Florian Ngimbis

Sentiment anti-français au Cameroun: les raisons de la colère

Bien que personne ne veuille l’admettre, la propagation du sentiment anti-français est une réalité bien ancrée dans la mentalité camerounaise. Il ya quelques jours, à l’annonce de la mort des deux français enlevés puis « exécutés » au Niger, rares sont les camerounais qui ont jugé bon de relever le caractère tragique de l’évènement. C’est que l’image de la France n’est pas reluisante auprès des camerounais. Les raisons de ce désamour tiennent à la fois de l’histoire et de l’actualité.

Après avoir été colonisé par les allemands, notre pays a été placé sous mandat de la SDN suite à la débâcle de 14-18. Nous sommes donc un des rares peuples de la sous région à avoir côtoyé plusieurs vagues de colons. Les travaux forcés et les châtiments corporels sous les Allemands donnèrent lieu à un essor économique sans pareil et au développement infra-structurel, l’indirect rule anglais fit de la zone anglophone un territoire particulièrement bien tenu, la période française elle affiche un bilan quasi nul.

La ville d’Edéa où je me suis reposé après une récente opération est emblématique du désamour camerounais à l’encontre du français. Edéa est une ville durablement marquée par la colonisation, car elle est le véritable point de jonction entre Yaoundé la politique et Douala l’économique. En 1949, les français dotent la ville d’un barrage hydroélectrique. Souci du développement? Que nenni, il s’agit d’une installation destinée à fournir l’énergie nécessaire au fonctionnement d’une usine de transformation d’aluminium, notre AREVA local. Les allemands dans un souci d’urbanisation avaient dessiné le tracé de la ville et construit un centre administratif. Les français n’ont fait qu’occuper lesdits  bâtiments toujours fonctionnels aujourd’hui et dont l’architecture caractéristique est pour ainsi dire un label colonial que tous les camerounais connaissent. La décrépitude du récent pont français sur la Sanaga apparaît encore plus criarde quand on considère l’éternelle jeunesse de l’ouvrage allemand séculaire qui le côtoie. Joignez à ces écarts d’investissement la meurtrière répression que la région, fief du parti nationaliste UPC eut à subir et vous comprendrez les raisons d’un ressentiment qui dépasse les limites de la Sanaga Maritime.

Les observateurs des relations franco camerounaises sont d’accord pour admettre que celles-ci tournent essentiellement à l’avantage de l’hexagone. Personne n’ignore que la fameuse aide au développement est en réalité une utopie, l’argent retournant en France via les contrats octroyés exclusivement à des entreprises françaises. Nos cousins Gaulois investissent beaucoup au pays de John Fru Ndi, mais leurs entreprises sont rarement domiciliées sur des sites définitifs, on les dirait toujours prêts à déguerpir à la moindre alerte, d’où leur maîtrise des arts de la location et du préfabriqué. Et avec ça, ils sont frileux à l’évocation du moindre transfert de technologie. Portrait peu reluisant j’en conviens. Mais tristement réel. Quelqu’un me disait ironiquement qu’en dehors des mariages blancs et des ballets des poids lourds de Bolloré, l’union franco-camerounaise n’avait rien de productif.

Mais, au delà de toutes ces considérations, peut-on en vouloir aux Gaulois de tirer parti des facilités que leur confère la nébuleuse Françafrique? Mieux ! Je me suis livré à un exercice: imaginons un monde inversé, un monde dans lequel les européens seraient africains et vice versa. Croyez vous que l’extrémisme des Gbagbo et autres Ouattara aurait laissé une seule chance aux indépendances africaines s’ils avaient été à la place de DeGaulle? Regardez l’acharnement avec lequel les africains néo pétroliers traquent leurs voisins sans-papiers. L’intransigeance en matière d’immigration d’un Obiang Nguéma n’a rien à voir avec les soubresauts sécuritaires de Nicolas Sarkozy. Imaginez donc cet Obiang à la tête de la cinquième puissance économique du monde. Peut-on en vouloir aux Bolloré de saigner à blanc notre continent, alors qu’il s’agit de commerce, de profit et de réseaux, autant de paramètres qui ne laissent nulle place aux sentiments? Les roitelets qui ont hérité des colonies après les indépendances tout comme leurs rejetons n’ont pas oublié les leçons des maîtres. Tandis qu’ils bradent nos richesses, ils ne se soucient pas de l’ingérence des multinationales européennes dans la régulation et la fixation des prix des matières premières. Que ces partenaires d’hier osent menacer leurs fauteuils dorés, vous entendrez alors hurler : SOUVERAINETE! SOUVERAINETE!

Voilà pourquoi, malgré la visible parenté entre nous et l’équipe de France, vous n’entendrez jamais crier « Allez les Bleus! » dans rues de Yaoundé. Voilà tout autant pourquoi le sang de malheureux ivoiriens n’arrête pas de couler depuis bientôt une décennie! L’homme est un loup pour l’homme, dire que je l’avais oublié!


Tensions post électorales: aujourd’hui la Côte d’Ivoire, demain le Cameroun?

Depuis que le Boulanger d’Abidjan et son copain l’ex Argentier du moulin à pauvreté des toubabs se battent pour savoir qui occupera le trône dans le pays d’Alpha Blondy, l’Afrique s’est arrêtée de respirer pour les regarder se crêper le chignon. curieusement, au Cameroun, pays des Grandes Ambitions, l’attention des observateurs est encore plus soutenue. La faute à l’année 2011 qui verra la tenue d’un référendum, pardon, d’une élection présidentielle. Curieusement, beaucoup de gens prédisent au Pays de Samuel Eto’o un sort similaire à celui de la patrie de Didier Drogba: haine, sang et chaos. J’ai essayé de comparer les deux environnements pour savoir si dans quelques mois je vais devoir me retrouver dans un camp de réfugiés, fuyant la guerre civile.
Bien apparemment proches les environnements socio-politiques camerounais et ivoiriens ne sont pas identiques pour autant.

Nous n’avons pas de Laurent Gbagbo assis sur un siège éjectable, mais un Roi-Lion monolithique, qui trône au pouvoir depuis plus de deux décennies. Une longévité telle que tout petit je croyais que Paul Biya voulait dire « président ».
J’ai lu quelque part que la Côte d’Ivoire était composée d’une soixantaine d’ethnies, ce qui la mettait à la merci du tribalisme etc. La belle blague! le Cameroun est une mosaïque de pas moins de 280 ethnies. le Roi lion a du lire Machiavel: Divide ut regnes.

