Dieretou

20 Questions à Mr.Naité, Ministre Guinéen de la Jeunesse et de l’Emploi Jeunes

Moustapha Naité, Ministre de la  Jeunesse et de l'Emploi des Jeunes
Moustapha Naité, Ministre de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes

Préambule :

Il y a environ deux semaines, j’ai eu la surprise d’être contactée puis invitée par le ministère guinéen de la jeunesse et de l’emploi jeune à participer à l’inter-ville organisé par le Conseil National des Jeunes Guinéens de France (CNJG) en raison m’a-t-on dit, de mon engagement pour la question Guinéenne sur les réseaux sociaux et sur mon blog. Le planning de cet inter-ville était simple : du 4 au 5 Avril devaient se tenir plusieurs tables rondes et conférences tenues par de nombreux intervenants dont Mr le Ministre Moustapha Naité en personne venu expressément pour l’occasion. Environ 10 guinéens par départements  (vivant donc en France) sont venus prendre part à cet événement. Le but étant de diversifier autant que possible les expériences. Pourquoi une telle initiative ?

  • Exprimer les inquiétudes de la diaspora guinéenne en France sur un éventuel retour après leurs études pour participer à la construction de la Guinée;
  • Les conditions d’accueil en France des nouveaux étudiants, les procédures administratives autour de l’octroi du visa, les formalités de Campus France Guinée et les vices qui l’entourent, la prise en charge, etc.
  • La laicité et la question de la réligion, la Guinée est un pays musulman en majorité. Comment favoriser une meilleure intégration de ces jeunes ? Etc.
  • Point sur le Virus Ebola et son évolution en Guinée, les actions entreprises par les associations humanitaires pour aider à la lutte sur le terrain.

J’y ai vu une occasion de concrétiser les questions que je me posais depuis longtemps sur la jeunesse guinéenne et sa façon d’appréhender son futur, notamment sur la plateforme Twitter. C’est décidé donc, je mets ma routine toulousaine entre parenthèses et m’envole pour Lille pour participer à cet échange qui promet d’être vivace. En ayant pris soin à tout hasard (sait-on jamais) de solliciter une interview de quelques minutes avec Mr. Naité lui-même pour mon blog. Je me suis dit qu’avec la foule, le planning ô combien chargé, les prises de paroles du public qui seraient limitées dans le temps (comme souvent dans ce genre d’événements), je n’aurais pas la possibilité de demander toutes les choses que je voulais savoir au ministre qui serait inaccessible pour moi. « Interview accordée » m’a-t-on répondu, et avec ce consentement se sont envolées mes dernières hésitations.

Table ronde lors de l'Interville organisée par le CNJG de France à Lille.
Table ronde lors de l’Interville organisée par le CNJG de France à Lille.

Et en effet en arrivant dans les locaux de l’l’Ascotel (où s’est déroulé l’interville), je me suis bien rendue compte que j’avais visé juste. Il y avait tout un protocole qui  entourait le ministre, j’étais bien contente d’avoir réservé ces précieuses minutes avec lui au préalable. Les tables rondes étaient mouvementées et par moments assez échauffées. Les débats dans l’ensemble furent dynamiques quand bien même certaines insuffisances techniques au niveau de l’organisation étaient à répertorier : murmures dans la salle, son du micro beaucoup trop élevé, prise de paroles désordonnées du public, etc. Néanmoins cela n’enlève rien au résultat final qui était de communiquer, de troquer nos aperçus individuels sur le développement tant souhaité de la Guinée.

Puis mon invitation a été prolongée aux Biennales de l’éducation 5ème édition, organisée par la fédération nationale des Francas qui a eu lieu du 8 au 9 avril 2015 à Nantes autour du thème « La ville, espace d’éducation pour construire son parcours de vie« . Pendant une semaine donc à compter de l’inter-ville, j’ai été en immersion totale dans la délégation ministérielle guinéenne de la Jeunesse et de l’Emploi Jeune en tournée dans 3 villes de France : Lille, Paris, Nantes. J’ai pu l’étudier dans son fonctionnement et j’ai eu l’opportunité d’approcher le pôle « Presse et Relations Publiques » de ce ministère, en observant sa façon de traiter et de rendre l’information. Ce fut un stage de terrain hautement enrichissant et gratifiant.

Biennales de l'éducation  2015 organisée par la fédération des Francas à Nantes.
Biennales de l’éducation 2015 organisée par la Fédération Nationale des Francas à Nantes.

Voici donc ce pourquoi vous avez tous ouvert le lien de cet article : mon interview du  ministre Naité Moustapha que je remercie au passage de s’être prêté au jeu. 🙂

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Nappy is the New Punk ou le retour à l’Afro !

Afro. Crédit Photo : April Spreeman
Afro. Crédit Photo : April Spreeman

De plus en plus de femmes noires revendiquent leur afro. Plus qu’un phénomène de mode, c’est un vrai retour aux sources qui s’opère aujourd’hui sous nos yeux. C’est comme si elles s’étaient passé le mot. De Cotonou à Abidjan en passant par Berlin, Zurich, Philadelphie, Moncton ou Grenoble, c’est la même histoire, le même flow.

Subitement, les noires (celles de la diaspora africaine et afro-américaine en particulier) se souviennent qu’elles ont les cheveux crépus et frisés.  Personnellement j’ai remarqué que le « retour au naturel » prenait de l’ampleur il y a trois ans environ. Sur les comptes Instagram notamment, les jeunes femmes blacks sont déchaînées et exhibent fièrement leur Afro, gouffa ou Nappy (peu importe comme vous l’appelez où vous habitez). Elles ont ceci en commun qu’elles ne veulent absolument plus défriser leurs cheveux à l’aide de produits souvent décapants, dangereux pour le cuir chevelu à long terme et très chimiques. Les extensions ? Persona Non Grata ! On ne veut pas en entendre parler.

Pendant longtemps lorsqu’on le leur reprochait, les filles noires ont justifié leur utilisation de cheveux synthétiques et Human Hair par les « caractéristiques typiques » du cheveu africain : à savoir rebelle, difficile à coiffer, chronophage en matière d’entretien, etc. Cet argument, ces jeunes femmes adeptes de la mode afro le piétinent et le tournent en dérision. Pour Mariétou, une jeune malienne étudiante à l’université de Nice Sophia Antipolis qui porte le sien depuis deux ans, c’est tout simplement : « N’importe quoi. Ce n’est pas plus difficile à coiffer le matin qu’un tissage qui s’est emmêlé la nuit pendant qu’on dormait et qu’il faut maintenant brosser longuement ». Eh oui mesdemoiselles, va falloir trouver autre chose on dirait.

Derrière cette pratique une question d’ordre culturel et identitaire, les Nappy Girls vont jusqu’à interpeller leurs sœurs adeptes de tissages et de collages d’extensions : « Pourquoi continuez-vous à porter des cheveux qui ne sont pas les vôtres, vous n’êtes donc pas fières de ce que vous êtes? Pourquoi imitez-vous les coiffures des caucasiennes, vous reniez ce que vous êtes alors que vous ne serez jamais l’autre« . Autant vous dire que le débat s’échauffe avec de l’autre côté les blacks pro-extensions qui se sentent progressivement acculées pour leur choix de coiffure.


Certains vont jusqu’à les qualifier injurieusement et abusivement de « Niafous » : terme d’origine malienne désignant une Noire à l’habillement et à la coiffure vulgaires et extravagants. Les Niafous selon la connotation populaire, sont très souvent parées d’extensions capillaires de mauvaise qualité aux couleurs vives : jaune, rouge, bleu. Elles portent des lentilles de contact à la limite du fluorescent, qui ne se marient pas à leur couleur de peau, exemple : vert (horrible fashion-faux pas, oui oui). Se dépigmentant l’épiderme, c’est une désaxée superficielle, aliénée tous azimuts qui se retrouve le cul entre deux chaises : culture africaine et occidentale à laquelle elle s’identifie le plus. Elles mâchent leur chewing-gum bruyamment, ont une hygiène douteuse, sont effrontées, parlent beaucoup trop fort et traînent habituellement aux stations de métro parisiennes identifiées : Châtelet Les Halles et Gare du Nord. Synonyme : Fatou Fachée aka F.F.

 

  • Garder à l’esprit que tout individu de sexe féminin, portant des extensions, croisé au métro GDN ou CLH, ne signifie pas automatiquement que vous êtes en présence d’une Niafou. Usez de votre flair.
  • A rappeler qu’une Niafou (toujours selon la définition) se reconnaît tout de suite et que la confondre au reste de la communauté féminine noire pro-extensions est un terrible acte discriminatoire et un grave manque de discernement. Dans le doute, ne pas l’employer. 🙂

Pour Mariame, étudiante guinéenne à l’université Paul Sabatier de Toulouse, la question ne se trouve pas à cet endroit : « Ce n’est pas parce que je mets des extensions que je ne suis pas fière d’être Noire, certaines personnes mélangent vraiment tout. C’est un choix comme un autre et une question de goût avant tout, c’est comme décider de porter une jupe à la place d’un pantalon et puis chacun est libre. Il faut arrêter de dramatiser en répétant que porter des extensions c’est comme se blanchir la peau, ça n’a absolument rien à y voir » martèle-t-elle un peu excédée par les propos qu’elle a lu sur des forums intitulés « Black Power » sur le web.

Inspiré à l’origine des Jackson Five, arborer fièrement son Afro est aussi devenu un moyen utilisé par certains groupuscules pour militer contre le racisme galopant et le sexisme. Montrer son opposition rien qu’en utilisant sa posture, son verbe et sa coiffure. Ce qui est tout à l’honneur de ces jeunes gens.

Paradoxalement, certaines filles m’ont révélé que c’est en vivant hors de leur pays d’origine que ce besoin d’étaler ce trait de caractère de leur physique d’Africaine s’est imposé. « Si j’étais restée à Abidjan, l’idée de porter un Afro ne me serait certainement jamais venue. Je serai probablement à l’heure qu’il est en train de défriser mes cheveux ou tisser de longues mèches. Ici au Texas j’ai eu peu à peu envie de m’affirmer, afficher le plus « outrageusement » possible ma négritude. » m’explique Sandrine ivoirienne, sur Skype lors de notre entretien vidéo. Sans doute parce que plus on lui faisait sentir qu’elle n’était pas chez elle, plus son attachement à ses racines africaines fleurissait de plus belle.

Retro Afro élégance. Crédit Photo : Alvaro A. Novo
Retro Afro élégance. Crédit Photo : Alvaro A. Novo

Quoi qu’il en soit on ne peut nier qu’il s’agit d’un réel plaisir pour les yeux, de voir défiler (et ce en nombre grandissant ! ) ces têtes bien faites, bien pleines et touffues. Il faut au moins admettre qu’avec ça, vous serez définitivement épargnées du terme « Niafou ». En attendant d’avoir le courage de vous rejoindre, continuez mesdemoiselles vous nous régalez!

Un petit tuyau pour vous Nappies, faites un petit tour chez Camille en cliquant ici. Son blog Ebony roots consacré à la beauté naturelle et noire vous conseille et vous aide à mieux appréhender le cheveu crépu souvent méconnu dans sa totalité.♥


Parce que nous le valons bien

Des manifestants forment le symbole du genre féminn à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 marqs 2014, à Manille (Philippines).  (ROMEO RANOCO / REUTERS)
Des manifestants forment le symbole du genre féminin à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 marqs 2014, à Manille (Philippines). (ROMEO RANOCO / REUTERS)

Hier nous étions le 8 mars 2015, journée internationale pour le droit des femmes, j’aimerais partager avec vous ces quelques mots, en somme un rapide témoignage : le mien. Hier dimanche à cette occasion  justement, il y a eu pléthore de billets et d’articles vantant les « mérites » de cette journée et de la femme par extension. Puis il y a eu ceux qui l’ont dénigrée, l’ont jugée inutile, favorisant un féminisme tordu, etc. Même s’il est clair que le débat autour de la table doit être constructif pour faire avancer les choses partout dans les pays chaque 8 mars, il ne manquerait plus que l’on reproche aux femmes de vouloir « fêter » dignement cette journée. Car il y a tellement de choses pour lesquelles l’on devrait se sentir fières : le droit de vote, le droit d’effectuer une activité professionnelle sans passer par son mari, le droit d’avorter dans certaines contrées, le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’approbation d’un tiers, etc.

Ça l’air évident comme cela, mais si aujourd’hui nous sommes les femmes que nous sommes, c’est grâce à l’action soutenue de nombreuses féministes tout au long de l’histoire.  Pour toutes ces raisons, j’estime ne vous en déplaise qu’il y a bien lieu de fêter (sans débordements bien entendu). Du moyen-âge à nos jours le monde a franchi un grand pas dans l’amélioration générale des conditions de vie de la femme, c’est indéniable.

De même, je pense qu’il n’ y a rien de mal à le rappeler dans des défilés et marches, ornées chacune de pagnes traditionnels, spécialement conçus pour l’occasion. Mais comme certains blogueurs ont également su si bien le dire : le 8 Mars ne doit pas se résumer à un concours de « qui sera la plus belle dans sa tenue », il doit aussi et surtout servir sa première vocation : celle de réfléchir à des solutions pérennes pour installer de façon définitive cette égalité des sexes tant voulue (et tant décriée à la fois) partout dans le monde. Et pour cela, il y a encore du travail.

 

 

Hier je ne sais plus où exactement, j’ai lu les propos d’une femme qui disaient à peu près ceci pour « dénoncer » un certain féminisme : « Il est temps pour les femmes d’arrêter d’être tout le temps énervées, échauffées pour le politiquement correct ». Le coup de massue que ces propos m’ont porté dispose de deux volets : d’abord parce que ces mots viennent d’une femme (et c’est aussi souvent là le problème puisque ce sont des femmes endoctrinées qui volontairement reproduisent les horreurs qu’on ne cite plus sur les corps de leurs filles) mais aussi parce qu’il est inimaginable en mon sens de ne plus être folle de rage au vu de tout ce que les jeunes filles et femmes continuent de subir à travers le monde. Il n ‘y a pas de politiquement correct qui tienne, la lutte n’est pas finie nos manches n’attendent que d’être retroussées. Les lignes qui vont suivre ont été publiées aujourd’hui et non le 8 mars de manière fortuite, pour échapper à l’embouteillage d’opinions et d’idées étalées la veille. Il s’agit de mon plaidoyer pour mes congénères.

Je suis une jeune femme de vingt-deux ans, oui cela fait vingt deux années que je suis sur terre et tout au long de ces années, je ne me suis pas imaginée autrement qu’en femme. Vous savez il y a certains qui disent parfois : « oh! j’aimerais être un homme (ou une femme) pour voir ce que ça fait, pour faire ci ou ça » (Beyoncé l’a même chanté dans son single : « If I were a boy »). Ceci ne m’ait jamais arrivé pour la bonne et simple raison que sous cette personnalité de femme, je me sens bien, épanouie. C’est comme ça que toutes les femmes devraient se sentir : épanouies dans leurs têtes et à l’aise dans leurs corps. J’ai eu l’incommensurable chance de grandir dans un entourage où dès petite, l’on m’a fait réaliser que j’étais forte, que je pouvais réaliser de grandes actions, que je pouvais décider, que mon corps était à moi. On m’a donné l’opportunité de contredire, de rejeter ce que je ne comprenais pas, bref j’ai eu tout le loisir de choisir. Et c’est là mon souhait pour chaque jeune fille, celui d’avoir la liberté de choisir.

La liberté de garder son clitoris

 Dans le monde, il y a chaque jour 6000 femmes qui sont excisées, (sept filles par minute) coupées parfois brutalement occasionnant des hémorragies, des blessures, des MST, une stérilité définitive. L’atrocité souvent est poussée jusqu’à sectionner les petites lèvres des gamines (parfois des adultes) qui hurlent de toutes leurs forces. Elles n’ont rien demandé, on ne leur a rien demandé. ILS ont décidé pour elles, pour leur avenir sexuel : elles ne connaîtront pas d’orgasme à l’état pur. Elles devront subir les rapports sexuels, pas y participer, pas les sentir. Mon cœur saigne avec tous ces vagins détériorés, ces clitoris volés, plus spécialement en Guinée où une récente discussion avec des prétendus intellectuels m’a édifiée sur l’ampleur du désastre. Lorsqu’ils défendaient « les bienfaits » de cette barbarie, la justifiant par la lecture erronée d’une religion, j’ai compris le cœur gros que leur future progéniture passerait par là.


