Emile Bela

Votre «changement», voici ce que j’en pense…

A la radio, à la télé, dans les journaux, sur Internet, au marché, à l’université, même à la morgue tout le monde aspire au changement et chacun croit être celui ou celle que le monde attend pour que cela soit. Pour s’accommoder à la navrante mutation de nos sociétés, de notre monde, imposée par nos envies capricieuses, nos habitudes de vies fantaisistes, nos quêtes égoïstes du pouvoir et nos courses effrénées vers l’argent, il faut aspirer au changement. Pour ça, il faut un brin d’audace et ce n’est pas ce qui manque aux vaillants acteurs de changements dont la liste ferait une encyclopédie de plusieurs tomes. C’est bien. On peut même l’acclamer des pieds et des mains!

Mais, là où le problème se pose, c’est lorsque le changement dont tous parlent et auquel tous aspirent est mal conçu et modelé pour servir des intérêts très souvent mesquins. Plus loin, on s’aperçoit que quantité de ces aspirants au changement se drapent dans des intentions [nobles uniquement à leurs yeux] qui flattent, non sans dégoût, leur ignorance et les exonèrent de tout scrupule. Ils occultent l’exercice obligatoire auquel tout aspirant au changement devrait se soumettre avant de s’y engager, c’est-à-dire trouver des réponses assez précises à une kyrielle d’interrogations dont les principales sont les suivantes : Quel est l’existant ? Dans quel état se trouve-t-il ? Qu’a-t-il de bien à conserver? Qu’y a-t-il de mal à changer ? Pour quoi et pourquoi faut-il nécessairement que cela change ? Comment opérer le changement ? Comment inscrire le changement apporté dans la durée ?

C’est à ce niveau que ça coince, parce que tout simplement, c’est à ce niveau que chaque acteur étale son projet de changement et, Dieu seul sait si, nombre de ceux qui piaillent le changement à longueur de journée sont porteurs de projets susceptibles d’être évalués sur la base des critères de pertinence dont certains sont ci-dessus énumérés.

On a assisté à une véritable danse de tango au Burkina Faso parce que les acteurs clés ont rêvé d’un changement sans s’y préparer réellement. J’ai été sidéré d’entendre un opposant burkinabè avouer qu’ils ont été surpris par la rapidité des évènements. Un peu dans la peau du chasseur qui met le feu dans le trou du rat et qui est surpris de le voir sortir. Ceci n’est pas une insulte à l’intelligence du peuple souverain du Burkina, mais c’est reconnaître que le changement voulu par les leaders se limitait à l’éviction, du fauteuil doré du palais de Kosyam, de celui dont on en voulait plus. Comme conséquence, on a changé de président à un rythme que n’envie guère une partie de lutte sénégalaise. Mais, quid du système dans tout ça? A-t-il aussi changé ?

Nous avons vu des Libyens par médias étrangers interposés clamer leur aspiration débordante au changement pour se défaire d’un régime fasciste, dictatorial, totalitaire, incarné par un Kadhafi trop pimenté et salé à leur goût. Aujourd’hui, je parie que parmi eux, ceux dont l’Etat islamique et les autres terroristes n’ont pas encore fait exploser ce qui leur sert de tête donneraient tout pour que Kadhafi soit Jésus pour ressusciter.

En Côte d’Ivoire, je me souviens du fameux slogan « Gbagbo kafissa » pour dire « Gbagbo est mieux » scandé par certains détracteurs du régime actuel. Les mêmes, quand ils auront fini de sacrifier Ouattara sur l’autel de leurs intérêts égoïstes, reviendront et jureront que le président qu’il fallait à la Côte d’Ivoire était Ouattara, le bâtisseur, l’homme de paix et tralala…

Il est une évidence que, pour aspirer au changement, il faut se reconnaître des valeurs et des qualités exceptionnelles, une spécificité qui nous distingue des autres et qui fait de nous une personne capable d’imaginer les choses dans un sens que peu ou personne n’a pensé pour le bien commun. Mais il n’en demeure pas moins que cette conviction d’appartenir à une essence supérieure, habilitée à regarder de son piédestal les autres, constitue un moyen commode non seulement de saboter ses propres défenses intellectuelles, mais aussi de se prélasser dans son ignorance.

Certains blogueurs veulent changer le monde en écrivant des articles qui enflamment les passions quand ils ne font pas de veines spéculations assorties d’injures à l’égard des autorités de leur pays au nom d’une liberté d’expression mal comprise. Certains journalistes veulent changer le monde en vendant leur plume, leur dignité avec, pour diffuser des informations si erronées du type Ben Laden était l’ami intime d’Obama et que s’il l’a tué c’est parce qu’il l’a cocufié avec Michelle. Certains politiciens africains veulent changer le monde en promettant qu’il ne feront qu’un seul mandat, force est de constater qu’on a pas la même façon de compter les années. Ils affirment même que l’argent public qu’ils sont accusés d’avoir détourné a servi à construire l’hôpital général de notre village alors que nous continuons de nous faire soigner le paludisme chez Mahadou, le guérisseur du village faute d’une clinique et d’infirmiers. Les pasteurs, prêtres et imams jurent que les quêtes sont destinées à Dieu, et à Lui tout seul. Cela dit, ils se plaignent que nous ayons donné un billet déchiré sachant que le boutiquier du quartier ne l’acceptera pas, ou que le total de la quête n’excède pas 50 000 F alors que nous sommes témoins que tout a augmenté sur le marché… même Boko Haram veut changer le monde en enlevant, en tuant des innocents, alors qu’il sait qu’il suffit que toute son armée s’entasse dans une maison que l’armée tchadienne aspergerait d’essence et y mettrait du feu pour que le monde vive mieux.

Tous donc veulent le changement, mais au fait, dites-moi, qui veut quoi pour qui pourquoi où quand et comment, chers agents de changement?

Si vous voulez changer le monde, c’est bien, mais prenez la peine de comprendre ce que renferme le changement. Sachez aussi que le changement commence par vous-mêmes. Surtout, demandez-vous avant de vous y engager si le problème que vous posez est perceptible au-delà de vos lunettes ou encore si vous ne l’aviez pas créé. Parce que c’est court de penser chaque fois que le mal provient de l’autre car comme le dit l’adage, « si tu te tapes la tête contre une cruche et que ça sonne creux, n’en déduis pas forcément que c’est la cruche qui est vide  ».


Journée du 08 Mars: Leurs mots pour le dire…

téléchargementCe 08 Mars 2015 comme il y a 38 années en arrière, 8 Mars 1977, le monde entier marquera un bref arrêt pour célébrer les femmes. Elles le méritent bien ! Au-delà du folklore qui l’entoure, parlant de son côté festif et des discours de bonnes intentions qui l’accompagnent, cette journée représente une reconnaissance de la place de la femme, de son rôle ainsi que de ses droits et devoirs au sein de la société. C’est surtout l’occasion de faire le bilan de l’évolution des combats pour l’égalité du genre en tant que facteur de cohésion sociale et de développement des nations. Cette année, je célèbre cette journée avec mes lecteurs qui ont accepté de se prononcer :

«Mes pensées et sincères reconnaissances vont à l’endroit des femmes agricultrices et entrepreneuses du monde en général et d’Afrique en particulier. Ces femmes sont les grandes héroines tapis dans l’ombre de notre survie, et le thème de cette célébration prouve grand, si besoin qu’il est temps de se mobiliser pour l’autonomisation des femmes, vecteur du bien-être de l’humanité. Aucun défi n’est jamais assez fort. Femmes, accrochez vous fort à vos rêves, car si les rêves meurent, la vie est un oiseau aux ailes brisées qui ne sait pas voler.» MIKAILA Issa, Benin/Pays Bas, Journaliste Stratégiste Média Sociaux.

«L’égalité de genre n’est pas une question de faveur, elle est une question de justice et d’équité sociale. Elle est une approche dont la mise en oeuvre n’est pas toujours aisée et qui rencontre des résistances en raison de la grande confusion semée dans les esprits; en effet, elle est quelque fois perçue à tort comme un combat contre les hommes ou alors confondue à la promotion de la femme. Bonne fête du 8mars a tous et à toutes surtout ne passons pas à côté de l’essentiel, tâchons de savoir en amont ce pourquoi nous fêtons.» Nathalie KOUAMO, Cameroun, Experte en Genre.

«Pour moi cette journée est un jour spéciale pour rendre gloire a nos mamans qui sont pour moi des dieux sur terre.et dont on doit beaucoup prendre soin. Quelque soit nos mamans elles restent nos mamans. Il n’y a pas deux mamans au monde, il en existe seulement une donc prenons soin d’elles. Vive les mamans du monde. Sachez que cette journée est la votre donc en profiter au maximum. Maman je t’aime!» Narcisse Guebré, Burkina Faso, Etudiant en Droit.

«La journée internationale de la femme est une belle occasion de rendre un hommage à cet être multi-tâches qu’est la femme. Une femme peut porter plusieurs casquettes : Femme, mère, épouse, collaboratrice, entrepreneure, etc. Et dans tous ces rôles, elle a le challenge de réussir. Voir tous les sacrifices faits par la femme, il est quand même important de s’arrêter un moment et lui dire qu’on reconnaît ses mérites. Déjà, en voulant donner la vie, la femme risque de perdre la sienne. La femme porte la vie, elle porte l’humanité. C’est une grande responsabilité que Dieu lui accorde. Et prendre une journée pour la célébrer, je pense que ce n’est pas de trop.» O’noryn KADIO,Côte d’Ivoire, Fondatrice et rédactrice en chef de femmesentrepreneures.ci 

«En souhaitant une belle fête à toutes les femmes du monde en ce jour du 08 mars 2015, je me permets de plaider auprès de nos gouvernements africains pour plus de justice sociale envers cette couche sensible et fragile mais combative et déterminée. De mon point de vue, cette justice consisterait à faire d’elle un véritable levier de développement en accroissant substantiellement des ressources financières pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin. En outre, dans le cadre de la gestion publique, les femmes, au nom de cette justice, devraient occuper les 50% des portefeuilles ministériels et les postes de directrices générales dans la même proportion des entreprises dont l’Etat à une part de contrôle. Il est temps que nos pays se dotent des textes de loi vigoureux pour la protection sociale et professionnelle des femmes. En portant l’humanité, elles portent en elles le développement durable et la paix dans nos pays. Bonne et joyeuse fête à toutes les femmes!» HAIDARA Mohamed, Guinée/France, Economiste.

«Ça fait du bien de célébrer la femme. C’est elle qui est le socle d’une famille, quoiqu’on dise. C’est elle qui, dans la majorité des cas, se soucie de l’avenir des enfants. Mais en réalité, il n’existe pas d’égalité de sexes surtout dans nos pays africains. La femme continue d’être maltraitée. Le plus souvent, elle n’a pas son mot à dire quant aux décisions que prennent les hommes. Alors pour moi, au lieu de passer le temps à faire des discours interminables pendant cette journée, il faut plutôt chercher des voies et moyens pou pouvoir résoudre tous ces problèmes que vivent nos sœurs, nos mamans au quotidien. Je prends juste l’exemple d’une femme qui s’est battue pour avoir du boulot et qui est en fonction pendant un temps puis meurt, son mari ne prend aucune pension alors que c’est l’inverse pour les hommes. Pourquoi ? et on nous parle d’égalité.» Flore MONSIAH, Etudiante en Droit.

«La femme est au cœur de tout développement social. Nous nous réjouissons de l’attention grandissante qui lui est portée et notamment à sa célébration chaque 8 mars. Cela est déjà un indicateur du changement positif attendu en faveur de la promotion du genre. Pour autant, beaucoup reste encore à faire dans un environnement où à tord les perceptions en matière de genre restent tournées vers la promotion des stéréotypes de femmes dites modernes ou émancipées. Plus que jamais, l’attention doit être davantage portée vers la femme en milieu rural. C’est elle qui fait le planteur, sa famille et pourvoit en grande partie à l’approvisionnement national en vivrier. Nous devons davantage conjuguer nos efforts et être engagés pour faire entendre la voix de la femme rurale, lui donner un égal accès aux opportunités et travailler à son autonomisation. Pour ma part, je reste fier de travailler pour une entreprise qui s’est publiquement engagée et déroule un plan d’action pour promouvoir les femmes dans la cacaoculture.» KANE Omaro, Côte d’Ivoire, Coordonnateur des projets de durabilité pour une multinationale.

«Que Dieu bénisse toutes les femmes pour qu’elles soient des femmes fatales pour leurs hommes, c’est-à-dire des femmes qui se font belles, coquettes et qui savent s’occuper de leurs hommes,  de bonnes éducatrices pour leurs enfants, déterminées dans leurs taches professionnelles.» Jeannice Gougouehi, Côte d’Ivoire, Rédactrice sinistre dans une Compagnie d’Assurance.

Bonne Fête à toutes les femmes en générale et à mes lectrices en particulier !


CAN 2015 : Lettre à Sidy Diallo, « Merci pour ce moment « !

Sidy Diallo CHAMPION!
Sidy Diallo CHAMPION!

               Au Président de la Fédération Ivoirienne de Football

Monsieur le Président,

Il y a des mois de cela que je vous écrivais deux lettres dont la première traduisait la colère de certains ivoiriens face, non seulement à l’humiliante défaite de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire à la coupe du monde au Brésil avec à leur tête votre stagiaire d’entraîneur, mais aussi à votre mutisme qui a suivi votre retour du Brésil. Nous étions nombreux qui attendions que vous nous rendiez compte de l’utilisation que vous aviez faite de l’argent du contribuable ivoirien mis à votre disposition sans résultat et de ce qui a été à la base de votre échec. L’attente a été longue pour moi et ma patience ayant atteint ses limites, je vous ai adressé une lettre pour vous donner la parole. J’ignore si vous aviez lu cette rodomontade, mais en tout cas quelques jours après vous aviez parlé, même trop parlé! Peu importe ce que vous aviez dit, vous aviez parlé et c’était suffisant. Par la suite, je vous ai adressé une seconde lettre pour vous dire ce que je pensais et y ai conclu que beaucoup d’ivoiriens et moi-même vous attendions sur vos résultats.

Chacune de ces deux lettres, quoiqu’étant restée dans les normes de la courtoisie, n’avait pas forcement un ton à vous faire sourire. Ceci, simplement, parce que j’en avais gros sur le cœur. Normal, n’est-ce pas ? Bien sûr, parce que moi aussi, comme beaucoup d’ivoiriens, je croyais en vous et j’attendais mieux que des incohérences dans votre gestion du football ivoirien, lesquelles ont eu pour conséquences directes des insuffisances de résultat.

Monsieur le Président,

Aujourd’hui, je vous écris à nouveau. Je sais que ça peut être collant que d’avoir un bout de bois de Dieu comme moi sur son dos déjà carapacé par les coups de fouets bien plus féroces d’une presse nationale qui ne tarie pas d’éloge pour vous les jours pairs et qui, les jours impairs vous accuse d’être de cette race de bulbes congestionnés à cause de qui Jésus tarde à revenir pour mettre fin à la merde de ces débiles plein de morgue regroupés au sein d’une secte dite Boko quoi quoi là. Toutes ces frustrations seraient à la base de votre desir avéré ou non de partir de la tête de la Fédération en Septembre prochain, ai-je lu dans ce post ce matin.

