Adjimaël HALIDI

Je suis une femme, mais je me soigne

femme comorienneMayotte. Archipel des Comores. Des femmes se racontent, et au gré des lignes se dessinent les portraits instantanés de Comoriennes, qui tout en se refusant à voir leur histoire passées sous silence, s’évertuent à trouver une issue favorable dans les méandres d’un quotidien difficile. On peut juger du degré de civilisation d’un peuple à la situation sociale de la femme. Mariama, trentenaire, est célibataire. Elle a effectué des études universitaires en France hexagonale. Artiste et chroniqueuse télé, elle habite à M’tsagamuji. Lire la suite de l’article…


Plus de visas pour les Comoriens désirant se rendre en France

Rencontre d'autorités comoriennes et françaises à Paris / Source : www.stephanetroussel.fr La décision est tombée ce dimanche 27 mars. L’ambassade de France à Moroni déclare à travers un communiqué qu’elle va désormais « étendre, dès le lundi 28 mars, la suspension de la délivrance de visas pour le territoire français à tous les types de passeports, sans préjudice d’autres mesures qui pourraient être prises dans les prochains jours ». La restriction des visas français a été jusqu’à ce jour limitée qu’aux seules autorités comoriennes. Lire la suite de l’article…


La nature est une femme / Par Raphimor

Shindini Grande-comore
Shindini Grande-comore

La nature est une femme
Je la protège car je l’aime
Je l’entretiens ; sur elle je veille
Je fais en sorte de voir sa tête
Sa tête c’est le soleil
J’essaie d’achever ma quête
Celle de ne plus polluer
Il faut penser à recycler
Pour ne jamais l’oublier
Et ne jamais la quitter
Jamais je ne la salirai
Je me garde d’avancer
La défendre contre la pollution
Mais pourquoi fais-je cette comparaison ?
Parce que ma femme souffre
Elle a besoin de plus d’amour
Je veux éviter sa mort
Car je ne saurai lui redonner vie

Ma luciole, mon soleil, ma lueur,
Ma lumière, ma terre, mon cœur
Arrêtons la guerre cette nuit, retrouvons la joie le jour qui suit.

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Triste avenir

Dzahadjou Grande-comore
Dzahadjou Grande-comore

La terre est ronde
Le monde est immonde
Du haut du ciel
On voit du monde
Qui ne voit pas la terre grande
Toutes ces propagations d’ondes sismiques
Ces éruptions volcaniques
Toutes ces manifestations tragiques
De l’Atlantique, l’Indien, du Pacifique
N’ont pas besoin d’un scientifique
Pour expliquer la logique
Prenez soin de ce monde
Qui sous un, moins de un
Pour tout dire pensez un peu plus loin
Prenez une partie laissez en une autre
Pour notre descendance
Qui mérite une enfance
Meilleure dès son arrivée au monde.


FLEUR TENDRE / Par Amir Moinib Toumais

Inané à Grande-comore
Inané à la Grande-comore

J’aimerais être cette personne
La seule à entendre ta voix
Mielleuse, quand elle résonne
Etre le mendiant de ta beauté écumée de soie

J’aimerais être dans ton jardin, être ta rose, ta fleur
Sentir chaque matin les douces caresses de tes mains
M’arroser de ton aromatisant parfum
Et respirer tes paroles divines en prose, quel bonheur

Tel un lever d’un soleil
J’aimerais à tes oreilles
Dire des mots d’’amour inconnu
Cachés aux creux de mon corps nu

Si je songe être tes secrets
C’est pour faire fleurir à tes pensées
A tes merveilleux mots d’amour
M’offrant la vie de chaque jour
C’est pour que tu me confies ton trésor

J’aimerais devenir tes soutiens-gorge
Qui enlacent jours et nuits tes seins tièdes et divins
M’enivrer joyeusement de ton miel d’orge
Tel est mon destin

Enfin j’aimerais être ton enfant
Pour que tu me tiennes la main
Me montrer ce beau chemin
Qui me mènera à ton soleil levant.


Un Message d’un jeune maorais à l’endroit de Maandhui Yazidou

Nos seuls risala (messages), ô Comoriens !

Nous avons voulu à travers la marche du mercredi 23 février 2011 à Mamoudzou, tirer la sonnette d’alarme, démontrer le populisme irresponsable et mensonger de la diplomatie du gouvernement Comorien, rappeler à l’Etat français ses devoirs démocratiques, pour que nos jeunes d’Anjouan, de Mohéli et de Grande Comore, ceux qui subissent la houle meurtrière et la voracité des squales, n’aient plus à mourir pour se rendre chez nous, un peu chez eux et beaucoup aux Comores, à cause d’un visa Balladur, un homme dont ignore, la naissance le lieu et le lien.

Foumbouni à la Grande-comore
Foumbouni à la Grande-comore

La France des droits de l’Homme ne peut-elle pas être celle des droits de tous les hommes, Comoriens fussent-ils ?

C’était le sens de notre Marche !
Nous ne revendiquions ni l’indépendance ni le rattachement à Moroni.

Nous exigeons que la démocratie à Mayotte soit aussi respectée par les maîtres des lieux, car nous ne sommes pas enclins aux émeutes et encore moins à la chasse à l’homme, Yazidou !

Nous sommes français de quelque manière et nous voulons que notre parcelle de France soit aussi respectueuse de la liberté, de la fraternité et de l’égalité. Une devise faite de mots, diriez-vous, vu votre réaction, mais pour certains porteurs de sens.

Comme les Comoriens obtiennent des visas pour aller à Paris, ils doivent les avoir pour venir à Mamoudzou. Point barre !
Et un Comorien comme un Tunisien, un Egyptien, un Afghan, un Irakien a le droit de sauver sa peau, si les systèmes qui leur sont proposés sont iniques, injustes et corrompus.

Nous aussi, à Mayotte, nous désertons Maore Yatrou pour les allocations de Saint Denis de -La Réunion, de Sarcelles, de Marseille et de Paris. La survie.

Nos seuls conseils viennent de la Terre. Simples, ils sont. Naturels avant d’être historiques car on sait que l’Histoire est écrite par les vainqueurs. Et nos îles sont le ferment de cette langue, de cette culture, de cette religion, de cette couleur et de cet imaginaire djinnique que nous imposons au Monde, de Fomboni à Dembeni. C’est notre impondérable, notre axis mundi. L’identité comorienne.
La nationalité, l’histoire en cours ? Des billevesées qui ne doivent pas obérer notre humanité !
Nous étions donc quelques humanistes à marcher, pacifiquement et dignement.

