Guindo Abdoulaye

Personnes portées disparues : que disent la loi et la religion ?

Le drame survenu à Mina le 24 septembre dernier a causé plusieurs morts, blessés et portés disparus. A Bamako selon les autorités le bilan des victimes maliennes s’élève à : 119 morts, 6 blessés et 246 disparus. Si les parents des pèlerins officiellement décédés ont fait leur deuil, ceux des personnes portées disparues sont dans l’inquiétude. Il nous a été donné de constater que dans certaines familles de pèlerins portés disparus, la guerre a commencé au sujet de leurs biens. Nous avons ainsi décidé d’enquêter sur ce que la loi dit sur le porté disparu et de son héritage. Qu’est-ce qu’un porté disparu ? Que dit la loi civile et religieuse de la gestion de ces biens ? Voici autant de questions que nous avons posées à un spécialiste du droit et de la religion.

Le cadre juridique de la disparition

Selon, Aliou Badra Nanacassé, magistrat et conseiller à la cour d’appel de Bamako, la disparition est réglementée au Mali par la loi N° 087 du 30 décembre 2011, à travers le code de la famille et des personnes. De cette loi, aux dires de Nanacassé, 2 notions se dégagent : la notion d’absence et celle de la disparition proprement dite.

La présomption d’absence

En ce qui concerne l’absence, Aliou Badra Nanacassé dit qu’elle est repartie, elle aussi en 2 notions : la présomption d’absence et l’absence proprement dite. Au terme de la loi, il y a présomption d’absence quand un individu cesse de paraître à son domicile connu depuis plus de 3 ans. Cette présomption d’absence doit faire l’objet d’une déclaration au près le tribunal civil du dernier domicile connu du présumé absent par toute personne qui en a intérêt (épouse, enfants, collaborateur, etc.).
Cette déclaration sera ensuite communiquée au procureur qui ouvrira une enquête. Si au bout de l’enquête, le présumé absent reste introuvable, le président du tribunal peut designer un ou plusieurs parents ou alliés, ou, le cas échéant, toutes autres personnes pour gérer tout ou une partie de ses biens, y compris exercer la tutelle sur ces enfants mineurs. Cependant, les personnes désignées peuvent être remplacées par le juge si elles ne gèrent pas convenablement les biens du présumé absent.

L’absence proprement dite

Toujours selon notre interlocuteur, si trois autres années passent sans que le présumé absent ne reparaisse, on parle maintenant d’absence proprement dite. Ici encore, une déclaration d’absence est introduite toujours au près du tribunal du domicile de l’absent. Le parquet à qui la déclaration est transmise ouvre une enquête supplémentaire. Si, cette enquête ne permet pas de retrouver la personne déclarée absente, le président du tribunal rend un jugement déclaratif d’absence. Cette déclaration sera transcrite dans le registre d’état civil, avec le même effet qu’un acte de décès. C’est seulement après ce jugement déclaratif d’absence que la porte est ouverte à la succession : le partage de l’héritage aux ayants droit, la constatation du divorce, etc. Et si la personne déclarée absente réapparaît ? Le magistrat dira qu’elle pourra récupérer ses biens sauf ceux partagés. Quant au divorce, il reste consommé.

Et la disparition ?

Au vu de la loi, le disparu est la personne qui a cessé de paraitre à son domicile suite à des événements de nature à mettre sa vie en danger (tremblement de terre, inondation, bousculade, etc.), alors que même son corps n’a pas été retrouvé. Au sujet de la disparition, Aliou Badra Nanacassé explique que là-bas aussi, la disparition peut être déclarée par requête du procureur de la République ou par toute autre personne intéressée, peut importe le lieu de la disparition. Si le tribunal estime que le décès n’est pas confirmé, il peut demander un complément d’information auprès du pays où l’accident a eu lieu. Ensuite, il est rendu un jugement de déclaration de décès qui est applicable à tous. Cet acte qui est transcrit dans l’état civil a valeur d’acte de décès.
« A partir de cet instant, la succession du disparu est ouverte. L’héritage est partagé en fonction de la coutume des intéressés », a affirmé Aliou Badra Nanacassé. Si le disparu réapparait, le procureur de la République, l’intéressé ou tout individu peut poursuivre l’annulation du jugement. Dans le cas précis de la bousculade de Mina, notre interlocuteur estime que les déclarations de disparition ne pourront être reçues qu’après le bilan définitif des autorités saoudiennes, repris ensuite par celles du Mali.
Pour l’instant, les recherches continuent et tous les pèlerins n’ont encore officiellement quitté le territoire saoudien. Donc, à en croire Aliou Badra Nanacassé, dans le cas précis de la bousculade de Mina, à cette étape, personne ne peut prétendre s’attaquer à l’héritage d’un porté disparu.

Que dit la religion ?

La religion musulmane que nous pratiquons traite aussi la question de la disparition. Selon Bakary Almamy Coulibaly, maitre coranique à M’Péssoba, si une personne est déclarée disparue ou absente, aucune action ne doit être entreprise en ce qui concerne l’héritage avant 4 ans. A en croire notre interlocuteur, c’est après avoir patienté pendant 4 ans que la famille peut procéder au partage de l’héritage du disparu. En ce qui concerne l’épouse du disparu, s’il en a une, elle doit à partir de la 4e année de la disparition de son époux, observer les 4 mois et 10 jours de deuil. Après cette étape de deuil, le divorce est officiellement constaté. Elle bénéficie aussi de sa part d’héritage conformément à la religion. Comme dans le cas de la loi civile, si le disparu réapparait, il ne pourra rien prendre à son épouse remariée. Cependant, il pourra récupérer les biens non partagés.


La Minusma ou le paradoxe malien

Après la libération des régions nord du Mali par la force Serval, l’ONU créa la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Créée le 25 avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies, la Minusma a pris le relais de la Mission internationale, de soutien au Mali sous conduite africaine (Minusma) à partir du 1er juillet 2013.
Depuis son déploiement, la Minusma par ses agissements est l’objet de plusieurs griefs de la part des Maliens. Un malentendu assez profond s’est installé entre la Minusma et les Maliens. Sur la base de ce malentendu, les Maliens demandent à travers des marches de protestation le départ pur et simple de la mission onusienne. Cependant, j’ai relevé dans cette hostilité vis-à-vis de la Minusma un paradoxe, que j’appelle le paradoxe malien.

En effet, la plupart des Maliens qui demandent le départ de la mission le dimanche sont les mêmes qui le lundi déposent des demandes d’emploi dans les services de celle-ci. A côté de cette forte demande d’emplois des chômeurs maliens, les différentes associations de mon pays inondent les bureaux de la Minusma de sollicitation de financement pour leur projet. Que dire des nombreux prestataires de service du Mali qui soumissionnent aux offres de la mission.
Mon grand-père aimait à me dire qu’on ne pouvait pas aimer une chose et son contraire. Malheureusement, l’attitude de nous Maliens pourrait parfaitement illustrer cette assertion de mon grand-père. Vu que l’ensemble du peuple malien souhaite que la Minusma, aide le Mali à reconstruire son Etat et à faire prévaloir son autorité sur toute l’étendue de la République dans le respect de son intégrité territoriale, j’estime que l’idéal serait de faire pression dans ce sens. C’est là, la question fondamentale.


Violations des droits de l’homme au Mali : la justice transitionnelle

Du jeudi 3 au vendredi 4 septembre 2015, les hommes de médias du Mali (journalistes et certains blogueurs ont pris part a un atelier de formation sur le concept de la justice transitionnelle. Organisé par le programme conjoint des Nations unies d’appui à la promotion des droits de l’homme au Mali (PDH), cet atelier avait pour but d’expliquer aux hommes de médias le concept de justice transitionnelle et solliciter leur contribution dans sa mise en œuvre.

Après cet atelier, je me suis engagé à accompagner mon pays dans cette quête de justice. Pour matérialiser mon soutien, une série de billets sera publiée sur mon blog traitant de tout sur la justice transitionnelle. Ce présent billet situe le contexte qui a conduit à la mise en place d’une justice transitionnelle et ce qu’il faudrait entendre par ce concept. Vous n’êtes pas sans savoir qu’au cours de l’année 2012, mon pays le Mali a connu la page la plus noire de son histoire.

Cette page noire a été marquée par les pires violations des droits de l’homme notamment en 2012. Que d’images de viols commis sur les femmes, d’amputations et de lapidations. Que dire de l’image de nos soldats ligotés, puis tués de sang-froid par balle ou égorgés et souvent éventrés. Sans oublier les pillages des écoles, des centres de santé, des sites historiques et de tous les symboles de l’Etat. Face à ces nombreux cas de violations des droits humains, les autorités du Mali étaient devant un dilemme : quel chemin choisir entre la justice et l’impunité ? Bien évidemment elles ont opté pour la voie de la justice.

Cependant dans cette volonté de rendre justice, les plus hautes autorités et acteurs de la société civile ont très vite compris que notre appareil judiciaire n’était pas préparé à faire face à ce besoin de justice. C’est ainsi qu’il a été envisagé la mise en œuvre d’une justice transitionnelle. Justice transitionnelle ! C’est quoi ce machin-là ? C’est l’ensemble des divers processus et mécanismes mis en œuvre par une société pour tenter de faire face à des violations des droits de l’homme commises en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et de permettre la réconciliation. Selon, Maurice Kamto : « Elle est une justice de passage vers autre chose, vers un ailleurs stabilisé où l’on retrouve la normalité de la justice traditionnelle dans ses logiques institutionnelles ».