Les Partis politiques de Côte d’Ivoire se comptent sur les doigts d’une seule main? Nous en avons deux cent et quelques au Cameroun. il est vrai qu’après chaque scrutin ils s’empressent de revendre pardon, donner leurs voix au parti du Roi-Lion, mais enfin, ça nous évite les fatigues d’un second tour tout aussi prévisible.
Notre landerneau politique est un no man’s land ouvert aux aventuriers de tout acabit qui, pour peu qu’ils sachent manœuvrer dans le bon sens se retrouvent ministre de ceci ou de cela. Des Sorro et des Blé Goudé en somme, mais pas question de songer à une quelconque milice. Il ya des limites hein?
Parlant d’armée, nous n’avons pas de forces rebelles sur notre territoire, pas de sécessionnistes non plus. Certes, quelques illuminés de l’Ouest anglophone se sont fourvoyés dans une utopie qui est morte à l’évocation du bruit de bottes de nos soldats, éternellement loyaux au Roi-Lion.
Nous avons ELECAM, vous savez, notre CENI locale, sauf que, pour éviter les bagarres à l’ivoirienne, il a été décidé que les membres de cet organe seraient nommés par le Roi-Lion. c’est pas beau ça?
Nous avons des jeunes, une vraie jeunesse, dynamique et engagée, bon! il est vrai que lorsqu’elle écrit, c’est pour rédiger des motions de soutien au Roi-lion et lorsqu’elle marche sur le Palais, c’est pour renouveller son « indéfectible attachement aux idéaux du Renouveau »

Je peux continuer mon énumération indéfiniment. Considérez donc mes arguments et dites moi sérieusement ce qui vous fait penser que le crayon de la démocratie qui est sensé redessiner la carte géopolitique de l’Afrique en cette année hautement électorale passera par le Cameroun. je vous pose la question pour avoir une autre réponse: de quelle guerre on parle?
La plus grande réussite à mon sens des affidés du régime qui nous gouverne est d’avoir inséré dans la tête des camerounais l’idée selon laquelle alternance politique rime avec massacre.
Nous autres camerounais (je parle surtout de moi) avons décidé de faire mentir ‘image de l’Afrique baignant dans le sang à cause d’une élection ou des suites de la découverte d’un gisement de pétrole.
une chose est sûre, il n’y aura pas guerre civile au Cameroun en 2011 j’aurai bien aimé prévoir l’issue du scrutin à venir, mais à quoi bon, même mon neveu de cinq ans la connaît déjà…
P.S il nya pas d’Hotel du Golfe à Yaoundé hein, mais il existe néanmoins un délicieux Hilton qui pourrait faire l’affaire, si vous voyez ce que je veux dire…
La paix soit avec vous!


Tensions post électorales: aujourd’hui la Côte d’Ivoire, demain le Cameroun?

Depuis que le Boulanger d’Abidjan et son copain l’ex Argentier du moulin à pauvreté des toubabs se battent pour savoir qui occupera le trône dans le pays d’Alpha Blondy, l’Afrique s’est arrêtée de respirer pour les regarder se crêper le chignon. Curieusement, au Cameroun, pays des Grandes Ambitions, l’attention des observateurs est encore plus soutenue. La faute à l’année 2011 qui verra la tenue d’un référendum, pardon, d’une élection présidentielle. Beaucoup de gens prédisent au Pays de Samuel Eto’o un sort similaire à celui de la patrie de Didier Drogba: haine, sang et chaos. J’ai essayé de comparer les deux environnements pour savoir si dans quelques mois je vais devoir me retrouver dans un camp de réfugiés, fuyant la guerre civile.
Bien apparemment proches les environnements socio-politiques camerounais et ivoiriens ne sont pas identiques pour autant.

Nous n’avons pas de Laurent Gbagbo assis sur un siège éjectable, mais un Roi-Lion monolithique, qui trône au pouvoir depuis plus de deux décennies. Une longévité telle que tout petit je croyais que Paul Biya voulait dire « président ».
J’ai lu quelque part que la Côte d’Ivoire était composée d’une soixantaine d’ethnies, ce qui la mettait à la merci du tribalisme etc. La belle blague! le Cameroun est une mosaïque de pas moins de 280 ethnies. le Roi lion a du lire Machiavel: Divide ut regnes.

Les Partis politiques de Côte d’Ivoire se comptent sur les doigts d’une seule main? Nous en avons deux cent et quelques au Cameroun. il est vrai qu’après chaque scrutin ils s’empressent de revendre pardon, donner leurs voix au parti du Roi-Lion, mais enfin, ça nous évite les fatigues d’un second tour tout aussi prévisible.
Notre landerneau politique est un no man’s land ouvert aux aventuriers de tout acabit qui, pour peu qu’ils sachent manœuvrer dans le bon sens se retrouvent ministre de ceci ou de cela. Des Sorro et des Blé Goudé en somme, mais pas question de songer à une quelconque milice. Il ya des limites hein?
Parlant d’armée, nous n’avons pas de forces rebelles sur notre territoire, pas de sécessionnistes non plus. Certes, quelques illuminés de l’Ouest anglophone se sont fourvoyés dans une utopie qui est morte à l’évocation du bruit de bottes de nos soldats, éternellement loyaux au Roi-Lion.
Nous avons ELECAM, vous savez, notre CENI locale, sauf que, pour éviter les bagarres à l’ivoirienne, il a été décidé que les membres de cet organe seraient nommés par le Roi-Lion. c’est pas beau ça?
Nous avons des jeunes, une vraie jeunesse, dynamique et engagée, bon! il est vrai que lorsqu’elle écrit, c’est pour rédiger des motions de soutien au Roi-lion et lorsqu’elle marche sur le Palais, c’est pour renouveller son « indéfectible attachement aux idéaux du Renouveau »

Je peux continuer mon énumération indéfiniment. Considérez donc mes arguments et dites moi sérieusement ce qui vous fait penser que le crayon de la démocratie qui est sensé redessiner la carte géopolitique de l’Afrique en cette année hautement électorale passera par le Cameroun. Je vous pose la question pour obtenir également une autre réponse: de quelle guerre on parle?
La plus grande réussite à mon sens des affidés du régime qui nous gouverne est d’avoir inséré dans la tête des camerounais l’idée selon laquelle alternance politique rime avec massacre.
Nous autres camerounais (je parle surtout de moi) sommes frileux à l’idée de perdre notre chère paix. Qui dit guerre civile dit zéro poisson braisé, zéro Castel glacée, zéro derrière cambré, zéro bikutsi endiablé. Autant d’emblèmes qui font le charme de notre douce cité tropicale. Au nom de ces idéaux ô combien patriotiques nous avons décidé de faire mentir l’image d’une l’Afrique baignant dans le sang à cause d’une élection ou des suites de la découverte d’un gisement de pétrole.
C’est sûr, il n’y aura pas de guerre civile au Cameroun en 2011. Certes j’aurai bien aimé pronostiquer sur l’issue du scrutin à venir, mais à quoi bon, même mon neveu de cinq ans la connaît déjà…
P.S il nya pas d’Hotel du Golfe à Yaoundé hein, mais il existe néanmoins un délicieux Hilton qui pourrait faire l’affaire, si vous voyez ce que je veux dire…
La paix soit avec vous!