Oui, ça devrait être embêtant, je le sais, mais ce n’est pas de ma faute, mon signe Zodiac c’est pou. On s’en débarrasse difficilement. Cependant, rassurez-vous cette fois-ci, je vous écris sur un ton digne d’un mec qui vient de réussir l’exploit de conquérir le cœur de la dulcinée qu’il convoitait depuis des années en bombant la poitrine aussi fort qu’un moine chinois cocu priant pour que lui soit restaurée sa virilité.

Monsieur le Président,

Depuis plus d’une semaine, je suis en fête !!! Et les jours de fête, chez nous, ça ne parle pas assez. Ça mange. Ça boit. Ça danse. Ça s’éclate ! Oui, c’est un cœur en joie qui vous écrit pour vous dire « Merci pour ce moment » !. Ce moment où vous aviez fait le choix de Monsieur Hervé Renard pour diriger l’équipe nationale. Ce moment où vous lui avez laissé l’occasion de bannir la notion de « cadre » et construire sa propre équipe faite de jeunes et « novices ». Ce moment où vous vous êtes effacé pour laisser le staff technique #AllerSeulement, jusqu’au bout. Ce moment où le Renard a fait confiance à Copa au bon moment. Ce moment où Copa s’est servi de ses mains pour faire sortir le ballon des poteaux puis ce moment où il s’est servi de ses pieds pour le faire entrer dans les poteaux. Ce moment où Papa Gassama a mis fin au match Côte d’Ivoire- Ghana. Ce moment donc où la Côte d’Ivoire a remporté la CAN 2015. Ce moment où vous aviez rendu leurs joies à des millions d’ivoiriens et amis de la Côte d’Ivoire.

Monsieur le Président,

Voyez-vous, la victoire, surtout lorsqu’elle est méritée, à une saveur si unique, si particulière qu’aucun mot ne peut la décrire. Moi aussi, comme beaucoup d’ivoiriens, je suis heureux, je suis ému –même une semaine après. C’est pourquoi, d’abord par honnêteté morale qui voudrait qu’aussi bien qu’il faut critiquer quand c’est mauvais, il faut féliciter quand c’est bon, et par instinct de patriotisme, je voudrais par cette lettre vous dire GRAND MERCI !

MERCI Président Sidy pour la deuxième étoile que vous nous donnez. MERCI d’avoir su répondre aux attentes des ivoiriens. MERCI d’avoir été à la hauteur de la tâche! A vous, à Hervé Renard, à l’ensemble de l’encadrement technique et surtout à tous les joueurs aussi bien ceux qui étaient de l’expédition de Malabo que ceux d’hier qui ont rehaussé l’image du football ivoirien, je m’en vais dire BRAVO et MERCI ! Par ces lignes, je voudrais TRES SINCEREMENT vous féliciter et vous dire que notre joie d’aujourd’hui est à la hauteur de notre déception d’hier qui nous a poussé à vous vilipender et qui mérite qu’on vous célèbre comme des héros, oui, parce que HEROS, vous l’êtes et nous en sommes si fiers… !

Mais, Prési, avant de terminer, j’ai une petite question à vous poser dans le creux de l’oreille de peur qu’elle ne tombe dans de mauvaises oreilles. Prési oh, il paraît que vous aviez demandé 3,5 milliard de FCFA pour aller à Malabo. On ne sait pas si on vous à tout donné ou non mais on suppose que si vous avez demandé, c’est que c’est ce qu’il vous fallait donc vous l’avez reçu. Et puis quand vous êtes revenu, on a ajouté encore 2 milliard. Donc ça fait mathématiquement 5,5 milliard en tout, n’est-ce pas prési ? Mais oh, prési, il paraît que l’argent qui était dans la coupe ne dépassait pas 800 millions. Ma question est la suivante : Donc, vous avez dépensé 5,5 milliard pour rapporter 800 millions ? Tchié, Prési…. ! Un verre d’eau pour mon comprimé s’il vous plaît, ça donne forcement de la migraine…


CAN 2015: COPA était là. La VICTOIRE aussi!

Face à certaines VICTOIRES qui, par leur saveur unique et enivrante vous emportent dans un tourbillon de joie inestimable et vous laissent sans voix, il vaut mieux se taire et laisser les images parler à votre place…

 BRAVO à Barry COPA!

COPA Célébré par ses coéquipiés
COPA Célébré par ses coéquipiés

Bravo à Hervé RENARD!

Hervé Renard (c) connectionivoirienne.net
Hervé Renard
(c) connectionivoirienne.net

Bravo aux ÉLÉPHANTS!

LES ELEPHANTS CHAMPIONS D'AFRIQUE 2015 (c) imatin.net
LES ELEPHANTS CHAMPIONS D’AFRIQUE 2015
(c) imatin.net

BRAVO à la COTE D’IVOIRE CHAMPIONNE D’AFRIQUE 2015!!!

la Côte d'Ivoire sur le toît de l'Afrique
la Côte d’Ivoire sur le toît de l’Afrique

Nous l’avions fait hier. Nous l’avons fait aujourd’hui. Demain? nous y croyons!

 

 

 


Lawal Diakité : « Mon père a fait de moi la femme que je suis aujourd’hui « 

Elle sait que la jeunesse est un atout et elle la met à profit pour construire sa vie. Sur son physique, on trouverait peu à redire avec ses traits réguliers, la finesse de sa taille qui se moque du rônier, son nez fin et droit de sahélien, ses yeux pleins de malice, une bouche aux lèvres ourlées et roses s’ouvrant sur des dents bien rangées et d’une blancheur nacrée. Tout ceci rime avec son éducation bien suivie, sa joie contagieuse de vivre, son intelligence, sa franchise et son honnêteté corroborées par sa simplicité et sa politesse qui forcent l’admiration des privilégiés qui la côtoient. Awa Diakité. ENTRETIEN.

(c) Lawal Diakité
(c) Lawal Diakité

Merci d’avoir accepté cette interview. Avant toute chose, je formule pour toi et ta famille ainsi que tous tes proches tous mes vœux les meilleurs.

Merci à toi aussi pour cet honneur que tu me fais, en m’offrant une vitrine sur ton blog. Je me sens vraiment émue et distinguée.

Pour commencer, peux-tu te présenter à mes lecteurs ?

Je me nomme à l’état civil AWA DIAKITE, il faut noter que ce nom a été raccourci puisqu’en réalité c’est Lawal Awa Moutawakil Mousquine N’Pènè. En fait Je rentrais très souvent de l’école en larmes parce que mes camarades de classe me traitaient de « moustique » à cause du nom « Mousquine ». Mon père a donc préféré me retirer tous mes autres prénoms que je trouvais bizarre à l’époque. Aujourd’hui je regrette, j’aurais dû les garder puisqu’ils sont originaux. Je suis née le 07 juillet 1986 à Abengourou. Je suis ivoirienne, originaire du Mali, peulh du wassolo. Je suis l’aînée d’une famille de 4 enfants dont 3 filles et 1 garçon. J’ai reçu une éducation malinké vraiment stricte surtout basée sur les valeurs religieuses. Ce qui pourrait justifier mon tempérament un peu trempé.

En ce qui concerne la politique, il me serait difficile de parler d’appartenance politique. C’est le mot « appartenance » qui me gène. J’ai plutôt des idéaux politique et je me rapproche de l’idéologie qui tend le plus vers mes idéaux. Je suis célibataire sans enfant. J’exerce actuellement en tant qu’Assistante de Direction et Assistante Personnelle du Directeur Général d’une société d’assurance maladie de la place. En plus de ce poste,  avec ma meilleure amie, nous avons crée notre boite de communication événementielle « Infinyevents » . Nous nous occupons de la création et de la réalisation d’événements pour les particuliers et les entreprises. Nous organisons aussi des Afterwork réseautage professionnel.

Où as-tu fais ton enfance et qui ou qu’est-ce qui a le plus influencé cette enfance et que tu penses a un impact aujourd’hui sur ta vie d’adulte ?

J’ai passé mon enfance à Daloa –c’est pourquoi je taquine beaucoup les Bété–, j’y ai passé 16 ans de ma vie et j’étais obligé de la quitter après la réussite au BAC. Toutefois, je m’y rends pour les vacances, pour l’Aïd El Kebir qu’on appelle couramment Tabaski et aussi pour les cérémonies familiales, puisque mes parents y vivent toujours. La personne qui a le plus influencé mon enfance c’est mon père. C’est un homme tellement charismatique qu’il ne pouvait que m’impacter. D’ailleurs, quand j’étais toute jeune je pensais qu’il était un magicien, et je m’en vantais même auprès de mes amis à l’école. Tout ce qu’il faisait, pour moi, relevait du miracle. Il a toujours été mon modèle d’où ma passion pour la langue Anglaise. Il parle couramment l’Anglais et l’arabe. Il m’a inculqué des principes et des valeurs tels que la franchise, la loyauté, la reconnaissance, la persévérance dans l’effort, l’honnêteté, l’acceptation de l’autre dans sa différence.

Il m’a éduqué comme un petit garçon, puisqu’il ne s’attendait pas à ce que je sois une petite fille à ma naissance. Alors, je suis devenue le petit garçon qu’il espérait mais dans le corps d’une fille. Il m’a inculqué la crainte d’Allah mais il m’a laissé découvrir le christianisme en m’envoyant dans des écoles catholiques. Il m’a laissé le libre arbitre, la possibilité de faire mes propres choix et de prendre mes propres décisions. Il a fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. Toutefois, c’est un père très possessif et jaloux. J’avoue que je recherche en mon futur mari les qualités de mon père.

Ma mère quant à elle, avec le temps, je me suis beaucoup plus rapproché d’elle parce que j’avais besoin d’apprendre à être douce, moins dure avec moi même. Elle est devenue ma meilleure amie, ma confidente et ma première conseillère. Avec elle je me découvre en tant que femme et futur mère. J’ai un amour inébranlable pour elle. J’ai surtout appris que l’amour d’une mère est incommensurable. Et nous, en tant qu’enfants, devons rester dignes de cet amour en apportant à nos mamans l’attention et la reconnaissance qu’elles méritent. Le Coran dit que le paradis se trouve au pied de nos mères. Pour nous dire combien de fois il est important, quelque soit notre statut, notre réussite sociale, de toujours respecter et de toujours honorer nos mères. Pourquoi lever la tête, regarder dans les yeux de sa mère quand tout ce  qu’on cherche, le paradis, se trouve à ses pieds? Moi en tout cas je reste couchée à ses pieds afin de ne pas perdre mon paradis des yeux.

Quelle relation as-tu avec tes ami(e)s de la FAC d’Anglais après l’Université ? Une anecdote  de la FAC? Certains parmi ceux-là t’on particulièrement marqué que tu voudrais nommément citer ici et leur dire des mots gentils ?

Les années fac ont été les plus belles années de ma vie et j’y ai rencontré des personnes  vraiment exceptionnelles. J’y ai créé des  liens d’amitiés qui se sont intensifiés avec le temps, des personnes tellement  sincères, attentives que je ne peux plus m’en défaire. Nous nous sommes connu jeunes et nous avons décidé de grandir, d’avancer ensemble. Certains nous ont quitté dans la fleur de l’âge, mais resterons éternellement gravés dans notre cœur et notre esprit.

D’autres m’ont vraiment marqué, je pourrai citer entre autres, Fabrice Kanga, que j’appelle affectueusement daddy –nous sommes tellement proche qu’on nous croit en couple. Il y a aussi Benedith Amani –ma twin sister, Alison Tchimou –mon amie d’enfance, Marie Désirée Ehouma -ma mamie adorée, Mélanie Kadjonou, Roger Assanvon, Assoba Georges, Le couple Kouassi —Christelle et Jacmen, Marie France Sarah Bah, Blanchard Essoh, Pervenche Palé, Akoi Lydie, Pacha Okobe, Iba Marie Claire, Emile Bela et encore beaucoup d’autres que je n’ai pas cité. Je voudrais simplement leur dire qu’ils ont tous participé d’une manière ou d’une autre à faire de moi l’amie que je suis aujourd’hui. Je suis fière d’avoir des personnes spéciales comme elles dans ma vie et pour rien au monde je n’échangerai ces amitiés.

Pour ceux qui te connaissent, il y a une chose bien remarquable chez toi, c’est cet air si enthousiaste que tu présente qui traduit l’énergie qui déborde en toi. Quel est le secret de cette joie de vivre que tu communiques à tes proches ? 

Je n’ai pas de secret, j’ai des principes. Et l’un de mes principes c’est de toujours mettre à leur aise ceux qui se trouvent autour de moi. Ce n’est pas ma joie et mon enthousiasme seulement que je partage, je partage beaucoup plus que ça. Il n’y a rien de plus chaleureux et de plus gratifiant que le rire ou le sourire des personnes qui partagent notre vie. Je n’aime pas la tristesse, je n’aime pas la noirceur. Alors je partage ce que j’ai de plus positif en moi, ma joie de vivre, mon enthousiasme mais aussi mon coté folle folle.

Que penses-tu de l’économie numérique et quel regarde porte-tu sur la Communauté Web en Côte d’Ivoire ?

Le développement de l’économie numérique est un grand pas vers le progrès dans la mesure où les grandes stratégies de développement dans tous les secteurs qui puissent exister sont de plus en plus axées autour des TIC. Je ne peux pas porter de critiques objectives sur la Communauté Web en Côte d’Ivoire, puisque je n’ai pas encore eu l’occasion de la fréquenter réellement. Néanmoins, je connais certains membres influents de cette communauté tels que Delmas Ehui. Et quand j’analyse tout le travail qu’il abat à travers les TIC, je peux dire que l’économie numérique pourrait aisément nous aider dans l’atteinte de l’objectif « l’émergence à l’horizon 2020 ».

Je constate ta présence très active sur les réseaux sociaux notamment sur Facebook. Quel est l’usage premier que tu fais de cette plateforme et à quelles autres fins te sert-elle ?

Je suis sur Facebook pour me faire des contacts comme bon nombre de personnes d’ailleurs. J’ai intégré ce réseau social grâce à mon ami Georges Assogba qui m’avait, à l’époque, envoyé une invitation. Sur Facebook on rencontre diverses personnes de divers horizons avec différentes cultures, différentes religions et avec des mentalités diverses et des réactions diverses. C’est cette symbiose qui m’attire le plus. Je l’utilise aussi comme moyens d’expression sur les tares de notre société, la dégradation de nos mœurs, souvent je parle aussi de politique. Enfin, je l’utilise pour mes activités professionnelles, agrandir mon réseau professionnel et faire la promotion de mon agence de communication événementielle « Infinyevents ».

Cela m’amène à te demander quelle analyse fais-tu du phénomène de plus en plus inquiétant des « brouteurs », majoritairement jeunes, et quels conseils donnerais-tu à ces jeunes ?

Je pense que les responsabilités doivent être partagées et assumées. La part de l’Etat dans la triste évolution de ce phénomène est que la jeunesse a bien été négligée pendant plus d’une décennie. On a préféré faire la guerre et on a relayé au second plan la jeunesse, l’avenir du pays. Les jeunes sont blindés de diplômes mais ils traînent dans les rues en quête d’emploi pour subvenir à leurs besoins. C’est douloureux et même révoltant de faire des études, obtenir des diplômes, et voir ces derniers perdre de leur valeur au fil des années parce qu’on n’a pu obtenir ne serait-ce qu’un entretien d’embauche. C’est l’une des plus grandes causes de ce phénomène de « brouteurs ». Donc il faudrait que l’état accepte sa part de responsabilité et décide de corriger assez rapidement les failles qui ont pu entraîner cette déchéance morale et sociale.