Cette justice est dite transitionnelle parce qu’elle s’inscrit dans un contexte de transition; par exemple, d’une dictature à un système démocratique, d’un Etat de conflit à un Etat de paix, comme le cas de mon pays. La justice transitionnelle repose sur 4 piliers fondamentaux qui sont : le droit de savoir, le droit à la justice, à la réparation et le droit aux garanties de non-répétition. Ce premier billet sur la justice transitionnelle s’arrête ici, avec la promesse que le prochain tentera d’expliquer le type de justice transitionnelle qui conviendrait à mon pays le Mali. En effet, la justice transitionnelle n’a pas de modèles parfaits et ses mécanismes peuvent prendre des formes multiples qui varient en fonction du contexte.


Journée mondiale du blog au Mali : « Doniblog » continue la promotion

Le lundi 31 août 2015,le monde entier a célébré la journée internationale du Blog. Au Mali, nous blogueurs, surtout les  membres de l’association « Doniblog » l’avons fêtée. Si dans certains pays cette célébration a été festive, moi et mes amis l’avons célébrée autrement. Vu que le phénomène du blogging est méconnu sous nos tropiques, l’association a mis à profit cette journée pour faire connaître le blogging à nos concitoyens. Quel pouvait être le créneau idéal pour toucher le plus grand nombre de Maliens ?

Après moult réflexions, je suis arrivé à la conclusion avec mes collègues que les radios libres sont écoutées par 70 % des habitants. Ainsi, pour cette journée, on a décidé de passer par ce canal pour expliquer ce qu’était un blog, un blogueur, etc. Nous avons sollicité et obtenu un temps de parole sur les ondes de 2 radios : la radio nationale « Chaîne 2 » et la radio de la Mission des Nations unies au Mali, la radio « Mikado ».

Sur ces 2 radios, j’ai eu le privilège d’expliquer aux auditeurs ce qu’il fallait entendre par le concept « blog ». Il a aussi été question de la différence entre un blogueur et un journaliste, sans oublier les avantages et les risques qui sous-tendent cette activité. Le journaliste de la radio « Mikado » en homme averti n’a pas manqué de constater que le blogging n’était pas connu des Maliens. Belle occasion pour moi d’exposer les grandes lignes de notre projet intitulé « Impact Mali ».

Ce projet, en effet, consiste à sensibiliser constamment les jeunes du Mali sur l’importance du blog et des réseaux sociaux. En outre, ce projet reste une opportunité que notre association offre à tous les acteurs du Web de se rencontrer et d’échanger sur l’avenir des médias au Mali. Mon interlocuteur s’étonne : « Dans un paysage déjà saturé par les médias traditionnels qui sont la télé et la radio, pourquoi une telle obstination à faire la promotion de ce nouvel instrument de communication ?

Réponse : en plus d’être un élément de contrainte, les blogs peuvent et doivent servir d’outils pour le développement de nos sociétés. Les concepts « Mousser contre Ebola » et « Marre des chauffards », lancés par les blogueurs en Côte d’Ivoire, demeurent des exemples. « Avec, le blog, nous pouvons changer le monde », phrase que j’ai ajoutée en substance. Amener les Maliens à être des accrocs des réseaux sociaux, par ricochet le blogging, reste un rêve à « Doniblog». Ce rêve, nous le croyons réalisable, car certains l’ont réalisé sur d’autres cieux, pourquoi pas nous.


Pour que les océans et les mers ne soient pas des cimetières

Pour faire fortune et surtout fuir les difficultés qu’ils rencontrent dans leur pays, plusieurs milliers de jeunes Africains, notamment de mon pays le Mali, prennent la route de l’exode. La difficulté à obtenir un visa pour accéder aux pays européens et la création de l’espace Schengen ont fait de l’émigration clandestine la seule issue pour ces jeunes. Cette forme d’immigration est cependant meurtrière.

En effet, entassés dans des barques de fortune, ces immigrés meurent par milliers.Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2 000 migrants sont morts ou disparus en Méditerranée depuis janvier et l’organisation indique qu’à ce rythme ce chiffre pourrait atteindre 30 000. Que faire que l’Atlantique ne soit plus un cimetière pour nos migrants ?

Malgré ces drames, j’estime que nos jeunes qui partent tenter leur chance en Europe doivent continuer de le faire. Loin de moi la volonté d’encourager l’immigration clandestine. Les quelque 4 millions de Maliens qui vivent à travers le monde transfèrent chaque année, selon, la Banque africaine de développent la somme de 456 millions d’euros. Je suis moi même fils d’immigré. Donc, je ne peux qu’encourager l’immigration, mais la régulière.

L’immigration, étant un phénomène culturel dans mon pays, il serait préférable qu’elle soit organisée. Cette organisation passe d’abord par plus de sensibilisation sur les risques de l’immigration clandestine. Je propose qu’il soit démontré aux candidats à l’immigration que l’Europe d’aujourd’hui n’est pas celle des années de prospérité où ce continent avait besoin d’une main-d’œuvre bon marché.

En outre, il faudrait créer des bureaux de recensement des candidats à l’immigration. Ces bureaux en collaboration avec les pays d’accueil pourraient faire partir ceux dont les profils correspondent aux offres d’emplois disponibles. L’essentiel est toutefois la lutte contre la pauvreté, seul remède efficace contre le drame de l’immigration.

 


Mali : 3 millions de personnes en insécurité alimentaire

En janvier 2012, les forces obscurantistes (Mujao, Ansar Dine, Aqmi) et leurs alliés: les groupes armés indépendantistes (MNLA, HCUA, MAA, etc.) envahissaient le Mali, mon pays. Depuis, la situation humanitaire ne fait que s’aggraver.

Sous le feu des armes et la terreur des djihadistes, les populations des régions occupées n’avaient qu’une seule option : fuir. Ainsi, 90 218 personnes se sont déplacées à l’intérieur du pays et 136 821 sont réfugiées dans les pays voisins. Toutes ces personnes et celles restées sont en situation d’insécurité alimentaire. La dégradation de la situation sécuritaire après la signature de l’accord est venue augmenter les besoins humanitaires.

La dégradation de la situation sécuritaire a entraîné la fermeture de plus de 450 écoles et mis plus de 2 700 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire. Pour secourir toutes ces personnes, les organisations humanitaires au Mali ont lancé un appel de 377 millions de dollars. Sur les 377 millions de dollars, seulement 33 % a été mobilisé soit 125 millions de dollars.

Selon, Toby Lanzer, le coordinateur humanitaire pour le Sahel, ce faible taux de mobilisation s’explique par le fait qu’il y a plusieurs crises à travers le monde qui génèrent des besoins humanitaires auxquels, il faut aussi faire face. Tout compte fait, ce faible taux à des conséquences, car la malnutrition aigüe menace 715 000 enfants à travers le pays. Dans la région de Tombouctou, cette malnutrition dépasse le seuil d’urgence. Ce constat a été fait par Toby Lanzer.

S’exprimant sur le cas de Kidal, le conférencier annonce, en collaboration avec les autorités maliennes l’ouverture des classes en octobre prochain. Pour y arriver, le coordinateur régional propose que tous les acteurs (l’Etat du Mali, les groupés armés signataires, les enseignants et parents d’élèves) soient sensibilisés afin qu’ils ne fuient pas leurs responsabilités. Pour lui, toute une génération est en voie d’être perdue. Aujourd’hui plus que jamais, pour sauver des vies, il faut que les organisations humanitaires aient les ressources nécessaires. Enfant malnutri


Le groupe Doniblog lance le projet « Impact Mali »

Contribuer à la bonne gouvernance via des solutions innovantes, inciter l’innovation chez les jeunes, favoriser l’émergence de nouvelles idées, aider les jeunes à embrasser l’entreprenariat privé ce sont les principales motivations qui ont poussé des bloggeurs maliens à se réunir au sein de Donilblog ».

A l’issue d’une assemblée générale constitutive, ma modeste personne a été portée à la tète du regroupement. « Doniblog » composé du mot bambara « doni » qui veut savoir et « blog ». Par ce nom nous comptons faire de nos différents blogs des lieux d’échanges d’expériences et de connaissances. Nous avons procédé ce samedi 25 juillet 2015, à l’hôtel Salam, au lancement officiel de notre projet intitulé « Impact Mali ».

La cérémonie était présidée par Moustapha Diawara, chargé de mission au ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication en présence de Sokon Sabara, directrice de la communication et du marketing du groupe Azalai et de votre fidèle serviteur. Sokon Sabara, dans son allocution dira que le groupe Azalai, au-delà de l’aspect économie, a un volet formation. D’où, la décision du groupe Azalai à soutenir le projet « Impact Mali » de l’association « Doniblog ».

Lors de cette rencontre, j’ai souligné que le blogging est méconnu des Maliens, raison pour laquelle nous nous fixons l’objectif de faire la promotion du blogging dans un cadre moderne. Notre stratégie vise à sensibiliser les jeunes sur l’importance du blog et des réseaux sociaux à travers leur meilleure utilisation.

Pourquoi le projet « Impact Mali ». Ce projet se veut être un rendez-vous mensuel pour les amoureux des TIC, entrepreneurs, innovateurs et passionnés de culture, mais aussi des personnes en quête de motivation et d’inspiration. L’activité est organisée par Doniblog en partenariat avec le groupe Azalaï hôtel qui a accepté de croire en nos objectifs. Dans ce projet, nous avons l’accompagnement du ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication du Mali.

La cérémonie a été agrémentée par la prestation de nos amis slamuers. Nous nous donnons rendez-vous le 28 août prochain pour l’acte 2 du projet. Vive le blogging


Engrais frelatés la vérité sur un scandale à 60 milliards

Le Mali, qui est un pays à fort potentiel agricole, voit sa prochaine saison agricole menacée du fait de cette fameuse affaire d’engrais frelatés. Depuis quelques mois, des engrais frelatés ont été livrés aux agriculteurs par un fournisseur sans scrupule. Nous avons mené notre enquête pour en avoir le cœur net.

