Guindo Abdoulaye

Sociétés de sécurité privées au Mali: quelle efficacité ?

Après les attaques terroristes menées  contre le restaurant « La terrasse » et  l’hôtel « Radisson » de Bamako, la question de la sécurisation des lieux publics et privés se pose avec acuité. L’immensité du territoire national et le nombre insuffisant des forces de sécurité empêchent l’Etat de sécuriser au maximum les éventuelles cibles, si tant est qu’elles puissent échapper à un terroriste décidé à mourir. La plupart des établissements privés ont donc recours aux services de sociétés privées de gardiennage. L’Etat doit-il encourager cette évolution ?

Gardiennage

Un agent privé de sécurité a pour fonction d’assurer la sécurité des biens meubles et immeubles ainsi que celle des personnes. Il assume des missions d’accueil, de contrôle d’accès, de surveillance, de respect des consignes de sécurité, d’intervention de première urgence, d’alerte ou de guidage des équipes de secours, de rédaction des rapports d’événements ou d’activités. L’agent de sécurité peut être spécialisé dans un ou plusieurs domaines (sécurité aéroportuaire, surveillance humaine, transport de fonds, etc.). Au regard des faiblesses en nombre et en équipement des forces de l’ordre étatiques, les agents privés de sécurité  (on les appelle aussi « vigiles »)  jouent un rôle croissant dans la sécurisation des établissements publics et privés. Postés devant les banques, supermarchés et autres lieux fréquentés par le grand public, les agents de gardiennage tentent de leur mieux de prévenir les attentats et les cambriolages. Malheureusement, leurs conditions de vie et de travail laissent à désirer, ce qui hypothèque gravement  leur efficacité.

 Précarité des agents

Le jeudi 31 mars 2016, je débarque à Hamadallaye ACI 2000, Bamako, un quartier qui regorge d’importantes d’entreprises. ST, la trentaine, accepte de s’ouvrir à moi, après un moment d’hésitation: « J’étais lycéen, en classe de Terminale. Mes parents ayant du mal à survivre, j’ai dû abandonner les études pour me lancer dans la quête d’un emploi. Un monsieur m’a proposé un travail de gardiennage avec un salaire de 40.000 FCFA. J’ai accepté, même si cette somme me permet à peine d’acheter un sac de riz pour mes parents. Depuis, je suis là de 8 heures à 18 heures ».

MK, également gardien, travaille dans la même précarité. Il déplore sa situation professionnelle mais il préfère rester en poste que de dormir à la maison. « Ça fait 4 ans que je suis vigile; je n’ai jamais eu de congé, de prime ni d’autres gratifications du genre ».

Un autre agent de sécurité me confie: « Je fais ce travail depuis 1 an. Mon patron nous avait  donné, à moi et mes collègues, des numéros qu’on pensait être des numéros d’affiliation à  l’INPS, mais à notre grande surprise, nous nous sommes rendu  compte qu’aucune cotisation n’avait été versée à la structure et que nous ne bénéficions, en fait, d’aucune sécurité sociale ».

 Equipement sommaire

 Mal payés, dépourvus de possibilités d’avancement, les agents de sécurité privés sont, en outre, ballotés d’un quartier à l’autre selon les besoins du service et au gré des ruptures ou passations de contrats des sociétés qui les emploient. Résultat: ils connaissent mal leur nouvel environnement géographique, ce qui nuit à la qualité de leur travail. Un patron d’agence fait cependant remarquer que les clients ont le loisir de demander que tel ou tel agent reste à leur service mais « en pareil cas, l’agent se familiarise avec le client et  ne travaille plus en professionnel ».

Autre faiblesse des entreprises de sécurité maliennes: elles n’ont pas  le droit d’équiper en armes leurs agents. Seule la société « Escort », qui garde, entre autres, le « Radisson », possède des fusils. Or, les matraques et les bâtons ne sont pas de nature à arrêter d’éventuels assaillants. C’est peut-être parce qu’elles doutent des agences de sécurité privées que la plupart des banques utilisent une astuce: elles demandent le service de gendarmes ou de gardes nationaux auxquels elles allouent un salaire mensuel, sans préjudice de la solde versée par l’Etat. Du coup, dans les casernes, il y a une compétition sauvage pour obtenir d’être affecté à la sécurité d’une banque ou d’un établissement financier. L’idée de service public, qui doit habituer toute force de l’ordre, y survivra-t-elle ?

Nouvelle politique ?

 Malgré leurs insuffisances, les entreprises de sécurité privées jouent un rôle positif dans la prévention de la criminalité. Incapable d’assumer ses missions régaliennes de sécurité dans toute leur plénitude, l’Etat malien devrait encourager le secteur privé qui, aujourd’hui encore, souffre d’un déficit d’encadrement légal. Que coûterait à l’Etat d’initier les lois et décrets tendant à réglementer la sécurité privée et l’usage des armes par les agents qui œuvrent dans ce domaine ?

 Abdoulaye Guindo

 

 


L’après Grand Bassam : victoire sur les forces du chaos et de la terreur.

Le dimanche 13 mars 2016, la Cote d’Ivoire a vécu une des journées les plus terribles de son histoire. Après, le Mali et le Burkina Faso, au moins 18 personnes dont 15 civils et trois éléments des forces spéciales ivoiriennes, ont perdu la vie sous les balles des terroristes ayant attaqué, la plage de la station balnéaire de Grand-Bassam. Tout en regrettant la mort des innocents tués, j’estime pourtant que le 13 mars fut également un jour triomphant, parce que les ivoiriens ont eu la victoire sur les forces du chaos et de la terreur.

L’après Grand Bassam : victoire sur les forces du chaos et de la terreur.
Vector – Ivory Coast Soccer Fan Flag Cartoon

Oui, la Cote d’Ivoire a réussi à préserver et à protéger son mode de vie malgré la perte de vie des innocents. Elle n’aurait du ne plus exister dans ses valeurs fondamentales, mais, comme un seul homme, les Ivoiriens se sont mobilisés pour que cela ne soit pas. La jeunesse ivoirienne par son humour qu’on lui connait, a, à travers les réseaux sociaux, montré qu’elle n’a jamais été abattue.

Que dire de ce conseil des ministres extraordinaire délocalisé à Grand Bassam. Le président ivoirien Alassane Ouattara et son gouvernement se sont déplacés mercredi à Grand-Bassam pour un Conseil des ministres extraordinaire afin de montrer que la Côte d’Ivoire ne cédera pas au chantage. Ce même mercredi, tous les Ivoiriens répondant à l’appel du pays, ont marché côtes à côtes, main dans la main, pour montrer que le pays, a un ennemi commun : le terrorisme. Par ces différentes actions, mes frères ivoiriens viennent d’envoyer un message aux terrorismes : s’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction.


Plainte contre le Président Malien : je suis le BIPREM

Suite à une plainte introduite, par le bloc d’intervention populaire et pacifique pour la réunification entière du Mali (BIPREM) contre le président Ibrahim Boubacar Keita pour haute trahison, une flopée d’association et de regroupements politiques qui ne songent, en réalité, qu’à leur estomac, descendent à bras raccourcis sur le BIPREM. Il a suffi que le BIPREM porte plainte contre IBK pour que nos braves laquais tombent sur le BIPREM à bras raccourcis.

IBK
Dans un touchant concert, toutes ces associations estiment que derrière la plainte du BIPREM se cachent des « individus malveillants tapis dans l’ombre » et que leur unique but est de « ternir la belle image du chef de l’Etat. A ces associations et formations politiques, je dirai qu’elles sachent que sur un plan strictement légal, le BIPREM a toute latitude de porter plainte contre IBK, car, il n’en demeure pas moins qu’il est un citoyen comme les autres et à ce titre, assujetti à la loi, même si la Constitution lui accorde le privilège d’être jugé par une Haute Cour de Justice.

