Chantal Faida

À quand les élections en RDC ? Faida s’interroge

Après mûre réflexion, j’ai pris la décision de jouer un rôle important aux prochaines élections. Je me présente à Goma comme candidate députée provinciale inscrite sur la liste de l’ADR (Alliance pour le développement et la République), parti de l’opposition républicaine. En course pour un siège convoité par 244 autres inscrits, la bataille s’annonce rude. Du moins, si bataille il y a.

Vous le savez, une grande machine du changement se prépare à démarrer en République démocratique du Congo, mon pays ; j’ai cité le processus pour les élections provinciales, urbaines, municipales et locales de 2015, ainsi que les élections présidentielle et législatives de 2016.

Pour assurer la transformation sociale, tous les Congolais sont appelés à participer à ce processus à plusieurs titres et en diverses qualités : électeurs, observateurs, assesseurs, candidats…

Si le calendrier électoral avait été respecté, le dimanche 25 octobre dernier aurait été un jour spécial et mémorable pour moi.L’instant idéal de succès ou du pur apprentissage. Comme dans un match, deux cas sont possibles cet exercice citoyen, soit je gagne, soit je n’échoue pas. Car dit-on, tout échec annonce un succès déconcertant.

À ce jour, aucune raison valable n’a été invoquée pour justifier ce retard. Certains diront qu’à l’heure actuelle, l’urgence est que le nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) s’installe. Moi, je réponds que la République se gère par des institutions, non par des hommes.

Pour ceux qui évoquent le manque de moyens, je rappelle que tous les cinq ans, il est prévu un cycle électoral. Gouverner, c’est prévoir !

Et le reste…

Je suis quelque peu contrariée par un mutisme qui frise la trahison des clauses du contrat citoyen établi entre, d’une part, les candidats et, d’autre part, la structure habilitée (la Céni).

En tant qu’aspirante, j’ai dû remplir une panoplie de formulaires manuscrits, procédés rudimentaires que je fustige dans un monde 2.0. Je me suis acquittée de la caution exigée – 500 000 francs congolais par formation politique ou par candidat indépendant. J’ai dû me réserver d’enclencher la campagne, même officieuse, de mobilisation des voix. Pour ma part, je crois que les clauses du contrat sont respectées à la lettre.

La Céni, l’autre partie contractante, se permet elle un déficit communicationnel insupportable. C’est irrespectueux et condamnable. Selon moi, il vaut mieux détenir une information provisoire que de ne pas en disposer du tout. La moindre des choses serait désormais de publier un calendrier réaménagé. Il en va de la crédibilité et du sérieux de la structure d’appui à la démocratie en RDC, la Céni.

A suivre …

Article publié précédemment sur waza, voir le lien suivant bit.ly/1SuKXYI


Réseaux sociaux : opium de l’activisme au Congo

 

A Goma, Kambale Mayani a créer un réseau social qui s'apparente à facebook.  https://01.kongoconnect.com/
A Goma, Kambale Mayani a créé un réseau social qui s’apparente à Facebook.
https://01.kongoconnect.com/

« Le Noir fait pitié, alors que l’Arabe fait peur ». Une phrase que j’ai entendue hier au cours d’une discussion très intéressante que j’ai eue avec un de mes meilleurs amis. Comparaison n’est pas raison j’en conviens, cependant il n’est un secret pour personne que face au règne de l’injustice, la résistance devient obligatoire. Le pourquoi du comment ici…

De l’état du citoyen engagé et consciencieux, on a simplifié les choses, le militantisme est déguisé en exercice d’observation passive et plaintive. C’est mon opinion !

Samedi passé, il a fait extrêmement chaud. Le soleil consumait ma petite tête dépourvue de brésiliennes ou mèches – depuis 2011 j’ai oublié tout ça parce que dans la vie il faut de fois refuser de se soumettre aux mœurs pour jauger son niveau d’engagement pour une cause – Je suis donc sortie humer l’air frais dans les rues de Goma, la plus belle ville du monde. Ah, qui est-ce que je vois devant moi, un vieil ami, militant de renom. Kanduki mpolo. Salutations cordiales, on passe aux choses sérieuses, l’échange citoyen …

Très cher, que penses-tu faire pour contribuer un tant soit peu pour arrêter les massacres ignobles qui persistent dans notre région, les enlèvements et/ou arrestations arbitraires des défenseurs des droits humains, le chômage criant de la population active, le manque de l’eau, bref l’accès aux services sociaux de base …

K.P : J’ai dénoncé et condamné tout cet état de choses sur mon mur Facebook, même sur mon compte Twitter et Google+. D’ailleurs, nous avons franchi, plus de 763 signatures pour la pétition lancée en ligne concernant la situation au Kivu avec les violences interminables.