Rappel des faits

Depuis plusieurs années, le gouvernement du Mali accorde 14, 48 % du budget national au secteur de l’agriculture et injecte 60 à 70 milliards de F CFA dans la subvention des intrants. A côté des traditionnels fournisseurs d’engrais, qui ont toujours bien fait leur boulot, de nouveaux fournisseurs sont entrés par effraction dans le secteur. Ils ont fait entrer sur le territoire national des engrais de mauvaise qualité. Ces engrais avaient été, dans un premier temps, commandés par le Burkina Faso auprès d’une société de droit malien.
Lorsque le navire qui transporte les engrais accoste au port d’Abidjan, une odeur nauséabonde s’en dégage. Paniquées, les autorités ivoiriennes croient à l’arrivée d’un nouveau bateau pollueur du genre Probo Koala, qui avait déversé, en septembre 2006, des déchets toxiques dans la capitale ivoirienne, faisant plusieurs morts. Une délégation ministérielle ivoirienne se rend immédiatement au port d’Abidjan pour en savoir davantage sur le bateau suspect. Elle constate que les odeurs proviennent d’un bateau chargé d’engrais. Un échantillon d’engrais est vite analysé. Les résultats sont sans appel : les engrais sont frelatés. Il ressort des analyses qu’ils sont à base d’une roche phosphatée non réglementaire. Le taux de calcium est trop élevé (15-35ppm). Quant au taux de plomb, il est également élevé (10-20ppm). Pour ce qui est du taux de chrome, l’on note 120-160ppm, largement au-delà des standards. Ces données attestent que les produits sont non seulement mauvais, mais en outre hautement dangereux.
Le ministre ivoirien de l’Agriculture en informe, par correspondance, son homologue du Burkina Faso. Celui-ci annule la commande au moment où, plusieurs camions de 60 tonnes, chargés des dangereux intrants agricoles, quittent le Port Autonome d’Abidjan en direction du Burkina. Les camions, une fois à la frontière burkinabè, font demi-tour pour se diriger vers la frontière malienne. Le ministre ivoirien avait informé son homologue malien, Bocary Téréta, de la possibilité que les engrais soient introduits au Mali. En vain.

Les réactions

Le 25 mai, lors du Conseil supérieur de l’Agriculture, le premier à réagir à l’affaire d’engrais est le président Ibrahim Boubacar Keïta lui-même. L’hôte de Koulouba se déclare très vigilant et promet de suivre tout le processus de livraison des intrants aux paysans maliens. Il promet des poursuites contre toute personne qui livrerait des engrais frelatés. Ce discours ressemble, hélas !, à celui du médecin après la mort, car à la date du 25 mai, les engrais frelatés sont au Mali et sont même livrés à certains paysans.
Le premier ministre Modibo Keïta, lors de sa déclaration de politique générale devant les députés le 11 juin 2015, est interpellé sur la question. Il reconnaît qu’une importante quantité d’engrais frelatés a été importée. Selon lui, l’affaire est d’intérêt national et mérite une attention particulière. Il promet que les coupables seront punis : « Il n’y aura aucune impunité ! » Il annonce l’ouverture d’une enquête pour démasquer les réseaux mafieux impliqués dans le trafic.
Interpellé par le député Bakary Koné, élu à Koutiala, le ministre du Développement rural, Bocary Téréta, se défend tant bien que mal. Il dira avoir été informé de la présence des engrais par la Direction nationale de l’agriculture à travers un rapport relatif aux analyses chimiques d’échantillons réalisées par le laboratoire  » Sol-Eau-Plante  » de Sotuba en mars 2015 et des laboratoires internationaux saisis par ses soins.Le ministre reconnaît que sur 163 échantillons d’engrais prélevés en zones CMDT/OHVN, il a été révélé que 3 404 tonnes, soit 37 % des échantillons, sont hors norme.  » Un engrais hors norme ne répond pas aux critères de qualité requis. Il n’est pas d’assez bonne qualité pour corriger les carences des sols en vue d’assurer une nutrition équilibrée des cultures. Cependant, toute formule d’engrais chimique est mise au point en fonction de la composition agro-chimique des sols et des besoins des plantes. De ce fait, un engrais  » peut être de mauvaise qualité pour un type de sol, mais bon pour un autre type, précise Téréta. La déficience en éléments nutritifs par rapport aux normes fixées par les textes ne veut pas dire que les engrais sont périmés ou frelatés, comme on le dit dans certains médias de la place ou dans certains relais de groupes d’intérêt ou de pression. Ils ne sont pas non plus toxiques comme certains ont eu à le dire « . Cependant, Téréta reconnaît que la qualité de ces engrais peut influer négativement sur l’atteinte des objectifs de production du fait que les plantes ne bénéficieront pas des quantités d’éléments nutritifs nécessaires pour développer tout leur potentiel. Téréta confirme nos informations sur la lettre d’avertissement du ministre ivoirien sur la possibilité d’entrée des engrais de mauvaise qualité au Mali : « J’ai tenu, par souci de transparence, à organiser une rencontre avec tous les acteurs concernés pour leur restituer les résultats et les tenir informés de la teneur de la lettre de mon homologue de Côte d’Ivoire, qui attirait mon attention sur l’importation et la commercialisation en Côte d’Ivoire et dans la sous-région d’engrais non conformes. Cette lettre nous demandait aussi de prendre des dispositions pour protéger les producteurs qui sont les utilisateurs finaux de ces engrais « .

La seule autorité malienne à nier la présence d’engrais frelatés au Mali reste le PDG de la CMDT, Kalifa Sanogo. En deux sorties médiatiques, le PDG dira haut et fort qu’il n’existe pas d’engrais frelatés au Mali. Pour lui, les engrais fournis sont plutôt  » hors norme  » en raison du déséquilibre de certaines composantes :  » Le terme  » frelaté ne s’applique qu’aux liquides: il y a de l’huile frelatée, de l’alcool frelaté, mais le mot ne s’applique pas aux corps solides « . Aux dires du docte PDG, l’enjeu est ailleurs : le Mali doit parvenir à fabriquer ses propres produits pour ses paysans. Depuis la restructuration de la CMDT, celle-ci est, selon son patron, mise à l’écart dans le processus d’achat et de distribution des intrants. Ce volet est confié à la Coopérative des producteurs de coton présidée par Bakary Togola. Pour la campagne 2015-2016, la Coopérative a commandé 224 000 tonnes d’engrais réparties comme suit : Afrique-Auto (4000 t), Agro Tropic (400 t), Ciwara (1500 t), OPA (11 000 t), GDCM (17 325 t), Mamadou Simpara (2 396 t), Partenaire Agricole (4 000 t), SAD (1 500 t), Sangoye (1060 t), Satracom (600 t), SMIAS (500 t), Sogefert (5 569 t), SOMADECO (21 000 t), Sapam (500 t), Souad distribution (2 340 t) et Toguna Agro-industries (25 310 t). Seules 50 000 tonnes ont été livrées.  » Les échantillons prélevés l’ont été sur les 50 000 tonnes. Les engrais de mauvaise qualité étaient de 3404 tonnes, soit moins de 2 % du total analysé « , révèle le PDG.

Le PARENA accuse IBK

Le PARENA, parti dirigé par Tièbilé Dramé, se saisit du dossier en menant sa propre enquête. De cette enquête, il ressort que l’affaire est plus grave que tous les autres scandales que le Mali a connus. Selon le PARENA, le marché de l’engrais et des pesticides est la poule aux œufs d’or de certains dirigeants au Mali. Bon an, mal an, il leur rapporte des dizaines de milliards de FCFA. Pour la campagne agricole 2015-2016, le magot atteint plus de 60 milliards pour les engrais et 20 milliards pour les pesticides. Le rapport accuse :  » Les protagonistes du scandale en cours sont les deux fournisseurs: le président du syndicat des producteurs de coton, le GIE qu’il préside, le ministre du Développement rural et le président de la République. Les victimes sont : le paysan, le contribuable, le consommateur et l’Etat maliens « . Le Parena d’ajouter que Toguna, créée en 2008, s’est imposée très vite comme un opérateur majeur du marché des engrais. « Adjudicataire, à l’issue du dépouillement du 4 octobre 2014, de 136 000 tonnes sur les 247 000 tonnes (mises en compétition), Toguna a saisi officiellement le gouvernement, en novembre 2014, de la qualité douteuse des engrais fournis par la société Somadeco, le principal fournisseur. Après plusieurs semaines d’atermoiements, les autorités ont fini par ordonner des analyses en laboratoire. Pour vérifier la qualité des engrais livrés, des échantillons ont été prélevés chez tous les fournisseurs sur un total de 9 000 tonnes livrées. Les résultats provisoires, communiqués, le 8 avril, par la Direction nationale de l’Agriculture, ont démontré que 37 % des 9 000 tonnes ne correspondent pas aux normes de la Cédéao, car déficitaires en phosphate, azote, potasse et autres éléments nutritifs… ». Le PARENA estime que rien ne permet de penser que le président de la République n’était pas au courant de cette ténébreuse affaire connue de plusieurs ministres et du premier ministre depuis le début. Le président IBK, selon le parti, a reçu, le 2 mars 2015 au Palais de Koulouba, le Collectif des producteurs de coton pour la défense de la bonne gouvernance qui l’a longuement entretenu des fonctionnements de l’Union des coopératives, de la fin du mandat de Bakary Togola depuis 2013, de la violation des textes régissant les sociétés coopératives et de la mauvaise gouvernance des organisations paysannes. Le président IBK a promis aux cotonniers rencontrés qu’il allait s’occuper de l’affaire… Plusieurs mois auparavant, le 4 octobre 2014, IBK avait, selon le PARENA, reçu à Sébénicoro Bakary Togola venu lui soumettre les résultats de l’attribution des marchés d’engrais. Après s’être rassuré que les heureux bénéficiaires des contrats de milliards sont des opérateurs économiques amis, le chef de l’Etat a, toujours selon le parti du  » bélier blanc « , validé les résultats du dépouillement fait par l’équipe de Bakary Togola. Ces mêmes résultats avaient été préalablement approuvés par le ministre du Développement rural, Téréta. Aux anges, Bakary Togola quitta la résidence de Sébénicoro, escorté par deux motards de la sécurité présidentielle qui l’ont conduit à son bureau. Au regard de ces faits, le PARENA exige la démission de ministre du Développement rural, Bocary Tréta, celle de Bakary Togola, ainsi que la dissolution du GIE que ce dernier dirige. Les accusations du PARENA ne doivent, peut-être pas être prises pour argent comptant puisque le parti est encarté à l’opposition; cependant, il convient que le chef de l’Etat réagisse pour mieux édifier les Maliens.