La liberté d’aller à l’école, de poursuivre des études, de s’instruire 

En 2008 dans le monde, 35,5 millions de jeunes filles n’allaient pas à l’école. En 2015 les choses ont-elles changé ? Pas vraiment. Des millions de parents estiment que la place d’une fille ne se trouve pas sur un banc d’école mais dans la cuisine, aux pieds de son mari. Et si par bonheur elles y sont inscrites, on trouve toujours le moyen de les y arracher trop tôt pour les offrir en mariage, pour les réduire à un esclavage domestique. Il y a également le manque de moyens des ménages : illustration parfaite de l’échec des gouvernements. On n’a pas assez pour vivre comment aurait-on assez pour scolariser ses enfants? Et souvent dans ces situations on préfère scolariser le garçon. Là non plus, elle ne l’a pas décidé : l’ « effroyable » destin qui a voulu que ce soit un chromosome XX qui féconde l’ovule a décidé pour elle : tu es une fille, tu restes à la maison. Dans l’un ou dans l’autre des cas : manque de moyens ou volonté assumée de les « analphabétiser » , ce sont elles qui sont pénalisées. Elles ne seront pas ingénieures, docteures, avocates ni ministres.

La liberté de choisir son mari

Alors qu’elles étaient enfants ce sont 250 millions de femmes qui ont été mariées de force. Ce sont les chiffres effarants du Girl Summit 2014 à Londres. Prenons une fille pour qui on aurait tout trancher arbitrairement depuis sa naissance : lui enlever son clitoris, lui voler son éducation et maintenant lui asséner un mari. Que lui reste-il ? Néant. Voilà ce que la société actuelle effectue la plupart du temps : elle produit des poules pondeuses d’enfants. Ce sont là des fillettes manufacturées, réglées à la montre, soumises, pas éduquées, aucune possibilité d’emploi destinées à dépendre entièrement d’un homme sur tous les plans. Elles ne choisissent pas du début à la fin.

La liberté de pouvoir travailler, obtenir son permis de conduire, s’autonomiser

Dans certaines zones de la planète, ma pensée dérive vers les Etats islamiques notamment, les femmes n’ont toujours pas les plus élémentaires des droits. Elles ont besoin de la permission d’un tiers pour se rendre d’un point A à un point B. L’indépendance est une notion farfelue, inconnue d’elles. Les femmes sont considérées comme des propriétés privées sur lesquelles toute la société (sauf les premières concernées) possède des ayant-droits. Et lorsqu’elles parviennent tant bien que mal à s’échapper de ce joug patriarcal en obtenant un emploi, une autre injustice s’abat sur elles, celles des discriminations salariales. Dans les services privés et administrations publiques, les hommes continuent d’être mieux payés que les femmes au su de tous.


La liberté de disposer de son intimité

Le délicat exemple du Hijab

On exige qu’elle porte le voile et si un cheveu dépasse, elle est fouettée en public ou sévèrement punie. Loin de moi l’idée de penser qu’elle ne devrait pas le mettre. Personnellement je n’ai pas d’avis sur la question mais je milite pour que justement elle puisse effectuer le choix (oui encore cette histoire de choix) de disposer de son corps comme elle l’entend. Si le port du voile est un précepte reconnu de l’islam, la religion quant à elle émane de la sphère privée et personnelle. Les femmes devraient pouvoir revendiquer volontairement et joyeusement le port du voile . En un mot, il ne faut pas qu’elles le mettent par crainte de représailles mais parce qu’en tant que musulmane, elle comprend et mesure la portée de cet acte dans l’accomplissement de sa foi. Nul ne sait qui est le bon musulman du mauvais : on peut mettre le voile et avoir un comportement contraire à la Sunna et vice versa.


 

Elles sont persécutées lorsque la poitrine commence à pointer, signe de leur féminité. On leur repasse les seins avec des pierres chauffées à blanc pour ne soit disant pas éveiller les sens des hommes autour d’elles. La société préfère leur infliger ça plutôt que de punir de potentiels pédophiles. On veut garder un œil sur sa sexualité, on la lynche moralement lorsqu’elle avorte. On la restreint, la contrôle, dicte sa façon de se vêtir. Lorsqu’elle perd son mari, on « l’hérite » comme s’il s’agissait d’une vieille bagnole et pour finir on la bat comme une vulgaire serpillière, comme un torchon, à l’ensanglanter. Elle n’a rien choisi, rien décidé du début à la fin et si elle le pouvait à l’heure actuelle, elle aurait choisi de naître homme dans un monde finalement si clément avec la gente masculine et c’est ici tout le drame de notre société.

Bon 8 Mars mesdames, parce que vous êtes belles et courageuses, parce que vous appeler « le sexe faible » est pur outrage mais surtout parce que vous le valez bien.

International Women's Day in India.  Stop to the female infanticide.  (Crédit Photo : Jolene)
International Women’s Day in India. Stop to the female infanticide. (Crédit Photo : Jolene, flickr.com)


La rupture

Coeur_Brisé
Coeur brisé – Pierre Métivier/ Flickr CC

Cette semaine, ce vendredi, cette heure, j’emprunte mon blog, ma tribune à un ami blogueur (je tiens à le préciser) qui estime pour des raisons personnelles que ce blog est l’endroit idéal pour y publier ces quelques lignes. Que j’ai d’ailleurs trouvées à mon tour accrochantes et teintées d’un joli lyrisme, d’où mon accord. Le blog Veillées Nocturnes Au Coin Du Feu est honoré qu’on ait pensé à lui pour cette énième et petite confidence qu’on place dans ses entrailles. J’espère que vous aurez autant de plaisir que j’en ai eu en prenant connaissance des phrases qui vont suivre, un petit bout de vie gribouillé.

LA RUPTURE

Prendre la route, aller la voir
Lui demander ce qui se passe
L’entendre réitérer sa décision
Lui dire que c’est une blague de mauvais goût
Mais voir cette lueur étrange dans ses yeux

Et comprendre

Lui demander où est la bague
Elle n’est pas à son doigt
L’entendre dire qu’elle l’a jetée
Qu’elle ne l’a plus
Elle ne te l’a pas rendue comme le font d’autres

Et comprendre

La quitter sans qu’elle ne te retienne
Sans avoir de réelle explication
Partir sous son regard placide
Et t’effondrer en larmes
A coté de cette voisine de bus qui te regarde en silence

C’est le jour le plus triste de ta vie

Remballer ses affaires
Sentir son parfum sur ses vêtements
Puis les plier et les mettre dans un sac
La mort dans l’âme
Et te dire que c’est réellement fini
Deux ans… Ça ne peut pas se terminer ainsi

La revoir, lui remettre ses affaires
La trouver encore plus belle que dans ton souvenir
Regarder ses yeux que tu aimais tant contempler
Et la voir repartir, sans se retourner
Te sentir totalement désarmé face à ce qui arrive
Tu n’as pas eu ton mot à dire

Appeler
Envoyer des messages
Supplier
Implorer
Te mettre en colère
Et le regretter

Et encore t’effondrer

Encore appeler, garder l’espoir
Deux ans, ça ne peut pas se terminer ainsi
Essayer d’être le plus calme possible pendant cette conversation
Lui demander où elle se trouve
L’entendre te répondre qu’elle passe le week-end chez lui

Et recevoir un violent coup dans le bide

Ne plus appeler
Te sentir mourir à petit feu
Te poser des questions
Te reprocher des choses
Comment cela a-t-il pu arriver
Comment ne l’as-tu pas vu arriver

Et commencer à haïr

Haïr tout ce qu’elle représente
Haïr tout ce qui lui ressemble
Haïr ses congénères
Te sentir encore attaché à elle
La voir partout
Avoir peur

Auparavant tu étais intimidé, aujourd’hui tu es terrorisé

Terrorisé quand une demoiselle te regarde gentiment
Terrorisé quand elle s’intéresse à toi
Terrorisé quand elle te dit qu’elle t’aime
Tu repenses à ce sol qui s’était dérobé sous tes pieds un soir
Tu repenses à cette explosion en vol
Tu t’enfuis

Jamais plus elle ne se reproduira, cette erreur

La revoir des années après, un soir de mariage
Te rappeler qu’elle avait organisé le vôtre dans les moindres détails
Te rappeler de tous ces châteaux construits en Espagne
Constater que c’était du flan car elle est fiancée, mais pas avec toi
Discuter longuement avec elle, retrouver certaines choses
Qui te ramènent à cette douce époque où vous étiez deux, mais un

Le rêve qui avait viré au cauchemar

Te dire que c’était bien tout de même
Mais qu’elle n’a plus sa place, là
Ni elle ni une autre d’ailleurs
Te décider à devenir un loup solitaire
Doublé d’un ours mal léché, un monstre sans cœur ni vergogne
On ne t’y reprendra plus jamais

Et te rendre compte avec désarroi
Que tu es encore capable d’aimer
Donc d’avoir mal

Ecrit par NRJ


Quand le gouvernement guinéen débarque sur Twitter!

Bienvenue sur Twitter. Crédit Photo : Phillipe Martin ( CC flickr.com)
Bienvenue sur Twitter. Crédit Photo : Phillipe Martin ( CC flickr.com)

Ces derniers temps, on remarque un vrai engouement des États Africains à se mettre au diapason des nouvelles techniques de communication (Ouf ils ont enfin compris où la fête se déroulait). Ce qui bien entendu n’est pas pour nous déplaire, nous jeunes citoyens (adeptes ou non des nouveaux médias) disséminés à travers le monde. Pour un guinéen, camerounais, sénégalais, etc. c’est sans aucun doute une bénédiction de pouvoir interpeller son ministre de la jeunesse au même titre qu’un français le ferait avec Fleur Pellerin (ministre française de la culture) ou Emmanuel Macron (ministre français de l’économie). Tout réside dans ce pouvoir, celui de demander des comptes à ses élus, d’exprimer son mécontentement, de féliciter de nouveaux projets, etc. Tout ceci grâce à la magie d’internet.

Quant au poids des réseaux sociaux aujourd’hui dans la communication gouvernants-gouvernés, il s’agit d’une certitude. C’est même un MUST, dans la mesure où les citoyens africains sont composés en majorité de jeunes de moins de 30 ans. La population africaine de nos jours est assez jeune, représentant à elle seule un véritable et redoutable potentiel humain. Cette réalité s’observe aussi en Guinée, où les générations X et Y écrasent toutes les autres de par leur nombre. Vu sous cet angle, il est donc primordial pour les États d’aller à la conquête de ces nouveaux canaux de communication que les jeunes utilisent. Il faut s’adapter, parler leur langage, s’en approcher autant que possible. Il s’agit avant tout des futurs électeurs (dont le système a besoin pour assurer sa pérennité) qu’il faut chérir et caresser dans le sens du poil. Le gouvernement Guinéen l’a assez compris puisqu’en plus de la page Facebook officielle, il vient de créer un compte Twitter qu’il alimente de façon journalière. Dans la foulée, la Présidence et certains ministres issus de ce même gouvernement ont suivi la tendance. C’est ainsi que je fus agréablement surprise de voir Mr. Moustapha Naïté (Ministre de l’emploi des jeunes) présent sur la célèbre plate-forme de micro-blogging. J’ai aussi constaté qu’il répondait aux followers qui le tweetaient de temps à autre. On voulait de la proximité avec nos dirigeants? On est servi et c’est ma foi tant mieux.

 

Mais au vu du nombre de followers dont dispose ces comptes, j’en viens à penser que les jeunes guinéens ne sont soit pas au courant de cette opportunité : on leur donne la parole ce qui est rare dans nos contrées africaines; soit la présence de ces comptes n’a pas été largement relayée. Dans l’un ou dans l’autre des cas il faut absolument y remédier. Une solution parmi d’autres pourrait venir de l’utilisation de spots publicitaires. Puisque la radio, la télévision et même Internet sont accessibles par les ménages guinéens, on pourrait à la fin de chaque publicité y apposer les comptes Twitter des ministères concernés. Je m’explique :

  • -S’il s’agit d’une publicité pour un concert ou un événement culturel sponsorisé par le ministère de la culture guinéenne, on y appose à la fin du clip publicitaire les comptes officiels du ministère de la culture.
  • -S’il s’agit d’une publicité faisant état d’offres d’emploi, de formations, etc. On pourrait y adjoindre les comptes officiels des ministères de l’emploi ou de l’éducation et ainsi de suite.

 Cela contribuerait à informer les citoyens, (notamment les  jeunes souvent largués, abandonnés à eux mêmes) qu’ils possèdent  un espace où ils peuvent venir débattre, exprimer leurs avis, demander des justifications sur la gestion de leur pays. On disposerait ainsi d’une twittosphère (et pourquoi pas d’une blogosphère sur le long terme) guinéenne conséquente où nos voix auraient plus tendance à porter et à être écoutées au sommet de la hiérarchie étatique.

Faut-il encore rappeler le parfait exemple du Burkina Faso où les burkinabés se sont majestueusement et avec une belle prestance, rangés derrière le hashtag (mot-dièse) #Lwili pour organiser, live-tweeter, coordonner les opérations et rassemblements sur le terrain qui ont accompagné la chute du président Compaoré ? Le spectacle était digne d’un balai virtuel où chacun maîtrisait au centimètre près ses pas de danse. Le hashtag est d’ailleurs resté, il est maintenant utilisé par la twittosphère burkinabé pour parler de tout ce qui a trait à leur cher pays. Mais ce ne sont pas les seuls, au Sénégal par exemple le hashtag national c’est #Kebetu, au Togo c’est #Gnadoè et nous en Guinée ça sera quoi ? Car il faut bel et bien en trouver un, pour que tous les guinéens soient fédérés autour.

 

Cependant si la création d’un compte Twitter du gouvernement Guinéen est à féliciter, il existe encore quelques petits agencements que le Community Manager (CM) chargé du profil Twitter se doit de réaliser. Pour avoir effectuer un stage de quelques mois sur le thème, à la suite duquel j’ai fourni un rapport sur l’importance des réseaux sociaux, la façon de les utiliser pour booster les relations marque/institution-clients (dans ce contexte ci, on supposera que les followers sont les clients), je peux sans prétention aucune fournir quelques rapides conseils pour aider à la gestion de ce compte dans l’hypothèse où son CM passerait par là :

  1. Tout d’abord, j’ai remarqué que les tweets du compte @GouvGn sont la plupart du temps des publications Facebook qui ont ensuite été partagées sur Twitter. C’est un faux pas (on parlerait de fashion-faux-pas s’il s’agissait de mode). Il n’est pas interdit de le faire mais Facebook et Twitter représentent deux plateformes complètement DIFFÉRENTES non seulement dans leur conception mais aussi dans leur vocation. C’est donc une erreur de créer un même contenu pour les deux réseaux sociaux. Twitter est un site qui mise sur l’instantané, l’immédiat, le précis, le ciblé : d’où les 140 caractères et le fil d’actualité (Time-Line) rafraîchi chaque minute avec de nouvelles actualités. Le follower s’attend à ce qu’on lui livre l’information tout de suite pour qu’il puisse passer à un autre tweet sans tarder. Alors que Facebook est dans une optique plus large, une diffusion dans le temps plus étalée (dans notre fil d’actualité Facebook on peut retrouver des publications diffusées la veille ou  il y a deux jours, ce qui est quasiment impossible sur Twitter à moins de ne suivre que 2 personnes). Pour un même sujet donc, il est en général conseillé de fournir deux contenus différents pour les deux plateformes : un court, précis pour Twitter et un autre où on peut s’épancher en explications pour Facebook. Le follower sur Twitter et votre « ami/Likeur » de Facebook n’ont pas les mêmes attentes sur la façon de recevoir l’information. Il est crucial de le comprendre. D’autant plus que rien ne garantit que votre follower cliquera sur le lien que vous lui proposez pour lire la suite de vos propos sur Facebook. Il peut estimer le parcours à faire trop long et c’est donc à vous de lui rendre la tâche facile. C’est mieux de réserver ce genre de tweets pour les informations importantes, les déclarations, les discours auxquels on ne peut toucher sous peine d’en modifier l’essence.
  2. En second lieu, sur la plateforme Twitter il est recommandé de fournir une information imagée autant que possible. Un contenu avec photos en guise d’illustration (et tout récemment on a la possibilité de joindre une vidéo à notre tweet)  générerait plus de clics.
  3. Il faudrait envisager d’authentifier les comptes.
  4. En dernier lieu, il est important de garder une certaine cordialité dans les échanges avec les followers (si vous décidez d’interagir avec votre communauté), ne pas s’emporter pour rien et se livrer à une razzia de blocages. Quand on est CM (surtout celui d’un compte aussi important que celui d’un gouvernement) il faut avoir le dos large, accepter les critiques.

