Arva FAJELE ABASSE

#BlogueuseHeureuse

Pour 2017, je lance mon hashtag : #BlogueuseHeureuse.

Donner une vraie identité à ce blog, ce sera la mission pour cette année. Un article toutes les deux semaines pour passer en revue les initiatives qui changent le monde à leur manière ! Je reviens très vite !


Identité et mondialisation : quid de l’uniformisation culturelle ? #Mondochallenge #Identité

Quand j’ai décidé de jouer le jeu du Challenge Mondoblog, je ne savais pas que je serais la dernière à finir. Et pourtant, l’identité (au sens social et culturel) est un de mes thèmes de prédilection. Tous ceux qui ont pu parler avec moi plus d’une demi-heure connaissent les questions existentielles qui me taraudent quand on me demande qui je suis. Trois continents, des origines et cultures distinctes et une identité à définir : c’est tout le problème de ma vie. Pourtant, si on creuse un peu, ces problématiques dépassent de loin ma petite personne. Encore heureux.

Mondialisation et identité

Dans un précédent billet, j’avais essayé de montrer que la mondialisation, en accélérant les processus d’immigration et de rapprochement des peuples, était vue comme une menace par les populations et les communautés. L’homogénéisation fait peur et les replis identitaires se multiplient à l’heure où Internet fait du monde un village. Les nationalismes triomphent sur la planète à l’heure où les outils de communication devraient faire en sorte qu’on puisse se comprendre, se tolérer et s’accepter. Aujourd’hui le temps est peut-être venu de se demander pourquoi ces problèmes existent et comment faire pour essayer de les résoudre ?

Dans Les identités meurtrières, Amin Maalouf explique qu’une identité est forcément complexe : chaque être humain est singulier car son identité est composée d’influences multiples, plus ou moins importantes, mais dont aucune n’est négligeable.
L’identité devient meurtrière lorsqu’elle ignore son caractère composite et complexe. Le monde d’une personne est alors séparé par le «nous» et «les autres». Et dès que ces « autres » sont dans cette catégorie, ils n’ont plus le droit de vivre. L’identité devient meurtrière quand une différence fondamentale est faite entre « moi et ma communauté » et « toi et votre communauté. » Ainsi, quand l’une des appartenances d’un individu devient telle qu’il en oublie toutes les autres influences qui le constitue, il arrive à justifier l’injustifiable. Ces mécanismes complexes qui font oublier à un homme d’où il vient, sont à la fois issus de déterminants collectifs et à la fois de son parcours individuel.

La violence dans nos sociétés serait dûe à ces identités (presque) perdues dans la complexité des appartenances… Paradoxal hein ?

Uniformisation culturelle ? Or not… That is the question !

Quand on tape  »Mondialisation et identité » sur Google (ok, j’ai été faible), on s’aperçoit très vite que la plupart des articles se posent la question de savoir si la mondialisation est une forme de menace pour l’identité. En fait, ces articles mettent en avant la dilution de la culture par les échanges : sous le poids des technologies et de la mobilité facilitée, les cultures et communautés seraient « diluées », perdraient leur valeur et seraient donc moins fortes.

Alors oui, bien sûr, la plupart des produits consommés dans le monde proviennent des avancées technologiques occidentales, Et bien sûr, les multinationales et les médias contribuent à cette uniformisation : la plupart du contenu internet ou de la télévision provient des Etats-Unis, véhiculant avec ces images, un mode de pensée. L’exemple type de cet argument : les langues ! Effectivement, beaucoup disparaissent au profit d’un anglais qui gagne de plus en plus de terrain et de gens. Evidemment, il fallait une langue pour que tout le monde communique maintenant que le monde est devenu un village. Mais beaucoup de langues ne sont donc plus parlées et disparaissent…

Pourtant, je pense quand même, que les différentes identités culturelles, loin d’être diluées, semblent être plus fortes que jamais. Alors si l’uniformisation est poussée par l’occidentalisation des milieux urbains et la marchandisation des produits culturels, il est évident qu’il y a des résistances. Des résistances dans tous les sens en fait : on s’exprime sur tout, on donne son avis sur la politique, le réchauffement climatique, les religions, les cultures. On croit, on jure, on revendique, on manifeste. Et on s’indigne sur Twitter… Pour le meilleur et pour le pire.

Qu’est-ce que j’en pense ?

Mon identité plurielle résiste un peu plus à chaque fois que quelqu’un essaie de la mettre dans une case : je ne serai pas ce que vous voulez que je sois. Je me pose d’autant plus de questions qu’on essaie de me réduire à une appartenance, un pays, une communauté religieuse. Tout mon être essaie de résister face aux mots et aux actions prises contre mes différentes cultures : quand on touche à une de mes appartenances, c’est toute ma personne qui est attaquée, en entier.

Alors non, je ne pense pas que l’identité ait à craindre de la mondialisation. Je pense personnellement que la mondialisation, en accélérant la mobilité des personnes et donc de leurs cultures, crée des personnes encore plus riches culturellement. Et loin de menacer les identités, elle en crée de nouvelles, qui sont essentielles pour avancer dans le monde d’aujourd’hui. Mais pour ça, apprenez au moins trois langues, intéressez-vous à votre voisin, mais surtout, surtout, posez-vous les bonnes questions : perpétuer la tradition, s’assimiler à une autre ou en créer une nouvelle ? That IS the question. 


Un déjeuner pas comme les autres

Le jury réuni le 6 décembre au siège de l’OIF a décidé d’attribuer le prix prestigieux des cinq continents à Fawzia Zouari pour son roman Le corps de ma mère publié aux Editions Joelle Losfeld
Le jury réuni le 6 décembre au siège de l’OIF a décidé d’attribuer le prix prestigieux des cinq continents à Fawzia Zouari

Bravo à Fawzia Zouari qui vient de gagner le Prix des cinq continents, le prix littéraire annuel décerné par L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), pour son roman Le corps de ma mère, publié aux Editions Joelle Losfeld. Je pourrais vous décrire les qualités évidentes du roman. Mais il est déjà décrit ici, et aussi ici, et ces gens-là le font peut-être mieux que moi. Parce que pour être franche, je ne l’ai même pas encore lu.
Alors… Pourquoi je vous en parle, si je ne veux pas vous le décrire ?

Retour en arrière

Il y a deux jours la chargée de communication de l’OIF me contacte via la page Facebook de mon blog pour m’inviter à assister à la remise du Prix des cinq continents, c’est le prix littéraire annuel de la Francophonie.

Je n’y crois pas trop au départ… Au point où je lui demande – c’est bien une blogueuse que vous recherchez ? Elle me dit oui, et en plus il y a un malgache* qui est en lice pour être lauréat ! On ira tous déjeuner ensuite ! Ok, super. J’y vais. Je ne sais pas tellement à quoi m’attendre mais je dis oui. Et puis de toute façon, je risque quoi ?

Le lendemain, je visse ma casquette rouge Mondoblog (à l’envers s’il-vous-plaît) sur ma tête et je mets mes chaussettes les plus bizarres pour me donner un peu de courage et j’y vais.

13h15. Mardi 6 décembre 2016.

J’arrive tranquillement au 135 rue Saint Dominique dans le 7ème arrondissement parisien. J’étais toute émoustillée d’avoir vu la Tour Eiffel en venant. C’était déjà trop beau. Je pouvais déjà mourir en paix. Mais c’était sans compter sur ce qui m’attendait…

13h30. Je suis installée au Violon d’Ingres, restaurant chic en face d’Hubert Haddad (idole de ma vie) et de Bénédicte de Capèle, qui gère l’Association Culture elongo à Brazzaville. En entrant, ma première impression : mince, je ne suis pas habillée pour l’occasion. Avec ma maladresse habituelle, en entrant, je peine à enlever mon manteau… Sous le regard insistant du serveur qui attendait pour le prendre. Enfin, vous avez compris, je ne m’éternise pas, un canard au Lac des Cygnes. 

13h45. On m’a présentée à tout le monde. Autour de moi, les membres du jury et des invités de l’OIF : écrivains francophones illustres, des personnes engagées pour la cause francophone . Des personnes que j’admire profondément, d’autres dont je connaissais à peine l’existence. J’ai eu du mal à retenir les prénoms, les rôles de chacun. Et pourtant, j’avais révisé avant de venir.

