Guy Muyembe

Autant pour moi

Je me disais que l’Europe était le continent qui aura réussi le premier à faire de la paix un acquis.
Je me disais que le Prix Nobel de la Paix 2012 était en réalité décerné à l’Europe tout entière de Reykjavík à Vladivostok.
Je me disais que les  guerres des Balkans avaient été le dernier épisode d’une très longue série des barbaries ayant endeuillé le vieux continent plusieurs millénaires durant.
Autant pour moi.
Monsieur Poutine avait, semble-t-il, une raison de croire que tous les comptes n’avaient pas été réglés au lendemain de la chute du Mur de Berlin.

J’imagine le maître du Kremlin en train d’y penser en se rasant : « Si Bush a envahi l’Irak unilatéralement, je pourrais faire autant de la Géorgie et de l’Ukraine ».
Pauvre Ukraine. Je me souviens de ces propos de Barack Obama : « l’Ukraine n’a pas à choisir entre la Russie et l’Occident ».
Si l’Ukraine n’avait pas à choisir entre les deux extrêmes, il lui restait un troisième choix. Un choix d’autant plus improbable que les uns et les autres n’ont jamais été disposés à faire des concessions. Ce troisième choix consiste, d’une part, à ménager les sensibilités de ceux qui sont de cœur avec la mère Russie et d’autre part, à poser un pied dans l’Union européenne. Autant dire que c’est un exercice d’équilibriste difficile, voire impossible à réaliser.
Alors que le fameux accord de Minsk 2 commence à peine à produire ses effets, on croise les doigts. Personne n’a intérêt à voir une Europe à feu et à sang au moment où ça tire encore en Afrique et au Moyen-Orient.


Des mots qui auront marqué 2014

Quelque part au sud du Sahara, l’année 2014 (et même le début de l’année en cours) a été riche en terminologie politique. Allons droit au but et voyons quels sont ces termes qui ont suscité tant de controverses.
1.Recensement
Ah! c’est peut-être le mot de l’année. Cristallisant les passions et les attentions. Les uns lui attribuant bienfait sur bienfait dont la possibilité de connaître exactement qui est citoyen et qui ne l’est pas. Les autres jugeant inopportun d’envisager pareille opération moins de deux ans avant la date butoir de l’élection présidentielle.
2.Mandat
Comme l’a dit un jour un célèbre Gondwanais lambda, il existe plusieurs sortes de mandat. Il y a le mandat-poste par lequel on vient financièrement en aide au cousin resté au village.
Mais le mandat dont il est question ici s’écrit avec un « m » majuscule. Mandat entendu comme période de temps pendant lequel on jouit de tous les avantages liés à un règne sans partage. Qui s’interdirait de rêver de ça?
La controverse a tourné autour du nombre des mandats consécutifs qu’un un individu devrait accomplir.
3.Constitution
C’est censé être la mère de toutes les lois. De mémoire, on ne connaît pas une période comparable à la nôtre où les gens en ont fait une chose sacrée. Touche pas à ma Constitution, qu’ils disent.
Ce à quoi un faucon du parti au pouvoir a répondu : « Modifier la Constitution c’est aussi la respecter ».
On a frôlé l’hécatombe lorsque les deux avis en sont venus à s’affronter dans la rue.

4.Glissement
D’après un célèbre dictionnaire, glissement désigne l’action de glisser c’est-à-dire de perdre l’équilibre ou de déraper.
Vous est-il arrivé une fois de perdre l’équilibre et de tomber de tout votre long? Je ne sais pas. Ce dont je suis sûr, vous vous esclaffez toutes les fois où vous vous en souvenez.
Mais quand les politiques s’emparent du mot « glissement », ce n’est pas pour nous raconter des histoires drôles dans une ambiance bon enfant.
J’ai cru comprendre que de leur point de vue « glissement » veut dire effondrement d’un cycle électoral: non tenue de l’élection présidentielle à la date prévue et prolongation de fait d’un mandat présidentiel.
On a eu de cesse d’entendre des déclarations du genre : «Nous craignons le glissement du calendrier électoral».
Quand un cycle électoral s’effondre donc, ça n’amuserait personne sauf ceux qui sont autour de la  « mangeoire ».
5.SMS
C’est un acronyme pour « Short Message service » (ou Service des courts messages pour les francophones).
Quel est le rapport avec la politique, me demanderez-vous. Figurez-vous que quand le maelstrom politique faisait tanguer la nation entière, il a été décidé de suspendre l’envoi et la réception des SMS depuis n’importe quel téléphone. Visiblement, cela n’a pas suffi de s’en prendre violemment à des manifestants anti-régime. Il fallait leur priver de tout moyen de communiquer efficace et pas cher.


La haine: un breuvage potentiellement mortel

Un breuvage amer que l’on prend par désir de vengeance ou simplement par instinct de conservation.
Un breuvage qui tetanise tout l’amour qu’on aurait dû porter à son prochain.
On voit rouge dès qu’on en a bu juste une petite quantité.
Elle a l’effet d’un dard sur une plaie ouverte. Sa victime ressent une vive douleur qu’il juge mieux d’évacuer sur autrui.
Dotée de propriétés toxiques elle crée un dépendance chez tout individus. Plus on en boit plus on en veut.
Elle est des fois contagieuse. Comme une virulente épidémie. Alors des communautés entières en souffrent.
Elle pousse au meurtre et à la méchanceté. Elle rend insensible à la compassion.
Oui, la haine est un breuvage potentiellement mortel. Sa première victime est toujours celui qui en est infectée.


