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Margaret River, Mecque du surf de la côte ouest

La nuit passée, dans un lit confortable, a été des plus réparatrice. J’ai dormi comme un bébé, ce qui ne m’était pas arrivé depuis très longtemps. Après une bonne douche chaude, je rejoins Jade et Guillherme dans le salon, prêt pour une promenade dans les alentours de Margaret River.

Un détour à la casse

Avant d’entamer les visites touristiques, nous faisons un léger crochet par la casse de la ville. La veille, Guillherme m’a fait remarquer que les pneus de ma voiture étaient totalement lisses et donc dangereux en cas de pluie. Le risque d’aquaplaning étant très élevé en roulant dans cet état, il me propose d’aller chercher des roues d’occasion à la casse du coin dont il connaît la réputation. Profane en mécanique, j’ai toujours peur de me faire avoir, de payer trop cher pour un service médiocre. D’autant plus que j’ai déjà utilisé une partie de mon budget voyage pour changer la batterie à Port Macquarie.

Devant la casse, un mécano, d’un âge très avancé, prend les références des roues de ma voiture ainsi que de celles de Guillherme (qui a également besoin de les changer). Ayant les mêmes types de pneus, nous cherchons ensemble, dans un capharnaüm sans nom, ces trésors cachés. Malheureusement, nous en trouvons seulement deux. D’un commun accord, je laisse ces derniers à Guillherme qui avait eu l’idée de venir ici.

Les réparations faites, je repars bredouille, devant reporter cette opération afin de continuer en toute sécurité mon road trip. Si Jade termine son voyage à Perth, pour ma part, j’ai encore des centaines de kilomètres à faire si je veux rejoindre Darwin, situé complètement au nord de l’Australie.

Un brunch dans un café du coin

Nos ventres criant famine, nous décidons, à l’unanimité, de partir prendre un brunch dans un petit café, connu avant tout par les locaux. Le Margaret River Bakery est un coffee shop assez atypique en termes de décoration. Les murs extérieurs sont décorés par des assiettes que l’on pourrait retrouver chez nos grands-parents. Puis, arrivé à l’intérieur, j’ai l’impression de me retrouver dans un appartement plus qu’un café. Une ambiance chaleureuse avec des tables, chaises et fauteuils dépareillés, des plantes disséminées sur une terrasse en bois… Tout ceci créé un environnement apaisant, une sorte de cocon où l’on a envie d’y rester pendant des heures !

Bakery Margaret River
Bienvenue au Margaret River Bakery. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous passons commande devant une magnifique vitrine où sont exposés des sandwichs gourmands et de superbes pâtisseries que l’on a envie de goûter sans plus attendre. Puis, nous partons nous installer en terrasse, essayant de trouver une table libre, ce qui n’est pas une mince affaire compte tenu du monde présent.

Une fois assis, nous n’attendons pas très longtemps avant que nos plats n’arrivent. Même s’il n’y a rien d’exceptionnel, les sandwichs et boissons sont parfaitement exécutés, ce qui ravit nos papilles.

Brunch Margaret River Bakery
Un délicieux brunch à Margaret River. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Surfers Point

Rassasiés, nous partons rejoindre Surfers Point, une plage incontournable lorsque l’on visite la région. Il s’agit d’un des spots de surf les plus réputés d’Australie. Chaque année, se tient le Margaret River Pro, l’une des compétitions de surfeurs professionnels les plus importantes au monde.

Nous arrivons sur une plage totalement déserte où seules les traces de pas sur le sable prouvent la présence d’êtres humains dans les parages. Aucun surfeur à l’eau ce qui n’est pas très étonnant compte tenu des conditions météorologiques. Les vagues puissantes se cassent n’importe où et n’importe comment. Il serait totalement inconscient de tenter sa chance et prendre le risque de mourir noyé.

Surfers Point
La plage de Surfers Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Arc-en-ciel ciel voilé
Un bel arc-en-ciel sous un ciel voilé. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Océan violent Surfers Point
L’océan est plutôt violent aujourd’hui. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous nous contentons de marcher sur le sable pour profiter de la vue malgré le froid ambiant. En effet, on ne peut pas dire qu’il fasse très chaud aujourd’hui. Le vent, l’air frais marin et les nuages gris cachant les rayons du soleil, nous obligent à nous couvrir chaudement si nous ne voulons pas tomber malade. Nous prenons un grand nombre de photos pour immortaliser ce moment exceptionnel : sur les rochers, avec, en arrière plan, l’océan déchaîné, à côté de la statue d’une femme tenant dans ses bras un poisson (me semble-t-il) ou encore sur les hauteurs pour avoir une vue panoramique.

Statue Surfers Point art
L’art en milieu naturel. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Réflexion Surfers Point
Réflexion en face des vagues déchaînées de Surfers Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En prenant les escaliers, menant à une autre partie de Surfers Point, je remarque des inscriptions placées sur chacune des marches. En observant de plus près, je m’aperçois que, sur des plaques métalliques, sont gravés les noms des vainqueurs du Margaret River Pro avec l’année de leur victoire. Curieux de savoir qui a remporté le tournoi lors de mon année de naissance en 1987, je me mets à la recherche de mon champion. Il s’agit de Tom Carroll, un australien, né en 1961, premier surfeur millionnaire grâce à un gros contrat signé avec Quiksilver, plutôt pas mal 🙂

Surf Champions Surfers Point
Le nom des champions de surf à jamais gravé à Surfers Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Retour à la maison et soirée à Dunsborough

Le temps tournant à l’orage, nous retournons en centre-ville pour déjeuner dans un restaurant asiatique avant de retourner chez Guillherme. La pluie forte et intense nous décourage de ressortir. Nous préférons nous caler devant la télévision et regarder une série plutôt que de se tremper dehors.

Dans l’après-midi, bien au chaud sous une couverture, Jade organise notre soirée avec deux de ses amies habitant dans une ville non loin de Margaret River. Nous partons à la nuit tombée, c’est-à-dire vers 18 heures, pour rejoindre Dunsborough, situé à trois quart d’heures au nord de notre position. Le trajet n’est pas très rassurant et même digne d’un film d’horreur. Sur une petite route au milieu d’une forêt dense, qui ne m’inspire rien de bon, nous ne croisons quasiment personne. En plus, nous devons faire attention à la faune environnante, avec des kangourous qui n’hésitent pas à se jeter sous les roues des voitures.

Heureusement, nous arrivons sans encombre à Dunsborough où nous rejoignons les amies de Jade, de nationalité brésilienne, dans l’un des seuls pubs encore ouvert à cette heure-ci. N’étant pas dans de grandes villes comme Sydney ou Melbourne, les commerces ferment relativement tôt dès que le soleil se couche. Malgré le froid, nous passons une très bonne soirée où chacun raconte un peu son histoire et ses projets. Bien évidemment, comme beaucoup d’étrangers, le seul but est de rester en Australie par tous les moyens et de manière permanente, ce qui est très compliqué. Encore pire que la France, le Brésil souffre non seulement d’une crise économique importante mais aussi de la violence des gangs, du trafic de drogue ou encore de la corruption des politiciens, poussant leurs habitants à tenter leur chance dans d’autres pays.

Après cette discussion très intéressante, nous quittons Dunsborough aux alentours de minuit pour rejoindre Margaret River. Demain, nous entamons notre dernier trajet pour arriver à Perth, la destination finale de Jade, avant qu’elle ne reparte pour la France et dise adieu à ce pays merveilleux qu’est l’Australie.


Visite éclair à Albany, direction Margaret River

Ce matin, je me réveille plutôt serein et surtout soulagé par la décision prise, la veille, suite à une énième dispute avec Patricia. Puisque la cohabitation est devenue impossible, il est désormais temps de nous séparer afin de terminer ce road trip de la meilleure manière possible.

Au revoir et bon vent

Nous amenons Patricia à la gare routière d’Albany (la plus proche de notre position). Le trajet en voiture se fait dans un silence assourdissant qui met tout le monde mal à l’aise. Heureusement, il nous faut seulement une demi-heure pour arriver à destination où nous avons une agréable surprise. La station de bus est située à proximité d’un centre d’information touristique et surtout de douches publiques en accès libre.

Nous en profitons pour faire un brin de toilette avant de s’atteler à la réorganisation du coffre de la voiture. Nous laissons Patricia ranger et prendre ses affaires, sans la presser. Cette dernière semble embêtée car elle ne peut pas tout emporter avec elle. Sans compter son énorme sac de randonnée, elle dispose d’un carton entier de produits de beauté ainsi que de la tente et du matelas, donnés par son copain de la Gold Coast. Croyant que cela nous handicaperait pour la fin de notre voyage, Patricia décide de jeter dans la benne à ordures le matelas ainsi que d’autres affaires de camping au lieu de les laisser. Si nous n’étions que tous les deux, je comprendrais son geste mais faire ça à Jade, j’ai un peu plus de mal. Désormais, connaissant son vrai visage, je ne suis pas étonné de son comportement mesquin, digne d’un enfant de cinq ans. Malheureusement pour elle, la voiture étant déchargée quasiment à moitié, nous avons la place de dormir à deux à l’arrière. Plus besoin de la tente ni d’un matelas une place pour passer la nuit dans un camping.

Enfin, le bus en direction de Perth arrive. Sans un seul mot d’adieu, Patricia quitte notre groupe avec un goût amer dans la bouche, au vu de son visage, cachant une certaine nervosité. Je pense qu’elle ne s’attendait pas à ce que je prenne une telle décision, croyant qu’il ne s’agissait que de paroles en l’air. Seulement voilà, ma patience a ses limites, à ne pas franchir.

Vue panoramique sur Albany

La côte Ouest m’étant totalement étrangère, je propose à Jade de demander conseil au centre d’information pour connaître les lieux incontournables à visiter à Albany. La dame à l’accueil nous tend une carte des alentours en entourant tout ce qu’il est possible de voir en une journée. Le vol de Jade, en partance de l’aéroport de Perth, ne nous laisse plus beaucoup de marge de manœuvre pour rester plusieurs jours au même endroit.

Après avoir écouté avec attention les conseils du centre d’information, nous partons sans plus attendre vers notre première étape à savoir le Mount Clarence où nous pourrons profiter d’une vue panoramique sur Albany et ses plages. Effectivement, nous ne sommes pas déçus par le paysage qui s’offre à nos yeux. La ville s’étend tout autour du Mount Clarence et longe la côte, offrant des kilomètres de plage.

Mount Clarence Albany
Vue sur la ville d’Albany depuis le Mount Clarence. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Middleton Beach Mount Clarence
La plage de Middleton Beach depuis les hauteurs du Mount Clarence. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Au sommet de cette montagne, trône une grande statue : un cavalier, à la gloire des troupes australiennes et néo-zélandaises, ayant combattu durant la Première Guerre Mondiale. J’ai l’impression qu’Albany tient à honorer la mémoire de ces soldats et de l’ANZAC Day (Australian and New Zealand Army Corps), jour férié, célébré chaque année le 25 avril. Outre cette statue, vous trouverez également plusieurs musées de la guerre (que nous n’aurons pas l’occasion de visiter par manque de temps).

Cavalier Anzac Day
La statue du cavalier de l’ANZAC Day. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les plages d’Albany

Nous redescendons le Mount Clarence pour nous rendre à Middleton Beach (nom n’ayant rien à voir avec la duchesse de Cambridge – un peu d’humour ne fait pas de mal). Nous profitons d’un temps ensoleillé pour nous balader au bord de l’eau. Ce cadre idyllique avec une eau bleu turquoise serait parfait pour bronzer sur une serviette, si seulement, il n’y avait pas autant d’algues s’échouant sur la plage.

Albany océan
La côte d’Albany. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Algues Middleton Beach
La plage de Middleton Beach et ses algues. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Je suis un peu frustré de ne pas faire ce road trip en été. Voir autant de plages avec une eau cristalline, sans se baigner, c’est un peu comme aller à Burger King pour commander une salade accompagnée d’une eau minérale… Bien évidemment, je peux toujours faire quelques brasses sauf que mon corps m’en empêche, craignant le choc thermique ainsi que la fraîcheur de l’air.

Middleton Beach, visitée en long, en large et en travers, nous quittons ce bel endroit pour Frenchman Bay, une toute petite plage au sud d’Albany. Là encore, le sable est recouvert d’algues, ce qui ne donne pas forcément envie de s’y attarder alors que cet endroit a un charme fou.

Plage Fisherman Bay Albany
La petite plage de Fisherman Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Algues Fisherman Bay
Les algues ont envahi Fisherman Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous terminons notre visite par une promenade à Albany Wind Farm que je recommande à tout le monde. Une passerelle en bois vous permet de longer plusieurs kilomètres de falaises afin de contempler l’océan et ses vagues gorgées d’écume. Caractéristique surprenante, plusieurs éoliennes ont été installées le long de la côte pour profiter de l’énergie du vent qui souffle en rafale.

Falaises Albany Wind Farm
Promenade le long des falaises d’Albany Wind Farm. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Éoliennes Albany Wind Farm
Les éoliennes d’Albany Wind Farm. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En route pour Margaret River

En milieu d’après-midi, nous voilà fin prêt à reprendre le volant pour environ quatre heures de route. Destination, Margaret River, petit village de renommée internationale. Pour les fans de surf, Margaret River est connu pour accueillir l’une des compétitions annuelles les plus importantes au monde où l’élite des surfeurs s’affronte ardemment. Il s’agit également de la dernière étape de notre road trip avant Perth.

Connaissant bien la région, Jade fait la liste des principaux sites touristiques à voir. Elle contacte également un de ses amis, Guillherme, un brésilien habitant là-bas. Elle lui demande s’il peut nous héberger pour deux voire trois nuits afin d’éviter de dormir dans un camping, assez éloigné de la ville. Très gentiment, il accepte, ce qui nous enlève une large épine du pied.

En début de soirée, nous arrivons à Margaret River. Pendant que nous attendons Guillherme, finissant bientôt sa journée de travail, nous buvons un verre au Settlers Tavern (ou « The Tav » pour les habitués), LE bar de la ville, situé dans la rue principale, où se côtoient surfeurs et habitants. L’ambiance pub est très conviviale et chaleureuse (un peu normal car tout le monde a l’air de se connaître).

Enfin arrivé, Guillherme nous propose d’aller directement chez lui. Épuisés, nous acceptons volontiers la proposition. Dans un quartier résidentiel, le backpacker brésilien vit dans une grande maison, appartenant à son employeur, un fermier du coin. Nous faisons le tour du propriétaire où j’ai la surprise d’avoir une chambre avec un grand lit et une salle de bain ! À la découverte de ce « palace », je suis tout ému car je n’ai pas dormi dans un vrai lit, avec ma propre chambre depuis très longtemps.

Lit Margaret River
Fini la tente ou la voiture, enfin un vrai lit ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Douche Margaret River
Une douche rien que pour moi. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce moment de joie intense terminé, nous discutons un peu avec Guillherme qui sera notre guide pour la journée de demain. Très rapidement, je prends congé afin de profiter d’une douche bien chaude pour détendre mon corps fatigué. Propre et relaxé, je m’emmitoufle sous une couche de draps et couettes avant de m’endormir en quelques secondes.


Esperance, perle du Western Australia

La vague de chaleur de la veille a laissé place à un froid glacial en ce début de matinée… Moi qui espérais ranger les affaires d’hiver, me voilà contraint de ressortir un gros pull, enfoui au fond de la valise. Cette fraîcheur ne nous empêchera pas de découvrir Esperance, une ville située sur la côte sud de l’Australie mais appartenant à la côte ouest, du fait de sa localisation dans la région du Western Australia (Australie-Occidentale).

Esperance, les origines

L’histoire d’Esperance ne retiendra que très peu les premiers explorateurs ayant « découvert » les environs. En 1627, un navire hollandais, le Gulde Zeepaard, passa au large de la côte sans amarrer. Le commandant du bateau, Pieter Nuyts, en profita pour faire des relevés cartographiques de la côte Sud de l’Australie. Il permet ainsi aux futurs explorateurs de se repérer plus facilement au cas où ils s’aventureraient dans cette partie du monde, encore étrangère à l’époque.

Il faudra attendre décembre 1792 pour que les premiers navigateurs s’arrêtent et foulent la terre d’Esperance. Et cocorico, ce sont des Français ! Deux navires, le Recherche et l’Esperance, sont emportés par une tempête vers des récifs dangereux. Ils ne doivent leur salut qu’à la découverte d’une baie à l’abri des vents, permettant d’éviter un naufrage certain. Vous l’aurez ainsi compris, le nom de la ville d’Esperance provient de l’une de ces deux frégates ayant amarré par hasard sur cette côte.

Aujourd’hui, la région est devenue hautement touristique. Elle doit sa renommée à ses nombreuses plages, faisant partie des plus belles d’Australie.

Petit déjeuner mouvementé

Nous quittons le camping pour nous rendre sur l’esplanade d’Esperance afin de prendre notre petit-déjeuner au bord de l’eau. Les activités à Port Lincoln et le fait d’avoir été malade durant la traversée du désert m’avaient fait oublier l’ambiance désastreuse qui règne au sein de notre groupe. D’ailleurs, celle-ci est de plus en plus palpable, lourde et invivable. Patricia ne fait plus aucun effort avec un niveau d’impolitesse frôlant la grossièreté. Elle fait comme si je n’existais pas et me jette littéralement à la figure nos affaires au lieu de me les tendre normalement, de manière civilisée.

Bord de mer Esperance
L’esplanade d’Esperance. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Cerise sur le gâteau, j’apprends que tous les soirs, Patricia parle à Jade derrière mon dos en lui donnant une version bien personnelle de la situation actuelle. Depuis notre dispute à Melbourne, elle aurait tenté par tous les moyens de discuter avec moi afin d’arranger les choses. Malheureusement, j’aurais refusé catégoriquement toute négociation. Jade me conseille d’être plus ouvert car mon attitude (décrite par Patricia) n’aide en rien, bien au contraire. À ces mots, je commence à me décomposer car jamais je n’aurais pensé que Patricia irait si loin. Cette attitude vicieuse, me faisant passer pour le méchant de l’histoire et essayant de rallier Jade à sa cause, me fait découvrir une nouvelle facette de cette personne plus manipulatrice que jamais. Je tente de garder mon calme et explique à Jade ma version des faits, bien plus proche de la réalité.

Après cette discussion très intéressante, je préfère faire comme si de rien n’était. Nous prenons la voiture pour nous rendre sur les plages principales d’Esperance. Je ne sais pour quelle raison, Patricia désire prendre le volant toute la matinée. Malgré ses piètres talents de conductrice, je la laisse faire, sans polémiquer. Mais voilà, sa conduite aura été de courte durée… En sortant d’une place de parking, cette dernière tape la voiture garée à côté de nous et casse mon feu arrière. Heureusement, l’autre véhicule s’en sort sans aucune égratignure ! N’ayant pas un budget voyage très élevé, devoir payer les réparations d’un tiers aurait été compliqué à assumer. Au lieu de prendre ses responsabilités, Patricia préfère rejeter en partie la faute sur Jade et moi, ne l’ayant pas aidée à manœuvrer. Encore une fois, je ne préfère rien dire et me contente de chercher un garage pouvant réparer cet accident. Nous perdons une bonne partie de la matinée à en trouver un qui soit ouvert le dimanche et possédant une pièce de rechange, adaptée au modèle de ma voiture. Prenant pour une fois ses responsabilités, Patricia décide de payer la totalité des réparations en faisant toutefois quelques commentaires désagréables à l’encontre du reste du groupe.

Pink Lake & Twilight Cove

En fin de matinée, nous partons enfin visiter les environs d’Esperance en commençant par le Pink Lake. Comme son nom l’indique, ce lac prend une couleur rose, résultat de la présence de plusieurs types d’algues, corrélée à la salinité et la température de l’eau.

Arrivés devant le Pink Lake, nous constatons que l’eau ne revêt pas cette couleur rosée (semblant très prononcée sur les photos trouvées sur Internet). Le froid hivernal ne permet pas d’atteindre un taux de salinité suffisant pour modifier la couleur du lac. Malgré tout, nous profitons d’un merveilleux panorama dans une région très boisée, s’étendant sur des kilomètres.

Pink Lake pas rose
Le Pink Lake qui n’est pas rose… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous retournons à la voiture pour longer la côte et nous arrêter de manière ponctuelle sur plusieurs plages, plus magnifiques les unes que les autres. Certaines sont composées de sable fin tandis que d’autres forment des rochers escarpés et glissants (dangereux si l’on ne reste pas vigilant). L’eau bleue turquoise, accompagnée de l’écume blanche des vagues, de dunes de sable et d’un océan à perte de vue offrent un spectacle époustouflant.

Plage Esperance
L’une des nombreuses plages d’Esperance. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Vue hauteur plage Esperance
Vue d’une plage depuis les hauteurs d’Esperance. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Vue côte Esperance
Une vue magnifique sur la côte d’Esperance. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Baie Esperance
Une baie calme et reposante. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Vagues plage Esperance
De belles vagues à surfer. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage sable blanc
Un sable blanc et fin. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Roche glissante Esperance
Attention aux rochers glissants ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Rocher Esperance
Juste magnifique ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage Esperance
Je ne me lasserai jamais de ces paysages. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce moment paisible et reposant est brutalement interrompu par une nouvelle réflexion de Patricia qui met le feu aux poudres. Perdant mon self-control, j’explose dans une rage incontrôlable et prend la décision ultime. Compte tenu de la situation, il est désormais impossible de voyager ensemble. L’aventure s’arrête donc pour Patricia qui doit rejoindre Perth par ses propres moyens. Je lui laisse la journée pour trouver une solution et quitter la voiture définitivement.

La conversation terminée, nous pouvons reprendre tranquillement la visite qui se termine en apothéose avec Twilight Cove. Cette crique paradisiaque est un petit bijou, une pierre précieuse à l’état brut dont la sauvegarde est primordiale : un sable blanc, une eau claire donnant envie de s’y baigner et de splendides rochers polis que l’on peut atteindre à la nage. Le lieu est d’un calme olympien, totalement désert, parfait pour les amateurs de yoga et de méditation. C’est dans ce décor de rêve, digne de celui du Lagon Bleu, que notre visite d’Esperance prend fin.

Twilight Cove
Bienvenue à Twilight Cove. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Rochers Twilight Cove
Les rochers ont une forme bien particulière à Twilight Cove. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Twilight Cove méditation
Twilight Cove, un endroit parfait où méditer. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous partons en milieu d’après-midi afin de rejoindre notre prochaine étape, Albany, située à cinq heures de route d’Esperance. Cette entrée en matière de la côte ouest est vraiment prometteuse ! J’ai hâte d’en découvrir davantage sur cette partie de l’Australie qui m’est encore totalement inconnue.


Les derniers kilomètres avant la fin

Réveil à cinq heures du matin. Épuisé après une nuit passée à renifler et éternuer, je sors de mon « lit » pour profiter d’un splendide lever de soleil. L’horizon commence à s’éclairer tandis que l’obscurité et la lune disparaissent petit à petit. La lumière prend très rapidement du terrain et chasse définitivement la nuit aux alentours de sept heures du matin. Jade sort de la tente, juste à temps pour admirer la fin du spectacle tandis que Patricia, toujours la dernière à se lever, a totalement raté ce rendez-vous.

Lever soleil désert
Un lever de soleil magique en plein désert. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
lever soleil Nullarbor
Ça a des avantages de se lever tôt. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Un début de journée compliqué

Ce matin, j’ai du mal à démarrer. J’ai l’impression que mon corps va au ralenti alors que mon cerveau est prêt à affronter la journée. Je tente de trouver la ou les cause(s) de cet état. Hormis le fait que je sois tombé malade la veille, je me rends compte que nous avons changé d’heure lorsque nous avons passé la frontière du Western Australia. Le décalage horaire de deux heures et demie par rapport à la région du South Australia (située à une centaine de kilomètres de notre position) se fait ressentir et n’aide en rien à récupérer. Qu’à cela ne tienne, je me motive pour ranger les affaires et affronter la dernière ligne droite de ce désert interminable.