Si vous autres lecteurs avez d’autres conseils, vous pouvez les laisser en commentaire, je me ferai un plaisir de les publier.

Pour finir rappelons que les réseaux sociaux représentent les nouvelles forces, mieux les nouvelles armes. Il incombe à chacune des parties (gouvernements, e-citoyens) de les utiliser à bon escient pour parvenir à l’objectif fixé : une communication fluide et franche (même si pour la franchise des politiques, on peut toujours courir) 😉


50 nuances de Grey : Arrêtez le massacre!

50 Shades of Grey en librairie. Crédit Photo : Mike Mozart
50 Shades of Grey en librairie. Crédit Photo : Mike Mozart

Depuis que je suis sortie du cinéma hier, une question me taraude l’esprit :

-J’écris dessus ? Je n’écris pas dessus ?

Le déclic s’est opéré à 4h40, m’obligeant à sortir de mon lit douillet et chaud avec qu’une idée en tête : il faut que j’écrive car oh oui, il faut arrêter le massacre de 50 nuances de Grey (En anglais et titre original : 50 (fifty) Shades of Grey). Je veux bien vous donner mon avis pour ce que ça vaut. Vous êtes partant ? Alors on y va !

Avant de franchir le pas, j’ai lu une panoplie d’articles sur le nouveau film-phénomène à la mode. Et c’est bien la première fois que je commence par voir le film avant d’avoir lu le bouquin et verdict ? (roulement de tambouuur)…je l’ai trouvé assez…(Ding-Deng-Dong)…bien. Oui, oui malgré la tonne d’articles qui en font une critique sévère et négative. Ce n’est pas le film de l’année mais de là à le descendre de la sorte, on pourrait même parler de #50ShadesOfGreyBashing, il y a un pas que je ne ferai pas. C’est comme si les blogueurs cinéphiles, les journalistes s’étaient donné le mot pour se livrer à ce jeu un peu vilain de « cassage ».

On lui reproche entre autres sa longueur, le temps écoulé avant le premier baiser puis avant le premier passage coquin, etc. Pour ma part? je n’y ai vu que du feu. Ok, le film dure deux heures cinq minutes mais bon, c’est le minimum pour tenter de restituer un tant soit peu le caractère trépidant du livre qui lui, fait tout de même 560 pages. 560 pages amis lecteurs ne se traduisent pas à l’écran, vous en conviendrez en 60 minutes! C’est une utopie, à moins d’en occulter d’essentielles parties. Je l’ai trouvé agréable à regarder, avec quelques scènes répétitives certes mais je n’ai pas vu le temps passer.

« On a attendu cent ans avant le premier baiser ». Et alors j’ai envie de vous dire? Quelle est cette manie en venant au cinéma (pour passer du bon temps en passant) de vouloir TOUT tout de suite? Personnellement, j’ai adoré qu’on me fasse languir. Le film a commencé intensément, puis s’est peu à peu calmé sans pour autant tomber dans la désuétude. Avez-vous perdu votre romantisme ? (en supposant qu’il y en ait eu). J’ai trouvé très bénéfique le temps passé à nous faire imaginer, trépigner d’impatience, la scène où les deux protagonistes : Christian Grey et Anastasia Steele joignent enfin leurs lèvres! Et mon Dieu quel baiser ! Tumulteux, c’est l’adjectif qui conviendrait le mieux! Scène qui se déroule finalement dans l’ascenseur et dont je suis ressortie toute émoustillée. 😉

Puis est venu le moment où j’ai entendu et lu des phrases comme :

_C’est un film de cul oui ou non à la fin ? Ils vont se sauter dessus ou va-t-elle jouer les petites vierges effarouchées encore longtemps ?

Ma foi, si vous ne vouliez que « ça », qu’ils se sautent dessus sans préambule, vous auriez dû rester chez vous en vous contentant d’un porno. Non mais …!

Et non ce n’est pas un film de cul (pornographie), c’est un film é-ro-ti-que! Nuance! (sans jeu de mot 😉 ). L’érotisme c’est tout de même plus classe et plus glamour, c’est la face non vulgaire du sexe. Alors souffrez je vous prie qu’on y aille doucement, pas à pas. Pour finir et je ne vous apprends rien, le personnage d’ Anastasia Steele incarné par Dakota Jonhson est VRAIMENT une jolie pucelle de 22 ans au début du film alors jusque là tout est logique.

Comme pour « Le Crocodile du Botswanga » j’ai dû batailler dur pour traîner mon ami au cinéma qui trouvait ce film très girly-girly (fifille). Il n’avait pas tord, la salle était bondée d’adolescentes surexcitées. Il faut dire que c’est le genre de films à voir assurément avec sa bande de copines pour les passages croustillants. Moi j’ai dû me contenter d’un monsieur qui râlait à chaque fois que Christian Grey étalait son éminente richesse :

_Pff, on sait très bien que dans la vraie vie ce n’est pas comme ça…

Oui oui d’accord, mais peux-tu te taire et me laisser rêver à m’imaginer dans les bras d’un richissime ET jeune (non négligeable du tout) homme d’affaire qui m’offrirait une voiture pour ma remise de diplôme? 🙂 Ce qui m’emmène à d’ailleurs me demander si les hommes en visionnant ce film se sont sentis frustrés par la fulgurante réussite de Christian Grey à 27 ans. Quoi qu’il en soit mon ami était lui très content de trouver en Grey une face cachée pas très glorieuse.

_Aha! Tu as vu que tout ce qui brille n’est pas or, m’a t-il lancé avec un air de vainqueur.

En ce qui me concerne, les acteurs épousent très bien leurs personnages (contrairement à ce qu’on lit en ce moment). Tout le long de l’oeuvre et sur fond sonore de Queen Beyoncé chantant Crazy in love en version ralentie, Anastasia m’a fait chavirer avec ses mimiques touchantes, l’humour de ses réparties, ses joues rosies lorsqu’elle pleure, sa folle sensualité, etc. Christian Grey parcontre, je l’imaginais un peu différemment mais il s’est rattrapé avec un jeu presque zéro faute dans les minutes qui ont suivi. L’acteur James Dornan joue le mystérieux et richissime entrepreneur, écorché vif par quelque chose que l’on ne sait pas encore et qui a une relation atypique avec la gent féminine. Mais c’est à tout point de vue, une histoire de prince et de princesse qui est censée nous emmener loin dans les méandres du sadisme et du masochisme !


Cependant une chose que je reproche à la réalisation, c’est d’avoir tenté par tous les moyens de « lisser » les parties trash du film, pour qu’il soit visible du maximum de personnes issues de toutes les tranches d’âge. Ce qui est assez dommage car « la férocité » observée dans le livre (et qui a fait son succès) n’a pas été fidèlement retranscrite au grand dam des téléspectateurs qui attendaient (s’étaient préparés même) à juste titre.

Les scènes « sexuelles » duraient à peu près deux à trois minutes et il a dû en avoir trois au total sur 125 minutes de projection.(Exactement comme un film normal et non pas comme un à caractère érotique). La limite d’âge a été baissée à moins de douze ans (-12), ce qui fait que des gamines de treize ans parlaient d’aller le voir comme d’une production Disney. Il s’agit tout de même de sexualité, de SM, de scènes assez crues (pour leur âge) qui méritaient un minimum de seize ans (-16) à mon humble avis. Mais on comprend bien qu’il faille rentabiliser le film en le rendant le plus accessible possible après le gros marketing onéreux dont il a fait l’objet. (Notamment la publicité lors de la mi-temps du Super-bowl). Par ailleurs la fin, non seulement nous surprend mais nous laisse grandement sur notre faim ! C’était le but en même temps. Alors Ana reviendra-t-elle vers son « bourreau » aux magnifiques pectoraux ? Saurons-nous enfin pourquoi ce dominant ne veut point être touché par sa soumise ? Réponse dans le prochain épisode (ou pas).

Pour finir, s’il fallait noter ce film je lui aurais donné la note de 6 sur 10 ou de 2,7 sur 5. Un peu plus au dessus de la moyenne mais en aucun cas au dessous. Un conseil néanmoins, regardez-le en version originale sous-titrée, c’est tellement mieux que les adaptations françaises où l’on voit bien qu’il y a un truc qui ne colle pas avec le langage.

Le film m’a donné envie d’acheter le bouquin. Et pour qui sait qu’il est nettement difficile de faire correspondre un roman à une réalité cinématographique, (on en a la preuve avec la saga Harry Potter, Twilight, Game of thrones où jamais on n’est parvenu à obtenir le même goût en regardant les films et séries qu’en lisant les bouquins) sait également qu’il faut aborder cette oeuvre avec beaucoup d’indulgence et de distance.

Après tout l’art n’est-il pas question de subjectivité à part entière ?


Kalimera ! Le 1er ministre Alexis Tsipras vu par les Grecs

Le premier ministre Grec, Alexis Tsipras (Crédit Photo : DIE LINKE. in Europa)
Le premier ministre Grec, Alexis Tsipras (Crédit Photo :
DIE LINKE. in Europa)

Il y a une semaine, j’ai eu la possibilité de m’échapper de mon train-train quotidien. Destination ? La Grèce ! J’étais ravie de pouvoir me « déconnecter physiquement » de la France et de larguer les amarres, ne serait-ce que pour un bref moment. Le moment fut bref, mais tellement grisant ! Que dis-je, un envoûtement. Ah la Grèce terre ruinée mais terre d’enchantement.

Athens. View from The Parthenon. (Crédit Photo : Dieretou)
Athens. View from The Parthenon. (Crédit Photo : Dieretou)

Comme Dora l’exploratrice, je prends tout ce qu’il me faut dans mon « cartable ». C’est en Europe du Sud la Grèce, c’est assez éloigné de ma petite province midi-pyrénéenne (d’ailleurs il y a une heure de décalage horaire), alors même si ce n’est point pour durer je ne veux pas être « surprise » par les événements, résultat : ma valise pèse deux fois ce qui était prévu. Je vois déjà vos regards désapprobateurs, ben quoi ? Une femme ça a besoin de beaucoup de choses, ce n’est pas comme ces messieurs qui eux peuvent porter les mêmes baskets six jours de suite 🙂 . Mais on s’égare, revenons au voyage.

Station Pireus, le Port.  (Crédit Photo : Dieretou)
Station Pireus, le Port. (Crédit Photo : Dieretou)

Ainsi donc dans l’avion d’Air France qui me mène à Athènes pendant trois heures de vol (Dieu merci, saine, sauve et entière au regard de l’actualité aéroportuaire) je commence un petit peu à angoisser. En effet dans cet appareil, il n’y a que trois Noirs moi y compris pour environ 200 passagers. Humm… mes amis de la diaspora savent certainement de quoi je parle, vous savez cette fâcheuse habitude dès qu’on arrive à un endroit de « compter » le nombre de Noirs parmi nous : en classe, dans une boîte de nuit, dans une entreprise, etc. Pratique destinée à nous rassurer je ne sais comment. Pourquoi on fait ça ? Je ne sais pas, mais ça doit être psychologique.

Quoi qu’il en soit les choses ne débutent pas très bien et je commence à me demander si je vais atterrir dans un pays où la race noire est encore méconnue et où les gens vont me regarder soit comme une pierre du néolithique soit comme une œuvre d’art ! Serais-je victime de racisme là-bas? Je vérifie mes notes de voyage, déverrouille ma tablette et parcours les informations que j’ai glanées ici et là il y a quelques jours pour le bon déroulement de mon séjour. Les lieux à visiter avec le guide du routard spécial Greece, la mentalité de la population sur des blogs de voyage, etc. Car bien entendu la dernière chose dont j’ai envie, est de revivre ma traumatisante expérience du Maghreb !

Non non pourtant, pas grand-chose à signaler de ce côté dans mes notes. Rien d’insurmontable en tout cas. Et puis des Noirs dans un avion, qu’est ce que ça prouve après tout ? Finalement, je réajuste ma ceinture et entreprends une petite sieste pour me calmer et chasser les vilaines cernes qui me guettent.

Aegina Island.  (Crédit Photo : Dieretou)
Aegina Island. (Crédit Photo : Dieretou)

J’arrive à Athènes vers 13 h, heure locale et ça y est l’aventure commence. Dans l’aéroport ? Toujours zéro Noir et quelques regards sur moi, mais j’essaie de ne pas y prêter attention. Je me dirige vers la sortie Taxis où un très grand monsieur vient à ma rencontre tout sourire. Sourire marketing me direz-vous ! On s’en fout, j’aime son visage paternel et mon anxiété s’évapore petit à petit. Je grimpe dans son bolide et on est parti. Je lui donne l’adresse de mon hôtel qu’il connaît déjà heureusement pour avoir déposé certains touristes à cet endroit ! Avec mon anglais approximatif je commence à discuter avec lui, la vie à Athènes, comment a-t-il vécu la crise, etc. Les réponses affluent et nous nous lançons dans une conversation bon enfant où mes questions se font tout de même de plus en plus intrusives ! Je veux tout savoir moi !

Commerces à Akropolis .  (Crédit Photo : Dieretou)
Commerces à Akropolis . (Crédit Photo : Dieretou)

Mon chauffeur est un Grec qui doit avoir la cinquantaine, il m’explique la désillusion qui a frappé la population après l’annonce de la dette grecque. Il m’affirme avoir perdu foi en la politique et que le gouvernement ne lui inspirait plus confiance! Il parle, parle, et moi j’écoute, j’écoute. Je me sens comme une journaliste en reportage. Il m’explique comment les salaires ont été drastiquement baissés sans crier gare, comment il a perdu son emploi de bijoutier, son désespoir. Le trajet d’une trentaine de minutes me permet de le questionner sur Alexis Tsipras, le nouvel homme fort de la Grèce. Il émet certaines réserves, il veut bien lui accorder le bénéfice du doute, mais pas plus. Il s’explique :

_You know, Tsipras is a young man, he got a lot of ambitions for the country. But will they let him work ? I don’t think so. Look at Kennedy, he was so dynamic, full of dreams, he wanted to change the world. And what they did to him? They killed him.

(Vous savez, Tsipras est jeune, il a de nombreuses ambitions pour le pays. Mais le laisseront-ils travailler ? Je ne pense pas. Regardez Kennedy, il était dynamique et plein de rêves, il voulait changer le monde. Et que lui ont-ils fait ? Ils l’ont tué!)

Je sursaute, peut-on en arriver là en Grèce? . J’en profite pour lui demander des informations sur l’hypothétique présence de la mafia et des cartels en Grèce.

_Oh they are everywhere in the world. (Oh ils sont partout dans le monde)

Nous nous arrêtons là sur ce sujet assez délicat.

_What about Black people here ? Greek are they usually racist or xenophobic ?

(Et les Noirs ici ? Les Grecs sont-ils racistes ou xénophobes en général ?)

J’essaie de tester tant bien que mal sa franchise par cette question que je lui pose sans ambages en observant son regard dans le rétroviseur.

_ I wouldn’t say that, me répond-il en faisant une petite moue désinvolte… Here we love the tourists and Black people doesn’t cause mess or disorder so there is not problem.

(Je ne dirais pas ça. Ici on aime les touristes et les Noirs ne sèment pas de pagaille donc il n’y a pas de problème.)

Nous passons donc aux joyaux de la ville d’Athènes : le temple de Zeus à Akropolis, le Parthenon, l’Agora, Syndagma, les magnifiques îles Hydra, Aegina, Zakynthos, les boîtes de Gazi, Pireus (le port), etc. qu’il me conseille expressément de visiter. Je lui dis que j’y compte bien et nous nous séparons gaiement alors que je lui promets de le rappeler en cas de besoin. Le prix du trajet : 40 euros.

