Guy Muyembe

Quid de l’avenir de notre société?

Si vous avez du mal à imaginer l’avenir d’une société, je vous conseille de regarder ses enfants jouer. N’est-ce pas en jouant que l’enfant se forge un caractère? D’autre part les jeux auxquels se livrent les enfants ne traduisent-ils pas leurs réactions vis-à-vis d’événements particuliers (en famille, à l’école ou ailleurs) ? Je m’en tiens à ces spéculations eu égard à mes connaissances limitées en matière de psychologie de l’enfant.
Au cours de leurs jeux, les enfants de mon quartier n’ont que peu de jouets à disposition. Ce sont dans l’ensemble des jouets de contrefaçon « Made in China ». Vous vous doutez bien que ces bouts de choux doivent faire avec des jouets cassants, coupants et parfois dangereux pour leurs santés. D’ailleurs ils ne s’en servent qu’occasionnellement et préfère se servir de leur imagination. Et c’est là que se situe l’intérêt de régarder à quoi ils jouent.
Cesar∗ et Lili∗ sont respectivement un garçon de 9 ans et une fille de 8 ans. Ils n’appartiennent pas la même famille mais ont coutume de jouer ensemble en compagnie d’autres enfants de leur âge.
Cet après-midi du Samedi, alors que j’allais repondre à un rendez-vous, je les ai aperçu en train de jouer à « papa et maman ». Cesar, du haut de ses 3 pieds et demi, prenait d’autant plus au sérieux son rôle de chef de la famille qu’il s’était donné l’air d’un homme méchant. De son côté Lili se donnait l’air d’une femme soumise et disposée à satisfaire toutes les caprices de son cher mari.

Violence domestique-wikipedia.org
Violence domestique-wikipedia.org

Subitement j’ai vu Cesar donner des coups de fouet imaginaires à Lili tandis que cette dernière jouait le jeu en faisant semblant de pleurer.
Témoin de cette scène, je ne me suis pas contenter de rigoler. Je me suis fais plutôt la réflexion suivante: ces enfants n’ont pas qu’une grande imagination. Ils ont surtout l’art d’observer la société et de ressortir ses particularités. Sinon, comment le petit Cesar a-t-il su qu’un chef de famille « a vocation à être tyrannique vis-à-vis de son épouse »?
Je me suis dis: « Cesar doit avoir déjà assister à une ou plusieurs scènes de violence domestique au sein de sa famille ou dans une famille voisine. Et il doit en avoir beaucoup souffert. »
Je ne considère pas avoir raison sur toute la ligne. J’estime néanmoins qu’il y a du vrai dans ce que je dis.
Et moi de m’inquiéter pour l’adulte que déviendra cesar. S’il est vrai que l’on grandit en ayant pour models les aînés, qu’adviendrait-il d’un enfant qui assiste à une scène de violence domestique? Ce jeu entre Cesar et Lili n’est-il pas qu’une reproduction artificielle d’un situation à laquelle ils seront confrontés à l’âge adulte?
Ne nous focalisons pas uniquement sur les violences domestiques. Car j’ai déjà vu des enfants jouer au « policier qui tracasse un civil », au « pasteur qui se targue de faire des miracles » ou au « chauffeur qui roule à tombeau ouvert ».
Moi-même j’ai déjà, durant mon enfance, jouer à des jeux de ce genre. Ce qui me donne assez de légitimité pour en parler.
Donc on se rend compte qu’on peut comprendre les tares de la société actuelle et spéculer sur son avenir rien qu’en régardant ses enfants jouer.

∗Ce sont des pseudo


Si j’étais un fondamentaliste

Si j’étais un fondamentaliste il ne me serait jamais venu à l’idée d’aller tuer un infidèle. N’est-il pas écrit quelque part que le pouvoir suprême de punir  appartient à Dieu et à Dieu seul? Il est en effet illogique de ma part d’en vouloir à un infidèle alors que moi-même je n’ai pas fini  de me purifier en vue du voyage vers le Paradis.
Si j’étais un fondamentaliste il ne me serait jamais venu à l’idée de m’attaquer à une idée en tuant son auteur. On ne tue pas une idée en tuant son auteur. Aucun combat des idées n’a connu son épilogue au terme d’une guerre sanglante.
Si j’étais un fondamentaliste il ne me serait jamais venu à l’idée de venger Dieu. Cet être spirituel n’est-il pas assez puissant pour se venger lui-même? Lui dont on dit qu’il est capable de détruire aussi bien le corps que l’âme d’un individus.
Si j’étais un fondamentaliste il ne me serait jamais venu à l’idée de massacrer une population en pensant pouvoir triompher ainsi du Diable. Je n’aurais pas fini de purifier la race humaine que le pauvre Diable aurait envoûté encore plus de monde.
Si j’étais un fondamentaliste il ne me serait jamais venu à l’idée de croire que tout le monde a vocation à aller au Paradis. Les uns et les autres ont le choix entre aller au Paradis et aller en Enfer. Et ça n’enleverait rien à ma foi si quelques-uns choisissaient d’aller en Enfer.
Sí j’étais un fondamentaliste je priviligierais la paix avant tout. Le but pour lequel ma réligion a été fondée est d’améner l’humanité à la paix. Le fait seulement de prendre les armes contre les autres constitue une violation de profession de foi.
Si j’étais un fondamentaliste je n’aurais jamais haï l’autre. Sinon je serais bien embarassé quand, demain, il va épouser ma foi.
Si j’étais un fondamentaliste il ne me serais jamais venu à l’idée de m’en prendre à un blasphémateur. Tout outrage à ma réligion me permet de mesurer mon propre dégré de foi et de ne pas verser dans l’hypocrisie.
Si j’étais un fondamentaliste je me serais gardé de tuer un groupe de caricaturistes. Faire cela c’est contribuer à la publicité de leurs oeuvres. Faire cela c’est les rendre immortels. Et ce n’est pas ce qu’on recherche quand on veut « rendre justice à Dieu ».
Si j’étais un fondamentaliste je serais allé me pendre car aucun homme censé ne croirais à mes idées démagogiques. Le monde actuel croit plutôt en la liberté, les droits de l’homme, l’égalité et la diversité.
Si j’étais un fondamentaliste je serais honteux de voir le monde entier se lever pour crier: « Nous sommes tous Charlie ».


Laïcité, mon oeil!

