Garens Jean-Louis


La littérature francophone au coeur des îles

La littérature peut se définir comme l’ensemble des oeuvres littéraires d’un pays ou d’une époque. Elle peut aussi se définir comme l’ensemble des textes qui traitent d’un sujet. La littérature francophone est plus large que la littérature française, cette notion est plus récente aussi, elle a vu le jour dans nombre de pays anciennement colonisés par la France. Je me permets donc de définir la littérature francophone comme un genre…




La Coupe du Monde 2022 : une édition inédite

La Coupe du Monde 2022 est lancée. Première participation officielle pour le Qatar en Coupe du monde et dans le Golfe Persique. Du 20 novembre au 18 décembre, trente-deux équipes de tous les continents vont tout donner pour nous procurer passion et plaisir autour du ballon rond.



5 comptes Instagram qui promeuvent la culture nationale haïtienne

Selon un stéréotype courant, tous les Haïtiens seraient des pratiquants du vaudou. Néanmoins, il faut reconnaître que toute la culture nationale est marquée par l’imaginaire de la religion vaudoue. Si à l’échelle politique et économique, Haïti est au bas de l’échelle mondiale, le pays affiche un meilleur visage dès qu’on parle de culture. Peinture, sculpture, littérature, musique, sont les domaines dans lesquels nous sommes valablement représentés. À travers ce billet, je vous présente cinq comptes Instagram qui font l’affaire.



Le vaudou haïtien, un patrimoine à pérenniser

Le vaudou est non seulement une religion mais aussi une culture et une tendance musicale. Une des religions animistes sans nul doute la mieux organisée. Aujourd’hui, les pasteurs haïtiens considèrent le vaudou comme le mal à éradiquer, la somme de tous les malheurs du pays.

Le vaudou, un patrimoine culturel

Les colons occidentaux ont toujours voulu prouver la supériorité de leur culture. En participant aux dévotions, les esclaves africains ne faisaient qu’honorer leurs dieux. C’est pourquoi on parle de syncrétisme religieux quand on parle du vaudou haïtien.

Dans son livre Ainsi Parla l’oncle, le sociologue haïtien Jean Price-Mars nous permet de comprendre les origines traditionnelles de la société haïtienne. Certains remettent en cause le vaudou comme étant une religion. Est-ce logique ?

Le vaudou
Photo by paturelhonvoh via Iwaria

Tous les adeptes du vaudou croient à l’existence des êtres spirituels qui vivent en étroite intimité avec les humains dont ils dominent l’activité. De surcroît, le culte dévolu aux loas (dieux) réclame un corps sacerdotal hiérarchisé, une société de fidèles, des temples, des autels et des cérémonies. Certes, le vaudou n’a pas de texte sacré. Cependant, toute une tradition orale transmet les parties essentielles de ce culte.

Quelques éléments primordiaux du vaudou

  • L’un des traits le plus caractéristiques du vaudou est l’état de transe dans lequel se trouve un individu possédé par un loa (un esprit).
  • Un second aspect important du vaudou c’est la danse. En général, les textes des chansons vaudoues dénoncent l’impérialisme occidental, soulèvent les problèmes politiques. Aussi, on rend hommage à un loa protecteur et aux aïeux en chanson.

Écouter Racine Mapou de Azor – Dangere par Kasefèy (Medsèn Fèy) sur #SoundCloud

  • Saut d’Eau, un lieu de pèlerinage très réputé où catholiques et vaudouisants se retrouvent chaque année pour honorer Notre Dame du Mont Carmel.
  • La fête des Morts, où l’on se rend aux cimetières pour rendre hommage à la mémoire des parents défunts ou pour honorer les dieux de la mort.

Un patrimoine à protéger

Il a fallu attendre le 4 avril 2003 pour qu’un arrêté soit promulgué, sous la présidence de Jean Bertrand Aristide. À cette date, l’État haïtien reconnaît le vaudou comme religion à part entière, laquelle religion a contribué à nous donner notre indépendance.