Les procureurs se prononcent

Dans un communiqué rendu public le 22 juin, l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) s’est dit suivre avec attention l’affaire des engrais. L’AMPP exige des poursuites judiciaires contre les auteurs de ce trafic et marque sa défiance envers toute enquête parlementaire.


IBK ou la politique du balai : Les institutions malades de l’instabilité

balayeur-de-rue-Le principal trait de caractère des institutions sous IBK est l’instabilité en raison des changements incessants de cadres et de ministres. Et la chose n’a rien de bon…

 

 

Elu à 77% des voix par les Maliens dans l’espoir qu’il sortirait le Mali du gouffre, le président Ibrahim Boubacar Kéita semble tergiverser tant dans sa politique que dans le choix de ses hommes. La relance économique et la sécurité restent encore des mirages pour les Maliens. Un facteur n’est peut-être pas étranger à cette situation: l’instabilité ministérielle et administrative. En effet, pour faire face aux nombreux défis qui leur sont posés, les cadres nommés doivent pouvoir bénéficier du temps nécessaire à l’étude des dossiers, à la construction d’une stratégie de travail, à la prise des décisions et au suivi de leur exécution. Or, l’administration publique, sous IBK, se caractérise par une instabilité chronique qui nuit gravement à la qualité de la gouvernance et plonge les fonctionnaires dans la psychose : ne sachant pas de quoi demain sera fait, ils perdent tout esprit d’initiative et se préoccupent du minimum vital: sauvegarder leur pain quotidien.

 

 

 

De septembre 2013 à nos jours, le Mali a connu trois Premiers Ministres (Oumar Tatam Ly, Moussa Mara et Modibo Kéita). Chacun de ces Premiers Ministres vient avec de nouveaux ministres qui sont limogés ou changent de portefeuille avant même d’entamer les tâches qui leur sont confiées. Ces changements incessants produisent leur pire effet quand ils frappent des départements sensibles comme l’Education, les Finances, l’Administration Territoriale, la Justice et la Défense. Ainsi, en moins de deux ans, le ministère de la Défense a connu trois titulaires différents (Soumeylou Boubèye Maiga, Ba Ndaw et Tiéman Hubert Coulibaly); le département de l’Education a connu, pour sa part, deux ministres (Jacqueline Togola et Berthélémy Togo); celui des Finances en a aussi connu deux (Madame Bouaré Fily Sissoko et Mamadou Igor Diarra); celui de la Justice en a connu également deux (les homonymes Mohamed Ali Bathily et Mohamed Diarra). Chacun de ces ministres institue ses propres priorités, ses propres méthodes, ses propres hommes et, bien sûr, ses propres hommes. Avec les dégâts que l’on imagine sur la continuité de l’action étatique et la sérénité des interlocuteurs de l’Etat…

 

 
Chargé d’organiser les élections et devant, à ce titre, bénéficier d’une ferme stabilité, le ministère de l’Administration Territoriale est devenue, depuis 2013, une véritable girouette qui ne cesse de changer de tête et de direction. Le département est revenu tout d’abord au général Moussa Sinko Coulibaly, l’organisateur des élections victorieuses de 2013. A la démission du gouvernement d’Oumar Tatam Ly, le général Sada Samaké, un proche d’IBK, est nommé à la tête du département, renommé à l’occasion « Ministère de l’Intérieur »; Sada a alors sous sa tutelle un ministre délégué chargé de la Décentralisation: Malik Alhousseyni. Un trimestre plus tard, nouveau changement: Sada reste ministre de l’Intérieur mais son ministre délégué chargé de la Décentralisation tombe au profit d’un nouveau-venu: Ousmane Sy. Devenu Premier Ministre, Modibo Kéita transforme le ministère de l’Intérieur en un super-ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation qu’il confie à Idrissa Maiga, l’ex-directeur de campagne d’IBK; au passage, Sada doit se contenter du département de la Sécurité et Ousmane Sy est remercié, son poste ayant été rattaché au département-mère.

 

 
Dans ce violent tourbillon qui souffle à la Défense et à l’Administration Territoriale, tout va sens dessus-dessous. Préfets, sous-préfets et chefs militaires ne savent plus à quel saint se vouer. Ils vivent dans la hantise permanente de changer de poste ou de devoir mettre en œuvre le contraire de ce que le ministre précédent leur avait demandé. Sans compter les dommages collatéraux qui peuvent découler pour eux du limogeage de tel ou tel ministre qu’ils avaient cru indéboulonnable en raison de sa proximité avec le chef de l’Etat. En matière d’instabilité, le ministère de la Communication est, avec ceux de la Défense et de l’Administration, champion toutes catégories. Trois ministres s’y sont succédé en moins de deux ans: Jean Marie Sangaré, Mahamadou Camara et Choguel Maiga, l’actuel titulaire. Si Choguel s’est vu attribuer la qualité de porte-parole du gouvernement, ses deux prédécesseurs étaient chargés de communiquer mais pas de porter la parole gouvernementale, ce privilège revenant à l’époque à Mahamane Baby, ministre de l’Emploi.

 

 

Puisque le gouvernement ne cesse de se refaire et de se défaire, les cabinets et les services techniques rattachés aux ministères suivent le même mouvement. Il ne se passe pas de jour sans qu’on assiste à de nouvelles nominations en conseil des ministres. Chaque conseil des ministres ressemble à une razzia. Fait notable, les ministres changent leur cabinet, non au compte-gouttes, mais intégralement. Les deux derniers conseils des ministres du gouvernement Modibo Kéita illustrent parfaitement ce constat.

Lors du conseil des ministres du 28 janvier 2015, le ministre des Finances, Mamadou Igor Diarra, a fait sortir un grand balai en changeant le chef de cabinet et quatre conseillers techniques et chargés de mission. Dans la foulée, il a remplacé les directeurs du Trésor, du Budget et des Douanes, ainsi que le Payeur Général du Trésor, le Receveur Général du district et l’Agent Comptable Central du Trésor. Au conseil des ministres du 4 févier, Dramane Dembélé, ministre de l’Habitat, a lui aussi changé tout son cabinet, de même que certains directeurs de services. A l’instar de Dembélé, le ministre de l’Administration Territoriale a changé une dizaine de préfets et de conseillers des gouverneurs. D’où cette interrogation: l’instabilité sert-elle de politique à IBK ? Traduit-elle l’inefficacité des ministres, l’absence de programme du président ou la volonté de celui-ci de contraindre les ministres et les hauts cadres dans une obéissance aveugle ?


Pour prévenir de nouvelles attaques : que fait l’Etat Malien ?

Dans la nuit du vendredi 6 mars 2015, un attentat terroriste a été perpétré en plein cœur de la capitale. Depuis, les autorités politiques et sécuritaires multiplient les appels au calme, promettant de mettre tout en œuvre pour retrouver les responsables de l’attentat. Pourtant, rien n’est en train d’être fait pour prévenir de nouvelles attaques jihadistes. Nous nous sommes ainsi amusés à faire un tour à la Cité Administrative, siège de la plupart des ministères.
Au portail de la Cité pointent une quinzaine de gendarmes censés garder 25 ministères. Cela veut dire qu’en cas d’attaque armée, chaque ministre ne bénéficiera pas de la protection d’un gendarme, chose anormal dans un pays en guerre. De plus, l’armement des forces de sécurité déployées à la Cité Administrative n’est nullement impressionnant car ion n’y voitr ni armes lourdes, ni blindés, ni semi-blindés. Et au lieu de se tenir en position débout, prêt au combat, les agents prennent le thé en dévisant comme au village, sous l’arbre à palabres. Pour ne rien arranger, les visiteurs de la Cité Administrative sont soumis à la même méthode de contrôle qu’avant l’attaque jihadiste du 6 mars 2015, ce qui signifie que l’on n’a tiré aucune leçon de ladite attaque.
Le reste de la capitale connaît le même laisser-aller sécuritaire. Avant l’attaque jihadiste, il n’y avait aucun risque de tomber sur une patrouille policière dans certains endroits névralgiques de Bamako; c’est toujours le cas. Mademoiselle Fanta Maiga ne nous dira pas le contraire, elle qui a renoncé, le 8 mars, à dîner au restaurant « Le Relax » après s’être aperçue que ledit restaurant, toujours rempli d’Occidentaux, ne bénéficiait d’aucune présence policière après l’attaque jihadiste du 6 mars, commise juste à deux doigts de là. C’est à se demander à quoi servent la police et la gendarmerie !
Occupés à tondre les usagers de la route, notamment les véhicules de transport en commun, les policiers postés aux ronds-points n’accordent aucun intérêt à l’application de la loi. On voit ainsi à longueur de journée des véhicules surchargés s’écraser dans les caniveaux, des files de fêtards encombrer les voies, des camions en panne sèche sur les ponts. Même en cas d’accident, les protagonistes, aux fins de constat officiel, doivent aller louer à prix d’or les services des policiers postés tout près de là et qui font mine de ne rien voir. Le convoi du Premier Ministre n’a-t-il pas ainsi été heurté par une benne ?

