Bantagni

Souvenir d’un soir

Dans ce billet que j’ai retrouvé dans mon back-up, les noms des personnages avec un (*) au dessus sont des pseudonymes qui remplacent leurs véritables noms. Cela pour des raisons diverses. Bonne lecture.

 

Je me souviens de cette rencontre avec Tifa* durant les vacances de 2010 du côté de Timbi-Madina, terre de mes ancêtres. Une nuit, je me suis rendu pour une veillée avec Ibra*, un cousin, à «Louguêl», un petit quartier de la commune.

Contrairement à mes habitudes bingervilloises _ appellation désignant les habitants de Bingerville, la deuxième capitale coloniale de la Côte-d’Ivoire_, je portais un pantalon jean et un pull-over et les doigts des mains dans des mitaines et les orteils logeant dans des Sebago.

Dans cette fraîcheur foutanienne, mon cousin et moi avions, dans le milieu de la nuit à l’aide de lampe de téléphone de fabrication chinoise, traversés marigots et collines entre de gros arbres pour rallier Louguêl de Daroune. Une zone ayant toujours ignoré ce que veut dire desserte en électricité.

Arrivé à destination, nous entrâmes dans la chambre de l’ami d’Ibra*. Là, à la lueur d’une bougie incandescente, je vis cinq personnes dont trois filles toutes ravissantes dans leur pull-over. L’effet de la fraîcheur était perceptible. Ibra et moi lançâmes un « bonsoir » à leur endroit. En chœur, ils répondirent et nous invitèrent.

Je parlais peu. Etais-je timide ou était-ce parce que je ne connaissais personne dans le coin ? Ibra avait retrouvé son copain de tous les jours et il me prêtait moins d’attention. Une fille me demanda mon nom, je lui répondis « Lefer*, et toi ? ». « Hada* », me dit-elle. Ibra me souffla à l’oreille, « petit, c’est notre nièce, la fille de notre grande sœur Timfa* », comme s’il avait deviné mes intentions. Je luis répondis par un hochement de tête ; « ok je comprends ».

Ibra et moi en 2010 lors d'une balade pédestre sur le bowal de Touro à Timbi-Madina
Ibra et moi en 2010 lors d’une balade pédestre sur le bowal de Touro à Timbi-Madina

Quelques minutes après, une voix féminine vint me tirer de ma rêvasserie. La voix avait lancé un “Salamlec“. Je me retournai et vis au seuil de la porte une silhouette que le bon Dieu ne fit pas à la hâte, telle une fée. Elle portait sur un jean bleu une robe rose qui achève sa course au niveau des genoux avec une jacket noire. Son teint noir ébène laissait découvrir son large sourire sous des grands yeux magnifiques. La lumière de la bougie était suffisante pour la distinguer. Son foulard assorti à sa robe cachait un peu ses boucles d’oreilles arrondies. Elle était en compagnie de Bin*, une cousine que je connaissais depuis Bingerville, au sud de la Côte-d’Ivoire. Il fallut que cinq secondes s’écoulent avant que je lui renvoi son salamalec. Mon cousin m’observa un bon moment et comprit mon trouble.

Comme le maître des lieux, j’invitai la demoiselle à prendre place. Sans hésitation elle accepta mon invitation et pris place avec Bin près de moi. Visiblement, elle était timide. Avec Bin, la timidité se dissipa. Elle me présenta à son amie en ces termes : « Lefer*, elle, c’est Tifa*. Tifa*, voici mon cousin Lefer* dont je te parlais en cour de route ». Apparemment, Tifa* avait déjà été « briefée » sur moi.

Début de complicité

Nous parlâmes à n’en plus finir. Sa douce voix m’emplit de joie et sa beauté me donna l’envie de la connaitre davantage. Elle venait de Dakar et avait près de quatre ans de moins que moi. Tout comme moi, elle semblait vouloir me connaître mieux. Une complicité spontanée s’instaura entre nous, nous donnant l’impression de s’être toujours connus. J’étais tellement euphorique que je lui proposai de s’éclipser avec moi sur la terrasse, loin des autres. Nous devions être mus par le même sentiment tous les deux car elle accepta ma proposition avec enthousiasme. Nous nous excusâmes donc auprès de nos amis.