C’est en France que se pose avec acuité la question de la laïcité. Par médias interposés on se dispute autour de l’installation d’une crèche de Noël devant une mairie. Sachez, Français, que chez moi on ne se pose pas pareille question. Chez moi il y a ceux qui croient en Dieu et ceux qui ne croient pas en Dieu. Ces derniers étant censés être animés d’une volonté de faire le mal. On recense parmi eux les fêticheurs, les sorciers, les adeptes des ordres mystiques et la plupart de personnes riches.
En parcourant les bureaux de l’administration publique vous tomberez quelque part sur un petit cadre portant le message suivant:
 » Celui qui croît en dieu n’est jamais pressé. »

Bible-mpishi-mondoblog
Ce genre de  message est la plupart du temps accompagné d’une référence biblique. Allez-y comprendre quelque chose.
Si on se place du point de vue d’une certaine majorité populaire, il se dégage que les 3/4 des personnalités du monde politique, économique, culturel et sportif congolais ne croient pas en Dieu du tout. Cela expliquerait l’extrême pauvreté des 90% des Congolais et leurs désespoir. Car l’élite, composée des enfants du Diable, s’est accaparée des richesses nationales par méchanceté. Vous aurez beau venir expliquer comment la prédation n’a rien à voir avec la religion, personne ne vous croira.
Tenez, à propos des musiciens: il y a ceux qu’on appelle « artiste musicien chrétien » et ceux qu’on appelle pudiquement « artiste musicien profane ». En réalité on entend par « profane » on entend ce qui a rapport au Diable. Ces derniers sont donc censés être des adorateurs du diable puisqu’ils ne chantent pas pour la gloire de Dieu. Il se dit même que les stars de la rumba congolaise usent de fétiches pour avoir du succès.
D’accord je m’arrête. Je sais combien vous n’êtes pas sur ce blog pour en apprendre davantage sur la litanie de théories du complot entretenue par les mauvaises langues.
Ma démarche consiste plutôt à vous démontrer en quoi un discours sur la laïcité ne passerait pas ici. D’ailleurs le terme « laïcité » n’a pas son équivalent en Swahili. Cela se résume en ceci: on appartient à Dieu ou on appartient à l’ennemi de Dieu.
En tout cas tout le monde à intérêt à faire référence à Dieu même le temps d’une interview de 5 minutes. Même ceux qui appartiennent à la catégorie « enfants du diable » doivent parfois dire publiquement en quoi Dieu est bon. Question de rassurer le peuple.
Dans cette optique le moins que puissent faire le maire de la ville de Lubumbashi est d’installer une crèche de Noël non loin de ses bureaux. Et ce n’est pas votre Cher blogueur qui irait lui reprocher cette atteinte à la laïcité de l’État.
Le moins que puisse faire le propriétaire d’une maison close est de bénir ses clients au nom de Dieu. Je ne suis pas en train de vous raconter une histoire à dormir débout. Il y a bel et bien une maison close à Lubumbashi où il est écrit ceci:  » soyez béni au nom de Dieu. »
Si chacun doit faire référence à Dieu dans ses agissement, alors tout le monde est rassuré. et on n’a pas de problème avec la laïcité.


Redonnez-nous le pouvoir de nous nourrir

Chers experts,
De nos parents nous retenons un mode de vie orienté vers la satisfaction de besoins primaires. C’était d’autant plus important à leurs yeux que un esclave était privé de tous les droits sauf celui de boire, de manger et de faire l’amour.
Au passif d’une telle conception de la vie il a été inscrit l’absence de modernité et de confort. En effet cela n’arrangeait personne que l’homme continue à faire ce que la machine était désormais capable d’accomplir. Cela n’arrangeait non plus personne que des populations entières soient privées d’un certain bien-être matériel.
Vous avez fait comprendre à nos parents qu’ils avaient tout faux de se priver de ce genre « d’avancées » culturelles et technologiques. Le moins qu’ils avaient à faire fut de renoncer à tout ou partie de ce qui avait forgé leurs sociétés depuis la nuit des temps. En clair il fallait dépasser le stade de la satisfaction de tous les besoins alimentaires par tous. Tout le monde n’avait pas à être agriculteur, pêcheur ou chasseur.

pixabay.com
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La société devait être partagée en deux: les pourvoyeurs des nourritures et les autres. Entre eux on a divers intermédiaires organisés en corps des métiers (négociants, mareyeurs, courtiers…). C’est à ces derniers que revenait le droit de fixer les règles du jeu des échanges des produits alimentaires. Des règles du jeu destinées à atteindre des objectifs mercantilistes.
Puis il y a eu l’époque où, au nom des instruments de mesure de performances économiques comme la productivité, vous avez encouragé les grandes exploitations au détriment de petites exploitations tenues par les paysans. La pêche industrielle au détriment de la pêche artisanale.
En tant que bien économique la nourriture ne devait pas échapper à la loi de l’offre et de la demande. Pas même à la spéculation sur le marché à terme.
Et en tant que tel la nourriture devait faire l’objet d’un échange plus globalisé (du poulet brésilien vendu en Afrique, du fromage français vendu en chine…). La condition en était que l’alimentation des gens devait être standardisée: tout le monde devait manger à peu près la même chose. Les interdits alimentaires devaient soit être bannis soit être contournés à grands renforts de publicité et de forums divers et variés.

paysan massaï
paysan massaï

Aujourd’hui on est dans le « meilleur des mondes » : seule une petite minorité de gens est chargée de nourrir toute une humanité composée de 7 milliards d’âmes. Les biens alimentaires s’échangent du Nord au sud, d’Est en Ouest et inversement. Il est même des sociétés qui ont renoncé à leur droit de produire des aliments, préférant produire des matières premières industrielles.
Ce bilan aurait pu être satisfaisant n’eut été le constat que des centaines de millions de gens sont, de nos jours, dans l’insécurité alimentaire. C’est là le grand problème. Toutes les politiques économiques en la matière que vous, experts, n’avaient eu de cesse de promouvoir  étaient censées mettre l’humanité à l’abri de ce genre de fléau.
Puisqu’il en est ainsi je vous propose de nous redonner le pouvoir de nous nourrir nous même. si nous sommes incapables d’adopter le mode de vie austère de nos parents, en revanche nous pouvons accroître notre auto-suffisance alimentaire. Cela passe notamment par la revalorisation de la paysannerie en tant qu’acteur de l’offre des biens alimentaires.
Certes nous n’êtes pas comptables de tout ce qui a été décrit ci-haut. Mais vous êtes représentants d’un système qui en est à l’origine.
Vous demander de nous redonner le pouvoir de nous nourrir revient à vous demander d’user de votre capacité à influencer les politiques des gouvernements des États.

Je dis et je vous remercie


Un hôte très, très spécial

Déjà vous êtes très heureux d’y être. Attraper un taxi à ces heures de pointe relevé d’un véritable parcours du combattant. Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas au bout de vos peines.
Votre hôte est un jeune homme, casquette à la tête, chewing-gum au coin de la bouche. Certes l’apparence est trompeuse. Mais là vous êtes sûr de savoir à qui vous avez affaire. En tout cas vous n’êtes pas tenté de demander… quoi, par exemple?… une tasse de thé!
– Mets les gaz! crie le receveur.