Petite histoire amusante *

La circulation est fluide en cette fin d’après-midi.  Soudain un automobiliste perd le contrôle de son véhicule. La voiture  percute un arbre.  La route est pourtant dégagée. Apparemment, la cause de cet accident est due à une maladresse. Les gens accourent pour porter assistance à l’accidenté. Sa ceinture de sécurité est bien attachée.
Par chance, il y a plus de peur que de mal. Une ou deux égratignures et pas plus. On doit juste craindre pour l’état de la voiture. Le pare-choc est complètement abîmé et le pare-brise a volé en éclats. On décide quand même de l’évacuer vers le centre de santé le plus proche question de vérifier que tout va pour le mieux. Là un infirmier le prend en charge.
Une demi- heure plus tard, un vieil homme arrive et se dirige vers lui avec une boîte de préservatifs:
Voilà Monsieur, ceci est à vous. C’est tombé de votre poche alors qu’on vous conduisait vers ici.
L’ai étonné, notre homme affirme ne pas en être le propriétaire.
Pourtant j’ai bien vu cette boîte tomber de votre poche, réplique le vieil homme.
À trois reprises, notre homme oppose un refus catégorique. Puis l’infirmier intervient avec ce conseil plein de bon sens:
Il n’y a aucune honte à se promener avec des préservatifs dans ses poches. Voyez-vous, on est jamais trop prudent dans la vie.
Rassuré et sans se départir d’un petit gêne, notre homme dit :
D’accord! Je reconnais que ces préservatifs sont à moi.

(*): Histoire inspirée d’un message publicitaire visant à promouvoir l’usage du préservatif.


La bataille des chiffres

Quand on parle chiffre il y a de quoi rendre fou le commun des mortels. Surtout quand il s’agit d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Si tous les chiffres s’écrivent de la même manière, en revanche ils traduisent des réalités différentes. Regardons de près quelques-unes de ces réalités.
Les chiffres du chômage : aucun gouvernement du monde (gouvernement responsable je veux dire) ne se frotterait les mains alors que les chiffres du chômage sont mauvais. À l’instar de la sécurité, la réduction du taux de chômage constitue un socle du pacte social entre gouvernants et gouvernés. On a donc intérêt à avoir le moins possible de chômeurs afin d’espérer se faire réélire ou pérenniser un régime dictatorial dont la légitimité repose sur ses performances économiques. C’est sans volonté de ma part de filer une idée à des dictateurs en herbe de tout poil.
Des mauvais chiffres du chômage donc n’augurent rien de bon pour une carrière politique qui se veut brillante.

Les chiffres de la croissance : désormais ce sont des chiffres qui expliquent tout, pardonnent tout et compliquent tout. Que pensez-vous faire sans croissance? Comment pensez-vous gagner en crédibilité sans croissance? Comment allez-vous rembourser la dette publique sans croissance?

Elle explique vraiment tout la croissance : si les gens sont si pauvres dans votre quartier, c’est parce que la croissance fait défaut. Si les uns se mettent à boire beaucoup, c’est faute de croissance. Si le gouvernement bloque les salaires des fonctionnaires et décide de se confier au FMI (Fonds monétaire international), c’est faute de croissance. Si…si..si…si… ce que ça en fait des si!

Le (s) chiffre (s) d’affaires : un chiffre d’affaires peut être défini comme l’ensemble des recettes de vente d’une marchandise. Cette marchandise est soit un bien soit un service. Le terme « service » est un mot valise ayant plusieurs acceptions. Si un hôtelier vend des services, un transporteur vend aussi des services. Si un parc d’attractions vend des services, un média vend aussi des services. Mais on ne le dit pas souvent, sans doute pour cause de pudeur, la bonne dame péripatéticienne vend aussi des services. Pas plus que qu’on n’ose jamais dire que l’agent de douane complice d’une fraude à grande échelle vend également des services. Et j’en passe et des exemples en veux-tu, en voilà.
Dans tous les cas le chiffre d’affaires est un critère décisif. Notre agent de douane proposerait ses services dès l’instant où le chiffre escompté équivaudrait à plusieurs années de salaire. Vous serez étonné de faire la connaissance d’un Monsieur qui, avec un revenu mensuel de 200 €, est capable de se construire une maison à 45000€ sans avoir sollicité un prêt bancaire. C’est tout ce que peut permettre la magie des chiffres

Les chiffres d’une manif : Qu’est-ce qu’une manifestation réussie sinon celle qui aura battu un record du nombre des manifestants. À ce propos, aucun potentat digne de ce nom n’a intérêt à laisser déferler des milliers des  manifestants hostiles dans les rues d’une grande ville. Au moindre soupçon, les personnes concernées seront interpellées aux abords même de leur domicile. C’est ce qui s’appelle « étouffer une manifestation dans l’œuf ». Puis un membre du gouvernement va aller dire aux médias que les meneurs n’ont jamais été capables de mobiliser une centaine des manifestants. Ce qu’il aura omis de dire est que son gouvernement a été capable de réquisitionner plusieurs unités des forces armées pour mater l’opposition.

Les chiffres d’une élection : on sait qu’une élection n’est pas un duel moyenâgeux où le vainqueur est celui qui reste debout après un combat sanglant. Dans une élection, ce sont les chiffres qui départagent. Or il arrive souvent que chaque candidat s’estime être le vainqueur au vu des chiffres qu’il affirme avoir en possession. Dans ce cas la bataille va se régler hors des bureaux des votes. Et à ce petit jeu, le vainqueur est toujours celui à qui les forces armées ont juré fidélité.