De retour sur la voie rapide, nous sommes choqués à la vue du nombre de kangourous morts, abandonnés sur le bas-côté ou laissés sur la route goudronnée. J’ai l’impression qu’une guerre a eu lieu cette nuit entre ces animaux sauvages et les voitures. Ce champ de désolation me laisse alors penser que des agents, chargés du maintien des routes australiennes, doivent passer de temps à autre pour enlever les corps. Hier, sur la première partie du désert, nous n’avions pas observé autant de cadavres…

Cocklebiddy et ses alentours

En milieu de matinée, nous nous arrêtons sur la seule aire d’autoroute proposant un café/restaurant. Devant l’entrée, un panneau, souhaitant la bienvenue, nous donne quelques informations sur les alentours. À en croire les chiffres, la petite communauté de Cocklebiddy est plutôt déserte. Seuls huit habitants résident ici auxquels s’ajoutent 25 perruches, sept cailles, un chien et 1 234 567 kangourous ! À cette lecture, je comprends qu’il s’agit plus d’un texte humoristique que de la réalité. J’ai beaucoup de mal à imaginer qu’une personne se soit amusée à recenser avec précision le nombre de kangourous habitant à Cocklebiddy. Si tel est le cas, il devait alors avoir énormément de temps à perdre. Néanmoins, petite anecdote amusante, il est bien vrai que l’Australie compte beaucoup plus de kangourous que d’Hommes au kilomètre carré (environ le double).

Bienvenue à Cocklebiddy
Recensement étrange à Cocklebiddy. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après avoir pris un rapide petit-déjeuner, nous quittons Cocklebiddy sans plus attendre. Sur le chemin, nous faisons quelques haltes pour profiter de la nature surprenante même en plein désert. Nous nous rapprochons de l’océan pour contempler de magnifiques falaises, certes moins impressionnantes que sur la Great Ocean Road, mais valant quand même le détour. Par la suite, nous nous enfonçons dans les terres pour partir à la découverte de quelques caves dont les accès sont interdits au grand public, dû au risque d’éboulements. Tous ces arrêts, très appréciables, permettent ainsi de casser la monotonie d’une route interminable.

Falaises plaine Nullarbor
Les falaises de la plaine de Nullarbor. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cave Nullarbor
Une cave en plein désert. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
cave désert Nullarbor
Si vous tombez, personne ne viendra vous chercher… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Horreur dans la plaine

Seule ombre au tableau : notre stop dans l’une des dernières stations essence de ce désert. La voiture à peine garée, nous sommes accueillis de manière assez agressive par le gardien de ces murs, véritable caricature d’un serial killer de film d’horreur. Édenté, mal rasé, âgé d’une soixantaine d’année au minimum, portant des vêtements sales et froissés, ce dernier n’a pas dû rentrer dans une salle de bain depuis très longtemps. Ni un bonjour, ni un sourire (vu l’état de ses dents, ce n’est pas plus mal), il nous barre l’accès aux toilettes. Ce refus, d’abord catégorique, s’explique par le fait que les lavabos soient limités au lavage des mains.  Les brossages de dents ou rasages y sont strictement interdits. Il me faut quelques minutes pour le comprendre car son accent du « Bush », très prononcé, est incompréhensible. Suite à de rudes négociations, dont la principale difficulté a été de comprendre le langage de notre interlocuteur, nous obtenons l’autorisation d’utiliser les sanitaires.

À peine rentré dans les toilettes, la satisfaction d’avoir gagné ce bras de fer s’envole très rapidement. La propreté est, comment dire, inexistante avec en prime une odeur nauséabonde et âcre servant de parfum d’ambiance. Pour couronner le tout, sur une porte battante, des inscriptions nazies ainsi qu’une croix gammée ont été gravées. Ces dernières prônent bien évidemment la supériorité de la race aryenne… Je n’arrive pas à en croire mes yeux. Après tout ce que l’Histoire nous a appris, comment est-il possible que des personnes adhèrent encore à de tels idéaux. Ne voulant pas rester plus longtemps ici, je sors et attends les filles dans la voiture.

La fin du désert

Nous ingurgitons les derniers kilomètres pour sortir de ce désert en début d’après-midi. Enfin, cette partie du road trip est bel et bien terminée ! Il était temps car une journée de plus dans cet endroit aurait été compliquée, mentalement parlant.

Petit à petit, la nature verdoyante ainsi que la civilisation refont surface à notre plus grand bonheur. Encore mieux, dans une station essence (beaucoup plus accueillante que la précédente), des douches chaudes avec de l’eau à volonté sont mises à la disposition des voyageurs pour 5$ seulement (soit 3,25€). N’ayant pas pu nous laver depuis notre départ de Port Lincoln, nous sautons sur l’occasion pour nous savonner et faire disparaitre la couleur sable, incrustée sur notre peau.

Les cheveux propres et l’odeur du jasmin ayant embaumé nos corps, nous sortons de la salle de bain détendu et heureux. De plus, le froid du South Australia ayant disparu, nous pouvons ranger les gros pulls qui ne nous avaient plus quittés depuis notre départ de Sydney, deux semaines auparavant (que le temps passe vite). Par contre, le retour de la chaleur s’accompagne de la présence désagréable de grosses mouches, tentant à de multiples reprises de se poser sur notre peau.

Arrivée à Esperance

Nous roulons jusqu’à la nuit tombée avant d’arriver à Esperance, une des principales attractions touristiques après la traversée de la plaine de Nullarbor. Désormais, nous entamons la dernière partie du road trip à savoir la côte ouest de l’Australie. Depuis que nous avons débuté notre voyage de Surfers Paradise, nous en avons fait du chemin !

Pour les filles, l’aventure touche à sa fin. D’ici quelques jours nous serons arrivés à Perth, ville où nos routes se séparent. Même si je suis triste de quitter Jade, je dois avouer que cela me soulage de dire adieu à Patricia et à son comportement insupportable.

Après avoir dîné dans un restaurant asiatique, nous sortons de la ville pour rejoindre le camping gratuit, trouvé encore une fois sur Wikicamps. Demain, la visite d’Esperance et de ses paysages côtiers nous changeront de la plaine désertique de Nullarbor. D’après ce que j’en ai entendu, la région est un endroit magnifique, très différent de ce que nous avons pu rencontrer à l’est et au sud de l’Australie.


La traversée du désert

Après notre virée en mer en demi-teinte, nous quittons Port Lincoln en faisant préalablement quelques provisions. Nous allons entamer le trajet que je redoute tant depuis le début de notre road trip : la plaine de Nullarbor. L’étymologie de Nullarbor provient des mots latins « nullus » (nul) et « arbor » (arbre). Cette région est aussi connue sous le nom de « Oondiri », signifiant « sans eau » en langage aborigène.

Vous l’aurez sans doute compris, la plaine de Nullarbor est un désert aride, sans aucun relief et peu habité voire un no man’s land à certains endroits. D’une superficie de 200 000 kilomètres carrés, sa traversée prend environ deux jours en voiture, en ne faisant quasiment aucune halte.

Avant de se lancer à l’aventure, il est donc préférable de faire le plein de nourriture, d’eau et d’essence afin de ne pas se retrouver dans une situation critique. Autant vous dire que très peu de voiture passe dans cette partie de l’Australie, il n’y a presque pas de réseau (voire pas du tout) pour appeler les secours et les stations essences se comptent sur les doigts de la main.

Une nuit très agitée

Le réservoir rempli à ras bord ainsi qu’un bidon d’essence (que j’avais eu l’idée d’emporter avant notre départ) et les courses au supermarché terminées, nous conduisons jusqu’à la frontière de la plaine pour passer la nuit. Les routes n’étant pas éclairées, il peut être dangereux de s’engouffrer dans les profondeurs du désert avec les phares de la voiture pour seule lumière.

Nous nous éloignons de la route principale pour nous garer sur un parking désert, à proximité d’une falaise et de l’océan. Cette nuit, je vais devoir dormir dans la tente avec Patricia ce qui ne m’enchante guère. D’autant plus qu’un vent violent a décidé de souffler toute la nuit. Devant faire avec, j’entre dans la tente à reculons et essaie de dormir le plus rapidement possible. Avec un peu de chance, un sommeil de plomb pourrait m’éviter une insomnie due aux éléments qui se déchainent à l’extérieur.

Bien évidemment, cela n’a pas marché… Depuis plusieurs heures, je lutte pour dormir paisiblement dans une tente qui semble « possédée ». Comme si cela n’était pas suffisant, vers trois heures du matin, le tonnerre a décidé de gronder dans la plaine. Les bruits intenses et incessants me poussent à sortir de la tente pour voir ce qu’il se passe.

Un spectacle aussi magnifique qu’effrayant s’offre à moi. Le ciel noir d’encre est illuminé par des éclairs qui frappent le sol avec fracas à intervalle régulier. Fasciné, je regarde la nature se déchaîner avant de prendre conscience que nous sommes sur un terrain plat sans arbre ni habitation, ni quoi que ce soit de plus haut que la tente, la voiture ou moi-même. Me souvenant de mes premiers cours de sciences naturelles à l’école, je me rends compte que je suis un parfait paratonnerre pouvant attirer la foudre…

Peu serein, je décide de rentrer dans la voiture même si Jade dort à l’intérieur. Heureusement, les portes ne sont pas fermées ce qui me permet d’éviter de taper à la vitre jusqu’à ce que ma partenaire de road trip ne se réveille. Malgré mes efforts pour faire le moins de bruit possible, Jade ouvre les yeux et me demande ce qu’il se passe. Je lui explique et lui montre la tempête qui a lieu sur la plaine. N’ayant pas de boules Quies comme Patricia et encore moins son sommeil lourd, je n’arrive pas à me rendormir et lui demande si je peux rester dans la voiture un petit moment. Elle accepte bien évidemment (je pense que c’était délicat pour elle de me dire de sortir de ma propre voiture).

Au bout d’une heure et demie, le vent, le tonnerre et les éclairs se sont calmés et je décide alors de repartir sous la tente finir ma nuit.

À l’assaut de la plaine de Nullarbor

Vers six heures du matin, je me « réveille » après une nuit désastreuse d’insomnie. Je crois que j’ai perdu plus d’énergie à tenter de dormir que si je m’étais fait à l’idée de passer une nuit blanche. Résultat, je suis épuisé et je ne me sens pas tellement bien. Courbaturé, j’ai des picotements dans la gorge et suis un peu nauséeux.

Je me doutais que j’allais tomber malade car ces derniers jours, mon corps a été mis à rude épreuve. La baignade avec les lions de mer et la plongée en cage dans une eau glacée ne m’avaient pas mis dans les meilleures conditions pour affronter la tempête de cette nuit.

En attendant que les filles sortent de leur tanière, je pars me balader et respirer un peu d’air frais. Je ne m’aventure pas trop loin de la voiture et me contente d’observer les vagues que j’aperçois derrière la falaise. Je manque de courage pour descendre au bord de la mer car il faudrait ensuite remonter une pente assez inclinée.

Océan camping parking
Vue sur l’océan depuis le parking ayant servi de camping pour la nuit. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Sept heures. Les filles se lèvent ce qui nous permet de partir nous changer et prendre notre petit-déjeuner dans un village à quelques kilomètres de là. N’étant pas dans mon assiette, je demande aux filles de prendre le volant aujourd’hui. Seule Jade daigne me répondre et me propose de m’installer sur la banquette arrière pour me reposer.

C’est parti pour plus de 1 600km de désert avant d’arriver à notre prochaine destination ! Je passe toute la matinée à dormir et me réveille lorsque Jade décide de faire une halte à Ceduna, une ville en bord de mer. Les filles en profitent pour faire une halte au « bottle-o » (nom donné aux magasins vendant de l’alcool). Il faut savoir qu’en Australie, seul ce type de boutique a le droit d’en vendre. Vous ne trouverez ni bière, ni vin ou autres spiritueux en supermarché. Après de nombreux débordements (parfois mortels), l’Australie a décidé de mettre en place des lois très strictes à ce sujet. Toute personne ayant une activité professionnelle en rapport, de près ou de loin, avec l’alcool doit suivre une formation et obtenir une certification, le RSA (Responsible Service of Alcohol). Cela va du transporteur, au barman, au vendeur ou au serveur dans n’importe quel restaurant. Les clients, quant à eux, doivent être majeurs et présenter une pièce d’identité s’ils désirent acheter une bouteille.

Pour ma part, j’en profite pour me dégourdir les jambes et me balader sur la jetée. Ceduna n’a rien de particulier mais je suis tout de même frappé par le nombre d’aborigènes qui habitent ici. Ces derniers vivent généralement dans le nord de l’Australie plutôt qu’au sud. Par contre, ils partagent la même addiction vis-à-vis de l’alcool que leurs cousins du nord. C’est terrible de voir la déchéance d’un peuple, due, en très grande partie, aux colons européens, les ayant chassés de leur territoire, tout en les massacrant. Les Australiens, se sentant coupables des atrocités qu’ils ont fait endurer aux aborigènes, ont décidé de leur donner une pension à vie. Malheureusement, certains d’entre eux l’utilisent pour acheter de l’alcool et se soûler dans les parcs ou les rues des villes.

Plage Ceduna
Une balade en bord de mer à Ceduna. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
jetée Ceduna
La jetée de Ceduna. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous reprenons la route pour nous arrêter à Penong qui possède l’une des dernières stations essences avant des centaines de kilomètres de désert. Ici, vous trouverez également Comet, le plus gros moulin à vent d’Australie.

Penong désert
Les abords de la ville de Penong. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Comet Penong
Le moulin à vent Comet. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La frontière du Western Australia

Nous ingurgitons des kilomètres de ligne droite sans faire une seule halte, exceptée devant un panneau routier, demandant aux automobilistes d’être vigilants vis-à-vis des animaux sauvages. De nombreux accidents ont lieu sur cette route et plus particulièrement la nuit où certaines petites bêtes décident de se balader.

D’ailleurs, nous avons croisé plus de cadavres de kangourous ou de wombats que de voitures. Plus étonnant, vous pouvez aussi tomber sur des dromadaires. Et oui, ces derniers ne se trouvent pas uniquement en Afrique. Je ne vais pas vous mentir, ce ne sont pas des animaux australiens… Ils ont été introduits pas l’Homme pour je ne sais quelle raison. Je peux juste vous dire que dans les parties désertiques du continent, des fermes élèvent des dromadaires et organisent des courses (comme avec les chevaux dans les hippodromes). Je suppose que certains se sont enfuis des fermes et se sont reproduits à l’état sauvage.

Plaine Nullarbor panneaux
Malade mais heureux de traverser la plaine de Nullarbor. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En pleine nuit, nous arrivons à la frontière entre le South Australia et le Western Australia. Devant les barrières, un douanier nous fait signe de nous arrêter pour nous poser quelques questions et fouiller notre coffre. Il nous explique que certains produits sont interdits dans l’état du Western Australia dont le miel, les pommes de terre et les oignons. Pourquoi plus particulièrement ces trois aliments, je n’en ai aucune idée. Devant le poste de douane, j’aperçois des cartons remplis de pots de miel, ce qui me fait sourire. Peut-être, y a-t-il un lobby du miel dans le Western Australia, qui sait ? Nous avons également droit aux questions basiques comme : d’où venez-vous ? Pourquoi venez-vous ici ? Où allez-vous ?

L’interrogatoire terminé, le douanier nous laisse passer, en nous souhaitant un bon voyage.

Les dangers de la nuit

Malgré l’obscurité, nous décidons d’avancer un peu plus, avant de nous arrêter dans un endroit où dormir. Cette idée est vite abandonnée lorsque nous apercevons, de chaque côté de la route, des kangourous observant les voitures passer. En regardant le bitume de plus près, éclairé par les phares, nous constatons que la route prend une couleur rouge sang ! Nous comprenons alors le danger que nous prenons en roulant de nuit dans le désert. Nous tentons de chercher au plus vite une aire d’autoroute ou un chemin éloigné de la voie principale pour poser notre tente.

Pour ne rien arranger, Patricia, derrière le volant, m’inquiète beaucoup. J’ai pu constater que c’est une très mauvaise conductrice qui n’arrive pas à s’habituer à rouler à gauche, elle perd ses moyens à la moindre difficulté. Au lieu de conduire plus lentement, cette dernière maintient une vitesse de 80 km/h jusqu’à apercevoir un gros kangourou mort en plein milieu de la route. Malgré le coup de frein, elle ne peut éviter de rouler dessus. Je crains pour les suspensions de ma voiture qui ont dû prendre un sacré choc vu la taille de la bête. Quelques mètres plus loin, rebelote, Patricia roule sur un autre cadavre.

Elle décide enfin de ralentir et heureusement car nous croisons un énorme kangourou qui, cette fois-ci, est vivant. Dressé sur ses pattes arrière, ce dernier nous regarde, sans bouger. Nous klaxonnons pour l’effrayer mais rien à faire, il ne bouge pas d’un poil. Nous sommes contraints de nous déporter sur la voie de droite et de nous retrouver à contre sens pour pouvoir passer. Pendant la manœuvre, le kangourou ne cesse de nous regarder avec un air narquois. Même si j’adore ces marsupiaux, il faut avouer qu’ils sont, excusez-moi de l’expression, « cons comme des balais ». Aucun sens du danger, au contraire, ils ont une attitude complètement suicidaire.

Enfin, nous trouvons un endroit où nous installer. Un petit chemin de terre nous amène dans une sorte d’aire d’autoroute qui fera parfaitement l’affaire. Étant encore plus malade que ce matin, Jade me propose de dormir dans la voiture, ce que j’accepte sans me faire prier. Nous terminons la journée en ayant parcouru la moitié du trajet. Demain, nous allons encore rouler pendant de très longues heures… J’espère juste que je serai un peu plus en forme qu’aujourd’hui car traverser le désert malade, sans aucun médicament, c’est loin d’être une partie de plaisir.


Un rendez-vous manqué à Port Lincoln

Après une matinée inoubliable avec les lions de mer, je reviens à Port Lincoln où je retrouve les filles dans le centre-ville. Je raconte à Jade mon expérience incroyable que je viens de vivre en lui montrant les photos que j’ai prises avec ma GoPro. Comme à son habitude, Patricia se désintéresse totalement de ce que je peux dire et se met à l’écart, attendant que mon récit se termine.

Déjà la mi-journée, nous partons déjeuner rapidement au Macca’s, « slang » australien (mot d’argot) pour McDonald’s. Ne me demandez pas les origines de ce surnom, les Australiens utilisent énormément d’argot comparé aux Anglais ou aux Américains.

Pendant notre repas, nous discutons un peu de notre programme de l’après-midi. À l’unanimité, nous décidons de suivre les conseils de la veille, donnés par la propriétaire de l’auberge de jeunesse de Port Lincoln. Nous prenons alors la voiture et partons à la découverte du Parc National de Port Lincoln où certaines plages méritent d’y faire un détour.

Un piège fortement désagréable

Je tiens d’avance à m’excuser car je n’ai pas retenu les noms de tous les endroits où nous nous sommes arrêtés… J’aurais dû les noter sur le bloc-notes de mon téléphone afin de m’en souvenir.

Il nous faut environ trois-quarts d’heures pour arriver au Lincoln National Park. Nous faisons une première halte sur une plage (encore une fois déserte) où le sable a une texture très particulière. J’ai l’impression de marcher sur des œufs ou sur une fine couche de glace qui craquelle, comme sur un lac gelé. Cette sensation, jamais encore rencontrée sur les autres plages d’Australie, ne me donne pas confiance et met mes sens en éveil. Les filles, quant à elles, ne se posent pas de questions et marchent sereinement.

Plage parc national Port Lincoln
Une plage du Lincoln National Park. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Sable plage Port Lincoln
Le sable de cette plage a une texture très particulière. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous nous rapprochons de la mer, qui s’est éloignée sous l’effet de la marée. Mon intuition avait vu juste et ce qui devait arriver arriva, mais par chance ce n’est pas sur moi que c’est tombé ! Parfois, la curiosité est un vilain défaut et ce n’est pas Jade qui dira le contraire. À force de trop s’aventurer au bord de l’eau, son pied droit s’est enfoncé d’un coup dans une sorte de sable mouvant, une mélasse quelque peu ragoûtante. Malgré sa réaction rapide -elle s’est dégagée en une fraction de seconde- le mal était déjà fait. Elle s’est retrouvée avec du sable mouillé et collant jusqu’à la cheville. Sa basket d’un blanc immaculé était couverte de boue granuleuse qui risquait de devenir nauséabonde si l’on ne l’enlèvait pas rapidement. Malgré tout, nous n’avons pas pu nous empêcher d’avoir un fou rire incontrôlable qui a duré plusieurs minutes.

boue plage Port Lincoln
Un moment d’inattention et un pied dans la boue. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Fishery Bay

Suite à cette mésaventure, nous reprenons la voiture pour nous rendre sur l’une des plages les plus célèbres du coin, à savoir Fishery Bay. Située à l’extérieur du parc national, à la pointe sud, sur la côte de Port Lincoln, cette baie est connue pour son sable blanc et fin où les kangourous se promènent de temps à autre.

Avant de marcher sur la plage, nous partons admirer le paysage sur un panorama qui donne une vue d’ensemble des alentours de Fishery Bay. Comme à chaque fois, nous avons droit à un magnifique spectacle qui se tient sous nos yeux. La mer d’un calme plat, s’engouffre dans la baie où des vagues se forment au fur et à mesure qu’elles se rapprochent du bord. Juste à côté de nous, un escalier en bois permet de descendre la falaise pour aller au plus près des rochers où les ondes de l’eau se brisent au contact de la pierre polie.

Falaise Fishery Bay
Fishery Bay du haut d’une falaise. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Panorama Fishery Bay
Le panorama de Fishery Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Vagues Fishery Bay
Des vagues qui terminent leur route à Fishery Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

De nombreuses photos plus tard, nous partons sur la plage pour profiter d’une agréable marche où notre peau est hydratée par les embruns marins de l’océan. Nous nous garons sur un parking situé juste derrière une dune, composée d’arbustes et de plantes ayant poussé dans le sable. Non loin de là, Jade aperçoit des toilettes avec un lavabo. Ni une, ni deux, elle part nettoyer sa basket.

vue dune plage
Vue de Fishery Bay depuis une dune. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pendant ce temps, Patricia et moi, partons sur la plage, chacun de son côté. Sur le sable fin, des empruntes de pneu laissent à penser que des 4×4 sont passés par ici. Cela me rappelle mon séjour à Fraser Island (la plus grande île de sable du monde, située sur la côte Est, dans la région du Queensland), où j’ai eu la possibilité de conduire avec une énorme voiture, en essayant de ne pas m’embourber dans les dunes.

Plage Fishery Bay
La plage de Fishery Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après avoir fini sa toilette, Jade vient me rejoindre. Nous marchons jusqu’au bout de la plage où quelques surfeurs courageux sont à l’eau. Fishery Bay est un endroit parfait pour les débutants car les vagues sont plutôt calmes mais assez fortes quand même pour prendre de l’élan et glisser dessus. D’ailleurs, les gens dans l’eau n’ont pas l’air d’avoir un niveau très élevé, ce qui change de ce que j’ai pu voir depuis que nous nous baladons sur la côte sud et plus particulièrement à Torquay.

Sable Fishery Bay
Le sable blanc de Fishery Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Surfeurs Fishery Bay
Des surfeurs en pleine session à Fishery Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

L’après-midi touche à sa fin et il est temps de chercher un camping gratuit où passer la nuit. Un rapide tour sur Wikicamps nous permet d’en trouver un, juste à l’entrée du Lincoln National Park, sur une falaise. Le vent s’étant levé, cela risque de ne pas être le meilleur spot que l’on puisse trouver, surtout pour ceux qui vont dormir sous la tente. Arrivés sur place, bien évidemment, nous nous rendons compte qu’il est impossible de passer la nuit ici. Nous trouvons alors une autre solution qui, en revanche, n’est pas très légale. Nous revenons sur nos pas, pour quitter les hauteurs et pour partir se réfugier entre deux dunes, à l’écart de la route principale. Nous prenons le risque de faire du camping sauvage mais nous n’avons pas tellement le choix si nous souhaitons économiser une nuit d’hôtel. Espérons qu’aucun « ranger » (garde forestier qui a la responsabilité de protéger les parcs nationaux) n’aura l’idée de venir faire une patrouille dans les parages cette nuit. Si nous nous faisons attraper, nous pouvons avoir une amende d’environ 300$ (soit 190€) par personne !