31 décembre 2010: le jour où j’ai rencontré un certain Jesus!

source image: eglise-niort.net

Je dédie ce billet à Mohammed Reza, Ghulam et Satar, les trois Afghans médiatiquement invisibles, « accompagnateurs » des journalistes de France 3 enlevés en même temps qu’eux et qui n’ont pas la chance d’apparaître sur les brèves vidéos tournées par les Spielberg Talibans.

Il ya quelques semaines, deux braqueurs plus amoureux de mon laptop que moi ont décidé de m’en séparer. Malgré mon consentement pour un divorce à l’amiable, les deux comparses ont jugé bon de me gratifier de deux coups de machette qui à défaut de m’ôter la vie, ont fait de moi un invalide temporaire. abruti d’antibiotiques j’ai regardé les festivités du réveillon d’un oeil torve et blasé. cette proximité avec la mort m’a rendu pieux (du moins dans mes pensées) et j’ai passé la nuit du 31 à avoir des pensées compatissantes pour tous ceux dont l’image me venait à l’esprit.

J’ai tout d’abord eu une pensée pieuse pour les braqueurs camerounais, j’ai eu pitié d’eux et de leurs moyens de travail, obligés qu’ils sont d’affronter leurs victimes à la machette quand une arme à feu leur garantirait la distance et la sécurité inexistantes lors des corps à corps.

j’ai aussi pensé à leur QI pas vraiment rassurant, si celui qui m’a frappé avait su que le cœur se trouvait à gauche, je ne serais pas là pour le lui rappeller.

Ne me demandez par pourquoi, mais j’ai aussi eu une pensée pieuse pour les trois Afghans enlevés en même temps que Stéphane Taponier et Hervé Ghesquières. vous savez, ces trois chômeurs qui au lieu de cultiver du pavot on choisi de servir de guides aux deux journalistes; Ces trois hommes qui vivent dans l’ombre des deux français sous le nom générique d' »accompagnateurs ».

j’ai eu une pensée pieuse pour tous ces gens et comme récompense vous savez ce que j’ai reçu? vers les 23h alors que j’errais sur l’esplanade de la sous préfecture d’Efoulan en compagnie de deux ou trois chiens de la dévaluation, j’ai rencontré Jesus!!!!

Hahahaha! j’imagine vos têtes!! Le Jesus dont je vous parle est un quidam que j’ai connu dans des circonstances un peu particulières:

Il ya quelques années, accablé d’ennui, j’ai décidé de passer la veillée pascale dans une église catholique. Pour pouvoir encore mieux célébrer la Resurrection du Christ, les jeunes de la Paroisse s’étaient investis dans la mise en scène et la représentation de la Passion de ce dernier. Assis au premier banc (j’adore les premières loges), je regardais avec une légère pointe d’exaspération un Ponce Pilate noir comme moi se laver les mains, inconscient du drame qui se préparait, car en effet il y’avait un drame en préparation, mais pas celui escompté.

Jesus, je veux dire le jeune homme qui jouait le rôle du Sauveur était un gaillard assez bien fait de sa personne, et qui jouant de son charme avait séduit plusieurs jeunes filles dans le quartier. Son malheur vint de ce qu’il s’enticha de la copine d’un petit caïd du coin, grand prêtre de la violence devant l’Eternel. Ce que Jesus ignorait c’est que le caïd en question faisait partie des gardes romains chargés de le flageller et que le bougre avait soudoyé les autres acteurs-gardes, une paire de Judas qui n’attendaient que le moment idoine pour faire sa fête à notre sauveur inconscient du sort qui l’attendait.

J’observais donc d’un regard blasé le supplice du Christ maintenu contre un pilier lorsque ce dernier tressaillit soudain. Le petit caïd qui administrait le supplice n’y allait pas de main morte. on vit soudain une série d’évènements qu’assurément le scénario original n’avait pas prévu : le Christ surpris par la violence des coups s’était retourné, avait reconnu son tortionnaire et compris le traquenard. Les gens habitués à voir Jesus recevant stoïquement le fouet le virent soudain parer un coup, puis un deuxième et même étendre un romain grâce à un crochet du gauche. Après cette réaction prompte et décisive qui fit dire à plus d’un que le monde aurait été radicalement différent si le Christ (le vrai) avait été aussi batailleur, les lutteurs furent séparés et sommés de s’expliquer.

je peux vous dire que l’évocation de ce vieux souvenir a déclenché un fou rire interminable entre le fils de l’Homme et moi. Un réveillon en compagnie du sauveur de l’Humanité qui dit mieux? Bon, j’arrête.  j’ai déjà un bras HS hein? d’ici à ce que les fondamentalistes chrétiens décident de s’en prendre à l’autre..

Bonne année mes amis!


Chiffres bidons, fabricants chinois, opérateurs français: bienvenue au Cameroun!

Photo: Issouf Sanogo (AFP)

Chronique rédigée dans un bus lancé à pleine vitesse sur l’axe Yaoundé-Douala, alors que j’avais les fesses ankylosées et la tête coincée entre l’énorme poitrine d’une mémère et la vitre sale. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça, peut-être parce que l’agence de voyage en question se fait appeler Confort Voyages.

