Cunisie

Miss Tunis-Dubaï !

Vous parlez de Miss France là? Attends pour voir. Y a Miss Tunis-Dubaï. Et ça rigole pas!

 

Tu fais styly ou comfy quand tu voyages? Moi je m’en bats la race je sors en pyjama. Parce que bon tu te lèves stressé, si tu as réussi à dormir hein, parce qu’entre faire son sac à la dernière minute, essayer de trouver le haut qui va avec le pantalon, qui va avec l’autre haut, qui va avec les chaussures, qui vont avec le pull qui est au fond de la corbeille à linge en fait, et finir de faire la vaisselle, forcément t’as pas le temps de te coiffer ou de te maquiller. Tu fermes le gaz avant de partir quand même et tu es content parce que tu trouves un taxi et que c’est bon t’es dans le timing. Et tu te détends.

Et là t’arrives à l’aéroport et tu as envie de te cacher dans ta valise.

Parce que les meufs elles rigolent pas là! Les meufs elles font défilé à l’aéroport de Tunis-Carthage. Putain le bad!

J’ai fait Tunis-Dubai. Jaw jaw jaw! Normalement au comptoir ils te demandent si tu as un visa pour le pays de destination sinon ils te refoulent. Moi j’ai cru qu’ils allaient me refouler parce que j’avais pas de Lonchamp-Lanvin-Gucci et parce qu’en fait c’est un peu comme si j’avais pas d’habit quoi.

Déjà elles étaient TOUTES en talons AIGUILLES. Le truc tu peux pas marcher avec, c’est pas vrai, c’est un mythe, c’est un truc de torture. Alors le combo tirer une valise + courir + talons aiguilles WOOW elles driblent les meufs.

Et la moitié des nénettes étaient voilées. C’était surréaliste. Il était pas 7 heures du mat. Je crois que je rêvais encore un peu. Ou pas. Mais quand même pour aller dans un pays où les meufs s’habillent en abayas je m’attendais à autre chose!

Celle qui faisait la queue devant moi, ben je lui donne la couronne de la reine du concours miss Tunis-Dubaï. Elle était habillée en soie. De bas en haut. En soie. C’est TRANSPARENT la soie madame. En soie « rose bébé » comme elles disent ici. Ben oui c’est bien connu un bébé c’est rose. On voyait tous les détails de son string. Et pourquoi le regard descendait jusqu’à ses fesses ? Ben parce qu’elle portait un hijab, mais style à l’iranienne dégagé devant. Et puis style équitation derrière : la pointe du foulard pendouillait et se balançait sur le bas de son dos. Forcément ça distrait. Elle avait des talons aiguilles blanc vernis. Tu y crois toi? Je me suis demandée si c’est parce que j’ouvrais trop les yeux pour lutter contre le sommeil que je voyais tous ces trucs.

Ou alors peut-être que les autres êtres humains les voient aussi, mais trouvent ça normal. Après tout la nénette là elle a acheté un ensemble veste pantalon, hijab ( oui oui ) en soie rose bébé. ça veut dire que quelqu’un a pensé à le fabriquer.

Puis elle a acheté des talons aiguilles blanc vernis.

Et elle a tout mis ensemble.

Et elle s’est maquillée à la truelle.

Et puis elle est partie prendre un avion Tunis-Dubaï.

Comment elle a fait pour sortir de chez elle sans créer une émeute? Est-ce qu’elle a pris un taxi ? Y a bien un moment où la meuf elle a dû se tenir debout dans la rue. Y a pas eu d’accident ?

J’étais toute confuse. Je me suis dit que c’était peut-être comme aller en boîte de nuit de monter dans un avion Arabian Airlines.

Et c’était pas fini.

Les hôtesses de l’air étaient assisses dans la salle d’embarquement avec nous. L’une à côté de l’autre. Habillées pareil avec le même petit sac à main posé sur les genoux et le même rouge à lèvres rouge. C’était comme le moment où les miss défilent en maillot de bain. Sauf que là elles étaient en hôtesse de l’air.

Alors madame de Fontenay l’année prochaine allons droit au but : faites-les défiler en hôtesse de l’air les miss, qu’on voit lesquelles seront opérationnelles.

La Rue


« Good people only »

 

Aujourd’hui c’est POLITIQUE. POLITIQUE-POLITIQUE-POLITIQUE ! Oh putain le gros mot! C’est bon là, pas la peine de se boucher les oreilles ou de cligner des yeux, vous allez survivre. Alors donc on a voté pour élire des (vieux) parlementaires il y à peine un mois, d’ailleurs on a encore un peu d’encre indilibile comme on dit ici, et antifraude sur les ongles et voilà rebelote on y retourne dimanche pour élire un (vieux-corrompu-moche) président de la République.

Cette fois dans le Parlement les islamistes ont perdu des sièges, ils en ont « que » 69. Yaahahahhaahaa! On a réussi à mettre 69 et islamistes dans la même phrase, bingo, compte double, tu passes pas par la case prison : D

Mais alors comme c’est les affairistes de droite qui ont gagné, ouf on est sauvé, on s’évite « l’hiver arabe » . Vous avez entendu parler de « l’hiverarabe » ? Mais si voyons! C’est un jeu de mots débile des médias occidentaux. Non contents d’avoir parlé de la révolution tunisienne comme de la révolution de jasmin, alors que Sidi Bouzid le jasmin mafamech (y en a pas) et que nous pour rigoler on disait le printemps des figues de barbaries, parce que y a plein de cactus, donc non contents d’avoir trouvé un petit nom à la révolution, ils ont eu plein de théories sur la fin du monde : c’est-à-dire la prise de pouvoir par les islamistes et donc « l’hiver arabe » …

Alors moi j’étais dans un bar, comme souvent, et je pensais à tout ça. Aux vieux politiques, aux islamistes, à l’ancien régime, aux martyrs, au futur président qu’on ne sait pas comment choisir parce qu’il y a 27 candidats pas mieux les uns que les autres, je pensais à tout ça parce que je buvais de la gazouz (un soda) et je me disais : Z*b c’est vrai que quand même c’est pas folichon folichon là, on va encore se retrouver avec des femmes flamenco-saucisson et des vieux, moches et frustrés pères de famille pris au piège comme députés. Et puis la musique a chatouillé mes oreilles.