Yazidou, nos sourates et non les épîtres ont cristallisé nos croyances, notre Etant et cimenté notre appartenance à une civilisation-même s’il y a à dire- afro musulman. Elle se situe en dehors de l’histoire coloniale, qui est pour souvent, le lieu de dispute entre ceux qui pensent le pouvoir en mains et ceux qui subissent ce pouvoir pris. Inscrite dans une telle altérité que le parchemin qui la contient peut devenir palimpseste sans teneur.

Jusqu’ici l’histoire est écrite par ceux qui diffusent ; et ceux qui lisent, lorsqu’ils ne se sentent pas bien représentés par ce qui les concerne, ils se lèvent, se soulèvent et disent, nous savons écrire, nous savons lire, nous savons dire ce qui nous concerne, mais nous observons la pudeur contrainte de n’avoir encore les outils pour choisir entre la peste coloniale et le choléra dictatorial. Et c’est ça l’histoire, telle qu’elle se fait chez nous.

A Mayotte nous sommes dans une histoire qui s’écrit comme en Martinique, en Guadeloupe et dans n’importe quelle colonie française aux heures sombres de l’humanité noire. Ici nous sommes aux temps obscurs que ces peuples ont déjà dépassés au mitan des choix discutés.
Le reste n’est que rapport de force. Nous sommes ici sans des Césaire, sans des Chamoiseau, sans des Walcott ni des Glissant. Mais avec des comme vous qui élèvent des récifs dans la mer, pour nous ramener à des Gobineau et des Ferry, civilisateurs coûte que coûte, que des mers et des océans séparent de nos cases.

Yazidou, nous sommes des colonisés ! Mais nous cheminons ensemble tout en sachant pourquoi. Que nous l’ayons choisi ou non, nous n’avons pas notre destin en mains !
Nous sommes sur la route de l’histoire sans connaître la fin d’un voyage commun.

Nous sommes des Comoriens mais nous hésitons entre la colonisation rondement matérialisée et faussement paternaliste et le caillou natif qui, aux saisons de pluie, laisse nos mômes les pieds dans la gadoue ! Nous sommes tristes à entendre, tristes à voir, tristes à nous aimer même aux confins de nous-mêmes, car nous ne dormons point sur nos deux oreilles. A cause de l’histoire qui fracasse à l’aube, les Banga en soupçon et nous réveille en sueur !

Schizophrène devant l’éternel, nos maîtres et, devant l’histoire, nous vivons dans un asile à ciel ouvert. Pourquoi ? Parce que la misère et vous l’avez dit, nous fait peur. Cette misère que l’on imagine dans les autres îles et que l’on ne sait même pas analyser, qui s’impose abrupte, à Poroani, Hajangoua et dans la creuse où je vécus, les banlieues parisiennes qu’on entend parler à Télé Mayotte ; puis vous dites nous avons choisi la liberté. La liberté est un absolu qui peut être un choix ou un contre choix. Ici nous sommes dans le non choix.

Un politicien de chez nous a assumé en disant (il est encore actif en politique), nous avons choisi la France pour avoir de l’argent. Mes collègues wazungu le pensent, la préf. le sait, le conseil général le perpétue dans sa mauvaise gestion, les hommes politiques indigènes le clament…Mais cela n’engage qu’eux et vous.

Nous n’avons pas choisi une liberté qui nous met au crible des critiques de l’autre, omnipotent même sans compétence, sans qualités, mais Mzungu, aussi moindre soit-il, détenteur des lois, missi dominici d’une superpuissance en démonstration, pour des intérêts que nous ne lui disputons même pas, mais qui pour s’imposer doit montrer ses muscles, car on ne se sait jamais…

Mais l’Histoire, la vraie, celle des Hommes est en marche….

Et lorsque Brel chante au suivant, il fustige la force des lois écrites qui embrigade des jeunes hommes dans les casernes et qui nus dans leurs serviettes, revendiquaient leurs personnalités uniques, plutôt qu’une file indienne de culs blancs et de bleues bites alignés, pour une inspection d’un colonel gueulard, symbole de l’histoire des maîtres…Une nation nommée…Et qu’il condamnait. Mouton de Panurge, Brel ? Non ! Ironie rebelle d’un homme avisé ; votre ironie du suivant est une course désespérée à contre courant de l’histoire.

Mayotte fait-elle partie de la nation française aujourd’hui comme le Sénégal, les Comores,
L’Indochine, Pondichéry, la Tunisie, la guinée, le Dahomey, il y a plus de 100 ans ? Oui ! Comme il y a belle lurette, Mayotte est une entité coloniale.
Je n’en tire aucune fierté en tant que français d’outre mer et encore moins aucune honte ; sauf que, lorsqu’au nom de la France, je deviens dépositaire de milliers de victimes innocents, des enfants, des femmes et des vieillards brûlés dans leurs cases sur leur île Comorienne, ces êtres qui ne seraient que le fruit d’un fantasme appelé Comores, Yazidou, je me demande sincèrement si vous ne seriez pas un extraterrestre comme tant d’autres à Mayotte ?

Au suivant…Entre la Tunisie, l’Egypte, la Libye, Bahreïn…. ?
Et alors… Alors, comme dit Saint John Perse, « si un homme vient à manquer à son image de vivant qu’on le tienne de force la tête face au vent »…Le vent de l’Histoire.

M .A. Bacar Kaïm


Une lettre de Karis Muller à Saïd Ahmadi Raos , politicien mahorais

Marche à la mémoire des victimes en mer/© MIB
Marche à la mémoire des victimes en mer/© MIB

Monsieur le President,

Je suis associée au Centre d’Etudes européennes à l’Université nationale australienne, Canberra. Je termine un article sur Mayotte en tant que membre d’une équipe universitaire internationale basée à Copenhague. Nous travaillons chacun sur un « Outre-mer ». Après un an de recherches sur votre ile il me reste quelques lacunes ou questions, des contradictions apparentes aussi, qui me rendent perplexes. C’est pourquoi je vous serai bien reconnaissante si vous pouviez corriger mes erreurs éventuelles de perception ou de fait, svp. Il va sans dire que je vous remercierai officiellement dans mon texte si vous pouvez éclairer ma lanterne un peu.

