Emile Bela

Yehni Djidji, une icône de la blogosphère Ivoirienne #2

Une Passion Interrompue de Yehni Djidji, à lire absolument.
Une Passion Interrompue de Yehni Djidji, à lire absolument.

Aujourd’hui quand on sillonne les blogs, qu’ils appartiennent à des ivoiriens ou non, ils ont presque tous un lien vers vos blogs. Ceci confirme que vous êtes une véritable icône de la blogosphère africaine. Pouvez-vous nous raconter vos premiers pas dans le blogging ?  

J’ai découvert des blogs en 2007 au hasard de mes navigations sur internet. Il s’agissait notamment de Bella Naija et du Blog de Linda Ikeji, deux nigérianes. J’ai eu l’envie de les imiter mais je ne savais pas vraiment de quoi parler. J’ai décidé de me lancer en 2008, l’idée étant de partager mes écrits en espérant me faire remarquer par un éditeur étranger à cause des difficultés que je rencontrais sur le plan local pour me faire éditer. Par la suite, j’ai eu peur que mes œuvres soient plagiées et j’ai changé l’orientation du blog en faisant de lui mon regard sur le monde et une lucarne sur mon monde. Les formations en matière de blog ont débuté bien plus tard.

Depuis combien de temps bloguez-vous ?

Je blogue depuis octobre 2008

Pour quelles raisons bloguez-vous?

Je blogue parce que j’ai des choses à dire et à partager.

Quel était votre premier blog et combien en avez-vous à ce jour ? (les liens svp)

Mon premier blog est « le Blog de Yehni Djidji » aujourd’hui disponible à l’adresse yehnidjidji.com. J’ai un site internet littéraire d’écriture collaborative 225nouvelles.com et un blog parlant de films africains que malheureusement je n’arrive pas à alimenter régulièrement sur afriwood.akendewa.com

Quels sont les principaux thèmes que vous abordez dans vos blogs ?

« Le blog de Yehni Djidji » que je considère comme ma principale plateforme d’expression est un blog généraliste. J’y parle de faits de société, de politique, de cinéma, de musique… tout ce qui m’inspire.

Comment parvenez-vous à concilier votre vie de couple, vos activités professionnelles et celles de blogueuse ?

Je suis encore en plein apprentissage mais je crois qu’il s’agit de définir clairement ses priorités, savoir faire des compromis et avoir la chance d’être entourée de personnes compréhensives qui vous aiment vraiment.

Quelle est votre plus grande satisfaction depuis que vous bloguez ?

J’ai fait de belles rencontres.

Pensez-vous que le blogging peut nourrir son homme en Afrique ? Pourquoi et comment?

Oui, le blogging peut nourrir son homme ici comme ailleurs. Le blogging m’a nourrie et continue de me nourrir. Tout dépend de ce que l’on met dans cette expression. Même le gardien qui touche 40 000 F CFA de salaire à la fin du mois se nourrit. Si pour le moment le blogueur ne gagne pas forcément une fortune en termes de bannières publicitaires ou d’articles sponsorisés, les contacts qu’il se fera sont inestimables. Il doit pouvoir passer du virtuel au réel et saisir les opportunités quand elles se présentent. Il doit également consacrer du temps à la promotion de son blog, surtout s’il veut en vivre exclusivement. Mes activités de blogueuse ont fortement influencé ma vie professionnelle.

Quelle évaluation faites-vous de la blogosphère ivoirienne? Pensez vous qu’elle est suffisamment développée ?

Je peux juste dire qu’il y a régulièrement de nouveaux blogs qui se créent, mais cela demeure insuffisant par rapport au nombre d’ivoiriens sur la toile et on ne peut prédire de la pérennité du blog créé. Au bout d’un an ou deux, les gens se lassent parfois et le blog est laissé à l’abandon. Il y a encore de la place. En fait il y a de la place pour tout le monde.

Quelles solutions préconisez-vous pour une utilisation plus accrue du web 2.0 par les ivoiriens à l’instar des sénégalais?

Je ne sais pas ce qui se fait au Sénégal, mais il faut déjà améliorer la couverture du territoire au niveau d’internet, réduire les frais de connexion et multiplier les espaces d’accès gratuit à cet outil. Par exemple doter les écoles de salles informatiques avec accès à internet, créer des cybercafés publics dans les municipalités. Ce projet pourrait s’intégrer dans les bibliothèques municipales.

Les blogueurs ivoiriens, contrairement à leurs pairs des pays comme le Ghana et le Cameroun sont moins organisés. Comment expliquez-vous cela et que recommandez-vous ?

Il faudrait peut-être commencer par présenter leur organisation afin de savoir si effectivement cela n’est pas en vigueur ici. Il y a des initiatives visant à fédérer les ressources ici. Il y a des ateliers de formation, des conférences qui sont faites pour améliorer nos capacités On parle même de créer une association des blogueurs. Des détails seraient les bienvenus sur l’organisation du Ghana et du Cameroun.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes, en général, et particulièrement aux jeunes filles qui aspirent à être aussi célèbres que vous en matière de blogging dans leurs pays respectifs ?

A la base le blog est un moyen d’expression et pas forcément un tremplin vers la célébrité qui est d’ailleurs une notion assez relative. Il faut être passionné, y consacrer du temps, mettre un minimum de sérieux et d’assiduité, être persévérant et patient. Ils seront satisfaits du travail qu’ils auront abattu et d’autres trouveront de l’intérêt à consulter leur plateforme parce que chacun perçoit la vie selon une perspective différente. La célébrité, à moins d’être le fruit d’un buzz inopiné, sera la récompense d’un travail de longue haleine.

Quelles actions comptez-vous mener à court, moyen et long termes pour contribuer à l’émergence d’une blogosphère crédibles en Côte d’Ivoire ?

J’essaie de participer autant que possible aux différentes séances de formation et conférence pour soutenir les actions mais aussi pour me former. Mes initiatives à court, moyen et long terme sont plutôt dans le domaine littéraire.

Pour vous, les blogueurs devraient-ils ou non être soumis aux mêmes standards que les journalistes traditionnels ? Pourquoi ?

Les journalistes traditionnels ont les mains liées par une ligne éditoriale, ils sont plus lents dans le traitement de l’information… Pourquoi donc soumettre les blogs aux mêmes standards ? Il y a d’ailleurs des journalistes qui ont crée des blogs pour bénéficier de plus de liberté. Certes, il faut respecter un minimum d’éthique en tant que blogueur, qui d’ailleurs devrait découler de l’esprit logique et de la bonne éducation de chacun. Ne pas utiliser son espace pour injurier, recouper les informations avant de les publier par exemple… Mais transformer les blogueurs en journalistes ? Ce serait une grande perte.

Le phénomène de la cybercriminalité connait une recrudescence en Afrique de l’Ouest en particulier, ceci nonobstant l’endurciment des lois (comme c’est le cas par exemple au Nigéria) ainsi que d’autres efforts pour le combattre. Vous en tant qu’internaute quelles approches vous sembles susceptibles d’aider à lutter efficacement contre ce phénomène?

Il n’y a pas que la cybercriminalité qui augmente. A mon avis, la criminalité en général connait une recrudescence et ce n’est pas l’apanage de l’Afrique de l’Ouest uniquement. Face à la pauvreté et au chômage certains utilisent cette voie d’enrichissement rapide et parfois mal maitrisé par ceux qui ont la charge d’endiguer le fléau. En ayant une politique dynamique et fiable de création d’emploi, en assurant une meilleure formation aux agents en charge de la lutte contre la cybercriminalité, en éduquant les jeunes à un usage responsable et utile d’internet, peut-être que les choses iront en s’améliorant.

On parle de plus en plus ‘d’économie numérique’. Pensez-vous qu’elle constitue une alternative crédible pour le développement des pays africains ?

L’économie numérique doit être développée en même temps que l’économie classique. Les préalables à l’instauration d’une économie numérique forte, comme la simple connexion internet par exemple commencent à peine à être installés dans certaines régions d’Afrique.

Quels critiques portez-vous sur mon blog et quelles suggestions d’amélioration faites-vous?

Je pense que les sujets sont bien traités, mes suggestions sont au niveau du design qui peut être amélioré. Je pense qu’on aura l’occasion d’en parler de façon plus détaillée.

Un dernier mot ?

Merci d’avoir pensé à moi pour cette rubrique, je te souhaite bonne chance pour la suite.

Vous pouvez lire d’autres interview de Yehni en cliquant ici


Yehni Djidji, une icône de la blogosphère Ivoirienne #1

Web Actvistes, Web Editeurs, Web Evangelistes, Geeks, Community Managers, Entrepreneurs Sociaux… les termes pour les designer ne manquent pas. Eux, ce sont les inconditionnels du Web 2.0. Véritables agents de changement, ces hommes et ces femmes, par le moyen de la toile, impactent chaque jour la vie de milliers de personnes, directement ou indirectement. Parmi ces mordus de l’internet, il y a cette catégorie plus connue sous l’appellation de « blogueurs ». Certains vivent de leurs passions, d’autres pas. Mais tous ont un point de convergence. Ils racontent leurs quotidiens, dénoncent ce qu’ils considèrent comme anormal, partagent leurs vies privées, donnent leurs avis sur des sujets d’ordre politique, économique ou social, relatent des faits ou évènements vécus et surtout font des propositions tout en appelant à un engagement citoyen.

En Côte d’Ivoire, lorsqu’on parle des icônes de la blogosphère, un nom se distingue tout de suite : Yehni Djidji.