Les chiffres d’un recensement: souvent organisé en prélude à une élection, le recensement permet entre autres de connaître les proportions d’un corps électoral. Je ne vous apprends rien si je vous dis que l’opportunité de cette opération ainsi que les données recueillies prêtent toujours à controverse quand gouvernement et opposition sont à couteaux tirés.


Père nourricier et mère protectrice

C’en est certainement fini de l’époque où tel ouvrier déclarait fièrement : « Ce travail est mon père nourricier et ma mère protectrice ».

Qu’est-ce que le travail était valorisé à l’époque! Chacun en retirait un épanouissement à tout point de vue. Le poste ou la nature du travail importait peu. On était fier de donner du sens à sa vie grâce à son métier.

On avait toutes les raisons de s’en vouloir si on perdait ce travail. A priori on se considérait soi-même comme coupable.

Trouver du travail était une fin pour laquelle on consacrait son existence.

C’était la belle époque…

 

pixabay.com
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Les meilleurs amis étaient les collègues de travail. On se considérait comme frères. Le temps passait sans qu’on s’en rende compte. Pourtant on avait toujours le temps de s’occuper de sa famille et de goûter aux délices de la vie.

Que du bonheur !

On n’était pas peu fier. On jugeait que la mission qu’on accomplissait était presque divine. La devise était : « l’homme mangera à la sueur de son front ».

Comment a-t-on pu perdre tout ça?

 

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Tout ou presque a radicalement changé. D’abord il y a l’apparition de nouveaux concepts. On préfère parler d' »emploi »  plutôt que de « travail ».

On ne prend plus plaisir à faire son travail. C’est une corvée dont on aimerait se débarrasser au plus vite.

Disparu le père nourricier.  Dans certains foyers,  c’est à peine si les revenus permettent de satisfaire les besoins élémentaires. Des millions de personnes à travers le monde sont des travailleurs pauvres.

Disparue la mère protectrice. Les conditions de travail se sont tellement dégradées qu’on s’en sort au mieux avec un Burn Out. Dans le pire des cas, on est amené à se suicider sur le lieu même où autrefois on s’épanouissait.

Les meilleurs amis sont de moins en moins les collègues. On s’en méfie d’autant plus qu’ils sont des potentiels rivaux.

Dommage qu’on en soit arrivé là.

 

 


lettre au chroniqueur du Gondwana

Cher Monsieur le chroniqueur,

Puisque ta chronique est devenue indispensable au mediavore, que je suis, je n’ai pas résisté à l’envie de t’adresser enfin une lettre.

D’emblée j’aimerais que tu ne t’offusques pas du fait que je prend la liberté de te tutoyer, hein! Tout comme tu ne prends jamais la peine de frapper à ma porte avant d’entrer dans ma maison et de maltraiter l’actualité sans état d’âme. De même je n’ai pas cherché à m’embarrasser de pirouettes diverses et variées pour te faire comprendre combien je me sens proche de toi.

Ceci étant dit, revenons à l’essentiel…

Il m’arrive assez fréquemment de cesser toute activité et de prendre la meilleure position d’écoute dès que je vois poindre l’heure H: 8h57′ c’est l’heure de la première diffusion de la chronique du jour. En tout cas je préfère écouter la chronique en première que de l’écouter après en avoir entendu parler sur twitter ou facebook.

Cher Chroniqueur du Gondwana, je m’assure toujours que mon transistor a deux piles bien chargées. Non pas que je sois réfractaire au développement à l’heure du baladeur numérique et autres gadgets hi-tech. En tant que Gondwana tu es au courant des difficultés que tes compatriotes ont pour avoir du courant en permanence. Alors cela il  ne suffit pas de se procurer le dernier I-phone. Encore faut-il savoir comment le charger sachant que la Société Nationale D’Électricité est l’ombre d’elle-même (Ceci est un euphémisme).

Grâce à ta chronique j’en ai appris davantage sur le Président Fondateur et sa relation au pouvoir. je connais désormais le sens de la devise qui guide ses actions: « Président Fondateur un jour, Président Fondateur toujours » .

Il n’en reste pas moins vrai que c’est un personnage dont on n’a pas fini d’être surpris de la capacité d’innovation électorale. On n’a connu des élections à deux tours, des élections à un tour, des élections à demi-tour et des élections « peut-être ». ce dernier type d’élections ayant sa préférence.

le mois dernier, il m’a été rapporté qu’une grande découverte scientifique a eu lieu grâce justement à un coup de pouce du Président Fondateur. Le « Virus du 30 Octobre » a finalement été isolé. Quelle bonne nouvelle! C’en est fini de la propagation de ce dangereux virus à travers les médias sociaux tel que Facebook et Twitter. Félicite Président Fondateur de ma part.

Je reste néanmoins sidéré par la discrétion dont fait preuve la famille du Président Fondateur ces derniers temps. Ce, alors que le marigot politique gondwanais est sans cesse en ébullition. Qu’en est-il de junior numéro 1? Espère-t-il toujours succéder un jour à son cher papa?

Si cela ne te dérange pas je vais terminer ma lettre par ici tout en en t’adressant mes salutations les plus chaleureuses.


