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L’Ile Maurice: deuxième passeport le plus puissant d’Afrique

118. C’est le nombre de pays que les détenteurs d’un passeport mauricien peuvent visiter sans visa. Le passeport mauricien est ainsi le deuxième passeport le plus puissant d’Afrique.

Les Mauriciens ont déjà un des meilleurs aéroports du continent Africain. Voilà qu’ils ont maintenant un des meilleurs passeports. En effet, selon le Passport Index 2017 d’Arton Capital, le passeport mauricien est le deuxième passeport le plus puissant d’Afrique. A l’heure où le décret Trump interdit l’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans, les voyageurs Mauriciens sont, quant à eux, exemptés de visa dans 118 pays.

En pôle position du classement africain se trouve un autre pays de l’Océan Indien que j’affectionne particulièrement : les Seychelles. Mes chers Dallons peuvent quant à eux visiter la bagatelle de 126 pays sans visa. Le top 3 du continent africain est complété par le pays de Nelson Mandela. En effet, le passeport sud-africain permet de visiter 90 pays sans visa.

Pour ce qui est du classement mondial, tout comme au football, ce sont les Allemands qui sont les champions ! Si vous êtes Allemand, vous pourrez visiter 158 pays au monde sans avoir recours à un visa. Sont aussi bien lotis, les Suédois, les Singapouriens, les Danois, les Français et toute une ribambelle de pays européens.

Quid de l’autre pôle ? Quels sont les pays qui ont les passeport les moins puissants ? Au niveau mondial, ils sont l’Irak, le Pakistan et l’Afghanistan. Au niveau du continent noir, vous n’irez malheureusement pas bien loin avec un passeport sud-soudanais, éthiopien ou somalien…

Par ailleurs, avec Donald Trump qui a interdit pendant trois mois l’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen), la circulation des peuples et des migrants est un thème qui cristallise toutes les attentions, contestations et consternations.

Ironique, quand on sait que l’Homme est un nomade depuis la nuit des temps!


Ile Maurice : lé rwa bwar en fête

Pour commencer l’année 2017, j’ai choisi de vous parler d’une tradition de l’Ile Maurice : celle de lé rwa bwar (expression créole qui pourrait littéralement être traduite ainsi, le roi boit). Qu’est-ce donc que ce fameux lé rwa bwar ?

Il s’agit tout d’abord d’une date : soit une semaine après le 1er janvier de chaque année. Normalement fêté le 8 janvier, lé rwa bwar marque la clôture des festivités de Noël et du Nouvelle an. Un parallèle peut ici être fait avec la fête chrétienne de l’Epiphanie. Lé rwa bwar en tire probablement ses origines.

Selon la coutume mauricienne, le 8 janvier, les gens se réunissent en famille chez soi ou à la plage. Au programme : baignades, repas, grillades, boissons et ségas. Lors du lé rwa bwar, tous les excès sont permis.

En effet, selon nos aînés, lé rwa bwar est aussi l’occasion de boire de l’alcool sans modération. Et pour cause, la réalité et la routine du quotidien reprennent leur droit, passé le 8 janvier. Nul besoin de préciser que la réalité de nos grands-parents était très différente de celle d’aujourd’hui. A l’époque, la pauvreté était légion à l’Ile Maurice. Mis à part une poignée de privilégiés, la plipar dimunn ti miser (la majorité des gens vivait dans la misère).

Gisèle, 65 ans, nous partage ses souvenirs.  »Longtemps, lé rwa bwar ti enn gran zafer. Ti bizin profité amisé, parski apre bizin travay kuma bef enn banane pou donn enn bouse manze zenfan. Même pour le 31 décembre, les choses étaient différentes. Notre réveillon était simple : il fallait nettoyer la maison, cirer le sol à la cire rouge et mettre des nappes et des rideaux neufs. Minwi lakaz ti bizin fini prop. Lerla nou tir petar ek nou al dormi. »

Qu’en était-il du 1er janvier ? Il s’agissait d’un joyeux va-et-vient résume Gisèle.  »Nous allions à la messe et au cimetière, pour honorer nos défunts. Puis, nous allions souhaiter la bonne année à tous nos voisins et ils venaient aussi chez nous. Zot ti donn nu enn fruit ou enn ti kas. Lerla nou al asté surpriz dan la boutik. Aster dimunn pa fer sa », constate-t-elle.

Pour les repas, les choses étaient également bien différentes et plus simples ! Au menu : des macaronis, puis un curry de poulet.  »Longtemps, makaroni ti enn gran zafer. Rar ti manz sa. Nou ti fer frikase makaroni ek corned beef, ou alors mash pom de ter ek corned beef. Après, ti ena kari poule ek pom de ter ti pwa ek salad kokom. Poule ti manze pou enn grand lokazyon. Ti enn zafer rar. Nou ti bwar la limonade Merven », se remémore-t-elle avec nostalgie.

Que de choses ont changé depuis. Toutefois, certaines traditions demeurent. Lé rwa bwar nous l’illustre bien. En attendant la grande reprise, à l’Ile Maurice ou ailleurs, profitez des bonnes choses, mais avec modération 🙂

Puis, en avant 2017 !


Clic sur la francophonie numérique

L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a rendu public, le 3 novembre dernier, un rapport sur la Francophonie numérique. Préparé par l’Institut du Droit de l’Espace et des Télécommunications (Idest), ce document permet de faire un état des lieux du français en ligne en 2016.

Comment se porte la francophonie numérique ? Bien, mais elle aurait pu aller encore mieux si on en croit les auteurs du Rapport sur la Francophonie numérique 2016. Selon eux, des progrès ont été réalisés dans le développement de l’écosystème numérique au sein de l’espace francophone, mais quelques défis subsistent.

En effet, certaines améliorations peuvent être apportées, surtout en matière d’intégration des pays en voie de développement, de sociétés de l’information, de l’intelligence et des biens communs numériques. Selon le rapport, ces défis peuvent être relevés au moyen des quatre axes stratégiques d’intervention suivants :

1. Accompagner l’innovation pour l’intégration des pays en voie de développement (PED) dans l’économie numérique.
L’entrepreneuriat des jeunes dans le secteur du numérique, ainsi que le développement de l’économie numérique devraient être encouragés dans les PED.

2. Édifier des sociétés de l’information ouvertes, transparentes et démocratiques en francophonie.
La mise en place de e-gouvernements et l’émergence de la participation citoyenne ont un rôle important. Par ailleurs, les politiques nationales pour des données ouvertes sur internet devraient être promues. Il est en de même pour la sécurité, les libertés et la confiance dans l’univers numérique.

