Didier Ndengue

Journée mondiale des réfugiés : leurs cris de détresse me déchirent le cœur

La précarité dans laquelle ils sont plongés est inhumaine. Le cas de Douala est indescriptible au moment où la communauté  internationale célèbre la 17e édition de la Journée mondiale des réfugiés.

Ce mardi matin, je décide de remettre ma casquette de « reporter humanitaire » de la bonne école. Je n’ai pas les sous dans mes poches trouées, mais je souhaite absolument rencontrer des personnes vulnérables, comme je le faisais à l’époque avant d’être déçu par le côté inhumain des organisations dites humanitaires. Aujourd’hui, leur côté trouble ne m’intéresse pas. Sans perdre trop de temps, je fonce dans une banlieue perdue de la cité économique camerounaise pour repérer quelques vieilles connaissances. Direction : Dakar ou encore Madagascar (nom d’un quartier de Douala situé dans le troisième arrondissement).

Je traverse un pont, avant de tomber sur un foyer de réfugiés guinéens vivant dans des conditions assez précaires. Ils passent leurs nuits ici, dans une chambre abandonnée, construite en planches. Sa porte centrale n’a plus de vachette. Environ dix personnes se partagent ce lieu. Ils dorment tous sur des nappes, ou matelas qu’ils étalent à même le sol. Pas de ventilateur ici. Chaque nuit, ils sont exposés à la chaleur et moustiques.

Un réfugié dans la rue: CC: Pixabay

Débrouillardise

Quand le jour se lève, ces jeunes hommes dont l’âge varie entre 18 et 40 ans, plient leurs nappes et matelas qu’ils rangent dans un coin de la maison. Sans avoir pris le petit déjeuner, faute de moyen, ils foncent direction le grand marché du quartier pour donner un coup de main aux commerçants. D’autres excellent dans la cordonnerie, ou dans la vente de glaces, friperie ou de bonbons. C’est ainsi qu’ils gagnent leur vie. Cette catégorie de réfugiés s’en sort mieux que celle qui a des femmes et des enfants réfugiés.

Précarité

Je quitte le quartier Dakar pour « Village », une autre banlieue de Douala, où j’ai pris rendez-vous avec une réfugiée d’origine tchadienne. Cette ancienne militaire a fui son pays natal à cause des menaces de mort qui pesaient sur elle et sur sa famille. Cet après-midi, la tchadienne est visiblement abattue à cause des multiples problèmes que sa famille traverse ici. Elle raconte qu’elle a fait la Libye, avant la chute du guide Mouammar Kadhafi. Là-bas, ses conditions de vie étaient mille fois meilleures que celles que lui offre son nouveau pays d’accueil. Elle a l’impression de vivre en enfer avec toute sa famille, régulièrement secouée par diverses maladies chroniques. Son époux est au chômage et ses enfants sont constamment affaiblis par de violents maux.

Ils n’ont rien à se mettre sous la dent aujourd’hui. Ce qui fait qu’ils sont obligés de supplier l’aide du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Après avoir côtoyé les femmes réfugiées qui vendent les arachides grillées en bordures de route, malgré les intimidations de la police municipales qui les demandent sans cesse de libérer les trottoirs, et après avoir également échangé avec leurs maris, qui ont du mal à trouver un job à cause de leur statut, j’affirme que les réfugiés sont dans la merde au Cameroun.

Réfugiées de Douala. CC: Didier Ndengue

Au niveau de Douala, par exemple, ils considèrent le HCR comme leur dieu. Un dieu qui, visiblement, est insensible à leurs cris de détresse depuis quelques années à cause de leur budget de fonctionnement qui « aurait chuté ». Mais comment comprendre que leur enveloppe qui a diminué, permet au personnel du HCR-Douala, de mener une vie de luxe en louant une nouvelle villa dans un quartier chic et en multipliant les partenaires ?

Indignation

Ce 20 juin 2017, le collectif des réfugiés de Douala boycotte la journée mondiale des réfugiés, à cause du mauvais traitement que leur inflige le personnel du HCR-Douala. Peu avant cette célébration, ils ont demandé au HCR de revoir leur situation, sinon, ils ne se mobiliseront pas pour leur journée. Dans un document que j’ai reçu, le collectif que dirige Jean Louis Kalema Ngongo dénonce « le non respect des droits fondamentaux et vitaux des réfugiés de Douala, le HCR ayant mis en place la politique de se servir au lieu de servir les pauvres réfugiés ».

Au moment où je rédige cet article, on me signale qu’un réfugié tchadien a été victime d’un AVC et que les humanitaires n’ont pas levé le petit doigt pour lui venir en aide. Il se raconte dans les milieux des réfugiés que leurs hôpitaux partenaires négligent constamment ces derniers, c’est pour cela qu’ils décèdent à Douala.

 


Moi, votre troisième président de rêve

Avec moi, tous les Camerounais seront heureux et fiers de vivre dans leur pays natal.

D’abord, je suis un monsieur juteux, de moins de 30 ans. Une personne sérieuse, qui a la rage de redonner au Cameroun la place qu’il devait avoir depuis très longtemps dans le monde. Il suffit de faire quelques minutes avec moi pour vous rendre compte que les idées grouillent pêle-mêle dans ma petite tête. Je mâche difficilement mes mots, parce que je crois que ce que je dis est réalisable. Je peux convaincre n’importe qui et n’importe où, sauf les incrédules. Je n’ai pas que les mots hein ! Je fais aussi ce que je dis. Je n’aime pas la politique, parce que c’est un jeu très dangereux, où tout le monde ment. Moi, je n’excellerai pas dans la politique mensongère, je serai plutôt mandaté pour bosser. Pas pour animer des meetings ou bavarder à tort et à travers dans des conférences. Mes prédécesseurs conviendront avec moi que le bavardage n’a rien apporté à ce pays depuis son indépendance.

Des agriculteurs camerounais. CC: Camernews

Je serai donc au four et au moulin, ce qui me permettra de rester dans mon pays pour concrétiser l’émergence. Contrairement à certains, il n’y aura pas des courts (finalement très longs) séjour privés en Europe pour moi. Qu’est ce que j’irai même chercher là-bas alors que mon pays a besoin de moi ? Je resterai chez moi, pour éclairer les miens, parce que le Cameroun accuse un très grand retard sur tous les plans. Mon rêve, c’est de sauver le peuple camerounais de la mendicité. Le sortir du gouffre et le faire asseoir avec les grands de ce monde.

Je serai un président rigoureux

Explicitement, sur le plan local, je vais créer des emplois dans tous les secteurs d’activités pour tout le monde. Je dis bien « pour tout le monde », parce que dans un pays en développement comme le Cameroun, personne ne devrait chômer. L’accès au travail ne sera pas verrouillé. Tout le monde sera en mouvement. Chacun occupé dans son domaine d’activité respectif. Je n’imposerai un domaine à personne, chacun fera son choix tout seul. En créant les emplois pour tous les 22 millions de camerounais, je mettrai fin aux distractions de toute nature. Ainsi, on ne boira plus les bières à 6 heures du matin, les salles de jeux seront vides….Les jeux du hasard n’auront plus leur place dans mon pays. Les réseaux sociaux quant à eux, seront ouverts à tout le monde, mais toute publication visant à décourager le peuple ou à le déstabiliser sera sévèrement sanctionnée. J’y veillerai personnellement. Je serais sur tous les fronts. Je travaillerai avec les câblodistributeurs pour qu’ils ne mettent pas des chaînes de télévision visant à animaliser le peuple camerounais dans leurs bouquets. On surfera dans la modernité tout en respectant les valeurs humaines.

Les élections s’annoncent au Cameroun. CC: Pixabay

Des Ministres commandos

Durant mon mandat, chaque secteur d’activité aura une tenue de travail de même couleur. Chaque employé aura droit à deux heures de repos par jour. Aucun travailleur ne devra quitter son service sans atteindre ses objectifs de la journée. Les contrôleurs que j’engagerai, devront me rendre compte tous les jours. Cela signifie que les paresseux n’auront pas leur place ici durant mon séjour au palais. Chacun mangera à la sueur de son front. Je n’aurai pas besoin de plus de dix ministres dans ce petit pays. Il y aura un ministre de l’Education Nationale (de la crèche jusqu’à la fac), un ministre de la Formation Professionnelle, de l’Emploi, des Petites et Moyennes Entreprises, un ministre des Sports, des Loisirs, des Arts, de la Culture et du Tourisme, un ministre de la Communication, des Langues Nationales et du Numérique, un ministre des Finances, du Budget, des Impôts, de l’Economie et du Commerces, un ministre des Marchés, des Travaux Publics et des Infrastructures nationales, un ministre des Transports Nationales, et des Relations extérieures. Je pense encore à d’autres ministères comme celui de la Santé et de la Paix. Mes proches collaborateurs auront le devoir de me faire le rapport de leurs activités sur le terrain tous les jours, avec images à l’appui, même si je suis hors du pays via des vidéoconférences. J’organiserai des conférences de presse hebdomadaires pour également rendre compte au peuple. Un sou sorti des caisses de l’Etat devra être justifié. Aucun détournement ne sera toléré. Si je constate qu’un denier a été distrait, le voleur sera puni à la seconde qui suit, même si c’est moi. Au bout de quelques années, nous allons tous être fiers de nous même en voyant les fruits que nous auront produit.

Armand Rodolphe Djaleu. CC: Didier Ndengue

« Made in Cameroon »

Les Camerounais mangeront ce qu’ils produiront. Comme je sais que la terre ne ment pas, nous récolteront de très bons fruits. On transformera tout sur place. J’interdirai la vente des produits alimentaires périmés dans tous les supermarchés du pays, les opérateurs économiques étrangers devront respecter le consommateur local. Je n’accepterai qu’aucun pays partenaire marche sur nous. J’exigerai un partenariat gagnant-gagnant avec eux, sinon ils devront rester chez eux. Les foras pour bousiller les fonds de la République se dérouleront dans les champs de cacao-café et en tenue de travail. Les petits centres de santé vont mourir pour laisser place à des grands hôpitaux de référence (on n’aura plus besoin d’évacuer les patients en Europe) ou les soins seront administrés gratuitement aux patients. Les médicaments périmés et vaccinations abusives sans justifications valables, ne seront plus qu’un mauvais souvenir, même les organisations internationales qui avancent souvent vers nous comme des agneaux, devront justifier leur véritable rôle au Cameroun de mes ancêtres.


Au Cameroun, la communauté catholique mise à genoux

Ensemble, prions pour l’Evêque de Bafia disparu  dans « les eaux » de la Sanaga le 31 mai 2017.

Les chrétiens catholiques du Cameroun sont dans l’émoi depuis mercredi 31 mai 2017. Curiosité : aucune larme ne coule de leurs yeux après la disparition de Jean-Marie Benoît Balla. Sur les réseaux sociaux, les commentaires vont dans tous les sens. En parcourant  plusieurs postes cet après-midi, j’ai eu l’impression que personne ne sait réellement ce qui s’est passé. D’aucuns s’appuient sur la présence de la voiture de l’homme de l’église catholique sur les lieux du « drame » pour conclure qu’il s’est noyé pendant la natation. Pire, le guide catholique de Bafia a laissé un mot : « Je suis dans l’eau ». Quand quelqu’un dit : « Je suis dans l’eau », j’imagine donc qu’il se baigne. Ou alors qu’il a une demeure dans l’eau. C’est bizarre quand même de voir que certaines personnes s’en moquent. Ce n’est pas drôle de perdre un être humain.

« l’Evêque de Bafia »

S’il a effectivement une maison dans l’eau, cela signifie qu’il n’est pas un homme normal comme vous et moi n’est-ce pas ?  Si c’est le cas, c’est qu’il avait le pouvoir de se transformer en un être aquatique. Soit, l’homme de Dieu a été tué ou enlevé par ses ennemis ? Mais la question qui fâche les fidèles de l’église est la suivante : pourquoi se serait-il donné la mort en plein air, de façon aussi spectaculaire ? Le but de ce suicide était-il de ternir l’image de la plus grande formation religieuse mondiale ? L’Evêque en avait-il marre de la vie à ce point ? Ignorait-il que se donner la mort est un péché qui ne se pardonne et ne se pardonnera jamais ? Je ne crois pas ! Ce matin, j’étais avec une amie, qui connaissait un peu l’homme. Avec un air de colère, elle me dit qu’il était incapable de commettre un tel acte. C’était un homme très bien, qui avait la crainte de Dieu, me rassure-t-elle. Mais la question principale que j’aimerai poser à mon amie est la suivante : craint-on réellement Dieu à l’église catholique ? Comme dans toutes les organisations religieuses, j’affirme qu’il y a des brebis galeuses à l’église catholique. Je me souviens encore de ces dimanches où je devais automatiquement me rendre à l’église Dominique Savio, située au quartier Bonapriso.

Un faux Jésus-Christ prêché

J’étais jeune, très jeune même. Bien que ne connaissant rien de la Bible, je ne cessais de dormir pendant le culte. Est-ce parce que je n’aimais pas Dieu ? Loin de là. L’autre chose que je n’aimais pas pratiquer, me prosterner devant la statuette d’une certaine vierge Marie. Fermer les yeux et confesser mes pêchés devant une masse de terre qui ne pouvait répondre à mes prières. Ça, je ne le faisais pas. L’autre aspect qui me frustrait beaucoup était le comportement de certains bourgeois qui arrivaient à l’église dans leurs voitures climatisées, bien vêtus et parfumés de la tête jusqu’aux baskets. Non, l’ambiance que ce lieu dégageait ne m’intéressait pas. J’avais l’impression qu’on avait matérialisé la spiritualité pour reprendre les termes d’un ami sur un groupe WhatsApp.