Le meilleur de Mamane

Quel auditeur fidèle de la Radio France Internationale n’a pas pris pour habitude d’écouter la fameuse chronique? Mamane, le chroniqueur du Gondwana, n’a de cesse de regaler depuis quelques années des millions d’auditeurs. Chaque jour on a droit à des nouvelles fraîches en provenance de la République Très Très Démocratique du Gondwana, ce pays très exactement situé entre le Nord de l’Islande et le Sud du Cap De Bonne Espérance. 3 petites minutes suffisent à cet humble serviteur de son excellence président fondateur pour relayer l’info à la une dans son pays. 3 petites minutes au cours desquelles il vaut mieux rire.

comme pour paraphraser le regretté Charb, je dirais que le principe suivant guide la chronique de Mamane: « chez président fondateur on peut rire de tout et on doit rire de tout. »

Les personnages

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Plusieurs personnages sont régulièrement cités dans la chronique de Mamane mais seuls deux d’entre eux jouent les premiers rôles:

-Le Président fondateur: On ne sait pas très bien depuis quand il est au pouvoir.C’est un secret connu de lui seul. Ce qui est sûr, il ne doit à personne sa prise de pouvoir. D’où sa volonté à en faire une affaire très très personnelle. Il vaut mieux pour vous que vous ne soyez pas soupçonné de chercher chicane au président fondateur. Vous serez traqué quand bien même vous aurez réussi à vous réfugier en enfer.

-Le Gondwanais Lambda: Toujours dupé mais jamais dupe, il rend d’énormes services à Mamane. C’est bien lui qui pense haut (derrière portes et fenêtres closes) ce que l’entourage de Président Fondateur pense tout bas. N’allez pas lui dire que la croissance économique profite à tout le monde, il ne vous croira pas.

Le Best Of

crédit photo canal plus afrique
crédit photo canal plus afrique

Il n’est absolument pas possible de faire un classement des différents épisodes de la chronique de Mamane. J’estime que tous les épisodes se valent dans la mesure où ils  ont tous pour effet de nous faire rire.

S’il faut néanmoins établir un classement malgré tout je partirais du principe que le meilleur épisode est celui dont on se souviendra plusieurs années après.

Eu égard à ce principe je placerais en première position l’épisode où il était question d’un Président Fondateur rendant hommage à Nelson Mandela et déclarant ceci de sa voix métallique: « je vais Nelson Mandela pour faire des mandats Nelson Mandela. » sachant que cette phrase avait pour équivalente une autre phrase soigneusement dissimulée entre les lignes: « Je vais modifier la constitution pour faire des mandats illimités. »

En seconde position je placerais l’épisode où le Gondwanais Lambda disait vouloir prendre une photo de la fameuse croissance économique dont on dit tant des biens. Appareil photo en bandoulière et vêtu d’un bermuda, l’homme avait tout l’air d’un touriste. Allez-y donc comprendre quelque chose.

En troisième position je placerais l’épisode d’un Président Fondateur plus conquérant que jamais. Dans la foulée de la démission du Pape Benoit XVI il tenait à envoyer un message clair à ses compatriotes: « Gondwanaises et Gondwanais je ne démissionnerais jamais. »

Bien entendu le classement ci-dessus n’est ni exhaustif ni objectif.


Dure, dure!

J’en avais plus que marre. Hier j’ai donc décidé d’appeler le service client de l’opérateur téléphonique Vodacom. Alors que la tension politique à Kinshasa semble baisser, on ne voyait toujours pas de rétablissement des SMS et de l’internet mobile. Une triste situation que l’on déplore encore aujourd’hui.

À l’autre bout un téléconseiller m’a gentiment accueilli et, après s’être présenté, il m’a demandé:

-que puis-je pour vous?

je n’avais qu’une préoccupation et je l’ai fait savoir aussitôt:

-avez-vous prévu de rétablir les SMS et l’internet mobile?

Mon interlocuteur a commencé à chercher ses mots. Ça lui a pris un peu plus de 40 secondes pour me donner une réponse cohérente:

-nous vous tiendrons informer dès que tout sera redevenu à la normale.

Il va falloir donc user de patience. Le tenant de la puissance publique a encore une raison de nous priver de seul moyens de communication à la portée de toutes les bourses. Entre temps c’est mon travail de blogueur qui pâtit de cette mesure injuste. Depuis mon arrivée sur mondoblog  j’ai toujours réalisé 80% de mon travail grâce à l’internet mobile. Mes lecteurs auront remarqué ces derniers temps une certaine lenteur dans ma façon de réagir aux commentaires postés. Signe s’il en est des difficultés que j’ai pour avoir internet. aussi je suis peiné de ne plus pouvoir me rendre  régulièrement sur les blogs de mes camarades mondoblogueurs Renaudoss, wilfonkam,Jeff Ikapi, Serge Katembera

Dure, dure d’être un blogueur lushois.

 


Ces noms d’aliments qui coupent l’appetit

Beaucoup de télespectateurs africains se souviennent encore de la célèbre série burkinabé les Bobodioufs. Il y a une séquence particulièrement amusante où un personnage féminin, je ne sais plus lequel, disait ceci à une cousine: « il est de ces aliments qui te couperais l’appetit uniquement à cause de leurs noms ».
Voici une petite phrase qui traduit si bien la réalité. Naturellement un aliment ne séduit pas que de par son arôme. Son nom y est aussi pour quelque chose. Si je vous dis fromage ou foie gras vous avez plus de chance de saliver que de faire la fine bouche. Ce, quoi que vous n’ayez jamais goûté à ça. C’est par ailleurs mon cas (je n’ai pas honte de le dire).
J’ignore ce qu’il en est chez vous, par contre chez moi à Lubumbashi je vois quotidiennement plusieurs aliments qui sont « victimes » de leurs noms.Des aliments qu’on aime bien. Le fait est l’on se cache avant de les manger. Seuls les gens issus des classes populaires se permettent d’en manger publiquement.
On les appelle Munkoyo, Mulenda, Mushilu, Kikanda ou encore Matembembele. C’est une liste non exhaustive de quelques aliments consommés abondamment par les lushois. Demandez donc à une poignée de gens de vous dire si ces aliments figurent sur leurs listes de mets préférés. Attendez-vous à ce que la plupart d’entre eux préfère dire non. Pourquoi? Parceque personne n’avouerait manger ou boire un aliment ou une boisson dont le nom ne prête pas assez à la volupté et au-delà à la poésie.
Je propose qu’on commence par trouver un joli nom à chacun des aliments ci-haut cités. Après, tout le monde sera fier d’en manger sans complexe. C’est l’une des clés du développement de l’agriculture locale. Et le bon Dieu sait combien nous avons besoin de développer notre agriculture afin de combattre la faim.
Dans les prochaines semaines je publierais justement une page avzec une liste de tous les mets victimes de leurs noms. Croyez-moi il n’ y en a pas moins d’une quinzaine.