En effet, la constitution du Mali stipule à son Article 11 que: « Tout ce qui n’est pas interdit par la loi ne peut être empêché et nul ne peut être contraint de faire ce qu’elle n’ordonne pas ». La loi n’interdisant pas une plainte contre un président Malien en fonction, le BIPREM est dans son droit. Cependant, je reconnais que le BIPREM ait commis quelques erreurs. La première erreur est d’avoir porté plainte devant la haute cours de justice, sans passer par l’assemblée. La constitution du Mali, en son Article 95 stipule, en effet que: « La Haute Cour de Justice est compétente pour juger le Président de la République et les Ministres mis en accusation devant elle par l’Assemblée Nationale pour haute trahison ou en raison des faits qualifiés de crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions ainsi que leurs complices en cas de complot contre la sûreté de l’Etat ».

Donc, les membres de l’association aurait du porter plainte à un autre niveau et non pas directement devant la haute cours de justice. La seconde erreur que, je reproche au BIPREM, est d’avoir seulement porté plainte contre IBK. En dehors d’IBK, aucun autre responsable politique n’est, en effet, visé par la plainte. Cela ne se conçoit guère dans la mesure où le chef de l’Etat ne peut agir qu’à travers son gouvernement, lequel, aux termes de l’article 53 de la Constitution,  » détermine et conduit la politique de la Nation. Dans ces conditions, il n’y a aucune équité pour le BIPREM à traduire IBK devant une juridiction en l’absence de ses Premiers Ministres et de ses ministres.

Cependant, dans ce duel comparable à celui de Goliath contre David, je préfère être du coté de David, c‘est à dire le BIPREM. La raison est toute simple : la défense de la liberté d’expression et d’opinion. Le BIPREM a porté, pensent que des faits de trahison pourraient être retenus contre le président Ibrahim Boubacar Keita. Quitte à la justice de classer cette plainte sans suite ou déclarer le président non coupable. Donc, je suis BIPREM.


Mali : aidez nous à retrouver Birama Touré

Si, en Guinée, les journalistes restent mobilisés autour de l’assassinat de leur confrère El Hadj Mohamed Koula Diallo, au Mali, nous autres journaliste et bloggeurs sont sans nouvelles de notre confrère Birama Touré, du journal le sphinx, depuis le 29 janvier. Depuis cette date, toute la famille de la presse, soutenue par les autorités s’active pour le retrouver.

Birama_Toure

Dans ce billet, je tiens certes à faire attendre ma voix pour que Birama Touré soit très vite retrouvé, mais, aussi à dire stop à l’abus de langage. Le dossier Birama Touré fait l’objet d’abus de langage de la presse et de tous ceux qui en parlent. En effet, parlant de la situation de notre confrère, le terme « porté disparu » est abusivement employé. Au terme de la loi et, à cette étape, Birama Touré n’est pas encore « porté disparu ». Il est pour l’instant absent. Un petit cours de droit semble nécessaire.

Au Mali, la disparition est réglementée par la loi N° 087 du 30 décembre 2011, à travers le code de la famille et des personnes. 2 notions se dégagent : la notion d’absence et celle de la disparition proprement dite. La notion d’absence se repartie en 2 notions : la présomption d’absence et l’absence proprement dite. Ill y a présomption d’absence quand un individu cesse de paraître à son domicile connu depuis plus de 3 ans. Si trois autres années passent sans que le présumé absent ne réapparaisse, on parle maintenant d’absence proprement dite.

Le disparu est la personne qui a cessé de paraitre à son domicile suite à des événements de nature à mettre sa vie en danger (tremblement de terre, inondation, bousculade, etc.), alors que même son corps n’a pas été retrouvé. Vu que l’absence de notre confrère Birama Touré n’est pas due à l’un des événements cités plus hauts, je précise alors qu’on a affaire à une présomption d’absence.

Tout le mal, que, je souhaite à Birama Touré et à sa famille, est qu’il soit absent pour une raison où pour une autre. Ce qui veut qu’il rentrera très bientôt en famille. A attendant ce jour, tous ceux qui lieront ce billet, sont priés de nous aider à trouver Birama Touré.


Non, ne tuez pas Serge Aurier

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le défenseur ivoirien du Paris Saint Germain, Serge Aurier, aurait tenu des propos déplacés contre son entraineur Laurent Blanc et certains de ses coéquipiers. Depuis, que la vidéo ait été rendue public, presque tout le monde du football, a commencé par la direction du PSG tombe à bras raccourcis sur Serge. Il a été mis à pied à titre conservatoire par le club de la capitale et, est menacé de plus faire partir du club.

 

Le défenseur ivoirien - crédit photo: internet
Le défenseur ivoirien – crédit photo: internet

Je reconnais que Serge Aurier, a commis une grave erreur. Mais, pour avoir assumé sans faiblesse ses propos et présenté ses excuses, il mérite d’avoir une seconde chance. Je n’ai aucune intention de justifier ses injures, mais sérieusement qui n’a jamais placé un petit mot bien gentil, pour qualifier un patron ? Avant, Aurier, Zlatan Ibrahimović avait, à la suite d’une rencontre traité la France de pays de merde. Il n’a pas eu le même traitement. Laurent Blanc serait-il-il supérieur à la France pour que Serge Aurier soit sanctionné et non Zlatan. Où, bien, parce que Aurier serait noir ou moins important que la star suédoise?

Après, les propos d’Ibra contre toute la France, il ne revenait pas au club de Paris de l’expulser, mais à la République de le faire. Mais, la polémique a été très vite enterrée, car, c’est le roi Zlatan qui avait parlé, et la France a peur de lui. Nation de justice, je demande aux Français de très vite se ressaisir et d’enterrer cette affaire Aurier. Je refuse donc que Serge Aurier soit diabolisé, car, les autres ne valent pas mieux que lui.

 


Festival culturel Dogon : les vertus du « Toguna »

Du 29 au 31 janvier 2016, s’est tenue à la place du cinquantenaire, sur les berges du fleuve Djoliba, le 1er festival culturel Dogon dénommé «Ogobagnan», qui signifie la case du chef de village. L’objectif de ce festival était de faire la promotion de la culture dogon, à travers plusieurs activités : conférences débats, défilés des masques dogons, concerts géants, exposition d’objets d’arts de la culture dogon.

 

En outre, il a permis à nous autres Dogons, vivant loin de notre de nous ressourcer, et aux autres non dogon de mieux connaitre cette culture dogon, combien riche. Dans ce billet, je m’adresse à ceux qui n’ont pas eu la chance de participer au festival en leur présentant une facette de cette riche culture « Dogon ». Pendant ces 3 jours de festival, bien que « Dogon », je fus impressionné par les vertus du « Toguna ». D’ailleurs, mon blog ne porte-t-il pas le nom « Toguna ».

 

En ce qui concerne, le peuple Dogon, sachez qu’il est parti du Mandé, région située au sud-ouest du Mali au XIVe siècle pour éviter l’islamisation. Le peuple s’installa dans la localité de Kani Bonzon avant de se disperser sur trois sites que sont la Falaise de Bandiagara (site mis en 2003 sur la liste mondiale du patrimoine de l’UNESCO), le plateau (région de Sangha) et la plaine. Le Toguna qui trouve son origine au Mandé, est une construction ouverte érigée en général au centre des villages. Il est d’une hauteur insuffisante pour se tenir en position debout de façon à obliger les participants à s’asseoir. C’est le lieu où les sages du village débattent des problèmes de la communauté. Il joue le rôle de parlement où, siègent les délégués des quartiers. Il joue également le rôle de palais de justice à compétence étendue.

 

Sous le « Toguna », tous les conflits y sont tranchés par les sages. C’est aussi, un lieu de culte, où, il est constamment fait appel à Amman « le Dieu animiste Dogon». Il garde un caractère sacré et mystique et les femmes stériles y accomplissent des rites pour être fertiles. Il joue enfin un rôle de tour contrôle du village contre d’éventuels assaillants. Voici, en quelques lignes les vertus du « Toguna ».


A la rencontre des bâtisseurs de la République : le juge à la probité étendue !