Aux jeunes qui s’adonnent à cette pratique, je leur dirai simplement que la faciliter n’à jamais mener nulle part. Il faut se battre dans la vie pour mériter son dû. La jeunesse ivoirienne n’est pas de nature paresseuse et truande, alors d’où vient cette nouvelle tendance à arnaquer rien que pour se faire voir dans les Night Club ou dans les endroits branchés de la ville ? Aujourd’hui, nous, jeunes ivoiriens, voyons beaucoup de portes se refermer à cause de notre réputation de « truands du web ». Est-ce l’image que vous voulez donner de votre pays? La Côte d’Ivoire n’a-t-elle pas assez souffert? N’est-elle pas assez brisée et salie par plus de 10 ans de guerre?

Il y a un autre phénomène, à Abidjan particulièrement, non moins inquiétant qui est l’enlèvement d’enfants. En tant que femme donc futur mère, quel commentaire fais-tu et quelles solutions proposerais-tu pour y faire face ?

Je trouve que c’est ignoble et vraiment petit de s’en prendre à des êtres aussi fragiles. Je suis vraiment indignée de ces tortures faites aux enfants. Je pense que l’Etat ivoirien a trop tardé avant de réagir. Il a fallu des mobilisations et de vives réactions sur les réseaux sociaux pour que l’Etat puisse enfin, même si c’est un peu tard, prendre des  résolutions face à ce problème.

Lawal mariée et mère en 2015, faut-il s’y attendre ?

Inchallah, Lawal mariée en 2015 cela pourrait se faire. Lawal, maman, si la première condition est  remplie. Alors je pense que vous pourrez avoir deux belles surprises si Allah le permet en cette année 2015.

La vision collective en Côte d’Ivoire aujourd’hui est « l’émergence à l’horizon 2020 ». En tant que jeune intellectuelle ivoirienne quelle définition donnes-tu à « l’émergence » et que penses-tu de ce pari, une réalité ou une utopie ?

« L’émergence à l’horizon 2020 » pourrait être une réalité s’il ne s’agissait que d’émergence économique. Mais je crois que l’émergence implique aussi le tissu social, les mentalités, la sécurité, l’éducation et bien d’autres choses. Le constat que je fais est que l’Etat ivoirien se focalise plus sur la croissance économique. Mais en dessous il ne faudrait pas oublier le tissu social qui a été fragilisé par plus de 10 ans de guerre. Sans paix il ne peut y avoir d’émergence. Alors qu’il faut la réconciliation et la cohésion sociale pour avoir la paix. On se contente d’un semblant de paix et on veut une «émergence» pour 2020. A cela s’ajoute l’insécurité, pour un pays qui se veut émergent en 2020, je pense qu’il existe trop d’insécurité. Le phénomène des «brouteurs», le kidnapping et les meurtres d’enfants, les braquages, le phénomène des « microbes », les coupeurs de routes et bien d’autres formes d’insécurité qui sévissent dans notre  pays.

Les mentalités aussi doivent changer surtout dans le domaine de la salubrité. L’ivoirien est sale. La preuve, Abidjan est sale, très sale. L’ivoirien n’a aucun respect pour son environnement. L’école ivoirienne est malade, elle est même agonisante. A son chevet, un corps professoral affamé et des élèves et étudiants soucieux de leur avenir.

Il faut des reformes et de grandes reformes pour assainir tous ces secteurs qui, aujourd’hui, sont en grande souffrance sinon, je pense, l’objectif « émergence à l’horizon 2020 » relèvera d’une Utopie.

Quel est le mot qui te décrit le mieux ?

Audacieuse

Quels sont tes vœux pour cette année 2015 pour mes lecteurs et tes proches ?

Pour cette année, je souhaite l’accomplissement professionnel et personnel pour tous. Et surtout beaucoup de santé.

Un dernier mot ?

Je voudrais te remercier, Emile, pour cette lucarne et je te souhaite beaucoup d’évolution dans sa ta carrière de blogueur. Nous, tes amis, te soutenons et te souhaitons le meilleur en cette année 2015. Je terminerai avec cette citation de Anthony J.D’Angelo « Où que vous alliez, quelle que soit la température, apportez toujours  votre propre soleil. Tout est dans l’attitude ».


EN 2015, pour mes lecteurs : je souhaite ceci…

En décembre dernier, je vous faisais un résumé très succinct de ce que l’année 2014 aura été. Dans l’ensemble, on en retiendra des faits qui ont salopé le souvenir des bons moments que nous avons chacun de son côté, vécus.

Puis, 2015 s’est offert à nous avec son terrain inexploré attendant de chacun effort et audace pour y semer le grain de sénevé. Il fallait donc se préparer, et chacun l’a fait. Il fallait l’aborder et chacun l’a abordé, à sa manière. Aujourd’hui, nous sommes tous embarqués dans le train de l’histoire, déterminés à écrire une page de plus de notre vie. Les plus conscients s’évertueront à écrire leur histoire dans le livre d’or pour permettre aux générations de demain de la lire dans leur canapé du matin avec le sourire de fin de banquet. D’autres, à l’inverse, l’écriront au brouillon, de surcroît au crayon. Ces derniers, on ne s’en souviendra plus des années après. Je vous souhaite d’être des premiers. L’an 2015 est donc lancé, bien lancé.

Mais après seulement 30 jours, tout porte à croire qu’il s’annonce non moins effervescent. Déjà, nous avons entamé le premier mois avec la manifestation encore une fois de la cruauté humaine se traduisant par l’assassinat à bout portant d’un groupe de journalistes du célèbre magazine de caricature, Charlie Hebdo. Ceux qui l’ont fait ont leurs raisons. Ceux qui le dénoncent ont les leurs. Quoiqu’on puisse en dire, des vies humaines sont parties et cela seul suffit pour souhaiter une place en enfer aux auteurs. Mais, encore une fois, point n’est besoin de plonger dans le sensationnalisme.

2015, au plan footballistique, c’est la Coupe d’Afrique des Nations et son cortège de déception. On en parlera probablement en décembre à titre de bilan, mais déjà, on peut retenir la sortie manquée des Lions autrefois indomptables du Cameroun face à une équipe fébrile de la Côte d’Ivoire. Arrivés à Malabo, gonflés tels deux boxeurs sur un ring de combat au premier round, les lions ont plié l’échine et dit à dieu à leur rêve de monter sur le toit de l’Afrique. Les épaules rentrées, courbant la tête, l’honneur en lambeaux, comme des cocus déboutés, ils ont regagné la forêt jurant de revenir deux années plus tard.

2015, c’est aussi et surtout une année électorale en Afrique. Les électeurs issus de cinq pays seront appelés aux urnes. Déjà, les lignes bougent et dans certains de ces pays, on assiste à des pratiques qui tendent à exciter la meute contre des citoyens qui déjà ne sont pas à la fête…

Rendez-vous est donc pris pour décembre 2015 afin de faire le bilan non sans souhaiter qu’il soit positif. Mais en attendant, il faut bien donner le top départ sur notre espace d’échange commun. D’où ce premier billet de l’année 2015 à titre introductif pour formuler pour vous, mes lecteurs et lectrices, MES VŒUX LES MEILLEURS !. Que 2015 voit s’accomplir pour tous et pour chacun, ce que les années écoulées ont manqué de témoigner.

En ces Temps Nouveaux faits de turbulences, d’apparences et de chimères, c’est sûr que chacun de nous traversera, au cours de l’année, des moments creux. Mais, parce que nous ne pouvons l’éviter, puisque cela est inhérent à la nature humaine, quand viendront ces moments, ce que je souhaite à chacun ici, c’est de se souvenir qu’en lui réside une force sans pareille qui attend d’être exploitée, prête à l’aider à les surmonter et à le projeter bien plus loin vers son bonheur. Je souhaite à tous, un peu plus d’initiatives et de courage en 2015 car comme le résume le dicton, « un acacia ne tombe pas à la volonté d’une chèvre maigre qui convoite ses fruits »

Bonne et Heureuse année 2015 à tous et à toutes !

Rendez-vous dans trois jours pour un nouveau billet : une interview exclusive de Mlle Lawal Diakité, à lire absolument.


Petit Papa Noël, voici ce que tu dois savoir avant de venir…!

Cher Père Noël,

Les années passent et se surpassent. Elles se suivent et se succèdent avec leurs cortèges de bonheur et de malheur, de joie et de tristesse… Chaque année, comme à l’accoutumée, tu viens et tu t’en vas. Cette année comme l’année dernière, tout comme depuis Mathusalem, tu descendras du ciel les mains chargées de cadeaux pour distribuer aux bons élèves de la classe. Aux plus mauvais, tu donneras des coups de botte dans le cul pour qu’ils aillent se faire fouiller la couille par les cafards. C’est bien !

Mais avant ton arrivée cette année, il m’a semblé nécessaire de te donner quelques nouvelles d’ici. Cher Père Noël, l’année qui s’achève a été bouillonnante en actualité de tous genres. Retiens juste celles ci.

Au Brésil, l’Allemagne a laminé le pays du ballon rond en demi-finale de Coup du monde par 7 buts à 1 avant de remporter le trophée. La pilule a été difficile à avaler au point de laisser un goût amer dans la gorge de tout un peuple.

En Israël, l’homme fort du moment a pilonné des millions de Palestiniens, dont des femmes et des enfants, innocents. Tout cela au nez et à la barbe du fameux monstre dit communauté internationale qui, en sommes-nous rendu compte, n’a de force pour agir que lorsque cela se passe ici, chez les damnés de la terre. Pendant ce temps, un dimanche à l’église, mon pasteur nous a demandés de prier pour Israël parce que la Bible dit qu’Israël est une terre bénie et quiconque la bénirait serait à son tour béni. Je suis sorti fumer une cigarette.

Aux Etats-Unis, pour ton information, Cher Père Noël, tuer un Noir du type Michael Brown n’est plus un crime à punir. Non, les cours de droit de l’homme qu’ils enseignent aux chefs de classe têtus que tu as mis à la tête de tes élèves d’Afrique ne s’appliquent pas partout. Il faut bien des exceptions pour que la règle ait un sens. N’est-ce pas ?

En France, oh là là, Cher Père Noël, toi qui es plus proche de Dieu au ciel, avant de venir, demande-lui de rendre les femmes moins belles là-bas pour rendre la vie moins difficile aux hommes. Ils ont de sérieux problèmes avec les fesses des femmes. Au point que même le premier d’entre eux a troqué sa luxueuse bagnole contre un minable scooter pour éviter les embouteillages en allant prendre un coup rapide (après le boulot), chez une de ces nombreuses actrices aux déhanchements mortels. Ne pouvant supporter le coup, la titulaire s’est tirée et m’a laissé une note pour toi que tu devras lire dans laquelle elle te dit « Merci pour ces Moments » de joie que tu apporteras.

Cher Père Noël, quand tu auras fini dans l’Hexagone, rends toi au « calamity land ». La terre des calamités. Si je veux parler de l’actualité là-bas, il me faudra un livre. Mais avec ton âge, tu devrais avoir mieux à faire que de lire ces cochonneries. Je mentionnerai donc quelques cas.

Au Sénégal, il s’est tenu le sommet de ceux des élèves qui ont en partage la langue française. Et comme il fallait s’y attendre, les chefs de classe ont étalé leur égoïsme et confirmé à nouveau l’utopie du projet rocambolesque des Etats-Unis d’Afrique. Divisés, ils se sont vu arracher le commandement du navire francophone par une gamine bien éduquée puis se sont mordu les doigts. Mais le comble, comme tu le sais, est que le Sénégal c’est l’amphithéâtre où se rendent les professeurs pour dispenser les cours magistraux de bonne pratique aux étudiants en matière de démocratie. Il fallait s’y attendre. Le professeur-conducteur de scooter était là comme son prédécesseur, il y a quelques années, il devait parler et il a parlé. Ça a fait grincer les dents. Mais tant pis !

En Côte d’Ivoire, tout vit et respire au rythme de l’émergence à l’horizon 2020. Tu fais des avances à une jeune fille, elle te dit d’attendre à l’horizon 2020. Tu encaisses ton crédit, le créancier t’invite à repasser à l’horizon 2020. La seule chose qui n’attend pas 2020, c’est quand ton voisin te surprend dans son lit avec sa femme, le coup de poing c’est à l’horizon immédiat !

Et puis Père Noël, là-bas la technique est bien trouvée pour rester longtemps au pouvoir. Il suffit d’offrir un pont à quelqu’un. Le jour de sa réception, il te donnera deux mandats et toi, dans l’émotion, au lieu de dire dans sa tête, tu diras dans « son tête ».

Mais, il n’y a pas que ça. Il y a les enfants de la voisine d’à côté dont le père devenu trop gênant a été mis en lieu sûr par les pharisiens. Le premier fils dit, comme papa est empêché, je vais me mettre devant vous pour aller combattre Hérode en 2015 et organiser son retour. Il est aidé de certains enfants. D’autres par contre le trouvent trop prétentieux. Ils jurent que papa reviendra, c’est sûr, ou même que depuis chez les ravisseurs, il dirigera la famille et le village. Alors, on assiste à une bagarre rangée sous les yeux moqueurs d’Hérode et les pharisiens. Les chaises s’envolent. On se tête, on s’entête. On s’empoigne, on se poignarde. Finalement, on s’en remet à Hérode pour trancher. A qui donnera-t-il raison à ton avis ? J’imagine ton visage se froisser de dégoût face à une telle déchéance.

Au pays des hommes intègres, oui, je parle du Burkina Faso que tu connais bien pour y avoir pleuré Sankara et Norbert Zongo lors de tes précédents passages et dont le sang réclame justice depuis des décennies en vain. Là-bas donc, le Baobab s’est écroulé. L’éléphant voulait à nouveau jouer au cache-cache avec les magnans, ils se sont cette fois-ci saisis de sa trompe, y ont pénétré et à coups de piqûres violentes, ont fini par le sortir de la forêt. Le Lion sortant ses griffes voulait à son tour régner, mais les magnans ont dit « Never !». Ils lui ont préféré l’antilope docile, facile à culbuter au cas où elle tenterait de prendre des racines.

Au Mali, le chef de classe venu réunifier les bouts de bois de Dieu massacrés par les barbus sanguinaires. Il  n’a pas fait mieux que s’offrir un luxueux avion pour aller dîner avec son meilleur ami aux Bahamas et venir dormir chez sa maîtresse aux Antilles avant de retourner piailler démocratie et développement à Bamako.

En Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, le sida que tu as trouvé à ton arrivée l’année dernière et qui mobilisait l’aumône de la communauté dite internationale n’effraie plus personne. Non content de voir trop d’énergumènes se sucrer sur son dos, le diable, ainsi parle un pasteur, qui avait fait venir sa maladie a vite fait d’en trouver une autre qu’il a appelée Ebola. Quand tu y descendras, s’il te plaît, ne sert la main à personne. N’embrasse personne. Tiens-toi à bonne distance et jette aux bons élèves leurs cadeaux puis file chez toi. S’il te plaît, en allant, n’attend pas Camairco ou AIR Côte d’Ivoire parce que tu attendras longtemps avant d’embarquer, surtout ne monte pas à bord de Malaisian Airways pour ne pas disparaître après les nuages. Rentre chez toi vivant pour nous revenir l’année prochaine à la même date pourvu que Dieu te donne longue vie, parce que ton âge avance et nul ne sait si tu vivras encore longtemps.