Dehors, le bruit des arbres et du marigot de Louguêl était moins fort par rapport à la fraicheur qui avait doublé d’intensité. Tout le quartier était plongé dans le noir. Ma nouvelle amie me demanda si j’appréciais cette atmosphère calme et froide. J’ai compris que le froid la déconfortait mais qu’elle voulait passer du temps avec moi dans cette pénombre. Alors je l’attirai contre moi et elle se blottit dans mes bras, les miens faisant le tour de sa taille fine. La douce odeur qu’exhalait son parfum emplissait tout mon être et me transportait de bonheur.

Elle m’appela par mon prénom « Lefer*, … » et marqua un silence. Cette pause entrevoyait long.  Je tentai de déceler le sens de ce mutisme mais n’y parvins pas. Je la fis retourner sur elle-même. Mon regard noyé dans le sien, je lui fis savoir qu’elle me troublait. Son « moi aussi » ne tarda pas. Elle reprit en disant « Lefer*, … », elle ne termina pas sa phrase, mes lèvres avaient déjà gagné les siennes. Je me ressaisis au bout de quelques secondes. « Je te prie de m’excuser », balbutiais-je maladroitement.

Bin arrive au moment où…

Arborant son magnifique et irrésistible sourire, elle se colla davantage contre moi et plaqua ses lèvres contre les miennes.  C’est ce moment que choisit Bin* pour faire irruption sur la terrasse, rompant ainsi le charme de ce moment magique ; elle voulait connaitre mon mot de passe pour accéder à la galerie de mon téléphone. Ma dakaroise me proposa ainsi d’entrer rejoindre les autres. C’est à ce regret que nous rejoignîmes les autres dans la chambre où un bon thé fumant nous fut servi et que nous sirotâmes avec volupté. La veillée se poursuivit encore quelques heures. Les regards complices que Tifa* et moi échangions n’échappèrent à personne. Mais personne n’y fut allusion, à mon grand soulagement.

Peu avant l’aurore, dans cette nuit au ciel qui avait enfin fièrement revêtu sa belle myriade d’étoiles, nous rentrâmes chacun chez soi.

 


Conakry, l’autre capitale mondiale des ordures

Aujourd’hui la ville de Conakry ne fait plus preuve d’une capitale digne du nom. Masures en lambeau, murs décrépis, taudis amassés, des tas d’ordures qui jonchent le littoral, des sachets plastiques. Tel est le visage que présente la capitale guinéenne. Une réalité qui n’honore pas le visage reluisant que semble ambitionner notre président hors-pairs.

Parlant des ordures qui font loi sur cet espace géographique de la Guinée, certaines populations se donnent à cœur joie dans cette atteinte à la sureté de l’environnement. Les caniveaux qui servent de conduit d’évacuation des eaux usées et de ruissèlement se trouvent dans un autre rôle. Ils servent de dépotoirs.

Les plages qui jadis caractérisaient la ville de Conakry de La perle de l’Afrique souffrent désormais de cette injustice sur dame nature. La plage de Rogbané qui faisait la fierté des riverains de Tahouya s’est transformé en un champ d’immondices. De l’autre côté, à Ratoma, la plage de Takonko a perdu son visage charmant où je passais le week-end avec des copains de l’université.

Dans la commune de Dixinn, plus particulièrement dans le quartier de Concasseur, les habitants tirent le diable par la queue. Lorsqu’on s’y rend, plus vers le sud, à l’image d’une montagne, le dépotoir de Concasseur « semble chatouiller » les nuages. L’odeur qui s’y dégage est épouvantable. La première fois que je me suis rendu à cet endroit qui est le plus grand dépotoir du pays, sincèrement, je n’en revenais pas. La fumée qui sortait du site emportait avec elle une odeur bien fétide.

A côté de ces ordures que déversent les populations où bon les semble, la ville de Conakry est aussi le lieu où se rencontrent tous les produits le plus souvent impropres à la consommation. Jus de fruit, sachets d’eau minérale, des produits cosmétiques. Du jour au lendemain, ces produits foisonnent le marché guinéen.