Les agents de police portent presque tous, en dessous de leur uniforme, des vêtements civils qu’ils se sont habitués à arborer quand un événement subit met la sécurité publique en danger. On l’a vu lors du putsch du 22 mars 2012 et lors des affrontements entre militaires « bérets rouges » et « bérets verts »: Les policiers, loin de protéger la population, se sont fondus dans la foule de civils grâce à leur habit de rechange.

Pis, Bamako déborde de véhicules non immatriculés ou à vitres teintées qui circulent librement. Ces voitures non indentifiables peuvent être utilisées par des jihadistes pour perpétrer des attentats. Les assaillants de « La Terrasse », le 6 mars, ne sont-ils pas venus à bord d’un véhicule à vitres teintées ? La promesse du gouvernement d’interdire ces véhicules semble sans lendemain car la plupart d’entre eux appartiennent à des officiers de l’armée, de la police, de la gendarmerie et à de hauts dignitaires du régime.

Un autre facteur d’insécurité reste la facilité avec laquelle on se procure des papiers officiels maliens. La carte d’identité, première pièce d’indentification d’un citoyen, est, dans nos commissariats et postes de gendarmerie, délivrée au premier venu arrivant sans aucun contrôle. N’importe qui se la procure aisément même s’il n’est pas Malien. D’où le nombre croissant de bandits retrouvés à l’étranger avec des pièces d’identité maliennes. On se rappelle le cas de ce commandant de brigade de gendarmerie qui, dans les mines d’orpaillage de Kadiolo (région de Sikasso), délivrait à tout venant des pièces d’identité moyennant la somme de 10. 000 FCFA.
Pour les passeports, c’est pareil. Le leader des « Jeunes Patriotes » ivoiriens, Charles Blé Goudé, n’a-t-il pas été arrêté au Ghana en possession d’un passeport malien ? Quel agent public malien a été poursuivi pour ce crime ?
Dans cet océan d’insécurité où continue de patauger notre pays, seul le chef de l’Etat semble hors d’atteinte. Pour entrer à Koulouba, tous les véhicules sont à présents contrôlés; il est même arrivé, il y a un mois, que celui du secrétaire général soit soumis à un contrôle

Policiers maliens
Policiers maliens


Pour prévenir de nouvelles attaques : que fait l’Etat Malien ?

Dans la nuit du vendredi 6 mars 2015, un attentat terroriste a été perpétré en plein cœur de la capitale. Depuis, les autorités politiques et sécuritaires multiplient les appels au calme, promettant de mettre tout en œuvre pour retrouver les responsables de l’attentat. Pourtant, rien n’est en train d’être fait pour prévenir de nouvelles attaques jihadistes. Nous nous sommes ainsi amusés à faire un tour à la Cité Administrative, siège de la plupart des ministères.

 

 

Au portail de la Cité pointent une quinzaine de gendarmes censés garder 25 ministères. Cela veut dire qu’en cas d’attaque armée, chaque ministre ne bénéficiera pas de la protection d’un gendarme, chose anormal dans un pays en guerre. De plus, l’armement des forces de sécurité déployées à la Cité Administrative n’est nullement impressionnant car ion n’y voitr ni armes lourdes, ni blindés, ni semi-blindés. Et au lieu de se tenir en position débout, prêt au combat, les agents prennent le thé en dévisant comme au village, sous l’arbre à palabres. Pour ne rien arranger, les visiteurs de la Cité Administrative sont soumis à la même méthode de contrôle qu’avant l’attaque jihadiste du 6 mars 2015, ce qui signifie que l’on n’a tiré aucune leçon de ladite attaque.

 

Le reste de la capitale connaît le même laisser-aller sécuritaire. Avant l’attaque jihadiste, il n’y avait aucun risque de tomber sur une patrouille policière dans certains endroits névralgiques de Bamako; c’est toujours le cas. Mademoiselle Fanta Maiga ne nous dira pas le contraire, elle qui a renoncé, le 8 mars, à dîner au restaurant « Le Relax » après s’être aperçue que ledit restaurant, toujours rempli d’Occidentaux, ne bénéficiait d’aucune présence policière après l’attaque jihadiste du 6 mars, commise juste à deux doigts de là. C’est à se demander à quoi servent la police et la gendarmerie !

 

Occupés à tondre les usagers de la route, notamment les véhicules de transport en commun, les policiers postés aux ronds-points n’accordent aucun intérêt à l’application de la loi. On voit ainsi à longueur de journée des véhicules surchargés s’écraser dans les caniveaux, des files de fêtards encombrer les voies, des camions en panne sèche sur les ponts. Même en cas d’accident, les protagonistes, aux fins de constat officiel, doivent aller louer à prix d’or les services des policiers postés tout près de là et qui font mine de ne rien voir. Le convoi du Premier Ministre n’a-t-il pas ainsi été heurté par une benne ?

 
Les agents de police portent presque tous, en dessous de leur uniforme, des vêtements civils qu’ils se sont habitués à arborer quand un événement subit met la sécurité publique en danger. On l’a vu lors du putsch du 22 mars 2012 et lors des affrontements entre militaires « bérets rouges » et « bérets verts »: Les policiers, loin de protéger la population, se sont fondus dans la foule de civils grâce à leur habit de rechange.

 

Pis, Bamako déborde de véhicules non immatriculés ou à vitres teintées qui circulent librement. Ces voitures non indentifiables peuvent être utilisées par des jihadistes pour perpétrer des attentats. Les assaillants de « La Terrasse », le 6 mars, ne sont-ils pas venus à bord d’un véhicule à vitres teintées ? La promesse du gouvernement d’interdire ces véhicules semble sans lendemain car la plupart d’entre eux appartiennent à des officiers de l’armée, de la police, de la gendarmerie et à de hauts dignitaires du régime.

 
Un autre facteur d’insécurité reste la facilité avec laquelle on se procure des papiers officiels maliens. La carte d’identité, première pièce d’indentification d’un citoyen, est, dans nos commissariats et postes de gendarmerie, délivrée au premier venu arrivant sans aucun contrôle. N’importe qui se la procure aisément même s’il n’est pas Malien. D’où le nombre croissant de bandits retrouvés à l’étranger avec des pièces d’identité maliennes. On se rappelle le cas de ce commandant de brigade de gendarmerie qui, dans les mines d’orpaillage de Kadiolo (région de Sikasso), délivrait à tout venant des pièces d’identité moyennant la somme de 10. 000 FCFA.

 

Pour les passeports, c’est pareil. Le leader des « Jeunes Patriotes » ivoiriens, Charles Blé Goudé, n’a-t-il pas été arrêté au Ghana en possession d’un passeport malien ? Quel agent public malien a été poursuivi pour ce crime ?
Dans cet océan d’insécurité où continue de patauger notre pays, seul le chef de l’Etat semble hors d’atteinte. Pour entrer à Koulouba, tous les véhicules sont à présents contrôlés; il est même arrivé, il y a un mois, que celui du secrétaire général soit soumis à un contrôle !


Etat de l’Azawad: Un leurre

Les pourparlers entre le Mali et les groupes ont pris avec un accord de paix paraphé à l’exception de la Coordination des Mouvements Armées (CMA). Ce que la CMA avance pour s’opposer à la signature de l’accord est tout simplement la non-prise en compte des aspirations des populations Azawadiennes. En effet, les populations du Nord ou du moins les groupes armés voulaient une fédération du Mali, avec deux entités (celle de l’Azawad et celle du Mali).

La fédération comme nous la connaissons ne signifie nullement la partition du territoire. Cependant, celle proposée par les groupes armés restait une indépendance qui ne disait pas son nom. Les groupes armés revendiquant l’indépendance du territoire dénommé « Azawad » sont composés en majorité des Touaregs. Une revendication territoriale venant de ce peuple pour qui connait l’histoire du Mali, n’est qu’un leurre. Cela, je le dis pour plusieurs raisons.

La première : les touaregs sont des nomades répartis entre une multitude de fractions éparpillées qui n’ont jamais constitué un groupe cohérent. Leur histoire est une suite interminable d’affrontements inter tribaux. Les différentes tribus les plus fortes n’ont fait qu’écraser les plus faibles. L’illustration parfaite est leur divisions en plus groupes armés qui s’affrontent régulièrement entre eux. Que dire de leurs divergences d’idées autours de la table de négociation.

Comment, comprendre qu’un peuple aussi divisé et nomade puisse gérer un territoire qui s’étend de Kidal, à Douentza (région de Mopti). On comprend dès lors pourquoi, dans le Mali qui fut un pays d’empire et de royaume, il ne s’est jamais constitué un empire ou un royaume Touaregs. La seconde raison qui me pousse à affirmer que constituer un Etat de l’Azawad est un leurre, est toute simple. Le territoire de l’Azawad, comme le traité de paix le délimite, couvre les régions de Gao, de Tombouctou et une partie de celle de Mopti.