Falaise nuit camping
La falaise où l’on est censé dormir cette nuit. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

C’est parti pour l’aventure

La nuit est de courte durée puisque nous devons nous réveiller vers quatre heure du matin afin de rejoindre la marina de Port Lincoln un peu avant six heures. Aujourd’hui est un grand jour : nous partons faire une croisière pour plonger au milieu des requins blancs ! Bien entendu, nous serons à l’intérieur d’une cage afin de ne pas nous faire dévorer par ces monstres marins.

Comme la veille avec les lions de mer, nous avons rendez-vous à l’agence d’Adventure Bay Charters où il nous est demandé de signer une décharge comme quoi la compagnie n’est pas responsable de tout accident survenu à l’intérieur de la cage (c’est rassurant). Puis, à six heures pile, nous embarquons à bord d’un bateau assez spécial pour rejoindre LE spot où les requins ont l’habitude de chasser. La particularité de ce navire réside sur le fait que sa coque cache un cube de verre où l’on peut regarder les profondeurs de l’océan sans se mouiller (mais surtout pour les peureux qui ne désirent pas rentrer dans la cage).

Nous quittons le port au moment même où le soleil se lève, permettant de profiter d’une vue incroyable où l’horizon de l’océan revêt une couleur jaune-orangé. Sur l’eau, nous croisons une chaloupe partant à la pêche, accompagnée d’une multitude de mouettes, attendant leur petit-déjeuner de la journée. Des dauphins font également un bout de chemin avec nous, jouant avec les ondulations de l’eau, causées par le bateau.

Océan lever soleil
Un lever de soleil au milieu de l’océan. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Horizon large Port Lincoln
Un horizon jaune-orangé au large de Port Lincoln. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Large proue bateau
Vue sur le large depuis la proue du bateau. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Navire pêche Port Lincoln
Un navire de pêche au petit matin. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Dauphins jeux bateau
Des dauphins jouent à côté de la proue du bateau. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pendant la croisière, il nous est demandé de visionner une petite vidéo où l’on nous explique les règles de sécurité ainsi qu’un rappel sur la place du requin dans l’écosystème marin. Celui-ci se situe en haut de la chaîne alimentaire et a un rôle primordial dans le maintien de l’équilibre de la faune aquatique. Ce sont les requins qui régulent les espèces « inférieures ». Leur disparition entraînerait une prolifération des prédateurs « intermédiaires » qui auraient un impact négatif sur les poissons et animaux marins des niveaux en-dessous du leur. Ces derniers seraient alors condamnés à disparaître, dévorés par les espèces « supérieures », qui à leur tour disparaîtraient, n’ayant plus de quoi se nourrir.

Puis, par extension, l’Homme pourrait être à son tour menacé. La végétation marine serait sans nul doute impactée par l’extinction de la faune aquatique. Je vous laisse alors imaginer ce que cela pourrait avoir comme effet sur l’absorption du gaz carbonique par ces plantes et l’air que l’on respire (ou plutôt l’absence d’air…). Vous l’aurez compris, le requin est essentiel à notre survie !!! Nous avons donc la responsabilité de le protéger par tous les moyens, ce qui signifie qu’il ne faut pas le chasser.

Même si j’adore surfer, les requins restent prioritaires dans les espaces maritimes. Nous n’avons aucun droit de les en déloger. C’est comme si vous rentriez tranquillement chez vous un jour, et là vous vous apercevriez que quelqu’un a pris possession de votre maison, vous chassant sans aucune gêne. Et le pire dans tout ça, serait que la loi donne raison à ce voleur ! Je suis certain que vous seriez révolté. Donc pensez un peu à ce que nous faisons subir à ces animaux.

Après cette prise de conscience, l’équipage nous explique le déroulement de la journée. Lorsque nous serons amarrés, il nous faudra enfiler une combinaison, rentrer tranquillement dans la cage, respirer grâce à une bombonne de gaz et attendre patiemment qu’un requin vienne. Le capitaine attire notre attention sur le fait qu’il n’est pas certain d’en voir. Il s’agit d’un animal sauvage qui ne reste pas forcément au même endroit, contrairement aux lions de mer.

Pour les attirer, la compagnie utilise les ultra-sons grâce à la musique d’AC/DC qui, soit disant, est celle qui a les meilleures résultats. Une fois que le requin tourne autour de la cage, il est fortement recommandé de ne sortir aucun membre à l’extérieur des barreaux sous peine de devenir unijambiste ou manchot.

À la recherche des grands requins blancs

Nous arrivons sur le spot des requins où deux bateaux sont déjà arrivés. Nous passons à côté d’eux et le capitaine en profite pour leur demander s’ils en ont vu depuis qu’ils sont amarrés ici. Je n’arrive pas à entendre leur réponse mais au vu des grimaces qu’ils font, cela n’a pas l’air d’être positif. Nous partons un peu plus loin où l’équipage prépare tout le matériel et immerge la cage dans l’eau.

Nous enfilons une combinaison, composée d’une multitude de couche donc parfaitement isolante, mais rendant difficile tout mouvement. Il est alors temps de plonger. Un membre de l’équipage nous demande qui veut faire partie de la première expédition. Alors que je pensais que les gens seraient impatients d’y aller, je suis surpris de ne voir aucun volontaire. Du coup, j’en profite pour partir le premier. Je suis suivi par un jeune couple d’anglais aussi excité que moi à l’idée de voir des requins.

En plus de ma combinaison, j’enfile une veste de lestage me permettant de rester au fond de l’eau durant toute la durée de la plongée. Puis, j’utilise le détendeur, relié à la bouteille d’air et commence à respirer par la bouche. J’entre alors dans la cage et peux enfin observer ce qu’il se passe sous la coque du bateau. Autour de moi, un banc de thons nage tranquillement, sans se douter qu’ils pourraient être le repas de nos invités. Je les prends en photo avec ma GoPro et guette avec attention pour voir si un requin ne serait pas dans les parages. Je reste environ une heure dans l’eau, avec en fond sonore l’album d’AC/DC tournant en boucle. Malheureusement, je remonte à bord bredouille afin de laisser ma place à quelqu’un d’autre, qui aura peut-être plus de chance que moi.

cage requin Port Lincoln
La cage où l’on guette l’arrivée d’un requin. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous passons toute la matinée à attendre, sans grand succès. L’après-midi n’est pas mieux, jusqu’au moment où nous apercevons un énorme aileron sortir de l’eau à quelques centimètres du bateau. À cet instant, l’équipage crie « SHARK ! SHARK ! SHARK ! ». Sans plus attendre, je me rue vers la cage avec ma GoPro. Je suis excité à l’idée de voir enfin un grand requin blanc qui, d’après l’aileron que j’ai pu apercevoir, est vraiment balaise. Malheureusement, la joie est de courte durée car ce dernier n’a fait qu’un passage éclair avant de nous quitter définitivement. Frustré, je remonte à bord du bateau où un drame arriva… Je fais tomber ma GoPro dans l’eau ! Au lieu de flotter, la caméra s’enfonce dans les profondeurs de l’océan sans que je puisse faire quoi que ce soit pour la récupérer. Pendant une seconde, j’ai hésité à sauter à l’eau pour tenter de la reprendre mais j’aurais sûrement eu de gros problèmes avec l’agence, ainsi que les autorités maritimes. Ne voulant pas me retrouver en prison et/ou devoir payer une amende salée, je reste sur le navire à m’énerver et à me faire des remontrances pour ma maladresse.

La perte de la GoPro en elle-même n’est pas ce qui me touche le plus. Ce sont surtout les photos prises la veille avec les lions de mer qui sont perdues à tout jamais dans les profondeurs de l’océan. Je m’en veux terriblement et je passe le reste de la journée à me dire à quel point je suis stupide de l’avoir lâché au lieu de la tenir fermement dans mes mains.

Un malheur n’arrivant jamais seul, vous l’aurez compris, aucun requin n’est venu à notre rencontre. Le capitaine contacte les autres bateaux via la radio pour connaître leur situation. Personne n’a eu la chance d’en apercevoir un. Cela me réconforte un peu… Au moins, je n’ai pas de regret à l’idée d’avoir pris la mauvaise agence pour faire la plongée en cage. Même Calypso Star Charters, qui utilise du sang et des restes de poisson pour attirer les requins, repart sans grand succès.

Un retour amer sur Port Lincoln

Vers 16 heures, nous larguons les amarres et repartons à la marina de Port Lincoln. L’équipage s’excuse de ne pas avoir trouvé un seul requin. Il faudra se contenter d’un aileron qui m’a tout de même impressionné. Rien qu’à sa vue, je n’imagine même pas la taille qu’avait cet énorme requin blanc. Je savais qu’ils étaient gros mais pas à ce point.

Sur le bateau, durant le trajet de retour, nous aurions dû payer un supplément de 150$ (100€) si nous avions eu l’opportunité de voir un requin. N’étant pas dans ce cas, nous sommes exemptés de ce coût supplémentaire. Au contraire, nous avons droit à des boissons ainsi quà des snacks gratuits et à volonté jusqu’à l’arrivée à la marina. Le capitaine nous remet également un bon de réduction d’une valeur de 200$ (130€) que nous pouvons utiliser pour une prochaine excursion avec Adventure Bay Charters. Ce coupon est valable pour la plongée en cage mais aussi pour les lions de mer pour une durée de deux ans. Je décide de le garder précieusement. Sait-on jamais, si je reviens dans les parages, je pense que je l’utiliserais pour les lions de mer et tenterais les requins avec la compagnie Calypso Star Charters (plus performante d’après les échos que j’ai eu de la part des locaux).

Le bateau amarré à la marina, nous prenons la voiture et quittons Port Lincoln. Une très longue route nous attend pour rejoindre notre prochaine destination, située à un peu plus de deux jours d’ici. Pour y arriver, nous allons devoir traverser le désert du South Australia qui peut être dangereux si nous ne prenons pas toutes les précautions nécessaires au niveau des réserves d’eau et de carburant.


Rencontres du troisième type au large de Port Lincoln

Les filles dormant à poings fermés, je me lève en essayant de faire le moins de bruit possible afin de ne pas les réveiller. Ce matin, j’ai rendez-vous à la marina de Port Lincoln à sept heures précises dans les locaux de l’agence Adventure Bay Charters. Au programme, cours de natation un peu particulier avec des lions de mer en qualité de maître nageur !

La compagnie ne tolérant aucun retard (pour des raisons de logistique et de planning), je me dépêche pour me laver et préparer mes affaires dans mon sac à dos : téléphone portable, serviette et le plus important de tout, GoPro pour immortaliser cette expérience unique.

Les lions de mer australiens

Surnommés « the puppy dogs of the sea » (en français, les petits chiots des mers), les lions de mer sont des mammifères appartenant à l’espèce des otaries. Animaux en voie d’extinction, on en recense seulement 12 000 en Australie. Autrefois chassé par l’Homme, le lion de mer est devenu une espèce protégée qui souffre énormément des effets du réchauffement climatique. Aujourd’hui, ces animaux, pouvant peser parfois plus de 200 kilos, sont suivis de très près par des scientifiques et sont devenus l’une des attractions principales de Port Lincoln.

Une poignée d’entreprises locales a décidé d’en faire son business. Elles proposent aux touristes de partir rencontrer ces animaux étranges et encore mieux, de nager à leur côté. Pour 200$ (à peu près 130€), il est possible de passer toute une matinée en compagnie d’une colonie de lions de mer s’étant installée sur une île au large de Port Lincoln.

On lève les amarres

J’arrive le premier dans les locaux d’Adventure Bay Charters où je suis accueilli par une australienne qui m’explique brièvement l’organisation de la croisière. Tout d’abord, il m’est demandé de lire et signer un document expliquant les règles de bonne conduite sur le bateau et dans l’eau. Rien de bien compliqué, l’agence met en garde les clients sur le fait de rester à une distance raisonnable des lions de mer et surtout de ne pas les toucher ! Pendant ce temps, les autres participants arrivent au fur et à mesure à l’agence.

Tout le monde étant présent, nous pouvons embarquer sur le bateau, amarré juste en face, à côté de navires de pêcheurs. En comptant les membres de l’équipage, nous sommes à peine une dizaine à lever les amarres et partir à l’aventure. Je suis soulagé d’être en comité restreint, nous pourrons ainsi profiter pleinement de la rencontre avec les lions de mer sans devoir jouer des coudes pour les approcher.

bateau marina
Un bateau de pêche amarré à la marina. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
larguer les amarres
Larguez les amarres, en route pour l’aventure. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)
Partir au large
Nous quittons Port Lincoln au petit matin. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

À bord, le capitaine présente son équipage. Il nous explique une nouvelle fois les règles à suivre à la lettre, une fois que nous serons arrivés à destination :

  1. Interdiction de sauter à l’eau sans le « go » d’un des membres de l’équipage ;
  2. Interdiction de s’approcher de l’île ainsi que de fouler ne serait-ce qu’un orteil sur la plage et ce pour deux raisons :
  • Les lions de mer sont des animaux sauvages qui peuvent attaquer s’ils se sentent en danger ;
  • L’île est une propriété protégée par un organisme gouvernemental où seuls les scientifiques ont le droit de rentrer.

La présence des bateaux est étroitement surveillée. Un planning des visites, élaboré en collaboration avec toutes les compagnies de croisière, est publié et suivi par les services publics. Une seule agence (avec un seul bateau) a le droit de s’amarrer par visite. Les tours sont répartis dans la semaine avec des journées de pause où personne ne doit déranger les lions de mer. À la moindre incartade, au moindre laisser-aller, l’agence pourrait se voir retirer définitivement l’autorisation d’approcher les lions de mer. Cela entraînerait alors leur fermeture pure et simple.

  1. Si les mâles dominants rentrent dans l’eau, tout le monde doit retourner à bord du bateau pour question de sécurité.
  2. Comme expliqué précédemment, tout contact physique avec l’animal est strictement interdit. Les lions de mer doivent rester sauvages et aucune forme d’apprivoisement n’est tolérée (ce qui signifie aussi l’interdiction de leur donner à manger).

Il est vrai que ces règles peuvent être frustrantes (surtout celle de ne pas les caresser) mais tout le monde trouve normal qu’elles soient mises en place pour le bien-être de ces petites bêtes.

Un moment magique

Le capitaine jette l’ancre juste en face d’une baie où un groupe de lions de mer dort, les uns contre les autres. L’équipage nous explique que ces animaux fonctionnent en meute avec quelques mâles dominants qui se sont battus pour être au sommet de la hiérarchie. Seuls ces derniers ont le droit de s’accoupler avec les femelles et décident de l’endroit où le groupe devrait s’installer. En haut d’un rocher, une femelle monte la garde afin de prévenir de tout danger potentiel et de surveiller les petits qui partent à l’eau.

île lion de mer
L’île où les lions de mer ont élu domicile. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
île lion de mer Port Lincoln
L’île n’est en fait qu’un immense caillou. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Baie sea lions
La baie où les lions de mer nous attendent. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)
Plage lions de mer
Les lions de mer en meute sur la plage. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)

Le capitaine guette du bateau si certains bébés lions de mer sont en train de nager car généralement se sont eux qui partent à la rencontre des touristes. De nature curieuse, ils n’hésitent pas à s’approcher de l’Homme pour jouer avec eux (d’où le surnom de chiots de mer). Par chance, deux d’entre eux sont déjà en train de s’amuser à se pourchasser dans la baie.

Dans un premier temps, la photographe, faisant partie de l’équipage, rentre dans l’eau et part à leur rencontre pour une première prise de contact. À cet instant, nous voyons la femelle en vigie, descendre de son rocher pour s’approcher de la photographe afin d’évaluer le « danger potentiel » et vérifier que les bébés soient en sécurité.

Quelques minutes plus tard, la photographe nous donne l’autorisation de venir et de nous approcher des lions de mer. Bien qu’ayant une combinaison avec une grosse épaisseur et une parfaite isolation, je ressens tout de même la température glaciale de l’eau qui me donne la chaire de poule. Qu’à cela ne tienne, je fais fi de cet inconvénient et arrive nez-à-nez avec l’un des jeunes lions de mer.

Cet instant restera gravé à jamais dans ma mémoire ! Avec ses gros yeux globuleux, il m’observe sans bouger puis, tout à coup, tourne autour de moi, frôlant mes palmes et mes jambes de temps en temps. Respectant à la ligne les règles, je me retiens de ne pas le caresser même si l’envie et le comportement de mon nouvel ami m’incitent à le faire. Lassé de mon manque de dynamisme, il repart aussi vite qu’il est venu, me laissant en plan, curieux de voir les autres membres du groupe. Par chance, l’autre jeune arrive très rapidement, accompagné de la femelle qui faisait le guet à notre arrivée. Pendant que son enfant joue avec moi, la maman reste à côte de nous, veillant à ce que tout se passe bien. J’ai l’impression de me retrouver dans un jardin d’enfants. Souvenez-vous lorsque vous jouiez sur les toboggans pendant que vos parents et nounous, s’ennuyaient, assis sur un banc, jetant de temps en temps un œil sur vous et vous rappelant à l’ordre lorsque la situation dégénérait.

contact lion de mer
Un premier contact avec un lion de mer. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)
Lion de mer rapprochement
Les lions de mer commencent à se rapprocher de nous. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)
Curiosité Sea Lions
La curiosité l’emporte sur la peur de l’inconnu. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)
Dessous Lion de mer
Les lions de mer passent en-dessous de nous pour mieux nous approcher. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)
Sea lion
Ils vont et viennent d’une personne à une autre. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)

Cette fois-ci, voulant être un peu plus actif, je commence à tournoyer sur moi-même pour montrer au lion de mer que je souhaite participer au jeu. Ce dernier en fait de même et nous voilà comme deux imbéciles à faire la toupie l’un en face de l’autre. De son côté, la femelle s’est trouvée une petite collation à grignoter, attendant que nous finissions nos bêtises.

Lion de mer jeu
L’un de leurs passe-temps favori, tourner autour de vous. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)
Lion de mer jouer
On peut commencer à jouer ! Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)
Sea lions jeu
Comme les chiens, ils veulent jouer avec un bâton. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)
Bâton sea lions
Viens chercher le bâton ! Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)

Pendant près de trois heures, nous restons à l’eau, nageant avec nos trois nouveaux amis. Puis, l’équipage nous fait signe de revenir sur le bateau car il est déjà temps de rentrer à la marina de Port Lincoln. Nous nous exécutons sans rechigner bien que nous aurions aimé rester un peu plus longtemps.

Baie sea lions
Derniers instants dans la baie. Crédit photo : Adventure Bay Charters (image libre de droits)

Cette expérience s’est avérée être bien au-delà de mes espérances. Jamais je n’aurais pu imaginer approcher des lions de mer d’aussi près. Cela compense largement le séjour assez calamiteux à Adelaïde et l’annulation de la croisière avec les dauphins. Demain, pour la plongée avec les requins, j’espère être aussi chanceux qu’aujourd’hui. Après la douceur des lions de mer, j’ai très envie de me faire quelques frayeurs avec de grands requins blancs avant de quitter Port Lincoln.


Lieux et rencontres surprenants sur le chemin de Port Lincoln

Six heures du matin, je sors de mon « lit », encore anesthésié par une nuit n’ayant pas été des plus confortables. La voiture ainsi que la toile de la tente sont recouvertes d’une fine couche de givre qui commence à fondre sous l’effet des premiers rayons du soleil. Sur une plaine, au milieu d’une végétation aride où seules les plantes les plus résistantes survivent, se lève un soleil sans nuage alentour, annonçant une belle journée. Comme toujours, j’en profite pour me réveiller en douceur sans que personne ne perturbe ce moment de silence et de paix.

Camping gratuit
L’aire d’autoroute servant de camping de fortune. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Lever soleil désert
Lever de soleil dans le désert. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En route pour Port Lincoln

Les filles prêtes, nous entamons la route dans un nouvel environnement. Une très grande ligne droite, dans un désert sans aucun relief où l’on rencontre une voiture toutes les demi-heures.

Route Port lincoln
Sur la route de Port Lincoln. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Désert South Australia
Une route un peu ennuyeuse. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pour notre prochaine destination, nous avons choisi de nous arrêter à Port Lincoln, une ville réputée pour deux attractions à ne pas louper lorsque l’on est en Australie, à savoir :

  • La plongée en cage avec des requins blancs ;
  • Nager avec les lions de mer

Il s’agit d’un des temps forts de ce road trip que j’attends avec impatience depuis des semaines ! Notre séjour à Port Lincoln est planifié du début à la fin, qui je l’espère se passera comme prévu contrairement à Adelaïde.

Haltes à Whyalla et Tumby Bay

Sur le chemin nous amenant à Port Lincoln, nous apercevons sur le bas-côté un énorme engin de guerre. Intrigués, nous nous arrêtons pour en savoir un peu plus sur la présence de ce bateau en plein milieu du désert. Il s’agit du HMAS Whyalla J153/B252, une corvette datant de la Seconde Guerre Mondiale, construite ici, dans la commune de Whyalla. Ce navire est l’attraction principale d’un musée maritime, situé juste à côté d’une zone militaire. L’entrée étant payante, nous nous contentons d’admirer le HMAS Whyalla de l’extérieur avant de reprendre la route.

Navire de guerre
Le HMAS Whyalla. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
HMAS Whyalla
Un navire assez imposant. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Deux heures plus tard, nous faisons une deuxième halte afin de nous dégourdir les jambes et prendre un café dans un petit village en bord de mer, Tumby Bay (situé à environ trois-quarts d’heures de Port Lincoln). Nous nous garons en face de la plage dont l’eau est d’un calme olympien et d’une couleur bleue turquoise donnant envie de s’y baigner.

Plage Tumby Bay
La plage de Tumby Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

A peine sortie de la voiture, Patricia fait bande à part et décide de faire une balade le long de la plage. Ce n’est pas plus mal car son mutisme et son comportement négatif commencent à me taper sur le système. Je suis certain qu’elle reste avec nous uniquement par intérêt, ayant besoin de la voiture pour rejoindre Perth où elle a réservé un billet d’avion. Elle pourrait au moins faire un effort pour que la fin du road trip se passe bien, ne serait-ce que par respect et reconnaissance de la laisser continuer la route avec nous alors que je pourrais très bien la planter ici.

Après avoir acheté une boisson chaude, Jade et moi nous dirigeons également vers la plage. Au loin, sur le sable, nous apercevons un groupe de pélicans se dorant la pilule juste à côté d’un ponton de bois. Nous nous approchons doucement vers eux pour ne pas les effrayer mais ces derniers semblent totalement indifférents à notre présence. Tant mieux, cela nous permet de prendre de belles photos de ces grands oiseaux assez impressionnants. Jade préfère rester à distance, de peur de se faire attaquer par l’un d’eux. Pour ma part, au contraire, je m’approche au plus près.

Pélicans Tumby Bay
Les pélicans de Tumby Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélicans
Les pélicans de plus près. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous décidons de les laisser tranquille et marchons sur le ponton. Nous profitons de cette magnifique vue où l’on voit quelques bateaux amarrés au large. Des gens sautent à l’eau, certains avec un appareil photo étanche, d’autres avec un harpon, s’adonnant à leur loisir favori.

Ponton Tumby Bay
Le ponton de Tumby Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Baie Tumby Bay
La baie de Tumby Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Tumby Bay
Tumby Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

L’auberge de jeunesse de Port Lincoln

En milieu de journée, nous quittons Tumby Bay pour arriver à l’auberge de jeunesse YHA de Port Lincoln.

En rentrant dans le hall, nous sommes mis rapidement dans l’ambiance :

  • Les murs sont tapissés de stickers d’animaux marins ;
  • Des statues de lions de mer et de tortues ont été disséminées dans toute la pièce ;
  • Cerise sur le gâteau avec une grande cage et un requin ouvrant largement sa gueule, prêt à dévorer n’importe quels backpackers trop aventureux.
cage requin Port Lincoln
Aperçu de la plongée en cage. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous sommes accueillis par la propriétaire qui nous propose de faire le tour de l’auberge. Je crois que je n’ai jamais vu un backpack aussi propre, bien entretenu et moderne de toute ma vie. Si je devais donner une note sur 10 je mettrais un 20 ! Une cuisine sans nourriture qui traîne, ni vaisselle sale, des salles de bain et toilettes semblant tout juste rénovées, une chambre avec de vrais et grands lits ainsi qu’un salon et une terrasse avec des écrans géants. C’est vraiment le paradis.