Dans ce billet que je baptise « Ces bâtisseurs inconnus du Mali », j’ai fait un déplacement spécial à Kolokani, localité située à 120 km de Bamako pour recueillir des informations sur un juge de paix dont on m’a parlé comme étant « l’oiseau rare » dans cette profession qui, à tort ou à raison, est décriée. Certains maliens ne disent-ils pas que « la prochaine révolution sera contre les juges ? » Toujours est-il que pour notre part, nous pensons que le magistrat n’est ni meilleur, ni pire que les autres. Mais dans toute profession, il y a toujours des hommes et des femmes d’exception. Notre intention, c’est de montrer ces hommes et femmes qui dans l’anonymat, travaillent inlassablement afin de mériter de la nation.

 
Fousseyni Konaté, magistrat de son Etat, est notre oiseau rare. Dans un pays où la justice est décriée du fait des hommes qui l’animent, trouver un homme doué d’une telle intégrité morale à toute épreuve relevait de l’utopie. Pourtant, nos investigations, nous ont mis sur la route de monsieur Fousseini Konaté, juge de paix à compétence étendue de Kolokani. Ayant appris la probité morale de l’homme, nous nous sommes rendus dans la localité de Kolokani pour en avoir le cœur net. Arrivé dans la capitale du Beledougou, nous avons, sous couvert d’anonymat, interrogé plusieurs justiciables et acteurs de la justice. De nos enquêtes, il ressort que Fousseyni Konaté a été nommé juge de paix à compétence étendue de Kolokani en 2013.

 

 

Dans l’ensemble, les personnes interrogées retiennent du magistrat un homme doté d’une conduite quasi irréprochable. Au tribunal où nous nous sommes rendus, un collaborateur parlant sous couvert de l’anonymat ne tarit pas d’éloges sur la personne du magistrat. Aux dires de notre interlocuteur, Fousseyni Konaté est le 13e juge de paix à compétence étendue de la localité, sous les ordres de qui il a servi. Et sans jeter l’opprobre sur les autres juges, il affirme que Konaté reste celui qui a le plus retenu son attention sur le plan de l’intégrité morale. Toujours selon notre interlocuteur, Fousseyni Konaté reste jusqu’à ce jour, parfaitement intègre tant dans sa vie privée que dans sa vie professionnelle.

 

 

« Il a une très bonne connaissance du droit et est doué d’un sens élevé d’écoute », a ajouté notre interlocuteur. Il ajoute par ailleurs que le magistrat, pendant les audiences, sait se montrer courtois, mais ferme lorsqu’il s’agit de rappeler à l’ordre le public ou quelques individus turbulents. « Le juge à compétence étendue est celui qui joue à la fois le rôle du juge d’instruction, du procureur et du juge au siège. C’est une responsabilité qui doit être confiée aux hommes comme Fousseyni Konaté », martèle notre interlocuteur. Après le tribunal, nous avons poursuivi nos investigations à travers la ville. Le constat est le même : Fousseyni est un juge incorruptible. Même son de cloche au niveau des autorités politiques et administratives de la localité. Un maire interrogé dira qu’en plus de sa probité morale, Fousseyni Konaté est un homme sociable, qui prend part à toutes les cérémonies sociales auxquelles, il est convié. L’élu reconnait qu’avec rigueur, Konaté tranche les affaires, l’autorité de l’Etat est en train d’être restaurée.

 

 

« Si j’avais mon mot à dire au sommet de l’Etat, je demanderais à ce que Fousseyni Konaté reste environ 10 ans pour parachever sa mission, celle du combat contre le laisser-aller », martèle notre interlocuteur. Puis il ajoute : « Ce sont des agents de l’Etat de cette espèce qui méritent les hautes distinctions avant leur mort ». A la question de savoir si trouver un juge comme Konaté au Mali relevait d’une utopie, la vendeuse de galettes installée à l’entrée du marché déclare : « un juge peut être bon, car les hommes ne sont pas tous mauvais ». Nous n’en revenions pas lorsqu’une des victimes de Konaté, s’est présentée à nous pour saluer la sagacité avec laquelle le magistrat tranche. « Bien que je n’étais pas content d’aller en prison, je reconnais que Fousseyni Konaté est incorruptible. Je le dis car, toutes mes tentatives pour échapper à la prison ont été vaines », révèle l’ex-détenu.

 

 

Pour tous ceux qui liront ce billet, sachez que nous ne connaissons pas Fousseyni Konaté et pendant notre enquête, nous ne l’avons pas rencontré non plus, sinon nous aurions livré une photographie de lui. L’objectif de notre démarche ne consiste qu’à magnifier les hommes et femmes qui font honneur à leur profession. Fousseyni Konaté par ses actes, vient donner raison au philosophe italien, Machiavel Nicolas qui disait : « un acte de justice et de douceur a souvent plus de pouvoir sur le cœur des hommes que la violence et la barbarie».


Mali : comment les leaders religieux ont vaincu l’état d’urgence

A la veille des nombreuses fêtes de fin d’année, l’Etat malien a décrété l’état d’urgence. Mais il a vite reculé sous la menace des leaders religieux, conduits par le très populaire Haidara. Le film d’une capitulation.
L’affaire débute le 20 novembre 2015, avec l’attaque de l’hôtel Radisson. Le gouvernement décrète pour dix jours l’état d’urgence. Pour édifier le public sur cette notion, le gouvernement dépêche sur l’ORTM le directeur de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), Fousseyni Samaké. Selon ce spécialiste, l’état d’urgence est un régime juridique qui accroît les pouvoirs de police des autorités civiles. Prévue par la Constitution, la mesure est prise en cas de « péril imminent » pour la sécurité publique, d’ « atteinte grave à l’ordre public » ou de « catastrophe naturelle ». Les conséquences de l’état d’urgence correspondent à une restriction des libertés, comme celles de la presse, de la circulation ou des manifestations. « L’état d’urgence confère aux autorités administratives le pouvoir d’interdire tout rassemblement de personnes. En 1990, il fut décrété dans la 6ème et la 7ème région. En janvier 2013, les autorités de transition l’ont instauré après les attaques contre la ville Konna », explique l’expert.
C’est entendu: l’état d’urgence vise à empêcher les attroupements et les manifestations publics. C’est pourquoi, lorsqu’il est décrété le 20 novembre, suite à l’attaque du Radisson, des inquiétudes planent sur la tenue du « Maouloud », prévue pour fin décembre. Le « Maouloud », comme on le sait, désigne l’anniversaire du Prophète de l’Islam (paix et salut sur lui). Craignant l’annulation de cet événement, qu’il célèbre chaque année avec faste, Chérif Ousmane Madani Haidara, le leader de l’association islamique Ançardine, sort ses muscles. Haidara n’est pas n’importe qui. Orateur hors pair, il est le gourou d’une association qui revendique un million de fidèles. Il aime rappeler que chacun de ses disciples détient une carte d’électeur Nina. Nul n’ignore que, si le Haut Conseil Islamique (HCIM) remplit les stades à chacune de ses manifestations, c’est surtout grâce à la capacité de mobilisation de Haidara. Ce dernier est à la fois admiré et redouté. Dès le jeudi 3 décembre, lors d’un point de presse à son domicile, sis à Banconi, en commune 1 de Bamako, il met en garde contre toute annulation du « Maouloud ». Le Guide des Ançar affirme: « Le Maouloud fait partie de l’Islam. Nul ne pourra nous empêcher de pratiquer notre religion. Pour nous, le Maouloud équivaut à la prière: le gouvernement ne peut pas l’empêcher! ». Le Groupement des Leaders Musulmans, présidé par Haidara lui-même, revient à la charge, quelques jours plus tard. Lors d’une conférence de presse, le Secrétaire général du Groupement, Macki Ba, annonce que la célébration du « Maouloud » aura lieu à la date prévue (sous-entendu: malgré l’état d’urgence). Il assure que les mesures sécuritaires seront prises par les organisateurs pour le bon déroulement de la fête.
La tension monte entre l’Etat et les organisateurs du « Maouloud », lorsqu’à l’approche de l’événement, le gouvernement décrète, le lundi 21 décembre, l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire. Des rumeurs courent sur l’annulation de tous les rassemblements, y compris ceux du « Maouloud ». D’ailleurs, un grand parti comme l’URD annule son congrès. Sentant la tenue du « Maouloud » en péril, les leaders religieux impliqués dans son organisation se réunissent au domicile de Haidara. Ils décident de maintenir la célébration du « Maouloud ». L’information est relayée par plusieurs radios et chaînes de télévision, dont Cherifla télé, une chaîne appartenant à Haidara.
Après quoi, les leaders religieux se succèdent au micro pour dire: « Nous sommes conscients de la situation du pays. Mais avant de décréter l’état d’urgence, le gouvernement aurait dû nous en parler. Nous ne pouvons comprendre que l’état d’urgence soit décrété 48 heures seulement avant le démarrage des festivités du « Maouloud », alors que des dizaines de millions de FCFA ont été injectés dans l’organisation et que des milliers de fidèles sont venus du monde entier. Par conséquent, le « Maouloud » ne sera ni annulé ni reporté! ».
Le gouvernement panique aussitôt. Il sait de quoi sont capables les foules musulmanes qui, en 2011, ont fait avorter la promulgation du Code de la famille, voté sous ATT. Il se soumet donc à la volonté des leaders musulmans de maintenir le « Maouloud ». Pour masquer sa reculade, le gouvernement se lance dans une campagne de presse. Ainsi, Mountaga Tall, ministre de l’Enseignement Supérieur, passe à la télévision nationale pour tenter de convaincre, en français et en bambara, que l’état d’urgence n’empêche pas les rassemblements, et notamment, pas ceux du « Maouloud ». Puis, c’est le jeune ministre de la Sécurité, le colonel-major Salif Traoré, qui monte hâtivement au créneau. Lors d’un point presse animé, le 23 décembre, à son département, il affirme que l’état d’urgence n’est pas décrété pour empêcher le « Maouloud » ou Noël, mais plutôt pour octroyer les moyens aux forces de sécurité d’accomplir leurs missions. « Certains attroupements peuvent être interdits, s’ils sont jugés dangereux par les autorités administratives; de même, certains lieux suspects peuvent être perquisitionnés à tout moment sans l’aval des propriétaires », prévient-il. Les contorsions des deux ministres prennent l’exact contre-pied du cours de droit livré, il y a un mois, par le directeur de l’ENA.