Au Nigeria, NON. S’il te plaît Cher Père Noël, n’y va pas. Il y a Boko Haram là-bas. Ils sont prêts, ces gens à t’exploser à coup de roquettes et incendier ton accoutrement après t’avoir longuement sodomisé, tout ça au nom d’un dieu sanguinaire imaginaire. Eux, ils ont enlevé 276 de nos sœurs. Si tu y mets les pieds, voici le message à titre posthume de notre campagne publicitaire sur Twitter: « #BringBackOurPèreNoël VIVANT », même nu et enceinte!

Voici quelques nouvelles, Cher Petit Papa Noël. A toi de savoir où mettre les pieds, quand tu descendras du ciel avec les jouets par milliers… !

Bien cordialement,

Signé, un de tes TRÈS BONS élèves qui attend son cadeau.

Joyeux Noël à tous mes Lecteurs et Lectrices!


Maman, je vais me marier !

mariage.fr
mariage.fr

Chère Maman,

Quand cette si longue lettre te parviendra, j’aurai mis à exécution une décision importante de vie, en fait, TA décision si chère. Je vais me marier ! OUI, tu as bien lu. J’accepte. Je cède. J’y ai longtemps résisté. J’en ai douté. Mais, aujourd’hui, je me rends compte de l’erreur que j’ai commise d’avoir toujours rejeté cette idée chaque fois qu’elle m’avait effleuré l’esprit, par peur de perdre un centime de ma liberté.

Je voulais sortir et rentrer à l’heure qui me plaît sans n’avoir de compte à rendre à personne. Je voulais n’avoir aucune justification à apporter à personne pour avoir terminé mon coup de fil par « moi aussi ». Je voulais n’avoir à justifier pourquoi Sabine, Sandra, Myriam ou Cassandra m’appelle si fréquemment et même à des heures trop avancées. Je voulais éviter d’avoir à répondre aux questions du type « pourquoi depuis ce matin, tu ne m’as pas appelé ?». Je ne voulais pas avoir à expliquer pourquoi c’est toujours moi qui travaille si tard et de surcroît qu’on envoie si fréquemment en mission. Je voulais n’avoir à être reproché de passer trop de temps devant mon ordinateur. Je voulais en un seul mot jouir des prérogatives de ma liberté. Mais je ne sais plus trop pourquoi, depuis des semaines l’idée me taillade l’esprit. Ce matin, par exemple, je me suis levé avec le sourire aux lèvres, sans trop savoir pourquoi. J’ai pris ma douche, suis sorti et suis arrivé au bureau en fredonnant des chansons magnifiant l’amour. Des titres de White T’s, Usher, Chris de Burgh et bien d’autres ont fait le défilé. Sans trop savoir pourquoi ni avec quelles inspirations, j’ai épuisé mes tâches journalières avec célérité et à l’heure de ma pause, j’ai eu l’envie d’écrire un billet de blog. Plusieurs sujets se sont chevauchés dans ma tête.

J’ai entamé un billet pour répondre à ceux qui en veulent aux dirigeants marocains d’avoir mis en avant la santé de leur population au détriment d’une CAN dont le refus de report est fondée sur des calculs purement pécuniaires. J’ai écrit quelques lignes d’un autre pour dire au peuple burkinabè que s’il lui a fallu un effort pour faire sa révolution, il lui en faudra deux, peut-être trois pour gérer l’après-révolution. J’ai écrit deux paragraphes d’un dernier billet pour dire au pouvoir d’Abidjan qu’il ne suffit pas de réunir les hommes en bottes dans une salle et se contenter de leurs déclarations mielleuses pour penser qu’on a la maitrise des choses, parce que quand ils sauront que cette voie explorée est la meilleure pour obtenir gain de cause, demain, ils n’hésiterons pas à l’emprunter pour d’autres besoins surtout qu’ils détiennent encore les armes. Qui sait si cette fois sera moins maitrisable. Ne l’espérons pas. J’ai écrit tout ça, puis après quelques lignes, j’ai perdu toute inspiration au profit d’une lettre pour te dire que ton insistance à eu raison de ma persistance !

Chère Maman,

Oui, je me marierai. Non pas uniquement pour te faire plaisir, ni en raison des insistances de mon pasteur, encore moins parce que lasse d’avoir à répondre aux questions de mes amis et de mes proches qui tiennent à savoir quand et avec qui ; non par effet de mode ni parce que mon ami Grégoire, oui, le même Grégoire que tu connais avec son crâne digne d’un ballon de rugby sur lequel sont rangées des narines aussi gigantesques que des échappements d’une raffinerie de Pétrole au Nigéria, s’est marié à Mélissa il y a une semaine et qu’ils semblent vivre heureux; non pas parce que je me suis senti frustré d’avoir été traité de « jeune-homme » au cours d’une réunion où j’étais le seul autour de la table à l’annulaire de qui ne scintillait aucun anneau, quoique n’étant pas le plus jeune ; non pas enfin du fait du pincement que je ressent chaque fois que je consulte mon bulletin de paie et constate qu’on me prélève plus que mon collègue parce que je suis célibataire donc supposé n’ayant pas de charges. Bande de psychopathes, qu’en savez-vous ? Mais, je le ferai parce que, tu me l’a toujours répété et je pense que tu as en partie raison, le mariage confère à l’homme davantage de responsabilités et de stabilités, bien sûr quand c’est avec une femme aussi belle, intelligente, ambitieuse que vertueuse. Et pour çà, il faut du courage, de la maturité en plus d’être soit même intelligent. C’est bizard que je me sens si subitement prêt non sans ignorer les risques qui m’y attendent de sacrifice parfois au-delà de la raison à faire pour y arriver.

Maman, dis à papa, que je me marierai. Il n’en sera pas moins heureux. Lui qui me talonne chaque fois en vantant les avantages du mariage croyant naïvement que tous les hommes ont la chance de croiser des femmes aussi spéciales que tu l’es.

Dis à Papa que, marié, je suivrai vos conseils. J’aimerai mon épouse. Je prendrai soin d’elle. Je l’accompagnerai au salon pour ses cheveux, au super marché pour des achats le weekend. C’est fou que j’aime cette dernière chose. Nous sortirons le weekend quand il le faut pour briser la monotonie. Tu me disais qu’au bout d’un certain temps, ça devient agaçant d’avoir à vivre avec la même personne et qu’il faut du tact pour gérer cela. Je rentrerai tôt de mes sorties. Je l’encouragerai dans ses prises d’initiatives. Je la suivrai dans ses conférences ou ateliers si elle me le demande et je l’inviterai dans les miens. Je lui parlerai. Je l’écouterai. Je prendrai soin de nos enfants. Je serai heureux de te voir heureuse, en tant que grand-mère, en me voyant heureux en tant que père.

 Chère Maman,

Il m’a plu d’anticiper en te le disant pour apaiser ton envie d’une belle-fille. Je sais que tu t’imagines déjà à qui elle ressemblerait, de quelle nationalité elle serait. Serait-elle blanche, métisse ou noir ? Courte ou grande? Fine ou ronde ? Oh non, ne soit pas si pressée ! Un peu de patience, voyons ! Tu la verras. Tu vois, le gamin d’hier a grandi. Il est même devenu Monsieur. Au départ, j’avais du mal à accepter qu’on m’appelle Monsieur. Moi, Monsieur ? Non, vous aussi, je ne suis qu’un gamin ai-je toujours revendiqué.

L’insistance de mes neveux et nièces qui s’obstinent à m’appeler « tonton » alors que mes yeux scintillent toujours face aux bonbons sucettes, aux paquets de Chipsy, de celle de mes collègues de service en passant par le chauffeur qui me descend tous les matins à mon lieu de travail, ont fini par me convaincre que quoique je le veuille, je ne suis plus le gamin tout nu d’hier que tu poursuivais pour le laver.

J’ai bien pris de l’âge. Je suis devenu donc « Monsieur ». Je suis responsable. Je sais choisir. J’ai du goût en plus. Si elle est à ton goût, tant mieux ! Si non, ce serait dommage. Mais elle restera toujours mon choix. Seulement, ce dont tu pourras t’en convaincre déjà, c’est qu’elle sera suffisamment respectueuse pour ne jamais te manquer. Elle sera intelligente et rangée pour ne pas foutre la vie de ton gamin d’il y a quelques années en l’air en une fraction de seconde de vie commune.

Je sais que tu me croiras difficilement. Que tu feras authentifier cette lettre par mon frère aîné, et même par une personne extérieure pour en être convaincue. Fais-en l’économie, c’est bien moi qui t’écris au coin de mon bureau, pêché au 7ème étage d’un de ces immeubles d’Abidjan, où, de ma fenêtre je contemple la beauté de la vie.

Voilà, chère maman, ce que j’avais à te dire pour l’instant. Pour le reste, encore une fois, soit patiente. Ce sera peut-être demain, probablement dans une semaine, éventuellement dans un mois, possiblement dans un, deux ou trois ans, j’avoue que je n’en sais pas plus que toi…, mais ce sera un jour. Un Samedi,  pour être le Dimanche matin à l’Eglise, devant Dieu! Ce jour-là, tu seras heureuse parce que tu me verras heureux !

D’où tu te trouves en ce moment, je vois ton cœur s’apaiser et ton visage s’illuminer de ce sourire de chaque fois que tu devrais m’exprimer ta fierté de m’avoir comme ton fils.

Ton Fils,

Jeriel Angenor BEHIBLO

Abidjan, le 24 Novembre 2014


En parlant de féminisme…

Ce billet m’a été inspiré par celui, bien écrit je pense, de mon ami Aphtal que j’ai lu en ayant à peu près les mêmes sentiments que lui concernant les préjugés qu’entretiennent certaines personnes, y compris les femmes, face au traitement que certains hommes réservent à leur épouse.

(c) lesparesseuses.com
(c) lesparesseuses.com

Le serpent, aussi beau qu’il puisse paraître, suscite toujours un brin de frayeur pour qui le rencontre sur son chemin. Tous s’en méfient ignorant que lui aussi se méfie d’eux. Ils ignorent que le serpent et l’homme sont engagés dans une relation de force dans laquelle il n’y a ni fort ni faible. Le plus fort est celui qui, le premier, assène le coup mortel. Le serpent mord le passant, il en meurt. A l’inverse, le passant écrase sa tête au serpent et l’étale à la merci d’autres prédateurs. C’est exactement ou presque la même chose dans la relation homme-femme…

Nous sommes dans une société phallocrate dont l’origine, de mon seul point de vue, remonte à l’ordre de création de l’homme «Adam» d’abord puis de la femme «Eve» dans la Sainte Bible et même de la façon dont la deuxième a été créée «tirée de la côte du premier». D’autres raisons pourraient mieux l’expliquer mais c’est ainsi que je le conçois, moi. Les injonctions de Dieu à l’homme pour qu’il domine sur tout lui ont attribué un pouvoir dont il se sert «parfois abusivement» face à une femme à qui Dieu a ordonné soumission. Si l’on ne s’arrêtait qu’à cette considération très souvent mal interprétée par ces machistes, certains agissements des hommes se comprendraient, mais le pouvoir dont il est question n’est pas seulement physique, il est aussi psychique. Si l’homme détient jalousement le pouvoir physique, disons la force physique le pouvoir psychique, lui, est inné et la femme n’en est pas moins pourvue.

Les considérations culturelles, dans certaines sociétés et à quelques exceptions près, fondées uniquement sur des préjugés selon lesquelles, comparé à la femme, l’homme réussirait mieux à l’école, tiennent au fait que très souvent peu de jeunes filles résistent aux tentations post-puberté et les risques qui en découlent sont les grossesses en milieu scolaire, entrainant elles-mêmes majoritairement la déscolarisation de la jeune fille. Ce n’est donc pas tant que çà la capacité mentale, psychique ou intellectuelle, et tout ce que vous voulez, de la jeune fille ou de la femme, en général, qui est mise en cause. Je n’ai donc jamais compris cette tendance obstinée de ces féministes, présumés ou avérés à considérer la femme comme une victime «innée» face à un bourreau «inné» qu’est l’homme dont il faut se protéger. Qui sait si l’homme lui aussi tente, à travers ses agissements pas toujours justifiables, de se protéger contre la femme ? C’est pourquoi, le féminisme, j’en rigole et nargue ceux qui se targuent du titre pompeux et creux de féministe.

Il y a que très souvent ce sont les tenants de cette thèse féministe qui suscitent la confusion dans les esprits faibles en réduisant les luttes, celles-ci, justes, objectives et nobles, pour l’équité du genre au sein de la société à l’égalité entre l’homme et la femme. Pourquoi vouloir d’ailleurs être l’égal d’un être considéré comme un bourreau si ce n’est clamer soi-même sa nature de bourreau ou alors, vouloir être soi-même un bourreau ? Sur la question, je rejoins un de mes auteurs préférés, Foua Ernest de Saint Sauveur qui, dans son formidable œuvre, Les Matins Orphelins, s’irrite contre cette propension des femmes à vouloir se mettre à la même place que les hommes là où elles auraient pu aspirer à mieux. Quand on aspire au changement, sauf si l’on fait preuve de déraison, c’est pour accéder au meilleur. Pourquoi la femme se compare-t-elle à l’homme au point de vouloir, pour exagérer, troquer sa place si noble qu’elle occupe contre le sien. Au demeurant, qui dit que l’homme lui-même se sent à l’aise dans la posture qu’il occupe ?

Je comprends et je soutiens corps et âme l’équité du genre dans son sens le plus large. Pour ceux qui ne comprendraient pas, voici une définition caricaturée de l’équité :

Le perroquet et le matin-pêcheur sont tous deux des oiseaux. Il y a égalité. Celui qui les élève les garde dans deux cages conçus de la même façon et donc leur permet d’évoluer dans un même milieu. Il y a égalité. Il leur donne, à tous les deux, des grains de maïs (admettons que tous deux mangent le maïs). Il y a égalité. Mais ces grains sont servis dans un contenant si profond qu’il faut un bec bien plus long pour les atteindre. Pour son bec si long, le matin pêcheur y a accès mais pas le perroquet au bec courbé. Vouloir être l’égal, l’un de l’autre revient pour le perroquet à réclamer au maitre de lui tailler le bec pour le rendre aussi pointure que celui du matin-pêcheur. A l’inverse, réclamer l’équité revient au perroquet à vouloir, en conservant son identité tout court, de même que le matin pêcheur, un contenant, mais moins profond de sorte à atteindre les grains. Il ne peut pas en même temps demander au maître de lui tailler le bec et de lui fournir un contenant moins profond. Ça devient de l’égoïsme…

Je suis pour qu’à diplôme égal, il y ait salaire égal. Je suis contre toute forme de violence faite aux femmes. Je suis pour un traitement décent des femmes dans la société. Je suis pour que les femmes participent à la vie de la société à tous les niveaux. Mais je suis contre la position victimaire qu’on leur attribue ou qu’elles-mêmes revendiquent. Je suis contre ce féminisme taillé sur mesure pour satisfaire les besoins mesquins d’une catégorie de la société qui veut que tout lui soit donné au mépris d’une autre partie.

Les hommes, certains hommes, sont violents par essence. C’est dommage ! Quand à cela vient s’arrimer un sens d’orgueil démesuré, cela les précipite dans le lot des machos. C’est déplorable ! Ces misogynes sont à plaindre. Mais de là à vouloir un traitement de «victime naturelle» pour la femme, c’est plutôt méprisant… Je souhaite d’abord que la femme prenne de la hauteur et soit la première actrice de la lutte pour son épanouissement, et que dans cette lutte, elle prenne conscience de son talent, ses incommensurables valeurs, ses compétences, ses aptitudes intellectuelles ainsi que de la noblesse de son titre de porteuse de vie dont la nature l’a gracieusement doté.