Yehni Djidji, Médaillée de Bronz aux Jeux de la Francophone 2013Crédit Image: Guillaumesoro.com
Yehni Djidji, Médaillée de Bronz aux Jeux de la Francophonie 2013
Crédit Image: Guillaumesoro.com

A l’ouverture de cette rubrique Interview destinée en priorité à interroger les pairs blogueurs sur leurs vies et leurs activités mais aussi d’autres personnalités ou simples lecteurs de mon blog sur des sujets divers, Yehni Djidji, malgré ses activités qui lui dévorent son temps, a bien voulu me faire l’amitié de répondre à mes questions :

Bonjour Yheni. Pour commencer, pouvez-vous nous dire, mes lecteurs et moi, qui est réellement Yehni Djidji ?

Bonjour, je suis Rosine Kakou ANO, une ivoirienne de 25 ans qui a étudié la communication, le marketing et le management, qui aime lire et écrire. Je suis mariée et je n’ai pas encore d’enfants.

Yehni Djdji, quelle est son appartenance religieuse et quelles sont ses convictions politiques ?

Je suis chrétienne. Je ne milite pas dans un parti politique.

Que considérez-vous comme votre plus grand défaut et votre plus grande qualité ?

Je préfère laisser le soin aux autres de le dire. Qualité ou défaut cela dépend des situations. Je suis têtue et certains appellent cela de la persévérance. J’espère avoir plus de qualités que de défauts en tout cas.

Comment vos amis et vos proches vous trouvent-ils et qu’en pensez-vous ?

Il faudrait les interroger.

On ne peut parler de Yehni Djidji sans parler de talent et qui dit talent dit Prix. Yehni, c’est aussi la littérature. Pouvez-vous nous parler des vos différents Prix en tant que blogueuse et auteure ainsi que de vos différentes œuvres ?

J’ai remporté la première place d’un prix de poésie en 2005, de deux prix dans le genre épistolaire en 2010 avec les concours « Adoras » des Nouvelles Editions Ivoiriennes (NEI) et d’un prix dans le domaine de la Nouvelle organisé par « Fraternité-Matin ». J’ai également été meilleure blogueuse de Côte d’Ivoire en 2011 et choix des internautes à cette même édition. Enfin, j’ai décroché la troisième place au concours scénario d’Afrique de 2011 (aujourd’hui appelé Global Dialogues). Cette année, j’ai encore eu la grâce de figurer parmi les 20 finalistes internationaux sur plus de 12500 textes reçus.

Quel est votre meilleur souvenir et votre plus grand regret à ce jour ?

J’ai plusieurs meilleurs souvenirs. Pour le moment, au risque de faire cliché, c’est le jour de mon mariage le plus intense. Mais chaque fois que j’ai la grâce de remporter un prix cela me procure beaucoup de joie. Mon plus grand regret est le fait de ne plus pouvoir partager mes meilleurs moments avec un être cher, qui est parti trop tôt.

Quelle est votre personnalité préférée et pourquoi ?

Je n’ai pas de personnalité préférée. J’ai certaines personnes qui m’inspirent dans un domaine ou dans un autre mais je ne puis me prononcer en termes de préférence.

En dehors du cadre professionnel, quelles sont les activités qui vous occupent le plus ?

Pour moi loisirs, professions et activités secondaires se confondent puisque le fil conducteur de toutes ces choses demeure l’écriture. Quand je n’écris pas, je lis ou je regarde un film. Pour me détendre je passe du temps en famille, ou avec des amis quand je peux.

Comment avez-vous vécu la guerre en Côte d’Ivoire ?

Comment peut-on vivre une guerre ? On l’a fait ou on l’a subit. Je crois l’avoir subit comme beaucoup de gens mais heureusement je suis encore là pour en parler. Cette guerre m’a fait réaliser la fragilité de nos acquis et la précarité de notre confort. Tout est vraiment vanité. Nous ne sommes pas toujours maître de notre destin. Une poignée d’hommes décident pour une multitude.

Quels commentaires faites-vous de la longue crise qu’a connu la Côte d’Ivoire de laquelle elle se remet progressivement et quelles propositions faites-vous pour une sortie de crise réussie ?

Je préfère m’abstenir de commentaires parce que je ne comprends plus cette crise et je me demande si je l’ai un jour comprise avec toutes les anguilles qui étaient cachées sous les roches. Les revendications parfois légitimes se sont mêlées aux ambitions politiques. Aujourd’hui justice, équité, querelles de personnes et d’égo se mélangent avec en filigrane le sang des victimes de tous les camps en présence et quelques marionnettistes qui tirent les ficelles. Je souhaite bon courage à la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR).

Quel est votre point de vue sur l’homosexualité ?

Pour moi, l’homosexualité est une déviation, peu importe ces origines. Mes principes moraux et religieux m’empêchent d’envisager cette pratique comme normale. Cependant je suis foncièrement contre toute forme de violence physique ou verbale à l’égard des homosexuels.

Yehni Djidji en un seul mot, que serait-il ?

Complexe.

Lisez la 2ème partie dans deux jours


Messieurs, libérez les prisonniers qui sont dehors !

Crédit image: regardscroisés.ivoire-blog.com
Crédit image : regardscroisés.ivoire-blog.com

C’est à une véritable parade de comédie à l’arrière-goût très fade d’hypocrisie mêlée de dédain et de défiance que nous assistons depuis quelques jours dans la relation entre la Côte d’Ivoire et la Cour pénale internationale (CPI) au sujet des présumés coupables des exactions commises en Côte d’Ivoire pendant la guerre qui a suivi la période postélectorale de 2010.

De la comédie il y a, parce qu’à y voir de près et avec un peu d’exagération de ma part, cette relation ressemble à l’histoire de Tom et Jerry. Tom et Jerry est une série américaine de dessins animés humoristique créée dans les années 1940 par William Hanna et Joseph Barbera. Tom (le Chat) tente désespérément d’attraper Jerry (la Souris) en lui tendant des pièges que Jerry trop malin (ou se croyant ainsi) trouve des astuces pour éviter à chaque fois ! L’un des scénarios les plus récents qui m’intéresse ici n’est pas basé sur la tentative de Tom d’attraper Jerry, mais l’ambiguïté que produit leur relation de ni amis, ni ennemis, une relation qui les conduit très souvent dans une aventure délirante dont ils sont tous les deux complices.

Le contexte n’est pas identique et tous les éléments ne sont pas réunis, certes, mais ça y ressemble. Ici Tom c’est la CPI et Jerry l’Etat de Côte d’Ivoire. Jerry décide de donner libre cours à Tom (par la signature du Traité de Rome) d’intervenir dans ses affaires lorsque des individus de mauvais aloi viendraient  lui causer du tort (ici c’est en ami). Se prévalant de ce droit, Tom décide d’incriminer et de s’emparer de ceux qu’il aura considérés comme fauteurs de troubles pour leur faire subir la rigueur de sa loi. Et c’est à ce moment-là, que Jerry se rend compte qu’il n’est pas bienséant que Tom se mêle de ses affaires intérieures. Cette attitude de Jerry frise l’hypocrisie parce qu’en interne il tient ces fauteurs de troubles en captivité attendant de les achever, mais estime que fauteurs, ils ne le sont pas assez pour que Tom trop sévère s’en mêle. Et ainsi,  Jerry peut se faire une image d’apôtre de la Paix et du fair play, sans doute. A côté, ceux sur les têtes desquelles ces fauteurs ont marché dans leurs courses égoïstes vers la gloire, réclament à leur tour leur « la pendaison ». Ceux-là aujourd’hui ne récoltent pas mieux que du dédain. Leurs têtes idiotes sont tombées « pour la liberté » puisque cela présente bien mieux que « pour que le chef arrive au pouvoir ». Et au nom de cette même liberté, ils devraient assister, sans ouvrir leur bouche rouge de colère, à la mise en liberté en cascade de ceux qu’on a fait croire ou qu’ils croyaient être leurs bourreaux. Enfin, de la défiance parce qu’en face d’un Tom décidé en bloc à en découdre avec ces fauteurs se trouve Jerry, qui lui dit NON.

Dans ce petit jeu du chat et la souris, les jouets sont les Ivoiriens qui n’ont que dalle aujourd’hui et qui, parce qu’impuissants, ont déjà tout pardonné. C’est donc faire preuve de profil bas que de croire que ce qui intéresse l’Ivoirien lambda aujourd’hui, c’est la mise en liberté ou l’inculpation de qui que ce soit de quelque bord politique que ce soit puisqu’ils sont eux-mêmes en prison, même étant dehors. Comment voulez-vous que quand deux personnes se noient l’une appelle à secourir l’autre à son détriment ?

Ce n’est pas le fait d’envoyer ou non M. Blé Goudé et Mme Simone Gbagbo à La Haye qui déterminera les bonnes intentions du pouvoir actuel à aller à une réconciliation vraie. Mais plutôt l’instauration par celui-ci d’un Etat de droit, où chaque citoyen ayant une affaire avec la justice est traité sans complaisance en toute impartialité, sans considération de son appartenance politique ou ethnique. C’est surtout la capacité de ce pouvoir à faire régner une justice qui s’appliquera à tous et non à des minorités au détriment d’autres dans des conditions identiques. M. Blé Goudé ou Mme Gbagbo peuvent être transférés à La Haye et revenir en Côte d’Ivoire parce que non reconnus coupables alors que pour les mêmes motifs ils pourraient être incriminés en Côte d’Ivoire, si la justice n’est pas équitable !

C’est une preuve de souveraineté que de vouloir juger ses compatriotes par la justice de leur pays, mais cela ne devrait pas faire l’objet d’une récupération politique, une tentative à peine voilée visant à prouver sa bonne volonté pour se donner bonne presse à deux ans des échéances électorales pendant que certains des problèmes qui ont conduit au chaos, des années après, demeurent intacts.