J’avais espéré rencontrer In Koli Jean Bofane, Jean-Marie Gustave Le Clezio et parler avec le/la lauréat(e)- j’espérais par chauvinisme pur que ce serait Johary RAVALOSON, pour son sublime livre Vol à vif. Finalement aucune de ces trois personnes n’était là : la lauréate n’avait pas répondu, on ne savait même pas si elle était au courant qu’elle avait gagné. Mais malgré tout… J’étais assise à côté de Madame Le Clézio -qui est en passant, extrêmement sympathique-, en face de Bénédicte de Capèle, très intéressante aussi et en face d’un des écrivains contemporains dont j’admire le plus l’écriture et la pensée, Hubert Haddad. Alors franchement, aucune raison de se plaindre.

Le reste, je vous l’épargne

Oursins en entrée, discussions sur les prix littéraires : sont-ils vraiment légitimes ? En plat principal, un poisson dont je ne saurais vous dire le nom ni la préparation (non, mon végétarisme ne s’est pas exprimé à ce moment-là…), une discussion dont je n’ai pas tout saisi sur les Juifs indiens, La Palestine, les réfugiés, le cliché des jeunes trop connectés, les restaus où ils brouillent le wifi, champagne, on lève les verres en l’honneur de la lauréate qui n’est pas là… Tarte tatin, cigarette. Et hop, déjà 15h, c’est pas tout, mais le temps passe.

Qu’est-ce que je fais là ?

Plusieurs fois, durant ce plaisant déjeuner en grande compagnie, je me suis demandée ce que je faisais là. Mais plus le déjeuner avançait, plus mon petit complexe d’infériorité diminuait… J’ai tellement été bien accueillie par l’OIF, les mêmes responsables qui nous avaient accueillis à Tana m’avaient reconnue. Mondoblog a eu sa petite heure de gloire quand Véronique Taveau, responsable de la communication de l’OIF, rappelle dès mon arrivée au restaurant que Mondotana fut un réel succès.

Pour terminer mon monologue interminable sur ce déjeuner je dirai juste que j’en ressort avec l’impression que les blogueurs d’aujourd’hui, les jeunes connectés en général, font et feront l’information de demain. Et les institutions- l’OIF mais pas que- s’en rendent (enfin) compte.


Elle est pas belle la vie… à Paris ?

Voilà, ça fait deux semaines que je travaille en plein cœur de Paris. Deux semaines que je fais l’aller-retour entre ma petite banlieue tranquille et la ville effervescente. Deux semaines que je me balade tous les soirs sur le Boulevard Saint-Germain et les quais de Seine avant de rentrer chez moi. Elle est pas belle la vie à Paris ?

Notre Dame de Paris
Crédits : Arva Fajele Abasse

Deux semaines que j’affronte tous mes clichés sur la capitale. 

Deux semaines que je suis là. Six couples de nouveaux mariés croisés dans la rue, une centaine de SDF que j’ai eu honte de ne pas contenter, des centaines de touristes et trois « Can you take a picture please ? », des dizaines de nationalités et de langues dans le métro. Des dizaines de guêpes pas très arrangeantes sur les quais de Seine, une quarantaine de pigeons…au m². Et des milliers de publicités. Des pubs partout, dans les transports, dans la rue, dans les endroits où t’aurais jamais imaginé de la pub.

Mais Paris c’est aussi et surtout, des endroits magnifiques, des gens heureux quand ils piquent-niquent au soleil, des gens amoureux sur les quais de la gare, des gens passionnés par leur travail, leur art. Des gens normaux en somme. Et puis Paris c’est un rythme, c’est rafraîchissant, c’est entraînant, c’est revigorant… C’est le Montmartre des écrivains, c’est le pari des artistes, des créatifs et des libérés.

Crédits : Arva Fajele Abasse
Crédits : Arva Fajele Abasse

RER, Métro, Métro, Boulot, Boulot, Boulot, Métro, Métro, RER, Dodo.

Et rebelote le lendemain. 

Quand t’arrives à Paris, tu te prends quand même une belle claque dans la gueule. Et excusez-moi le langage, mais c’est tout l’effet que ça m’a fait. Quand t’es comme moi et que t’as des milliers de préjugés. Ouais Paris c’est sale. Ouais à Paris, ils sont snobs. Ouais à Paris, ils font la gueule, ils marchent trop vite et en plus, ils sont pas très aimables…. Ouais Bordeaux c’est quand même beaucoup mieux. 

Crédits : Arva Fajele Abasse
Crédits : Arva Fajele Abasse

Et quand tu te rends compte que tu passes dans les mêmes rues que tes héros de romans favoris, que la Seine a une couleur plutôt jolie au final et que tu lèves un peu la tête, tu admires le paysage et… Ouais, ça a  quand même de la gueule.

Alors oui, ça se bouscule dans les transports, les aéroports, à la gare et sur les trottoirs. Oui, les lundis matins sont difficiles, et non, le supermarché du quartier n’est pas forcément le moins cher de France. Oui, c’est pas tout le temps très propre, et non tout le monde ne vit pas bien ici… Loin de là.

Mais finalement, finalement, c’est peut-être un peu comme dans toutes les villes du monde non ?

Il n'y a pas de harsard...
Crédits : Arva Fajele Abasse

« Être parisien ce n’est pas être né à Paris, c’est y renaître » (Sacha Guitry)


Parce que même les myopes peuvent compter les étoiles

Dans ma langue maternelle, en gujarati, on dit littéralement de quelqu’un qu’il  »compte les étoiles » quand il est trop ambitieux, qu’il rêve beaucoup et qu’il n’est pas tout à fait lucide sur la réalité de sa propre vie. En temps normal, cette expression est franchement péjorative…

Rentrer chez moi cet été, à Madagascar, ça a remis les pendules à l’heure dans mon esprit. De quoi peux tu te plaindre quand tu te retrouves face à la pauvreté extrême de la majorité des gens ici ? Misère extrême dans les rues, sourires jusqu’aux oreilles quand tu les salues. Pauvres et presque toujours de bonne humeur, tu te demandes comment ils font.

Crédit : Arva FAJELE ABASSE
Crédit : Arva FAJELE ABASSE

Pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de wifi, pas de réseau mobile mais une grande île avec des étoiles plein le ciel. Des étoiles comme t’as jamais vu, t’as l’impression que c’est irréel. 42 étoiles filantes à la seconde, t’as intérêt à préparer ta liste de voeux. Et puis tu restes toute la nuit devant un feu de camp. Et là la fumée ne te dérange plus, les moustiques ne te dérangent plus, le sable ne te démange plus. Parce que tu entends le bois qui crépite, les vagues qui vont et viennent et surtout, t’entends le silence des étoiles dans le ciel. Les petits plaisirs de la vie, de la vue, comme dirait l’autre.

Et là, tu sais pertinemment que t’es moins qu’une poussière dans l’immensité de l’univers. Que des milliards de gens sont sous le même ciel. Et que des milliards de gens ne sont pas aussi chanceux que toi. Toi tu peux compter les étoiles. Au moins toi, tu peux les voir.

C’est une autre sorte de luxe, quand même de pouvoir compter les étoiles. Ou plutôt de ne plus pouvoir les compter tellement il y en a. Tu relativises. Tu oublies ce que tu pensais être grave. Tu oublies que t’existes en fait.

Crédits : Arva FAJELE ABASSE
Crédit : Arva FAJELE ABASSE

Et puis, un truc en toi te demande de gâcher le moment. Prendre une photo, gâcher l’instant. Peut-être pour le partager. Capturer le moment ?  Non même pas, ton appareil refuse. Il fait trop noir, et pourtant il y a des milliards d’étoiles dans le ciel.  Qui brillent comme pas possible. Tout ce qu’il te reste pour partager ça, c’est une image un peu floue dans ta tête et des mots pas très précis, pas très jolis…

Et tous les soirs, maintenant, ici tu lèves la tête au lieu de la baisser sur ton écran te téléphone.


Chez le bouquiniste

Il y a énormément de choses que je ne fais pas parce que je n’ai pas le temps. Toujours débordée, toujours pressée… Dans mon monde, on ne s’arrête pas tellement. Alors je passe souvent à côté d’expériences formidables… Ce bouquiniste, par exemple, devant lequel je passe plusieurs fois par mois en me disant ‘‘j’irai quand j’aurai le temps ». La pire excuse du monde, tu ne trouves pas ?