« Les autorités administratives sur le lieu du drame »

Les premières places sont réservées aux grands de l’église. A ceux qui mettent beaucoup de sous dans le petit panier blanc qui fait le tour de la salle. Ma tante elle, me donnait 25 FCFA, parfois 50 FCFA pour mettre dans le panier en guise de dime. Je ne cessais de balader mes yeux dans la grande salle. Des images représentant Jésus-Christ, étaient présentes partout. Quand j’ai grandi, j’ai découvert que l’homme sur les images était un acteur américain. Seigneur ! Et pourtant un passage biblique recommande aux chrétiens d’évoquer le Seigneur dans un endroit où il n’y aura ni images, ni les choses représentant Dieu sur la terre. Les vrais chrétiens le savent. Certains diront que je sabote l’église catholique. Non, je relève justes les incohérences qui existent dans cette grande église et qui éloignent les hommes du vrai Dieu vivant. Il y a des incohérences, sinon, je n’allais pas démissionner. Encore moins mes frères et sœurs qui excellent désormais dans les églises dites de réveil. J’ai encore tous mes sens. C’est certainement mon défaut. Parce que j’ai encore tous mes sens et que je maitrise assez les saintes écritures, je sais faire le distinguo entre la bonne et la mauvaise parole. Entre la bonne et la mauvaise pratique.

« Les pièces d’identité de l’évêque »

Où se trouve donc le vrai Dieu ?

Quand j’ai quitté l’église catholique, qui ne me donnait pas satisfaction, j’ai parcouru plusieurs églises de réveil. J’avoue que j’y ai rencontré des vrais marabouts. Des pasteurs qui s’engraissaient tous les jours alors que leurs brebis croupissent dans la misère. J’ai rencontré des guides spirituels qui baptisaient leurs fidèles avec l’eau minérale, qui les font boire le jus d’oseille en faisant croire que c’est le sang de Jésus. J’ai rencontré des vendeurs d’illusions. Des pasteurs qui enceintent les mineures et femmes mariées en les laissant croire que c’est la volonté du Saint Esprit. Je demande hein, donc elles vont mettre au monde des bébés saints ? En vérité, Satan a pris ses locaux dans les églises. Dans les petites comme les grandes. Il faut donc faire attention. Quand je suis la radio, j’entends souvent des pasteurs promettre des mariages, la prospérité, les enfants, la gloire à un certain nombre de disciples. Un seul donne la gloire : le Seigneur Jésus-Christ qui n’a pas laissé une église sur terre. La Bible m’apprends que l’église, c’est nous. Chers fidèles catholiques, priez pour vos guides spirituels de peur qu’on ne se retrouve plus dans la même situation que celle de Jean-Marie Benoît Balla, que certains utilisent avec joie pour organiser le challenge « #JeSuisDansLeau ».

 


Présidentielle camerounaise : la foire aux candidats et séductions virtuels

Le champ de bataille à quelques mois de l’échéance cruciale reste dominé par le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) qui est moins bavard sur la Toile mais pertinent sur le terrain.

Je suis derrière lui quand il se démerde tout seul avec son haut-parleur. Mais il ne me voit pas. Il crie, mais sa voix ne tonne pas assez. Elle est fatiguée, mais il insiste. Son objectif est d’attirer les foules.        Il ne se rend pas compte que personne ne va vers lui. Peu importe, il valide son « gombo ». De toutes les façons, il est payé pour rappeler aux populations de Douala 5e, qu’il existe un bureau d’inscription sur les listes électorales dans le coin. Il tient le haut-parleur à l’aide de sa main droite, avec l’autre main, il soutient son pantalon pour qu’il ne descende pas. On dirait qu’il a oublié de mettre la ceinture. Pépé tourne sur place et prononce presque les mêmes paroles sans pouvoir séduire un passant.

Siège d’Elecam au Cameroun. CC: Cameroun24

La scène me fait penser à ces octogénaires qui ne séduisent plus, mais nous gouvernent. Curieusement, le poste d’inscription que le vieil homme vante, grouille de monde, alors que son opération de charme me semble archaïque. Je me demande si c’est lui qui a séduit ce beau monde avec une voix qui ne traverse pas 20 mètres, même avec l’aide du haut-parleur. Quelques secondes plus tard, je me rends compte que ce sont les invités du premier Forum sur l’engagement politique de la femme qui s’arrêtent quelques instants pour se faire enregistrer. Le vieux ne convainc donc personne ? Je n’en ai rien à cirer de toutes les façons. Je me souviens seulement que Nadège Tatiana Mapigoue avait d’abord crée un forum de discussion sur Facebook sur l’engagement politique de la femme camerounaise. Je ne pensais pas qu’elle allait concrétiser son combat sur le terrain ce 27 mai 2017, avec l’appui direct ou indirect d’Elecam et d’Onu Femmes.

Armand Rodolphe Djaleu. CC: Didier Ndengue

Quelques minutes avant le début du forum, je prends place dans le restaurant de l’hôtel qui abrite les festivités, pour bouffer quelque chose. Pendant qu’on me sert un bon plat de boulettes de viande, haricot, pain, j’ai les regards tournés vers le pépé de tout à l’heure. J’espère seulement qu’il a pris le petit déjeuner ce matin avant de venir prêcher sous le soleil et qu’il ne va pas s’écrouler après. « Pourquoi on fait souffrir le vieux là comme ça sous le soleil?» Une belle question qu’Adeline, une amie qui m’accompagne, souhaiterait poser aux dirigeants d’Elecam. Bon, je lâche un peu les baskets à ce vieil homme pour m’intéresser aux candidatures virtuelles qui naissent pêle-mêle sur les réseaux sociaux.

L’effet Macron

Réseaux sociaux. Ici, je réalise que le phénomène Macron a parlé à plusieurs jeunes Camerounais. Commençons d’abord par le côté amour. Plusieurs ados font déjà les yeux doux aux mémés (comme Emmanuel à Brigitte Macron). Certains mecs ambitionnent même de quitter leurs petites amies ou fiancées pour les femmes mariées et avancées en âge. 10 ou 20 ans d’écart les arrangerait bien. Politiquement, Emmanuel Macron, le nouveau patron de l’Elysée a poussé beaucoup de mineurs à poster sur leurs pages Facebook qu’ils seront candidats à la prochaine élection présidentielle au Cameroun. On avait vraiment besoin de ce venin Macron pour réveiller la jeunesse camerounaise, qui ne s’intéressait plus à la chose politique, oubliant qu’on peut inverser la donne et envoyer nos octogénaires au chômage (retraite). Encore faut-il que cette jeunesse qui a hâte de gérer les affaires de la cité, puisse sortir des réseaux sociaux pour s’affirmer sur les champs de bataille comme mon frangin Armand-Rodolphe Djaleu, qui s’est enregistré sur les listes d’Elecam samedi. Moi-même aussi je le ferai cette semaine pour (me) prouver que je suis un bon  citoyen, qui parle et agit. Je ne ferai pas comme ces hommes « politiques » fantômes, qui attendent la veille des élections pour polluer la Toile avec des messages fantaisistes. Ils oublient qu’ils peuvent être populaires sur les réseaux sociaux et enregistrer un score de 00, 0% aux élections, tout simplement parce que les Camerounais bavardent beaucoup sur les réseaux sociaux, mais sont incapables d’assumer sur le terrain. Je l’ai compris. Le RDPC aussi. La vraie opération de charme se déroule sur les places publiques pendant, avant et après les grandes manifestations.

Les élections s’annoncent au Cameroun. CC: Pixabay

Je suggère aussi aux épouses des leaders des partis politiques d’opposition d’imiter Chantal Biya en portant l’habit du parti politique de son mari le jour de la célébration de la fête de l’Unité nationale.

Il ne suffit pas seulement de porter hein, mais de s’assoir à la tribune présidentielle avec ce joli tissu de campagne. Il ne faut surtout pas croire que les photographes et cameramen vont louper votre look. Même si certains considèrent cela comme une tricherie, moi je crois que c’est une technique pour Paul Biya et son entourage de préparer la masse populaire aux prochaines échéances cruciales. Notre grand manitou est trop puissant ! Le type d’Etoudi ne bavarde pas trop, mais il y a toujours beaucoup de bruits autour de lui. Il est vieux, très vieux même, mais il est androïd et séduit non seulement les plus vieux que lui, mais aussi les plus jeunes.

Il fallait être à la place du défilé le 20 mai dernier, pour voir les milliers de jeunes camerounais qui ont adhéré à la philosophie du parti des flammes. Sur les réseaux sociaux par contre, ils ne montrent pas leur attachement à ce mouvement. Il fallait également être là pour voir les rangs des partis politiques de l’opposition. Ils n’y avaient pas assez de militants. Les gars me faisaient pitié. Et pourtant sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à tirer sur le RDPC. Quel paradoxe !  On ne peut pas éviter le père de Brenda. Il est non seulement présent sur la Toile, mais aussi sur le terrain depuis 34 ans…quoi 34 ans ? Père, il faut quitter toi aussi hein !


Non, les selfies n’apportent rien aux start-ups numériques camerounaises  

Nos autorités se plaisent à se filmer avec les jeunes créateurs de richesse de chez moi, alors qu’ils les clochardisent, les délaissent et les privent de la connexion internet.  

Depuis mon Douala natal, je m’interroge sur l’avenir de mon cher pays. Ce pays que j’aime tant. Celui que m’ont légué nos nationalistes. Pour faire court, ce pays tue les jeunes. Il tue ses génies pour être plus précis. Sur tous les points. J’ai mal de voir que ceux qui nous gouvernent se moquent de notre futur. On dirait qu’ils sont allergiques à la bonne gouvernance. Aux bonnes pratiques, je veux dire. Les mauvaises pratiques ont la peau dure. Elles surfent même sur les réseaux sociaux.

Je ne comprends pas comment le Ministère des Postes et télécommunications (Minpostel) se sent  après avoir privé les régions anglophones de la connexion Internet pendant trois mois. Est-ce qu’il s’est mis dans la peau de ces jeunes patrons de start-ups de Buea?

Rebecca Enonchong. Cc: ActivSpaces
Rebecca Enonchong. Cc: Twitter

Je ne crois pas. Il se permet même de se moquer de ces frères qui excellent dans le numérique au pays. Le premier Forum international de Yaoundé sur l’économie numérique, tenu du 15 au 17 mai dans le prestigieux hôtel Hilton, a permis de relever les limites de nos dirigeants dans ce domaine.

Pendant la rencontre, Rebecca Enonchong, la patronne d’ActivSpaces, un centre d’innovation technologique, ne s’est pas privée de dire ce qu’elle pense de ce grand rendez-vous qui a plus misé sur les invités étrangers que nationaux. Pour cette brave dame qui lutte depuis les années pour le développement du digital au bercail, les génies camerounais ont amusé la galerie lors de cette conférence.

Entre les mains des vieillards, notre économie numérique est en danger

Je pleure le sort de ce pays après le chef de l’État actuel. Je pleure pour la future génération qui croira certainement que l’économie numérique, c’est les selfies. Tellement nos ministres aiment faire des selfies depuis que leur boss a donné l’onction avec les Lions indomptables (tout commence avec les lionnes), champions de la dernière Coupe d’Afrique des nations de football.

Jean Pierre Boep. Cc: compte twitter Jean Pierre Boep
Jean Pierre Boep. Cc: Facebook

Pour revenir sur le Forum de Yaoundé, je doute fort qu’il porte des fruits dans les prochains mois. Jean Pierre Boep, un acteur influent de l’économie numérique que j’ai rencontré cette semaine à Douala, est du même avis que moi. « L’heure n’est plus au discours, aux conférences et aux grands débats. Les acteurs locaux de l’économie numérique camerounaise, qui travaillent au quotidien sur les problématiques du terrain, sont assez sensibilisés sur les enjeux et les stratégies à mettre en œuvre. L’état gagnerait donc à s’appuyer sur eux et à développer des projets concrets qui impactent le quotidien des camerounais », pense le promoteur de la Nuit du Web.

Selfie de Paul Biya avec les lionnes. CC: Culture Ebene

Qu’il le veuille ou pas, le Minpostel sait très bien que l’économie numérique se fera avec les acteurs locaux. Pas forcément avec les invités étrangers qui ont été pris en charge à Yaoundé, alors que les jeunes entrepreneurs locaux croupissent dans la misère.

J’espère que j’arriverai un jour à rédiger un billet dans lequel je féliciterai les actions de nos dirigeants. Mais on dirait que les proches collaborateurs du président de la République, Paul Biya, font tout pour me pousser à croire qu’il n’y a que des cancres à la tête des différents départements ministériels. Des gens qui n’ont pas de compte Facebook, Twitter officiels et sites Web actualisés. Encore moins de blogs dans lesquels ils expliquent leurs actions aux populations. C’est triste de le dire, mais je crois que les grosses annonces sur l’économie numérique ne s’accompagnent pas par des actions concrètes sur le terrain. C’est du blabla. Combien de jeunes startuppeurs ont bénéficié du soutien des pouvoirs publics? Ils sont très rares. Pourtant le terrain est fertile. Je comprends pourquoi Tony Smith a de la peine à investir chez ses ancêtres.


Josiane Kouagheu, une plume dorée

Ce matin, elle m’a rappelé au téléphone que : « tout le monde est une étoile ». Mais des étoiles qui brillent comme elle, on en trouve rarement dans l’univers médiatique camerounais. A ma manière,  je rends hommage à cette jeune femme que « j’affectionne » particulièrement, en silence. Elle le mérite dans un pays où la presse est étranglée, où les journalistes sont clochardisés et jetés en prison.