Cuisine YHA
La cuisine du YHA de Port Lincoln. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Lit YHA
La chambre de l’auberge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Urinoirs YHA
Des urinoirs qui font peur ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La propriétaire souhaitant que cet endroit reste impeccable, nous explique les règles de vie à l’hôtel qu’il faut suivre à la lettre sous peine d’être viré d’ici. Elle souligne à maintes reprises le fait que nous devons laisser les pièces propres, dans le même état que nous les avons trouvées en entrant.

La visite terminée, elle nous demande les raisons de notre venue à Port Lincoln même si elle les connaît déjà. Demain matin, j’ai prévu de nager avec les lions de mer tandis que Patricia et Jade visiteront la ville. Puis, le jour d’après, nous partons faire une plongée en cage en espérant voir des requins blancs avec l’agence Adventure Bay Charters. À cet instant, elle nous coupe la parole pour nous dire que cette compagnie est très bien pour les lions de mer mais n’est pas la meilleure pour les requins compte tenu de la méthode utilisée pour les attirer vers le bateau. Adventure Bay Charters utilise les ultra-sons produits par la musique d’AC/DC alors que leur concurrent Calypso Star Charters jette du sang et des restes de poissons dans l’eau. Comme toutes les agences partent au même endroit, les requins privilégient le Calypso aux autres opérateurs n’ayant pas l’autorisation légale pour utiliser le sang et les cadavres de poissons. En un instant, je sens le stresse monter en moi, ne voulant pas revivre la catastrophe des dauphins à Adelaïde…

Port Lincoln et ses alentours

Bien installés, nous demandons à la propriétaire du backpack ce qu’il y a à visiter dans les parages, voulant profiter de la fin de journée. Cette dernière nous suggère de partir vers les hauteurs de Port Lincoln afin d’admirer la vue et le coucher du soleil puis de partir en centre-ville pour boire un coup dans un pub. Elle nous invite aussi à faire des balades sur plusieurs plages si l’on en a le temps entre les lions de mer et les requins.

Avant de partir, elle nous demande si nous pouvons inviter une des pensionnaires de l’auberge qui n’a pas de moyen de locomotion pour découvrir les alentours de Port Lincoln. Il s’agit d’une Italienne qui est actuellement à l’extérieur en train de fumer une cigarette.

Nous partons à sa rencontre et discutons un peu de son parcours en Australie et de ses raisons d’avoir quitté l’Italie. Comme beaucoup de backpackers, la crise, les conditions de travail et les salaires ridicules en Europe l’ont incitée à venir se réfugier à l’autre bout du monde. Elle nous parle de ses postes dans l’industrie pharmaceutique en Allemagne puis dans la mode en Espagne au siège de Zara. De mauvaises expériences et plus particulièrement l’Espagne où vous travaillez énormément pour, en reprenant ses mots, « un salaire merdique ainsi qu’un patron dictateur et lunatique ».

Arrivée à Sydney avec son copain, elle avait rapidement trouvé un travail de conseillère clientèle pour une entreprise internationale de poker en ligne, recherchant des étrangers qui parlent au moins une langue de plus que l’anglais (plus particulièrement l’italien, le français et l’allemand, leur principale clientèle). Après six mois dans la société, elle s’est vue proposer un « sponsorship » lui permettant d’obtenir un visa quasi-permanent pour vivre en Australie (à condition de rester plusieurs années au sein de cette entreprise). Malheureusement, la veille de déposer son dossier au service de l’immigration, les lois concernant les visas pour les étrangers ont changé. Les conditions étant beaucoup plus restrictives, son sponsorship n’était plus possible.

Elle ne désire en aucun cas repartir en Europe (comme c’est le cas pour beaucoup d’entre nous) mais n’aura sans doute pas le choix. Elle regrette de ne pas être venue en Australie une dizaine d’années auparavant, lorsque les règles d’immigration étaient plus faciles. À son récit, j’ai l’impression de me reconnaître car moi aussi je vais devoir rentrer en France d’ici quelques mois… Mes supérieures ont toujours voulu que je reste mais il leur était impossible de me faire travailler au-delà de six mois (condition sine qua non du Working Holiday Visa). Si seulement j’étais parti plus tôt, je n’en serais pas là, à stresser à l’idée de retourner en France, pays trop traditionnel, pas assez ouvert d’esprit, où la crise n’a jamais été aussi forte que maintenant.

Après cet instant de regret et de tristesse, nous prenons la voiture et partons au Winter Hill Lookout pour découvrir la vue sur Port Lincoln. Un beau coucher de soleil nous attend et nous profitons de ce spectacle durant un très long moment.

Winter Hill Lookout
Le Winter Hill Lookout. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Winter hill Lookout coucher soleil
Le coucher de soleil sur Winter Hill Lookout. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Winter Hill lookout
C’est beau, non ? Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous finissons la soirée dans un pub en bord de mer avec une bière pour les filles et un coca zéro pour moi (le monde à l’envers mais après mes années fac et école de commerce, j’ai développé un sentiment de répulsion vis-à-vis de l’alcool, mis à part les cocktails bien sucrés). Nous repartons dans la discussion que nous avions entamée à l’auberge. Au fil de la conversation, l’Italienne me donne l’adresse email de sa supérieure qui pourrait être intéressée par mon profil. Pour le poste qu’elle a dû quitter, le sponsorship est possible à condition d’avoir un master en marketing, ce qui est mon cas. Cependant, j’ai des doutes quant à cette possibilité car il me reste un peu plus de deux mois avant que mon visa ne se termine définitivement. Généralement les entreprises proposent un sponsorship après avoir travaillé au moins six mois chez eux… Je vais tout de même tenter ma chance, sans grand espoir.

Port Lincoln plage
La plage en face du pub de Port Lincoln. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Devant me lever tôt pour partir nager avec les lions de mer, je décide de rentrer au backpack afin de profiter d’une bonne nuit de sommeil. Demain va être une journée riche en émotion et sûrement inoubliable que je ne veux rater sous aucun prétexte.


Adélaïde, un séjour court et pluvieux

Alors qu’une fine pluie tombe et résonne sur le toit métallique de la voiture, je me réveille un peu contrarié de voir ce ciel très nuageux qui n’augure rien de bon. Le camping est un mode de vacances agréable lorsque le temps est chaud et ensoleillé. Par contre, cela est vite gâché par le froid et la pluie auxquels s’ajoute le manque de confort.

Imaginez-vous, à six heures du matin, les yeux à moitié ouverts, sortir de la voiture et poser les pieds dans l’herbe mouillée, devoir se changer avec une température extérieure frôlant le zéro degré, sans possibilité de prendre de douche, il est alors difficile de garder le sourire et de se dire que la journée va bien se passer. Heureusement, le cadre est assez sympa, avec un lac paisible où barbotent de nombreux oiseaux.

calme camping
Un bel endroit calme pour camper. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Lac camping
Le lac en face du camping. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Préparation de notre séjour à Adelaïde

Nous partons prendre notre petit-déjeuner dans la ville la plus proche où des toilettes publiques sont placées juste à côté d’un parc. Suite à un « débarbouillage express », nous nous installons en-dessous d’un kiosque où des prises électriques nous permettent de recharger nos téléphones portables tout en nous protégeant de la pluie.

Nous profitons de cet instant pour organiser notre séjour à Adélaïde où nous n’allons rester que deux petits jours. La deadline pour arriver à Perth s’approche rapidement, ce qui nous contraint à faire des stops d’un, deux voire trois jours maximum (les arrêts à Sydney, Melbourne et  le circuit sur la Great Ocean Road ayant été chronophages).

Tout d’abord, nous devons trouver une auberge de jeunesse où passer la nuit, en tenant compte de plusieurs critères :

  • Un prix abordable ;
  • Une place de parking (fini de galérer et tourner dans le quartier pour trouver un parking gratuit comme à Sydney et Melbourne) ;
  • Idéalement située entre le centre-ville et la marina où je dois me rendre le lendemain matin pour ma rencontre avec les dauphins (enfin si ce n’est pas annulé…) ;
  • Avec des critiques positives dans l’ensemble (évitons les backpacks insalubres ou trop bruyants).

Toutes ces contraintes nous permettent de trouver, en quelques instants, l’endroit idéal à savoir le « Backpack Adelaïde Travellers Inn ». Sans plus attendre, je téléphone et réserve une chambre de trois pour une nuit seulement.

Le problème de l’hébergement résolu, nous organisons notre journée de demain. Je dois être à la marina à sept heures du matin afin de prendre un bateau et partir au large pour nager avec les dauphins durant trois heures. Pendant ce temps, les filles en profiteront pour visiter Adélaïde et me rejoindront aux alentours de midi afin de reprendre la route.

Une arrivée pluvieuse

Il nous faut un peu moins de deux heures pour rejoindre Adelaïde, la capitale de l’État du South Australia et cinquième ville d’Australie après Sydney, Melbourne, Brisbane et Perth. Cette ville côtière doit son nom à la reine Adélaïde, épouse de George IV, roi du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande de 1830 jusqu’à sa mort en 1837.

Nous garons la voiture dans le parking de l’auberge, faisons notre check-in afin de déposer nos valises sans plus attendre et partons prendre une douche. Puis nous traversons la route pour prendre un verre dans un pub et déjeuner avant de partir visiter la ville. Enfin, c’est ce qui était prévu… Durant notre repas, un orage a décidé de s’arrêter juste au-dessus Adélaïde. Des trombes d’eau déferlent dans les rues, rendant impossible la promenade.

Pas le choix, changement de plan, nous allons nous atteler à faire nos lessives dans la buanderie du backpack. Compte tenu de la quantité importante de vêtements, nous partons à tour de rôle enclencher une machine et un sèche-linge tandis que les deux autres restent à la table du pub. Le wifi étant gratuit, nous en profitons pour donner de nos nouvelles sur les réseaux sociaux, envoyer des photos de notre périple à nos amis et notre famille. J’utilise cet après-midi pour écrire des cartes postales que j’ai achetées depuis que nous avons quitté la Gold Coast. Même si Internet nous permet de communiquer facilement avec les autres, j’aime bien écrire et envoyer des cartes qui font toujours plaisir. Je trouve que c’est plus personnel qu’un simple message sur Facebook. Même si les nouvelles technologies ont changé beaucoup d’habitudes dans notre quotidien, certaines pratiques resteront ancrées à jamais malgré les évolutions, dont l’envoi de cartes postales.

Mauvaise nouvelle…

En milieu d’après-midi, je reçois un appel de la part de l’agence qui organise la rencontre avec les dauphins prévue demain. Comme je le redoutais, l’excursion est annulée pour cause de mauvais temps. Dès le réveil, je sentais que cette journée allait être désastreuse et je ne me suis pas trompé. Déçu et triste, j’accuse le coup. Voilà que mes plans du lendemain changent également. Je me contenterais donc de visiter Adelaïde avec les filles.

La nuit tombée, nous repartons à l’auberge et allons vite nous coucher, impatients que cette journée se termine.

Visite d’Adelaïde

Le soleil est enfin de retour ! Nous allons pouvoir pleinement profiter de cette journée pour visiter les lieux incontournables de la ville. L’auberge proposant gratuitement des locations de vélos, nous sautons sur l’occasion pour en prendre un chacun et partir à l’aventure dans les rues d’Adelaïde.

Balade Adelaïde
Balade en vélo dans Adelaïde. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Cette fois-ci, je laisse les filles diriger les opérations. Ces dernières ont prévu de passer la matinée au Central Market, le marché principal de la ville (que l’on peut comparer au Queen Victoria Market de Melbourne). Depuis 148 ans, le Central Market offre une grande diversité de produits alimentaires venant des quatre coins du globe avec environ 70 commerçants. Ce lieu est une véritable fourmilière où vous trouverez tout le nécessaire pour préparer un bon repas : légumes, fruits, viande, fromage, gâteaux… Les senteurs provenant des étals me donnent l’eau à la bouche mais mon budget serré ne me permet pas de faire des folies. Je me contente de déambuler dans les allées et regarder cette nourriture délicieuse sans rien acheter.

Stands Central Market
Les stands du Central Market. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Allées Central Market
Dans les allées du Central Market. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Juste derrière le Central Market se trouve le quartier de Chinatown avec ses boutiques souvenirs et ses restaurants bon marché. Nous passons rapidement devant un food-court proposant une grande diversité de plats asiatiques (thaï, chinois, japonais…) mais sans nous arrêter (11h30 c’est un peu tôt pour déjeuner). Jade en profite pour acheter des cadeaux souvenirs qu’elle ramènera en France pour son entourage. Pour ma part, je ne suis pas un grand fan de ce genre de cadeaux qui finissent souvent à la poubelle. À la place d’un cendrier ou d’un magnet à mettre sur le frigo, je préfère recevoir une carte postale ou des spécialités du pays, de la région. Concernant l’Australie, à part la Vegemite (une pâte à tartiner salée à base de levure de bière) très désagréable en bouche si vous n’êtes pas Britannique ou Australien et les Tim Tam (des biscuits au chocolat), il n’y a pas grand-chose à ramener en termes de nourriture.

Chinatown entrée
Bienvenue à Chinatown. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Food-court Chinatown
Un food-court asiatique. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La visite du quartier terminée, nous reprenons les vélos et partons vers le jardin botanique pour profiter d’un peu de verdure. Comme dans toutes villes australiennes qui se respectent, le jardin botanique est une obligation lorsque vous dépassez un certain nombre d’habitants. Celui d’Adelaïde n’a rien à envier à ceux de Sydney, Melbourne, Brisbane ou Cairns :

  • Des allées calmes et verdoyantes ;
  • Des arbres centenaires, d’une hauteur vertigineuse ;
  • Des perroquets, cacatoès et ibis partant à la rencontre des passants pour quémander de la nourriture ;
  • De belles serres en verre qui abritent des plantes tropicales ;
  • Des fontaines disposées ça et là amenant une touche artistique et poétique.
Jardin botanique rivière
La rivière traversant le jardin botanique. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Allées jardin botanique
Dans les allées du jardin botanique. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
pampa jardin botanique
Un style pampa désert au jardin botanique. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
serre jardin botanique
La serre du jardin botanique. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Jardin botanique serre
Dans la serre du jardin botanique. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Jardin botanique arche
Très romantique, n’est-ce pas ? Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous terminons notre balade en vélo par le centre-ville et sa rue principale Grenfell Street où se concentrent les magasins, les centres commerciaux, le cœur économique de la ville.

Dans les rues (et même depuis notre arrivée à Adelaïde), j’ai constaté que les habitants sont quelque peu étranges dans leur comportement. Ils ne sont ni violents ni désagréables, bien au contraire. C’est juste qu’ils sont, comment dire, un peu spéciaux. Vous rencontrez très souvent des gens un peu simplets, qui n’ont pas forcément toute leur tête. Comparé aux autres endroits que j’ai visité, c’est bien la première fois que je remarque cela. D’ailleurs, lorsque plus tard, je contacte mon amie australienne Peiling (qui vit sur la Gold Coast) et lui fait part de mon étonnement, celle-ci me confirme mon ressenti : « Tu sais Fabien, les habitants d’Adelaïde sont très gentils et très chaleureux mais ils sont aussi très limités… » Du temps qu’ils ne sont pas agressifs et impolis (comme c’est souvent le cas à Paris par exemple), je n’ai aucun problème, ni aucune gène avec eux.

Le centre d’Adelaïde est très agréable. En sortant de la rue commerçante de Grenfell Street avec ses immeubles au style contemporain, nous tombons sur des quartiers avec un charme d’antan, une architecture de l’époque victorienne, aux murs rouge-orangé.

Grenfell Street
Grenfell Street. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cochons Grenfell Street
Des cochons vous indiquent les poubelles à Grenfell Street. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Adelaide Arcade Grenfell Street
Entrée de la galerie marchande Adelaide Arcade sur Grenfell Street. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
style victorien centre ville
Un monument au style victorien dans le centre-ville. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Une nuit dans le désert

Nous ramenons les vélos à la réception de l’auberge et partons sur les routes du South Australia. Après plus d’une heure de voiture, à la nuit tombée, nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute, située au milieu de nulle part dans un environnement ressemblant au désert australien. Nous n’avons pas encore entamé la partie réellement désertique mais le paysage s’est quand même modifié : de grandes plaines à perte de vue, une voie rapide avec peu de passage et une terre rouge ocre.

Le froid glacial de l’air me pousse très rapidement à prendre congé. Je préfère, sans plus tarder, aller me coucher en m’emmitouflant dans les nombreuses couvertures.

Cette visite à Adelaïde ne s’est pas passée comme je l’avais imaginée. Les aléas météorologiques ont gâché ce séjour qui faisait partie d’un des temps forts du road trip. Malgré tout, je reste positif, bien d’autres activités sont à venir et la découverte de nouveaux endroits est déjà en soi une chance formidable.


Dernières heures sur la Great Ocean Road (Jour 4)

L’humidité ambiante et le froid me réveillent dès six heures du matin. Comme d’habitude, debout le premier, j’en profite pour faire une petite balade. Selon les commentaires d’anciens campeurs laissés sur l’application Wikicamps, ce camping abrite des koalas.

Je pars vers le lac et profite de ce moment pour admirer la vue en toute tranquillité. Puis, je m’approche de la forêt d’eucalyptus et observe méticuleusement toutes les branches en hauteur afin de trouver un koala.

Lac aurores camping
Le lac du camping aux aurores. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Koala matin
Un koala assez matinal. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Mes efforts vont être récompensés puisque j’en vois un grimper sur le tronc d’un eucalyptus avant de s’installer au sommet, calé confortablement. Je ne me lasserais jamais de ces petites boules de poils que j’aimerais tant emporter avec moi !

Une heure et demie plus tard, je reviens vers la voiture où j’aperçois les filles prendre leur petit-déjeuner.

Port Campbell

Nous partons en direction de Port Campbell. Ce sera l’occasion de faire un brin de toilette et de visiter la ville.

Nous nous garons en face des toilettes publiques où je me lave de manière très rudimentaire : brossage de dents et lingettes pour bébé sur les parties principales du corps. Ce matin, je n’ai pas le courage d’en faire plus à cause du froid.

Cinq minutes plus tard, me voilà prêt ! Les filles étant toujours aux toilettes, je me dirige sur la plage où un gang de mouettes s’y est installé. Au loin, j’aperçois un ponton où des gens sautent à l’eau. Étonné, je décide d’y aller pour voir ce qu’il s’y trame.

Port Campbell mouette plage
Les mouettes posées sur la plage de Port Campbell. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Jetée Port Campbell
La jetée d’où sautent les surfeurs. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Des surfeurs ont décidé de braver le danger. Ils se jettent avec leur planche du haut du ponton, en évitant de se prendre la ligne d’un des pêcheurs installés sur la jetée de bon matin. Je les regarde partir au large où les attendent d’énormes vagues. J’en reste bouche bée : non seulement la hauteur des vagues est impressionnante mais le courant est très violent. S’ils ne font pas attention, ils se dirigeront tout droit vers les falaises qui jouxtent le ponton. Lorsque je vois leur niveau, je me rends compte que ce sont de véritables experts qui savent ce qu’ils font. Néanmoins, un accident est vite arrivé s’ils ne sont pas suffisamment vigilants et concentrés…

Surf port Campbell
Au loin les surfeurs de Port Campbell. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Falaise surf Port Campbell
Le courant mène droit les surfeurs aux falaises de Port Campbell. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

De ma position, j’aperçois les filles, posées sur la plage et décide de les rejoindre.

Loch Ard Gorge

Quelques minutes de route suffisent pour arriver au Loch Ard Gorge, célèbre pour son bras de mer qui s’engouffre dans les profondeurs des falaises calcaires.

Nous empruntons un petit sentier qui nous emmène sur un point de vue dégagé. De là, nous pouvons clairement voir cette avancée de mer qui rentre avec force, à toute vitesse dans une grotte sombre et peu accueillante. Ce spectacle magnifique me donne des frissons. Je m’imagine être au milieu des vagues et du courant, tentant de survivre tant bien que mal avant de mourir d’épuisement ou noyé (voire les deux).

Loch Ard Gorge entrée
L’entrée du Loch Ard Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Bras de mer Loch Ard Gorge
Le bras de mer du Loch Ard Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après cette vision cauchemardesque, nous reprenons la marche pour arriver sur une plage où l’on peut voir les immenses falaises de la Great Ocean Road. Je ne sais pas si c’est habituel mais je trouve que l’océan est particulièrement déchaîné aujourd’hui. Ce n’est pas le jour pour aller nager… Par contre, ça l’est pour prendre de belles photos avec une nature à l’état brut.

Plage déchaînée Lock Ard Gorge
L’océan déchaîné sur la plage du Loch Ard Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Vague Loch Ard Gorge
Observez la violence des vagues. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Loch Ard Gorge Vagues
Ça décoiffe au Loch Ard Gorge ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous revenons sur nos pas et prenons une bifurcation pour arriver à une petite crique. Un panneau d’information nous apprend que le nom Loch Ard Gorge provient d’un navire qui s’est échoué au large d’ici. Le premier juin 1978, le Loch Ard, qui venait d’Angleterre et devait se rendre à Melbourne, heurte un récif. À bord, 56 personnes tentèrent de survivre mais seulement deux y parviendront. Voici leur histoire… (Pas mal cette introduction à la New York, section criminelle)

« Tom Pearce, un moussaillon de 18 ans arriva à se hisser sur un canot de sauvetage. Après des heures de lutte, à ramer à contre-courant, il parvint finalement à rejoindre la crique. À peine les pieds sur la terre ferme, il entendit des cris provenant de l’eau. Au large, il aperçut une jeune fille de 18 ans en train de dériver, accrochée fermement à ce qu’il restait du mât du bateau. Eva Carmichael, une immigrante irlandaise venue en Australie avec toute sa famille, fut sauvée par Tom Pearce qui brava une nouvelle fois les vagues durant une heure. Revenus sur la plage, ils s’abritèrent dans une cave et se réchauffèrent à l’aide d’une bouteille de brandy, échouée sur le sable (provenant sûrement des cales du Loch Ard). Après un repos bien mérité, Tom escalada la gorge pour partir chercher de l’aide. Dans une ferme non loin de là, il trouva deux hommes qui l’aidèrent à remonter Eva, échappant ainsi à la mort. »

Aujourd’hui, de cette histoire, il n’en reste plus qu’une plaque commémorative et un cimetière pour se souvenir, rendre hommage aux 54 personnes ayant péri ici.

Crique des naufragés
Vue sur la crique des naufragés du Loch Ard. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Crique Lord Ard Gorge
La crique du Loch Ard Gorge. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cave naufragés
Cave où les deux naufragés se sont réfugiés. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

The Razorback

Nous restons une demi-heure dans la crique avant de nous rendre devant le Razorback, un immense rocher, juste à côté du Loch Ard Gorge.

Je ne sais pas trop pourquoi les australiens l’ont nommé ainsi, le Razorback étant une sorte de sanglier vivant dans le bush. Je suppose que la référence vient plutôt du mot « razor », signifiant rasoir en anglais.

Ce rocher a la particularité d’avoir des bords aiguisés comme des lames de rasoir. Sans cesse soumis aux forces du vent et de l’océan, le Razorback subit les effets de l’érosion. D’ailleurs, si on l’observe avec attention, on peut voir quelques fissures prendre forme.

The Razorback
The Razorback. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Razorback
The Razorback, une roche aussi tranchante que du rasoir. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

The Arch & The London Arch

Nous repartons à Port Campbell pour déjeuner dans une sorte de restaurant dont la spécialité est le fish & chips. Pendant le repas, je reçois une mauvaise nouvelle par téléphone… Durant mon séjour à Adelaïde, j’avais prévu de nager avec les dauphins toute une matinée. Malheureusement, la compagnie proposant cette activité m’informe que l’excursion risque d’être annulée compte tenu des mauvaises conditions météorologiques. Pour l’instant, rien n’est sûr, l’agence devant me confirmer demain si nous pourrons faire oui ou non cette sortie en bateau.

La nouvelle m’assomme un peu car j’ai prévu cette activité depuis plusieurs semaines. De plus, la deadline pour arriver à Perth ne me laisse aucune marge de manœuvre pour rester quelques jours de plus à Adelaïde… Je n’ai plus qu’à croiser les doigts pour que les prévisions s’améliorent d’ici là.