Parce que chez ce bouquiniste, faut pas être pressé. Chez lui, on arrête le temps. On entre, on regarde un peu ébahi les livres répartis du sol au plafond. Il y en a partout et pour tous les goûts : dans les étagères, par terre, dans des bacs, des sacs, entassés, amassés, en pile ou en ligne… Il y a des livres partout, vraiment partout. Les vieilles étagères en bois recouvrent des murs qu’on devine derrière les bouquins chinés. Au plafond, quatre mètres au dessus du sol, les ouvrages tiennent presque en équilibre : on les croirait s’envoler. Ceux-là, deux échelles permettent de les atteindre, mais il faudrait déjà venir à bout de tous ceux qui flirtent avec tes pieds.

Bouquinerie Alain Guillaume, rue Sainte Catherine, Bordeaux Crédits : pinterest.fr
Bouquinerie Alain Guillaume, rue Sainte Catherine, Bordeaux. Crédit : pinterest.fr

Le plus impressionnant, à part le nombre de livres au mètre carré, c’est peut-être la mémoire de M.Guillaume qui tient ces lieux depuis plus de trente ans. Il connaît l’emplacement précis de chaque titre. Et pourtant, rien n’est rangé par ordre alphabétique, c’est à peine si tu peux reconnaître les catégories. C’est un joyeux bordel dans lequel il se repère comme un funambule sur son échelle. Les noms d’auteurs et les titres de romans, BDs, recueils poésie, pièces de théâtre, dansent dans des typographies, des formats, des couleurs et des éditions différentes. Quand t’es là, tu veux tout toucher, tout lire, tout feuilleter, tout comprendre, tout apprendre, tout oublier et recommencer encore et encore,

Et t’as pas eu le temps de faire « ouf  » que t’as pris un bouquin entre tes mains, tu en as lu une page, puis deux, puis trois puis un chapitre et tu te dis  »ok je le prends, je le finirai à la maison. »  Tu fais ça avec un bouquin, puis deux, puis trois et  tu te dis  »ok, faudrait peut-être que je les pose quelque part . » Tu fais une pile, puis deux puis trois…

Et puis tu regardes ta montre, tu paniques, l’heure a tourné. Tu regardes tous ces bouquins que tu veux prendre, tu paniques et tu te rends compte qu’il faudra casser ta tirelire, et puis surtout, avoir le temps de tout lire…

Arva FAJELE ABASSE


Parce que même les poissons rouges ont une mémoire

Fais un tour dans ton bocal, petit poisson rouge, ça ira mieux, tu ne te souviendras plus. Parce que rien n’est facile, mais rien n’est compliqué à oublier, surtout pas ce qui t’a marqué. Même quand tu as une mémoire de poisson rouge et que tu ne sais plus, une fois de plus, où t’as foutu les clés. T’oublies plein de trucs, sauf ce qu’il faut. Comme cette fois où t’as oublié de fermer la porte de chez toi, où t’as oublié de faire la vaisselle pendant trois mois, où t’as oublié de dormir deux nuits d’affilée et de te reposer sur le canapé.

De toute façon, t’as pas le temps. C’est bien le problème de ta vie ! T’as pas le temps de faire ci ou ça, mais t’as pas le temps non plus de te souvenir, ni d’oublier, les bonnes choses… T’as pas le temps de ranger, trier, classer tes souvenirs, entre ceux que tu dois jeter aux oubliettes et ceux que tu peux remettre sur leur piédestal. Et du coup t’accumules. Comme une boule de neige, tellement grosse qu’elle va s’exploser la gueule sur une pierre.

Parce qu’il y a des choses qui reviennent. Même quand t’as une mémoire de poisson rouge. Des trucs qui bougent, qui reviennent et tournent en rond dans ta tête. Des petites choses de ton enfance, des émotions que tu ressens encore comme si c’était hier, la sonnerie de ce téléphone qui t’était si chère.

Mieux, tu te souviens de ces choses auxquelles tu rêvais, de ce que tu rêves encore d’être plus tard, de ces tourments de gosse et de ton innocence à l’époque, quand t’avais pas vu tout ça. Oui, tu voulais être une princesse. Tu veux encore être une princesse. Mais tu ne sais toujours pas comment faire, tu savais avant, t’avais un plan d’action tout fait. Mais t’es toujours pas une princesse ! T’as oublié.

L’avantage c’est qu’un rien suffit à te rassurer, à t’encourager,  à te motiver… Comme un rien suffit à t’empoisonner : un air de musique, une petite fleur blanche, une mimique, une poupée, une main… Faire comme si de rien n’était, continuer à avancer. Tout va bien, rien n’a changé. Il faut faire un tour dans ton bocal petit poisson rouge. T’auras oublié d’ici là…. Mais tu te rappelleras plus vite que tu ne le penses. Parce qu’il y a des choses qui reviennent.


Parce que même les super-héros ne sont pas parfaits

Aujourd’hui, alors que j’avais fait une erreur monumentale sur un projet, un ami m’a dit :  » Arva, tu vois, tu n’es pas parfaite ! Tu fais des choses formidables, mais tu ne peux pas être parfaite. » Moi qui essaye toujours de mettre toutes les chances de mon côté pour que ce genre d’erreur ne m’arrive pas, ça m’a fait un électrochoc.

Je pense que j’ai toujours essayé – en vain évidemment – de plaire à tout le monde, de toujours bien faire les choses, de ne pas décevoir, de ne pas être la cause d’un conflit, d’un mécontentement, de tout faire parfaitement et rapidement. Je me suis toujours efforcée d’apprendre vite, d’être la petite fille modèle qui ne déçoit pas, qui rend ses parents fiers, et à qui on ne reproche jamais rien… Je voulais être la super-héroïne que personne n’a jamais réussi à être. Grosse ambition pour une gosse me direz-vous ?

Oui très grosse ambition même. Je crois que je n’ai jamais réussi. Et heureusement. Parce que chaque échec, chaque reproche, chaque proche mécontent, permet de se remettre en question, de s’attarder sur ce qu’on a fait de mal, de se questionner sur notre responsabilité dans telle ou telle affaire. On prend du recul et on trouve des solutions. Plaire aux autres, c’est s’intégrer à un groupe, avoir l’illusion d’être apprécié et forcément, ça fait du bien. Parce qu’on a tous envie d’être aimé, surtout quand on est ado, quand on est un peu paumé et qu’il faut absolument s’intégrer.

Mais à la longue, ça en devient handicapant. Handicapant dans la mesure où tu te perds un peu. Tu as du mal à faire des choix parce que tu ne sais pas vraiment qui écouter. Tu perds un peu de ta personnalité et puis toutes ces personnes qui te reprochent des choses finissent par penser, comme toi, que tu portes toute la responsabilité de tous les problèmes de la Terre. A force de te persuader de pouvoir tout résoudre, de pouvoir contenter n’importe qui, tu en finis par convaincre tout le monde que tu peux tout faire. Et là, l’enfer, c’est que tu ne peux pas plaire à tout le monde. « L’enfer, c’est les autres ».

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En grandissant, on apprend à s’affirmer, à faire des choix. Des choix qui ne dépendent plus de leurs envies, mais de tes besoins. Des choix que tu assumes. Et là, ça dérape. Bizarrement, tu ne prends plus les mêmes décisions et ton entourage devient différent : tes amis disparaissent, reviennent, se renouvellent… Il y a ceux qui ont évolué avec toi et d’autres qui n’ont pas compris et qui ont préféré ne pas comprendre. C’est aussi ça la vie, je crois que c’est laisser le temps au temps et de laisser les gens faire comme ils le sentent parce qu’ils sont grands, eux aussi. Parce qu’ils font des choix qu’ils assument.

On a tendance à idéaliser les gens, parce que l’herbe est toujours plus verte ailleurs et aussi parce qu’on ne voit (sur les réseaux sociaux par exemple) que ce qu’on veut bien nous montrer. On a tendance à voir ses propres problèmes plus graves que ceux des autres.  »Tu vois comment les enfants de Monsieur X sont sages ? »  »Pourquoi je ne suis pas comme lui ?  »  »Elle a tellement de chance, quelle belle vie ! » Je crois qu’on occulte l’humanité de l’autre, dans le sens où lui aussi est humain, et est tout autant enclin que nous à faire des erreurs et à avoir des problèmes.