3. Développer l’intelligence numérique au service de la diversité et du partage.
Il s’agit de soutenir le partage des ressources et la contribution des acteurs francophones. L’intelligence numérique vise aussi à contribuer à l’émergence d’une gouvernance de l’internet qui favorise la diversité culturelle et linguistique. Cette gouvernance requiert que les états soient accompagnés pour la mise à niveau de la réglementation, de la législation et de la régulation du secteur du numérique.

4. Produire, diffuser et protéger les biens communs numériques
La production et la promotion de contenus francophones sont ici encouragées, tout comme l’est l’émergence de nouveaux modes d’expression numérique. Il s’agit également de contribuer à la défense du domaine public et des biens communs de la connaissance.

Quid de l’Ile Maurice ?

Mon pays, l’Ile Maurice, s’en sort plutôt bien selon le Rapport sur la Francophonie numérique 2016. Le document avance qu’en Afrique Orientale, Maurice est le seul État membre de l’OIF qui affiche un indice IDI supérieur à la moyenne mondiale (un indice de 5,41 pour Maurice, contre une moyenne mondiale de 5,03). L’indice IDI (soit l’ICT Development Index) est une valeur repère composée de 11 indicateurs, qui a pour objectif de suivre et de comparer les progrès accomplis en matière de technologies de l’information et de la communication.

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Le Rapport sur la Francophonie numérique 2016 commente toutefois que Maurice figure parmi les pays francophones à ne pas avoir amélioré son classement sur l’indice de préparation aux réseaux (en anglais : Networked Readiness Index). Cet indice mesure 143 économies selon leur capacité à se tenir prêtes à utiliser et tirer parti des TIC, et suggèrent que l’écart entre les économies les plus performantes et les moins performantes ne cesse de s’élargir. Les seuls États qui n’ont pas amélioré leur classement sont Maurice (45e), le Caucase et l’Ex-République yougoslave de Macédoine.

Par ailleurs, Maurice a la chance de ne pas pâtir de la fracture numérique qui affecte l’Afrique francophone. Cette dernière, dans son ensemble, présente une fracture numérique régionale avec une concentration de l’activité de l’Internet et de l’infrastructure à Maurice, au Maroc, en Égypte et aux Seychelles.

Cependant, la fracture numérique est bel et bien réelle à l’échelle mondiale. Pour en venir à bout, il nous faut désormais «œuvrer (…) à l’émergence d’une société de l’information démocratique, inclusive, ouverte et transparente où les pays francophones, notamment du Sud, maîtrisent pleinement les transformations induites par les TIC et s’insèrent dans l’économie numérique mondiale dans la perspective du développement durable, équitable et solidaire», préface Adama Ouane, Administrateur de l’OIF.

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Télécharger le rapport ici.


Ile Maurice : parol kreol

La Journée internationale de la langue et de la culture créole est célébrée aujourd’hui, 28 octobre. L’occasion pour moi de poser quelques paroles en créole sur mon blog, sans traduction ou note de bas de page, comme je le fais d’habitude.

Premye fwa mo pe ekrir enn biye en kreol net, me mo krwar li ene bon l’okasyon. Zordi mo l’obsektif li pa ekrir enn lartik pou partaz enn l’opinyon ou enn l’ide. Zordi mo l’obsektif li ekrir en kreol.

Monn touzour kontan observ dimunn koze, exprime ek se kifer monn spesializ mwa en sociolinguistik. Si monn touzour adopte li depi enn pwin de vue frankofon, zordi mo pe fer li depi la lang kreol Moris. Kreol dan Moris li souven enn la lang meprize, devalorize. Bann politik pe mem gagne honte ek enkor pe debatt si kreol bizin rekonet kouma ene lan lang ofisyel dan Parlema.

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Me resman, a kote sa, ena dimunn ki pe œuvre pou valoriz kreol. Si avan ene pake dimunn ti pe met dan zar ek la lang kreol, ek avek so bann lokiter, zordi, sitiatyon pe sanze. Kreol dan Moris, li dan enn dinamik promotyon depi plis ki enn vingtenn banane deza. Ena enn diktyoner en kreol,ena bann resers iniversiter ki fer lor kreol ek li enn matyer dan lekol primer par examp. Osi, bann media komens konsyan l’importans kreol dan kominikatyon ek difisyon l’informatyon :

3_mauritius-kreol-ile-maurice-creole-mondoblog-zarMe malgre tou sa la, Moris ena enkor enn retar sirtou vis-à-vis bann vwazin Sesel. La-ba, kreol pleinemen ek ofisyelma rekonett ek li ena mem enn l’Institi Kreol :

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En atendan ki Moris ariv nivo Sesel ou bann lezot zil dan lemonde kot kreol fiermen rekonet, mo kontan ek fyer monn kapav ekrir sa biye la lor mo blog.

A tou dimounn dan zil, ek tou dimounn ki koz kreol : bonn zourne internatyonal lang kreol !

Crédit image à la une: Reshaad Durgahee.


L’hôtel de ville de Curepipe casse sa pipe

Trous béants au toit et au plafond, dalle suintante, colonnades rouillées ou en bois pourrissant… l’hôtel de ville de Curepipe se meurt. Datant du XIXe siècle, ce bâtiment colonial jadis imposant et majestueux fait aujourd’hui pâle figure. Pire, il me fait honte.

La déplorable façade de l'hôtel de ville de Curepipe.
La déplorable façade de l’hôtel de ville de Curepipe. Photo: CR

Bâti à son emplacement actuel en février 1902, l’hôtel de ville de Curepipe était à l’origine une somptueuse demeure du district de Moka. Appelée La Malmaison, cette bâtisse fût ensuite démontée et reconstruite à l’identique à Curepipe. L’hôtel de ville témoignait alors de la prospérité de la ville et représentait un des chefs-d’œuvre de l’architecture locale, comme l’illustre cette photo de 1915:

L'hôtel de ville de 1915. Photo: Vintage Mauritius.
L’hôtel de ville de 1915. Photo: Vintage Mauritius.

Cependant, tout ce prestige a aujourd’hui disparu. Avec des bâches posées maladroitement sur le toit pour contrer les fuites d’eau, le bâtiment est dans un état d’abandon et de décrépitude avancée. Il est aussi devenu un repère pour amateurs de beuveries. Des images qui me font honte en tant que Curepipienne, et surtout qui me font de la peine. Ces photos ont été prises le samedi 15 octobre 2016:

Bâche et trou béant au plafond. Photo: CR.
Bâche et trou béant au toit. Photo: CR.
Trous béants au plafond. Photo: CR.
Un plafond dans un état déplorable. Photo: CR.
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Bouteilles d’alcool et autres détritus jonchent le sol. Photo: CR

Par ailleurs, je ne suis pas la seule à être attristée par la dégradation de ce bâtiment qui avait autrefois une grande importance dans la vie sociale et culturelle des Curepipiens. Simone,Curepipienne de 62 ans, témoigne. «Cela me fend le cœur de voir l’état dans lequel se trouve l’hôtel de ville aujourd’hui. J’en garde, malgré tout, de très bons souvenirs. Autrefois, mes parents et moi y allions pour des fêtes, telles que le bal de la Fête du printemps, le reposoir de la Fête Dieu, mais surtout pour les mariages. L’intérieur de la salle de fête, avec ces immenses miroirs et luxueux lustres, était magnifique! Nous en étions fiers car il y avait peu d’infrastructures aussi belles à Curepipe. Aujourd’hui, je suis très triste. Je souhaite que mes petits-enfants découvrent l’hôtel de ville avec sa splendeur d’antan», déclare-t-elle.