Voici ce qui me tracasse encore.

1.Des Mahorais disent ne pas avoir été au courant des changements à venir après avril 2011/la Rupéisation. Pourtant le Préfet leur a écrit, (traduit en 3 langues), et il a tenu des réunions aussi, pour leur expliquer les enjeux… ?

2.Selon la police des frontières, un visa pour visiter Mayotte coûte très peu, est disponible à Anjouan maintenant, à Grande Comores aussi. Ainsi les Comoriens (sauf p.e. à Mohéli ?) n’ont pas besoin de payer une place de kwassa kwassa. Je voudrais donc savoir svp : ceux que veulent visiter Mayotte, pas y vivre, prennent-ils le ferry ? Car il me semble que le ferry coute env. € 80 aller-simple, env. 150€ aller-retour ? Tandis que le kwassa coute 150€ ou plus, aller simple. Conclusion, si je comprends bien : seul les immigrés potentiels (‘clandestins’) prennent le kwassa ? Sauf que s’il y a beaucoup de difficultés à prouver par ex. qu’une dame veut assister à un mariage familial, etc. ? Il est difficile de prouver qu’on n’est pas un immigré illégal potentiel ? dans ce cas, ne pouvant pas se déplacer légalement elle a recours au kwassa ?

3.J’ai lu des histoires selon lesquelles souvent un Mahorais est expulsé parce qu’il n’a pas ses papiers sur lui (pour ne pas parler de ceux, âgés, qui n’ont pas de papiers.) Mais la Police dit que jamais une personne n’est déportée sans qu’elle ait le temps d’aller chercher ses papiers… ?

4.Vu que le registre civil est défectueux, il y a beaucoup de Mahorais sans papiers, expulsés ; ces personnes peuvent-ils demander ensuite la compensation, car ils doivent ensuite payer le voyage de retour ? Et quid pour les dédommager, le stress causé etc. … car cela doit être illégal ?

5.Pourquoi cette absence de structures d’accueil à Anjouan pour assister les gens expulsés, (ce sont quelquefois des Mahorais) ? D’accord les Comores ne veulent rien faire parce que la frontière est illégale selon eux ; mais l’UE ? Les ONG ? Les groupes religieux ?

6.Les Comores dénoncent le colonialisme, mais dans ce cas pourquoi rester dans la zone euro ? Et, vu qu’ils sont dans la zone euro indirectement, comment se fait-il que les Comores soient si pauvres ? Car la raison pour laquelle les pays des 2 zones CFA y restent, au lieu de militer pour l’afro continental, c’est bien parce qu’une monnaie stable aiderait leur économie…

7.Les Français répètent que les Mahorais ne veulent pas réintégrer les Comores en partie parce que leur niveau de vie est entre 8 et 10 fois supérieur à celui des Comores. Je trouve cet argument faux ; les ‘clandestins ‘ doivent subir un rude choc, car d’une part le taux d’échange ne veut rien dire. D’autre part, le pouvoir d’achat n’est pas comparable. Je lis que les pauvres d’Anjouan vivent de 75 cents env. par jour, mais les touristes n’y voient pas des gens en train de mourir de faim. Au contraire leurs récits de voyage parlent de gens souriants etc. Tandis qu’à Mayotte les prix sont au moins 30% plus élevés qu’en Metropole, ainsi une type ayant par ex. 1 € par jour à Mayotte mourrait vite. Donc ils sont pauvres aussi, autant qu’à Anjouan etc. D’ailleurs les touristes disent que les Anjouanais, sans eau courante ni électricité etc., sont plus heureux que les Mahorais.

8.Pourtant, si cela était vrai, pourquoi tous ces candidats à la traversée vers Mayotte ? Parce qu’ils pensent que Mayotte c’est l’Eldorado ? Mais une fois un boulot décroché, ils y gagnent très peu, et vu les prix élevés, doivent vivre très chichement ? Dans ce cas, pourquoi ne disent-ils pas à leurs compatriotes, ne risquez pas ce voyage dangereux, cela ne vaut pas la peine ?

9.Les clandestins vivent dans des taudis, tous ensemble. Il me semble que la police ne fait pas de descente toutes les nuits pour les dénicher et les expulser ? Puisque tous savent où ils sont, et la population se plaint de ce que la police ne fait rien, ils n’ont qu’à bien faire leurs razzias pour satisfaire aux attentes des Mahorais ? Il y a donc collusion ?

Je vous remercie de votre aide, M le President, et vous prie d’excuser mon ignorance. Vous etes le premier politicien de Mayotte qui ne parle pas la langue de bois. Veuillez agréer, Monsieur le President, ma gratitude sincère,

Karis Muller, chercheuse.


Citation

Il faudrait que derrière la porte de chaque homme satisfait et heureux se tienne quelqu’un armé d’un petit marteau dont les coups lui rappelleraient sans cesse que les malheureux existent et que, quelque heureux qu’il soit, la vie lui montrera tôt ou tard ses griffes ; le malheur s’abattra sur lui, il connaîtra la maladie, la pauvreté, le deuil, et personne ne le verra, personne ne l’entendra, comme lui-même maintenant n’entend et ne voit personne.

Anton Tchekhov

(1680-1904)


Documentaire « Archipel à reconstruire »

Un film de Stéphanie Lepage – Minute78 Production

Tourné aux Comores et à Mayotte au cours de l’été 2009

Diffusé en nov 2010 sur TV5 Monde et RTBF

Synopsis :

 

Niché en plein océan indien, l’archipel des Comores est une ancienne colonie française. En 1975, suite à un référendum d’autodétermination, l’ONU reconnait l’état comorien comme constitué des quatre îles. Mais dans les faits, seules trois d’entre elles prennent l’indépendance, alors que la quatrième, Mayotte, reste rattachée à la France. Futur département d’Outre-mer, l’île devient un véritable eldorado à seulement 80 km des côtes comoriennes.

En 95, le gouvernement Balladur instaure un visa préalable à toute traversée pour mettre un frein à l’immigration des comoriens vers Mayotte. Depuis lors, c’est sur des bateaux de pêche, surnommés kwassa-kwassa que les comoriens s’y rendent au péril de leur vie.

