Baba MAHAMAT

Sommet de l’UA contre la CPI, solidarité africaine ou protection des tortionnaires africains ?

Je n’ai jamais apprécié ces sommets des chefs d’états africains mais celui qui s’était ouvert le samedi 12 octobre est sans doute le plus inutile que je puisse connaître. Je ne le dit pas parce que je suis contre le report du procès du président kényan Uhuru Kenyatta, au contraire, je fais partie de ceux qui pensent qu’il doit assumer son rôle de président et son jugement pourra venir après. Surtout que le Kenya est un pays démocratique, on sait qu’il va quitter le pouvoir selon la constitution et pourra se présenter à Justice. Mais ce que je n’ai jamais compris, c’est cette décision qui a été soufflé en coulisse avant que la raison puisse réapparaitre à ces chefs suprêmes.


Au moment où le monde se consterne encore devant les victimes de Lampedusa et celles entre les côtes de Lampedusa et l’Ile de Malte, organiser un sommet essentiellement pour discuter du retrait de la Cour Pénale Internationale (CPI) est la chose la plus anormale. Mieux encore, il s’agit d’une manière voilée aux présidents africains de sauver leur tête. Ils sont tous hantés par le mal qu’ils ont commis, ces nombreux assassinats qu’ils se sont rendus coupables lors de leur règne. Ils ont seulement oublié que l’histoire les rattrapera toujours.


Loin de moi l’idée de dire que la CPI est une cour parfaite, elle s’est focalisée davantage sur le continent africain, notre continent qui s’est toujours fait connaitre pour tous les maux du monde. Cette cour dont dirige actuellement la femme de fer Fatou Bensouda, une gambienne a une raison de vie, celle de traquer peu importe les lieux, la durée, les sanguinaires qui se croient tout permis. Ce n’est parce que vous êtes au pouvoir que vous vous permettez de croire que tout vous est permis. D’ailleurs, dans mes folles réflexions, je me suis posé plusieurs fois la question si les présidents africains, ces dictateurs, ces sangsues dorment au moins la nuit. Ben, je pense qu’ils ont non seulement l’insomnie mais surtout qu’ils changent de domicile toutes les nuits. Je ne sais pas comment se passe chez vous, mais n’imaginez pas le passage d’un président centrafricain ou pire encore d’un Paul Biya camerounais sur une route. Tout est bloqué, même les chiens ne peuvent aboyer ! En 2011, lors d’un séjour à Douala, la malchance des voyageurs a été de choisir de voyager pendant les campagnes présidentielles et surtout le jour où Paul Biya devrait venir à Douala pour sa campagne. Même un chat ne pouvait traverser une des routes où le cortège présidentiel devrait emprunter. Conséquence, beaucoup de voyageurs se sont retrouvés hors de l’aéroport au moment du décollage de leur vol. Que des larmes pour la plupart pour ce rendez-vous manqué car l’avion ne fait pas de marche-arrière.


Bref, fait quoique paradoxale pour certains surtout pour les africains que nous sommes, habitués à ces parades présidentielles, cette petite anecdote explique la peur au ventre des dirigeants africains quant à leur sécurité. Lorsqu’on dirige un peuple, on doit être avec le peuple et pas contre le peuple. Les meurtres, exécutions sommaires, tortures sont des actes qui ne doivent pas restés impunis.

Ce qui est également paradoxale, c’est le fait que ce soit les pays des pays africains où les dirigeants inquiétés qui sont instigateurs de cette décision qui a été évité de justice. Peur de s’attirer la colère de la communauté internationale ? Ou simple bluff pour secouer la CPI, on ne saura jamais cette acharnement que nous en avons déjà parlé lors d’un précèdent billet. Pour une fois, ne voyez pas votre intérêt mais défendez l’intérêt du peuple que vous persécutez. Si les justices africains étaient capables de juger les auteurs de crimes et ce, de manière impartiale, on ne sera pas en train d’assister à cette réunion d’auto-soutien des présidents. Auto-soutien car la plupart sont déjà inquiets même avant la fin de leur règne d’un possible séjour devant cette cour.


Alors trêve, il fallait juste lancer une procédure demandant à la CPI de suspendre le cas Kenyatta provisoirement et plutôt parler de ce drame que constitue l’immigration. Je suis parfois surpris de lire les commentaires d’africains qui se laissent convaincre par la duperie des dirigeants. Ils se foutent de notre gueule. Le vrai problème à résoudre actuel est celui de l’immigration qui fait de millier de morts. Pas même une seule déclaration à l’exception de celle des autorités Érythréennes qui d’ailleurs ont indexé la responsabilité des États-Unis.


Africains, laissent ces assassins se faire juger. Ils ont tué, torturé, massacré, il est normale qu’ils répondent de leur fait devant une juridiction internationale. A moins que l’Union rendre fonctionnelle une cour africaine pour les juger, la CPI doit continuer son travail !


En Centrafrique combien de temps encore faut-il attendre l’opérationnalisation de la Misca ?

Les récents évènements en Centrafrique au nord et nord-est démontrent la dégradation de la situation sécuritaire déjà très tendue depuis le coup de force de la Seleka le 24 mars dernier. Certains observateurs qui avaient prédit l’échec du déploiement rapide de la force africaine n’ont pas eu tort. Au contraire, l’Union africaine qui avait voté la résolution créant la Misca (Mission de stabilisation de l’Union africaine en Centrafrique) et son lancement le 1er août 2013 n’a malheureusement pas les moyens de sa politique. Elle est obligée de porter son projet, ce dernier ayant vu le jour sans promesse concrète de financement devant le Conseil de sécurité des Nations unies.

 

Officiellement, la Fomac (Force multinationale de l’Afrique centrale) a cédé la place depuis le 1er août à la Misca, mais dans les faits, rien n’est encore prêt. Nous sommes encore à la phase de la formalisation de cette mission africaine dans tous ses aspects : administratif, opérationnel, financier… Mais les violations des droits l’homme perpétrées par l’ex-rébellion au pouvoir appelée Seleka et des bandes armées où s’ajoutent quelques habitants de villages appelés « anti-balaka » n’ont fait qu’augmenter. Cette mission de la Misca qui devrait être opérationnelle avec quelque 3 500 hommes, dont des policiers, gendarmes et militaires issus essentiellement des pays de la Cemac  (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) ne sera pas effective bientôt. En tout cas, c’est le constat qu’on peut faire malgré le discours du président français, François Hollande et l’appel à l’aide du premier de transition Nicolas Tiangay lors de la 68e Assemblée générale des Nations unies.

 

De réunion en réunion, nous sommes en train d’assister à la passivité de la communauté internationale. Messieurs de la communauté internationale, les Centrafricains pris au piège entre les différents protagonistes n’ont pas besoin de promesse, on a envie que vous vous décidiez. Soit nous venir en aide ou bien nous dire tranquillement lors de vos nombreuses réunions et déclarations que nous n’allons jamais comprendre puisque la majorité de notre population ne possède plus de radios à cause des pillages systématiques des biens. Les nombreuses déclarations faites par les ONG présentes en Centrafrique et le dernier rapport de la FIDH sur le drame centrafricain devraient normalement attirer l’attention du Conseil de sécurité qui devrait se saisir de ce dossier pour écourter la souffrance des Centrafricains en favorisant le déploiement de cette mission africaine.

 

Où est partie cette communauté africaine et internationale qui n’a pas hésité à voter des résolutions lorsque, dans des pays comme la Libye et la Côte d’Ivoire, il fallait intervenir pour ramener un semblant de paix ? N’avez-pas d’oreilles pour entendre ces cris de SOS lancés par ces pauvres enfants, femmes et hommes qui ne demandent rien d’autre que d’être protégés ? Où sont ces présidents qui se disent vouloir combattre les violations des droits de l’homme ? Ne voyez-vous pas que de pauvres enfants meurent dans la brousse comme des animaux laissés à la merci de la nature, seuls contre les moustiques, la famine, et toutes sortes de dangers ?

Et pour vous les pays africains, pays frères de la RCA, il ne suffit pas de faire des déclarations pour que vos frères et sœurs puissent être en paix. Quels sont vos apports ? Mis à part quelques pays de la Ceaac (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), notamment le président Sassou Nguesso. Ne pensez-vous pas que ce pays meurtri mérite votre aide ? Ce n’est pas l’arrivée probable à Bangui ce dimanche 13 octobre du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius qui doit faire jaillir la joie dans nos cœurs, détrompons-nous. Comptons seulement le nombre de fois que des déclarations ont été faites, rien n’a changé ! Ce n’est pas les déclarations ni des condamnations qui vont faire basculer la situation. Il faut agir vite pour arrêter hémorragie.

 

Si vous ne le savez pas, la Misca, c’est comme la police de Los Angeles qu’on voit dans les films. Elle intervient quand tout a été fait. Exemple, à Bossangoa, on a attendu que la Seleka tue, pille, viole et brûle des maisons des villageois, et que certains villageois réunis en « anti-balaka » s’attaquent aux éléments de la Seleka et surtout se vengent sur une partie de la communauté musulmane pour que quelques éléments de la Misca soit envoyés dans cette ville. Même chose pour la ville de Bossangoua. Et puis, on verra que quelques éléments de la Misca arriveront certainement après la mort de plusieurs civils à Yaloké. Le bilan pour l’heure depuis le lundi 7 octobre est d’au moins une trentaine de morts.

 

Pauvres Centrafricains, au moins, ces évènements viennent confirmer que nous sommes seuls à posséder le destin de notre pays. Nous n’avons pas compris,  mais si nous espérons sur une résolution des Nations unies afin de rendre la fameuse Misca opérationnelle, nous risquons de mourir tous, de nous entretuer comme des animaux sans scrupule. Ces tragiques évènements nous apprennent que nous ne devons compter sur personne pour nous sortir de ce gouffre.

Le cri d’un Centrafricain épris de paix, Peace for Centrafrique !


Centrafrique : ces comportements qui ne nous honorent pas

Je devrais être normalement entrain de finir mon article sur mes 5 jours de formation passés à Brazzaville, mais deux évènements majeurs survenus le dimanche 22 septembre m’en ont dissuadé. J’ai finalement décidé de rédiger cet article pour parler de quelque chose que j’ai constaté depuis finalement Facebook se sont transformé en terrain de ring pour la plupart de facebookeurs centrafricains, lesquels ont trouvé une opportunité non seulement de dénoncer les dérives autoritaires du nouveau pouvoir de Bangui, mais aussi de se lancer dans un exercice peu recommandé qui se manifeste par des insultes et l’utilisation des mots de nature à discréditer des personnes considérées comme des adversaires par rapport aux autres.

 

Lorsque je me suis réveillé ce dimanche du 22 septembre après mon séjour à Brazzaville, au lieu de prendre mon petit-déjeuner, j’avais préféré me connecter à internet. Cela a été une grave erreur, d’abord, je devrais être informé à travers un ami de Facebook, que l’émission Débat africain qu’anime le Journaliste de la RFI, Alain Foka, se focalisera sur le cas centrafricain avec des personnalités de la classe politique comme invités. J’avais la chance en ouvrant ma radio, j’ai pu me rendre compte que l’émission commencerait dans quelques instants. J’ai suivie du début à la fin, comme la plupart de mes compatriotes centrafricains collés à leur radio. Même si ma surprise a été grande au débat de l’émission, je ne penserai pas que cette surprise continuerai jusqu’au bout de l’émission. Plus de 40 minutes, et je n’ai rien retenu. Si ce n’est que la cacophonie.

 

D’abord dans la première partie où il était question de faire une analyse des causes profondes de cette crise. Ensuite, la seconde partie où chaque invité devrait faire des propositions de solutions. Je n’ai jamais compris mais je ne pense pas que les questions du journaliste aient été mal posées. Seulement, je savais que personne ne voulait être objectif. Chacun a bien voulu taillé l’émission en sa faveur pour réconforter sa position. Ces hommes qui se disent être des politiciens ont passé tout leur temps à raconter leur vie et à s’accuser mutuellement alors que c’était une opportunité qui était donnée de parler de cette crise qui n’a fait que durée. Quarante minutes, rien à retenir. La deuxième partie où chaque intervenant avait l’opportunité de faire des propositions concrètes de sortie de crise, rien si ce n’est des accusations. Comme en décembre 2012, l’émission n’a été qu’une occasion aux pseudo-hommes politiques de ternir davantage leur image et en même temps celui du pays, en dévoilant leur incapacité à faire des propositions concrètes et des analyses de la situation dans laquelle la RCA se trouve. J’ai été très surpris de lire les commentaires des compatriotes sur les réseaux sociaux en comprenant que notre problème provient surtout des gens qui sont censés nous gouvernés, des personnes sans vergogne qui ne pense qu’à faire gonfler davantage leur ventre.

 

Le deuxième fait concerne le commentaire d’un compatriote d’un poste que j’ai publié informant mes amis que j’étais rentré à Douala après la formation de Brazzaville. Mon compatriote dont je voudrais taire le nom m’accuse d’avoir reçu une aide du gouvernement lors de mon déplacement. Je ne parlais même pas d’accusation mais cela m’a paru un peu bizarre que quelqu’un que vous connaissez à peine, pour ne pas dire même pas puisse vous faire avaler ce genre de mensonge comme s’il était le directeur du trésor public. J’ai été sélectionné parmi plus de 300 candidatures en lignes, et nous avons été une vingtaine à admis à faire le déplacement pour Brazzaville financé par la CTA et AZUR développement.
Je m’attendais à un encouragement de la part d’un ami et surtout d’un compatriote vu que notre pays n’est pas représenté souvent lors des rencontres internationales des jeunes. Malheureusement, le mal centrafricain a pris le dessus, nous nous faisons remarquer toujours négativement.