Pour revenir à l’article de mon ami, ce qui m’a attristé dans ce qu’il décrit, c’est le fait que certaines femmes ainsi que des hommes déplorent ces pratiques, à mon avis, louables, preuves d’amour et de respect pour la femme.

Je me marierai demain. J’aimerai mon épouse. Je la respecterai pour avoir accepté de partager son rang si noble avec moi. Je la conduirai à l’hôpital pour ses consultations prénatales. Je serai là et lui tiendrai la main, si ce n’est parce que je ne supporterai pas de la voir souffrir, pendant l’accouchement. Quand l’enfant naitra, je le porterai au dos ou à la main sans me soucier des jugements acerbes de ceux qui y voient de la domination ou de la perte de ma masculinité. Ma mère aurait aimé que mon père fasse pareil pour elle. Pourquoi mon fils n’aimerait-il pas que j’en fasse pour sa mère…? Je ferai tout ceci, demain, pour mon épouse. Je la regarderai comme un trésor que j’ai la chance d’avoir. Un trésor à valoriser, à protéger au risque de le perdre. Mais pas comme une victime, parce que victime elle ne l’est pas et pas plus que bourreau je ne suis pas, moi, qui, comme elle, ait besoin de protection, d’amour et de respect.


CHRONIQUES DES TEMPS NOUVEAUX : UN AN DE PLUS…. avec peines !

Chroniques des Temps NouveauxIl y a un an, à la « célébration » du 1er anniversaire du blog, notre espace commun de rencontre et d’échange, je vous faisais, vous mes lecteurs à la suite d’une petite enquête initiée visant à vous donner l’occasion de faire vos suggestions d’amélioration, un ensemble de promesses. Une année après, c’est-à-dire AU DEUXIEME ANNIVERSAIRE, il me parait moins superflu d’y revenir pour souligner les promesses réalisées et regretter celles qui ne l’ont pas été.

  • Fréquence des billets : Je promettais au moins un billet par mois. J’étais à 46 billets à la même date en 2013. Aujourd’hui j’en suis à 72 soit, seulement un peu plus de la moitié. C’est autant dire que je n’ai pas honoré mes engagements sur ce point.
  • Thème du blog : Je promettais de changer le thème du blog pour le rendre facile à utiliser. Il a bien changé et celui-ci semble plaire. Je m’en réjouis.
  • Organisation du site : Je promettais d’améliorer l’organisation du site (choix des couleurs, positionnement des rubriques/onglets etc.). Il peut être mieux présenté qu’il ne l’est actuellement, mais ici également, il y a eu une nette amélioration. Ça réjouis forcement !
  • Interview : Je promettais d’aller à la rencontre des lecteurs en leur donnant la parole à travers des séries d’interview. A ce jour une seule interview a été réalisée. Juste dommage !
  • Biographie de l’auteur : Suite aux propositions d’amélioration, elle a été revue mais il reste aussi qu’il faut savoir rester sobre pour ne pas étaler nécessairement son CV pour ses lecteurs.
  • Pertinence des sujets abordés : Je crois avoir dit moins de choses insensées. Il appartient aux lecteurs d’en juger.
  • Diversification des billets sur l’actualité en Afrique de l’Ouest : J’ai essayé au mieux de diversifier les sujets. Ainsi, je suis allé de la politique au sport en passant par la religion. La société est restée le sujet dominant.
  • Style d’écriture (ton) : Parfois, je n’ai pas forcément plus par mon ton jugé trop sec. Mais très souvent j’ai réussi à faire marrer un nombre important de gens qui me l’ont témoigné. Je m’en réjouis particulièrement pour avoir offert des moments de gaieté.
  • Ebook : Je promettais de sélectionner et compiler en ebook, mes meilleurs, disons les billets les plus lus, pour partager gratuitement aux fidèles, j’ai finalement pensé à une autre alternative. Attendre d’en avoir assez et pourquoi pas en faire un bouquin ou tout simplement écrire une œuvre (nouvelle, roman…) pour l’heure, ce fut une promesse non tenue mais qui reste d’actualité !
  • Proposition d’Article des lecteurs sur le premier blog : J’ai ouvert le cadre de mon premier blog aux lecteurs. Mais je n’en ai pas fait une priorité au point de n’avoir eu aucune proposition quoique certains ait apprécié la proposition et promis de suggérer des billets.
  • Newsletter : Je n’ai malheureusement pas tenu cette promesse car visiblement le thème actuel du blog ne le permet pas. Mes tentatives sont restées vaines. C’est dommage mais j’essaie de trouver une alternative. J’espère y parvenir !

Ceci n’est pas un billet en soit mais un témoignage, encore une fois, de l’intérêt que j’accorde à chaque lecteurs et à la minute qu’il consacre à mon.

Au-delà d’être un espace d’expression personnel, mon blog, je le veux un espace de coworking, de rencontre d’échange d’idée et de projet.

Pour moi, en chaque homme réside un potentiel énorme et unique à explorer. J’ai ce que vous n’avez pas parce que vous avez ce que je n’ai pas. En vous donnant, je m’enrichis parce que je reçois.

Amitiés.

Post Scriptum

En ces moments si difficiles que traverse le pays, « le Burkinabe, Bela que je suis» éprouve de la peine, beaucoup de peines! Mes pensées vont à l’endroit du peuple burkinabè dans son ensemble, des ami(e) et de mes lecteurs et lectrices du Burkina Faso, le pays des hommes intègres.

Aujourd’hui, Vendredi 31 Octobre, 2014 le temps semble y avoir suspendu son vol. Le pays tourne une nouvelle page de son histoire émaillée de violences avec son cortège de mépris, de misère et de deuil. Aujourd’hui, il part. Blaise Compaoré. Entré par la petite porte dans l’histoire de son pays, il en sort par la fenêtre. C’est comme si le Burkina cessait d’exister pour les jeunes de mon âge qui l’ont trouvé au pouvoir. Mais non ! Il y aura des hommes tout aussi valeureux pour poursuivre le combat entamé depuis des décennies, dans la douleur, mais aussi dans la dignité, sans crainte des incertitudes du lendemain.

Quand on est burkinabè, on n’a pas peur du travail !

Quand on est burkinabè, on n’a pas peur de l’adversité !

Quand on est burkinabè, on sait une chose, ça sera difficile, mais pas impossible : la marche vers le progrès, vers le développement !

Puisse la sagesse habiter les uns et les autres de sorte à protéger les biens publics et à préserver les vies humaines !

Puisse le calme et la paix, préalables à tout développement, revenir au Burkina pour que vive le FASO « la terre de nos pères »!

A la tâche sans relâche !


BELA : Camerounais ou Burkinabè ? Non, Ivoirien !

Fauteuil Burkina Faso  (c)flagz.fr

 

Au départ ça m’embêtait un peu, puis j’ai fini par m’y habituer et aujourd’hui ça me fait simplement sourire, disons plutôt plaisir, d’avoir à justifier ma nationalité du fait de mon prénom Bela/Bella.

Certains me disent Burkinabè. C’est une chance d’être des hommes intègres. Un pays de gens qui savent vivre avec peu. C’est au Burkina que j’ai compris réellement que l’on n’a pas nécessairement besoin d’être Djangoté, Bill Gates ou Kanazoé pour vivre heureux. Je me souviens encore de cette famille qui habitait près du Kiosque à café où je prenais mon petit déjeuné les matins. Ne vous y méprenez pas, il n’existait pas que des pauvres au Burkina. Il y en a de très riches, trop riches, de moyennement riches, trop moyennement riches et de pauvres, trop pauvres. La situation de cette famille saute juste aux yeux et choque la sensibilité. Une famille qui vivait dans une cour que par pudeur et par respect pour elle je ne qualifierais pas, de surcroît avec son âne qui brayait toute la nuit sans doute parce que lasse des corvées du jour et affamé au couché, mais qui vivait heureuse !

J’ai réalisé la justesse de cette phrase de la Bruyère qui dit qu’« il y a une espèce de honte d’être heureux à la vue de certaines misères ». Chaque matin, je rend grâce à Dieu pour le minimum nécessaire qu’il me donne. Je regrette de n’avoir pas eu les moyens pour accompagner mes sentiments pour cette famille en lui offrant ne serait-ce que des vivres -au moins une fois.

J’éprouve une forte nausée en écoutant Blaise Compaoré et son équipe s’entêter à instituer un Senat tout aussi budgétivore qu’inutile pour faire le travail que fait déjà très bien l’Assemblée Nationale pour, disent-ils, le bien des Burkinabè. De quel bien parlons-nous ? Le Budget de ce Senat pourrait servir à construire des logements sociaux pour cette famille ainsi que des millions d’autres vivant dans les mêmes conditions. Pour moi, c’est ça vouloir le bien de son peuple.

Je veux donc être Burkinabè. J’aurais bien aimé l’être. J’aurais aimé être originaire de Fada Ngourma, de Dori, de Tenkodogo, de Koudougou, de Banfora ou de Bobo-Dioulasso. Mais Je n’en ai pas eu la chance. J’ai beau m’appeler Bela, cela ne suffit pas.

D’autres me disent Camerounais. Ils me disent BETI. Le Cameroun, je le dis chaque fois, et toute modestie mise à part, est une chance pour l’Afrique. Rien qu’à voir la qualité de ses ressources humaines. Je n’y ai jamais vécu, c’est vrai, mais j’ai la chance d’avoir de très bons amis camerounais, virtuel comme physique, et ce que je retiens d’eux, dans l’ensemble, est plutôt positif. Le camerounais, pour être plus généraliste, est doté d’une intelligence remarquable. Ils excellent en tout. De la littérature à la musique en passant par le Foot. Il en a été ainsi depuis toujours. On parlera de Samuel Eto Fils aussi longtemps qu’on parlera d’Albert Roger Mooh Miller dit Roger Milla, d’Adolphe Claude Alexandre MOUNDI ou « Petit-Pays », « The King of Makossa Love » que de Bella Njoh avec son célèbre titre « Mambo Penya« , de Maurice Kamto, cet éminent agrégé de droit et président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) que d’Alexandre Biyidi-Awala plus connu sous le nom de Mongo Beti ou Eza Boto, pour ne citer que ceux-là  ̶ quoique peut-être pas appréciés de tous. Le Cameroun et les camerounais ont leur identité propre. Très souvent, l’on leur reproche des vices comme l’orgueil, la démesure et la violence sous toutes ses formes, mais chaque peuple a ses tares. Les Ivoiriens ne sont pas si différents, encore moins les Ethiopiens, Togolais, ou Jamaïcains. Qu’on l’apprécie ou non, on ne peut nier au camerounais tout le talent dont la nature a bien voulu le doté. D’ailleurs, il n’y a que le singe qui, ne pouvant saisir le fruit mûr dans l’arbre trouve qu’il est pourrit, dit l’adage.

Seulement, je n’arrive toujours pas à comprendre comment peut-on être un peuple si construit intellectuellement, si enviable en talent et accepter d’être pris en otage par un homme, pendant plus de trente an. On ne demande pas une révolution par les armes, mais la myriade d’intellectuels que compte le Cameroun aurait été nécessaire pour stimuler un éveil civilisé de la conscience populaire. Pourquoi, pour paraphraser l’autre, les intellectuels camerounais, et par ricochet africains en général ont-ils choisi de se cantonner dans des rôles de pirates de la politique à la recherche de trésors improbables, semant l’angoisse dans les esprits et s’étonnant, étonnamment, de récolter l’apathie? Où sont-ils ? Que font-ils ces cerveaux camerounais pour insuffler l’alternance ? Pourquoi attendre si longtemps ? Est-il si patient, le peuple camerounais ? Bon, qui sait si j’exagère dans tout ce que je raconte. De toutes les façons, « Pour mesurer le courage de la brochette sur le feu, il faut lui substituer son doigt », dit-on chez moi. Les camerounais sont peut-être conscients de ce qu’ils vivent de pénible, mais préfère ça à la guerre, et là, ils ont raison.

Je veux donc être camerounais. Je veux bien être BETI. Il se raconte que le nom Beti dériverait de nti dont il constitue le pluriel, nti signifiant seigneur. Les Beti sont donc une société de seigneurs. Que ce devrait être si beau et si noble d’être un digne fils des BETI, des seigneurs. Peu importe que je sois Etons (Lékié), Ewondos (Mfoundi), Bulus (Ebolowa, Sangmélima), Mvélés (Sanaga), ou Bene (Nyong), pourvu que je sois BETI. D’ailleurs l’histoire des Beti ressemble à une exception près à celle des Baoulé, mon groupe ethnique en Côte d’Ivoire. Tout comme la Reine Abla Pokou aurait donné son fils unique pour que les crocodiles forment un pont permettant au peuple Baoulé, fuyant l’ennemi, de traverser la rivière, un aïeul Etoudi, Touràssé aurait fait des rites et des incantations et frappé le fleuve avec sa canne pour voir apparaître sur son lit un immense serpent qui aurait permis par la suite aux milliers de fils Etoudi et bien d’autres peuples Bétis de traverser la rivière. Voyez-vous ! Les Betis, c’est surtout une société à caractère égalitaire au point où par le passé, il n’y avait pas de chef hormis le Chef spirtuel, le Zomloa, ou l’Asouza, s’il s’agissait d’une femme. Quoi de plus noble donc que d’appartenir à un tel groupe! Mais Beti, je ne le suis pas.

Beti, si j’avais été, avec le sang guerrier qui me coulerait dans les veines, un matin, après les incantations à l’image de notre aïeul, je sortirais de chez moi, bomberais la poitrine mieux qu’un moineau et je crierais à ceux qui oseraient se mettre sur mon chemin: « dégagez, bande de fainéants, voici qu’arrive un honnête citoyen camerounais, un vaillant Beti, pour libérer son peuple!». J’irais tout droit au palais de l’Unité surprendre Biya pendant qu’il reposerait dans les bras de Chantal, et droit dans les yeux, en présence de ses gardes prêts à m’exploser avec leurs roquettes, je lui dirais : « Président, tout le Peuple BETI te dis merci d’avoir accepté l’appel de Dieu en étant Président à vie. Même mort, tu vivras ! » et quand j’aurais bien rangé mes billets, à la porte, je lui rappellerais cette sagesse de chez moi, en disant: Président, savez-vous quoi ? « A force de patience et de saindoux, l’éléphant fini par sodomiser le pou » puis je m’en irais sans demander mes restes !

J’aurais aimé pouvoir faire tout ceci. Malheureusement, camerounais, je ne le suis pas, du moins pas pour le moment. Je suis seulement Bella ou Bela, c’est selon. Je suis Ivoirien, originaire de Daoukro, et non de Toumodi, comme me disent également certains ivoiriens. Vous le savez désormais !


« Les Matins Orphélins », Foua Ernest

Première de couverture de l'oeuvre
Première de couverture de l’oeuvre

Il y a plus d’un mois que je vous promettais ce billet. Le temps a fait son effet sans pour autant parvenir à étioler l’enthousiasme que j’éprouve chaque fois à partager avec vous mes lectures. Les passages qui suivent sont extraits d’un véritable chef d’œuvre d’un de ces rares auteurs dont le 21 siècle s’enorgueillit encore de compter parmi ses illustres.   