Lorsque je prends plus particulièrement ces eaux minérales, je me demande si sont-elles toutes contrôlées par les autorités compétentes (Contrôle qualité). Au départ, en ma connaissance, il n’y avait que deux sociétés d’eaux minérales, notamment les eaux de Coyah et Cristale. Aujourd’hui chaque région, ville ou entité crée sa propre marque. Sanoyahyé, Miti, Batèdji, Eau Manéah, Kania, Syli, Tassana, Fontaine, Eau de vie, Djoliba, Waw, et même RPGdji. Pour moult observateurs, la plupart de ces eaux minérales ne sont pas traitées convenablement.

Selon le classement effectué par le magazine The Forbes en 2015, Conakry sur les 25 capitales les plus sales de la planète occupe la 19ème place.

Donc, ne m’en voulez pas lorsque je titre Conakry, l’autre capitale mondiale des ordures.

 

 


Les douze clés de l’insatiable roi Koromata (1ère partie)

Il est très souvent compliqué de rencontrer en Afrique, de nos jours, des jeunes qui demandent à leurs parents de leur conter l’histoire de leur pays. Ils préfèrent aller sur Internet. C’est vrai, Internet fournit assez de données et d’informations sur plusieurs sujets. Ce qu’on ignore, ou qu’on semble oublier, c’est que la plupart de ces histoires et récits que nous rencontrons à travers cet outil sont traités par des personnes étrangères à nos propres histoires. Et le plus souvent, elles ne rapportent pas les faits et les dires de façon fidèle.Si tel est le cas, cependant, d’autres préfèrent se renseigner auprès de leurs aînés, leurs parents. C’est pour cela que certains rentrent au village ou au hameau : pour rencontrer les sages afin qu’ils soient à la portée de la vraie information, de la vraie histoire.

Statue de l'Almamy Samory Touré. Photo crédit: www.leferchaud.wordpress.com
Statue de l’Almamy Samory Touré. Photo crédit: www.leferchaud.wordpress.com

Cette série de billets, tirée de la fiction et que j’ai intitulée « les douze clés de l’insatiable roi Koromata« , qui reflète la vie de la Guinée de son indépendance jusqu’aujourd’hui. Amina, une curieuse âgée de quinze ans, va s’approcher de son grand-père, témoin de quatre-vingt-dix-sept saisons, afin de connaitre pourquoi son pays a l’air d’aller si mal aujourd’hui. Je vous présente donc cette série sous forme de dialogue entre Amina et Pépé Ismaël.

 

Il est dix-neuf et quart, le soleil est au zénith à Conakry. Amina est de retour de classe. Elle est contente, car son grand-père Ismaël vient d’arriver du village. Elle dépose son cartable sur la table de la véranda. Elle part directement faire ses ablutions afin de rejoindre ses parents en train de s’acquitter de leur obligation religieuse.

Après la prière, tout le monde passe à table. Pendant qu’elle déguste le poulet rôti fait par sa mère, elle demande au vieil Ismaël en ces termes :

– Pépé, je veux que tu me racontes une histoire ce soir, j’adore les histoires. Et son grand-père de répondre :

– D’accord mon étoile. Ça sera avec plaisir.

– Pas maintenant, intervient Aïcha, la mère d’Amina.

– Oui, mon étoile. Ta mère a raison. Finis ton repas et on commence, répond le vieil homme.

C’est ainsi qu’ils continuèrent leur repas. A la fin du dîner, le vieil Ismaël alla s’allonger dans le hamac près de la cuisine, où Amina vint lui rejoindre.

– Grand-père, on peut commencer, suggéra la jeune collégienne.

– D’accord mon étoile. Quelle genre d’histoire veux-tu ? demanda ce témoin de l’histoire.

– Pépé, je veux savoir pourquoi notre pays va si mal. Il y a une histoire qui peut expliquer cela ?

– Bien mon étoile. Je te raconterai l’histoire de notre beau pays à travers un conte qui se déroule quelque part sur une terre appelée Mankadougou afin que tu puisses tirer les conclusions toi-même.

– D’accord Pépé. On peut commencer.

– L’histoire en question parle d’un roi et son royaume : Koromata et son royaume Mankadougou.