Non sérieux ? Crois-tu vraiment que cela va donner les résultats attendus. Assis derrière ton écran, polluer l’espace virtuel des internautes avec des messages de lutte virtuelle, les résultats resteront virtuels et pas concrets.

K.P : Qu’est-ce qu’on n’a pas fait pour ce pays. Nous ne nous lasserons jamais de défendre la cause de la population, mais quand on instaure la terreur, on change de fusil d’épaule…

Autre temps, autres mœurs !

Face aux violations flagrantes de la dignité humaine et de la justice sociale, il urge pour les élus, activistes et défenseurs des droits humains congolais d’aiguiser des stratégies pour mener à bon port la lutte pour le bien-être de tous, mais que dalle !

Cette esquisse pour exprimer ma tristesse et mon désespoir qui me hante depuis peu avec l’avènement et surtout la maîtrise de l’outil Internet, mieux l’utilisation à tort et à raison des réseaux sociaux dans notre beau pays par les députés et quelques activistes.

« Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. » Aimé Césaire.

Je n’ai rien contre les pétitions en ligne, les posts et tweets très engageants et interpellateurs, les images et autres textes profonds que pondent ces derniers. Énergiquement, je m’oppose à la pensée selon laquelle, c’est la nouveauté et la meilleure méthode de lutter dans ce siècle de lumière technologique. A suivre…


Cher Journal, je suis à Paris

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Pourquoi c’est important !

Fatidique, formidable, exceptionnel furent les moments passés dans cette ville légendaire, chargée d’histoires spectaculaires, ville lumière qu’est Paris. La capitale de la France libre.

Eh bien, (fière d’être la déléguée de la RD Congo) je suis venue répondre à l’invitation de Gafa (Gala de la femme africaine), cette initiative lancée par l’organisation « Un sourire d’ici ou d’ailleurs », la première édition de rencontre annuelle des femmes leaders originaires des pays africains. Femmes militantes, journalistes, politiques, écrivaines et chanteuses toutes engagées pour la dignité humaine dans leurs milieux et en dehors. Invention de Lithicia Marieve et Badeela Malonga. 

 Droits sociaux bafoués, précarité économique, viols perpétrés en toute impunité, agressions verbales et sexuelles, marginalisation flagrante lorsqu’il s’agit d’éducation formelle, et j’en passe.

Perles rares, esprits épanouis, nouvelle génération et actions extraordinaires. Nous nous sommes donc rencontrées, toutes passionnées par le changement positif pour une société africaine plus juste.

Cher journal,

Au travers des actions remarquables de mes sœurs égyptiennes, marocaines, algériennes, sénégalaises, gabonaises, camerounaises, béninoises, kenyanes, burkinabé, congolaises je voyais le reflet de mon engagement, cette fois porté par les autres. Donc bref, je me suis sentie soutenue, requinquée et même ragaillardie à m’engager davantage parce que les problèmes sont légion par rapport à la volonté exprimée dans nombre de pays africains.

Une lutte immense mais peu d’héroïnes intrépides. DEBOUT FEMMES AFRICAINES !

Un exemple frappant, Maryem (Marocaine d’origine), aujourd’hui conseillère municipale dans une des régions parisiennes me confie ce 07.03.2015, à la soirée Gala à Seven Spirit dans le 13ème arrondissement.

Je dors à minuit pour me réveiller à 04h tous les jours. J’ai droit à une semaine de vacances par an. Je le fais depuis trois ans, d’autres personnes le font il y a plus de vingt ans et leurs actions parlent. Le monde ne nous fait plus de cadeau. Travail, fermeté et optimisme sont mes clés de réussite.

Sarah (Marocaine), militante associative, elle a voyagé dans plus de cinq pays islamiques pour interviewer les femmes musulmanes qui se battent et donnent le meilleur d’elles-mêmes en dépit des préjugés et interdits qui pèsent sur elles. L’égalité des chances en milieu professionnel.

 … la panne de l’ascenseur social incite à prendre des raccourcis qui se révèlent des longs chemins sinueux … extrait du livre très touchant, « Demain, je m’en vais, je meurs… » Une sœur gabonaise, Muetse MBOGA, auteure de deux œuvres magnifiques présentées à la conférence qui a précédé la soirée unique. Elle rêve d’une Afrique dont les filles et fils gardent leur identité originelle de grande valeur.

Cher journal,

En ma qualité de bloggeuse et fondatrice de UWEMA Asbl, une organisation de la société civile congolaise œuvrant pour la défense et la promotion des droits des femmes et enfants démunis dans le domaine éducationnel en RD Congo en général et à Goma, plus particulièrement depuis septembre 2012. Nous pensons que l’éducation c’est la clé.