Les livres d’histoire nous enseignent que les Touaregs ont toujours payé l’impôt à Sonni Ali Ber, empereur des Songhoi. Comment, comprendre que dans un pays, où, les ressortissants sont attachés à leur honneur, les petits fils de Sonni Ali Ber se soumettent au peuple Touareg. Ces propos peuvent choquer, mais c’est ainsi. Un territoire contrôlé par les Touaregs ne pourra faire que long feu. Et c’est comme ça.Photo Touaregs


Résidence des ministres maliens : le calvaire des policiers de garde

Dans notre dernier billet, nous révélions que la plupart des ministres ne bénéficiaient, à leur domicile, d’aucun dispositif policier de sécurité et que cela les rendait vulnérables à la première attaque d’un bandit armé. Le jour même de la publication de ce billet, le général Mohamed Abdrahamane Ould Meydou, qui s’est illustré contre les rebelles du MNLA, échappait à un assassinat. Suite à quoi, des policiers ont été déployés à la porte de chaque ministre. 

Les policiers de garde bénéficient de très mauvaises conditions de travail. Ils sont, pour la plupart, installés au portail du domicile sur des bancs ou des chaises en mauvais état. Imaginez des hommes assis pendant 24 heures sur des bancs ou des chaises! Devant l’ambassade d’Algérie, par exemple, tout passant peut voir les policiers de garde installés, tels des clochards, sur un banc de fortune, de l’autre côté de la rue, faute de poste de garde en bonne et due forme.

Un petit tour à Sébenicoro nous a permis d’observer les policiers en faction devant la résidence du président IBK. Ils passent toute la journée sous un manguier. Qu’il vente ou qu’il pleuve, ils restent sous le manguier. Le comble, c’est que seuls les policiers subissent ce sort; les autres agents en uniforme affectés à la garde présidentielle bénéficient, eux, d’un poste de travail adéquat. Selon nos informations, la position des policiers déployés chez le chef de l’Etat ne respecte pas les normes sécuritaires. Au lieu qu’une partie d’entre eux se repose pour relever l’autre plus tard, ils sont tous jetés sous le manguier, sans espoir de relève. Qu’un agresseur se présente à une heure indue, et il les trouvera tous dans les bras de Morphée! Comme par hasard, ce n’est que vendredi dernier que l’on a songé à construire au profit des policiers un hangar en face de la résidentielle présidentielle.

Chez plusieurs ministres et chefs d’institutions, il n’y a pas de local permettant aux policiers de garde de se reposer en cas de besoin. Chez le ministre des Mines, Boubou Cissé, par exemple, les policiers de garde passent la nuit à la porte, assis sur de simples cartons, tels des marchands de cola. Outre leurs conditions de travail déplorables, certains policiers de garde subissent des humiliations de la part de certains ministres ou de membres de leur famille. Un ministre dont nous tairons le nom a, un jour, demandé à un policier de laver son véhicule. Refus du policier qui a rétorqué qu’il n’était pas un boy. « Une autre fois, c’est l’épouse d’un ministre qui a crié sur un policier en faction pour qu’il aille ouvrir la porte à visiteur qui sonnait; le policier, vexé par le ton de la dame, lui a répondu qu’il n’était pas là pour recevoir des visiteurs », nous relate une source. Selon plusieurs policiers que nous avons interrogés sous couvert de l’anonymat, la garde au domicile de plusieurs ministres et chef d’institutions est un calvaire. Les policiers n’en veulent plus.

Cependant, ils sont unanimes à saluer le général Sada Samaké, ministre de la Sécurité, un des rares à offrir des conditions adéquates de travail aux policiers détachés à son domicile. « Chez Sada, les agents de garde sont bien logés et nourris; la relève est assurée et nous ne recevons aucune offense », témoigne un policier qui lie les avantages consentis par Sada au fait que celui-ci est un militaire rompu aux pratiques de sécurité. A des ministres qui se plaignaient de certains policiers qui abandonnaient trop tôt leur position de garde, Sada aurait recommandé de mettre les agents dans de bonnes conditions de travail. Pour l’instant, il n’est pas entendu.

Abdoulaye GuindoPhoto policeirs


IBK lâché par ses alliés musulmans : Mahamoud DIcko et autres l’accusent de mauvaise gestion

Le mouvement islamique « Sabati 2012 », qui, sous la houlette du Chérif de Nioro et de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, a largement contribué à porter au pouvoir le président Ibrahim Boubacar Kéita, vient de pointer un doigt accusateur sur le chef de l’Etat. C’était lors d’un forum du mouvement, tenu le samedi 7 février 2015 au Centre International de Conférences de Bamako. Le forum était présidé par le président du Haut Conseil Islamique, Mahamoud Dicko, en présence de Boubacar Moussa Bah, président de « Sabati 2012 », et d’une foule de militants.
La première mèche a été allumée par Boubacar Moussa Bah. Retraçant le parcours de son mouvement, de sa création à nos jours, il a rappelé que « Sabati 2012 » a pris part aux différentes élections (présidentielles et législatives) de 2013. Parlant du président IBK, Bah déclare que les musulmans du Mali, à travers « Sabati 2012 », ont contribué à son élection à la tête du pays. « Mais aujourd’hui, se lamente l’orateur, le peuple dans son ensemble est déçu de la gestion d’IBK. Les attentes n’ont pas été comblées. Le président la République n’a aucune considération pour le peuple malien et il faut que cela change! ». Bah invite donc IBK à écouter la voix du peuple.
Prenant à son tour la parole, le président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko, dénonce la gestion actuelle du pays par IBK. Selon lui, les Maliens, en votant pour IBK à plus de 77%, lui ont confié des missions claires parmi lesquelles figurent en bonne place la résolution de la question du nord, la réconciliation nationale, la refonte de l’armée, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, la restauration de l’honneur du Mali. « Aujourd’hui, fulmine Dicko, aucun de ces problèmes ne connaît un début de solution. Pis, la situation du nord se dégrade de plus en plus; la corruption et la délinquance financière atteignent des proportions inquiétantes. Le pays est très mal géré. Le responsable de cette mauvaise gestion n’est autre que le premier responsable du pays en la personne d’Ibrahim Boubacar Kéita. Et bien qu’il reste mon ami, je ne le suivrai jamais dans cette voie au détriment du peuple et de ma religion! ». L’imam Dicko met en garde IBK contre une loi en cours de préparation et qui attribuerait aux femmes un quota sur les listes électorales et dans les postes publics. Il demande à IBK de « se ressaisir très vite pour le bonheur de la nation ». Sans dévoiler les actions qu’ils entreprendraient si le président ne changeait pas de politique, Dicko et les siens promettent de jouer leur rôle d’acteurs de la société civile.
Les déclarations des leaders religieux consacrent une rupture d’alliance entre IBK et les groupes islamiques qui l’ont aidé à prendre le pouvoir. Pourquoi maintenant et pourquoi annoncer la rupture en public ? Chacun y va de sa petite interprétation. Certains estiment qu’IBK a heurté la sensibilité de ses alliés musulmans en participant, aux bras du chrétien Hollande et du juif Netanyaou, à la marche parisienne destinée à soutenir les journalistes caricaturistes du Prophète (paix et salut sur lui).D’autres observateurs considèrent qu’IBK n’a rien donné aux associations islamiques qui l’ont soutenu et qu’il ne les reçoit même pas. D’aucuns croient savoir que les associations islamiques ont très mal pris le départ de Moussa Mara, un Premier Ministre réputé pieux. A tout cela s’ajoute le fait que le Chérif de Nioro, grand manitou du monde religieux malien, n’a guère apprécié l’arrestation du général Sanogo.

 


Mali : Les institutions en totale insécurité

Que fait l’Etat du Mali pour protéger ses ministres contre d’éventuelles attaques jihadistes ? La question vient en tête aussitôt que l’on songe au climat d’insécurité qui règne au nord, avec des accès de fièvre au centre comme lors des récentes attaques armées enregistrées à Téninkou et Nampala, loin du théâtre de guerre du nord. Il y a d’autant plus lieu à s’interroger qu’il y a quelques mois seulement, au nord, le ministre de l’Emploi, Mahamane Baby, a échappé de peu à un enlèvement et que le convoi du ministre du Développement Rural, Bocary Tréta, a sauté sur une mine vers Goundam. Ayant cherché à savoir de quoi il retournait, nous avons interrogé plusieurs sources.

Il ressort de notre enquête que tout ministre à droit à une garde rapprochée composée d’un garde du corps. Pour sa garde rapprochée, est affecté à chaque ministre un élément de la police ou de la garde nationale proposé généralement par le ministre lui-même en raison de ses affinités personnelles avec l’élément en cause. Il arrive que le ministre choisisse un ami, un parent, un voisin ou, tout simplement, qu’il reconduise l’élément qui servait sous son prédécesseur. Ainsi, Kénékéou Barthélémy Togo, actuel ministre de l’Education Nationale, a reconduit dans ses missions l’agent de police qui servait sous ses prédécesseurs Salikou Sanogo et Jacqueline Togola. L’agent de police reste collé aux basques du ministre toute la journée de travail; une fois que le ministre rejoint sa résidence, l’agent rentre lui aussi chez lui en attendant de retrouver le ministre le lendemain matin.