A l’arrivée, ils s’installent dans la précarité entre exploitation et vie cachée, par peur des rafles quotidiennes. En 2009, 19 972 comoriens ont été expulsés de Mayotte vers les Comores.

Pour 2010,  la France annonçait 25 000 expulsions. Des objectifs assignés qui seront probablement atteints alors que 12 321 reconduites à la frontière ont déjà été effectuées lors du premier semestre de cette année.

Tournés dans les 4 îles lunes, le film offre la parole aux migrants, passeurs, observateurs comoriens et mahorais,

…en questionnant leurs regards et expériences…



Poèmes de René JOOMUN

 

Iconi à la Grande-comore

1. L’éloignement

 Mon départ est le passeport
qui  ouvre la porte des lendemains ensoleillés
et je me rappelle de cette île parfumée du bonheur
où j’ai laissé ma raison  de vivre
où l’aube rose, pareil au visage d’une jeune fille
fait pleuvoir des corbeilles de caresses dorées
sur le corps vert de la nature.

Sous le ciel de l’éloignement
qui a amassé sur son bûcher
mes nouveaux tourments
mes yeux ont pu contempler
des fusées qui déchirent le ventre de la terre
Bateaux
points noirs qui s’effacent à l’horizon.
Paysages enchanteurs engloutis
dans l’abîme profond de la vitesse
Mers
qui séparent l’amour, l’amitié et la tendresse
Sœurs
qui se déchirent par des baisers d’adieu
et tout ce qui nous éloigne de nous deux

Percé sur l’arbre du temps
je me nourris des silences
et des souvenirs
Dans le jardin de mon attente
je cultive des fleurs tristes.
 

2. L’absente

Partout où je vais …
Tel mon nombre, ton souvenir me suit
De ton nom, ma mémoire est remplie

Ndzouwani à la Grande-comore
Ndzouwani à la Grande-comore

Et partout, je ne vois que ton visage
Malgré, cette mer, qui nous sépare
Chaque pas, chaque jour, me rapproche de toi.
…………………………………………… …..

Partout où je vais …
c’est en vain, que j’essaie de saisir
un murmure, un éclat de ta voix
Parmi les bruits du jour et ceux de la nuit
J’essaie même de voler au vent volage
Les baisers et les caresses qu’il te vole.
…………………………………………… …..

Partout où je vais …
Je voudrais être auprès de toi
Devenir tes sandales qui serrent tes jolis pieds
les soutiens qui enlacent délicieusement,
nuit et jour, tes seins tièdes et divins.
J’ai emporté avec moi, que le parfum marin de ton corps
D’albâtre pour encenser, nos souvenirs d’amour
et la prison de ma solitude.
…………………………………………… …..

Partout où je vais …
Mes pensées tel un vol de colombes
S’envolent vers ton ciel accueillant
Les souvenances des heures heureuses
Me montent à la tête comme un vin fort
Et me fait chavirer le  cœur
Et je repense à ce bonheur
Donc je connais les recoins de tous les vertiges
Et leurs élans de tendresse.
…………………………………………… …..

Partout où je vais …
Je suis dévoré par l’irrésistible désir de t’aimer
Pour vivre, j’ai besoin du parfum de Jasmins
qui embaume, s’étoile
Dans le ciel noir de ta chevelure
Et pour te voir –Ce soir même
Je voudrais être
Les étoiles.
 …………………………………… …..


A l’ombre des badamiers

 Avant que Facebook soit ouvert à tous, les internautes comoriens dont la plupart vivent en France  se donnaient rendez-vous sur des forums (sic) de Yahoo.fr tels que Habari ou Bangwe Comores et Karibangwe pour converser sur des sujets sociétaux. Sadani Tsindami, ancien membre de ces réseaux sociaux, nous parle de ces ancêtres de Facebook et Twitter.  
Qasuda à Moroni

No man’s land : Comment avez-vous connu la liste d’échange d’information et de discussion Habari Bangwe-Comores?  

Sadani Tsindami : Le Bangwe, comment je l’ai connu ? En cherchant des infos sur le net, je suis tombé sur un lien proposé par un compatriote ; c’était en 1999, à une époque où mes relations avec la communauté comorienne s’étaient fortement distendues.

 No man’s land : Et quels étaient les thèmes de discussions à l’époque ?

 Sadani Tsindami : J’ai commencé par participer mollement aux débats dont les thèmes fusaient dans tous les sens, sans organisation : le Bangwe (place publique villageoise) à la comorienne. Il y avait à l’époque des interventions de qualité, orientées politiquement contre les putschistes qui venaient de s’approprier les rênes de l’Etat : c’était Azali Assoumani. J’ai pris part à la curée, puisque c’était l’homme à noyer dans la salive, sans savoir exactement ce qui s’y passait. Il faut dire que j’avais cessé de jouer au football avec la naissance des enfants. Il fallait que je trouve un autre terrain de jeu… Celui-là me convenait, était facile, moi caché derrière un écran et massacrant les bits et autres octets, sans coup férir.

Puis un jour, ô sublime autre hasard, j’ai découvert la rubrique littérature de ce Bangwe Habari Comores : les écrits compilés, surtout les textes poétiques, des extraits dont généralement on en retient le meilleur m’avaient énervés. Par contre, la bibliographie assez exhaustive sur les Comores m’a poussé à choisir quelques textes, puis à en parler autour de moi, en asseyant de déceler quelque chose, un frisson véritablement littéraire. Je ne le rencontrai pas. Du coup, j’ai remis le couvert sur le Bangwe et faisais la critique de quelques uns, dans un sens assez provocateur. La réaction ne s’est pas fait attendre : je me suis fait admonester sans dégâts. Dans cette arène, j’étais le toréador avec mon chiffon rouge et Dieu sait que des cornes ne se furent-elles pas acérées. On m’accusa de tout. On vérola mon ordinateur. On parla de ma famille alors que j’ai toujours écrit sous pseudo …

No man’s land : Quels impacts les forums ont eu  sur la société comorienne ?