 Aujourd’hui plus que jamais, avec force et détermination je lutterais pour les droits de femmes de la RD Congo et de tout l’univers. Je n’ai pas d’autres choix que de le faire sinon à quoi serviraient cette éducation acquise en famille, cette instruction fantastique apprise à l’école et ces rencontres saisissantes.

Bonne journée de lutte de femmes. 08.03.2015


Suivez l’exemple d’Arsène Tungali, brillant entrepreneur social

Arsène Tungali, jeune champion
Arsène Tungali, jeune champion

Aujourd’hui, les jeunes congolais cherchent leurs modèles trop souvent hors de leurs frontières. Vraiment, je vous le déconseille. Voici justement une personne qui va vous inspirer : Arsène Tungali, un entrepreneur social talentueux qui donne beaucoup pour ses prochains et son pays. Portrait.

Arsène Tungali, 25 ans, est un fervent chrétien et vient d’une grande fratrie. Originaire de l’île d’Idjwi sur le lac Kivu, on l’appelle Mjenzi [« champion » en swahili] dans la ville de Goma, où il vit actuellement. Bilingue, très cultivé, il est licencié en sciences agronomiques à l’Université de Goma depuis novembre 2014.

Aujourd’hui, il travaille comme consultant TIC (Technologies de l’information et de la communication), il est blogueur sur Mondoblog RFI, le cofondateur de Rudi International, une structure de défense des droits de l’homme, et également promoteur du Mabingwa Forum (une rencontre annuelle des « jeunes champions » de la région des Grands Lacs). Bref, Arsène Tungali est un entrepreneur social complet.

Un cœur altruiste, emphatique et généreux

« Je n’ai jamais accepté de baisser les bras. »

Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir, dit-il : « L’éducation est le meilleur héritage que l’on puisse léguer à un jeune. Je ressens une passion extraordinaire quand j’assiste des enfants victimes de la barbarie humaine. » Sans attendre de gain ni de reconnaissance, il œuvre avec passion au sein de Rudi International depuis 2011. Cette association sans but lucratif accompagne et encadre continuellement plus de trente enfants orphelins et défavorisés dans le quartier Mugunga.

« Dans l’est de la RDC, les conséquences humanitaires sont légion. Les plus affectés sont les enfants », explique Arsène. Il poursuit : « Abandonnés, ils sont en quête de survie par leurs propres moyens, avec tout ce que cela entraîne comme risques. Leurs parents se disent incapables de couvrir tous les besoins primaires de leurs ménages. Je me suis donc engagé dans la promotion de l’éducation des enfants démunis dans Rudi International. Je n’ai jamais accepté de baisser les bras, quelles que soient les circonstances », conclut-il.

E-technologie : les filles de Goma à l’école du savoir du web

Doué d’un sens poussé de l’observation et très sensible à l’information véhiculée à propos de son pays, Arsène Tungali est également responsable d’un programme de formation en nouvelles technologies proposé aux jeunes filles de Goma. Avec du matériel didactique, des thèmes pertinents sont exposés aux apprenantes avec passion et dans un climat de convivialité. Chaque année, une session de formation et de renforcement des capacités est organisée gratuitement.

Aline, une jeune fille passionnée des nouvelles technologies de l’information et de la communication ne rate jamais les sessions de formation organisées par Arsène.« Arsène fait notre fierté. Grâce à ses initiatives, nous sortons de l’ignorance technologique. Aujourd’hui, j’utilise continuellement les réseaux sociaux pour partager ma vision sur le Congo, mes projets d’avenir et même mon curriculum vitae. »

Mabingwa, forum de jeunes champions

Une autre initiative d’Arsène est le Mabingwa Forum. Ce forum organise des rencontres de jeunes leaders de la région des Grands Lacs issus d’ONG, des affaires, des médias et de la politique, dans le but d’échanger sur la manière de mieux construire des organisations durables.

Environ 25 jeunes de Goma, de Bukavu et de Kigali se réunissent chaque année en décembre à Goma pour partager leurs succès, leurs échecs et leurs défis, pour permettre une réussite collective de leurs projets. « Je suis de ceux qui croient que les bonnes choses doivent s’obtenir par un sacrifice. Les jeunes ont la force, l’énergie et la vigueur. Ils doivent les mettre au profit de leurs communautés par le sens du travail, du sacrifice et de l’engagement », explique Arsène.

Être un champion innovateur est souvent une question de choix, de motivation et de vision, selon lui. Arsène se distingue par ses œuvres en faveur de la communauté congolaise tout entière et est perçu par son entourage comme « une lampe aux pieds de la montagne. » Qu’ils soient nombreux à suivre son exemple.

Article publié précédemment sur wazaonline