Il y a quelque temps, j’ai reçu un tweet (prisonnier de mon temps hein?) énumérant les chiffres d’une analyse menée par une société de com. Selon celle-ci, le nombre d’abonnés mobiles africains aurait dépassé les 500 millions en septembre dernier. Je ne mets pas en doute ce chiffre, mais vous savez, avec le conditionnement socio politique que je subis au jour le jour, j’en suis arrivé, comme tout camerounais sensé, à me méfier des chiffres.
Il faut dire que chez nous au pays de Samuel Eto’o, les politiques ne font pas amis-amis avec les chiffres, même lorsqu’il s’agit de téléphonie mobile. L’opérateur MTN déclarait récemment avoir atteint le cap des 4 millions d’abonnés, Orange Cameroun des cousins gaulois a déclaré ne rien avoir à déclarer, et l’Etat, se basant sur une opération qui relève plus de la divination que d’une quelconque addition évalue le nombre d’abonnés mobiles à environ 9 millions d’utilisateurs.
Au milieu de cette cacophonie, je me suis demandé où le cabinet Informa T & M est allé prendre ses chiffres concernant le Cameroun. Je me le suis demandé jusqu’à ce que la mémère me presse le cerveau et en extirpe une idée : en réalité, ici au pays des « Grandes ambitions » le téléphone est la technologie du monde la mieux partagée, il n’ya qu’à observer la société autour de soi. Un ami me faisait remarquer il ya quelques temps que le Village de E. était sûrement l’endroit de ce pays où le nombre de téléphones au mètre carré est le plus élevé. Pas parce qu’il s’agit d’une Sillicon Valley tropicale, mais à cause du fait que ce petit village de quelques centaines d’habitants est devenu tristement célèbre il ya quelques années à cause du nombre dangereusement élevé d’accidents de la route mortels survenus dans ses parages. Les villageois, toujours les premiers sur les lieux, se sont transformés en dépouilleurs de cadavres, et que croyez vous qu’ils découvrent sur la majorité des dépouilles? Des téléphones !!!
Histoire ou blague macabre, je le conçois, mais même les braqueurs et autres cambrioleurs ont compris le truc ! Lorsqu’ils entrent ils chez vous, ils ne sont jamais surs de trouver téléviseurs, argent ou bijoux, alors leur premier réflexe est de vous crier : « les mains en l’air, les téléphones par terre! »
Hé oui ! si les paysans d’E. les braqueurs et toute cette engeance stupide ont pu comprendre que le taux de pénétration du téléphone était plus grand que celui de la télévision ou de la radio, difficile de croire que les experts de Informa T & M ne s’en soient pas rendu compte. A moins que ces derniers n’aient fait comme certains agents du dernier recensement général de la population : s’asseoir à la terrasse d’un bar devant une bière glacée et compter les passants…
Déplorons néanmoins le fait suivant: dans ce processus de mondialisation de la communication mobile, les africains occupent une fois de plus le mauvais rôle, celui de « donneur » : on brade (ne me parlez pas de vente !) le coltan sans lequel, pas de téléphone, les chinois fabriquent lesdits téléphones, les émiratis les importent et les montent, les français d’Orange et les Sud-Africains de MTN se sucrent grâce aux sociétés de téléphonie et les Camerounais ? Ils consomment.
La triste consolation, notre concitoyen la trouve lorsqu’il contemple son NNOKKIA (sic) tout-en-un avec écran tactile et design imitation iphone. Il est vrai que les chutes lui sont fatales tout comme les averses soudaines, mais que voulez-vous ? Au prix où on l’achète faut s’attendre à aucune garantie.
Comme le dit un proverbe chinois : Qui fait l’âne ne doit pas s’étonner si les autres lui montent dessus.


Chiffres bidons, fabricants chinois, opérateurs français: bienvenue au Cameroun!

Photo: Issouf Sanogo (AFP)

Chronique rédigée dans un bus lancé à pleine vitesse sur l’axe Yaoundé-Douala, alors que j’avais les fesses ankylosées et la tête coincée entre l’énorme poitrine d’une mémère et la vitre sale. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça, peut-être parce que l’agence de voyage en question se fait appeler Confort Voyages.

Il y a quelque temps, j’ai reçu un tweet (prisonnier de mon temps hein?) énumérant les chiffres d’une analyse menée par une société de com. Selon celle-ci, le nombre d’abonnés mobiles africains aurait dépassé les 500 millions en septembre dernier. Je ne mets pas en doute ce chiffre, mais vous savez, avec le conditionnement socio politique que je subis au jour le jour, j’en suis arrivé, comme tout camerounais sensé, à me méfier des chiffres.
Il faut dire que chez nous au pays de Samuel Eto’o, les politiques ne font pas amis-amis avec les chiffres, même lorsqu’il s’agit de téléphonie mobile. L’opérateur MTN déclarait récemment avoir atteint le cap des 4 millions d’abonnés, Orange Cameroun des cousins gaulois a déclaré ne rien avoir à déclarer, et l’Etat, se basant sur une opération qui relève plus de la divination que d’une quelconque addition évalue le nombre d’abonnés mobiles à environ 9 millions d’utilisateurs.
Au milieu de cette cacophonie, je me suis demandé où le cabinet Informa T & M est allé prendre ses chiffres concernant le Cameroun. Je me le suis demandé jusqu’à ce que la mémère me presse le cerveau et en extirpe une idée : en réalité, ici au pays des « Grandes ambitions » le téléphone est la technologie du monde la mieux partagée, il n’ya qu’à observer la société autour de soi. Un ami me faisait remarquer il ya quelques temps que le Village de E. était sûrement l’endroit de ce pays où le nombre de téléphones au mètre carré est le plus élevé. Pas parce qu’il s’agit d’une Sillicon Valley tropicale, mais à cause du fait que ce petit village de quelques centaines d’habitants est devenu tristement célèbre il ya quelques années à cause du nombre dangereusement élevé d’accidents de la route mortels survenus dans ses parages. Les villageois, toujours les premiers sur les lieux, se sont transformés en dépouilleurs de cadavres, et que croyez vous qu’ils découvrent sur la majorité des dépouilles? Des téléphones !!!
Histoire ou blague macabre, je le conçois, mais même les braqueurs et autres cambrioleurs ont compris le truc ! Lorsqu’ils entrent ils chez vous, ils ne sont jamais surs de trouver téléviseurs, argent ou bijoux, alors leur premier réflexe est de vous crier : « les mains en l’air, les téléphones par terre! »
Hé oui ! si les paysans d’E. les braqueurs et toute cette engeance stupide ont pu comprendre que le taux de pénétration du téléphone était plus grand que celui de la télévision ou de la radio, difficile de croire que les experts de Informa T & M ne s’en soient pas rendu compte. A moins que ces derniers n’aient fait comme certains agents du dernier recensement général de la population : s’asseoir à la terrasse d’un bar devant une bière glacée et compter les passants…
Déplorons néanmoins le fait suivant: dans ce processus de mondialisation de la communication mobile, les africains occupent une fois de plus le mauvais rôle, celui de « donneur » : on brade (ne me parlez pas de vente !) le coltan sans lequel, pas de téléphone, les chinois fabriquent lesdits téléphones, les émiratis les importent et les montent, les français d’Orange et les Sud-Africains de MTN se sucrent grâce aux sociétés de téléphonie et les Camerounais ? Ils consomment.
La triste consolation, notre concitoyen la trouve lorsqu’il contemple son NNOKKIA (sic) tout-en-un avec écran tactile et design imitation iphone. Il est vrai que les chutes lui sont fatales tout comme les averses soudaines, mais que voulez-vous ? Au prix où on l’achète faut s’attendre à aucune garantie.
Comme le dit un proverbe chinois : Qui fait l’âne ne doit pas s’étonner si les autres lui montent dessus.