Si tant est que MM. Gbagbo et Blé Goudé ou Mme Gbagbo ne sont pas coupables, si les charges contre eux ne sont pas suffisantes pour les incriminer où les faire comparaître devant les juridictions nationales ou internationales et donc leurs responsabilités pénales ne sont pas établies, qu’ils soient purement et simplement remis en liberté, parce que dans ces conditions leur place n’est pas en prison mais dehors où les attendent leurs partisans pour poursuivre le combat pour le développement.

Si, cependant, les charges contre MM. Gbagbo et Blé Goudé ou Mme Gbagbo sont suffisantes pour les traduire devant les juridictions pénales nationales ou internationales, il convient de mettre un terme à ces  polémiques infécondes à caractère plutôt distractives , et qu’ils soient jugés et subissent les rigueurs de la loi à la hauteur des faits qui leur sont reprochés.

Que donc toutes ces acrobaties cessent, que le droit soit dit en toute impartialité et que la vie continue pour les Ivoiriens. Le destin de tout un peuple ne saurait être tenu en otage indéfiniment par un groupe d’individus soient-ils au pouvoir ou dans l’opposition. Les défis sont nombreux qui attendent les Ivoiriens après cette forfaiture des hommes politiques à qui ils ont confié leur destin et qui les ont humiliés, piétinés, massacrés non contents de s’être sucrés sur leur dos carapacé par le soleil assassin de la pauvreté alors qu’ils ne demandaient que le minimum pour vivre.

Hier sur Facebook, j’ai reçu ce message d’un jeune diplômé ivoirien, que je nommerai Maxime, qui a failli me faire couler des larmes : « Emile, stp, trouve-moi quelque chose à faire. Je meurs d’oisiveté ». Quand je pense que je suis moi-même à la recherche d’un emploi digne qui m’aiderait à faire face à mes charges sociales et à mener une vie digne et qu’un jeune me supplie de lui en trouver, je comprends le drame qu’il y a.

Maxime est peut-être père d’un enfant dont il n’arrive pas à s’en occuper. Il est peut-être le seul fils de sa famille à avoir fait l’université et obtenu des diplômes pour lesquels ses parents ont tout sacrifié et qui ne lui servent presque pas. Maxime est peut-être l’unique fils de sa mère malade qu’il regarde, impuissant, chaque matin mourir peu à peu. Il est peut-être l’objet des railleries dans son entourage immédiat et a perdu toute sa dignité d’homme à force de vivre des restes de ses amis… C’est tout ça qui justifie son cri. A petit feu, Maxime perd tout espoir après plusieurs tentatives infructueuses de recherche d’emploi. Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ? Quelle différence y a-t-il donc entre un individu vivant et un autre mort si le premier a perdu tout espoir, même celui de vivre ? Si ce jeune homme se meurt , c’est bien de tout ceci, mais cela n’intéresse personne, pas même la presse pour en faire larges échos comme un mandat d’arrêt contre Blé Goudé ou n’importe qui d’autre, des gens qui, même en prison, vivent deux fois mieux que d’autres dehors devenus prisonniers de leur haine suscitée par vos promesses non tenues, vos échecs et vos politiques sociales incohérentes et fantaisistes.

Nous sommes tous des prisonniers dehors ici, à commencer par les jeunes comme Maxime, à libérer au même titre que ceux qui sont dedans. Mon appel ce matin est donc celui-ci, Messieurs, libérez les prisonniers qui sont  dehors… peut-être d’abord

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Emile, tu m’as envoyé quoi ?

Mon Sympathique voisin Américain dans l'avion
Mon sympathique voisin américain dans l’avion

Dans le vol qui m’amenait d’Atlanta à New York, à travers les hublots, je prenais les photos des gratte-ciel, l’air stupéfait. Mon voisin américain, un célèbre photographe, un type super sympa qui lisait sur mon visage ne s’est pas fait prier pour me demander si c’était la première fois que j’allais aux Etats-Unis. Je lui ai répondu, évidemment, OUI. Au-delà du fait que c’ était ma première fois, ce voyage revêtait un caractère assez particulier pour moi.

D’abord, c’est comme si je passais « de l’obscurité à la lumière », expression utilisée par un ami pour traduire l’écart entre les pays du Nord et ceux du Sud.

Ensuite, j’allais manger un McDo, boire un bon verre de Cognac ou de Coca Diet en remplacement de mon Attiéké avec ‘pied de porc’ accompagné d’eau de robinet ″impropre à la consommation″ dans certaines ambassades de pays occidentaux en Côte d’Ivoire.

J’allais pouvoir dormir et me réveiller dans une cour où la voisine ne vient pas frapper à coup de poing à la porte à 20 heures pour emprunter votre pilon pour son foutou ; où les voisines ne viennent pas remplir le salon pour suivre le feuilleton ‘Sacrifice de femme’.

J’allais pouvoir voir autour de moi des femmes à la peau blanche naturelle, unicolore et non tricolore comme celle des serveuses des bars de ‘ma’ Rue des Princes.

J’allais savourer le plaisir d’un habitant d’une commune où le maire sait que sa tâche régalienne est de protéger ses habitants contre toute forme de nuisance y compris sonore.

J’allais pouvoir dormir avec le courant en continu jusqu’au matin sans entendre le président à la télé me dire ″je vous annonce la fin du déles… ″, qu’il n’ait terminé sa phrase que le courant se coupe.

C’est tout cela qui me donnait l’air si stupéfait au-delà d’avoir été désigné meilleur jeune leader africain par l’ONU et de bénéficier d’une formation tous frais payés à son siège, et non pas forcément l’idée de voir l’Amérique. L’Amérique, j’ai étudié son histoire à l’université, suivi ses films d’Hollywood à la télé, et écouté ses leaders. Je sais qu’elle n’est pas si différente même vue de près…

Je m’en allais donc aux Etats-Unis et à mesure que l’écran affichait le nombre de kilomètres qu’avait avalés l’avion et ce qui en restait, cette stupéfaction s’amplifiait.

Mais… pendant que je brûlais d’envie de voir ce Boeing de la compagnie Air France poser sur le tarmac de la Guardia International Airport de New York après 2 h 45 de vol, là où nous avions été informés qu’on passerait 2 h 15, je pensais à ma réponse à la seule question que tous, parents, amis, connaissances ou simples voisins de quartiers me poseraient dès mon retour au pays : Emile, tu nous as envoyé quoi des Etats-Unis ?

Cette question, je savais que tous allaient me la poser, à commencer par ceux à qui j’ai eu la stupide idée de dire au revoir avant mon départ. Mon ami Vetcho ne fera pas exception, lui qui a tout d’un policier ivoirien. Le policier ivoirien, quand tu lui rends visite, à ton arrivée chez lui il te demande « tu m’as envoyé quoi ? ». Si c’est lui par contre il te rend visite, à son arrivée chez toi il te demande « tu m’as gardé quoi ? ». Dans tous les cas, c’est toi qui donnes.

Ceux passés maîtres dans cette forme de question à qui je n’avais rien dit avant mon départ, pour les éviter, une fois de retour me traiteront de tous les noms : ″Emile, tu es un petit, tu es bien hein, mais tu es mauvais. Comment as-tu effectué un voyage aux States sans me dire au revoir ?″ ; ″Emile, parfois tu joues les salauds, alors que tu ne l’es pas. Qu’est-ce qui t’a pris d’aller chez Obama sans me dire au revoir ?″ ; ″Emile, tu pouvais ne rien dire à tout le monde, je te comprendrais. Les gens sont de plus en plus jaloux. Faut s’en méfier. Mais pas à moi. Pourquoi, c’est par les gens que j’apprends que tu es allé ‘derrière l’eau’ ?!″, ainsi de suite… avant de terminer tous de la même manière, «… je te pardonne pour la première fois. Ce n’est pas grave. Ne répète plus ça hein ! Mais…au fait, Emile, tu m’as envoyé quoi ? »

Vous pensez qu’ils plaisantent, vous souriez en guise de réponse. Ils vous reposent la même question l’air un peu plus sérieux. Vous accentuez votre sourire. Tant pis pour vous si vous n’avez pas un sourire qui charme. Et quand ils s’aperçoivent que vous ne leur avez rien envoyé, à défaut de vous traiter de ″mauvais type″, ils vous jettent à la figure, ″tu n’as pas honte, comment tu peux aller aux Etats-Unis et revenir même pas avec un petit bonbon pour moi ?″ Nom de Dieu ! Si c’est un bonbon que tu veux, demande-moi que je t’en achète à la boutique d’à côté ! Est-ce qu’on peut en vouloir à quelqu’un pour ça !?  Et puis, de vous à moi, qu’y a-t-il de honteux à ne pas acheter des bonbons ou d’autres cadeaux à des gens qui, au demeurant, ne vous sont pas forcément proches au retour d’un voyage ?

On peut encore comprendre tout ceci quand les personnes qui vous demandent les cadeaux sont vos voisins, vos collègues de travail ou vos frères de l’église. Disons, des gens que vous rencontrez régulièrement. Mais quand vous êtes en Côte d’Ivoire, vous revenez des Etats-Unis et que votre ami qui est au Burkina, au Togo ou au Mali, à plusieurs centaines de kilomètres vous demande « tu m’as envoyé quoi ? », vous comprenez tout le drame !

Même Mélissa, ma Méli que je courtise depuis des années, qui accepte mon poisson, mais pas mes avances, qui aime mon argent, mais pas mon visage, qui m’oblige à investir en elle sans retour sur investissement, même Méli qui m’a toujours trouvé trop noir, trop mince pour être son époux, ce qui serait une malédiction du ciel pour elle, n’a pas fait l’exception. J’ai cru me retrouver dans un rêve quand Méli m’a sorti la question sous sa forme féminine : « Mon petit cœur, tu es allé aux States, j’espère que tu es revenu avec un plan pour moi  hein! ». Quoi, moi petit cœur ?!