Haidara
Le gouvernement ayant lui-même justifié la tenue du « Maouloud », il ne reste plus aux fidèles musulmans qu’à remplir le stade du 26 Mars, jeudi 24 décembre 2015. Mercredi 30 décembre 2015, au cours de la célébration du baptême du Prophète (paix et salut sur lui), Haidara, prenant la parole devant quelque 80. 000 fidèles, revient sur ce qu’il appelle une « tentative de sabotage du Maouloud ». Et il martèle avec force: « Nul ne peut nous intimider ! Le Maouloud ne cessera d’être célébré au Mali que lorsque les hommes de valeur cesseront d’y vivre. Or, des hommes de valeur, il y en aura toujours au Mali ! » Au lendemain du « Maouloud », il répète aux journalistes: « Le jour où un président de la République tentera d’interdire le Maouloud, Dieu l’évincera immédiatement de son poste ! »


Torture et maltraitance au Mali : une réalité dans les lieux de privation de liberté

Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, a célébré le 8 décembre, la journée des droits de l’homme. Dans le cadre de cette journée, les associations et organisations de défense des droits de l’homme au Mali, ont organisé un symposium qui avait pour thème : « Unissons-nous contre la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants». Au cours de ce symposium, plusieurs beaux discours condamnant la pratique de la torture, ont été livrés.

 

La pratique de la torture dans les lieux de privation de liberté comme les cellules de garde à vue et des maisons d’arrêts, oblige les autorités à mettre fin aux discours pour aller vers des actes concrets. Les cellules de garde à vue des commissariats et des gendarmeries sont des lieux de la torture par excellence. Ces pratiques, selon des enquêtes, font beaucoup de victimes. Les inculpés qui ont le malheur de tomber dans les filets de la gendarmerie ou de la police sont soumis à toutes formes de torture. Les tortures varient en fonction du grade du détenu : les bandits de grands chemins et les délinquants primaires.

 
Lorsque des malfrats sont pris par les limiers, les infortunés pour les obliger à passer très vite aux aveux, subissent des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les plus durs qui tardent à parler sont suspendus à une corde, griffés par des pinces et souvent même électrocuté. Combien de fois des bandits au cours de leur procès en assise se sont plaints d’avoir été victime de torture pendant l’enquête préliminaire. Certains détenus ont même présenté à l’audience les stigmates des tortures subies.

 
Très souvent, les avocats de ces accusés arrivent à obtenir le non lieu ou des peines plus clémentes en plaidant la nullité des aveux, lesquels sont obtenus sous la torture. Quant aux personnes dont l’infraction ne nécessite pas un déferrement devant un procureur, elles subissent aussi des tortures. Ces tortures sont employées sur ces personnes dans le seul but de les pousser à débourser très vite des sous pour recouvrer la liberté. Dans les cellules, les détenus sont obligés d’uriner et de se soulager dans un seau situé dans un coin de la cellule.

 
Ainsi, les détenus suffoqués par l’odeur nauséabonde se voient contraints de mettre la main à la poche pour sortir du calvaire. Plus grave, les détenus dans leur cellule ne sont pas autorisés à se protéger des moustiques. Les plus fragiles craquent très vite et cèdent au chantage des policiers. La torture constitue l’une des violations de droits de l’homme les plus sérieuses et les plus répandues au monde. On voit donc que notre pays ne fait pas exception à cette règle.


Après l’attentat du Radisson: Ce qui a changé en matière de sécurité

L’attentat du RADISSON a marqué les esprits et il nous est venu l’idée de vérifier si la sécurité a été améliorée à Bamako. En ce qui concerne les grands établissements hôteliers, il y a lieu de rappeler que certains d’entre eux sont, depuis 2013, occupés par les forces armées françaises et la force onusienne. Il s’agit notamment de l’Hôtel de l’Amitié, sis à Bozola; du Kimpeski, situé au Quartier du Fleuve et de l’hôtel Nord-Sud, situé au coeur de l’ACI 2000. Dans ces hôtels déjà bien sécurisés, l’attaque du RADISSON est juste venue changer certaines habitudes.

 
En effet, depuis l’attaque du Radisson, les agents de SECURICOM (société privée de gardiennage) déployés en guise de première ligne de surveillance, ne se contentent plus, comme auparavant, d’appliquer le détecteur de métaux aux véhicules des visiteurs: ils procèdent à une fouille plus minutieuse. Au lieu d’un simple bâton, ils sont maintenant équipés de gilets pare- balles et de casques. Outre les agents de SECURICOM, les soldats en faction devant ces hôtels ont vu leurs moyens de riposte renforcés. Devant les hôtels non occupés par les forces onusiennes ou françaises, comme le Grand Hôtel de Bamako, les agents de la société SECURICOM sont, depuis l’attaque du RADISSON, épaulés par l’armée malienne.

 
En arrivant devant le Grand Hôtel, vous serez frappés par le nombre impressionnant de militaires armés et positionnés dans chaque coin. Il nous a été donné de constater la présence discrète de plusieurs soldats dans une salle de l’hôtel. Il est vrai qu’au Grand Hôtel ont emménagé, juste la veille de l’attaque du RADISSON, tous les chefs rebelles de la CMA… A l’hôtel Salam où, depuis plusieurs mois, des policiers montent la garde, la sécurité a été renforcée après le 20 novembre 2015 par des bérets rouges, les fameux commandos parachutistes de Djikoroni.