Tant que la vie restera la vie, tant qu’elle se définira par sa dualité, exhibant d’un côté le bonheur et de l’autre le malheur, servant la richesse le matin et la pauvreté le soir, l’être humain restera son jouet. Il continuera son chemin vers le néant, ballotant sous l’effet du vent des temps obscurs de ces « MATINS ORPHELINS », titre de ce roman de 359 pages écrit par l’Ivoirien FOUA Ernest de Saint Sauveur et publié en 2014 aux Editions Saint Sauveur, à Abidjan.

Pour Houessinon De Souza et son épouse Carmen, « l’homme n’a pas de patrie et les notions de nationalité et d’ethnie ne sont que des inventions des esprits pervers portés à la division. » C’est en tout cas ce qu’ils exprimaient en quittant leur Dahomey natal pour la Côte des Saints où ils avaient pris rendez-vous avec le bonheur. Pendant trente ans, ils ont connu l’avers et le revers de la vie. Ils ont supporté ses caprices et vécu modestement et dignement une vie fondée sur les principes sacro-saints du christianisme. Ces principes et ce mode de vie simplistes communiqués à leur fille, Lorenza, en ont fait une femme dont aucun homme ne pouvait s’en détourner « à moins d’être un irresponsable, un inconscient, un frivole indécrottable, un homme à qui était échu le bonheur d’emmener sur l’autel de la consécration une perle si rare» (P.259).

Sur son chemin de retour d’école, à l’entrée du lycée, la fille de De Souza fut interpellée par David Ogou dont la jeunesse d’âge et l’élégance ne lui laisseront pas d’autres choix que de céder aux avances exprimés avec insistance tel un fouilleur de jupe déterminé à conquérir le cœur d’une nouvelle cible. Mais, Lorenza et David étaient de deux mondes opposés. La première, issue d’une famille prolétaire, avait érigé en mode de vie les valeurs « d’humilité, de solidarité et de frugalité…». Le second, lui, est rejeton d’une famille bourgeoise que le luxe avait rendu arrogant, violent, incrédule et frivole. Ce faussé entre ces deux vies ne les empêchera pas pour autant de répondre par « oui » à la sempiternelle question posée aux futurs mariés. Le drame, cependant, est qu’«on saute à pieds joints dans le cercle de la dépendance et à cet instant, la trompette de la liberté retentit à vos oreilles. Vous croyez avoir épousé la plus belle fille vous découvrez de plus aguichantes dans l’assistance. De quoi vous torturer. D’autant plus que vous vous liez ainsi pour le meilleur et pour le pire ! Quelle irréversibilité ! »(P36). Ceci, David Ogou l’apprendra bien plus tard sans y rester indifférent.

L’histoire qui suivra leur mariage n’aura rien à envier à celles racontées dans les contes de fée par sa splendeur. Mais comme la plupart des histoires à l’eau de rose, l’amour de David pour Lorenza ou plutôt l’inverse, ne dura que le temps d’un feu de paille. Poussé par la frivolité et l’amour démesuré du luxe, le fils de Monsieur Ogou abandonna sa femme et sa fille Gaby au profit de Marie-Christine, une jeune Française qui fut longtemps son amie. Tous deux s’en allèrent vivre en France où ils vécurent une vie de luxe à la dimension des attentes de David. Mais comme la mort surprend le poulet dans la joie, les événements qui s’en suivirent surprirent David Ogou, juste le temps qu’il faut à un éclair pour illuminer le ciel lors d’un orage. « Le vol rapide et fugace d’une mouette, d’est en ouest, traversa le ciel pour se perdre derrière la crête spumeuse d’une vague. Etoile filante d’un destin avarié » (P212).

La suite, logique, sera ce qui peut arriver à n’importe qui fait le pari de la lâcheté, de la méchanceté avec une forte dose d’égoïsme et de mépris.

Au-delà de l’histoire qui est racontée qui, au demeurant, est loin d’être une simple histoire d’amour comme on en a l’habitude de lire dans les littératures à l’eau de rose,  c’est une véritable condensée de leçon de vie que l’auteur donne dans un langage hautement philosophique.

En parlant de la fidélité ou plutôt de l’infidélité, l’auteur s’interroge sur l’attitude de David Ogou avant de conseiller son lecteur en ces termes : « Au fond, qu’est-ce qu’on gagne à changer de fille au jour le jour ? Rien. Ni gloire ni richesse. Le Plaisir ? On l’a de toute façon avec n’importe laquelle… Et puis au lit, une femme ressemble à une autre (…). Attache-toi dès maintenant à une seule conquête. (…) Choisis-la à ton goût mais qu’elle soit intelligente, bien éduquée, respectueuse, d’un caractère sociable et généreux. Cela t’épargnera tous les ennuis du diable. Devenir un homme ou rester éternellement un garçon, un play-boy paumé : voila pour toi l’alternative.»(P.33)

Les thématiques qui sont abordées dans l’œuvre sont certes variées mais ramènent toujours à une principale : la condition de la femme. L’auteur réfuse d’abord de céder à cette conception vulgaire tendant à faire de la femme un être sur qui l’on devrait s’apitoyer parce que soit disant faible avant d’admettre sa splendeur. Mieux, il vénère dans un style unique à lui, la femme qui, conclut-il n’est pas l’origine de tous les maux de l’humanité. Aussi aborde-t-il la thématique de la religion avec non moins d’élégance. L’héroïne, Lorenza, l’ayant héritée, de sa famille a toujours su solidement garder une foi intraitable en Dieu. « La science infuse ou même la préscience n’étant pas du ressort de l’esprit humain, Lorenza [fasse à sa situation] s’en apporta à Dieu » (P216). Mais cette foi, on oserait dire exagérée, fit perdre toute raison à Lorenza. Heureusement que son amie, Andréa, était là pour lui rappeler que la religion n’est pas synonyme d’ignorance et surtout qu’on peut servir Dieu de différentes manières : « Servir l’homme, croire en la vie, malgré les horreurs qu’elle nous propose parfois, garder cependant l’œil et le cœur sur la lumière de l’espérance, c’est servir Dieu »(P.229). Mieux «nous servons Dieu en faisant notre travail du mieux que nous le pouvons, en participant à la société »(P.227).

Qu’adviendra-t-il de la vie de la fille de De Souza ? La pommade du temps parviendra-t-elle à effacer les cicatrices des blessures que la vie lui a infligées ? Quel sort la vie réservera-t-elle à David Ogou ? Que se passera-t-il au couvent ? Qui est Remi Barou ? Quelles différences peut-il bien y avoir entre « une bête du sexe, se croyant détenteur de certitudes, un cérébral doublé d’un émotif, instable, anxieux sans raison objective » et « un éducateur d’internat s’obstinant à distiller ses conseils de tonton désillusionné à des adolescents paumés, dans un établissement privé du même ramage ?»

Des questions dont les réponses obligent à courir dans la librairie d’à côté pour vous approprier ce chef d’œuvre d’un auteur qu’on a envie de rencontrer après lecture pour lui dire non pas uniquement FELICITATION!, mais aussi et surtout MERCI d’être simplement LUI, simplement SUBLIME!


Oui, Sidy a parlé !

M. Sidy DIALLO en Conférence de Presse (c)Abidjan.net
M. Sidy DIALLO en Conférence de Presse
(c)Abidjan.net

Que ceux qui avaient demandé que Sidy parle, lèvent la main.

Ils étaient des milliers, peut-être plus, ces ivoiriens qui attendaient patients comme le pêcheur au bord du fleuve. Mais, parmi eux, il y en avait de moins patients, comme des cadavres attendant d’être inhumés et qui ont fini par se décomposer, las d’attendre. L’odeur insupportable de leur putréfaction qui sortait de leurs bouches semblables à des marmites de sabbat a monté jusqu’à la maison de verre de Treichville pour pousser le moins bavard des ivoiriens devant les écrans.  Sidy était attendu. Sidy est arrivé ! Sidy devrait parler. Sidy a parlé… Enfin !

Nos oreilles ont entendu. Chacun a compris selon qu’il est allé à l’école où qu’il est allé vers l’école, selon qu’il est à l’Université ou qu’il est dans l’Université, selon qu’il travaille ou qu’il va au travail.

Maintenant, que tous se taisent et m’écoutent m’adresser à mon président.

Président,

Vous savez, l’être humain est par essence caractérisé par la dualité. Il est ange et démon à la fois. En lui cohabitent en parfaite harmonie, la dureté et la douceur, la profondeur et la superficialité, la bienveillance et l’égoïsme, entre autres. Vos amis du jour deviennent vos ennemis le lendemain. C’est pourquoi, vous ne devez faire confiance à personne, sinon qu’à moi, à moi tout seul. Moi, votre désormais conseiller  ̶pas trop spécial. Vous l’avez compris, de sorte que sans trop forcer, quand je vous ai donné la parole, vous l’avez saisi et avez parlé, parlé, parlé. Vous aviez tout dit, même ce qu’il ne fallait pas aussi. Vous aviez aussi dit que Brésil 2014 nous a couté 2,113 milliards de fcfa, rien que pour faire de la figuration, je ne dirais pas pour faire du mannequinat. Vous aviez dit encore une fois que vous assumez sans plus, le sourire en coin. Mais quand on vous a demandé si vous pensiez démissioner, non là c’était trop osé de leur part. Vous vous êtes montré plus serieux qu’un mendiant Nigérien à Zinder. Vous aviez repondu NON!  NEVER! pour les journalistes étrangers afin que tous comprennent. On vous a demandé de parler. Vous aviez parlé. Point. N’en déplaise aux esprits chagrins.

D’ailleurs, ne vous sentez-vous pas si léger, comme débarrassé d’un fardeau ? Bien sûr que si ! Je reste persuadé que vous ressentez la même chose que ressent un amoureux ayant déclaré sa flamme après moult tentatives à celle qu’il convoite depuis longtemps, c’est-à-dire vidé, épanouie, ragaillardi, hautain même. C’est ça la magie de la parole. Elle libère toujours !

Vous pouvez compter sur moi. Je serai toujours là pour vous accompagner. Pour vous donner la parole quand les ivoiriens auront envie de vous entendre à nouveau. Je suis même disponible à préparer vos discours pour qu’ils touchent même les cœurs les plus rebelles. Je serai votre œil dans le peuple. Je vous interpellerai quand vous ferez mal. Je serai en un mot là pour vous guider, un peu comme l’empenne régularise le mouvement de la flèche. Soyez donc sans crainte quand vous marcherez dans la vallée de l’ombre de la mort. Mon clavier et mes doigts seront là pour vous rassurer. Vous n’avez simplement qu’à prier pour que d’ici là on ne m’oblige pas à la fermer puisqu’il y a trop à dire et je parlerai. Je ne suis pas comme vous, je parle troooop. C’est çà mon défaut !

Seulement, président, j’ai une suggestion à vous faire. Vous savez, ce n’est pas le jour de la chasse qu’il faut élever un chien. Commencez donc dès à présent à réunir les ingrédients pour Maroc 2015 et au- delà. Reconstituez votre équipe. Banissez de votre vocabulaire le terme « Cadre ». Nul n’est cadre. On a essayé ça depuis des années ça n’a rien donné. Si on ne change pas une équipe qui gagne, que fait-on de celle qui ne gagne pas? Ne répondez pas! Pour le Coach, c’est là que vous m’aviez fait sourire depuis le soir du match contre la Grèce où j’ai tout perdu. Mes Invitées, Mélissa et la Victoire.

Pour ne plus endosser tout seul la responsabilité, vous avez su jouer le jeu en prenant les esprits faibles par le cou. Vous vous êtes retrouvé, un peu, dans le rôle de Jésus face à ses disciples. Il leur a dit, à haute voix, le matin, sur la place publique, je mets devant vous le bien et le mal. Choisissez ce que bon vous semble. Puis tout bas, le soir, sur la pointe des pieds s’est rendu chez eux et leur a chuchoté dans le creux de l’oreille, je vous recommande le bien. Le bien pour vous ici, on le sait depuis le début, était le Renard. Un Renard pour guider des éléphants ?! On aura tout vu. Mais qui sait, peut-être que le jeu en vaut la chandelle. Qui vivra verra !

Tant qu’il peut toujours ramener du gibier à la maison, le chien galleux ne dérange pas son maître. Ce n’est donc pas grave. Nous allons essayer, c’est un médicament, nous disait quelqu’un. Pourvu qu’il guérisse  la plaie. On vous jugera à la fin. Si ça marche, on dira que c’est vous qu’il fallait. Si non, je serai devant ceux qui vous inviteront, vous, digne fils de la noble famille Diallo, à céder le fauteuil bon gré, mal gré…

Ne dites pas que je ne vous ais pas prévenu, mes lecteurs sont témoins… !


Lettre Ouverte à M. Sidy Diallo : Vous avez la Parole!

Siège de la Fédération Ivoirienne de Football
Siège de la Fédération Ivoirienne de Football

Monsieur Sidy Diallo,

Cher Président,

Vous savez, il y a des échecs qui honorent dans une certaine mesure, mais il y en a d’autres qui humilient l’intéressé au point de l’anéantir jusque dans ses tréfonds.

Face à une équipe de la Grèce à l’agonie qu’on ne vous demandait pas plus que de la résistance à défaut d’un coup fatal, pour la conduire au cimetière, vos troupes et vous aviez étalé, une fois de plus, aux yeux du monde entier votre incapacité, cela au mépris de millions de cœurs qui battaient pour vous. Les moins résistants ont rangé la clé sous le paillason au coup de sifflet final. Vous étiez en ce moment là très loin et n’aviez eu aucune idée de l’ampleur de la situation je vous informe que pendant que la coupe du monde battait son plein au Brésil, la Côte d’Ivoire flottait sur l’eau. Les maisons se déracinaient, au moins 23 personnes y ont laissé leurs vies. On ne dormait plus que d’un œil. Les Populations de San-Pédro, Grand Lahou et Fresco voyaient un jour de plus comme une Grace Divine ! Malgré tout, elles préféraient sauver leurs postes téléviseurs au détriment d’autres biens, rien que pour vous suivre parce qu’elles rêvaient et y croyaient, éveillées, de vous voir passer au moins le premier tour. ce n’était quand même pas trop vous demander!

Mais vous et votre cohorte avez décidé autrement et avez fait de Fortaleza le cimetière de leurs rêves, ces « rêves maudits » dont parlait Foua Ernest de Saint Sauveur. Vous portez aujourd’hui sur votre dos, les stigmas de cet échec de Brésil 2014. Votre troupe et vous êtes rentrées du Brésil en rang dispersé, toutes vêtues de honte, contrariées, les épaules rentrées, courbant la tête, l’honneur en lambeaux comme des cocus déboutés. Mais les ivoiriens savent pardonner, même les forfaitures de certains de leurs leaders parce qu’ils savent que quiconque fait de la grenouille un roi ne devrait pas s’étonner de l’entendre coasser et comme jamais le maïs n’a eu raison de la poule ils ont appris à demeurer dignes -dans la douleur. La décennie de guerre leur a appris à ruminer leurs colères et supporter leurs douleurs dignement, sans violence ni rancoeur. Ils ne vous tiennent donc pas rigueur.

 Cher Président,

Il est vrai, me répétait chaque fois ma mère quand j’étais plus jeune, qu’on ne parle pas la bouche pleine. C’est donc possible qu’après une compétition aussi juteuse que la Coupe du Monde, vous ayez la bouche trop pleine pour parler. Mais quand vous auriez fini de bien mastiquer vos restes cachés dans les couloirs de vos joues, nous les ivoiriens vous demandons une seule chose : Parlez-nous ! Au pire des cas, vous pouvez le fait faire par votre Vice-président, comme d’habitude.