C’est seulement en ce moment que j’ai compris vraiment pourquoi certains Africains sont prêts à sacrifier même leur propre vie rien que pour aller en Europe ou aux Etats-Unis… pour ne pas dire ″derrière l’eau″.

Seulement pour ce qui me concerne, la prochaine fois, personne ne saura que je voyage, même pas ma valise parce que je ne vais même pas l’essuyer. Dès que je la sors, direction l’aéroport ! Tant pis si elle est poussiéreuse. Ça m’évitera au moins des ennuis. S’il vous plaît, voici ma réponse : Je ne vous ai rien envoyé… !

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Université d’été des Nations unies : des appels aux jeunes

Une vue de la Table de Séance des Hauts responsables des Nations Unies
Une vue de la table de séance des hauts responsables des Nations unies

Je vous promettais un dernier billet dans lequel je résumerais pour vous quelques-uns des messages forts des principaux interlocuteurs de l’Université d’été des Nations unies, édition 2013. Le temps n’a pas été mon ami, la disponibilité était un luxe pour moi. Mais mieux vaut tard que jamais, dit l’adage. Avec un peu de retard et de manière très succincte, je vous les livre ici.

Ils étaient nombreux ces jeunes Ivoiriens et Africains en général qui avaient souhaité que je leur parle de mon expérience de retour de New York. J’ai répondu à certaines sollicitations et en ce moment prévois mener des actions avec certaines organisations de jeunes, particulièrement en Côte d’Ivoire. Tout cet intérêt des jeunes m’a convaincu de leur détermination à apporter le changement dans leurs sociétés respectives. C’est formidable ! Et cela répond à l’appel de SEM Nassri Abdulaziz Al-Nasser, haut représentant du SG des NU pour l’Alliance des civilisations : « Rêvez grand, et vos rêves prendront de l’envol » parce que « Vous n’êtes pas les leaders de demain, mais ceux d’aujourd’hui », “Dream Bigger and your dream can fly”, “You are not the leader of tomorrow, but of today nous interpellait-il. Pour lui, le futur ce n’est pas forcement demain, mais « c’est l’horizon ou la vision que nous nous définissons aujourd’hui, c’est en clair les pas que nous posons aujourd’hui ». “The future is horizon/vision; the future is the steps you take today”, disait-il.

Cette détermination, je l’ai constatée aussi chez les jeunes Asiatiques, Américains, et Européens présents. Cela a suffi pour me convaincre que nous, jeunes Africains, sommes sur la bonne voie sauf qu’à la différence de ces derniers cités, lorsqu’il s’agit de poser des actions, nous craignons de nous faire écraser par nos régimes. Le point de vue du secrétaire général adjoint des NU à ce niveau était celui-ci : « Il est difficile d’apporter le changement dans vos pays si vous craignez pour votre vie et pour vos familles », “It is difficult to effect change in your country if you are shy or if you fear for your life and for your family” a-t-il dit. « The accountability » ou l’obligation de rendre compte des dirigeants occidentaux et les droits de l’homme que savourent les citoyens de ces pays sont les fruits d’idéaux portés par des individus qui n’hésitaient pas à exposer leurs vies parce que convaincus de la noblesse de leurs combats.

Si une chose vous semble anormale dans votre communauté et que vous songez à la changer, dès lors que vous y pensez, vous pouvez le faire : « You Think, You Can Do ». (Thème de campagne du meilleur groupe). Allez-y, d’autres pensent comme vous, ils vous suivront. Créez une campagne et lancez-vous. « Afin de réussir votre campagne », nous conseillait le formateur Thomas Werner, « situez-la parmi l’un des trois principaux buts d’une campagne » à savoir « Persuader (Persuade), éveiller la conscience (Raise awareness), mobiliser des ressources (raise fund) ou impliquer (engage) ».

 Ils sont nombreux ces jeunes et associations de jeunes qui prennent des initiatives chaque jour mais qui ne mènent presque nulle part. La clé, nous disait le SGA des NU, c’est le « Networking »  ou le « Réseautage ». Nous devons sortir de nos couloirs individuels pour aller vers les autres parce que « le réseautage est absolument crucial pour aborder les défis internationaux ». « Network is absolutely crucial to address international issues » , a-t-il souligné. Notre rencontre avec les autres nous permet d’apprendre leurs cultures, leurs pensées, leurs manières de faire et nous aide ainsi à éviter les préjugés et toute autre forme de stéréotypes, facteurs d’exclusion et de conflit.

Felipe Cervera, était l’un des formateurs. A ce sujet, il a évoqué l’un des principes clés du cosmopolitanisme dans un monde multipolaire. Pour lui, “In the Encounter with others, one’s horizons are broadened to take into account other perspective”. Autrement dit, « la rencontre avec d’autres élargit nos horizons et nous permet de considérer leurs perspectives ». Ceci est essentiel dans une logique d’inclusion et de paix.

Erick Equalman, éminente figure des médias sociaux, lui, a plutôt  insisté sur le rôle capital que ceux-ci jouent en ce siècle du numérique. Les plaçant au cœur de la communication, il a estimé que nous devons passer de la thèse cartésienne « Je pense, donc je suis » à une autre « Je communique, donc je suis » « I communicate, therefore, I am ». Dans cette logique, le facteur clé à prendre en compte reste la crédibilité de l’information véhiculée. Les médias, sociaux ou traditionnels, ont soutenu Jordi Torrent et Andrea Jackson, sont comme de « l’alcool ». Ils sont à considérer avec modération. Pour ce faire, il est impérieux d’apprendre et de connaître leur langage de persuasion parce que « dès l’instant où vous découvrez comment le message véhiculé par les médias cherche à vous persuader de sorte soit à croire ou agir, vous vous êtes mieux éclairé pour prendre votre propre décision » ou « Once you know how media messages try to persuade you to believe or do something, you’ll be better able to make your own decision ».

Ce sont donc des appels aux jeunes pour plus d’engagement et d’actions que les principaux intervenants ont lancés. Au-delà des panels, des travaux en atelier et en plénière, l’une des méthodes d’animation de la formation était le « Forum Theater » , littéralement, « le Théatre de Forum ». L’audience est à la fois spectatrice et actrice. Chaque spectateur qui estime qu’un des acteurs joue mal son rôle monte sur la scène pour le remplacer. Cette approche était utilisée pour traduire le rôle que chacun peut jouer dans le processus de changement. Ce changement, pour qu’il y soit enclenché, il faut que les intéressés se plaignent de leur situation. Toutefois, il ne suffit pas de se plaindre, mais il faut l’accompagner d’actes. D’où notre thème de campagne  « Don’t complain, Act’’, « Ne te plains pas, agit »…

Quelques projets ou perspectives d’actions

§ Au niveau mondial, nous travaillons en ce moment sur la mise en place d’un réseau mondial des jeunes, bénéficiaires du programme des jeunes leaders des Nations unies, et l’organisation d’un atelier prévu pour se tenir en mars ou avril 2014 au Portugal. Les participants sont d’abord les Alumni du programme. D’autres leaders d’organisations et associations de jeunes pourraient être associés sur la base de critères qui seront définis plus tard. Il s’agira à cette occasion d’étudier ensemble les possibilités d’actions collectives d’envergure internationale et d’analyser et faire des recommandations aux Nations unies.

 § Au niveau africain, nous travaillons en ce moment à la mise en place du réseau Afrique des Alumni du programme. Nos actions consisteront en des rencontres périodiques, la conduite de projets communs et l’appui à d’autres jeunes Africains pour leurs participations au programme. Il s’agira d’une plateforme qui sera ouverte à tous les jeunes et associations de jeunes en Afrique.

§ En Côte d’Ivoire, en association avec certaines organisations de jeunes dont ECLOSION, dirigée par le jeune blogueur ivoirien Euphrèm N’depo, nous travaillons à l’organisation d’un atelier sur un ensemble de thématiques qui seront définies. Nous invitons plusieurs jeunes et associations de jeunes à se joindre à nous pour des actions communes. Contactez Euphrèm ou moi-même pour vous inscrire.

§ Au niveau personnel, j’étudie la possibilité de la création d’un site personnel courant 2014 pour le lancement de mon projet une fois bien formulé. Je me rends aussi disponible à accompagner (dans le processus de candidature qui sera ouvert probablement en avril 2014) d’autres jeunes Ivoiriens et Africains pour participer à l’édition 2014 prévue en août (ce n’est pas officiel) à Bali (Indonésie).

Quelques références utiles pour les jeunes

  1. Youth Action International
  2. International Youth Foundation
  3. The world programme of actions for youth 
  4. milunesco.unaoc.org (Media Information Literacy)
  5. Myworld2015.com 
  6. Worldwewant.com 
  7. The UN Youth delegates
  8. Youth Solidarity Fund (UNAOC)
  9. Youth Policy 
  10. International Youth Cooperation for Sustainability 


Cinq Jours de formation à pas de Cheval : que retenir ?

Réception de mon Diplôme de Fin de formation
Réception de mon Diplôme de Fin de formation

Le Vendredi 30 Août 2013 dernier, les lampions se sont éteints sur l’édition 2013 de l’Université d’été des Nations Unies à laquelle je me réjouis, encore une fois, d’avoir eu l’immense occasion de participer.

Pendant 5 jours, et ce à pas de cheval, les 96 délégués sur les 100 prévus pour participer -Les représentants du Ghana, du Cameroun, de la Syrie et de la Libye n’ayant pas pu effectuer le déplacement de New York- ont, parlant chacun au nom des jeunes de sont pays, évoqué les défis majeurs qu’ils rencontrent .