 

Les autres hôtels – Colonnes, Mandé, Colombus, Plazza ou Olympe – sont livrés à eux-mêmes. Ils ne bénéficient d’aucune protection policière ou militaire et doivent se contenter de louer les services des sociétés privées de gardiennage. Devant ces hôtels, on ne voit aucun changement. D’où cette interrogation: suivant quel critère l’Etat affecte-t-il des forces de l’ordre à un hôtel ? Selon nos informations, l’affectation des forces dépend de l’expression du besoin, du caractère stratégie de l’établissement à protéger, mais aussi et surtout de la contribution de l’établissement à la prise en charge des forces de sécurité à déployer. Car lesdites forces sont considérées comme en mission et, à ce titre, ont droit à des perdiems. On parle de 2000 FCFA par jour et par policier. Sans compter les frais de nourriture, de cigarettes et de thé. Beaucoup d’établissements hôteliers, incapables de supporter ces coûts, préfèrent s’adresser aux agents de garde privés, comptant sur l’effet dissuasif de leur présence.

 
La représentation diplomatique des Etats Unis, sise dans l’ACI 2000, est, depuis sa construction, une vraie forteresse couverte de caméras. Quant à celle de la France, située près du Pont des Martyrs, elle est cerclée d’une montagne de sacs de sable censés amortir d’éventuels tirs. La ruelle qui sépare sa façade orientale de l’Hôtel de l’Amitié a été fermée à la circulation après l’attaque du RADISSON. Auparavant, la ruelle était à sens unique. Le Centre Culturel français, situé à la Place de l’Indépendance, a vu sa façade renforcée de béton avec, devant, un groupe de gardes nationaux maliens.

 
La résidence de l’ambassadeur de France, à Darsalam, est devenue inaccessible depuis le 20 novembre: la rue qui passe devant elle a été fermée à la circulation; des soldats français lourdement armés se relaient au portail de l’édifice, épaulés par des soldats maliens positionnés dans la rue. Le secteur des ambassades à l’Hippodrome, en commune 2 de Bamako, qui abrite notamment les représentations des Pays-Bas et de la Belgique, a été littéralement coupé du monde: les rues d’accès ayant été fermées à la circulation des véhicules depuis l’attentat du 20 novembre, il faut désormais parcourir à pied une longue distance avant de se présenter à l’entrée où l’on montre patte blanche.

 

Depuis 2013, date de lancement de l’opération Serval au Mali, l’école française « Liberté A », sise à Médina Coura et fréquentée en général par les enfants de ressortissants français et étrangers, est intouchable. L’attentat du RADISSON n’a fait que renforcer la vigilance en ces lieux. En revanche, au niveau des établissements du groupe turc « Collège Horizon », fréquentés par des enfants de riches, nous n’avons noté aucune disposition sécuritaire particulière. Même constat au lycée « Castors ».

 
Ne parlons pas des établissements scolaires et universitaires étatiques qui constituent de véritables moulins: on y entre et on en ressort comme au marché. Que font donc les parents d’élèves pour exiger la sécurisation des élèves, surtout quand on sait que les terroristes n’ont pas hésité, courant 2015, à s’attaquer à l’Université Garissa au Kenya, tuant 134 jeunes gens? Si l’Etat a pu déployer des forces au bénéfice des hôtels, faut-il qu’on le supplie pour protéger les enfants ? Ou bien attend-il, comme d’habitude, qu’il se produise un attentat pour réagir?

 
Le gouvernement songe à de plus en plus à sa propre sécurité. La Cité Administrative, où siègent la plupart des ministères, a vu son dispositif sécuritaire amélioré au point que des embouteillages incessants se forment juste après l’entrée; là, les militaires de garde passent systématiquement tous les véhicules entrants au détecteur d’explosifs et fouillent les coffres. Les commissariats de police et les postes de gendarmerie de la capitale ont revu leur dispositif sécuritaire consolidé depuis l’attaque du poste de gendarmerie de Baguineda, à 15 km de Bamako.

 
Devant tous les commissariats, des policiers armés de kalachnikovs sont désormais en faction. Les autres structures de l’Etat ne sont pas cependant logées à la même enseigne. Si quelques-unes – Conseil économique et social, Haut Conseil des Collectivités, Assemblée Nationale – bénéficient de la protection des forces de l’ordre, la plupart des directions nationales sont obligées de se contenter de gardiens privés. Cela n’est pas du meilleur effet pour le prestige étatique ni ne contribue à dissuader d’éventuels assaillants car chacun sait que les agents de sécurité privés ne sont pas armés. Pourquoi ne réduirait-on pas les effectifs de la police au niveau de la circulation routière, où ils ne servent à rien, pour redéployer ces éléments aux lieux où le vrai devoir les appellent?


Pourquoi le Mali est-il la cible des terroristes ?

Le vendredi 20 novembre 2015, à 6heures 30 min, l’Hôtel Radisson Blu, situé au cœur de l’ACI 2000 à Bamako, très fréquenté par les étrangers, fut l’objet d’une attaque terroriste. Selon un bilan donné par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, l’attaque a fait environ une vingtaine de morts et plusieurs blessés. Cette attaque du Radisson Blu vient après celles du restaurant « la Terrasse de Bamako » et d’un autre hôtel dans la ville de Sévaré située au centre du Mali.
Face à la récurrence de ces attaques terroristes sur notre territoire, la majeure partie des maliens veulent comprendre pourquoi le Mali, un Etat musulman, fait l’objet de ses nombreuses attaques terroristes. La réponse semble être toute simple : le Mali à mon humble avis, symbolise l’échec des groupes djihadistes dans leur volonté d’installer un califat africain. On se rappelle que les djihadistes de tout acabit, MUJAO, Ançar Dine, AQMI avaient en 2012 occupé une partie du territoire malien. Fort de leur puissance, les djihadistes ont nourri le rêve, après l’Afghanistan, de bâtir un califat djihadiste au Mali.

 

En janvier 2013, les djihadistes salafistes lancent une offensive sur Ségou et Mopti au sud du Mali. Cette attaque provoque l’entrée en guerre de la France, sur la demande du président de la transition de l’époque Dioncounda Traoré. En quelques jours, les islamistes sont repoussés à Konna et Diabaly, puis Gao et Tombouctou sont reprises. Les forces djihadistes en déroute abandonnent les villes. Cette défaite met fin à la volonté des djihadistes de bâtir un califat au Mali. Dès lors, les terroristes accusent le Mali d’avoir pactisé avec le diable occidental pour tuer des frères musulmans et promettent des représailles.

 

Ainsi, toutes ses attaques sont la preuve que les djihadistes veulent faire payer à notre pays, ce qu’ils considèrent comme une trahison. Malheureusement, mon petit doigt qui me trompe rarement me dit que les attaques vont continuer. Pour prévenir de prochaines attaques, la vigilance reste la seule solution. En outre, il ne faut pas céder à la panique. Pour cela, la vie doit très vite reprendre à Bamako. Pour l’instant, je rends hommage à toutes les victimes de la barbarie.


Attentats de Paris ou le « 11 Septembre français »

Suite à la prise d’otage du site gazier Algérien d’In Amenas», qui s’est terminé en bain de sang, Cherif Ouazani, du journal « Jeune Afrique », écrivait dans l’un de ses articles que l’Algérie venait de vivre son « 11 Septembre ». Avec un bilan de 37 otages et 29 terroristes tués, cette attaque terroriste, aux dire du journaliste à bien des égards, avait des allures de 11 Septembre.

 

Trouvant ce qualificatif à propos, je me suis amusé à qualifier de « 11 septembre Kenya, l’attaque contre l’université de Garissa qui avait fait t 152 tués, dont 142 étudiants, 3 policiers, 3 militaires, et 4 terroristes. Ce pays Africain aussi venait de subir l’attentat le plus meurtrier de son histoire. Cependant, j’avais nourri l’espoir qu’ayant pris conscient de la terreur que propageaient les djihaidstes, les dirigeants du monde prendraient toutes les dispositions pour que plus jamais, il ait un autre 11 septembre.