Le fish & chips terminé, nous prenons la voiture pour aller observer The Arch, qui montre parfaitement les effets de l’érosion sur la roche calcaire. Au fil des siècles, la falaise s’est écroulée ne laissant plus qu’un rocher à la forme d’une arche ou d’un pont. Pour l’instant, The Arch est toujours attaché au continent mais cela ne devrait pas durer.

The Arch
The Arch. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
The Arch panorama
Vue panoramique de The Arch. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La preuve en est avec The London Arch, situé juste après. Ici aussi, nous pouvons  observer une arche naturelle mais d’une dimension beaucoup plus importante. Son nom provient du fait de sa ressemblance avec le pont londonien qui traverse la Tamise. Auparavant, il était possible de se balader sur le London Arch avant que celui-ci ne soit définitivement séparé du reste du continent le 15 janvier 1990. Pour l’anecdote, ce jour-là, deux touristes se retrouvèrent piégés après que la « passerelle » se fût effondrée. Ils furent alors hélitreuillés et ramenés sans aucune blessure sur le continent.

London Arch
Le London Arch séparé du reste du continent. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Vague London Arch
Les vagues traversent le London Arch. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage london arch
Une plage inaccessible en face du London Arch. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

The Grotto

Dernière attraction de la journée qui sonne le glas de la Great Ocean Road L Le circuit se termine en apothéose avec The Grotto, une grotte à ciel ouvert où le paysage est à couper le souffle.

Pour y accéder, il faut descendre un escalier, s’arrêtant juste en face d’une arche (encore une). L’accès est bloqué par un petit muret que l’on peut enjamber à ses risques et périls. En effet, passée cette frontière, à marée haute, il est possible de se faire emporter par l’océan. Par chance, nous arrivons à marée basse ce qui permet de nous rapprocher de The Grotto sans aucun danger. Il faut tout de même faire attention aux rochers glissants pour ne pas se fouler une cheville.

Escalier pierre The Grotto
L’escalier menant à The Grotto. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
The Grotto entrée
L’entrée du Grotto. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Juste derrière l’arche, servant de porte d’entrée, se trouve une piscine naturelle de couleur bleu azur. En arrière plan, vous pourrez également profiter d’une vue magnifique sur l’océan. Si vous passez par la Great Ocean Road, The Grotto est un passage obligatoire avec The Twelve Apostles, vu la veille.

The Grotto arche
Rentrez à l’intérieur, ne soyez pas timide. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
The Grotto piscine
La piscine naturelle de The Grotto. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voilà, le séjour sur la Great Ocean Road est malheureusement terminé. Il est temps de quitter ce superbe endroit pour rejoindre notre prochaine destination, Adelaïde. Sur la route qui nous amène à un lac (nous servant de camping pour la nuit), nous avons droit à une grosse frayeur en voiture. Alors que je suis derrière le volant, un kangourou venu de nulle part décide de traverser la route au dernier moment, juste devant moi. Ce dernier me force à dévier de ma trajectoire pour me retrouver à contre-sens sur la voie rapide ! Heureusement, tout le monde s’en sort indemne. Passé cet épisode, nous arrivons sans aucun problème au camping et passons la nuit en toute sérénité.


Great Ocean Road, encore et toujours (Jour 3)

Réveil rapide au camping écologique de Cape Otway. Le temps d’emballer nos affaires et de payer notre nuit, nous voilà repartis sur les routes de la Great Ocean Road.

Notre arrivée tardive de la veille nous avait empêché de visiter le phare. Afin de corriger le tir, nous revenons sur nos pas et arrivons à l’ouverture du seul site touristique des environs. À l’accueil, nous apprenons une très mauvaise nouvelle qui compromet notre visite. Nous ne le savions pas mais l’entrée est payante. Nous devons débourser environ 25$ (environ 16€) par personne, ce qui est assez cher pour un backpacker, d’autant plus que nous ne l’avions pas prévu dans notre budget initial.

Après une courte discussion, nous décidons à l’unanimité de faire l’impasse sur cette visite. Sachant que j’ai eu de nombreuses occasions de voir des phares depuis mon arrivée en Australie (King Island, Byron Bay, Yamba, Port Macquarie, Aireys Inlet…), je me permets de zapper celui du Cape Otway.

Johanna Beach

Sans plus attendre, nous reprenons la voiture pour nous rendre à notre prochaine destination, la grande plage de Johanna Beach. Durant le trajet, je remarque que le paysage commence à se transformer au fil des kilomètres. La route côtière et escarpée laisse place à de grandes prairies verdoyantes où paissent des vaches de « type Normande ». Ce changement n’est pas désagréable, bien au contraire ! Cela casse un peu la monotonie de la vue sur l’océan (qui reste tout de même magnifique et incontournable).

Paysage Great Ocean Road
Le nouveau paysage de la Great Ocean Road. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Puis, juste derrière un pré et une colline, nous arrivons à Johanna Beach. Cette plage déserte s’étend sur des kilomètres, ce qui me rappelle celles du nord du Queensland, les palmiers et la forêt tropicale en moins.

Johanna Beach
Johanna Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Sur le sable, seules les traces des précédents visiteurs nous indiquent que l’Homme est déjà passé par ici. Nous ne voyons personne à l’horizon. Dans l’air, je sens une légère humidité due aux rafales de vent laissant l’écume des vagues s’envoler. Un vrai paysage de carte postale s’offre à nos yeux ! Afin d’immortaliser à jamais ce souvenir, je prends en photo Johanna Beach sous tous les angles, essayant de trouver le meilleur profil qui refléterait au mieux cette beauté époustouflante.

Plage déserte Johanna Beach
La plage déserte de Johanna Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Johanna Beach
Personne à l’horizon. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Environ trois quarts d’heure après notre arrivée, nous voyons les premiers signes de civilisation arriver. Un pêcheur observe les environs et part s’installer à l’autre bout de la plage tandis qu’un couple de sexagénaires se balade main dans la main. Un surfeur fait son apparition, prêt à affronter les vagues violentes de Johanna Beach. Ce dernier doit sûrement être un local, car les conditions sont loin d’être optimales voire même dangereuses. Seul une personne experte, connaissant le site, peut se permettre d’aller à l’eau, et encore…

Avant de partir, nous prenons un peu de hauteur et partons vers un point de vue situé au sommet d’une des collines longeant la plage. À cet endroit, nous réalisons vraiment à quel point Johanna Beach est immense.

Panorama Johanna Beach
Panorama de Johanna Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Johanna Beach vagues
Les vagues de Johanna Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pendant que nous admirons l’océan, un photographe, accompagné de son chien, s’installe à nos côtés. Ce dernier nous apprend que la Great Ocean Road est vraiment le paradis pour un passionné de photographie. Les gens peuvent rester des heures à un même endroit, attendant la vague parfaite qui embellirait leurs clichés. Je veux bien le croire. Déjà avec mon téléphone portable, j’apprécie de prendre des photos, alors muni d’un appareil de professionnel, cette envie doit bien être décuplée.

Chien Johanna Beach
Le chien du photographe en plein shooting photo à Johanna Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Melba Gully Park

Il est malheureusement temps d’y aller, si nous voulons respecter le programme de la journée. Nous partons nous enfoncer dans les terres du Victoria afin de visiter le Melba Gully Park, déjà sélectionné durant la préparation de mon road trip. L’office de tourisme de la ville de Lorne m’avait confirmé d’aller y faire un tour. Pour quelques heures, nous délaissons les plages afin de rentrer dans un parc national qui offre un chemin de randonnée que je qualifierais de véritable petit bijou.

Nous sommes entourés par des arbres centenaires couverts de mousse vert émeraude. La végétation abondante est vraiment facile d’accès grâce à la route balisée. Cependant, à quelques endroits, il est nécessaire d’enjamber des troncs d’arbre qui se sont effondrés sur le chemin. Des panneaux d’information indiquent aux touristes que des fortes pluies, des glissements de terrain, des coulées de boue ou encore des éclairs peuvent s’abattre dans cette forêt provoquant le déracinement des arbres. D’ailleurs, en mai 2009, un immense eucalyptus centenaire de 60 mètres de haut, surnommé The Big Tree, n’avait pas résisté à la tempête. Ce dernier gît toujours sur le sol du Melba Gully Park et reste l’une des attractions de la randonnée.

Melba Gully Park
Au cœur du Melba Gully Park. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Arbre Melba Gully Park
Le chemin du Melba Gully Park encombré par des chutes d’arbres. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Big Tree
Le Big Tree ou ce qu’il en reste. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Big Tree
Le tronc du Big Tree qui s’enfonce dans la forêt. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Arrivés à la jolie Anne’s Cascade, nous terminons la boucle et retrouvons le parking où la voiture nous attend.

Anne's Cascade
Anne’s Cascade. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Wreck Beach

Ce crochet en forêt terminé, nous revenons sur la côte pour nous arrêter à Wreck Beach, une plage qui n’est pas très connue et ne fait pas partie des lieux hautement touristiques. Nous quittons la route bitumée pour emprunter un chemin de terre sur plusieurs kilomètres. Nous arrivons devant une falaise qui offre, encore une fois, une vue incroyable sur l’océan. Puis, nous commençons un parcours de santé où il est préférable d’avoir une bonne condition physique si vous ne voulez pas trop souffrir.

Falaise Wreck Beach
Vue depuis la falaise surplombant Wreck Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Afin de fouler le sable de Wreck Beach, il vous faudra descendre un très grand nombre de marches, 366 précisément ! Malgré le froid, à la moitié du parcours, nous enlevons nos vestes pour ne pas trop transpirer. Enfin arrivés, nous nous posons sur les rochers pour reprendre notre souffle et découvrir la plage.

Marches Wreck Beach
Début des 366 marches pour rejoindre Wreck Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Marches Wreck Beach
Les 366 marches sont interminables ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Hormis les escaliers de la mort, l’intérêt de Wreck Beach est d’observer les ancres de deux navires, le Marie Gabrielle et le Fiji, échoués à la fin des années 1800. Pour avoir la possibilité de les trouver, il faut arriver à marée basse. Avec la chance que nous avons, nous sommes en pleine marée haute, bien évidemment. Du coup, nous devons nous en passer et remonter les marches qui sont encore plus physiques qu’à l’aller.

Wreck Beach
Sur la plage de Wreck Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Wreck Beach
Aucune ancre en vue… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Tant bien que mal, nous arrivons au sommet et quittons Wreck Beach, un peu déçus de ne pas avoir vu les ancres.

Gibson Steps

Steps voulant dire en anglais « marches », nous supposons que pour notre prochaine étape, nous allons devoir encore descendre et monter des escaliers… Néanmoins, avant d’arriver aux Gibson Steps, nous faisons une rapide halte devant des marécages, entourés de verts pâturages.

Marécages Great Ocean Road
Les marécages sur la route de la Great Ocean Road. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Durant cette pause, nous commençons à réfléchir à l’endroit où nous allons dormir car d’ici quelques heures, le soleil devrait commencer à se coucher. Wikicamps étant mon meilleur ami, je trouve juste après nos deux visites restantes de la journée un camping gratuit situé près d’un lac avec des toilettes à disposition. Cela fera largement l’affaire !

Pour l’heure, nous reprenons le cours de notre parcours et arrivons quelques minutes plus tard aux Gibson Steps. Le parking est plutôt rempli contrairement à ceux des sites précédents. Cela ne m’étonne guère car il s’agit du top trois à faire sur la Great Ocean Road. D’ailleurs, tous les circuits touristiques s’y arrêtent.

Falaise Gibson Steps
Vue depuis la falaise de Gibson Steps. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous descendons les marches, beaucoup moins sportives que celles de Wreck Beach. Plus que la plage, la particularité de Gibson Steps repose sur ses falaises bien rectilignes et gigantesques. Sur la roche, nous voyons parfaitement les différentes strates sédimentaires qui se sont formées au fil des siècles. Les couches superposées de quelques centimètres de hauteur ont été travaillées par l’océan et la marée.

Marches Gibson Steps
En descendant les marches de Gibson Steps. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage Gibson Steps
Sur la plage de Gibson Steps. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Il faut savoir qu’il y a des milliards d’années de cela, durant une ère où l’Homme n’existait pas encore, l’océan dépassait de plusieurs mètres les falaises que nous voyons aujourd’hui. Au fil du temps, l’eau s’est retirée, laissant place à ces immenses rochers.

Rocher vague Gibson Steps
Un rocher au milieu des vagues à Gibson Steps. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
plage Gibson Steps
Magnifique vue sur la plage de Gibson Steps – Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

The Twelve Apostles

Lorsque vous tapez sur Internet « Great Ocean Road », vous allez forcément tomber en premier sur des photographies des Twelve Apostles (ou Les Douze Apôtres en français). Site touristique phare, ces tours de calcaire d’environ 45 mètres de hauteur au-dessus de la mer, sont visitées chaque année par des milliers de touristes.

Twelve Apostles
Twelve Apostles : la nature à l’état brut. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ils étaient douze au départ (d’où son nom des Douze Apôtres), quatre piliers se sont écroulés, n’en laissant plus que huit à admirer. L’érosion fragilise ces grandes tours qui, comme nous, ont une durée de vie limitée sur cette planète (largement au-delà de la nôtre, bien évidemment). Formés entre 10 et 20 millions d’années, les Twelve Apostles étaient, auparavant, rattachés au reste du continent. Les vagues, le vent et les marées ont créé des cavernes dans la roche qui plus tard se sont écroulées. Ces colosses se sont alors retrouvés isolés du reste de la côte. Selon les panneaux d’information, chaque année, ces tours de calcaire s’érodent d’environ deux centimètres, se fragilisant jusqu’à leur disparition. Pour l’instant, le dernier apôtre est tombé le 3 juillet 2005, en espérant que les autres tiennent le coup le plus longtemps possible.

Il est recommandé de voir ce site au lever ou au coucher du soleil, sublimant ainsi ces géants de pierre. Contrairement à Wreck Beach, cette fois-ci, le timing est parfait. Malgré le grand nombre de touristes, nous restons jusqu’à ce que la nuit fasse son entrée. Même si des nuages ont caché le soleil, nous avons quand même eu droit à un ciel rouge orangé derrière ces colosses.

12 apostles soleil
Coucher de soleil sur les Twelve Apostles. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
12 Apôtres coucher soleil
Encore une photo des Twelve Apostles. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Port Campbell

Nous partons faire un rapide passage par la ville principale de la Great Ocean Road, Port Campbell. Nous en profitons pour faire quelques emplettes à la supérette et boire un coup au bar du coin avant de partir directement à notre camping. Ce n’est pas la peine de rester plus ici, nous préférons aller nous coucher et visiter la ville, le lendemain, à la lumière du jour.

Munis d’une lampe torche, nous installons la tente dans le froid que mon corps a de plus en plus de mal à supporter. Ce road trip est sympa mais j’avoue que la chaleur et le soleil du Queensland me manquent beaucoup.

Une fois de plus, la Great Ocean Road nous a offert de belles surprises. Malheureusement, demain est notre dernière journée dans ce petit coin de paradis avant de partir vers de nouvelles aventures.


Nouvelle journée sur la « Great Ocean Road » – (Jour 2)

Malgré la pluie de cette nuit, je me réveille plutôt en forme pour attaquer cette nouvelle journée sur la Great Ocean Road. Debout le premier, j’en profite pour lever la tête et essayer d’apercevoir un koala qui ferait sa sieste sur l’un des eucalyptus encerclant le camping. Malgré mes efforts et ma patience, ma recherche s’avère infructueuse : pas de koala dans les environs, dommage…

Un invité surprise pour le petit-déjeuner

Peu de temps après, Jade sort de la voiture et prépare le café pour le petit-déjeuner. N’étant pas un grand amateur de caféine, je me contente de quelques céréales dans un bol de lait. A l’ouverture du paquet de Corn Flakes, j’ai le droit à la visite inattendue d’un petit ami à plume. Un beau perroquet vert et rouge, typique en Australie, se pose sur le toit de la voiture et m’observe manger.

perroquet camping lorne
Un perroquet vient nous dire bonjour. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Tout d’abord craintif, il se laisse très rapidement approcher quand je lui tends une poignée de céréales. En fait, c’est lui qui vient se poser sur mon avant-bras pour prendre son petit-déjeuner. Quelques instants plus tard, plusieurs de ses collègues se posent à côté de nous afin d’avoir le droit, eux-aussi, à un repas gratuit. Ne voulant pas faire de jaloux, je distribue les Corn Flakes à tous les oiseaux venus à notre rencontre. Cependant, avant de ne plus pouvoir maîtriser leur appétit vorace, je préfère stopper net la distribution de nourriture, d’autant plus que les rangs de cette petite ménagerie ne cessent de grossir.

Lorne

Patricia levée, nous pouvons décoller afin de trouver des toilettes publiques dans la ville de Lorne, située à cinq minutes en voiture de notre camping. Selon l’application Wikicamps, il y en aurait du côté de la plage principale avec en prime des douches !

Nous nous garons sur le parking et entamons nos recherches qui se révèlent être plus compliquées que prévues. Rien à l’horizon du côté de la plage. Puis, j’aperçois sur les hauteurs, des barbecues gratuits avec trois cahutes en bois placées juste derrière. D’un naturel curieux, je quitte la plage pour m’approcher de l’espace pique-nique.

Lorne plage
La plage de Lorne. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Alléluia ! Les trois cabanes sont, comme je l’avais pensé, des toilettes publiques, grand luxe en prime ! A l’intérieur de chacune d’entre elles nous avons droit à un lavabo (parfait pour nettoyer notre vaisselle sale) et un pommeau de douche qui a l’air de fonctionner. Je retourne voir les filles pour leur annoncer la bonne nouvelle et ni une ni deux, nous partons nous débarbouiller.

Même si je suis content d’avoir une douche, je vous avouerais que je ne suis pas très emballé à l’idée de me laver à l’eau froide dans un cabanon où l’air traverse les murs en ce début d’hiver. Néanmoins, cette opportunité ne se présentant pas tous les jours, je décide de prendre mon courage à deux mains et je pars me laver. Au contact de l’eau glacée, mes poils se hérissent et ma peau se tend instantanément (ce qui est une bonne alternative au lifting !). Compte tenu des conditions, je me savonne, me rince et me sèche en cinq minutes top chrono. Les filles mettant quelques minutes de plus, j’en profite pour nettoyer assiettes, couverts et poêles utilisés la veille.

Tout le monde est prêt, nous partons en direction de l’office de tourisme qui vient d’ouvrir. Ne sachant pas quels sont les sites incontournables de Lorne, nous préférons demander conseil aux employés.

Ces derniers nous proposent d’aller visiter en priorité Erskine Falls, une cascade au cœur de la forêt tropicale de Lorne ainsi que le Teddy’s Lookout, une vue en hauteur sur la Great Ocean Road et l’océan. Beaucoup d’autres endroits peuvent être explorés mais ne restant ici que pour la matinée, il nous est impossible de tous les faire.

En prime, les employés de l’office de tourisme ont la gentillesse de nous donner une carte de la Great Ocean Road avec la liste de tous les campings gratuits et payants de la région.

Erskine Falls et Teddy’s Lookout

Munis de toutes les informations nécessaires, nous prenons la voiture pour nous rendre à la cascade d’Erskine Falls à environ 10 minutes du centre-ville de Lorne, en direction des terres.

Une fois arrivés au parking, nous empruntons un petit sentier avec des escaliers qui nous amènent devant la cascade. Malgré le fait d’en avoir vu une trentaine dans le Queensland (Josephine Falls / Milla Milla Falls / Emerald Creek vers Cairns, Springbrook / Lamington du côté de la Gold Coast, Cedar Creek Falls à Airlie Beach pour ne citer qu’eux), je suis toujours ébahi par la beauté des cascades australiennes. Une forêt tropicale sauvage, du lichen vert émeraude sur la roche, un paysage digne des plus grands films d’aventure et bien entendu l’eau qui dévale la falaise, cette ambiance a comme un effet reposant, donnant un sentiment de plénitude à celui qui l’observe.

Cascade Erskine Falls
La cascade Erskine Falls. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Forêt tropicale
La forêt tropicale d’Erskine Falls. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
cascade erskine falls
Juste magnifique ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
extase Erskine Falls
En pleine extase devant la cascade. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Quelques photos plus tard, nous repartons à la voiture pour nous rendre à notre prochaine destination, le Teddy’s Lookout. Ce panorama offre une vue splendide sur la Great Ocean Road qui longe la côte du Victoria. Comme vous le constaterez sur la photo ci-dessous, du côté gauche de la route, nous pouvons contempler la beauté de l’océan et ses falaises. Puis en glissant son regard du côté opposé, le paysage marin laisse place aux montagnes verdoyantes traversées par la rivière Saint George.

Tomm'ys lookout great ocean road
Vue sur la Great Ocean Road depuis le Tommy’s lookout. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Kennett River

La visite de Lorne terminée, nous partons à notre deuxième étape de la journée à savoir Kennett River. A la différence des autres lieux que nous avons visité sur la Great Ocean Road, Kennett River n’est pas célèbre pour sa flore mais plutôt pour sa faune. C’est l’endroit où il faut se rendre si vous voulez observer et approcher de près des perroquets, cacatoès mais aussi des koalas !

Le GPS nous guide jusqu’à une petite supérette, faisant aussi office de café, juste au bord de la route. D’abord perplexe, je regarde si ce dernier ne s’est pas trompé de lieu et ne nous a pas envoyé n’importe où (ce qui est déjà arrivé). Non, pas d’erreur possible, nous sommes bien arrivés à Kennett River.

Je m’attendais plus à voir une charmante petite ville en bord de mer telle que Lorne. À la place nous avons droit à une plage déserte et une simple supérette. Je me demande bien où sont cachés les animaux qui font la réputation de ce lieu.

Kennett River plage
La plage de Kennett River. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

A peine sortis de la voiture, nous voyons arriver un bus rempli de touristes chinois qui s’arrête juste à côté de nous. Le guide les amène sur une route parallèle, cachée par des arbres, où un grand nombre d’oiseaux sont installés. Ce doit être ici que la visite commence ! En même temps que le groupe, nous nous approchons de ces animaux qui ne sont pas du tout craintifs.

Oiseaux
Les oiseaux attendant que les touristes arrivent. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Des personnes, plus organisées que nous, ont en leur possession des graines qui attirent les oiseaux. Ces derniers se posent directement sur leurs bras, leurs épaules et même leur tête afin de grapiller le plus possible de nourriture. Voyant que nous n’avons rien pris, un voyageur nous offre une poignée de graines que nous partageons à trois. A cet instant, comme par magie, une multitude de perroquets et cacatoès nous encerclent.

Nous nourrissons ces petits êtres affamés jusqu’à ce que nous n’ayons plus aucune provision en notre possession. Nous les quittons alors pour essayer de trouver les koalas qui, je pense, devraient être posés sur les hauteurs de Kennett River. Par chance, cette petite route s’enfonce dans les terres. Nous décidons donc de l’emprunter pour voir si celle-ci va nous amener vers ces petits marsupiaux.

Perroquet en train de manger
J’ai un nouvel ami. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
perroquet mange
C’est un petit gourmand ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le chemin grimpe vers une colline d’eucalyptus, lieu d’habitation idéal pour les koalas. Au bout de plusieurs minutes de traque, nous apercevons une petite boule de poils ayant l’air de dormir sur une branche. Un mètre plus loin, un autre koala, un peu plus vif, se balade sur les arbres, essayant de trouver un endroit confortable pour se coucher. Au total, nous arrivons à en trouver quatre, ce qui est largement suffisant pour combler notre joie !

Vue hauteurs Kennett River
Vue sur la plage depuis les hauteurs de Kennett River. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
koala Kennett River
Un koala de Kennett River. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
koala
Qu’est-ce que vous avez à me photographier ? Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Koala en mouvement
Un koala qui bouge, c’est rare ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Apollo Bay

Aux alentours de midi, nous reprenons la route pour nous rendre à Apollo Bay. Ce petit village de pêcheurs de moins de 2000 habitants est une des haltes à ne pas rater lorsque l’on emprunte la Great Ocean Road.