De retour en Côte d’Ivoire, il me semble utile de partager les grandes lignes de ces cinq jours de formation intense et au delà d’explorer les alternatives disponibles en vue d’actions collectives aussi bien en Côte d’Ivoire qu’au-delà.

Un aperçu des principales thématiques abordées

     Lundi  26 Août : Module 1 – Citoyenneté Mondiale

L’essentiel de ce module a consisté à identifier les différentes formes de stéréotypes qui existent au sein des communautés qui tendent à discriminer des groupes d’individus ou des minorités sur la base de leurs pratiques sociales, culturelles et ou religieuses et qui constituent une violation des droits de l’homme et une entrave à l’intégration.

Les trois sessions qui ont succédé à l’exposé du premier orateur étaient dans l’ordre :

1. Table ronde « De mes propres yeux », témoignages.

2. Mise en scènes « Jeux de Rôles sur l’identité et les perceptions », simulations.

3. Travaux en ateliers sur « les impacts personnels »,  partages d’expériences.

Travaux en Atelier
Travaux en Atelier

  Mardi 27 Août. Module 2 – Mobilisation des acteurs

Ce module a mis l’accent sur les stratégies de mobilisation des acteurs dans une campagne de changement social à travers les médias. Il s’est agit notamment d’apprendre aux participants les meilleures stratégies d’approche médiatique réussie. Les questions du types comment intéresser les médias à sa campagne ? Quelles approches adopter pour créer un buzz de sa campagne ? et bien d’autres, ont été abordées.

Les trois sessions qui ont succédé à la présentation introductive étaient :

1.  Plénière « Vérité et Compréhension » : approches critiques des médias.

2.  Panel « Médias sociaux et changement social de masse ».

3. Plénière « Techniques d’élaboration de message de campagne de changement social ».

 Nous avons en fin de cette journée eu droit à l’intervention de l’envoyé spécial du SG des Nations Unies pour les Jeunes qui nous a expliqué les actions menées par les Nations Unies en faveur des jeunes et les projets à venir en leur faveur.

      Mercredi 28 Août. Module 3 –  Compréhension et Modèle d’intégration réussie 

Ce module a essentiellement consisté en une visite de terrain. Les participants ont été divisés en 7 groupes au choix. Chaque groupe a visité une communauté de la ville de New York. Le groupe 1 auquel j’appartenais a visité la Communauté Afro-Américaine dans le quartier de Harlem. Nous avons eu l’occasion de parcourir les endroits qui constituent les points clés de la lutte Afro-Américaine pour les droits civic. Nous avons surtout visité le mythique endroit où Martin Luther King a tenu son mémorable discours ‘I have a Dream’, ainsi que ceux de Malcom X et autres.

Harlem, sur les traces de Martin Luther King
Harlem, sur les traces de Martin Luther King

Les échanges avec les responsables des communautés Noirs et certains habitants de Harlem nous ont permis de comprendre leurs quotidiens d’hier à aujourd’hui et surtout de dissiper des préjugés formulés sur cette partie de la population Américaine.

Le moment clé de cette journée et surtout de toute cette semaine de formation a été la visite guidée du siège des Nations Unies suivie de 4h d’échanges (de 14h à 18h) à l’Assemblée Générale des Nations Unies. Nous avons eu « l’unique opportunité », selon les termes du Haut Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Alliance des Civilisations, anciennement président de l’Assemblée Générale de l’ONU, SEM Nassir Abdulaziz Al-Nasser, « d’être au cœur du dispositif  des Nations Unies et d’interagir avec ses plus hauts responsables ». Chaque participant représentait son pays et était traité comme tel. Le SG SEM Ban Ki Moon annoncé ayant eu un empêchement de dernière minute qui l’avait conduit au Pays Bas, c’est avec le SGA SEM Jan Eliasson que les échanges ont eu lieu.

Les principaux interlocuteurs étaient le SGA des Nations Unies, la Chargée des Affaires Politiques des Nations Unies, le Directeur Adjoint Chargé des Politiques pour la Campagne du Millénaire du PNUD, le Haut Représentant du SG pour l’Alliance des Civilisations, le Directeur de l’Alliance des Civilisations des Nations Unies, le Directeur de l’ONG World Vison représentant des ONG au sein des Nations Unies.

Plusieurs questions ont suivi les différents exposés dont entre autres : Quel est le rôle des Nations Unies dans le conflit en Syrie ? Quel est le rôle des Nations Unies dans la crise en Egypte ? Quelles stratégies de l’ONU pour ‘laver’ son image de plus en plus moins reluisante après les cas du Congo, de la Côte d’Ivoire et bien d’autres ? Comment les jeunes peuvent faire entendre leurs voix à un niveau international notamment auprès de l’ONU? Que peut-on attendre après l’échéance de 2015 pour la mise en œuvre des OMD ? Comment l’ONU peut ‘influencer’ les Etats de sorte à les amener à mieux prendre en compte dans leurs politiques de développement la question des jeunes ? Quelles contributions peuvent apporter les Nations Unies dans la mise en œuvre des OMD dans les Etats à revenus fragiles comme le soudan? En quoi consiste « la Responsabilité de Protéger » définie par les Nations Unies comme instrument pour intervenir dans les conflits comme ceux en Cote d’Ivoire ou au Soudan et autres ? 

Avec Mon collègue représentant du Vietnam
Avec Mon collègue représentant du Vietnam

  Jeudi 29 Août. Module 4 – Stratégies d’actions des jeunes

Au cours de ce module, les participants ont été mis en situation. L’objectif visé était de leur apprendre les techniques et stratégies qui marchent dans une perspective d’actions visant le changement social. Les différentes sessions étaient :

1. Table ronde « Défis majeurs d’envergure mondiale » : de la xénophobie à l’extrémisme.

2.Travaux en atelier « Plaidoyer des Politiques » : Stratégies pour des actions sociales et le changement.

3.Présentation « les facteurs clés de la paix » : Les droits de l’homme, l’égalité et l’absence de violence.

4.Travaux en atelier « Négociation pour la construction de la paix et la coopération ».

      Vendredi  30 Août. Module 5 – Stratégies d’actions des jeunes

Ce dernier module a mis l’accent sur l’impact que peut ou doit produire les actions des jeunes en faveur du changement social. Les principales sessions étaient :

1. Travaux en atelier « Les fondamentaux de l’Entrepreneuriat social ».

2.Étude de cas 1« Pensée stratégique et résolution de problèmes à l’échelle internationale ».

3.Étude de cas 2 «  Présentations et critique des pairs ».

4.Compétition du meilleur projet de campagne de changement jeune.

 Dans le cadre de cette compétition, 10 groupes ont été constituées. Chaque groupe avaient 1h30 minutes pour élaborer une stratégie de campagne pour stimuler les prises d’initiatives par les jeunes dans une perspective de changement suivant une problématique qu’ils auront identifiés comme cruciale. Chaque groupe avait ensuite 5 minutes pour présenter en plénière devant les organisateurs et le jury de 4 membres sa stratégie de campagne. Les supports étaient soit la vidéo, les images ou les mises en scènes.

À l’issue des présentations, les deux meilleurs groupes étaient :

     Le groupe 9 : Ils avaient pour thème de campagne : « You think You can Do » qui voulait dire « tu pense, tu peux le faire ». Il s’agissait d’un appel aux jeunes pour dire quoique vous pensiez vouloir changer dans votre communauté dès l’instant où vous y pensez, vous pouvez le faire.

     Le groupe 7 (auquel j’appartenais) avait pour thème « Don’t Complain, Act » qui voulait dire « Ne te plains pas, agit ». Notre message était que peu importe ce que chaque jeune déplore dans son pays, la meilleur façon d’amener le changement c’est d’agir et non de s’en plaindre.

 Le dernier temps fort de ces cinq jours a consisté en une exposition par chaque participant sur ce que son pays a de meilleur et pourquoi d’autres devraient le visiter…

Un aperçu de mon Stand quoique vidé de ses objets
Un aperçu de mon Stand quoique vidé de ses objets

 ( Dans le prochain billet, je reviendrai sur notre message de campagne, sur les messages forts et les appels des principaux interlocuteurs à l’endroit des jeunes et surtout sur les actions à venir que nous envisageons d’entreprendre) en espérant que plusieurs jeunes puissent y trouver une source de motivation pour continuer dans leurs actions quotidiennes en tant qu’agents de changement.

 

 

 

 


Cent jeunes leaders à l’École des Nations unies

UNAOC-EF Summer School
crédit image: UNAOC-EF Summer School

Chaque année, ils sont plusieurs jeunes, hommes et femmes, des quatre coins du monde à faire un pas important en avant dans leurs carrières professionnelles en bénéficiant d’une formation intense qu’offre les Nations unies plus connue sous l’appellation « The Summer School » ou l’Université d’été. Ce programme de formation pour les jeunes leaders qui est à sa troisième édition est l’initiative de l’actuel Secrétaire général des Nations unies. Ban Ki-moon s’est convaincu que le renforcement des capacités des jeunes et l’échange interculturel et religieux entre ceux-ci permettent de former des leaders capables de porter des projets de changement sociaux positifs.

C’est à l’agence des Nations unies, « The United Nations Alliance Of Civilisation » (UNAOC) dirigé par son Haut représentant Nassir Abdulaziz Al-Nasser  que revient chaque année la lourde tâche d’organiser ce programme. Cette année, le programme est co-organisé par l’UNAOC et l’organisation leader mondial de l’éducation, « Education First » (EF) et se tient sur le campus de historique de Tarrytown dans l’Etat de New York aux Etats-Unis avec des sessions au siège des Nations unies.