Je jeûne, tu jeûnes, nous jeûnons

C’est un exercice auquel pratiquement toutes les religions ont recours. Le jeûne, entendu comme une abstention volontaire de manger, est un des piliers de bon nombre des croyances.
Dans une certaine mesure le jeûne peut se révéler être thérapeutique. Les médecins peuvent l’expliquer mieux que moi.
L’objet de ce billet n’est pas de dresser une liste de bienfaits ou de méfaits du jeûne. Je cherche plutôt à alerter sur certaines formes d’abus remarquées ici et là.
En effet ce qu’on observe ces derniers temps dans certaines églises évangéliques est de l’ordre de la démesure. C’est à croire qu’elles existent par et pour la pratique du jeûne. On s’en rend compte dès qu’on tombe sur une affiche dont l’essentiel du message est clairement mis en exergue: « 45 jours de jeûne et prière ».
Et j’en passe et des meilleurs.
J’ai même recensé des cas où on en arrive à 100 jours bien comptés!
Comment peut-on s’imposer cette forme de privation pendant autant de jours? L’église ne peut-elle pas proposée autre chose que le jeûne?
À mon avis les Lushois, dans leur majorité, sont déjà soumis à un jeune forcé. Leur extrême pauvreté les empêche de manger à leur faim à des intervalles de temps régulier. N’est-ce pas vers le début de la soirée, quand le chef du ménage revient de ses courses, que la famille peut caresser l’espoir de prendre un hypothétique repas?
Je trouve inopportun d’imposer des jours et des jours de jeûne à une personne qui a déjà du mal à se nourrir correctement. Si le jeûne est une privation volontaire de nourriture, je ne crois pas que l’on peut se priver volontairement quelque chose qu’on a du mal à trouver. À moins de faire semblant de jeûner. Ce qui est une forme d’hypocrisie.
Certes, la loi reconnait la liberté de culte à Lubumbashi et partout ailleurs au Congo. Mais il faudrait que l’État se saisisse de la question afin d’inciter les uns et les autres à la modération.
Je ne parle pas en tant qu’observateur dérangé par la montée en puissance des églises évangéliques. Je suis moi-même membre d’une église évangélique. Je suis plutôt inquiet pour la santé physique et psychique de ceux à qui on promet monts et merveilles au bout de plusieurs dizaines de jours de jeûne.


Nous sommes ce que valent nos déchets

Je pense à ce jour merveilleux. Ce jour où nous serons capable de trier nos déchets et de les convoyer vers des lieux appropriés.
Dans ma ville, le traitement des déchets laisse à désirer. Pour un citoyen lambda les déchets valent seulement le temps de les jeter quelque part dans la rue. Ce, en attendant que les eaux de pluie viennent les emporter. Dans sa poubelle on y trouve de tout: déchets ménagers, pièces de téléphones défectueuses, piles électriques, bouteilles plastiques et sacs plastiques.
Ceux qui ont un peu conscience du problème louent les services des marginaux. À charge de ces derniers de convoyer le paquet vers une décharge à ciel ouvert où des tonnes de déchets s’amoncèlent.

radiookapi.net
radiookapi.net

Du côté des pouvoirs publics ce n’est guère mieux. Malgré les efforts fournis, la marie de la ville a encore du pain sur la planche. Pour le moment on a l’impression que le traitement des déchets se limite à des actions coup-de-poing et à des slogans du genre: « Butchafu ni buloji » ( Ce qui veut dire « la crasse et la sorcellerie vont de paire) ». Tout cela est tellement politisé que des services d’assainissement sont crées de toutes pièces et disparaissent dès que leur initiateur est déchu de ses fonctions.
Il va falloir mettre de l’ordre dans tout cela et surtout responsabiliser les ménages. J’estime que la consommation des ménages est la principale source de pollution à Lubumbashi après les activités minières. Ici nous n’avons ni industrie chimique digne de ce nom ni centrale nucléaire. Donc, un peu de volonté politique peut faire évoluer les choses dans le bon sens.
Prenons donc conscience! Tous ces déchets qui flottent dans les canalisations et qui vont se déposer au fond des rivières finissent par retomber dans nos assiettes. C’est d’autant plus évident que nombre des maraîchers ont leurs jardins aux bords des rivières.
Nous sommes ce que valent nos déchets parce que une société qui négligent ses déchets finit par devenir elle-même un déchet. Une société qui traite bien ses déchets préserve sa qualité de vie.
Il s’avère urgent de changer notre idée du déchet. Un déchet n’est pas une chose sans valeur dont on doit se débarrasser vite et n’importe comment. C’est une source de nutriments pour nos sols et c’est une source d’emplois.
À méditer.


