Josette NIANKOYE





Mendiants : les abandonnés !

Impossible de traverser Conakry sans apercevoir ces regards inquiets. Ils sont bien présents le long des rues tendant machinalement la main pour nous rappeler leur indigence. Parmi eux, des manchots, des boiteux, des estropiés, des enfants albinos, des jumeaux, des aveugles, des vieillards, des vieilles femmes en guenilles… Mendiants, les affuble-t-on. Moi je les appellerai : les abandonnés.





L’école pour forger l’enfant ?

En Guinée, l’enseignement primaire est obligatoire pour tous les enfants, mais elle reste néanmoins critiquable. Comme certains le savent, je porte un projet associatif qui a vocation de favoriser le bien-être des enfants.







Recherche d’emploi: le pouvoir du Capital Social

Avec le capital social, tout est question de « réseau »…
En effet, le réseau de relations sociales détenu par un individu peut influer sur la dynamique de sa recherche d’emploi.


Éloge de la Femme Africaine

Par ailleurs, si autonomisation et éducation des femmes sont inextricablement liées, le défi qui anime toutes les femmes entreprenantes du continent ne sera jamais relevé si l’éducation n’est pas pour tous : éducation pour les filles et garçons et de surcroît la parité.


Confession intime d’une excisée

Et pourtant, elle avait dit Non!
D’une voix stridente, elle avait crié
De sa petite force, elle s’était débattue
De toutes les larmes de son corps, elle avait pleuré
Avec ferveur, elle avait imploré les étoiles
Soumise à son impuissance, elle avait invoqué la bonté céleste
Face au malheur, elle s’était donc résignée


L’étrange missive du vieux Bamba

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Dans la petite ville de Sombory, la vie s’est arrêtée depuis la grave panne de la machine. En effet, l’usine qui faisait vivre les habitants, a cessé ses activités. Ces derniers accusent le coup et s’interrogent intérieurement: Qu’est-il arrivé à cette ville charmante et par dessus tout qu’ont-ils fait au bon Dieu pour mériter cette funeste situation?

Ce vendredi dès l’aurore, alors que les grisailles recouvraient encore un pan du ciel bleu, le vieux Bamba accueillait dans sa cour, les sages de Sombory. Mais que faisaient-ils là de sitôt, tous parés de « blanc immaculé ». En effet, comme chaque premier vendredi du mois et cela depuis plus de quatre ans, les sages de Sombory se réunissaient chez le plus ancien d’entre eux « le vieux Bamba » pour honorer le traditionnel sacrifice.

En raison de l’arrêt prématuré de l’usine et le chaos qu’il a engendré sur leur mode de vie, la population somborienne est persuadée qu’une malédiction a été lancé sur la ville. Quatre années de vaches maigres! Quatre années de malheur ont suffit à faire de Sombory, une « ville maudite ». Sinon, comment expliquer, ce noir total dans la ville et ce silence digne d’un cimetière ambulant? Sur la grande place du marché, les bonnes femmes et les marchands à la sauvette se le demandent perplexes.

Encore, ce matin-là, dans la cour du vieux Bamba, les commentaires foisonnaient à merveille. Pour les plus superstitieux, le tout puissant punit la population pour ses errements du passé. Hélas! La jeune population somborienne avait des années de mauvaises conduites derrière-elle estimaient les vieux sages. Pendant longtemps, la ville de Sombory avait fait florès dans cette petite contrée ouest-africain. L’afflux des touristes étrangers, les fêtes nocturnes, la prééminence des boites de nuit sur les lieux de culte, l’ivresse des samedis soirs, la perdition de la jeunesse… Et pour clore le tout, le succès de Sombory avait enhardi ses habitants qui, pensaient se suffire à eux-mêmes en méprisant les autres villes du pays. Fort malheureusement, ils avaient oubliés que « le mépris se ment à lui-même, quand il croit se suffire » soliloquait le vieillard.

Lassés de la tournure de la situation, les habitants bien qu’ insurgés contre les hauts dirigeants du pays, avaient plus que jamais remis leur sort à Dieu. Pendant des jours, des semaines, des mois, des années, ils avaient priés avec ferveur pour demander pardon au tout puissant. Dorénavant, les mosquées et les églises abondaient de personnes et surtout les jeunes, eux qui, autrefois, désertaient ces lieux sacrés.  Les sages quant-à eux, multipliaient les sacrifices: des moutons, des brebis, des vaches… Tout était opportun pour implorer la miséricorde divine afin de sauver Sombory.

Ce matin-là, encore, chez le vieux Bamba, on pouvait entendre dans la bouche des sages :Dieu est grand! Il ne laissera pas tomber ses fils. Nous n’avons plus d’eau potable et même plus d’électricité. Dire qu’il y a une vie à Sombory relève d’un euphémisme, arguait le vieux Bamba allongé dans son hamac.

Il n’avait pas tord le vieux. Il n’y avait plus de vie à Sombory. La grande faucheuse était passée par là et avait emportée avec elle, la plupart des anciens ouvriers et employés de l’usine. Pas plus tard qu’hier, on enterrait l’un d’entre eux: Moussa, le chaudronnier. Pour le vieux Bamba, ces derniers sont morts par chagrins et soucis car ce coma artificiel de l’usine et cette mort cérébrale de la ville, a anéanti leurs espoirs de gagner leur croûte. Ils étaient si jeunes regretta t-il amèrement. Comment ces jeunes femmes désormais sans époux et ces enfants sans père en l’occurrence sans héritage vont-ils subsister au quotidien ? Elles n’auront désormais que ce sourire factice pour se fondre dans la masse et continuer à vivre s’empressa de répondre un des sages.

Pendant ce temps, alors que le cocorico du coq retentissait dans la cour et annonçait le matin, le marchand de pain chaud ouvrait son commerce. Soudain, dans sa réflexion momentanée, le vieux Bamba se rappela, qu’il avait oublié de lire la missive qui lui était parvenue hier soir. Plongeant, sa main dans la poche droite de sa tunique blanche, il saisit délicatement l’enveloppe, l’ouvra et se mit à lire son contenu sans sourciller. Dans sa lecture, son expression du visage semblait se figer, on n’aurait dit qu’il venait d’apercevoir à la fois, l’ange Gabriel et l’ange de la mort. Achevant donc sa lecture, il remit avec soin la missive dans sa poche et scruta longuement le ciel bleu-gris.

Tous dans la cour, avaient les yeux fixés sur lui, tous même le coq qui avait arrêter de chanter. Sentant alors l’air lourd et les regards inquisiteurs, d’un bond non rassuré, il se leva et s’engouffra dans sa maison. Quelques secondes plus tard, le vieux Bamba en ressortait chapelet à la main. Et d’une voix indescriptible, il lança: « mes amis, prions; le dénouement est maintenant possible. Nos prières ont été exaucées. Dieu a enfin voulu dénouer le nœud qu’il avait noué. Oui, mes chers, la malédiction de Sombory est en fin arrivée à sa péripétie… »

Une histoire vraie.