Si cette lettre vous parvient dans votre bureau de verre de Treichville, si dans votre calendrier vachement chargé vous trouvez un bout de temps pour lire cette missive, si vous parvenez à cerner le sens de chaque mot ici écrit, s’il vous reste un minimum de considération pour vos compatriotes que nous sommes, je m’en vais vous dire ceci : Les ivoiriens ont soif de vous entendre leur faire un bilan de Brésil 2014, Rien que ça ! Ne vous souciez pas du reste.

Ainsi, vous vous rendrez service à vous-même. Vous ferez taire vos détracteurs et surtout les maisons de presse (écrite, en l’occurrence) vous béniront pour avoir aidé à écouler leurs parutions du lendemain. Les ivoiriens murmureront entre deux plats d’Attieké ou entre deux gorgées de Bières dans un Bar de Yopougon, et se rappelleront qu’on ne peut espérer mieux d’un agneau envoyé à la chasse d’un loup que de revenir en lambeaux à défaut de se faire avaler par un python méchant rencontré sur son chemin. Ils se tairont et leurs colères qui n’avaient d’égale que leur naiveté disparaitront aussi rapidement que des étoiles filantes d’un destin avarié.

Vous voyez donc, Monsieur le Président, que vous n’avez rien à craindre. Vous ne pouvez pas vous taire comme si rien ne s’était passé. C’est quand même la bagatelle de 2 574 048 775 F CFA qu’a couté cette expédition. Peu importe la source. Il est reconnu de tous que celui qui écoute souffre plus que celui qui parle. Vous n’avez donc pas à craindre pour nos oreilles. Peu nous importe les souffrances de plus, de trop, que nous infligera ce qui sortira de votre bouche. La bouche est faite pour parler, les oreilles pour entendre. Votre bouche fonctionne bien, nos oreilles aussi. Où es donc le problème ? Attendiez-vous que les ivoiriens vous donnent la parole ? Vous l’avez !

Parlez-nous des velléités de conflit de capitanat au sein du 11 national. Expliquez-nous les véritables raisons des démissions en cascade de certains de vos collaborateurs dont messieurs Ahmed Fofana et Brizoua Bi avant même que vous n’embarquiez pour le Brésil. Donnez-nous les raisons de la démission du coach Lamouchi, juste 15 minutes après la défaite. Justifiez les raisons de votre confiance placée en ce coach, laquelle vous a conduit à défier tout un peuple réclamant sa démission. Parlez-nous en un mot des problèmes réels de la Fédération Ivoirienne de Football qui conduisent à la dégringolade de l’équipe nationale. De 2011 à 2014, en trois ans, nous sommes passé de la 15e à la 23è place. Donnez-nous les raisons. Voici ce que je vous demande, des milliers d’ivoiriens avec moi.

C’est prétentieux pour moi de parler au nom de tous les ivoiriens, je le sais, mais je ne suis pas non plus sûr que mon attente sois contraire à celle de la majorité d’entre eux, d’Abobo à Port-Bouet, de Tingrela à Tabou en passant par Yamoussoukro pour ne rien dire de Toulepleu et d’Aboisso.

Encore une fois donc, Cher Président, vous avez la parole. Parlez, parlez sans vous soucier du reste, nul ici n’est votre égal !


Couvre-feu dans le Ciel!

Chrétiens Ivoiriens
…..CEUX QUI SUIVENT

L’époque où les hommes allaient dans les lieux de culte pour chercher Dieu, le Vrai Dieu; pour implorer Sa Grâce et Sa Miséricorde sur leurs vies, pour Lui demander une place de choix dans Son Royaume, une fois passés de l’autre côté de la vie, semble devenu un bien lointain souvenir. Ceci, non pas parce que les hommes ne croient plus en l’existence d’un Dieu suprême, omnipotent, omniscient et omniprésent. Ils y croient encore, du moins c’est ce que je pense. Mais ces Temps Nouveaux dans lesquels nous vivons avec leurs corollaires de crises économiques, de terrorisme, de guerres civiles et bien d’autres drames qui s’acharnent sur l’humanité ont fragilisé les codes moraux, corrompu les bonnes mœurs, perverti les valeurs sociales et réorienté les intérêts des descendants d’Adam et Eve. Dans les églises, en particulier, sans plonger dans la stigmatisation encore moins dans la diffamation, les actes et les pratiques des fidèles l’illustrent bien –tristement.

Dimanche dernier comme tous les autres dimanches, au lever le matin, j’ai tout laissé, pris mon bain et enfilé ce qui me restait de mieux comme vêtement dans ma valise pour répondre à l’appel de mon Créateur, Lui confesser et supplier Sa rémission de mes pêchés commis, en pensée, par action ou par omission au cours de la semaine écoulée.

Il était 10 h quand le pasteur a pris le micro « pour parler au nom de Dieu ». Jusqu’ici tout se passait bien. La centaine de fidèles dans la salle écoutait, dans un silence cimetière, « l’homme de Dieu » qui, pendant 1 h 30, nous a instruits sur un thème que, même à présent, je me force de comprendre sans y parvenir : « Couvre-feu dans le ciel !». Certains ont souri, d’autres applaudi à l’annonce de ce thème particulier. Mon ami Grégoire qui était à son premier jour d’église m’a demandé d’un air curieux si Al-Qaïda avait réussi à traverser les deux premiers cieux pour semer la terreur au 3e, où siège le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Je l’ai ignoré pour mieux comprendre la révélation derrière ce thème, la Sainte Bible étant par essence faite de paraboles, ce qui la diffère d’ailleurs des œuvres littéraires ordinaires.

A l’autre bout de la salle, un fidèle aussi zélé qu’un nouveau bachelier qui ignore ce que lui réserve la suite de son parcours universitaire a crié « Ameeeennn ! Prêche, Pasteur ! Ils sont vaincus ! ». Toute la salle s’est retournée pour le regarder.

Sereins, nous attendions la révélation derrière le couvre-feu. Pendant 90 min, peut-être un peu plus, nous nous sommes levés, assis, levés, assis… Nous avions dit Amen, Amen très forts ! Crié, crié très fort ! Acclamé, acclamé très fort ! Tout ça pour nous faire entendre de Dieu, sans comprendre à la fin, comment ni pourquoi il y aurait eu un couvre-feu dans le Royaume céleste.

Subitement, du couvre-feu, nous nous sommes retrouvés à la Bénédiction. C’est la partie préférée des fidèles, tout genre compris, mais des femmes en particulier.

A défaut de savoir la raison, la durée, et les conséquences du couvre-feu dans le ciel où tous voudrions y aller, chacun voulait au moins repartir chez soi avec une part de bénédiction. Celle-ci n’est rien d’autre que l’exaucement de son sujet le plus cher à chaque fidèle. Le peuple de Dieu a donc ainsi été invité à se tenir debout, à se coucher, à s’agenouiller, disons à prendre n’importe quelle position d’humilité qui lui conviendrait pour adresser ses prières à Dieu. Il fallait y aller à fond, en battant des mains. Oui, le Royaume de Dieu, nous enseigne le Livre saint, est forcé. Les fainéants n’y accéderont jamais. Je pleure toujours Grégoire, lui qui est la forme humaine de la paresse.

Nous avions prié, prié, priés et prié. Puis soudain l’ordre a été donné de garder le silence. Calme plat ! L’Esprit était là ! Il fallait l’observer, le contempler, se disposer pour le recevoir. D’un cri strident, ma voisine de droite a failli me casser les tympans avant de se retrouver à terre traînant comme une gamine sous la ruée de coups que lui assenait sa mère pour ses inconduites. Une autre a suivi, une autre encore, puis toute la salle s’est mise en ébullition. Les chaises s’envolaient quand elles ne se brisaient pas. Les Smartphones traînaient. Tout ça pendant environ 45 minutes, et quand toute la salle a été délivrée, on est entré dans « un temps de semence ». Oui, il fallait semer la bonne graine.

Les visages ont commencé à se crisper. Dieu, nous a dit l’homme de Dieu, bénit chacun selon ses œuvres. Il fallait donc poser un acte, un acte fort. Semer dans la parole, sceller la délivrance de son âme qui venait d’être faite pour ne plus que ces mauvais esprits y retournent encore. Des mouvements ont commencé à s’observer dans la salle. Subitement, certains avaient eu l’envie d’aller aux toilettes, d’autres mourraient de soif, d’autres devraient s’occuper de leurs enfants. L’homme de Dieu a compris et s’est souvenu d’une formule mathématique toute simple : « Vous savez, mes enfants, a-t-il dit, à l’école on nous a dit 1×1000 =1000, mais 1×0=0. » Les esprits avertis avaient compris, mais seuls quelques fidèles se sont exécutés.

Notre frère en christ zélé, a subitement perdu son zèle et s’est plongé dans une longue prière comme on en fait pour réveiller un cadavre. Puis, l’homme de Dieu s’est souvenu que l’intérêt des fidèles était majoritairement ailleurs. L’approche a donc changé.

-« Faites quatre rangés », a-t-il ordonné :

-Première rangée : « Ceux qui veulent voyager mettez-vous à droite, entendez aller en Europe ou aux Etats-Unis, pas au Burkina ou en Somalie», un quart de la salle.

-Deuxième rangée : « Ceux qui veulent se marier, mettez-vous au milieu », la moitié de la salle dont 90% des femmes.

-Troisième Rangée : « Ceux qui veulent travailler, mettez-vous à gauche », quelques têtes de jeunes délabrés dont la galère s’est donné tant de mal à exterminer.

-Quatrième rangée : « ceux qui veulent avoir la connaissance de Dieu », une jeune fille d’à peine 16 ans, seule. On a tous pouffé de rire pour sa naïveté.

Où croyez-vous que je pouvais me retrouver ? « Travail », bien sûr, puisque celles qui veulent se marier attendent des hommes capables et pour voyager, il faut de l’argent.

Le hic était qu’avant de faire la prière, l’un après l’autre, chaque fidèle devrait semer, en billet, sur un bout de pagne, au vu de tous. Une jeune sœur s’est mise à parler en langue. Le pasteur a ordonné qu’on l’arrête. Elle s’est tue. L’heure était au concret. A bas les esprits malins !

C’est seulement en ce moment que chacun de nous a compris, et même bien compris pourquoi il y avait couvre-feu dans le ciel. Boko Haram a infiltré le royaume céleste et Dieu veut y mettre de l’ordre.

Dès que mon tour est arrivé de semer mon dernier billet de 1000f, j’ai entendu la voix de mon frère me chuchoter à l’oreille: « Emile, réveille-toi, il fait jour, tu vas rester en retard ». Il y a vraiment un Dieu pour les Pauvres, ai-je conclu.


Au fait, mon ami où habites-tu ?

Un Immeuble écroulé à Angré, Abidjan
Un immeuble écroulé à la Djibi, Angré- Abidjan
(c) fr.africatime.com

Aujourd’hui à Abidjan, il est difficile de répondre avec précision à un vieil ami que tu rencontres après un long moment et qui te demande : « Où habites-tu mon ami ? ». Pour cause, la capitale économique de la Côte d’Ivoire flotte sur les eaux de pluie. On n’est pas si sûr de rentrer le soir et retrouver sa maison au même endroit où l’on l’a laissée en sortant le matin. Résultat : il y a une forme de nomadisme citadin qui s’est développée dans la capitale. Certains se couchent à la Riviera, se réveillent à Angré, vont au travail au Plateau et rentrent le soir à Yopougon parce que leur villa 3-pièces située au 4e étage de l’immeuble Santa Maria s’est déracinée comme un manguier sous la pression de la forte pluie pendant que, se faisant aider, ils tentaient de faire sortir leur BMW noyée dans la flaque d’eau au carrefour de l’Indenié.

A Mossikro cette nuit, une mosquée s’est écroulée sur des fidèles musulmans. Le ministre s’y est rendu à 8 heures avec une valise d’argent, généralement le montant varie entre 500 000 et 20 millions, voire plus. Le ministre, dans une tenue de philanthrope avec une mine de samaritain reconnu, tend la mallette « au représentant des parents des victimes, au nom de l’Etat de Côte d’Ivoire ». Ce dernier dans un discours laudatif sous l’effet des billets de banque, « souhaite que le ministre dure à la tête de son ministère et au nom des parents des victimes, que la pluie dure ». Le ministre-philanthrope-samaritain retourne chez lui en attendant qu’on lui annonce le lendemain qu’il y a eu un éboulement de terrain à Attécoubé 3 pour mobiliser tout l’arsenal de la RTI et s’y rendre se faisant passer pour Raoul Follereau cette fois-ci. En plus de la mallette, il y ajoute des sacs de riz et des sachets de spaghettis pour des gens qui n’ont plus de cuisine.

Qui est coupable ?

A qui la faute ? Les familles vivant dans ces zones à risque à qui on aurait demandé de déguerpir et qui n’ont pas obéi ? A l’Etat pour n’avoir pris aucune mesure préventive pour éviter ces drames de trop ? Chacun a sa réponse.

Moi je suis trop occupé à chercher à savoir pourquoi le ministre de l’Enseignement supérieur déclare publiquement que le développement ne se fera pas par les lettres et qu’on continue d’ouvrir les séries littéraires dans les lycées et collèges, on autorise des candidats, trop ignorants pour s’en rendre compte, à composer au bac en français, en philosophie dans un pays qui aspire à l’émergence à l’horizon 2020?

Je suis bien plus occupé à savoir ce que fait encore Sidy Diallo à la tête de la Fédération ivoirienne de football après ces millions de francs engloutis pour revenir du Mondial avec 3 malheureux petits points en se contentant d’« assumer ». Assumer, ça, tout le monde peut le faire et sait le faire. Mais il faut aller au bout. Moi, par exemple, j’assume cet article. Mais si la police me demande de venir répondre d’un quelconque écart de langage, je vais disparaître. Je vais jurer que c’est un arnaqueur qui a frauduleusement accédé à mon blog pour y poster ce billet. Assumer ne veut pas forcément dire qu’on reconnaît sa culpabilité. Mon ami Grégoire va voler chez le voisin, son père assume, mais cela ne veut pas dire que c’est lui le père qui a volé. C’est juste parce que c’est son fils.

Toutefois, dans le cas ici, le coupable c’est lui, Sidy. Les Ivoiriens ont crié, fait signer des pétitions pour réclamer le départ, en vain, de SON stagiaire à la tête de leur équipe nationale. Que va faire un agneau à un rendez-vous de démonstration de force des loups ? Il s’est obstiné nous jurant que le stagiaire nous ramènerait la coupe du monde et même qu’après nous irions chercher la coupe d’Europe. Ils étaient près du but, le stagiaire a fait sortir CEUX QU’IL NE FALLAIT PAS pour faire entrer CEUX QU’IL NE FALLAIT PAS. L’un d’eux a fait CE QU’IL NE FALLAIT PAS, puis le chaos. Qui est coupable ?

On dormait donc à tour de rôle

Je suis arrivé au bureau ce matin somnolent parce que j’ai passé toute la nuit à classer et reclasser mes valises et autres affaires du fait de la pluie. Toute ma chambre, je veux dire notre chambre, mes frères et moi, coulait. Et quand la pluie a cessé, l’espace qui restait sec où dormir ne suffisait pas pour nous tous. On dormait donc à tour de rôle. A mon tour, j’ai jeté un coup d’œil à ma montre il était déjà 6 h15, il fallait prendre mon bain et aller au travail. Cela par exemple, j’assume. Sinon je serais allé m’immoler devant la porte du maire de Yopougon pour qu’il fasse détruire cet immeuble construit, au-dessus de ma résidence cinq étoiles, la résidence Bela, dans un quartier inapproprié à ce type de construction servant de chambre de passe pour ces prostituées et autres hommes de nuit et un nid de malfrats agressant chaque nuit les habitants du quartier. Tout le monde peut donc assumer, mais ceci n’empêche pas qu’il faille prendre les décisions qui s’imposent et apporter des solutions non pas curatives, mais préventives.