Ces deux évènements quoique, isolés viennent confirmer suffisamment que non seulement nous n’aimons pas notre pays mais aussi que nous ne nous aimons, centrafricains. Nous avons toujours été guidés par un esprit malveillant qui s’est emparé de nous, et en même temps, de notre pays. Nous sommes victimes aujourd’hui car nous avons tous une responsabilité dans ce qui se passe actuellement chez nous. Nous avons toujours brillé par des vices qui ont contribué à nous enfoncer davantage. Nous devons changer de comportement si nous voulons avoir notre place dans le concert des nations. Nous devons être patriotiques si nous voulons que les choses changent. Nous devons changer si nous voulons que notre pays se développe et aille de l’avant.


Brazzaville : ouverture des travaux des ateliers de formation sur le web 2.0 et d’échanges sur le projet ARDYIS

Le campus numérique francophone de Brazzaville a hébergé ce matin du lundi 16 septembre les travaux des ateliers de formations sur le web 2.0 et d’échanges sur le projet ARDYIS organisés par le CTA en partenariat avec l’association Azur Développement et l’IPRC. Réunissant une vingtaine de jeunes venant de la sous-région de l’Afrique centrale entre autres la République démocratique du Congo, le Congo, le Cameroun, la République centrafricaine, Sao Tomé et le Tchad. Cette formation de 5 jours se focalisant sur les blogs et l’agriculture, s’inscrit dans le cadre du lancement de la deuxième édition du concours de blogs « YoBloco Awards » (Prix des meilleurs blogs sur la jeunesse et l’agriculture) organisée par le projet ARDYIS.

Arrivés pour certains depuis vendredi, d’autres samedi et le peloton le dimanche soir, ces participants ayant des profils diversifiés ont tous en commun un esprit déterminé, celui de concilier les TICs au domaine de l’agriculture pour en faire un développement.

Photo(crédit:Un voyageur)
Photo (crédit: un voyageur)

Les moments forts de l’atelier

Ce lundi 16 août, l’atelier a commencé par le mot de bienvenue par la directrice exécutive de l’Association Azur Développement, Mme Sylvie Niombo qui a d’abord remercié les participants de leur présence et a exprimé l’attachement de sa structure à ces assises. Elle a continué son intervention en remerciant les partenaires ayant permis l’organisation de ces ateliers. Après la présentation des participants et organisateurs, la séance de formation a commencé autour de 10 heures. Une introduction au web 2.0 a été faite par deux formateurs de l’équipe de l’IPRC. Une approche participative a permis aux participants de faire la différence entre le web 1.0 et celui du 2.0 qui est une nouvelle génération basée sur l’interaction et la création de communauté dans le but de partager.

Photo(Crédit: Baba Mahamat)
Photo (Crédit: Baba Mahamat)

Après une pause-café de 30 minutes, la formation a continué avec l’introduction aux blogs en touchant du doigt l’utilité des blogs de nos jours et surtout ceux qui l’utilisent dans le domaine agricole. La suite du programme de la journée a été marquée par un jeu de société qui a permis d’égayer les acteurs de la formation après le déjeuner servi autour de 12 heures 30 minutes. Le dernier point de la première journée a concerné l’accès sélectif de l’information à travers les recherches avancées et les flux RSS.

Baba Mahamat et un participant cogolais

Autour de 17 h 30 minutes, le bus qui assure le transport des participants entre l’hôtel et le lieu de la formation a repris le chemin des deux hôtels où sont hébergés les participants, avec a son bord l’ensemble des jeunes venus des différents pays.

Un dimanche de découverte et d’échanges pour les participants

Arrivés pour la plupart le samedi dans la soirée, les participants résidant au RHM (Résidences hôtelières de Moungali) ont profité de la journée du dimanche 15 septembre pour mieux se connaître et échanger sur leurs différentes organisations. Des partages qui ont été extrêmement fructueux dans la mesure où chaque personne s’est sentie dans le groupe en profitant de moments pour mieux apprendre de son collègue.

Photo(Crédit: Ngouambe Nestor)
Photo (Crédit: Ngouambe Nestor)

En début de soirée après la visite des responsables d’Azur Développement, 9 des 10 participants de RHM se sont rendus à côté de l’hôtel de ville, précisément au sein de l’immeuble qui abrite l’exposition sur Pierre Savorgnan de Brazza, un explorateur français et père de la capitale  congolaise. La visite a pris fin après avoir contemplé le Beach qui se trouve à quelques kilomètres en face de la ville de Kinshasa. Vers 18 h 30, toute l’équipe a rebroussé chemin vers l’hôtel.

Photo(crédit : Un passant)
Photo (crédit : un passant)

La formation devrait reprendre demain matin, à 9 heures toujours dans une salle au sein du campus numérique francophone de Brazzaville.


Centrafrique : vers un conflit confessionnel inévitable ?

Les derniers évènements survenus à l’ouest de la République centrafricaine, notamment dans certains villages de Bossangoa et à Bouca laissent croire que les Centrafricains sont loin du bout du tunnel qu’ils espèrent atteindre. Les violences sans précédent dont l’ensemble de la population est victime sont loin de se terminer. Un autre cycle de violence, une insurrection vraisemblablement commanditée par l’ancien président François Bozizé a débuté les hostilités depuis le 06 septembre dernier. Le bilan dans les villages environnants les villes Bossangoa et de Bouca  fait état de plus d’une soixantaine de morts, essentiellement la population civile.

Début des opérations de désarmement à Bangui, combats à l’Ouest

Ces évènements qui surviennent juste au début de la transition, laquelle marque le début du processus d’un retour à l’ordre constitutionnel sont très inquiétants. Une autre forme de conflit se pointe à l’horizon. Les hommes de François Bozizé responsables des attaques sont accusés d’avoir perpétré non seulement des pillages, mais également des exécutions sommaires et d’avoir brûlé des maisons de la population musulmane. Ces actes qui ne devraient normalement étonner personne laissent présageaient un genre de conflit, depuis quelques temps déjà, avec l’avènement des hommes de la Seleka dits « incontrôlés ».

Selon la déclaration du nouveau porte-parole de la présidence Guy Simplice Kodégué qui a pris ses fonctions le 5 septembre après sa nomination survenue le 21 août dernier, François Bozizé est pointé du doigt. Une accusation confirmée par des proches de l’ancien président dont son porte-parole, Levy Yakite. Ce nouveau cycle de violence intervient au lendemain des opérations de désarmement volontaire lancées par le nouveau ministre de la Sécurité, Josué Binoua dont les fruits sont appréciés par la population. Une opération qui n’a jusqu’à lors débuté qu’au niveau de la capitale Bangui, les provinces continuent d’être contrôlés par les chefs de guerre de la Seleka.

 L’arrivée de la Seleka et les pillages et spoliation des biens, la destruction des édifices publiques et privées, les exécutions ciblées dont les victimes sont essentiellement chrétiennes, l’insécurité grandissante sont autant de causes qui laissent présager un conflit confessionnel entre chrétiens d’une part et musulmans d’autre part. Une situation qu’exploite François Bozizé afin d’accéder à nouveau au pouvoir. Pourtant, ce pays de Barthélémy Boganda n’a jamais vécu une situation semblable, l’harmonie entre ces deux religions n’a jamais été mise à rude épreuve.

Risque de généralisation d’affrontement interreligieux, deux acteurs pointés du doigt

Deux acteurs principaux portent la responsabilité de cette crise sans précèdent qui n’en est qu’à ses débuts et risquant d’être généralisée dans toutes les régions du pays.

D’un côté, François Bozizé qui jusque là, n’accepte pas son éviction du pouvoir et joue au légitimement élu, en créant en France le FROCCA (Front pour le retour à l’ordre constitutionnel) qui dispose d’une branche armée. Les hommes qui ont attaqué les villages autour de Bossangoa et Bouca se réclament des « Anti Balaka », un autre mouvement créé en plus d’autres qui existent déjà depuis quelques temps dont le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) du général Abdoulaye Miskine qui, selon un communiqué récent, serait rallié au FROCCA, le Collectif des officiers libres de Joachim Kokaté, et le Morepol de Levy Yakete. De l’autre côté, le président de la transition, Michel Djotodia qui décidément ne parvient pas à contrôler son troupeau de la Seleka qui se livre, près de six mois après le coup d’Etat du 24 mars, à des  activités peu orthodoxes. Exacerbée, la population se trouve  prise au piège par la volonté des deux leaders de conforter leur position.

 La population chrétienne exaspérée par les violences perpétrées par la Seleka

Depuis le lancement des hostilités par la Seleka, les chrétiens ont été les principales cibles. Plusieurs milliers ont perdu la vie. Que ce soit à Bangui ou dans les provinces, cette tranche de la population accuse les Centrafricains musulmans d’être complices des exactions. A Bangui par exemple,certaines personnes affirment que les biens pillés se retrouvent pour la plupart dans le quartier KM5, fief des musulmans. Même si certains musulmans ont connu des pertes, les principaux quartiers ciblés restent ceux où les chrétiens y vivent. Exaspéré, la population de Boeing par exemple a été contrainte d’occuper le tarmac de l’aéroport international Bangui M’poko pour attirer l’attention des autorités.

Un conflit confessionnel ne fera qu’aggraver la situation déjà très précaire

Nous ne pourrons souhaiter ainsi qu’il y ait un affrontement interreligieux, ce qui empirera davantage la situation déjà dramatique. Ces derniers jours, la population se trouvant dans les zones de combat ont trouvé refuge en brousse, un refuge qu’ils avaient occupé pour la plupart déjà, il y a encore quelques semaines à cause des exactions, pillage et exécutions attribuées aux éléments de la Seleka.

A l’allure où vont les choses, une intervention d’une force neutre et impartiale sous la bannière des Nations-unies est plus qu’importante. On se rappelle encore de la résolution de l’Union africaine autorisant le déploiement de la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique), une force qui reste jusqu’à présent comparée à la Fomac (Force multinationale de l’Afrique centrale) qui éprouve de sérieuses difficultés à aider les nouvelles autorités de Bangui à assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire. Les partenaires de Centrafrique ont plus que jamais la nécessité de jeter un œil au triste sort réservé à ce peuple qui est au bord de la faillite. La réunion de l’ONU qui devrait avoir lieu la fin de ce mois avec notamment la présence de la question centrafricaine le 23 septembre nous dira davantage sur la volonté des membres du Conseil de sécurité à résoudre le cas centrafricain.


Centrafrique : le tarmac de l’aéroport Bangui M’poko, la place Tahrir centrafricaine?

« On ne veut plus de cela », s’insurge l’un des manifestants occupant le tarmac de l’aéroport international Bangui M’poko sécurisé au lendemain du putsch du 24 mars 2013 par des soldats français en appui aux forces sous-régionales de la Fomac (Force force multinationale de l’Afrique centrale). Nous sommes mardi 27 août, vers 21 heures, une foule de populations venus de Boeing, femmes, enfants et hommes alertés par une expédition punitive de la Seleka – comme toujours – se rend et envahit le tarmac de l’unique aéroport de Centrafrique. Ils y passeront toute la nuit et malgré une l’intervention des autorités tant politiques que religieuses, ils n’ont pas cédé. Oui, ils sont entre 3000 à 4000 selon un soldat présent à l’aéroport. Cette manifestation -occupation- qui a duré un peu moins de 48 heures est la seule manière qui reste aux Centrafricains des quartiers meurtris de Bangui à crier leur râle-bol et manifester contre les violations régulières – exécutions sommaires, viols, pillages systématiques– qui se réalisent lors des opérations dites de désarmements par les éléments de la Seleka.

Photo(Credit:Facebook)
Photo(Credit:Facebook)

Deuxième type de manifestation pour les populations de Bangui  

Après les concerts de casseroles qui n’avaient duré que quelques jours dans la capitale centrafricaine, une autre forme de manifestation spontanée a vu le jour dans ce pays où tyrannisée par des éléments dits incontrôlés à la gâchette facile, n’ayant aucun respect pour la dignité humaine, la population laissée à son triste sort s’organise pour faire entendre ses souffrances. Les éléments de la Seleka, l’ex-rébellion au pouvoir depuis le 24 mars 2013 ont investi les quartiers de Boeing et Boulata, après leur entrée le 18 août dernier à Boye-Rabe faisant plusieurs victimes dont des morts et blessés ainsi que des scènes de pillage. Ces manifestants très déterminés exigent du gouvernement l’arrêt immédiat des pillages et des violations faites à l’encontre des civiles. Ils ont été appuyés le mercredi 28 août par une partie des habitants de Boye-Rabe et des quartiers environnants. Un marché a été improvisé et la vente de certains produits notamment des fruits et des denrées de première nécessité peut se faire sur place sur le tarmac.  Jusqu’au début d’après-midi du mercredi, les manifestants étaient encore présents sur le tarmac malgré la médiation des certains membres du gouvernement ainsi que des responsables religieux. Mais ils ont été dispersés à l’aide de gaz lacrymogènes par les éléments de la Fomac.

Photo(Credit:Facebook)
Photo(Credit:Facebook)

 Deux changements majeurs ces derniers jours à Bangui

En début de semaine, le président de la transition Michel Djotodia a pris une décision importante, le remplacement du puissant ministre de la Sécurité publique Adam Nourredine par le ministre des Affaires religieuse et des minorités, Josué Binoua. Ce dernier qui a déjà occupé ce poste sous la présidence de François Bozize ancien président de la République est de l’ethnie de certains habitants de Boye-Rabe. Pour beaucoup, ce changement intervient comme une sanction à l’encontre de Adam Nourredine qui serait le cerveau des opérations musclées de Boye-Rabe le 18 août, une opération dont le président de la transition ne serait pas informé selon la RFI.  Autre décision majeure, la décision prise à l’issue du Conseil de sécurité de Centrafrique présidé par Michel Djotodia qui a décidé que les éléments de la Seleka quittent Boye- Rabe et qu’ils soient remplacés par les forces de la gendarmerie et de la police avec l’appui de la Misca.

