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L’écrit vain (I)

« L’être me rendrait humain, sans ce titre, je ne serai qu’un auxiliaire. »

Je cherche mon nom d’écrivain. Il est nécessaire d’avoir un nom accrocheur, un nom fort, un nom qui sape le métier, qui englobe le talent, un nom qui forcera mon entrée dans les livres de Français et peut-être même d’Histoire. Je veux un nom sincère, un nom propre à ma passion d’écrire. Je veux un nom qui me dissocie de ma vie avant l’écriture, un nom qui n’appartient qu’à l’écriture, un nom écrit, un nom d’écrivain. Je ne sais pas comment choisir. Et si j’utilisais mon vrai nom ? Kevin Hannus. Je ne sais pas s’il conviendrait. Ce n’est peut-être pas si important. Qu’est-ce qu’un nom après tout ? Une vulgaire majuscule, c’est tout. Alors mon nom ne me définira point. Mon style le fera, mes histoires le feront, mieux, mon héritage littéraire s’en chargera…Une fois le problème du nom réglé, je peux commencer à écrire.

 

En fait, je ne me suis pas totalement convaincu. Il me faut un nom clinquant. « Je m’appelle Jean Baptist’, je suis écrivain. Je suis né à Paris… » Non, non et non. Nom de merde. Il me faut quelque chose de frais, de neuf, quelque chose d’excitant. En plus, Jean Baptiste me rappelle un personnage bizarre. Plus précisément, cet homme qui habitait dans la rue du château et qui avait comme lubie de se mettre à poil dans son appartement.  Lorsque j’allais visiter mon ami du même quartier, je le voyais souvent, se balader dans son salon et cela à cause d’une fenêtre beaucoup trop généreuse. Je ne connaissais pas son prénom mais il avait un corps à s’appeler Jean Baptist’.

 

Je connaissais un autre Jean Baptiste qui n’assumait pas son prénom.  Il tenait à ce qu’on l’appelle « JB comme le whisky », précisait-il à chaque nouvelle rencontre. Bizarrement, il n’est toujours pas devenu alcoolique. Il est chanteur, la nuance est belle. Donc Jean-Baptiste c’est un grand non. Je devrai pencher plus vers un prénom unique et non composé. Qu’est-ce qu’un prénom après tout ? Un futur sobriquet. Le prénom est éphémère. Il est purement administratif. Il n’a aucune nécessité sociale puisqu’en société, on nous octroie à tous des surnoms (Mamad pour Mamadou). D’ailleurs, les prénoms composés se décomposent pour satisfaire les férus de dissyllabes (Jean Charles devient JC).

 

Je recommence. « Salut, je suis Kevin, j’écris… » Cette phrase est… Vomitive. C’est une litote signifiant : « je n’écris pas pour la simple raison que mon nom prénom est Kevin ». Donc je ne choisirai pas Kevin, mon prénom ne respire pas l’encens littéraire. Il est certes brave mais grossier. Il n’est pas méchant mais inadéquat.

L’être me rendrait humain, sans ce titre, je ne serai qu’un auxiliaire […]

A suivre…


Ivory

Immersed into the heart of hopelessness


I’m witnessing nothing but smiles

In these crowded contiguous roads,
Sidewalks are filled with vacant stares

A mangy dog mewed,
Moaned in dismay and despair

Empty bottles weaving between cars
Weirdly imitating ways of ours

No stars to gaze at night
Only dust in the air
War is still near
Man’s poorest craft

As long as the sun is burning
We’ll be shinning

Elephant’s Child running and playing bare footed
Elephants are debating the future of Ivory
It’s not just words for the Gifted
Then again, it is just ivory for the Greedy;

Tears, tears, tears of joy
How did you get so coy?

Sheer generosity is buried deep into misery
Where mercy, forgiveness and pity dwell
Only there you’ll see true humanity
Dig in and faith will swell.

Man reenacts with his kind
After all, we are mankind.


L’Affable et La Fable

L’affable défie le visage fade d’une pauvre et admirable solitude


La fable effleure les doux idéaux idiots de l’utopie

L’affable ne transforme pas une idylle en dystopie
La fable; en mal de faune; est d’une pauvreté pleine de certitudes.

L’affable aux lettres impaires, se meurt de politesse,
La fable et sa morale hors pair, s’émeuvent de richesse.

L’affable parle poliment qu’importe la tension
La fable se lit différemment selon l’attention;

L’affable contient une fable,
Elle protège les faibles ;

Les enfants et les femmes
L’infâme dirait : « Enfin » !

.

 


Mes Phares

Tupac Shakur – un bandana, un porte-drapeau, sans état

« Les Délices de l’esprit » avec un Beretta

Une rage, un désir, un souffle contagieux

L’héritage que cet art possède de plus élogieux.

Nasir Jones – images à lire, narration aussi fluide que fleuve,

Un soleil d’espoir pendant que les larmes pleuvent,

Des descriptions consciencieuses avec la violence de la vie en vain,

Un pinceau élégant à cheval entre l’Age d’or et l’adage sur le vin.

gn: center; »>Shawn Carter –  un talent purement immensurable,

Si Parler est inouï, Ecrire est inoubliable,

Doué, d’où cette facilité à n’écrire que des mots clés.

Son phrasé charme dès les premières onomatopées.

Earl Simmons – fantasmante poésie des âmes errantes

Prêcheur du dimanche à la parole émouvante

On respire le paradoxe humain à travers son asthme

A l’entendre, ce paradoxe a tout d’un fantasme !

Marshall Mathers, tristesse incommensurable de l’artiste

Maitre incontesté des lettres et du mot égoïste,

Thérapie de vie – en public – au cours duquel sa folie émerge

Une drogue super forte, un mal super fort, un for étrange.