RFI en Afrique: média partisan ou média dérangeant?


Il est de bon ton de se demander le rôle réel que joue Radio France Internationale dans les crises qui secouent le Continent. Si la Radio mondiale brille par sa diversité de ton et sa couverture optimale de l’information mondiale, force est de constater qu’elle souffle le chaud et le froid en Afrique.

Les gouvernants des Etats africains francophones ont trouvé dans la suspension des émissions de la chaîne une riposte au traitement considéré comme partial de l’information du média. Qu’on en juge:
Juillet 2007. Silence radio d’un mois au Niger, motif : diffusion d’informations mensongères et occultant la réalité » sur les évènements liés aux activités de la rébellion touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ)
Mars 2008 : brève suspension des émissions en territoire gabonais, motif : implication notable de la chaîne dans les affaires internes au Gabon. Le tout dans un contexte tendu de relations franco gabonaises (si ! si ! ça peut arriver).
Juin 2008 : suspension des programmes de RFI en Côte d’Ivoire, motif officiel : l’absence de correspondant permanent, mais en réalité la crise ivoirienne et la mort de jean Hélène sont passées par là.
Juillet 2009 : coupure du signal en RDC, motif : RFI est accusée de « démoraliser les troupes congolaises en campagne contre les forces négatives dans l’Est de la RDC ».
Août 2010 : suspension des émissions au Bénin, suite à la « surmédiatisation du scandale ICC Services »
Les exemples du genre allongeraient inutilement notre propos.

Chez nous au pays des Lions jadis indomptables, les choses sont simples.
Avec la libéralisation de l’audiovisuel au Cameroun, toutes les radios se sont transformées en tribunes d’injures et de délation continue. Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre : la crédibilité de l’information en a immédiatement pâti. A titre d’exemple, je dirais sans exagérer que si l’on s’en tenait à la une des médias camerounais, on aurait en moyenne une affaire Bettencourt-Woerth par jour, deux affaires Sarkozy-Villepin par semaine sans compter la pléthore de Watergates. Je tais les vraies fausses morts de l’Homme-Lion (Appellation d’origine contrôlée appliquée au chef de l’Etat).
La mort de l’information locale a ainsi renforcé le label RFI et il n’est pas rare à l’énoncé d’une information de s’entendre demander « est-ce que RFI l’a confirmé ?»
Nous dépendions déjà des chinois pour le BTP, des Japonais pour l’élargissement du réseau éducatif, des nigérians pour la fourniture de pièces de rechange auto, des nigériens pour la cordonnerie, du FMI et de la Banque Mondiale pour le reste, et voilà que le service public français conditionne l’information chez nous.
Avec Juan Gomez et son Appel sur l’Actualité qui s’apparente parfois à un appel à la révolution, avec Alain Foka dont les émissions de Médias d’Afrique se rapprochent plus du meeting politique que d’autre chose, avec la crédibilité doublée d’une audience planétaire dont jouit RFI, comment ne pas comprendre que les auditeurs soient RFI addict ? Comment ne pas non plus comprendre que nos chers gouvernants pour dormir en paix n’hésitent pas à appuyer sur le bouton MUTE quand les choses commencent à « déraper ». Le dérapage étant souvent entendu ici comme une situation de guerre, d’émeute ou tout simplement les prémisses d’un embrasement social.
Dans quelques mois, les camerounais iront élire ou réélire (c’est selon) le Père de la Nation. Chère communauté, il se peut qu’à un certain moment, les ondes de RFI n’atteignent plus la Rivière des Crevettes (si ! si ! c’est la signification cachée de Cameroun) comprenez dès lors que les choses auront dégénéré et que je serai coupé du monde. Alors n’hésitez pas à m’écrire sur mon blog ce sera toujours ça, à moins que bien sûr quelqu’un se souvienne qu’il ya aussi un bouton OFF en ce qui concerne Internet, dans ce cas…
Bon ! J’exagère comme d’habitude hein ? Mais que voulez-vous ? On ne se refait pas.


RFI en Afrique: média partisan ou média dérangeant?


Il est de bon ton de se demander le rôle réel que joue Radio France Internationale dans les crises qui secouent le Continent. Si la Radio mondiale brille par sa diversité de ton et sa couverture optimale de l’information mondiale, force est de constater qu’elle souffle le chaud et le froid en Afrique.

Les gouvernants des Etats africains francophones ont trouvé dans la suspension des émissions de la chaîne une riposte au traitement considéré comme partial de l’information du média. Qu’on en juge:
Juillet 2007. Silence radio d’un mois au Niger, motif : diffusion d’informations mensongères et occultant la réalité » sur les évènements liés aux activités de la rébellion touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ)
Mars 2008 : brève suspension des émissions en territoire gabonais, motif : implication notable de la chaîne dans les affaires internes au Gabon. Le tout dans un contexte tendu de relations franco gabonaises (si ! si ! ça peut arriver).
Juin 2008 : suspension des programmes de RFI en Côte d’Ivoire, motif officiel : l’absence de correspondant permanent, mais en réalité la crise ivoirienne et la mort de jean Hélène sont passées par là.
Juillet 2009 : coupure du signal en RDC, motif : RFI est accusée de « démoraliser les troupes congolaises en campagne contre les forces négatives dans l’Est de la RDC ».
Août 2010 : suspension des émissions au Bénin, suite à la « surmédiatisation du scandale ICC Services »
Les exemples du genre allongeraient inutilement notre propos.