Métro Athènes.  (Crédit Photo : Dieretou)
Métro d’Athènes. (Crédit Photo : Dieretou)

Tout au long de mon escapade, je découvre une population qui peine financièrement à s’en sortir certes comme partout, mais ici plus qu’ailleurs. Les ménages touchant peu ne consomment plus. Ils préfèrent désormais mettre de l’argent de côté que de dépenser pour se faire plaisir. Ils sont traumatisés à l’idée d’être frappés par une seconde mauvaise nouvelle dans le secteur économique. Le commerce a perdu de ses galons et l’économie se trouve désespérément asphyxiée puisque les industries n’arrivent plus à écouler leurs marchandises qui sont soldées.

Temple du Dieu Olympien Zeus.  (Crédit Photo : Dieretou)
Temple du Dieu olympien Zeus. (Crédit Photo : Dieretou)

Cela fait sans aucun doute le bonheur des touristes qui se procurent des biens et services sans avoir à dépenser beaucoup mais pour les Grecs, c’est une vraie catastrophe. Je me rappelle de cet épicier chez qui j’étais allée acheter des fruits tôt le matin vers 7 h. J’étais sortie de mon hôtel non seulement pour retirer des sous au distributeur d’à côté mais aussi pour appréhender ce quartier toute seule, à ma manière.

Le Parthenon .  (Crédit Photo : Dieretou)
Le Parthenon, vue du bas. (Crédit Photo : Dieretou)

Pendant une heure j’ai marché pour mieux me repérer dans ce nouvel espace où la plupart des boutiques et enseignes sont en alphabet grec. Lorsque je vois ces fruits sur son étal délicieusement exposés, je ne résiste plus et me dirige vers sa boutique :

_G’morning, lancé-je à la volée dans l’espoir d’avertir quelqu’un de ma présence.

Le gérant, un jeune monsieur dans la trentaine, est au fond de sa  boutique. Une calculatrice à la main, le front plissé  tentant de se démener tant bien que mal dans ce qui me semble être de loin, des chiffres.

_Kaliméra (bonjour) me répond-il…

Aïe, je sens qu’avec lui ce sera compliqué de discuter puisqu’il a l’air de ne parler que grec.

Je lui achète une poche pleine de fruits appétissants : bananes, pommes, fraises, clémentines. Cela a l’air de le dérider et après avoir payé, je tâte doucement le terrain puis lance mes questions habituelles :

_So, what about the economic crisis ? Was it hard for your business?

(Et au sujet de la crise économique ? C’était dur pour ton commerce ?)

_Oh truly hard, me répond-il…

(Vraiment difficile)

Nous devisons un bon quart d’heure pendant lequel il loue la venue de Tsipras et de son équipe comme celle d’un messie. Lui et ses amis me dit-il, placent tous leurs espoirs dans ce nouveau départ! Il me parle de dignité retrouvée et je veux presque y croire tellement que son optimisme est contagieux. Il m’apprend quelques mots en grec qu’il me note sur un papier.

_ Ef̱charistó̱ polý (Merci beaucoup). Lui dis-je dans un sourire en tournant les talons.

C’est ainsi que s’écoule tranquillement mon séjour, et je ne fais l’objet d’aucun racisme. Les gens me parlent tranquillement, sont agréables quand je vais vers eux et je commence à honnêtement apprécier cette ville. Cette μαμά (mamà) grecque avec ses longues robes fripées et son sourire bienveillant à qui je demande mon chemin lorsque je m’égare, ces petites adolescentes beaucoup trop maquillées pour leur âge que je croise au théâtre Dionysos, qui devinent je ne sais comment que je ne suis pas d’ici et me lancent un charmant :

Where are you from ?

Auquel je réponds :

_France.

Avant de s’extasier les yeux écarquillés :

_Oh Parisss (lire parice) I love this country. Puis elles continuent :

_ I will go there as soon as I’ll got my own money. Alexis Tsipras will change everything and we’ll got jobs.

A la bonne heure! leur dis-je. Elles dégagent un aimable enthousiasme que je ne voudrais gâcher pour rien au monde.

Je remarque que les adultes et les personnes âgées sont plus méfiants face à ce nouveau régime auquel ils souhaitent certes toute la réussite mais gardent néanmoins la tête sur les épaules. Ils savent que la lutte pour renégocier la dette sera acharnée notamment avec celle qu’ils appellent ici « La Merkel » avec dédain.

Après quatre jours de longues journées d’excursions découvertes un peu partout à Athènes: le quartier fleuri d’Anafiotika, le marché aux puces de Monastiraki, sautiller à Petralona, Keramikos et j’en passe; je suis à la veille de mon retour. Toutes les bonnes choses ont une fin. Je décide donc d’aller jeter un coup d’œil vers ces pittoresques îles célèbres : une qui est « assez proche » d’Athènes c’est-à-dire à quarante minutes de trajet en catamaran : Aegina; et une autre dont le parcours est digne d’une odyssée : Zakynthos. Mais le jeu en vaut sans aucun doute la chandelle. Le décor est féerique.

Zakinthos Island.
Zakinthos Island.

Pendant cette minicroisière je fais la connaissance d’un autre barbu de grec (ah oui j‘oubliais de vous le dire, les hommes sont presque tous barbus et les jeunes femmes sont en général de jolies petites brunes aux traits prononcés, ce qui leur confèrent un petit air énigmatique très séduisant), avec qui j’ai une autre discussion passionnante et instructive. Il a vingt-sept ans, est consultant en informatique dans une entreprise de la place et parle un peu français. Il trouve aussi que Tsipras est une bénédiction pour la Grèce. Il m’explique que l’Union européenne a beaucoup été trop dure avec eux qu’il est plus que temps de changer la donne. J’ose tout de même un petit :

_Je comprends les répercussions sociales de l’austérité sur le long terme, mais ce n’est pas à l’UE qu’il faut en vouloir et si on vous annule cette dette qui a déjà été réduite par le passé, ce sera aux autres pays membres de payer pour vous, pour les folies de grandeur de votre ancien gouvernement alors qu’eux ont été sages. C’est injuste. It is so unfair, appuyé-je en anglais.

Je le regarde, je suis peut-être allée un peu trop loin. Heureusement, il sourit puis ajoute :

_ Néanmoins ça ne peut plus continuer me dit-il, les Grecs ont trop souffert et ce n’était pas de leur faute non plus, la seule erreur qu’on peut leur reprocher est d’avoir eu confiance en leurs élus. Et puis ce n’est pas comme si l’Allemagne elle, avait entièrement remboursé sa dette de guerre non plus.

Cette dernière tirade me fait sourire. Un point sur lequel je n’ai aucun mal à le rejoindre.

 

 

Le catamaran avec lequel on a voyagé.  (Crédit Photo : Dieretou)

Le catamaran avec lequel on a voyagé. (Crédit Photo : Dieretou)

Le lendemain, j’embarque pour mon vol retour, en gardant un ravissant goût de cette petite virée captivante et en me promettant intérieurement de revenir dès que je pourrai.

Airbus 15 32 . (Crédit Photo : Dieretou)
Hello from the sky. (Crédit Photo : Dieretou)


De la difficulté d’une transition vers une croissance verte

Industry. Crédit Photo : Géorgie Pauwels. (flickr.com)
Industry. Crédit Photo : Géorgie Pauwels. (flickr.com)

Certains pourraient juger inutile ou alors précipité de parler de croissance verte alors que la croissance à proprement dite n’est pas encore enclenchée dans les pays du Sud .

« -Quelle écologie ? Sortez d’abord de la misère et puis on verra… » me diront d’autres.

Pourtant loin d’être stupide, l’idée selon laquelle les pays africains doivent désormais compter avec l’écologie dans leur développement durable fait son bout de chemin.

S’il n’ y a de doute pour personne que l’utilisation massive d’énergies fossiles après la découverte du charbon et du pétrole a été à l’origine du développement et du mode de vie actuel des nations occidentales, les pays en voie de développement eux se doivent de réussir le pari d’une croissance économique plus respectueuse de l’environnement.

Ben oui quoi, va bien falloir que d’autres pays paient et compensent toute la merde causée par les insatiables appétits capitalistes (venus de l’on sait où  !). Et bien entendu, ceux qui vont s’en charger, ceux qui vont pâtir de ces contraintes écologiques dans leur processus de développement vont être les contrées qui vont économiquement croître en dernier : les pays de l’est et du sud.

L’industrie qui est le moteur principal de toute croissance est le secteur qui doit concentrer le plus d’efforts pour une transition verte. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un secteur boulimique en termes énergétiques. La bonne industrie est celle qui dispose de toute l’énergie quantitative ET qualitative pour soutenir une bonne productivité ainsi qu’une compétitivité internationale à toute épreuve. Tout l’enjeu aujourd’hui de la catégorie des pays dits riches est donc de progressivement faire basculer leur économie vers une économie verte. Celui des pays du tiers-monde quant à eux, est de pouvoir enfin amorcer une croissance économique digne de ce nom. Non pas en suivant l’exemple des pays du Nord qui avec leur machine industrielle, ont saccagé l’éco-système naturel, pollué la terre, etc. , mais en épousant des attitudes économiques en adéquation avec le bien-être des générations futures.

Comment maintenir le niveau de productivité pour les uns et croître économiquement pour les autres tout en adoptant cette nouvelle manne que sont les énergies renouvelables ?

Panneaux solaires à Narbonne. Crédit Photo : Dominique Lenoir (flickr.com)
Panneaux solaires à Narbonne. Crédit Photo : Dominique Lenoir (flickr.com)

Les énergies vertes encore peu maîtrisées (par rapport à celles irréversibles et polluantes que les hommes ont longtemps utilisé pour en connaître maintenant  tous les rouages) sont certes salutaires mais ont cet « inconvénient » d’être difficilement extractibles. En effet pour obtenir quelques quantités (relativement petites) de ces énergies (éolienne, hydraulique, solaire, etc.), il faut mettre en place de grosses installations plus ou moins coûteuses qui nécessitent de grands espaces . Mais si l’on compare cet « inconvénient » aux drames qui ont jalonné l’histoire des énergies fossiles : l’entreprise américaine BP  qui a accidentellement déversé plusieurs tonnes de polluant dans la mer du Golf donnant naissance à une marrée noire qui a détruit  la faune et la flore, ces difficultés d’extraction associées aux progrès technologiques futurs semblent très vite surmontables.

Néanmoins les problèmes liés à une telle transition ne sont pas qu’énergétiques ou industriels. Toujours dans le secteur économique, la présentation actuelle des marchés, le féroce appât du gain des entreprises super-puissantes au détriment d’une prise de conscience collective ne favorisent pas cette croissance exclusivement verte tant voulue. Le commerce, les transports, le secteur tertiaire sont autant de volets qui prennent un poids considérable dans cette transition. Les efforts doivent être coordonnés et synchronisés pour qu’on puisse constater un quelconque changement.

Comment concilier la faim galopante dans le monde et l’abandon de l’agriculture intensive dans un noble désir de respecter les terres de plus en plus appauvries par des pratiques peu scrupuleuses? Grande interrogation.

En revenant des champs. Crédit Photo : Philipe Gigliotti (flickr.com)
En revenant des champs. Crédit Photo : Philipe Gigliotti (flickr.com)

En dernier lieu, soulignons que les comportements restent le plus difficile à changer dans cette situation. Certains auteurs affirment que si les sociétés (spécialement celles américaine, européenne et tout récemment asiatique) ont beaucoup de mal à passer d’une croissance économique sauvage à une croissance économique verte c’est parce que tout simplement les individus manquent grandement d’ « éducation écologique ». Les populations doivent ré-apprendre à faire attention à leurs agissements qui impactent la nature.

Comment emmener des populations habituées à l’opulence à ne plus gaspiller, à prendre le vélo ou le bus aulieu de la voiture, à trier, etc?

Le processus est long et demande de vastes plans de sensibilisation. L’avantage avec les pays émergents ou en développement c’est que les comportements et les mentalités (du moins pour la plupart) sont encore vierges de toute extravagance. En théorie, il serait donc plus facile d’y faire acquérir des habitudes plus responsables et saines aux populations. En théorie seulement.

Eoliennes. Crédit Photo :  Aurélien Catinon (flickr.com)
Eoliennes. Crédit Photo :
Aurélien Catinon (flickr.com)


Toulouse est Charlie

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L’université Jean Jaurès se recueille à Toulouse. Crédit Photo : Dieretou

Aujourd’hui à Toulouse comme dans la plupart des grandes villes de France, l’heure est à la consternation et l’humeur à la tristesse. Au lendemain des évènements qui ont frappé Paris, la ville s’engloutit doucement dans une torpeur qui en dit long sur l’état d’esprit de chacun.

Dans le métro, un calme inhabituel. Les têtes sont baissées, les regards sont fuyants la tension est palpable. Les conversations sur l’actualité sont mises de côté, l’émotion est encore trop vive et une étincelle pourrait mettre le feu aux poudres. Alors on se veut prudent, l’œil  hagard on tente de comprendre, en vain. Aujourd’hui, on ne répond que par monosyllabes. On rend hommage calmement, douloureusement.

J’arrive dans l’enceinte de l’université Jean Jaurès, sur la grande place une foule immense est venue témoigner son soutien aux disparus. Des affiches sur lesquelles on peut lire « Je suis Charlie » parsemées ici et là. Pas de discours, les visages amers sont éloquents. Que dire face à la bêtise humaine ?

TLSE
L’université Jean Jaurès est Charlie. Crédit Photo : Dieretou

Aujourd’hui, il ne fait pas bon de porter le voile en France, ça aussi il faut le dire, les raccourcis sont vite fait. On ne comprend pas « qu’une religion puisse être si meurtrière à travers le monde ». Ces mots je les entends. Des mots tenus furieusement par une jeune femme aux yeux embués. Est-ce la religion cependant ? L’islam ou les monstres qui l’interprètent comme bon leur semble? 

Hier je tweetais :  » Vous dites : ne faites pas d’amalgames, mais à la longue c’est dur de ne pas en faire, #ViolenceEverywhere #CharlieHebdo ».  De confession musulmane, je m’attends qu’à la fin on ne veuille plus croire à ces VRAIS musulmans au cœur apaisé, refusant toute forme de haine et de radicalisation. De Sydney à Montauban en passant par Paris hier, on contredit ces derniers. On les salit.

Mais pourquoi Toulouse est aussi bouleversée ?

C’est parce que Toulouse connaît très bien cette amertume qui ronge Paris. Elle se rappelle l’affaire Merah et des tueries qui ont fait la Une de tous les quotidiens nationaux. Pour la première fois, la ville est confrontée à ce qu’on appelle du terrorisme concret. Le mot est là, cruel et effrayant. Elle sait les traumatismes laissés par pareille attaque : un sac abandonné à un arrêt tramway et c’est la panique : services métro, bus et tramway arrêtés, périmètre quadrillé : on appelle les équipes de démineurs pour finalement se rendre compte que ce n’est qu’un cartable oublié là par un gamin. Pour cela et parce que Toulouse sait que le travail de « guérison morale » est un travail de longue haleine, la ville compatit.

TOUS CHAR
Entrée de la Bibliothèque  de l’université J.J au lendemain des évènements de Paris. Crédit Photo : Diérétou

C’est avant tout, une banalisation de la vie humaine, une atteinte à la noble vocation qui est d’informer. Preuve conséquente du fait que le journalisme est bien un métier dangereux aussi bien pour le reporter de guerre à l’autre bout du monde que pour l’éditorialiste ou le caricaturiste dans son bureau qui a pour seule « arme » son crayon. C’est toute la famille du journalisme (et pas qu’occidental) qui est en deuil.

Parce qu’on peut montrer son désaccord sans plonger dans la bestialité. Parce qu’on peut ne pas être du même avis et le montrer autrement qu’en tuant sauvagement. Aujourd’hui il est important de dire et de marteler qu’on ne cautionne pas ce qui se passe aussi bien en France, qu’en Syrie, en Palestine ou au Nigeria. Les combats sont différents, mais on aspire à la même finalité : la paix. Pourquoi donc ne pas faire un bout de chemin ensemble et lutter à l’unisson ? Car si Toulouse est Charlie, elle est également tous ces jeunes innocents qui tombent toutes les heures à travers la planète.