Compteur de vitesse-pixabay.com
Compteur de vitesse-pixabay.com

Les clients sont à l’étroit dans ce mini-bus de fabrication japonaise. Vous êtes coincé entre une dame d’âge mûr et une jeune femme vêtue de manière extravagante. Votre gêne est d’autant plus perceptible que vous n’osez pas regardez de côté et d’autre.
Vous auriez aimé qu’il y ait un minimum de confort dans les véhicules de transport en commun. Cependant les propriétaires de mini-bus préfèrent des véhicules plein à craquer à chaque course afin de  maximiser le chiffre d’affaire.
– Monsieur, vous interpelle le receveur, votre argent!
Ce n’est pas mal de la part d’un type censé se comporter avec désinvolture. La veille, vous avez vu un de ses collègues accablé d’injures une cliente à cause d’un malentendu. Cette fois vous êtes presque agréablement surpris. Vous tentez de glisser vos mains dans les poches afin de tirer un billet de 500 francs quand le mini-bus bondit sur un dos-d’âne. Vous manquez d’être projeté contre le plafond du véhicule.
Des protestations fusent. Certains clients s’indignent de ce que le chauffeur conduit au mépris de certaines dispositions du code de la route. Eh bien, il s’en moque. Lui a besoin de gagner le temps étant donné l’objectif lui assigné, par son patron, d’atteindre un certain niveau des recettes.

Police routière-radiookapi.net
Police routière-radiookapi.net

Arrivé à un carrefour, il appuie sur la pédale du frein. C’est alors que vous apercevez deux agents de police dans leurs tenues jaunes et bleues. Officiellement  ils sont là pour réguler le trafic et non pour s’en mettre plein les poches. Vous vous attendez à ce qu’ils adressent au moins une verte réprimande à ce chauffard. Mais il n’en est  rien. L’un des deux agents tend la main à votre hôte et celui-ce fait de même.
Une poignée de main au vu et au su de tous? Personne n’est dupe. Un billet de banque a dû rester entre les doigts collantes de l’agent de police.
Le mini-bus reprend sa course folle jusqu’au terminus.
– Ouf! Nous sommes arrivés.
Vous faites vite de descendre. Et à cet instant vous vous rappelez que le receveur doit vous rendre la monnaie. Vous n’êtes pas le seul dans ce cas. Il y a au moins 7 clients qui l’entourent en lui réclamant la différence. Sachant que les billets de petite coupure sont presque introuvable ces derniers temps. Qu’est-ce que ça va discuter!
– Je préfère ne pas m’y engager.
Avant de repartir vous lancez un dernier coup d’œil en direction du chauffeur. Le temps d’un trajet il a été votre hôte très, très spécial.


Un blog qui a 100 jours

Ce 18 septembre, alors que je recevais un mail de l’équipe Mondoblog, j’ai bondi de joie. C’était comme si je venais de gagner au loto. Aussitôt je me suis mis à exécuter les instructions reçues…
Aujourd’hui encore, je me demande la raison de ce sentiment de joie. Mais il est assez clair que je n’avais, au départ aucune certitude d’être sélectionné étant donné le nombre de candidatures déposées chaque année. J’en étais à ma troisième candidature. Et vous aurez compris que j’ai été plutôt habitué à recevoir un mail où l’on m’annonçait que je n’étais pas retenu.
Cent jours c’est une période de temps suffisante pour permettre d’évaluer ce qui a été fait ou non. Déjà je me sens à l’aise dans cet exercice, car je n’ai pas fait trop de promesses. J’ai donc évité d’entreprendre la même chose qu’un politicien demandeur du suffrage populaire.
En 100 jours, ma plus grande satisfaction est que j’ai pris goût à la chose. Il n’y a plus chez moi la crainte de ne pas être finalement à hauteur. Je considère les qualités et les défauts de mon travail puis j’avance.
Il y a un avantage à être membre d’une communauté de blogueurs. Vous vous sentez proches les uns des autres malgré les distances et vous bénéficiez de précieux conseils de certains professionnels.
Le danger de faire le blogging dans son coin est de se croire très vite être le porte-parole d’une cause majeure quelconque (Et pourquoi pas le porte-parole du messie pendant qu’on y est). Je sais de quoi je parle, car j’ai été pendant 3 ans un blogueur isolé dans mon coin. Donc, quand on se prend d’une telle prétention on déchante rapidement et on perd toute motivation de publier régulièrement.

Page d'accueil mondoblog
Page d’accueil mondoblog

Avec Mondoblog vous percevez à tout moment un appel à l’ordre du genre : « Tu n’es qu’un blogueur. Ne l’oublie pas. » Cela vous permet de rester à votre place et de ne pas vous faire des illusions.
Mondoblog C’est aussi le besoin de voir un extrait de son article paraître sur la page d’accueil du site de la communauté. Pour un nouveau venu comme moi, c’est un motif de fierté. Imaginez comment j’ai exulté quand un bon soir mon cher ami Didier Mukaleng m’a informé qu’un de mes articles était apparu en une.
Il faut cependant noter que cela n’est pas une fin en soi. D’ailleurs on se rend vite compte qu’un autre blogueur a publié un article encore plus intéressant sur un sujet quasi identique. D’où la nécessite de se remettre au travail sans plus tarder.

Page facebook du blog
Page Facebook du blog

Mon bilan en 100 jours de blogging est celui-ci: un peu plus de 20 articles publiés, 2 pages publiés et une petite dizaine de commentaires recueillis et approuvés. Plus d’une centaine de commentaires indésirables. Une page Facebook aimée par une cinquantaine de fans. Près de cinquante abonnés au fil RSS (feed burner).
Le bilan n’est pas terrible, je le concède. J’aurais dû me prévaloir déjà d’une bonne centaine d’articles publiés en raison d’au moins un article publié chaque jour. Raison pour laquelle, je promets (pour une fois) de faire mieux dans la mesure de mes moyens.

Sans vous ce blog n’aurait pas sa raison d’être. Permettez-moi donc de vous témoigner ma reconnaissance.

Alors, tous ensemble déclarons ceci : bon vent aux « plats préférés des Lushois », en avant pour des chroniques toujours exquises, finement épicées et jamais déprimantes.

 


Dogbashing

Chez moi, quand on parle du chien, on a presque toujours en tête l’image de l’animal vagabond, qui fouille dans les poubelles et qui défèque n’importe où. Rien de tout cela ne permet de faire perdurer la légende selon laquelle ce serait l’ami fidèle de l’homme.
Ce ne sont pas les films hollywoodiens mettant en scène la complicité entre l’homme et l’animal qui feront cesser le dogbashing.
Tout commence avec une simple dispute entre 2 collègues. Excédé, l’un insulte l’autre en le traitant de chien. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. La flamme qui fait embraser une poudrière. Il l’aurait traité d’éléphant, de poule ou de serpent que ça n’aurait pas blessé son amour propre.
Ai-je besoin de vous faire le film de ce qui s’est passé par la suite? Sachez que l’un des deux, je ne sais pas lequel, s’en est sorti avec un nez cassé. Et l’autre est allé noyé ses émotions dans un verre de bière.

wikimedia-commons
wikimedia-commons

 

