

Nous avons parlé d’enfants ! Les esprits se révoltent pour me contredire, choqués, ils dénoncent la manipulation et la zombification des enfants, pour faire simple ils disent que ses « enfants-sorciers » sont des boucs-émissaires. On peut évidemment abuser de leur fragilité et vulnérabilité afin de construire des soupçons infondés qui sont d’ailleurs condamnés par la convention des droits de l’enfant que le Cameroun a ratifié le 11 janvier 1993.

C’est aussi bien beau de jouer l’avocat du diable !

C’est également bien beau de fustiger la révolte des individus qui se sentent en insécurité spirituelle, convaincus que leurs yeux et jambes sont au menu du repas de minuit.

Ses histoires là, commencent à faire rage, même si certains continuent à penser qu’il s’agit d’une (Ski) schizophrénie. La sorcellerie s’écrit désormais sur les formats, les enseignants ne sont pas les premiers, même les blancs y ont consacrés des chapitres. Souvenons-nous de Peter Gueshiere avec son livre intitulé « La viande des autres ».

Quittons, et voyons si l’Evu, le mangu, le djambe, le han ou le likundu, ont un âge pour en être détenteur, très difficile d’y répondre, ce qui parait vrai c’est que c’est un héritage, un  passif, même comme la sorcellerie transgresse déjà les frontières de la parentèle et de la parenté.

A qui profitent les envoutements ? Naturellement aux auteurs. Ils ne sont plus les seuls, il y a des pasteurs prophètes, qui dans un prosélytisme abusif profitent des paniques spirituelles pour se faire une clientèle. A coté de la lutte contre le palu, il y a désormais la lutte contre les démons ! Les Malam et guérisseurs crient aux abois, les prophètes nouveaux exorcistes sont venus gâter le marché !

La prolifération des évangélistes du miracle et non de la parole de Dieu, nous permets de faire vite un petit glissement vers la véracité même de ces révélations de plus en plus régulières des enfants-sorciers, une certaine opinion pense que les prophètes du miracle sont derrières toutes ces manigances. Thèse à ne pas totalement rejeter !

Loin de conclure cette analyse risquée sur le paranormal, retenons que le sorcier est un individu censé posséder un pouvoir qui lui permet de s’attaquer à autrui, seulement comme le disais le père HEBGA, « Notre problème est de savoir si les affirmations étranges de la sorcellerie et de la magie correspondent à la réalité extérieure, ou s’il s’agit de créations subjectives plus ou moins conscientes »

Nous dirons aussi à notre tour, qu’il y a généralement en chacun de nous, un « côté obscur, destructeur » et un « côté éclairé, constructeur ». J’espère que je n’ai rien dit de choquant.

 

 


Coup de griffe : le téléphone portable n’est-il pas un bien conjugal?

Pourquoi jouer au chat et à la souris lorsqu’on est partenaire, j’allais dire marié pour le meilleur et pour le pire ? À la moindre sonnerie, monsieur se précipite vers son téléphone portable. Au moindre SMS, madame veut le lire discrètement loin du regard curieux de son mari ! Est-ce à dire que le portable ne fait pas partie des biens communs dans une union conjugale ? En tout cas trop de questions, peu de réponses.

Les couples se détériorent, les foyers se gâtent à cause du téléphone. Généralement, lorsque l’époux est pris en plein délit, main dans le sac, sous le regard jalousement menaçant de madame, il bégaye, il cherche à détourner la conversation, il arrête brusquement l’appel, prétextant qu’il n’y a pas un bon réseau. Il veut embrouiller madame !

La femme de son côté, lorsqu’elle est surprise, elle ne bavarde plus, se contentant de répondre par l’affirmative, par exemple, heein, ok, ouiii, d’accord.

Ici la stratégie est curative, il s’agit de créer une diversion pour dissiper toute suspicion.

Il y a également une autre stratégie, celle-là est préventive.

Le partenaire fait disparaître les SMS et appels soupçonneux avant de franchir le seuil du salon, les numéros à problème s’ils ne sont pas momentanément affectés dans la liste noire, ils sont simplement enregistrés sous anonymat, apparaissant comme numéro inconnu.

De même lorsque l’époux ou l’épouse redoute un appel compromettant, il éteint carrément son portable.

Alors, naît de part et d’autre un état de suspicion totale, les uns et les autres tentent de se justifier comme de beaux diables pour calmer le feu. En fin de compte le téléphone n’est plus un outil de communication, mais un outil, vecteur de mensonge, complice de la malhonnêteté conjugale si vous permettez l’expression.

Mais ce n’est pas là le débat, le vrai débat c’est cette problématique : est-il normal ou alors est-il prudent que votre conjoint ait un libre accès à votre téléphone portable?

Avant d’aborder cette question très sensible et au risque d’écorcher les différents points de vue, mesurons d’abord ensemble l’impact d’un tel cache-cache.

Le partenaire est toujours troublé, il veille comme un chien de garde aux faits et gestes du téléphone, devenant plus qu’un esclave de cet appareil. Aussi, cette lourde tâche exige une extrême vigilance, certains vont jusqu’à braver tous les obstacles, en engageant une course olympique pour éviter que l’autre ne puisse anticiper et décrocher ce fameux appel qui peut s’avérer très compromettant. On ne peut que sourire qu’autant d’efforts soient consacrés pour gérer intimement ses activités téléphoniques.

Bon ! Passons et allons droit au but. Est-il normal que le téléphone du partenaire soit contrôlé par son conjoint ?

Dans une certaine mesure nous dirons, non, car, il est vrai que nous sommes unis et même, mariés dans un régime de communauté de biens, mais chacun de nous aspire un tant soit peu à une certaine liberté donc celle de disposer de son propre téléphone même si celui-ci vous a été offert par votre épouse ou époux. Le téléphone portable ne cessera d’être un objet personnel dont les échanges ne sauraient faire l’objet d’une ingérence abusive d’un tiers. Il peut s’agir d’une conversation purement professionnelle, ou simplement entre deux amis intimes. Bref chacun de nous à droit à certaine intimité, un espace pour soi où l’on ne doit pas être ennuyé par ce conjoint gendarme qui vous accule à chaque instant comme un agent secret. Et d’ailleurs tout ce qui est caché n’est pas toujours compromettant et douteux!

Ceci dit, que faisons-nous de la confiance qui devrait exister entre conjoints ?  S’il faut toujours faire des coups de fil et SMS une affaire privée, pourquoi avons-nous peur si il n’y a rien de compromettant ?

Il nous semble que lien conjugal est fondé sur le partage, l’honnêteté et la confiance, loin de l’hypocrisie et le mensonge. Sauf si vous avez votre version de la chose.

Il y a de fortes chances qu’une infidélité ou un sale coup se trame à chaque fois que les conjoints jouent à cache-cache avec leur téléphone.

Il y a également donc de quoi être vigilant ou inquiet, d’où le cautionnement du libre accès de chaque conjoint aux échanges téléphoniques de l’autre. Ceci y va de la complicité, de l’harmonie, voire de la sécurité du couple. Il faut prévenir la menace du deuxième bureau et anticiper sur l’offensive de l’essuie-larmes, comme le dirait quelqu’une. Même comme cette police est loin d’enrayer l’infidélité dans les foyers.

En tous cas le débat est loin d’être clos, à vous de conclure si possible.

 


La ruée sino-américaine et la Françafrique menacent-elles la francophonie?

A l’heure où les pays qui partagent en commun la langue française célèbrent leur héritage culturel, il est important de surmonter les aspects festifs et émotifs de l’événement pour interroger l’avenir de la francophonie qui se confond souvent à la Francafrique et qui en Afrique commence à discuter le terrain avec la culture chinoise et américaine. Que dire du « camfranglais » ?

Depuis la chute du mur de Berlin, les Etats-Unis cherchent à imposer l’American style way of life dans une logique géostratégique de soft power. La promotion des valeurs, voire de la culture américaine (anglo-saxonne) a été enclenchée à travers un appareil idéologique bien monté pour américaniser l’Afrique. Les instruments tels l’industrie du cinéma et de la musique sont des supports qui ne cessent de véhiculer l’héritage linguistique de l’Oncle Sam, faisant ainsi perdre le terrain à la francophonie.

