Faty

Il faut que l’AEEM disparaisse pour que renaisse l’école malienne

L’USN. Union des scolaires nigériens.
J’en tais membre. Je n’avais pas peur de la Caso qui nous protégeaient durant les marches.

credit photo: ladepeche.com

Je leur dois beaucoup de cette témérité que j’ai d’aujourd’hui.
Je suis venue au Mali en 1998.
J’ai découvert l’AEEM.
J’ai vu que des dirigeants estudiantins pouvaient être des loups pour les étudiants.
Je les ai vu frapper les étudiants qui osaient contester leurs propositions [ordres ] de grèves durant leurs Assemblées Générales.
J’ai vu plusieurs loubards, des étudiants, n’avoir pour [études] que la protection du NABAB qui est le secrégé ( comme on dit ici au Mali), harceler les filles, chasser certains du dortoir pour installer leurs copines, acheter des beaux costards et faire la fête au Byblos.
L’AEEM.
La première fois que j’ai perçu une bourse d’étudiante, je me rappelle, c’était une demi-bourse et je ne savais pas exactement combien c’était. En fait je ne comprenais rien.
Je voyais que certains avaient passé la nuit sur la colline ( de Badalabougou où se trouve l’adminstration de la faculté de lettres, langues, art et sciences humaines (FLASH)).
Mon frère m’avait expliqué qu’on donnait 250 F CFA à quelqu’un pour qu’il mette ta carte d’étudiant dans un des lots pas trop éloigné du guichet.
Je pensais que les 250 F suffisait pour avoir son argent rapidement.
J’ai payé la somme durant 2 jours pour l’avoir le 3 ème jour sans rien donner pour voir un étudiant au sourire édenté, avec une gueule de dealer me prendre 15.000 F CFA sur mon argent sans rien l’expliquer.
Depuis , je patiente que la marée d’étudiants avides de sous finissent pour partir chercher ma bourse. Sans tracas. J’étais bleue.
Après je me suis endurcie. J’avais un ami Lepêcheur Nientao pour me faciliter les choses.
L’AEEM est un prédateur qui doit disparaitre de l’école malienne.
J’en suis convaincue.
Après elle, nous nous attaquerons à cette corruption qui gangrène l’administration malienne.
Il faudra seulement qu’une vraie justice qui tranche et condamne tout ce qui nous empêche d’avancer à l’école et partout au Mali.
La justice pourrait permettre au Mali de renaître.


Boukary, le village se réveillera sur l’espoir…

Boukary. Je ne sais plus quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, mais je me rappelle que nous préparions la formation Mondoblog à Dakar en 2013.
Nous avions échangé les contacts et nous sommes devenus rapidement des amis. Et il était de ces amis qui cherchent des solutions à tous les problèmes que tu lui exposes.
Parfois, je l’appelais pour lui dire « Boukary, trouve moi un accès Internet gratuit, j’arrive… » ou « Boukary, tu es où, je viens manger avec toi », et il avait toujours la solution. Il était toujours là.
Enfin, tant qu’il ne s’agit pas de prendre l’avion.

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Boukary en mission

Oui. Boukary était le seul blogueur qui avait peur de l’avion, à ma connaissance, ignorant sciemment le personal branding pour prêter la vedette à ceux qu’il rencontrait…
La culture malienne. Les traditions sont l’essence de ce héros qui su utiliser l’éducation et l’innovation pour connecter nos zones rurales au monde, mais aussi connecter le monde à cette richesse de notre patrimoine.
Boukary, repose en paix.
Tu resteras dans nos cœurs.
Va en paix… Le village se réveillera sur l’espoir de cette jeunesse malienne consciente et engagée.
Rien n’est trop grand pour Allah !
Il t’a repris. Nous nous désignons.
Mais nous gardons tes valeurs.
Pour toujours.
La tristesse n’empêchera pas au village de se réveiller.
La peine non plus.

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Boukary, mes larmes coulent, mais je me réjouis de voir enfin tes souffrances s’abréger…

Cette maladie t’a rongé silencieusement. Nos efforts semblaient vains. Moi. Phil. Renaud. Bouba. Guindo. David. Emma. Abdoulaye Bah. …

La liste sera longue si j’essaye de citer tous ces amis qui ont formé cette chaîne solidaire autour de toi, nous voulions tellement que tu vives. Que tu sois avec nous. Mais nous ne sommes que de simples mortels. Comme toi… nous partirons. Aussi… je te dis juste « au revoir frangin » !

ɑlɑ kɑ hinε i la

ɑlɑ kɑ i dɑ yɔrɔ sumɑyɑ Bukari


Kemi Seba ou l’activisme africain imposé

Le buzz autour de l’activiste Kemi Seba, président du MDI ( Mouvement des Damnés de l’Impérialisme) et  d’Urgences Panafricanistes, qui a publiquement brûlé un billet de 5.000 F CFA, et son arrestation par la police sénégalaise sur plainte de la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest, les réactions ont été fort diverse sur les réseaux sociaux. Et je constate clairement un verbe plutôt agressif des activistes du camp de Kemi Seba envers ceux qui trouvent inapproprié de violer flagramment la loi pour rentrer dans la victimisation.

Mon impression est que les ACTIVISTES du cercle de Kemi Seba sont en train de nous faire le même procès qui a été fait à CAMARA LAYE quand le mouvement de la Négritude était à son paroxysme. Ils se donnent le droit de choisir les terrains sur lesquels tout africains qui se veut militants de la cause africaine ou panafricaine doit défendre.
Ne pas baigner dans le courant qu’ils ont imposé signifierait pour eux être un esclave consentant et acculturé!
Comment ne pas soutenir ce jeune et bel homme , qui a enfreint une loi qui vient directement de notre néocolonial ami la France, volontairement pour permettre que le débat sur la monnaie africaine encore sous contrôle de l’Occident à travers l’Empire colonial.
Comment s’épancher dans un livre autobiographique alors que d’autres luttent pour magnifier la race noire par l’écriture ? La poésie ?

Après nous avons vu où la négritude a conduit certains des membres du mouvement : président complètement manipulé par la France, dont certains poèmes insultent plus qu’ils ne magnifient la négritude.
Tout activiste a une relation intime avec les sujets qu’ils défends ou qu’il combat. Parfois il y va de façon systématique, refusant toute opposition, se donnant des titres et des sobriquets aux autres qui ne le soutiennent pas.

S’il est important de reconnaitre que tous les aspects du néocolonialisme, notamment cette monnaie qui continue à être garantie par la banque de France, peuvent être combattus , il est aussi clair que l’activisme et le panafricanisme ne peut être aveugle ou imposé.
L’activisme est une action intime d’abord, ensuite communautaire.
Les activismes partent de convictions personnelles avant de s’engager dans des combats communautaires.
Oui Kemi Seba mène une lutte noble. Oui sont arrestation démontre plus que jamais que nos états sont contrôlés par la France.

Mais ce n’est pas un secret!

Le monde est aux mains de ces puissances coloniales depuis belle lurette. Oui, un activiste africains ne peut échapper à ce rejet de ce statut de personnage malnutri qui telle sous un soleil ardent pour nourrir son grassouillet maître.
Comment ne pas s’indigner de voir nos matières premières et minières pillés ?
Mais, il serait intéressant de se pencher sur le travail que font ces pseudo-esclaves pour voir les actions qu’ils mènent, les résultats qu’ils arrivent à avoir!

Pendant que vous faites le buzz, eux sont engagés sur d’autres terrains.
Nul n’a l’apanage du statut d’ACTIVISTE. Ni du PANAFRICANISME. Les insultes reviennent comme un boomerang.


Mais qui protège les casques bleus à Tombouctou ?

Bamako, 22 juillet 2013 - Un Casque Bleu du Benin patrouille l'hôtel de El-Farouk lors de la première réunion du Comité de suivi et d'évaluation de l'accord préliminaire à l'élection présidentielle et aux pourparlers de paix au Mali. A Blue Helmet patrols the perimeter of El-Farouk Hotel during the Follow-up and evaluation Committee of the preliminary agreement meeting in Bamako. Photo MINUSMA/Marco Dormino
Bamako, 22/07/2013 – Un casque bleu du Bénin patrouille devant l’hôtel El-Farouk lors des pourparlers de paix au Mali.
Photo MINUSMA/Marco Dormino

Quelle question saugrenue penserait celui qui observe les incessantes missions des casques bleus entre le sud et le nord du Mali.  » Qu’ils sont ingrats , ces Maliens ! la communauté internationale leur offre une superbe mission de maintien de la paix , avec des casques bleus  épris  de justice et de bonne volonté – entre autres !-  qui se font tuer dans des attentats et sautent sur des mines , et les voici à les dénigrer. Qui protège les casques bleus ? Quelle question !

Pourtant cette question ne peut que vous venir en tête lorsque vous habitez une de ces zones « libérées » de l’occupation des « certains groupes armés », car il y a encore au nord du Mali , une zone qui reste aux mains des groupes armés remastérisés par la diplomatie internationale, suivez mon regard jusqu’à Kidal.

Les casques bleus, sont partout, représentant différents corps de l’armée, tout type de grade, de galon, de nationalité, de toute ethnie – j’ai vu un casque bleu hindou qui portait son turban traditionnel et une belle et longue barbe à la place du « joli » casque bleu-parlant toutes les langues imaginables – du français à l’anglais en passant par l’arabe, le néerlandais, le haoussa, le wolof…-

Mais, bien bizarrement, tu auras du mal à avoir une personne qui dira se sentir en sécurité à Tombouctou parce que les casques bleus sont là ! à y croire que l’ONU n’a pas demandé l’avis des habitants avant de renouveler le mandat.

Bon , il faut reconnaître que ce serait difficile de ne pas renouveler ce mandat, la nette impression est qu’ils n’ont pas fini de s’installer ici , à Tombouctou. Il suffit de se rendre au port de Koriomé – entrée des véhicules venant du sud qui traverse le fleuve Niger- Il y a toujours « du Minusma » qui entre. Et en quantité.

Mais PERSONNE ne se sent sécurisé par la Minusma.

Certes,’ils ont des missions en brousse et ils entreprennent des missions conjointes avec l’armée malienne pour éradiquer le mal – je parle des poseurs de bombes et des hommes aux ceintures d’explosifs-, mais dans la vie de tous les jours, en ville, le casque bleu se comporte comme une star hollywoodienne avec des groupies. Seulement les groupies ne s’intéressent pas à la star dans notre cas. Nous les ignorons comme ils nous ignorent, relation : néant ! ce sont les enfants qui parfois par curiosité leur parlent.

Notre impression ? Les casques bleus sont là pour se maintenir les uns les autres en vie. Quand ils descendent en ville pour un quelconque achat : des mangues aux couvertures, ils viennent nombreux. Certains font leurs achats et les autres montent la garde, armes braquées vers… nous !

Ils ont peur des attentats, je comprends, mais nous aussi… difficile d’avoir une toute petite discussion sur le sujet avec l’un d’entre eux. Mais, hier, le poisson a mordu à l’hameçon !