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En grandissant, tu apprends aussi que tes héros d’hier ne seront pas tes héros de demain. Parce que les héros de ton enfance ne sont pas ceux que tu croyais, eux non plus ne sont pas parfaits en fait. Personne ne plait à tout le monde, et c’est tant mieux parce que sinon on ne chercherait pas constamment à se dépasser, à faire des efforts, à prendre sur soi, à s’ouvrir aux autres, à être tolérant, à accepter les différences et respecter l’autre tel qu’il est… Personne n’est parfait, de temps en temps il est bon, pour soi et pour les autres de s’en rappeler. 


Rentrer dans le moule ou l’échec du système éducatif

Connaissez -vous la vidéo qui s’intitule « Do schools kills creativity  » (comment l’école tue la créativité ) ? C’est la vidéo d’une conférence TED (Technology, Entertainment and Design) tournée en février 2006, on y voit Ken Robinson, expert en éducation internationalement reconnu. Ce qu’elle a de particulier ? C’est la plus vue de toutes les conférences TED ! Elle a été vue plus de 37 millions de fois. Les commentaires les plus nombreux sous la vidéo se résument à :  » Everyone should watch this  » (Tout le monde devrait voir ça). Pourquoi ? Prenez dix minutes, regardez, vous comprendrez…

Ken Robinson, c’est un peu le gourou de la créativité et de l’innovation. Intellectuel et expert en la matière, il a notamment conseillé le gouvernement britannique sur ces questions. Son livre The Element: How Finding Your Passion Changes Everything ( « L’Élément : Quand trouver sa voie peut tout changer ! »), paru en 2013, est un bestseller aux Etats-Unis, c’est un véritable succès d’édition planétaire, il a été traduit dans 21 langues.

Ken Robin défend l’idée simple que l’école et les systèmes éducatifs actuels (en particulier dans le monde occidental) tuent l’imagination des enfants. Comment ? En faisant croire aux enfants que l’erreur est mauvaise, qu’elle est une faute, et qu’il ne faut jamais se tromper. Selon lui, à l’école maternelle, les enfants sont pour la très grande majorité des génies en puissance, ils ont tous une pensée originale, forte et spontanée. Mais nos systèmes éducatifs ne savent pas faire face à cette vitalité, ils ne sont pas adaptés à l’énergie et au dynamisme créatif des plus jeunes. Calquée sur le système de l’usine, l’école ne valorise pas les talents de l’enfant parce-qu’elle encourage un comportement type dans un monde de différences. Or l’imagination est diverse, les talents et les passions d’un enfant sont nombreux. A l’opposé de cette créativité, le système scolaire enferme l’enfant dans une découverte de lui qui se limite à des savoirs ; l’enfant ne s’exprime plus, il n’est plus actif et créatif, il est contraint d’écouter passivement. Conclusion, à l’heure où l’on a plus que jamais besoin de matière grise et d’innovation, l’école échoue dans son rôle.

Ce constat est aujourd’hui flagrant, c’est si vrai que certaines grandes écoles de commerce (comme la mienne) imposent des cours qui s’intitulent  »Thinking Out of the Box » (« penser en dehors des voies toutes tracées ») dans le but d’encourager la créativité et l’innovation, un véritable éloge à la pensée divergente en somme. Mais pour que cela fonctionne, je pense qu’il faudrait avant tout soigner les causes, pas les conséquences …

Arva FAJELE ABASSE


La jeunesse 2.0 face à la réforme du travail

Aujourd’hui on a l’impression que les politiques sont déconnectés de la réalité des citoyens, des femmes et des hommes qui vivent et travaillent au sein d’un même pays. Le projet de réforme du code du travail fait beaucoup parler de lui. Autour du tollé créé par ce projet, que beaucoup trouvent abject et régressif, la mobilisation s’organise. Ce ne sont pas les syndicats, ni les partis politiques ou autres voix politisées qui mènent la danse, mais bien la jeunesse 2.0 tout droit sortie de Youtube, Facebook et Twitter. Combien de fois on a entendu :  » il faudrait que les jeunes s’impliquent plus en politique  », on y est !

 

Crédits Dany Caligula (Image libre de droits)
Crédits Dany Caligula (Image libre de droits)

 

Si vous voulez savoir plus précisément ce que contient cette réforme, je vous conseille d’aller sur le site de loitravail.lol, qui présente de façon claire et concise ce que la loi pourrait changer dans le quotidien des salariés, et probablement dans le vôtre. Moi ce que je veux vous montrer c’est ça :

 

#Onvautmieuxqueça est un hashtag lancé par un collectif de Youtubeurs, des vidéastes engagés qui donnent la parole à des gens comme vous et moi au sujet d’un projet de réforme qui concerne tout le monde car nous sommes tous concernés. Le but ? Rassembler des centaines,voire des milliers de témoignages pour partager les expériences de chacun au travail. Le but est aussi de donner de la visibilité à des situations qui sont devenues courantes dans le monde du travail et qui paraissent donc « normales », alors qu’elles sont en réalité souvent amorales ou humiliantes et parfois illégales !

 

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Contrats précaires, sexisme, compétition déloyale, discrimination raciale ou ethnique, burn-out et horaires impossibles… Les internautes se sont emparés du mot-clé #Onvautmieuxqueça pour témoigner de leurs expériences difficiles.

Mais ce sont surtout les politiques qui ont surfé sur la vague : Benoît Hamon, député PS des Yvelines, a utilisé l’expression en déclarant« on vaut mieux que ça, la gauche vaut mieux que ça, la France vaut mieux que ça, les salariés valent mieux que ça », sur France 2, puis sur Twitter. Jean-Luc Mélenchon a salué le mouvement.

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Pour Dany Caligula, membre du collectif et Youtubeur, la réforme du code du travail n’est pas la vraie cause de cette mobilisation. Dans sa dernière vidéo sur la loi du travail ( Loi Travail : pourquoi il faut agir ), il explique les raisons qui l’ont poussé à rejoindre le collectif #On vaut mieux que ça et l’importance de cette mobilisation générale : cette réforme est vraiment la goutte d’eau qui fait déborder le vase, selon lui, il faut profiter de cet élan de mobilisation pour vider complètement le vase, et même l’exploser !

Si vous souhaitez vous mobiliser vous aussi, deux choses à retenir :
– La  pétition Loi travail : non merci, lancée par Caroline De Haas est la première initiative qui a été lancée contre la réforme du travail , elle a déjà recueilli 810 000 signatures, à vous de signer !
– Sachez que des manifestations auront lieu mercredi 9 mars dans toute la France. Retrouvez les projets de rassemblement dans différentes villes ici –
Peut-être que l’état d’urgence  empêchera  certaines manif … mais ça c’est une autre histoire.

Arva FAJELE ABASSE


Dites-moi ce que vous consommez, je vous dirai qui vous êtes #1

En 2016, j’ai décidé de ne plus me voiler la face. Oui, ce que je consomme a un impact sur mon environnement, ma qualité de vie, ma santé mais aussi sur les conditions de vie de personnes, d’animaux, de forêts plus ou moins près de moi. J’ai compris que si des décisions devaient êtres prises à l’échelle internationale pour que les choses changent vraiment, il fallait néanmoins que chacun fasse le nécessaire pour se responsabiliser et assumer les conséquences de sa propre consommation. Le monde va mal, c’est un fait, et sur beaucoup de points. Et j’ai réalisé que si chacun avait l’occasion de se documenter un peu, ça entraînerait probablement des changements de comportements.

Et c’est là que j’interviens. J’ai décidé de prendre les bonnes décisions : pour l’instant, j’ai choisi de me documenter et de changer mon comportement au quotidien, en faisant ce qui me semble être le mieux pour moi et mon environnement. Je vous embarque dans cette aventure, qui va sûrement se révéler longue et pleine d’embûches !

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Dites-moi ce que vous mangez, je vous dirai qui vous êtes…

 J’ai décidé de commencer par mon alimentation. Et là, quand on commence à chercher, on est très vite noyé dans le flot d’informations, souvent assez contradictoires. Avant, il y avait les carnivores, les végétariens, et éventuellement le régime alimentaire un peu particulier de votre cousine qui essaie de perdre du poids. Maintenant, vous avez les végétaliens, les vegan, les frugivores, les crudivores, les flexivores (ou flexitariens), les locavores… Enfin bref, vous l’avez compris, de petits éclaircissements s’imposent.