Les aventures de Coluche ou de Louis de Funès ont été déclassées par une pléiade de films qui vont d’Arnold Schwarzenegger à Will Smit. Les stars américaines sont désormais plus écoutées que celles françaises entraînant ainsi un certain engouement des francophones d’Afrique vers l’anglais. Il n’est pas rare de trouver des jeunes filles du lycée au Cameroun en possession des « mades » qui sont des bouquins compilant les lyrics des chansons des musiciens américains. Ces jeunes désormais passionnés de Beyoncé, Jay-Z ou de Lill Wayne bûchent ces textes et les récitent à longueur de journée au détriment des lyrics français. Bref chacun veut chanter en anglais !

Les Américains ne sont pas les seuls à charmer les héritiers de la francophonie, la Chine n’est pas à l’écart. Il est difficile de faire 30 mètres de marche à pied à Yaoundé sans rencontrer un Chinois. Leur présence aujourd’hui physique a été précédée par la promotion de leur culture à travers l’industrie du cinéma, il y a des générations qui ont été moulées dans l’école de Jackie Chan, de Chao Lin et Chao Mao. La présence des Chinois commence à faire bouger les mœurs linguistiques, certaines chaînes de radio et télé ont initié des émissions sur l’apprentissage du mandarin, les instituts Confucius rivalisent désormais avec les centres et alliances culturels français.

Dans des écoles normales, la formation des « professeurs de chinois » devient de plus en plus accentuée pour l’enseignement du mandarin dans nos écoles primaires et secondaires, d’ailleurs ses étudiants bénéficient d’un traitement exceptionnel (bourses et voyages en Chine). La culture chinoise est en pleine expansion en Afrique et l’on ne peut que redouter, dans le long terme, un étouffement de la culture francophone au profit du mandarin.

Un autre danger qui guette la francophonie, c’est son identification à tort ou à raison à la Françafrique. Certes le français reste une identité d’origine française, mais il est souvent déplorable que la francophonie soit traitée comme un outil de domination de la France sur son ancien pré carré. En effet, il y a un difficile détachement de la francophonie des pratiques traditionnelles du réalisme politique français vis-à-vis de ses ex-colonies, en d’autres termes, on a l’impression que la France a du mal à considérer la langue française comme un bien commun qui n’appartient plus à un pays mais une communauté de pays. De ce fait la France ne saurait faire usage de cet espace purement culturel (linguistique) pour en faire un espace politique où elle défendrait ses intérêts privés. Dommage que cette distance ne soit pas toujours prise; Sarkozy n’avait-il pas utilisé cette tribune pour envoyer un ultimatum à Laurent Gbagbo à son nom propre et non à celle de la francophonie ?

Ces agissements ne peuvent qu’activer une méfiance d’une certaine opinion africaine envers la francophonie du fait qu’elle migre d’une logique culturelle vers une instrumentalisation politique.

Par ailleurs, il faut également évoquer dans le cas du Cameroun que la langue française connaît une très grande reculade, dans son usage courant, avec l’irruption depuis la fin des années 90 du « camfranglais » qui est un argot typiquement camerounais utilisé par les jeunes. Cet argot, identifiable au « créole à la camerounaise » est un melting-pot de mots français,  anglais, du pidgin (anglais local) et autres expressions locales (langue maternelle). Ce « camfranglais » s’impose au jour le jour de telle sorte que même les adultes s’en servent déjà.

On a alors des phrases linguistiquement hybrides comme : « Je veux go », « je suis high père », « les muna ndem le school » (les enfants fuient l’école), « je vais pray god pour qu’il me give le nton de Win» (je vais prier Dieu pour qu’il me donne la chance de réussir).

En conclusion, il y a de quoi tirer la sonnette d’alarme, car la francophonie est effectivement menacée.


Les mêmes vieillards contre-productifs à la tête du Parlement camerounais

La rentrée parlementaire au Cameroun n’a fourni aucun élément à même de mitiger les sentiments d’un observateur averti quant au renouvellement des bureaux des deux chambres. L’opinion avait cru que le retard accusé dans la mise sur pied du nouveau gouvernement depuis les législatives et municipales du trente était justifié par l’envie du régime de procéder au préalable à la redistribution régionale des cartes au niveau du Parlement. Mais à l’issue des réélections des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, les observateurs n’arrivent plus à fournir une explication ou une justification sur l’attente déjà un peu plus longue de ce gouvernement post-électoral.

L’enjeu du renouvellement des membres du bureau des deux chambres au Cameroun ne se situe guerre dans des derbies politiques entre les partis, mais dans le choix du candidat par l’incarné de césar. C’est M. Biya qui coopte les dirigeants de ces chambres dans la cadre des séminaires préparatoires s’appuyant sur la soumission de tous les élus à sa volonté. Il s’agit de cette fameuse discipline du parti qui exige que les députés votent sans condition le candidat choisi par le président qu’ils découvrent eux-mêmes en pleine séance. Il n’y a donc pas débat entre parlementaires sur le choix de leur candidat à la tête des deux chambres, car c’est un choix discrétionnaire fait par un seul homme ou alors son clan restreint, loin des canons de la pratique démocratique en la matière.

Les observateurs qui justifiaient la longue attente de l’arrivée d’un nouveau gouvernement s’étaient appuyés sur le bicaméralisme qui a vu l’accès des originaires de l’ouest au centre du gâteau national et qui présageait une nouvelle reconfiguration du partage du pouvoir. D’autres indices venaient conforter cette thèse, à savoir l’éventuel divorce apaisé entre le président (Ethnie Béti) avec les Nordistes suite aux arrestations de quelques prévaricateurs originaires du Grand Nord. Ce qui aurait poussé l’homme lion à établir une alliance désormais avec la région de l’ouest.

D’autres arguments poussaient également à présager un chamboulement au Parlement à savoir, les plaintes des populations anglophones d’être sous- représentées dans le national cake, bénéficiant d’un poste de premier ministre sans réel pourvoir. Ceci est d’autant plus pertinent qu’au Cameroun le premier ministre est chef du gouvernement en théorie, mais dans la réalité il n’est qu’un pantin. Tenez par exemple, l’article 10 de la loi fondamentale stipule que le président nomme les membres du gouvernement sur proposition du premier ministre or dans la pratique, les décrets qui nomment le premier ministre et ses ministres sont lus dans la même édition du journal.

Qu’à cela ne tienne, il faut dire qu’au finish toutes ces spéculations sont restées pure construction intellectuelle puisque la redistribution des cartes au Parlement qui devait entraîner la redistribution au sein du gouvernement n’a pas eu lieu. L’octogénaire Marcel Niat Njifenji et le sexagénaire Cavaye yeguié Jibril respectivement président du Sénat et de l’Assemblée nationale sortants ont été reconduits avec des scores plus qu’albanais.

Cette confiscation du pouvoir par des mêmes têtes gérontocrates perpétuelles, très fatiguées et peu productives voire contre-productives, prouve à suffisance qu’au Cameroun, comme tout ailleurs en Afrique, la mobilité sociale ou simplement le renouvellement des élites n’est pas la chose la mieux partagée. On reprend les mêmes malgré leur contre- performance.

Dans tous les cas, si l’argument du changement des dirigeants du Parlement est resté jusqu’ici le prétexte justifiant la longue attente d’un nouveau gouvernement, et si cette thèse n’a donc pas triomphé puisque rien n’a bougé à l’hémicycle, alors qu’est-ce qui expliquerait qu’un pays qui a connu une double élection législative et municipale reste près de 6 mois plus tard sans nouveau gouvernement comme cela est de tradition dans les grandes démocraties ?


Condamnés par la justice camerounaise, le président les a laissé s’échapper!

Depuis la signature du décret portant remise et commutation de peines du 18 février dernier, les vannes ont été ouvertes aux prisonniers écroués par la justice pour vol aggravé des deniers publics. Cette semaine 22 ont été libérés à Ebolowa, 11 à Nkongsamba, 116 à Douala, sans compter la vague des fugitifs par centaines des semaines précédentes et ceux qui attendent les derniers réglages. Une bonne partie des voleurs de la nation est dehors !

Le citoyen moyen certes, apprécie l’ « humanisme »Remaniement du président de la république, seulement que restera t-il de l’opération épervier dont certains pensaient que sa mission était de faire rentrer les camerounais dans leurs droits et de punir les bandits ?

Les journalistes ont de quoi étoffer leur actualité, les conférences de presse et interviews des ex-détenus sont au menu, les bandits d’hier sont désormais des stars médiatiques. Michel Thierry Atangana ne compte plus ces interventions dans les chaines françaises, son coaccusé Edzoa Titus excelle dans l’astrologie en proclamant qu’il est au dessus de l’épervier dont un « phénix », il estime que ses adversaires sont fort et lui, un « puissant ». Autant de show et de gesticulation même de la part des avocats qu’au finish on se demande : que gagne le camerounais dans ce décret ?