J’espère que tu ne m’en voudras pas d’avoir écrit sur toi. Peu importe. J’en assumerai les conséquences. Il fallait absolument que je me libère de ce lourd fardeau qui devenait de plus en plus pesant. Aujourd’hui, « Josi », au moment où les journalistes des quatre coins du monde célèbrent la journée internationale de la liberté de la presse ce 3 mai 2017,  j’ai trouvé idoine de faire  quelque chose de neuf pour mes lecteurs.

Josiane à Douala ce 3 mai 2017. Cc: Didier Ndengue

Alors mes pensées se sont dirigées vers toi. Mon cœur m’a recommandé de rédiger ce billet pour te féliciter. Rien n’était prévu, je t’assure ! J’obéis juste à un ordre. Pour le rédiger, j’ai remis mes idées en place. Je me suis souvenu de nos différentes conversations. « De mes petits yeux doux ». « De ton refus ». Aujourd’hui, mon cœur est bien à sa place. Il ne bouillonne plus. Mes doigts non plus ne tremblent plus sur le clavier de mon ordinateur.

Au chevet des personnes en détresse

Dans mon horloge, il est 7h30. Je suis déjà debout. J’ai commencé à rédiger ces lignes hier, à une heure très avancée de la nuit. Alors que j’avais prévu de dormir plus tôt pour être en forme ce matin.Là où j’ai sûrement péché, c’est que j’ai laissé mon ordinateur allumé. Pour faire dodo plus tôt, il fallait l’éteindre. Mais la vérité, c’est que je voulais à tout prix libérer mon cerveau. Il fallait que je t’écrive. Que je te dise ce que je pense de toi actuellement. En toute sincérité, je ne sais pas grand chose de toi, à part quelques petits souvenirs du terrain.

Ton sourire. Ton engouement. Cette rage qui t’animait. Je me souviens la première fois qu’on s’est rencontrés. C’était en 2013 au quartier Dakar à Douala. Si j’ai bonne mémoire, à une cérémonie liée aux maladies du cœur. Le modérateur de cet événement était Jean Vincent Tchienehom, l’un des plus respectables journalistes camerounais. Tu t’en souviens ? Tu étais encore en stage au quotidien « Le Jour ». La curiosité t’animait. Tu étais jeune, très jeune même, mais tu savais déjà ce que tu venais chercher dans cet univers gouverné par la précarité et les coups bas. Tu avais déjà ta cible. Je voyais en toi une jeune fille naïve et très sensible. L’injustice ne t’arrangeait pas.

Je me souviens également que tu m’as plusieurs fois demandé les contacts des réfugiés de la ville de Douala. Leur situation t’intéressait. Tu voulais savoir comment ils vivent au Cameroun. Comment ils s’en sortent sans argent, avec un soutient très limité du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ta plume, tu la baladais presque partout. Tu étais même devenue l’amie de Jean-Louis Kalema, président du Collectif des réfugiés de Douala.

Elle rafle les prix. Cc: Josiane Kouagheu

Tu traitais également d’autres cas sociaux pour le quotidien « Le Jour », qui représentait pour toi le meilleur tabloïd du pays. J’étais toujours fier de me retrouver sur le terrain avec toi. On avait toujours à se dire. Des histoires ne nous manquaient presque jamais. Seul ton sourire activait les sujets. On se regardait en face pour mieux se dire les vérités. Tous les deux, on détestait les couvertures des événements dans les grands hôtels huppés de la place. On aimait parler des sujets qui peuvent aider les personnes en détresse. Le journalisme de terrain était notre passion. Mais nos chemins se sont séparés quelques années plus tard. Tu as poursuivi tes rêves.

Le principal était la réalisation des reportages sur les terrains du conflit. Tu t’es suffisamment armée pour relever ce défi. Tu as d’abord mis la peur de côté. A la rédaction régionale du quotidien où tu bossais, tu étais entourée des professionnels de la plume et des gens qui connaissent le journalisme de guerre. Je pense à Dénis Nkwebo, président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc).

Tu as vite appris et tu as choisi ton champ de bataille. Cependant, je n’oublie pas que tu as été une brillante Mondoblogueuse avec ton blog « Lumière du Cameroun ». Je « dégustais » tes billets sans modération. Ta plume me passionne. Mais j’ai la mienne à qui je tiens hein ! Bref, j’aimais ta façon de rédiger les billets. Ton professionnalisme, ta rigueur et ta persévérance ont fini par produire des fruits. Tes multiples voyages avec l’équipe Mondoblog ont également contribué à cette victoire.

Tu es encourageante

Tu étais très contente le jour où j’ai obtenu mon ticket d’accès sur la plus grande plateforme des blogueurs francophone. Tu m’as donné les meilleures astuces pour rédiger des billets de qualité qui devaient régulièrement faire la Une du Mondoblog. Quand on s’est revu quelques mois plus tard, au siège du HCR à Bali en 2014, tu m’as encouragé comme les vraies doyennes. Tu me disais que mes  billets étaient « chouettes ». Hum ! Quand ça vient de toi, je prends avec deux mains ! J’étais flatté. On a causé en marchant. On a beaucoup marché. Notre conversation portait sur la persévérance dans nos différents domaines. En tout cas, toi, tu me disais que tu ne gérais pas les humeurs des uns et des autres. Que ce n’est pas parce que tu es une femme que : « tu ne peux pas faire certaines choses ». Ce n’était pas des paroles en l’air. Tu as pris ton courage à deux mains, et tu as foncé. Tu n’as reculé devant aucun obstacle. Tu as réalisé des sacrés reportages dans l’Extrême-Nord du Cameroun, menacé par les terroristes de Boko Haram.

Tu es allée dans les zones abandonnées par les pouvoirs publics pour décrire la misère des populations riveraines. Tu as dénoncé et suscité des débats dans notre pays. Et plusieurs personnes ont certainement retrouvé le goût de la vie grâce à tes écrits. Tu sais Josiane, tu as agi comme une « grande fille » sur tous les fronts. Tu as eu des malaises pendant le boulot, mais tu as vaincu. Tu es tombée malade pendant les recoupements, mais tu as tenu bon. A pied ou en moto, en voiture ou en avion, tu es allée toucher du doigt les réalités sous plusieurs cieux. Je te tire un coup de chapeau juste pour ce courage et audace.

Josiane Kouagheu au front: Cc: Facebook Josiane

Tu sais ce qui me déchire plus le cœur, c’est que tu t’es jetée à l’eau sans compter sur personne. D’abord que les gens qui sont nés dans des familles aisées ne peuvent laisser « une petite » fille se balader à l’Extrême-Nord toute seule pendant la guerre. Il faut avoir un cœur de lion pour réaliser ce que tu as réalisé en si peu de temps. Ce courage paye aujourd’hui. Tu te rends compte que tu as déjà une dizaine de prix nationaux et internationaux à ton jeune âge hein ? C’est le fruit de ton travail. Je dirais aussi de ton humilité. Chose  formidable. Pour moi tu dois être une référence, pour nombre de nos jeunes compatriotes qui ne croient plus en leur future.

Tu n’as pas eu besoin d’être bien entourée pour réaliser ton rêve. Josiane, tu sais ce qui est encore plus formidable, c’est que tu n’as pas eu besoin d’aller dans les grandes écoles de journalisme pour décrocher ces prix devant ceux qui bombent le torse et mettent le nom de leur « grande école de journalisme » sur leur carte de visite pour venir « chier » sur le terrain.

Josiane lutte contre le paludisme. Cc: Mondoblog

Une perle

Je ne sais pas si un journaliste camerounais de moins de 30 ans a déjà empoché autant de prix, mais je sais quand même qu’il faut être un génie pour s’en sortir dans l’univers médiatique camerounais. C’est pour cela que je suis dans l’obligation d’honorer ceux qui réussissent malgré la précarité dans laquelle nous sommes plongés. C’est un secret de polichinelle, la presse camerounaise vit des heures très difficiles. Surtout les médias privés. Les médias d’Etat ne connaissent pas cette misère qui oblige nos directeurs de publication à tirer le diable par la queue. Donc quand une plume comme celle de Josiane Kouagheu émerge dans ce tourbillon, il faut la valoriser. Du courage « Josi » et bonne célébration de la journée internationale de la liberté de la presse !


Cameroun : logements sociaux, le business des barons

Ils nous embrouillent avec le mot social,  comme s’ils ont déjà été humanitaires un jour dans ce pays.

Les dirigeants de ce pays sont assis sur nos richesses comme l’accent circonflexe sur « î ». Ils se sont partagés le gâteau national. Les autres ayants-droit doivent jouer les mendiants sinon, ils n’auront rien. Les gens-là se sont taillés la part du lion jusqu’aux logements sociaux. Mais le plus intriquant est qu’au lieu de continuer à piller tranquillement les caisses de l’Etat, à s’offrir des palais ici et à ailleurs (quelqu’un m’avait dit qu’il y a un milliardaire camerounais qui vit sur l’Île de Gorée au Sénégal), à envoyer leurs enfants dans des grandes écoles américaines et européennes et nous laisser digérer notre misère en paix, ils passent leur temps à nous pomper de mensonges à longueur de journée avec les gros mots tels logements sociaux qu’ils ont copié sous d’autres cieux. Sauf qu’ailleurs, les logements sont vraiment sociaux.

Logements Sociaux pas du tout sociaux au Cameroun. CC: Wikipedia

Pas comme chez nous où logements sociaux riment avec onéreux. Les différents calculs effectués jusqu’ici par les blogueurs qui m’ont précédé dans le cadre de cette campagne démontrent à suffisance que les logements sociaux en construction au Cameroun ne sont pas réservés aux débrouillards. Même un fonctionnaire honnête ne peut pas se permettre ce luxe, après plusieurs décennies de travail, sauf s’il se met rapidement à l’école des détourneurs de denier publics.

Les propriétaires de ces immeubles qui inondent nos villes

Aujourd’hui, on médit sur Félix Antoine Samba à cause de la grandeur et de la beauté de son château. Les mauvaises langues disent que son salaire de fonctionnaire ne pouvait pas lui permettre de construire ce joyau  architectural. Le montant de cet ouvrage n’a pas encore été révélé par les détracteurs de M. Samba. Mais on pense qu’il aurait jonglé avec l’argent du contribuable pour s’offrir la maison de ses rêves. Cette merveille me fait penser aux châteaux des milliardaires américains ou londoniens que je vois souvent à la télévision ou encore à celui de Donald Trump, qui est plus luxueux que la Maison Blanche.

Le château de M. Samba fait le buzz sur les réseaux sociaux. CC: Camer.be

Cependant, M. Samba n’est pas le seul à avoir une si grande maison. Comme je n’aime pas les procès, je ne vais avancer aucun nom ici, mais je vais vous inviter à contempler les immeubles qui sortent de terre tous les jours dans nos grandes villes. Connaissez-vous leurs propriétaires ? Bien sur que non, parce que les gars mettent d’autres personnes devant pour diriger les chantiers où les manœuvres sont payés en monnaie de singe.

Un grand-frère m’a dit dernièrement que les colonels et généraux ont des immeubles pêle-mêle ici au pays, ainsi que les ministres et plusieurs fonctionnaires. Ce sont presque les mêmes personnes et certains hommes d’affaires qui sont cités derrière le business des logements sociaux. L’autre vérité est qu’ils se servent de leurs titres pour marcher sur les pauvres. Vous pensez que de telles personnes peuvent vouloir le bien du petit peuple jusqu’à lui offrir des logements à un vil prix ? In fine, je propose qu’on révise la politique des logements sociaux au Cameroun. On a dit logement sociaux et non logements pour boss. C’est même quel pays ça que tu diriges depuis 34 ans…hein Paul Biya ?

Ce billet est ma contribution à la campagne #LogementsSociauxCmr initiée par les blogueurs du Cameroun. Le prochain contributeur est Mathias Mouendé Ngamo. Il nous servira un billet sur l’effondrement d’immeubles au Cameroun sur son blog https://biocamer.wordpress.com/


Mes astuces pour évincer l’empire du Rdpc (2)

Ils disent qu’ils vont renverser le grand manitou un jour. Avec quels moyens et mentalités quand on sait tous que les opposants camerounais sont dans le « business politique » ?  

Tu le sais certainement déjà, mais je veux encore te le rappeler : nous vivons au jour le jour dans notre propre pays. J’ai le sentiment que les ennemis de notre cher Cameroun ne sont pas seulement dans le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), la machine politique à broyer de M. Paul Biya. Les autres sont logés dans l’opposition. Une opposition qui me donne l’impression d’être égarée. Qui ne vise que ses intérêts et non ceux de la masse populaire.

Une main au couleur du drapeau vert-rouge-jaune camerounais. CC:Pixabay

Dans les milieux de la presse que je fréquente régulièrement, il se raconte même que les leaders des partis politiques dits de l’opposition, mangent sur la même table que le régime de Yaoundé. Il parait même que ce sont les hommes du Renouveau et plusieurs organisations internationales tapis dans l’ombre qui financent leurs activités. Ce qui veut  dire que si ces gars prennent le pouvoir un jour, ils vendront notre pays très moins cher à leurs partenaires. En d’autres termes, il n’y a pas que le pouvoir de Yaoundé qui a les mains liées, certains opposants le sont également. Il y a donc lieu de s’interroger sur notre futur après Paul Biya. Est-ce que ce sera le déluge ? Cependant, une chose est certaine : nous ne sortiront pas d’aussitôt de la fosse dans laquelle nous sommes tombés depuis plusieurs décennies.

Une opposition opposée à ses vraies ambitions

J’ai cessé de compter sur l’opposition camerounaise sans même l’avoir côtoyé, parce qu’elle n’a jamais poussé le pion plus loin jusqu’à détrôner notre roi. J’ai toujours tendance à croire que les sorties médiatiques de ses leaders visent seulement à distraire l’opinion publique et la laisser croire qu’il y a la liberté d’expression et de manifestation dans ce pays.