 


Guinée en robe de fêtes, souvenirs d’une Conakryka

 

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Kankan. Crédit Photo : Julien Harnais

Ça y est l’année s’achève. 361 jours écoulés déjà, plus que quatre jours et on tournera vite la page comme si elle n’avait jamais été écrite. Seule une ride de plus sur nos traits témoignera de son passage. Je suis devant la fenêtre il pleut, il neige par alternance, le temps est tellement maussade. Il est à l’image de mon humeur.

Tout contraste avec toi, Guinée en ces périodes.Tant d’effervescence, tant d’entrain, tant de visages jovials, tant de convivialité, regroupés en un même endroit. En cette fin d’année je me rappelle de tout, de toutes ces choses qui font de ton sol, de cette terre, un havre de paix et d’hospitalité. Guinée mon amour, je me rapelle de tes merveilleuses femmes aux courbes généreuses et aux déhanchés ensorceleurs parés de bayas. Je sais combien de fois elles adorent être apprêtées pour toute festivité. Je me rapelle de ces longues files d’attente chez le tailleur suivies de celles chez les coiffeuses de quartier. Clientes jamais contentes des délais, toujours pressées, insatisfaites du résultat parce que le « modèle était plus beau dans le magazine « . On dit que tu es un pays pauvre mais je sais que ces jolies malinkés au caractère affirmé, que ces attachantes peulhes au nez fin et au teint de lait caillé, que ces soussous à la gentillesse légendaire et aux formes de nymphe, que ces forestières chaleureuses à l’image de leur région ne tarissent jamais de billets de banque lorsqu’il faut se rendre belle.
Je me souviens à quel point elles adorent se pavaner pendant les mariages ou baptêmes avec leurs boubous sortis tout droit de chez le « tapeur ». Je me rapelle du froufrou élégant de leur bazin* à chacun de leur pas, de la fumée odorante du thiouraye qui s’élève dans la pièce et de ma mère qui chassait la gamine que j’étais à l’époque. Car le thiouraye, « c’est avant tout pour les femmes mariées » la légende veut que s’en approcher porte malheur aux jeunes filles qui ne trouveraient point de maris au moment venu. Guinée, il n’y a de doute pour personne quand au charme de tes femmes et à la bonne volonté de tes hommes.
Vois-tu mes vieux amis me disent que j’ai changé, que je ne te ressemble plus beaucoup, qu’involontairement je commence à avoir des « manières » de blanche, que j’ai un accent du sud et qu’au bout de ces longues années sans toi, la mentalité africaine s’effiloche comme un vieux pull en laine qui aurait subi les assauts du temps. Lorsqu’on me dit ça, j’ai l’impression de te tromper avec cette nouvelle venue qu’est la France. Pourtant je t’aime toujours, mes sentiments à ton égard n’ont pas changé, la France n’est qu’une amie (avec laquelle j’ai de bons rapports certes), mais rien de plus. Même avec ses bijoux scintillants, sa peau blanche, ses fards et nouveautés, elle ne m’intéresse pas. Je te préfère toi ma Guinée, ton authenticité me manque. J’aime ton visage naturel, tes tatouages traditionnels, ton éclatante dentition et ton énivrante chaleur tropicale.
Je n’oublie pas les soudaines coupures d’électricité en pleine émission « Parade » sur la Radio Télévision Guinéenne. Je n’oublie pas tes belles musiques dans nos dialectes, le folklore mandingue, etc. Mais je regrette de ne pas te connaître plus profondément. Tes villages, sous-préfectures ne me parlent pas beaucoup. Je suis une fille de la ville et à quelques égards, c’est un peu dommage… Mais je te promets qu’on y remediera à mon retour. Tu es si exquise, j’aimerais t’explorer de fond en comble, passer de longues veillées nocturnes à tes côtés, en tête à tête en amoureuses.

 

Veillées Nocturnes au village. Crédit : Martin Baran
Veillées Nocturnes au village. Crédit : Martin Baran

Hier je suis tombée sur deux ou trois chansons qui ont bercé mon enfance, que maman écoutait souvent.

Les paroles sont en langue malinké, je n’y comprends que quelques bribes. Mais ce n’est pas grave, elles ont un effet apaisant sur moi. Mais en quoi est-ce étonnant finalement ? Je suis ta digne fille. Ceux qui pensent que je me transforme en ces occidentales insensibles toujours à court de temps se trompent invraisemblablement. Nous aurons toujours cette relation fusionnelle toi et moi. Je suis imprégnée de toi.

Ici les gens sont étonnés lorsque je leur explique que chez nous chrétiens et musulmans vivent en parfaite harmonie, qu’on s’accepte les uns les autres. Ils sont tellement habitués à la guerre entre religions qu’ils en sont ébahis. Ils restent perplexes quand je leur affirme qu’on fête aussi bien l’Aïd que Noël ensemble sans histoires. Ils ne demandent qu’à voir et je leur dis de volontiers grimper dans le premier avion pour abreuver leur curiosité. Ai je menti Guinée mon amour? Tu es ce fabuleux endroit que je n’échangerai pour rien au monde, cet endroit où chacun a sa place.

Il y a cette effroyable chose qui veut ternir ta robe de princesse. Cette infamie du nom d’Ebola, cette mégère egoiste et imbue d’elle qui pense pouvoir débarquer et s’installer en maîtresse de terreur. Guinée tu es tellement plus forte que ça. Je sais que t’y arriveras, que tu la vaincras pour tous tes fils qui sont déjà tombés. Guinée, ne les laisse pas  user de puantes stratégies ô combien rocambolesques pour diviser tes enfants au nom d’une ethnie. Je suis sûre qu’on t’aime tous autant de la même façon. On a beau te critiquer, être sévère dans nos remontrances, te charrier sur toutes tes particularités à la « guinéenne » , ça ne changera jamais rien. C’est notre façon bien spéciale de t’aimer.

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Pour cette nouvelle année je te souhaite tellement mieux, beaucoup de prospérité, de santé, de succès, de solidarité. Pas de beauté, tu es déja à couper le souffle avec tes arbres verts à chaque coin de rue, vecteurs de pluies abondantes. Cette missive n’est pas dédiée qu’à ta fille Conakry qui a cette manie de toujours vouloir retenir tout ce qui est bon pour elle oubliant ses soeurs. Mais elle est également destinée à Kankan, Kissidougou, Kouroussa, Boké, Faranah, Lola, Kindia, Labé, Dalaba, etc… Toutes ces belles demoiselles en attente de loyaux prétendants comme la démocratie, la stabilité, la prospérité…

Bref, je pourrai passer ma vie entière à te magnifier (tu mériterais aisémment une vie), à porter à la connaissance de tous tes atouts et faiblesses, à t’idôlatrer pour rappeler à tous qui règne dans mon coeur. Mais ce n’était point le but, Guinée mon amour je voulais ici juste te dire en cette quatrième année encore loin de toi, que je pense fiévreusement à toi pendant ces nuits froides et que j’arrive pour tendrement achever cette belle aventure qu’est la nôtre…

En attendant prend bien soin de toi, précieuse.

 

*bazin : tissu africain damassé, teinté à la main


Le show-biz du Nu

Crédit Photo : Christina Xu (flickr.com)
Crédit Photo : Christina Xu (flickr.com)

Aujourd’hui pour réussir ou se faire remarquer (c’est selon, car ça dépend de la connotation que vous accordez au mot réussir) il faut être à poil ! Exactement, il faut avoir le moins de fringues possibles pour avoir le plus de sex-appeal virtuel permis, logique imparable !

Les jeunes de cette génération Y dont moi-même je fais partie, s’identifient en général à des icônes de mode, de musique, cinématographiques etc. On cherche à combler un idéal physique utopique qui nous ait grossièrement vendu à toute heure de la journée par tout le monde, plus spécialement par les médias traditionnels. Comme je le disais dans un billet précédent , compte rendu d’enquête où je pointais du doigt le matérialisme poussé d’une jeunesse en quête d’identité, nous progressons dans une société où l’apparence a pris un poids considérable. Si dès le XIIème on nous lançait à tout bout de champ: « l’habit ne fait pas le moine » pour nous inculquer des valeurs qui allaient au delà de l’apparence, aujourd’hui il faut bien reconnaître que s’il ne fait pas tout (et encore c’est à vérifier) l’habit contribue vigoureusement à faire d’une personne ce qu’elle est. Il y a deux jours un ami m’avançait: « on a beau dire ce qu’on veut dessus, c’est la beauté intérieure qui compte et blablabla… le physique comptera toujours à mes yeux ». Vlan !

Que ne ferait-on pas pour quelques Likes supplémentaires?

Sur les réseaux sociaux, Instagram, Facebook, Vine, Twitter, Path, Snapchat et d’autres moins connus, la tendance est certes aux Selfies mais plus spécialement aux Selfies dénudés. C’est à coup de celui qui saura le plus exposer ses formes et courbes tout en ayant l’air le plus « naturel » possible. Ben oui quoi, si j’ai la raie des fesses qui me sort un peu du jean je n’ai pas fait exprès, c’est parce que la nature m’a bien dotée et si tu critiques c’est parce que t’es un jaloux. Ah d’accord.

Crédit Photo : worldstreetphotos.com (flickr.com)
Crédit Photo : worldstreetphotos.com (flickr.com)

Mais comment peut-on attendre autre chose des nouvelles générations dans une société hyper-sexualisée où le plaisir charnel est aussi banal que passer un coup de fil ? De mon temps (ok ok on est toujours dans mon temps mais j’aime bien l’expression, ça fait adulte 😀 ) la sexualité et tout ce qu’il y avait autour était tabou. J’ai tout de même eu la chance d’avoir une mère médecin avec qui j’ai pu effleurer les grandes lignes dès les premiers signes d’adolescence, histoire d’éviter les mauvaises surprises teintées de copieux « je ne savais pas ». Une maline ma mère, je vous l’accorde.

De nos jours cependant, avec le développement fulgurant des nouvelles technologies de communication, les enfants y sont confrontés de plus en plus tôt et de façon très crue (photos trash de mise en scènes érotiques, pornographie, etc). Le sexe ce n’est plus que pour les « grands ».

J’en ai eu la confirmation l’autre fois dans le bus où des adolescentes de treize ans tout au plus, joints roulés dans la bouche parlaient avec une grande aisance de plans à trois suivis de partouzes géantes. Ma foi vous et moi serions passés pour des novices en la matière à côté de ces « spécialistes » qui ne donnaient pas l’impression d’être à leurs coups d’essai. Mais bon Chuut, faut pas trop en parler, c’est la MODE! Et qui pour s’opposer à la mode (bien que décadente) à part les ringards? Vous voulez être affublé de cet adjectif vous ?

Dans les clips, le cinéma, la vie quotidienne on nous fait croire que notre féminité passe impérativement par notre capacité à être le plus attractif possible. Frôler l’indécence? Et alors? Un brin provocateur ? Tant mieux. Tomber dans la vulgarité ? A volontéé!

 Nicki Minaj n’a-t-elle pas refait toute sa plastique postérieure pour vendre plus de disques? N’est-on pas passé d’une Miley Cyrus fraiche, jeune et innocente à un alien déplumé maigrichon twerkant comme un cheveu mouillé et ondulé aux côtés de Robin Thicke sur le podium des MTV Video Music Awards? N’a-t-on pas vu l’authentique fille des îles (la Barbade) Rihanna se rebeller subitement contre je ne sais quoi (ou qui) et nous offrir le spectacle de sa nudité dans le magazine LUI, perdant ainsi toute sa candeur? Va-t-on parler des récentes photos d’une Kim Kardashian quasiment à poil pour l’objectif du photographe Jean Paul Goude ? Beyoncé alors qu’on croyait au dessus de ça dans le clip de son morceau « Partition » ?

On assiste à une vraie désacralisation de la nudité au détriment de la perception que peuvent s’en faire les enfants et les adolescents puisqu’être nu est très rentable dans le monde du show-biz.

Quelqu’un peut-il leur expliquer qu’on peut tout autant être diablement sexy dans une grande chemise masculine intelligemment portée ? Quelqu’un peut-il leur dire que la classe bien qu’étant subjective, est beaucoup plus attrayante ? Est-ce qu’on peut leur expliquer qu’être sexy c’est d’abord dans l’attitude et la psychologie ?

A bon lecteur…

Crédit Photo : Matt R (flickr.com)
Merci Kim. Crédit Photo : Matt R (flickr.com)


Ce que vous trouverez dans le sac d’une femme !

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What is in my bag today ? Crédit Photo : Amysphere.

Beaucoup d’hommes se sont déjà posés la question. Mais qu’est-ce qui se trouve dans ce sac au point qu’elle ne veuille que personne ne le touche? Ni s’en séparer? Ou tout simplement pourquoi est-ce aussi lourd ? 

Nos chers messieurs sont les premiers concernés et c’est d’ailleurs un peu pour eux que j’ai concocté ce billet ! ( Ben oui parce qu’entre filles on se comprend, n’est-ce pas les « coupines » ?)

Enfin bref, dans le sac d’une femme il y a tout et rien. Mais vraiment croyez moi, TOUT et RIEN. C’est un vrai foutoir, on y trouve tout ce qu’il faut pour se remaquiller en 6, 4, 2 entre deux rendez-vous professionnels dans des toilettes publiques à la propreté douteuse (ou sur toute surface transparente pour ma part), on y trouve le paquet de clopes (pour les fumeuses), un tampon ou une serviette hygiénique (en cas de mauvaise surprise), le paquet de sucreries (bonbons ou chewing-gums), le portefeuille ( ah parce que vous pensiez que le sac était assez gros pour se passer d’un autre « petit sac »? eh bien non, les sous, cartes de crédits, cartes de visites et autres pièces d’identité se mettent ailleurs bien au chaud). Mais oui quoi ne mélangeons pas torchons et serviettes !

Lorsqu’on est une femme (surtout une des temps modernes), on vous demande d’ assurer sur plusieurs fronts : on a une carrière professionnelle (ou étudiante) , on est maman, ou épouse. Le sac à main représente notre armure, c’est LE gadget des missions impossibles façon « Totally Spies » ou « Charlie et ses drôles de dames« . Il faut être parée pour toutes les situations, c’est un peu pour ça que ça pèse une tonne. Ça y est je réponds à votre soif de curiosité là? 🙂

Ainsi en fonction de l’endroit où elle habite vous aurez beaucoup de chances d’y trouver le mini-parapluie rangeable avec housse qui plus est, ( on est jamais trop sûr avec mère nature, à Londres par exemple on a vite fait de se retrouver trempée de la tête aux pieds, détruisant le dernier brushing reluisant qui nous a coûté 90 balles), le gel anti-bactérien (les transports en commun my god, quels nids à parasites ! ), le thermos à café, le paquet de mouchoirs, le bouquin entamé qu’on dévore dans le bus dès qu’on a un moment entre deux arrêts, les lunettes de soleil (ou pharmaceutiques), la chemise de documents super-méga-importants (oui oui ça se dit), la crème pour les mains sèches, le petit traitement homéopathique pour le je-ne-sais-quoi qui nous fait mal de temps en temps, l’agenda dans lequel sont notés par ordre tous les rendez-vous et to-do list (aller chercher le petit à son cours d’équitation, téléphoner à Marion pour le dossier X, s’inscrire au yoga sur commentsedetendremachin.fr) . Mes sœurs africaines ont même un petit plus, le gris gris anti-mauvais-oeil ou porte bonheur! Et encore la liste est loin d’être exhaustive.


 

Eh oui, c’est aussi ça aussi être une femme au four et au moulin. N’empêche que si avant les hommes se contentaient de portefeuilles et de poches de pantalons pleines, il  y en a de plus en plus qui n’arrivent plus à se passer de leur sac (souvent en bandoulière). Si si je vous le promets, on les aperçoit dans les rues ou dans le métro ! Alors quoi, on s’y met aussi ?

Ceci dit cela n’enlève rien au fait que parfois, les week-ends par exemple, on ait aussi envie de nous balader sans rien dans les mains, les bras ballants et l’esprit tout aussi léger.

Because who run the world ? GIRLS !!!

 Bon week-end les amis !

 


Pourquoi tuer des Afro-americains se banalise-t-il aux Etats-Unis ?

 

Protester Ferguson . Crédit Photo : Youth Radio (flickr.com)
Protester Ferguson . Crédit Photo : Youth Radio (flickr.com)

C’est un sujet assez délicat surtout avec l’arrivée de ces nouveaux faits : « mort d’Eric Garner, 43 ans père de six enfants.  » Un décès qui s’ajoute à ceux de ces jeunes adolescents fauchés à la fleur de l’âge par des autorités qui jugent au faciès, sans se préoccuper de la véracité de ce jugement.