Béni soit le DJ. Un bon son années 90 : IAM et toute la piste de danse qui se secoue. Ça fait des rondes, ça fait du break, ça porte des mini-jupes bleu électrique, des crop tops, des talons de députée, des baskets, des casquettes, des pantalons taille basse en dessous du niveau de la mer. C’est magnifique.

Béni soit le VJ. Au mur une « Alice au pays des merveilles » hystérique, un lièvre de mars hypnotisé et une chenille qui n’en finit plus de tirer sur sa chicha.

Du coup je me dis qu’un pays où les gamins dansent sur IAM et ont bien compris qu’Alice avait pris un truc c’est des gamins qui ont des valeurs et qu’on ne peut pas baratiner.

En levant les yeux au-dessus du comptoir je me rends que le proprio a pris la peine de faire accrocher au mur un panneau à leds sur lequel défilent les mots : « Only for good people ». Peut-être qu’on aurait dû mettre la même chose à l’entrée du Parlement et du Palais présidentiel ?

En tout cas c’est bon on a beau être au mois de novembre, l’hiver arrivera pas tout de suite.

La Rue


En Tunisie les mecs veulent «une fille propre»

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C’est un soir où je rentre tard et où j’allume la radio, un peu par hasard. Je tombe sur la voix de crécelle d’une animatrice hystérique. Qui glousse.

Et qui pose des questions débiles à des auditeurs qui n’ont pas l’air plus éclairés qu’elle. Et comme attendu, ça donne droit au paroxysme de l’hypocrisie.

– Bonsoir à qui ai-je l’honneur ?
– Bonsoir c’est Aymen à l’appareil.
– Bienvenu sur xxxx FM Aymen !
-Merci madame.
– Alors Aymen, ce soir dans notre émission nous nous interrogeons sur les qualités qu’une fille tunisienne doit avoir et ce qui fait qu’elles sont particulières. Quelles qualités doit avoir une fille pour te plaire ?
– Alors de mon point de vue les filles tunisiennes sont des filles bien. Elles sont bien éduquées et c’est ça qu’on attend d’elles…
– Mmmh…
– … qu’elles soient des filles  » de bonne famille  »
-Mmmh…
-… des filles   » propres « …
– Mmmh…
– Vous dites  « mmmh  » parce que vous êtes pas d’accord ?
– Non je t’écoute, j’écoute ton avis.
– Ok. Alors voilà, c’est ça qui fait qu’elles sont mieux que les autres. Et puis c’est important que la fille soit honnête, qu’elle mente pas. Qu’elle dise pas qu’elle reste à la maison et qu’après elle sorte en cachette.
– Ok merci Aymen pour ce témoignage. Et maintenant on passe à notre prochain auditeur qui va nous donner son avis sur les filles tunisiennes. Bonsoir, qui est à l’appareil…

Une fille propre, bien comme il faut, qui préserve les apparences. Un peu comme l‘histoire de ce couple qui se marie parce que la nana est enceinte et que sinon on va avoir droit à un  » bâtard « , à la famille du marié qui va faire prétendre que la meuf est une marie-couche-toi-là parce qu’elle a un polichinelle dans le tiroir, comme si elle l’avait fait par la volonté du Saint-Esprit et que le mec ne couchait pas, lui.

La Rue


Le célibataire ou le marié ?

Bar

Un bar un soir de semaine c’est un peu dur. On y trouve surtout des hommes vieux et gros. Et les filles qui les accompagnent sont, bon… disons qu’elles sont pas très élégantes quoi.

C’est pas un lieu où tu vas trouver des discussions intellectuelles, de la passion, de la vie. C’est pas un lieu où tu vas trouver de l’amour. Par contre on y trouve du sexe. D’ailleurs je crois qu’on y trouve que ça. Y a ceux qui viennent parce qu’ils sont frustrés et qu’ils cherchent quelque chose. A combler le vide. Ou alors peut-être un moment d’oubli. Parce qu’à la maison ça va pas. Parce qu’ils se sentent seuls, qu’ils le soient vraiment ou qu’ils soient en couple.

Moi je ne m’imagine pas dans un mariage malheureux. Mais autour de moi j’ai l’impression qu’il n’y a que ça. Des gens malheureux, coincés et frustrés. Des mecs mariés qui se tapent des petites minettes. Des petites minettes qui cherchent un mec pour quitter le cocon familial. Des célibataires qui veulent le rester, mais savent faire croire le contraire.

En fait il y a surtout beaucoup de solitude dans un bar un soir de semaine.

Moi je me suis retrouvée dans un de ces bars, un soir de semaine. J’avais envie d’une bière. J’aurais dû m’abstenir. Ou faire des courses avant de rentrer.

Parce qu’en plus de me retrouver dans un nuage de fumée de cigarettes, je me suis retrouvée coincée entre un homme marié et un célibataire qui prétend ne plus vouloir l’être.

Mellah jaw ! Donc c’était un mercredi soir et j’avais le choix entre prendre rendez-vous entre midi et deux avec un mec marié, pendant que sa femme était au travail. Ou bien rentrer direct avec le célibataire, qui allait disparaître avant d’avoir dit ouf.

Le point commun : ils te présenteront pas à leur mère, tu n’auras pas à faire la conversation à leur soeur, tu ne te feras pas les repas de famille. Mais par contre tu seras toute seule.