Avant d’être reconnue comme une religion, le vaudou a même fait l’objet de persécution d’état. En 2019, les discours orientés et propos haineux d’hommes d’église continuent de créer la polémique. Malheureusement, ces discours poussent des fanatiques religieux à saccager les lieux de culte des vaudouisants.

Dans ce contexte ci, je me permettrais d’emprunter les propos de Winston Churchill :

«Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre».

Notre devise nationale n’a aucun sens quand nous chantons avec une fausse fierté : L’union fait la force. Pour que cette union soit possible, faut-il le rappeler, des esclaves venus de tribus diverses avec des rites différents se sont rassemblés et ont même donné naissance à une langue : le créole. Même notre costume national traditionnel le karabela est perçu comme atypique. Il serait temps d’arrêter de voir le Diable dans tout et d’accepter l’altérité.


L’avocat : l’aliment savoureux de l’été haïtien

L’avocat est un fruit tropical très apprécié des papilles de chez nous. Ce produit du terroir présente de puissants bienfaits et vertus sur la santé. Comment utiliser cette denrée périssable, selon les spécialités locales, pour le plaisir gustatif ? Au passage, on vous propose une recette d’été appelée « morue antillaise ».

L’avocat est un fruit provenant d’un arbre tropical, bien qu’on ait tendance à le considérer comme un légume. L’avocat fournit de la vitamine B6, C et E et contient en faibles quantités du magnésium, du fer, du zinc, du phosphore et de la vitamine A. Cette dernière joue un rôle dans la santé oculaire. De surcroît, l’avocat compte plus de potassium que la banane. En effet, les avocats sont riches en fibres et favorisent une saine digestion. En plus, ils aident à stabiliser le taux du sucre sanguin.

Ce fruit crémeux est très présent dans la cuisine haïtienne. Par ailleurs, il se mange toujours cru et avec presque tout. Pour tout dire, l’avocat ajoute de la saveur et de la texture à vos plats. Chez nous, on mange l’avocat avec du maïs, avec du riz, avec du pain, des légumes, dans les salades…

Avocat
📷 Crédit photo : Pixabay

Puisqu’on c’est la saison des avocats, on en trouve à tous les coins de rues, dans les étalages des marchands ambulants. Quoi de mieux que de profiter pleinement de quelques recettes avec l’avocat, que ce soit dans la cuisine familiale ou la cuisine traditionnelle.

Préparation de la morue antillaise avec l’avocat

Pour préparer la morue antillaise prévue pour quatre personnes, il vous faut :

  • 500  grammes de morue salée
  • 2  avocats
  • 1  concombre
  • 2 citrons verts
  • 1 oignon
  • 1 échalote
  • 4  gousses d’ail
  • Quelques petits piments
  • 1 bouquet de ciboulette
  • 1 bouquet de persil plat
  • 3  cuillères à soupe d’huile d’olive
  • Sel

Préparez-la en cinq étapes :

  1. La veille, faites dessaler la morue dans de l’eau (changez l’eau 3 fois).
  2. Le lendemain, faites pocher la morue dans de l’eau frémissante pendant 10 min. Égouttez la morue, retirez les arêtes et effeuillez-la.
  3. Pelez l’oignon, l’échalote et l’ail. Mixez-les avec de la ciboulette et du persil.
  4. Dans un plat, mettez la morue, le hachis précédent, le jus des citrons, le piment épépiné et haché, 2 cuillères d’huile et salez. Mélangez et réservez 3 h au frais.
  5. Pelez les avocats et coupez-les en lamelles. Rincez le concombre et coupez-le en rondelles fines. Disposez-les en rosace sur un plat de service, répartissez au centre la préparation au poisson, versez un filet d’huile, parsemez du persil et de la ciboulette et servez frais.