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Plaque datant de 1995 commémorant la réouverture de l’hotel de ville après rénovations.

Alvino, sexagénaire de Curepipe, abonde dans le même sens. «L’hôtel de ville est méconnaissable! Je me souviens des mariages, des bals et des tournois de tennis de table qui y étaient organisés quand j’avais 10 ou 12 ans. Mais là, c’est vraiment dommage. Il est vrai que la maintenance coûte cher et que des réparations avaient été faites, il y a une dizaine d’années, afin de remettre l’hôtel de ville en état. Cependant, sans entretien ça ne sert à rien», conclut-il, désabusé.

Un sentiment que je partage. Certes, il est malheureux de le dire, mais après une histoire très riche et avec ses portes aujourd’hui barricadées, l’hôtel de ville de Curepipe casse sa pipe.


Ile Maurice : le rêve d’une certaine démocratie

En ce 15 septembre 2016, le monde célèbre la journée internationale de la démocratie. Lancée en 2007 par l’Organisation des Nations Unies (ONU), cette journée a pour but de sensibiliser l’opinion publique sur les valeurs de la démocratie et de promouvoir celles-ci.

Selon l’ONU, ‘La démocratie est une valeur universelle qui suppose que les peuples choisissent leur propre système politique, économique, social et culturel, en exprimant librement leur volonté, et qu’ils aient voix au chapitre en ce qui concerne tous les aspects de leur existence ».

En tant que citoyenne et membre de la société civile, je me devais d’écrire ces quelques lignes. Non pas que je veuille gloser sur ce qu’est ou sur ce que devrait être une démocratie en 2016. Encore moins que je veuille pavaner et archi-présenter mon pays en exemple de démocratie ou en contre exemple de démocratie. Mes collègues journalistes le font déjà très bien, en double, triple ou quadruple lecture. Mon propos sera donc une opinion en toute subjectivité.

Démocratie. La dernière fois que j’ai utilisé ce mot remonte à juin 2016, lors d’échanges avec des amis Britanniques sur le Brexit. J’avais alors été émerveillée par leurs propos et par le sentiment de fierté qui en émanait: «Ce choix marque le retour de la démocratie au Royaume-Uni» ou encore «C’est la démocratie qui s’est exprimée». Je me suis alors demandé s’il m’était déjà arrivé de m’exprimer de la sorte. La réponse: non.

Certains pourront, certes, mettre en avant l’exemple des élections législatives mauriciennes. Mais est-ce bien là le résultat d’un véritable exercice démocratique ? Quand on sait que les primaires sont quasi inexistantes dans le système politico-électoral mauricien et que ce sont les leaders des partis politiques qui choisissent les candidats aux législatives (bien souvent selon leur nom et/ou appartenance ethnique), on peut se permettre quelques questions…

Un petit détour par l’étymologie nous rappelle que le mot démocratie vient du grecque dêmos (« peuple ») et kratos (« pouvoir »). Dans le cas mauricien, le peuple dispose-t-il réellement du pouvoir? Ou se contente-t-il simplement de transvaser, au gré de ses griefs, ce pouvoir aux récipiendaires autoproclamés (souvent peste ou choléra)? La nuance entre ces deux questions est subtile. Peut-être l’est-elle un peu moins aux Mauriciens familiers aux expressions  »pouvwar dan nou la main » et  »pa less pouvwar sap dan nu la main ».

«Ce choix marque le retour de la démocratie à l’Ile Maurice». Cette phrase illustre, à mes yeux, le rêve d’une certaine démocratie. Si je ne l’ai, jusqu’ici jamais prononcée, je souhaite bien le faire un jour. Espérer si fort et rêver quelque fois d’un… référendum ! Ça y est, le gros mot est lâché. Oui, pourquoi ne pas laisser les Mauriciens s’exprimer et décider d’eux mêmes sur des thèmes relatifs à l’avenir de leur pays.

Cependant avant de monter sur mes grands chevaux, une étude analytique de la constitution locale s’impose, et des questions se posent. La société civile mauricienne est-elle, dans son ensemble, suffisamment mature et consciente de son pouvoir pour se lancer dans un exercice de référendum?

Mieux, notre système politico-électoral sclérosé, avec ses symptomatiques et dynastiques papa-piti (comprenez par là père-fils, ou quand le poste de Premier ministre serait une affaire d’héritage familial), bénéficierait-il d’un tel exercice? Oui. Non. Le débat est ouvert.


M.I.A : « Free da da dun, free dun »

Introducing my weekend anthem ! Les Britanniques M.I.A et Zayn Malik en musique, ça donne « Freedun« . Ce petit bijou mérite d’être écouté jusqu’à la fin pour être pleinement apprécié. Il sortira officiellement dans les bacs dans quelques jours. « Freedun« , c’est ça :

Si M.I.A est une artiste que je suis de loin depuis 2008, j’avoue que je m’intéresse de plus en plus à ces derniers titres. La preuve en est ce petit partage sur mon blog ! M.I.A, c’est comme un pot de Marmite, soit on aime soit on déteste. Et moi, dans les deux cas de figure : j’adore !

Autre titre de M.I.A que j’apprécie beaucoup : « Borders« , qui parle de la crise des migrants. Actualité, esthétisme, paroles, musique; tout y est. D’autant plus intéressant que M.I.A est elle-même issue d’une famille qui a fui le Sri Lanka pour le Royaume-Uni. N’en déplaise aux dirigeants du Paris Saint-Germain, ainsi qu’aux majors de la musique qui hurlent au scandale, la crise des migrants vue par M.I.A, c’est aussi ça :

La chanteuse M.I.A est une habituée des controverses en tout genre. Une vraie  »bad girl » qui assume son héritage et qui n’hésite pas à prendre position sur des sujets d’actualité. C’est peut-être pour cela que j’apprécie beaucoup cette artiste ! Go M.I.A!


Réflexions en générations

Avec les années qui passent on change, on évolue. Idem pour la société. Réflexions sur mes « générations sociologiques ».