Bon c’est la paix comme système. Comme il dit mon grand-père :  » Reste célibataire comme ça tu dois laver les chaussettes de personne ! » Ah oui mon grand-père il est anti-système. Il est bien mon grand-père. Mais après il rajoute toujours  » Par contre les enfants c’est bien.  »

Sauf que nous on donne pas trop dans l’insémination artificielle pour célibataire. Déjà célibataire c’est dur. Alors célibataire enceinte WOOOOOOOW c’est pire que le marathon à 80 ans avec un seul poumon. C’est pas un challenge, c’est toutes les épreuves des JO tous les jours.

Pourquoi je mélange toutes ces histoires ? Parce qu’il y a un an et demi une connaissance à moi m’a raconté qu’elle voulait un bébé. Mais qu’elle avait pas de mec. Elle en cherchait un qui soit assez stable pour faire un gosse. Finalement elle a récupéré le mec d’une amie à elle. Il était pas très chaud pour se marier. Elle s’est débrouillée pour tomber enceinte et l’obliger à se marier. Genre chantage à la réputation.

Du coup je me dis que ce mec va pas tarder à un être un mec marié, vieux et gros, dans un bar, qui drague des minettes parce qu’il a pas eu le courage de dire non.

Et qu’à choisir je ferais mieux de rentrer avec le célibataire, qui ment mais ne se met pas dans des situations pas possibles…mais ne surtout pas faire d’enfant.

La Rue


Les talons de l’Assemblée

Chaussure

On va se presser d’aller voter dimanche 26 octobre 2014 pour les élections législatives en Tunisie. ça va faire la queue à l’infini, les uns contre les autres. ça va piétiner et faire des tous petits pas. Pas de grandes enjambées. Tout ça pour remplir l’Assemblée nationale. L’Assemblée où les députés aimaient bien se retrouver à la cafet’ comme si ils étaient à la fac.

Du coup à l’heure (tardive) de la reprise de séance y’en avait un qui convulsait en appuyant comme un malade sur le bouton de la sonnette, pour dire aux députés qu’il fallait galoper jusqu’à l’hémicycle. Fatiguant le truc. T’es là, tu prends un café, tu t’en grilles une, tu t’en fous pas mal de la loi anti-terroriste ou du budget de l’Etat, t’as juste envie de parler avec ta copine de la série turque « Le Haram du Sultan » où les meufs elles portent des p**ains de bijoux, 40 fois le PIB de Sidi Bouzid ( oui bon le PIB ça marche pas par région normalement, mais ceci est un billet de blog, on peut faire ce qu’on veut ).

Donc t’es là tu bois ton café et comme la sonnette sonne, mais vraiment sonne sérieusement, genre « je vais vous arracher les cils uns par uns si vous venez pas », ça donne des scènes pas mal. Comme celle-là :

La salle des pas perdus est vide. Mais au loin monte le bruit d’un claquement de pas. Tac tac. Et puis ça se rapproche et ça s’intensifie. Tac-tac-tac tac-tac-tac-tac-tac. Un petit bout de femme, qui a tout l’air d’appartenir au parti conservateur, arrive. Elle trottine en fait. Elle porte un hijab assorti à la couleur de son ensemble, composé d’une veste et d’une jupe longue très très ajustée. Et puis des froufrous qui dépassent de partout. Elle ressemble presque à une danseuse de flamenco mais en pas sexy. Plutôt flamenco-saucisson.

Comme sa jupe est trop ajustée elle peut pas faire de grandes enjambées, hé oui! Mais surtout, cette mère de famille convenable est juchée sur une paire de godasses de gogo danseuse. Le choc! Elle porte des talons aiguilles plateformes vernies noires, qui laissent entrevoir le bout des orteils. Le tout rehaussé par un petit nœud.

Souhel ( question ) comme on dit chez nous : est-ce qu’elle les a confisqués à sa fille ( et les porte en cachette, ce qui serait vilain) ou est-ce qu’elle les a achetés pour elle ( et là tu imagines la mère de famille bien sous tout rapport dans un magasin de godasses pour pouffes, en train d’essayer des talons à strass et cette version est encore plus vilaine que la première ) ?

Et puis elle passe la porte de l’hémicycle et tu tentes d’oublier cette vision.

C’est sans compter sur le destin.

Deuxième bruit de pas, moins énervé cette fois. Une blonde, élancée comme tout, marche à allure normale, dans la salle des pas perdus. Elle fait partie d’une délégation de visiteurs étrangers. Elle porte une robe courte et, deuxième choc, les mêmes chaussures que la députée qui vient de passer. Et là pas de doute : elle est allée acheter ses chaussures elle-même et a trouvé le moyen de les porter avec une tenue qui lui permet de marcher.

Conclusion de l’histoire : si vous voulez des députées à talons, choisissez-en qui porte des jupes courtes, elles arriveront peut-être à arriver à l’heure pour les séances plénières.

 La Rue


Que font les filles aussi longtemps dans les toilettes ?

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Passer un samedi après-midi dans un centre commercial, c’est un peu un acte de sado-masochisme. Les familles ont sorti tous leurs gosses qui hurlent à la mort et à l’unisson parce qu’ils sont encore clairvoyants et qu’ils ont compris que s’infliger ça c’est pas normal. Y a des couples partout qui traînent des pieds. Les cafés des « open space spéciale bouffe » sont pleins.

Du coup y a toujours un moment où tu dois passer par la case toilette parce que toi aussi tu as bu un coup après t’être jeté dans la bataille des soldes.

Et les toilettes des filles, yaaaa, c’est le deuxième acte sado-maso de l’après-midi !