Le soleil s’invite chez vous ainsi que les plats exotiques d’ici et d’ailleurs. Aussi, profitez de la précieuse source de vitamines et de minéraux qu’offre l’avocat. Si vous mangez un avocat par jour, votre foie va produire plus de glutathion, qui est le numéro un des antioxydants, mais il renforce également le métabolisme par le magnésium qu’il contient et qui est un facteur clé dans plus de 300 processus métaboliques.


Billy Phrison Vilmond, Mister Franco Haïti 2019

Billy Phrison Vilmond représentera cette année Haïti à Mister Francophonie. Un concours international de beauté masculine qui vise, entre autres, à promouvoir la langue française et l’éducation, encourager le rapprochement des peuples. Il s’agit, en effet, de la toute première participation du pays à la troisième édition du concours. Entretien avec Jennifer Alexis, Miss Grand International 2017, manager de Billy Phrison Vilmond et sa représentante en Haïti, pour nous en dire plus sur son protégé ainsi que sur l’événement qui se déroulera en décembre prochain à Madagascar.

Garens Jean-Louis : Comment Billy Phrison Vilmond va-t-il se présenter au jury de Mister Francophonie?

Jennifer Alexis : Présentement, Billy Phrison Vilmond le nouveau Mister Franco Haïti 2019 se prépare à fond. Le côté physique est important, mais le côté intellectuel est vraiment plus important pour participer à Mister Francophonie International. Notre Mister Franco Haïti se présentera devant le jury avec toute la détermination pour gagner. C’est ça le but : montrer à d’autres nations que nous valorisons aussi notre pays, que nous avons une culture riche, que nous sommes aussi persuasifs dans nos objectifs, que l’éducation est primée à nos yeux.

GJL : Comment s’est passé le casting de Mister Francophonie?

J.A. : Le casting a été lancé sur les réseaux sociaux. Billy y a postulé. Il a été retenu après avoir rempli un bulletin et avoir répondu aux questions du comité de Mister Francophonie lors d’un entretien.

GJL : Quelles sont les motivations du Best Top Model Haïti 2018 pour ce nouveau challenge ?

J.A. : Billy Phrison Vilmond a toujours été quelqu’un de très actif à l’école. Il participait dans tout ce qui a rapport aux activités extrascolaires : théâtre, danse, sortie scolaire comité de classe et il a même déjà été élu Mister en 2018. Motivé, Billy l’est et j’ai une grande attente par rapport à sa participation à ce concours. Avec ses différentes visites sur le terrain, il a pu comprendre que chaque geste d’amour compte pour le changement et ça le motive davantage.

Billy Phrison Vilmond en lice en terre malgache

GJL : Quels seraient les projets de Billy, fondateur de l’organisation « Amis des Livres »?

J.A. : Le projet consiste à promouvoir la lecture, surtout auprès des jeunes et des enfants. Nous savons pertinemment que l’éducation est la base d’une société et que la lecture y joue un rôle primordial. Billy a déjà commencé à faire des dons de livres, des ateliers de lecture avec les enfants, collaborer avec d’autres groupes qui ont le même objectif… et ça ne fait que commencer.

Billy Phrison Vilmond
Page Facebook Mister Francophonie Haïti

Garens Jean Louis : Et si Billy Phrison devait être élu Mister Francophonie 2019, quels seraient ses envies ?

J.A. : Une fois élu Mister Francophonie 2019, le rôle de Billy en tant qu’ambassadeur de la jeunesse francophone serait de promouvoir la langue française, la diversité culturelle, la démocratie et d’autres valeurs humaines. Personnellement, son projet « Amis des livres » fait sa route. Grâce à ce titre, il va pouvoir encourager plus de gens à lire, leur aider à se focaliser plus sur leurs objectifs et de croire en eux. Ce sera un honneur pour Billy de pouvoir jouer un tel rôle.


Amour : Et si je t’avais finalement trouvé?

Fontenelle écrivit : L’homme commence par aimer l’amour et finit par aimer la femme, la femme commence par aimer un homme et finit par aimer l’amour.