Officiellement, je fais partie de la génération Y. Oui, celle-là même. Celle qui a eu peur du bug de l’an 2000, celle qui a connu la connexion internet « dial up », celle pour laquelle télécharger 40 secondes d’un Mp3 de Britney Spears prenait sept heures… Pour ceux qui n’ont pas connu cette époque, le dial-up c’était ça :

Officieusement, je fais aussi partie de la génération K. K pour kardashianisation. Kardashianisation du maquillage, de la mode, des vedettes, d’internet et j’en passe. Bref, la kardashianisation, c’est un peu comme le klonage …oh pardon, le clonage (voyez comment la kardashianisation a envahi le monde comme une peste, et je n’en suis même pas immunisée!). D’autres ont même trouvé un nom à cette pathologie des temps modernes, la Kardashianitis :

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Clonage des moues sur les selfies, clonage des savoirs (et son corolaire, le syndrome de la googlelisation), clonage des sociétés et des rituels de la vie quotidienne. Aujourd’hui, que vous soyez à l’Ile Maurice ou à New York, vous pouvez manger un McDo en swipant sur Instagram et en écoutant le dernier Rihanna. Bref, c’est aussi la génération Z, la génération connectée.

De K à Z, j’ai aussi l’impression de faire partie d’une génération KAZ… Une génération qui se réveille presque chaque matin en apprenant que l’horreur a encore frappé, un ensemble de jeunes actifs qui vit au rythme des #PrayFor et des #JeSuis. Cette même génération qui, surprise et médusée devant la télé, assistait en direct aux attentats du 11 septembre, mais qui quelques années plus tard s’habitue dangereusement aux breaking news, aux éditions spéciales, aux revendications, aux jours de deuil…

KAZ comme kamikaze. Et quand celui-ci exploite l’innocence de l’enfance comme il y a deux jours en Turquie, comment ne pas s’indigner? Face à la vague d’attaques terroristes qui touche les différents pays de la planète, il ne faut surtout pas céder à la  »banalisation » ou à la  »normalisation » de la violence et de l’horreur…

Je me souviens qu’en 2001, il m’avait fallu quelques minutes pour comprendre que je ne regardais pas un blockbuster avec des effets spéciaux, mais bien une attaque en direct. Or, depuis quelques années, au fil des atrocités qui ont lieu aux quatre coins du monde et des #PrayFor, #JeSuis… DuneGénérationDésenchentée.

La prochaine génération sera bientôt là. Quel monde lui transmettra-t-on? Vaste question qui mérite réflexion, et surtout action dans la bonne direction.


L’Ile Maurice, le féminisme et le Coca-Cola

C’est une tempête dans… une bouteille mauricienne de coca! En effet, beaucoup de bruit pour rien autour d’une photo de la campagne Taste the Feeling de Coca-Cola. La pub ci-dessus, qui fait pourtant partie d’une campagne mondiale, a suscité le couroux d’une consultante en genre qui l’a qualifiée de ‘presque pornographique ».

La jeune femme a obtenu que les autorités locales fassent interdire la publicité, au sacro-saint nom du féminisme. Mais aujourd’hui, face au tollé résultant de cette interdiction et au ridicule de la situation, les autorités n’ont eu d’autre choix que de se rétracter. Bref, c’est aussi ça Ile Maurice!

Comme mentionné dans mon billet La femme-objet fait art, je suis loin d’être une experte en féminisme ou en genre. Je ne suis qu’une Mauricienne ordinaire, qui vit sa vie ordinaire de jeune femme ordinaire. Acheter le journal et regarder les publicités font aussi partie de ma routine quotidienne de Mauricienne lambda. Petit échantillon de ce que je peux voir dans mon journal:

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Normalement, je n’aurais même pas du porter attention à cette pub. Pourquoi? Primo, je ne suis pas dans les affaires. Deuzio, je ne suis pas un homme. Comme l’explicite la pub Business man reads business magazine. Le message implicite serait que le monde des affaires à l’Ile Maurice ne serait qu’une affaire d’hommes et que, conséquemment le coeur de cible du magazine serait uniquement masculin… Alors, sexiste ou pas sexiste?

Autre publicité. Celle-ci vante la carte pré-payée d’un opérateur mobile:

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On peut y lire la phrase en créole: Enn 35 par zour, ce qui peut être traduit par Une petite copine par jour. La pub repose sur un jeu de mot: ’35’ pour vendre le produit (Rs. 35 par jour). Toutefois, c’est bizarre que les consultants et autres défenseurs du féminisme ne soient pas montés au créneau face à ce message. Aussi tentons d’inverser les choses et les points de vue. Même si le jeu de mot passerait à la trappe, pourquoi ne pas écrire, Enn zom par zour (soit, Un homme par jour) et faire pavaner des hommes sur la pub?

Le gender biais ou les préjugés sexistes se cachent souvent, insidieusement, dans les implicites. A sérieusement consulter les publicités, on aurait bien d’autres chats à fouetter. Alors, deux lèvres sur un goulot d’un soda, ça reste soft!


Les Chagos : l’histoire sort du tiroir

Droits humains et souverainté territoriale. Ces locutions peuvent résumer le drame qui hante les eaux de l’Océan indien depuis les années 1960, soit celui des déportés chagossiens. Ils ont été exilés de leurs îles par les Britanniques : en jeu, l’indépendance de l’île Maurice. Les Chagos ont ensuite été  »louées » aux Etats-Unis afin qu’ils y construisent une base militaire, soit la fameuse base de Diego Garcia. Les Chagossiens ont longtemps lutté pour regagner leurs îles natales. Mais le 29 juin 2016, la Cour Suprême britannique a statué que cela serait impossible.

Raconter en détail cette sombre partie de l’histoire mauricienne me paraît impossible, tant les enjeux sont multiples, sensibles et complexes ; et pourtant je me sens illégitime de le faire… Une fois n’est pas coutume, je vous présente les Chagos par le prisme d’Internet.


Le Brexit, c’est chic ?

Le « Vieux Continent » a retenu son souffle. Le 23 juin, les Britanniques ont voté contre le maintien de leur pays au sein de l’Union européenne (UE). Le Brexit l’a emporté.

Fin du suspense ! Le Royaume-Uni a voté pour sa sortie de l’Union européenne (UE). 51.9 % se sont prononcés pour le Brexit et 48.1% contre. La campagne en vue du #EUReferendum, comme il est connu sur les réseaux sociaux, a cristallisé l’attention des médias du monde entier. Des déclarations chocs de l’ancien maire de Londres Boris Johnson, en passant par des rumeurs les unes les plus farfelues que les autres, c’est surtout l’assassinat de la député travailliste Jo Cox qui a fait la une des médias internationaux.