Quel est ton prénom

De nos jours il est nettement plus facile à un parent de conférer un patronyme à son enfant. Le patrimoine culturel de chaque tribu est riche de plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de noms qui ne vieillissent jamais. En revanche quand il s’agit de conférer un prénom, il importe de réfléchir un tout petit peu…
Quand j’ai choisi d’aborder ce sujet, il m’est d’abord venu à l’idée de faire un hit parade des prénoms à Lubumbashi. Mais je me suis méfié du côté aléatoire de cette démarche. À la place, j’ai préféré rendre compte de mes observations au sujet de certains critères qui président à l’attribution d’un prénom dans ma ville.
Disons d’abord que depuis toujours on a cherché à conférer un prénom le plus joli et le plus moderne qui soit. Le qualificatif « moderne » traduit la volonté d’éviter des prénoms considérés comme démodés. Ainsi en 2015 vous aurez moins de chance de croiser un enfant de 8 ans prénommé Louis ou Catherine.

Statut de l'Apôtre Pierre-romapedia.blogpost.org
Statut de l’Apôtre Pierre-romapedia.blogpost.org

À l’origine, quand les premiers missionnaires arrivaient sur nos terres, les gens se faisaient attribuer des prénoms strictement chrétiens ( en mémoire des disciples de Jésus-Christ ou des saints de l’église Catholique). En sorte que l’on connaissait qui était baptisé et qui ne l’était pas rien que du point de vue du prénom.
Au lendemain des indépendances les gens portaient des prénoms chrétiens mais n’étaient forcement des catholiques pratiquants. Il s’agissait pour eux d’être à la page afin d’intégrer l’élite qui devait prendre la place de l’Européen.
La décennie 70 fut celle de la confiscation de toutes les libertés par la dictature mobutienne. Une époque où il était interdit de porter des noms ou des prénoms considérés comme occidentaux par essence fussent-ils chrétiens ou pas. On n’avait plus le droit de s’appeler David, François, Jeanne, Tharcisse, Madeleine ou Augustine. Comme pour faire montre d’exemple, le « roi léopard » a effacé son prénom chrétien de sa carte d’identité. On ne l’appelait plus Joseph Désiré Mobutu. Il s’appelait désormais Mobutu Seseko.

Michael Jackson-wikipedia.org
Michael Jackson-wikipedia.org

Puis, au début des années 80, la chape de plomb sur les libertés individuelles a légèrement été levée. On avait à nouveau le droit de porter le prénom de son choix. Le Congo en général et la ville de Lubumbashi en particulier découvrait véritablement le monde. On découvrait le cinéma et la musique américaine. Le football mondial et ses stars planétaires. Émerveillés, les gens ont commencé à conférer à leurs enfants des prénoms ou des noms de leurs idoles. Et il n’était plus question de regarder uniquement du côté de la France et de la Belgique. les prénoms avaient des origines diverses. Les enfants de l’époque pouvaient s’appeler Jackson, Michel, Giress, Platini, Marilyn, Paola, Kennedy, Pablo, Alain, Jean-Paul, James, Mitterrand, Gary, Mohamed, Fernando, Reagan et pourquoi pas Adolf.
La décennie 90 fut celle de la prise de conscience que toutes ces personnalités ultra médiatisées et idolâtrées ne sont pas forcément des bons modèles. C’est aussi l’époque  du renouveau de la chrétienté à travers les églises évangéliques. On se remettait à conférer des prénoms chrétiens. La préférence allait vers les prophètes de l’Ancien Testament comme Joël, Zacharie, Osée et Élie. Sans oublier les premières femmes leaders en Israël comme Ruth, Esther, Rachel et Judith.
Et depuis les années 2000 les critères dans l’attribution du prénom se sont élargis. Ce qui accroît d’autant plus les difficultés des parents dans cet exercice. Comme la plupart des jolis prénoms de la bible ont été « épuisés » par le passé, on doit voir ailleurs. Mais ailleurs ne veut pas dire hors du cadre de la chrétienté. Alors il y a ceux qui vont choisir de mettre en valeur des vertus et des qualités exaltées par la bible et prénommer leurs enfants La paix, La joie, Merveille, Bénédiction, Miracle, Patience ou Gentil. L’autre recette à la mode est celle qui consiste à conférer des prénoms-acronymes: Ditoupui (=Dieu tout puissant), Jeco (=Jésus consolateur) ou Diaré (=Dieu a répondu).
La caractéristiques principale des prénoms d’aujourd’hui est qu’ils peuvent être porté aussi bien par les filles que les garçons. Ce qui a un certain avantage.


T’es éprouvé, casse ta tire-lire

Un malheur ne vient jamais seul, dit-on. C’est notamment quand vous êtes frappé par un deuil. Dans une ville comme Lubumbashi un deuil est une source de dépenses. Ça n’a rien à voir avec ce qui se fait à Kinshasa mais on n’a pas moins l’obligation de casser sa tire-lire.
Ce sont d’abord les frais d’inhumation qu’il faut honorer. Ces frais se chiffrent en millions de Francs congolais si d’aventure on tient à offrir à son parent des funérailles dignes de ce nom. Il y a le cercueil et il y a surtout la tombe. Une place au cimetière de sapin 2 ou au cimetière de kasangiri peut coûter dix mois de salaire à un fonctionnaire moyen. Cela en vaut peut-être la peine car là où les coûts d’inhumation sont moins élevés, c’est le règne de l’anarchie. En effet personne, s’il a le choix, n’accepterait de conduire le corps de son parent au cimetière de Penga-penga. C’est tellement saturé que l’on est obligé parfois de profaner certaines vieilles tombes pour laisser de la place à un nouvel « occupant ». Dans ces conditions on n’a pas toujours l’espoir de retrouver, cinq ans plus tard, la tombe où repose son parent afin de la fleurir.