Je revenais d’Abaradjou, quartier au nord de Tombouctou. Un véhicule de casques bleus était stationné chez Madou secret – le marchand d’objets d’art dont les masques ont été saisis par « Ane-sardine » et brûlés comme nos dieux-. Deux casques bleuettes- c’est le féminin de casque bleu que j’ai trouvé- étaient arrêtées au bout de ma rue et des hommes au bout de l’autre rue.
Je me suis débrouillée pour passer juste à côté d’un d’entre eux pour dire assez haut pour qu’ils m’entendent :
-Qu’est qu’ils nous veulent encore ?
Le casque bleu n’est pas resté figé comme d’habitude.
-Nous ne vous voulons rien, nous sommes là pour vous !
– On n’a pas cette impression, vu la manière dont vous vous surveillez arme au point, on a l’impression que vous êtes là pour vous défendre ai-je répondu en m’éloignant.

Il faut reconnaître que 36 casques bleus ont été tués depuis juillet 2013 au Mali , il y a de quoi avoir peur. ils sont encore mieux que les soldats français qui nous obligent à quitter le semblant de bitume que nous avons à Tombouctou à chaque occasion. D’ailleurs, une fois ils voulaient m’empêcher de rentrer chez moi – toujours sur ma jakarta- parce qu’ils avaient quadrillé le secteur.  Ayant froncé les cils et montré mon intention de ne pas obéir, un autre soldat au regard vert est venu me demander doucement d’éteindre ma moto pour rentrer en la poussant « s’il vous plait madame ».

Non, mais nous sommes des maliens chez nous, ou nous sommes redevenus des indigènes de l’empire coloniale de la France?  THIS IS THE QUESTION!

 


Vivre à Tombouctou…

credit photo: Faty
credit photo: Faty

Vivre à Tombouctou…c’est habiter le bout de la terre pour ceux qui sont à l’autre bout de la terre pour nous aussi qui y vivons.
Vivre à Tombouctou….c’est habiter une ville perdue dans le désert, où il n’y a ni eau ni électricité, pour ceux qui non seulement habitent loin, mais sont aussi amis avec les vendeurs d’illusions, ceux qui ont pris les armes pour réclamer l’indépendance. Comme si l’indépendance amènerait l’eau et l’électricité dès son obtention, comme par magie.
Vivre à Tombouctou… c’est passer son temps à avoir peur pour les siens, les amis, les villageois des alentours qui sont obligés de prendre les chemins tortueux du désert vers Tombouctou afin d’écouler leurs denrées. Ils risquent à chaque recoin de se faire dépouiller de leurs biens et même des simples téléphones chinois par leurs prétendus libérateurs.
Vivre à Tombouctou… c’est toujours hésiter avant de dire de t’envoyer des mangues de Bamako, car les indépendantistes s’attaquent surtout aux colis de mangues quand ils braquent les camions de transport qui quittent le sud. Bon, il faut dire que tout bon malien du nord (le citoyen lambda ou le voleur caché sous les dunes) adore les mangues!
Vivre à Tombouctou…c’est certainement être un mort vivant pour ceux qui n’y sont pas et savent que vous luttez contre leur projet !
Mais sachez que vivre à Tombouctou… c’est vivre dans un havre de paix malgré tout ça, car ton amour pour la ville t’apaise! Son mystère te transforme: demandez des exemples à Salem Ould Elhadj, l’historien de Tombouctou qui y vit, il te contera l’histoire de ses saints, des miracles de cette ville…Peut-être te parlera-t-il de mon grand-père, Alpha Bocar, ce marabout aveugle qui écrivait et lisait le coran pas en braille hein !

 


je suis malien et j’étais Charlie

Il était Charlie. Le premier Charlie parmi les présidents africains, chapeau noir, grand manteau noir et une belle cravate rouge, qui ressemble trait pour trait à celle du missionnaire français Voulet ou de Chanoine, ces deux explorateurs qui en ont fait voir aux indigènes de l’espace nigérien, brûlant et tuant sur leur passage.

credit photo: www.rfi.fr
Entre Hollande et Netanyahu s’il vous plaît! crédit photo: www.rfi.fr

Pendant que d’autres présidents – ou ancien président- luttaient pour avoir une place de choix à côté du démocrate Hollande, lui n’a point eu à fournir d’effort. C’est à lui qu’est revenu cette place de choix et de rêve : marcher main dans la main avec Hollande, dénoncer cet acte barbare visant à décimer la rédaction du journal satirique français : Charlie Hebdo.

Oui, il était Charlie, la télévision nationale était devenue Charlie. Tellement Charlie, qu’elle avait retransmis la fameuse marche ou le roi participa, avec l’air adéquat –et le style adéquat-. Certainement que le directeur a eu la même crainte que moi : des larmes présidentielles pour la mort injuste d’autres Français. Mais il faut dire que le Mali ne pouvait se permettre d’écart de conduite après tout le mal que la France s’est donné pour extirper le nord du pays des mains de pseudo djihadistes – pour la laisser entre celle des pseudo martyres -. Konna est inoubliable. Daniel Boiteux (c’est le premier militaire français qui est décédé à Konna) est inoubliable.

Heureusement, si je peux m’exprimer ainsi en une telle circonstance, les larmes ne sont pas venues du premier rang !

Un Charlie qui n’était pas sans connaître l’état de la liberté d’expression dans son pays. Un Charlie qui a dû apprendre que les Maliens n’ont point apprécié qu’il ignore la mort de 4 militaires maliens à Tenenkou, lors de l’attaque de cette ville de la région de Mopti, à 500 km de Bamako.

Mais beaucoup de Maliens ont probablement compris que nous avons un président difficile à cerner. Un étrange personnage, qui apprécie – je ne sais pas s’il faut mettre ce verbe au passé vu le nombre d’inchallah qui parsèment ses discours- autant les bons vins que la vraie musique mandingue –la kora-, disposant de son propre modèle de couture en bazin, mais appréciant les trois pièces et la cravate pour son protocole et super fan de la sieste.

Oui, il était Charlie, juste en janvier dernier. Nous avons à peine égrené un trimestre, que nous avons la preuve de notre réticence à ne pas croire à la « charlinité » de tous ces présidents africains qui attendent la première occasion pour s’en prendre aux journalistes. Des journalistes qui peuvent faire basculer l’opinion publique.

Le journal malien le Reporter en a fait les frais cette semaine-ci. Le journal n’a pas tout simplement pas été imprimé-techniquement- parce que deux pages manquaient ! Haha… cela est la version visible de l’iceberg.

En effet, le communiqué du journal -qui a pourtant pu paraître malgré les agissements de son imprimeur, Hippo Print- dénonce les interventions d’un ministre du gouvernement charlinien et de son fils auprès de l’imprimeur qui a servi d’intermédiaire – et peut-être aussi de mouchard dans l’autre sens-. Autant de pressions pour demander au Reporter de faire disparaître des articles s’attaquant à la ministre la Culture , de l’Artisanat et du Tourisme – et oui, gros portefeuille – et au fils et non moins député de la République, président de la commission défense, s’il vous plaît !

Le journal ayant refusé, et craignant les foudres du pouvoir, l’imprimeur a tout simplement décidé «  qu’il n’avait simplement pas vu les articles incriminés, et que deux pages manquaient », victime lui aussi de censure, même s’il ne le comprend pas.

Il est facile de se sentir envahi par l’émotion face à des crimes abominables, contre des hommes de presse devenus des cibles à cause de leur opinion et de cette liberté d’expression qui leur permet d’évoquer tous les sujets.

Facile de se clamer démocrate sur tous les toits, voyager d’un pays à un autre et même créer un prix littéraire à son propre nom et celui de son épouse quand on est un président en exercice.

Mais, MONSIEUR LE PRESIDENT CHARLIE, vous savez certainement qu’il est impossible de parler de démocratie sans liberté d’expression…

Moi,  #JeSuisGaoTombouctouKidal, car les mêmes obscurantistes qui ont attaqué le journal Charlie Hebdo continuent à menacer ces trois régions du Mali.

 

 


Accord d’Alger, enfin la paix au Mali?

Poignée de mains entre les délégations à Alger

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Cela fait 4 jours que l’accord de tant de désaccords a été paraphé à Alger, sans les groupes armés composant la coordination des mouvements de l’Azawad. Cela fait 4 jours que je ne rate plus un seul journal télévisé pour voir les tentatives désespérées de ceux que la majorité des Maliens ont porté au pouvoir essayer de sauver la face, leur face de vendeurs de nation, de vendus.

C’est seulement mon rationalisme qui m’empêche de dire que le président du Mali est le premier des rebelles, car lui et son parti– le parti de tous les Maliens qui veulent garder leurs postes ou en avoir de nouveaux au Conseil des ministres – font que les rebelles trônent à l’Assemblée nationale. Il nous a bien eu avec son discours à l’eau de nationalisme parfumé de populisme. Les Maliens ne pensaient pas du bien de ses prédécesseurs en élisant le descendant de Soundiata. 74% des voix des Maliens pour le Mali d’abord. Mais malheureusement, pour 100% des Maliens ; cela a été la famille d’abord, ensuite le confort du président qui s’est offert un jet dans des conditions de passation de marché bien douteux et les rebelles et leurs groupes armés à la fin.

J’ai tellement envie de les insulter… mais quoi cela servira-t-il ? les Maliens sont endormis ; comme tétanisés par la dure vie qu’ils sont obligés de mener quand ils n’ont pas accès à une caisse de l’État pour se remplir les poches aux dépens des autres, si ce n’est de racketter les autres aux carrefours et autres postes de contrôle.

Oui nous pauvres Maliens sommes comme fatigués de cette histoire, de cette guerre bizarre contre ces hommes bleus, armés jusqu’aux dents , venus de Libye qui ont décidé de créer un Etat sur les 2/3 du territoire malien en commençant par égorger une centaine de militaires en janvier 2012 pour faire fuir le reste et du même coup leur permettre de pratiquer le repli stratégique.

De janvier 2012 à janvier 2013 grâce –ou à cause ? Quelle ingratitude penserait un français !- à Serval, la montée des djihadistes vers Bamako a été enrayée, les mêmes groupes armés qui s’étaient alliés à Aqmi pour et aux pseudo-djihadistes, saccageant tout ce qui représente l’Etat malien et toute infrastructure-même sanitaire-, jusque dans les villages à majorité touaregs – être touaregs était un des arguments pour justifier ces rebellions répétitives contre le Mali- ont eu une nouvelle virginité, oubliant crimes et fortraitures, servant de guides aux français dans l’Adrar des Ifoghas et se réarmant sous l’œil mécontent des militaires maliens stoppés aux encablures du fief des rebelles touaregs (en tout cas ils sont arrivés à convaincre le monde sur cet état de fait).

Cet accord d’Alger, comme les précédents qui ont été signés chez notre grand voisin – qui semble épris de la paix au Mali-sont des sortes de boomerang qui résolvent le problème des rebellions touarègues du Mali de surface, en ignorant superbement les autres ethnies, leurs sentiments et même leur existence dans un territoire sur lequel les Touaregs et leurs alliés arabes – pour appeler un chat par son nom- sont minoritaires. Ces accords ne font que conduire doucement vers une scission du Mali, déjà que c’est le Sénégal qui nous a abandonné dans notre grande fédération du Mali. Maintenant les amis (si on peut les considérer comme tel) veulent nous aider à mettre fin à cette rébellion en fermant les yeux sur les exactions de leur amis (des vrais cette fois-ci !) rebelles.