Il est vrai qu’en ce moment, la liste d’Afro-Américains que l’on tue au détour des allées, ainsi que les décisions du Grand Jury « de ne pas poursuivre les policiers » s’allonge. On a eu l’affaire Trayvor Martin, l’affaire Michael Brown, l’affaire Tamir Rice et tout dernièrement l’affaire Eric Garner. Sur Instagram, la célèbre chanteuse Rihanna a posté une photo qui disait à peu près ceci : Justice pour …., je laisse la place vide parce qu’on pourra certainement utiliser cette pancarte l’année prochaine.

Crédit Photo : badgalriri (Instagram)
Crédit Photo : badgalriri (Instagram)

 

Si comme nous le savons la société américaine est gangrenée par un racisme qui nous semblerait d’abord latent à première vue (oui ils ont un président noir comment peuvent-ils être racistes ?) mais profondément ancré lorsqu’on commence à côtoyer le milieu, il est d’autant plus vrai que les Américains noirs n’y sont pas tout à fait pour rien. Je vous vois déjà monter sur vos grands chevaux de défenseurs de la cause noire. Mais je vous prie de gentiment en descendre afin que nous ayons un débat sans passion et constructif.

Pourquoi un si hâtif jugement négatif de la couleur noire ?

Bref diagnostic de la société américaine

Pour tenter d’expliquer ceci, je vais caricaturer mes propos et grossir les exemples.

En effet la société américaine s’est progressivement construite selon cette idée qui a gagné du terrain :

  1. Le style hip-hop, les gangs, l’industrie de la musique (plus spécialement le rap), la pauvreté, le banditisme, le chômage, sont du domaine des noirs.
  2. L’éducation, les grandes universités, l’emploi, le gouvernement, le confort matériel, l’habillement ringard est du ramage des blancs.

A partir de là, chacun sait à peu près sa place dans la société. Lorsqu’on naît blanc dans une famille blanche on a plus de chances de finir ses études, d’intégrer une grande université et d’avoir accès à un bon emploi. Lorsqu’on naît noir dans une famille noire on a plus de chances d’être rappeur et de faire du trafic de drogue dans les allées miteuses des quartiers de Harlem. Bien évidemment, les illustrations sont grossies et il arrive que dans l’un ou dans l’autre cas l’on se retrouve à Harvard tout en étant noir et SDF tout en étant blanc. Il ne s’agit en rien d’une fatalité mais les inégalités entre la communauté noire et celle blanche sont frappantes. Cependant, le fait que la société américaine aie intimement lié dans son subconscient la couleur de peau aux agissements et aux comportements pose un gros problème. On part tout de suite dans les « a priori » dès que nous sommes en possession de l’information « couleur de peau ». On se rappelle encore du cas Tamir Rice à Cleveland, où l’inconnu qui a appelé la police pour signaler qu’un jeune garçon jouait dans le parc avec une arme « ayant grandes chances d’être factice » a été harcelé de questions sur la couleur de peau du concerné.

 

Revenons à la question initiale

Loin de moi l’idée de penser que les afro-américains « méritent » ce qui leur arrive. Mais soulignons que le fait que ceux-ci s’illustrent dans des situations de délinquance la majeure partie du temps n’aide pas à redorer leur blason non plus. Dans plusieurs des cas judiciaires de jeunes noirs abattus qui ont secoué l’opinion publique américaine, les tués n’étaient pas irréprochables (casier judiciaire entaché). Eric Garner était soupçonné d’un trafic de cigarettes par exemple. Lorsqu’on est en présence d’une agression où les deux protagonistes sont un noir et un blanc aux USA, on est tout de suite tenté de croire que c’est le blanc qui a été agressé. Pourquoi? Parce que les noirs aux Etats-Unis trimballent largement cette image de violence et de banditisme.

Ce qui fait qu’à chaque fois qu’un policier blanc arguera comme prétexte qu’il s’est senti « menacé » d’où sa décision d’ouvrir le feu sur un jeune noir, les autorités n’y verront que du feu. Ces autorités sont gérées par des humains qui sont qu’on le veuille ou non influencés par les préjugés et ce qu’on entend dans les médias. C’est cette prédisposition qu’ont les individus à croire que les noirs ont toujours agressé en premier qu’il faut désintégrer. Il ne faut pas perdre de vue que les américains sont un peuple par nature assez pragmatique et radical. Contrairement aux européens qui eux ont aboli la peine de mort il y a belle lurette, certains États américains continuent à la pratiquer sans états d’âme.On peut donc comprendre ( je dis bien comprendre, et non accepter) qu’un policier qui tue un individu (considéré comme un délinquant sur le moment) ne soit pas si malmené que ça par la justice. Dans la mentalité anglo-saxonne c’est « normal » de tuer celui qui a commis un meurtre ou de se défendre avant d’être tué.

On aura beau s’indigner sur la toile ou dans des manifestations, il faudra à un moment donné aller au-delà et prendre le taureau par les cornes. Les afro-américains se doivent cette introspection suivie d’une remise en question : il faut qu’il y ait moins de noirs dans les prisons, il faut que les jeunes  noirs soient plus éduqués, moins dans la délinquance juvénile et le m’as-tu-vu, il faut que les petites blacks rêvent de ressembler à Condoleeza Rice, Michelle Obama, Ellen Jonhson Sirleaf, Angela Merkel et non de briller par leur capacité à twerker sur un air de Beyoncé. Il faut doper leurs ambitions. Bref c’est le défi de tous les noirs d’ailleurs à travers le monde : prouver qu’ils sont intéressés par autre chose que le rythme.

Tout récemment j’écoutais d’une oreille distraite une discussion entre deux américains noirs sur les événements de Ferguson jusqu’à ce que l’un d’entre eux dise à peu près ceci :

Nous vivons dans un pays où les personnes qui insultent la police, seront les mêmes qui supplieront leur aide un jour, dans un pays où les gens qui brûlent le drapeau américain sont les mêmes qui vivent de l’aide du gouvernement. Le racisme est vivant, mais l’ignorance est tout aussi présente. Les doubles standards sur la race doivent cesser. Vous voulez changer le système? Soyez ces policiers, ces juges et ces avocats qui décident de tout. SOYEZ LE SYSTÈME.

Certains l’ont déjà compris, c’est le cas du Dr. Carlotta G.Miles, fondatrice du club Tuxedo dont l’interview (qui malheureusement est en anglais) sur la condition noire aux Etats-unis, est un #MustSee.

Bien que dénonçant le caractère très élitiste du Tuxedo Ball, il faut tout de même lui reconnaître une qualité : celle de donner le change de l’image de l’afro-américain sale, pauvre et malfaiteur à celle d’un homme comme un autre capable des plus éblouissantes réussites professionnelles et sociales et dont la vie mérite le respect.

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Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise

Alone. Crédit Photo : Transformers18 (flickr.com)
Alone. Crédit Photo : Transformers18 (flickr.com)

*

Même si je sais que tout fout le camp, je suis heureuse. Une joie indicible emplit mon coeur et mes artères. Pourquoi suis-je heureuse alors que je devrai joindre mes deux mains et pleurer à chaudes larmes? Je ne saurai le dire.
Mais dans cette amitié perdue, cette relation amoureuse brisée ou ce parent malade, dans ce temps qui passe et qui me vieillit au compte-goutte (ou pas si lentement que ça) je perçois une lueur. Car voyez-vous je ne demande pas beaucoup, seulement quelque chose à quoi me rattacher. Un truc pour lequel je pourrai dire : je suis née pour ça. La lueur est faible encore mais elle est bel et bien là. Elle m’appelle, elle attend que je la ravive.
Avant j’étais ce lys qu’un rien effarouchait, j’ai appris à m’endurcir dans un monde de brutes. Dans un vingt-et-unième siècle où il n’y a aucun repère fixe, où tout bouge inéluctablement. Lorsque j’ai perdu ma « meilleure amie » (du moins je le pensais férocement à cette époque) pour une broutille qui m’avait été injustement reprochée, j’ai su que rien ne serait éternel parce que je nous voyais bien finir ensemble elle et moi, nous enlaidir en pestant contre le poids des années autour d’une table où l’on partagerait deux martinis. Je l’ai vu aussi dans les yeux de cet homme qui m’a avoué avoir perdu ses deux parents. J’ai pensé aux miens avec amertume. Tout fout vraiment le camp.

Voici pourquoi j’apprends à mon cœur, ce gros rebelle récalcitrant à s’aguerrir. Je le façonne à l’image de la société dans laquelle je vis. Il a beau subir de nombreuses ecchymoses, le pauvre idiot continue à aimer, à s’attacher, et à faire glousser d’émotions intenses l’incorrigible âme que je suis. Et pourtant je m’y atèle, je le compresse, l’étouffe, l’écrase, le chiffonne et le range dans un placard que je ferme à clé mais il parvient tout de même à pointer le bout de son nez à chaque rencontre (amicale ou autre), déjà prêt à s’ouvrir comme les pétales d’une rose. Il ne faut plus qu’il « ressente » pourtant. Je veux d’un galet à la place, un galet bien dur et poli comme ceux de la promenade des Anglais de Nice. Ainsi j’irai contre vents et marées, braver les aléas de la vie. Comme dans ce bouquin intitulé « la femme parfaite est une connasse« , il me faut être cette connasse d’écervelée sans cœur.
J’y arrive petit à petit et rien que pour ça je m’octroie un « Mazel Tov! » . Je suis comme anesthésiée de la vie, une « amnésique du cœur ». Je me dis qu’il le faut pour réussir, ne pas prendre les gens en pitié ni m’apitoyer sur mon sort.
Les péripéties de la vie passent au-dessus de moi comme un nuage chargé d’eau de pluie. Mais avant au lieu de chercher à tout prix un parapluie que je n’arrivais jamais à ouvrir à temps comme dans un cauchemar symptomatique, je profite de la pluie et danse sous les gouttes qui mouillent mes cheveux et mon visage. Le morceau? « Te quiero » de Stromae.

Le beau temps reviendra certainement. Je profite aussi bien des tracas que des périodes calmes. Pourquoi vouloir lutter corps et âme contre ça? Economisez-vous car si vous êtes venu au monde vous aurez à coup sûr des problèmes. C’est un monde à problèmes. Où tout fout le camp.

L’autre fois à la sortie du cinéma avec une amie où  j’étais allée voir le dernier film de Nolan « Interstellar », j’ai remis ma vie entière en question. En effet qu’est-ce finalement une vie dans cet espace interstellaire infini ? La créature que je suis ainsi que toutes les choses qu’elle vit semblent si dérisoire en comparaison de l’immensité de cette galaxie. Ça a beau être du cinéma mais la seule idée de penser qu’une heure sur une autre planète à l’autre bout du monde peut représenter sept années humaines sur notre chère planète terrienne, fait réfléchir. Vous et moi ne sommes que grains de sable.

Mais par dessus tout l’idée de voir ma peau rider un jour me terrifie. Hier rue du Touch, j’ai vu une vieille dame traverser la route, claudiquant comme une mangue mûre attirée par la gravité et qui ne tarderait pas à tomber tellement qu’elle était courbée. Elle s’appuyait péniblement sur sa canne. Je me rappelle la pensée qui m’a tétanisée à cet instant : serais-je comme ça un jour? J’ai bon espoir que les petits soldats en blouse blanche nous auront trouvé quelque remède au vieillissement avant 2038. Année à laquelle j’aurai quarante-cinq ans. Quarante-cinq ans. C’est si loin et si proche en même temps. La vitesse à laquelle est passée 2014 m’effare. Il me semble que c’était hier encore que l’on se claquait des bises de « bonne année » sur les joues ou sur la bouche pour les plus chanceux. Si les prochaines années passent comme ceci, j’ai peur de vieillir avant d’avoir cligné des yeux. C’est bien des problèmes de femmes ça hein? 🙂

Mais c’est tellement facile de laisser notre vie nous filer entre les doigts. C’est une bien coquine illusionniste et l’arnaque commence dès la naissance au premier souffle. Vous pensez avoir du temps mais en réalité « c’est le temps qui vous possède ». Et si je ne parvenais à rien faire de mes dix doigts ? Et si demain je me réveillais avec quatre-vingt années de regrets ? Je n’aurai pourtant pas de seconde chance. Je vis le tout pour le tout.

Alors je n’ai pas envie d’avoir un cœur qui m’handicape. Je ne veux rien ressentir. Je veux être un machin inerte sur lequel les coups bas et mauvaises nouvelles glissent sans ricocher. Que fais-je alors des bonnes nouvelles et des relations passionnées aux sentiments palpitants et enivrants? Rien ou pas grand chose. Ces états d’esprit éphémères ne m’impressionnent plus.

Amertume. Crédit Photo : labaronne. (flickr.com)
Amertume. Crédit Photo : labaronne. (flickr.com)

Et très souvent nous passons d’un état à l’autre sans crier gare, de quoi vous refiler un arrêt cardiaque que je vous dis, tant la vie nous fait avaler ses caprices de chienne. Moi je suis fatiguée, moi je m’arrête là dans l’aventure des sensations. J’y suis presque. Bientôt je ne sentirai plus rien et je me moquerai de ce que l’on pourra penser. Le jemenfoustime est une bénédiction de nos jours, un don dont il faut user à profusion, sans modération. Si vous vous attachez, vous courrez au suicide. Vous donnez le pouvoir à ces gens de vous anéantir lorsqu’ils partiront car ne vous leurrez pas, ils s’en iront. J’ai l’air défaitiste comme ça hein? Pourtant j’essaie juste d’être réaliste.
Alors j’ai piétiné moi-même ce lourd organe à porter avant que d’autres ne le fassent à ma place. Mais ce n’est que du bluff, en réalité je termine juste ce qu’ils ont si gaiement commencé. Oui car tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise. Et ni vous, ni moi n’y pouvons quelque chose.


Polygamie, belle ennemie, comme je te hais!

Marcanda (Fête de mariage polygame). Crédit Photo: Gustave Deghilage
Marcanda (Fête de mariage polygame). Crédit Photo: Gustave Deghilage (flickr.com)

C’est fou le nombre de choses que la société demande à la gent féminine, surtout en Afrique : « soyez respectueuses, ayez une bonne éducation, respectez les grandes personnes, sachez cuisiner, restez à l’écoute de vos familles, soyez une bonne ménagère et une bonne épouse demain pour votre tendre et cher » mais par dessus tout, l’ultime attente : « acceptez de partager votre mari et faites le de bonne foi en plaquant un sourire étincelant sur vos lèvres. »

Je ne suis pas une féministe dans l’âme. Je le disais encore à un ami il y a quelques jours, moi les hommes et tout le champ lexical qui entoure ce mot, je ne suis pas contre. J’en suis d’ailleurs une grande amoureuse et les FEMEN c’est loin d’être mon kiff coup de cœur. (Je trouve qu’elles représentent très mal ce noble mouvement qu’est le féminisme, les canaux de communication qu’elles utilisent ne sont comprises que d’elles, mais laissons là ce débat, c’est une toute autre histoire). La problématique que soulève ce billet est ailleurs.

Je le dis pour les gens qui en lisant ces quelques lignes vont tout de suite avoir comme préjugé : voici une autre pseudo-féministe émancipée pro-mariage gay, qui va nous rabattre les oreilles avec les droits des femmes, la polygamie et tout le tralala. Une petite négresse sortie tout droit de l’école « des blancs » et qui se croit maintenant l’esprit assez progressiste pour remettre en question ses valeurs et sa culture. J’ai déjà eu droit à des phrases comme cela. 🙂

Je ne suis pas une féministe mais vous n’aurez peut-être tout à fait pas tord en affirmant ça. Je suis pour la liberté des homosexuels, pour le droit à l’IVG pour celles qui le veulent, le droit de vote des femmes, un salaire équitable entre hommes et femmes, etc. Mais vous savez aujourd’hui on n’a pas besoin d’être féministe pour revendiquer ça. J’estime en tout cas que ce sont les aspirations basiques d’une jeune fille du 21ème siècle en phase avec son époque. Mais ne nous égarons pas. La société en demande tant aux femmes mais que fait-elle en retour pour elle? Pour son épanouissement et son indépendance ? Pas grand chose vous en conviendrez…

Lorsqu’on la prend comme seconde épouse (parfois troisième ou quatrième), les vieux sages qui se sont occupés de la cérémonie de mariage lui disent en guise de « conseils » de nouvelle mariée : « tu es maintenant dans ton foyer, respecte ton mari et épaule le dans les moments difficiles mais n’oublie pas que tu as trouvé une autre ici. C’est ta grande sœur et non ta coépouse. Ecoute et respecte la. Soyez unies et votre mari sera content de vous ». Comme si le but ultime de sa naissance n’était que de contenter un homme. Le couple est censé être l’endroit de satisfaction et de contentement des deux parties non ?. À la malchanceuse première femme on dit : « ce n’est pas parce que ton mari ne t’aime pas qu’il t’a octroyé une « sœur » au contraire c’est parce qu’il t’aime qu’il t’apporte une seconde femme qui va t’aider à t’occuper de lui ». Foutaises.