Puis il y a les frais pour l’organisation du deuil lui-même. La personne éplorée est dans la plupart des cas membre d’une grande famille. Oncles, tantes, cousins et neveux viennent d’un peu partout pour veiller au côté de lui et le consoler. Tout le monde ou presque en larme.
On compte aussi nombre des arrivants des amis, des connaissances et surtout des voisins. La bienséance veut que entre voisins on puisse se porter assistance en pareille situation.
Une partie de ce petit monde habite à plusieurs kilomètres de là. En dépit du deuil ils doivent manger et boire. D’où les incessantes allées et venues des femmes qui s’activent à la cuisine. Pour cela on ne ménagera aucun effort pour réunir l’argent nécessaire. À défaut de compter sur la solidarité de ses frères, la personne éplorée devra puiser dans ses économies.
Ainsi en est-on arrivé à des cérémonies de deuil qui ressemblent à s’y méprendre à des moments de réjouissance. Les gens mangent, trinquent et bavardent. Quelques-uns en profitent pour lutiner les femmes célibataires. C’est seulement quand on entend un ou plusieurs cris de pleur qu’on prend conscience de la solennité de la cérémonie de deuil.

L’autre moment important est celui où l’on conduit le mort vers sa dernière demeure. Généralement il faut louer les services des transporteurs privés afin d’y amener tous ceux qui désirent assister à l’inhumation. Autant de bus à louer valent autant d’argent. Et on a intérêt à en avoir sur soi sous peine d’une rupture du contrat sans autre forme de procès.
Tandis que le cortège funèbre cahote sur un petit chemin, on a coutume de chanter en frappant dans les mains. Le contenu des chants dépend des personnes qui sont à bord des véhicules. Le plus souvent ce sont des cantiques religieuses. Sinon les jeunes préfèrent des complaintes entrecoupées de toutes sortes de paroles vulgaires.

Au bout de deux jours, trois jours ou plus la personne éplorée pourra les congédier et ne rester qu’avec ceux qui lui sont très proches. Le cœur rempli de reconnaissance envers tout celui qui est venu apporter son lot de consolation, cette personne est néanmoins préoccupée par tant des dépenses engagées en un temps record.


Elle serait la première

Lubumbashi est connue aussi par un de ses surnoms : « Lubumbashi Wantanshi » qui veut dire « Lubumbashi la première ».
En quoi serait-elle la première ?

Est-elle la première ville du Congo ? Certainement pas. Tout le monde sait que Kinshasa est la ville la plus peuplée du Congo. Et on a coutume de classer Lubumbashi en deuxième position. Ce qui, en l’absence des statistiques fiables, ne permet pas d’être formel. Le dernier recensement de la population a eu lieu dans les années 80. Tiens, je sens que quelqu’un va m’interroger : « Où veux-tu en venir? » Je ne suis pas en train d’en appeler à l’organisation d’un recensement en 2016 afin de prolonger le mandat de Joseph Kabila.

Serait-elle la capitale du crime ? Pas vraiment. Les homicides et les trafics ne sont pas plus fréquents ici qu’ailleurs en République démocratique du Congo. La première fois où la paix y a été véritablement menacée depuis plusieurs décennies c’était quand un groupe de miliciens maï-maï a débarqué au centre-ville en 2013.

Exploitation du cuivre en 1917-wikimedia commons
Exploitation du cuivre en 1917-wikimedia commons

L’aînée des villes minières ? Bien entendu. Au début du 20e siècle, quand il a fallu mettre en valeur les mines du Katanga, les Belges commencèrent par bâtir Lubumbashi avant d’aller bâtir les autres villes minières (Likasi, Kolwezi, Kipushi…)

Capitale économique ? C’est fort probable. Si la plupart de régies financières et de banques ont leur siège à Kinshasa, nombre d’entreprises privées d’envergure ont leur siège à Lubumbashi et y entreprennent l’essentiel de leurs tâches administratives.

Capitale culturelle ? Non. Dans la mesure où la ville n’a jamais rayonné grâce à sa culture. Ce n’est pas à cause de l’absence d’une production culturelle de bonne facture. Des écrivains, des musiciens, des peintres et des poètes de talent sont nés et ont grandi ici. Le fait qu’ils soient obligés d’émigrer pour s’épanouir met en exergue leurs difficultés à trouver des soutiens locaux.

Haut lieu de l’histoire du Congo ? Il est clair que l’histoire récente du Congo ne s’est jamais déroulée sans la ville de Lubumbashi. C’est à Lubumbashi que furent acheminés Patrice Lumumba et ses deux compagnons d’infortune afin d’y être assassinés dans des conditions atroces. C’est toujours à Lubumbashi que l’on a appris la fin de règne de Mobutu Seseko par une déclaration de Laurent Désiré Kabila. Ce dernier s’autoproclamant au passage président de la République.

homme à velo

Ville d’immigration ? Étant une ville du Sud, Lubumbashi n’échappe pas au phénomène de l’exode rural. Et elle n’est pas la seule à la vivre. Ce sont des vagues de familles entières qui viennent s’ y installer chaque année. Mai il faut louer la facilité avec laquelle tous ces gens parviennent à s’intégrer malgré des conditions de vie difficiles.

Pour conclure, j’affirme que tout ce qui est dit ci-haut peut être remis en cause. Ce qui ne peut être remis en cause, c’est le fait que Lubumbashi est la première ville où votre cher blogueur se sent le mieux vivre. Il n’y a aucun chauvinisme là-dedans. Ne doit-on pas aimer le lieu où l’on mène son existence en dépit de toutes les difficultés?