D’abord les accords Tamanrasset signé le 6 février 1991 avec l’insaisissable Iyad Aghaly, secrétaire général d’un mouvement populaire de l’Azaouad scelle la démilitarisation du nord du Mali. Les forces armées maliennes éviteront les zones de pâturage et les zones à forte concentration de populations dans les 6° et 7° régions actuelles dans l’article 6 de l’accord de Tamanrasset en plus de l’intégration des rebelles dans l’armée nationale, avec leurs grades dans les groupes armés. Ces accords ont été consolidés par le pacte national d’avril 1992.

Ensuite viennent les premiers accords d’Alger qui ont la dénomination de « ACCORD D’ALGER POUR LA RESTAURATION DE LA PAIX, DE LA SECURITE ET DU DEVELOPPEMENT DANS LA REGION DE KIDAL » du 4 juillet 2006. Comme le précise le titre, il est surtout tourné vers la région fief, bizarrement, parce que arabes et touaregs des régions de Tombouctou et Gao y ont bien participé. D’ailleurs ils participent toujours ensemble aux chevauchées guerrières à dos de pick-up surmontées de mitrailleuses contre les soldats maliens. A y croire – et il faut le croire hein !- que la couleur de la peau à son importance dans cette importance dans cette histoire de rébellions répétitives au Mali. Encore une fois intégrations, postes juteux pour calmer les défendeurs de l’Azawad délaissé…

Eh oui ! Je prends les armes pour dénoncer les manques dans ma région pour ensuite les oublier à la première occasion d’une vie meilleure sous des cieux occidentaux ! Et l’unité du Mali qui en ressort émietté malgré la réaffirmation d’un attachement – de qui même ?- au respect de l’intégrité territoriale et de

L’unité nationale, il faut un peu favoriser Kidal qui était jusqu’ici défavorisé par la gestion étatique de l’etat malien.

Pauvre chimère qu’est cet Azawad ! Prétexte à tant de peine, de douleur, de perte.

Perte pour l’État, pour les habitants de ce territoire (nous et eux !).

En dernier lieu, maintenant, l’accord que beaucoup qualifient d’accord du désaccord. On devrait dire des désaccords. Car le désaccord n’est pas unique et de vient pas d’un sens bien qu’il ait été conclu au bout de long mois de négociation et de ballets des délégations et représentants de groupes armés créés au fur et à mesure des changements de positions de leurs leaders.

Il parait que la communauté internationale, entière, ne cherche qu’à mettre fin au conflit armé que connait le Mali depuis 2012. Le gouvernement malien qui voulait s’en tenir qu’aux accords de Ouagadougou (que je n’ai pas oublié mais qui était juste une étape des négociations avec les groupes armés) et voulait laisser pourrir la situation parce que se sentant en force, a été étonné de ne pas être surpris par la réaffirmation des forces en présence dans son nord. Il n’y a pas que les combattants de cette coordination des mouvements de l’Azawad (MNLA, MAA, HCUA), il y a le Gatia qui a pu changer la donne (de la CMA victorieuse de l’armée malienne malmenée suite à la visite de Moussa Mara à Kidal, suivi d’un autre massacre de fonctionnaires maliens et d’un cessez-le-feu obtenu par le président de la Mauritanie, Oud Abdoul-Aziz.)

Eh oui ! Depuis que Serval a empêché aux militaires maliens d’entrer à Kidal, nous nous attendions à quelque chose du genre ! Nous avions été bien servi, Kidal est devenue une ville bastion de la rébellion, purifiée de toute population noire, où les femmes marchent pour soutenir tel ou tel chose  ou empêcher à telle ou telle personne d’atterrir à l’aéroport, que dis-je l’aérodrome – il n’y a pas d’aéroport à Kidal, trouvez la différence-

Les autorités maliennes, clament à qui veut l’entendre qu’il faut faire des concessions pour arriver au plus difficile : la paix

Pour cette paix, le Mali accepte ainsi d’entamer une marche vers un fédéralisme qui ne dit pas son nom, car cela n’est pas écrit en noir et blanc dans le document titré : « ACCORD POUR LA PAIX ET LA RECONCILIATION AU MALI ISSU DU PROCESSUS D’ALGER ».

Ma ifestants à Kidal credit photo: maliactu.net
Manifestants à Kidal
credit photo: maliactu.net

Pas seulement Kidal, mais tout le nord du Mali y est appelé « Azawad » bien que les villes de Gao et de Tombouctou ne se retrouvent pas dans ces revendications azawadiennes –ou -daises, c’est à qui mieux-mieux !-.

Des précisions sont même données au terme Azawad dont l’appellation recouvrirait une réalité socio-culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du nord du Mali. Donc, les « représentants de l’Azawad », ces groupes armés, qui, il n’y a pas si longtemps faisaient alliance –tous- avec AQMI et les regardaient s’amuser avec des séances de flagellation publique à la place de sankoré, ont pu convaincre la médiation que nous sommes comme eux des indépendantistes nourris à l’eau de la charia, très sado, qui ne peuvent que suivre leurs maitres dans leurs idées. C’est incroyable !!!

Je me demande vraiment dans quelle langue les populations non-arabo-berbères devront l’exprimer – en dehors du français- pour qu’on  les entendent un jour.

En plus, ils se plaignent et semblent étonnés par la volte-face des groupes armés de la CMA qui ont refusé de signer l’accord le dimanche dernier à Alger en prétextant un mécontentement du peuple du même Azawad qui aurait manifesté dans trois villes (contrôlées par ces mêmes groupes armés) Kidal, Ber et Ménaka.

Des photos démontrent que ce sont encore une fois les enfants et les femmes qui constituaient le gros de la foule d’une centaine de personnes, mais cela ne devrait pas les discréditer, d’ailleurs rien ne peut discréditer ces personnes, «  vaut mieux être dans le cœur de celui qui partage que sous ses yeux » dit le proverbe tombouctien et quand « c’est ta maman qui est aux commandes de la cuisine, ta part ne peut pas se perdre ».

Mais seulement la lecture du dit-document à fait naitre plusieurs questions en moi.

  1. Donc ces personnes qui s’étaient rebellés une première fois puis ont été intégrées dans l’armée malienne, puis sont repartis avec armes et véhicules et ont abattus soldats et civils maliens vont être réintégrés encore dans cette même armée ?
  2. Cet accord signé avec ces groupes armés inclut-il explicitement AQMI  qui n’est pas encore à terre et continue à se terrer dans les grottes du désert ?
  3. Pensez-vous que ces groupes armés vont respecter un mot de cet accord  alors qu’ils n’ont pas respecté les précédents ?
  4. Le gouvernement malien va respecter cet accord avec cette gestion coloniale et fortement centralisée de l’administration ?
  5. Les populations du nord du Mali (moi compris) qui ne se retrouvent pas dans les dites réalités socio-culturelles de cet « Azawad » sont-ils obligés de respecter un accord qui ne les prend nullement en compte ?
  6. Quand l’accord soutient qu’il faut une meilleure représentativité des populations du nord dans les institutions et grands services de l’État, s’agit-il de toutes les populations du nord du Mali ou seulement des membres de ces groupes armés et de leurs soutiens dans les trois villes de Kidal, ber et Ménaka ?
  7. L’article 14 de cet accord soutien que l’État s’engage à mettre en place d’ici 2018 un mécanisme de transfert de 30% des recettes budgétaires de l’État aux collectivités territoriales sur la base d’un système de péréquation avec une attention particulière pour les régions du nord. Cet article me gêne en plus de l’interrogation sur les raisons d’un tel favoritisme. Ne va-t-il pas sceller le clivage entre les maliens du nord et ceux du Sud ? pourquoi une attention particulière pour les régions du nord alors que nous savons tous que le Mali est l’un des pays les moins développés du monde.

En tout cas, « la paix est un comportement » dit le vieux sage Houphouët Boigny, c’est plus qu’une petite signature, nerveusement gribouillée au coin d’un document dans un grand hôtel… sachez-le !

Les populations en ont besoin pour vivre. Simplement vivre !


A Tombouctou, même pas une trotteuse…

Une journée presque comme les autres…  A Tombouctou.

La vieille ville essaye d’ignorer ce qui se passe autour d’elle pour subsister… exister. Vivre. Tombouctou respire une grande tranquillité. On dirait qu’elle ne se trouve pas dans cette zone de grande insécurité qui fait la Une des journaux d’information et autres magazines des grandes chaînes occidentales. Ceux qui craignaient de venir et voulaient rester à Bamako contre vents et marées trouvent la cité des 333 saints trop calme. Surtout la nuit. Mais c’est cela Tombouctou, leur répondis-je, dans un éclat de rire. Nous sommes tranquilles ici.

Aucune inquiétude ne peut être lue sur le visage des habitants qui continuent leur vie si particulière. Une vie ponctuée par les cérémonies grandioses de mariage, les baptêmes qui se prolongent jusqu’à la nuit, avec ses griots habituels dont le charismatique Mallé Hamadoun, préféré des femmes, toujours habillé d’un boubou neuf. Il faut dire que dernièrement la moisson est plutôt généreuse. Les gens, surtout les femmes se rattrapent dans ce que j’appelle gaspillage et futilité. C’est à qui donnera le plus de pagnes, d’argent aux griots et autres personnes de castes ou qui se proclament telles et parfois t’agressent pour un billet de 1 000 F CFA.

Une journée presque comme les autres… d’avant ces pseudo adorateurs d’Allah qui n’ont aucun respect pour l’être humain. Ils se disent fidèles à la Sunna (tradition) du prophète – Mohammed paix et salut sur lui- et pourtant ils semblent ignorer tout du respect qu’il avait pour la vie humaine. Ce ne sont que des sbires des cheikhs qatariens -qui s’amusent en regardant des courses de chameaux montés par des enfants (esclaves) ou en séjournant dans des hôtels high-tech qui achètent pour mieux en jouir ou achètent des clubs européens de football en difficulté à coups de pétrodollars.

D’ailleurs, je n’arrive pas à comprendre ce mot islamiste.

Est islamiste celui qui tue pour défendre l’islam ? Qui tue et maltraite même des musulmans ?  Ces gens – les soi-disant islamistes- ne font que nuire à une religion qui est bien éloignée de cette violence, de cette barbarie. L’islam est partage, amour, respect, modération… il l’était à Tombouctou depuis des millénaires. La venue de ces barbus qui entrent dans la grande mosquée avec leurs sales et grosses chaussures n’y a pas changé grand-chose. La sagesse a recommandé la modération. Ils partiront comme ils sont venus nous trouver chez nous. Allah nous voit tous et sait, qui est croyant ont prêché les marabouts à Tombouctou. Ils ont eu raison. Pas un habitant de la ville n’a pu être une victime de ces barbares.