En fait, rien !

Tenez, Michel Thierry Atangana et Edzoa Titus avaient été condamnés pour détournement de 1,1 milliard de FCFA (1,6 million d’euros), aujourd’hui ils sont dehors, le citoyen n’a aucune trace d’une éventuelle réparation. Au contraire l’un de ces deux malfrats reconnus comme tels par la justice réclament plus de 338 milliards à l’Etat c’est-à-dire aux camerounais.

Ceux qui avaient volé et qui sont encore en prison ont vu leurs espoirs augmenter rapidement. Ils se disent dans leurs cellules que « si les plus gros poissons ont été libérés pourquoi pas nous ? ». De l’autre coté les fonctionnaires gestionnaires de la fortune publique pensent qu’ils peuvent à leur tour voler sans courir le risque d’être sommés de rembourser ou de moisir en prison. Bienvenue dans le boulevard des voleurs, la république des prévaricateurs !

Ceci dénote de la politisation des affaires publiques, il n’y a pas une réelle frontière entre la justice et les enjeux politiques dans la lutte contre la corruption. Une idée qui se propage depuis longtemps dans l’opinion et qui vient d’être confortée par le décret Michel Thierry Atangana (grâce présidentielle). N’a-t-on pas vu la prisonnière ex-ministre Haman Adama aussitôt libérée aussitôt dépêchée en renfort battre campagne au compte du parti au pouvoir en péril au Nord.

Les camerounais avec la libération du français et son candidat ont compris que cette affaire d’Epervier n’avait rien de poursuite judiciaire mais de poursuite politique, surtout lorsqu’on sait que les pressions de l’ONU et de la France se sont abattues sur la souveraineté du pontificat de Yaoundé car, selon ses instigateurs étrangers, il s’agissait dans le cas d’espèce des prisonniers politiques.

Le champ est désormais ouvert à tous les lobbies de réclamer la sortie de tel ou telle prisonnier. Les ambassades et consulats s’activent pour soutenir leurs plénipotentiaires en prison. Dans ce capharnaüm tous les prisonniers sont devenus prisonniers politiques même ceux condamnés pour mutilation génitale et autres. Alors le camerounais continue à se poser cette question : Qui pille alors l’argent de ce pays puisque les coupables présentés jusqu’ici se sont avérés prisonnier politique ?

Drôle de pays !

On sait déjà par exemple qu’on peut être directeur de campagne d’un camerounais mais lorsqu’on n’est condamné on réclame son appartenance à la France. On sait aussi par exemple que le président Biya est un poltron puisque cette grâce a été taillée à la mesure de Michel Thierry Atangana et que les autres ont été libérés collatéralement, d’où le nom : « Décret Michel Thierry Atangana », confirmé par la déclaration de Dominique Tricaud, l’un de ses avocats qui déclarait qu’ « il y a tout un habillage autour de ce décret, mais c’est bien Atangana que l’on libère à travers ce texte ».

Les milliards escroqués ou détournés ne sont pas remboursés, les ex-détenus rejoignent leurs places au coté de leurs bourreaux (retour dans le parti au pouvoir), les autres portent la casquette de messie du peuple. Seulement où est l’argent volé se demande avec insistance le citoyen lambda ?

Par ailleurs cette grâce présidentielle démontre à suffisant l’obstination du monarque républicain de yaoundé à mourir au pouvoir puisqu’il s’est refait une légitimité internationale afin d’assurer également un bon séjour chez Obama jusqu’à violer la loi. En effet l’article 8 alinéa 7 de la constitution stipule que le président «exerce le droit de grâce après avis du conseil supérieur de la magistrature » dont il est le président. Alors, sauf s’il avait demandé cet avis nuitamment, officiellement aucune information y afférente n’a été communiquée.

En tout cas cela importe peu, l’interrogation qui persiste toujours c’est : Qu’a-t-on fait des colosses sommes que ses prisonniers devaient au peuple camerounais ?

 


Ma lettre au président Biya restée muette… sur la lutte contre la corruption (Intégralité)

Excellence,

L’honneur  est le mien de m’adresser à vous, en votre qualité de haute autorité de l’Etat et garant des institutions nationales, au travers de cette correspondance pour attirer votre attention, ainsi que celle de tous les compatriotes sur ce qui constituerait la cause de la dérive morale de notre nation. Je voudrais faire allusion  à l’insuffisance de la culture patriotique.

Permettez-moi d’embléebiyaaaa de déplorer la déficience du concept de « renouveau » qui vous est chère depuis votre accession à la magistrature suprême. En effet, nul ne peut se désolidariser des valeurs de « rigueur » et de « moralisation » qui fondent cet idéal, seulement l’omission de la variable patriotique nous a entrainé inexorablement vers une défiance à l’Etat dont une criminalisation du patrimoine public entre autre. Si l’on peut concéder au « renouveau » la prétention d’avoir tenu le pari de l’avoir, il reste à relever qu’il a timidement posé les jalons du « camerounais nouveau » ; l’infrastructure coure plus vite que l’éthique, l’égoïsme a fait reculer le champ et le chant patriotique. Je trouverai exhaustif d’égrainer le chapelet des tares qui, sans toute fois être anthropologiques, se sont greffés inconsciemment dans le gène des camerounais et ont atteint  aujourd’hui leur extase.

Nous avons déjà une identité répugnante aux yeux de tous, et d’ailleurs je nourris cette peur que nous ne soyons victime d’un « antisémitisme », qui ne pourrait être que légitime. Excusez Excellence pour l’hyper pessimisme, juste que nous sommes craints par les autres, nous devenons de plus en plus socialement dangereux parce que,  la nationalité camerounaise traine avec qu’elle l’identité de corrompu ou simplement de « malhonnête ». On a écarté la norme et normalisé l’écart. Vous me trouverai peut être excessif, mais le camerounais reflète le symbole du label dans lequel il a été moulé, d’ailleurs l’expression « feyman » est camerounaise. Comme je l’ai dit tantôt cette identité n’est pas anthropologiquement intrinsèque, c’est le contraire de notre nature originelle, elle a triomphé par l’inaction des hommes de bien.

Monsieur le président, il y a urgence d’une refonte de l’esprit camerounais et l’institution d’un esprit patriotique, je crois en ce que nous sommes et ce que nous devons être. Et, je pense que nous pouvons dépasser cette vulgaire tunique qui obscurcie notre vraie identité ; yes we can pour dire comme l’autre.

Avant d’aborder le substrat même de mon topo, accordez-moi votre patience afin que je revienne sur ce que j’entends par « ce que nous sommes et ce que nous devons être ». Pour faire simple, je dirai que nous sommes camerounais et nous devons assumer cette camerounité. Nous sommes une nation exceptionnelle en Afrique et l’Afrique est le berceau de l’humanité, alors nous sommes le condensé de toute une humanité, assumons le ! Le lieu n’est pas pour moi ici d’hyperboliser notre pays par rapport à sa miniaturisation et rester assis sur nos certitudes de « grande nation », mais c’est pour dire que nous avons ce que les autres veulent avoir à tout prix voire à tout les prix.

Certes nous devons être jaloux de notre liberté, mais je pense plutôt que chacun de nous devrait être d’abord jaloux  de ce beau  pays et ceci doit être une religion civique. Tout comme moi, vous vous posez souvent la question de savoir pourquoi nous sommes restés stables  jusqu’ici. Pour moi, ce n’est ni un effet de phobie, ni un effet de bonne gouvernance, ni,  pour être piétiste, d’un miracle divin, c’est tout simplement, ma foi, ce reflexe qui ressurgie à chaque fois que les esprits sont en transe pour nous rappeler que nous sommes camerounais. Nous sommes une nation exceptionnelle ! J’avoue ne pas être un érudit à même de bien conceptualiser notre idiosyncrasie exceptionnelle par rapport aux autres nations, alors je suis convaincu que vous êtes mieux outillé ainsi que d’autres compatriotes, théoriciens, pour bien idéologiser notre identité nationale.