Au terme d’un long processus de sélection qui aura duré d’avril à juin 2013, ce sont cent candidats originaires de quatre vingt-treize pays parmi les vingt mille candidatures validées qui ont été retenus pour bénéficier d’une semaine intense de formation à caractère plutôt d’échange de pratiques, d’analyses et de propositions d’alternatives aux enjeux cruciaux de développement social dans un contexte de diversité culturelle et religieuse.

L’objectif principal que visent les organisateurs de cette formation est de donner aux jeunes, des outils nécessaires pour contribuer à l’élaboration et la mise en œuvre de projets de développement social au sein de leurs communautés respectives.

Dans cette optique, plusieurs modules seront abordés. Il s’agit notamment de (1) La négociation dans le renforcement de la paix et de la coopération, (2) L’utilisation des médias sociaux pour une évolution sociale, (3) Vers un esprit citoyen mondial responsable, (4) La promotion d’une cause, (5) L’Éducation aux médias et à l’information et (6) Les fondements de l’entrepreneuriat social. Ces modules seront présentés par dix-neuf  intervenants dont Jan Eliasson, secrétaire général adjoint des Nations unies ; Nassir Abdulaziz Al-Nasser, Haut représentant du secrétaire général des Nations unies pour l’Alliance des civilisations et M. Ahmed Alhendawi, envoyé spécial du SG des Nations unies pour la Jeunesse.

C’est donc un à moment intense d’échange et d’apprentissage qu’auront droit, pendant 8 jours, les 100 jeunes leaders venus du monde entier.

En présentant ma candidature pour ce programme, je croyais en mes chances d’y être sélectionné parce que je crois certes en la pertinence aussi bien de mon profil académique que professionnel, mais… pas autant que ça. Ceci pour la simple raison qu’une telle formation revêt un caractère assez spécial pour tout jeune soucieux d’être un acteur majeur de changement dans sa communauté et ils sont nombreux ces millions de jeunes à travers le monde entier qui rêvent d’avoir une telle opportunité.

C’est avec un énorme sentiment de joie mêlé de fierté et surtout avec beaucoup d’humilité que j’ai reçu le mail de l’annonce de ma sélection. Ce qui fait de moi l’un des 3 jeunes représentants de l’Afrique de l’Ouest sur les 25 jeunes africains retenus.

Après un périple qui m’a conduit successivement à Paris puis à Atlanta, c’est avec beaucoup de joie que depuis ce samedi, je vis à New York cette belle expérience de partage auprès de mes amis jeunes des cinq continent qui, tous, démontrent d’un leadership hors norme…

Avec le Haut Représentant du SG des Nations Unies pour l'Alliance et la Civilisation
Avec le Haut représentant du SG des Nations unies pour l’Alliance des civilisations


Burkina Faso : Le Chien aboie, la caravane passe

Crédit Image: lefaso.net
Crédit Image: lefaso.net

La nature, on peut le dire, n’a pas favorisé le Burkina Faso. Un pays enclavé. Un climat rude. Un sous sol pauvre. Voici quelques mots qui, sauf exagération, décriraient mieux le pays de la Reine du Yénéga. Cependant, elle a doté le peuple Burkinabè d’une qualité dont il s’en sert pour s’opposer à ses caprices, c’est-à-dire le courage. Grâce à ce courage et aux efforts conjugués de tous, le petit poucet répond toujours présent au rendez-vous des grands. Le pays des hommes dits intègres offre aujourd’hui de multiples manifestations et un grand nombre de salons (SIAO, FESPACO…). Il s’y passe toujours quelque chose de bien et de beau, été comme hiver. N’en déplaise aux esprits chagrins.

Toutefois, comme un volcan, ceci n’est qu’apparence. Le peuple Burkinabè est rongé jusqu’aux os par des maux qui ont pour nom le chômage, la pauvreté, la mauvaise couverture sanitaire, l’insuffisance des infrastructures scolaires etc. C’est dans un Burkina Faso où tout apparait comme une priorité ; où le citoyen lambda semble maudire chaque nouveau jour qui se lève avec son cortège de défis de plus en plus difficiles à affronter que le géant de Ouagadougou, SEM Blaise Compaoré annonce la création d’un Sénat −honteusement superflu !

Ce sont au total quatre vingt neuf (89) personnes qui siégeront dans ce Senat. Parmi eux, 29 seront nommés directement par le Président LUI-MEME. La thèse du souci de récompenser des anciens amis de lutte trouve ici ses racines. Le soulèvement populaire des Burkinabè depuis l’annonce de la création de cette institution n’a jusqu’ici pas suffit pour changé la détermination du locataire du Kosiam d’aller jusqu’au bout. Pas même l’appel à y renoncer lancé par l’église catholique. Jusqu’où ira Blaise ? Bien mâlin qui pourra y répondre.

Quand un individu est sûr de lui, les contestations les plus bruyantes ne peuvent le faire reculer. Elles ne provoquent au contraire que dédain. L’expression pour traduire cette attitude est : « le chien aboie et la caravane passe ». D’origine arabe, cette expression s’emploie notamment pour parler d’un individu qui fait semblant de ne pas être atteint par une insulte ou une critique quelconque. C’est ce dont semble faire preuve le désormais “médiateur de l’Afrique de l’Ouest” et son administration qui font la sourde oreille face à la contestation générale du peuple Burkinabè. Créer un Sénat, aussi budgétivore qu’inutile dans la situation actuelle d’un pays qui dépend à environ 80% de l’aide extérieure ne relève que de la fantaisie a défaut d’être un manque d’éclairage politique ou l’expression de l’éloignement de l’exécutif de son peuple au point de ne pas connaitre les vrais besoins de celui-ci. Le Burkinabè actuel a besoin de tout sauf d’une institution comme le Sénat. Et cela, même ceux qui depuis le sommet soutiennent ce projet le savent si ce n’est parce qu’obnubilés par cette passion égoïste de vouloir toujours se voir gratifier des postes qui leurs permettraient de s’empiffrer narguant le ventre creux du dernier des Goumantchê au fin fond de Fada N’Gourma.

Si les populations se révoltent contre la création d’un Sénat, c’est simplement parce qu’ils n’en ont que dalle ! Ce qu’attendent les populations de Djibo ou de Dori, c’est de l’eau potable, pas un Sénat. Les populations de Koupéla, Garango ou de Tenkodogo demandent des instituteurs bien formés et des infrastructures scolaires qui portent leurs noms pour leurs enfants, pas un Sénat. Celles de Koudougou ou de Dédougou, de Kaya ou de Banfora ont juste besoin d’infrastructures sanitaires bien équipés et des médecins qualifiés et bien payés, pas d’un Sénat.

Les habitants de Ouagadougou aimeraient, eux aussi, aller et revenir du travail habillés en des tenues blanches sans crainte d’être rougis par la poussière que dégagent les véhicules sur les voies non bitumées. Ils demandent surtout à sortir la nuit, marcher le long des rues de Goughin ou de Paglayiri, de Songnaaba ou de Pissy sans avoir besoin d’une torche pour s’éclairer le passage par manque de lampadaire. Voici certains de leurs besoins, et non un Sénat qui, même si sa création n’est pas anticonstitutionnelle, relève d’une extrême inutilité –en ce moment. Ceci pour la simple et bonne raison que le rôle qui lui est dévolu est bien assumé par l’Assemblée Nationale. Si tant est que celle-ci n’est pas à la hauteur de sa mission, ce qu’il faut, c’est renforcer les capacités des élus et du personnel du parlement ; c’est mettre à leur disposition les moyens aussi bien techniques, matériels que financiers.

Si l’ultime but de la création de cette institution est de servir le peuple, ce qu’il faut, c’est asseoir une politique de décentralisation cohérente et moins complaisante qui se traduit par une autonomisation vraie de chaque entité décentralisée. Ceci de sorte à ce que n’ayant pas les mains liées et moins dépendantes des allocations budgétaires de l’Etat central, celles-ci élaborent et mettent en œuvre des projets qui répondent aux priorités de leurs localités. Il en va de même pour les services déconcentrés de l’Etat dont il faut renforcer les ressources matérielles et financières.

 Ce ne sont ni les institutions ni les compétences pour mettre en œuvre les plans de développement qui manquent. Ce qui pose problème c’est cette tendance des pouvoirs publics à perdre de vue l’essentiel, disons les vrais besoins des populations. C’est surtout la mauvaise répartition des ressources disponibles et l’application sans conviction des mesures repressives de lutte contre la corruption. C’est enfin cette fébrilité qui frise même la complicité avec laquelle le gouvernement aborde l’épineux problème de l’accaparement des terres dans un pays où l’agriculture occupe plus de 80% de la population.

Il est donc superflu de vouloir rassembler une bande d’individus plus proches de la tombe que des réalités de la masse populaire au sein d’une association qui ne servira que de caisse de résonnance pour distraire le peuple et faire de la figuration d’un genre nouveau. Ceci reviendrait à narguer cette misère que portent, lourdement mais dignement ces hommes et ces femmes sur leurs dos carapacés par un soleil déterminé à en découdre avec chacun d’eux sur la route du progrès.

Ce n’est pas de la multiplicité des institutions que prendra forme le rêve d’un pays émergent à l’horizon 2020, 25 ou 40, peu importe, mais du renforcement de la crédibilité et la compétence de celles qui existent de sorte à ce que chaque citoyen s’y reconnaisse. Ces institutions serviront ainsi de bases pour transformer l’actuelle démocratie débridée à l’arrière goût de dictature en une démocratie vraie c’est-à-dire fondée sur la promotion, le respect et la défense des droits de l’homme. C’est seulement à ce titre que le dinosaure du Faso, arrivé au devant de la scène politique Burkinabè par la petite porte, s’en tirera par la grande et marquera à jamais la conscience des Burkinabè. L’histoire le lui reconnaîtra.