Maintenant que les dés sont jetés, de nombreux experts détailleront tous les enjeux et effets économiques du Brexit. Je ne m’y hasarderai pas, préférant céder la plume à mes ami(e)s journalistes. Je me suis plutôt intéressée à ce qu’en pensent certains jeunes adultes. Au lendemain du vote en faveur du Brexit, voici les opinions à chaud de trois jeunes actifs britanniques :

Nick : «Ce choix marque le retour de la démocratie au Royaume-Uni»

«Je n’ai pas voté car je n’ai pas pu le faire. Si un citoyen britannique vit hors du Royaume-Uni pendant plus de 15 ans, il ne peut pas voter. Cependant, je me suis assuré à ce que ma famille vote, et vote pour quitter l’UE.

Je suis très heureux du Brexit. Ce choix marque le retour de la démocratie au Royaume-Uni. Nous ne serons plus gouvernés par des bureaucrates européens que nous n’avons pas élus et auxquels nous ne sommes pas redevables. Le Parlement britannique et la loi britannique ont retrouvé leur souveraineté.

A l’issue de ce vote, rien ne changera pour moi personnellement. Cela n’a jamais été une question d’immigration ou d’économie. Tout cela n’a été qu’un écran de fumée propagé par les colporteurs de peur : les pro UE et les Européens. Par contre, cela a toujours été une question de démocratie. Aujourd’hui, le Royaume-Uni est à nouveau un pays indépendant et souverain.»

Jana: « Ils ont regardé ma couleur de peau et en ont jugé que je n’étais pas Britannique.»

«J’ai voté et toute ma famille l’a fait. C’était crucial d’avoir notre mot à dire pour le futur de notre pays. Ce vote et ce référendum étaient plus importants que les élections législatives de l’an dernier. Cela s’est aussi vu au niveau national, car le taux de participation au référendum tourne autour des 72 %, contre 66 % lors des législatives de 2015.

Je suis surprise, mais heureuse des résultats. Ma famille et moi avons voté pour la sortie de l’UE. Tout en gardant leur religion et leur culture, mes parents se sont activement intégrés à la société britannique, et ils nous ont éduqués, mon frère et moi, de sorte à ce qu’on en fasse de même. Notre nationalité britannique est très importante à nos yeux, et elle est compatible à notre ethnicité, à notre foi et à notre culture.

Au cours de la campagne, je considérais que celle du « remain » prédominait. Il y avait comme une connotation associée au Pro-Brexit: implicitement, si vous votiez pour le Brexit, vous seriez raciste, anti-immigration et vous condamneriez le Royaume-Uni à un sombre futur. Je pensais que cela empêcherait les gens de voter pour le Brexit, mais cela n’a pas été le cas.

Je ne suis pas raciste ou anti-immigration, mais je suis d’avis qu’il est temps pour nous de prendre nos propres décisions et d’agir à notre avantage, au lieu de servir de valet à l’Europe. Ironiquement, le seul racisme dont j’ai été victime ces dernières années vient d’individus de l’Europe de l’Est. Ils ont regardé ma couleur de peau et en ont jugé que je n’étais pas Britannique.

Je ne m’attends pas à ce que le Brexit ait des effets immédiats dans ma vie. Notre sortie prendra deux ans et il y a tellement de travail à faire en vue de s’assurer que nous avons une infrastructure qui supporte notre nouveau statut indépendant. J’essaie d’ignorer la rhétorique des Pro-UE. Je la trouve plus émotionnelle qu’intellectuelle ou factuelle. Par exemple, des citoyens âgés de la vingtaine qui blâment ceux de la soixantaine et qui les rendent responsables du Brexit. 52 % de notre population n’a pas plus de 60 ans.

Personnellement, j’ai constaté que certains citoyens britanniques d’origine immigrée ont déclaré que c’était hypocrite de voter pour le Brexit. Ils le considèrent comme un acte anti-immigration. Cependant, aucune de ces personnes, à l’exception d’une petite minorité, ne se considère comme Britannique, et encore moins comme Européenne. Elles s’accrochent à leurs ancestral labels : Indien, Punjabi, Pakistanais etc.

Peu importe comment les gens ont voté, nous avons tous une même responsabilité: nous assurer que le pays progresse de la meilleure façon qui soit. Après tous, c’est la démocratie qui s’est exprimée – un thème mis en avant par les deux camps.»

Tom: «Je pensais que la majorité voterait rationnellement et je suis déçu.»

«J’ai voté car c’est mon droit. J’espère que nous ne regretterons pas notre choix. Cela m’inquiète si les gens ont voté pour des raisons plus liées à la xénophobie, qu’à des décisions économiques rationnelles. Le sectarisme prévaudrait-il, alors qu’il est à peine déguisé sous forme de contrôle aux frontières?

Je pensais que la majorité voterait rationnellement et je suis un peu déçu. La campagne du « Leave » gravitait autour du contrôle aux frontières. Je ressens comme une connotation de mauvais goût. Je pense que c’est une tentative de retour au temps de l’Empire britannique. Mais le problème est que nous n’avons plus d’Empire, le monde est bien plus différent. Et faire les choses seul sera délicat. »

Entre surprise, satisfaction et déception, les avis divergent. Un merci chaleureux à ceux qui ont bien voulu partager leurs opinions et ressentis. Je retiendrai un mot: démocratie. Oui, la démocratie s’est exprimée et son opinion se doit d’être respectée.

Le Brexit, c’est chic ? Les années à venir nous le diront.


Seychelles : découverte d’un paradis

Quoi qu’on en dise, la région océan Indien est tout de même bénie des dieux! Toutes les îles qui y sont présentes sont différentes, magnifiques et charmantes à leur manière. Après vous avoir emmenés à l’île Rodrigues ici et , je vous invite à (re)découvrir mon autre paradis de l’océan Indien : les Seychelles!

Qui ne connaît pas les Seychelles? Vedette des salons mondiaux du tourisme ou encore pygmalion des riches émirs du Golfe, l’archipel des Seychelles attire, depuis de nombreuses années déjà, les convoitises. Il faut dire que les 115 îles ensoleillées qui constituent l’archipel sont un atout majeur. Précisons aussi que les plages désertes au sable fin ne sont pas un mythe, mais bel et bien une réalité paradisiaque :

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La République des Seychelles fête sa Fête Nationale le 18 juin, tandis que l’indépendence sera célébrée le 29 juin. Je ne m’attarderai pas à détailler l’histoire seychelloise, mais pour ceux qui souhaitent en savoir plus, cliquez ici. A la place, je vous propose de découvrir l’Ile de Mahé et sa flamboyante capitale: Victoria.

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Mahé est l’île principale de l’archipel des Seychelles. Du nom du gouverneur français Mahé de Labourdonnais, Mahé est un territoire dynamique où vivent près de 70 000 personnes. L’île abrite l’Aéroport International des Seychelles, d’où décollent les vols inter-îles (Praslin, La Digue, etc) et internationaux. Une fois à Mahé, une visite de la capitale, Victoria, s’impose! Et je dois avouer que Victoria est l’une des villes que je préfère dans tout l’océan Indien.