Chez nous au pays des Lions jadis indomptables, les choses sont simples.
Avec la libéralisation de l’audiovisuel au Cameroun, toutes les radios se sont transformées en tribunes d’injures et de délation continue. Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre : la crédibilité de l’information en a immédiatement pâti. A titre d’exemple, je dirais sans exagérer que si l’on s’en tenait à la une des médias camerounais, on aurait en moyenne une affaire Bettencourt-Woerth par jour, deux affaires Sarkozy-Villepin par semaine sans compter la pléthore de Watergates. Je tais les vraies fausses morts de l’Homme-Lion (Appellation d’origine contrôlée appliquée au chef de l’Etat).
La mort de l’information locale a ainsi renforcé le label RFI et il n’est pas rare à l’énoncé d’une information de s’entendre demander « est-ce que RFI l’a confirmé ?»
Nous dépendions déjà des chinois pour le BTP, des Japonais pour l’élargissement du réseau éducatif, des nigérians pour la fourniture de pièces de rechange auto, des nigériens pour la cordonnerie, du FMI et de la Banque Mondiale pour le reste, et voilà que le service public français conditionne l’information chez nous.
Avec Juan Gomez et son Appel sur l’Actualité qui s’apparente parfois à un appel à la révolution, avec Alain Foka dont les émissions de Médias d’Afrique se rapprochent plus du meeting politique que d’autre chose, avec la crédibilité doublée d’une audience planétaire dont jouit RFI, comment ne pas comprendre que les auditeurs soient RFI addict ? Comment ne pas non plus comprendre que nos chers gouvernants pour dormir en paix n’hésitent pas à appuyer sur le bouton MUTE quand les choses commencent à « déraper ». Le dérapage étant souvent entendu ici comme une situation de guerre, d’émeute ou tout simplement les prémisses d’un embrasement social.
Dans quelques mois, les camerounais iront élire ou réélire (c’est selon) le Père de la Nation. Chère communauté, il se peut qu’à un certain moment, les ondes de RFI n’atteignent plus la Rivière des Crevettes (si ! si ! c’est la signification cachée de Cameroun) comprenez dès lors que les choses auront dégénéré et que je serai coupé du monde. Alors n’hésitez pas à m’écrire sur mon blog ce sera toujours ça, à moins que bien sûr quelqu’un se souvienne qu’il ya aussi un bouton OFF en ce qui concerne Internet, dans ce cas…
Bon ! J’exagère comme d’habitude hein ? Mais que voulez-vous ? On ne se refait pas.


Les otages de la pauvreté : quand les hôpitaux se transforment en prisons

© Journalducameroun.com

Une pratique tout à fait étrange par son côté déshumanisant commence à se répandre dans les hôpitaux camerounais: la séquestration pour non paiement de soins.

L’affaire est simple. En l’absence de couverture santé, certains patients se retrouvent très souvent démunis au moment de payer les frais exorbitants liés à leur traitement. Pour régler le problème, les autorités médicales si bornées lorsqu’il s’agit de déceler les maladies et autres pathologies ont eu vite fait de trouver une parade: ainsi naquit la rétention des patients insolvables.La chose est simple, une fois l’insolvabilité du patient constatée, celui-ci est retenu contre son gré (mais a-t-il vraiment le choix?) dans les locaux de l’hôpital, sous la garde du personnel de sécurité. Notre ex-patient devient dès lors un néo prisonnier dont la liberté relative lui permet de circuler dans l’enceinte de l’hôpital sans pouvoir en sortir. L’image la plus approchante est celle de Tom Hanks dans le film Le Terminal.

La chose pourrait sembler amusante, sauf lorsqu’on imagine la mesure appliquée aux nouveau-nés. Les exemples de jeune femmes séquestrées avec leurs nourrissons dans les maternités sont désormais légion . On se souvient de cette quinzaine de femmes retenues en 2008 à la maternité de l’hôpital central de Yaoundé dont certaines pendant plus de trois mois pour des factures non payées. Ou encore cette handicapée moteur qui a passé de longues semaines avec son fils dans la salle d’attente de l’Hôpital central de Yaoundé.

Les cas de ce genre sont légion, mais hélas, rarement médiatisés. L’exemple le plus récent et le plus horrible Est-celui de cette jeune mère qui ayant perdu son bébé de deux semaines suite à une opération désastreuse a vu le corps de ce dernier confisqué à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé. L’affaire dure depuis dix mois et les autorités de cette institution ne veulent libérer le petit corps qu’à condition d’obtenir la totalité des quatre cent mille Cfa (environ 600 euros) relatifs aux frais d’hospitalisation et d’opération.

Si on reconnaît la prospérité d’un pays à l’état de son matériel social, les hôpitaux camerounais sont la vitrine de l’état de déliquescence dans lequel notre pays se situe. Et lorsqu’on voit les dirigeants de ces structures sous-équipées et désuètes malmener des gens dont le seul tort est d’être pauvre, il ya de quoi se dire que c’est l’hôpital qui se moque de la charité.


« Je ne suis pas homophobe, mais j’aime pas les homos!»

source image: https://www.flickr.com/photos/philippeleroyer/4362139409/

La phrase n’est pas de moi, mais on me l’a bel et bien assénée. Au Cameroun, exécrer les homosexuels est pour ainsi dire la norme. Je ne voudrais pas enseigner à quiconque qui aimer ni comment le faire. Mais je voudrais tout de même comprendre quelque chose: quelles sont les vraies motivations de ces personnes qui hurlent à tous les carrefours leur haine des « pédés ». Je leur ai posé la question. Examinons de près leurs griefs.
La religion : argument évoqué par la majorité. Dieu aurait interdit les pratiques homosexuelles. Je ne sais pas si l’argument tient la route vu que tout le monde n’appartient pas à la même religion. Certains n’en ont même pas, alors…
La procréation : il ne s’agit pas d’une blague hein? Les camerounais qui pensent qu’un Homme qui n’a pas de descendance a raté sa vie ne sont pas si rares. Cet argument qui va souvent de pair avec celui de la religion tend à dire que notre mission sur terre est « allez et multipliez vous! ».
La loi : Ben oui. Le code pénal camerounais réprime les pratiques homosexuelles, mais cet argument n’intéresse pas beaucoup l’homme de la rue. Peut-être est-ce parce qu’avec des policiers qui rackettent à ciel ouvert, des prisons pleines de pauvres types incapables de monnayer leur libération, des prestataires de services publics corrompus jusqu’à la moelle, mais étonnamment épargnés, oui avec tout cela je comprends que l’homme de la rue n’évoque pas la loi avec sa justice à vitesses multiples.
Je vous ferai grâce des incultes qui vous répondent que ce sont des mœurs importées et ignorées de nos ancêtres et je parlerai de la dernière catégorie, celle des personnes qui lorsque vous leur posez la question vous regardent avec des yeux étonnés : « pourquoi je déteste les pédés ? Mais… mon frère parce qu’ils sont pédés et que ce n’est pas normal !! » Allez-y comprendre quelque chose. Bon avec ceux là, il ne faut pas trop pousser le bouchon hein ? Ça peut mal finir…
Bon week-end à tous !