– Je vois que je vais adorer, remarqua la gentille Amina.

– Bien mon étoile, reprend le vieil Ismaël. Dans cette bande de terre, dans le continent de H’Balaiwal, vivent plusieurs communautés. Avec des liens séculaires, ces populations, une bonne frange évidemment, partagent entre elles la fraternité, la solidarité, la joie et la gaieté.

«Depuis son apogée, Mankadougou a connu cinq rois. Notamment Sagha-Djihi, Konon-Gbè, Soory, Kambah et Koromata. Autrefois, ce royaume était sous le joug des véritables hommes de couleurs. Pour reconnaître ces humains à l’épiderme multicolore, c’est très simple. Quand ils sortent sous le soleil, ils deviennent jaune, orange ou rouge ; quand ils sont en bordure de mer ils deviennent bleu ; quand ils profitent de l’ombre du Baobab ils deviennent rose ; et quand ils sont en colère ils deviennent rouge ».

– Grand-père, ces hommes de couleur, si je pense bien ce sont les blancs ? Amina interrompit ainsi le vieil Ismaël.

– Oui mon étoile, reprit le vieil homme. Ces hommes de couleurs, en provenance de Fotétaya, possédaient de puissantes troupes armées. Avec leur intelligence, bien que nonchalants, ces multicolores, à l’aide de quelques équipes qu’ils déployaient, pouvaient envahir plusieurs royaumes de H’Balaiwal à la fois. Entre ces vassaux, Mankadougou en faisait partie.

«Durant des siècles, ils ont bafoué la dignité de ces peuples. Pour atteindre leurs objectifs, ils avançaient l’idée selon laquelle les millions d’âmes qui errent à l’intérieur de H’Balaiwal ne sont d’aucune civilisation. Donc, ils étaient venus pour civiliser tous les habitants à la peau d’encre ».

«Pendant leur mission dite civilisatrice, plusieurs ouvrages ont été réalisés pour un semblant de bonheur, car ces missionnaires pillaient les ressources de Mankadougou pour Fotétaya.  Les habitants de Mankadougou étaient brimés dans leur raison d’être ».

«Pour essuyer cet affront, des enfants de Mankadougou ont décidé alors de prendre leur destinée en main. Afin de mener à bien ce noble combat contre ces occupants, les fils de Mankadougou ont placé leur espoir sur un jeune intrépide et téméraire. Sagha-Djihi. Un homme d’une éloquence enviable. Ils réclamaient leur indépendance ».

«Avec courage, le jeune Sagha-Djihi arriva à faire bouillonner de peur le chef armé de la puissante Fotétaya, en l’occurrence N’Golo. C’est ainsi, dans sa malice habituelle, le chef de Fotétaya tenta de faire fléchir son apprenti-civilisé, dont Sagha-Djihi. Mais c’était très mal connaitre Sagha-Djihi et ses Camarades».

«Dans un discours révolutionnaire, l’élève lança à la figure de son maître une bonne dose… »

(A suivre…)


Le business de pseudo-mendiants

De nos jours, les mendiants sont de plus en plus nombreux. En partant des devantures des lieux de culte jusque dans les grands carrefours de Conakry en passant par les accotements les plus prisés, ces nécessiteux sont assis à même le sol pour certains et sur des nattes pour d’autres. Ce sont souvent des infirmes: des manchots, des paralysés, des aveugles, même si on recense une catégorie de personnes valides dont des albinos. Ils sont jeunes, vieux et enfants.

Leur travail, tendre à longueur de journée la main aux passants qui, le plus souvent font mine de ne pas entendre les salamalecs lancés à leur endroit, à plus forte raison laisser quelques liards chiffonnés de francs “glissants’’ (entendez par là francs guinéens qui du jour au lendemain perd plus ou moins en valeur par rapport aux devises comme le Dollar US, l’Euro et même le Franc CFA et reste instable) dans les mains tendues ou dans des sébiles posées par terre à cet effet.