Une chose est sûre, en langue de bois, ces roseaux d’un autre âge à la charpente courbée sont passés maître dans l’art. Il ne me semble pas que la première épouse aie dit à un moment de sa vie qu’elle était épuisée par son propre foyer et qu’elle voulait de « l’aide » pour s’occuper de son mari. Quand bien même ç’aurait été le cas, une aide-ménagère aurait tout de même été plus approprié non? Et pour terminer en beauté, on dit à l’heureux élu propriétaire d’un harem « Sois équitable entre elles, n’aie pas de préférence, si tu offres un pagne à l’une, fais-en de même pour l’autre ». Ah, parce que avoir une préférence ou non c’est quelque chose qui se décrète maintenant…

En général la seconde épouse ayant encore l’attrait de la nouveauté attire le marié qui n’a qu’une idée en tête, expédier le plus rapidement possible les nuits de la première que l’on appelle communément « tour » pour aller rejoindre sa tendre et jeune gazelle qui se languit de lui. Bientôt les hostilités commencent. On ne peut s’empêcher d’avoir un préféré, lorsqu’on a beaucoup de jouets on a son favori, lorsqu’on a beaucoup d’amis on a son meilleur ami, ainsi de suite. C’est dans la nature humaine même, on y peut rien. Et le nier serait un mensonge inutile.

Avoir une, deux, trois,… femmes revient pour moi à quantifier la femme, à la métamorphoser en « bien », « chose ». De la même façon qu’on peut avoir plusieurs voitures, on a plusieurs de ces objets-femmes. Et qu’on ne me balance surtout pas le sempiternel prétexte : » il faut que certains hommes épousent plusieurs femmes parce que sur terre il y a plus de femmes que d’hommes, autrement il y en a qui ne seront jamais mariées ». Mon oeil! Comme on est reconnaissante pour la sollicitude dont vous faites preuve à notre égard, vous êtes ma foi de parfaits gentlemen. Certains, plus rusés utilisent la religion : « l’islam le permet et le recommande même ».

D’accord il le permet, mais il recommande également de faire nombre de choses que vous ne faites pas, allez savoir pourquoi. Faire ses cinq prières, aller au Hadj, ne pas boire d’alcool, pas de fornication avant le mariage, etc. Mais comme par hasard la plupart de ces défendeurs de l’islam (d’occasion) sont amnésiques sur les recommandations restrictives. Auriez-vous une mémoire sélective messieurs ?

Mettons de côté l’hypocrisie de ces « explications » et intéressons nous à quelques facettes voulez-vous ? À quand remontent les derniers sondages qui affirment vos propos? Non parce que j’aimerais avoir des statistiques récentes dans un rapport bouclé à la manière de l’INSEE sur la quantité de femmes et d’hommes sur terre et qu’on m’explique ce rapport au mariage. Les premiers, que dis-je, les uniques bénéficiaires de ce système patriarcal sont les hommes et on s’étonne qu’ils veuillent nous entuber avec ces arguments superflus.

Mis à part l’image donnée à la femme avec ces us, dans les familles polygames les relations ne sont JAMAIS au beau fixe. On a deux types de familles polygames :

1-Celles qui donnent l’impression que tout va bien de l’extérieur alors que dedans c’est un arsenal de coups bas, de pratiques peu scrupuleuses et de haine masquée par de grands sourires. Les deux femmes se parlent, échangent, font mine de se respecter et de s’apprécier en public. Les enfants font de même, ils évoluent ensemble tout en gardant à l’esprit pour chacun qui est son « vrai » frère de qui est son demi-frère. On félicite souvent le chef de famille dans ce cas-ci parce qu’on estime qu’il a « réussi » sa polygamie. Ben oui quoi tout le monde « s’adore », les divergences, frustrations et mésententes sont enfouies au fond des cœurs. Vous vous les gardez au fond de vous, personne n’a envie de savoir un point c’est tout.

2-Celles dont les rapports sont grandement détériorés. Tout le quartier le sait, on les entend se disputer à des kilomètres à la ronde. Il y a deux femmes, deux clans bien distincts et être ami avec un clan signifie être ennemi de l’autre. Vous faites un choix. Première épouse ou seconde ? Les enfants se détestent et ils veulent tous reussir pour prouver que leur clan est le meilleur. On blâme le père polygame qui a échoué du fait de la division de sa famille.

Dans l’un ou dans l’autre des cas, l’amour familial au sens propre est une notion abstraite. Comment peut-on « aimer comme une soeur » une femme qui partage la couche de son homme? Comment les nuits où « ce n’est pas votre tour » vous pouvez acquiescer et digérer le fait de voir votre tendre moitié aller dans le lit d’une autre pour partager des moments et sensations euphoriques. Comment appréhender la venue d’un enfant issu de ces nuits où on vous a volé votre mari? Vous en tant qu’enfant, comment comprendre que papa aie fait d’autres gosses ailleurs ? Vous ne lui suffisiez pas avec vos frères? Pourquoi alors n’en avoir pas fait plus avec maman? Pourquoi absolument une autre femme? Qui vous consolait vous première femme, lorsque toute seule vous dormiez dans ce lit douloureusement vide?

La polygamie est quelque chose d’abject envers les femmes. C’est une pratique psychologiquement cruelle basée sur les folles envies d’un homme égoïste qui ne pense qu’à lui et à assouvir ses fantasmes les plus fous. Inexplicables. Comment Freud aurait psychanalysé  la polygamie? Je ne sais pas mais une chose reste sure, si on était en situation inverse, la société n’aurait pas acquiescé aussi vite. Une femme polygame? Scandaleux, honteux, quelle débauchée, une vraie dépravée, etc. Il ne manquerait plus que ça, et patati et patata… Tiens donc c’est moins amusant quand ce sont les hommes qui subissent? Mais la question est qui êtes-vous pour dicter ce qui est moralement admissible de ce qui ne l’est pas?

Mesdames, il est plus que temps de nous insurger et de nous libérer de ce joug machiste car bon gré, mal gré ce n’est définitivement pas les hommes qui le feront pour nous.


Coup de foudre à Conakry (2)

Crédit photo : Periel E.
Crédit photo : Periel E.

La sonnerie stridente du réveil la tira de son sommeil, il indiquait six heures trente. Elle avait encore le temps se dit-elle, elle ferma les yeux, prête à se rendormir quand son téléphone se mit à vibrer. Elle se leva, visiblement agacée.

_Décidément les cieux ne veulent plus que je me rendorme… dit-elle en observant l’écran de son téléphone, Hafsatou je le savais, maugréa-t-elle

_ Oui, dit-elle en décrochant…

_ Christine, ça y est tu es debout ? Tu n’oublies pas ton entretien d’aujourd’hui hein?

_Ne me dis pas que tu appelles pour me réveiller?

_On sait toutes les deux que tu es une championne du dodo alors bon….je prends les devants.

_Voyons Haf’, il n’est que six heures du matin c’est encore loin huit heures.

_Oui oui je n’en doute pas, mais il vaudrait peut-être mieux que tu te lèves tout de suite que tu enlèves cette nuisette et que tu commences à te préparer….Tu ne crois pas ? Je suis sûre que tu comptais te rendormir.

_Pas du tout, nia-t-elle en souriant.

_On va dire que je te crois, bon il faut que j’y aille le bébé n’arrête pas de pleurer. Bonne chance ma grande.

_OK. merci ma chérie, embrasse le bébé et Ousmane de ma part.

_Pas de problème. Et au faite ?

_Humm ? répondit négligemment Christine…

_Tu as intérêt à lui taper dans l’œil au bonhomme, fais lui tourner la tête, soit convaincante tu vois quoi?

_HAFSATOUU !

_Ben quoi? rétorqua l’intéressée l’air de rien.

_Tu es vraiment incorrigible! fit-elle dans un rire sonore, tu ne changeras donc jamais. D’accord mon commandant, reçu cinq sur cinq.

_Bisou.

Lorsqu’elle raccrocha Christine constata que cette fois, elle était vraiment réveillée. Franchement depuis neuf ans qu’elles se connaissaient, depuis le lycée, Hafsatou était toujours la même. Le mariage, l’âge ou la maternité ne l’avaient nullement assagie. Elle retomba dans ses souvenirs sans trop le vouloir. Quand elles étaient à l’IAE, Hafsatou n’avait pas hésité un seul instant à draguer le mec de la cafétéria pour organiser la grande soirée pour son anniversaire, ce qui se révéla être un succès. Lors de la fête, elle monta sur le comptoir et enleva son petit haut. Les garçons s’enflammèrent et la salle avec. Un streap-teaser était venu pour « mettre un peu de piment » d’après ses dires, comme si la fête n’était pas assez pimentée comme ça et c’avait été l’explosion. Ce qui lui valu le surnom de « Reine des Party ». Les anniversaires, les surprises, les excursions, les organisations des bals de fin d’année, tout passait par elle au bureau des élèves. Dés qu’elle n’était pas de la partie la moitié de l’école boudait la soirée en question. C’était vraiment super cette époque.

_Zut! Sept heures une minute!

Heureusement, se dit-elle, qu’elle avait préparé la tenue qu’elle devait mettre. Elle avait opté pour un tailleur, veste chemise et pantalon. Elle tira ses cheveux en arrière dans un coquet chignon qui lui donna instantanément un air professionnel. Ses cheveux étaient blonds sur certaines mèches et bruns sur d’autres. Pour cette raison,  on lui demandait très souvent si elle s’était faite une coloration. Christine s’habilla en sifflotant, elle était d’humeur joyeuse mais redoutait quelque peu ce rendez-vous avec Mr. Traoré. Elle savait son Curriculum Vitae prometteur mais elle avait une boule qui lui nouait le ventre. En arrivant dans la salle de séjour elle se demanda quelle paire chausser. Des chaussures à talons bien évidemment mais lesquelles? Christine alluma la télévision à écran plat qu’elle avait rapporté de Paris, France24 diffusait un journal télévisé. Il fut une période où elle voulait être journaliste elle aussi, mais elle avait très vite abandonné l’idée, trop attirée par le sens des affaires.

Finalement, elle opta pour des escarpins blancs assortis à sa tenue, elle avait tout son temps, se dit-elle donc elle petit-déjeuna calmement en regardant les images défiler. Il fallait vraiment maintenant qu’elle cherche une femme à tout faire parce qu’elle n’aurait plus assez de temps pour entretenir la maison, si toutefois elle arrivait à décrocher le poste de coordinatrice de projets se rappela-t-elle. Un coup d’œil jeté à la pendule lui rappela qu’il serait bientôt huit heures.

Elle décida de partir maintenant, connaissant les embouteillages monstres qu’elle trouverait assurément sur la route. Elle prit son sac sur le pouf, éteignit la télévision puis tourna la serrure.

Elle descendit les escaliers un peu précipitamment  manquant une marche, elle faillit s’écrouler sur le sol carrelé. Elle marqua une pause, haletante,  elle devait absolument se calmer avant cet entretien. Arrivée au parking, elle entra dans sa voiture, un petit 4×4 tout terrain.

Il était huit heures dix lorsqu’elle pénétra dans l’enceinte de Global Alumina. Elle ne perdit pas de temps en contemplation, déjà trop habituée aux grandes vitrines, au design épuré des grandes boîtes. En revanche elle perçut une certaine sérénité qui lui plut dans cette atmosphère. Atteignant la réception, elle entreprit de se présenter :

_Bonjour, Christine Dia j’ai rendez-vous avec Mr Traoré  et en vérifiant son bracelet-montre Dior, à huit heures quinze.

_ Christine  Dia c’est ça ? Asseyez-vous je vais annoncer au Directeur général que vous êtes arrivée, dit-elle en  désignant du bras la salle d entente…

Christine suffoqua, il devait y avoir erreur. Elle pensait qu’elle aurait affaire au chargé des ressources humaines la personne qui s’occupait des embauches pas au Directeur lui-même. Mon dieu qu’allait-elle faire ? Elle ne s’était pas préparée à voir le boss.

_Excusez-moi, je n’ai pas rendez-vous avec le Directeur général mais avec Mr. Traoré, je crains qu’il n’y est incompréhension.

_ Eh bien il s’agit de la même et unique personne ici en tout cas, lança la secrétaire le regard hostile.

Désemparée, elle n’insista plus.

_Très bien, merci.

Prenant place dans la salle d’attente,  elle prit fébrilement  un des magazines qui se trouvaient sur la table basse et commença à le feuilleter. Bientôt  le magazine reprit sa place initiale. Il lui était impossible de se concentrer. C’était comme ça à chaque fois qu’elle avait un entretien pour une embauche mais alors là c’était deux fois pire. Elle sentit son téléphone vibrer dans son sac, intriguée par le numéro  masqué elle se demanda qui cela pouvait bien être :

_Allo? Christine Dia à l’appareil.

_Cristhy? C’est toi? Comment vas-tu?

Elle n’en revenait tout simplement pas c’était son frère Habib, lui qui n’appelait presque jamais.

_Habib? C’est vraiment toi?

_Eh oui ma chérie, alors on a oublié qu’on a un frère  ?

_Mais pas du tout fil-elle en riant, au contraire c’est toi… Je vais très bien et toi? Dans quel coin es-tu caché encore? Tunis? Tripoli? Alger? Ou est-ce un bled tellement paumé qu’il n’a pas de nom cette fois? Le taquina-t-elle les yeux brillants de joie.

_Oh je suis actuellement à Marrakech il y a une fouille archéologique ici qui a débuté il y a environ quatre jours. T’imagines Cristhy? C’est fou ce qu’on a déjà découvert depuis le début, c’est tout bonnement fantastique.

Christine reconnaissait bien son frère. Depuis la maternelle Habib était obsédé par les civilisations nord africaines. A l’université il s’était spécialisé en histoire et était devenu  professeur d’histoire dans une université de la place. C’était sans compter  sa nature aventurière et son goût pour le risque. Alors du jour au lendemain il avait rendu sa démission et fait ses bagages. Avec ses économies, il avait commencé à parcourir l’Afrique du Nord. Elle se rappelle de la tête que faisait son père lorsqu’Habib lui avait annoncé sa décision. Son père était très déçu car secrètement il nourrissait l’espoir  que son fils continue à développer la société qu’il avait créée à côté de ses activités à l’ambassade. Une vive dispute éclata puis finalement Habib promit à son père qu’il reviendrait continuer les affaires lorsque celui-ci commencera à sentir l’effet de la vieillesse . Dès lors, Habib avait commencé son aventure ne conservant jamais un même numéro de téléphone plus d’une semaine. Christine était fatiguée de tout le temps supprimer et réenregistrer de nouveaux numéros donc il avait été convenu que c’est lui qui appelerait à chaque fois qu’il changeait d’adresse. Il appelait rarement, parfois vivant dans un coin de l’Afrique complètement coupé du monde, dépourvu de téléphone à plus forte raison d’internet.

_Oh ça m’a l’air très intéressant tout ça, alors que me vaut l’honneur de cet appel depuis le temps où tu fais le mort…

_Cristhy, dit-il d’une manière lasse, comme s’ils en avaient parlé des milliers de fois, tu sais bien que je ne suis pas à un endroit fixe. C’est uniquement pour cela que je ne peux te téléphoner plus fréquemment. Je t’appelle pour te souhaiter bonne chance, maman m’a dit que tu avais un entretien ce matin?

Christine entendit son nom, tournant la tête elle vit la réceptionniste lui faire signe.