La garde du domicile du ministre n’est réglementée par aucun texte légal. Elle revient au ministre lui-même. Cependant, certains ministres, du fait du caractère stratégique de leur poste, se voient affecter, d’office ou à leur demande, un péloton de la police ou de la garde nationale: c’est notamment le cas des ministres de la Justice, de la Défense et de la Sécurité. D’autres ministres peuvent obtenir d’office une garde à domicile en raison des menaces qui pèsent potentiellement sur eux: c’est, par exemple, le cas de Zahabi Ould Sidi Mohamed, un rebelle repenti devenu minitre de la Réconciliation Nationale. Il arrive aussi qu’en raison de circonstances exceptionnelles, tous les ministres obtiennent d’office une garde policière de 3 ou 4 éléments à leur résidence: c’était le cas sous la Transition où tout officiel pouvait à tout moment recevoir des visites indésirables et musclées. Mais en temps normal, chaque ministre est responsable de la sécurité de sa propre résidence.
A cette fin, les ministres ont le plus souvent recours aux services de sociétés privées de gardiennage. « Certes, la police a une force de dissuasion plus grande car elle porte un uniforme officiel et est armée; mais le recours aux sociétés privées de gardiennage a plusieurs avantages: les agents privés ont une conscience professionnelle plus grande; de plus, l’agence privée de sécurité est rémunérée par le ministère, ce qui donne au ministre la possibilité de jongler avec les chiffres ou d’apporter un marché à un proche », nous confie une source.
De surcroît, certains ministres se gênent de poster à leur porte des éléments de police, de crainte de se voir reprocher un éloignement du peuple. C’est pourquoi plusieurs ministres, généralement venus du sérail politique, ont refusé la présence de la police à leur résidence. D’autres ministres craignent qu’une fois chassés de leur poste, la police ne quitte leur résidence, leur attirant, du coup, les moqueries des voisins.
Notons que certains anciens ministres bénéficient d’une protection policière de leur résidence en raison des menaces qui planent sur eux: le plus connu est sans doute Mamadou Namory Traoré. Actuel conseiller à la primature, il avait eu, sous la Transition où il dirigeait le ministère de la Fonction publique, la mauvaise idée de licencier 260 fonctionnaires au motif qu’ils avaient été illégalement recrutés. Bien que sa décision ait été plus tard annulée par la Cour Suprême et fonctionnaires réintégrés, l’ancien ministre ne dort plus que d’un œil.
En définitive, il y a lieu de craindre pour la sécurité de la plupart des ministres maliens. Avec les gardes privés recrutés à leur domicile, ils constituent une proie aisée pour tout jihadiste qui déciderait de frapper un grand coup. Les gardes privés ne sont généralement équipés que d’un uniforme, d’un bâton et d’un sifflet (pour appeler, en cas ‘urgence, au secours). C’est l’occasion de se demander quelle rançon serait alors demandée à l’Etat malien. D’ailleurs, que font la police et l’armée qui les empêche de se déployer au domicile de tous les ministres ? Le comble, c’est que le directeur de la police a récemment adressé au ministre de la Sécurité un courrier où il suggère d’arrêter le service des policiers à la résidence de certains ministres. La raison invoquée par monsieur le directeur ? Ne pas gêner les autres activités de la police qui, selon son chef, n’aurait pas d’effectifs suffisants !


Au pays d’IBK, force reste à Allah et au prophète Mohamed (PSL)

Comme au Niger, au Sénégal, en Algérie, en Iran ou au Pakistan, les fidèles musulmans ont battu le pavé à Bamako, vendredi 16 janvier 2015, à l’appel du collectif des associations islamiques, pour protester contre les caricatures du prophète Mahomet (paix et salut sur lui), parues dans le journal français Charlie Hebdo le 14 janvier 2015.
Le gouverneur interdit, le premier ministre autorise

Comme la réglementation le prévoit, les organisateurs de la marche ont, avant toute chose, adressé une demande d’autorisation à Hady Traoré, gouverneur du district de Bamako. Dans sa réponse en date du jeudi 15 janvier 2015, le gouverneur refuse d’autoriser la marche par crainte des risques de débordements. Selon nos informations, le gouverneur, avant de prendre sa décision, se serait référé à sa hiérarchie, c’est-à-dire au ministre de l’Administration territoriale, qui lui aurait instruit de rejeter la demande.

Immédiatement après le rejet de la demande, les responsables du collectif prennent langue avec le premier ministre Modibo Keita en personne. A celui-ci, ils signifient que le droit de marcher est un droit constitutionnel. Après quelques heures de tractations, ce même jeudi 15 janvier 2015, le premier ministre appelle Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique, pour l’informer de sa décision d’autoriser la marche, à la condition que les uns et les autres veillent à la sauvegarde de l’ordre public. En l’occurrence, le premier ministre fait montre de responsabilité, car si l’Etat avait maintenu son refus, les associations islamiques auraient passé outre. Mahmoud Dicko appelle à son tour Mohamed Kimbiri, porte-parole du collectif, pour l’informer de la décision. Le spot publicitaire de la marche, qui avait été mis au placard suite au refus du gouverneur, reprend sa diffusion sur les radios privées de Bamako. Le vendredi 16 janvier 2015, jour de la marche, l’information est encore donnée dans la plupart des mosquées de la capitale.

Slogans hostiles

Avant 16 heures, heure prévue pour la marche, environ 10 000 personnes prennent d’assaut la devanture de la Bourse du Travail, lieu de départ de la manifestation. Sur les pancartes, on peut lire les slogans suivants : « On s’en fout de Charlie ! On ne sera jamais Charlie! », « Gare à celui qui se moque du prophète ! »,  » Je suis Coulibaly, je suis Kouachi, mort à Charlie ! « Oui à la liberté d’expression, non à la caricature de notre prophète! », « Aucun musulman sincère n’est Charlie ! ». Une pancarte ne passe pas inaperçue; elle mentionne : « IBK est Charlie et le peuple n’est pas Charlie! »

Le signal du départ donné, les marcheurs, sous bonne escorte des forces de l’ordre, se ruent vers le monument de l’indépendance où les attendent le président du Haut Conseil islamique, Mahmoud Dicko; le guide spirituel de l’association islamique « Ansar Dine », Chérif Madani Haidara; Mohamed Kimbiri, etc. Sur la courte distance qui sépare la Bourse du Travail du monument de l’indépendance, les marcheurs ne mettent que 5 minutes. A leur arrivée au monument, ils sont harangués par le maître de cérémonie, Kimbiri, qui prend la parole pour annoncer le programme. Pour bénir, le meeting, un certain Abdramane Sénou procède à la lecture de quelques versets du Coran.

Ensuite, Ousmane Madani Haidara souhaite la bienvenue aux marcheurs. Dans son adresse, il dira que cette marche a pour but de protester contre les caricatures du prophète Mohamed (paix et salut sur lui) publiées dans le journal français Charlie Hebdo. Selon Haidara, personne n’aimerait se voir humilié dans un journal, à plus forte raison le prophète (psl) grâce auquel chaque croyant espère aller au paradis. L’orateur affirme que les musulmans du Mali ne sont pas des terroristes et ne le seront jamais, mais qu’ils réagiront à toute attaque contre le prophète Mohamed (psl).

Le discours du président du Haut Conseil islamique va dans le même sens. Mahmoud Dicko, d’entrée de jeu, remercie les fidèles musulmans pour leur mobilisation. A ses dires, le nombre de manifestants est la preuve de l’attachement du Malien à sa religion. « Ce rassemblement est un signal envoyé au monde entier pour dire que les musulmans maliens sont prêts à mourir pour le prophète Mohamed (paix et salut sur lui) ». Dicko rappelle la reconnaissance éternelle du peuple malien envers la France pour tout ce qu’elle a fait pour le Mali. Si le peuple n’a pas cru utile de s’opposer à la participation du président IBK à la marche du 11 janvier 2015 à Paris, qui était une « marche contre l’obscurantisme », il n’accepte pas, en revanche, les nouvelles caricatures publiées après la marche.

La dimension planétaire donnée à ce numéro de Charlie Hebdo ne contribue pas, selon l’orateur, à rapprocher les peuples. « Le monde a aujourd’hui besoin d’un rapprochement des peuples et des religions, mais ces comportements ne sont pas de nature à aller en ce sens », déplore Mahmoud Dicko. Il trouve les caricatures « choquantes et génératrices de haine entre les musulmans et la France ». La liberté d’expression, certes, mais pas de caricatures du prophète (psl) ! « L’islam est l’essence de notre vie et le prophète Mohamed (psl) est l’essence de cette religion. Par conséquent, nous condamnerons toute forme d’attaques contre lui », conclut d’une voix sombre le patron du Haut Conseil islamique.

 


Djidjan, cercle de Kayes : Les tuyaux de cyanure de la société minière SOMILO éclatent: Les villageois menacés de mort

Dans notre denier billet, nous évoquions la pollution de la localité de Djidjan-Loulo (cercle de Kayes au Mali) par la société d’exploitation minière dénommée « SOMILO ». Dans cette localité, les tuyaux par lesquels passent le cyanure et le plomb utilisés dans le traitement de l’or sont installés en plein cœur de la ville; ils constituaient, de ce fait, une véritable bombe à retardement. Il faut savoir que dans le cadre du traitement des minerais, certains produits très mortels comme le cyanure et le plomb sont utilisés dans les mines; à la fin de la chaîne de traitement, ces produits passent par des tuyaux vers un déversoir final.
A Djidjan-Loulo, les tuyaux par lesquels passent les produits hautement toxiques traversent le village à ciel ouvert. Les enfants risquaient leur vie tous les jours en jouant près desdits tuyaux. En vue de prévenir l’extermination chimique du village suite à une éventuelle perforation des tuyaux, les populations de Djidjan-Loulo, à plusieurs occasions, avaient tiré la sonnette d’alarme en sollicitant le retrait des tuyaux. A travers des correspondances adressées aux autorités locales et nationales, y compris le Premier Ministre, la communauté de Djidjan avait haussé le ton. En vain.
Puis, ce qui devait arriver, arriva. Depuis le jeudi 9 octobre 2014, les tuyaux, à maints endroits, ont éclaté. Les populations assistent, impuissantes, à la coulée du cyanure et du plomb dans le village (voir photos). Cette situation a coupé le village en deux.
En effet, lorsque la vapeur du cyanure tue, de même que la moindre goutte de ce produit. Les habitants ne peuvent donc quitter un quartier riverain des tuyaux vers un autre sans risquer de se faire empoisonner par le cyanure. L’activité économique du village est, par conséquent, au ralenti; les bergers voient leurs animaux mourir çà et là. Plus grave encore, tous les puits fournissant l’eau potable ont été abandonnés car tous pollués. Les habitants de Djidjan les plus riches ne consomment plus que de l’eau minérale. Ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter ce produit de luxe sont obligés de consommer l’eau de puits à leurs risques et périls. Les citoyens souffrant de maux de ventre se comptent par dizaines. Ils se plaignent aussi de diarrhées.