Invisibles dans les rayons des super marchés

Toujours soucieux de voir les productions agropastorales locales être valorisées, j’ai décidé d’écrire ce billet après un constat fait dans les rayons des super marchés de ma ville. En effet les rayons des super marchés de Lubumbashi sont plutôt bien approvisionnés. On y trouve toutes les denrées ou presque. Par ci du miel produit par une coopérative agricole française. Par là du boeuf en conserve venu du Brésil. Des articles qui attirent aussitôt l’attention du visiteur.
Pour un étranger, c’est sûrement sympa de retrouver des produits qu’il avait l’habitude de consommer. De quoi soulager quelque peu le mal du pays.
Mais pour le natif du coin, le constat est triste. Pas moins de 99 % des produits vendus dans les grandes surfaces sont des biens importés. Une fois franchie la porte, il a l’impression de faire un petit voyage à l’étranger. Que des noms d’aliments qu’il n’a jamais connus dans son enfance! Inutile de rechercher par ici le poisson du lac Tanganika ou la tomate d’une exploitation agricole de la place. Quelques produits locaux parviennent cependant à se faire une petite place, et encore, il faut être méticuleux dans les recherches afin de pouvoir les retrouver.
Il est vrai que la production agropastorale locale n’est pas abondante et a du mal à parvenir dans les centres de consommation à cause du manque des routes. Il n’est pas moins vrai aussi plus que les Lushois mangent essentiellement ce qui est produit localement les biens manufacturés exclus.
Je souhaite voir dans les rayons des super marchés de plus en plus de ces produits du terroir afin qu’ils puissent acquérir plus de valeur ajoutée. Car, je ne le dirais jamais assez, ce sont nos propres aliments qui aideront à lutter efficacement contre la faim. Ce n’est ni le riz pakistanais ni la pomme de terre européenne qui pourront nourrir les plus de 70 millions des Congolais.


Lubumbashi: l’avenir des marchés s’écrit en pointillés

Autrefois les marchés étaient les lieux d’approvisionnement préférés des Lushoises. Aux prémières heures de la matinée, elles étaient nombreuses à arpenter les routes qui mènent au marché Zambia, au marché Lusonga (rebaptisée Marché Mzée), au marché Mimbulu, au marché Kenya…
Je me rappelle avec nostalgie l’image de la femme souriante, panier en osier à la main, qui revient de ses courses un peu avant 9 heures.
De nos jours on en voit de moins en moins. Preuve s’il en est de la fin d’une époque où on avait intérêt à aller au marché pour avoir des produits de qualité. Les ménages s’approvisionnent désormais plus au près des dames qui font du porte à porte avec des bassins des lédumes frais ou au près des succursales de grandes surfaces pour ce qui est des biens importés.
Remarquant cela je me dis voilà une des conséquences de la crise économique. Les gens ne travaillent plus afin de garantir le repas de demain mais ils travaillent pour garantir le repas du jour. La maman qui recevait de la part de son mari l’argent nécessaire pour ses courses doit attendre l’arrivée de ce dernier vers le debut de la soirée pour penser au repas de la famille.
Et l’on en est venu à des vendeurs et vendeuses obligés de quitter les marchés. Lesquels vendeurs et vendeuses étaient frustrés de ce que la clientèle se faisait désirer.
Le cas du marché centrale de la Ruashi est symptômatique de cet état des faits. Aujourd’hui c’est un grand marché occupé par une dizaine de vendeuses pour plus d’une centaine d’étales. Déjà les abords de ce marché sont devenus des logements à loyer modeste. Il est à craindre que dans les années à venir l’ensemble du marché ne soit carrement loti.


Et le baril passa au-dessous de 100 dollars

Économiste de formation, je sais qu’un cycle économique n’est jamais linéaire. Une phase de hausse est presque toujours suivie d’une phase de baisse et inversement. La phase où il n’ y a ni baisse ni hausse est d’autant plus exceptionnelle qu’elle existerait en théorie seulement.
Un cycle économique est semblable à la respiration qui est une fonction se déroulant en deux phases : l’aspiration et l’expiration. L’une est au moins aussi importante que l’autre. On ne peut donc pas dire que l’aspiration est plus que l’expiration, vitale pour l’organisme.

Ceci étant dit je ne comprends pas l’inquiétude des investisseurs, des médias et des « experts » quand il s’opère brusquement un changement dans l’un ou l’autre sens. Il y a 7 ans, alors que le prix du baril de pétrole s’apprêtait à dépasser la barre de 100 dollars, on nous annonçait l’hécatombe. Certes l’hécatombe est survenue (la crise financière de 2008), mais le prix du baril n’y était pour rien.

Aujourd’hui ce même baril est tombé au-dessous de 100 dollars. On nous annonce le pire surtout pour les économies qui dépendent uniquement de la production pétrolière.
C’est à se demander à quel prix on doit vendre ce fichu baril pour que tout le monde y trouve son compte.
Une chose est certaine : les gens  les moins fortunés n’ont jamais profité de l’argent du pétrole vendu à un prix supérieur ou inférieur à 100 dollars.
Dans les années 70, Sadam Hussein s’est serviede l’argent du pétrole pour acheter des armes et livrer une guerre à son voisin iranien pendant 10 ans. Un peu plus près de nous, Kadhafi a utilisé l’argent du pétrole pour corrompre ses homologues africains et en faire ses vassaux. Sans parler du cas du Tchad où l’argent du pétrole permet d’entretenir une armée assez puissante pour suppléer les Français dans la lutte anti-terroriste au Sahel.
Qu’ont donc à craindre ces laissés pour compte? Eux qui ont tout connu par le passé (guerres, famines, pauvreté…).

par le passé (guerres, famines, pauvrété…).