Pendant presque une année, la ville de Tombouctou, son patrimoine si précieux pour l’humanité, ses manuscrits millénaires, ses habitants, ses traditions… ont été les otages de ces barbares. Elle a attendu, patiemment. Un 11 janvier le calvaire a pris fin.

Ainsi, on dirait que Tombouctou veut effacer cet épisode douloureux, ce passage – espérons que c’est le dernier- des narcotrafiquants qui se réclament djihadistes qui a obligé chacun à faire profil bas. Sous le règne d’Ansar Dine tout rassemblement était interdit. Plus de faste pour les mariages qui se déroulaient uniquement à la mosquée, sans tam-tam, ni kôlô (petits tambours en peau de chèvre que les femmes tiennent d’une main pour le frapper de l’autre). Pas de mairie – c’est ainsi qu’on appelle le mariage civil à la mairie- ni de cortège faisant le tour de la ville tambour battant. Tous les mariages célébrés durant cette crise l’ont été dans le silence.

Je suis retournée dans ma ville natale si aimée depuis octobre dernier…  Quel soulagement ! beaucoup , comme moi, ont pris la route piste du retour, préférant fuir Bamako surpeuplée.

Tombouctou, crédit photo: Faty

 

 

Tombouctou, credit photo: Faty

A Tombouctou, la vie est plutôt tranquille, presque arrêtée. Les hivers sont rudes, les vents sifflent et irritent la peau de celles qui ne portent pas le voile. Malgré le vent je décide de sortir. Maintenant que ma fille va à 4 pattes, je me suis dit qu’il fallait lui trouver une trotteuse. Elle en a besoin. Moi aussi. Elle fera moins de dégâts. Elle tombera moins.

Et me voici assise derrière ma petite sœur, sur sa Djakarta – elle est meilleure conductrice, croyez-moi – direction « foire yobou » «  marché de la foire ». C’est le marché le plus éloigné de chez moi. Nous avons fait le tour du marché, scrutant les étalages.  Pas la moindre petite trotteuse. Peut-être que les commerçants qui pourraient avoir l’engin hésitent encore à venir. Ils sont été les victimes de la destruction rageuse des troupes du MNLA & Co. Ils réfléchissent avant de rouvrir.

Maintenant faut redescendre, voir s’il y en a au grand marché «  yobou ber ». Encore une fois rien. Que de la farine, du savon, des voiles (oui !!! les mêmes qu’Ansar Dine a voulu se convaincre d’être l’ initiateur du port à Tombouctou, alors que les femmes le portent depuis bien longtemps), du thé. Des biscuits secs – que nous appelons biscuit dogon – Mais pas de trotteuse.

Une petite distance sépare le marché le plus fréquenté de Tombouctou –même des casques bleus- : ses ruelles sont encombrées d’ustensiles. Le marché des habits de seconde main provenant d’Europe qu’on appelle yougouyougou est bien florissant. Celui des couvertures et des tapis qu’apportent les commerçants arabes aussi, malgré les coupeurs de route et les assassinats dans cette communauté… Aujourd’hui, la brousse semble inhabitable. Beaucoup de ces nomades sont visibles en ville. Ils sont reconnaissables à leurs habits pas très propres de couleur bleue de préférence pour les hommes et les femmes, allez comprendre pourquoi !

« Incroyable, mais pas une trotteuse dans la ville mystérieuse, Il me faudra trouver une solution de rechange » dis-je à ma sœur quand au bout de la rue pavée devant laquelle s’asseyent les femmes de « taara bongou » (des femmes qui font du maraîchage aux alentours de Tombouctou), on voit une trotteuse devant la boutique d’un grand supporter du Real Madrid.

Mais très vite nous déchantons, la petite barre par laquelle je veux prendre la trotteuse me reste en main… je me demande dans quelle province de la Chine celle-ci a été fabriquée.

En somme, pas de trotteuse… il y a la Minusma, des voitures de toutes marques, des casques bleus et des hommes de toutes les nationalités imaginables à Tombouctou, mais impossible d’y trouver une petite trotteuse.


Des nouvelles du Mali

Les nouvelles du Mali, c’est le nom de mon blog… je devrais en donner d’heures en heures, envoyer rapidement un billet aussitôt que quelque chose se passe dans mon pays, pour répondre à la ligne éditoriale que je m’efforce à donner à ce blog. Donner des nouvelles de chez moi (et de moi à certaines occasions), sortir de ce silence… et ben me voilà pour les nouvelles.

credit : fallharoune.blogspot.com
Mali, infographie sur la situation géopolitique  du Mali datant de janvier 2013. credit photo: fallhrouna.blospot.com

Elles ne sont pas bonnes. Le Mali va mal. Du sud au nord en passant par le centre. C’est d’ailleurs ce qui explique mon silence, pour cette fois-ci pas de nouvelles, mauvaises nouvelles ! J’ai opté pour : ne pas donner de nouvelles au lieu d’en donner des mauvaises. D’ailleurs, cela me reviendrait à écrire de courts billets sous forme d’alertes, car l’actualité est plutôt galopante au pays géré par des Keita, Si ce n’est pas une mine qui fauche des casques bleus, ce sont des rebelles qui s’attaquent à une localité de la zone dont ils réclament l’indépendance ou encore c’est la création d’une Nième groupe armé au nord…

Au sud, Bamako est prise au piège des dirigeants, certains commencent enfin à comprendre qu’ils ont mis le mauvais bulletin dans l’enveloppe en 2013 lorsqu’ils ont choisi le bulletin de Kankelintigui (l’homme à la parole unique) -si je peux me permettre-. Plus rien ne va plus. Trop de choses ont fini de rendre d’autres maliens aussi sceptiques –sinon pessimistes- que moi : de l’avion présidentiel payé rubis sur ongle en privilégiant certains proches, aux surfactures pour les équipements militaires qui ont permis au FMI et à la banque mondiale de mettre une certaine pression sur le gouvernement et l’obliger à entamer les négociations avec leurs groupes armés chéris du nord –je ne veux pas dire de Kidal !- car en fait les groupes armés infestent le nord, chaque jour que de nouvelle création si ce n’est des dissidences , ce sont des créations…

Je peux dire que maintenant tous les maliens savent qu’ils ont élu un grand voyageur -il est à son 54ème voyage-, un  homme cultivé (cela,  ils le soupçonnaient quand même, car IBK a été premier ministre du temps du premier président démocratiquement élu au Mali, Alpha Oumar KONARE),  qui aime la grasse matinée, allant au bureau vers 10h du matin mais n’hésite point à utiliser un ton céleste pour exiger droiture et ponctualité de ses ministres.

Un président qui étonne beaucoup lors de ses discours, promettant monts et merveilles pour le nord, si ce n’est pas une Université du sahel à Gao, c’est une Université international de Tombouctou, alors que nous, ressortissant du nord vivons le calvaire sur les routes quand il faut quitter ou revenir au nord avec l’insécurité et l’absence de route, alors que le retour de l’administration au nord n’est qu’une parodie, les fonctionnaires originaires du sud s’échappant à toutes les occasions. Pas seulement le nord, l’ensemble du Mali besoin que finissent enfin cette corruption, ce népotisme, ces surfacturations pour que s’amorce un vrai développement. Presque tout le monde a tendance à oublier que c’est le Mali entier qui est sous développé, pas seulement le nord, c’est le Mali entier qui a besoin d’infrastructure de santé, d’école, de bibliothèque, de bonne gouvernance…

Mais, aussi, un président qui rajeunit à vue d’œil,  d’une rare élégance qui s’étend jusqu’à ses collaborateurs – il y est pour quelque chose selon les mauvaises langues- et pars­ème des inchallah (s’il plait à Allah) conciliateurs dans ses propos –il arrivera un jour à convaincre ces maliens qu’il est un fervent musulman- . Le slogan « Le Mali d’abord» de la campagne présidentielle est encore affiché en géant dans certaines artères de la capitale Bamako, mais beaucoup lisent- en tout cas ceux de mes compatriotes qui savent lire- « ma famille d’abord ».

Enfin (soulagement pour beaucoup du parti présidentiel),  Moussa Mara, jeune premier ministre ayant remplacé un autre jeune –Oumar Tatam Ly- a enfin rendu son tablier à son patriarche de président, permettant aux loups du parti présidentiel d’être aux anges. Il a eu milles et une occasion pour démissionner, il ne l’a pas fait. Le président a attendu que l’horizon politique soit plat – après que le ministre des finances indexées dans les affaires de surfacturations finissent de se dépeindre comme blanche neige à la télévision nationale- pour lui demander de rendre le tablier. Il est parti sans rancune. Une certaine tristesse dans le regard en faisant la passation avec l’autre patriarche qui le remplace –le nouveau premier ministre Modibo Keita a 73 ans-. «  Je vais rentrer à 18h chez moi ce soir » dit-il. «  Je ne me rappelle pas la dernière fois que je suis rentré chez moi à 18h, cela fait très longtemps ».

Ainsi, avec l’ancien haut représentant du président de la république du Mali pour les négociations de paix, nommé premier ministre par ce dernier, l’empire Mali se retrouve aux mains des royaux Keita. Seuls les inchallah, nous permettent de savoir que nous sommes en république laïque à majorité musulmane du Mali – souffrez me comprendre- . Son gouvernement ? Une continuité, sans les plus gênants du précédent. En fait, tout est une continuité : l’administration reste égale à elle-même, toujours à l’affut de la mission la plus prolongée possible, aux mains de ceux qui ont su rapidement changer de parti pour celui du tisserand.

Au moins, pour la première fois, le Mali se retrouve avec une vraie opposition, dotée d’un chef de fil en la personne de Soumaila Cissé (battu par IBK au second tour de l’élection présidentielle de juillet 2013), coordonnée, qui réagit à toutes les occasions. Elle propose au pouvoir de jouer sa partition, mais en réalité, on se demande quelle sera –elle-

Le sud du Mali, c’est aussi Ebola. La dangereuse maladie qui sévit en Guinée voisine, en Sierra Léone et au Libéria a mis cette partie du Mali sens dessus-dessous, provoquant une grande panique. Il faut dire que la Guinée n’est pas loin de Bamako et les coutumes africaines favorisent la propagation du mortel virus qui n’a pas de remède. Mais, Ebola a fini comme le Sida ou encore l’excision au Mali : on n’y croit pas ! «  C’est un projet que les gouvernants ont inventé pour trouver de l’argent ». Incroyable non ? Après la petite fille ramenée de la Guinée par sa grand-mère et le marabout que la clinique de la jet-set bamakoise voulait soigner incognito. Le Mali est maintenant Ebola free, mais sincèrement je ne me suis jamais sentie menacée par cette maladie à Tombouctou. Allez savoir pourquoi !

Au nord, ce qui nous menace ce n’est pas Ebola, même s’il fait beaucoup de morts : ce sont les attentats, les attaques à mains armées de coupeurs de routes, les mines et autres engins explosifs semés au gré des pistes de cette grande partie de Mali. Quand on mène une guerre asymétrique à des personnes fanatiques qui pensent avoir un droit sur un territoire et ses habitants ( le rapport est raciste et esclavagiste, et l’expliquer pourrait prendre beaucoup plus qu’un billet, mais je crois que des  touaregs et des arabes –pas tous- ont pris la décision de se rebeller, engageant toutes les régions du nord du Mali et réclament l’indépendance à notre nom à tous parce que certainement l’avis du noir ou de celui que tu considères comme un esclave – ton esclave- n’a absolument aucune valeur). Les autres habitants du nord en dehors des arabes et touaregs seraient peut être condamnés à faire profil bas et ingurgiter le désir d’indépendance des rebellés pour l’accepter de force contre une vie paisible.