V E G E T A R I S M E 

Le végétarisme, c’est le fait de s’alimenter sans viande. Sans viande, sans poisson, sans crustacés et fruits de mer. C’est important de rappeler tout ça, même si c’est la base. Je dis ça parce qu’il m’est déjà arrivé ça :

– Bonjour, avez-vous un plat végétarien ?

– Oui, bien sûr, nous avons du thon.

– …

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La définition la plus large du végétarisme correspond à l’ovo-lacto-végétarisme. Il s’agit du végétarisme occidental classique qui consiste à consommer des végétaux, des champignons et des aliments d’origine animale comme le miel, les œufs, le lait.

Certains peuvent trouver illogique la position du végétarien qui ne consomme pas de viande par éthique et qui continue de consommer du lait et des œufs, puisque ces derniers sont issus des mêmes industries que combat le végétarien.

V E G E T A L I S M E / V E G A N I S M E

Le végétalien est un végétarien qui ne se nourrit pas non plus des  »sous-produits » animaux tels que le lait (et donc les produits laitiers), les œufs ou le miel.

Le véganisme, par contre, n’est pas qu’un un régime alimentaire. Un vegan est un végétalien qui a choisi d’exclure tout produit animal de son mode de vie. Il ne porte par exemple plus de cuir, et fait son possible pour ne consommer que des produits dont la production ne nécessite pas d’exploitation animale (produits non testés sur les animaux, notamment)

F R U G I V O R I S M E

Un frugivore ne se nourrit que de fruits et de légumes frais, de graines et de noix. Il ne consomme aucun produit d’origine animale, ni de produits transformés par l’homme. L’humain, comme les singes, est frugivore, mais pas exclusivement.

C A R N I V O R I S M E

Un carnivore, c’est tout bête, mange de la viande : des tissus animaux, vivants ou morts. 80% de la population mondiale environ est carnivore, mais là encore, pas exclusivement.

F L E X I V O R I S M E 

Le flexivore (ou flexitarien) fait partie d’une petite catégorie entre les végétariens et les omnivores. C’est un végétarien qui s’autorise exceptionnellement de manger de la viande.  Beaucoup ont l’impression, grâce à ce régime, de cumuler tous les avantages du végétarisme sans les inconvénients d’un régime restrictif. Mais ça c’est une autre histoire, on y reviendra plus tard.

L O C A V O R I S M E

locavorisme-849x535Les locavores sont une frange de la population de plus en plus importante qui s’efforce de consommer des produits frais et de saison, à acheter sur les marchés et/ou aux agriculteurs ou paysans locaux (dans les AMAP, les épiceries locavores, les maisons de producteurs, des points de distribution ou les cueillettes par exemple), à choisir leurs propres aliments, en faisant valoir la qualité du produit frais et local, dont le goût serait meilleur que les produits industriels.

Mais le locavorisme ne se limite pas au régime alimentaire. Pour le maintien de la diversité des paysages et des écosystèmes, les locavores prônent la réduction des pesticides, des énergies fossiles pour les livraisons, ou des plastiques d’emballages par exemple. Il veulent également faire acte de stabilité sociale par le maintien harmonieux des populations sur les territoires.

Pourquoi vouloir changer d’alimentation ? 

J’ai décidé de commencer par réduire puis stopper ma consommation de viande. Je suis devenue depuis trois mois végétarienne. Etant donné qu’on ne peut parler que de ce qu’on connaît, voici plusieurs raisons de réduire ou bien de stopper carrément sa consommation de viande. Il peut s’agir de raisons éthiques ou religieuses, d’allergies, de refus de l’exploitation animale ou d’une réaction aux pratiques concernant l’élevage, la traçabilité ou l’abattage des animaux.  Une autre raison est le manque de transparence sur la composition de certains produits qu’on peut trouver – en grande surface, par exemple. Voilà les motivations principales retrouvées dans différents témoignages.

L A  S O U F F R A N CE   AN I M A L E

Arrêter de consommer de la viande, c’est admettre que les animaux sont doués de sensibilité. Les rapports qui prouvent que les animaux de ferme sont sensibles et conscients d’eux-mêmes se multiplient. Par exemple, les vaches qui ont un nom et qui sont traitées comme des individus peuvent accroître leur production de lait.

Aussi, il faut noter que les poulets ne sont pas plus bêtes que le chat ou le chien que vous avez chez vous. Au terme de ses recherches, la scientifique Siobhan Abeyesinghe a très bien résumé pourquoi nous nous obstinons à voir dans la poule un animal bête : « nous avons cette protection psychologique qui consiste à dévaloriser les animaux que nous utilisons pour produire de la viande, ainsi nous ressentons moins d’inquiétude à leur sujet ».

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 »Être végétarien, c’est être la preuve vivante (et en bonne santé) que le régime omnivore, à dominance carnivore, n’est plus adapté à notre mode de vie du 21ème siècle, où les protéines animales ne sont plus indispensables comme elles le furent à l’époque de croc-magnon.

Ne pas se nourrir de produits animaux, non seulement c’est possible, mais en plus c’est bénéfique à celui qui s’en passe, au reste du monde et aux animaux.  »

– Fondation Brigitte Bardot

L A  P O L L U T I O N  E N V I R O N N E M E N T A L E 

Voici les éléments mis en avant par notamment, l’Association Végétarienne de France concernant les impacts de l’élevage sur notre environnement :

– émissions de gaz à effet de serre supérieures à celles émises par la totalité des transports mondiaux selon l’ONU !

– gaspillage des ressources en eau : en considérant que les données internationales sont transposables à la situation française actuelle, manger végétal permet l’économie de 5 400 litres d’eau par personne et par jour, soit une centaine de douches.

– déforestation de l’Amazonie en raison des cultures massives de soja pour nos animaux « d’élevage ».

– perte de biodiversité : l’élevage nécessite de grandes quantités de terres qui ne sont plus disponibles pour les autres espèces. En effet, 1 ha peut nourrir 30 personnes s’il est consacré à la culture de légumes ou de fruits, 5 personnes seulement s’il est dédié à la production d’œufs ou de viande (d’après Bruno Parmentier, directeur de l’École supérieure d’Agriculture d’Angers).

– pillage des océans : chute de 90 % des effectifs parmi les espèces couramment consommées. Par ailleurs, pour obtenir 1 kg de poissons d’élevage, il faut, pour les nourrir, 5 kg environ de poissons sauvages transformés en farine.

– pollutions : nitrates, etc…

L E  B I E N – Ê T R E / L A  S A N T E

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C’est prouvé, le régime végétarien ne provoque pas de carences : les protéines végétales existent et beaucoup d’aliments permettent d’en retrouver. Au contraire, un régime sans viande serait meilleur pour la santé : nos habitudes alimentaires incluent, depuis 50 ans, trop de viande. Or, ingurgiter trop de viande, c’est comme manger trop de sucre ou boire trop d’alcool : c’est mettre sa santé en danger. De nombreuses études scientifiques ont ainsi démontré que cette surconsommation a un lien direct avec les maladies cardiovasculaires, certains cancers (intestin, prostate, côlon, pancréas, sein, poumons), les attaques cérébrales, le diabète, l’hypertension, et bien sûr, l’obésité. Ainsi, un homme omnivore d’âge moyen a trois fois plus de risques de mourir d’une maladie cardiovasculaire qu’un végétarien.


Si  vous voulez des faits, cette vidéo de DataGueule s’exprime beaucoup mieux que moi :


Je ne suis pas pour un régime alimentaire plutôt qu’un autre, mais j’estime que tout le monde devrait au moins comprendre les conséquences et l’impact d’un régime pour prendre une décision en conséquence. Je continue d’être  »végétarienne » aussi parce que, finalement, ce n’est pas si compliqué, pas contraignant du tout, et que ça me permet de goûter des choses que je n’aurais jamais goûtées avant.

Affaire à suivre,

Arva FAJELE ABASSE


Mais pourquoi tu pleures ?

Certains posent la question avec agacement, d’autres avec compassion, d’autres par curiosité… Mais c’est sûr, personne ne comprend vraiment. Même pas toi-même. Oui toi, qui pleure tout le temps. Sans raison. Tu ne fais rien d’autre, tu rentres, tu t’assois, tu pleures. Et ça ne te soulage pas. Ça ne s’en va pas.