 Des opérations de désarmement aux arrêts

Le pays traverse depuis plusieurs mois une situation sécuritaire très préoccupante. En cause, la prolifération des armes de tout calibre. Bangui est devenu une poudrière et peut exploser à tout moment. Après l’affrontement de Gobongo faisant plusieurs pertes du côté de la population civile et de la Seleka, la Fomac s’est décidée de désarmer les rebelles. Une opération qui a permis de recenser une quantité importante d’armes et d’apaiser la situation à Bangui. Cependant, depuis le 1er août, la Fomac (force multinationale de l’Afrique centrale) a été remplacé par la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) qui tarde à être opérationnelle. La Fomac qui était dotée de quelques

Le soutien de la France au Misca

Lors de son discours devant les ambassadeurs Français, Le président Français François Hollande a parlé de la somatisation de la situation centrafricaine et a insisté sur le rôle que joué l’Union africaine dans la résolution rapide de cette crise. Il a par ailleurs ajouté  que le Conseil de sécurité doit se saisir de ce dossier afin de trouver une solution rapide. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a rappelé la position française ce mercredi. Les récents événements permettront à la France et à l’Union africaine de multiplier leurs efforts pour arrêter ce bain de sang ? Les jours à venir nous diront davantage.

 

Un peuple meurt et la communauté internationale l’oublie. Une chose est sûre, la population qui est longtemps  restée soumise n’en veut plus et ira au delà si rien n’est fait pour améliorer la situation.


Journée Mondiale du blog : que représente le blogging pour les Mondoblogueurs ?

Le 31 août 2013 marque la Journée Mondiale du blog. Depuis quelques années, des personnes de toutes les sphères font appel à ce moyen de communication, devenu incontournable pour communiquer, dialoguer, présenter leurs produits, … Les Mondoblogueurs ont décidé d’immortaliser cette journée de la manière la plus simple possible : répondre à la question suivante : que représente le blogging pour eux ? Ce billet qui a vu la contribution de plus d’une dizaine de Mondoblogueurs donne les points de vue de ce qui ont participé à l’édition de cet article.

Photo(Crédit:Mondoblog)
Photo(Crédit:Mondoblog)

1-Limone, Tunisie

Dernièrement, j’entendais un étudiant de l’école nationale de journalisme de Tunis s’insurger de l’inutilité du blog après la révolution. Un futur journaliste contre le blogging. Contre la diversité des points de vue rendue possible par Internet et la levée de la censure. Le blogging pour moi, c’est le bouleversement du schéma traditionnel de l’information, la fin du monopole des médias, la possibilité donnée à chaque citoyen d’avoir son mot à dire dans l’espace public.

 
 2-Salma Amadore, Cameroun

Le blogging pour moi représente une activité qui me permet d’exercer le journalisme que j’ai toujours voulu, celui qui part des faits et des expériences des gens pour parler d’un sujet. Tenir un blog me permets de m’exprimer comme je veux, sans trop de sévérité. Pour moi qui a l’expérience des rédactions, j’ai été très frustrée des fois de devoir réécrire ou mettre aux oubliettes un article à cause « de la ligne éditoriale » du journal. En bloguant, je suis libre, je suis moi, je suis l’autre qui me lis et veut aussi me dire sa part de réalité. Loin de la routine des autres canaux d’information qui nous plongent dans la routine avec des mêmes personnalités, les mêmes stars, le blog est proche de l’homme ordinaire, c’est l’homme ordinaire qui est au centre du blog, celui qui veut s’exprimer et ne le peut pas dans les chaines officielles, trouve dans le blogging, le moyen de s’exprimer, d’échanger et de s’enrichir de nouvelles connaissances.

 
3-Baba Mahamat, Centrafrique

Il ne fait aucun doute, le blogging à inévitablement changé la face du monde. Le blogging est devenu une forme d’expression très prisée par des personnes et structures dans divers domaines. Il permet d’échanger avec les lecteurs qui sont participent à son animation. Il y a dans le blogging, l’esprit de mettre les lecteurs au centre en interagissant avec eux grâce à des commentaires autres formes de partage. Ce qui le rend différent du média traditionnel est le fait que n’importe qui peut tenir un blog et ce, sans une formation préalable contrairement au journalisme par exemple. Une manière de communiquer est née grâce au blog, le journalisme citoyen. En Centrafrique où les événements ont comlètement  bouleversé la vie de paisibles citoyens, bloguer me permet de brosser la situation extrêmement difficile que vivent mes citoyens et en profiter pour dénoncer une tragédie oubliée par la communauté internationale, qui aurait pu être évité si l’intérêt du peuple était au centre des préoccupations au détriment des considérations personnelles.

 
4-Josiane Kouagheu, Cameroun

Bloguer pour moi, c’est tout simplement être moi. Ecrire pour dénoncer et interpeller, sans mensonge et sans maquillage.

 
5-Osman Jérôme, Haïti

Sans trop de crânerie, je dirais que, le blogging est pour moi, ce que la raison est pour le philosophe. Car cela me permet de pénétrer  la profondeur de la réalité quotidienne de mon pays. Réalité que j’essaie de parler sur mes blogs avec un ton un peu différent des médias classiques.

Depuis le jour que j’ai commencé à bloguer pour de vrai, je ressens  que, quelque chose a changé en moi en tant que citoyen. Après plus de deux ans de d’activité, désormais, je me sens plus engagé, plus concerné dans la lutte de la nouvelle Haïti, dont je suis un fanatique.

 
6-Mylène Colmar, Guadeloupe

Lancer un blog, écrire un billet, puis un autre, et encore un autre, en veillant à se renouveler, à livrer des informations (de son point de vue) intéressantes, à garder un œil critique. Animer un blog, lire les commentaires des lecteurs, se réjouir des compliments, répondre aux questions, défendre son point de vue et faire entendre sa voix. Tenir un blog, avec difficulté, parfois, avec plaisir, souvent, avec sincérité, toujours.

 
7-Pascaline, France

« Deux ans. Voilà deux ans que j’écris et que le blogging à pris une place de plus en plus importante dans ma vie. C’était d’abord une distraction, un moyen pour moi de prolonger mes écrits universitaires d’une manière beaucoup plus ludique, en racontant et en vivant de belles sorties culturelles. Puis, c’est aussi devenu un moyen de compter ma vision du monde, mes voyages, mes passions tout en réfléchissant au regard que je portais dessus, en le déconstruisant. Aujourd’hui, c’est devenu un biais indispensable par lequel je développe ma pensée, mes idées, en les confrontant aux lecteurs. Leurs réactions me font avancer, réfléchir, remettre en question dans mon écriture mais aussi dans cette vision du monde. Indispensable donc, pour demeurer une « femme qui interroge ». »

 
8-Aurore, Allemagne

Le blogging ou la valise 2.0.

Bloguer, c’est plier, empiler et ordonner au fond d’une valise virtuelle et planétaire des souvenirs, des avis, des incertitudes, des débats, des rencontres, des tous et des riens, des pleins et des vides, du futile, du sérieux, des histoires, de la poésie, des coups de gueule, des coups de joie, des injustices, des dénonciations, des déceptions, des messes basses, des combats, des confidences, des incertitudes, des Révolutions…

 
9-Babylas Serge de SOUZA, Benin

Blogueur par passion

C’est à la faveur d’un stage en médias et démocratie à Copenhague au Danemark en octobre-novembre 2010 que je me suis essayé au bloging. Ma passion pour le web journalisme me  permettra plus tard d’intégrer la deuxième édition de Mondoblog où, grâce à un encadrement judicieux, j’ai pu véritablement apprendre le b, a, ba, les contraintes et les exigences du blogging et de la publication en ligne.

Après la formation MondoblogDakar 2013, je revisite régulièrement mes connaissances à l’aune des innovations majeures, des mutations et des nouveaux développements du secteur médiatique, au jour le jour en tant que blogueur.

 

Aussi, pour moi, le blogging est une manière d’être, une forme d’expression parmi tant d’autres et pourquoi pas, un formidable espace d’échange, de partage.

 
10-Ladji Sirabada, Côte d’Ivoire

Mon blog, mes amis, le monde, la chaleur…

Parce que je blogue, j’appartiens à une communauté qui écrit et qui crie, qui saupoudre et qui fustige; une communauté qui arrange et souvent dérange, qui chante tout en interpellant, qui enseigne et renseigne, qui appelle et interpelle, qui éduque, distrait, et s’occupe…

Parce que je blogue, je convoque bon gré, mal gré une communauté qui se renseigne ou enseigne, qui partage ou s’enferme, qui se satisfait ou se plaint de, qui encourage ou insulte, qui consomme sans ou avec modération, qui dit merci ou merde, qui félicite ou blâme…

D’un coté ou d’un autre, en bloguant, je me mets à la croisée de plusieurs chemins. Chemins de confrères. Chemins de lecteurs. En bloguant, je partage mon monde ou ce qu’il y a à partager pour ne point me sentir seul.

 

Mon histoire du blog, commence avec la neige. Le blanc qui tombe et qui plonge le noir dans le lointain souvenir de la chaleur des terres ancestrales  et des miens.

En tombant, en m’enfermant dans un univers que je qualifiais  »aussi d’exotique », le blanc, m’a offert des pages blanches à remplir, m’invitant à me soustraire de la solitude, du dépaysement, d’un monde dans lequel, je me suis retrouvé, par concours de circonstance divine.

 

Mon blog fut, mon bois de chauffe. Il fut la vitrine de présentation de mon nouveau monde…
A chacun, je souhaite une expérience de blogging…pour un monde plus ouvert, sans barrière et avec beaucoup de chaleur…

Je bloggue; bloguons donc, puisque c’est la ten-dance.

 

11-Nelson Deshommes, Haïti

C’est une phrase magique qui a ouvert mes yeux sur le monde du blogging: « La beauté de l’internet c’est qu’on apprend en marchant ». Et dépuis lors, je fais de ce slogan ma principale source de motivation. En effet, le blogging est pour moi un centre d’apprentissage. Il m’est aussi un moyen de peaufiner mon écriture, et surtout d’apporter ma contribution dans la présentation d’une autre Haïti aux yeux du monde. Dorénavant, un blog est un instrument de communication où chacun peut placer son mot sur le dévenir de notre planète. Maintenant avec un blog, n’importe qui peut marquer d’une autre manière et de façon indélébile son passage dans ce monde.

 

12. Berliniquais, Martinique 

Pour moi, le blogging, c’est ma deuxième grande passion. Comme chacun sait, ce que j’adore par-dessus tout, c’est de chanter sous la douche. Mais malheureusement, quand je chante sous la douche, il n’y a personne pour m’écouter. C’est triste à mourir. En revanche, lorsque j’écris dans mon blog, le monde entier peut lire mes humeurs. Donc pour moi, écrire un blog, c’est un peu comme chanter sous la douche devant un large public ébahi d’admiration. Quel bonheur!

 
13-Boubacar Sangaré, Mali

Parlons du blogging mais pas pour y consacrer un billet qui appelle, comme chacun le sait, chaque fois un sérieux et une application énormes. Il est tout simplement question de livrer son point de vue sur ce phénomène dont la fièvre a saisi le monde, singulièrement dans sa composante jeune.

Alors, c’est un avis très personnel que je vais livrer. Quand on me parle du blogging, je ne peux pas ne pas penser à dire que, dans un monde qui se débat dans l’entonnoir des crises politiques, économiques voire sociales, tenir un blog ne peut qu’offrir une possibilité de calmer la soif de s’exprimer qu’éprouvent des millions de femmes et d’hommes repartis dans tous les pays. Et surtout à un moment où les idées sont l’arme privilégiée dans la « guerre des places » qui oppose d’abord les grandes puissances, et accessoirement toutes les nations. Ainsi, le blog, en tant que site personnel, donne l’opportunité de prendre part à ce concert des idées qui animent le monde.

Pour le petit et modeste journaliste que je suis, qui tient un blog depuis bientôt une année, le blogging a été un espace où il défend ses convictions, sa position sur un sujet qui fait ou non la Une de l’actualité locale ou d’ailleurs. Et ce qui a le plus éveillé mon intérêt pour cette activité, c’est le droit à la subjectivité dont jouit le blogueur. Le droit de dire son ressenti du moment et ses impressions propres. Ecrire à la première personne du singulier (je) une analyse dans laquelle se retrouveront beaucoup de lecteurs, me parait plus responsable  que l’emploi du « Nous » que le journalisme trouve objectif, mais qui me semble manquer de sérieux. C’est aussi indiquer que le blogging est un espace, aussi grand que le rêve. C’est, bref, un déversoir !


Centrafrique : ces questions que tout centrafricain doit logiquement se poser

Les temps ne sont pas bons et ce ne sont pas les rapports que dressent les organisations internationales telles que les Nations Unies ou l’UA qui vont prouver le contraire. Beaucoup de choses ont été dites mais est-ce que les centrafricains se posent les bonnes questions ? Nous allons aborder ici, quelques questions avec des éléments de réponses.

 

  • La responsabilité des événements actuels incombe uniquement aux étrangers ?