 

Une famille de mendaints dans une rue de Conakry. Crédit photo: www.bantagni.mondoblog.com
Une famille de mendaints dans une rue de Conakry. Crédit photo: www.bantagni.mondoblog.com

Avec cet accroissement de mendiants dans les rues de Conakry en particulier et celles de la plupart des grandes villes africaines en général, je me demande s’ils sont tous des mendiants au sens premier du terme, car en Afrique, ne sont mendiants que les indigents à qui on fait l’aumône et qui en retour formulent des bénédictions à l’intention de celui qui donne et de sa famille. Aujourd’hui, j’ai comme l’impression que la mendicité est devenue un réel business, un fonds de commerce pour certains.
Je me remémore ma première semaine à l’université lorsque je venais pour mon inscription à la faculté des sciences sociales. A près de cent mètres de l’entrée principale de l’université, un homme dont l’âge côtoyait à la trentaine révolue me lança un Salamalec (As Salam Aleykoum, salutation arabe). Assis sur une natte, il portait un boubou et tenait disposés juste devant lui, des billets sous une canne, qui tentaient de s’échapper par la force du vent.
Je m’arrêtai et lui tendis un billet de cinq cent de nos francs “glissants” qu’il prit avec un large sourire avant de me dire «merci». Merci? Pas de bénédiction? Ainsi était-il. Et c’était comme cela tous les matins. Cela a continué jusqu’à la fin du premier semestre de ma deuxième année à l’université.
Pourquoi je cessai de lui donner des liards, ne serait-ce que cent francs “glissants’’? La raison est toute simple. Grâce à l’altruisme des passants, aujourd’hui, le sieur s’est acheté une motocyclette à quatre roues ainsi qu’un téléphone portable de dernière génération. Maintenant, tous les matins, mon mendiant a les écouteurs dans les oreilles et est toujours au même endroit comme un directeur général dans son bureau.

 

Une mendiante assise sur le pont qui mène à l'aéroport Conakry Gbessia. Crédit photo: www.bantagni.mondoblog.com
Une mendiante assise sur le pont qui mène à l’aéroport Conakry Gbessia. Crédit photo: www.bantagni.mondoblog.com

Il n’est pas le seul. Ils sont nombreux. Une autre anecdote. Alors que j’étais encore au collège à Bingerville – deuxième capitale coloniale de la Côte-d’Ivoire – un homme tiré à quatre épingles était venu dans notre salle de classe et avait un fourre-tout en main. Profitant de l’absence du professeur de maths, cet homme a fait irruption dans la salle. Il s’est adressé à l’ensemble des élèves dans une voix tremblante qui donnait des frissons en ces termes «bonjour les enfants. S’il vous plait, je suis un chômeur, je vous demande de me venir en aide. Je vais à Cocody et je n’ai pas le prix du transport. Donnez-moi quelque chose même si c’est 25 francs (CFA). Merci».
Impossible de ne pas l’assister, chacun lui remit quelques pièces. Certains avec leur pouvoir d’achat lui ont donné des billets de cinq cent francs. Alors que le tarif de transport entre Bingerville et Cocody n’atteint pas les 500 F CFA. Du liard, il s’en est fait au maximum. A sa sortie, je l’ai suivi. Il est entré dans une autre salle. Avec le même discours d’il y’a quelques secondes. Il parvenu à convaincre mes aînés de la 4ème. J’observais la scène par les claustras du mur de la salle de classe, mes aînés s’exécuter. C’est complètement abasourdi que je suis retourné dans ma classe. Je me mis à méditer. Se moquait-il de nous? Pourquoi s’est-il rendu dans la classe de la 4ème avec le même discours alors qu’il avait obtenu plus que son tarif de transport?
Elles sont nombreuses ces personnes qui viennent à longueur de journée solliciter la bienfaisance et la générosité des gens. Il est difficile aujourd’hui de distinguer le vrai mendiant du pseudo-mendiant. La civilisation africaine a toujours accepté la mendicité, mais celle du respect de la dignité humaine et non celle qui par des malices, cherche à duper honteusement les personnes sensibles. Sous le sceau de la religion musulmane, d’autres personnes s’adonnent à la mendicité avec l’argument selon lequel «si vous donnez une sébile de mil à un mendiant, vous en récolterez un hectare dans l’au-delà». Oui à des mendiants et non à des pseudo-mendiants, «mes sieurs» «pseudo-mendiants».