La visite de Moussa Mara à Kidal en mai 2013, a malheureusement permis aux violeurs et autres meurtriers du CDA ( coordination des mouvements de l’Azawad) de revenir sur l’échiquier politique et militaire. C’est à en croire que notre armée n’avait pas de service de renseignement ! C’était tellement visible que ceux qui ont servi de guide à Serval dans la reconquête de l’Adrar des Ifoghas – leur sanctuaire – ont le contrôle de la zone de Kidal qu’ils ont parsemé de cache d’armes et d’hommes. Déjà que beaucoup de maliens n’ont pas compris les raisons pour lesquels les français ont empêché à l’armée malienne d’entrer à Kidal comme elle est entrée à Gao et à Tombouctou (les trois grandes villes du nord qui étaient occupées par le MNLA, Anesardine, AQMI et autres bandits de grands chemins revenus de Libye).

Ces groupes armés ont rapidement fait peau neuve, allant jusqu’à refuser de reconnaitre les derniers crimes qu’ils ont commis en tuant 30 personnes parmi les otages fait au gouvernement de Kidal parmi les fonctionnaires, signant un accord sous l’aval du « grand ami » Abdoul Aziz, chef de l’union africaine, appelé par IBK certainement pour qu’ils  « parlent à ses frères ».

Mais malheureusement, l’armée malienne, elle, n’a pas fait peau neuve. Elle a essuyé une autre déconfiture dans la foulée de la visite de l’ancien premier ministre Moussa Mara à Kidal, encore une fois (semble-t-il) victime d’un regroupement de dernière minute des groupes armés. Malgré qu’une priorité ait été donnée à sa réforme et à son équipement (et des chaussettes achetées à 25.000 F CFA pièce), beaucoup (au sud, car nous savions bien que c’est toujours la même) se sont rendu-compte qu’elle reste en proie au repli stratégique, au besoin logistique et au disfonctionnement aux moments clés.

Ainsi, depuis cette malencontreuse visite, bien que choses ont changé. Le Mali et son armée ne sont plus présent dans l’antre des groupes armés Kidal, qui est devenu un véritable nomansland, régulièrement secouée par des attentats contre les casques bleus de la mission onusienne de maintien de la paix, Minusma. Des combats entre groupes qui se traitent de milices quand cela leur chantent aux mines qui parsèment les pistes du nord du Mali, de Tabankort (Kidal) à Goundam (Tombouctou), que d’innocentes victimes de cette guerre asymétrique.

En préludes aux violents combats qui ont opposé le Gatia et ses alliés aux mouvements de l’Azawad la semaine dernière, la Minusma avait fait savoir à travers un communiqué, qu’elle avait dû se défendre en tirant sur des voitures de groupes armés qui avaient pris les casques bleus pour cibles ( MNLA, HCUA et MAA) pendant qu’elle faisait –fort courageusement sa mission d’interposition entre les belligérants et de maintien de la paix-. Il parait que la Minusma est là pour protéger les populations du nord de ces groupes armés et d’une autre occupation, pourtant seuls les pro-MNLA, MAA et autre HCUA ( des groupes armés touaregs et arabes) sont restés dans leur ville fétiche et réel fief : KIDAL.

Kidal. Une ville bien étonnante pour un observateur extérieur : ses femmes et ses enfants, autour de la centaine sont azawadiens et n’hésitent pas à monter au charbon pour défendre les idéaux des groupes armés (dans lesquels se trouvent les hommes de la ville). Ils sont présents à toutes les occasions : visite indésirée des autorités malienne, mécontentement des groupes armés contre la Minusma, qui d’ailleurs a préféré battre retraite et se réfugier dans son camp, laissant tout un aérodrome à la merci ces manifestants si particuliers qui n’hésiteront pas à tout y brûler. Ce nord du Mali et cette part minoritaire de ses habitants indépendantistes si portés sur la destruction et le saccage de matériel, bien difficile à comprendre !

Quel avantage d’être minoritaire dans un pays comme le Mali ! Même la Minusma (mission des nations unis pour le Mali) qui a pu profiter d’une contremarche –j’espère que ça existe- de la population de la ville de Gao, qui pour démontrer son opposition au CDA (coordination des mouvements (armés !) de l’Azawad). C’est bien me suis-je dis. C’est important de montrer que nous ne sommes pas avec eux : nous n’avons pas d’armes, mais nous sommes des fils de cette terre et nous avons notre mot à dire. NON à l’Azawad ! C’était d’ailleurs aussi l’occasion pour les habitants de Gao de porte aussi leur soutien aux prétendues milices pro-gouvernementales – selon la communication du CMA-.

Manifestation-marche-Gao-contre-independance-autonomie-azawad
credit photo: maliweb.org

En fait une année de vie pleine à Gao, juste après l’opération Serval , en 2013, m’a permis de comprendre que les habitants de cette ville ont tellement côtoyé la mort, le danger, la cruauté avec l’occupation qu’ils n’ont plus peur de quelque chose, ni la mort, ni une autre occupation… le crépitement des armes est un « son » (musique) aux fragiles oreilles des enfants. La même Minusma l’a appris à ses dépens. Car quelques jours après la marche de soutien, une autre marche a secoué Gao et indigné beaucoup de malien – dont moi !- je vous explique.

Dans un premier temps, un document d’accord signé entre la Minusma et le CDA portant sur une zone temporaire démilitarisée entre Tabankort et Anefis. En fait le territoire que le Gatia et leurs alliés ont repris au CDA. Cela suffit à mette un jeune de Gao en colère, si en plus ce document fait l’objet de manipulation et circule dans les réseaux sociaux avec le drapeau du MNLA en entente, il y a de quoi mettre tout la ville de Gao en colère. Le souvenir des filles violées est encore vivace. Et comme ceux qui ne sont pas favorisés par cet accord ne sont pas poltrons, Gao s’est sentie trahie par cette Minusma aussi – car tous pensent que d’autres avaient également préféré les groupes armés touaregs au Mali-.

Accord-MNLA-MINUSMADes milliers de personnes sont sortis pour marcher sur les camps de la Minusma à travers la ville. Il y a eu trois morts par balles certifiés par le personnel médical de l’hôpital de Gao. Plusieurs dizaines de blessés. Un blessé grave ayant une balle logée dans la tête a été évacué sur Bamako.

La Minusma crie à la manipulation et assure qu’ordre n’a pas été donné de tirer sur les manifestants. Le président malien (encore une fois) en voyage attendra un retour au Mali pour évoquer le problème et assurer que la Minusma est au Mali pour la protection de la population et qu’une enquête sera organisée pour connaitre les coupables de ces crimes.

En somme, le document de la discorde a été retiré par la Minusma bien que des signatures y étaient apposées. IBK a enfin pris son courage à deux mains et effectué le déplacement à Gao, se rendant dans les familles des morts. Mais cela fait naitre des questions en vrac en moi (et mes concitoyens certainement) : quelle est la vraie mission de la Minusma ? Va-t-elle me protéger ou me porter secours ici, à Tombouctou si jamais des groupes armés s’attaquent encore à ma ville alors que je ne suis pas touareg ? Quel genre de paix ils sont en train de nous concocter en Algérie alors que nous autres (habitants de Tombouctou) ne sommes pas associés au processus ? pourquoi les casques bleus se sont permis de perdre la tête à Gao en tirant sur des manifestants alors qu’ils laissent les lieux aux manifestants de Kidal ?

 

 


Lettre au président de la république malienne sur le sujet de l’éducation

credit photo: massacreanimal.org

 

Mes chers lecteurs,

Rassurez-vous, je ne vous prends pas pour son Excellence IBK, président de la république du Mali et la lettre ne vous ai pas adressée.   je me sais  coutumière des lettres, mais celle-ci n’est pas de moi. Elle émane d’un jeune malien, et je ne suis que la…posteuse (celle qui fait le post , vous me suivez j’espère!). j’avoue avoir bien de lettres  personnelles sous ma coupe, que de choses révoltantes à …dire à  ces dirigeants- et pas qu’eux- à n’en pas finir,  mais parfois bloguer devient difficile même pour une fanm doubout!

c’est la lettre d’une jeune étudiant malien en journalisme option télévision au CESTI (Centre d’études des Sciences et Techniques de l’Information)de Dakar,  Mohamed Attaher Halidou. j’espère innover en lui prêtant ma tribune le temps d’une lettre…

 

Excellence, Monsieur le Président !

Jadis, les cadres maliens étaient fiers, fiers d’être bien formés. Le système éducatif malien était l’un des meilleurs sinon le meilleur de la sous – région. Il suffisait tout simplement de décliner votre nationalité malienne pour que les portes des universités étrangères s’ouvrent à vous, affirmait le professeur Dioncounda TRAORE, lors d’une plénière de l’Assemblée Nationale.

Excellence, Monsieur le Président !

Depuis un certain temps, le système éducatif malien s’est écroulé et cela de façon lamentable. Oui, « l’ancien système se meurt et le nouveau refuge de naître ». hélas, mille fois hélas !

Excellence, Monsieur le Président !

L’école est pourtant pour nation, ce que les enfants sont pour le foyer. Mais malheureusement aujourd’hui, la santé de notre chère école est préoccupante. L’école malienne souffre de beaucoup de maux parmi lesquels on peut citer : l’incompétence des acteurs chargés de l’éducation, la démission des parents, la baisse du niveau des enseignants, des élèves et étudiants, la promotion de la médiocrité, l’absence d’éthique et de déontologie, le vide des convictions et des valeurs, l’achat des notes et des diplômes. Que dire encore ? Face à cette situation qui n’honore pas le Mali, je voudrais comme certains maliens, tirer la sonnette d’alarme. Tout semble à croire que l’école n’est pas une priorité au Mali. En effet, depuis quelques années, on a l’impression qu’on cherche à sauver uniquement l’année scolaire ou universitaire mais pas l’école. Alors qu’il est question « d’attaquer le mal à sa racine » comme on le dit.

 

Excellence, Monsieur le président !

Dans un pays comme le Mali où le degré de considération est lié au degré de richesse, certains enseignants ont accepté le sacrifice suprême pour être des modèles, des références. Ils ont servi l’Etat avec loyauté et intégrité. Mais aujourd’hui, ils sont oubliés par la République. Quelle ingratitude ! Cependant, des médiocres excellent, souvent même au plus haut sommet de l’Etat en violation de toute règle de l’éthique et de la morale professionnelle et cela au grand « dam » des excellents. Est – ce à dire que c’est le règne de la médiocrité ? A César ce qui est à César ! Hommage à feu Karim TRAORE, brillant professeur de droit public, qui, toute sa vie durant a fait de l’enseignement, ce noble métier, un sacerdoce. Il est oublié par la République. Dieu seul sait qu’ils sont nombreux comme lui dans cette situation ! Aujourd’hui encore, sa brochure de droit constitutionnel est vendue comme du pain aux étudiants de la F.S.J.P sans le consentement de ses héritiers en violation des droits de la propriété intellectuelle. Quelle honte !