C’est un monsieur respecté dans le coin qui prend place au comptoir. On lui sert un demi qu’il vide en 3 gorgées puis s’en va chercher une prostituée.
– Chéri, c’est moi que tu cherches?
Il fait clairement savoir à la bonne dame l’objet de sa « visite » inopinée. Et les négociations autour du prix de la passe commencent. C’est là que tout se gâte malheureusement. Car les deux n’arrivent pas à s’entendre. Se croyant dans son bon droit d’offenser la bonne dame, l’homme l’insulte en la traitant de chienne. Rien que ça!
À son retour à domicile, ce sont ses deux chiens qui l’accueillent en premier. L’un s’appelle Obama et l’autre s’appelle Sarkozy. Obama aurait ressemblé à un dalmatien n’eut été son pelage roux. Et Sarkozy est un chien court sur patte ( Ne cherchez pas de ressemblance avec l’ancien président français).
Il se fait tard. Le ciel s’assombrit. Il n’ y a pas d’électricité, délestage oblige. En allant vers la porte d’entrée, il piétine quelque chose de molle. Aussitôt il sort son téléphone avec la torche duquel il éclaire cet endroit.
– Sapristi! S’écrie-t-il quand il se rend compte que ce sont les excréments de chien. Il a horreur de ça.
Qui a pu faire chose pareil si ce n’est Sarkozy. Un, puis deux coups de fouet. Et le petit chien se confond en cris stridents.
Aussitôt le monsieur s’aperçoit que Obama n’est peut-être pas exempt de reproche. Un, puis deux coups de fouet. Et le chien pousse des cris si forts que toute la maisonnée se réveille.

Abatage d'un chien-toutlubumbahi.blogpost.com
Abatage d’un chien-toutlubumbahi.blogpost.com

L’homme entre sans dire mot à son épouse. Dix minutes plus tard il est au lit en train de ronfler. Dans son rêve il se voit servir un plat de viande ainsi que de la bière. Rien de préoccupant en cela. Si ce n’est que peu après on lui apprend qu’il est train de manger de la viande de chien!
C’est ainsi qu’il se réveille en sursaut, le front ruisselant de sueur. Jamais il n’a envisagé, même en rêve, manger de la viande de chien. Ceux qui en mangent ne sont pas des personnes censées. D’ailleurs le gouvernement du Katanga a pris une décision interdisant la vente et la consommation de la viande de chien…

Ce court récit témoigne de la façon dont on fait du dogbashing dan ma ville. et chez vous comment cela se présente?


Iriez-vous manger chez autrui ?

« L’enfant qui n’a jamais voyagé risque de croire que le fufu de sa maman est le seul qui vaille la peine d’être mangé. » C’est un proverbe… je ne sais pas très bien. Parions que c’est un proverbe lushois.
C’est que j’ai été interpellé par la sagesse de ce proverbe. En lisant entre les lignes, on comprend pourquoi il importe de faire preuve de tolérance envers ceux qui sont différents de nous, ceux qui ne pensent pas comme nous, ceux qui viennent de loin et parfois de très loin… En effet ce proverbe peut être reformulé comme suit : « Celui qui n’a jamais connu d’autres cultures risque fort de hiérarchiser les civilisations. »

Drapeau du parti grec Aube Dorée-wikipedia.org
Drapeau du parti grec Aube Dorée-wikipedia.org

Évidemment il est très dangereux de hiérarchiser les civilisations. Une telle démarche va d’abord vous pousser à considérer que la vôtre est au-dessus de toutes les autres. Ensuite elle va vous conduire à croire que ceux qui ne pensent pas comme vous ont véritablement tort et devraient faire amende honorable. C’est ainsi qu’on en est arrivé à des génocides, des purifications ethniques et d’autres formes d’extermination raciale.
Le meilleur moyen de connaître les autres cultures est de sortir de chez soi. De la sorte on a la chance de mettre de côté tout préjugé sur autrui.
Et à défaut de voyager, il faut accepter que l’autre vienne habiter à côté de soi. Ô je parie que peu d’entre nous sont préparés à l’admettre. Il n’y a qu’à voir comment prospèrent les mouvements et idéologies anti-immigrés, racistes ou réactionnaires partout dans le monde. Cela n’existe pas qu’en Europe et aux États-Unis, soyez tranquilles.

Réfugiés Syriens au Liban-wikipedia.org
Réfugiés syriens au Liban-Wikipedia.org

Ce qu’ignorent parfois les anti-immigrés, pas que ceux de l’Occident, je précise, c’est qu’eux-mêmes sont peut-être issus de l’immigration. Moi qui me suis toujours considéré comme un authentique fils du Katanga (La province la plus riche du Congo Kinshasa), je suis amené à reconnaître que l’un de mes ascendants est un immigré. Puisque toute cette région ainsi que la quasi-totalité du bassin du Congo a été jadis une terre des Pygmées. Comment se fait-il qu’aujourd’hui elle est au 3/4 peuplée de Bantous? Je me pose la question.
Tout comme la question se poserait aux Maghrébins dont la région a jadis appartenu aux Berbères, aux Américains dont le pays a  jadis appartenu aux Indiens, aux Zulus d’Afrique du Sud dont le pays a jadis appartenu aux Bushmen…
En conséquence je ne me poserais pas les questions du genre : « Pourquoi il y a trop d’étrangers dans mon pays? D’où viennent ces gens qui ne parlent pas ma langue? »
L’immigration est un phénomène vieux comme l’humanité pensante. Et on en a des preuves scientifiques.
L’erreur serait de croire que tout le monde ne pense qu’à venir chez vous. Pendant qu’un millier de Syriens échouent sur les côtes italiennes, des dizaines de milliers d’autres Syriens arrivent chaque mois au Liban. Tandis que quelques dizaines de milliers de Burkinabè vivent en France, il y en a des milliers en Côte D’Ivoire et partout ailleurs en Afrique de l’Ouest. Au moment où quelques Kinois cherchent à aller à Brazzaville malgré les expulsions, des centaines d’autre viennent vivre à Lubumbashi.

Terminons avec un proverbe inédit concocté par votre cher blogueur : « Un pays sans immigration est comme un plat sans assaisonnement. Il n’a aucune saveur »


Que mange les Lushois?

Il ne s’agit pas de se demander de quel type de repas se régalent les habitants de la seconde ville de la R.D.Congo. Il me semble avoir déjà informé mes lecteurs de ce que le fameux Bukari est l’aliment préféré des lushois.
Ma question se réfère plutôt à l’origine de ce que nous mangeons. D’où vient la farine dont se servent les ménagères pour préparer leur bukari? Et les poissons dont on se sert comme accompagnement? Et les épices qui assaisonnent ces poissons?
Au cours des decennies précédentes il était à peu près clair que les lushois mangeaient majoritairement les produits locaux. La farine était achetée sur place ou dans d’autres contrées du Katanga. Seule une petite minorité d’aliments importés finissait sur la table d’un citoyen ordinaire.
De nos jours il se dégage un constat sans appel: » au moins la moitié de ce qui se mange ici vient de l’étranger ».( ce n’est qu’une estimation de ma part sur base de ce que j’ai fait comme observation.)
Que s’est-il donc passé entre temps? Les lushois sont-ils devenus réfractaires au métier d’agriculteur? Les récoltes ont-elles baissés suite à la mauvaise qualité des sols?
Non. Rien de tout cela ne peut l’expliquer si l’on en juge par les effets du »boom minier », d’une part, et la spéculation foncière, d’autre part.