C’est presque ridicule. Pourquoi tu pleures ? Ils se demandent et toi tu ne sais pas. Peut-être que tu sais en fait, peut-être que tu as essayé de chercher. Parce que quand même, quand tu pleures comme ça il y a une raison, non ?Personne ne pleure sans raison. Ils te le disent tout le temps, personne ne pleure sans raison.

Mais pourquoi tu pleures ?  Tu as tout ce qu’il faut pour être heureux, ils te disent. Certains en sont convaincus, d’autres hésitent, d’autres te mentent mais qu’importe, toi tu sais que tu n’es pas heureux. Tu sais. Tu ne pleurerais pas toutes les larmes de ton corps le soir quand tout le monde est parti, que les fenêtres sont closes et que tes yeux brûlent.

Pourquoi tu pleures ?  Tu ne sais pas. Et eux ils cherchent la cause de tes malheurs. Parce qu’ils disent qu’ils faut trouver des solutions. Il faut chercher la cause. Pourquoi tu pleures ? Je ne sais pas. Mais ce n’est pas une réponse, je ne sais pas. C’est pas ce qu’ils veulent entendre, il y a toujours une raison. Parce qu’il faut soigner la cause, pas les conséquences.

Mais pourquoi tu chiales comme un gosse sans raison ?  Peut-être que t’as besoin qu’on te foute la paix. T’as peut-être besoin de ne pas être surveillé. T’as sûrement besoin qu’on te rassure, être entouré d’amour. Parce que tu n’aimes pas les reproches difficiles, les jugements faciles et les insultes inutiles. T’as sûrement besoin qu’on te soutienne, qu’on te retienne, que tu appartiennes à quelque chose, à quelqu’un, quelque part. T’as besoin qu’on te réponde, qu’on te regarde plus souvent comme il la regarde, lui là-bas, et elle là, tu la vois ? Elle est heureuse, pourquoi pas toi ?

Pourtant faudra que tu t’expliques un jour. T’essaies un peu de temps en temps, mais quand t’essaies c’est jamais assez. Tu ne sais pas comment faire. Comment expliquer. C’est vrai quoi, comment t’expliques à tous ces gens que tu pleures parce qu’un truc s’est brisé en toi il y a quelques années de ça. Et que ça ne part pas. Ça ne part pas. Des années plus tard, tout a changé mais tu pleures toujours. Tu as tout reconstruit mais tu pleures toujours. Comment t’expliques à tous ceux-là qui croient, que ça va passer, que c’est ta crise d’ado, que c’est ta crise d’adulte, que c’est ta crise tout court… Comment tu leur dis que tu ne dors pas depuis des semaines, des mois, années entières. Que la crise c’est censé passer et que là, ça dure, c’est comme une vague qui te recouvre à chaque fois plus fort, à chaque fois plus profond. Et qu’au final, tu te laisses faire, tu te noies. Comment tu leur expliques que tu as mal depuis tout ce temps et que ça ne part pas ?

Mais pourquoi tu pleures ? Tu pleures parce que tu sais que le jour où ça s’arrêtera, ta vie aussi sera finie. Tu pleures parce que tu as déjà essayé de faire que ça s’arrête. Une fois. Deux fois. Plusieurs fois. Mais t’es qu’un lâche, tu ne veux pas avoir mal, mais t’as envie que ça s’arrête.

C’est dur hein, d’être lâche ? Faut aller voir un psy, mon gars, moi j’peux pas t’aider plus que ça. Si il pourrait. Il pourrait te dire que la vie c’est fait de hauts et de bas. Il pourrait te dire que toi, t’es tellement bas déjà, que tu peux pas aller plus loin dans tous les cas. Alors c’est le moment de te relever. De rattraper le temps que t’as perdu à pleurer. Il pourrait te dire qu’il faut avancer maintenant. Il pourrait juste te prêter son épaule. Pour pleurer c’est plus confortable, il paraît.

 

 


Je sais que j’ai déjà écrit sur le mal-être, la dépression saisonnière notamment mais il me semble que plus je vais et plus je me rends compte que beaucoup de personnes sont atteintes de ces petits (ou grands) troubles qui affectent le quotidien. Si me lire vous aide, tant mieux. Mais j’espère surtout  que ça aide certains d’entre vous à aider d’autres personnes : beaucoup ne savent pas réagir, beaucoup ne comprennent pas. Et même si vous ne comprenez pas, souriez. Restez bienveillants et tolérants. Ça change des vies.


La vingtaine

 » Hier encore j’avais vingt ans, je caressais le temps et jouais de la vie comme on joue de l’amour, et je vivais la nuit sans compter sur mes jours qui fuyaient dans le temps. J’ai fait tant de projets qui sont restés en l’air. J’ai fondé tant d’espoirs qui se sont envolés que je reste perdu ne sachant où aller les yeux cherchant le ciel mais le cœur mis à terre …  »

Moi, aujourd’hui j’ai vingt ans et alors que je m’accroche au cinéma d’animation comme à une bouée de sauvetage dans l’océan obscur de la maturité et de la responsabilité, je me rends compte que j’aimerais moi aussi caresser le temps, plus longtemps encore et l’arrêter. Le problème c’est que le temps file. Il file à une vitesse qui m’étourdit. Et bim, une heure passée, bim une journée partie trop vite, vlan une semaine, et des mois passés comme ça sans trop les voir. Sans trop les vivre.

Et pourtant, c’est encore le bordel dans mon esprit. Et le temps fait la course. Je range un coup, et hop une nouvelle année qui chamboule tout encore. Peut-être que ça va trop vite pour moi. Les projets se bousculent, les gens passent, repartent et reviennent pour certains, disparaissent pour d’autres, j’ai appris ci, j’ai oublié ça, et puis tiens, c’était comme si c’était hier. Je viens d’arriver, il faut déjà repartir, et les changements arrivent, une embrouille, un amour et une amitié par ci, un échec, une déception et une surprise par là. Les saisons s’enchaînent, les fruits aussi, les feuilles dans les arbres changent de couleur devant ma fenêtre. Et moi, je suis là, j’écris, je n’écris plus et puis je reprends parce que le temps fait la course et que moi faut que je me pose.

 » Hier encore j’avais vingt ans, je gaspillais le temps et croyant l’arrêter et pour le retenir même le devancer je n’ai fait que courir et me suis essoufflé, ignorant le passé, conjuguant au futur, je précédais de  »moi », de moi toute conversation et donnais mon avis que je voulais le bon pour critiquer le monde avec désinvolture  »

Je veux tout lire, tout écrire, tout dessiner, tout entreprendre et refaire le monde et puis je me rends compte que j’ai déjà vingt ans. Peut-être que ça va trop vite pour moi. J’ai peut-être grandi trop vite, j’ai peut-être sauté des étapes. Mais grandir n’a jamais paru aussi difficile. Certains disent qu’on est adulte à dix-huit ans, d’autres préfèrent attendre vingt et un, moi je ne sais pas. Je crois qu’on est adulte quand on se rend compte que la vie est trop courte. Et puis carpe diem. On s’en fout, on plaque tout, on part.

Et pourtant tout est à faire. Mille questions me taraudent, il y a des millions de choses à construire. Et pourtant les jeux sont faits. Tout est accompli, on est grand, on a déjà brûlé nos cartes. Faut qu’on décide ce qu’on veut devenir. Et depuis tes quinze ans on te demande ce que tu vas faire quand tu seras grand. Tu réponds toujours : je ne sais pas, j’hésite. Mais à vingt ans, t’as plus le choix, tu décides. On a décidé, c’est une fatalité et on ne peut plus rien changer. On fait quoi maintenant ? On passe sa vie à faire ce qu’on a décidé à 20 ans.

 » Hier encore j’avais vingt ans et j’ai perdu mon temps à faire des folies, qui ne me laissent au fond rien de vraiment précis, que quelques rides au front et la peur de l’ennui, car mes amours sont mortes avant que d’exister. Mes amis sont partis et ne reviendront pas. Par ma faute j’ai fait le vide autour de moi, et j’ai gâché ma vie et mes jeunes années du meilleur et du pire, en jetant le meilleurs. J’ai figé mes sourires, j’ai glacé mes pleurs. Où sont-ils à présent, mes vingt ans ?  »

Demain je dirai  » Hier encore j’avais 20 ans  », et le lendemain, je me sentirai peut-être plus jeune qu’aujourd’hui et j’aurais peut-être de toute façon l’impression que le bonheur s’enfuit toujours, que la vie fait la course et que finalement, la vie est trop courte.