Monsieur le président, nul ne peut nier votre détermination contre toute forme de prévarication et les camerounais vous soutiennent dans ce combat qui  interpelle la nation toute entière;  notre pays était déjà en voie de décomposition ! Cependant la bataille serait plus efficace si, en plus de la répression qui est approprier aux ainés en amont on associa en aval un système d’exorcisation de la pépinière que constitue les jeunes. Cette tranche, « Cameroun de demain », est virussée mais  heureusement, la gangrène est encore latente ; il y a donc une forte probabilité de la guérir, la jeunesse doit être l’une des principales cibles de lutte pour l’assainissement des mœurs publiques. La formule « magique » qui fait l’objet principal de cet exercice épistolaire auquel je me livre aujourd’hui se résume à un dosage idéologique et pédagogique devant être mobiliser pour stopper et éradiquer la dérive. Ce n’est pas une panacée, mais je crois qu’une société des valeurs ne peut faire l’économie d’une idéologie forte. Il faut inculquer aux jeunes leur identité exceptionnelle, ils doivent l’assumer et en préserver l’image devant les autres nations. Le vol institutionnel n’est rien d’autre que la conséquence de la faillite des valeurs et les insuffisances de l’appareil idéologique.

A ce sujet je commencerai par vous présenter, Excellence, mon total désarrois vis-à-vis de l’église qui a totalement oublier qu’elle était « l’église au Cameroun » et qu’elle devait parler plus du Cameroun au camerounais en leur rappelant sans cesse ce qu’ils sont (nation exceptionnelle) et ce qu’ils doivent être (assumer cette exceptionnalité). Au-delà de la spéculation, du culte de l’invisible et du miracle, nos églises qui rassemblent plus que les autres appareils idéologiques devraient profiter de leur capacité à mobiliser un large auditoire pour inoculer aux camerounais la fève patriotique et citoyenne. Il faut stimuler l’amour du pays qui est en hibernation dans les cœurs, que les églises prennent leurs responsabilités dans la construction d’une identité nationale, qu’elles suscitent en nous des émotions patriotiques : une église au service de la nation ! Que dire des médias ?

Je pense que les espaces occupés par l’exhibition en têtes d’affiches des prévaricateurs, le show organisé autour des démenties et des chantages médiatiques d’une certaine presse à gage doivent être convertis en pages de diffusion de l’idéologie camerounaise qui est son idiosyncrasie exceptionnelle. Les entreprises politiques sont interpellés par ce projet d’endiguement et d’épuration de cette « pseudo identité », fruit d’une socialisation déficitaire, devenue habitus et non la conséquence d’une trisomie originellement inscrite dans notre ADN. Les partis politiques ne sont pas au-dessus de l’unité nationale qui est l’une de nos valeurs sacrées, en tant que pédagogues, qu’ils fassent  intérioriser à leurs prosélytes la culture de l’adversité et non de l’inimitié tout en leur rappelant ce qu’ils sont et ce qu’ils devaient être.

Excellence, vous serez peut être surpris que je vous annonce que notre hymne national ne me fait couler aucune larme car il ne porte aucune spécificité, d’ailleurs que ses mots peuvent être transposés à n’importe quel pays africain et pourtant nous sommes différents. Pourquoi ne ressentons-nous pas notre exceptionnalité dans ce chant qui est supposé être patriotique c’est-à-dire nous rappeler que nous sommes camerounais avec une identité de choix ? Sans être subversif dans le propos,  il y a crise de symboles. Les jeunes ne s’identifient à personne et c’est grave ! Notre enseignement patriotique et citoyen dans des écoles est très précaire. Durant tout mon cursus jusqu’ici, je n’ai reçu aucune leçon spéciale sur le patriotisme or cela devrait être abondamment routiniser dans tous les niveaux d’études. Le vrai esprit camerounais, le prototype camerounais doit être érigé en doctrine civique.

Monsieur le président de la république, vous faites sans cesse confiance à vos compatriotes qui en retour ne cessent de fonder leurs espoirs en vous. Si vous aviez demandé à la jeunesse d’oser ; ce n’était nullement un effet de hasard, c’est parce que vous croyez en elle et c’est dans cette logique que je souhaite que vous considérez cette correspondance comme une modeste contribution d’un jeune camerounais. Penser toujours à une quelconque manipulation c’est décréter l’incapacité d’une jeunesse à s’assumer, certes il ne faut pas nier cette réalité dans notre champ politique, mais je pense que votre flair de discernement vous permettra d’écarter toute logique « apprenti sorcière » dans mon énoncé. Croyez moi excellence, ce qui manque à notre grande nation c’est la culture patriotique gage de la promotion et la défense de l’intérêt de la nation. Nul ne doute que vous prendrez acte et effet de cette lettre donc je vous exhorte   d’excuser la « kilometrie » et bon nombre de  défaillances que votre érudition corrigera.

« La terre n’est pas l’héritage de nos ancêtres, mais un emprunt à nos descendants ». Lester Brown

Excellence, espérant recevoir un accusé de réception de ma modeste contribution, je vous prie d’agréez l’expression de ma plus profonde considération.

 

Aristide Mono


« 8 mars »… Et puis ?

Les journées se succèdent et se ressemblent au fil des années sans un réel impact sur l’asservissement de la femme africaine et sans grande résolution pour mener une véritable plaidoirie. Trop de tables rondes dans les métropoles loin des cibles qui sont submergées par les travaux champêtres et le commerce (buyam sellam).

Les femmes africaines sont endiablées par l’euphorie de la journée internationale de la femme à travers parades et agapes de tout genre, ce rituel devenu pratiquement une mode est un moment plus attendu, qui n’apporte pas une réelle plus-value à la condition féminine. Le statut de la femme s’améliore timidement non pas sous la pression des stars du 8 mars, mais au gré des intérêts d’un système patriarcal soutenu par la tradition africaine machiste cautionnée par un ordre moral monté de toute pièce par le christianisme et l’islam.

La libéralisation politique des Etats africains n’a pas entraîné une libéralisation mentale de la façon dont les femmes sont perçues et traitées. Alors, la société africaine encore encastrée dans une tradition séculairement archaïque semble ne pas se conformer aux grands changements de l’histoire dont l’élément fondamental est le respect de l’être humain et son autodétermination quel que soit son genre ou statut. Ceci compromet toute envie de danser et de cadencer à l’honneur de la femme, alors on devrait parler du 8 mars comme moment de rendre hommage à la femme opprimée (violence symbolique), à travers des maximes traditionnelles misogynes.

La tradition africaine fait de la femme une subalterne qui doit vibrer au rythme des humeurs des hommes. En termes de gastronomie, les hommes se sont taillé la part du lion, certaines parties ou certains animaux sont interdits aux femmes, par exemple, le rat, sous prétexte que leurs seins ne vont pas évoluer normalement, on peut également citer le serpent boa, sinon elles risquent ne pas accoucher. Autant de restrictions sans repères scientifiques qui ont été montées par nos ancêtres pour disqualifier la femme de certains repas en vue d’affirmer davantage les tendances hégémoniques de l’homme.

Les femmes dans la tradition béti ne peuvent pas succéder au trône où encore bénéficier de l’héritage de leurs parents sous le prétexte qu’elles sont faites pour le mariage donc elles risquent de porter ce patrimoine pour aller enrichir leur belle-famille : n’y a-t-il pas cet adage qui postule que la femme a pour village celui de son mari ? La femme reste marginalisée dans la redistribution des ressources familiales, alors avec la raréfaction des offres de mariage que deviennent les femmes célibataires si elles ne peuvent pas jouir du patrimoine parental au même titre que les hommes ?

La religion vient encore renforcer cet esclavagisme surtout lorsqu’on connaît la prévalence élevée de confiance que les Africains accordent aux religions importées c’est-à-dire aux deux livres de bord que sont la Bible et le Coran. Le catholicisme romain réduit la femme à une simple servante, on pourrait dire serveuse. Les femmes n’ont pas droit à la fonction sacerdotale . Elles ne peuvent qu’aider les prêtres à distribuer l’hostie aux fidèles, la doctrine de cette église est machiste, Saint Paul dit quelque part : « Femmes soumettez vous à vos maris » et non « respectez vos maris ». Il s’agit d’une injonction de docilité à l’aveuglette.

L’islam quant à lui flirte avec le comble surtout chez les salafistes qui ont ôté toute humanité à la femme. En effet pour continuer à faire de la femme une propriété de l’homme elle doit toujours être couverte ou masquée afin de ne pas susciter des « appétits » de monsieur tout le monde. Elle doit demeurer ménagère et oublier sa citoyenneté. Elle subit jusqu’à l’excision pour ne pas avoir droit au plaisir sexuel. La religion vient donc exacerber le potentat de l’homme sur la femme en faisant adosser ce patriarcat sur la « volonté » de Dieu ou d’Allah.