Nous nous garons à côté de la plage principale où un petit parc a été aménagé avec des tables de pique-nique. Compte tenu de l’heure, nous décidons de nous y poser pour déjeuner tranquillement. Le repas terminé, nous partons nous balader sur la plage et le port d’Apollo Bay.

plage Apollo Bay
La plage d’Apollo Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Apollo Bay Ville
Vue sur Apollo Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Sur les quais, les bateaux amarrés et les odeurs salines me font penser à Martigues, ma ville natale. Ce silence où l’on entend l’eau onduler le long du ponton, les pêcheurs posés avec leurs équipements, espérant que la prise sera bonne, les paniers à crabes et filets en train de sécher ou encore les bateaux se laissant mouvoir sur l’eau, tous ces petits détails sont un peu ma madeleine de Proust, faisant ressurgir des souvenirs du passé.

pêcheur Apollo Bay
Un pêcheur en action au port d’Apollo Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Quai port Apollo Bay
Sur les quais du port d’Apollo Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Malheureusement, la visite d’Apollo Bay s’achève en milieu d’après-midi… Avec ce retour à l’enfance, j’ai comme un pincement au cœur lorsque nous quittons la ville. Mais le temps filant en toute vitesse, nous ne pouvons rester plus longtemps car il nous faut rejoindre notre dernière étape de la journée, Cape Otway.

Cape Otway

Cape Otway est surtout connu pour son phare qui est actuellement le plus ancien d’Australie. Nous roulons bien une demi-heure avant de rejoindre notre destination. Le phare ayant des horaires d’ouverture, nous n’arrivons pas à temps pour pouvoir le visiter et même s’en approcher. Contrairement à Aireys Inlet, l’espace autour du phare n’est pas accessible à toute heure, celui-ci étant bloqué par une grande porte en métal.

Du parking, il est impossible de voir quoi que ce soit. Nous apercevons alors un petit chemin de randonnée qui a l’air de longer le phare.  Avant que le soleil ne se couche, nous empruntons le sentier qui nous amène très vite à un cimetière où sont enterrés les anciens gardiens du phare et leur famille. L’ambiance devenant franchement glauque, nous préférons repartir vers la voiture et réfléchir à l’endroit où nous allons dormir pour la nuit.

sentier Cape Otway
Un chemin de randonnée pas très rassurant… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coucher soleil phare
Magnifique coucher de soleil à Cape Otway. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cimetière phare
Le cimetière du phare de Cape Otway. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voulant rester non loin de là, afin de visiter Cape Otway le lendemain, nous sommes contraints de nous rendre au seul camping des environs. Le « free camp » le plus proche est beaucoup trop éloigné pour nous y rendre, d’autant plus qu’il fait déjà nuit. Après en avoir discuté tous ensemble, nous tombons d’accord pour nous rendre au camping Bimbipark situé à cinq minutes en voiture du phare.

Arrivés devant la porte fermée de la réception, nous sommes accueillis par une voix émanant de l’interphone. Cette dernière nous donne un emplacement sans électricité et nous propose de payer demain dans la matinée lorsque l’accueil sera ouvert. Cela m’étonnera toujours de la part des Australiens de faire autant confiance aux étrangers. Si nous étions malhonnêtes, il serait très facile de nous poser dans le camping sans en avertir les propriétaires puis de partir aux aurores avant que quelqu’un ne s’aperçoive de notre présence.

Sans plus attendre, nous installons la tente à notre emplacement et partons prendre une douche chaude bien méritée qui, à ma grande surprise, est payante. Sous prétexte du respect de l’environnement et des ressources naturelles, un « timer » a été installé dans chaque cabine de douche afin de réguler la consommation d’eau. Comptez un dollar par minute, ce qui vous laisse très peu de temps pour vous savonner et vous rincer.

La douche terminée en un temps record, je pars rejoindre les filles qui se sont installées à la cuisine du camping. Nous discutons un peu avant de partir nous coucher. La conversation se résume surtout à l’organisation du programme de notre troisième journée sur la Great Ocean Road. En ayant listé les sites touristiques qu’il nous reste à faire, je peux vous dire que les jours prochains ne seront pas de tout repos, bien au contraire.


Great Ocean Road en Australie – Jour 1

Après une nuit de sommeil sur une aire d’autoroute, nous reprenons les bonnes vieilles habitudes du road trip. Terminé le confort d’une auberge de jeunesse, nous revoilà sans douche mais surtout sans chauffage. Le froid commençant à s’installer, ça n’aurait pas été du luxe d’avoir de quoi se réchauffer, surtout le matin en sortant de la tente complètement humide.

Sans plus attendre, nous remballons nos affaires et partons à notre première destination : Torquay. Cette petite ville est le point de départ de notre troisième temps fort (après Sydney & Melbourne), la Great Ocean Road.

Mais qu’est-ce que la Great Ocean Road (GOR en abrégé) ?

Il s’agit d’une route côtière qui s’étend sur 263 kilomètres dans l’État du Victoria, juste après Melbourne. Cette route a été construite après la Première Guerre Mondiale par les soldats revenus du front en Europe. Créée à des fins logistiques et économiques (transport de matière première et liaison avec des villes isolées du reste du pays), la GOR est désormais un haut lieu touristique. Tout au long de cette route, la nature offre un spectacle à couper le souffle. Entre falaises, plages et villages de pêcheurs, la GOR propose aux touristes une expérience magnifique et une diversité d’activités à ne rater sous aucun prétexte.

Circuit GOR
Circuit de la GOR. Crédit photo : Internet

Torquay, la ville du surf

Maintenant que vous connaissez le contexte, nous pouvons revenir à nos moutons et découvrir Torquay. Réputée avant tout pour le surf, la ville en a fait son fonds de commerce. En elle-même, Torquay n’a rien d’exceptionnel. Sa seule particularité repose sur le fait qu’un grand nombre de commerces soit dédié au surf : écoles, locations d’équipement, musée, sans compter les marques connues internationalement telles que Quiksilver et Rip Curl (dont les fondateurs sont originaires d’ici). D’ailleurs, cette dernière enseigne a donné son nom à une compétition où les plus grands surfeurs du monde viennent s’y affronter une fois par an : le Rip Curl Pro Surf & Music Festival.

Nous traversons la ville en voiture pour nous rendre à l’attraction principale de Torquay, Bells Beach, la plage où les surfeurs de la région viennent s’y retrouver.

Bells Beach plage
Vue sur la plage de Bells Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Une fois garés sur le parking, nous rejoignons un panorama où l’on peut contempler la plage et les surfeurs attendant la vague parfaite. Le froid n’a pas calmé leurs ardeurs au vu du nombre de personnes à l’eau. Munis d’une combinaison épaisse, de gants, boots et cagoules, ces sportifs aguerris rentrent avec plaisir dans l’océan glacial de ce début d’hiver. Au vu de leur courage, je me rends compte que je suis plutôt un surfeur du dimanche. Il est hors de question que je mette ne serait-ce qu’un orteil dans l’eau même avec l’équipement adéquat. Cela me rappellerait un mauvais souvenir lorsque j’avais surfé dans l’eau froide de Lacanau (ville française située dans le sud-ouest) en automne 2013. En pleine session de surf, j’avais fait un malaise, mon corps étant en hypothermie. J’étais ressortir de là, la peau et les lèvres bleues Schtroumpfs. Autant mon corps s’acclimate aux fortes chaleurs, autant il ne fait pas le poids face au froid hivernal et à l’eau gelée. Par conséquent, je préfère observer les surfeurs de la plage et rester au sec.

Bells Beach Surf
Ils n’ont pas froid ? Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Surfeurs
Des surfeurs en pleine action. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Toutes les personnes à l’eau ont l’air d’avoir un bon voire un très bon niveau ce qui est nécessaire compte tenu des vagues de Bells Beach. Ce spot est plutôt réservé aux gens expérimentés. Je vois mal un débutant se débrouiller ici sans se mettre en danger. Le surf nécessite de connaître ses capacités mais aussi ses limites à ne pas franchir. L’océan étant un élément naturel incontrôlable, un accident peut vite arriver.

Surfeur Bells Beach
Surfeur analysant les vagues de Bells Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Bells Beach
Bells Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous restons environ une heure ici avant de repartir en ville. Ce matin, en passant par la route principale qui traverse Torquay, nous avons vu qu’un marché bio s’était installé pour la journée. Autant y faire un tour avant de s’en aller. Il nous faut à peine 10 minutes pour visiter l’ensemble des stands proposant avant tout, des fruits et légumes. Malheureusement, les prix et la qualité des produits nous ont dissuadés de faire le moindre achat. Certes, la production respecte la charte du bio mais le goût des mandarines, pommes ou encore bananes de différents producteurs ont le même défaut. Ces fruits sont totalement insipides, sans aucune saveur.

Marché Bio Torquay
Marché bio de Torquay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Aireys Inlet

La déception de ce marché nous a poussés à faire nos courses dans la grande surface du coin avant de partir à notre seconde étape, Aireys Inlet et son phare situé au sommet de la falaise de Split Point.

Plage Split Point
Plage avec le phare en arrière-plan. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

À peine arrivés, nous décidons de déjeuner non loin du phare sur l’une des tables de pique-nique mises à disposition. Au menu, saucisses et semoule. Le repas se fait dans le silence absolu car la tension est encore palpable depuis le clash de la veille entre Patricia et moi. Personne ne voulant faire un effort pour arranger les choses, nous préférons tout bonnement nous ignorer. Une nouvelle discussion ne ferait qu’envenimer la situation.

Bizarrement, je m’en accommode sans difficulté et me contente de parler avec Jade qui est de bonne humeur. Nous sommes vraiment subjugués par la beauté des paysages qui augure de bonnes surprises pour la suite. Pour le moment, le seul hic est le temps nuageux avec quelques passages menaçant au-dessus de nos têtes ainsi que le froid marin.

Le repas terminé, nous partons en direction du phare blanc. Ce dernier joue à merveille son rôle de gardien, protecteur des navires trop téméraires. Sa splendeur n’est rien comparée aux falaises qui nous entourent. La roche, de couleur ocre, s’érode au fil du temps sous l’effet des vagues salées et des marées continuelles. À certains endroits, les rochers se sont même écroulés, laissant au milieu de l’eau, de hautes tours en pierre, isolées du reste du continent.

Split Point Falaises
Les falaises de Split Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Phare Split Point
Le phare de Split Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ayant perdu Patricia de vue, nous partons, Jade et moi, sur l’autre versant, juste derrière le phare. Encore une fois, nous tombons sur un spectacle magnifique. Un bras de mer s’enfonce dans les terres verdoyantes du Victoria avec en arrière-plan un petit village installé sur une colline boisée.

Versant Split Point
L’autre versant de la falaise. Crédit Photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le Memorial Arch

La visite d’Aireys Inlet finie, nous reprenons la route après avoir retrouvé Patricia. Nous conduisons jusqu’au Memorial Arch qui annonce officiellement le début de la GOR. Comme son nom l’indique, ce monument est une arche en bois qui a été bâtie afin de rendre hommage aux travailleurs ayant construit la GOR, également des vétérans de la Première Guerre Mondiale.

Memorial Arch
Le Memorial Arch. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

L’arche telle qu’on peut l’admirer aujourd’hui n’est pas l’originale. En réalité, le Memorial Arch a été remplacé de nombreuses fois ces dernières décennies pour différentes raisons :

  • Rénovation ;
  • Feux de forêt ;
  • Mais surtout, accidents de la route

Dans les années 70, il avait été question de détruire le Memorial Arch, jugé trop dangereux pour les automobilistes par le gouvernement australien. L’idée avait vite été abandonnée sous la pression de la population très attachée à cette arche.

Nous nous arrêtons près du Memorial Arch afin de prendre quelques photos avant de reprendre la GOR pour trouver un camping gratuit où passer la nuit.

GOR Memorial Arch
A nous la GOR ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Camping dans la forêt

Nous longeons la côte pour finalement arriver jusqu’à la ville de Lorne, quatrième étape que nous visiterons demain matin. Non loin de là, j’ai repéré sur Wikicamps un terrain où il est possible de dormir gratuitement. Par contre, cet espace est dépourvu de toilettes et de point d’eau. Qu’à cela ne tienne, on s’en passera.

Route Lorne
Sur la route de Lorne. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le camping se situe à l’entrée d’un parc national, au milieu de grands eucalyptus où l’on peut observer des koalas si l’on a de la chance. Arrivés juste avant que la nuit ne tombe, nous installons rapidement la tente sur le dernier emplacement disponible. Nos voisins, un couple de jeunes backpackers, a loué un van très original puisqu’il s’agit de la reproduction parfaite de la Mystery Machine de Scoubidou ! Un sentiment de jalousie m’envahit tout à coup à la vue de leur engin tout droit sorti d’un dessin animé. Même si je suis attaché à ma Furiosa, je l’aurais bien troquée sans aucune hésitation contre la Mystery Machine

Scoubidou
Scoubidou bidouuu ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le soleil se couche, annonçant la fin de cette journée marathon. La GOR est véritablement une merveilleuse surprise. J’avais lu beaucoup d’avis positifs sur Internet mais je ne m’attendais pas à ce que cela soit aussi magnifique ! Et ce n’est que le début. Le programme du lendemain étant plutôt chargé, je préfère ne pas veiller trop longtemps pour être en forme dès le réveil. Après avoir dîné, je pars au lit sans plus attendre, attendant impatiemment que le soleil se lève.


Melbourne : diversité des oeuvres d’art au « National Gallery of Victoria »

Pour cette dernière journée à Melbourne, j’ai décidé d’accompagner les filles pour finir ce séjour ensemble. Je les laisse choisir le programme, en espérant ne pas retourner dans un lieu que j’ai déjà visité. Avant de nous en aller, nous rangeons nos vêtements dans les valises puis rendons les clés de la chambre à la réception et  nous rentrons nos affaires dans la voiture. Une fois notre visite de Melbourne terminée, nous pourrons ainsi quitter la ville sans plus attendre.

Une ambiance électrique

Le temps que tout le monde soit prêt, nous partons en milieu de matinée pour nous rendre au National Gallery of Victoria. Il s’agit de l’un des principaux musées de Melbourne qui propose aux visiteurs une grande diversité d’œuvres d’art de tout style : peintures bibliques, paysages, portraits, photographie, statues antiques, art contemporain mais aussi des biens mobiliers et des œuvres tellement atypiques que je ne saurais les classifier.

Il nous faut un peu plus de 30 minutes pour arriver à destination. Sur le trajet, nous ne pouvons pas dire que l’ambiance soit au beau fixe. Je discute uniquement avec Jade qui, sans le vouloir, sert d’intermédiaire. Par exemple, je lance une conversation à laquelle Jade prend part. Puis, cette dernière se tourne vers Patricia pour avoir son avis. Celle-ci se sentant obligée d’y répondre, rétorque, uniquement à Jade, de manière très concise (se limitant souvent à un oui ou un non).

Bon, reprenons le cours de notre récit. A l’entrée du musée, je remarque qu’une exposition sur Van Gogh a lieu. Immédiatement, je pense à la France et à ma chère région où ce grand peintre s’est installé durant une partie de sa vie. Si vous passez par Arles (sud de la France), vous verrez qu’à côté des monuments datant de l’ère gallo-romaine, des expositions mettent à l’honneur cet artiste qui a réalisé de nombreuses peintures en s’inspirant du paysage arlésien. Malheureusement, l’exposition Van Gogh étant payante, nous préférons rester dans la partie gratuite (qui est déjà très vaste).

National Gallery of Victoria
Bienvenue au National Gallery of Victoria. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

A l’intérieur du National Gallery of Victoria

Nous contournons le mur d’eau, placé à l’entrée du musée, pour arriver dans une grande salle où une sorte d’immense lustre en cristal trône au milieu de la pièce. Tout autour, des escalators amènent aux étages supérieurs où chaque niveau renferme une thématique particulière avec ses dessins, peintures, sculptures qui lui sont propres.

Mur d'eau NGV
Le mur d’eau du National Gallery of Victoria. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Entrée NGV
Rez-de-chaussée du National Gallery of Victoria. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Photo NGV
Très beau jeu de lumière sur cette photographie. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Nous montons tous les trois au premier étage et arrivons dans une pièce réservée à l’art asiatique : vases Ming, costumes de guerrier japonais, statues de divinités hindouistes ou encore dessins à l’encre de Chine. Tout cela nous fait voyager à travers l’Asie, de l’Inde jusqu’au Japon en passant par la Chine, le Cambodge ou encore la Thaïlande.

Armure Japon NGV
Une armure de guerre japonaise. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Avalokiteshvara
Avalokiteshvara, personnage de la mythologie bouddhiste. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Vases Asie NGV
Vases et vaisselles asiatiques. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

N’ayant pas le même rythme, Jade, Patricia et moi-même, commençons à nous séparer petit à petit. Chacun a sa propre « sensibilité artistique » (si je peux m’exprimer ainsi), des goûts personnels et une curiosité plus ou moins exacerbée. Notre intérêt, très différent les uns des autres, nous amène donc à nous arrêter à des œuvres qui ne sont pas les mêmes.

Quittant la salle sur l’art asiatique en dernier, j’atterris dans l’exposition d’art contemporain. Je dois avouer que j’ai passé assez rapidement cette partie du musée car je ne suis pas un grand fan de ce style artistique. Lorsque l’on doit réfléchir un certain temps pour comprendre le sens de l’œuvre, le message de l’artiste… je décroche. Mon attention s’évapore comme neige au soleil et je n’ai alors qu’une envie, découvrir les autres salles du National Gallery of Victoria.

Art contemporain NGV
Pièce dédiée à l’art contemporain. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Cubisme NGV
Le cubisme, un art très particulier. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Nous arrivons alors dans l’une de mes parties préférées où sont exposées principalement des peintures et sculptures mettant en scène des passages de la Bible, des légendes gréco-romaines, des statues de divinités grecques ou encore des portraits provenant de l’époque de la Renaissance. Même si je suis très loin d’être un érudit en la matière, je suis très sensible à ces deux périodes de notre histoire qui, pour moi, sont les plus intéressantes. L’Antiquité, naissance des arts et cultures notamment avec les Grecques et Romains qui ont écrit l’histoire de l’Europe. La Renaissance, véritable « soap opera » avec toutes ses coucheries, ses adultères, ses trahisons, ses meurtres, ses alliances et mésalliances qui ont construit notre Europe mais aussi les autres continents.

Salle renaissance NGV
Salle réservée à l’époque de la Renaissance. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Je passe 70% de mon temps dans cette aile du musée. Je m’arrête pour apprécier un tableau représentant l’Odyssée d’Homère où Ulysse rencontre les sirènes, un autre avec Moïse et ses tables de la loi où sont inscrits les 10 commandements ou encore des statues représentant Vénus et Apollon. Je ne vais pas vous décrire tout ce que j’ai vu car il me faudrait plus de 20 pages pour tous les recenser !

Anguish Albrecht Schenck
Anguish, œuvre plutôt macabre d’Albrecht Schenck. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Odyséee Homère NGV
Représentation de l’Odyssée d’Homère. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Moïse tables de la loi
Moïse et ses tables de la loi. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

La visite se termine avec l’art mobilier où sont exposées chaises, lampes, tables avec des styles très osés. Je m’arrête devant certains d’entre eux pour réfléchir et savoir si ces derniers ont leur place dans une maison. De mon point de vue, je n’en ai pas listé énormément. Entre un canapé construit à l’aide de centaines de nounours et une chaise « capsule » en forme d’orque, il me semble compliqué de les intégrer dans une maison quel que soit le parti pris architectural… Je crois que les seules pièces que j’aurais pu mettre chez moi seraient les lampes fluorescentes, les chaises et tables psychédéliques tout droit sorti d’un film d’Austin Powers et encore, je n’en suis pas sûr.

Art mobilier NGV
Je ne sais pas si c’est très confortable ? Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Chaise Orque NGV
Très accueillant pour s’asseoir, n’est-ce pas ? Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Retour au Queen Vic & départ de Melbourne

En début d’après-midi, après que tout le monde a fini la visite du National Gallery of Victoria, nous partons vers le Queen Victoria Market que les filles n’ont pas encore eu le temps de voir. Même si j’aurais préféré aller ailleurs, je suis le groupe sans aucun commentaire. Je ne vais pas vous refaire une description de ce marché que vous pouvez découvrir dans l’article précédent. Nous profitons d’être dans le « temple » de l’alimentation pour nous arrêter déjeuner car il est déjà 16 h. Le ventre rempli, nous pouvons repartir vers St Kilda où la voiture nous attend patiemment. Nous faisons juste un crochet par l’agence de voyage où, la veille, Patricia s’était renseignée sur les prix de la cage aux requins à Port Lincoln et passer ainsi la journée avec Jade et moi. Enfin, madame s’est décidée ! Il était temps !

Il nous faut bien plus d’une heure de marche avant d’arriver à notre véhicule. Je m’assois derrière et laisse les filles prendre le volant. A peine avons-nous démarré qu’une violente dispute éclate entre nous (enfin plus particulièrement entre Patricia et moi). Ne pouvant plus retenir ma colère, j’explose et dis à Patricia ce que je pense d’elle et de son comportement depuis le début de notre road-trip. Cette dernière n’a pas la possibilité de dire un seul mot tellement j’ai de reproches à lui faire.

Je passe bien 10 minutes à l’engueuler en anglais et lui exprimer mon épuisement face à ses réflexions, ses attitudes égoïstes qui ne sont pas tolérables, surtout lorsque l’on partage un voyage itinérant avec d’autres personnes. Pour ma part, un road-trip est basé sur l’esprit d’équipe et l’entraide, deux qualités qu’elle ne possède pas. Après m’être défoulé, Patricia me répond sans vraiment d’arguments. Son seul reproche, sur lequel je suis d’accord, est de ne pas avoir exprimé plus tôt mon ressenti vis-à-vis de ses attitudes. Chacun ayant exposé ses doléances, nous restons muets jusqu’à ce que nous arrivions au free camp situé sur une aire d’autoroute à quelques minutes de Torquay, notre prochaine destination.

Je crois que nous sommes arrivés à un point de non-retour où il va être compliqué de rétablir une amitié qui n’existe plus. Même si l’envie est forte, je ne peux l’abandonner ici, dans la nuit noire, sans aucun moyen de transport. Pour l’instant, je ne prends aucune décision, ce serait trop hâtif, je préfère attendre pour voir ce que cela va donner. Si tout le monde y met du sien, nous pourrons aller ensemble jusqu’à Perth. Si ce n’est pas le cas, il faudra prendre la décision de nous séparer. Compte tenu du fait que la voiture m’appartient, la solution sera simple : Patricia sera « éjectée » dans une ville à partir de laquelle elle devra rejoindre Perth par ses propres moyens.


Art et gastronomie à Melbourne

Nouvelle journée, nouvelle visite ! Après le marathon de la veille où je n’ai pas arrêté un instant, je décide de passer une journée au calme. Le programme n’étant pas très chargé, je prends un peu plus mon temps pour quitter l’auberge. Je décide de partir seul car malgré tous les efforts que je tente de faire, je n’arrive toujours pas à rester à côté de Patricia, d’autant plus qu’elle ne fait pas trop d’effort de son côté.

Rester zen en toutes circonstances…

Mes affaires prêtes, je quitte la chambre pour aller prendre le tram afin de visiter le nord de Melbourne. Dans les couloirs, je croise les filles encore en pyjama. Patricia me demande si je suis toujours énervé contre elle et je ne peux m’empêcher de lui dire la vérité : oui, bien évidemment. Elle acquiesce et va se doucher sans dire un mot. Jade étant toujours là, j’en profite pour lui rappeler que nous devons « booker » notre tour dans la cage aux requins car d’ici quelques jours nous serons arrivés à Port Lincoln, seule ville en Australie proposant cette activité. Patricia souhaitant finalement se joindre à nous, Jade me propose de voir ça demain sans faute. Aujourd’hui, elles ont planifié d’aller dans une agence de voyage afin de s’informer sur les prix du tour que nous avons choisi et dans le but de prendre sa décision finale.

Que de temps pour se décider ! Ce n’est pas possible de réfléchir autant pour une simple cage aux requins ! On ne lui demande tout de même pas de choisir d’envoyer ou non un missile nucléaire sur un pays ennemi. Gardant ces réflexions pour moi, je lui dis qu’il n’y a aucun problème et pars en lui souhaitant de passer une bonne journée.