Sur Internet, personne ne sait que tu es un chien

Si Dieu n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer, dixit Descartes ; mais pour moi, si internet n’avait pas été inventé, mieux aurait valu ne même pas y penser. Tant pis s’il aurait fallu que votre mère vienne vous annoncer son propre décès, alors qu’il aurait suffit d’un email aujourd’hui à défaut d’un coup de fil puisque votre village ne bénéficie pas de couverture réseau téléphonique et la lettre expédiée par la poste depuis deux semaines ne vous ait toujours pas parvenu.

idolizeyourkillers.com
idolizeyourkillers.com

Le 5 Juillet 1993 dans les colonnes de The New Yorker, le célèbre columnist Peter Steiner présentait son Dessin Animé sur la cybercriminalité. C’était l’histoire de deux chiens devant un ordinateur connecté à internet. Le premier qui s’y connaissait en informatique eut le privilège de s’asseoir sur la chaise devant l’écran et le second,  « analphabète informatique », lui, s’assit au sol. Notre internaute surf et lit au malheureux analphabète ce qu’il voit sur l’écran. Au bout d’un moment et sans doute pour narguer son ignorance, il lui sort cette phrase : « Sur internet, personne ne sait que tu es un chien ». (C’est d’ailleurs le titre de ce D.A). Allez-y voir sa réaction…

Au-delà de nous offrir le sourire, cette histoire de Steiner nous renvoie à l’évidence que derrière un écran d’ordinateur, sur internet, l’on trouve toutes sortes d’individus : Bons et mauvais ; enfants et adultes ; attardés mental et êtres de raison ; homosexuels et hétérosexuels ; apostats et croyants, élèves et professeurs, mariés et célibataires, diplomates et cireurs de chaussure, pervers et pudiques… et surtout des gens honnêtes qui se servent du WEB pour construire leur vie et d’autres, malhonnêtes, qui s’en servent pour détruire cette vie. On y croise tout ce monde. Des amitiés naissent, des couples sont formés, des enfants en découlent. Ceux-ci deviennent plutard soit des menaces pour toute l’humanité ou des agents de changement, porteurs d’espoirs de tout un peuple. C’est ce qui fait peut-être tout le charme du « 3 W point… » et qui se résume dans cette phrase de Jhon Gilmore, éminente figure de l’histoire du Usenet : « Le cyberespace deviendra libérateur car le genre, la race, l’apparence et même la chienlit son potentiellement absents ou alternativement fabriqués de manière exagérées avec une licence créative incontrôlée pour servir a plusieurs causes à la fois légales et illégales ».

Assurément, c’est pour éviter d’être un chien ou de croiser un chien que certaines personnes décident de s’abstenir de tout usage d’internet. C’est un choix de vie, quoiqu’emprunt de naïveté en ces Temps Nouveaux. L’usage d’internet s’impose à tous. Mais, certains ont choisi délibérément d’occulter ses bienfaits pour promouvoir ses méfaits. Ça aussi est un choix de vie, sauf qu’il fait d’eux des ennemis à combattre au même titre que les terroristes.

Il y a quelques mois de cela, ma collègue blogueuse Beninoise, Sinatou, publiait un billet intitulé : » j’ai refusé d’être diffusé par Amazon! » Sina racontait comment grâce à son frère, elle a pu échapper aux griffes d’un probable arnaqueur, un certain Alain Durant qui lui aurait fait l’offre si alléchante de publier son mémoire de Master. Pendant longtemps, j’ai cherché désespérément un éditeur pour publier moi aussi mon mémoire de Master sur la Coopération Non Gouvernementale. Quand j’ai lu le billet de Sina, j’ai compris les dangers auxquels je m’exposais, j’y vais désormais avec beaucoup de prudences.

Je me souviens de, Marc, cet ami sur Facebook de Josée, une amie de quartier, qui se faisait passer pour un Ivoirien vivant à Londres et qui avait besoin d’aide pour se faire établir une copie récente de son jugement supplétif. Josée n’y voyait pas d’inconvénient, surtout qu’ils sont amis. Mais là où tout devient suspect, c’est que l’ami en question demande à Josée son numéro de compte bancaire afin de lui transférer l’argent devant servir de frais d’établissement de son jugement. N’en ayant pas, elle lui propose le transfert par Western Union, ce que l’ami refuse. Il lui suggère de demander celui d’un oncle ou d’un frère. Son air rassurant pousse Josée, par naïveté, à le croire. Elle vient me voir pour demander le mien qui n’existe que de nom d’ailleurs. A vous de comprendre pourquoi. Quand elle m’a expliqué le motif, le seul regret que j’ai eu était de n’avoir pas été un soldat Américain. Je lui aurais tiré à l’instant même deux roquettes dans le crâne avant de trainer son corps aux fonds de l’Océan, plus loin que là où Sadam Oussen a été jeté parce que je la voyais comme un terroriste d’Al-Qaida.

Je me rappelle cette Solange Beyeme qui se disait une fidèle lectrice de mon blog et aimant mes billets. Solange m’a fait la proposition d’être un contributeur dans leur “magazine International sur l’Afrique et ses potentiels” avec un bon salaire en prime. J’avais commencé à narguer tous mes créanciers, à rêver de la voiture décapotable que j’allais acheter pour éclabousser David Beckham ou Samuel Eto’o. Je me suis montré violent envers ces jeunes filles budgétivores de mon quartier qui me ruinent sans retour sur investissement, parce que je voyais l’argent frais venir. J’ai commencé à suivre les Télénovelas pour me faire une image de ma Brésilienne que j’allais épouser et à fouiller sur internet à la recherche d’hôtels et de compagnies aériennes offrant les meilleurs tarifs pour mes vacances aux Bahamas où aux Iles Caraibes.

Mais, comme j’en ai l’habitude chaque fois que j’ai affaire à un inconnu, par précaution, j’ai d’abord interrogé Google sur ma bienfaitrice, « aucun résultat trouvé pour solange Beyeme ». Quoi, une éditrice de magazine international qui n’existe pas sur internet ? Je lui ai écris en réponse à son second mail pour lui demander au moins le site internet de son magazine. Cela fait quatre mois aujourd’hui que j’attends en vain la réponse de mon  « envoyée de Dieu ».

Et ma bagnole ? Et mes Brésiliennes ? Et mes vacances dorées aux Caraibes ? Que faire !? Je parie que les sorciers de mon village y sont passés. Mais comme je vais à l’église tous les dimanches matin, je sais que Dieu fera quelque chose. Solange reviendra. C’est sûr. En attendant, je multiplie les jeûnes et prières pour que d’ici là ma demande d’adhésion à Boko Haram soit validée pour me permettre d’aller jusqu’à chez elle faire exploser toute sa maison et la faire disparaitre ainsi que sa famille et les personnes de son espèce qui vident les comptes, plongent des familles dans la misère éternelle, et détruisent la vie d’honnêtes citoyens par le canal d’internet. Pour ces nombreux solanges, Marc et autres qui inondent le Net, je demanderai le dimanche prochain, à mon pasteur de prier pour que Dieu dans sa bonté et après leur avoir fermé les portes de l’enfer, leur accorde sa clémence en se contentant de leur refuser une place même sur la planète soleil.

Ici, je suis devenu le chien analphabète informatique assis à même le sol et, elle, celui assis sur la chaise, qui me dit, Emile, sais-tu quoi ? « Sur internet, personne ne sait que tu es un chien ». Heureusement que, chien, je ne le suis pas plus que Solange et ses pairs, cybercriminels.

 

La cybercriminalité est un fléau. Combattons-la ! 


Mali : des élections à tout prix maintenant !?

Credit Image: iinanews.com
Credit Image: iinanews.com

Dans toutes les démocraties qui se respectent, les élections, loin d’être une option, se veulent une obligation. Cela dans la mesure où elles permettent :

-d’assurer l’alternance politique, comprise ici dans le sens d’un changement aussi bien des hommes que des politiques, à la tête des institutions républicaines ;

-de mettre en place des institutions crédibles qui jouissent d’une légalité que leur confère la loi fondamentale dont s’est dotée l’Etat, en l’occurrence la Constitution ;

-de garantir le respect de la voix des citoyens dans le choix des hommes, leurs politiques avec, sensés conduire leurs destinés ; tout ceci dans une approche on ne peut plus libre et transparente exempt de toute velléité de fraude ouvrant la voie à des contestations très souvent meurtrières comme c’est malheureusement le cas dans la plupart des Etats Africains au lendemain des échéances électorales.

Le Mali est un Etat libre et indépendant, d’hommes et de femmes affranchis, capables de décider pour eux et par eux-mêmes ce que sera ou devrait être leur avenir et ceux de leurs générations futures. Le Mali, à l’instar de tous les pays du monde, aspire au développement ; un développement conçut sur la base d’un modèle démocratique inclusif, solide et dynamique qui transcende les considérations triviales et rétrogrades avec pour objectif, entre autres, la protection des libertés individuelles et collectives des citoyens.

Pour ce faire, le Mali ne saurait se dérober au respect du principe fondamental du jeu démocratique, c’est-à-dire l’organisation des élections. Des élections, oui, mais à tout prix maintenant ?  Les conditions pour des élections crédibles, transparentes et ouvertes à tous, capables de refléter les idéaux de la démocratie, sont-elles réunies ?

Répondre par l’affirmative dans le contexte actuel du pays, me semble trop osé. Pour s’en apercevoir, nul n’ait besoin d’être un expert reconnu en matière d’élections. Il suffit simplement de considérer les doutes et réserves émis par les spécialistes, les observateurs nationaux et internationaux de la vie politique malienne.