Lorsqu’on quitte la sphère traditionnelle et religieuse pour aller sur un plan social et politique, on observe encore les écarts dans la considération de la femme. Au niveau conjugal la jouissance et la réjouissance ne sont pas d’actualité. Sans toute fois m’appesantir sur la maltraitance physique, il faut dire que le rôle social de la femme est celui de subalterne de l’homme. Ce dernier n’accepte pas encore le commandement de la femme, elle n’est pas vue au-delà du sexe. Le combat contre les accoutrements indécents avait pour cause fondamentale le viol, pour faire simple, lorsqu’une femme laisse transparaître ces sous-vêtements ou parties du corps, le seul réflexe de l’homme est de passer à l’acte.

Cette perception très rétrograde de la femme comme pourvoyeuse de plaisir sexuel fait en sorte que toutes les transactions entre un homme et une femme ne peuvent avoir pour finalité que la fornication. Or les femmes peuvent offrir un peu plus. Les embauches dans les entreprises ou dans la fonction publique sont conditionnées par le passage à l’acte. Bref lorsqu’un homme est face à une femme, il ne voit que les « délices » de son corps intime. Les femmes mariées ne peuvent être affectées que dans les villes de résidence de leur époux.

Voilà les vrais enjeux du 8 mars, des combats qui doivent portés sur la reconnaissance sociale et politique effective de la femme en Afrique qui doit cesser de servir de bouche-trou dans les scrutins de liste ou encore de représentations cosmétiques pour des besoins de légitimation d’un ordre politique démocratique.

Cependant au-delà des griefs et plaidoiries que les femmes doivent poser lors de la célébration, il y a une autocritique et un autoaggiornamento qui s’imposent.

Les femmes ne peuvent pas attendre tout des hommes !

Il y a celles qui trouvent leur statut social normal, elles éprouvent du plaisir en se faisant apostropher par le nom de leurs conjoints. Elles aiment quand leurs époux les violentent sous prétexte que c’est une preuve d’amour. Les plaidoiries doivent être structurellement bien organisées (féminisme) pour atteindre les objectifs qui se résument en ce triptyque : information, formation et affirmation.

Hommage à toutes les femmes du monde en général et en particulier celles africaines, comme le disait Bob Marley, « no woman, no cry » (pas de femmes pas (de cri) de vie).


Au Cameroun, une certaine presse réactionnaire et laudatrice

Le paysage médiatique camerounais compte une multitude de titres qui paraissent au quotidien, parmi ces centaines de journaux on dénombre une grande partie qui n’hésite pas à servir à la destruction ou au polissage de telle ou telle personnalité publique. Des titres sont souvent fort évocateurs par exemple : « Et si le vrai voleur était le ministre X ! », « Ces ministres qui veulent la tête de Biya ! » ou encore «Les qui veulent salir le noble ministre X ? », « Qui veut la tête du courageux X ?».

Comme on peut le remarquer, il s’agit soit de mettre en mal une élite soit en revanche chercher à lui faire des hagiographies. Les motivations d’une telle presse relèvent de plusieurs ressorts qu’il s’agisse du vernissage ou de la déchéance de l’image de la cible. En ce qui concerne la presse à gages, il faut rappeler qu’elle est née dans un contexte de la naissance de la libéralisation de l’espace public marqué par l’institutionnalisation de l’opposition. Ici la presse servait à porter secours aux forces alternatives concurrentielles au régime autoritaire d’alors, les journalistes trouvaient donc dans le dénigrement une arme de délégitimation et de destruction du pouvoir en place.

Certes cette presse investie dans une lutte républicaine persiste pour la libération du pays, mais aujourd’hui une autre exerce dans des querelles de personnes. C’est une presse réactionnaire manipulée dans l’ombre par des élites elles-mêmes qui cherche à file des coups bas médiatiques à leurs homologues, la finalité étant le conflit de leadership, l’accès aux ressources publiques et la déchéance pure et simple d’une élite qui fait écran dans la localité.

Les directeurs de publication sont payés en grosses factures, les données erronées leur sont livrées par les commanditaires détruisant ici la déontologie d’un métier aussi noble. Il se développe alors une corruption à ciel ouvert soutenue par l’indigence de la presse camerounaise qui se trouve influencée par des forces de l’ombre pour survivre.

Les adeptes de cette presse à scandale à des fins de destruction sont souvent appelés des « journalistes du Hilton » du nom du plus grand hôtel de Yaoundé. Ces derniers ne se font aucune peine d’aller à la recherche des informations, mais c’est l’information qui les cherche et les trouve bien installés à la salle d’accueil de ce lieu fréquenté par les «  plus grands du pays ».

Cependant certains se voit confier toute la mission, celle-ci revenant à fouiner partout des éléments vrais ou faux capable d’accabler la cible, alors même la vie privée de cette dernière n’est pas épargnée.

Les journalistes, s’il faut les appeler ainsi, quand ils trempent dans des sabotages sont souvent en retour abandonnés à leur destin si la police politique ou les juridictions les sanctionnent pour diffamation ou accès frauduleux aux sources d’informations. D’autres disparaissent dans les prisons.

En bref ce sont des batailles entre des élites souvent par médias interposés, à la fin c’est le journaliste ou son quotidien qui en pâtit. Une presse à tête chercheuse. Ses organes de presse sont souvent créés à l’emporte-pièce par les élites pour servir leurs intérêts.

Et de ce qui est du bronzage, il est congénitalement lié à la destruction de l’image des autres personnalités puisqu’au finish le commanditaire veut se faire une place au soleil. La saison des attentes de remaniement est un des moments pour les prétendants et les occupants de se faire une santé médiatique en posant en tête d’affiche comme « l’homme de l’année » donc eux seuls en maitrise les critères et leurs jurys.

Il s’agit aussi souvent des contre-offensives pour répondre à une attaque médiatique. Alors plus besoin de droit de réponse. Tout est manœuvre de désinformation et manipulation même si le destinataire des ces intox ne sont que les arènes décisionnelles. Il faut impacter les prochaines nominations, il faut provoque la chute d’un commis, il faut attirer sur lui les griffes de l’opération épervier , voilà  les buts recherchés par cette presse à gages et laudatrice.


Les camerounais honorent à peine leurs martyrs!

Durant toute la célébration du cinquantenaire de la réunification à Buea, deux personnages étaient à la une, leurs photographies en grand format étaient exposées au mètre carré. Il s’agit de Paul et Chantale Pulchérie Biya. C’était eux désormais les deux héros de la réunification de 1961 ; une tentative de falsification de l’histoire ! Où sont alors passés nos héros martyrs ? Cette remarque nous donne l’occasion de s’interroger en cette fin du mois de février de ce qu’on a fais des martyrs de Février 2008.

Bref rappel historique

Le 25 février 2008 14 syndicats de transports urbain et inter urbain rentrent en grève pour contester le prix du carburant qui venait de passer à 600 F CEFA le litre, ce qui à cout sûr allait entrainer la hausse des tarifs routiers. Le bras de fer ainsi lancé sera récupéré par d’autres catégories sociales dont les jeunes qui vont transformer les griefs des transporteurs à une cause plus globale donc celle de la vie chère. Bénéficiant d’un environnement d’hostilité à la modification de la constitution par Biya pour se représenter éternellement aux élections, les émeutes de la fin vont embraser toutes les dix régions. Certaines radios et télévisons sont fermées, le président de la république ne passe pas par quatre chemins pour déployer la machine répressive, il y a toute une confusion entre sécurité nationale et défense nationale. Il déclare : « Force est à la loi, et tous les moyens seront utilisés». Le bataillon d’intervention rapide, unité de commandos spécialisés dans la tuerie, va implémenter ce discours violent, Bilan plus de 1500 arrestations et cent morts selon La maison des droits de l’homme du Cameroun. Voilà des jeunes qui ne demandaient rien d’autre que l’accès au pain quotidien qui ont été fauchés, des jeunes qui ont donné leur sang pour arracher au régime de Yaoundé l’augmentation les salaires des fonctionnaires de 15% avec des indemnités de logement de l’ordre de 20%.

Ces fonctionnaires ont-ils le simple réflexe de penser à ces jeunes ? Qu’est-ce que la nation a fait d’eux pour honorer leur mémoire durant ce mois de février marqué au Cameroun par la fête de la jeunesse ?