Je n’ai jamais compris la nature des centrafricains. Nous savons toujours rejette la responsabilité sur les autres au lieu de faire une autocritique. La tragédie qui continue de secouer notre pays est la conséquence d’une longue liste de mal que tout le monde sans exception, a entretenue sciemment. Pour les présidents avant-hier, c’était le président Ange-Félix Patassé qui accusait l’opposition et surtout son tombeur le général François Bozizé de l’avoir empêché de réaliser le programme qu’il avait pour ce pays malgré son bilan mitigeur au pouvoir de 1993 en 2003. Et puis, hier c’était le tour du général François Bozizé, toujours avec un bilan adouci après avoir passé lui aussi 10 ans au pouvoir. Aujourd’hui, c’est le nouveau président de transition Michel Djotodia qui accuse Bozizé d’avoir armé une partie de la population avec plus de 2000 armes. La plupart des centrafricains refusent de croire que nous sommes tous responsables de ce qui se passe. Mes compatriotes vont même directement pointer de doigt les Tchadiens et les Soudanais, une affirmation que je ne refuse pas, néanmoins pourquoi ne pas commencer par voir dans cette crise, notre responsabilité ? Pourquoi chacun, peut importe le rang social, président, ministre, maires, chômeurs, menuisiers, gardien, religieux, … ne fasse pas une autocritique ?  « Avant de prendre des poux sur la tête de quelqu’un, débarrasse-toi d’abord des tiennes»

 

  • Ces personnes qui prétendent être le sauveur du peuple, ils le sont vraiment ?

On se souvient encore comme si c’était hier. Le 15 mars 2003, le général François Bozizé qui venait de réussir son coup d’état après deux ans de rébellion a déclaré qu’il était le libérateur-comme si tous les centrafricains étaient en prison sous le régime de Patassé- après une brève cohabitation avec ses alliés, il ne se gênera pas et va se débarrasser d’eux en installant au commande que ses proches parents, amis et connaissances. Aujourd’hui, l’ancien président François Bozize ne cache pas son intention de revenir au pouvoir par tous les moyens qui s’imposent et la question qui fondamentale est de savoir s’il veut le faire pour mettre fin à la souffrance aux centrafricains surtout en appelant à la haine et à un soulèvement et en s’installant tranquillement avec sa famille en France.  Il pouvait choisir le peuple en faisant le choix de respecter les accords de Libreville qui lui offre une porte de sortie au lieu de donner un alibi à ces sanguinaires de piller, violer, massacrer, bruler à leur passage. Michel Djotodia, le chef de la coalition rebelle Seleka et actuel président de la transition n’enfreint pas à la « règle ». Au nom de la cohésion sociale et de l’union du pays, il a pris le pouvoir en affirmant haut et fort que ce sont les dérives autoritaires de son prédécesseur qui ont amené son mouvement à arriver aux hostilités et reprendre le pouvoir. Plus de cinq mois après, le peuple hérité une situation plus qu’alarmante et tous les indicateurs sont au rouge même le risque de disparition de l’état. La Seleka a réellement pris le pouvoir pour sortir la RCA du joug de l’ennemi ? Ces mouvements qui se créent à tour de bras existent vraiment pour sortir le peuple de l’impasse?

 

  • Dans l’allure où vont les choses, les acteurs de la transition sont-ils à mesure d’accomplir leurs taches ?

Décidemment, le choix des dirigeants de la transition reste discutable. Du président de la transition au premier ministre de transition en passant par le président du Conseil National de Transition, rien ne prouve qu’ils soient les hommes de la situation. Le président de transition Michel Djotodia qui a une crise d’autorité, une idée qui se concrétise avec les événements du 20 août à Boye rabe, un quartier supposé être proche de l’ancien président François Bozize. Ses décisions ne sont pas respectées par ses subalternes, pi encore au sein de sa propre coalisions la Seleka. Le premier ministre de transition qui a fait défrayer les chroniques à travers son litige avec le président du CNT sur la question de l’ordre protocolaire, un événement qui n’a rien à voir avec leurs missions. Nicolas TIANGUAY avec son gouvernement n’ont presque rien fait jusqu’à présent. Peut-être juste coordonner l’accord du prêt entre la RCA et le Congo Brazzaville ou bien aller pleurnicher auprès de l’Union européenne, l’ONU et l’Union Africaine.  Il y a eu certes des priorités qui ont été arrêtées pour la transition mais aucun des membres du gouvernement ni même le premier ministre n’a fait savoir comment faire pour arriver à endiguer ces problèmes centrafricains dont l’ampleur laisse plus d’un perplexe. Et enfin, le président du CNT Alexandre Ferdinant Guendet qui décidemment ne comprend pas bien ses prérogatives.  Il devrait être du côté du peuple en sa qualité de président de l’organe qui fait office d’assemblée parlementaire, par exemple en exigeant du gouvernement le rétablissement rapide de la sécurité sur tout le territoire et en ramenant la paix en Centrafrique, faire des déclarations fermes à l’encontre des événements comme ceux qui se sont déroulés à Boy Rabe. Mis a part la rédaction des documents de base du CNT dont la charte, la mise sur pied d’une Cour Constitutionnelle de transition, on se pose la question de savoir ce qu’ils font au CNT.

 

  • La laïcité de la RCA est-elle en danger ?

Même si le président Michel Djotodia avait fait une intervention lors de la rencontre des acteurs religieux en précisant que la RCA est et restera un pays laïc, le baromètre laisse à réfléchir. Les ingrédients ne sont pas réunis pour qu’on parle déjà d’islamisation de la RCA cependant, certains éléments de la Seleka font croire à la population le contraire. On peut citer comme illustration, l’interdiction de l’élevage et de la vente de la viande de porc à Sibut et à Galo. Les chefs de guerre de la Seleka qui se sont partagés la RCA comme l’Afrique partagé lors de la conférence de Berlin, imposent leurs lois à qui veut l’attendre sans pourtant se gêner à cause du manque d’autorité. On a parlé à la radio de cette interdiction de cette élévation et vente de la viande de porc mais aucune autorité ne s’est levée pour assurer la population et prendre des mesures drastiques à l’encontre de telle initiative afin de dissuader ceux pour qui, l’idée effleurerait.  Comme l’a souligné un confrère sur le site de La nouvelle Centrafrique (LNC), la Seleka a été constituée comme force rebelle de conquête de pouvoir et non comme force d’occupation et encore moins comme force politique ou administrative, tout pourrait être à craindre avec cette allure où vont les choses.

 

  • Est-ce qu’on a besoin de s’entretuer pour faire ramener la paix chez nous ?

La paix n’est pas seulement un esprit mais il doit être un comportement. On n’a jamais besoin de s’entretuer pour faire ramener la paix chez nous. Aucun pays ne s’est développé grâce à la guerre ou à un coup d’état. Nous devrions comprendre que nous devons apprendre à vivre ensemble sinon nous allons tous mourir. Chaque centrafricain où qu’il se trouve, quelque soit son origine, son ethnie, son village, sa préfecture doit s’approprier la paix et ses valeurs. Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme des animaux. Ce ne sont pas ces quelques dirigeants qui vont nous ramener la paix, c’est à nous de les imposer cette valeur en les faisant comprendre que nous ne voulons plus de guerre chez nous car on n’a en marre. On ne veut plus de cette vie où la valeur de la personne humaine ne tient qu’à un bout de fil, où chaque jour fait naître de nouvelles craintes dans nos cœurs. Cette vie où le moment est grave et le lendemain incertain. Nous devons nous impliquer davantage à travers notre comportement, nous devons nous auto-sensibiliser pour arriver à nous sn sortir de cette tragedie, une tragédie qui dépasse tout entendement de l’homme. Nous devons apprendre à se pardonner, à se serrer la main, à faire mieux que les Rwandais après le génocide, à donner le meilleur de nous-mêmes pour que la transformation de la mentalité ne soit pas un mot vain mais une réalité.


L’électricité en Afrique, un problème majeur de développement : analyse et explications selon les Mondoblogueurs

« Nous avons tous ou presque, les mêmes problèmes, les mêmes douleurs, les mêmes aspirations. L’électricité demeure un défit indéniable dans nos différents pays, surtout en Afrique mais est-il insurmontable ? Personne ne peut nier les causes et les conséquences de ce problème». Telle est la substance du mail que j’ai envoyé sollicitant la contribution des Mondoblogueurs pour ce billet collectif qui donne le point de vue ainsi qu’une analyse de la situation de l’électricité dans quelques pays d’Afrique.

Photo(Credit:jlgagnaire.com)
Photo(Credit:jlgagnaire.com)

Bénin : Sinistré du delestage

 

Le Roi Soleil

Je pense qu’on ne saura jamais assez remercier Dieu pour toutes ses merveilles. C’est justement parce qu’il a fait des choses inexplicables qu’on dit qu’il est au dessus de tout. Oui je reconnais, il est très fort, car j’imagine un seul instant si cet astre nommé soleil appartenait aux hommes, ce que nous serions devenus.

Morts depuis longtemps sans doute. Il en est de même pour l’air, vous imaginez une société Aes-air ou Cam Air ou je ne sais comment la nommer, mais une société qui serait chargée de nous fournir de l’air quotidiennement pour notre survie ? Nous serions tous morts par manque d’air (une sorte de délestage de l’air). Par « nous » je parle des pauvres car je pense que les riches se feraient un plaisir énorme d’acheter des réserves d’air et tant pis pour les autres.

 Il n’ a qu’à voir comment ils sont insensibles aux cris de la population face aux nombreuses coupures intempestives d’électricité. Insensibles face à la fourniture insuffisante en énergie électrique dont une majeure partie de la population est victime. Nous pensions être enfin sauvés quand le groupe AES-Sonel est venu au Cameroun. C’était la promesse pour nous : des factures moins chères, un réseau constant d’électricité, une équipe à notre écoute, bref une société rien que pour nous. C’était un leurre. Aes/Sonel nous a fait découvrir un nouveau mot : « délestage » finalement devenu « détestage » tellement la rage montait peu à peu.

 

Aes coupait le courant quand elle voulait sans nous prévenir. Aes nous faisait payer un entretien de compteur pendant des années sans trop savoir pourquoi. Aes augmentait le prix du kilowatt quand cela l’enchantait. Aes c’était finalement plus investit dans le business des mines que dans sa mission première : nous fournir de l’électricité. Elle est partie par la petite porte et rien n’a changé.

 

« Energizing Cameroon », un slogan fort qui vous pousse à apprendre la langue de Shakespeare. Mais vous perdez vite votre enthousiasme et préférez de loin la formule populaire « Obsurizing Cameroon » quand vous revenez à la réalité. Avec ça,  nous parlons chaque jour de développement au Cameroun, je pense que ce n’est pas pour demain en tout cas (2035 peut-être) et de nombreux camerounais seront sans doute morts avant que le reste n’atteigne le bout du tunnel, un tunnel obscur (prenez vos bougies s’il vous plait).

 

Comment penser au développement quand suite à des coupures d’électricité, des congélateurs ne fonctionnent pas et que trois jours voire une semaine après, quand c’est rétabli, les commerçants nourrissent les populations avec du poisson ou de la viande faisandée ? Comment penser au développement quand, lorsque l’Etat veut encourager les PME et qu’un jeune ouvre une scierie, elle ne fonctionne pas pendant des semaines, alors qu’il a des employés à payer ? Comment vouloir s’arrimer au reste du monde et l’usage des nouvelles technologies par la jeunesse quand par manque d’électricité, une salle d’informatique dans un établissement X ne peut fonctionner pour que les élèves en profitent ? Comment, comment ?

 

J’ai vu des choses, des parents désespérés qui devaient forcer leurs enfants à apprendre sous l’éclairage d’une bougie ou d’une lampe tempête. Parlant de la lampe tempête, je me rappelle que durant mon enfance, on en achetait pour mes grands parents aux villages. Mais de nos jours, elle est devenue bien plus utile en ville qu’ailleurs, « ancienne sonel » c’est son nom chez nous. J’ai vu des enfants morts, calcinés parce qu’ils apprenaient avec des bougies et se sont endormis éternellement. Si les enfants sont l’avenir d’un pays, alors notre avenir se fera t-il avec des machabées ?

 

 

Photo (Crédit:Samla Amadore)
Crédit photo: Samla Amadore

Si la situation a ainsi dégénéré, c’est aussi la faute de l’Etat pas assez présent pour frapper du poing sur la table. Les membres de l’Etat, toujours occupés à inaugurer les barrages de X, le barrage de Y « qui fonctionnera en 2035 ». Nous sommes en 2013, il nous reste 22 ans à supporter cette situation, en tout cas l’espoir fait vivre. Les populations ont beau revendiquer mais si cela entre dans les oreilles de sourds que faire ? Comment être content de payer une facture d’électricité très chère quand on est dans le noir constamment ?

La dite société a sans doute changer d’équipe dirigeante, mais les problèmes subsistent. Déjà à Bamenda j’assiste à plus de trois coupures par jour. Bizarre car je me dis que les problèmes dont je parle ne sont la réalité que d’une tranche de la société. Une tranche de la société parce que déjà un nouveau produit d’AES a été lancé il y a quelques jours : Easylight. Parait qu’avec Easylight, il est possible de voir l’évolution de sa facture en s’inscrivant et en inscrivant le numéro de votre abonnement. Le règlement des factures par le téléphone mobile est aussi possible.

 Initiative louable mais qui, je le regrette ne colle pas à la réalité une fois de plus. Pour s’inscrire, voir sa facture ou encore imprimer sa facture par le net, il faut de l’électricité (ce dont nous manquons actuellement en milieu urbain, je ne parle même pas des zones rurales).

 

Heureusement ou malheureusement, des Camerounais ingénieux se sont tournés vers le Roi Soleil. Heureusement, parce que désormais nous avons des lampes, des panneaux, des torches, des téléphones et même des ordinateurs solaires. Malheureusement, car en saison pluvieuse il sera difficile de les utiliser vu comment le climat est instable. Ces outils quotidiens solaires nécessitent sans doute, encore des recherches approfondies pour une plus longue autonomie et une durée de vie plus grande. Quand ce sera fait, faudra revoir le prix car pour que chaque famille jouisse des technologies solaires, faut bien que le prix de ces outils colle à la réalité de son pourvoir d’achat.

 

Une équation qui, j’en suis sûre sera résolue, je préfère m’arrêter là. Il fait nuit et vu que je suis dans l’obscurité je n’ai pas envie d’écrire sous l’éclairage d’une bougie.