Premièrement, l’Accord de Ouaga prévoit le « cantonnement » et non le « désarmement » des mouvements rebelles à Kidal. Celui devant faire l’objet d’un accord supplémentaire après les élections. On est en plein dans un jeu de mot qui laisse entrevoir une situation que devra gérer le futur président. Ce qui risque de lui occuper tout son mandat plutôt que de le consacrer à apporter des solutions aux problèmes réels qui ont conduit à la situation actuelle à savoir la paupérisation accrue de la population, le taux élevé du chômage, l’exclusion (fondée ou non), l’inégale répartition des ressources entre le Nord et le Sud du pays etc. Or, aussi longtemps qu’il y aurait des groupes constitués, furent-ils des Djihadistes ou des milices organisées en bandes armées, il serait prétentieux d’envisager une paix durable au Mali. L’idéal aurait été que l’accord de Ouaga obtienne au moins le dépôt des armes par les rebelles pour faire place au dialogue politique. La peur des groupes armés de ne plus disposer de moyens de pression pour faire entendre leurs revendications traduit leur méfiance et la possibilité d’une probable reprise des violences.

La paix n’est pas une option, mais une obligation. On ne saurait donc la marchander ou faire du chantage dans le processus qui y conduit. Il est presqu’inadmissible de discuter de la paix en ayant la main droite sur la table de négociation, prête à signer et la main gauche sous la table tenant le fusil, prête à tirer.

Deuxièmement, en plus de l’armée régulière, il faut déployer l’administration locale et réinstaurer un climat de confiance au sein des principaux acteurs présents : tout ceci en deux semaines ! A côté de cela se pose la question de la sécurisation de la campagne en cours et l’accès des principaux candidats à toutes les localités. Pour atténuer la frayeur que cela occasionne, on brandit l’argument de la présence des forces onusiennes, lesquelles ne disposent d’ailleurs que d’un pouvoir d’interposition.

« Comparaison n’est pas raison », dit-on, mais en faisant un parallèle avec la situation en Côte d’Ivoire, on peut se rendre compte du risque encouru en précipitant ainsi les élections. Le contexte était presqu’identique en Côte d’Ivoire et les points de vue des politiques l’ont emporté sur la réalité du terrain dont la considération attentive et sans complaisance aurait permis de sauver les 3000 vies et plus perdues, suite aux violences qui ont émaillé la période à l’issue des élections de 2010.

Troisièmement, ils sont plusieurs milliers de maliens qui vivent contraints par la force des armes en dehors des frontières du pays pour la plupart dans des camps de réfugiés dans des conditions non moins dégradantes. Dans l’hypothèse que certains veuillent retourner chez eux pour prendre part à ces élections, ils ne disposent d’aucuns moyens, d’autres n’ont plus de domicile. Que fait-on de leurs droits de vote ? Qu’adviendra-t-il lorsque ceux-là seront de retour et se verront « imposer » des leaders qu’ils n’auront pas choisi ? L’Accord de Ouaga, cette panacée qu’on oblige le citoyen lambda a admettre pour des élections qui sauveraient le Mali, se veut muette sur la question.

Il est évident qu’on ne saurait attendre une normalisation à « 100 pour 100 » de la situation sur toute l’étendue du territoire avant la tenue des élections, mais vu l’importance des questions sus-évoquées, il aurait été moins risqué de les aborder sans complaisance. Cela, afin d’éviter la tenue d’élections précipitées et de prévenir ainsi le spectre de l’auto-proclamation qui plane sur ces élections, susceptibles de déboucher sur d’éventuelles violences postélectorales qui, sans le souhaiter, pourraient causer l’enlisement de la situation actuelle de méfiance entre les parties opposées et précipiter le pays dans un chaos aux conséquences imprévisibles.

Mais « au nom de la démocratie », il faut aller aux élections −à tout prix maintenant.

Pourquoi cet acharnement, on oserait dire, de la communauté dite internationale sur le Mali, pour l’organisation d’élections dans des conditions aussi vulnérables que celles-ci ?

Au nom du principe de la solidarité internationale, tous les amis du Mali se sont mobilisés, certains en donnant des moyens matériels, d’autres des moyens financiers, d’autres  encore des moyens humains ou tout à la fois, pour “maintenir un ami en vie”.

Mais faut-il, au nom de cette solidarité, contraindre la coquette en état de grossesse à accoucher avant qu’elle ne soit à terme, même par césarienne en étant conscient des risques auxquels cela l’expose ? On n’est pas loin, là, d’un chantage à peine voilé qui traduit une assistance intéressée. Mais quand on n’est pas capable de gagner une guerre par les armes pour défendre son image d’Etat souverain, on peut s’attendre logiquement à subir le diktat de celui ou ceux à qui nous devons notre existence. La signature presque forcée d’un accord aux termes flous et l’acceptation malgré soi d’organiser des élections aux issues incertaines sont la manifestation de ce diktat.

Peu importe où que des élections, MAINTENANT, puissent te conduire, tais-toi, peuple malien, et rend-toi aux urnes −au nom de la démocratie− pourvue que cela ressemble à une élection, même bâclée !


Rebelle, cette femme l’était

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Mariage forcé et précoce, mutilation génitale, violence faite aux femmes etc.. Ces sujets, on en parlera encore et toujours dans une Afrique qui semble avoir du mal à se départir de ses traditions et de ses préjugés d’un siècle révolu et où la femme peine toujours à se faire une place d’égale de l’homme. Ceux-ci constituent une mine inépuisable pour plusieurs auteurs contemporains d’origine africaine. Le roman apparait comme l’un des genres littéraires les mieux exploités par ces auteurs pour véhiculer leurs messages et exprimer leurs prises de position face à ce qu’il convient de qualifier désormais de fléaux.

Par une approche purement imaginaire, ces romanciers créent un monde féerique qui, par le grossissement qu’il imprime à la réalité, rend plus fortes les idées nouvelles et les grandes leçons de morales et sociales. La trame romanesque laisse clairement apparaître la réflexion sur la condition de la femme et invite à une prise de conscience et d’initiatives afin de réduire −à défaut d’y mettre fin− toutes ces pratiques que subissent ces femmes «qui ont eu la malchance de naitre femme».

C’est en tout cas cet appel à une prise de conscience que lance Fatou Kéita à travers son œuvre “Rebelle” −son premier roman. Docteur es-lettres en Études anglo-saxonnes, Fatou Kéita est née et vit en Côte d’Ivoire où elle enseigne la littérature anglaise à l’Université de Cocody, Abidjan.

Il était une fois Malimouna, le personnage principal de l’œuvre. Fillette africaine, née de parents musulmans et analphabètes, Malimouna n’avait pas eu la chance d’aller à l’école. Pire, comme toutes les jeunes filles de son âge, elle devrait passer la difficile épreuve de l’excision afin de «devenir femme». Mais Malimouna, unique fille de sa mère n’avait pas connu la chaleur paternelle parce que son père, polygame, avait fini par divorcer d’avec sa mère. Sans doute, c’est ce vide qui justifia la dureté de son caractère. Ce caractère qui, disait sa mère, n’était reconnu qu’aux Toubabs, « ces Blancs qui foulent aux pieds les us et coutumes des noirs et corrompent dans le même temps leurs bonnes mœurs à travers leur école », et qu’elle ne pouvait, aux yeux de cette dernière, « avoir reçu que de Sanita, cette jeune venue de la ville avec qui elle s’était liée d’une amitié sincère », faisait d’elle une rebelle.

Malimouna refusait donc de se faire exciser malgré l’insistance et les supplications de sa mère qui refusait que son unique fille «lui mette la honte et qu’elle fasse ainsi la risée de tout le village». Nonobstant son refus, mais par un pacte secret tissé avec Dimikèla l’exciseuse, cette vénérée du village que le sort avait forcé à lier une amitié avec Malimouna par un concours de circonstances, la jeune Malimouna parvint à tromper la vigilance de tous, le jour de la cérémonie d’excision. Toutefois, Malimouna, on oserait dire, était victime de sa beauté.

Alors qu’elle avait 14 ans, elle sera forcée à se marier à un riche homme du village, ami de son père (P.29), un choix qui n’était pas de son goût et qu’elle fit savoir de la plus mauvaise des manières. Son acte, cette attitude rebelle, lui coutera des traitements assez dégradants, une vie presque anormale. On eut pensé qu’elle avait été maudite. Mais malédiction, il n’en était pas une. Car Malimouna, faisant preuve d’un courage hors du commun, parvint à surmonter la solitude, à vaincre son analphabétisme. Elle avait un seul rêve, et était déterminée à le réaliser, celui d’«Aider les Femmes» (P.83).

Malimouna parviendra-t-elle un jour à réaliser son rêve ? Que lui coutera ce rêve ? Devra-t-elle y renoncer ou continuer ? Jusqu’où ira-t-elle ? Parviendra-telle à se marier ? Connaitra-t-elle une vie de «femme» ? «normale» ? Quel regard portera la société sur elle ? Pourra-t-elle retourner à Boritouni, son village natal ? A quel prix ? Qu’était devenue sa mère pendant ce temps?

Bref, Malimouna serait-elle une de ces filles dévergondées, ratées que cette société hautement patriarcale devrait maudire d’avoir eu en son sein ou une éclaireuse, «une de ces Africaines d’aujourd’hui dont chacun sait qu’elles sont le sel et le moteur du continent», à aduler ?

Des questions que ne se poserait plus le lecteur après un parcours des 232 pages de ce Chef d’œuvre  écrit dans un langage plutôt simple et accessible à tous et sur un ton fait d’un savant mélange d’humour et de colère, de compassion aussi.

Un roman paru en 2009 (6ème édition) aux Nouvelles Éditions Ivoiriennes.