L’énigme des transports en commun

Muni de ma carte Myki (nom de la carte des transports publics de Melbourne), je rentre dans le tram après avoir réfléchi de longues minutes au chemin à emprunter. J’ai beaucoup de mal à me repérer dans cette ville. Les lignes de tram et les trajectoires des bus s’entrecroisent pour devenir un vrai labyrinthe où je perds tout sens de l’orientation.

Je ne vous parle même pas de l’utilisation de la carte Myki que les habitants de Melbourne utilisent une fois sur deux. Les transports en commun sont totalement gratuits dans tout le CBD, il n’est donc pas nécessaire d’utiliser son pass. Comme vous l’aurez compris, tout ce qui se trouve à l’extérieur du CBD est payant. Maintenant, la question est de savoir si le trajet que je vais emprunter nécessite l’utilisation de la carte. Partant de St Kilda, je devrais payer le trajet de mon point de départ jusqu’à l’entrée dans la zone gratuite, enfin c’est ce que je pensais.

J’utilise mon pass mais je me rends compte rapidement que je suis le seul à l’utiliser. À l’exception des gens qui s’arrêtent à une station hors du CBD, personne ne sort sa carte … La question que je me pose est alors la suivante : si je pars d’une zone payante pour m’arrêter dans la zone gratuite, tout mon trajet serait-il gratuit ? Ça n’a aucun sens mais n’ayant pas envie de me prendre la tête avec ça, je choisis de ne plus passer ma carte, le problème est réglé !

Bienvenue à Fitzroy

Ce casse-tête ayant duré tout le trajet, je m’aperçois que je suis quasiment arrivé à mon lieu de destination : le quartier de Fitzroy. Je descends à la limite de la zone payante et je continue mon chemin à pieds.

Allée Fitzroy
Allée principale du quartier de Fitzroy. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Fitzroy est un des principaux lieux touristiques de Melbourne. La particularité de ce quartier se trouve sur les maisons, immeubles, écoles, restaurants… Des centaines de dessins (des œuvres d’art pour certains) ont été tagués sur les murs offrant ainsi aux visiteurs un musée gratuit, à ciel ouvert. Il suffit simplement de marcher dans les rues pour tomber sur de magnifiques graffitis, pas de comparaison possible avec ceux que l’on peut voir sur les ponts autoroutiers ou les trains des métros de Paris… Ici, on peut observer de véritables peintures avec des styles très différents les uns des autres : réaliste, contemporain ou abstrait, tout le monde trouvera son bonheur. Étant déjà venu l’an passé, j’en profite pour voir si les tags ont été modifiés ou si certains se sont ajoutés à la collection.

Fitzroy tag
Welcome to Fitzroy. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Une matinée très arty

Avant de partir à l’assaut de Fitzroy, je pense qu’un petit-déjeuner serait parfait pour commencer la visite en douceur… Je passe devant plusieurs coffee shops mais seul le Attaboy Roy attire mon attention – tables en bois, lierre sur les murs intérieurs, lampes et plafonniers suspendus – un cadre simple et naturel comme je les aime. Je commande un chaï latte ainsi qu’un cronut (mélange subtil entre un croissant et un beignet). La pâte feuilletée croustillante cache un cœur coulant au Nutella, un délice pour les papilles !

Petit-déjeuner Fitzroy
Un petit-déjeuner comme je les aime. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coffee Shop Attaboy Roy
Ambiance bois et pureté dans ce coffee shop. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce petit-déjeuner gourmand ingurgité, je pars me balader dans les rues de Fitzroy à la recherche du plus grand nombre de tags possible. Durant toute la matinée, j’observe les murs et m’arrête quelques minutes pour en contempler certains.

Licorne Fitzroy
Vous n’avez pas bu, c’est bien une licorne rose. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Zen fitness fitzroy
Zénitude dans cette salle de sport. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

reggae fitzroy
Inspiration reggae pour ce portrait ? Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Latino Fitzroy
Ambiance latino. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Hormis les graffitis, il est également possible de voir des sculptures. Je ne saurais dire pourquoi mais ma préférée est celle qui est située à Whitlam Place que j’avais déjà vue lors de ma première visite. Il s’agit de la représentation du courage, un homme porte un costume de lion en tenant à la main une médaille. Cette statue me fait penser au lion peureux dans le film le Magicien d’Oz qui cherche désespérément le moyen de devenir courageux. La réponse n’est bien entendue ni magique, ni palpable, elle doit venir du moi profond que le lion trouvera finalement. Je me dis alors que cette sculpture représente cela : le courage ne se voit pas, ne se porte pas comme un costume, il faut lever sa carapace pour pouvoir le puiser dans son fond intérieur.

Courage Melbourne
Représentation du courage par William Eicholtz. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Courage statue
Le courage vu de face. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après avoir fait quelques recherches sur Internet, il s’est avéré que le message de l’artiste n’était pas vraiment celui que je m’étais imaginé ! Le sculpteur William Eicholtz s’est bien inspiré du lion du Magicien d’Oz mais cette statue est avant tout un hommage aux membres de la communauté LGBT d’avoir le courage d’être eux-mêmes. La médaille que l’homme tient dans sa main est dédiée à Ralph McLean, le premier maire ouvertement gay d’Australie, qui a travaillé pour la commune de Fitzroy de 1984 à 1985. Bon, je suis passé à côté du message principal mais en même temps, si on ne le sait pas, on ne peut pas le deviner…

Ma visite de Fitzroy se termine en début d’après-midi, lorsque mon ventre crie famine. Je quitte alors le quartier pour partir déjeuner dans le centre de Melbourne.

Déjeuner japonais & Queen Victoria Market

Pour le déjeuner, j’ai une envie toute particulière de manger un curry japonais. Pour ceux qui ne connaissent pas, le curry japonais ressemble à son homologue indien avec les particularités d’être plus doux, moins épicé et d’avoir une sauce plus épaisse. Je ne suis pas un grand fan du curry indien mais je pourrais tuer pour un curry japonais !

Je regarde sur Internet pour trouver le meilleur restaurant en la matière et choisis celui qui se trouve en pole position, le Don Don situé non loin du quartier de Chinatown. Dans une petite ruelle, je trouve l’entrée. L’immeuble ressemble plus à une habitation qu’à un restaurant japonais. Une simple porte, sans carte devant pour présenter les plats. A travers les fenêtres, j’aperçois un grand nombre de clients attablés alors qu’il est plus de 14h… J’entre et je me dirige vers le comptoir pour commander mon curry, servi en une minute.

Don Don Melbourne
Bienvenue au Don Don. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

A la première bouchée, je suis totalement conquis. Ni trop fort, ni trop fade, je sens parfaitement le goût du curry sans en être écœuré. Le poulet est bien cuit ainsi que le riz qui colle parfaitement et qui permet de pouvoir utiliser convenablement les baguettes.

Curry Japonais
Un bon curry japonais. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Rassasié et satisfait, je quitte le Don Don pour me rendre au Queen Victoria Market. Sorte de Halles, le Queen Vic (surnom donné par les habitants) propose aux clients des produits frais et des spécialités venant des quatre coins du globe : dernier arrivage de poissons, viande à la découpe, charcuterie et fromage italiens, français ou encore espagnols, arancini sicilien et bien d’autres choses encore. Même si je suis à peine sorti de table, la vue de cette nourriture étalée devant moi me donne l’eau à la bouche. Raisonnable, je passe devant les commerçants sans m’arrêter, de peur d’être incapable de résister à la tentation.

Queen Victoria Market façade
Le Queen Victoria Market ou Queen Vic pour les intimes. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Queen Victoria Market marché
Marchands dans le Queen Vic. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Balade sur les quais du Yarra

La promenade gourmande terminée, je quitte le Queen Vic pour découvrir les quais du fleuve Yarra qui traverse la ville de Melbourne d’Est en Ouest. Je passe devant la cathédrale Saint Paul, un des plus importants édifices religieux d’Australie. Son style néo-gothique tranche totalement avec les buildings érigés juste derrière lui. On voit bien comment la ville de Melbourne s’est construite. Comme dans beaucoup de villes, les premiers habitants se sont installés le long du fleuve, construisant des monuments à l’architecture élaborée. Un travail de sculpture recherché, l’utilisation de matières premières tels que le bois ou la pierre en sont les caractéristiques. Puis au fil des siècles, les immeubles se sont épurés, cimentés pour former de grands buildings cubiques.

Cathédrale Saint Paul Melbourne
La cathédrale Saint Paul. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La gare de Flinders Street, datant de la même époque que la cathédrale, se dresse fièrement de l’autre côté de la route. Sa couleur jaune moutarde la différencie clairement des autres immeubles aux couleurs plus ternes.

Gare Flinders Street Melbourne
La gare de Flinders Street. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Flinders street
Gare de Flinders Street vue de Federation Square. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Enfin, à côté de ces deux grands monuments, la Federation Square propose aux passants une toute autre architecture, plus contemporaine. Il s’agit d’un haut lieu culturel où vous pourrez profiter de galeries d’art, d’expositions, d’un écran géant ou encore de bars et restaurants. En traversant l’un des buildings de la Federation Square, je tombe sur un spectacle où des danseuses chinoises d’un certain âge répètent une chorégraphie -sûrement traditionnelle – avec un éventail à la main. Comme beaucoup de personnes, je m’arrête, curieux de les regarder s’entraîner.

Federation Square architecture
Federation Square et son architecture moderne. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Building Federatin Square
A l’intérieur d’un building du Federation Square. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ma visite n’étant pas finie, je reprends ma route pour longer les bords du Yarra, aménagés en zone piétonne. Je me fais un parcours de santé, tout en admirant le fleuve, cerné de part et d’autre par les immeubles de Melbourne. Certains des arbres plantés le long de la promenade sont couverts d’une énorme écharpe, certainement tricotée par des artistes . Je ne sais pas d’où vient cette mode, mais j’avais déjà vu cela dans d’autres villes en Australie et en Europe également. Peut-être que l’on veut attirer notre attention sur le respect de notre planète en prenant soin de nos arbres et, par extension, considérer autrement nos océans, nos montagnes… Ou peut-être que c’est juste pour le fun, sans aucune intention particulière. En tout cas, message ou pas, ça m’a fait réfléchir.

Quai Yarra fleuve Melbourne
Balade sur les quais Yarra. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Arbre quai Yarra
Quelqu’un avait peur qu’il ait froid. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En arrivant au Crown, le casino de la ville, je me rends compte que la journée est déjà terminée. La nuit commence à tomber et avec elle, ma visite des quais. Je reprends le tram (en utilisant la carte Myki) pour m’arrêter à St Kilda et aller me coucher. Demain sera la dernière journée passée à Melbourne avant de reprendre le soir même la route pour continuer notre road-trip.


Melbourne, deuxième jour

Levé le premier, je me prépare tranquillement tout en organisant le programme de ma journée. Encore une fois, je pars seul car j’ai envie de profiter pleinement de ce séjour et ne pas avoir à attendre que tout le monde soit prêt. Sans parler du fait que je n’ai pas très envie de rester avec Patricia qui risque de me polluer ma journée inutilement.

Un petit-déjeuner français

Ce matin, j’ai envie de prendre un bon petit-déjeuner dans un style purement français. Oui, de temps en temps, je dois avouer que le mode de vie à la française me manque un peu, surtout au niveau gastronomique ! L’année dernière, lors de ma première visite, Aricia m’avait amené dans un petit café français qui ne paie pas de mine, mais donne un avant-goût de notre boulangerie traditionnelle. Situé près du Casino Crown, le coffee shop « A Treat of France », propose aux clients de bonnes boissons chaudes accompagnées de viennoiseries, desserts ou en-cas salés.

Après un court trajet en tram, j’arrive dans le quartier de Southbank et rentre dans le café où je suis accueilli chaleureusement. Je commande un chocolat chaud et un pain au chocolat avant de m’installer à une table. J’en profite également pour recharger mon téléphone portable. La journée étant riche en visites, je veux être capable de prendre autant de photos que je le souhaite.

Nourriture française
Il y a comme une odeur de France. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Une matinée dans les jardins de Melbourne

Le ventre rempli, je m’envole pour ma première destination, à savoir le Royal Botanic Garden. S’étendant sur plusieurs hectares, ce jardin botanique est composé d’une végétation diverse et variée : des arbres et plantes exotiques venant des quatre coins du monde, un grand lac où les canards barbotent et passent du bon temps, ou encore des serres abritant des fleurs fragiles mais d’une grande beauté.

Au beau milieu de cette flore abondante, des bancs ont été installés un peu partout afin que les « randonneurs » puissent faire une pause de quelques minutes et contempler le paysage avant de reprendre leur marche. Des artistes se sont également installés afin de reproduire cette beauté végétale sur leur toile ou leur papier Canson. Gouache, crayons, fusains ou encore pastels, chacun utilise son « arme » favorite pour mettre en exergue cette nature et tous les petits détails qui échappent à l’œil des passants, mais donnent à ce paysage tout son caractère.

Royal Botanic Garden
Venez profiter de la nature en pleine ville. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Lac RBG
Lieu parfait pour profiter du soleil. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Royal Botanic Garden
Ou peut-être ici aussi. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Ayant perdu la notion du temps, je regarde ma montre pour m’apercevoir que je suis ici depuis déjà deux heures. Je réactive le Wifi de mon téléphone (que j’avais éteint pour économiser de la batterie) et ai la surprise de lire un magnifique message de Patricia. Cette dernière m’accuse de la laisser de côté, de ne faire aucun effort et même de ne pas l’intégrer dans les activités que nous avons réservé avec Jade avant de partir en road trip. Elle est quand même gonflée ! Quand je pense que je lui ai demandé au moins trois fois si elle voulait venir avec nous pour faire, par exemple, la cage aux requins à Port Lincoln, j’aurais mieux fait de ne pas lui proposer. Ses reproches auraient alors été justifiés. Je déteste les gens indécis qui ne savent pas trop ce qu’ils veulent faire mais qui, par la suite, font des reproches et se sentent délaissés voire abandonnés. Encore une fois, mon sang méditerranéen se met en ébullition et je décide de lui répondre de manière brutale et violente mais sans insultes. Suite à ma réponse qui m’a bien défoulé, j’éteins une nouvelle fois le Wifi pour revenir à des choses plus agréables.

Le Mémorial des guerres mondiales

A l’entrée du Royal Botanic Garden, la ville de Melbourne a érigé le Shrine of Remembrance, un sanctuaire en souvenir des femmes et hommes ayant combattu durant les deux guerres mondiales. Ce lieu de mémoire est également un musée exposant des uniformes, des armes utilisées à cette époque et l’Histoire à travers les yeux de l’Australie.

Cet édifice de granite a été bâti par deux architectes, vétérans de la première guerre mondiale, ayant posé la première pierre en 1927. Pour ceux calés en histoire, vous aurez constaté que la construction a eu lieu durant l’entre-deux-guerres et non après la Seconde Guerre Mondiale. A l’origine, ce sanctuaire était destiné à rendre hommage à la guerre de 1914-1918 uniquement. Compte tenu de la suite des événements, le Shrine of Remembrance est désormais un monument dédié à la guerre mondiale de 1939-1945 également.

A la vue de ce sanctuaire, je ne peux m’empêcher de comparer l’architecture du monument à celle de la Grèce antique. Ce toit très triangulaire, ces grosses pierres alignées parfaitement et ces statues de divinités accompagnées de lions majestueux me font penser au Parthénon d’Athènes. N’étant pas un expert en la matière, je ne suis pas sûr de ce que j’avance, jusqu’à ce que je lise la plaque commémorative confirmant mes pensées. Les architectes ont bien pris le parti de s’inspirer des grands monuments gréco-romains de l’Antiquité.

Shrine of Remembrance
Le Shrine of Remembrance. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Statue Shrine of Remembrance
Une statue au style gréco-romain. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Étant un vrai fan de cette époque, je reste à contempler de l’extérieur le Shrine of Remembrance pendant plusieurs minutes avant de me décider à rentrer.

Un parti-pris historique étonnant

A l’intérieur, un hommage aux combattants est en train de se dérouler. Par respect, j’essaie de faire le moins de bruit possible et prends les escaliers pour me diriger sur le toit. Arrivé au sommet, j’ai la chance d’observer une vue magnifique. Devant moi, la grande allée pavée, commençant à l’entrée du sanctuaire, se dirige en ligne droite vers le CBD (Central Business District ou centre des affaires en français) de Melbourne avec ses grandes tours.

Vue Melbourne
Vue du haut du toit du Shrine of Remembrance. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

J’en profite pour prendre de belles photos avant de redescendre au rez-de-chaussée et constater la fin de la cérémonie. Au milieu de la pièce, une grande statue d’un soldat trône fièrement, avec à ses pieds un bouquet de fleurs rouges. Derrière lui, des plaques commémoratives ainsi que des drapeaux (dont j’ignore l’origine, hormis le Royaume-Uni et l’Australie) ont été exposés également.

Statue Melbourne
Statue d’un officier australien. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

De l’autre côté de la pièce, je m’aperçois que des escaliers conduisent au sous-sol. Ma curiosité me pousse à descendre et je me retrouve ainsi dans un « musée » relatant l’histoire des deux guerres mondiales. Beaucoup d’objets et d’habits sont présentés, mais aussi des vidéos et archives afin d’expliquer au public les tenants et aboutissants ayant amené à l’escalade de cette violence.

Avant de me précipiter dans ce musée, je décide de faire un arrêt aux toilettes pour me « rafraîchir » un peu. En fermant la porte des toilettes, je m’aperçois que sur le côté de la cabine, un panneau d’instructions a été accroché. A la lecture des explications, accompagnées de dessins afin que cela soit plus compréhensible, je ne peux m’empêcher de rire. Je m’arrête plus particulièrement sur les deux premières illustrations indiquant qu’il est strictement interdit de faire ses besoins par terre ou de se mettre debout, en équilibre sur la cuvette des toilettes. C’est tellement ridicule que ça en devient risible. Je crois que le pire, c’est de savoir que des personnes ont été assez stupides pour le faire, d’où cette mise en garde.

Toilettes Shrine of Remembrance
Notice d’utilisation des toilettes du Shrine of Remembrance. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Bon, retournons à la partie culturelle de ma visite. Je suis content que les Australiens aient eu l’idée de créer ce petit musée, car on ne peut pas dire que dans ce pays, la culture soit très développée. L’Australie et ses habitants sont très gentils et accueillants, mais il faut avouer que la curiosité, l’histoire et la culture au sens large du terme ne soient pas leur point fort. C’est peut-être parce qu’ils sont éloignés du reste du monde qu’est né ce désintérêt, mais en tout cas, ça fait du bien de voir de temps en temps ce genre d’endroits.

Par contre, je suis quelque peu chiffonné par la manière dont est relatée l’Histoire. Sans dénigrer leur participation aux deux guerres mondiales, ayant engendré des pertes humaines de leur côté, je ne pense pas que l’Australie ait fait partie des acteurs majeurs des batailles. A la lecture des textes et après avoir visionné les documentaires du musée, on a l’impression que c’est pourtant le cas.

Un deuxième élément m’interpelle également. Pour la Seconde Guerre Mondiale, à aucun moment, on ne parle d’Hitler, Staline, Mussolini ou encore du général De Gaulle, personnages pourtant emblématiques de cette guerre. Les explications du musée s’attardent plutôt sur la participation de l’Australie à certaines batailles en Europe et en Afrique du Nord, ou encore à l’attaque de Pearl Harbor. D’ailleurs, les grands méchants de l’histoire sont plutôt les Japonais, les nazis arrivant au second plan dans certains récits.

Étant en Australie, je trouve normal de mettre en avant le pays et son implication dont je n’en avais aucune idée. Par contre, j’ai le sentiment que l’histoire des deux grandes guerres a été quelque peu modifiée. N’oublions pas que l’action a eu lieu principalement en Europe avec la France, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie ou encore le Royaume-Uni.

Uniformes guerre
Uniformes portés durant la guerre. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Un bon déjeuner à Chinatown

Suite à cette explication de l’Histoire très surprenante, je quitte le Shrine of Remembrance pour aller déjeuner dans le quartier de Chinatown. Si vous voulez un repas copieux et pas cher, il n’y a rien de mieux que les restaurants asiatiques !

Je fais le tour des petits « bouis-bouis » typiques avec leurs canards laqués pendus et exposés en vitrine avant d’entrer dans l’un d’entre eux. Comme ils se ressemblent tous, j’ai choisi purement par hasard. Enfin, pas totalement non plus. J’ai sélectionné celui où la clientèle était composée uniquement de Chinois (gage de confiance).

A peine arrivé, je suis installé rapidement et commande dans la foulée. Au bout de seulement quelques minutes, mon plat arrive : un mélange canard laqué et porc au caramel accompagné de riz. Le repas est vraiment délicieux, je ne regrette pas du tout mon choix.

Plat chinois
C’est bon !!! Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Balade dans le CBD avant les retrouvailles

Comme je l’avais programmé avant d’arriver à Melbourne, je dois retrouver mon amie Aricia en cette fin d’après-midi. En attendant que l’heure arrive, j’en profite pour me balader un peu dans le CBD de Melbourne.

CBD
Bienvenue dans le CBD de Melbourne. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
CBD
Architecture bizarre mais sympa. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Je me promène entre les buildings, passe devant les boutiques du centre-ville, m’extasie devant la vitrine du salon de thé où j’avais mangé de délicieux gâteaux l’année dernière et me pose dans le jardin du Melbourne Museum avec sa magnifique fontaine. Pour terminer ce merveilleux tour, je passe devant Parliament House (le parlement australien) où j’assiste à une manifestation contre la privatisation des services aux personnes handicapées (si mes souvenirs sont justes).

The Walk Arcade
The Walk Arcade, parfait pour faire du shopping. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Gourmandises Melbourne
J’ai comme un petit creux, pas vous ? Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Mariage jardin melbourne
Un mariage dans les jardins de Melbourne. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Fontaine jardin melbourne
Splendide fontaine dans le jardin du Melbourne Museum. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Depuis que je suis arrivé en Australie en septembre 2015, c’est bien la première fois que j’assiste à cela. N’étant plus habitué aux grèves répétitives (mises en place pour un oui ou pour un non en France), je suis surpris d’y assister à Melbourne. Du coup, comme beaucoup de badauds autour de moi, je m’arrête et observe un peu cet étrange balai entre :

  • Les manifestants ;
  • Les policiers qui tentent de fluidifier le trafic routier ;
  • Les chaînes de télévision qui essaient d’avoir le meilleur plan possible afin de montrer à la fois le parlement, la manifestation et le désordre que cela génère. Tout ceci en mettant bien sûr en avant la formidable journaliste, blonde et jeune de préférence avec un décolleté plongeant. Du coup, je ne sais pas si le plan arrière est si utile que cela…
Manif Parlement
Manifestation devant le Parlement australien. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Une formidable fin de journée

Cette promenade terminée, je m’empresse de rejoindre le lieu de rendez-vous avec Aricia dans une allée non loin de là. Je n’attends que quelques minutes avant de la voir apparaître au coin de la rue. Nous nous prenons directement dans les bras, tellement heureux de nous retrouver. Il faut dire que cela fait un peu plus d’un an que je ne l’avais pas vue ! La joie est immense, mais avant de commencer à discuter en détails de nos vies respectives, nous décidons de partir prendre une boisson chaude au San Churro, une chaîne de coffee shops très connue en Australie.

Nous discutons de tout et de rien pendant bien une heure avant de se décider à quitter le café pour nous balader dans les rues de Melbourne. Bien qu’il ne soit que 18h30, la nuit noire est déjà tombée sur la ville. Nous passons devant l’Université et le Hardrock Climbing où, grâce aux grandes baies vitrées, on peut voir de l’extérieur des gens grimper des murs d’escalades.