Réflexion

Cette ingratitude envers les héros de la nation n’est rien d’autre qu’une tentative des différents pouvoirs post coloniaux d’effacer la mémoire collective à travers une violence symbolique. Par exemple les livres d’histoires au programme dans les écoles n’hésitent pas apprendre aux jeunes que les nationaliste de l’UPC, les vrais martyrs de l’indépendance, n’étaient que des maquisards. Un qualificatif très péjoratif qui n’a qu’un seul but détruire les vestiges afin de faire du leader du moment le héros national. On nous a fais chanter à l’école primaire cette louange « Paul Biya, le père de la nation… », or il nous semble que le concept de père de la nation en Afrique renvoi au premier président qui n’est qu’Ahidjo dans le cas camerounais. Il s’agit de dissimuler toutes les traces des héros, après 1982, toute une technologie à été mis sur pied pour effacer par exemple le nom Ahidjo, heureusement que l’histoire est têtue. Le stade Amadou Ahidjo est devenu tout simplement stade omnisport.

Lors du discours de Paul Biya à Buea les noms des principaux acteurs de la réunification Foncha et Ahidjo n’ont été émargés nulle part, se plaisant de faire le récit de ses exploits. Pire, leurs veuves encore vivantes sont restée inaperçues à ce cinquantenaire.

En fait en-dehors de quelques initiatives timides portées par certains acteurs de la société civile, la commémoration des martyrs ou simplement des héros nationaux n’est pas une actualité au Cameroun. On assiste au contraire à une falsification de l’histoire nous amenant à constater que cette dernière est rédiger en crayon ordinaire donc gommable alors chaque homme politique une fois au pouvoir s’accapare tous les exploits de ses prédécesseurs. In fine, on peut malheureusement se réjouir que chacun de ces faussaires de la mémoire collective ont cette malchance de subir à leur tour la profanation de leurs figures.

Avant-hier c’était Um Nyobe qui a été traité de maquisard par Ahidjo, hier c’était également la sépulture de Félix Moumier qui était saccagé et profané au Tchad, aujourd’hui c’est la dépouille du président Ahidjo qui est actuellement en exil au Sénégal, et demain à qui le tour ? Wait and see !

Une pensée pour un héros qui vient de rendre l’âme, un proche, un grand homme politique, un écrivain, docteur Charles Ateba Eyéné décédé le 21 février 2014 à l’âge de 43 ans. Une pensée également aux jeunes « exécutés » 2008 parmi lesquels mon ami Wilfried.


Cinquantenaire de la réunification: J.P Kamtchang/ Journaliste-activiste se déchaîne (Exclusivité)

 

« Depuis que je suis à Buéa  je n’ai de cesse de me poser des questions au sujet de ce cinquantenaire, au mieux, de ce 53ème anniversaire de notre Réunification. Pour avoir été berné longtemps au sujet de la symbolique du 1er octobre 1961, les Camerounais sont de nouveau tournés dans la farine avec une autre date, celle du 20 février 2014 qui ne renvoie à rien, sinon qu’à la seule volonté d’un pouvoir central qui manipule sans vergogne les chiffres de l’histoire.

Il faudrait qu’on se le dise, sans toutefois se pardonner ce qui dépend de nous, nos autorités devraient apprendre à respecter les précisions de l’histoire. Car, elles nous permettent au moins de repenser, de célébrer et de prière pour nos héros. Même si ce vocable semble ne pas plaire au pouvoir de Yaoundé qui s’en fou pas mal, à voir de près, les occasions y afférentes.

 

Pis, Buéa a semblée consacrer la journée du 20 février au couple présidentiel. Ce qui est une aberration de plus et de trop du comité d’organisation. Seul signe fédérateur, les drapeaux qui plombent la vue. Entre temps, les photos de M. Biya Paul et son épouse sont ce qu’il y a de mieux à voir au détriment de nos héros, les vrais, ceux qui ont rendu cette Réunification possible le 1er octobre 1962 et non le 20 février de la même année. Combien sont-ils, ces enfants des écoles primaires et des collèges de Buéa, à qui on fait déserté contre leur gré, des cours pour se « sécher » au soleil et à applaudir au passage, le chef de l’Etat- qui savent à quoi renvoie effectivement l’évènement pour lequel ils sont plus spectateurs qu’acteurs, plus subissant qu’agissant ?

Combien d’entre eux savent qui sont les vrais artisans de cette Réunification sans laquelle le Cameroun ne serait un et indivisible aujourd’hui ? Combien d’entre eux ont entendu parler des accords de Foumban et de Bamenda qui ont été les phases catalytiques de cette paix dont seul les Camerounais dans leur immense majorité, sont les garants ? Ou même ces hauts fonctionnaires, au nom des frais de mission qui ont fait le déplacement de Buéa alors que le même évènement se déroule dans toutes les régions du pays.

 

Comme si ça ne suffit pas, les habitants qui viennent de frôlé la barre des 30% d’accès à l’eau potable sont nargués par la bureaucratie bourgeoise en provenance de Yaoundé avec leurs cylindrés, lorsque leurs commerces, leurs seules sources de survie sont fermés toute la journée par les sbires de M. Biya Paul. N’en parlons pas, lorsqu’il leur est interdit de circuler dans leur propre contrée pour des raisons de sécurité de celui qui devrait leur renvoyer l’ascenseur pour les besoins de la cause. Que dire alors, de cet hôte qui est dans la maison et qu’on ne peut voir, pourtant venu commémoré, dit-on, un anniversaire qui est le pont entre toutes les cultures, les religions et les ethnies de notre pays. C’est à se demander si ce pays n’a pas déjà frôlé le ridicule, la honte et la bêtise. »

 

Paul-Joël Kamtchang  / Quotidien Emergence

 

 


Cinquantenaire de la réunification : la cohabitation entre anglophones et francophones

A l’heure où le Cameroun célèbre avec trois ans de retard le cinquantenaire de la réunification, il est important de jeter un regard sur le concubinage entre les deux ex-colonies britannique et française dans la gestion de l’Etat désormais unitaire. La cohabitation entre anglophones et francophones a toujours été animée par la résurgence des replis identitaires amenant à chaque fois le politique à demeurer attentif au problème de l’intégration nationale. Plusieurs astuces sont déployées pour une forclusion des intentions et tensions sécessionnistes portées par l’aile radicale du SCNC, un groupuscule politique qui s’attèle à saper l’unité nationale.

Dans ce sens deux types de thérapie ont été utilisés tout au long de notre histoire, il s’agit, pour reprendre l’analyse du socio-anthropologue Jean Njoya, d’une part, de l’approche « consensualiste » ayant court pendant le monolithisme. Elle a créé une communauté imaginaire (Etat-nation) en voulant dissoudre les individualités culturelles et linguistiques dans l’Etat-nation d’où la création d’un parti unique. Parler d’anglophonie ou de francophonie était un tabou, bref c’était un rejet de la diversité. D’autre part, on a usé d’une approche purement agonistique où il fallait désormais enlever le masque Etat-nation qui tentait de voiler les disparités entre une identité anglophone et francophone. Ayant donc été exacerbée par le pluralisme naissant de 1990, la Constitution va essayer de réguler normativement la gestion des pluralités culturelles en reconnaissant dans son préambule le principe du respect de la diversité.

Malgré l’application de ces deux approches pour une cohabitation entre anglophones et francophones, les grincements de dents persistent chez les populations anglophones, originaires du Sud-Ouest et du Nord-Ouest qui ne tardent pas à dénoncer leur marginalisation. Mais ces griefs ne sont pas portés par les en bas d’en bas, mais par des élites insatisfaites du partage du national cake le qualifiant de léonin.

Il est à préciser que depuis l’institution de la gestion agonistique, un consensus semble se dégager dans la dévolution du pouvoir, le président Biya étant francophone, le poste de premier ministre est resté jusqu’ici une quote-part des anglophones.

Le même équilibrage est ressenti dans le champ politique concurrentiel, certes le parti au pouvoir est né à Bamenda, mais il apparaît comme un instrument politique des francophones, en face on a le SDF (Front social démocrate) plus anglophonisé qui continue à s’affirmer comme le principal parti d’opposition. Le rapport de force électoral est donc partagé entre les deux diversités linguistiques concourant ainsi à l’intégration nationale.

L’acte fort de l’unité des ex-colonies, l’institutionnalisation du bilinguisme, est l’une des caractéristiques du système éducatif camerounais. A côté des établissements spécifiquement bilingues, il est institué des cours d’anglais dans les sections francophones et de français dans les sections anglophones avec un coefficient élevé lors des évaluations. L’enseignement supérieur n’est pas en marge de cette intégration nationale, ici les enseignements sont dispensés au gré de l’enseignant dans l’une ou l’autre langue.

