Moi je mange ça! So what?
Le « truc » n’a pas de nom en français. Il n’a jamais foulé le sol français pour être baptisé autrement. Les douanes et aéroports occidentaux seraient hostiles contre « ce prétendu aliment qui ne contient aucun élément nutritif » et l’obligeraient toujours à rebrousser chemin. Certains même seraient allés, confus devant cette recette si chère aux Burundais, jusqu’à l’assimiler à un explosif. Enfilée dans quelques feuilles de bananerais, la spécialité a de quoi faire douter les agents de sécurité habitués à déterrer la cocaïne et les bombes artisanales des valises suspectes. « Ubuswage », l’appelle-t-on. Et de quoi est-il fait ? Rien de spécial : le manioc uniquement. Quelques jours dans l’eau pour rendre le tubercule, mi-cuit mi-cru, beaucoup plus malléable et le faire perdre toute acidité, suivi d’une transformation en pâte et le tour est joué (à ne pas confondre avec la pâte de manioc faite à partir de la farine). Sauf qu’il y laisse également presque tout son fer et son amidon nécessaire pour la santé.
Plus qu’un aliment, un symbole culturel. Une identité. L’« ubuswage » reste l’aliment le plus consommé dans la plaine de l’Imbo, près du lac Tanganyika. L’accompagnement n’est pas n’importe lequel : le ndagala. Une espèce de poisson qu’on ne trouve que dans les eaux du Tanganyika sur toute la planète. Ah ! Autre exclusivité made in Burundi, cette fois-ci prisée sur le marché international. Une raison de plus pour vous faire saliver, vous voyageurs et touristes lors de votre passage dans ce petit pays au cœur d’Afrique.