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Ce n’est pas dû au fait qu’elle porte le nom d’une reine d’Angleterre qui fut aussi la dernière Impératrice des Indes, mais pour moi, la ville de Victoria a un je ne sais quoi de British. Je le retrouve particulièrement dans l’atmosphère de l’Avenue de l’Indépendance et de la rue Albert, dans l’agencement des plantes et arbres… quelque chose que je ne peux toucher ni voir, mais que je ressens…

Par contre, s’il y a bien un élément à Victoria qui rappelle Londres, c’est le Clock Tower. Ce monument, érigé en 1903, est une réplique mignature et argentée du fameux Big Ben:

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Outre le Clock Tower, le marché Selwyn Selwyn-Clarke, le Jardin Botannique de Mont Fleuri et la cathédrale de l’Immaculée-Conception sont des incontournables de toute visite à Victoria.

Mais il y a depuis quelques années un autre lieu qui attire les touristes. Il s’agit d’Eden Island, l’unique île artificielle de l’archipel, qui a émergé de l’océan lors des années 2000s. Eden Island étant l’aboutissement d’un riche projet dubaïote, vous devinerez qu’un individu lamda comme l’auteure de ces lignes n’a pas les moyens d’acheter une villa de luxe sur l’archipel. Par contre, j’aime beaucoup flanner à l’Eden Plaza (gallerie commerciale) et à la magnifique marina d’Eden Island.

Vue aérienne d'Eden Island. Crédit photo: Eden Island.
Vue aérienne d’Eden Island. Crédit photo: Eden Island.

Si Eden Island fait plutôt huppé, il y a un événement auquel tout le monde indistinctement, peut participer. Il s’agit du Carnaval International de Victoria, dont la sixième édition s’est tenue en avril 2016. C’est tout Victoria qui se met alors au diapason du carnaval coloré : masques, décorations et oripeaux nous entraînent dans une ambiance de fête tropicale!

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Le Carnaval International de Victoria témoigne de l’ouverture, de la richesse et de la diversité culturelle des Seychelles. Je serai tentée de vous parler des cocos fesses, de Beau Vallon et de la succulente cuisine seychelloise, mais ce sera pour une prochaine fois les gourmands 🙂

Pour conclure, un moutia de Jean Marc Volcy qui me rappelle toujours à quel point Sey si bon!

Mon kontan mon Sesel.


Rodrigues: Ile aux Cocos, l’île aux oiseaux

Après vous avoir proposé une visite à l’Ile Rodrigues  en début d’année, je vous y invite une nouvelle fois! A l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, cap sur l’Ile aux Cocos, sanctuaire à ciel ouvert…

L’Ile Rodrigues est pleine de richesses naturelles. A l’ouest de l’île, se situe l’une d’elles : l’Ile aux Cocos. Il s’agit d’un îlot de 1 500 m de long et de 400 m de large, où vivent plusieurs espèces d’oiseaux rares.

En effet, à défaut de noix de coco, ce sont les oiseaux qui nous accueillent avant même que le bateau n’accoste les côtes de l’îlot. Les oiseaux la vierge (une sterne d’un blanc immaculé) et les macouas (oiseau gris-noir à pâtes palmées) sont des espèces rares qui peuplent l’Ile aux Cocos.  Le macoua pond même au sol et y couve ses petits, explique une guide chargée de la visite.

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Le ballet des oiseaux commence sur le lagon, au bord des côtes de l’îlot.
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L’oiseau la vierge (variété de sterne blanche) de l’Ile aux Cocos. Crédit photo: MG.
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Le macoua, oiseau à pattes palmées, pond et couve à même le sol. Crédit photo: MG.

L’Ile aux Cocos est une réserve naturelle. Personne n’y habite et les visites sont autorisées jusqu’à environ 14 heures, le temps d’une balade et d’un déjeuner. Cependant, les visiteurs n’ont accès qu’à une petite partie de l’île, ce afin de ne pas perturber la quiétude des oiseaux.

Quand à la quiétude des visiteurs, elle est garantie… dans l’eau! En effet, il fait tellement chaud sur l’îlot qu’on est nettement mieux dans le lagon turquoise. L’eau est translucide et il n’est pas rare d’y appercevoir des bancs de poissons.

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Vue sur un lagon paradisiaque!

En cette Journée mondiale de l’environnement, je parle donc de Rodrigues. Pourquoi ne pas parler de mon île, la tigresse et moderne Ile Maurice? Simplement parce que je considère Rodrigues comme un modèle en terme de propreté et de respect pour l’environnement, à la fois terrestre et marin.

Deux mesures m’ont marquée. Il y a d’abord la fermeture ponctuelle de la pêche à l’ourite (nom local du poulpe) depuis 2012, afin de permettre à l’espèce de se reproduire. Ensuite, il y a l’inderdiction de l’utilisation de sacs plastique depuis 2014 (l’Ile Maurice l’a fait deux ans après, en 2016). Rodrigues a toujours eu une longueur d’avance sur sa voisine en matière d’écologie et de développement durable.

L’Ile Maurice a encore beaucoup à apprendre… Le compte à rebours a déjà commencé afin de sauver ce qui peut encore l’être…


Le lait, cette vache à traire ?

Il existe bel et bien une Journée mondiale du lait! Lancé en 2001 par la FAO, cet événement est célébré annuellement le 1er juin. Zoom sur l’industrie laitière.

Cela fait 15 ans depuis que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, soit la FAO, a lancé la Journée Mondiale du lait. Elément essentiel au sein d’une alimentation saine et équilibrée, le lait est aujourd’hui au coeur d’une vaste industrie qui connaît aussi ses crises. Un jeune éleveur producteur laitier français nous en parle.

«L’industrie laitière compte les producteurs et les transformateurs, et les affineurs en ce qui concerne le fromage. Aujourd’hui, la production se porte mal car il y a une surproduction. En cause, plusieurs facteurs : la fin des quotas laitiers en France, l’embargo russe sur les produits de l’Europe, ce qui inonde le marché européen de lait. Les Allemands, qui avaient un marché pour la Russie, bradent désormais leur lait et les industriels de produits transformés en profitent», constate-t-il.

Notre interlocuteur produit environ 60 000 litres de lait par mois, pour 53 vaches en production. Le lait «frais», directement trait d’une vache, peut-il être bu par l’Homme ? «Il peut être bu, mais pas commercialisé. Le lait part par camion citerne dans une laiterie, où il est pasteurisé, écrémé ou demi-écrémé, puis mis en bouteille. Il pourra aussi être transformé par la suite, en fromage ou en poudre», explique l’éleveur.