 
Malheureusement, le vendredi 13 novembre 2015, au moment, où, je suivais la rencontre amicale entre la France et l’Allemagne, j’apprends qu’une vague d’attentats venait de frapper Paris. Entraînant la mort d’au moins 129 personnes, cette vague d’attaques reste la plus meurtrière de l’Histoire de la France. Je me permets d’appeler ce vendredi qui restera à jamais marqué dans la mémoire de tous les défenseurs des valeurs humaines, le « 11 septembre français ». Si, ce vendredi noir peut être considéré comme le « 11 septembre français », je me permets encore d’appeler le Bataclan qui a enregistré 89 morts, le « Ground Zéro ». Ils ont entre 17 et 55 ans, sont français, chiliens, américains… Les victimes du commando djihadiste venaient de tous les horizons.

 
A l’image des américains, je demande aux Français et à la France de ne pas céder à la panique. Pour cela, en plus de la vie qui a très vite repris à Paris, le « Bataclan » doit être très vite remit sur pied pour encore des spectacles plus festifs. Pour que raisonne les chansons à la gloire de la liberté de penser. Quant à nous autres du reste du monde, il reste qu’à nous mobiliser pour que plus jamais, un autre « 11 septembre » ne voie le jour. Pour l’instant, je rends hommage à toutes les victimes de la barbarie et qu’elles sachent que leur mort ne sera pas vaine. Que vos âmes reposent en paix ! Amen.


Enquête : que deviennent les ex-ministres du président IBK

Depuis son accession à la magistrature suprême, le 4 septembre 2013, Ibrahima Boubacar Kéita ne cesse de surprendre. Lui que l’on disait pétri de certitudes ne cesse de changer de politique, mais surtout de ministres. Au point de désorienter ses plus fidèles compagnons qui voient dans cette instabilité un signe d’hésitation et de faiblesse. En deux ans d’exercice du pouvoir, IBK a remanié trois fois (pas moins!) le gouvernement, sans compter un léger et récent réaménagement technique. Ces changements ont, nul besoin de le dire, occasionné des départs et des arrivées de ministres, donc des bienheureux et des malheureux. Au cours des différents changements, certains ministres ont eu la chance de ne pas quitter le navire gouvernemental; en revanche, une bonne quinzaine a été débarquée, parfois de force et sans crier gare. Les partants n’ont pas eu, après leur départ, les mêmes opportunités de réinsertion: quelques-uns ont été recasés par IBK; d’autres, oubliés, se retrouvent au chômage sans pouvoir espérer une allocation-chômage, celle-ci n’existant pas sous nos tropiques. Une troisième catégorie de ministres débarqués ont pu trouver d’eux-mêmes un point chute, les parachutes dorés n’ayant pas encore fait leur apparition dans le ciel malien. Nous nous sommes intéressés aux nouvelles activités des ministres renvoyés du gouvernement.

 

Les « ex » les plus heureux

 
Le sort réservé à certains des partants permet de croire que la raison de leur départ du gouvernement n’était pas une colère d’IBK, mais qu’ils ont dû partir sous la pression des événements ou par choix stratégique du président. Parmi eux, on trouve des recasés de luxe comme l’ex-putschiste, le général Moussa Sinko Coulibaly. Nommé ministre de l’Administration Territoriale dans le gouvernement de transition en 2012, il a conservé ce poste jusqu’à l’élection d’IBK dont il s’est publiquement réjoui. Le nouvel élu le reconduira dans ses fonctions au sein du gouvernement d’Oumar Tatam Ly. N’ayant pas été reconduit dans le gouvernement de Moussa Mara, formé en avril 2014, Coulibaly est bombardé, en mai 2014, Directeur Général de l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin BEYE (EMPABB). Il n’a pas trop à se se plaindre de son nouveau statut puisque la plupart de ses ex-compagnons de putsch croupissent, depuis belle lurette, en prison sans que l’on sache quand ils seront élargis ou jugés.
Ousmane Ag Rhissa, qui ministre de l’Environnement et de l’Assainissement dans le gouvernement Tatam Ly, a été remplacé par Abdoulaye Idrissa Maiga, actuel ministre de l’administration du territoire. Après un an d’attente, donc de diète, Ag Rhissa, ingénieur des sciences appliquées de son état, est nommé, le 4 septembre 2015, ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire. On ne sait pas cependant si ce ressortissant du nord aime les plats ivoiriens, notamment la banane plantin, l’atiéké et le manioc…
Bruno Maïga, ministre de la Culture dans le gouvernement Tatam Ly, viré de son poste sou Mara, a été lui aussi recasé comme diplomate. Après sa nomination, en fin janvier 2015, comme ambassadeur du Mali en Italie, il a officiellement pris ses fonctions le 18 février 2015. La diplomatie, on le voit, devient un parterre de reconversion très prisé par les anciens dignitaires politiques. Pas de quoi réjouir les diplomates de carrière qui épuisent parfois leur carrière sans diriger la moindre ambassade… Le ministre délégué auprès du ministre du Développement rural, chargé de l’Elevage, de la Pêche et de la Sécurité alimentaire, Nango Dembélé, ne se plaint pas d’avoir perdu son portefeuille. En effet, immédiatement après son départ du gouvernement, le président IBK le nomme commissaire à la Sécurité Alimentaire (CSA). Rattaché à la présidence, Nango Dembélé a pour missions de prévenir et gérer les crises alimentaires au Mali. On raconte que dans son nouveau refuge, il y a à boire et à manger… L’ex-ministre en charge de l’Industrie et de la Promotion des Investissements, Moustapha Ben Barka, a perdu son poste lors de la formation du gouvernement Modibo Kéita. Annoncé à la tête d’une des banques publique de la place (BDM, BMS, BNDA), il a finalement a été nommé Secrétaire Général Adjoint de la présidence de la république avec rang de ministre, ce qu’on n’avait jamais vu. Il a remplacé à ce poste Seydou Nourou Kéita, un baron du RPM.

 

Ceux qui se sont débrouillés

 
Ils ne sont pas nombreux, ces anciens ministres qui se trouvé à la force des bras un point de chute. Dans cette catégorie figure l’ancienne ministre de l’Education nationale, Jacqueline Togola: sortie du gouvernement à la surprise générale, l’enseignante à la retraite arrive à gagner les élections législatives partielles organisées en commune 5 de Bamako pour remplacer la défunte députée Oumou Simbo Kéita.
Ousmane Sy, ministre en charge de la Décentralisation, n’a pas mis, après son départ du gouvernement Moussa Mara, de temps à se reconvertir. Il a rejoint le Centre d’Expertises Politiques et Institutionnelles en Afrique (CEPIA) qu’il dirige depuis janvier 2004. Il coordonne aussi l’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique. En plus de ces fonctions, Ousmane Sy est enfin très actif au Centre d’Etudes et de Réflexion du Mali (Cerm), une structure qui entend contribuer à la réhabilitation des activités intellectuelles et à la réflexion sur des sujets majeurs au Mali et sur le continent.
A l’image de Sy, Moussa Mara trouve à s’occuper dans le monde associatif. Mais il a une autre spécialité: il ne cesse de parcourir le pays dans le cadre d’une campagne électorale qui ne dit pas son nom et qui, peut-être, le propulsera à Koulouba à l’horizon 2018. La rapidité avec laquelle Oumar Tatam Ly a, après sa démission de la primature, repris du service atteste qu’il n’avait jamais quitté, en réalité, son ancien poste à la BCEAO. Après sa passation de services avec Moussa Mara, il a été rejoint son domicile à bord d’un véhicule de la BCEAO qui l’attendait à la porte de la primature. Aujourd’hui, Oumar Tatam Ly, outre son poste à la BCEAO, préside le conseil d’administration de la société de transfert monétique Western Union (section Afrique). Il n’y meurt guère de faim, nous dit-on. Mahamadou Camara, ex-ministre de l’Economie Numérique, de l’Information et de la Communication, est, après son départ du gouvernement, revenu à son premier métier: le journalisme. Il édite à Bamako un journal gratuit. Il semble toujours proche d’IBK qu’il accompagne parfois à l’étranger.