Déjà tu peux pas entrer pour de bon parce qu’il y a la queue. Pas moins de 4 ou 5 filles attendent en tapant frénétiquement des pieds devant les deux portes des toilettes fermées.

Ensuite y a une dizaine de filles qui se refont « une beauté » devant les trois miroirs et demi ( ben oui parce qu’il y en a toujours un qui est cassé). Ça se regarde mal en coin, ça tire son foulard le plus serré possible, épingles aux lèvres, ça remet du rouge à lèvre orange, rouge, rose, peut importe la couleur pourvu que ça soit moche et de mauvaise facture.

Au milieu de ça y a toujours une fille ou deux qui veulent se laver les mains, mais l’eau coule pas ou ça éclabousse tout le monde, et là re-regard mal mais pas en coin pour le coup.

Et puis y a madame pipi, la dame qui s’occupe de maintenir l’ordre dans ce bordel, qui une fois qu’elle a fini de parler au téléphone à ses enfants, copines, copains, amant ou mari, enlève le téléphone qu’elle avait bloqué entre son voile et son oreille  style kit main libre de la débrouille ), le glisse dans la poche (trouée) de sa veste et s’excite toute seule, se dirige d’un pas déterminé vers les portes des deux toilettes et tambourine grave en râlant :

Allé sortez !

Grognements, bruits de chasse d’eau, ça dure des plombs. Enfin les verrous  s’ouvrent, les filles devant tapent du pied encore plus rapidement. Dame pipi exulte :

Je vous ai déjà dit de pas fumer dans les toilettes !

Les deux filles sortent des toilettes, dans un bon nuage de fumée. Et la plus hargneuse des deux répond :

Et tu veux qu’on fume où alors ? Je porte le voile moi, je vais pas me mettre à fumer devant les gens quand même !

Vu comme ça on peut bien faire la queue 5 minutes de plus…

La Rue


La tatouée du hammam

Bon oui c’est l’été, il fait chaud et tout là, on arrive pas à marcher dans la rue, on sue, c’est dégeu. Bah voilà, raison de plus pour aller au hammam.

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OUI je suis folle. Mais le truc c’est que là, quand tu sors de la « salle de bain » à 50°C + eau chaude + vapeur, du coup les 40°c extérieur c’est du petit lait et tu as frais !

Alors moi j’ai décidé d’avoir frais, parce que le pauvre ventilateur chez moi il pouvait rien faire de plus que tourner sur lui-même.

J’ai pris mon sac, j’y ai foutu savon, gant de toilette, serviette, fouta dedans. J’ai enfilé un maillot, j’ai pris ma pudeur et je l’ai balancé au fond du placard et je me suis préparée mentalement à aller au combat.

Non parce que le hammam c’est un combat.

D’abord : tu dois trouver un put**n de hammam où entrer et là on dirait que toutes les femmes de Tunisie ont eu la même idée que toi le même jour.

Ensuite quand tu entres tu dois dealer avec les oeillades de tigresses. Ça va des oeillades des clientes aux oeillades des employées. C’est comme si tu étais un petit animal qu’elles voulaient désosser.

Et c’est pas drôle.

Bon par contre moi je dépense l’argent qu’on me donne dans du haut de gamme. J’ai arrêté les hammam populo. J’ai grandi. Maintenant je vais dans les salons de « beauté ».

Je dis beauté entre guillemets parce que quand tu regardes bien la tête des filles sur les photos, avec leur maquillage pour leur mariage, raouh, tu te dis que c’est relatif au carré la beauté.

En tout cas, tu entres, tu te déshabilles, tu te fais martyriser par la préposée au massage/ gommage/ arrachage de membres de ton corps. Je me demande si ça fait partie de la liste des mauvais traitements de l’ONU le truc ?

Et tu réponds à l’interrogatoire ! Oui oui oui ! Tu es mariée ? Oui / non / avec qui / pourquoi ? Tu travailles ? Oui/ non/ combien tu gagnes ?

Aujourd’hui miracle : la dame est un ange, un vrai. Et elle est belle en plus. Pas comme les vieilles dames avec les seins qui pendouillent, qui ont passé beaucoup trop de temps à faire ce métier.

Et elle me raconte sa vie, sans poser de question. Elle est enroulée dans une fouta rose, qui finit par se défaire. Et là je vois, sur son sein, un tatouage. Le prénom d’un nom.

– Ton amoureux ?

– Oui, mon mari quoi. Je veux l’enlever. Il m’a bien eu. Il m’a dit : viens on le fait tous les deux et on porte chacun le nom de l’autre. Moi je voulais pas.  Et puis je l’ai fait. Et lui n’a jamais tatoué mon nom.

J’ai eu envie de pleurer. Ça m’a rappelé le proverbe tunisien qui dit que la femme est comme une pastèque : sur l’étal choisis celle qui n’a pas été ouverte pour que tout le monde la goûte.

Son mari a fait pareil. Il a écrit son nom sur sa poitrine. Pour qu’elle ne soit qu’à lui. Pour dire aux autres de ne pas goûter la pastèque.

 La Rue


Le retour de la bière

 

Youyouyou ramadan est fini !

Vous allez dire que je suis obsédée et vous avez raison.

Parlons peu, parlons bien, parlons d’alcool :

Alors voilà l’Aïd c’était lundi 28 juillet. Donc tout était fermé. Mardi aussi d’ailleurs. Et puis un peu mercredi. De toute façon il fait chaud. Paraît qu’à cause de la chaleur on ne peut rien faire alors bon, à quoi bon travailler, hein ? Et puis tous ces gens qui se sont privés de nourriture (on va pas revenir sur le fait que c’est à moitié faux, ça ferait polémique ) doivent bien se reposer un peu là, de tous ces efforts.

Du coup mercredi c’était semi-férié. Moi je suis quand même allée travailler. Et du coup j’ai marché dans la rue. Et alors là c’était GENIAL.