Kodjo Antwi, en Scandinavie, en pleine nuit d’automne

Cette voix synonyme de la chaleur africaine

Débusquait des larmes chez l’homme le plus atone,

A jamais synonyme de ma plus grande peine.

Passion, parfois, nos larmes coulent sans raisons;

Accoutumé du fait, je blâme le pollen chaque saison

L’amour est racine, l’amour est fleur ; l’amour est fruit,

Le fruit de la passion…

Amour est aussi un mot qui n’a de raisons,

Une fleur sans pétales, un pépin sans raisins, juste un pépin.

Mes airs ont toujours raison de moi

Quand ma Raison est passionnée,

Comment l’empêcher de sombrer dans l’émoi ?


Photo : Peter Ferry 


Mali dans mon lit

Je suis un homme de couleur

Vivant dans un pays où la couleur dominante est le blanc,
J’ai quitté un pays où le noir pense souvent que le blanc est l’antonyme du singe

Ensemble, on sait que la guerre a besoin de soin et la paix de sens.

J’ai peur que le sang des anciens n’ait servi à rien
Que des nouveaux bons à rien…

Au sein de cette guerre on ne l’est pas, contre qui on se bat ?
La terreur dans les Médias,

L’Islam en plein débat,

La démocratie et ses coup bas

Mon avis ?

J’en ai un grâce au pote d’un mec qui a plagié la thèse d’un prof normalien
Normalement, il est dit qu’il est noir et malien,

D’ailleurs, il connait la différence entre l’Azawad et le Nord Malien

Entre Sunnite et Chiite

Entre Colonisation et Françafrique
Entre le cœur de l’Afrique et la Centre-Afrique,

Je ne connais pas l’homme mais il tombe à pic !

Fallait-il aller en guerre ou pas au Mali ? Telle est donc la question !

Info ou intox ? Que sont donc nos motivations ?
Qui d’entre nous aide son prochain dans ce pays laïc ?

Crédule ou hypocrite
On veut que l’Etat soit plus que l’agrégat de notre bassesse individualiste.

Qui d’entre nous travaille sans paye ?
Quiproquo ou plutôt qui propose la paix ?

La guerre ou ne rien faire?

Mon opinion ne fait pas le poids face à l’Histoire

J’aurai voulu n’a pas sa place dans l’instant, et si : n’est pas !

Même si « être » aurait pu ne pas naître humain…

Hélas !

A l’aide, notre cri.

Ce cri a un prix, son prix est un crime,

Mon esprit divague…

L’aide appelle Intérêt,

Ce dernier ne connait pas de jugulation
La main invisible opère de nos jours par strangulation
C’est donc le prix à payer ?

Fallait-il aller en guerre ou pas au Mali ? Telle est donc la question !
Pourquoi le Mali est en guerre ? Jadis et Naguère en est la raison !


Partout et nulle Part

Il ne me reste plus que des images

Des souvenirs vagues, des histoires de magie noire

Certains endroits flous, quelques personnages fous

Des amis d’enfance introuvables sur Facebook.

Des ruelles étroites, des commerçants ambulants

Y déambulaient en plein jour, en hurlant :

« Tout à 100 francs CFA » !

La vendeuse de manioc travaillait même la nuit

Avec un bébé suspendu à son dos à l’aide d’un pagne.

Les yeux fermés, aucun bruit ne perturbait son sommeil

A croire qu’il n’était point à plaindre.

Il ne me reste que des bruits,

Le craquement des branches, faibles face à la force du vent

L’excitation soudaine des gamins quand la tempête avance,

Le retentissement des portes qui claquent ;

La pluie qui engloutit nos terrains de jeux,

Celle-ci engendra des sauts redondants dans les flaques d’eau,

Un plaisir toujours consommé à deux.

Il ne me reste plus que des remords,

Des mots maladroits pour décrire évasivement un endroit

Qui me fut familier mais que je ne peux réellement visualiser ;

A fortiori, j’en veux au verbe « Voyager ».

Il me reste que des visages sans nom

Il me reste que des mélodies sans paroles

Il me reste que des odeurs, qui une fois inspirées

M’inspire des souvenirs encore plus vagues…

Une sorte de madeleine de peu ou prou(st).

Je me souviens de là où Raison côtoyait Insouciance

Conscient qu’en raisonnant ainsi, l’on demeure insouciant.

Je me souviens de là où Ambition rencontrait Utopie,

Où Espoir se conjuguait au futur.

Je me souviens de là où le vent emportait mes craintes

Et soufflait sur mes blessures.

Je me souviens de là où Amour évitait Courage

Et se cachait derrière les orages.

Des larmes de solitude maquillent ma page,

Ma plume trempée décrit ce naufrage.

Je me souviens de là où Peine se joignait aux Maux,

Où les Cœurs fragiles aimaient faire le grand saut

Celui qui entraînait un suicide émotionnel ;

Pessimiste, je le suis car l’amour de l’Homme n’est guère éternel.

Je me souviens de là où mes peurs effrayaient mes rêves,

Là où, les faisceaux de cette vielle étoile jaunâtre

Scintillaient de mille feux,

Mes yeux fixaient par défiance cette boule de chaleur,

Qui illuminait les cieux,

Jusqu’à céder vaincus et aveuglés.

Je me souviens de là où un rien s’observait à la pleine lune

Silencieusement,

Je me fondais dans ce décor à quelque pas de l’ataraxie.

Je me souviens de là où je me réfugiais quand je fuyais la vie,

Là où, Tristesse ne faisait pas long feu face à la beauté du crépuscule,

Obnubilé par ce paysage parsemé, l’on se sentait tellement minuscule.

Là où Moi parle à Je

Là où Je parle de Moi

Bienvenue près de chez moi,

Partout et nulle part !