 

Les « ex » devenus chômeurs

 

Les ex-ministres qui sont venus grossir les rangs des chômeurs sont les plus nombreux. L’ex-ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maiga, en fait partie. Victime collatérale de la défaite de l’armée à Kidal, le 21 mai 2014, il est devenu, aujourd’hui, un spécialiste des réunions politiques. C’est lui qui représente presque toujours son parti (ASMA) aux rencontres organisées par soit le ministère de l’Administration Territoriale ou la Mouvance Présidentielle. Mais Boubèye a l’habitude de ces situations intermédiaires dont il se sort presque toujours: il aurait d’ailleurs pu craindre pire!
Mme Bouaré Fily Sissoko, la puissante ministre des Finances balayée de son poste par le scandale de l’avion présidentiel et des équipements militaires, se morfond pour l’instant à domicile. Elle a même été auditionnée au pôle économique. Gageons cependant que notre ex-grande argentière ne manque pas déjà de prix de condiments…
Sada Samaké, qui vient, à la faveur d’un remaniement technique du gouvernement, de perdre son poste de la Sécurité Intérieure, ferait bien de prendre son mal en patience. Car contrairement à d’autres, il a des amitiés avec IBK et n’a été renvoyé que pour incompétence notoire. Apparemment, l’assurance qu’il a donnée devant le parlement qu’il n’y aurait pas de putsch tant qu’il serait à son poste n’a pas ému en haut lieu.
Un gros contingent d’ex-ministres tombés dans le chômage ne doit pas être oublié. Parmi eux, Bocar Moussa Diarra, ex-ministre de la Fonction publique; Abdoulaye Koumaré, général putschiste et ex-ministre de l’équipement; Moustapha Dicko, ex-ministre de l’Enseignement Supérieur ; Madani Touré, ex-ministre du Budget; Berthé Aïssata Bengaly, ex-ministre de l’Artisanat… Les compères doivent sans doute garder l’œil rivé au petit écran pour le cas où IBK les rappellerait. Mais avec ses périples à l’étranger et ces communiqués du PARENA qui lui savonnent la planche, pas sûr que le grand chef retrouve vite toute sa mémoire. Mamadou Diarrah, renvoyé, pour ses amitiés avec Tatam Ly, de son juteux poste de la Réconciliation Nationale et de la Reconstruction du Nord a, pour sa part, raté le train: c’est lui qui aurait eu à gérer les 2000 milliards de FCFA de fonds européens dont une bonne part aurait servi à développer le nord!


Cube «Bara Muso»: le fabricant écoule des produits périmés

A côté des bouillons alimentaires traditionnels dénommés « Cube Maggi » et « Cube Jumbo » produits par des firmes étrangères, les ménagères maliennes ont accueilli avec enthousiasme un produit fabriqué au Mali par des Maliens: le bouillon « Bara Muso ». Nos sœurs, épouses et mamans n’ont jamais pensé que le bouillon « Bara Muso » avait quelque chose à envier à ses concurrents. Le succès du bouillon « Bara Muso », qui ne cesse de passer des pubs télévisées, est-il monté à la tête du fabricant.

J’ai constaté, à mon grand étonnement, la présence sur le marché de bouillons « Bara Muso » portant deux dates différentes de péremption. Sur le bouillon de tomate, un autocollant en papier porte la date de fabrication et de péremption. Sur cet autocollant en papier, il est mentionné : « Date de fabrication : août 2014; date de péremption : août 2018 ». Or, sur des bouillons anciennement commercialisés, les dates de fabrication sont inscrites, non pas sur un autocollant, mais sur le sachet lui-même. Pourquoi donc cet autocollant ? Ma curiosité piquée au vif, je décide de décoller l’autocollant pour regarder en dessous. Surprise: là figure la vraie date de péremption du bouillon de tomate: juillet 2014. En clair, l’autocollant, qui ramène la date de péremption à août 2018, cache la vraie date de péremption: juillet 2014, soit 4 ans de rallonge !

Ni une, ni deux: je me suis rendu dans plusieurs marchés de la capitale pour vérifier si d’autres bouillons « Bara Muso » portent des autocollants si grossièrement mensongers. Partout où je suis passé, j’ai mis la main sur des sachets périmés dont la date de péremption est cachée par un autocollant mensonger. Interrogées, plusieurs vendeuses du produit nous diront n’avoir pas fait attention à cette combine.

A la question de savoir si elles ne sont pas à la base de la fraude, les vendeuses me déclarent : « Les bouillons nous sont livrés tels quels par les agents de Bara Muso; nous n’y changeons absolument rien  ! » Tout, porte donc à croire que pour écouler ses bouillons de tomate périmés, la société a confectionné des autocollants bidonnés. Les ménagères utilisant les bouillons étant à 90 % analphabètes, elles ne font pas attention à cette fraude industrielle à grande échelle. Et tant pis si le consommateur final -les foyers maliens – s’intoxique !

Pour avoir la version des faits de la société SAK, fabricant du bouillon, j’ai sollicité et obtenu une audience. Nos interlocuteurs de la direction commerciale reconnaissent d’entrée de jeu que c’est bel et bien la société qui a collé les autocollants portant une nouvelle date de péremption que celle qui figure sur le sachet du bouillon. La raison ? « Notre société commande en Chine les emballages du bouillon portant la date de péremption. Or, un moment, le bateau transportant les emballages s’est égaré pour se retrouver en Érythrée ; les emballages nous ont donc été livrés en retard. Ne voulant pas perdre l’argent injecté dans l’achat des emballages, nous avons jugé bon de les utiliser. En fait, le bouillon lui-même n’est pas périmé; c’est la date des emballages qui est erronée ».
Cet argumentaire ne me convainc guère dans la mesure où la date de péremption concerne le produit et non l’emballage. De surcroît, selon nos informations, la société fabricante, pour utiliser les autocollants portant de nouvelles dates de péremption, avait sollicité l’autorisation de la direction nationale de l’industrie. N’ayant pas reçu l’autorisation demandée, la société a décidé de passer outre.


Contrôle physique des agents de l’Etat: Le gouvernement publie un rapport fictif

 

Le gouvernement du Mali avait organisé, courant octobre, novembre et décembre 2014, un contrôle physique des agents de l’Etat. Cette opération a concerné les fonctionnaires civils et militaires, les contractuels de l’Etat ainsi que les fonctionnaires des collectivités territoriales. Procéder à une purge et détecter les agents fictifs de la fonction publique malienne, qui gonflent la masse salariale et qui ruinent les caisses de l’Etat, étaient, entre autre, les objectifs de ce contrôle physique.

 
Acculé, par la suite, sur le retard pris dans la publication du rapport de contrôle physique, le département en charge de la fonction publique a procédé, le jeudi 29 octobre 2015, à cette publication. Donc, une année après le fameux contrôle physique, le ministère publie une liste de fonctionnaires et agents supposés être fictifs. La sanction accourue est la suspension des salaires, jusqu’à ce que les intéressés se présentent en personne à la fonction publique. Les premières réactions suite à la publication de ce rapport attestent à quel point il est tiré par les cheveux. Un véritable travail d’amateur!

 
En effet, plusieurs fonctionnaires et agents de l’Etat ayant pris part au contrôle physique se retrouvent sur la liste des personnes déclarées fictives et dont le salaire doit être suspendu. Si l’erreur concernait quelques personnes, cela pourrait se comprendre; mais là, plusieurs dizaines de personnes physiquement contrôlées figurent sur la fameuse liste ! « C’est le rapport du gouvernement qui est fictif », se marre une victime.