La promotion de l’intégrité doit être encouragée. Ceux qui servent l’Etat avec intégrité et loyauté doivent en retour bénéficier de la reconnaissance de la nation.  C’est aussi cela la République.

La prise de conscience est aujourd’hui une urgence. Ne dit – on pas que : « Celui qui n’a pas accès à l’éducation demeure dans l’obscurité. » Alors, sauvons l’école, notre chère école. L’avenir du pays en dépend ! L’école est le socle du développement et un pays ne peut se développer qu’en lui accordant la priorité et toute la priorité.

Excellence, Monsieur le président !

Enfin, permettez – moi de lancer un vibrant appel à tous les patriotes, à tous les démocrates, à toutes les filles, fils du Mali d’oeuvrer inlassablement pour que notre école, l’école de la République, « la respublica », « la chose publique » retrouve toute sa gloire d’antan.

Vive le Mali et vive l’école de la république !

 


Tombouctou: des liseuses pour le « vivre ensemble »

lancement de la formation Zineb Benalla et équipe de Pat-Mali. Credit Photo: faty

« Vivre ensemble » le nom des clubs de lecture suffit à résumer le but du projet initié par PAT-MALI (programme d’appui à la transition du Mali). Il s’agit de promouvoir la culture de la tolérance et de la liberté au sein des établissements secondaires de la région de Tombouctou.

Si du 24 au 27 novembre 2014, les 32 professeurs de plusieurs disciplines reçoivent une formation sur les méthodes de mise en place des clubs de lecture, la finalité du projet est d’offrir 320 e-readers aux enseignants, ainsi qu’aux membres des clubs de lecture.

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 Mohamed  Ag L. lors d’une animation, pronnant le vivre ensemble. Credit photo: Faty

Moyens humains et matériels ont été mis en œuvre pour permettre aux écoles d’enseignement secondaire et les instituts de formation professionnels de la région de Tombouctou de profiter de liseuses électroniques contenant plus de 4000 livres dans des clubs de lecture.

La formation a été menée de main de maitre et dans une ambiance bonne enfant par Zineb BENALLA, chercheur associée au centre arabe de la recherche scientifique et des sciences humaines à rabat, une organisation non gouvernementale, à but non lucratif, non partisan, visant la promotion de la liberté, de l’état de droit et de la démocratie.

credit photo: Faty
 liseuses en main, au travail chers profs .Crédit photo: Faty

Heureux étaient ces 32 professeurs (parmi lesquels je figure) de recevoir ces liseuses et le CD (idées pour la liberté) qui leur permettront d’oublier la destruction de leur bibliothèque lors du règne des islamistes sur la vieille ville de Tombouctou d’avril 2012 jusqu’à janvier 2013 quand l’armée française à délogée les djihadistes du nord du Mali, les chassant jusque dans le désert.

Ce matériel aura aussi l’avantage de débarrasser les « professeurs de leur Bic rouge » (dixit Zineb Benalla, la formatrice) qui pourront se jeter de ce lourd manteau de sévérité et de rigueur pour devenir juste des facilitateurs, animateurs de groupes thématiques ayant le retour au vivre ensemble et à l’interculturalité pour les élèves de leurs clubs qu’ils auront choisi pour leur diversités.

credit photo: Faty
crédit photo: Faty

Les liseuses ont été distribuées à la fin de la formation , maintenant la balle est dans le camp des professeurs pour choisir les 10 membres de leur clubs de lecture et apporter leur pierre à l’édifice de la paix au Mali.


Mali : Ebola, l’autre menace…

On pensait que seuls les groupes armés menaçaient le Mali depuis qu’ils avaient permis à l’armée malienne de vérifier la fiabilité du repli tactique comme stratagème militaire, mais la terrible maladie, qui a fait oublier le sida, le paludisme, le choléra a franchi la frontière de la  Guinée voisine pour s’inviter chez Soundiata… panique à Bamako.

credit photo: google images.
Crédit photo: google images.

Ebola veut faire un tour au Mali… le pire; on essaye de le gérer à la malienne.

On se rend compte que ce dispositif sanitaire à la frontière armée de pistolets détecteurs de forte fièvre est comme du gruyère, les malades passent (et tout le monde en réalité) comme ils veulent. Cette fois-ci, le malade s’est même permis de venir contaminer des gens dans une clinique Hightech pour y mourir et repartir à l’état de cadavre en Guinée sans être entraperçu par un seul policier ou un médecin à Kourélamalé ( frontière entre le Mali et la Guinée).

Bien loin de moi l’idée de vouloir que cette maladie si terrible, qui peut effacer toute une lignée en un rien de temps, à d’autres continents en dehors du notre, mais il faut savoir et reconnaitre que nos pratiques, la proximité, la pauvreté même, sont des facteurs qui favorisent la propagation de cette maladie.

Depuis février où débuta cette terrible pandémie en Guinée-Conakry voisine, la peur s’installa dans le cœur de chaque Malien, surtout les Bamakois qui une frontière des plus actives avec la Guinée.  Une amie américaine qui a longtemps vécu au Mali a pris immédiatement la décision de retourner aux Etats-Unis… Elle connaît notre (nous Africains fétichistes nous pensons que prière peut conjurer le mauvais sort ou prévenir contre une maladie comme Ebola ) goût pour le risque rehaussé par des conduites qui ignorent l’hygiène à cause destraditions.

Ainsi, la prévention d’Ebola veut qu’on se lave les mains au savon plusieurs fois par jour. Ne le dites pas au Malien, car une certaine « coutume » lui dit que l’homme qui lave ses mains avec du savon perdra ses biens comme il est en train de dépouiller de sa paume  cette « saleté répugnante » qui est en réalité sa fortune, d’ailleurs, les plus traditionalistes ne se lavent jamais au savon.

En plus, nous avions la fâcheuse manie de rendre visite aux malades ici. Oui, en groupe, bébés au dos, les mamans en oublient que ce sont de petits corps qui n’ont pas beaucoup de force quand il s’agit de combattre certaines maladies… Le lugubre spot publicitaire qui passe à la télévision nationale n’a pratiquement pas d’incidence sur les comportements de la population.  Si cette maladie se propage dans « ce Mali-là », il est très difficile d’avoir un contrôle de quoi que ce soit. C’est la raison de ma colère envers les dirigeants de cette clinique, dans laquelle un cas d’Ebola a été délibérément admis et caché à l’opinion publique et aux autorités sanitaires.

credit photo: faty
Crédit photo : Faty

Oui délibérément !

Quand vous admettez un malade venu de la Guinée, fiévreux, vous ne pouvez pas ne pas penser à Ebola. Le Malien n’est pas du type à cacher les décès rapprochés dans une famille, car il y voit un mauvais sort si ce n’est de la sorcellerie.

Mais non ! La très sérieuse et huppée clinique Pasteur, qui ne soigne que les riches de la capitale, soignait ce vieillard pour des problèmes rénaux, mettant la vie de toute une nation en jeu pour une histoire de renommée si ce n’est de nom (Pasteur), je pense qu’il se doit que les responsables de cet établissement soient sanctionnés – je ne veux dire châtiés- Je ne peux m’empêcher de penser que la vie de ce jeune infirmer -Salif pouvait être sauvée s’il avait été pris en charge tôt.

A son tour, celui qui a fait la radio développe la maladie, demain ce sera qui ? Le fils du voisin qui a aidé à le mettre dans le corbillard ? l’enfant d’une de ses filles ?

 


Blog Action Day: faire sauter les frontières des inégalités par l’education

BAD 2014Le 16 octobre est le Blog Action Day, comme le laissait voir mon précédent billet qui vous donnait un avant-gout hier. Le thème est des plus intéressants : les inégalités. Le monde est cousu d’inégalité. Il est très difficile d’avoir une quelconque forme d’égalité dès qu’on examine le genre. Loin de moi l’idée d’utiliser cette journée d’action des blogueurs à travers la terre pour faire mon féminisme- d’ailleurs je ne suis pas féminisme, juste une éducatrice dépitée par les inégalités – mais l’écart grand et l’égard trop minime vis-à-vis des filles. Que des questions qui se bousculent dans ma tête, je pense à la scolarisation de fille qui est toujours base. Je ne peux m’empêcher un Grrrr…. Interne. Rage.

La culture, l’éducation, continuent à creuser l’écart entre filles et garçons. Le garçon peut laisser le champ paternel et partir à l’école, mais la fille ne peut se détacher de sa future tâche de ménagère. La mère, analphabète, partage l’avis du père dans la majorité des cas. Il faut conserver les coutumes coute que coute, quitte à rester pauvres et démunis. Mon constat n’est pas une grande découverte, les gouvernements du monde entier le savent, la formule du développement passe par une éducation de qualité pour tous les membres de la société, sans distinction de genre. Cela permettrait une croissance certaine…

Que le prix Nobel de la paix ait été donné à des acteurs de l’éducation n’est pas gratuit… que ce soit Malala, une fille qui a lutté du haut de ses 17 ans pour aller à l’école, mais aussi pousser d’autres jeunes filles à aimer l’école est un message que nous devrions tous comprendre du Jury des Nobels qui a ainsi fait un clin d’œil à tous les enseignants, les ONG, les organismes des nations unis qui œuvrent dans le cadre de l’éducation. Kailash Satyarthi donne du poids au message, car l’éducation met fin aux inégalités. Même si l’acculturation est une menace, l’éducation permet à la femme africaine(en tout cas !) d’échapper à son rôle de mange mil et d’exécutrice des mauvais ordres ( de l’excision au mariage précoce) J’en suis convaincue… SI l’Unesco soutient que «  c’est dans l’esprit des hommes que nait la guerre et c’est dans leur esprits que doivent être élevées les défenses de la paix » je crie volontiers Alléluia !!! en plus j’y trouve ma formule contre les inégalités : «  l’enseignement fait sauter les frontières de toutes les inégalités entre les hommes »


Blog Action Day, contre les inégalités

Pour la deuxième fois, je participe au Blog Action Day qui est un évènement planétaire qui rassemble des blogueurs de différents pays sur un sujet d’importance mondiale. Les inégalités, c’est le thème de cette journée du 16 octobre 2014.
Les sujets du Blog action Day ont pu tourner autour de l’eau, le changement climatique, la pauvreté, de l’alimentation, des droits de l’homme, cette année c’est sur les inégalités que les blogueurs planchent pour non seulement attirer l’attention sur cette question, mais aussi lutter contre l’injustice .
Des inégalités il y en a partout dans le monde, malgré la déclaration universelle des droits de l’homme de 1789 qui dans son préambule reconnait la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine. Cette déclaration dispose que : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » D’autres textes : chartes, conventions, lois, décrets de par le monde et les pays devraient permettre de bâtir un monde de justice et d’égalité, mais le constat est bien amer pour moi.
Nos vies n’ont pas la même valeur. Un Malien enlevé dans notre si grand Nord instable… c’est à peine si vous en entendez parler dans la presse nationale – ne parlons pas de la presse internationale- nous en avons eu l’exemple avec l’enlèvement de 5 travailleurs du CICR entre la poudrière Kidal et Gao en février 2014. La réaction n’aurait certainement pas été la même si les victimes étaient des personne d’une autre nationalité – je ne vais pas dire de Blancs pour ne pas avoir de propos racistes- le genre, le sexe, la couleur de la peau, la nationalité, le compte en banque, même le passeport sont des sujets criants d’inégalité.
Je ne sais pas ce que cela ferait naitre en vous, mais pour moi c’est un sentiment d’inégalité dans l’appréciation de la valeur des vies humaines.
J’ai le même ressenti concernant l’égalité des chances au Mali où je vis, plus qu’ailleurs, ce ne sont que des mots sans valeur.
Nous Maliens, serions tous égaux devant la loi, mais quand je suis rentrée au bercail, personne n’a pu m’expliquer pourquoi les enfants des Maliens de l’extérieur, qui rentrent pour poursuivre leurs études n’ont pas droit à la bourse d’étude. Pire, ils ont voulu me faire payer les mêmes frais de scolarité que les étudiants étrangers… 250.000 F CFA au lieu de 5000 F CFA.
Dans notre société, chaque fois que tu tournes le regard, ce sont des inégalités qui se jettent à tes yeux, pas besoin de lunettes pour les voir, mais ceux qui sont du bon côté de la ligne de démarcation se munissent de lunettes de bois.