 Sadani Tsindami : Bangwe Habari Comores, Karibangwe, m’ont sorti d’une sorte d’exil involontaire, travaillant dans le massif central et vivant de le Sud-ouest. Premier intérêt et non des moindres ; puis les joutes pluriformes ont quelquefois influencé parait-il des comportements « républicains » au bled. Personnellement, j’ai été surpris de lire mes opinions dans des journaux à Moroni. Le débat sur le Anda (grand mariage à Ngazidja), si je ne me trompe a été assez riche, foisonnant d’éclairage et a observé une certaine constance dans la durée et dans l’émergence des arguments des uns et des autres. Ces débats ont été constructifs dans l’émergence d’une nouvelle citoyenneté cybernétique : la reconnaissance des maux du pays que d’aucuns ne voulaient en entendre parler, soi-disant que chaque pays avaient ses tares et les nôtres devaient rester cachées. Puis il y eut le débat sur la littérature comorienne où des auteurs de talent comme Salim Hatubou avaient pris part, ce qui a mobilisé pas mal d’intervention, somme toute honorables et a permis la sortie de quelques textes d’excellence. Bien sûr il vit apparaitre aussi des bavardages d’un ennui à vouloir massacrer leurs auteurs, poètes à rimes doigtées, asthmatiques et éjaculateurs précoces sur des parchemins innocents. Je ne citerai pas de noms, mais bon, on ne canalise pas l’imaginaire avec des panneaux de signalisation comme on n’invente rien si dans la tête, il n’y a que de la flotte. Les poètes, écrivains opportunistes, atteints d’ hydrocéphalie  ont fini par avoir la grosse tête : je les ai mouchés avec «  Pour une poésie qui n’ose pas dire son Non » et j’ai retiré mon pied de l’arène. Et il paraît que les Bangwe virtuel sont moribonds, de toute façon, je vis dans un bled sans électricité et je n’ai plus d’ordinateur. Mon Bangwe a cessé d’être virtuel, il est désormais sous l’ombre des badamiers.


Facebook Tour de Babel numérique ?

Seuls les hommes instruits sont libres
Epictète

Ecrire sur le réseau social Facebook tel qu’il est exploité aux Comores est une entreprise complexe et compliquée en raison du nombre très restreint des internautes dans l’archipel. A peine 10 % des Comoriens résidant dans l’archipel naviguent sur la toile dont bon nombre habitent dans les milieux urbains. Il est à noter ici que près de 48% des pauvres aux Comores vivent dans les  milieux urbains contre 55 % dans les  milieux ruraux ; et peu de villages aux Comores ont l’électricité. La majorité des internautes comoriens se connectent à internet à partir de cybercafés d’où le foisonnement des cybercafés dans les villes comme Moroni, Mutsamudu et Mamoudzou. Toutefois avec le coût très élevé de la connexion, rares sont ceux qui s’attardent sur la toile : la plage horaire étant littéralement limitée faute de ressources, la consultation des messageries électroniques reste prioritaire.

N’empêche que depuis septembre 2006, date à laquelle Facebook est ouvert à tous, des Comoriens dont beaucoup font partie de la diaspora en France se sont appropriés le réseau social pour publier des trombinoscopes, pour affirmer leur attachement à leur village par des textes, des photos et des vidéos, ou tout simplement pour faire étalage d’un savoir.

Au demeurant, Facebook ne peut être le support d’idées subversives aux Comores comme fut le cas en Tunisie et aujourd’hui en Egypte. Pour les raisons suivantes :

–          aux Comores, il n’y a qu’une infime minorité qui a accès à Internet

–          80% des Comoriens sont illettrés*, pauvres et paysans. Cela dit ils ignorent autant  leurs droits que leurs devoirs.

–          sont visibles sur Facebook des débats houleux parfois entre Mahorais et autres Comoriens à cause du contentieux franco-comorien, d’autre fois entre partisans du régime au pouvoir aux Comores indépendantes et sympathisants, si l’heure n’est pas à la diffusion de clips poussifs ou de photos ostentatoires.

Effectivement  sur Facebook on ne prend pas conscience que des dégâts que cause le brain drain .On se rend aussi compte combien le Comorien confond le terme patriotisme (l’attachement à une patrie) et le terme nationalisme (attachement à une souveraineté d’une nation une et indivisible en rejetant ainsi les particularismes régionaux). Les facebookeurs comoriens se disent souvent nationalistes pendant que bon nombre d’entre eux se décarcassent à travers le réseau social à valoriser leur identité villageoise. Certes certains arrivent à se dégager des sentiers battus en publiant des réflexions sur la société comorienne dans sa généralité, mais d’aucuns ne les rejoignent, jugeant le travail intellectuel infructueux. Mais rien n’est étonnant dans cette indifférence du travail intellectuel quand nous savons que bon nombre des Comoriens n’ont plus foi dans l’Etat depuis qu’à la Grande-comore c’est la diaspora comorienne en France qui construit les écoles et les routes et réhabilite les hôpitaux et qu’à Anjouan, tout le monde nourrit, dans le désespoir, le projet d’émigrer à Mayotte. Aujourd’hui aux Comores, en plus de ceux qui votent par mimétisme ou par solidarité familiale, beaucoup échangent leur vote contre des billets de banque ou un bol de riz.

Si Facebook a pu être un support de la révolution tunisienne, c’est parce que depuis l’indépendance du pays, l’Etat tunisien a toujours investi sur l’instruction de son peuple. C’étaient des Tunisiens instruits, des nationalistes tunisiens au chômage qui avaient investi les rues pour pousser l’ex-Président Ben Ali à la porte.  La vulgarisation d’Internet par Ben Ali, pendant ses dernières années de règne sans partage, a manifestement  contribué à la montée des protestations. Par ailleurs en 2009, si le Liyannaj  Kont Pwofitasyon en Guadeloupe a pu par la voix de son leader Elie Domota mobiliser pendant plusieurs semaines les Guadeloupéens, c’est parce que cette île à une forte majorité de gens instruits. Si les facebookeurs tunisiens  se sont refusés à cautionner à tout jamais les injustices du régime de Ben Ali par le silence et l’indifférence en élevant la voix pour dire NON c’est parce que ce sont des jeunes ayant des capacités intellectuelles qui leur permettent du coup de prendre du recul, des capacités intellectuelles qui leur permettent de discerner le bien du mal.

*Illettré désigne ici et les analphabètes et ceux qui ont désappris, sachant que l’analphabétisme de retour est un phénomène important aux Comores. Dans cet archipel où l’Etat est à construire, toute révolution au sens propre du terme reste une arlésienne.


