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CHEZ MOI

Le regard de trois auteurs, de leur expérience de la Côte d’Ivoire. Comment ils définissent « Chez moi », le thème annuel pour mondoblog.

chez moi
Chez moi, du soir au matin c’est eau et rose,
Histoires piquantes à consommer, à petites doses…
Ces vers qui naissent après blessures et verres,
Livrent les soubresauts d’un coeur en pleurs.

Chez moi c’est le blues de l’idéal du spleen,
Langueur exacerbée, lumière vive, soleil froid,
Mélancolie chronique, peines, et joie parfois,
Même rengaine, de milles manières se décline.


Chez moi c’est noir cynisme et divers
A l’envers du décor, le sens vrai du vers
La vie s’y déclame avec une plume pour arme
Et la folie y console la Poésie en larmes.

Quand on peut, chez moi, on ose un sourire
Simple, de ceux qui ne savent mentir;
À cœurs bradés on aime pour le meilleur
Pire, pour plusieurs paires de cœurs.


Chez moi, c’est rêve le soir à l’écran
Et chimère le matin pour gagner son pain,
Car des fois, pour sourire, il faut du cran
Tant on ne sait, de quelle faim sera fait demain.

Chez moi, c’est l’espoir qui fait les ponts
Entre un monde qui vit sans un rond
Et le cercle d’immondes qui en a trop
tout en oubliant le partage du gâteau?

Mais chez moi, il y une phrase consacrée
Qui interdit toute forme de laisser-aller.
Peu importe les peines, cette vie est sacrée
Alors malgré tout, chez moi on répète « ça va aller ».

 par Laskazas, Eugenio, Stéphane

Brutal


CHASTE

Chaste

Elle ne couche pas
Se couche, mais n’embrasse pas
Sa bouche n’y a pas droit,
Elle parle puis s’arrête là.

Ne la touche pas
Tes doigts jouent un air haram
Chaque touche, de Dieu l’éloigne
Et son œil pressent la trame.

Ah le paria !
Voler un saint au ciel
Palper son sein sans qu’elle
D’un « oui » bien contractuel
Ne vous ai fait amant officiel

C’est se damner,
Comme de souiller une fausse pucelle
Sans clés du bel hymen, rituel
Sacrificiel auquel nul ne se mêle
S’il n’est Gabriel le grand ou Azazel.

 

par Eugenio

Brutal


ÉNIÈME

« On les veut toutes mais il en suffit d’une… » disait Oxmo Puccino*
Et bien Stéphane l’a bien compris lui : il n’arrive même plus à compter.

énième

Vous êtes belle et bohème. Mais il fait nuit
Votre pas danse à en faire rougir la piste
Et ces hanches, quand elles bougent, font une liste
D’un millier d’hommes en attente mourant d’ennui.

Vous n’êtes pas extraordinaire mais tellement désirable
De cette robe pour vous et moi, fort agréable
D’un geste, que je pourrai, comment dire? soulever?
Pour que tous les deux nous puissions nous… élever?

Élever vers un autre univers rempli de beaux ciels
Tous, de la grande famille des septièmes,
A conjuguer une étreinte en plaisirs pluriels
Et se considérer juste après, comme un énième.

par Stéphane

Brutal


NOUS, LES HOMMES

Que de préjugés sur nous, les hommes, si doux , si bons.
Que de préjugés justifiés, parfois…

Nous, les hommesNous, les hommes, naissons si innocents, si mignons
Pour la fierté de nos pères et l’honneur de nos mères
« C’est un garçon… mon sang… ma vie… mon nom… »
Porteurs d’espoirs, effaçant d’un sourire, une vie amère.

Nous, les hommes, grandissons proches de nos mères
Premiers vrais amours de nos vies. Nous, futurs machos
Jadis attendris par ces caresses éloignant nos chimères
Et nous consolant après nos incessantes erreurs d’ados

Nous, les hommes, vieillissons, nous comblant d’orgueil
Victimes malgré nous de tous nos sentiments refoulés
Mais fiers de nos petites filles que nous gardons à l’œil

Nous, les hommes, savons aimer avec passion, et si fort
Que nous nous dédions exclusivement à nos bien-aimées
Alors pourquoi nous dit-on infidèles et accrocs aux corps ?

par NoOne

Brutal


SEPT MILLIARDS D’ŒUVRES D’ART

Poésie sur la condition humaine. Ou comment chaque être humain peut être considéré comme une oeuvre d’art et être apprécié en l’état, sans nécessité de modification.

7 milliards d'oeuvres d'art

-Qu’une œuvre si blême soit trouvée belle
Qui en eut la folie, de qui est-elle le vice ?
Tendez-moi des pinceaux que je la jaunisse
Et que j’imite à mon tour l’Habile originel,

Quitte à polir davantage ces mains sèches,
Remplir cette tête que supplante une mèche
Et faire une langue qui ne trébuche par hardiesse.

Tendez-moi des ciseaux que j’extirpe ces ulcères !
Car certaines toiles sont amas de tâches vulgaires,
Elles salissent l’honneur de la chair.

-Vous êtes bien savant pour un éphémère passant
Pensiez-vous être guide, maître ou impétrant ?
Une toile ne se repeint pas, elle se comprend :

L’humain est une pièce unique avec ses gris,
Les ombres, les dégradés sont fantaisies voulues
Pour que nulle copie ne vaille en prix, en contenu
L’esquisse même de l’original croquis.

par Eugenio

Brutal


QUI ES-TU

Mais c’est vrais au fait ! Qui est donc NoOne, ce poète anonyme à la plume incisive ?
Qui est-il ?

qui es tu

De nulle part, tu as soudain surgi
Armé de tes mélancoliques rimes
Enveloppé de ta légère mystique
Et ne souhaitant rien d’autre que
Rester dans l’ombre de tes mots
Dis-moi donc étranger, qui es-tu?

Ta prose résonne en mon âme
Tes silences, eux me désarment
Ton ignorance étreint mes larmes
Ma curiosité, plus encore s’embrase
Mais tu persistes à filer vers le large
Pourquoi donc ce muet vacarme?

Ce silence dans lequel tu te terres
L’authenticité dont tu te désaltères
Cette solitude où toi seul t’enterres
Auront un jour raison de ton mystère
Car l’opacité de ton anonymat déterre
et dévoile à souhait ton âme solitaire.

par NoOne

Brutal


UNE VIE A DEUX

Vœux pieux de Stéphane.
Ah si l’Amour savait lire au cœur…

une vie à deux

Je voudrais une dame que j’aimerais sans efforts
Sans avoir à affronter un passé et un monde
Sans avoir besoin à chaque seconde
De prétendre… ou de faire le fort.

Je voudrais le bonheur et l’argent du beurre,
La fermière aussi. Et l’aimer sans peur!
Car il semblerait qu’on vive un de ces âges
Où vivre à deux demande bien du courage.

Je voudrais être en paix dans mon enfer.
Gardez votre paradis, je ne veux rien y faire
Même le diable peut avoir un royaume chaleureux.

Je voudrais qu’on ne me demande pas d’être valeureux
De prouver en bravant ciel, terre, vents et mère;
Qu’enfin, aimer ne se résume qu’à « être amoureux ».

par Stéphane

Brutal