 

Au Cameroun, tout le monde est aveugle à la tombée de la nuit

Le cargo roule à vive allure. Dans le car, une vive dispute a éclaté entre une femme bien en chair dont le large postérieur occupe une bonne partie du siège et une autre femme, plus mince. Les autres passagers s’en mêlent. La dispute devient générale. Je ne parviens plus à suivre les informations à la radio. «Mais taisez-vous. Laissez-moi suivre mes infos. Depuis hier, il n’y a pas d’électricité à la maison », lance-je. Trop tard ! Mon Dieu j’ai crié ! «Que vont-ils me dire ?», me demande-je toute peureuse. Dans ma tête, je passe déjà en boucle tous les noms d’oiseaux dont on va me traiter. Dans un cargo à Douala, on est lavé d’injures. Ce n’est pas moi qui le dis. Les conducteurs de ces engins sont d’ailleurs appelés «hors la loi ». Même les policiers en ont peur. Surprise !

 

-Ah ma petite toi aussi ? Regarde mes bras ? Les moustiques m’ont tout mangé cette nuit. Trois jours que je n’ai pas d’électricité. Si je tiens ces hommes, je les tue. Maudite Aes Sonel (société en charge de l’électricité au Cameroun), peste le chauffeur.

 

J’ouvre mes yeux tout ronds. Pour une fois dans le cargo, le conducteur n’injure pas. Il ne discute pas non plus, il accepte. Autour de moi, la vive dispute a cessé. Mes deux voisins de derrière qui parlaient avec passion du FC Barcelone et de Messi se sont tus. Les deux femmes aussi. «Tu parles ma fille. J’ai déjà perdu des centaines de mille de Francs Cfa à cause d’eux ! Je suis à Douala comme si j’étais au village d’avant, sans lumière », me dis ma voisine avec colère. Et à chacun de me raconter sa petite histoire sans lumière. Et à eux de me conter leur vie d’aveugle. Et ces enfants, ces hommes et femmes qui ont péri dans un incendie. Ces commerces incendiés. Des 23 passagers, chacun avait quelque chose à dire. Dieu, en mal, en pire d’Aes Sonel. «Il n’y a pas d’électricité au Cameroun», m’a dit un vieux papa, sourire édenté à sa descente. Et il m’a regardé plein d’espoir :

 

-Ma fille tu crois que je peux aller là-bas et leur dire (Aes) de ne plus couper ma lumière parce que je paie ma facture tous les mois ? Tu sais je n’ai jamais passé un mois sans le faire. Je préfère régler ma facture et rester affamé. Je peux ?

J’ai eu honte de répondre à mon papa. D’ailleurs, qu’aurai-je pu lui dire ? Tout le monde vit sans lumière au Cameroun. On a des barrages, le soleil et tout. On s’en vante ? Mais on devient tous aveugles à la tombée de la nuit !

 

  • Baba Mahamat, Centrafrique

Il y a bien des années que les Centrafricains ont ancré dans leur dictionnaire le mot coupure ou délestage. L’électricité en RCA, un pays ne possédant presque pas d’industries à l’exception de l’entreprise d’un libanais qui fabrique de l’eau minérale Oubangui est une denrée rare au sens propre du terme. Les problèmes de cette fameuse entreprise, l’unique et parapublique, dénommée Enerca (Energie Centrafricaine) sont légion. Les citer, on pourrait passer toute une nuit en prenant des somnifères. Mais, même si les difficultés techniques et d’organisations ne sont pas à cacher, la mauvaise gestion de cette structure a fait d’elle ce qu’elle est de nos jours : juste une silhouette et du squelette.  En plus d’un problème d’amortissement des appareils qui souvent datent de l’époque coloniale, le vol d’électricité par la plupart des consommateurs n’arrange non plus la situation. En fin de compte, tous les problèmes ont trouvé une place.

 

Les conséquences de ces problèmes sont indiscutables. Le délestage que le Centrafricain est obligé de gérer à la longueur de la journée n’a pas de nom. Encore au début des années 2000, on pouvait faire semblant de se vanter en regardant les séries télévisées qui passait sur l’unique chaîne disponible gratuitement en Centrafrique, la TVCA (Télévision Centrafricaine) en début de la soirée. Un luxe pour lequel il faut avoir les reins solides avant de prendre maintenant avec un groupe électrogène. Mais vers les années 2003, la situation s’est considérablement détériorée.

 

Je me plaignais comme tous les autres habitants de cette heure de délestage programmé dans chaque quartier. Mon quartier subissait une coupure de 18 heures à 19 heures, mais en 2003, l’électricité ne se manifestait que pour quelques heures, difficilement 8 heures de temps. Les habitants de mon quartier et moi nous sommes habitués à voir la lumière apparaître de 5 heures à 7 heures (et il faut surtout avec beaucoup de chance) et de 16 heures 30 min à 18 heures. Chaque habitant s’est imposé cette contrainte au fil de temps qui a considérablement influencé sur le niveau des élèves et étudiants, le syndrome de la baisse de niveau. Des usagers en passant par les entreprises qui se comptent sur les bouts de doigt, les bars qui ne mettent plus assez de musique à certaines heures, nul ne peut ignorer la conséquence du manque de l’énergie chez le Centrafricain.

 

Les problèmes de la société d’énergie centrafricaine sont surmontables. Le début doit être une volonté politique des dirigeants d’opter pour une gestion transparente de ladite entreprise. Il faut que l’Etat investisse dans l’achat de nouvelles turbines sans oublier la mise en marche des autres sources d’énergies dont Boali 2 et 3 en plus de Boali 1 déjà opérationnelle, et autres matériels et pièces qui ont subi des amortissements au fil du temps. Que des jeunes techniciens compétents soient formés, envoyés dans de grandes écoles d’électricité et de mécanique, que l’Etat pense à une politique de vulgarisation de l’énergie solaire qui est largement adopté dans certains pays. L’Enerca tout comme la plupart d’entreprises de gestion d’énergie en Afrique devrait être privatisée. La privatisation n’est pas une si mauvaise idée même si les entreprises telle que AES- Sonel au Cameroun peine à gagner la confiance des consommateurs qui se plaignent de la pénurie de cette denrée rare. Ainsi, privatiser l’Enerca pourrait être un dernier recours pour sauver Enerca dans sa chute inéluctable.

 

« J’étais dans ma chambre en train de rédiger un travail de recherche, à Rabat. Soudain, le courant est parti la nuit pendant près d’une heure. Le lendemain, pendant la journée, il est parti également pour une heure. Ce sont des cas rares à Rabat où je me trouve sans obscurité. En ces deux instants, je me rappelai de mon pays, la Guinée. Dans mon pays, l’électricité est avec l’eau, des denrées rares malgré l’existence de matières (château d’eau de l’Afrique de l’ouest, conditions climatiques diversifiées et favorables). L’Etat a dépensé 260 millions $ pour assurer l’électricité dans le pays. Mais cela n’a été que de la poudre dans les yeux. Que peu d’heures de courant irrégulières au cours de la semaine.

 

Il est aisé de faire de triste constatation. On peut constater la vétusté des installations, malheureusement peu ou pas entretenues. On peut voir le détournement des fonds. Comme l’échec dans la construction du barrage de Garafiri qui reste un cauchemar dans l’esprit du Guinéen. Pour cela, des Guinéens de toutes classes avaient contribué. La dépendance des centrales thermiques fait que l’Etat continue à dépenser beaucoup avec des résultats faibles. Aussi, faut-il ajouter les faiblesses des gestionnaires de l’Electricité De Guinée (EDG) et la faible considération par elle de l’ampleur du problème. Le recours aux micro-barrages est pourtant possible mais ceci est peu pensé comme alternative.

 

Tout cela fait subir à l’Etat des pertes colossales et de la révolte au niveau des peuples. Les micro-entrepreneurs dont leurs sources en dépendaient entièrement  en souffrent. Le vendeur d’eau glacé ne peut plus car l’électricité a disparu. Ce qui chauffe les classes sociales basses, se trouvant anéanties. C’est pour cela, que les émeutes de Ratoma, Dixinn… étaient pas inévitables.  Mais on ne saurait oublier le nouveau contrat signé entre l’entreprise Aggreko et le gouvernement guinéen récemment. Pour 10 millions $, cela devrait fournir 50 méga watts à la Guinée pendant six mois. Et aussi, la construction du barrage hydro-électrique de Kaleta. La Guinée peut s’inspirer du Maroc par la diversification des sources énergétiques: barrages, éolien… Le Maroc s’est fixé pour vision d’atteindre 42% de production d’énergie renouvelables.

 

Au cours des dix dernières années, les questions de délestages n’ont jamais quitté le devant l’actualité guinéenne. Entre promesses qui ne seront point tenues, communiqués accusant la sécheresse d’avoir tari les fleuves ou les intempéries ayant causé la chute des câbles électriques et violentes protestations, notamment dans les rues de Conakry la capitale, EDG (Electricité de Guinée) ne cesse de nous faire vivre des images qui n’honorent pas du tout les appellations ‘ châteaux d’eau de l’Afrique occidentale’ ou encore ‘ scandale géologique’ que les scientifiques ont donné à la Guinée.

 

Si on se réfère à des centaines de millions $ que le gouvernement a investi dans ce secteur entre 2011 et ces dernières semaines pour endiguer la pénurie d’électricité, tout porte à croire que les fonds ont été mal gérés voire détournés de leur destination finale. Plus on enregistre des investissements, plus le courant électrique se fait rare dans les foyers. Pourtant la Guinée Conakry est le pays le plus arrosé d’Afrique de l’ouest  et c’est  sans compter les potentialités minières telles que la bauxite, l’uranium, l’or…dont elle dispose.

 

Ce triste constat n’est pas sans conséquences sur le plan économique et sécuritaire. En effet, toutes les usines, tous les bureaux des administrations publiques et privées sont alimentés par des groupes électrogènes au moment où 1 Litre de pétrole est vendu à 9 500  GNF à la pompe.

D’ailleurs, certaines PME dont le fonctionnement dépend directement à l’électricité ont fini par mettre la clé à la porte, plongeant ainsi de nombreux travailleurs dans le chômage. En marge des manifestations contre les délestages, plusieurs actes de vandalisme à l’encontre de l’EDG ainsi que les pillages des commerces ont été dénombrés.

 

Aujourd’hui, tenir les  points de charge de téléphones portables est devenu une activité lucrative qui permet à quelques diplômés chômeurs de joindre les deux bouts.
Comme il fallait s’attendre, le manque de lumière pendant la nuit facilite aux malfrats dans  l’accomplissement de leur sale besogne. Récemment, le ministère de l’énergie a annoncé la signature d’un contrat de location de groupes électrogène d’une capacité de 50 MégaWatt avec une entreprise britannique pour la fourniture de l’électricité à la capitale. Coût de la transaction: 11 millions $,  pour une durée de six mois  à compter du 31 août prochain. Cependant, un barrage hydroélectrique de 240 MégaWatt est en construction en ce moment à Kaleta. À en croire les experts, la mise en service de ce barrage va résoudre définitivement le problème.

 

BAPO : de l’énergie électrique au solaire, transition réussie

Le petit village de Bapo est situé dans le département de Jacqueville, à 6,5 Km du village de Akrou, qui lui est à 5km de la ville. Situé en bordure de lagune ébrié entre les pipelines qui drainent le gaz naturelle et les cocoteraies villageoises et faisant face aux villages de Taboth (devenu célèbre grâce au groupe Mapouka Taboth cadence et de Allaba (Sous préfecture de Dabou), Bapo était un beau village animé en raison de la présence de son bac et embarcadère à l’époque où la Société ivoirienne de coco râpé (SICOR) existait.

 

Aujourd’hui il se réduit à un simple village de deux rangés de maisons de fortune avec en son bout un cabanon en brique, hermétiquement fermé et dont la toiture supporte six panneaux solaires. On peut lire à l’entre du village, 6,5km avant deux pancartes fières qui invitent à la découverte du village éclairé par l’énergie solaire.

 

Bapo, est fière de ses huit poteaux électriques qui éclairent le village. Pour le moment, les ménages ne sont pas servis, mais au moins il y a de quoi éclairer les rues et les aires de jeux nocturnes des enfants, des gardiens de la nuit, des amoureux. Il y a même un hangar collectif où chacun peut profiter de la télévision et recharger son téléphone.

 

En optant pour cette source presque gratuite, Bapo s’inscrit dans la logique du développement durable certes, mais surtout, marque une transition très écologique et économique qui la soustrait des tracasseries d’alimentations en fuel du vieux groupe électrogène dont son électricité dépendait, et aussi de la dépendance d’une compagnie nationale, qui depuis quelques temps s’illustre par les coupures intempestives et gênantes. Ce type de projet d’électrification rural, se présente comme une alternative de remplacement à encourager dans le nord de la Cote d’Ivoire où de nombreuses zones sombrent farouchement encore dans le noir. Le Président de la République en à lui-même fait le constat et annoncé de nombreuses dispositions pour palier la situation à une date sine die. Paroles de politicien.

 

En effet, depuis 2010 la Cote d’ivoire, vit la galère des coupures intempestives d’électricité. Les motifs se résument à la vétusté de l’appareillage de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) détenteur unique de droit de commercialisation de l’électricité grand publique dans le pays, au manque absolu de concurrence alors, à la forte demande de la poussée démographique liée aux migrations de la crise ivoirienne, aux sabotages des réseaux électriques pour les distributions et commercialisations illégales du courant…

 

Ces diverses raisons, doublées de l’incapacité à satisfaire tous les ménages, ont contribué en 2010 à l’exécution du politique de délestage programmé afin de satisfaire chaque région et chaque ménage. Ainsi selon des jours, des heures et des zones, l’électricité était distribuée pour que l’Etat garde sauve sa face.