JEAN MARTIN : Hobereau de la République ou vieux gaga ?

Lundi 24 janvier 2011, 18h, la salle de cinéma de Mamoudzou est comble -pour une fois, il faut le souligner !-, en vedette américaine, Jean Martin, historien, spécialiste de la colonisation française, est « l’expert » choisi par les Naturalistes pour venir éclairer de ses lumières la grande question qui hante tous les résidents de Mayotte, à savoir : « Pourquoi Mayotte est-elle restée Française ? »

Darissama à la Grande-comore
Darissalama à la Grande-comore

Pourquoi ce choix des Naturalistes d’abord ?

Il faut savoir que Mr Jean Martin est l’auteur de « Histoire de Mayotte département français », un livre sorti juste après la visite du Président Sarkozy et qui essaie tant bien que mal de donner –d’inventer?- une légitimité historique à la départementalisation de Mayotte (un « livre de commande » comme l’a souligné un intervenant pendant la conférence). En outre, il est à noter que l’ancien Vice-Recteur, Mr Cirioni avait lui aussi fait appel à cet « expert » pour la préface de « Raconte-moi l’histoire », le livre d’histoire destiné aux écoles de Mayotte (préface où la mise en avant par l’auteur du concept des trois races –blanches, noires et jaunes !- avait choqué plus d’un lecteur habitué à des conceptions un peu plus « modernes » de l’histoire…). Bref, les Naturalistes ont choisi le seul historien français assez partisan –pour ne pas dire plus…- pour vouloir bien se mouiller sur cette sombre affaire qui établit en 75 une frontière là où il n’y en avait jamais eu…

Alors, maintenant, que dire de cette conférence tant attendue ?

Personnellement, j’y étais allé avec son livre sous le bras, non pas pour me le faire dédicacer, mais parce que j’y avais relevé des inexactitudes ou des non-dits très tendancieux, voir franchement fallacieux. Or, nous avons assisté à une conférence aux propos plus mesurés que ceux de son livre, preuve que l’expert savait qu’il serait attendu au tournant par d’autres spécialistes de l’histoire locale et qu’il est moins facile de faire passer des idées partisanes au sein d’une conférence publique que dans un livre tiré à peu d’exemplaires chez une obscure maison d’édition…

Quelques amoureux de l’histoire régionale s’étaient effectivement déplacés et on a pu assister à un débat riche et contradictoire et non pas, comme l’a dit la journaliste de Kwesi-fm le lendemain à la radio, à un débat houleux mené par des partisans d’une Mayotte comorienne. Je tiens à vous dire, Madame la journaliste, qu’il y a une différence notable entre partisans d’une Mayotte comorienne et intellectuels seulement soucieux d’une vérité historique objective.

Alors, finalement, quel genre d’histoire Mr Jean Martin nous a-t-il conté ? L’éternelle histoire du pot de fer contre le pot de terre… Pour Mr Martin, il est évident que « l’histoire avec un grand H ne retient que l’histoire des vainqueurs ». Pas un mot sur les « serrez la main », pas un mot sur le lobbying de l’extrême droite française et des nostalgiques de l’Empire français, pas un mot sur la perte –pour la République- de la baie de Diego-Suarez en 73… Par contre, ces diables d’  « anjouanais qui s’accaparaient la terre des Mahorais » n’ont pas été oubliés par l’historien, comme quoi, quand on tient un bon bouc émissaire, il ne faut pas le lâcher… Pour le reste, le vieil historien a botté en touche pour toutes les questions dérangeantes qui lui étaient posées.

Alors, que retirer de tout ça finalement ?

Que ce vieux monsieur, comme certains journalistes, est aux ordres de la pensée dominante ? Ce n’est guère un scoop. Par contre, il faut souligner la lourde responsabilité  de laisser traîner de tels livres auprès d’une jeunesse mahoraise seulement soucieuse de connaître son histoire et son identité et qui ne dispose pas d’autres références bibliographiques. Car s’ils doivent croire Mr Martin, ils sont les descendants d’une civilisation indonésienne voire polynésienne -allez, on n’est pas à quelques milliers de km près !-, alors que « Makoua » -l’ancêtre africain- est devenu une insulte… Pas même une allusion à « l’homme de Bagamoyo », plus vieux reste humain retrouvé à Mayotte, daté de 800 ap. J.C. et qui, selon ses dents taillées en pointe, est de toute évidence un Makonde, ethnie vivant au nord du Mozambique qui a la particularité de se tailler les dents. C’est un peu comme si un historien écrivait un livre sur l’histoire de France en oubliant de mentionner l’homme de Tautavel ! Révisionnisme historique ? Oui, nous sommes tout simplement là dans le conditionnement anodin de la mémoire collective de tout un peuple. Et il est grand temps que les historiens mahoro-comoriens se réapproprient leur histoire commune avant que leurs enfants se mettent à réciter « nos ancêtres les Gaulois ».

Car, n’en déplaise à Mr Martin, Mayotte est bien une ancienne colonie (il essaie de démontrer le contraire dès la première page de son livre en disant que « Mayotte a la particularité de n’être pas une vieille colonie »), tout comme les trois autres îles d’ailleurs et que la seule différence qui les oppose est que Mayotte a été achetée alors que les trois autres ont été conquises par la force du canon et la diplomatie de la poudre. Que s’est-il passé ensuite ? En métropole ou ailleurs, on pourrait parler de lobbying, mais ici, on parle juste de familles et de la fameuse « démocratie de l’enveloppe »…

DHARMA –Mkhubwa makoua-

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Wikileaks, venez nous sauver !!!!

Hacker

De nouveaux câbles diplomatiques mis en ligne sur le site consacré aux fuites d’information Wikileaks dévoilent au grand jour qu’Omar Bongo a, de son vivant bien sûr, détourné des fonds en faveur de partis politiques français. En vérité, cette nouvelle, secret de polichinelle par surcroît, a  laissé indifférents de nombreux comoriens. Pour une seule et unique raison : Les Comoriens ont toujours attendu de pieds ferme que cet « organe de renseignements le plus puissant au monde », comme aime à le vanter son fondateur, le cyberactiviste Julian Assange, leur dévoile enfin ce qui se cache derrière le tandem composés du président des Comores Sambi, qui est aussi connu sous les noms Père noël, Docteur Jekyll ou Mr Hyde et de l’homme d’affaire franco-syrien Bashar Kiwan.