Hors nous savons tous que les vrais activistes ont tous fini derrière les barreaux. Certains sont en exil, pendant que d’autres sont portés disparus depuis des lustres. Donc si nos opposants actuels étaient vrais, ce qu’ils allaient être inquiétés parce qu’ils chercheront réellement à évincer M. Biya avec des méthodes bien sophistiquées.

Les élections s’annoncent au Cameroun. CC: Pixabay

Je me rends même compte que la vraie politique ne se fait que dans le Rdpc. C’est une machine politique très puissante qu’il sera très difficile de déchirer. Toutefois, rien n’est impossible à celui qui croit. Mais à l’état actuel des choses, nos opposants sont conscients qu’ils sont des poules mouillés. A part gueuler dans les médias, que savent-ils encore faire de mieux ? Comme vous êtes alors en crise de réflexion, je vais vous aider à mieux vous organiser pour affronter les échéances cruciales de 2018.

Arrêter la mendicité

C’est vrai qu’on est tous pris dans le piège de la corruption, mais ce n’est pas pour autant qu’on doit y rester éternellement. Un peu comme ces agents de la police municipale de Douala 3e que j’ai aperçu l’autre jour vers Ndokoti, en train de quémander les sous aux conducteurs de mototaxis, au lieu de réguler la circulation. Cet arrondissement est pourtant dirigé par un militant du Social democratic front (Sdf). Au lieu de montrer l’exemple à suivre, les gars de l’opposition passent leur temps à soutirer les miettes de ces débrouillards.

Une scène qui me fait penser à celle que j’ai également vécue à Douala 2e, dirigée par un Maire Rdpc. Ce jour, le moto-taximan qui me transportait n’avait pas toutes ses pièces d’identification sur lui. Au lieu donc de l’amener au poste de police pour qu’il se justifie, les très « sages et puissants » policiers lui ont collé une amende de 15000 FCFA sur le champ.

S’il refuse, son engin à deux roues sera confisqué. Le jeune homme qui n’a pas gagné grand-chose depuis le matin, est donc obligé de faire un geste qui sauve. Dans sa poche, il n’a que 1000 FCFA. Il va tendre ses économies de la journée à l’agent communal qui se hâtera de prendre sans pitié, sans même se mettre à la place de celui qu’il dépouille. Le moto-taximan va redémarrer son engin et poursuivre son travail, sans pièces d’identification.

Je m’engraisse d’abord…

A ce moment précis, j’ai compris que l’ambition première des agents communaux déployés sur le terrain au Cameroun, est de se faire le pognon. Je me souviens que plusieurs de leurs collègues ont été poignardés à l’aide des couteaux pendant leur sale besogne par les moto-taximen qui n’en peuvent plus de se faire soutirer les sous chaque fois par ces personnes en chasuble qui font semblant de réguler la circulation ou de lutter contre le désordre urbain.

Une crevette du Cameroun, bonne à déguster. CC: Wikipedia

Je peux  encore accepter que cela vienne du Rdpc, qui a pourri le pays tout entier, mais pas de l’opposition qui dit vouloir changer les choses. Cela doit cesser. Ce pays doit renaître. Il faut une nouvelle opposition. On n’a pas besoin des opposants comme ceux qui ont carrément tourné la veste après avoir été nommés à des postes de responsabilité par un décret présidentiel. Aujourd’hui, ils chantent les louanges du grand manitou. Au diable leurs compagnons de bataille qui n’ont su jouer le jeu. Quand les gars sont à la mangeoire, ils se taisent et oublient d’où ils viennent. Leurs projets politiques sont rapidement mis aux oubliettes. Mon Dieu, va-t-on s’en sortir avec ce genre d’opposants l’année prochaine, lors des élections qui s’annoncent?

A la prochaine pour la suite de notre série consacrée à la présidentielle de 2018 au Cameroun.


Mes astuces pour évincer l’empire du Rdpc (1)

L’élection présidentielle camerounaise aura lieu l’année prochaine. Même s’il est au pouvoir depuis 34 ans, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) va forcément présenter un candidat, qui sera sans surprise Paul Biya. Mon blog va suivre de près le déroulement de cette élection pour vous. Je serais sur le terrain avec mon appareil photo (s’il ne tombe pas en panne entre temps), à la recherche des meilleures images et informations pour mes abonnés. En attendant, je compte vous proposer une série de réflexions humoristiques sur ce titre : « Mes astuces pour évincer l’empire du Rdpc). Installez-vous confortablement et dégustez sans modération.   

Vous ne savez pas le bien et le mal que ça fait d’être camerounais et de vivre au Cameroun, au milieu de ces pépés en panne de stratégie qui nous dictent leur loi. Promettez-moi d’être sages pour que je vous déballe tout.

Mais je vais vous dire ce que ça fait, si vous me dites que vous ne me trahirez pas hein. Tout ce que vous lirez dans ce billet, doit rester entre nous ok ? De toutes les façons, si vous dévoilez son contenu à un politicien camerounais, sachez que vous perdez votre temps, parce qu’il ne vous écoutera pas. Est-ce qu’il a même le temps à perdre avec les petites réflexions des petits blogueurs ? Alors, pour ta bonne santé intellectuelle, il faut lire mon coup de gueule autour d’un pot de yaourt (Humm… j’adore !!!).

Paul Biya, le patron du Rdpc. CC: Wikipedia

Un vieux jeune  

Vous le savez peut-être déjà, mais il faut que je vous le rappelle. Le mouvement politique du deuxième président de la République du Cameroun, est gouverné par des vieux. Bien sûr, qu’est ce que vous croyez ? Vous pensez qu’il devait être dirigé par un jeune de moins de 30 ans comme moi qui passe tout son temps à pleurnicher? C’est chose impossible, voyons ! Le président fondateur tient toujours les règnes et c’est magnifique, du moment où il n’a pas encore les cheveux blancs et qu’il ne s’appuie pas encore sur une canne pour se déplacer.

La jeunesse et la fraîcheur du papa de Brenda m’ont déjà wanda (étonné). Il a plus de 80 ans. C’est-à-dire qu’il a plus de huit décennies sur terre. C’est son âge officiel, il ne faut pas l’oublier. Seule sa mère connait l’année, le mois, le jour et l’heure exacts de sa naissance. Parce que vous savez, avant, les gens naissaient vers….et on établissait les actes de naissances quelques années plus tard quand l’enfant avait l’âge d’aller à l’école. Vous voyez un peu ce que je veux dire ? Je ne dis pas que c’est le cas de Popol. Et je n’insinue rien. Toutefois, vous êtes libre de conclure ma pensée.

Jusqu’à présent, je ne comprends pas pourquoi le père là n’a pas une seule chevelure blanche. En bon chrétien, il devrait se rappeler que vieillir jusqu’avoir les cheveux blancs est synonyme de sagesse. En tout cas, j’espère qu’il a vu la couleur des cheveux d’Obama, son petit frère de plusieurs décennies, quand il quittait la Maison Blanche, ou la couleur des cheveux du Pape François (on peut encore tolérer la couleur des cheveux du patron de l’église catholique parce qu’il est un Argentin) la dernière fois qu’il était à Rome, accompagné de maman Chantou (Chantal Biya).

Qui peut challenger Biya ?  

Au Cameroun, on dit que la jeunesse, c’est de 7 à 77 ans. Donc, pépé tu peux déjà accepter ta vieillesse et libérer le trône. Je me demande même si ce type a pensé à construire une maison de retraite pour les anciens présidents ? Bon, c’est vrai que jusqu’ici, on n’en a eu qu’un seul (Ahmadou Ahidjo) qui n’est plus de ce monde. Mais où ira donc M. Biya après sa retraite ? Putain, qu’est ce que je peux être bête ! C’est évident qu’il ira vivre chez lui à Genève (Suisse), c’est où il passe presque la moitié de l’année.

Mais il faut un homme très puissant (un peu comme moi hahaha) pour l’envoyer en retraite. Si vous voulez challenger le candidat naturel du Rdpc, ça tombe même bien, beaucoup de Camerounais attendent son départ à la retraite depuis. Avant toute chose, il faut s’armer de patience parce qu’on ne renverse pas « l’homme lion » comme ça.

Honorable Hamadou Sali, un militant du Rdpc. CC: Wikimedia

Il faut beaucoup de tactiques, de réflexions, de gombo (fric) et de fraude pour espérer obtenir un seul point face à sa machine politique. Oui de fraude. Il faut par exemple avoir beaucoup de tricheurs dans les bureaux de vote, avoir un sac de pactole que vous distribuerez à tous ceux qui vous voteront. Avec 5000 FCFA seulement, vous pouvez acheter les consciences des camerounais qui souffriront après votre élection. En tout cas, on s’en fout même si on souffre après l’élection de celui nous aura séduire comme le serpent avait séduit Eve dans le jardin d’Eden. La suite des souffrances d’Adam et Eve, nous les connaissons tous.

Un parti qui a vieilli sans convaincre

Les Camerounais aiment le cash. Ils pensent que vos programmes politiques ne sont que des histoires à dormir debout. Ils ne sont que des grosses promesses des gros menteurs. D’ailleurs lequel de nos opposants a un programme de campagne plus séduisant que celui du Rdpc ? Et pourtant, après 34 ans de règne, le peuple se plaint toujours parce que le parti de Paul Biya a vieilli sans convaincre.

Les couples Obama et Biya à la maison blanche. CC: Flickr

Pour espérer évincer la donne actuelle, l’adversaire du boss d’Etoudi, doit prescrire l’honnêteté aux membres de son bureau. Ceux-ci ne doivent pas avoir des gros ventres, ni des dents très longues ou encore un gros cœur. Parce que ceux du Rdpc ont tout ça. C’est grâce à eux que ce pays croupit dans la misère. C’est vrai qu’il y a des gens « au grand cœur » dans les rangs de ce parti, qui jouent les généreux avec les sous volés.

Pour envoyer l’actuel régime à la retraite, il faut également savoir manier la langue française sans langue de bois. Les gars tiennent parfois un langage qui n’est compris que par des universitaires corrompus, peureux et formatés. De toutes les façons, pour être le président de la troisième République, il faut être en même de courir à tout moment comme l’ancien président américain pour rattraper le temps. Il ne Faut pas imiter l’exemple du zimbabwéen Mugabé qui n’accepte pas qu’il est fatigué, même si ça se voit qu’il est capable de dormir pendant toute une réunion de prise de décision.

J’espère que tu as retenu mes conseils. On va récapituler. D’abord, tu es moins bavard, parce que c’est le « farotage » qui intéresse les électeurs, ensuite tu triches, parce que sans tricherie, tu te feras éternellement fouetter par le parti au pouvoir qui est un expert en la matière, même si tu es le leader du Social democratic front (Sdf) Ni John Fru Ndi. Il faut également noter que ton programme de campagne rempli de mensonges n’intéresse que les hypocrites. La politique est un jeu de mots, ça tout le monde le sait, mais on en a marre de la langue de bois. Il faut un Donald Trump qui ne trompe pas à la tête de la troisième République.

 


A Yaoundé, il n’y a pas que des poltrons dans les taxis

Les passagers de la capitale camerounaise sont généralement muets comme des carpes. Ils murmurent en solo contre le « roi ». Rares sont ceux qui haussent le ton comme ceux que j’ai rencontré cette semaine dans la ville aux sept collines.

Ouf ! Enfin débarrassé de cette fille du bus. Ma voisine qui dansait comme une sirène. Elle a fait le trajet Douala-Yaoundé avec des écouteurs aux oreilles. Pendant le voyage, elle n’a cessé d’esquisser quelques pas de danse étant assise. J’ai voulu partagé sa joie de vivre. Mais je me suis rappelé que nous n’étions pas du même monde. Elle, c’est la danse, moi, c’est le bavardage. Mais je lui ai quand même fait savoir qu’elle danse bien. Le blogueur Yves Kemayou Tchakounté, m’a reproché de l’avoir laissé partir sans placer un « mot ». Humm Yves, tu souhaitais que je drague cette meuf alors que je suis fiancé ?

Chers jeunes compatriotes, osez donc !

Souvenez-vous, depuis quelques années, le président de la République du Cameroun,  le roi pour certains opposants incapables de mobiliser même dix militants au cours d’un meeting, recommande aux jeunes d’oser. Parce qu’ils sont déboussolés, nos jeunes croient alors que le boss veut qu’ils osent se lancer dans l’immigration clandestine, la prostitution, les sectes occultes, etc. En tout cas, c’est l’impression que j’ai après chaque discours du locataire d’Etoudi. Tenez par exemple, quelques semaines après son adresse à ses jeunes compatriotes, le 10 février dernier, l’un de mes cousins a quitté le pays à pied pour l’Europe. Au moment où je rédige ce billet, le gars croupit dans la misère en Algérie.

Dans un taxi de Yaoundé. CC: Wikimedia

Rassurez-vous, il n’est pas parti tout seul. C’est tout un groupe d’amis qui a pris la route pour l’Europe, leur eldorado. Les gars disent qu’ils préfèrent souffrir ailleurs que de souffrir dans leur pays natal. Avant de partir, mon cousin m’a dit que le pays est en otage. Je ne savais pas de quoi il voulait parler. Dans un taxi hier à Yaoundé, j’ai compris la phrase de mon cousin.

Généralement, quand je séjourne dans la capitale, je n’hausse pas le ton, parce que je sais que c’est une cité de répression. Des indics sont déployés partout dans la ville. Ici, on murmure seulement. On ne parle pas fort parce qu’on ne connait pas qui est qui. L’idéal est donc de rester muet comme une carpe.