 

Les observateurs les plus avisés de ce processus de contrôle physique ne sont pas surpris cette bourde de l’Etat. On se rappelle que le contrôle avait été très mal organisé, avec des rangs interminables et des lenteurs incroyables dans le recensement. Tout compte fait, les agents de l’Etat injustement mis sur la liste préparent une descente dans les locaux du département pour manifester leur mécontentement.


Il ne faut pas mourir pour le Mali

Pendant, la guerre d’occupation de mon pays le Mali, nous avons assisté à un phénomène nouveau chez nos soldats : ce phénomène n’était autre que l’interminable « repli tactique». Traités de poltrons, nos soldats fuyards pour justifier leur attitude avançaient très souvent comme argument l’inutilité de mourir pour le Mali du 21e siècle. Pour eux, les autorités actuelles ont perdu toute notion de reconnaissance du mérite.
Ceux qui se sacrifient pour ce pays ne sont plus magnifiés. Je défends cette bien qu’à une époque récente, je ne l’a partageais pas. Ma nouvelle position s’explique tout  par plusieurs constats faits au quotidien. C’est triste pour moi de le dire dans ce billet, mais force est de croire que la reconnaissance du mérite et le devoir de mémoire font défaut sous nos tropiques.

La reconnaissance du mérite pour magnifier les meilleurs d’entre nous et cultiver l’envie d’être meilleur. Quant au devoir de mémoire, il nous oblige à immortaliser ceux qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour notre pays. Hélas, ceux qui meurent pour le pays ne sont plus célébrés. Le sort réservé aux familles des administrateurs froidement égorgés le 17 mai 2014, lors de la visite du premier ministre Moussa Mara, illustre à merveille notre position.

Les parents de ces victimes sont indignés du sort réservé à leurs proches qui ont donné leur vie  pour le Mali. Aucun acte posé jusque-là pour les immortaliser. Que dire des promesses non tenues par les autorités en faveur des épouses et enfants de ceux-ci. Des hommes sont morts dans une circonstance exceptionnelle, les autorités avaient promis aux épouses et enfants une prise en charge pour soulager leur cœur. Plus d’une année après, il n’en est rien. Faites un tour dans certaines de ces familles, vous constaterez le calvaire dans lequel vivent enfants et épouse.

Pourtant, triste est de constater que, les délinquants financiers sont célébrés et même chantés par les griots modernes. Je reconnais qu’une nation forte a pour socle, le sacrifice de ses fils. Mon pays est une nation affaiblie parce que ces fils refusent de se sacrifier. Comment voudriez-vous qu’ils acceptent de mourir pour la nation, lorsqu’on meurt pour rien. Tant que les choses ne changent pas, fuir et fuir sera la devise des Maliens.


Les Maliens n’aiment pas la France, mais aiment ses milliards

Les fameux artistes ivoiriens communément appelés les « DJ » utilisent très souvent dans leur chanson la boutade suivante : « Les gens n’aiment pas les gens, mais les gens aiment l’argent des gens ». Cette boutade pourrait parfaitement illustrer le comportement des Maliens vis-à-vis de la France. Ici, au Mali, en raison de sa gestion de la ville de Kidal, on n’aime pas France, mais à travers une mobilisation populaire nous venons d’accepter ses milliards. Donc, les Maliens n’aiment pas la France, mais aiment son argent.

A l’occasion du retour du président Ibrahim Boubacar Keita de la France, les Maliens sont sortis par milliers pour l’applaudir et dire merci à la France pour les milliards promis par son président François Hollande. On se rappelle qu’après l’occupation des régions nord du Mali par les forces obscurantistes, mes compatriotes et moi avions accueilli avec enthousiasme, la guerre de libération lancée par les forces françaises. Cependant, très vite, nous avions déchanté, lorsqu’à leur arrivée aux portes de Kidal, nos forces armées et de défense ont été empêchées d’y accéder.

Tout le peuple malien pointa un doigt accusateur vers la France, qui quelques semaines avant était fêtée dans toutes les familles. Pour matérialiser cette accusation, les drapeaux français qui flottaient sur les voitures et concessions avaient été incendiés. La France accusée d’être de connivence avec les ennemis de Kidal, est traitée de tous les péchés d’Israël. Certains d’entre nous sont allés jusqu’à décréter le boycott des produits d’origine française. Cette haine vis-à-vis de la puissance coloniale, apparemment, vient de s’estomper avec la visite d’Etat que vient d’effectuer Ibrahim Boubacar Keita.

Qu’allons-nous faire maintenant ?

En effet, au cours de cette visite d’Etat, la France a promis de rester en première ligne dans l’aide au développement du Mali. François Hollande a précisé que l’investissement hexagonal au développement du Mali s’élèverait à 360 millions d’euros (392,15 millions de francs) entre 2015 et 2017. Cette annonce est venue littéralement balayer du cœur des Maliens toute la haine contre la France. Raison pour laquelle, nous, Maliens avions ressorti à nouveau les drapeaux français pour accueillir le président Ibrahim Boubacar Keita.

Sur tout le long du cortège, on entendait des cris du genre « merci la France », « merci IBK », etc. Qu’allons-nous faire maintenant, que nous avons accepté les milliards de la France ? Allons-nous continuer à détester la France et aimer ses milliards ? A Kidal, c’est toujours le statu quo, la raison pour laquelle, on n’aime pas la France prévaut toujours. On n’a pas le choix, la France doit être la bien-aimée ou alors refusons son argent et continuons à la haïr.


Le Mali, terre de justice archaïque

 

Dans la nuit du 5 avril 2014, aux environs de 4 heures du matin, la résidence de l’ancien président Alpha Oumar Konaré fut l’objet d’une attaque par des individus armés. Les présumés assaillants au nombre de 4, ont comparu le vendredi 16 octobre pour répondre des faits à leur reprochés. Si, au terme des débats, la cour a prononcé 2 condamnations et 2 acquittements, ce procès, fut l’occasion pour nous de constater toute l’approximation dans la conduite des enquêtes au Mali.

 
En effet, tout au long des débats, la foule venue assister au procès s’est très vite rendue compte que les accusés reconnus coupables, l’ont été sur la base de simples suspicions. A, aucun moment, la preuve matérielle de la culpabilité des accusés n’a été brandie à la barre par le ministère public. Les seuls arguments avancés par les enquêteurs et soutenus à la barre par le ministère public, selon nous ne devraient pas être reçus par la cour. Sur la base d’un numéro de téléphone retrouvé sur le corps d’un assaillant qui avait été abattu par les agents de sécurité du domicile de l’ancien président, conduit au frère du défunt. Celui-ci est interpellé avec certaines personnes proches du défunt.

 

Tous les interpellés, ont bien évidemment nié les faits. Cependant, ils seront tous placés sous mandat de dépôt, sans preuve irréfutable. Cette affaire et bien d’autres viennent prouver que nos services d’enquêtes sont à des années- lumière des nouvelles techniques d’enquêtes. La loi est claire : le juge d’instruction et les éléments de la police chargée d’élucider les crimes, sont chargés d’apporter les preuves à charge et à décharge. Même, l’aveu ne semble plus être considéré comme une preuve.

 

Le gouvernement d’une part, est en partie responsable de la situation des innocents qui croupissent en prison. Dans un pays, où, des milliards sont détournés par des cadres véreux, quelques milliards pour niveler le niveau des enquêteurs ne doit pas poser problème. D’autre part, les enquêteurs, dans le souci de paraitre performant aux yeux de la hiérarchie ramassent tout ce qui passe par là, au moment du crime. Notre police n’est pas aujourd’hui capable de relever le moindre indice sur le lieu d’un crime susceptible de confondre un accusé.

 

La majeure partie des accusés sont jetés en prison sur la base de suspicions ou de témoignages recueillis après torture. Quant aux juges d’instructions, leur empressement à placer sous mandat de dépôt tout prévenu, atteste de leur mépris du principe qui dit que l’emprisonnement est l’exception et la liberté le principe. Tout le monde semble avoir pris le train du progrès avec ses méthodes modernes, mais le système judicaire malien, quant à lui, est resté à quai.