Mercredi 16 h 20, une jolie rue du centre-ville, juste en face du magasin Mono**ix ( dont les rayonnages sont à nouveau remplis de bières!!!!! ). Le soleil tabasse sérieusement.  Y a pas grand monde dehors. C’est tout calme, c’est tout « mignion ».

J’ai besoin de mettre du crédit téléphonique. Je m’approche de l’étal d’un épicier. Deux hommes sont déjà en train de se faire servir. Du fromage. COUPE EN MORCEAUX !

Punaise : ils achètent pas du fromage pour se faire un sandwich, ni pour le dîner du soir, non, non, non, ils achètent du fromage pour boire.

Interlude explicatif : en Tunisie quand on va au bar on prépare une assiette de kémia : des olives, des fèves, du fromage en morceaux… ça dépend des saisons et des goûts. Mais en gros on se prépare de quoi grignoter pour son apéro.

Les deux loubards devant moi achètent du fromage pour boire. Mais bordel personne ne m’a dit à moi qu’on pouvait y aller gaiement aussi rapidement. Je pensais qu’il fallait encore faire semblant d’être chaste, pur, blablabla…

Les deux bonshommes tentent de se retourner, s’accrochent l’un à l’autre, c’est drôle, ils sont « fin ronds ». Ils titubent en s’en allant bras dessus bras dessous et en se chuchotant des trucs à l’oreille et hop, ils entrent dans le bar juste à côté de l’épicier.

Sur la devanture il y a écrit « Le café des sportifs ». Je crois qu’ils ne servent pas de café. Et franchement le seul sport qu’ils doivent faire c’est de lever le coude.

La bar est plein à craquer. Genre, les mecs sont à deux par chaises. Putain ils ont du avoir soif pendant un mois les gars ! Il y a un nuage de fumée gros comme Tchernobyl, un vacarme pas possible, des dizaines de bouteilles de Celtia vides sur chaque table. Ils sont tous bras dessus, bras dessous. Ça donne envie d’être un bonhomme pour rentrer dans ce joli foutoir et se taper dans le dos.

Mais bon je peux pas. Je reste sur le trottoir à les observer par les fenêtres ouvertes.

Trois mecs sortent en riant. L’un d’entre eux essaie de démarrer sa mobylette.

Allé reste, on continue, lui balance un de ses amis.

–  Bah non ma femme m’attend, en plus elle m’a demandé d’aller acheter du pain et du fromage pour les gamins.

Je reste là à les observer. Et je me dis que ça doit être sacrément fatigant d’être schizophrène.

La Rue


Pas faire le ramadan c’est comme avoir 15 ans

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C’était ramadan  j’avais rien à dire, parce qu’il n’y avait rien à faire. Heureusement c’est fini, l’hypocrisie collective là. Perso je craque. Les rares cafés ouverts pleins de fattaras (ceux qui jeûnent pas et qui vont aller en enfer, s’ils n’y sont pas déjà) qui mangent des cigarettes, tellement ils en fument, boivent des cafés de manière compulsive, sous la lumière affreuse des néons, puisqu’il a fallu scotcher des feuilles de journaux sur les vitres, pour éviter au pauvre passant qui jeûne, la vue de ces vilains, ça me tape sur les nerfs.

En fait si j’ai un truc à dire.

Le ramadan, quand tu le fais pas, c’est comme être au collège et se cacher derrière un muret pour se bécoter ou s’en griller une.

C’est bon : j’ai plus 15 ans, je ne vis plus chez mes parents (et même si c’était le cas je m’en taperais le coquillard, parce que mes parents ils sont pas chiants) alors ça va bien de se planquer pour vivre sa vie et par exemple aller prendre un café, quand, franchement, personne autour de moi ne jeûne.

Bon personne, personne, j’exagère. Disons que j’en connais quatre. Voilà. Ah non, cinq, y a mon cousin aussi. Ils sont ravis : ils me disent qu’ils auront plein de place au paradis. Pas de souci pour moi. Sauf quand ils se mettent à (tenter de) me faire la leçon. Et là tu est sensé te sentir comme un gamin pris en train de tricher. Sauf que c’est pas le cas mais que tu peux pas le dire, pour pas les vexer tu vois.

Juste j’aimerais bien pouvoir manger à ma faim et boire quand j’ai soif, sans devoir me cacher dans une entrée d’immeuble.

D’ailleurs le délire collectif ça donne des situations impossibles. Est-ce que vous avez déjà vu des files d’attentes infinies devant les toilettes ? A part dans des festivals ou en boite de nuit je veux dire ? Non ! Ben là oui : les gens font la queue pour aller fumer aux chiottes. Imaginez le délire. Fumer aux toilettes, comme au collège !

Et puis tu te fais insulter par des gens qui disent que tu es le diable parce que tu jeûne pas. Mais toi tu peux pas les insulter en retour, ni leur dire qu’en t’insultant ils ont perdu : leur jeûne tombe à l’eau.

Y a deux jours un chauffeur de taxi à qui j’indique ma route me dit :

Tu as rompu ton jeûne, tu ne m’as pas donné ta bonne adresse, c’est 100 métres plus loin.

Dans ma tête je lui ai répondu  :

Alors monsieur, comment te dire que moi, bon le ramadan je le fais pas, le paradis j’y crois pas, d’ailleurs je crois pas à grand chose, mais c’est pas grave, je vis quand même. Et puis moi, l’enfer j’y suis un peu là, quand j’ai soif parce qu’il fait chaud, mais que pour pas t’offenser, je la ferme et j’essaie quand même d’avaler le peu de salive qu’il me reste. Tu vois monsieur, toi tu essaies de gagner des bons points et tu m’oppresses et moi je gagne rien du tout, pourtant je te fous la paix et je te respecte, même quand tu m’obliges à vivre un peu comme toi et que je n’en ai pas envie. Donc en fait je crois que c’est moi qui devrait aller au paradis là, parce que moi je te fais pas chier !