 


Alerte à la bombe à Tombouctou

« le courage, ce n’est pas de vivre sans peur. Le courage, c’est d’avoir la peur de sa vie et quand même faire la bonne chose » dit le proverbe et ce dernier va bien avec la situation que nous avons connu à Tombouctou hier.

 

credit photo: Faty
Marché Yoboutao de Tombouctou credit photo: Faty

Tombouctou, jeudi 9 novembre. C’est le quatrième jour de la fête musulmane de l’aid el Adha, communément appelé Tabaski. Après trois jours de fermeture, le marché de Yoboutao, le plus fréquenté de la vieille cité ne connait pas l’affluence de tous les jours pour cause, beaucoup d’entre les marchands sont ressortissants des villages des alentours et ils prennent parfois une semaine avant de revenir leurs stands.

Les gens ayant trop mangé de viande, se dirigent presque systématiquement vers le fond du marché, où se trouvent les vendeuses de poissons. Des femmes acariâtres aux langues acérées qui n’hésitent pas à insulter le client qui se permet de trop rabaisser le prix du poisson qui se marchande encore dans cette partie du Mali. Ce sont les seules qui ont osé se soulever contre la pratique impitoyable de la charia des djihadistes qui ont occupé Tombouctou d’avril 2012 à janvier 2013 ; refusant de porter le voile léger et fort encombrant –pour qui veut être libre de ses gestes-des femmes arabes.

C’est à cet endroit, le marché des poissons qui fut le point de départ d’une panique à Tombouctou : une alerte à la Bombe.

En effet ; c’est une vendeuse qui remarqua un sac noir posé sur une des petites tentes en paille. Il semble rempli. Qui eut l’idée d’appeler le numéro vert de la Minusma ? je sais pas. Mais les casques bleus et des soldats français arrivèrent derechef. Et hop ! le marché est évacué, son accès interdit et les investigations commencent pour la prise en main du colis suspect. Halima, habitante des environs du marché veut déjà partir loin : «  ces djihadistes sont impitoyables, il faudrait partir avant qu’ils ne nous fassent exploser comme ça. » dit –elle , le regard fuyant.

 » la peur est un microscope qui grossit le danger » disait Jean Louis Auguste Commerson dans la petite encyclopédie bouffonne, verité! meme si le proverbe zarma – encore un!- dit « tune nda hinaye baa gandji hawe » littéralement «  vaut mieux se lever tôt que chercher un gris-gris »

Moi je sais que la peur est toujours accompagné d’une avide curiosité chez nous les femmes, il ne fallait pas nous voir scruter les endroits,  l’oreille tendu, alerte à tout entendre.

C’est un sac, de voyage, noir. Il semble rempli. Si c’est une bombe il ne faudrait pas qu’elle explose ici. Déjà la psychose est grande. Plusieurs attentats ont eu lieu à Tombouctou. Des kamikazes se sont fait exploser devant le lycée Mahamane Alassane Haidara de Tombouctou dans faire de victimes. Un autre attentat contre le camp militaire à la voiture piégée avait tué deux civils.

Ce colis, pourrait être les effets d’un de nos malades mentaux, errant , ramassant des débris çà et là comme s’il s’agissait d’un trésor et les gardant dans ce sac qu’il s’est procuré on ne sait comment.

La conclusion est heureuse. Fausse alarme. Il n’y a pas de bombe dans ce sac et le marché peut rouvrir.

Pour rappel, le nord du Mali, dont Tombouctou, a été occupé par plusieurs groupes armés : MNLA, AQMI, ANCARDINE. En outre , les attentats contre les troupes de la mission des nations unis pour la Mali (MINUSMA) sont de plus en plus nombreux, les derniers en date sont celui contre une patrouille du contingent nigérien à Gao et le tir de 7 roquettes sur le camp de la MINUSMA à Kidal qui a tué un casque bleu sénégalais et blessé deux autres.

 


Des nouvelles de…Faty

Après une longue pause – A s’en demander si la bonne dame n’a pas trépassé pour qui a « l’esprit bienveillant »- me revoici.

la tabaski à Tombouctou, le 05 octobre (crédit photo: Faty)
la tabaski à Tombouctou, le 05 octobre (crédit photo: Faty)

C’est reparti pour le blogging, l’engagement pour mon grand, cher, précieux, chéri, Mali en général. Mais pour surtout pour ma ville natale – Pour qui ne le sait pas car il y a beaucoup de bleus sur la plateforme et j’imagine qu’ils sont déjà envahis par cette envie frénétique de lire les autres blogs de la Mondoblog autant que d’écrire. Une envie qui peut partir … (je l’ai expérimenté pour vous… je comprends le proverbe zarma – dialecte du Niger, affilié au songhoï- qui dit : anniya noo ga yoo gabu, traduction ? c’est avec la volonté qu’on peut piller un dromadaire ! (suffirait de trouver le mortier qui convient me rétorqueraient bien d’autres !)

Bref ! Je suis là et en plus je suis à Tombouctou. Pour qui connait mon amour pour la ville et ma volonté d’y rester pour vivre tranquillement une vie à Tombouctienne ponctuée de taches ménagères et de quelques excursions pour mes articles, et d’activisme sur le net, me comprendrait.

Je suis à Tombouctou depuis une semaine et même mon humeur en a été changée ! J’ai la pèche ! Je me sens super bien ! Même la route que dis-je ? La piste-boueuse, qui mène jusqu’au bord du fleuve pour une longue traverser sur un bac tiré par une grande pirogue à moteur n’a pas réussi à me mettre de mauvaise humeur. La fatigue non plus. Cette sensation d’être chez soi  est enivrante.

J’en avais marre de Bamako, de sa pluie, de ses moustiques, de ses taxis si chers –suis-je devenue radine en 8 mois de vie à Bamako ?- NON ! Il m’était vital de rentrer fêter tabaski à la maison, avec Papa et maman.

Un lecteur attitré de ce blog ne le découvrirait pas seulement aujourd’hui, mais la tabaski est une fête familiale que je n’aimerai passer nulle part au monde si ce n’est Tombouctou. J’y veille. Dieu me l’a permis plusieurs fois – j’ai le droit d’y croire si je le veux non ?-

D’autres parlent de fête des moutons – si ce n’est aux moutons- mais cet aïd, est la fête qui montre, si elle ne le démontre pas, prouve que l’islam est loin d’être une religion de rejet et de l’extrême, encore moins de haine.

La tabaski est la fête du rapprochement entre les membres de la famille et de la société pour nous. Il représente le partage et l’entraide. Ceux qui ont égorgé partagent leur viande avec les nécessiteux en leur donnant les 2/3.

Certains parlent de massacre des moutons en mangeant tranquillement des conserve de poissons, refusant de voir – car je suis certaine qu’au moins un jour ils ont pensé aussi à la vie de ces pauvres poissons aussi- les milliers de poissons qui sont pêchés dans les océans tous les jours-.

Bon, il faut dire que l’islam est la religion qu’on doit pratiquer et se taire à cause de ces djihadistes aux ceintures piégées de bombes, des organisations terroristes comme Boko Haram qui se moquent du Nigéria –malgré une alliance avec la France et le Cameroun hein !- et massacre d’innocentes populations, faisant des victimes même parmi les musulmans. ANESARDINE, qui s’est moqué du Mali en occupant le nord pendant plus d’une année et en continuant à attaquer la mission des Nations Unis pour le Mali MINUSMA. La dernière attaque contre un camp de la MINUSMA à Kidal – fief réel des groupes armés- ou encore Al-Qaïda… le patron des organisations terroristes. L’islam n’est qu’un prétexte … les véritables musulmans, des victimes.

Je ne donnais pas de nouvelles du Mali, elles n’étaient pas bonnes en réalité. Ce n’est pas la joie au Mali malgré les discours de nos petits apprentis rappeurs qui bizarrement ne parlent que de diarabi –amour-, dableni –vin- et se donnent des surnoms d’animaux forts de la jungle-wara-, s’ils ne s’insultent pas père et mère.

Le Mali est dans une phase bizarre. Les maliens commencent à se rendre compte qu’ils se sont trompé en offrant les rennes du pays à Sound… euh… à Ibrahim Boubacar Keita. Nous sommes passé de l’espoir à la déception en une année.

C’est fou les changements qui peuvent subvenir en une année. En juillet 2013 ; lorsque qu’on élisait IBK, j’étais à Gao… une ville qui est toujours sans électricité et je bloguais par Bouba interposé, lui envoyant les textes que j’écrivais avec mon fameux wiko pour qu’il corrige et qu’il les publie pour moi. Michel Théra me trouvait trop pessimiste, mais j’étais juste sceptique. C’est difficile de ne pas être sceptique quand tu es malien et connaissant ton pays, tes concitoyens et leur capacité à se « servir », quelques en soient les situations.

Et voilà, ils sont deçus d’apprendre que l’équipe en place à chercher à s’inscrire sur la listes des hommes les plus riches du pays en une année en se remplissant les poches pour l’achat de l’avion impérial et la passation de plusieurs marché. Et même-là, il a fallu que les bailleurs de fonds ferment le robinet à billet et que le FMI envoie des enquêteurs à Bamako pour que certains y croient.

En plus, les jérémiades de nos dirigeants depuis les accords de Ouagadougou au lieu d’engager un dialogue véritable avec non seulement les groupes armés ( qui étaient désarmes à ce moment-là) et les populations du nord du Mali n’ont fait que nous enfoncer et à permis d’atteindre ce point de non-retour pour le gouvernement malien qui a perdu  un avantage de taille.