 

Dans l’euphorie de crises électriques est né un personnage devenu célèbre de DELESTRON, l’anti-héros du délestage qui se plait à couper le courant dans nos vies. Depuis 2013, de nombreux efforts de renforcements ont été effectues. Toutes fois, le malin héros de DELESTRON, n’hésite pas à frapper quand on manque de vigilance.

Photo(Crédit:Aly Coulibaly)
Crédit photo: Aly Coulibaly

Ce personnage imaginé au bon moment, traduit l’indéniable malaise de nos Etats qui maintiennent les pays, sous le joug d’une dépendance d’entreprise coloniale, et du faible écho des efforts d’ONG qui s’échinent à faire comprendre et adopter les plans d’énergies alternatives. Il faut libéraliser le secteur et promouvoir les énergies alternatives. Le futur pourrait en dépendre.


Top 10 des chiffres qui alarment en Centrafrique

Une situation humanitaire très alarmante, au bout du chaos, une l’insécurité grandissante, de graves violations de droits de l’homme,… sont autant d’expression que les médias utilisent ces derniers mois pour qualifier la situation qui prévaut en Centrafrique. Très peu donnent des chiffres afin de corroborer cette crise centrafricaine sans précédent. Dans ce billet, nous vous proposons quelques chiffres réunis en 10 points pour vous donner une idée de la souffrance que subis le peuple centrafricain depuis ces derniers mois.1-

1-Situation humanitaire

Selon l’organisation onusienne le Haut Commissariat des Réfugiés(HCR), plus de 206 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, et 50 000 réfugiées à l’extérieur. Ces refugiés à l’extérieur sont repartis dans les pays voisins tels que le Tchad, le Cameroun, la République démocratique du Congo et le Congo.

2-Indice de développement humain (IDH)

Selon les derniers chiffres de l’Indice de développement humain (IDH) publié chaque année par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), la RCA était classé 180e sur une liste de 186 pays en 2012.3-

3-Esperance de vie

Le pays affiche la deuxième espérance de vie la plus faible au monde : 49 ans ; en 2011 déjà, 30% de la population vivait dans l’insécurité alimentaire, et 16% des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition

4-Victimes des derniers événements

Presque toute la population soit environ 4,5 millions d’habitants de ce pays d’une superficie de 623 000 km² sont affectés par la dernière crise. Selon une enquête de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, plus de 400 personnes ont trouvé la mort pendant la crise. Seulement ce chiffre serait encore plus important compte tenu des cas de décès non-comptabilisés surtout les victimes se trouvant dans l’arrière pays.

5-Aide des organisations internationales et autres pays

L’ONU a promis une aide d’urgence de 7 millions d’euros en juin, et l’UE une rallonge de 8 millions en juillet (soit 20 millions d’euros en 2013). En attendant que ces sommes tombent, la situation ne fait que s’aggraver. Le Congo a accordé un prêt de 25 milliards de FCFA, 8 milliards ont déjà été débloqué, ce qui a servi a épongé deux mois d’arrières de salaires et autres dépensés de l’Etat.

6-Les éléments de la Seleka

La Seleka (coalition en langue sango) qui a débuté les hostilités le 12 décembre 2012 et s’emparant du pouvoir le 24 mars est une alliance de plusieurs mouvements de rébellion qui sévissaient depuis plusieurs années au nord et nord-est du pays. Ces éléments sont estimés à environ 25 000 hommes dont 20 000 devront être intégrés dans l’armée selon le nouvel homme fort de Bangui.

7-Le CNT et ses en-dessous

Emanant des recommandations de Ndjamena lors de la réunion des Chefs d’états de la CEEAC, le Conseil National de Transition a été mis en place avec initialement 105 conseillers qui ont pour mission de défendre et de parler au nom du peuple. Malgré que les caisses de l’état soient vides, Ndjamena II a revu à la hausse le nombre à 135 conseillers

8-La signification du fameux chiffre 10.

Même si en voyant de près, ce n’est pas une fatalité, les centrafricains ont commencé à mettre dans leur tête que chaque 10 ans, le pouvoir change de main. Après l’élection d’Ange Félix Patassé en 1993, le Général François Bozizé va le renverser le 15 mars 2003 par les armes. Qui tue par l’épée, mourra par l’épée, François Bozizé sera à son tour chassé du pouvoir par un civil, Michel Djotodia, chef de la coalition Seleka le 24 mars 2013. La prochaine décennie va nous renseigner pour si la tradition centrafricaine va se pérenniser.

9-De la FOMAC à la MISCA

De 1200 hommes de la Fomac, une résolution de l’union africaine a permis de convertir cette force en Misca(Mission de sécurisation de la Centrafrique) sous l’égide de l’Union africaine. Elle passera ainsi de 1200 hommes sur le terrain à 3600 selon la résolution. Même si le nombre des éléments de cette force est loin d’être suffisant, il faut noter que c’est une avancée considérable dans la stabilité du pays.

10. Université publique

Un(1), c’est le nombre d’université publique en Centrafrique. Créée il y a plusieurs année, l’université de Bangui reste unique dans ce pays en accueillant plus de 20 000 étudiants de nos jours.


Je suis président africain, je ne veux pas être jugé car c’est à moi de juger

Combien ils sont, on ne comptera pas assez. Ces présidents africains qui ne cessent de violenter leur peuple, un peuple qu’ils ont juré de défendre et de conduire à bon port. En Afrique, le titre de ce billet fait le buzz car les présidents africains se croient au dessus de la loi. Pourtant, les juristes aiment dire, « nul n’est censé ignoré la loi ». D’autres encore expliquent que, après la loi, c’est le mûr.

 

 Il suffit de faire un tour sur le site de la CPI, cette Cour Pénal Internationale que les dirigeants africains ont finalement decidé de renier car ils se sont rendus compte que la plupart des mandats sont lancés contre les africains. Cette opposition ou bien la mise en cause de cette prestigieuse cour qui a fait couler beaucoup d’encre lors d’un sommet de l’Union africaine tenue à Addis Abeba.

Dans mes folles réflexions, je me suis aussi posé la même question que nos dirigeants sur le véritable de ce tribunal que mes compatriotes connaissent très bien grâce à l’affaire Jean-Pierre Bemba. Cette question m’a parut dénué de sens vu les atrocités que nos dirigeants commettent chez eux. En Afrique, il est presque impossible pour un président d’avoir les mains tachées. Je me suis demandé si Macky Sall aura un casier vierge à sa sortie ! Quand on est président en Afrique, on doit VRIAMENT régner. Vous savez ce que veut dire régner chez nous, ben cela veut dire qu’il faut s’imposer, se faire respecter. Et pour faire asseoir son autorité, un dirigeant africain ne passera pas par mille chemins : on préfère faire mieux que les colons, on tue, on emprisonne arbitrairement, on accuse nos opposants ou détracteurs d’intelligencia à un coup d’état ou mieux encore d’auteur ou co-auteur d’une déstabilisation du pays. Les motifs ne manquent surtout pas. Tous les moyens sont permis pourvu qu’on arrive à faire taire définitivement si possible ces épines qui ne cessent de piquer.

Mais lors de mes réflexions, j’ai pu me faire une idée de la peur qui traverse souvent les dirigeants africains les amenant toujours à faire recours à l’ultime chemin, s’accrocher au pouvoir et ne pas le quitter d’une semelle. Les présidents en Afrique ne veulent pas abandonner le navire juste pour une raison simple : ils ont fait assez de mal au point d’avoir peur de l’avenir sans ce pouvoir qui devient au bout du temps, leur seule raison de vivre. Et, il faut être bête pour remettre le pouvoir alors qu’on signe notre mort par la même occasion. Toutes ces victimes, ces personnes qui ont été séquestrées, emprisonnées arbitrairement, torturées et qui ne sont pas morts attendent juste le moment opportun pour prendre leur révenge. Et surtout dans tout cela, c’est la CPI qui est la plus bénéfique : ouverture d’une enquête en vue de réunir les preuves pour une éventuelle poursuite judicaire contre X. Ce X représente souvent un dignitaire du pouvoir.

L’organisation judiciaire d’un pays autorise qu’une enquête soit ouverte à l’encontre d’un ancien président afin de découvrir d’éventuelles preuves dans sa culpabilité. Cette organisation combien acceptée par la constitution n’est mise en cause par un président que lorsque ce dernier n’est plus aux règnes. Il y voit pareille une arme qu’il tenait le déclencheur mais inversée dans sa situation actuelle où il se trouve pointé par l’arme. Il n’est pas interdit de se soumettre à cet exercice judicaire qui peut mettre en cause tout citoyen. D’ailleurs, si vous n’avez rien à vous reprocher, pourquoi ne pas vous soumettre ?

Donc ne vous trompez pas. Si Hissein Habré qui a bénéficié jusqu’à une date récente d’une liberté et ses avocats s’opposent à son incarcération, il a sans doute raison. D’ailleurs, vous devriez sans doute écouter l’ancien président centrafricain François Bozize qui, malgré sa triste prison de Bossembele, refuse de reconnaître les assassinats qui ont eu lieu dans cette partie de la RCA en balayant le mandat d’arrêt international lancé à son encontre. Ce dernier a raison aussi. Tous ces dictateurs africains qui aujourd’hui sèment la terreur chez eux, ne se gênent pas pour le moment malgré le forfait qu’ils commettent sur de paisibles citoyens. Tous ont raison à cause de ce principe africain : je suis président africain, je ne veux pas être jugé car c’est à moi de juger. Messieurs les présidents, prenez votre courage à deux mains et affrontez la justice de vos pays pour prouver votre innocence.


Le système éducatif africain et le mystère autour des examens de fin d’année

 Corruption, baisse de niveau, favoritisme, infrastructures inexistents, echec aux examens, autant de problèmes que le système educatif africain fait face sans vraiment réussir à les faire reduire voire disparaître. Dans ce billet collectif, qualque blogueurs ont collaboré en parlant de la situation de l’éducation dans leurs pays respectifs.

 

 Sinatou Saka, Bénin

 

 

Faible taux de réussite au Bac au Bénin: Causes et essais de solutions

 

« Les résultats du baccalauréat 2013 (32.35 pour cent d’admissibles) au Bénin sont depuis quelques jours, objet de controverses et de polémiques. Cependant le problème est plus profond et est dû à deux facteurs. Les échecs sont dus d’abord aux enseignants qui ont reconnu qu’en leur sein, il y en a qui n’ont pas le niveau requis ou les qualifications qu’il faut pour bien transmettre le savoir aux élèves. Outre cette raison, il y a le faible niveau des élèves qui pour la plupart, arrivent difficilement en terminale, pour certains, sans CEP ou BEPC. Il est donc important de consolider les savoirs des enseignants, d’adopter une politique de recrutement plus claire et d’installer dans les écoles des conseillers d’orientation pour guider et accompagner les élèves. »

 

Baba Mahamat, Centrafrique

 

L’éducation centrafricaine, une descente effrenée dans l’enfer

Avec seulement 6,9% d’admis soit 737 déclarés admis et 1.957 autorisés à subir les épreuves du second groupe sur 10.665 candidats ayant composé en juillet 2005, le mystère qui tourne autour de ce examen national en Centrafrique est loin d’être élucidé. Les résultats du baccalauréat 2005 proclamés ont été rendus publics à l`issue d`une délibération présidée par le ministre de l`Education nationale de l’époque, Timoléon Mbaïkoua. Depuis 2003, ces résultats qui ont souvent été controversés témoignent des tensions dus à des fraudes massives qui parfois, contraignent le ministère de l`Education nationale à annuler partiellement certaines épreuves pour divulgation de sujets et autres pratiques néfastes.  Au delà de tout soupçon, la question de la baisse du niveau en Centrafrique n’a pas été au cœur de la politique des différents gouvernements qui se sont succédé depuis plus de deux décennies.

Après les mutineries (1996 et 1997) qu’à connus le pays, la chute du niveau s’est faite de manière vertigineuse et elle est bien entretenue pour qu’elle soit irréversible car tout le monde trouve son compte. D’années en année, on assisté à un système bien que médiocre mais bien entretenue par tous les acteurs : ministère de l’éducation, parents d’élèves et d’étudiants, politiciens, élèves et étudiants. Et en cause, on se retrouve avec des enseignants très mal formés dans la plupart des cas, un manque de motivation total des enseignants à cause de conditions de travail exécrables, des arriérés de salaires et de frais de vacation incalculables, des parents de plus en intransigeants pour que leurs enfants passent en classe supérieure peu importe le chemin emprunté, des infrastructures presqu’inexistantes, la surpopulation dans les classes, manque de reformes.

Les autorités doivent savoir que « les coqs qui chantent étaient d’abord des œufs » (yombe). Avant qu’ils soient président, ministre, ou directeur, ils étaient passés par l’école et doivent impérativement réfléchir à des reformes dans le secteur éducatif pour offrir une bonne formation. Pour rompre avec ce système qui ne fait que creuser davantage le trou en abaissant le niveau éducatif, il faut absolument crever l’abcès car on ne peut pas faire une omelette sans casser les œufs. Le baccalauréat 2013 qui aura lieu selon les dernières informations le 20 août 2013 – à cause des troubles que traverse le pays – ne fera vraisemblablement pas l’exception : plus d’échecs et même la plupart des admis ne mériteraient pas et auront très peu de chance pour affronter les études universitaires, véritable baptême du feu pour tout lycée en Centrafrique. Wait and see.

 

Thierno Diallo, Guinée Conakry

 

En Guinée c’est ce mercredi 17 juillet 2013, après près de deux mois d’attente, que les candidats aux différents examens nationaux ont été fixés sur leur sort. Au vu des pourcentages, on constate à une légère amélioration par rapport aux années précédentes.