Dans ma tête je lui ai répondu ça.

Mais dans ma tête seulement, parec que comme j’avais plus de force, ni de salive, je me suis économisée. Et puis comme j’ai encore un peu de décence je me suis dit que ça servait à rien de l’offenser.

Alors j’ai fait comme quand on a 15 ans et qu’on se fait engueuler par le proviseur, même si au fond on a pas tort : je l’ai fermé, j’ai baissé la tête, j’ai murmuré « oui, oui » et j’ai ouvert la porte du taxi pour descendre.

Dans ma tête je l’ai traité de vieux connard, mais comme c’était perdu d’avance, je l’ai fait que dans ma tête.  Et puis j’ai claqué très fort la porte de son taxi. Comme si j’avais 15 ans.

Et je suis partie.

La Rue


On a inventé l’apartheid pour l’alcool !

vin

Fin de semaine dernière, au supermarché, ça draguait à mort. Pourtant on était à deux jours du ramadan.

Au rayon fruits et légumes, une jeune fille fait peser des fruits. Le préposé à la caisse qui la sert est un jeune homme baraqué, avec des cheveux longs gominés, une barbichette et la trace de la prière sur le front. Il est jeune pourtant la trace est immense. Elle barre un bon quart de son front. Un truc comme ça n’existe pas. Le mec doit passer sa vie à prier. Ou pas en fait.  Il pèse un ananas, le rend à la jeune fille et lui dit :  » Tu es sucrée comme l’ananas ! » Elle lui répond : « C’est pas sucré un ananas, ça pique. Et moi aussi! » Elle se retourne et elle s’en va. Et moi je reste là, abasourdie, avec mes tomates à la main. Il rougit même pas. Il continue de peser les fruits et légumes des autres clients. Punaise le mec là il a l’air de passer sa vie la tête collée à son tapis de prière. Et ben c’est pas pour autant qu’il en perd son pragmatisme !

Suite des courses : rayon alcools. Et là c’est la bataille. Parce qu’il ne reste pas grand-chose. Forcément. Tout le monde a fait ses réserves. Pour un mois saint sobre, les rayonnages ne sont plus remplis à quelques jours du début du mois de jeûne. Du coup, ça se bouscule pour faire des réserves et choper les dernières bouteilles sur les étals. Ah oui parce que les bars ferment.

Mais ils ferment pas pour tout le monde. Nous on a instauré l’apartheid de l’alcool. Alors si t’es étranger tu peux boire (sur présentation du passeport hein!). Si t’es tunisien tu peux pas boire. Et si t’as la double nationalité ou que tu es pas tunisien mais que t’as pas une tête d’étranger (même si t’as un passeport) et ben on te demande ton nom et le serveur décide pour toi que tu es musulman, que tu fais le jeûne et que tu bois pas d’alcool. Ça s’appelle la NON-liberté de conscience. Pourtant y a ce principe dans la Constitution et on a un président, qui, selon la légende urbaine, aime bien s’en jeter un p’tit et a écrit un livre qui s’appelle L’invention de la démocratie. En fait chez nous ça veut dire que c’est plus seulement le dictateur qui décide. Mais c’est aussi les serveurs.

En fait nous pendant le mois de ramadan on devrait faire deux files devant les hôtels et les restos, comme à la police des frontières : une pour les locaux et une pour les étrangers. En gros ça donnerait : une file pour les Blancs qui peuvent être servis et une file pour les Arabes qui peuvent pas être servis. Wa chokran.

 

La Rue


Conversations impudiques

Alors y’a ceux qui sont pudiques à te casser les couilles et y’a ceux pour qui clairement le reste du monde n’existe pas. Ben j’ai croisé trois de ces spécimens en une seule journée.

Début de journée dans le taxi. Je monte, salue le conducteur, qui n’arrête même pas sa conversation téléphonique pour me répondre. « Habibiti je t’aime, tu es douce comme du miel ! Habibti, tu m’aimes ? Je te manque ? » Un blanc. C’est Habibti qui lui répond. Elle doit lui dire qu’elle aussi elle l’aime. Bon chacun ses goûts parce qu’il est pas hyper sexy le mec quand même, avec sa casquette et son maillot de foot, étiré par son gros ventre. Bref.

Habibti lui dit qu’elle l’aime. Ou alors elle lui dit autre chose parce que le mec lui répond : « Quoi? Qu’est ce que je veux manger ? Mmmh tu sais bien ce que je veux manger! Hein Habibti, je veux te manger toi! » Oulala j’ai envie de mourir ou d’être sourde là. Moi j’ai pas envie qu’il me mange, j’ai pas envie de l’imaginer en train de manger quelque chose ou quelqu’un, je viens de prendre mon petit déj’ que j’ai pas encore digéré. En plus il a une conduite « sport » ce qui veut dire qu’il ne rétrograde pas dans les virages, qu’il accélère pour rien et pile au dernier moment.

Enfin j’arrive à destination et pour oublier tout ça je vais prendre un café.

Midi, je déjeune avec un pote. On est bien, installés en terrasse, dans une gargotte où l’on te serre des assiettes à pas cher. Il faut juste éviter d’aller regarder en cuisine. Les serveuses font peur, la tenancière aussi. Mais ça nous va. Alors on est là et on mange. Et puis une jeune fille sort du resto. Une des serveuses l’interpele. C’est sa mère.

– Où tu vas ?

– Je vais voir le mec dont je t’ai parlé. J’ai rendez-vous avec lui. Bon je l’aime pas trop, mais il s’en sort bien dans la vie, il a de l’argent.