Mes voisins de taxi ont fait l’exception. Ils parlaient tous comme s’ils sortaient d’une réunion contre le régime de Paul Biya.

Des gueulards dans le taxi  

Tout a commencé devant un immeuble carrelé sur lequel il est écrit : « ABC ». L’un de mes voisins a rapidement collé une signification à cet immeuble. A=Association, B=Bandits et C=Camerounais. Ce qui donne : Association des bandits Camerounais.

Il faisait ainsi allusion aux fonctionnaires qui distraient les deniers publics pour se bâtir des immeubles et des villas. Pendant le trajet, on  a également parlé d’Issa Hayatou, qui a fait 29 ans à la tête de la Confédération africaine de football (Caf). Issa Hayatou a même été à la tête de la Fédération internationale de football association (Fifa), après la déchéance de Sepp Blatter. Après près de trois décennies au trône de l’instance faitière du football africain, le Camerounais voulait encore briquer un nouveau mandat. Massah, que c’est ton entreprise ? Il a malheureusement été battu par un Malgache.

Paul Biya, chef de l’Etat camerounais. CC: Wikipedia

Il parait que quand un africain goûte au pouvoir, il ne veut plus le quitter. Les pépés s’accrochent jusqu’à la mort. On dirait une malédiction ! Même Dieu s’est reposé le septième jour n’est ce pas ? Il n’a pas fait comme ces octogénaires qui croient que les fauteuils présidentiels ont été créés rien que pour eux. Je pense ainsi aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale du Cameroun. Marcel Niat Njifenji, né en octobre en 1934 et Cavayé Yéguié Djibril, né en 1940, malgré leurs âges avancés, ne jettent pas l’éponge. L’un de mes voisins a laissé entendre que le premier (Niat) ne tenait plus sur ses deux jambes. « Il bave même quand il marche. Quand il décide de marcher pour aller à l’église, les gens souffrent. Il est lent et bloque la circulation », apprend-t-il.

Le taxi avance. Les commentaires pleuvent. On parle de tout et de rien. Même des homosexuels et sectes qui recrutent ces derniers temps dans la capitale politique. Le chauffeur du taxi s’en mêle aussi. Moi, je reste très attentif. Les sujets sont très passionnants. Le feu de signalisation est au vert, mais la circulation est bloquée. Nous sommes à Tsinga Elobi. Le chauffeur aperçoit l’un de ses meilleurs potes de Douala. « Man, je t’ai appelé plusieurs fois, mais ton téléphone ne sonnait pas », vocifère-t-il. Ce dernier, sans hésiter, va venir lui remettre sa nouvelle carte de visite. « Appelle-moi désormais à ce numéro », précise-t-il. Après le départ de son pote, notre chauffeur, un vrai commère, nous apprend que « ce gars que tu vois n’a pas fréquenté. Il n’a même pas fait l’école maternelle. Mais aujourd’hui, il fait dans le pétrole. Il est devenu très riche. Mais moi je sais qu’il est entré dans la secte ».

Marcel_Niat_Njifenji, président du Sénat. CC: Wikipedia

Le chauffeur parle avec une ferme assurance. Mais je ne suis pas d’avis avec lui sur ce point. Je ne sais sur quoi il se base pour dire que son ami est dans une loge, mais je suis de ceux qui pensent qu’on peut réussir dans la vie, sans diplôme, sans même avoir fait l’école maternelle. La vérité est que notre conducteur est un gars de Douala. A Douala, on a tendance à croire que tous ceux qui réussissent à Yaoundé ont « plongé la main » quelques parts. Parce qu’ici, seuls les réseaux dictent leur loi.

Bon chauffeur, vous pouvez me déposer ici. Merci messieurs pour votre « kongossa », j’ai rarement croisé les gens qui critiquent le président Biya et ses hommes ici comme vous.

 


Mobilisation anti-FCFA : la distraction des guignols

Je suis bien curieux de voir comment on s’en sortira en adoptant notre propre politique monétaire avec nos mentalités actuelles. Je m’explique. 

Un jour, un certain Joe La Conscience m’a invité à venir couvrir sa manifestation anti-FCFA organisée devant le consulat général de France à Douala, rue des Cocotiers à Bonanjo. Comme un bœuf qui va à la boucherie, je me suis rendu sur place sans savoir ce qui m’attendait. Joe La Conscience est arrivé dans une tenue vert-rouge-jaune. Je ne savais pas que le site était encerclé par des agents des renseignements généraux. Quelques minutes après l’arrivée de Joe, un car de la police de couleur bleue est venu me ramasser comme un vulgaire chien. C’est ce qui arrive souvent aux reporters accros au buzz comme moi.

Les gars ne m’ont pas fait de cadeau. Ils m’ont molesté. Je n’oublierai jamais ce jour. Après m’avoir auditionné trois heures durant, ils m’ont relâché. Joe avait également été arrêté au même moment que moi. On lui a posé cette question : « pourquoi tu manifestes contre le FCFA devant le consulat de France ?  Tu ne pouvais pas aller dire ton ras-le-bol sur le plateau de la télévision Afrique Média? » Le mec qui se dit panafricaniste, était incapable de justifier son action. On nous a relâché à la même heure, mais le « con » s’est permis d’appeler mon directeur de publication pour lui dire qu’il était détenu dans un lieu secret. Un gros menteur qui veut battre sa propre monnaie ! Hum, ça, c’est la meilleure !

« Un flyer annonçant une mobilisation anti-FCFA le 11 février 2016. CC: Dolly Afoumba »

La priorité est ailleurs  

Je suis d’accord avec ceux qui croient que la colonisation est inhumaine. Que ceux qui ont eu la « merveilleuse » idée de quitter leurs territoires pour venir terroriser mes ancêtres, et les dépouiller de tout, ont commis un crime contre l’humanité. Et par conséquent, ils devront donc être traduits devant la Cour pénale internationale (Cpi) pour répondre de leurs actes. Un rêve fou qui ne se réalisera certainement jamais ! Depuis le début de l’année, je vois aux quatre coins du monde, une série de mobilisations contre le Franc des colonies françaises d’Afrique (FCFA). Les gars veulent absolument en découdre avec ce qu’ils appellent « machin ».

C’est bien beau, mais je me demande si c’est vraiment ce dont nous avons besoin à l’heure actuelle. Nous avons plusieurs maux qui freinent notre épanouissement, mais les gars mettent tout sur le dos du FCFA. Comprenons-nous très bien, je ne suis et ne serai jamais contre cette initiative louable pilotée d’une main de fer par le Sénégalais Kemi Seba. Mais je crains que ça ne soit qu’une pure et simple distraction. Cette monnaie engraisse nos dirigeants et vous les voyez s’en débarrasser aussi facilement ? Je crois que c’est une goûte d’eau dans la mer. Nos brillants manifestants font exprès d’oublier que pendant qu’ils organisent les manifs anti-FCFA en 2017, les colons eux, ont pensé à son maintien il y a de cela plus d’une dizaine d’années, et n’avaient pas besoin d’un tapage médiatique tout autour pendant leurs réflexions pour attirer l’attention de ceux qu’ils tiennent dans la misère depuis des lustres. Tout se passe à huis clos et dans la perfection.

« Un billet de 10 000 FCFA de l’Afrique centrale CC: commons.wikimedia »

C’est vrai que M. Idriss Deby Itno, le président Tchadien nous a fort étonné en dénonçant cette monnaie qu’il utilise pourtant depuis sa naissance. Le boss n’a pas le courage de signer un décret annulant l’usage du FCFA sur son territoire. A sa place, je m’offrirais des machines de fabrication de billets de banque (il en a les moyens hein), et choisirais un nom historique que je collerais à la monnaie que je veux pour mon pays et j’adopterais une politique monétaire nationale. Ce n’est pas facile ça ?

Si le président Tchadien n’arrive donc pas à le faire, c’est tout simplement parce qu’il n’est pas prêt. Et vous croyez que ce sont nos pauvres « panafricanistes » qui triompheront des griffes occidentales ? Certains fustigent même les colons étant sur leurs territoires. Les amis, le vrai combat se déroule ici, au pays de nos ancêtres ! Le tout n’est pas de dénoncer, mais de prendre ses responsabilités.

Le problème, c’est nous

Au Cameroun, mon pays d’origine, nos gouvernants s’en foutent du brouhaha des « experts» qui disent que le FCFA est un machin qui freine le développement des pays qui l’utilisent. Je ne sais pas si c’est vrai, mais je suis quand même sûr d’une chose : ce n’est pas le FCFA qui a mis l’esprit de corruption dans la cervelle de mes frères africains. Encore moins le chômage. Ce n’est non plus le FCFA qui appauvrit nos pays. La preuve est que nous avons beaucoup de milliards et de richesses sous nos pieds. Mais qui connait la direction qu’ils prennent chaque année pour qu’on soit toujours là à tendre nos mains vers l’occident pour emprunter les sous pour « construire » nos infrastructures ? Croyez-vous que ces gens (nos dirigeants), aussi égoïstes soient-ils, peuvent accepter la fin du FCFA ?

« Le continent africain. CC: Wikepedia »

Mes questions ne tiennent peut-être pas debout, mais j’aimerais qu’on m’explique comment on va s’en sortir avec notre propre monnaie avec notre mentalité actuelle ? Ici, certaines personnes se détestent pour rien. D’autres élaborent les lois et sont les premiers à les violer. Les riches font grimper les prix des denrées alimentaires en faisant semblant d’oublier qu’il y a trop de chômeurs et de pauvres dans nos cités. Et vous croyez que la sortie du FCFA viendra miraculeusement nous délivrer de nos vrais bourreaux ? Je deviens peut-être bête, mais je veux comprendre comment les emplois vont naître avec notre propre monnaie ?  Comment les micro-finances ne vont plus fermer leurs portes avec les sous des épargnants ? Etc.


Nord du Cameroun : Ces images des orphelins victimes du terrorisme m’ont arraché une larme

Je peux peut-être me tromper, mais jusqu’au moment où je rédige ces lignes, je n’ai pas encore eu vent d’une politique de prise en charge des enfants dont les familles ont été déchirées par les forces du mal dans le septentrion, mise en place par le régime de Yaoundé.

Il m’a balancé des photos et des vidéos très touchantes sur un réseau social. Je les ai d’abord reçues avec joie. Mais ces images, au lieu de m’égayer, ont plutôt réussi à m’arracher une larme. Moi qui pleure difficilement ! Elles montrent deux enfants qui sont en train de travailler dur dans un camp militaire sis dans la partie septentrionale du Cameroun. Celui qui m’a envoyé ces images via un réseau social, serait très introduit dans le milieu. Il dit qu’il ne cautionne pas l’injustice, c’est pour cela qu’il m’a envoyé ces images que je devais utiliser tôt ou tard. A l’en croire, les gamins sur les images « passent la majeure partie de leur temps à cet endroit, à effectuer des travaux parfois difficiles ».

« Un orphelin victime de Boko Haram dans un camp militaire au Nord du Cameroun. Crédit: l’inconnu »

L’inconnu a immortalisé les scènes de deux enfants à l’aide de son téléphone portable. Sur une image prise en journée, j’aperçois un gamin d’environ 10 ans, assis sur une tôle, en train de déplumer une volaille à l’aide d’un couteau. Sur une autre image prise le même jour, un autre gamin, un peu plus âgé, transporte également une volaille. Un peu plus sombre, comme si elle avait été prise dans la nuit, une autre image montre les deux enfants côte-à-côte, près d’un feu de bois, en train de se réchauffer. Le plus grand porte un maillot rouge et un pantalon militaire. Le cadet quant à lui, est revêtu d’un maillot rayé, avec un short rouge. « Ils s’appellent Akura et Barka. Leurs parents ne sont plus en vie», informe l’inconnu, qui certifie qu’il s’agit des orphelins victimes de Boko Haram, qui sont utilisés dans les tâches ménagères, dans un camp militaire dans la région du Nord.

« Cet enfant travaille dur pour survivre. Crédit: l’inconnu »

Je n’en crois pas mes oreilles ! L’inconnu ne se rend pas compte de la gravité de ces accusations. Il ne sait pas également qu’il m’a fait perdre le sourire. J’avais pourtant décidé de ne plus m’énerver, mais je me rends compte qu’il y a des situations plus fortes que moi, qui déchirent le cœur et nous mettent dans tous nos états. Si ce que l’inconnu me confie s’avère vrai, ne suis-je pas en droit de me fâcher contre cet officier de l’armée camerounaise qui utilise ces petits anges? En tout cas, si nos chemins se croisent, voici ce que je lui dirai sans mâcher les mots: « Mais monsieur, vous êtes malade ou quoi ? Comment pouvez-vous faire des enfants en détresse vos esclaves ? » Nous allons nous calmer hein, en entendant le face à face avec le type en question.

Qui s’occupe des orphelins victimes du terrorisme au Cameroun ?

Je suis resté bouche bée après avoir regardé les images que l’inconnu m’a envoyé. Elles suscitent plusieurs interrogations dans ma tête.

  • Premièrement, je me demande ce que deviennent les enfants camerounais dont les parents ont été tués par les terroristes nigérians qui servissent dans la région septentrionale du Cameroun?
  • Deuxièmement, j’aimerai savoir s’il existe une politique de prise en charge de ces orphelins, mise en place par le gouvernement camerounais? –
  • Troisièmement, pense-t-on à leur futur ou alors on est trop concentré à piller les caisses de l’Etat ?

C’est autant de questions qui se bousculent dans ma petite cervelle.