 
Pour les habitants de Djidjan-Loulo, les autorités nationales sont les premiers responsables de leur extermination programmée. Après que la direction de la SOMILO eut affirmé qu’elle payait une taxe à l’Etat pour exercer librement ses activités et qu’elle n’enlèverait les tuyaux que sur ordre de l’Etat, la communauté de Djidjan-Loulo n’avait d’autre recours que d’interpeller les autorités. Chose qui fut faite. Lors de son passage à Djidjan-Loulo, pendant la campagne électorale, IBK aurait promis de faire retirer les tuyaux s’il était élu. 12 mois plus tard, ils sont toujours là. Des émissaires du village n’ont pas manqué, lors du forum des orpailleurs tenu à Bamako du 18 au 21 septembre 2014, d’interpeller le président IBK sur le danger qui planait sur leur localité. En, vain. Aujourd’hui, les habitants envisagent un ultime recours: s’attaquer aux installations de la mine, même si mort doit s’ensuivre car, pour eux, ils sont déjà morts.

Tuyau percé


Pèlerinage 2014 aux lieux saints de l’Islam : Les raisons de l’interdiction des vols charters

Le pèlerinage aux lieux saints de l’islam suscite, cette année, de sérieux remous au Mali. Alors qu’auparavant, toutes les agences de voyages privées cherchaient des clients et des visas puis affrétaient des vols pour l’Arabie saoudite, les autorités saoudiennes ont, en 2014, introduit une nouveauté : elles ont exigé des pays d’Afrique subsaharienne (Mali, Niger, Burkina Faso, etc.) de repartir leurs pèlerins entre la compagnie saoudienne « NASAIR » et leur compagnie aérienne locale. Dans l’hypothèse où un de ces pays, comme c’est le cas du Mali, ne possède pas de compagnie aérienne nationale susceptible d’assurer le transport des pèlerins, ces derniers devront obligatoirement emprunter un vol de « NASAIR », une compagnie aérienne saoudienne. C’est ainsi que l’Autorité Générale de l’Aviation Civile saoudienne a, par lettre du 29 mai 2014 signée du capitaine Mohammed Ali Jamjoom, fait savoir à la direction de l’Aviation Civile du Mali qu’aucune autre compagnie que « NASAIR » (en anglais « FLYNAS ») ne sera autorisée à transporter des pèlerins à partir du sol malien. L’Autorité Générale a réitéré sa mise en garde à travers une lettre du 17 juin 2014.

 

Les pèlerins qui ne souffriront pas de la mesure saoudienne

 

La mesure de restriction ne nuit pas aux pèlerins de la filière gouvernementale. En effet, ceux-ci, au nombre 1.000, sont confiés à « NASAIR » car cette compagnie a remporté l’appel d’offres public lancé par l’Etat malien pour 1,37 milliard de FCFA, montant légèrement inférieur à celui de l’an passé où « NASAIR » a obtenu le même marché pour 1,39 milliard de FCFA.
En 2014, « NASAIR » a été choisie par le gouvernement au dépens de son unique concurrent, le groupement « AMSA-MAXI AIR LTD ». Pour plusieurs raisons. D’abord, « NASAIR » a de l’expérience : elle a pu produire devant la commission de dépouillement des offres plusieurs certificats de bonnes exécutions délivrées, entre autres, par les gouvernements nigérien, burkinabè, indien et ivoirien pour avoir transporté avec succès les pèlerins de ces pays en Arabie Saoudite. Ensuite, « NASAIR » a présenté des documents techniques et administratifs parfaitement en règle. A l’inverse, le groupement « AMSA-MAXI AIR LTD » a multiplié les insuffisances : il n’a pu fournir à la commission ni un plan de vol conforme au délai d’exécution, ni un agrément officiel, ni une autorisation d’atterrissage en règle, ni des assurances sur les capacités d’accueil des pèlerins, ni un certificat de non-faillite. C’est pourquoi, malgré ses tarifs relativement compétitifs, le groupement a été écarté, le gouvernement doutant de son aptitude technique à transporter les pèlerins. Car l’objectif majeur du gouvernement reste de confier les voyageurs à une compagnie fiable qui présente toutes les garanties de bonne exécution du marché.
Les pèlerins enregistrés à l’agence de voyages « Al-Madina » ne seront pas, eux non plus, victimes de la directive saoudienne. De fait, cette agence n’est autre que la représentante de la compagnie « NASAIR » au Mali: ses clients voyagent donc tout naturellement par « NASAIR ». Le sachant, de nombreuses agences de voyages, pour ne pas pénaliser leurs clients, s’activent à les confier à « Al-Madina ». Il s’agit notamment des agences AMASER (165 pèlerins), Al-MOUSTOUR (170 pèlerins), Al-HIJRA (125 pèlerins), Al-MAWADA (430 pèlerins), KASO VOYAGES (260 pèlerins), KOUREKAMA (105 pèlerins), KUMBI VOYAGES (550 pèlerins) et WAGADOU (200 pèlerins).

 

Les pèlerins menacés par la mesure
Par contre, le groupement « AMSA-MAXI AIR LTD » caresse le rêve de convaincre les autorités saoudiennes de lui octroyer une autorisation spéciale. Lors d’une conférence de presse tenue le jeudi 14 août 2014, le représentant du groupement, Boucary Sidibé dit Kolon, a ainsi déclaré que « NASAIR n’a pas l’exclusivité du transport des pèlerins » et que son groupement, qui compte 2.800 clients, les transportera sans faute en Arabie Saoudite. Sidibé souligne que les Saoudiens ont incité les pays qui ne possèdent pas une compagnie nationale d’opter pour « NASAIR » mais qu’il ne s’agit pas là d’une interdiction des autres compagnies ou agences.

 

L’ambassadeur saoudien confirme l’interdiction

 

Pour en avoir le cœur net, nous avons sollicité un entretien de l’ambassadeur du royaume d’Arabie Saoudite au Mali, Nahidh Al-Harbi. Le diplomate nous a reçu en ses bureaux sis à l’ACI 2000, Bamako, le jeudi 14 août 2014, en présence de son interprète, monsieur Kébé. Al-Harbi a d’abord tenu à nous remercier d’avoir fait le déplacement pour comprendre la décision des autorités du royaume en ce qui concerne le pèlerinage de cette année. Selon l’ambassadeur, les agences de voyages, avant de transporter leurs pèlerins aux lieux saints, passent des contrats d’hébergement en Arabie Saoudite. Munies de ces contrats de bail, elles se présentent à l’ambassade saoudienne avec les passeports des pèlerins sur lesquels l’ambassade appose des visas. Cette année, précise l’ambassadeur, le royaume saoudien a décidé que tout pays qui ne possède pas une compagnie aérienne nationale doit confier ses pèlerins à la compagnie saoudienne « NASAIR ». Le diplomate souligne : « La mesure ne concerne pas seulement le Mali ni l’Afrique subsaharienne; elle vaut pour le monde entier! ».
Et pourquoi cette mesure aux allures discriminatoires ? Réponse d’Al-Harbi: « La mesure a pour but de soulager les pèlerins. Il a été constaté que les agences de voyages, pour le transport des pèlerins, louent des vols charters. Après le pèlerinage, les compagnies charters restent introuvables et les pèlerins sont abandonnés avec leurs bagages à l’aéroport de Djeddah pendant plusieurs semaines. Non seulement les pèlerins vivent alors le calvaire, mais en outre, leur présence à l’aéroport occasionne des désagréments énormes pour les travailleurs et les autres usagers. En donnant aux compagnies nationales et à NASAIR le monopole du transport des pèlerins, les autorités saoudiennes veulent se donner des interlocuteurs crédibles et connus; elles sauront à qui s’adresser pour le rapatriement des pèlerins dans leur pays d’origine et cela, dans les délais requis. Avant cette nouvelle mesure, les autorités saoudiennes ne savaient pas à qui s’adresser pour le retour rapide des pèlerins car elles ne connaissaient pas les compagnies charters ni l’identité des agences qui les avaient affrétées. ». Conclusion de l’ambassadeur: « En définitive, pour accomplir le pèlerinage cette année, les pèlerins devront passer soit par « NASAIR », soit par des compagnies nationales. Mais même les compagnies nationales ne peuvent transporter des pèlerins non-nationaux en Arabie Saoudite ».
Il reste toutefois la possibilité pour les pèlerins d’emprunter les vols réguliers de compagnies desservant ordinairement l’Arabie Saoudite (Air France, Royal Air Maroc, Ethiopian Airlines, etc. Le problème, c’est qu’aucune agence n’a la possibilité financière de louer les avions de ces compagnies, à moins de le faire à perte. En tout état de cause, il importe que tous les pèlerins soient informés, à temps, des périls qui guettent. Là-dessus, le gouvernement malien a tort de se taire.
Silence gouvernemental
Joint par nos soins, un haut responsable de la direction de l’Aviation Civile malienne reconnaît que le service a bien reçu la directive saoudienne mais considère qu’elle est illégale: « C’est une mesure protectionniste qui viole les conventions internationales ». Problème: pour faire annuler cette mesure, il faudrait une longue procédure devant l’Organisation Mondiale du Commerce ou des négociations bilatérales entre le Mali et le royaume saoudien. Dans l’intervalle, que deviennent les pèlerins maliens de 2014 ?

Vols Charter