Ouvriers rwandais dans une mine en 1920-wikipedia.org
Ouvriers rwandais dans une mine en 1920-wikipedia.org

Au début des années 2000 le gouvernement de la R.D.Congo tirait toutes les conséquences de l’impossibilité de relancer  la Gécamines. Cette compagnie d’Etat était propriétaire de toutes les mines de cuivre et de cobalt du katanga. Cela faisait deux décennies au moins que rien ne marchait plus. L’unique alternative à la Gécamines était la libéralisation des activités minières. Concrètement il s’était agit de mettre fin au monopole d’Etat en cette matière.

C’était le debut de ce qui est décrit comme « boom minier »: des milliers d’hectares de terre très rapidement transformés en carrés miniers. Par conséquent, des dizaines de villages carrement déplacés et des nombreux champs rasés par des bulldozers.
Je pense ne pas avoir besoin d’en dire plus pour vous faire comprendre en quoi l’activité minière a été l’une des causes de la baisse de la poduction agricole locale.
La spéculation foncière a été autant néfaste! Des petits agriculteurs ont été obligés de mettre fin à leurs activités au motif que leurs terres étaient la propriété d’un certain Monsieur X. D’autres se sont vus déguerpis de leurs champs car l’Etat avait décidé de créer des nouveaux lotissements.
D’après les avis récueillis ça et là à travers les médias, cette spéculation foncière est aussi la résultante du récent phénomène d’accaparement des terres. C’est avec étonnement qu’on découvre des larges terrains entourés de fils barbelés et dont les propriétaires viennent de l’autre bout du monde( Épargnez-moi l’obligation de vous révéler leurs nationalités.)
Vivement le jour où on en viendra à nouveau à manger nos produits locaux.


Elle est dans toutes les têtes

On a beau faire semblant de ne pas s’en préoccuper. On a beau se réfugier derrière des considérations d’ordre philosophique ou religieux. La fin de l’année est là.
Qui dit fin de l’année dit fête. Pas n’importe quelle fête, hein ! Celle-ci doit être la plus belle et la plus jouissive possible. Celle qu’on n’a pas le droit de rater sous aucun prétexte.

La fin de l’année c’est la période où tout le monde fait à peu près la même chose : riches et pauvres préparent la fête ; gouvernants et gouvernés expriment leurs vœux de faire mieux l’an prochain ; chacun fait un peu de surenchère à son niveau.
D’après ceux qui s’y connaissent en sorcellerie, c’est à la fin de l’année que Satan convie tous ses acolytes à une grande fête. Imaginez la quantité de sang nécessaire pour égayer les convives et déterminez ensuite le nombre d’êtres humains qui devront être sacrifiés à cet effet.
Tout compte fait, une mort qui survient à la fin de l’année est forcement suspecte. Peu importe les circonstances qui l’on provoquée (maladie, accident, suicide…). Il vaut mieux mourir au mois de mars ou de juillet qu’un certain jour du mois de décembre.
Pareil décès est source de bien de conflits entre parents ou voisins qui s’accusent mutuellement de sorcellerie. Gare à celui qui en serait finalement convaincu.
Pour ma part cette théorie ne m’effraye pas du tout. Je suis heureux de découvrir un Satan qui est capable de s’amuser. C’est plutôt rassurant (n’y voyez aucun cynisme). Ne dit-on pas qu’il passe le plus clair de son temps à méditer des vilains projets ?
Donc, la ville toute entière est subitement agitée. Comme pour ne pas être du reste, le gouvernement renforce la présence policière çà et là par crainte d’attaques armées rondement menées comme celles de l’an passé.

pixabay.com
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Dans cet imbroglio l’offre de boissons alcoolisées et de la bouffe connaît une hausse tandis que les prix flambent. Les commerçants anticipent une croissance de la consommation.
Aussi elle apparaît comme une occasion de faire une revue des troupes dans chaque camp : le « camp de Dieu » incite les vrais croyants à être assidus au culte et la campagne du « camp de Satan » n’en demeure pas moins agressive. Et c’est le tenant d’un point de vue médian qui en ressort complètement dépaysé.
Dans ce contexte il n’est pas aisé de prédire l’avenir. Mais on peut néanmoins affirmer qu’au lendemain des fêtes ceci arrivera : les uns et les autres auront mauvaise conscience. Soit parce que la facture est salée soit parce que les réjouissances n’ont pas répondu aux attentes.

À vous mes lecteurs je dis joyeuses fêtes et mes vœux les meilleurs pour l’année 2015.


Parler sexualité avec aisance

Même entre amis il est des fois difficile de parler sexualité. En swahili (la langue la plus parlée par les habitants de Lubumbashi) il n’y a pas plus vulgaires que les termes en rapport avec la sexualité. Il n’existe pas comme en français ou en anglais des termes neutres. À mon humble avis, c’est l’une des raisons pour lesquelles le sexe a été pendant si longtemps une question tabou.
Peut-on imaginer un père et son fils en train de discuter franchement à ce sujet en employant ces termes? Ce sont les oreilles de ce dernier qui vont siffler.
Dans le même ordre d’idées, il a souvent été difficile pour les victimes de viol et agression sexuelle de porter plainte à cause du sentiment de honte. La langue n’y est sans doute pas étrangère  ceci n’engage que moi et je suis ouvert à toute discussion à ce propos).

wikimedias commons
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Que font donc les gens pour en parler quand même, J’ai observé que la plupart de gens choisissent de baisser la voix (eh, oui! C’est moins gênant de se le dire en chuchotant).
Les jeunes gens quant à eux sont beaucoup plus créatifs (ce n’est pas pour rien que l’avenir leur appartient). Pour parler sexe entre eux ils usent de toutes sortes de tournures et paraboles.
En côtoyant ces jeunes Lushois, vous aurez à entendre des tournures comme « manger la banane » ou « brouter ». Ce ne sont là que deux des nombreuses expressions du genre. Et vous aurez remarqué que toutes ces expressions font un rapprochement systématique entre sexe et nourriture.