Dans le même sillage d’une cohabitation harmonieuse, l’administration camerounaise est bilingue, les textes sont promulgués dans les deux langues, les annonces et autres affiches en sont également. Les programmes de tous les médias prévoient des émissions en anglais comme en français. On peut donc constater que le Camerounais vit au quotidien avec ce passé colonial même dans le fond de la population moins instruite chacun s’évertue à s’intégrer dans ce biculturalisme linguistique.

Malgré les particularités des systèmes administratifs, la cohabitation est bien coordonnée par exemple dans le cas des textes juridiques (l’héritage du droit anglais et du droit français). Car il faut le rappeler, les anglophones ont hérité de l’indirect rule et les francophone du direct rule des colons gaulois.

Par ailleurs il est à noter que ce qui est vulgairement appelé « Le problème anglophone » pure construction politique, a du mal à imposer son hégémonie dans l’agenda politico-administratif tout simplement parce qu’il y a d’autres grandes identités qu’il faut gérer au quotidien. Il y a le cas de la gestion de l’épineuse cohabitation entre les nordistes musulmans et les sudistes chrétiens, deux complexes ethniques qui jusqu’ici se gardent l’exclusivité de la magistrature suprême. Ces autres replis ethniques, confessionnels viennent atténuer l’exacerbation des identités linguistiques ce qui donne l’impression aux politiciens anglophones qu’on veut banaliser leurs revendications certes pertinentes, mais plus instrumentalistes, puisqu’au fond ils ne sont pas aussi marginalisés que les Pygmées et les Mbororos.

Cependant au-delà de cette gestion plus ou moins louable de la cohabitation entre anglophones et francophones, il y a lieu de craindre une éventuelle fracture entre les deux identités. Comme on l’a dit plus haut, quelques hommes politiques anglophones véreux prônant la sécession tentent d’enrôler les populations anglophones dans une logique d’hostilité prétextant que leur misérabilité relève d’un complot et que les francophones auraient un train de vie princier. Ce qui est une simple manipulation puisque même  francophone, chrétien et béti comme Biya, nul n’est immunisé contre les fougues du système anthropophagique de Yaoundé. Donc, si les anglophones croupissent dans la misère comme tous les autres Camerounais cela est le fruit non pas d’une marginalisation, mais d’une politique publique de privation et de privatisation des ressources politiques, économiques et financières.

La nature plurielle de la culture camerounaise surtout celle issue de la collusion du système britannique et français renforce davantage le statut du pays comme une Afrique en miniature. La complémentarité des traditions linguistiques donne une plus-value au Cameroun qui non seulement est bilingue, mais a plus d’ouverture sur l’espace international avec par exemple son affiliation à la fois au Commonwealth et à l’Organisation internationale de la francophonie.

 

 


Cinquantenaire de la réunification du Cameroun: Au cœur de la conférence de Foumban de 1961

La conférence de Foumban marque le  tournant décisif de la réunification du Cameroun anglophone et francophone, c’est la passerelle qui a permis aux différents protagonistes de fixer les bases constitutionnelles d’un Etat fédéral après moult tractations et rebondissements. Elle se tient précisément le 16 juillet 1961 et marque la volonté des protagonistes de réaliser la réunification du Cameroun.

Il était question de fixer les conditions d’une réunification effective  du Cameroun. Ahidjo était accompagné de certains de ses collaborateurs dont Charles Assalé(le premier ministre) Charles Okala (ministre des affaires étrangères) Josué Tétang (secrétaire d’Etat à l’information) etc. La délégation du Southern Cameroon était composée de John Ngu Foncha, Emmanuel Liffaffe Endeley, Salomon Tamdeng Muna, Augustine Ngom Jua, Nerius Namaso Mbile pour ne citer que ceux là. Les formations politiques qui étaient représentées à cette conférence sont : le Kamerun National Democratic Party(KNDP)  le Cameroon People’s National Convention (CNPC) le one Kamerun mais aussi les chefs traditionnels.

Le temps fondamental de cet évènement consistait en l’élaboration de la constitution du futur Etat fédéral. Mais les conditions dans lesquelles a été organisé ce projet de la nouvelle constitution accusaient un air de duperie puisque Ahidjo avait longtemps à l’avance fait écrire une constitution par des spécialistes français. Les participants du Cameroun méridional eux étaient surpris lorsqu’Ahidjo leur demanda de faire plutôt des observations sur la constitution qu’il leur présentait. Pourtant la délégation du Cameroun méridional croyait qu’ils avaient été invités pour poser ensemble les bases de la nouvelle République. Seul Foncha avait reçu longtemps à l’avance  ce projet de constitution, ce qui avait d’ailleurs choqué les autres membres qui l’avaient découvert à la suite de la déclaration de Foncha pendant de la conférence. Ils étaient  ainsi trahis non seulement par Ahidjo mais également par un des leurs Foncha vraisemblablement pour des raisons d’intérêts particuliers (poste de vice-président). Alors toutes les tractations et stratégies qu’ils avaient mises au point n’avaient pas produit les résultats escomptés.

Néanmoins la délégation conduite par Foncha va étudier le texte et des amendements seront faits ceci à la suite d’un rapport de session remis à la partie francophone. Les amendements portaient sur le drapeau, l’hymne national et la devise, la durée du mandat présidentiel qu’il souhaitait limité à deux mandats et que le siège du gouvernement fédéral soit à Douala, la question des attributions du Président de la République, la proposition d’une assemblée fédérale composée de deux chambres, et de la double nationalité, la suppression du mot indivisible de la constitution, et la question du système éducatif.

La question de la forme de l’Etat qu’il voulait confédéral. A ces amendements Ahidjo rejettera l’idée d’un parlement bicaméral (pour des raisons de coût financier) la capitale fédérale restera Yaoundé, la question de la double nationalité fut également rejetée et les fonctions de président de la république et de vice-président seront assurées respectivement par Ahidjo et Foncha  en attendant que les institutions se mettent en place. Le terme indivisible sera rayé de la constitution, et Ahidjo va préciser qu’aucune velléité sécessionniste ne sera permise. La forme de l’Etat restera l’Etat centralisé.

A la fin des travaux les différentes personnalités à l’instar de Foncha, mais surtout Endeley et les autres vont faire allégeance à Ahidjo et ils vont dire toute leur disponiblité chaque fois que celui-ci les sollicitera. Voilà en peu de mots le contexte dans lequel s’est réalisée la réunification du Cameroun à partir des évènements  de Foumban.


Cinquantenaire de la réunification des Cameroun anglophone et francophone: Vers 1961…

 Contrairement à de nombreux pays  Africains, le Cameroun n’a pas officiellement été la colonie d’une puissance occidentale. Dans les années 1860-1870, Français et Allemands commencent à s’intéresser à ce pays. Pour cela le gouvernement allemand envoi Gustav Nachtigal négocier la mise sous tutelle allemande du Cameroun avec les chefs Dualas. Deux traités en ce sens sont signés avec des chefs de l’estuaire du Wouri appelée « Cameroon River », ce sont les traités germano-Douala.

Le premier datant du 12 juillet 1884 marque la naissance internationale du Kamerun comme entité politique moderne. Cependant avec la deuxième Guerre mondiale et la défaite allemande, la Société des Nations (SDN) et l’ONU son successeur (après l’échec de la SDN) va changer le statut du Kamerun qui, de protectorat, est placé sous tutelle de la France et de la Grande Bretagne. Le 04 février 1916 ces derniers se partagent le territoire camerounais, alors que la France s’arroge les 4/5e du territoire, l’Angleterre se contente des 1/5e .
La France va contribuer au développement politique et économique du futur Cameroun avec par exemple la création des assemblées électives. L’assemblée Représentative du Cameroun (ARCAM) en 1946 deviendra Assemblée Territoriale du Cameroun (ATCAM) en 1952 avec des pouvoirs plus étendus.  Mais tous ceci paraitra insuffisant aux yeux des nationalistes qui vont engager une résistance à l’occupation française en revendiquant une indépendance immédiate et sans condition. Dans cette lutte acharnée l’Union des Populations du Cameroun(UPC) de Ruben Um Nyobe est frappée d’interdiction pour trouble à l’ordre public et association avec le communisme. L’UPC prend alors la clandestinité  et Um Nyobe est tué au cours d’un combat. Le Cameroun oriental deviendra enfin indépendant le 1er janvier 1960.