« Un orphelin victime de Boko Haram devenu cuisinier. Crédit: l’inconnu »

Rémunération 

Les deux enfants cités plus haut, seraient originaires du village Balgaram à l’Extrême-Nord du Cameroun. Ce village a plusieurs fois été visité par les terroristes, qui y ont massacré beaucoup de personnes. « Akura » et « Barka », aujourd’hui utilisés dans le camp militaire de la contrée, seraient restés orphelins. « Ils  ne vont presque pas à l’école parce qu’ils passent tout leur temps ici au camp militaire. Ils y restent du matin au soir », renseigne l’inconnu depuis la ligne de front.

Le soldat accuse «  le commandant de compagnie le nommé capitaine Gazawa », d’être à l’origine de l’exploitation de ces enfants en détresse, qui seraient rémunérés pour les services rendus. « Ils disent que le commandant leur donne souvent 200, 500 et aujourd’hui par exemple, ils ont eu 700 Naira l’équivalent de 1000 FCFA. Ils travaillent souvent comme ça du matin au soir », dénonce l’inconnu, courroucé. Pour avoir le cœur net, j’ai contacté le capitaine soupçonné. Il a tout nié en bloc. En plus, je ne crois pas que l’armée camerounaise utilise le Naira, une monnaie nigériane, sur son territoire pour payer ces enfants.

 


Drogue et délinquance juvénile : j’ai fait un détour à « Babylone »

Je les ai aperçus de mes propres yeux. Ils sont installés le long du drain de Bonadibong. Ils y sont encore jusqu’à présent. Ils fument le chanvre indien en plein air, sans que ça ne gêne personne.

Tout passant qui emprunte cette voie pince son nez, de peur d’aspirer les odeurs que cet endroit dégage. C’est un exercice que font régulièrement ceux qui sont allergiques aux odeurs du chanvre indien et du cannabis, comme moi. Après un crochet au marché Congo de Douala ce mardi 31 janvier 2017, je décide de passer par Bonadibong, situé entre les quartiers Bali et Akwa pour arriver à Nkongmondo. A partir de Nkongmondo, je peux facilement emprunter une mototaxi pour arriver chez moi. Par curiosité, je décide de passer par le drain qu’on vient de bâtir dans le coin.

A distance, j’aperçois un groupe de jeunes rastas, aux allures de Bob Marley, qui sont installés le long du drain. Du côté droit, il y a un grand mur qui les sépare des dealers. Un gros trou a été fait sur ce mur. C’est à travers ce trou que les deux parties communiquent. « Je veux la thaïe, donnez moi la thaïe», vocifère un jeune homme visiblement affaibli, penché sur le mur. Il est impossible de voir la face de son interlocuteur.

« Bob Marley, l’icone des rastas. Wikicommons

Je n’ose même pas m’approcher de ce trou. Après avoir acheté sa pilule thaïe, le jeune homme va prendre place à côté de ses potes. De sa poche, il sort une feuille blanche dans laquelle il verse son produit, qu’il va rouler sous forme de cigarette. Le jeune homme arrache le briquet de la main de son voisin, et allume aussitôt son joint. Il tire une première, puis une deuxième fois, avant de rire aux éclats.

« Hum, man le way si est bon zouska », se réjouit-il. Pas de bruit dans le coin, il parait que les consommateurs de drogue n’aiment pas être dérangés quand ils sont en action. Par contre, ils aiment étouffer les lieux avec leur fumée qui pollue l’atmosphère. Le drain de Bonadibong pue le chanvre indien.

Bouche bée, je me faufile entre ces toxicomanes. « Yah man, la montre du gars ci est nyanga hein !!!», lance l’un d’eux, en direction de la montre que Malick, un ami bijoutier vient de m’offrir. En entendant ces propos, je commence à accélérer le pas, tête baissée. Heureusement que le mec ne s’est pas approché de moi, certainement parce qu’il y avait une nana qui lui caressait les rastas. Cette nana, très grande et très belle, a aussi des lèvres noires comme son compagnon. Qui se ressemble s’assemble n’est-ce pas ? De toute façon, je ne me mêle pas de la vie d’un pareil couple !

Quand les dealers rodent dans les marchés

« Le vol rime avec la drogue », cette phrase d’un ami est revenue dans ma tête au moment où je traversais le drain de Bonadibong hier. Tout est maintenant clair dans ma tête ! A un jet de pierre de ce lieu occupé par les consommateurs de drogue, il y a « Ancien troisième », le plus vaste marché de l’électronique de la capitale économique camerounaise. Ici, le consommateur peut avoir tout type d’appareil qu’il désire en quelques minutes seulement. On peut également faire réparer son appareil ici. Je vous conseil beaucoup de précautions lorsque vous vous rendez en ce lieu. « Il y a certains réparateurs ici qui sont comme des fumeurs de chanvre. Ils volent ton téléphone et te donne un pourri avec une coque neuve », rapporte une victime.

« Les jeunes camerounais passent plus de temps dans les salles de jeux. CC Flickr

Ce qui m’intrique, c’est la présence des fumeurs de chanvre indien et dealers autour des marchés de Douala. Avant de prendre leurs quartiers à Bonadibong, ils étaient très présents au quartier Makéa, dans le deuxième arrondissement. Makéa est également situé entre plusieurs marchés. Je me souviens qu’il y avait un coin dans ce bidonville qu’on avait surnommé la « Colombie », en hommage à la vraie Colombie, où le joint se consomme comme des petits pains.

En principe, les consommateurs de drogue ne dérangent pas. Mais quand ils trouvent une occasion de te frapper, ils le font sans pitié. Ça me rappelle l’époque où mon frangin Papous était encore plongé dans cet univers. Son lieu de prédilection était le marché de poissons de Youpwé (Douala 2). Le gars consommait le chanvre et la cocaïne comme s’il bouffait le couscous de maïs, avec les feuilles de manioc. La seule différence est que le couscous donne des kilos, pendant que l’autre fait maigrir.

Je l’aimais tellement, mon frangin ! Je suis même allé lui dire de renoncer à cette vie, mais le mec me jurait par tous les dieux qu’il ne prenait ni la cocaïne, ni le chanvre indien. Alors qu’il prenait jusqu’au tramol. Tout sur lui prouvait le contraire de ce qu’il me disait. Je me souviens même qu’il m’avait piqué mon téléphone portable Nokia (écran bleu). Aujourd’hui, il se limite à la cigarette et au chewing-gum.

La drogue à portée de main

Dans un coin de mon quartier, les jeunes dont la tranche d’âge varie entre 15 et 25 ans, passent tout leur temps à jouer au poker. Après les cartes, d’autres misent sur le pari sportif. Je les retrouve également dans des salles de jeux vidéo. Plusieurs collégiens et lycéens zappent même les cours pour ces jeux. J’ai constaté que c’est dans ces milieux qu’ils apprennent à goûter non seulement à la cigarette, mais aussi aux choses plus dangereuses.

Je ne parle pas des choses que je ne connais pas hein ! J’ai grandi dans un coin chic qu’on appelle « Bonapriso ». Les principales préoccupations des jeunes d’ici, étaient l’école et le football. Beaucoup s’intéressaient aussi au vélo. Tout a basculé le jour où un homme d’affaires a eu la merveilleuse idée d’ouvrir une salle de jeux au carrefour « Armée de l’air ».

« A cause du manque d’encadrement, les enfants peuvent devenir des criminels. CC Pixabay »

Cette salle de jeux a attiré plusieurs jeunes des autres quartiers qui étaient déjà très avancés dans la consommation de drogue et la délinquance juvénile. Ces derniers se sont mélangés aux jeunes de Bonapriso.

Quelques années plus tard, plusieurs jeunes de ma génération ont commencé à tenir tête à leurs parents. L’école ne les intéressait plus. La salle de jeux était devenue leur passe-temps favoris. Les choses ont pris une autre tournure. Les enfants ont créé des gangs. Ils ont opéré des braquages à main armée. Plusieurs ont même monté des coups contre leurs parents. L’année dernière par exemple, mon petit « Bonny », un adorable petit frère que j’aimais à l’époque, a été bastonné et tué « par son père », selon les médias locaux. Il se raconte au quartier que Bonny était devenu dangereux pour ses parents, a qui il soutirait beaucoup d’argent. Hormis ce petit frère, plusieurs ont été tués à Bonapriso à cause du vol, pendant que d’autres séjournent actuellement dans les geôles de la prison centrale de Douala.

Veuillez sur vos anges  

J’ai pris ces exemples parmi tant d’autres pour inviter les parents et tuteurs camerounais à s’occuper de leurs enfants. Ils sont un peu trop à la merci du diable. Il faut savoir avec qui vos enfants traînent et où ils vont. Quel type de musique écoutent-ils ? Quel bouquin lisent-ils ? Que regardent-ils à la télévision et sur quels réseaux sociaux surfent-ils ? Choisissez toujours le meilleur pour vos anges. Si vous ne souhaitez par les perdre, je vous suggère de veiller sur eux, sans toutefois les mettre mal à l’aise.


Cameroun : propagande à outrance et intimidations des internautes

Le ministère des Postes et des télécommunications du Cameroun a entamé une campagne de lutte contre la désinformation via les réseaux sociaux il y a environ deux semaines. Une opération très noble, que je salue. Mais la patronne de ce département ministériel doit avant tout connaître les raisons qui poussent certains internautes à publier des informations et des images visant « à déstabiliser notre pays ».

Réunion sur les réseaux sociaux à Douala. Crédit : Frank William Batchou

« Cher abonné, ne vous rendez pas complice de la désinformation et de la déstabilisation de notre pays via les réseaux sociaux », ce message est du ministère des Postes et des télécommunications du Cameroun (Minpostel). Je l’ai reçu le 28 janvier 2017 à 10h13 sur mon téléphone portable. Je reçois ce genre de message presque tous les jours depuis maintenant deux semaines ! Ils me tapent déjà sur les nerfs, ça devient de plus en plus agaçant. Une chose est certaine : je n’en veux plus, la messagerie de mon téléphone est déjà saturée. Ma batterie est tout le temps déchargée depuis que cette histoire a commencé à polluer ma messagerie. J’ai l’impression qu’il n’y a que moi que le Minpostel sensibilise, comme si toute leur campagne était concentrée sur moi ! Comme si je publiais de fausses informations visant à déstabiliser notre pays via les réseaux sociaux. Je me demande même si le Minpostel a eu le temps de visiter mes pages Facebook et Twitter avant d’inonder mon téléphone avec ses machins. Des mises en garde qui me laissent à 37, parce que personnellement je ne publie pas n’importe quoi sur les réseaux sociaux. Ceux qui me suivent sur Facebook ou sur Twitter, connaissent très bien ma position. Premièrement, je déteste les intimidations ; et deuxièmement, le Minpostel ne m’empêchera pas de dire ce que j’aime ou ce que je n’aime pas sur mes pages Facebook et Twitter. Sur ces deux plateformes, je publie les images et les articles qui me passionnent. Les règlements de compte, les rumeurs et le chantage… tout ça ne m’intéresse pas. C’est un choix que j’assume pleinement.

Panorama des médias sociaux. Crédit : pixabay.com


Des micro-blogueurs engagés

Sur les réseaux sociaux, tout le monde n’a pas les mêmes intérêts. Il y en a qui « pissent » sur mes posts, jugés trop chrétiens par certains, mais applaudis par d’autres. D’autres trouvent leur compte en publiant des vidéos, des images et des informations qui soulèvent les masses et fâchent nos dirigeants : leurs publications, jugées négatives par nos gouvernants, font le tour du monde et suscitent beaucoup de réactions.

Avant l’arrivée des réseaux sociaux, les gens du gouvernement nous mentaient pêle-mêle. Ils pouvaient par exemple nous dire qu’il y a eu aucun mort dans un déraillement ou dans un crash d’avion. Et tout le monde les croyait sans discuter, jusqu’à ce que des familles constatent la disparition de l’un de leurs, ou qu’on retrouve des corps, des ossements humains… dans des ravins. Aujourd’hui, même avec l’avènement des réseaux sociaux, nos dirigeants tentent toujours de truquer le nombre de victimes après un drame.

Les réseaux sociaux contrôlent l’actualité dans le monde. Crédit : pixabay.com


Infos et intox en un clic

Depuis quelques années, les réseaux sociaux ont pris une longueur d’avance sur les médias conventionnels. Avant d’être publiques, la majorité des informations retrouvées dans la presse passent d’abord par des groupes de discussions sur les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp). Le Minpostel le sait très bien. Il sait également que c’est grâce aux utilisateurs des réseaux sociaux que beaucoup de choses ont changé dans ce pays. Sans réseaux sociaux, il est certain que des événements comme l’éventration de Monique Koumateke (mars 2016), devant les urgences de l’hôpital Laquintinie à Douala, en plein air, sous le regard impuissant du corps médical, seraient passés inaperçus. C’est grâce à la vidéo « choquante » publiée sur les réseaux sociaux que le ministre de la santé publique, André Mama Fouda, a été contraint de s’exprimer. Il s’est d’ailleurs empressé de dire qu’il n’y avait pas eu « négligence médicale », alors que la vidéo prouvait le contraire. C’est aussi grâce à l’écho créé par les médias sociaux que le gouverneur de la région du littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, et son état major, se sont rendus sur les lieux du drame en quelques minutes seulement. C’est également grâce aux utilisateurs des réseaux sociaux (que le Minpostel menace) que nous avons été informés du scandale ferroviaire d’Eseka (octobre 2016) et des crimes dans les régions anglophones du pays, des drames qui ont ôté la vie à plusieurs dizaines de camerounais.

« Madame Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et télécommunications du Cameroun. Crédit : wikipedia.org »

Il faut faire former vos internautes 

Les réseaux sociaux jouent un rôle capital dans un pays où l’immobilisme, l’inertie, la corruption, le chômage, l’affairisme, la discrimination, les détournements des deniers publics… ont élu domicile.