Pourtant, si on me demandait de définir l’amour, je répondrais comme Antoine de Saint-Exupéry : L’amour est un « je ne sais quoi » qui vient « je ne sais où » et qui finit « je ne sais quand ». Qui aurait cru il y a de cela six mois que j’aurais pu former un couple mémorable avec cette jeune femme qui a grandi le même quartier que moi. Sa présence obsédante est venue réaliser un rêve frustré. Entre nous les filles, vous est-il arrivé de vous enticher d’un garçon en secret pendant assez longtemps jusqu’à perdre espoir? Voilà une histoire d’amour qui pourrait faire l’objet d’un roman passionnant !

Je dois aussi avouer mon audace amoureuse. Pendant un certain temps, j’ai préféré rester célibataire et multiplier les aventures érotiques. J’ai dû vaincre ma crainte superstitieuse pour laisser entrer l’amour dans le labyrinthe de ma vie.

Je t’aime, moi aussi !

Il a fallu que je laisse le quartier pour que naisse cette relation palpitante. On avait l’habitude de se rencontrer sans que je lui laisse l’occasion de me passer le bonjour. Malheureusement, je dois reconnaître que j’ai une attitude fière et hautaine. Finalement, on a fini par prendre contact via les réseaux sociaux. Et, quand j’ai tenté de lui faire la cour car je la voyais autrement, j’ai compris que j’ai failli rater une belle relation sentimentale. On a fait le point. Ainsi, une idylle extraordinaire a vu le jour. Au final, j’ai compris que c’est une personne qui méritait d’être connue. J’ai appris à étudier ses goûts, me passer de ses caprices. Je connais ses défauts et sais de quoi elle est capable.

amour
Crédit photo : Nathaniel Tetteh via iwaria.com.

Mieux vaut tard que jamais

Une amie qui a développé des sentiments à mon égard durant une période m’a demandé si je m’étais enfin décidé à ouvrir mon cœur à quelqu’un. Aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais fermé mon cœur à l’amour. Dans mon pays, on dit qu’on tombe amoureux une seule fois dans sa vie ; le reste n’est qu’intérêts et habitudes. Sincèrement, je m’étais résolu à panser mes blessures pour un jour recommencer sur de nouvelles bases. Un homme aussi passionné tel que moi ne cessera d’aimer à cause d’un échec sentimental. J’ai vécu les plus folles amours : celles qui n’auraient jamais dues naître, celles qui ont pris du temps à se dissiper… Cette fois-ci, c’est tout à fait différent !

On ne badine pas avec l’amour

Récemment, j’ai fêté mes 29 ans. Je me rends compte que je me fais vieux. Avec l’âge, je revois mes priorités. Sénèque me dit : ‘Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ». Une nouvelle fois, je me retrouve sur la ligne de mire de Cupidon. Je me suis épris d’une femme glamoureuse, intelligente, sûre d’elle et passionnée comme moi. Autant de qualités qui font que je m’ennuierais pas de cette relation. Entre temps, je vis chaque instant et je pense à d’autres projets sérieux envisageables…


Haïti ou la descente aux enfers

Classée parmi les pays les plus pauvres du monde, Haïti vit actuellement une crise socioéconomique sans précédent.

Depuis le 7 février dernier, une grande partie de la population haïtienne investit les rues de différentes villes du pays pour exiger le départ du 58e président de la République. Élu à coups de promesses chimériques, M. Jovenel Moïse est vivement décrié au bout de sa deuxième année au pouvoir.

L’homme aux abords du pouvoir n’est pas l’homme au pouvoir

Présenté par son prédécesseur Michel Joseph Martelly, Jovenel Moïse, novice en politique, a fini par remporter les dernières élections démocratiques. Le poulain du chanteur fait président semblait ne pas pouvoir s’exprimer sans son mentor à ses débuts de campagne. Cependant, une fois au pouvoir, l’homme d’affaires surnommé « Nèg Bannàn nan » (l’homme des bananes) s’est rapidement démarqué de sa bannière politique pour prendre son autonomie.