Par ailleurs, la partie du territoire dévolue aux anglais par le partage de 1916 est devenue le Cameroun britannique (Cameroun occidental), que les anglais divisent en deux parties à savoir le Northen Cameroons rattaché au Nigéria septentrional un rattachement qui sera lors du plébiscite du 11 février 1961, et le Southen Cameroons qui, intégré au Nigéria oriental, se prononcera lors dudit plébiscite pour son rattachement au Cameroun oriental.

 

En effet, jusqu’en 1949, la capitale du Southen Cameroon se trouve à Lagos, puis transférée à Buea. A partir de cette date il est placé sous l’autorité d’un résident qui rendait lui-même compte au lieutenant gouverneur des provinces orientales du Nigéria. Entre 1916 et 1945,  le Southern Cameroon est divisé en quatre unités administratives (Victoria, Bamenda, Mamfe, Kumba) ayant chacune à sa tête un district officer. Les anglais y pratiquent l’indirect rule basé sur la dévolution d’une part de l’administration aux native-autorities sous la supervision des anglais qui consacreront plutôt l’essentiel de leurs efforts au commerce, à l’exploitation des ressources économiques et la soumission des populations à la législation britannique.

 

Alors que les Paramount chiefs à Buéa, de victoria et des Fons à Bali, Bafut, Kom, Bum, Nso et Bangwa dans la politique administrative d’indirect rule ne vont rien faire pour le développement local, les anglais seront accusés de laxisme pour avoir abandonné la colonie aux soins des autorités indigènes et se préoccuper que de l’extraction des richesses. Ceci poussera les camerounais méridionaux à créer des groupes et mouvements de pressions dont le premier est la camerounoons youth league (CYL) née le 27 mars 1940. Essentiellement composé d’élèves, elle a un objectif principal, demander aux anglais une réparation des torts causée sur les plans politique, économique, éducatif, infrastructurel, et bien d’autre.

 

Dans la même foulée, l’on assiste à la création du tout premier parti politique à savoir le Cameroons National Fédération (CNF) du docteur Emmanuel Endeley , qui revendiquait l’érection du Southern Cameroon en région autonome distincte de la fédération nigériane et sa réunification avec le Cameroun francophone. Malheureusement le parti éclate suite aux divergences entres les acteurs, donnant naissance au Kameroon United  National Congress (KUNC) dirigé par N.N MBILE et R.K DIBONGUE. La réunification du Cameroun sera son mot d’ordre et il bénéficiera de l’appuie de l’union des populations du Cameroun (UPC).

 

En 1953, la réconciliation entre ENDELEY et les autres donnera naissance à un nouveau parti, le Kamerun National Congrès (KNC) résultant de la fusion entre le CNF et le KUNC. Le KNC gagne les élections la même année et ENDELEY devient le leader du Business Government. Les anglais prendront très au sérieux les revendications des nationaux et y répondront graduellement, soit à travers des modifications constitutionnelles, soit à travers des conférences réunissant les différents protagonistes, comme celle de MAMFE en 1950 et celle de LANCANSTER HOUSE en 1959.

 

En vue de résoudre définitivement ces revendications indépendantistes et réunificationnistes, les autorités anglaises et onusiennes décident de consulter les camerounais par voie référendaire. La question posée était celle de savoir si oui ou non ces populations voulaient devenir nigérianes ou alors demeurer camerounaises après l’indépendance de leur territoire. La consultation eut lieu le 11 février 1961 et l’option pour l’indépendance avec réunification des deux Cameroun l’emporta dans le Southern Cameroon, tandis que le Northern Cameroon se prononçait pour son intégration à la fédération nigériane.

 

Le Cameroun français cria à la fraude et demanda en vain que justice soit faite et que le Northern Cameroon lui aussi soit rattaché au Cameroun. Les résultats de ce plébiscite donnèrent au processus de l’indépendance du Cameroun britannique et de la réunification son élan définitif.

 

A cet effet des rencontres eurent lieu entre camerounais orientaux et occidentaux en vue de trouver la formule appropriée pour leur nouvelle cohabitation. Ils se rencontrèrent tour à tour en juin 1961 à Bamenda, puis à Foumban en juillet 1961 et enfin à Yaoundé  en août1961. Au finish la forme fédérale fut adopté. Tout était alors fin prêt lorsque l’indépendance du Cameroun britannique fut proclamée le premier octobre 1961, sa réunification avec la république  du Cameroun indépendant s’ensuivit immédiatement, et JOHN GU FONCHA  qui avait gagné les élections avec son KNDP devint le premier ministre du Cameroun anglophone et vice- président de la république fédérale du Cameroun alors qu’Ahidjo étendait son autorité sur le nouveau territoire. La réunification aboutira à l’unité nationale de 1972.

 

 


Cameroun : fête de la jeunesse… Au-delà de la cosmétique (Rétro)

Une célébration instituée en 1966 par le premier président Ahmadou Ahidjo dans le but de réunifier les jeunesses du Cameroun occidental et celle du Cameroun oriental. Elle était célébrée la jeunesse camerounaise durant tout le mois février. C’était si coûteux qu’on a décidé de la réduire à un jour le 11 février. Vrai ou faux voilà ce que disent les officiels. Cette fête permet qu’on évalue la jeunesse dans tous ses aspects afin de trouver les moyens de remédier véritablement à ces épineux problèmes auxquelles elle fait face. Il s’agit du chômage, de la précarité, de la dépravation des mœurs, du problème de l’insertion des jeunes par les aînés dans tous les cercles de pouvoir, de l’alcoolisme, et de la sous-scolarisation, etc.

Les agapes et festivités prennent plutôt le dessus sur les problèmes de fond qui devraient intéresser ce que nous avons évoqué un peu plus haut. Les alléluias et hosannas sont souvent scandés à l’adresse du pape Barthélémy avec la complicité coupable des misérables instituteurs. Les effigies du césaro-papiste sont également brandies par les plus jeunes souvent las d’attendre les bouffons et serviteurs du roi alors même qu’ils sont suffisamment éreintés par la famine et les intempéries de la saison sèche.

Que fait le gouvernement pour résoudre les problèmes des jeunes. Le gouvernement concernant le secteur de l’éducation a réalisé le gros effort en créant par décrets des établissements dans tous les coins et recoins de la République ainsi que dans les hameaux les plus perdus du territoire national. Ces établissements sont souvent vides de personnels qui boudent ces endroits mal aimés de la République. N’y vivent que des métèques et les infrastructures scolaires sont souvent inexistantes. Pour les communautés qui n’ont pas les moyens,  l’école c’est sous l’arbre à palabres ou sous une hutte. Même  à Yaoundé certaines infrastructures scolaires manquent de latrines et de points d’eau potable, les bâtiments sont vétustes. Il y a une kyrielle de déboires comme ça que nous ne pouvons citer tous ici.

L’insertion socioprofessionnelle des jeunes est une préoccupation du gouvernement. Le recrutement à la fonction publique de 25 000 jeunes est l’acte le plus marquant jamais réalisé. Certains programmes : le Pajer-U  et institutions comme le Fonds national de l’emploi contribuent à l’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi en octroyant des projets et des formations à cet effet. Voilà les prouesses que nous vantent souvent nos pépés. En réalité tout ceci est comme un grain de sel jeté dans un océan de problèmes liés au chômage. Ceci dû à la mauvaise foi de la bureaucratie atteinte de gérontocratie et de démoncratie, engoncée dans ses oripeaux et dans les miasmes du détournement des fonds publics légendaires est l’ingénierie apportée à la résolution des problèmes de chômage.

L’exclusion des jeunes des cercles de prise de décision est un gros handicap qui empêche sa participation à la gestion des affaires publiques. Les jeunes sont exclus des vrais débats concernant la bonne marche du pays. Ils sont confinés à des fonctions de mobilisation et d’animation or ils devraient avoir leur place dans tous les cercles et positions de pouvoir que ce soit dans les partis politiques, l’administration ou même au sein des associations et autres espaces de sociabilité. Les jeunes doivent rechercher les voies et moyens afin de conquérir leur place dans l’espace public et dans la société politique sans toujours rechercher l’intermédiation des pépés et mémés de la République. Construire et mettre en œuvre des programmes de participation citoyenne à travers une évaluation des politiques publiques et à travers une veille permanente quant à la réalisation des projets et actions de l’Etat. La jeunesse doit offrir sa pugnacité et son énergie à la République en envahissant les structures militantes qu’elle devra créer elle-même pour assouvir son besoin de participation citoyenne et pourquoi pas proposer une alternative présidentielle à cette génération d’octogénaires et de nonagénères prévaricateurs rompus à la tâche malsaine d’agresseurs et de brigands à col blanc.