Histoire d’une pause

De temps en temps je prends le temps et je fais une pause. J’arrête le temps. Non je fuis le temps. Je recrée le temps et je redessine l’univers. A ma manière. Ça met deux secondes, comme deux minutes, comme deux bons mois. Ça dépend de la pause.

De temps en temps je fais une pause. Aujourd’hui, je fais le tri, je range, je plie, je me rappelle et j’oublie. Aujourd’hui j’efface, je choisis de gommer, de sublimer, ou de tout arrêter. Aujourd’hui je suis acteur de mon ménage, de mon bordel et de ma vie en quelque sorte. Oui, fini la déprime, on se renouvelle. Qu’avait dit le psy déjà ? Le bordel c’est jamais bon, dans la tête comme à la maison. Je le prends au mot. Je mets les mots sur les choses. Les détritus à la poubelle, les histoires au placard et les vêtements dans les armoires. Dépression, finie. Larmes, avalées. Sourire, en place. Enthousiasme, à toute épreuve. Pause. On repart et on renouvelle. Aujourd’hui, je fais le tri, je range, je plie, je me rappelle et j’oublie. Alors pourquoi le bordel dans ma tête n’est pas parti ?

De temps en temps, je fais une pause. Je me surprends parfois à ne rien faire et rêvasser en l’air. J’arrête le temps, je regarde le plafond. Dans le noir. Dans le silence. Je ne sais pas si c’est l’espoir ou l’innocence, mais déjà dans ma jeunesse, je mettais la vie sur pause, d’une page à l’autre d’un mauvais livre, d’un cours ou d’autre chose, je m’allongeais mécaniquement sur le dos et faisais en sorte que mes pensées volent, qu’elles volent comme des oiseaux lâchés dans les airs, comme un feu d’artifice. Des oiseaux qui volent vite, disparaissent, reviennent et vivent. Suffisait d’une mélodie un peu douce, et mes pensées perdaient le fil, je me laissais aller dans ce tourbillon d’images qui arrivait et qui repartait aussi vite en fumée.

De temps en temps je fais une pause. Pause-café. Trois pauses café par jour. Ils disent que ça détend, au travail. Ça fait une coupure, ils disent. Alors on fait des pauses. On travaille comme des dingues, et puis on fait des pauses. Aussi stressantes les unes que les autres. Ils quittent chacun leur bureau comme des automates. Ils s’approchent, ils se parlent, ils se voient. Mais ils ne s’écoutent pas, ils ne se regardent pas. Et les voir, tous en train de parler de leurs problèmes. Brouhaha un peu surréaliste où chacun ne parle que de lui-même, et personne ne t’écoute. Chacun s’écoute. Comme une thérapie. Une thérapie collective, ou peut-être individuelle.

De temps en temps je prends le temps, je fais une pause. J’arrête le temps. Non je fuis le temps. Je fuis les gens. Je recrée le temps et je redessine l’univers. A ma manière. Je me déconnecte. Je ne parle plus, je ne vois plus, je n’écris plus. Je ne les connais plus. Ça met deux secondes, comme deux minutes, comme deux bons mois. Ça dépend de la pause. J’arrête pour mieux revenir. Je fais des pauses, pour mieux repartir.


PS :

J’aime bien regarder la vue, prendre un peu de hauteur
Prendre le temps, prendre du recul, prendre les choses moins à cœur
J’aime bien faire une pause, penser à toi et sourire
Te sentir près de moi et te regarder dormir

Pause – Grand Corps Malade

 


La chambre, ou le théâtre de l’existence

Innocence. Je suis née dans une chambre baignée de lumière. Un endroit joli mais sans grande décoration. Des murs blancs, des draps sans couleur une atmosphère magique d’amour et l’odeur des endroits d’avant. J’ai ouvert les yeux dans cette chambre blanche, dont les rideaux fleuris flottaient doucement au rythme d’une petite brise d’automne. Une lueur d’espoir illuminait un regard déjà trop curieux d’apprendre mais souvent enfermé dans un sommeil tendre.


Enfance. Cette chambre a pris des couleurs au fur et à mesure des traces de doigts plein de peinture sur ses murs. Bêtises de gosses et joies faciles ont teinté de rouge, de bleu, de jaune, ma petite vie d’insouciance fragile. Heureuse des centimètres que je gagnais trop vite, j’ai appris à marcher, à tomber, à courir et limite, à habiter cette chambre beaucoup trop propre pour moi et mes pas trop rapides.


Décadence. Il fallut plus de couleurs encore sur les murs quand, à l’âge ingrat entre l’enfance et l’outrance, elle commença à devenir mon refuge. Fenêtres fermées, rideaux tirés, lumière artificielle, je méditais. Durant ces instants de paix fragiles que je gagnais à m’y enfermer, je découvrais le luxe de ne pas être dérangé, lors de mes angoisses existentielles et mes rencontres avec les étincelles de l’amour incompris. Age où seul le soleil ne s’enferme pas, j’ai appris dans ma chambre que les solitaires ne peuvent s’exprimer que dans leur aire.


Effervescence. Devenue étudiante, elle m’a servi de cuisine mais aussi de salon. Ma chambre était devenue ma maison et ma maison l’occasion de toutes les déraisons. A l’heure des réceptions et des soirées tardives, ma chambre était devenue le repère des gangsters, le radeau des damnés et là où on semait la poudre comme la poussière le soir entamé. La nuit tombée, la ville reprenait son souffle et on passait des heures à rêver de l’avenir, d’une vie meilleure, et des jours où enfin une vie prospère remplacerait la galère.


 

Ma chambre verra tout, elle me suivra, de l’accouchement à l’agonie, de l’amour aux détours de la méditation et des angoisses. Bien des instants me mèneront à elle, le sommeil, l’amour, la méditation. Elle sera le théâtre des premières comme des dernières années de ma vie. De l’innocence à la sagesse. Du rêve à la réalité. 


Il était une fois le bonheur

Il était une fois le bonheur.
Il paraît que la vie est devant moi, que le futur reste à conquérir, que l’amour n’est pas si facile à appréhender. Pourtant, j’ai le boulot dont j’ai rêvé, la vie que voulais. J’écris, je lis, je peins, je ris, je vis la vie à l’infini. Chaque seconde est à prendre avec le sourire parce qu’à tout moment ça pourrait être pire. Pourtant tout ça n’est qu’ennui. Le bonheur n’est pas si bien que je croyais. Une fois qu’on l’atteint, il s’envole, comme une petite hirondelle. Parce que tout est toujours parfait, que tout est bien planifié, organisé, ordonné. Parce que finalement ce qui faisait vibrer c’était justement de vivre un peu à côté. Alors oui, ma vie est parfaite. Mais les muses sont parties.

Bonheur certes. Mais ensuite pages blanches, nuits blanches. Ecriture sans sève et sommeil sans rêves ni cauchemars d’ailleurs. Nuits noires et blanches à la fois et toujours sans couleurs. Rires sans folie et amour sans passion. La vie perd un peu de sa substance. Que vaut la joie quand la tristesse n’est plus ? Que vaut l’amour quand la haine n’existe pas ?
Je n’ai plus peur, je ne veux plus partir. Je n’angoisse plus, je ne veux plus mourir. Je veux rester là, parce que tout va bien. Parce que ma vie est parfaite. Mais les couleurs sont parties.

Bonheur sans couleurs est inutile. Parce que j’aime les contrastes. Les contrastes qui vivent et qui s’animent. Les forces qui s’opposent et les couleurs vives. Quand le temps s’efface derrière des moments riches en intensité. Et le bonheur tout seul ne sera pas mon objectif. Parce que c’est trop simple d’être heureux. Parce que c’est trop simple d’effacer ce qui me rend triste. De remettre à plus tard ce qui fâche, d’écarter ce qui détruit. Parce qu’être triste de temps en temps, peut-être que ce n’est pas une tare. Peut-être qu’être énervé, angoissé, déprimé, étourdi, engourdi, un peu détruit, c’est aussi ça la vie. Parce que ma vie n’est parfaite sans les nuances qui l’accompagnent.