« Je ne suis pas homophobe, mais j’aime pas les homos!»

source image: https://www.flickr.com/photos/philippeleroyer/4362139409/

La phrase n’est pas de moi, mais on me l’a bel et bien assénée. Au Cameroun, exécrer les homosexuels est pour ainsi dire la norme. Je ne voudrais pas enseigner à quiconque qui aimer ni comment le faire. Mais je voudrais tout de même comprendre quelque chose: quelles sont les vraies motivations de ces personnes qui hurlent à tous les carrefours leur haine des « pédés ». Je leur ai posé la question. Examinons de près leurs griefs.
La religion : argument évoqué par la majorité. Dieu aurait interdit les pratiques homosexuelles. Je ne sais pas si l’argument tient la route vu que tout le monde n’appartient pas à la même religion. Certains n’en ont même pas, alors…
La procréation : il ne s’agit pas d’une blague hein? Les camerounais qui pensent qu’un Homme qui n’a pas de descendance a raté sa vie ne sont pas si rares. Cet argument qui va souvent de pair avec celui de la religion tend à dire que notre mission sur terre est « allez et multipliez vous! ».
La loi : Ben oui. Le code pénal camerounais réprime les pratiques homosexuelles, mais cet argument n’intéresse pas beaucoup l’homme de la rue. Peut-être est-ce parce qu’avec des policiers qui rackettent à ciel ouvert, des prisons pleines de pauvres types incapables de monnayer leur libération, des prestataires de services publics corrompus jusqu’à la moelle, mais étonnamment épargnés, oui avec tout cela je comprends que l’homme de la rue n’évoque pas la loi avec sa justice à vitesses multiples.
Je vous ferai grâce des « africanistes » qui vous répondent que ce sont des mœurs importées et ignorées de nos ancêtres et je parlerai de la dernière catégorie, celle des personnes qui lorsque vous leur posez la question vous regardent avec des yeux étonnés : « pourquoi je déteste les pédés ? Mais… mon frère parce qu’ils sont pédés et que ce n’est pas normal !! » Allez-y comprendre quelque chose. Bon avec ceux là, il ne faut pas trop pousser le bouchon hein ? Ça peut mal finir…
Bon week-end à tous !


Connais-tu ma belle épouse?

Je ne sais pas si elle est vraie mais on me l’a racontée. Elle, c’est l’histoire d’un type qui rentre chez lui un soir et s’affale dans son

Poupée africaine source: lamaisondegrace.com
canapé. Bon ! Jusque là c’est banal vu que c’est le quotidien de tous les travailleurs (du moins, pour ceux qui ont un canapé…) ; mais là où ça sort de l’ordinaire c’est que le type – toujours affalé dans son canapé – aperçoit soudain une femme qui déambule dans son salon et il ne peut s’empêcher de lui demander : « vous êtes qui vous ? ». Jusque là l’histoire n’est toujours pas intéressante sauf que la femme à qui il s’adresse est… son épouse et qu’ils vivent sous le même toit et dans le même lit depuis plus de dix ans ! Je vous vois venir, mais non. Le type n’était pas fou. Sa femme, elle, le crut pourtant et son doute devint certitude quand le mari décida de la mettre à la porte. Il dut s’expliquer et devant le parterre de voisins médusés, le type produisit une photo représentant une jeune et jolie femme à la taille mince au teint caramel à la mine épanouie au sourire avenant et sans leur laisser le temps d’en placer une il s’exclama : « ça c’est la femme que j’ai épousée il y a dix ans. Alors si c’est elle ma femme dites moi ce que fait ce bibendum dans ma maison !! ».
L’histoire m’a bien fait rigoler surtout que d’après les dires de mon conteur, la maîtresse de maison dont c’était bien une antique photographie était dans un piteux état. Un état que connaissent bien les hommes mariés depuis plusieurs années : une grosse mémère, pas coiffée, empêtrée dans un vieux kabangondo déchiré ; mafflue, fessue et dont le double menton et le cou plissé n’avaient rien à envier à ceux d’un lutteur de sumo.
Il est bien vrai que l’on ne peut empêcher le corps de vieillir et de s’épaissir sous le poids des années, il est même utile de rappeler que nous autres machos africains avons une nette préférence pour les vénus aux formes arrondies, mais il est parfois dommage de constater qu’une fois mariées les femmes oublient d’entretenir et de continuer à mettre en valeur ce qui a provoqué le coup de foudre de leurs hommes des années plus tôt. La gazelle aguichante et sensuelle d’autrefois se transforme très souvent en mammouth éléphantesque qui traine toute la journée une tête décoiffée en laissant dans son sillage un parfum fait de relents de sueur, de condiments écrasés et de merde de gosse, tout en s’empiffrant de tout ce qui lui tombe sous la main, pardon, la dent.
La nuit, le mari après s’être grillé les yeux devant le petit écran pour ne pas voir la noirceur de son inexistant « home sweet home » a de la peine à assumer la vision de sa femme nue. Il regarde avec haine et dégoût ces vergetures et bourrelets responsables du décès de sa libido. Mais malgré tout, Madame reste compétitive, car que dire du concours de ronflement auquel elle se livre quelques minutes plus tard ; épreuve qu’elle remporte d’ailleurs haut la main.
Si vous vous interrogiez encore sur les raisons qui poussent certains hommes à prendre la direction des bars dès la sortie des bureaux et à y rester jusqu’à la fermeture, vous avez la réponse. Mieux vaut parfois être aveuglé par l’alcool car certaines visions pourraient amener à commettre des actes irréparables.
On se calme. j’aime les femmes comme elles sont hein?