Il y a quelques jours, un employé du quotidien Al-Balad Mayotte nous a mis dans le secret : « A ce qu’il paraît les renseignements généraux français se demandent d’où provient le fonds de fonctionnement du journal. Et ils ont même ouvert une enquête sur nous. D’ailleurs, parfois même, je me mets à douter du journal. Surtout quand nos salaires peinent à tomber à chaque fin de mois. Un de mes collègues m’a d’ailleurs appris que nos salaires sont versés de Moroni. Et c’est la raison pour laquelle ils arrivent toujours en retard.»

Et depuis notre équipe ne pense qu’en toucher deux mots aux hackers de Wikileaks. Elle ne pense qu’à la diffusion salvatrice de câbles diplomatiques mettant en cause le tandem docteur Jekyll-alias-Sambi-Bashar Kiwan. Que les hackers de Wikileaks jettent un œil sur les SMS et les courriels du maudit tandem et  disent aux Comoriens où sont passés les 200 millions de dollars de la vente de la citoyenneté économique à 4000 familles bédouines qui jusqu’à maintenant n’ont jamais foulé le sol comorien.  Toujours est-il que Bashar Kiwan s’est vu attribuer par Sambi alias Mr Hyde, en juin 2009, 175 millions de dollars, prélevés sur le fonds de la vente des passeports comoriens [oui en guise  de citoyenneté économique  plutôt utiliser le mot passeports comoriens parce qu’il paraît que  la société belge SEMLEX qui est à l’origine des passeports biométriques aux Comores a aussi été complice de cette transaction mafieuse].

En fait, les bédouins sont des apatrides  qui vivent aux Koweït. Et pour pouvoir voyager ou demander la nationalité koweitienne, il leur faut impérativement des papiers d’identités . En effet l’acquisition d’une quelconque titre d’identité est  naturellement impossible vu le fait que les bédouins n’ont pas de patrie. Autrement dit , l’achat de la citoyenneté comorienne leur a permis enfin de concrétiser leurs projets.

Beaucoup de Comoriens s’impatientent de savoir à quoi a servi la liasse de billets verts. Puisqu’aucun document officiel ne l’atteste jusqu’à ce jour. A part les rumeurs que le journal Al-Balad Mayotte fonctionne avec le fonds de la vente de la citoyenneté économique, personne ne sait ce que le tandem a fait de la liasse de billets verts. A part les rumeurs que bientôt Bashar Kiwan va créer une chaîne de télévision et une station de radio privées à Mayotte, personne ne sait ce que le tandem a fait de la liasse de billets verts. Ce qui est sûr, c’est que le 16 juillet 2008, Sambi a fait un communiqué au cours duquel il implique l’Emir du Koweït dans la transaction douteuse. Et quelque temps après, l’Emir du Koweït, par l’intermédiaire de son ambassadeur aux Comores avec résidence en Egypte, a fait un démenti formel à toute implication dans la transaction.

En 2009, Bashar Kiwan a été arrêté à Dubaï pour une affaire l’opposant au richissime Talal Alkhoury.  En fait, voilà la petite histoire. Talal Alkhoury avait investi 34 millions de dollars dans le projet d’une mise en place aux Comores d’une deuxième société de téléphonie mobile. Et l’Etat comorien, au nom de Mr Hyde, s’était associé à ce projet en délivrant gratuitement une licence d’exploitation à Bashar. Mais comme le projet ne voyait jamais le jour, Bashar avait vendu la licence d’exploitation à un autre opérateur de téléphonie mobile, le richissime Talal a porté plainte contre Bashar. Et certains disent que c’est grâce à l’intervention du Père Noël que Bashar a été relaxé par les autorités émérites.

Vraiment nous espérons que Wikileaks fasse la lumière sur ces affaires.

Julien Assange est né le 3 juillet en Australie. Il est le créateur de Wikileaks. Et après les révélations des télégrammes de la diplomatie américaine au mois de novembre dernier sur son site, il est accusé d’avoir eu des relations sexuelles consentantes mais sans préservatif avec une jeune femme suédoise. Il vient de révéler au monde entier que la prochaine guerre mondiale sera sans l’ombre d’un doute électronique : une cyberguerre.

 


Citation

Voir son voisin –et tout le monde est voisin maintenant – ce n’est pas le connaître. Tout comme le cerveau interprète les messages du nerf optique, nous devons, nous aussi, nous équiper pour interpréter les messages provenant des autres peuples. On a dit du racisme qu’il est un état d’esprit pathologique, une forme d’irrationalisme, une sorte d’épidémie. Ces termes sous-entendent qu’il existe un état de santé auquel on peut accéder et qui peut être maintenu dans un monde où coexistent des nations diverses.

 Jean-Paul Sartre

 ( 1905-1980)

Saltimbanque malagasy


Téléphonie mobile : Un monde à portée de main

« Un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’humanité » Neil Armstrong

Apparu en 2003 aux Comores indépendantes, le téléphone portable est devenu de nos jours un phénomène de société. La communication orale et gestuelle dans cette partie du monde où l’oralité prédomine, la loquacité de la population et le besoin de la présence acoustique de l’allocateur ont assurément beaucoup contribué à l’apogée de ce moyen de communication.

Les faits que beaucoup de Comoriens ont émigré à l’étranger et ont incontestablement besoin de rester en contact avec leurs proches restés au pays n’est pas en reste. En effet, la majorité des Comoriens s’est tournée vers la téléphonie mobile parce qu’auparavant l’Etat des Comores, faute de moyens, et surtout à cause des mouvements séparatistes à répétition, avait du mal à étendre les lignes de téléphone fixe sur l’ensemble du territoire.  Etant donné qu’aujourd’hui la couverture nationale du téléphone fixe se situe à 86 %, on voit que beaucoup de Comoriens préfèrent appeler d’un publiphone ou d’un téléphone fixe plutôt qu’à partir d’un mobile. Cela-dit, le Comorien s’intéresse beaucoup plus au gadget (jeux, appareil photo, enregistreur vidéo, lecteur audio) qu’au téléphone. Signe extérieur de richesse, la téléphonie mobile reste le socle de l’économie comorienne mais en même temps la première source d’appauvrissement du Comorien. Ici le Produit Intérieur Brut et l’Indicateur de Développement Humain feront sûrement la guerre dans la tête de tout économiste. Comores Télécom, la société des télécommunications comorienne, affiliée à la société française ALCATEL, étant un des premiers partenaires financiers de l’Etat (ou tout simplement sa vache à lait) fournit un service de mauvaise qualité (problème de réseau incessant) au prix le plus exorbitant de toute la région sud-ouest de l’Océan Indien.