En effet, au CEP (connu généralement sous l’examen d’entrée en 7e Année) 64,03% de candidats ont réussi à obtenir leur admission pour le collège. Au BEPC – Brevet d’Etude du Premier Cycle – ils sont 43,21% à être déclarés admis. Enfin au baccalauréat unique, on a enregistré 34,69% de réussite dans toutes les options confondues.

Contrairement aux années antérieures, ce sont les Sciences Sociales qui ont connu le plus faible nombre d’admis, seul 10%. Une surprise qui n’est pas restée sans commentaires. Puisque cette option était jusqu’ici considérée par les élèves médiocres des Sciences Mathématiques et Sciences Expérimentales comme un chemin sûr qui ouvre la porte aux   institutions d’enseignement supérieur.

En quelques mots, lorsque les élèves échouent dans les autres options d’aucuns transhumensaient en sciences sociales qui leur offraient la possibilité d’accéder à l’université. Cela semble être sur le point d’être révolu. À signaler qu’un malheureux bachelier s’est suicidé quelques heures après la proclamation des résultats. Le défunt venait d’apprendre son échec en philosophie pour la quatrième session consécutive.

 

Josiane Kouagheu, Cameroun

 

-Le Bac et moi, un amour douce amer

Le baccalauréat au Cameroun, je le compare au fruit qui veut murir, mais qui ne murira jamais. Mon histoire avec lui est toute une histoire, comme celui du Camerounais lambda qui a traversé cette étape. Tout commence en terminale. Vous savez, là, on se croit vraiment le plus fort. On regarde de bas, les cadets des classes antérieures. Facile! On vient de traverser la classe de première, le tamis, le vrai pont. «J’ai mon probatoire hein ? », dis-tu orgueilleux au cadet. On débarque alors en terminale. Dernière corvée avant la liberté. On fait des cours avec des profs qui vous vantent à longueur de journée la vie estudiantine, l’après bac. Je pense qu’ils essaient plutôt de nous plonger dans leur rêve, le monde qu’ils auraient voulu construire. Pauvres profs! On travaille alors comme un forcené. Mais non que dis-je? On se force à travailler comme tel. Après neuf mois, on s’assoit pendant cinq jours et on « compose le baccalauréat ». Deux mois plus tard, on est admis. On crie à perdre la voix, la famille mange à satiété.

Mais pauvre bachelier(e), sais tu que vous êtes 50 739 à l’avoir eu en 2013? Vous étiez 91 195 candidats au départ ! 53,3% de taux de réussite. Pas mieux qu’en 2012. Heureux vous !  Sais-tu que tu fais peut-être partie de ceux et celles qui l’ont obtenu avec une moyenne de 8/20? Que sais-tu au fond? Que tu es un chômeur de plus, un bandit de plus, une prostituée de plus, un mendiant de plus…heu, un ingénieur de plus, un médecin de plus, un comptable de plus…? Mieux ! Je n’insulte pas notre cher bac et vous non plus! Que non, il me laisse aujourd’hui de marbre. Avoir ou pas, quelle différence au fond ? La majorité des admis se compte parmi les pauvres étudiants de demain ! A la fac, certains veulent partir, d’autres veulent entrer. Je veux passer un message à l’Office du baccalauréat du Cameroun : «donnez la réussite aux meilleurs. Revoyez avec les ministres (qu’ils sont nombreux dans le gouvernement de popaul) un nouveau modèle d’éducation. Répariez sur autre chose. Cessez de délibérer à 7, 8… En tant que bachelier, on n’aspire pas au chômage. On aspire à une vie meilleure».

Et moi qui ne connais même pas la vraie histoire de mon pays, où vais-je ? J’ai eu mon bac. Oui c’est bien, mais en étudiant l’histoire des autres. Pauvre Cameroun ! Pauvre de moi !


Concours Mondoblog 2013: saississez votre chance pour entrer dans la famille

Chers tous,

J’ai reçu plusieurs mails individuels sollicitant de ma part, quelques conseils pour le concours Mondoblog 2013 qui a été lancé depuis le 13 juillet dernier et dont la date limite d’inscription est prévue pour le 7 septembre 2013. A travers cet écrit, je voudrais apporter quelques conseils à ceux qui veulent postuler afin de partager cette aventure et mettre plus de chance de leur côté.

Tout d’abord, Mondoblog est un projet imaginé il y a trois ans par Philippe Couve et Cédric Kalonji. Il est aujourd’hui porté par l’équipe de l’Atelier des médias de RFI : Simon Decreuze, Raphaelle Constant, Pierrick de Morel et Ziad Maalouf.  Mondoblog a pour objet de contribuer au développement d’un contenu francophone de qualité sur Internet.

Le projet a commencé en 2011 avec la présélection d’une centaine de blogueurs issus de tous les pays du monde pour la première saison. A l’issue d’un encadrement de six mois, notamment à travers le mail, le téléphone et les tutoriels, une vingtaine de blogueurs ont été retenus pour une semaine de formation au journalisme et aux outils numériques. Une dizaine de participants a été conviée à Dakar en avril 2011 et la deuxième dizaine quelques temps après, à Yaoundé.

En juillet 2012, le concours de la deuxième saison a été lancé et 150 blogueurs ont été retenus lors de la présélection en mi-septembre 2012. Retenu lors de la saison 2, nous avons bénéficié d’un encadrement à distance d’une équipe très réactive et soucieuse de nos attentes malgré le fait que la famille a grandi et qu’il y a plus à faire pour cette équipe à travers les moyens susmentionnés. Cette formation consiste à mettre à la disposition des blogueurs des tutoriels pour l’édition des billets ou articles, la recherche d’informations , le respect de la charte Mondoblog,  la réutilisation de contenus libre d’utilisation selon les termes de contrat, …

En février 2013, nous avons été une cinquantaine, à être retenus dont 39 de la saison 2 sur les 150 au début et 13 autres blogueurs issus de la saison 1 ont été retenus pour suivre la formation à Dakar du 06 au 14 avril 2013. Les participants pour cette deuxième saison sont venus de 26 pays, trois continents avec une majorité d’étudiants et de journalistes.

Actuellement, la plateforme compte 231 contributeurs actifs, appelés des Mondoblogueuses et des Mondoblogueurs. Avec ce nouveau concours de la saison 3, la famille s’agrandira davantage et avec elle le partage sur des valeurs culturelles de plus en plus diversifiées.

Pour moi, Mondoblog est plus qu’un projet imaginé, c’est surtout une famille, des rencontres cordiales et le partage des personnes venus des quatre coins du monde avec notamment des cultures un peu différentes, des modes de vie, des réalités parfois identiques et ayant surtout une vision, faire le journaliste citoyen grâce à la langue française. Le blogging ne remplace aucunement le journalisme mais vient l’appuyer. Le blogueur est souvent celui qui vit une situation ou en est témoin, quelqu’un qui sait arriver aux lieux où souvent pour des problèmes techniques, le journaliste ne pourrait pas se rendre.  Il faut sans doute se dire que le blogging est l’avenir du web-journalisme.

En ce qui concerne le concours, le formulaire soumis doit être bien lus, et surtout bien renseigné. Dans ce formulaire, il sera question de répondre à un certain nombre de questions, de donner ses points de vue sur le blogging par exemple, quelle place occupe-t-elle dans le monde. Il sera évidemment question de cerner votre personnalité et d’en savoir un peu plus sur vous. On vous demandera un curriculum vitae mais le gros problème résidera sans doute dans l’article que vous devriez écrire. Un conseil, écrivez sur quelque chose de personnel, n’utilisez pas d’article déjà publié même partiellement, l’équipe Mondoblog très active, veille à ce que les contenus soient originaux et je crois que c’est l’une des taches les plus difficiles que réalisent tous les jours ces merveilleuses personnes parmi lesquelles figurent Raphaëlle Constant et Elliot Lepers.

Vous devez faire valoir votre propre imagination et soigner votre écriture pour être à la hauteur de l’attente de vos lecteurs. Ces derniers ont besoin de quelque chose d’originale, de parfois réelle même s’il faut parfois, y mettre un peu de piment pour assaisonner la sauce. Mon  secret consister à raconter de manière objective ce qui m’entoure en me mettant en cause, réaliser des analyses et des enquêtes avec à la clé, le respect de la charte de Mondoblog, avoir à l’esprit que je n’écris pas pour moi-même mais pour mon lecteur, respecter mon lecteur quel qu’il soit. Ma vision, faire de mon blog une vitrine pour la prise de conscience de mes compatriotes en particulier et en général des Africains et du monde entier.  Une vision que j’aimerais partager avec vous.

Pour postuler maintenant, cliquer ici.

Bonne chance à vous et que les meilleurs gagnent!


Concerts de casseroles, cette autre manière pacifique de protester en Centrafrique

Lorsqu’un peuple a en marre, il trouve toujours une manière telle qu’elle soit de le manifester. Dans un pays où les actes de barbaries ne font que se multiplier, les pillages n’ont jamais cessé et les exécutions sommaires ainsi que les viols ont atteints un niveau record, la population a trouvé sa manière de manifester son mécontentement face à la situation chaotique qui prévaut en Centrafrique. Dans une situation où manifester semble suicidaire, les habitants de Bangui, la capitale centrafricaine s’est levée comme une seule personne en décrétant les concerts de casseroles qui ont véritablement commencé le dimanche 30 juin.

 

Photo(crédit:Facebook)
Photo(credit:Facebook)

Lorsque les dirigeants oublient ou ignorent que gouverner implique la résolution des problèmes d’ordre social, politique et sécuritaire, les centrafricains ont trouvé leur façon de montrer aux responsables gouvernementaux que la situation a atteint un seuil inimaginable et qu’ils n’en peuvent plus. Les concerts de casseroles ne sont pas une expression nouvelle dans le dictionnaire des centrafricains qui l’a pratiquée dans le passé. Je me souviens encore comme si c’était hier, malgré mon jeune âge aux temps de l’ancien Président Ange-Félix Patassé où Bangui a sombré pendant des jours dans le concert des casseroles. A l’époque, la principale raison semblait être les arriérés des salaires des fonctionnaires occasionnant la famine dans les foyers, étant donné que l’Etat reste le premier employeur dans ce pays. Les couvercles des marmites des ménages ont joué un rôle très important dans cette nouvelle révolution pour qui, la population en a fait une arme redoutable contre les dérives du pouvoir. On pourrait dire que, même si ces concerts n’ont pas été la cause immédiate de l’éviction d’Ange-Félix Patassé du pouvoir, ils ont été un signe vent-coureur d’un pouvoir qui vacillait.

Débuté avec la prise des armes par les éléments de Seleka début décembre 2012, les exactions, viols, actes de vandalisme, profanation des symboles de l’église, exécutions sommaires, spoliation  des biens de personnes et autres, ont atteint un niveau inégalable avec la prise du pouvoir le 24 mars 2013. La situation connaitra un virage sans précédent à travers la fameuse opération de désarmement orchestrée entre le 14 et 15 avril 2013 par un contingent  conséquent d’éléments de la Seleka au quartier Boy Rabe, opération lors de laquelle de nombreuses maisons ont été pillées, plus d’une trentaine de personnes ont trouvé la mort ainsi qu’un nombre incalculable de blessés par balle. Le pic sera atteint lorsque, lors d’une manifestation de la population contre l’enlèvement et l’assassinat d’un jeune étudiant de l’Ecole Normale d’administration et de la magistrature le vendredi 28 juin, des éléments de la Seleka ont tiré à balle réelle sur la foule faisant plusieurs victimes.

Face à cet état des choses, les habitants de Bangui qui avaient déjà nourri le désir d’une manifestation à la casserole a décidé de passer à la vitesse supérieure. Ce dimanche 30 juin, la soirée a été marquée par ces concerts de casseroles, un mouvement qui promet continuer jusqu’en fin de la semaine selon de nombreuses sources. Le concert de casseroles consiste à utiliser des marmites en faisant un maximum de bruit, une action qui est relayée par les voisins, ainsi de suite. Il s’applique souvent à la tombée de la nuit et s’arrête le plus souvent tard dans la nuit.

Si les raisons de cette action tournent autour de l’insécurité grandissante qui sévit dans tout le pays, certains en ont profité pour dénoncer le non-paiement des salaires depuis trois mois par les nouvelles autorités occasionnant la famine dans de nombreux foyers comme l’a souligné le réseau des journalistes de Droits de l’homme en Centrafrique dans son reportage. D’autres encore pensent que ce mouvement permettra d’alerter l’opinion internationale de l’ampleur de la situation qui a pris une autre tournure.

Dans ce soulèvement populaire, les réseaux sociaux ainsi que les réseaux téléphoniques ont joué un rôle de premier plan dans la communication. Car les amis et connaissances s’informent à travers facebook, sms et messages pour que le mouvement soit suivi par la majorité des Banguissois.

Les centrafricains sont habitués à fermer l’œil sur leur souffrance mais cet événement prouve combien le mécontentement s’est généralisé contre les éléments de la Seleka qui se livrent à des actes barbares. Les nouvelles autorités sont priées de prendre en compte les revendications légitimes du peuple pour ne pas se faire rejeter par celui-ci. Le pouvoir sans peuple n’est pas le pouvoir car ce sont les aspirations profondes du peuple qui doivent être prises en compte dans un système où la démocratie, la liberté d’expression et de manifester, de dénoncer semblent être un droit absolu et reconnu sur le plan international.

Vivement que ces concerts de casseroles réussissent.