Je reconnais qu’il y a souvent eu des dérapages sur les réseaux sociaux. Des personnes de mauvaise foi qui publient des choses inutiles qui secouent la République et menacent la paix de notre pays. Avouons aussi que certaines de ces rumeurs finissent souvent par se réaliser. In fine, je pense que le Minpostel met les utilisateurs des réseaux sociaux camerounais en garde parce qu’il voit que les intérêts du gouvernement sont menacés. J’aurai aimé que Mme Minette Libom Li Likeng, la patronne du Minpostel, débute sa campagne par la formation des internautes et non avec un message menaçant comme celui-ci : « un abonné risque un emprisonnement de 20 ans s’il est auteur de déclarations mensongères ou de dénonciations calomnieuses via un réseau social ».

 


Le jour où j’ai frôlé une « injustice populaire » à Douala   

Il suffit qu’une minuscule voix, comme celle d’un petit démon,une voix qui sort de nulle part, « oh voleur », pour qu’on se saisisse de vous et qu’on vous tabasse comme un chien. J’ai vu des innocents êtres tués à coup de bâton et brûlés vifs sous le regard impuissant des forces de maintien de l’ordre.

Je n’oublierai jamais cette année où j’ai failli être lynché comme un vulgaire chien, à Douala, dans une banlieue pourrie gâtée de New-Bell, où des maisons sont construites soit en terre battue, soit en planches. Ce soir-là, j’accompagnais Yannick, un ami d’enfance chez sa mère. Il devait être 19 heures quand nous sommes arrivés sur les lieux. Mon pote m’a demandé de l’attendre juste à l’entrée du couloir qui mène au domicile de sa génitrice. Je suis resté debout comme un bambou dans ce secteur que je découvrais pour la première fois. Il était éclairé par endroit par des lampadaires, ce qui m’a permis de constater que la plupart des maisons de ce coin étaient, soit en terre battue comme à l’âge de la pierre taillée, soit en planches, recouvertes de vieilles tôles. Une bonne pluie diluvienne noierait ces machins qui font office de maison en quelques minutes seulement. Avant qu’une femme d’un certain âge, sûrement une veuve, appuyée sur une canne, ne vienne me prouver le contraire, j’ai cru un instant que ces constructions étaient des poulaillers. Sauf que dans les poulaillers, ça picote. Les poussins jouent à toute heure, les coqs et les poules font constamment le « Ndolo », l’amour pour les non-Duala.

« Les pompiers volent au secours d’une victime »

La vieille femme aux cheveux gris s’avance vers moi et me pose une série de questions bizarres: « Mon fils tu fais quoi là débout? Pourquoi tu fixes ma maison ? C’est pour mieux l’identifier pour venir braquer après n’est ce pas ?». Je suis resté bouche bée pendant une dizaine de secondes. Je ne comprenais pas le sens de ses questions. J’ai titubé quelque moment avant de retrouver mon état normal. « Non mémé, je suis en train d’attendre un ami qui est allé voir sa maman dans le couloir qui est juste en face là ».

Avant l’apparition de cet étrange personnage, le quartier était calme, doux, aucune mouche n’osait pointer son nez, à part quelques moustiques qui me suçaient de temps en temps. En l’espace de quelques minutes, j’ai connu le vrai visage de ce secteur qui affichait un climat pourtant paisible à mon arrivée. La vieille femme m’a atomisé de questions, ce qui a attiré l’attention des autres populations de ce coin. Les gens venaient un par un vers moi comme des zombies. Ils étaient armés de gourdins et de cailloux. J’ai entendu une voix qui sortait du milieu de la foule : « Si ton ami là ne revient pas, on va te taper et te brûler ici, tu vas voir ». Ils avaient déjà entassé les pneus les uns sur les autres et s’apprêtaient à me brûler vif avec l’essence qu’ils avaient acheté. Tout simplement parce que j’étais un étranger dans le quartier et que je contemplais leurs « jolis palais », remplis d’or et d’argent que je m’apprêtais à cabrioler, selon la vieille femme. J’étais dans un vrai cauchemar les yeux ouverts. Yannick tardait à revenir, à tel point que j’ai eu l’impression qu’il m’avait oublié. Alors, j’ai commencé à transpirer et à trembler sur place.

« Ils brûlent un individu »

Mon courage m’avait quitté. En plus, qu’est ce que je pouvais bien faire pour m’échapper des griffes de ces personnes qui étaient prêtes à en découdre avec moi, sans preuve, sans pour autant contacter la police, dont le rôle est de protéger les populations comme dans les pays civilisés ? Je préférais encore être dans les mains de la police camerounaise que de ces cons furieux sans raison valable. J’ai évoqué le Seigneur et il m’a exaucé en faisant apparaître Yannick, qui m’a délivré des canines de ses « cannibales ». Ouf ! Je l’ai échappé belle. Après ce coup foiré de la vieille femme des courbettes à la #BidoungKpwattChallenge, j’ai décidé de ne plus jamais remettre les pieds dans ce genre de quartier, où l’étranger est considéré comme un brigand.

Le phénomène prend des proportions considérables

Le gouvernement camerounais doit absolument adopter des mesures visant à renforcer la sécurité dans nos métropoles. Il doit surtout veiller à la sécurité de ces personnes qui se font tabasser dans les rues par les populations qui les traitent de bandits, comme s’ils pouvaient arrêter un vrai bandit armé d’un pistolet automatique chargé ou ces bandits aux cols blancs qui détournent les deniers publics et les appauvrissent.

« C’est très méchant »

J’ai vu des corps calcinés de personnes, parfois innocentes, dans les caniveaux d’Akwa (centre commercial de Douala). Toujours dans mes balades, je suis tombé sur des corps de jeunes gens qu’on avait tués la veille et abandonnés sur les trottoirs. J’ai plusieurs fois aperçu des corps des gens comme toi et moi en décomposition dans les drains de la cité. Des images très choquantes qui réjouissent curieusement les cœurs de certains passants. « Ce sont des bandits, ils méritaient la mort », selon eux. Moi aussi je méritais sûrement la mort le jour où je suis allé accompagner Yannick dans ce bidonville ! Tout comme ces jeunes hommes qui se font régulièrement tuer par les populations à l’aide de lattes, de parpaings, de barres de fer, de tournevis, pour avoir volé un œuf ou parce qu’ils avaient fouillé dans la poubelle d’à côté… Je me demande comment leurs assassins font pour continuer à vivre comme s’ils n’avaient jamais commis de crimes. Pourquoi ne les poursuit-on pas en justice, eux qui ont tué des personnes qu’on a tout simplement traitées de voleurs sans preuves tangibles ?

Il faut châtier un bandit, mais pas le tuer. Pour ces assassins qui se font passer pour des justiciers, je propose qu’on adopte une loi anti-justice populaire au Cameroun. Tout comme je crois que l’injustice populaire se trompe de cible. Les vrais bandits sont ailleurs. Qui l’ignore ?


Univers médiatique camerounais : déplorable !

Première chose à retenir par l’ensemble de la rédaction: on n’écrit pas contre son partenaire, même s’il a pissé sur lui. Deuxième chose  à retenir par le Rec: on fait plus dans les publi-reportages masqués que dans l’information. Curieusement, malgré ce « griotisme » d’un autre genre, les salaires de catéchiste, les payements tardifs, plusieurs mois sans salaire, et la non prise en charge des employés malades et les décès en cascade demeurent dans le milieu de la presse camerounaise. Les syndicalistes complices malgré eux, aboient quand même dans le vide. Traitres !

« Les patrons de presse au Cameroun sont les ennemis de la presse et du progrès » Source: Charles Nforgang

Je suis un journaliste des salons huppés. Et moi, de la rue Mermoz. Bataille entre griots et communicateurs.  

Vous ne le savez certainement pas. Au Cameroun, il y a plusieurs types de journalistes. On a les journalistes dits de la « rue Mermoz » et ceux du « Hilton ». Des vrais cousins éloignés. On a aussi des « grands » journalistes. Ceux-ci travaillent dans des grandes boites du pays et ont généralement des bras très longs. Ceux de la rue Mermoz et du Hilton, ont également leurs réseaux et ils sont au service de ceux-ci avec leurs journaux « dans le sac ». Les uns se croient plus importants et intègres que les autres. Vous voulez savoir comment reconnaître un journaliste de la rue Mermoz ? D’abord, il ne bosse pas dans un seul média. Il écrit partout et nulle part. Je ne blague pas. Ce qui fait la particularité du journaliste de la rue Mermoz, c’est qu’il ne quitte jamais les lieux des manifestations sans avoir arraché le « gombo » (argent) des mains des organisateurs. Quand ceux-ci n’ont rien pour lui, le gars ne tarde pas à montrer son côté animal.

« Vous croyez que je suis venu ici pour vos beaux yeux hein ? D’ailleurs même c’est ton argent ? ». C’est après avoir encaissé qu’il poursuit la chasse ailleurs. Un journaliste de la rue Mermoz, ça ne blague pas. Ça se reconnaît à l’œil nu. Il faut avoir le verbe et savoir faire les yeux doux aux chargés de communication des séminaires et ateliers. « Je vais t’accorder une page dans mon journal qui sera en kiosque dans quelques jours si tu fais un bon geste ». Parfois, son journal n’est en kiosque que trois mois plus tard. Il faut également savoir que le journaliste de la rue Mermoz est son propre patron. Il n’a aucune pression, sauf s’il reçoit une grosse enveloppe de l’un de ses amis riche en détresse au tribunal ou qui vise un poste dans une administration. Ne croyez surtout pas que ces gars sont des analphabètes. Il y en a des cerveaux. Des universitaires et plus. Il se veut agressif au front, pour pouvoir nourrir sa famille, payer les factures, et mettre son journal en kiosque, même si c’est une seule fois par mois.

« Journaux camerounais »

Les « supers » journalistes quant à eux, sont dans des rédactions plus ou moins modernes. Ici, on se fait des sous en grand et en solo. Premièrement, on ne fait pas publiquement les yeux doux aux organisateurs des événements. On est automatiquement important. S’ils ont besoin de moi, ils m’appelleront, non sans oublier d’apprêter mon cachet. Je pense que le cachet est obligé pour les non-partenaires. Je peux me tromper sur ce point. Mais s’il s’agit d’un partenaire, on court vite couvrir son événement de peur d’avoir des ennuis avec le directeur de la publication. Le super journaliste doit  éviter de fouiller dans les poubelles du partenaire « qui verse beaucoup d’argent à l’entreprise chaque année ».

Ceux qui ne soutiennent pas financièrement ou avec des publicités le média qui nous embauche, sont mal barrés. On est libre de tirer sur eux pêle-mêle. Ce phénomène a envahi tous les médias publics et privés du pays. Le résultat, nous le connaissons tous, sauf par hypocrisie. Il y a plus de propagandes que des vraies informations utiles à notre pays dans nos tabloïds et médias audio-visuels. Prenons un exemple banal : la guerre contre les extrémistes nigérians qui servissent dans la partie septentrionale de notre Cameroun.

« John Beas de son vivant »

Question: Quel département ministériel se charge généralement du déploiement des journalistes dans cette région ?

Réponse: C’est bien évidement le ministère de la Défense (Mindef).

Les gars sont nourris et blanchis par le Mindef. Et vous croyez qu’ils peuvent dénoncer ce généreux ministère ? Je ne crois pas. Je vois mal ces « grands » reporters invoquer la vraie (je pèse bien mes mots) misère des soldats camerounais au front dans leurs différents papiers. Une misère qui leur est « imposée par leur hiérarchie », dénonce un militaire du Bir que j’ai rencontré le mois dernier.

Deuxièmement, supposons que nos reporters soient conduits au front par l’armée américaine ou française. Pensez-vous qu’ils soient capables de dénoncer les magouilles des races bizarres que les soldats aperçoivent dans les rangs des extrémistes ? Sauf s’ils veulent se faire virer par leurs boss. J’avoue que j’exagère sur ce point hein. « Les quotidiens et hebdomadaires dénoncent souvent ces Blancs qui soutiennent les terroristes au Cameroun ». C’est juste pour vous prouver que tout est communication dans notre presse. Les administrations publiques et diplomatiques font leur show dans nos médias. Le citoyen lambda quant a lui, n’a droit qu’aux faits divers. « D’abord même qu’il est abonné ? Est-ce qu’il achète même les journaux ? Un gros titrologue comme ça ».

Rien n’est gratuit dans nos entreprises de presse. Nos patrons nous rappellent directement ou indirectement qu’ils ne sont pas là pour faire du bénévolat. Ils défendent leurs intérêts. « Vous croyez qu’on imprime les journaux avec les dents ? Et le personnel, avec quoi vais-je le payer, avec les cailloux ? » Voilà le genre de langage que nos boss tiennent généralement loin des micros et des caméras.

« Que dites vous monsieur le Mincom? »

Je démissionne ou je crève

Le stress. Voilà un mal qui ronge la plupart de journalistes en service dans les rédactions camerounaises. Comment peut-on rédiger un bon papier ou présenter un programme audio-visuel avec tous les maux de la terre? Devant un article, on pense à notre famille qui n’a rien à se mettre sous la dent depuis le matin. On pense aux factures de loyer qu’on n’a pas réglées depuis plusieurs mois. On pense aussi aux frais de reportage qui arrivent par saison. On pense aussi aux nanga boko (Sdf) qui sèment la terreur dans les « mapanes » qu’on emprunte toutes les nuits à pied après le bouclage. On pense aussi aux caprices des sources d’information et aux pressions du boss de la rédaction. Et Eneo ( le distributeur de l’énergie électrique) qui nous sert les délestages presque chaque jour. Le plus drôle, c’est la qualité de nos outils de travail. Nos téléphones portables nous servent de dictaphone et d’appareil photo. Nos machines du bureau ne sont pas de dernière génération. Par amour du métier, plusieurs reporters ont acheté des lap tops de seconde main. Machine c’est machine, on fait avec en entendant la visite du père Noël ! Le boss, est ce qu’il regarde tous nos efforts ? Non. Tout ce qu’il veut, c’est son journal. « Je ne gère pas les détails », lance-t-il. Son journal doit être en kiosque, parce qu’il y a plusieurs pages de publicité ou de gombo à valider. Nos boss se préoccupent-ils souvent de l’état de santé de leurs collaborateurs ? Je ne pense pas.