Huri (du français liberté) est le nom du service qui gère la téléphonie mobile au sein de Comores Télécom. Il a été créé en 2003. Certains adeptes du téléphone arabe affirment que c’était la première dame de l’époque qui a été à l’origine du projet, ou du business pour être plus précis. Ceux-là même qui disent en coulisse que le business a été à tel point juteux qu’il a hissé cette première dame au rang de la troisième femme la plus riche d’Afrique. Néanmoins, à l’époque, le prix de l’appareil téléphonique et de la puce était astronomique : 75 000 francs comoriens (150 euros). Et ce Nokia 2270 n’était en vente que dans les boutiques de Comores Télécom. Surtout, imaginez le prix de la recharge : pas moins de 5000 francs comoriens (10 euros). Et pendant que certains intellectuels trouvaient que ce prix était exagéré, celui-ci était  au-dessus des moyens des 85 % de paysans comoriens. Les portables se vendaient comme des petits pains. Les soutiens familiaux se trouvant à l’étranger, en France et à Mayotte surtout, avaient envoyé l’argent puisqu’ils voyaient dans l’acquisition de ce  mobile le moyen de rester en contact permanent avec leur famille. Soit dit en passant,  par le passé, pour communiquer de vive voix avec un parent vivant à l’étranger il fallait soit parcourir des kilomètres pour aller téléphoner en ville pour ceux qui vivaient en brousse, soit enregistrer les conversations sur une cassette radio et la confier à une personne qui se rendait au lieu où se trouvait le parent, ou encore communiquer avec le parent par BLU (Bande latérale unique), moyen de communication utilisé surtout pour les liaisons de téléphonie HF, dans le domaine maritime et militaire. Les BLU servaient aussi d’agence de transfert d’argent.

Et dans beaucoup de villages où le téléphone fixe était inexistant, ceux qui avaient pu acquérir le étaient les borgnes parmi les aveugles. Ils étaient sous les projecteurs, excitaient la curiosité de tous. Et comme ces nouvelles personnalités villageoises étaient sollicitées aux quatre vents, il leur a fallu manifester un don d’ubiquité. Certains étaient partout en même temps, car rendre service à tout le monde leur permettait de changer de statut social. Comme ce petit pickpocket de Tsembehou qui était devenu le tombeur de toutes ces femmes… En effet, peu était ceux qui ne faisaient pas payer leur service en nature ou en argent.

Aujourd’hui Comores Télécom n’a plus le monopole des mobiles, mais reste que la puce téléphonique coûte les yeux de la tête : 7500 fc (15 euros). Ce n’est toujours pas donné… Et le comble : le client doit recharger son téléphone chaque 8 ème jour à compter du jour du rechargement sous peine de sanction. Certains chefs de ménage se trouvent souvent devant un dilemme : recharger le cellulaire ou acheter le kilo de riz quotidien. Il y en a qui préfère rester en contact avec le reste du monde. Signe extérieur de richesse, certaines personnes remuent ciel et terre pour acquérir un téléphone sophistiqué, les mobiles à écran tactile surtout. Le téléphone portable contribue beaucoup à la montée de la pédophilie et autres déviances comme le vol à la tire et la prostitution. Ici on ne peut parler d’addiction, mais d’ostentation, de cette culture du paraître amenée par une modernité mal gérée par de nombreux Comoriens. Certains dirigeants incapables de faire la différence entre développement (bien-être social, mental et physique) et modernité (évolution technologique) demeurent indifférents devant ce fléau. Il est à rappeler que des gens habitant dans des villages où il n’y a toujours pas d’électricité, comme à Bagwoi Kuni à la Grande-Comore, sont obligés de faire 25 kilomètres pour charger les batteries de leur mobile. Et dans nombreuses régions de l’archipel, la couverture réseau laisse à désirer.

En 2007, pour neutraliser le pouvoir du colonel-président de l’île d’Anjouan, Mohamed Bacar, le pouvoir central avait bloqué  toutes les puces de ses partisans. En guise de représailles, le pouvoir Bacar avait saccagé toutes les centrales téléphoniques numériques de l’île, les Anjouanais ne sachant plus à quel saint se vouer, tant ils s’étaient habitués au téléphone mobile. Beaucoup se sont détournés de Bacar à cause du saccage. Sa côte de popularité avait carrément dégringolé. Et au même moment, à Moroni Comores Télécom avait perdu des millions de francs comoriens.

Toutefois, le téléphone mobile est une arme à double tranchant. Il a aussi ses bons côtés. Il permet aujourd’hui aux Comoriens, surtout avec l’arrivée du haut débit, d’être maître de l’espace et du temps. Désormais le Comorien a  le monde à portée de main. Dommage que la téléphonie mobile et la bande passante restent un luxe pour lui. Certains croient que l’arrivée d’une autre société de téléphonie mobile fera baisser les prix. A vrai dire, dans un pays pauvre et peu peuplé comme les Comores, la concurrence entre plusieurs sociétés n’aura que des méfaits néfastes ; puisque la faillite d’une société comme Comores Télécom ne fera qu’accroître le nombre actuel du chômage qui est déjà important.

Apparue dans les années 1990 aux Etats-Unis, puis en Europe, la téléphonie mobile a comme fonction d’usage la communication vocale et l’envoi de messages succincts appelés SMS, du moins aux Comores, où l’envoi d’images, de photographies, de sons et de vidéos (MMS) ainsi que la navigation sur internet ne sont pas encore fonctionnels. Toutefois, les jeunes peuvent s’envoyer des fichiers audio et vidéo par Bluetooth. D’ailleurs, récemment au lycée de Sada à Mayotte, des jeunes lycéens avaient filmé leurs ébats sexuels  et fait diffuser la vidéo sur toute l’île. Affaire à suivre !!!