C’est d’ailleurs ce lait en poudre, qu’il soit de France, d’Australie ou de Nouvelle Zélande, qui atterit ensuite dans les rayons de supermarchés de l’Ile Maurice. Bien qu’il existe quelques producteurs laitiers locaux, c’est le lait importé (en poudre ou reconstitué) qui est principalement consommé par les Mauriciens. Le lait peut parfois ici s’apparenter à un véritable or blanc. Shimee, jeune maman d’enfants en bas âge témoigne. «Le lait n’est pas accessible au Mauricien moyen à cause du prix, qui est excessivement cher. Dans certains cas, comme le lait infantile coûte cher, je donne du lait pour adulte ou de l’eau sucrée aux bébés. Je pense qu’il faut plus d’importateurs. La qualité est là, mais le prix exagéré. Difficile pour une famille de classe moyenne», avoue-t-elle.

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Rayon de boîtes de lait en poudre dans un supermarché mauricien.
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Le lait reconstitué importé de divers pays est aussi très consommé à l’Ile Maurice.

En effet, les coûts de production auxquels s’ajoutent les frais d’importation ont une incidence directe sur le porte-monnaie des consommateurs. De plus, chaque pays a ses normes en matière de production laitière. «En France, elles sont très contraignantes et imposent des coûts de production assez élevés», explique notre producteur.

A l’occasion de cette Journée mondiale du lait, il souhaite faire passer ce message. «On aimerait vivre dignement de notre travail et être mieux considéré par le grand public. Toutes les crises sont dures, il faudra les surmonter en travaillant autrement pour réduire nos coûts de production», conclut-il.


Folle journée au Puy du Fou

Trop ouf le Puy du Fou? Je confirme! Ce n’est pas pour rien que le parc d’attraction a été élu meilleur parc au monde et a reçu de nombreuses récompenses internationales. Mais justement, qu’est-ce qui fait de l’expérience Puy du Fou une aventure mémorable?

1. Le décor : un Moyen Age grandeur nature et moderne!

Ce qui m’a tout d’abord frappé au Puy du Fou, c’est le décor! Un village du Moyen Age grandeur nature, un chateau où les robes illuminées de la reine flottent dans les airs, un Colisée reconstitué… Les décors du Puy du Fou sont impressionnants!

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Un décor du Moyen Age reconstitué au Puy du Fou.

2. Les spectacles : entre magie, son et lumière

Que dire des 19 spectacles? Une chose est certaine, on ne peut pas tous les faire en une journée! Pour ma part, j’en ai fait 10, ce qui est tout de même honorable! La journée a commencé avec Le Bal des oiseaux fantômes à 10h30 et s’est conclue avec le fabuleux spectacle nocturne, Les Orgues de feu à 22h. Et entre les deux, il y a eu les animaux, les Vikings, Jeanne D’Arc, les Chevaliers de la Table Ronde, entre autres, bref un passage inoubliable dans la riche et tumultueuse histoire de la Vendée et de la France. Les grands spectacles durent en moyenne une demie heure.

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Les Vikings auront marqué les esprits!

3. Les longues minutes de marche…

Le Puy du Fou rime aussi avec marches de fou! Pour se rendre aux différents spectacles, il faut marcher, beaucoup marcher… voir même courrir! Le parc s’étend sur des hectares et des hectares… Sans compter que les différents sites des divers spectacles sont relativement éloignés les uns des autres, si bien que de nombreuses personnes, dont l’auteure de ces lignes, ont même été refoulées de certains spectacles pour cause d’arrivée tardive! Donc, munissez-vous du Graal, c’est à dire du Guide Visiteurs, mis à jour quotidiennement et sans lequel il est compliqué d’organiser sa visite…

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4. Une patience mise à rude épreuve

Le sacro-saint Graal l’écrit noir sur blanc : Ouverture des tribunes 30 minutes avant le début des grands spectacles. Donc il faut marcher, courrir pour arriver avant les 30 minutes d’avance. Et quand on arrive, enfin du moins quand on croit être arrivé, il faut attendre, attendre et encore attendre… debout ou assis par terre, car il y a peu de bancs au Puy du Fou. Pour vous donner un petit apperçu, voici la file ou plutôt la foule d’attente avant le spectacle Le Signe du Triomphe présenté au Colisée :

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5. D’émotions en émotions…

Ah, mais une fois plongé dans le spectacle, on oublie vite les longues marches et longues heures d’attente! L’anglais le résume bien, no pain no gain, n’est-ce pas? L’expérience puyfolaise, c’est aussi un voyage d’émotions en émotions! De la surprise, en passant par l’émerveillement et aussi la tristesse.

Il faut dire que je suis sortie boulversée des Amoureux de Verdun, qui nous immerge littéralement dans la Première Guerre Mondiale, à travers les lettres d’un Poilu à sa fiancée. Il ne reviendra jamais… Après la tristesse, la joie! Mon spectacle préféré est sans conteste Les Vikings. Musique, surprises, effets spéciaux, tout était là! Les Chevaliers de la Table Ronde était également spectaculaire:

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Les Chevaliers de la Table Ronde sortant de l’eau! 

Je reste aussi marquée par le Mousquetaire de Richelieu! Comment un théâtre peut-il, en quelques minutes, se transformer en piscine sous vos yeux?! Le Puy du Fou renferme de nombreux secrets, et peut-être est-ce mieux ainsi. Il n’y a pas d’âge pour l’émerveillement!


Sénégal : 56 ans d’indépendance!

Le Sénégal fête ce 4 avril 2016, le 56e anniversaire de son indépendance. Vu de mon Ile Maurice natale, le Sénégal n’avait longtemps été pour moi que l’un des pays d’origine de la traite négrière à destination de Maurice, le pays de Senghor, mais surtout l’unique pays africain en quart de finale de la Coupe du monde de football en 2002! Bref, c’est dire que je savais peu de choses de ce pays!

Mais après avoir effectué un court, mais riche séjour à Dakar avec mes amis Mondoblogueurs, je suis ravie de dire que je connais mieux Le pays de la Téranga (ce nom Wolof signifie « Hospitalité »). N’ayant pas envie de tomber dans la guimauve pour touristes, je profiterai de jour de fête nationale pour partager avec vous quelques scènes du quotidien au Sénégal qui m’ont surprise ou marquée, d’une part ou d’une autre…

1. Les transports : du cheval au car rapide…

Et oui, il faut dire que j’ai tout autant été étonnée et charmée de voir ces chevaux dans les rues de Patte d’Oie. Mais que dire de ces fameux et flamboyants car rapides dakarois? Avec toutes ces couleurs et décorations, ils sont juste magnifiques !

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2. Les repas : yassa, atieke, dibiterie…

Le moment du repas était toujours très attendu, qu’allait-on bien pouvoir manger? Et bien des plats aux noms qui, pour moi, sonnaient très exotiques. De la découvert en perspective! Yassa, atieke, dibiterie, tous ces délicieux plats mangés au Sénégal ont marqué à la fois mon palais et mes oreilles 🙂

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3. Un petit air de l’Ile Maurice?