De l’aveu du directeur général de la météorologie, la pluie continuera jusqu’au plus tôt à la fin du mois de juillet. C’est donc dire qu’il y a un long mois devant nous et Dieu seul sait combien de personnes pourraient en subir les conséquences déjà trop lourdes. L’année dernière ce ne fut pas si différent. Nous avions assisté aux mêmes drames que cette année. Au-delà donc des millions pour « témoigner la compassion du gouvernement aux familles des victimes », quelles solutions envisagez-vous, Messieurs du gouvernement, pour éviter pareilles situations l’année prochaine puisque l’année 2015 comporte aussi un mois de juin, de juillet aussi ? Voici la question à se poser. S’il n’y a pas de réponse, je vous propose alors de former d’avantage de maîtres-nageurs et d’experts en construction de maisons sur pilotis parce que la fin du monde n’est pas pour demain et il pleut toujours, peut-être pas chez vous mais chez nous, Oui.


Les Eléphants ? Mélissa ? Mes invitées ? Qui Pleurer?

mali-web.org
Serey Dié, Joueur des Eléphants
mali-web.org

La magie du football réside dans sa capacité à attendrir même les cœurs de pierre. Je me souviens de cette vidéo qui circulait sur le net d’un groupe de rebelles au Nord Mali, le fusil à côté entrain de suivre un match de football lors de la CAN 2013. Grâce au football, au moins des vies ont été sauvées, du moins pendant 90 mins.

Mon cœur d’amoureux du ballon rond s’était endurci après la pitoyable défaite de l’équipe nationale de CI, pour ne pas dire « les éléphants » à la finale de la CAN 2012 face à une petite mais fougueuse équipe de la Zambie, les Chipolopolos. Je vivais et travaillais au Ghana en ce moment. C’est d’ailleurs là que je me suis rendu compte que contrairement à ce que claironnent les hommes politiques à longueurs de journées, le Ghanéen ne porte pas vraiment l’ivoirien dans la partie clémente de son cœur. Je vous épargne des détails.

Comme tout patriote, j’ai éprouvé de la peine pour mon pays, de la compassion pour ces millions d’ivoiriens meurtris par la douleur de cette défaite avant d’éprouver de la colère contre le 11 national. C’est cette colère mesurée et justifiée qui m’a éloigné de la chose footballistique. Quand la débâcle de 2013 est survenue, celle-ci n’a fait que renforcer cette colère la muant en haine, non pas pour le foot mais pour chaque joueur de l’équipe nationale. Je les haïssais pour leurs égos trop débordants, pour leurs cupidités expressives et pour leur patriotisme frelaté. J’ai éteins ma télé et mis une croix sur les émissions/match de football. J’ai bien résisté et je croyais tenir pour longtemps quand un jour, de passage, par simple curiosité, je m’approchai pour regarder le motif de l’attroupement d’un groupe de jeune visiblement heureux. Par un heureux hasard, j’ai vu un Gervinho qui, d’un geste fou obligea le portier de l’équipe adverse à aller chercher le cuir rond dans ses filets.

Pour la première fois depuis des mois, je crois que j’ai ris vraiment, sincèrement, sans forcer. J’ai sauté sans le vouloir. J’ai été heureux. J’ai aimé. C’est alors que m’est revenue ce proverbe que rappelait mon père à mon frère aîné chaque fois qu’il voulait le convaincre de reprendre avec sa dulcinée après une querelle : « On ne jette jamais son couteau parce qu’il vous a blessé car on en a toujours besoin même si ce n’est pas le même ».
J’ai alors renoué avec le football et me voici replongé dans les commentaires enflammés sur la performance des éléphants. La magie du foot, cette fois, m’a emballé et m’a conduit à des hallucinations prédisant que la Côte d’Ivoire remporterait la coupe du Monde 2014. Je le disais sans me rappeler cet adage qui veut qu’il n’y ait jamais 2 sans 3. Deux fois éliminé au 1er tour, il fallait s’attendre à une 3e fois. Il y a seulement que cette fois-ci le mal fut profond. Perdre un match à seulement deux malheureuses petites minutes de la fin alors que même un simple match nul aurait suffit !? Juste incroyable !

Ce mardi, je suis rentré du travail plus tôt que d’habitude. J’ai boycotté ma séance de prière du soir. J’ai pris mon bain, enfilé mon « orange » et pour mieux vivre l’évènement, suis sorti m’asseoir au bord de la voie public où une dame avait aménagé son Bar avec un écran géant pour permettre au public de suivre le match à condition, bien sûr, de consommer pour qui voulait s’asseoir. J’ai commandé une bouteille de Cocacola pour mériter une place. Cinq minutes plus tard, deux demoiselles s’invitent à ma table. Elles s’installent, la serveuse vient leur demander leur commande. Elles se regardent, me jettent un regard furtif et ordonne à la serveuse de repasser. J’ai compris le scénario. « Emile, tu es en danger », me suis-je dis. J’ai pris mes zèles de Djihadiste insensible à la femme. Elles décident de dérouler leur technique d’approche :
-La première : Mon frère, est-ce que Drogba joue aujourd’hui-là ?
-Moi : Oui. Répondis-je sur un ton sec, sans plus.
-aaaah, Dieu merci. Drogba oooh, mon cœur fait moi plaisir !!!
-La deuxième : Ijiiihhhh, copine c’est Drogba qui va te faire plaisir, et les jolis garçons d’Abidjan-la ?
Je restai serein, le regard fixé sur l’écran, vidant lentement mon verre pendant que les minutes s’égrenaient et que les éléphants accumulaient les forfaitures.
-La première : Ma chère, à cause de ballon les garçons-là s’occupent plus des filles. Tu les vois concentrés on dirait des moines en méditation. Même quand tu parles à côté d’eux ils te regardent même pas.
Je failli pouffer de rire, mais je réussi à me contenir grâce à une violente balle qui frappa la barre transversale des éléphants. Ma tension monte et mes invitées multiplient les âneries. Je me contente de leurs jeter de temps à autres un regard furtif et grave. Elles ont fini par me comprendre. La première commande une bière et la seconde, une Coca. A la mi-temps, elles se résignent.
-la première : aaah ma copine, moi leur match la ne me dit rien hein. Tout est naze ici.
-la deuxième : Oui, ma chère, on n’a qu’a faire on va partir

Ni leur beauté, ni leur bavardage n’ont parvenus à ébranler un cœur en ébullition provoqué par les tirs au but mal cadrés, les passes approximatives et autres incohérences d’un assemblage d’individus égoïstes et hautains…

Mes invitées décident de s’en aller. La deuxième renverse le reste de son verre de Coca à terre avec des murmures en me louchant.  De son regard, je pouvais imaginer ce qu’elle se disait. Quelque chose du genre : « Dieu, sort moi de ce lieu avec cet enfoiré de mec qui ignore des créatures comme moi-même quand elles s’offrent à lui ».
Enfin, je me suis senti libéré et heureux puisqu’à ce moment le score était nul, donc suffisant pour être qualifié. Mais la suite fut moins gaie.

Au coup de sifflet final, ce fut le drame. Chacun expliquait à sa manière l’élimination des éléphants. Pour les superstitieux, les éléphants n’auraient pas dû porter le maillot vert. Les entraineurs reprochaient au Coach Lamouchi d’avoir fait sortir Drogba et Gervinho. Les «Panafricanistes» maudissaient l’arbitre pour ce pénalty disent-il imaginaire et y voyaient un signe anti noir. Les derniers en voulaient aux joueurs pour n’avoir pas fait assez. Le lendemain, mon Pasteur trouvait que c’est parce que nous avions manqué à la séance de prière du soir.
Je n’eu point de mots. Je me résignai et me rappelai mon ancienne résolution : « Plus jamais de football », et désormais, « plus jamais de femmes à ma table » en suivant un match. Mais une fois rentré à la maison, je me rappelai aussi la loi fontaine : « On ne dit jamais fontaine, je ne boirai plus jamais de ton eau ».

Je pris mon téléphone et appelai Melissa, ma Méli que je conquis grâce à Mondoblog. Au lieu de Méli, c’est une voix roque et rugueuse qui me répondit : « Enfoiré, Méli est occupée. Va te faire foutre. Tu aurais dû rester passer du temps avec elle que de suivre un match de cette bande d’escrocs ». Quoi, Méli occupée à cette heure si tard de la nuit ?! Occupée à quoi ?, Je demandai. Mais je n’eus pas de réponse. Il me raccrocha au nez. La douleur s’amplifia. Je sorti chercher mes invitées, elles étaient parties.

Plusieurs jours après, je continue de pleurer, sans savoir qui, ni pourquoi. La défaite des éléphants? Mélissa ? Mes invitées ?


Une Antilope à l’Aéroport d’Abidjan

Aéroport International Félix Houphouet Boigny (c) Abidjan.net
Aéroport International Félix Houphouet Boigny
(c) Abidjan.net

Du 2 au 12 Mai dernier, nous étions 67 blogueurs Francophones de la Plateforme Mondoblog propulsée par l’Atelier des médias de la Radio France Internationale (RFI), issue de 27 pays, qui avions eu l’opportunité de participer à la formation organisée par ladite radio à Grand Bassam. Plusieurs billets ont été écrits sur le sujet, dont celui-ci qui en fait un parfait résumé.

Au terme de la formation, logiquement, chacun devrait regagner son pays. L’un des premiers sur la liste de départ était Stéphane Huet.  Le vol de Stéphane était prévu pour l’après midi du dimanche 11 Mai. Il s’est donc rendu à l’Aéroport International Félix Houphouét Boigny d’Abidjan afin d’embarquer pour le Népal, où il réside. Le cœur quasi décimé par la douleur de la séparation, nous avions tous souhaité un bon retour à notre ami. Nous le croyions parti quand à travers les réseaux sociaux nous apprenions que son vol a été retardé. La cause était aussi curieuse qu’inadmissible ! Lors de son atterrissage, l’avion dans lequel devrait embarquer Stéphane est entré en collision avec une antilope, ce qui a endommagé un de ses réacteurs.

Au départ, j’ai cru à une blague de Stéphane pour desserrer nos visages crispés par la tristesse causée par son départ. C’est seulement quelques jours après lecture de son récit sur son blog que j’ai compris que c’était tout sauf de la plaisanterie : «Finalement, je n’ai pas décollé ce soir-là. Après 3 heures de retard sans explication, les employés de la compagnie aérienne ont annoncé qu’un réacteur de l’avion avait été endommagé à cause d’une collision avec… une antilope.», écrivait Stéphane.

Une kyrielle de questions se sont alors succédées dans ma petite tête décoiffée par des années de réflexion à comprendre pourquoi tout était si différent ici, en Afrique, en Côte d’Ivoire, comparé au reste du monde? Pourquoi malgré les visites de nos ministres dans les pays développés pour, disent-ils, « copier leurs modèles », il leur est si difficile de reproduire ces « modèles » de retour chez eux? Pourquoi tant d’opacité et surtout de légèreté dans la gestion des affaires publiques ? Pourquoi tout est si différent ici…?. Ne Répondez pas !

Au-delà de ces questions, l’histoire de l’antilope a suscité un embouteillage d’autres interrogations chez moi. Une antilope à l’aéroport d’Abidjan ?! Que faisait-t-elle là ? Comment s’est-elle retrouvée là ? L’aéroport INTERNATIONAL d’Abidjan située presqu’en dehors de la ville n’aurait-elle pas une clôture pouvant la protéger contre pareilles situations ? L’antilope l’aurait-elle sauté pour se retrouver à l’intérieur? Les autorités aéroportuaires auraient-ils érigé un zoo dans l’enceinte de l’aéroport d’où l’antilope se serait-échappé ? Lasse de ne plus recevoir de visiteurs, l’antilope se serait-elle rendu à l’aéroport pour rencontrer elle-même les touristes devenus trop paresseux pour se déplacer jusqu’à notre zoo national qui, du reste, n’existe plus que de nom? Serait-elle allé se faire recenser à l’heure où tout ce qui vit et respire en Côte d’Ivoire est invité à se faire recenser? Était-elle allé accueillir sa dulcinée en provenance du pôle nord ? Aurait-elle perdu patience du fait des récurrents retards que nous servent nos compagnies aériennes et ainsi forcé les barrières de sécurités pour se retrouver sur la piste d’atterrissage ? Serait-elle sortie pour une virée nocturne et, ivre d’alcool, aurait confondu la piste d’atterrissage au boulevard qui mène à sa résidence de la forêt du Banco ? De son lieu de cachette, aurait-elle découvert que le type chargé de guider l’avion à l’atterrissage était aux toilettes et serait ainsi venu le suppléer ? Aurait-elle compris que nous n’étions qu’à 5 ans de 2020 et que pour être au rendez-vous de l’émergence, il fallait l’avion plutôt que le train qu’on nous invite à emprunter ? Ou simplement, sommes-nous au début de l’ère du règne des animaux dont parlaient Georges Orwell et Pierre Boulle respectivement dans la Ferme des Animaux et la Planète des Singes?

Dans la forme, cette myriade de question force le sourire -peut-être- mais, au fond, elle traduit l’indignation d’un citoyen face aux faiblesses d’un système dans un pays qui revendique une place de choix à la table des grandes nations…

J’allais oublier de mentionner que Stéphane et les autres participants, exceptés les ivoiriens, ont été faits « Ambassadeurs Volontaires du Tourisme en Côte d’Ivoire» par Côte d’Ivoire Tourisme. Belle initiative ! Une partie de leur mandat est de faire la promotion de la Côte d’Ivoire dans leurs pays et encourager leurs compatriotes à y venir. M. l’ambassadeur Stéphane a probablement gardé de beaux souvenirs de son séjour en terre d’Eburnie, il conseillera certainement à d’autres népalais, la destination Côte d’Ivoire.

Mais quand il aura achevé de donner les milles raisons de visiter ce pays, il invitera chaque visiteur à consulter son marabout avant d’embarquer, parce que les risques d’atterrir sur la tête d’une antilope son énormes.

En fait, je vous explique, Excellence : La Côte d’Ivoire entière, le pays dont vous êtes l’ambassadeur,  est condamnée à émerger à l’horizon 2020, et nous y travaillons tous, y compris les animaux. Comme nous sommes disciplinés, les tâches sont partagées. Ce sont les antilopes qui nettoient la piste d’atterrissage, tous les dimanches. Celle-ci ne faisait que son travail quand ce pilote, ivre d’alcool frelatée, est venu la percuter. Ceci est un accident de travail. L’affaire aurait pu être traduite en justice pour obtenir son dédommagement, mais comme il n’y a pas eu mort d’hommes, ce n’est pas grave. C’est comme ça que ça se fait ici, chez vous. C’est pourquoi la presse n’en a pas parlé. Elle attend la prochaine fois peut-être pour titrer : « XYZ morts dans un crash d’avion à l’aéroport d’Abidjan suite à une collision avec une antilope ». N’est-ce pas plus sexy çà, comme UNE ? Que cela ne vous coupe pas pour autant l’envie de revenir ici, parce qu’ici, c’est chez vous, Excellence monsieur l’ambassadeur Stéphane. Abientôt !