Santé : Pourquoi les entreprises de presse négligent-elles leurs employés ? 

Je ne sais pas si c’est par négligence, mais je dois vous avouer que le décès du jeune technicien de la radio Sweet Fm cette semaine, me choque énormément. John Beas est allé rejoindre le grand-frère Javis Nana décédé en 2015. Ils souffraient des maux qui pouvaient certainement être guéris si leur patron avait pensé à embaucher un médecin de travail. Oui le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) est sur tous les fronts pour l’amélioration des conditions de travail des journalistes au bercail. Oui beaucoup de chantiers sont en cours. Mais j’aimerai que le grand-frère Denis Nkwebo, président du Snjc, et son équipe, mettent la pédale sur l’accélérateur. Les choses semblent aller très lentement, au point où les membres du Snjc qui ne sont pas dans les secrets du bureau exécutif national (Ben) comme moi, ont l’impression que c’est le statu quo total de ce côté. Il m’arrive même parfois de croire que le syndicat choisit ses adversaires et ses batailles. Est-ce que certaines victimes dégainent beaucoup de sous et d’autres pas ? C’est juste une question parmi tant d’autres les gars, faut pas fâcher hein !

Les syndicalistes face à la presse camerounaise

Deux ans de salaires impayés et tu bosses toujours si dur ?

Charles Nforgang, l’un des cadres du Snjc a fait une sortie remarquable sur sa page Facebook il y a quelques jours sur la situation dans plusieurs médias du pays. Massah le post de Charles m’a appris beaucoup de choses. Il m’a par exemple appris qu’il y a des quotidiens dans ce pays où les employés accusent deux ans de salaires impayés. Je me souviens pourtant qu’un quotidien (Mutations) a été primé il y a quelques mois quelque part en Afrique. A vrai dire, je ne sais pas comment les journalistes de ce tabloïd font pour joindre les deux bouts au quotidien, mais une chose est certaine : ils y trouvent leur compte. Mon Dieu, ayez pitié de ces braves gens qui savent sur quoi ils comptent pour ne pas démissionner de ce « grand » quotidien privé qui est en train de recruter. Dans d’autres quotidiens, hebdomadaires, radios, et télévisions, j’en connais qui sont payés en monnaie de singe alors que les publicités entrent. Beaucoup travaillent même « njor », c’est-à-dire gratuitement pour bluffer les petites nanas.

Pendant ce temps, les patrons sautent entre deux avions, érigent des gratte-ciels pour eux et leurs familles, et se tapent des grosses cylindrées presque chaque année. Vive la presse camerounaise !

 


Cameroun : L’évènement artistique de l’année a été renvoyé à une date incertaine

Le groupe Kassav devait se produire les 20 et 22 décembre 2016 à Douala et Yaoundé. Le promoteur le reporte au mois de mars 2017 (sans interroger l’agenda du groupe Antillais), non sans pointer un doigt accusateur sur son partenaire du secteur aérien. Mais il parait que l’amateurisme se trouve ailleurs.

J’imagine dans quel état d’esprit est actuellement Freddy Etame. Lui qui aura déployé tous les moyens pour la réussite du concert du célèbre groupe Kassav au Cameroun. Le promoteur de Sa’ali Africa, s’il n’a pas un cœur de pierre comme certains hommes, va sûrement très mal. Je le croyais pourtant si près du but.  Malheureusement, l’amateurisme a pris le dessus sur son équipe. Le résultat, tout le monde le connait. Les chanteurs Antillais ne presteront plus au Cameroun ce mois de décembre 2016. Mince ! Avec tout le brouhaha là? Comment le promoteur, sans avoir conclu avec ses partenaires et signé avec les stars, pouvait déjà engager des équipes sur le terrain pour vendre les tickets d’accès aux spectacles ? On parle d’environ 7000 billets mis en vente dans la sous-région Afrique centrale.

« Kassav en live en Guinée »

Campagne publicitaire

Des grandes affiches géantes ont été collées dans plusieurs coins du Cameroun. Tenez par exemple, le samedi 17 décembre dernier, j’étais dans un petit village de Douala, qu’on appelle Bwang Bakoko. J’ai aperçu l’affiche du groupe là-bas dans les environs. C’était la même que celle qui illumine le Carrefour Shell New-Bell. Je réalise que l’équipe a mis beaucoup de moyens en jeu. Le pactole a circulé. Tout ça pour échouer ? Les vendeurs et vendeuses de billets ont (j’espère) été payés. La mayonnaise a réellement pris.

« Kassav en concert ailleurs »

Presque tout le Cameroun a été informé de ce rendez-vous grâce à une campagne publicitaire de haut niveau. J’étais sûr qu’il allait se tenir sans souci majeur. Mon souhait était que le groupe vienne consoler les Camerounais qui vont de plus en plus mal dans leur chair. C’est un secret de polichinelle : Nous sommes attaqués de toutes parts par les forces du mal. Un moment de jouissance avec nos stars préférées nous redonnera certainement la joie de vivre. Mais, comme je l’ai mentionné supra, l’amateurisme a encore frappé. Kassav ne viendra plus. Le ministre camerounais des Arts et de la culture, Narcisse Mouelle Kombi a adressé une correspondance au promoteur de Sa’ali Africa le 14 décembre 2016 pour annoncer le report des concerts au mois de mars 2017. Un coup dur pour ceux qui ont acheté les billets. Freddy Etame leur a recommandé de garder leurs tickets pour le mois indiqué par le ministre. Seulement, on se demande si cette nouvelle date sera respectée au regard de l’agenda hyper chargé de Kassav.

Sera là, ne sera pas là

Le sujet a enflammé les réseaux sociaux. Brefs ceux qui en parlent, sont des professionnels des grands rendez-vous. Pour être franc avec vous, je voulais esquiver cette actualité. Mais le poste de Ferdinand Nana Payong, spécialiste en communication et marketing, sur sa page Facebook, ne m’a pas laissé indifférent. Il a partagé une affiche annonçant le concert du groupe Kassav à Conakry en Guinée. Même s’il ne commente pas son poste, M. Payong veut par là expliquer aux Camerounais que Kassav est programmé ailleurs au moment où on l’annonce au Cameroun.

Après Conakry, le groupe se rendra dans d’autres pays pour des séries de concerts. « Pour infos sans discréditer qui que se soit le groupe jouera ce mois de mars à l’academy de Birmingham et à Londres pour 02 séries de concert les 03 et 04 mars ; puis reviendra à Lisbonne, etc. …Pour le Cameroun, je crois que l’organisateur doit encore mettre quelques billets d’avion dans sa poche pour plusieurs voyages de négociations pour les convaincre d’être présent au Cameroun en mars. Infos très très fiables je vous rassure. Je sais de quoi je parle. C’est tout pour le moment », réagit un certain Sainclair Mezing. Le promoteur de Sa’ali Africa, quant à lui, accuse son partenaire du secteur aérien (j’espère que ce n’est pas Camair-co hein) d’avoir foiré son événement prévu ce mois. « Ce dernier n’ayant pas pu assurer les quatre dernières réservations restantes sur les dix-neuf prévues 10 jours avant l’évènement tel que précisé dans le cahier de charges ».

« La correspondance du ministre des Arts et de la culture »

Les commentaires qui fusent après le post de Nana Payong, laissent croire qu’on a plutôt à faire à un pur amateurisme. « Silence radio étonnant quand même chez ceux qui ont estimé que nous autres faisons de l’acharnement devant un amateurisme et une imposture qui ternissent l’image de notre cher et beau pays le Grand Cameroun. Les malhonnêtes sont ceux-là qui regardent et ne disent rien, mais préfèrent défendre l’indéfendable pour ne pas se faire des ennemis dans les rangs de ceux qui vont droit vers le mur. Au lieu de dénoncer pour mettre la société à l’abri des échecs futurs. Quid donc de ces honnêtes citoyens qui ont acquis leurs tickets d’entrée pour encourager le mouvement culturel au Cameroun, mais surtout soutenir la jeunesse dans son initiative ? Tel que c’est parti, c’est à oublier. Je parie que si on avait associé des profs à cette histoire, on n’en serait pas là. Vous vous imaginez : le Grand Cameroun qui se fait talonner par la Guinée !!!!!! A voir seulement les visuels des partenaires qui barrent le ticket, ces Guinéens ont mis du paquet, mais davantage du sérieux !!!!! Qui dit mieux ?» Ne compte pas sur moi cher ami pour te répondre.

« Le communiqué de presse du promoteur de Sa’ali Africa »

 


Noël, mon anniversaire, le nouvel an et Canal+

Depuis quelques temps, j’ai l’embarras de choix. Entre revivre tous les épisodes de James Bond, regarder les matchs de la NBA et suivre les commentaires des dernières rencontres de football européen et africain. Cependant, une chose est certaine : je prends la télécommande en otage durant cette période des fêtes de fin d’année.

Ce jeudi 15 décembre, à quelques jours  de la fête de Noël, de mon anniversaire et du nouvel an, je contemple les cieux. A part aller à l’église le 31 décembre comme chaque année, je n’ai rien prévu d’autre. L’autre jour, j’ai balancé un billet dans lequel je souhaitais qu’un ou une amie vienne m’emballer dans les folies de fin d’année. Seul mon pote ivoirien Benjamin Yobouet, depuis la France, m’a recommandé de me défouler à fond. Mais avec qui ici au bercail ?

Le grand show de Noël

Puisque personne ne veut donc faire la fête avec moi, ce n’est pas grave. De toutes les façons, j’ai décidé de rester chez moi, m’enivrer de films d’animation, de sport et des émissions spéciales dédiées aux fêtes de fin d’année. La bonne nouvelle est que Yannick, un vieux pote, vient de m’offrir un décodeur Canal+ pour mes 25 ans. Vous n’imaginez pas les programmes télévisés que je vais dévorer en solo durant cette période festive. Puisque nous sommes en décembre, un mois généreux, je vais quand même vous dévoiler mes trucs préférés à la télé ce mois.

1-Les films d’animation made in Disney

Hannah Montana. Tout le monde se souvient de cette nana qui chantait comme une déesse. Elle a fait rêver plusieurs jeunes. Surtout les filles. Moi, j’étais fan des Jonas Brothers. En tout cas, presque tous les mecs qui suivaient Disney Channel à notre époque les kiffaient. Mais depuis que je suis entré dans la vie active, je ne regarde plus trop la télévision. Mais j’ai quand même constaté qu’il y a des nouvelles séries et de supers films d’animation made in Disney. Et mon fournisseur d’images compte me les faire vivre pendant cette période généreuse. Humm, je suis gâté ! Mon année 2017 sera, j’en suis sûr, un régal.

« Des films d’animation »

2-James Bond, ma légende à moi

C’est une tradition dans les films de 007. Ils commencent par la même introduction montrant un rond blanc sur fond noir à l’intérieur duquel James Bond se déplace avant de faire feu vers le spectateur, puis l’écran rougit et le logo 007 terminé par un pistolet apparait, le tout accompagné du James Bond Theme, morceau composée par Monty Norman. On appelle cela le « Gun Barrel« . Ah ce fameux James Bond que j’ai rêvé de revivre ! Mon rêve va enfin se réaliser ce mois. Bond a été interprété au cinéma par six acteurs : Sean ConneryGeorge LazenbyRoger MooreTimothy DaltonPierce Brosnan et Daniel Craig. Jusqu’au 25 décembre, je vais suivre les 26 James Bond.

3-La NBA en live

Des Kangourous qui jouent au Basketball. Voilà un autre joli dessin animé que j’ai beaucoup prisé dans ma tendre enfance. Si j’ai bonne mémoire, il était diffusé sur Canal+Horizon. Que le temps passe vite ! Me voici devenu grand. Mais l’amour pour le Basketball  demeure intact dans mon esprit. Et les shoots de Tony Parker me passionnent. Moi qui rêvais de devenir pro. Mais grâce au Grand show de Noël que me propose mon fournisseur d’images, je vais vivre en direct, comme si j’étais aux stades, toutes les rencontres de la NBA sur la chaîne NBA TV.

NBA

4-Du foot à gogo

Au menu de mon show de Noël, il y a des films made in Disney, du James Bond, des émissions comme l’Afrique a un incroyable talent et aussi du football à gogo. Les matchs de la Champions League, de la Liga, etc. Parlant justement du football, je vais suivre les commentaires de mes journalistes et chroniqueurs sportifs préférés en live. Pas le blabla que les gars des télévisions locales nous servent ici. Canal+ Sport me comble de bonheur à l’aube de mon anniversaire.  Mardi dernier, Mme Kabamba Mwika, la directrice générale de Canal+ Cameroun, lors d’un entretien avec les hommes de médias camerounais, a indiqué que ses « abonnés peuvent déguster en exclusivité tous leurs programmes préférés et bénéficier de plusieurs chaînes pendant 14 jours pour tout réabonnement avant le 24 décembre 2016. En plus, le décodeur est à 20 000 FCFA pour tous les nouveaux clients« . Je suis gâté pendant cette fin d’année. J’en profite au maximum.