Et nous voilà repartis vers un autre hold-up, moi et beaucoup d’habitants du nord du Mali, se font représenter par des personnes qu’ils ne connaissent ni d’Eve, ni d’Adam , à des négociations à Alger. Pire, ils sont des revendications auxquelles nous sommes opposés.

 

« Quand tu ne fais qu’attendre, ton cou en devient long(à force de le hausser pour voir ce qui va arriver) » dit le proverbe

 

 


Malisanté, une start-up malienne innovante œuvrant dans le cadre des TIC et de la sante

Malisanté est la première start-up malienne œuvrant dans le cadre de la santé au Mali.  Elle est la seule de notre pays qui participe au sommet africain sur internet  (AIS14) à Djibouti, République de Djibouti du 25 mai au 06 juin 2014.

Le thème de l’AIS « 14 est « Au-delà de la connexion : Interconnexion pour le développement de l’Afrique ».

Ce sommet africain de l’Internet  est annuel, allant du 25 mai au 6 juin 2014, les participants auront une plate-forme pour débattre des  principales contraintes de développement auxquelles est confrontée l’Afrique  dans un cadre commercial afin de répondre aux besoins des opérateurs en Afrique . Comme la croissance future de l’Internet en Afrique se fera à travers les opérateurs mobiles.

credit photo: Tidiane Ball
credit photo: Tidiane Ball

Malisanté se donne comme tache de  rendre l’information médicale plus disponible  et accessible aux utilisateurs des tics du Mali, mais aussi du monde entier (vue les portées du web). En effet, l’exploit est  bien singulier  au Mali pour être signalé.  Malisanté, se veut un site internet qui répond non seulement aux questions que l’on peut été tenté de se poser sur la santé, sans tabou, mais est aussi un site utile pour l’internaute malien dans le domaine de la santé, tout y est : annuaire bien fourmi avec tout genre de renseignements sur les cliniques, les hôpitaux,  les pharmacies  et même des offres d’emplois.

Tidiane Ball  au lancement d'AIS14Tidiane Ball, qui a eu cette lumineuse idée dès ses années d’études en faculté de médecine pense que « l’accès à l’information est l’une des choses les plus difficiles. Surtout dans le domaine de la santé ou les populations ont du mal à avoir accès à l’information médicale de qualité, à localiser les structures sanitaires, à trouver les coordonnées des médecins. Il en est de même pour les professionnels de la santé, qui peinent à mettre en exergue leurs publications, qui manquent de plateforme d’échange, d’information et de communication. Internet aujourd’hui est une aubaine pour pouvoir satisfaire les besoins des uns et des autres en quelques ».

Malisanté  a  participé à InnovAfrica 2012 de Dakar et InnovAfrica 2013 d’Abidjan. la jeune équipe se propose de diversifier ses secteurs d’activité pour repondre le mieux aux demandes du public malien


le « Timbuktu » de Sissako n’est pas le Tombouctou que j’ai vécu

Le film du cinéaste mauritanien a  été annoncé tambour battant comme étant le seul film africain sélectionné pour la palme d’or du prestigieux festival de Cannes cette année, cela tique. Encore plus quand la tombouctienne que je suis apprends que le film s’appellerait  « Timbuktu »  (Tombouctou en anglais) et porterait sur l’occupation que nous avions vécue d’avril  2012 à janvier 2013. Pire, il aurait été accueilli par des applaudissements de la presse.

Affiche , credit photo: lepacte
Affiche , credit photo: lepacte

Toute la journée,  j’ai attendu la projection et les échos de la conférence de presse que le réalisateur mauritanien fera , devinant,  presque, ce qu’il raconterait en me fiant au casting du film qui donne une place de choix à des acteurs Touaregs qui auraient vécu les mêmes évènements que moi.  Je ne sais pas si mes tweets depuis Tombouctou lui sont arrivés, ni s’il connait l’existence de mon blog, même s’il aurait éclaté en sanglot en conférence de presse en  disant « pleurer à la place des autres », à ma place en un mot ! Du cinéma !

Hum… quand le sage dit que le chasseur raconte toujours ses parties de chasse comme  il le veut parce qu’il a pu s’en tirer, car la version de l’histoire du lion a un angle est bien différent … je le comprends.

Je ne mâcherai pas mes mots encore une fois, mais le scenario de ce film, les scènes qui ont un tel effet sur le cinéaste mauritanien est cousu de mensonges et de d’approximations qui sont honteux.  Tous les faits peuvent être retracés  par n’importe quel habitant de Tombouctou et malheureusement, c’est peut-être le coté dramatique qu’il veut donner à son film, mais je m’insurge en faux ! Rien ne s’est passé comme ce film le soutient, avoir vécu cela ne me fait pas éclater en sanglots, même pour fragile femme que je me dois d’être. Ne rien dire après un tel film est un crime, je pense pour la militante de Tombouctou.  Des faits qui se sont déroulés,  il n’y a pas si longtemps sont complètement dénaturés et même transformés  par le narrateur,  se permet de changer la tournure des faits pour prendre la place de la victime. C’est honteux ! Malheureusement  doyen Mohamed Sneiba.

Je n’ai point l’habitude des billets critiques cinématographiques  comme Serge Katembera, mon BABA étant la narration, mais « Timbuktu » interpelle pour fausseté dès l’affiche.

En effet, , on voit une femme noire, en pleure, habillée de noire de la tête aux doigts. Nous n’avons jamais eu droit à cette scène à Tombouctou où, les pseudo djihadistes d’anesardine exigeaient que les femmes se couvrent avec le voile traditionnel des femmes arabes de Tombouctou comme je le rapportais en temps réel  l’année dernière. J’ai moi-même porté ce voile d’une couleur jaune, passant et repassant devant la police islamique qui n’était point éloignée de mon habitat. Je me rappelle encore de l’audience connu par mon article sur la protestation des femmes Bellahs, vendeuses de poissons au marché de Yoboutao, qui se sont déshabillées pour protester  contre le port du voile et non de gants.

Le film évoque également un cas de lapidation qui n’a jamais eu lieu à Tombouctou. Un couple ayant eu un enfant hors mariage a été fouetté sur la place publique de Sankoré par des djihadistes qui se sont relayés, la population y a assisté sans broncher, juste devant la porte de l’Imam de la mosquée de Sankoré (jadis grande université de la ville historique) qui n’a jamais accepté ne serait-ce que discuter avec les occupants…. il y a un écart, si ce n’est un  fossé avec une vraie lapidation et je sais que pour mauritanien qu’il est, monsieur Sissako n’ignore point la signification du mot ni la manière dont elle se déroule.

La motivation du cinéaste viendrait du témoignage d’un touareg de sa connaissance, à propos de l’exécution d’un touareg qui aurait tué un pécheur accidentellement, comme si l’homicide involontaire n’en était pas un. Mais ce qui exaspère le plus dans cette histoire , c’est la dénaturation éhontée des faits,  le tueur, serait un paisible berger touareg  du nom de Kidane ( un nom pas du tout touareg , soit dit en passant) qui aurait réussi à trouver la tranquillité à l’écart du désordre régnant dans toute la zone occupée, sillonnée par les troupes du MNLA qui ont été chassées des grandes villes du nord par les islamistes qui ont ainsi épargné les populations du pillages de ce mouvement de liberation de l’azawad MNLA qui mérite largement d’être appelé   « Haine-est-là » comme je le fais dans ce blog.

Bon ! Certainement que son ami témoin était un membre du MNLA, car la Mauritanie est la base arrière des défenseurs de la cause du touareg martyre et victime de l’état malien, je n’irai pas jusqu’à dire que Sissako est un membre du MNLA, mais  c’est hallucinant comme il s’est laissé avoir par le discours victimisation. Comme beaucoup de la presse internationale d’ailleurs.

Quand il affirme que « les Touaregs sont des victimes au Mali » dans l’interview accordé à  jeune Afrique, c’est aisément compréhensible. Mais c’est creux ;  avec deux ans de recul, il avait la possibilité d’échapper à la compassion envers un peuple dont il est proche, je ne sais pas s’il est touareg, mais les différents changements de cap du MNLA durant cette occupation et un peu de bon sens pouvait l’aider, s’il avait un peu de bonne volonté et d’objectivité. Mais il faut reconnaitre que c’est difficile et que les minorités victimes sont des chouchous de l’opinion occidentale. Cannes n’est pas Ouagadougou.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=C1BG5DQ2nXk

Pour revenir à son histoire et à Kidane,  qui vivrait tranquillement avec sa femme, sa fille et un petit garçon qui garde son bétail – certainement un petit noir qui est leur esclave en réalité, mais comme cela n’arrangerait pas l’image du gentil touareg, pas de précisions !- aurait tué malencontreusement le pêcheur qui a tué une de ses vaches et tombe entre les mains des djihadistes. Je le dis haut, l’écris en gras : c’est faux ! Rien n’est vrai dans cette histoire !

Ce touareg qui a été  la seule personne exécutée par Ansardine à Tombouctou,  était un membre du mouvement, il n’était pas un habitant de la région et c’était une personne qui persécutait la population des villages des alentours de Tombouctou.  Son acte  était prémédité et il a déclaré au pécheur qui refusait d’exécuter ses ordres qu’il était venu spécialement pour lui avant de le tuer froidement de plusieurs coups de fusil.  Il est resté libre longtemps  et d’ailleurs anesardine a essayé de  donner le prix du sang à la famille de la victime qui a refusé et a exigé que  le coupable soit tué comme le veut la charia.

S’il y a un véritable buzz autour du film sur Grace de Monaco, c’est parce que l’histoire de la roturière devenue reine est bien connue, mais malheureusement, pendant l’occupation de Tombouctou, l’heure était à la débandade et au repli stratégique des militaires et des fonctionnaires de l’état qui étaient les ennemis des troupes de Touaregs chevelus qui sont entrés à Tombouctou en criant un Azawad que nous (habitants de la ville ) n’avions jamais réclamé. Les arabes les ont rapidement ralliés.

Je n’ai même pas vu le film et j’en crache pas terre,  je me demande si je pourrais le regarder un jour, tellement je suis dégoutée ! mais il  faut reconnaitre qu’il illustre parfaitement le hold-up dont nous faisons l’objet au nord du Mali :  les touaregs se révoltent, invitent tous les bandits du Sahara sur nos terres, des cheiks du Qatar prennent leurs pieds en  regardant des obscurantistes torturer d’innocentes populations, fouetter des femmes, en enlever pour des viols collectifs, détruire des mausolées millénaires, détruire tout ce qu’il y a comme infrastructure des écoles aux dispensaires, faire du bois de chauffe de nos bancs d’école – je me rappelle que l’ambulance de l’hôpital servait à amener leurs femmes au marché, quand elles concèdent à y aller- et ce sont eux qui deviennent les victimes de l’oppression, du racisme.

Quand l’histoire a pris une autre tournure et les troupes de serval sont intervenus pour chasser , ils sont devenus les victimes et la guitare a aussitôt remplacé la Kalach.

Heureusement qu’il utilise cet orthographe, TIMBUKTU, qui me permet de concrétiser cette différence.

Ce film est le fruit d’imagination fertile!

Il y a des choses qu’il faut oser dire…