– Ah ben c’est bien, lui répond la mère. Essaie de rester avec lui toute l’année alors, c’est mieux pour nous.

Et la fille s’en va guillerette.

Et me voilà en train de repenser à mon chauffeur de taxi du matin, qui, finalement, n’était pas si glauque que ça.

 

La Rue


Hymne incestueux

C’est un hymne au sexe un peu particulier, un truc de supporters de foot, de mecs de « virage » les extrémistes des gradins.

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Même pas une phrase, trois mots seulement.

Et quand il fait nuit, les jeunes proprets de la banlieue riche de Tunis scandent : « Oh ghannouchi n*komo*k! » encore et encore et encore. Entre Highway to hell et Rape me, après avoir fredonné ils s’époumonent et demandent au leader du parti islamiste d’aller s’occuper de sa mère.

Une fausse blonde élancée, vêtue de noir, bijoux ostentatoires, perchée sur de hauts talons, hurle, en sautant devant la scène, où le chanteur-guitariste n’ose plus piper mot : « Oh ghannouchi n*komo*k! »

A côté de la blonde une tablée de mecs qui se bécotent tranquillement, ne prêtent même pas attention à la furie à côté d’eux. Ils n’hurlent pas, ils ont la bouche occupée. Ils sont là à se faire les yeux doux, des jeunots, avec leur marinière, trés J-P Gaultier, la mèche travaillée.

Un peu plus loin, lascivement installées sur une banquette en sky, trois jeunes femmes terminent une bouteille de vin en fumant des cigarettes. Elles regardent la salle en souriant. Il est tard, presque trop tôt.

Bientôt l’appel à la prière de l’Eden va résonner. Ces jeunes là s’en foutent ils ont les oreilles pleines de gros mots.

C’est vilain, c’est incestueux, ce sont les mots d’une certaine jeunesse qui dit aux islamistes : « ça va aller là les gars, on a autre chose à faire nous, y a la vie qui nous attend! »

 

La Rue

 

 


Chez la gynéco

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Salle  d’attente d’un centre de radiologie. Le toubib est une femme. Pas besoin de lire son nom sur la plaque, la ribambelle d’hommes qui patientent à l’extérieur, alors qu’il n’est que 9h15 et qu’il fait déjà 30°, annonce la couleur. De la pudeur pour rien. Parce que jusqu’à preuve du contraire on reste habillé dans la salle d’attente !

La première fois que j’ai vu ça c’était dans la salle d’attente d’une gynéco. Enfin : le long du trottoir devant le cabinet de la gynéco, sur le pas de la porte du cabinet de la gynéco, dans le couloir menant à la salle d’attente d’une gynéco… Des bonhommes à moustache, silencieux et gênés.  Au début j’ai crû mettre trompée d’adresse. Bizarrement aucun d’eux ne semblait reluquer les femmes qui passaient. Ils regardaient tous leurs pieds ! Je savais pas que c’était honteux d’aller chez le médecin moi. Je croyais que c’était normal.

Et donc ces messieurs, qui servent de chauffeurs à ces dames, ne les quittent pas d’une semelle. Moi j’avais demandé à une copine de me dénicher une gynéco open mind, parce que j’ai passé l’âge d’entendre des leçons de morale, parce que je n’ai jamais eu l’âge d’entendre des leçons de morale. Et là je me retrouve avec une colonie de gardiens du temple.

Pire : j’entre dans la salle d’attente et là la plupart des femmes sont en niqab. Bon je suis pour la liberté de tous. Mais la gynéco open mind avec une clientèle niqabée ça m’a refroidie. Et puis j’ai pigé : ça parlait curetage à gogo et hyménoplastie. En langage courant ça veut dire : comment avorter et puis se faire recoudre l’hymen. Magnifique !

Un bonhomme un peu perdu, qui devait attendre sa femme depuis trop longtemps, s’est risqué à mettre un pied dans la salle d’attente. Il n’avait pas fini d’y passer le nez que toutes les femmes se sont mises à hurler. Putain c’est une salle d’attente ou un hammam ce truc ?

Là changement de sujet : «  Les hommes ne doivent pas rentrer parce que comme ça on peut s’asseoir comme on veut ! Ouais ! Même avec les jambes écartées ! Ouais ! Et on peut relever notre niqab ! Comme ça on est libre ! »  Donc si tu chopes pas une cystite tu peux pas être libre ? Ok.

Donc en arrivant devant le centre de radiologie je n’ai pas été étonnée. C’est dans la salle d’attente que j’ai kiffé. En face de moi deux femmes en niqab. Jusque là tout va bien. Sur la table basse une montagne de magazines féminins. Et là au milieu une perle : Causette, LE magazine féministe français. Une des deux femmes en niqab l’attrape et dit à son acolyte : « Viens on va lire leur article sur l’orgasme féminin. »

Oh yeah !

 

La Rue

 


Zéro romance

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Bon ben comme c’est toujours l’alcool qui délie les langues cette histoire aussi a été racontée dans un bar.

C’est deux potes qui sont là et qui causent. De tout et de rien au début. Et puis va savoir comment ils commencent à parler de leur première relation sexuelle.

Moi j’avais 14 ans et c’est une copine qui était plus âgée que moi, elle s’est jetée sur moi, elle en a profité. J’ai rien compris. Mais depuis je suis complexé. J’ai jamais réussi à faire le premier pas vers une fille. Si y en a une qui me plaît, je sais pas quoi faire.

Moi c’est pire, je sais même pas comment on a fait. J’étais avec des amis, on avait 12 ans, on est allé aux putes! On avait économisé. Je sais pas comment ils nous ont laissé entrer et tout… on courrait comme des dingues dans les rues de la médina, ça se voyait qu’on était des gamins…Ezzah ça pouvait être nos mères ces meufs là. Elles étaient vieilles!