Koffi Olomide
Koffi Olomide

Curieusement, on retrouve les mêmes formes d’expression dans les paroles des chansons des grandes stars de la Rumba congolaise. Ainsi quand Koffi Olomidé, dans l’une de ses chansons, affirme avoir une faim de loup on devine aussitôt le message qu’il veut faire passer.
Il reste à savoir qui de Koffi Olomidé ou de la jeunesse a incité l’autre à faire usage de ces tournures. Mais là n’est pas l’objet de notre débat.
J’aimerais terminer en dégageant les avantages et les inconvénients de passer par là pour parler sexualité ( encore une fois ça n’engage que moi).
Pour ce qui est des avantages, je trouve qu’il n’y en a qu’un : le débat autour du sexe devient beaucoup plus aisé. Et c’est tant mieux.
Quant aux inconvénients je pense qu’ils se résument en ceci : la tendance à faire une relation d’équivalence entre nourriture et sexe. À quoi nous sert la nourriture si ce n’est à satisfaire nos besoins physiologiques et à nous faire plaisir? Or si l’on doit penser que le sexe vaut bien un régime de bananes, je ne donne pas cher du respect qu’on doit à son partenaire.
Par ailleurs, c’est au nom de cette équivalence entre sexe et nourriture que certains se sont mis à avoir des rapports non protégés avec des partenaires à risque. D’après eux, si l’on ne doit pas manger une banane avec sa peau, on ne doit pas non plus porter un préservatif.
En tout cas la vie, elle, ne vaut pas un régime de bananes.


le gâteau lushois

Un gateau « made in Lubumbashi »? Pas vraiment. Car la pluspart d’ ingredients viennent  d’autres  contrées comme Kolwezi, Fungurume et Likasi.
Les décisions de procéder au partage viennent d’un peu partout( Londres, New-York, Shangaï, Bruxelles…) suivant les humeurs des convives.
Le principal ingrédient de cette patisserie c’est le « cuivre ».
Contexte

flickr.com
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Ce n’est ni un gâteau d’anniversaire ni un gâteau de mariage. D’ailleurs personne ici ne pense être venu passer du bon temps.
Et puis il n’appartient pas à l’hôte de découper et de manger la première tranche du gâteau comme on le voit dans les fêtes. Au fait l’hôte n’a pas le droit de goûter à ce gateau. Il en est indigne car il fait partie de ce qu’on appelle les apys pauvres sous-équipés.
Enfin, il est prié à chaque convive d’apporter son propre couvert. Aussi pour manger à sa faim il faut disposer d’un couteau le plus aiguisé possible.
Quid des convives

wikipedia.org
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Nous allons vous les présenter par ordre d’importance:
>Tonton Samy: on dit de lui qu’il a bâti sa fortune colt à la ceinture, tirant sur tout ce qui bouge quand ça lui chante. Ne pensez pas qu’il fût de ceux qui devaient aller au loin pour piller sous couvert de pseudo-missions civilisatrices. Sa propriété a toujours récélé d’énormes richesses. Il était question pour lui de s’en approprier en faisant la conquête du « Grand Ouest ». Tonton Samy, de son vrai nom États-Unis d’Amérique, n’est pas un enfant de choeur. Il entend se faire respecter par les autres convives.
>Maître shaolin: le monde est abasourdi de ce que en moins d’un siècle il a réussi à bâtir un empire industriel et financier parmi les plus puissants. Certains prophètes de malheur prédisent qu’il sera bientôt l’homme le plus puissant du monde. Ce qui n’est  pas pour plaire à Tonton samy. Maître shaolin, République Populaire de chine pour l’état-civil, est un convive qui mange sans régarder ce que contient l’assiètte du voisin. Au nom du principe de la non-ingérence, il ne veut pas non plus qu’on surveille son assiètte. Il reste que sa voracité inquiète tout le monde.
>Les fils à maman: on peut aussi les appeller filles à papa. C’est selon. Ils sont très exactement au nombre de trois. L’un s’appelle canada et les deux autres s’appelle Australie et Grande Brétagne.
>Coalition des briquétiers: ce n’est pas un seul convive mais deux. Comme Maître shaolin, leur meilleur ami, ce sont des nouveaux petits riches qui ont  appris recemment l’art de dominer pour rester puissants. Quand l’un s’appelle Inde l’autre s’appelle Afrique Du Sud.
Les dindons de la farce

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>La Mariane: Elle est riche et puissante. Mais son seul défaut est d’être une femme. Raison pour laquelle elle n’a pas réussi jusque-là à venir aussi près du mangéoire. Les machots en ont tellement après elle qu’elle se fait appeller « Douce France ». Ah! La honte!
Des fois, on lui lance un avertissement du genre: » tu n’es pas dans ton pré carré ici.Bienvenu au Far-West. »

>Le Petit costaud: Historiquement c’est à lui qu’a toujours revenu la part du lion. lais il s’est fait éjecter du mangeaoire faute d’avoir assez d’envergure pour mériter une place au soleil. pour mémoire on l’appelle aussi « La Belgique ».

 


Au nom du ventre ( partie 3)

Connaissez-vous le point commun entre un politique Français et son homologue congolais? Tous les deux exploitent un même fond de commerce: »la promesse ». En effet, dans le monde très concurrentiel de la politique, c’est à celui qui promet le plus que revient l’honneur de brandir le trophée des champions.
Un lavement s’impose

sonde rectale-wikipedia.org
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Au début des années 90 j’étais un petit garçon poupin, insouciant, qui n’y comprenais rien à la politique. Néanmoins j’étais déjà capable de percevoir le sens du discours d’un tribun. J’ai encore en mémoire une petite phrase distillée par un leader populiste. Laquelle phrase, traduite du Swahili au Français, donne à peu près ceci: » chacun de nous a intérêt à aller faire un lavement. »
On était à la veille de la fin du long règne du vieux léopard ( surnom donné à Mobutu, NDLR.). Le climat politique était incertain. L’économie avait du plomb dans l’aile car les bailleurs de fond ne venaient plus. La crise alimentaire avait conduit les gens à se rabattre sur les aliments pour bétail.
C’est sans doute pour cette dernière raison qu’un lavement s’imposait à chacun de nous, d’après l’auteur de la petite phrase. Car l’heure était venu de faire bonne chère.
Évidemment le discours avait séduit des milliers de désespérés. On avait de fait inauguré une nouvelle façon de faire la politique à Lubumbashi et sa région: un populisme orienté vers la satisfaction du ventre.
Je puis vous assurer que les lushois se sont pliés à l’exercice mais n’ont jamais fait bonne chère. C’est dire si leur déception n’en a été que trop grande.
Ce que font les politiques d’aujourd’hui

Armoiries de la ville de Lubumbashi
Armoiries de la ville de Lubumbashi

Depuis, cette doctrine politique a fait école. Aujourd’hui nombre de leaders lushois se réclament de pères de cette école. Ils usent des mêmes discours démagogiques pour attirer les foules.
Du poids politique leur faisant néanmoins défaut ils doivent allier démagogie et clientélisme. D’où les distributions de sacs de farine et de poulets en pleine campagne électorale. On a même eu à voir des scènes rocambolesques de distribution de bonbons et de billets de banque au passage d’un cortège. Demandez-vous comment la dizaine de députés de Lubumbashi a acquis le droit d’aller siéger à l’assemblée nationale à Kinshasa( un bazar de parlé-menteurs d’après l’auteur du blog Lokolesound). Enfin…je ne veux pas les accuser de fraude électorale et de corruption, ces chers honorables parlementaires…
Par conséquent

pixabay.com
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Un leader politique Lushois vit forcement au rythme du ventre… Pas son propre, voyons!
Pour avoir du capital politique il doit sans cesse promettre du mieux pour le ventre d’un autre individus. Voilà en quoi consiste son fond de commerce.