Escalade Melbourne
Le Hardrock climbing et ses murs d’escalade. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Restaurant et cinéma pour terminer en beauté

Après avoir traversé de nombreuses rues, nous arrivons au quartier italien où nous sommes attendus. Nous devons rejoindre Neil, le nouveau copain d’Aricia, qui nous attend devant un restaurant (italien, bien évidemment). Mon amie tient absolument à ce que je le rencontre car sa relation a l’air d’être bien partie pour être sérieuse.

quartier italien Melbourne
Je pense que l’on est bien dans le quartier italien. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Nous arrivons devant le restaurant où je fais la connaissance de Neil. Plein d’énergie, très positif et ayant l’air de croquer la vie à pleines dents, ce dernier me parle un peu de lui et de ses passions. Grand amateur d’escalade, il a malheureusement dû s’arrêter suite à un accident l’ayant privé de l’usage de ses jambes. Désormais en fauteuil roulant, ce dernier me parle de son autre passion, le bateau. Loin d’être un amateur, Neil participe à de nombreuses compétitions internationales où il amène à chaque fois son bateau. Tout en faisant connaissance, nous dégustons un succulent plat de pâtes jusqu’à devoir quitter le restaurant.

dîner aricia
Aricia (à droite) et moi au restaurant italien. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Nous avons réservé des places dans un cinéma de quartier pour voir le film Hidden Figures. A l’intérieur du Cinéma Nova, je ressens une ambiance très particulière. La décoration, les uniformes des employés et les salles vous embarquent dans un petit cinéma des années 50-60, comme on peut en voir dans certains films.

Nous nous installons confortablement sur l’un des sièges en velours marron de la salle et profitons de la séance. Le film est une véritable merveille ! Il raconte la vie réelle de trois femmes noires des années 60 travaillant en tant que mathématiciennes pour la NASA. Dans une époque où le racisme, la catégorisation des races ainsi que la misogynie étaient monnaie courante aux États-Unis, ces femmes brillantes se sont battues pour être respectées et reconnues dans leur métier. Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, je vous conseille fortement de le regarder.

Le film terminé, Aricia et Neil me raccompagnent jusqu’à la station de tram la plus proche dont la ligne s’arrête à quelques pas de mon auberge. Ne sachant pas quand auront lieu nos prochaines retrouvailles, nous nous faisons un gros « hug » (calin) à l’australienne avant de nous séparer. Cette journée a été une véritable bouffée d’air frais. Tout en prenant mon temps, j’ai pu visiter tous les lieux que j’avais prévu de voir et ai passé un agréable moment avec Aricia et Neil.

Arrivé à l’auberge, je prends rapidement une douche avant d’aller me coucher, épuisé mais heureux. Je ne sais pas trop comment va se passer la journée de demain, mais avec l’ambiance très tendue, je ne pense pas que ce sera la grande rigolade…


À Melbourne, un début de séjour mouvementé

Sur le périphérique de Melbourne, nous mettons tous nos sens en éveil afin de ne pas nous tromper de chemin. Une erreur est si vite arrivée et pour rectifier le tir, cela peut rallonger le trajet de plusieurs minutes voire heures. Souvenez-vous de Sydney où il nous a fallu traverser deux fois la ville avant de retrouver le bon chemin pour aller sur Bondi Beach.

Maîtrisant parfaitement la conduite dans Melbourne, Jade fait un parcours sans faute jusqu’à notre auberge de jeunesse, le Pint on Punt, dans le quartier de St Kilda. Nous arrivons même en avance à la réception qui nous indique que nos chambres ne seront pas prêtes avant le début d’après-midi.

En attendant, que faisons-nous ? Ces derniers jours, n’ayant ni trouvé de douche, ni l’envie d’en prendre une au vu du froid de Canberra, nous aurions bien besoin d’un décrassage. Les salles de bain étant communes et à l’extérieur des chambres (classique dans les auberges de jeunesse), nous en profitons pour nous laver avec de l’eau bien chaude (grand confort lorsque l’on est en road trip).

Propres et détendus, il nous faut désormais trouver un parking gratuit où poser notre voiture durant notre séjour à Melbourne. Heureusement, la réceptionniste nous indique une rue à cinq minutes à pied d’ici où les places ne sont pas payantes. Par contre, à cette heure-ci, trouver un emplacement de libre peut s’avérer difficile. Qu’à cela ne tienne, nous tentons notre chance ! Et nous avons bien fait car nous en trouvons une : la dernière dans toute la rue !

Le début de la fin ?

De retour au Pint on Punt, nous organisons les quelques heures d’attente avant d’obtenir notre chambre. Par ailleurs, l’ami de Patricia devant l’héberger n’ayant plus donné signe de vie, elle est contrainte de rester à l’auberge avec nous. Cette décision de dernière minute va créer une réaction en chaîne qui va impacter la suite de l’aventure…

De son côté, Jade ayant un petit problème de santé, a pris rendez-vous chez un médecin cet après-midi. Compte tenu de ses difficultés de compréhension en anglais, nous avons décidé que je l’accompagnerai à sa consultation. Pendant ce temps, Patricia déposera dans la chambre nos affaires restées à la réception. Après avoir regardé l’heure, j’informe Jade qu’il serait temps d’y aller pour ne pas être en retard. Celle-ci me demande, sur un air moqueur, de ne pas autant stresser car le rendez-vous est prévu d’ici 40 minutes, contrairement à ce que je pensais. J’étais persuadé que nous devions être au cabinet médical à 13h15 alors que la consultation est prévue vers 14h.

Cette erreur de ma part amuse les filles qui, dès lors, ne peuvent s’empêcher de me dire de déstresser. Patricia en rajoute même une couche. A chaque fois que j’affirme ne pas être stressé, celle-ci n’a qu’un mot comme réponse : « Relax » sur un ton sarcastique. N’aimant pas du tout ce petit jeu, je pars furieux faire un tour du quartier où je n’aurai pas à entendre ces réflexions. Elles n’ont qu’à se débrouiller seules, l’une avec son médecin et l’autre avec les bagages.

Visite de St Kilda

Respirant l’air frais de l’océan, je pars en direction de la marina et des plages alentours. Le quartier de St Kilda est très agréable. De petits immeubles au style victorien, abritant toutes sortes de commerces et surtout une superbe jetée. En arrière-plan, nous avons droit à une magnifique vue de l’océan et de la ville de Melbourne avec ses buildings. St Kilda Pier, le ponton où je me trouve, est une des nombreuses attractions touristiques à Melbourne. C’est à cet endroit que l’on peut observer des pingouins venant toutes les nuits se reposer avant de repartir au large au petit matin. Parfait, je sais où aller ce soir 😊.

Ponton St Kilda Pier
Le ponton St Kilda Pier. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
kiosque ponton St kilda
Un kiosque placé sur le ponton de St Kilda. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Plage St Kilda
Vue sur l’une des plages de Melbourne depuis St Kilda Pier. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Dans la journée, St Kilda Pier est l’emplacement où les pêcheurs de Melbourne viennent se retrouver. Attirés par l’odeur alléchante des poissons fraîchement sortis de l’eau, les oiseaux marins sont aussi de la partie. Certains pêchent par eux-mêmes, faisant des plongeons dans l’eau afin de trouver de quoi se sustenter. D’autres, plus fainéants, préfèrent attendre que les pêcheurs sortent des poissons pour les leur voler une fois qu’ils les ont décrochés de l’hameçon (ils ne vont certainement pas s’entendre avec notre président Macron).

Pour ceux qui préfèrent plus de douceur, je les invite à aller au bout de la jetée pour observer de magnifiques cygnes noirs qui nagent avec élégance. Leur balade terminée, ils n’hésitent pas à se poser sur la petite plage (où l’on peut observer les pingouins le soir) pour profiter d’un bain de soleil bien mérité.

Cygne noir St Kilda Pier
Un magnifique cygne noir à St Kilda Pier. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Ce calme olympien me fait complètement oublier l’accrochage avec les filles jusqu’à ce que Jade me demande où je suis. Je lui explique sèchement que j’ai besoin qu’on me foute la paix et que je ne suis pas disponible pour son rendez-vous chez le médecin.

Après avoir bien profité de la vue de St Kilda Pier, je regarde ma montre et m’aperçois que la chambre va bientôt être disponible. Je décide de repartir à l’auberge pour ranger ma valise même si Patricia doit s’en charger.

Une deuxième réflexion / une deuxième balade en mode solo :

Étonnée de me voir arriver seul, Patricia me demande pourquoi Jade n’est pas là. Je lui explique que j’ai suivi ses conseils et suis parti me relaxer de mon côté. Voyant qu’il ne faut pas me titiller plus, Patricia a encore la stupidité de me lancer une pique sur un air d’énervement et de dédain : « Bien, je te félicite ! » Je décide de ne pas répliquer. Je prends ma valise, la mets dans ma chambre et repars sans plus attendre vers la marina de St Kilda.

Arrivé là-bas, j’emprunte la promenade qui longe les plages jusqu’à la plus célèbre : Brighton Beach et ses cabanes en bois de toutes les couleurs. Regardant la distance sur Google Maps, j’estime, à vue d’œil, en avoir pour 30 minutes environ. Nouvelle erreur… Juste pour l’aller, je mets bien 2h de marche pour rejoindre cette fameuse plage. Heureusement que le chemin, emprunté uniquement par les cyclistes, les joggeurs et les promeneurs comme moi, est agréable. Malgré le temps couvert et le froid ambiant, je me régale à la vue de cet immense océan et de la ville de Melbourne, surtout lorsque le soleil se couche.

CBD Melbourne
Vue sur le CBD de Melbourne depuis la promenade côtière. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Enfin, j’arrive à Brighton Beach qui correspond au Bondi Beach de Sydney (en moins bien quand même). J’avoue être assez déçu de cette plage que je pensais plus grande que cela. Comme toujours, les photos trouvées sur Internet vendent du rêve par rapport à la réalité. Les cabanons sont, quant à eux, plutôt sympas. Alignés tout le long de la plage, ces derniers, multicolores, donnent une touche fun au paysage. Certains sont de véritables œuvres d’art, représentant les symboles de l’Australie ou son art de vivre. D’autres plus contemporains, revêtent un style art-déco avec une géométrie parfaite.

Brighton Beach plage cabanons
La plage de Brighton Beach. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Cabanons Melbourne
Les cabanons qui sentent bon l’Australie. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
cabanon Space Invaders Melbourne
On dirait un méchant du jeu d’arcade Space Invaders, non ? Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

N’ayant plus que 5% de batterie sur mon téléphone, je m’empresse de prendre des photos avant d’éteindre mon appareil pour sauver le peu d’énergie restante. La nuit s’approchant à grand pas, je décide de repartir à l’auberge, en faisant un détour à St Kilda Pier pour voir les pingouins nains.

Une rencontre du troisième type

Timing parfait, dans la nuit sombre, j’arrive au ponton de St Kilda où les pingouins se sont déjà installés. Ces derniers, posés sur les rochers, se laissent photographier par les touristes venus les admirer. Des panneaux d’informations demandent aux gens de ne pas utiliser de flash et de faire le moins de bruit possible afin de ne pas les déranger. Malheureusement, j’aperçois certains touristes chinois qui ne respectent pas ces indications. Je m’approche d’eux et leur montre le panneau en leur expliquant gentiment d’éteindre leur flash. Il serait temps que les gens respectent les règles, primordiales à la sauvegarde de notre environnement, de la faune et la flore avec qui nous partageons la même planète !

Pour ma part, je rallume mon téléphone portable pour faire les dernières photos de la journée. Évidemment, sans flash, mes photos rendent moins bien mais mieux vaut en avoir que pas du tout. Ces instants immortalisés, je dis au revoir à mes nouveaux amis et rentre à l’auberge où je retrouve les filles.

Balade pingouin St Kilda
Balade nocturne pour ce petit pingouin. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
pose pingouin St Kilda
Une pose juste pour la photo. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Pingouin mignon St Kilda
Qu’il est mignon !!! Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Une fin de journée sous tension

Toujours énervé, je préfère ne pas leur parler pour ne pas envenimer les choses. Cependant, Jade vient me voir pour discuter de ce qui s’est passé. Au départ très vindicatif, je me calme rapidement et explique les raisons qui m’ont poussé à réagir comme cela. J’aime organiser les choses, tout paramétrer, me lever tôt le matin afin de pouvoir profiter pleinement de mes journées. C’est mon caractère et j’aimerais bien qu’elles ne tournent pas cela en dérision et surtout qu’elles me respectent. Je n’aime pas certaines de leurs attitudes non plus mais ce n’est pas pour cela que je le leur reproche constamment. Chacun est comme il est. Après, si nos caractères ne matchent pas, mieux vaut se séparer.

Jade comprend mon point de vue et s’excuse de m’avoir froissé. Quant à moi, je fais mon mea culpa : je ne devrais pas lui parler de manière aussi violente. Pendant toutes ces explications, Patricia a préféré ne pas assister à cela alors qu’elle est la principale cause de mon énervement. Je commence à penser que c’était une mauvaise idée qu’elle m’accompagne dans mon road trip. Cette journée m’a fait réfléchir et j’envisage de plus en plus de me séparer de Patricia qui gâche mon voyage. Mais avant de prendre une décision aussi radicale, je choisis d’aller me coucher et d’attendre de voir comment le futur va se passer.


En Australie, voyage à Canberra en photos

Le réveil sur l’aire d’autoroute est glacial. Les températures fraîches des Blue Mountains ne sont rien comparées à celles de Canberra où l’on atteint des chiffres négatifs. Les couvertures et vêtements chauds n’y ont rien fait. J’ai littéralement grelotté toute la nuit sous une tente qui a pris l’humidité.

Un petit-déjeuner en bonne compagnie

En sortant de la tente, j’ai la chance d’être spectateur d’un superbe lever de soleil. Devant une plaine désertique, les rayons jaune-orangé apparaissent, réveillant la faune et la flore alentours. Non loin de la voiture, des kangourous prennent tranquillement leur petit-déjeuner tous ensemble, en famille. Je m’approche d’eux doucement en faisant attention où je mets les pieds. D’après les panneaux d’informations, des serpents se baladeraient dans les environs…

soleil Canberra plaine
Lever de soleil sur la plaine
serpent free camp
Les joies de l’Australie, des animaux dangereux de partout
kangourous canberra free camp
Les kangourous prennent aussi leur petit-déjeuner

Le pelage touffu de ces kangourous leur permet d’être totalement protégé contre le froid et le gel de l’air. Quelle chance ! D’ailleurs, en parlant de gel, je m’aperçois que le pare-brise de ma voiture est totalement givré. J’espère que ce choc de température ne va pas aggraver la fissure qui me paraît plus imposante que la veille…

froid glacial Canberra
Il a fait froid cette nuit !
tente glace
La tente en mode igloo

Une fois les filles réveillées, nous ne perdons pas de temps. Un petit-déjeuner rapide tout en observant les kangourous puis nous passons au rangement des affaires, un brin de toilette et nous voilà prêts pour Canberra.

L’état préoccupant de la voiture…

A peine sortis de l’aire d’autoroute, une alarme se fait retentir dans la voiture. Sur le tableau de bord, le signal de l’airbag s’est allumé et je commence à craindre le pire. La santé fragile de Furiosa m’inquiète de plus en plus car après la batterie et le pare-brise, voilà que l’airbag fait également des siennes. Je m’arrête sur le bas-côté de la route pour réfléchir au problème. N’ayant aucune connaissance en mécanique, je ne sais pas si je dois m’en inquiéter ou non. De plus, mon budget ne me permet pas d’effectuer toutes les réparations, il va falloir établir des priorités.

Nous réfléchissons quelques instants au problème et décidons de ne pas nous en préoccuper. Nous verrons bien au bout de quelques kilomètres si le problème persiste. La voiture étant chargée (voire surchargée), la défaillance de l’airbag pourrait venir de cela. Mais bon ce ne sont que des suppositions…

Heureusement, au bout de 5 minutes de trajet, tout rentre dans l’ordre. Le voyant ainsi que l’alarme disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus. Quel soulagement !

Réparation & administration :

Contrairement à d’habitude, nous ne programmons aucune visite touristique car notre présence ici est tout autre. Direction la zone industrielle de Canberra pour trouver une solution au pare-brise cassé. Arrivés devant le garage, nous avons la grande surprise de voir que celui-ci n’est pas ouvert bien que les horaires affichés sur la porte d’entrée en disent le contraire :

« Ouvert de 9h à 18h du lundi au vendredi.

Cependant, la direction se donne le droit de fermer durant les horaires d’ouverture.

En cas d’urgence, veuillez téléphoner au numéro 04… afin qu’un conseiller puisse vous aider. »

Du coup, comme indiqué ci-dessus, je prends mon téléphone et appelle la ligne ouverte 24h/24. A partir de cet instant, je vais passer ma matinée entière à tenter de :

  1. Connaître le prix des réparations
  2. Avoir un RDV dans un garage
  3. Faire marcher mon assurance

Au total, je suis resté plus de 2h à discuter avec différents interlocuteurs qui me font passer de service en service afin de résoudre une situation épineuse. Pour résumer le problème, mon assurance voiture, la RACQ (Royal Automobile Club of Queensland) est basée comme son nom l’indique dans la région du Queensland où j’ai acheté la voiture. Là où ça se corse, c’est que je suis à Canberra, situé dans la région de l’Australian Capitale Territory où je voudrais régler le problème. Malheureusement, mon assurance a très peu de lien avec les garages en dehors du Queensland. Ils m’invitent donc à appeler la NRMA (la RACQ de Canberra) pour trouver un endroit où réparer ma voiture. Néanmoins, il est impossible d’avoir un RDV dans la journée. Devant être à Melbourne le lendemain, je me vois contraint de contacter la RACV (la RACQ de l’état du Victoria) pour enfin pouvoir réparer Furiosa non pas à Canberra mais à Melbourne… Cerise sur le gâteau, j’apprends que la réparation devrait coûter au minimum 350$, à ma charge, ce qui est énorme par rapport à mon budget voyage ! Mon assurance ne me rembourse rien car elle couvre uniquement l’assistance dépannage sur la route.

Du coup, malgré la prise de RDV dans un garage de Melbourne, je continue à réfléchir pour savoir si je vais effectuer les réparations…

Après la voiture, la banque :

Pendant que je m’arrachais les cheveux avec les assurances, les filles ont eu la bonne idée de prendre le volant pour nous rendre en centre-ville et régler le problème de Jade avec sa carte bleue perdue.

Nous nous garons dans un parking en plein centre de Canberra et continuons le chemin à pieds. Pendant que nous cherchons la banque de Jade, nous visitons un peu la ville qui ne m’emballe pas beaucoup. Canberra n’a aucune saveur particulière : les buildings se ressemblent tous, les rues n’ont rien d’extraordinaire, pas d’arbres, ni jardin public. Autour de nous, beaucoup de bureaux ou de sièges d’entreprises sont installés dans l’un des nombreux bâtiments administratifs de la ville.

Une fois à la banque, nous restons bien 1/2h pour régler le problème. Enfin quand je dis nous, je veux dire que je suis resté au côté de Jade pendant que Patricia visitait les environs en mode touriste…

De nouvelles tensions :

Les problèmes techniques & administratifs étant terminés, nous partons directement dans le centre commercial de Canberra pour faire quelques courses. Mis à part l’alimentation, tout le monde est d’accord pour faire un achat complémentaire afin d’améliorer notre confort. Nous aurions bien besoin d’une nouvelle couverture car les nuits sont de plus en plus fraîches au fur et à mesure que nous descendons dans le sud.

Etant donné qu’il s’agit d’un achat commun, je propose aux filles d’aller ensemble dans les rayons pour choisir la couverture la plus adaptée. En effet, mieux vaut que tout le monde soit d’accord au niveau de la qualité et du prix. Cependant, Patricia n’étant pas très intéressée, celle-ci préfère s’assoir devant le magasin et nous attendre. Peu importe la couverture, cela lui conviendra parfaitement.

Du coup, Jade et moi partons en choisir une qui, selon nous, sera assez chaude avec un prix plutôt correct. Une fois achetée, nous récupérons Patricia qui, à la vue de la couverture, lance une réflexion désobligeante comme quoi elle n’aurait pas pris celle-là. Elle doute que l’épaisseur soit suffisante… Ma patience ayant des limites, je ne peux m’empêcher de lui répondre très brutalement : « Tu n’as aucun commentaire à faire, si tu voulais dire quelque chose, il fallait venir avec nous, fin de la discussion ! ».

A ces mots, Patricia tique et réponds d’un ton moqueur : « J’ai l’impression que l’on ne peut plus rien dire ici ». Effectivement, à ce sujet-là, je lui confirme qu’elle a le droit de se taire, un point c’est tout.

La crise de la couverture close, nous pouvons décider de ce que nous faisons du reste de la journée. Les filles souhaitent ardemment partir de Canberra pour se rapprocher au plus près de Melbourne. Leur position étant assez ferme, je préfère ne pas donner mon avis. En effet, pour ma part, j’aurais bien voulu faire un tour plus poussé de la ville. Il s’agit de la capitale australienne, c’est dommage de ne pas prendre ½ journée pour visiter les principaux sites touristiques. D’autant plus qu’il n’y a pas énormément d’endroits à voir. Cela n’aurait pas été du luxe de prendre quelques heures supplémentaires ici pour souffler un peu avant de reprendre la route. Enfin, la majorité ayant parlé, je ne fais aucun commentaire et j’embarque dans la voiture.

Une fin de journée sur les routes :

Après un arrêt éclair à Canberra, nous repartons sur les routes bitumées australiennes. Un voyage de 7h nous attend avant de rejoindre Melbourne, 2ème plus grande ville d’Australie après Sydney. Durant le trajet, je règle 2, 3 éléments afin de préparer notre arrivée là-bas.

Tout d’abord, choisir le quartier et l’auberge de jeunesse où nous allons nous poser pour les 3 jours à Melbourne. Ça n’a pas l’air mais cette décision est assez tactique. La voiture est un grand avantage pour voyager mais également un inconvénient lorsqu’il faut trouver une place gratuite de libre. Même si vivre dans le centre-ville paraît plus sympa et plus pratique pour les visites, c’est un véritable cauchemar en voiture. Il ne faut pas non plus être trop éloigné de Melbourne pour éviter les heures en transport en commun qui risquent de nous coûter cher.

Connaissant un peu Melbourne grâce à ma précédente visite l’année dernière, je choisis le quartier de St Kilda.

Pourquoi me direz-vous ?

  1. St Kilda se situe à un peu moins de 30 min en tram de la ville. Les transports en commun étant gratuits dans le CBD, le prix pour se déplacer vers Melbourne Centre ne devrait pas être excessif.
  2. Les plages se trouvent juste à côté avec une belle promenade à faire à pieds ou à vélo.
  3. Même s’il va y avoir du sport, je pense que nous aurons plus de chance de trouver une place de parking gratuite à St Kilda que dans le CBD. Au pire, nous irons dans un endroit assez reculé où les policiers ne passent pas régulièrement.

Dans la foulée, je trouve également le backpack où nous allons dormir. D’après les avis sur Internet, l’auberge « Pint on Punt Backpakers » est entretenue, propre et bien desservie par les transports en commun (pour ceux que ça intéresse voilà leur site web https://pintonpunt.com.au/). Sans plus attendre, je réserve 2 lits pour Jade et moi car une fois de plus Patricia a trouvé un logement gratuit chez un ami d’un ami.

Maintenant que la question du logement est réglée, je contacte mon amie Aricia qui vit à Melbourne pour essayer de se programmer une journée ou quelques heures ensemble. Aricia est l’une de mes amies les plus proches en Australie. Il s’agit de la 1ère personne avec qui j’ai fait connaissance lorsque je suis arrivé à Sydney en septembre 2015 (le temps passe si vite). Je la contacte sur Facebook et 5 minutes plus tard, cette dernière me répond. Très heureuse que je l’ai contactée, celle-ci me propose de se retrouver du côté du CBD dans 2 jours.

C’est bon, maintenant tout est prêt pour notre arrivée !

Je vous passe les heures de route sans grand intérêt pour arriver à la soirée. Ayant trouvé un free camp non loin de l’entrée de la ville, nous nous arrêtons pour la nuit. Nous sommes à environ 1h de Melbourne, le plus gros de la route a été fait.

vers Melbourns
En route pour Melbourne

Cette journée n’a pas été des plus intéressantes au niveau tourisme. Par ailleurs, je sens que les tensions au sein du groupe sont de plus en plus importantes ce qui m’inquiète pour la suite de notre aventure. Depuis que je voyage avec d’autres personnes, c’est bien la 1ère fois que je suis dans une telle situation d’énervement vis-à-vis de certains comportements… La fatigue, les problèmes de voiture et le fait d’être H24 ensemble n’arrangent en rien la cohabitation et la bonne entente. J’espère que tout cela se décantera d’ici les prochains jours.