_Mademoiselle Dia? Mr  Traoré est apte à vous recevoir, troisième étage deuxième porte  à gauche.

_ Merci.

Elle se leva et se dirigea vers l’ascenseur.

_Oui Habib, je t’entends bien. Oui en effet je vais à mon rendez-vous là, je suis obligée de raccrocher.

_…

_Oui  tu me rappelleras. Merci et je t’embrasse.

L’ascenseur la mena à bon port et Christine trouva la porte du bureau sans grande difficulté. L’appel de son frère l’avait beaucoup aidée, elle était beaucoup plus détendue. Il y avait écrit en petites lettres capitales sur une plaque métallique dorée et rectangle : Ibrahim Traoré, Directeur général Global Alumina Group.

Elle inspira un grand coup et ouvrit la porte, la brise glacée de la climatisation lui fouetta le visage. Christine reporta son attention sur la salle, elle était décorée avec un dosage certain. Il y avait deux tableaux accrochés sur le mur, l’un d’eux représentait  une femme africaine les seins nus et clairs qui portait une calebasse en équilibre sur la tête. Le plancher  était d’une propreté surprenante. Elle aurait pu s’y mirer. Christine regarda enfin le locataire de ce bureau, elle n’en revenait pas. Elle cligna des yeux encore mais c’était bien lui, le jeune homme de la plage. Comment était-ce possible?

De  son côté Ibrahim Traoré l’observa, mais il avait déjà vu ce visage! Oui, il en était certain mais où? Merde se dit-il! Où est ce que je l’ai vue? Mais oui exactement, c’était ce week-end même, le dimanche. C’était la fille de la plage, celle à qui il avait parlé…

_Vous? vous êtes Mlle Dia? Demanda-t-il.

_ Euh…Oui c’est bien moi, répondit Christine un peu déroutée par les événements.

_Alors là, je n’arrive tout simplement pas y croire, la vie nous en fait des surprises, Mlle chocolat tout noir dans mon bureau! enchaîna-t-il dans un sourire ravageur.

Christine éclata d’un rire franc.

_Ainsi donc, ce serait toi qu’Amadou m’aurait recommandé?

Elle marqua une pause. Pour qui se prenait-il pour la tutoyer ? Elle ne se rappelait  pas lui avoir permis de le faire .

_Oui, c’est bien moi qu’on vous a recommandé, dit-elle d’un trait sans se départir de son calme. Elle essayait de ne pas bégayer.

Christine était la pour du travail et ne permettrait aucune familiarité. Elle était ici pour un but précis alors qu’on y aille au fait, se dit-elle. Comme il ne se décidait pas à se lancer dans l’entretien d’embauche, Christine entreprit de commencer elle-même, elle ne supportait plus ces yeux qui la transperçaient.

_ Euh… commença-t-elle doucement, Amadou m’a dit qu’il vous avait remis mon dossier jeudi, j’imagine que vous avez eu le temps de l’étudier.

Ibrahim l’observa. Elle était courageuse, elle avait l’air d’une petite chatte prête a bondir si on l’agressait. Ses lèvres alors se fendirent dans un sourire, elle n’avait donc pas apprécier le tutoiement? Qu’a cela ne tienne il continuerait le vouvoiement. D’habitude quand de jeunes gens venaient chercher du travail c’était lui qui les intimidait et leur anxiété irradiait de tous leurs pores. Mais cette fois c’était différent, c’était elle-même qui commençait l’interrogatoire.

De son côté Christine se demanda la raison de ce sourire qui ne quittait plus son visage, elle n’avait pourtant rien dit de drôle à ce qu’elle sache.

_ Oui, d’habitude c’est le responsable des ressources humaines qui s’occupe de tous les recrutements mais comme votre cousin me l’a vivement demandé je me suis senti obligé de personnellement m’occuper de votre cas, expliqua-t-il avec un regard appuyé.

Christine eut l’impression que cette phrase voulait signifier autre chose. Le faisait-il exprès pour la déstabiliser ?

_ Pour en venir au fait oui tout à fait, je l’ai étudié et je reconnais que je suis plutôt admiratif si je comprends bien vous parlez au total quatre langues? Avez fait votre cursus universitaire à l’IAE de Paris ?

_Oui, repondit elle en essayant de garder son sang froid.

Ibrahim s’enquit de ses expériences professionelles passées et Cristhine les détailla tour à tour. Les questions d’Ibrahim étaient pertinentes mais elle s’éfforcait de rester concentrée.

_Et bien c’est parfait, parce que vous êtes une cousine à mon très bon ami et seulement pour cela on va vous accorder  une période durant laquelle on  va vous tester. Une période d’essai si vous préférez et si vos compétences sont à la hauteur de vos diplômes je vous engage. Sommes-nous d’accord?

_ Parfaitement. Christine exultait à l’intérieur d’elle même, enfin on lui donnait l’occasion de faire ses preuves.

_ Côté installation, on disposera pour vous un bureau attenant à celui de la coordinatrice de projets actuelle, pour que vous soyiez au courant de tous les dossiers. En espérant ainsi que vous serez rapidement à jour.

_Je le serai. Affirma-t-elle sans se laisser démonter.

_Avez-vous d’autres questions ?

_Non pas vraiment, peut-être  une seule, pourquoi devez-vous vous séparer de la coordinatrice actuelle ?

_Parce qu’elle sera bientôt à la retraite.

_Ah!… fit elle en le fixant. Quand puis-je commencer?

_ Donnez-moi le temps de m’occuper de tout ça et soyez là demain matin à sept heures et demi.

_Très bien merci.

Christine s’apprêtait  à se lever quand il l’arrêta :

_Un instant ?

_Oui?

La sonnerie du téléphone retentit.

_Une seconde, dit-il en décrochant. Allo, oui Fatim? Ah non je n’ai vraiment pas le temps là, que veut-elle?

_…

_Bien faites la entrer, je vais m’en charger moi-même, merci.

_Alors je disais reprit-il, je tenais à vous préciser que les idylles entres collègues ne sont pas permises au sein de l’établissement.

_Pardon ?

Elle n’avait pas rêvé. Eh bien si c’était une insulte elle ne se laissera pas faire.

_Sauf votre respect Mr Traoré, sachez que la dernière chose que je ferai serait de sortir avec ces cadres qui se prennent pour des personnes intéressantes et trop au sérieux alors qu’en faite tout leur travail à longueur de journée se résume à  jouer les gigolos à travers la ville.

Voici de quoi rabattre son caquet, jubila-t-elle intérieurement. Mais dès que ces mots franchirent ses lèvres elle les regretta. Elle était peut-être allée un peu trop loin. Mr Traoré la fusilla du regard, les sourcils froncés et le front plissé. Il semblait  furieux et elle se dit que ç’en était fini de sa carrière encore que ce n’en était même pas une. Voilà à cause de sa langue bien trop pendue, il allait la prendre pour une effrontée et elle n’aurait plus de période d’essai ! Elle baissa les yeux et son visage vira au rouge.

Ibrahim éclata de rire. Décidément avec celle-ci, il aurait du fil à retordre. Christine releva la tête et l’observa.

Dieu merci il ne l’avait finalement pas si mal pris…


Tu ne me battras plus

Crédit Photo: United Nation Photo.  Afghan TV Show Addresses Violence against Women (flickr.com)
Crédit Photo: United Nation Photo. Afghan TV Show Addresses Violence against Women (flickr.com)

*

Désormais, je devrai lever la tête, marcher avec fierté et tenir bon. Pourquoi ? Parce que désormais je marcherai seule, je n’ai plus d’attaches, je ne vis que pour moi. Je prendrai mes décisions toute seule. Je ne suis plus liée à personne, ma barque navigue toute seule sur cet océan tumultueux qu’est la vie. Je sais qu’il y aura des vagues, les unes plus monstrueuses que les autres, mais je me promets de ne pas lâcher prise. Je me promets d’être forte, car ça y est je te quitte.

Je prends mon courage à deux mains et je m’en vais, loin. Loin de toi. Je veux avoir la vie sauve, je ne veux pas mourir seule, loin des miens dans ce petit appart’ que l’on appelait maison. Ce sera dur sans toi, je le sais, les gens parleront, nos connaissances diront des choses, les ennemis affirmeront avec fierté  » On vous l’avait dit que ça ne marcherait pas ». Mais peu importe maintenant. Avant, toutes ces raisons m’empêchaient de partir, sans compter l’immensité de l’amour que je ressentais pour toi. Je n’ai jamais voulu donner raison aux détracteurs, mais dans certaines situations il faut se mettre au-dessus de ça.

Aujourd’hui je te hais. Je te hais pour toutes les fois où tu as levé la main sur moi, me brutalisant comme un animal. Je te hais parce que tu as promis de me protéger et que maintenant j’ai la tempe gauche ouverte par ta faute. Ma tête tu l’as prise et tu l’as cognée contre le bois dur du canapé sans empathie, mes nattes ont été tirées avec toute ta force, celle d’un homme sur une femme fragile. J’ai reçu une gifle magistrale sur ma joue déjà baignée de larmes. Tu m’as tenu la bouche pour étouffer mes hurlements, ne voulant pas alerter les voisins sur tes agissements. Peu importe le fait que je ne respirais plus, le nez bouché, la bouche fermée de force, l’important c’est que les gens de l’autre côté du mur ne perçoivent rien de ce qui se tramait ici. Tu m’as lancé tes clés à la figure, une clémentine que tu t’apprêtais à déguster. Tu m’as cognée avec tes pieds, tu m’as piétinée, tirée par les cheveux. Je ne pleurerai pas en écrivant ça, je me le promets et pourtant j’ai les yeux embués. La douleur est trop grande, profonde. J’ai des courbatures, ma cuisse est enflée parce que tu as appuyé dessus. Si j’étais blanche, j’aurais eu des bleus partout sur le corps, des bleus que je devrais expliquer, mais encore une fois je bénis ma peau noire, complice de mon camouflage.

Lorsqu’on m’a demandé hier au travail pourquoi j’avais une entaille et que j’étais maussade, j’ai prétexté être tombée. Je ne sais pas ce qui est le pire, que ce ne soit pas la première fois d’avoir subi ce traitement ou que tu nies que tu es homme qui bat les femmes. Une fois en sortant d’une fête, complètement bourré tu m’as brutalisée devant ton ami qui l’était tout autant que toi, tout ça parce que j’avais parlé avec d’autres garçons pendant la soirée. Non seulement tu m’avais ignorée toute la soirée après une énième dispute, mais en plus ce n’était que des amis. Ce jour-là, j’ai eu la honte de ma vie, mais je suis restée.

L’autre fois à la télévision, on a vu un couple dont le mari brutalisait sa femme. Je t’ai interpellé pour que tu te sentes concerné, je voulais te faire passer un message. Mais tu m’as dit :

_Moi, je ne te frappe pas, je te bouscule juste un peu et puis c’est pour te faire peur.

J’ai compris à cet instant que tu n’admettras jamais que tu fais partie de ces gens qui dans un accès de colère démesuré battent leurs femmes à mort. Tu as nié, je n’ai pas insisté. Tu dis que tes coups ne sont pas forts, tu dis que tu les donnes uniquement dans le but d’effrayer, pourquoi ai-je la peau ouverte alors et les os douloureux ? Est-ce toi qui reçoit les coups pour en juger ? Peut-on seulement estimer les dégâts que peut occasionner la force d’un homme sur une femme? Peut-on oser comparer ?

Et pourtant je t’aurais suivi jusqu’au bout, vaille que vaille jusqu’en enfer. J’aurais été un soutien indéfectible, j’aurais consenti à plein de sacrifices pour toi, pour nous, pour ce que l’idée de couple représente à mes yeux. J’aurai décroché la lune, je m’en sentais capable, vraiment. Mais aujourd’hui, je te quitte, je m’en vais. Je veux rester en vie et donner naissance à des enfants. Je veux les voir grandir. Tu m’as insultée, rabaissée à chaque fois que l’occasion s’est présentée. A chaque dispute, tu me jettes à la figure que tu regrettes d’avoir quitté ton ex (qui subitement devient parfaite) pour moi. Tu me fais de nombreux reproches et sentir que je suis une moins que rien. Tu prédis que je finirai seule, vieille fille avec personne à mes côtés. Tu me balances des horreurs qui ont pour but de remettre en question ma féminité, ma confiance en moi. Mais ces horreurs n’ont plus guère d’effet sur moi, c’est comme un refrain qui me laisse indifférente. Lorsqu’un homme s’approche de moi, tu deviens jaloux, colérique et de toute façon  » on ne peut s’intéresser à moi que pour mes fesses ». Ce sont tes mots. Pourtant toi tu t’es bel et bien intéressé à moi pour autre chose, tu as adoré mon esprit vif et mes reparties. Mais ça c’est bien loin.

Aujourd’hui tu es ce macho qui ne supporte pas qu’on le contredise, qu’on lui dise non. Ta parole ne doit souffrir d’aucun doute. J’ai osé remettre en question (en faisant des recherches) un avis que tu m’avais donné sur un sujet, tu me l’avais asséné comme une vérité inébranlable. Tu m’as battu pour ça comme si j’étais faite en bois et fer, je suis pourtant aussi la fille et la sœur d’autrui.  Dans ces yeux étrangers qui me fixaient avec dégoût,  j’ai vu de l’animalité. C’est cela que je fuis en partant. J’ai menacé à plusieurs reprises de te quitter, aujourd’hui certains ne me croient pas, ils disent que je reviendrai. Je leur lance ce défi.

Et pourtant tu m’as promis à nombreuses reprises de ne plus lever la main sur moi. Tu l’as promis à ta sœur qui découvrait ce caractère en toi, à ton meilleur ami qui intervenait à chaque altercation.  Mais tu ne changes pas, bien au contraire je ne te reconnais plus. Si avant il te fallait une raison  » valable »  pour me brutaliser, aujourd’hui le seul fait de te dire que ce que tu as dit n’est pas vrai suffit.

Crédit PhoTo: Neil Moralee. Domestic violence or passionate embrace ? (flickr.com)
Crédit PhoTo: Neil Moralee. Domestic violence or passionate embrace ? (flickr.com)

On m’avait pourtant prévenue  » s’il te bat une fois, il te battra toujours « . Je me suis entêtée. Parfois, j’allais jusqu’à te trouver des circonstances atténuantes, te défendant bec et ongles en affirmant à qui veut l’entendre que tu t’étais excusé à genoux à mes pieds. Mensonges éhontés. Tu t’excuses certes, mais banalement, rapidement et souvent au coucher sur le lit en prélude à autre chose…

Je ne dis nullement que je suis sans défauts, que je n’avais pas ma part de responsabilité dans nos disputes. Mais aucun d’eux ne nécessitait un tel traitement pendant tout ce temps. Jamais mes parents ne m’ont battue, pourquoi toi ? Certaines filles me trouveront faible d’avoir subi tout ça et pour les féministes qui passeront par là je serai peut-être même une honte à la cause féminine. Pourquoi n’ai -je pas porté plainte ? Parce que je t’aimais, et ça je n’ai nullement honte de le dire. Mais aujourd’hui je pars, je m’en vais sans me retourner, alors soyez fiers de moi.

Je reconnais que j’ai été heureuse, par moments, à ma façon. Mais ces moments de bonheur comme volés ne suffisent plus à cacher tout le reste. Oui je sais que ce sera dur, mais moins dur que de subir des coups et des excuses tour à tour. C’est dur d’admettre que quelqu’un d’avec qui tu avais des projets n’est pas le bon. Mais au-delà de tout ça, c’est dur d’admettre que les années consacrées à cette relation sont à jeter dans la poubelle. Le temps est quelque chose de si précieux et j’ai clairement l’impression de l’avoir gaspillé. Je pars avec tous mes défauts que tu jugeais opportun de comparer aux autres filles, je pars parce que tu n’as pas su remarquer et encourager mes progrès.


Alors, félicitez-moi parce que cette fois, je fais le deuil de cette relation pour de bon.


Tu ne me battras plus

Désormais, je devrai lever la tête, marcher avec fierté et tenir bon. Pourquoi ? Parce que désormais je marcherai seule, je n’ai plus d’attaches, je ne vis que pour moi. Je prendrai mes décisions toute seule. Je ne suis plus liée à personne, ma barque navigue toute seule sur cet océan tumultueux qu’est la vie.