Au nom du ventre (partie 2)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Qu’en est -il de la jeune femme mariée? De ce représentant de la classe moyenne dont embonpoint est remarquable? Et de l’homme politique aux discours prolixes? J’ai le sentiment qu’ils vivent eux aussi au rythme du ventre.
Une mission divine

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L’essentiel du processus de procréation est assuré par la femme. Qui oserait dire le contraire? Il faut rémarquer que je mets de côté toutes les techniques de fécondation extra-utérine connues.
Donc le rôle de la femme est absolument essentiel pour cela. Et je vous passe tous les détails…
Comprenez pourquoi je préfère d’emblée marcher sur les œufs. Je tiens à être courtois envers la femme et ne pas verser dans la caricature.
Ce sont les réligions qui, les premières, avaient vu en la femme la source de toute vie humaine. D’où toutes les constructions sociales qui ont eu pour conséquence de lui enlever certains de ses droits.
Aujourd’hui les sociétés se sécularisent à des dégrés divers. Mais ça et là on célèbre toujours la femme donneuse des vies. Je met « vie » au pluriel parcequ’il s’agit de donner naissance à un maximum d’enfants(10,12 et pourquoi pas 15!)
Dans la société Lushoise, qui est celle que je connais le mieux, cela est patent. La jeune femme mariée (à laquelle j’ai fait référence en debut d’article) doit s’inquiéter dès l’instant où elle se rend compte qu’elle ne peut pas concevoir.Elle encoura une répudiation et, le cas échéant, une mise au ban de la société.
Une telle femme vit au rythme de son ventre. À des intervalles de temps régulier( 1 an ou 2 ans) elle doit dévoiler un gros ventre pour justifier du fait qu’elle mérite d’être l’épouse de Monsieur son mari.
Et je n’en dirais pas plus.
Me voici

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D’autre part le ventre peut se révéler être le signe extérieur d’une vie plus ou moins aisée. On aime porter un ventre proéminent pour se distinguer de ceux « qui n’ont que la peau sur les os. »  Ceux-ci sont soit des sidéens  soit des malnutris d’après l’imaginaire populaire.
Alors il vaut mieux porter un ventre comme ça. On est tout de suite respecté et accepté par la société.
Ne croyez pas que pareil Monsieur va se réjouir de perdre du poids. On n’est pas en Occident ici. Il paraît que là-bas la mode met à l’honneur les tailles fines. Tant pis.
Et puis on en arrive à cet homme politique d’envergure dont le fonds de commerce se résume en ceci: « Promettre toujours monts et merveilles à des gens aux abois. » Allez, on va lui consacrer tout un article qui paraîtra au courant de la semaine prochaine.


Au nom du ventre

Destination de ce que nous mangeons ou buvons, le ventre a un rôle social qu’on ne soupçonne pas. Du simple débrouillard vendeur de DVD pirates au plus important des ministres de la République, le ventre est au cœur des préoccupations. Je vais appuyer mes affirmations avec quelques faits et réalités.
Quelques bouches à nourrir

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Être vendeur de DVD pirates ou cireur de chaussures n’est pas de tout repos. Ce n’est pas non plus le premier choix de carrière d’un jeune. Il faut donc une grosse motivation de la part de celui qui en fait son gagne-pain.
Généralement cette personne-là a déjà revu ses ambitions à la baisse. Du moins pour l’instant. Ce n’est plus la gueule enfarinée qui espère relever d’énormes défis à brève échéance ( voitures, maisons, voyages…)
À la question de savoir pourquoi il fait ça, il vous donne une réponse toute faite : « J’ai des bouches à nourrir ».
Autrement dit c’est le ventre qu’on cherche à satisfaire et rien de plus.
Sachant l’énorme masse de gens qui vivent de la débrouille, on se sent interpellé : Lubumbashi, notre belle métropole, marche donc au rythme du ventre.
L’image que cela évoque

pixabay.com
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À mon avis marcher au rythme du ventre et ramper revient au même. Car pour ramper on a besoin de son ventre.
Cela évoque chez moi l’image du serpent : l’animal le plus honni et le plus craint. Qui ne chercherait pas donc un bâton pour écraser au moins la tête d’un boa ou d’une vipère?
Justement la grande majorité des débrouillards doivent faire avec les matraques des policiers chargés de réprimer les marchands ambulants. C’est sans état d’âme que bidasses et policiers de quatrième classe renversent des étales de fortune et fouettent ceux qui résistent.
Le parallèle entre le sort des serpents et le sort des débrouillards est évident. Ces derniers sont honnis parce qu’ils n’ont pas droit de cité ( comme le serpent donc.) Ils sont craints parce que leurs petites entreprises sont tellement compétitives que la concurrence ne survivrait pas. Chez un marchand ambulant, vous êtes sûr d’obtenir un rabais sur le prix d’une marchandise. Contrairement à ce que croit le commun de mortels, cette marchandise n’est pas toujours le fruit de la contrefaçon. Ne me demandez pas comment Monsieur le débrouillard s’en est procurée. Je n’ai pas les moyens de mener une enquête à ce sujet.
On se rend compte par ailleurs que d’autres catégories de personnes vivent au rythme du ventre. Mais de cela, nous allons parler dans la suite de cet article, laquelle suite paraîtra demain à cette même heure.


Ouaga doux goût

 

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CC Flickr

Comme son nom l’indique c’est un cru qui a une saveur douce. À mon avis il n’y a pas boisson plus enivrante surtout pour des amateurs longtemps sevrés par l’oppression. Ouaga, doux goût, c’est l’histoire d’un vin ayant vieilli 27 ans durant.

Je n’en reviens pas d’avoir aussi goûté à ça. Depuis ma lointaine ville de Lubumbashi je me suis abreuvé de cette curieuse boisson. Curieuse parce qu’elle rend ivre et euphorique sans jamais abrutir un peuple désireux de chasser un satrape.
Et moi qui commençais à perdre une raison de croire à un sursaut d’orgueil du peuple burkinabè! Renseigné par l’histoire, je m’apprêtais à gémir dans mon coin : « Encore un dictateur qui a réussi à berner tout le monde, la soi-disant communauté internationale y compris. »

Drapeau du Burkinafaso-wikipedia.com
Drapeau du Burkinafaso-wikipedia.com

Hommage au peuple burkinabè qui a su si bien exploiter le célèbre adage :  « Le vin est tiré il faut le boire. »
En effet il était grand temps de passer à la phase « dégustation ». Nous en étions tous friands.
Et comment? Nous étions sûrs de trouver notre compte dans ce qui allait se passer au pays de Thomas Sankara. À cet effet les points de vente, que sont Facebook et Twitter ne désemplissaient pas. Quand vînt enfin le jour « J » et l’heure « H », nous n’avons pas hésité à boire du Ouaga, doux goût à satiété.