Lettre ouverte aux hommes politiques centrafricains

C’est avec beaucoup de tristesse que je saisis cette opportunité pour vous adresser cette lettre ouverte qui j’espère, vous motivera à sortir de votre mutisme constaté depuis les événements du 24 mars 2013, ayant occasionné le départ de François Bozizé du pouvoir et l’installation de Michel Djotodia comme président de Transition. Loin de moi, l’idée de vous manquer de respect, au contraire, beaucoup d’entre vous m’ont remarqué dans le passé dans certaines actions qu’ils ont accomplies. Mais cet écrit tient lieu d’un constat amer que je fais mien et de ma contribution, des idées dont certains Centrafricains épouseraient sans doute. Je ne suis pas un homme politique mais je suis un centrafricain patriote qui a vécu les événements et ayant perdu des personnes qui m’étaient très chères à l’exemple de DJIME Yabongo Fleury.

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Dans tous les pays du monde, au nom des principes de la démocratie, l’animation de la vie d’une nation se fait à travers des entités reconnues par l’Etat et dont leurs rôles concordent pour asseoir la paix, le développement et la cohésion sociale. Ces entités dont figurent la majorité présidentielle, l’opposition politique, la société civile et les forces religieuses s’accordent ensemble, grâce à leur indépendance pour apporter une valeur ajoutée aux valeurs humaines et à la sauvegarde de la démocratie. Le dernier dialogue politique salué de tous et soutenu par toutes les institutions nationales qu’internationales a été une réussite à cause de son inclusion de tous les acteurs susmentionnés. Après l’échec de sa mise en application notamment par les deux principaux acteurs qui étaient d’ailleurs des belligérants – la majorité présidentielle et la Seleka – le rôle de l’opposition politique devrait être plus déterminant qu’à jamais afin de sortir de l’impasse que traversait notre pays depuis quelques temps.

Cependant à en croire, la classe politique a faillé dans sa mission de contribuer à la recherche de solutions idoines pour écourter la souffrance d’un peuple, celui du peuple centrafricain qui ne vit qu’au jour le jour, ne sachant pas si une balle perdue, un groupe de bandits, un élément ayant un esprit démoniaque appuient  sur la gâchette. Depuis plus de trois mois, si ce n’est pas pour critiquer la constitution du gouvernement de par sa représentativité, très peu d’entre vous parlent du quotidien des centrafricains, des victimes qui se comptent par milliers, des femmes et filles violées qui ont perdu la raison de vivre à cause de leur dignité bafouée, des enfants qui ne savent plus si leur avenir est encore assurée à cause des écoles qui sont fermées, des parents qui ne cessent de prier pour trouver juste de quoi nourrir leurs enfants, de tous les jeunes qui vivent impuissants en se demandant si demain sera mieux qu’aujourd’hui, de tous ces vieux qui, à défaut de recevoir une balle, craquent de différentes maladies dont la crise cardiaque. Le rôle que vous devriez jouer notamment en dénonçant les actes perpétrés sur la population et en les condamnant fermement afin de contraindre les autorités à garantir ne fut-ce que la sécurité et la dignité de la personne humaine n’a plus son sens. La plupart d’entre vous ont préféré s’occuper de la représentativité de leurs partis au sein du gouvernement, un eldorado dont la majorité des partis trouvent le moment opportun à l’exception d’une minorité. Certains ministres de l’opposition politiques ont intervenu il y a quelques temps pour sonner l’alarme à cause des menaces qu’ils ont subies, notamment à travers la confiscation de leurs véhicules de commandement par des bandes armées ou/et  ayant été victime d’actes de pillage. N’eut été ces événements, tout porte à croire que vous avez perdu votre langue pour des raisons que le peuple ignore. Où est partie cette opposition qui dénonçait les dérives du pouvoir au temps de François Bozizé ? Pourquoi cette résignation de votre part?

Il n’est pas encore tard de faire marche en arrière et de reprendre les choses en main. Aujourd’hui, notre pays, le peuple dont vous avez fait vœux pieux de défendre à travers vos partis politiques connait une situation sans précédent. En preuve, il n’existe dans aucun pays monde où les ministres se font braquer leur voiture de commandement, où la population se cache pendant des semaines dans la forêt pour éviter une razzia sans précédent, où chaque famille doit pleurer quotidiennement pour un membre qu’elle a perdu, où la vie est un mot exclu du dictionnaire et de langue des centrafricains? Même en Irak ou en Afghanistan, la situation ne peut aller jusqu’à ce point. Je m’attendais à voir certains ministres démissionner pour prouver leur soutien au peuple qui ne sait à quel sait se vouer, mais sans surprise ils ont décidé de continuer de profiter des privilèges afférentes à leur poste. Je me suis toujours dit que, lorsqu’on n’est pas d’accord, on doit dire non. Un non qui doit montrer à quel point vous compatissez avec le peuple. Toujours est-il qu’il faut que vous soyez en Centrafrique et que vous viviez la situation comme le peule pour mesurer l’ampleur de la situation. Puisque la plus part d’entre vous a choisi délibérément de vivre de manière voilée ou à l’étranger pour éviter l’atteinte de votre vie. Vous devriez savoir que même en politique, les sacrifices sont utiles lorsqu’on a une conviction et qu’on veut apposer une tache indélébile en choisissant ce qui est bien pour le peuple. L’ancien président Burkinabé Thomas Sankara a été tué par son ami et presque frère. Malgré des informations qu’il disposait faisant foi qu’il serait tué, il a accepté de se sacrifier pour montrer combien il fallait rester fidèle aux principes qu’on a épousé, aux agencements qu’on a fait nôtre. On assiste simplement à un abandon de votre part.

Je tiens à encourager par contre tous ceux qui ne cessent de dénoncer en critiquant ce qui se passe chez nous, en appelant à une mobilisation pour aider à rétablir la sécurité et la dignité humaine. Qu’ils savent que, aussi difficile que soit la tâche, le peuple ne les oublierai jamais, l’histoire retiendra leur courage et leur loyauté auprès du peuple tout entier. Même si certains observateurs qualifient de d’un peu tard, les interventions de certains d’entre vous comme Marie-Réine HASSEN et Martin Ziguele, président du MLPC ont reçu un écho favorable auprès de la population.

La parole d’honneur que vous avez donné au peuple lors de vos parcours politiques doit être respectée et tenue. Vous avez entre vos mains une lourde responsabilité dont vous avez le choix, soit de l’accomplir soit de la trahir. Vous avez devant vous, une mission à accomplir et les yeux du monde entier sont braqués sur vous. Les larmes des centrafricains attendent d’être essuyés et pour ce, il faudrait que vous prenez vos responsabilité en main et que vous jouez pleinement votre rôle de premier plan car la solution à cette crise doit être d’abord politique et c’est là où vous devriez jouer votre partition. Vous devriez commencer à être unis afin de mieux porter votre voix pour qu’elle soit entendue. L’avenir nous dira davantage.

Très désespérément


Crise centrafricaine : le silence complice de la communauté musulmane

Il y a plus de trois mois déjà que le pouvoir de Bangui a changé de chef. Le nouvel homme fort de Bangui, Michel Djotodia de père musulman et de mère chrétienne comme il l’a dit à maintes reprises dans ses interventions ne parvient toujours pas à maitriser la situation. Sa rébellion Seleka qui l’a amené au pouvoir, constituée majoritairement de musulmans et de mercenaires Soudanais et Tchadiens constitue la cause principale de l’insécurité dans toutes les régions qu’elle contrôle. Les chefs de la Seleka ne parviennent plus -ou ne veulent plus- à contenir leurs hommes qui sont assimilés aux bandits de grands chemins. Des voix se sont levées pour dénoncer cet état des choses qui discréditent purement et simplement la Seleka mettant en doute les véritables raisons de la prise du pouvoir. L’insécurité a atteint un niveau record et les centrafricains commencent à regretter ce changement d’un peuple agonissant. Mais, qu’en est-il de la communauté musulmane, quel rôle doit-elle jouer pour faire ramener à la raison ces bandits que leurs leaders appellent des « incontrôlés », pourquoi ce mutisme des musulmans malgré la souffrance subie par leurs frères ?

Des musulmans centrafricains à Bangui(Photo crédit: Centrafrique-presse)
Des musulmans centrafricains à Bangui(Photo crédit: Centrafrique-presse)

L’envoi de certains chefs rebelles en arrière pays, une mauvaise idée

Depuis le début de la crise, la population centrafricaine s’est contentée de subir toutes les atrocités commises par la Seleka et autres groupes affiliés. La prise de pouvoir qui avait pour but écourter voire d’arrêter la souffrance quotidienne que subie les centrafricains à l’exemple de l’insécurité grandissante à l’époque où François Bozize était aux reines du pouvoir s’est transformé en véritable chaos. Le peuple centrafricain agonissant a été précipitée au coma. Malgré la résistance de quelques groupes de quartiers, une violence sans précédant s’est installée dans toutes les seize(16) préfectures de la Centrafrique. Des chefs rebelles dans la plus part des musulmans ont été envoyés dans les grandes villes par le ministre d’Etat à la Sécurité publique afin de sécuriser. Une mission qui, si souvent se transforme en actes de pillage, de vandalisme, d’exécutions sommaires, … Ces chefs rebelles devront plutôt être remplacés par les FACA mais, ce, après le désarmement des éléments de la Seleka.

 Ces Seleka musulmans qui échappent à toute autorité de leurs chefs

Des voix se sont levées pour condamner ces actes barbares qui n’honorent pas les centrafricains épris de paix et de quiétude qui se voient enfoncés davantage dans un trou déjà extrêmement béant. Parmi ces voix, se trouve la communauté épistolaire à travers les prêtres des églises catholiques qui ont payé la lourde tribu. Le mutisme de l’opposition politique n’est plus à en parler. Cependant, la communauté musulmane a été pointée de doigt pour son rôle dans cette descente aux enfers. Cette dernière est indexée pour son rôle de facilitateur de la situation actuelle à cause de son appui à la dégradation de la situation et son mutisme. Pas de déclarations sincères et sévères condamnant les actes de barbarie perpétrés par les Seleka. En plus de ces étrangers musulmans venus des pays voisins notamment le Tchad et le Souda, il y a ces jeunes musulmans qui se sont faits enrôlés et qui échappent complément au contrôle de leurs chefs hiérarchiques ou leur recruteur. On constate parfois toute une famille qui s’est enrôlée et qui ne fait que sa loi dans sa zone de juridiction. Ces braquages qui se font compter par milliers sont très fréquemment le fait de ces Seleka musulmans, témoignent les victimes, parlant que l’arabe.

Le silence inexplicable des chefs religieux islamiques

Mais en tant que chefs de la communauté musulmane, quel est le rôle que doivent jouer ces personnes qui sont très écoutés à cause de leur pouvoir religieux ? Pourquoi ne pas dénoncer ouvertement et publiquement cette tragédie qui est loin de finir ? Ces chefs religieux ont-ils peur des représailles ?  Ce qui est sûr, dans mon quartier, personnes ne s’occupe de cette situation au contraire, on y voit que des complices, ces musulmans sympathisants qui passent le claire de leur temps à encourager les éléments dans leur sale besogne. J’ai été surpris quand lors d’une prière le vendredi, je m’attendais à ce que les conseils soient prodigués aux fidèles pour leur implication aux actes contraires à l’éthique de l’Islam. Tout s’est passé comme si on vit dans une situation normale.

Des actes souvent causés par les éléments de la Seleka avec des complices musulmans

Au Kilomètre 5 par exemple, malheur a quiconque veut avoir de problème à un musulman. Il payera le prix par les menaces pour le chanceux,  la torture ou une exécution pure et simple. Au quartier Combattant, à la sortie de l’aéroport Bangui M’poko, un jeune mécanicien avait été égorgé simplement à cause de 5 000 FCFA. Ces bourreaux, des éléments de Seleka l’ont passé à tabac avant de l’emporter pour une destination inconnue. Ses parents recevront un appel de ses ravisseurs à la tombée de la nuit, leur demandant  de payer une rançon de 10 000 FCFA, le double de leur dû pour éviter qu’il soit tué. Il sera malheureusement retrouvé à la morgue de l’hôpital communautaire le lendemain. La conséquence de ces actes est sans équivoque : une haine sans merci entre les centrafricains à obédience musulmane et les autres communautés qui jusqu’à là vivaient en parfaite harmonie. Un contingent des éléments de la Seleka accompagnés des Mbarara, ces peules qui traversent la frontière centrafricain-tchadienne pour liquider leur bataille ont pris d’assaut une localité vers Batangafo, une ville situé au nord de la RCA. Ils ont tiré à bout portant et les victimes se sont compter par milliers encore.

Malgré tout ce que la population a subi, la communauté musulmane ne s’est jamais gêné de s’organiser sur le plan humanitaire pour venir en aide aux victimes. Pas un sous, ni du matériel pour venir aux secours de ces centrafricains qui sont obligés de se cacher dans la brousse afin d’être épargné. On le voit bien, la communauté chrétienne notamment à travers Caritas et les autres ONG s’organisent pour apporter des vivres, des matériels de survie, des médicaments et autres quittes aux nombreuses victimes. Qu’attendons-nous ? Est-ce le moyen qui manque ?

L’Islam est une religion de tolérance et de pardon, pas de barbarie 

A travers des discussions que j’ai eu avec quelques autres compatriotes musulmans comme moi, j’ai essayé de les faire comprendre que tous ces actes nous amèneront sans aucun doute à des conséquences néfastes dont j’ignore pour l’instant l’étendu.  Mes raisonnement s se basent sur le fait que la religion musulmane est tolérante et même si, d’aucuns disent que les musulmans ont soufferts dans les précédents régimes, ce n’est pas une raison pour autant de faire subir l’invivable à son peule, ses frères. Il n’est nullement dit dans l’islam qu’il faut tuer son prochain, ni le faire subir des actes de barbarie. Les chefs religieux doivent s’approprier ces chapitres du Coran et les inculquer aux fidèles. Il faut qu’ils disent que ces responsables des actes horribles ne sont pas de véritables musulmans car un musulman digne de ce nom, croyant et pratiquant ne devrait pas s’adonner à de telles pratiques, contraires à l’esprit même de l’Islam.