Tout doux le chien!

Un chien européen a une existence presque semblable à celle d’un humain. Nourri, promené, bichonné, il a un maître qui s’occupe de lui comme de son rejeton.

Chien paria en Inde © Mrs Hilksom Flickr – Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

Au Cameroun, ce n’est pas le cas. La plupart des chiens sont des sans-abri qui hantent les rues. Discrets en plein jour car victimes des coups de pied et de pierre des passants qui leur imputent attaques traîtresses et autres coups de Jarnac, les chiens camerounais sortent de nuit. A ce moment là, il vaut mieux ne pas croiser leur route. Ignorant la prudence, je commis certain soir l’erreur de sortir vers deux heures du matin en quête de ces précieuses cigarettes qui ont la manie de finir en des moments inopportuns.

J’étais donc sorti pour trouver un bar-tabac. Mal m’en prit, car je ne m’étais pas éloigné de cent mètres de mon domicile que je fus immédiatement encerclé par une véritable meute sortie de l’obscurité. Vu la façon dont ils hérissaient le poil Il n’était pas difficile de deviner qu’ils en avaient après moi.

Ce n’est pas très héroïque, mais mon premier réflexe fut de prendre mes jambes à mon cou et si je ne le fis pas, ce fut à cause du fait que ces excellents chasseurs en m’acculant à un mur m’avaient coupé toute retraite. Pour tenter une sortie, j’allais être obligé de balader mes mollets près de leurs gueules. Ne connaissant aucun chien végétarien, je m’en abstins. J’éliminai aussi la fuite : on a rarement vu un homme plus rapide qu’un chien. J’en étais à maudire tous les cartels de tabac qui nous pourrissent la vie en même temps que les poumons lorsque je remarquai que le sol sur lequel j’évoluais était plutôt pierreux. Trois secondes plus tard, je mettais en déroute les rôdeurs et toute envie de nicotine passée, je rentrais me barricader. C’est un voisin de pallier qui le lendemain me conta l’histoire de ces chiens qui étaient me dit-il les descendants des « chiens de la dévaluation ».

Dans la première moitié des années quatre vingt-dix le Cameroun à l’instar de tous les pays de la zone franc -CFA s’entend- connut une dévaluation de sa monnaie. Ainsi pour 50FCFA équivalant à 1F français, on passa de 100FCA équivalant 1F français (remarquez, avec l’euro, les choses ont empiré). Le gouvernement pour tenter de combler le gouffre qui se formait dans les finances publiques, fractionna les salaires des fonctionnaires par deux et demi, voire trois. Dès lors, les camerounais se débarrassèrent de toutes leurs habitudes onéreuses : voitures, triple repas, vacances et… chiens ! En élever un devint un luxe car nourrir la bête alors que les maîtres avaient le ventre creux était tout simplement suicidaire. Les chiens à défaut de passer dans les casseroles -nombreux connurent tout de même ce sort- furent jetés à la rue et ainsi naquit une génération de toutous-clochards. Tous sont morts aujourd’hui mais leurs descendants n’ont pas oublié. A  chaque fois qu’ils en ont l’occasion ils nous font payer la rupture du pacte sacré. Ben quoi ? Le chien n’est-il pas le meilleur ami de l’homme ?


Tout doux le chien!

Un chien européen a une existence presque semblable à celle d’un humain. Nourri, promené, bichonné, il a un maître qui s’occupe de lui comme de son rejeton.

Chien paria en Inde © Mrs Hilksom Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

Au Cameroun, ce n’est pas le cas. La plupart des chiens sont des sans-abri qui hantent les rues. Discrets en plein jour car victimes des coups de pied et de pierre des passants qui leur imputent attaques traîtresses et autres coups de Jarnac, les chiens camerounais sortent de nuit. A ce moment là, il vaut mieux ne pas croiser leur route. Ignorant la prudence, je commis certain soir l’erreur de sortir vers deux heures du matin en quête de ces précieuses cigarettes qui ont la manie de finir en des moments inopportuns.

J’étais donc sorti pour trouver un bar-tabac. Mal m’en prit, car je ne m’étais pas éloigné de cent mètres de mon domicile que je fus immédiatement encerclé par une véritable meute sortie de l’obscurité. Vu la façon dont ils hérissaient le poil Il n’était pas difficile de deviner qu’ils en avaient après moi.

Ce n’est pas très héroïque, mais mon premier réflexe fut de prendre mes jambes à mon cou et si je ne le fis pas, ce fut à cause du fait que ces excellents chasseurs en m’acculant à un mur m’avaient coupé toute retraite. Pour tenter une sortie, j’allais être obligé de balader mes mollets près de leurs gueules. Ne connaissant aucun chien végétarien, je m’en abstins. J’éliminai aussi la fuite : on a rarement vu un homme plus rapide qu’un chien. J’en étais à maudire tous les cartels de tabac qui nous pourrissent la vie en même temps que les poumons lorsque je remarquai que le sol sur lequel j’évoluais était plutôt pierreux. Trois secondes plus tard, je mettais en déroute les rôdeurs et toute envie de nicotine passée, je rentrais me barricader. C’est un voisin de pallier qui le lendemain me conta l’histoire de ces chiens qui étaient me dit-il les descendants des « chiens de la dévaluation ».

Dans la première moitié des années quatre vingt-dix le Cameroun à l’instar de tous les pays de la zone franc -CFA s’entend- connut une dévaluation de sa monnaie. Ainsi pour 50FCFA équivalant à 1F français, on passa de 100FCA équivalant 1F français (remarquez, avec l’euro, les choses ont empiré). Le gouvernement pour tenter de combler le gouffre qui se formait dans les finances publiques, fractionna les salaires des fonctionnaires par deux et demi, voire trois. Dès lors, les camerounais se débarrassèrent de toutes leurs habitudes onéreuses : voitures, triple repas, vacances et… chiens ! En élever un devint un luxe car nourrir la bête alors que les maîtres avaient le ventre creux était tout simplement suicidaire. Les chiens à défaut de passer dans les casseroles -nombreux connurent tout de même ce sort- furent jetés à la rue et ainsi naquit une génération de toutous-clochards. Tous sont morts aujourd’hui mais leurs descendants n’ont pas oublié. A  chaque fois qu’ils en ont l’occasion ils nous font payer la rupture du pacte sacré. Ben quoi ? Le chien n’est-il pas le meilleur ami de l’homme ?