Blaise Compaoré-wikimedia.org
Blaise Compaoré-wikimedia.org

Les effets de la boisson sur notre subconscient furent immédiats. Nous étions transportés d’une joie et d’une ivresse caractérisées tandis que Blaise Compaoré prenait fuite.
Dans cette euphorie, un médiavore lushois avait alors envoyé ce tweet :

t:

« Que l’expérience burkinabé serve de leçon aux dictateurs tropicaux. »

Voir le tweet ici

Requinqués par l’exemple burkinabè, nous sommes des centaines de millions d’Africains à dire ceci: « Dictateurs tropicaux, soyez saisis de tremblement. »

 


En apothéose

Je me rappelle avoir développé une terrible indigestion au terme de cette fameuse journée.

Il va falloir que je vous explique pourquoi.

Le copieux dîner que j’avais pris m’avait donné l’envie de bouffer tout ce qui se présentait devant moi. Je ne quittais plus le petit écran des yeux

 

Sacrée friandise

Logo des guignols de l'info
Logo des guignols de l’info

Vous avez sûrement vu ou entendu parler des fameux guignols de l’info. Je m’en suis régalé après mon dîner hollywoodien. Je ne vais pas vous raconter combien c’est exquis comme friandise. Ni pourquoi il ne  faut pas avoir les côtes trop raides de peur de subir une ou plusieurs fractures. En effet qui peut rester de marbre devant les bouffonneries du personnage de Sarkozy ou de François Hollande? Mais ne croyez pas que j’ai eu besoin d’aller sur Canal+ pour pouvoir y goûter. C’est encore une chaîne de télévision locale qui s’est permis de diffuser une œuvre protégée. Au fait les télés locales se permettent de diffuser tout sans droit et au mépris de la loi. Demander aux citoyens lambda par quel moyen il ont vu la dernière Coupe du monde de la FIFA ( Fédération internationale de football).  Presque tous vous répondront qu’ils n’ont fait que capter une chaîne de télévision locale.

Pour autant le médiavore Lushois ne se plaindrait pas. Il a bien conscience de la faiblesse de son pouvoir d’achat. Un pouvoir d’achat qui ne lui permettrait pas de s’acheter un abonnement canal+. Donc ce qui est gratuit pour lui est bon à prendre.

Un autre sandwich en prime

sandwich-wikipedia.org
Sandwich-wikipedia.org

Dans l’article précédent je vous avais fait part de ce que j’avais mangé un sandwich dans mon bureau. Pour rappel ce n’était rien d’autre qu’un message publicitaire d’un tradi-praticien capable de guérir toutes les maladies. Vous avez bien entendu: toutes les maladies. C’est à se demander quelle faculté peut former un tel médecin.

Revoici le même médecin… Que dis-je ? Le même sandwich, mais servi autrement. C’est à travers le petit écran que je vis ce génie de la médecine à l’œuvre. Le message publicitaire contenait aussi quelques témoignages de personnes qui auraient été guéries par lui. Évidemment beaucoup de téléspectateurs ont mordu à l’hameçon.

Un peu d’alcool, pour le moral

une brasserie
Une brasserie

Il y a un peu plus de 4 ans je me suis plaint du fait que des maisons de ma ville était désormais décorées aux couleurs de marque de bière. C’était sur le site des observateurs de France 24. Depuis, cette pratique n’a plus cours et les publicités pour la bière sont diffusées uniquement le soir.

Pour les médiavores lushois qui regardent la télé pendant la soirée les messages publicitaires constituent également un aliment dont ils se régalent. Ces messages sont tellement suggestifs que l’on a pas besoin de chercher un peu avant de comprendre.

À partir du moment où j’ai commencé à consommer cet aliment, j’ai perdu toute raison et toute conscience. Je vais dire que je ne me rappelle plus rien du reste. Tiens, ce n’est pas à vous que je vais apprendre l’effet de la bière sur l’esprit d’un être humain. Tout ce dont j’ai conscience est que j’ai développé une indigestion par après.

Ainsi ma journée s’était terminée en apothéose.

 

 

 

 


C’est l’heure du dîner

Dans des pays comme le mien la relation entre la politique et les autres secteurs de la vie est très ambiguë. Il ressort de mon constat que l’un vampirise l’autre. On a dès lors l’impression que tout un pays est exclusivement au service d’un seul homme. C’est à cela qu’on reconnaît une dictature, non?
Voici le troisième article d’une série consacrée aux relations que j’entretiens avec les médias locaux.

Bonjour Monsieur le ministre

Armoiries de la R.D.Congo
Armoiries de la R.D.Congo

Le moral blindé, j’essayais enfin de travailler sérieusement. J’ai passé une bonne heure à faire autre chose:
– Croquer une pomme verte( prêche d’un pasteur évangélique) de la part de « Radio Alléluia »;
– savourer un super sandwich au fromage( discours d’un tradi-praticien « capable » de guérir toutes les maladies) de la part de « Radio Cahin-caha »;
– déguster un peu de whisky( journal d’information) de la part de « Radio Méli-mélo ».
J’ai véritablement enfreins pas mal d’articles du règlement d’ordre intérieur durant cette heure là.
Mais je n’étais pas plus à blâmer que ce cher ministre d’État venu visiter la boîte, suivi par quelques courtisans ainsi que des journalistes. Il fallait cesser de travailler pour accueillir ce visiteur de marque.
Franchement je n’ai pas voulu m’associer à ce folklore. Je demandais alors l’autorisation de rentrer chez moi. Ce qui fut accordé.
Un accent Hollywoodien

wikimedia.org
wikimedia.org

Et dire qu’il était temps de prendre le dîner.
Mon plat principal devait être un long métrage réalisé par James Cameron ou un de ses contemporains.
Je m’en remettais pour ce faire à l’une de nos télévisions locales Une toute petite télévision non payante. Sa réception ne nécessite ni décodeur ni tout autre équipement particulier. Rien à voir avec les mastodontes diffusés par le câble ou par les satellites.
Vous avez tout compris! C’est bel et bien cette petite chaîne de télévision qui se permet de diffuser chaque semaine au moins un film à gros budget.
Bien entendu cela se fait au mépris de toutes les lois de protection de la propriété intellectuelle. Ne vous posez pas la question de savoir pourquoi l’État ne sévit pas contre une telle infraction. Il est trop défaillant pour le faire.
En tout cas ce n’est pas le médiavore Lushois qui s’en plaindrait. Lui qui, jadis, regardait certains films plusieurs années après leur sortie en salle à Paris ou à New York.
Remarquez à quel point son sort n’est pas moins enviable que celui d’un autre médiavore lambda.