Zéro romance.

La Rue


Viol autorisé

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C’est un peu ça que dit la justice finalement : 7 ans de prison pour les deux flics qui ont violé Myriam et deux ans pour leur boss qui s’est « contenté » d’extorquer du fric au petit ami.

Pas de leçon, pas de coup de gueule du juge. Le désert.

Voilà hier la justice tunisienne a humilié encore un peu Myriam. Parce qu’après le viol, elle a échappé de peu à un procès pour « atteinte aux bonnes moeurs« , la faute à sa jupe sans doute et à sa « position indécente » comme l’avait expliqué à l’époque le porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Violez donc, c’est permis !

On traitera la victime de trainée. C’est quoi une meuf avec son mec dans une bagnole ? C’est pas une femme ça ! C’est open bar! ça n’a pas de dignité, c’est un peu comme un animal en fait.

Mais qui est le plus indigne : l’animal ou celui qui prend plaisir à en profiter ?

La Rue


Du bon usage du buisson !

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Quel est le point commun des pays pauvres ? Allez, allez, vous allez trouver! Non ? Bon ben voilà : dans les pays pauvres y a pas de lampadaire ! Héhé! Du coup la nuit tous les chats sont gris et les souris dansent. Tu ne sais jamais vraiment qui tu croises et tu ne sais pas non plus ce que les gens sont en train de faire. Et là les buissons trouvent une utilité particulière 🙂

Les concepteurs de foyers étudiants non mixtes en Tunisie n’ont pas dû réfléchir au concept et ont construit pas mal de foyers étudiants dans des quartiers excentrés, entourés de terrains vagues et sans éclairage public. Du coup le matin, quand le soleil brille, tu trouves des restes d’amour qui jonchent le sol.

Ou alors peut-être que les concepteurs de foyers étudiants y ont pensé justement, les coquins !

La Rue


Dix dinars la passe, ça s’appelle aussi l’aumône

 

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Non, mais on rêve : des prostituées « légales » manifestent devant l’Assemblée et la vice-présidente promet de faire suivre leur demande, tout en s’indignant que la Tunisie n’offre pas des conditions de vie décente à ses femmes. Mais ce n’est pas de ça qu’il faut s’indigner !

Ezzzah! La Tunisie est signataire de la CEDAW  La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dont l’article 6 stipule :

Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour réprimer, sous toutes leurs formes, le trafic des femmes et l’exploitation de la prostitution des femmes.

Elle a pas honte Mehrezia d’être la vice-présidente de l’Assemblée d’un pays qui encadre la traite des êtres humains et qui enfreint les conventions qu’il signe ? Elle refuse de parler de morale et ben merci, parce que la décence voudrait qu’on s’offusque du fait qu’un ministère fiche et encadre le travail de femmes exploitées.

Les femmes qui manifestaient demandés la réouverture de leur maison close « pour ne pas faire l’aumône ».  Pardon,  mais à environ 10 dinars la passe, un peu moins de 5euros, c’est pas l’aumône ça ? En tout cas c’est pas cher payé pour serrer les dents.

Et pas la peine de dire que c’est le plus vieux métier du monde et que c’est comme ça parce que c’est pas vrai. D’abord parce que la prostitution n’est pas un métier, c’est de l’esclavage et de la violence, c’est de l’injustice sociale. Et surtout parce qu’avant ça il y a eu les chasseurs-cueilleurs et les agriculteurs, parce qu’il fallait bien manger, hein !

La Rue


« C’est même pas une fille ça… »

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Il est vieux, il voit mal et passe son temps à regarder les passants qu’il dépasse plutôt que de se concentrer sur la route devant lui ou de jeter un œil dans les rétro quand il déboite sans clignotant.

Ce vieux chauffeur de taxi se moque pas mal des autres, ceux qui ne sont pas dans son taxi, ceux qui roulent dans d’autres voitures ou se déplacent à pied. Il s’en fout tellement qu’il brûle les feux, tranquille et slalome. Et là, trop occupé à regarder le cul d’une petite nénette, il ne fait pas gaffe à deux jeunes filles qui sont en train de traverser et finit par entrer dans l’une des jeunes filles. Il ne la renverse pas, heureusement, mais le pare-choc heurte violemment le tibia de la jeune fille.

Elle crie. Et à travers les vitres je vois ses lèvres prononcer une ribambelle de gros mots. Elle a raison. C’est un vieux con. En fait elle ne sait pas que ce n’est pas juste un vieux con. Ce type est un grand connard. Elle ne le sait pas et moi je ne le sais pas encore non plus.

Il ne s’excuse pas, non, il entrouvre à peine la fenêtre et décide que bon, elle a rien, elle va pas râler hein… mais olala ! le bruit que ça a fait ! Elle est en pierre ou quoi cette fille ? Et puis c’est quoi ces vêtements ? Elle joue au foot, c’est ça ? C’est pour ça qu’elle porte des crampons et qu’elle a un ballon de foot sous le bras ? Qu’elle a les cheveux courts et qu’elle marche comme un gars ? Mais c’est quoi ça ? C’est même pas une fille ça, c’est même pas une femme ça ! Les garçons s’habillent en femme et les femmes s’habillent en garçon, c’est pas un monde ça. Bien fait pour elle, c’est même pas une fille ça.

Le skaï du siège colle à ma peau, il fait 10° dehors et je sue à grosses gouttes, je sue et j’ai la nausée. La tête me tourne. Je n’ai pas envie de ça. Là de bon matin, pour commencer ma semaine, je n’ai pas envie de ça, d’un sexiste homophobe, qui heurte une piétonne et ça va en vociférant sur de son plein droit, parce que de toute façon c’est même pas une fille ça.

 

La Rue