Parce que l’idée du bonheur c’est bien, mais le vivre, c’est mieux.


Pensée critique et enjeux mondiaux actuels

‘’Le minimum d’actions, de dépenses, d’investissements (…) scientifiquement nécessaires pour combattre le réchauffement de la planète dépasse largement le maximum politiquement faisable pour ne pas perdre les prochaines élections ‘’ disait Al Gore, l’homme politique, le prix Nobel de la paix et l’écologiste américain lors d’une de ses désormais célèbres conférences sur le réchauffement climatique et les enjeux écologiques mondiaux.

Alors s’il est vrai que l’information autour de l’aggravation de la santé de la planète due à l’activité humaine incontrôlée depuis un siècle est aujourd’hui, dite, redite et martelée par les médias et dans les sommets politiques, comment se fait-il que quasiment rien ne change ? Le paradoxe est que la destruction de la planète est allée à une vitesse exponentielle les dernières décennies alors que la mobilisation autour de ces problèmes prend un temps beaucoup trop important vu l’enjeu.

Si Al Gore touche un point sensible en parlant de l’attitude des politiques face au développement durable et aux directives à mettre en place, il n’y a pas que ce facteur qui joue. Ainsi la majorité des régimes politiques aujourd’hui est constituée de démocraties. Si le peuple veut une transition écologique, un monde plus vert, une planète qui pourra assurer le bien-être des générations futures en termes de ressources et de confort, le peuple peut. En théorie.

Les problèmes qu’engendrent le système économique et social actuel doit provoquer un débat concret autour de solutions constructives à mettre en œuvre pour éviter les obstacles et résoudre les conflits. Ainsi, si des solutions au niveau global sont nécessaires et absolument incontournables, il faut que les populations soient prêtes à accepter ces changements et à évoluer dans leurs modes de vie. Ainsi, la sensibilisation et le débat autour des enjeux autour de l’avenir du monde doit concerner non seulement les décideurs mais encore et surtout les populations elles-mêmes. Des populations, qui à travers leurs habitudes quotidiennes, leurs achats, leur façon de penser déterminent à chaque seconde le futur de la planète.

Il est donc inconcevable d’attendre du politique et qu’il agisse tout seul. Il faut même qu’il réagisse plutôt à une demande de la part de ceux qui l’élisent. C’est ainsi qu’il faut mettre en œuvre des solutions à la fois à l’échelle du citoyen lambda et à l’échelle globale en passant par –last but not least- l’échelle régionale et locale. Les solutions concrètes sont faciles à mettre en place quand il s’agit d’une région plutôt que d’un pays et plus généralement, les décisions se prennent plus facilement à l’échelle d’un pays plutôt que celle du monde. Comment faire pour relancer ensemble ce débat sur la planète en proposant des solutions touchant aussi bien le citoyen lambda dans sa façon de faire ses courses, que l’entrepreneur qui lance une stratégie pour son entreprise ou un Etat pour lui permettre de développer son pays ? Le débat est vaste, les enjeux sont graves et la discussion est lancée.

Alors que le système économique s’essouffle, que la géopolitique mondiale fait apparaître des conflits et que les inégalités croissent dans tous les sens, tous les indicateurs pointent vers le présent et la conjoncture actuelle. Pourtant des problèmes bien plus graves nous attendent à l’avenir si les choses ne changent pas rapidement.


L’ombre et la lumière

L’obscurité était son échappatoire. Elle aimait écrire dans le noir, quand rien ne l’éloignait de son écran. Quand rien n’encombrait son esprit et que rien d’autre n’existait. Elle, son écran se noircissant de lettres, et une histoire. Rien d’autre. Elle aimait croire que l’obscurité effaçait ce qu’elle ne voyait pas et que le temps s’arrêtait la nuit. Quand le monde reprenait son souffle, quand les rues n’étaient plus noyées dans le bruit, elle prenait le temps d’apprécier le calme et la tranquillité de quelques heures. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle aimait tant le cinéma. Une salle sombre, un écran, une histoire. Et puis, plus rien n’avait d’importance. Elle s’envolait avec son imagination, ou celle de quelqu’un d’autre, peu lui importait. Elle était comme emportée. Elle aimait ça, le noir. Rien ne pouvait la troubler alors dans sa tranquillité. La paix fragile de son âme, celle qu’elle essayait de maintenir, en éteignant la lumière à longueur de soirées.

Elle fuyait sa vie en fuyant la lumière en quelque sorte. L’obscurité réconfortante l’empêchait de voir ce qui n’allait pas, et elle remettait au lendemain ce qu’elle croyait pouvoir fuir aujourd’hui. Ne pas y penser, ne pas voir, c’était sa stratégie. Toujours écrire quelque chose, toujours lire une histoire, se laisser bercer par une jolie musique. Manger, dormir, s’occuper. C’était la stratégie. Rien d’autre n’avait d’importance.

Elle vivait comme ça depuis des mois, des dizaines de mois qu’elle fuyait le monde réel. Elle sortait. Sortir car il fallait bien vivre ou  survivre, continuer à mener cette mascarade perpétuelle. Quelques fois elle allait au cinéma : elle choisissait les salles et les horaires les moins fréquentés, ne regardait personne dans les yeux, et retournait chez elle. Manger, dormir, s’occuper. Et éteindre la lumière de préférence.


 Lui préférait justement la lumière. Même si celle qui éclairait les livres qu’il lisait avec attention était artificielle. Il regrettait l’obscurité de son appartement. Il aurait aimé voir le soleil se lever avec lui. Et lire ses livres à l’infini à la lueur du jour. Il aimait les parcs au printemps et regarder les soleils couchants. Il aimait les belles images et la beauté des paysages qu’il capturait au rythme des saisons et des horizons dans un appareil photo. La lumière, il la capturait, la relâchait quand il le souhaitait. Chez lui, les photos se succédaient. Il capturait la beauté de l’instant et les couleurs des saisons. Lire à la lumière du jour ou observer ceux qui ne le comprenaient pas. Ceux qu’il essayait de comprendre. Ceux qui l’aimaient, sans savoir qui il était. Et ceux qu’il aimait, sans qu’il ne sache pourquoi.

Il apparaissait bon vivant. Il ne l’était pas. Personne ne le savait. Il paraissait aimer les gens profondément. Et pourtant, la misanthropie le frôlait quand il observait les comportements dans sa vie de tous les jours. Observer, lire et écouter. Comprendre sans jamais être compris.

Il était comme enfermé. Emprisonné dans une image qui n’était pas la sienne. Dans un reflet qui ne le représentait pas. On attendait de lui d’être ce qu’il n’était pas. Entre incompréhension, colère et illusions.

Il vivait comme ça depuis des mois, des dizaines de mois qu’il ne tenait plus en place. Qu’il ne supportait plus sa place. Il leur parlait, parce qu’il fallait bien rire, ou faire semblant de rire. À des blagues de moins en moins drôles. Et sourire en retour à des sourires de moins en moins sincères. Et continuer à vivre dans une image qui n’était pas la sienne. Il fallait sortir de là. Renaître ailleurs. Trouver un reflet. Et de la lumière. Observer, lire et écouter. Comprendre et être compris. En allumant la lumière, de préférence.

 Tous deux seuls. Tous deux enfermés. Chacun son monde. L’une chez elle, l’autre chez les autres. L’une dans l’ombre, l’autre dans la lumière.

 Un point commun mais des milliers de différences. Elle aimait fermer les yeux quand il aimait les ouvrir. Elle s’évadait dans un noir qui l’oppressait. Il s’épanouissait quand elle, elle angoissait. Elle ne comprendrait pas son enthousiasme, il ne comprendrait pas sa détresse. Il regardait les couleurs du monde et elle en imaginait de nouvelles. Elle vivait dans l’ombre. Lui, dans la lumière.

Pourtant, il aurait pu lire ce qu’elle écrivait. Et elle, regarder ce qu’il photographiait. Il aurait pu capturer la lumière de ses yeux et elle, inventer pour lui, des mots qui lui correspondraient.


Dans les ténèbres, l’imagination travaille plus activement qu’en pleine lumière. 

Emmanuel Kant – La fin de toute chose