J’ai également été touchée par ces représentations de cordonniers et de coiffeurs. Pourquoi? Parce qu’elles me rappellent quelque chose de mon pays, l’Ile Maurice. Non pas qu’il existe les mêmes représentations chez moi, mais elles me rammènent avec nostalgie à un temps où il y avaient de nombreux cordonniers, cireurs de chaussures et barbiers dans les rues mauriciennes. Or ce temps est aujourd’hui révolu.

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4. Le sport sur la plage

Oui, je savais bien que les Sénégalais étaient de grands sportifs, mais je ne m’attendais pas à voir autant de gens s’entraîner sur la plage tous les jours, matin et soir! Chapeau à tout ce beau monde, car courrir dans le sable n’est pas la chose la plus facile à faire…

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Et pour conclure, quelques scènes de vie de Dakar avant de mettre le cap sur l’aéroport! J’espère bien remettre les pieds au Sénégal une prochaine fois. D’ici là, bonne fête nationale à tous mes amis sénégalais.

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Vive la République du Sénégal!


Chombo : la francophonie mauricienne tient bon

En ce 20 mars, nous célébrons la Journée internationale de la Francophonie. Alors, chombo (expression mauricienne du français tiens bon, qui veut aussi dire arrêtez-vous), le temps d’une incursion au sein de la francophonie mauricienne.

Cette francophonie doit, en grande partie, son salut à l’administration coloniale… britannique! En effet, l’acte de Capitulation de 1810 spécifiait que, même si l’île française était désormais devenue une colonie britannique, les colons français pouvaient conserver « leurs religion, lois et coutumes », langue y comprise.

Le français à Maurice a longtemps été associé à l’ancien groupe dominant, Blanc, descendant de colons français, et aux Mulâtres. Il irradiait de cette langue une aura de prestige liée à la position du groupe Blanc : prééminence politique, économique, culturelle et sociale. Ce rayonnement semble avoir défié le temps, car bien que ce groupe ne soit plus dominant au niveau politique et culturel, la langue française à Maurice n’a pour autant rien perdu de sa superbe.

En effet, elle est passée d’un ethnolecte à un sociolecte, synonyme d’ascension ou d’exclusion sociale. Le français est devenu la langue d’un processus d’embourgeoisement, qui aurait pour corollaire l’émergence d’une néo-francophonie mauricienne (Baggioni et Robillard, 1990; Carpooran, 2003). Le paysage francophone mauricien est donc varié, si bien que l’on peut parler de francophonies, au pluriel. Cette diversité s’entend surtout à l’oral, car le français régional mauricien est constitué de plusieurs variations parlées.

Le dernier accent que je m’amuse à identifier est celui des Mauriciens employés dans des centres d’appels français. Ces personnes sont souvent contraintes, par la nature de leur travail, d’adopter (ou devrais-je dire de singer) un accent dit « français », c’est-à-dire de parler « français-comme-on-parle-en-France ». Mais, là encore, quand on connait la diversité linguistique et sociolinguistique de l’Hexagone, qu’est-ce donc le « parler-français-comme-on-parle-en-France » ?

Pour ma part, j’assume mon métissage linguistique, à l’image de mon île métissée. Pourquoi adopter une approche puriste ? Quand les bien-parlants rétorquent :  »En France, on dit arrêt d’autobus et amuses gueules », c’est avec beaucoup de plaisir et de fierté que je dis respectivement « bus-stop et gajack« . Halte à l’uniformisation.

C’est aussi ça la francophonie : créativité, diversité, ouverture et liberté. Libres ensemble, de l’Ile Maurice au Sénégal, en passant par le Vietnam au Québec.

Bonne de fête de la Francophonie !


12 mars : Mauricianiser ce qui vient de l’Ile Maurice

En ce samedi 12 mars 2016, l’Ile Maurice fête ses 48 ans d’indépendance et ses 24 ans d’accès au statut de République. Depuis le début du mois de mars, les quadricolores mauriciens fleurissent et les nababs du marketing en profitent.

Point de répétition. En ce jour anniversaire de l’indépendance de l’Ile Maurice, je n’écrirai pas à nouveau sur l’histoire de mon pays ainsi que sur ma fierté d’être Mauricienne, comme dans mon billet de l’année dernière. L’un des points de départ de ce billet a été ce tweet perspicace d’une jeune Mauricienne à propos du Zinger Zasar :

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Le Zinger Zasar (traduction créole du mot achard, un condiment épicé à base de fruits ou de légumes) n’est qu’une petite touche mauricienne ajoutée au sandwich d’une marque internationale de restauration rapide à base de poulet frit :

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Que l’on mauricianise un fast-food venu d’ailleurs, pourquoi pas? Mais la question que je me pose est : pourquoi ne pas mauricianiser ce qui vient de Maurice?

Je prendrai un unique exemple : le sucre. L’Ile Maurice et ses champs verdoyants de canne à sucre, cette image n’est pas un cliché. Le sucre est bel et bien présent dans l’ADN historique et économique de l’île, tout comme dans l’ADN génétique des Mauriciens. (Le pays connaît un taux élevé de diabète, avec 220 000 cas repertoriés en 2015, selon l’International Diabetes Federation.)

Bref, tout cela pour dire que le sucre est l’un des produits les plus mauriciens qui soit. On s’attendrait donc légitimement à trouver du sucre mauricien, à prix mauricien, dans les supermarchés mauriciens. Mais à ma grande surprise et à ma grande honte, ce n’est pas le cas.

Ironiquement, le sucre le moins cher en supermarché mauricien vient de… Thailande! (approximativement Rs. 30 le kilo). Le sucre mauricien, lui, peut aller jusqu’à approximativement Rs. 134 le kilo. Pour vous aider à mieux vous situer, il faut compter Rs. 40 pour un euro… Autre ironie, une raffinerie mauricienne importe même du sucre du Brésil pour le travailler et ensuite le revendre en Afrique ou en Asie…

Le sucre importé de Thailande, vendu à approximativement Rs. 30 le kilo à l'Ile Maurice.
Le sucre importé de Thailande, vendu à approximativement Rs. 30 le kilo à l’Ile Maurice…
...Alors que le prix du sucre mauricien peut, lui, atteindre, le double.
…alors que le prix du sucre mauricien au kilo peut, lui, atteindre le double.(Photos en date du 11/03/16)

En ce 12 mars 2016, les Mauriciens sont innondés de prospectus quadricolores. Le fil rouge étant, bien entendu, le mauricianisme. Mais comment ne pas s’empêcher d’entrer dans une colère bleue en voyant les prix de certains produits mauriciens?

Mais bon, Mauricien konn tracé. Donc autant rire jaune que d’être vert de rage!

Bonne fête nationale à tous les Mauriciens!