L’ancien Président de la Chambre des Commerces de son département natal tenant les rênes du pouvoir s’est fait une popularité en raison de la production de bananes exportées vers l’Allemagne et autres destinations. La population affamée a-t-elle vu dans le candidat le sauveur qui apaisera sa faim ?

La canaille révoltée

Depuis tantôt une semaine, la population exige le départ immédiat de l’actuel président haïtien. Fier et obstiné, M. Moïse semble afficher le profil d’un homme qui n’abandonnera pas le pouvoir. Jusqu’ici les transports en commun restent paralysés, les portes des écoles restent fermées.

Haïti vit une misère noire. Les prix des produits de première nécessité montent au jour le jour. Dans ce pays-ci, les manifestations pacifiques n’ébranlent personne. Certaines fois, les manifestants recourent à la violence et subissent en retour la répression policière. Les 6 et 7 juillet 2018 ont engendré une situation chaotique à l’annonce de la montée du prix de l’essence. Depuis ces émeutes, la décote du dollar américain par rapport à la monnaie locale ne cesse de croître. Un plat chaud coûte plus que le prix d’une heure de travail dans une entreprise dite prestigieuse en Haïti. Le président, qui a déjà changé de premier ministre, n’a pas apporté de résultats concrets. Lui faudra-t-il plus de temps ? La population ne souhaite abdiquer sous aucun prétexte. Pour certains, les promesses de campagne du président ne sont qu’un tissu de mensonges.

Un avenir incertain en Haïti

Jadis surnommée la Perle des Antilles, Haïti vit les pages les plus noires de son histoire. À l’école, on nous apprend à être fiers d’un passé glorieux lointain. Notre histoire est certes marquée par l’instabilité politique. Aujourd’hui, j’ai l’impression que le pays est une poudrière. Les politiques nous promettent une nouvelle Haïti. À l’opposé, on assiste à la fuite de nos cerveaux vers d’autres horizons.

Haïti
© Pixabay

Personnellement, je ne me vois pas donner naissance dans ce « pays de merde » pour reprendre les mots de Donald Trump. Dégouté par la classe politique haïtienne, le peuple préfère laisser son destin entre les mains d’amateurs en politique. À quand le rêve haïtien (Haitian Dream) ? Personne ne le sait !


« Passion Haïti », le carnet intime d’un exilé

Rodney Saint-Éloi est membre de l’Académie des lettres du Québec, poète, écrivain et essayiste né en Haïti. En 2001, il a dû laisser sa terre natale pour s’installer à Montréal, sa terre d’accueil. À travers « Passion Haïti », Rodney présente Haïti comme un pays terrible et beau. Une suite de récits qui témoignent des sentiments des expatriés haïtiens malgré eux.

En Haïti, Rodney était écrivain, journaliste, enseignant, éditeur. Il avait un nom et une situation. Il réussissait là où tout le monde ou presque échouait. Pourtant, il a choisi de partir. Dans une démarche d’introspection, il tente de s’expliquer ou du moins de se convaincre d’avoir pris la meilleure des décisions : « Je suis parti pour fuir cette marée d’amertumes. » À titre d’exemple, le natif de Cavaillon évoque la faim, l’injustice, le racisme et l’exclusion qui mettent à l’affût nos compatriotes.

On comprend tout de même que l’Haïtien reste attaché à sa communauté, même s’il vit loin du pays. Il craint de perdre un jour les saveurs, les goûts, les instincts du pays, et cet art d’être Haïtien. « Avant, je ne savais pas ce que voulait dire être Haïtien. Je vivais en Haïti. » C’est à Montréal que Rodney dit être happé par la cuisine, la culture et la volonté de refonder Haïti. C’est à Montréal que lui est venue son haïtianité.

Passion Haïti, fenêtre sur l’ancienne Perle des Antilles

À travers ce carnet, l’auteur nous présente des personnages qui lui sont familiers : sa mère Bertha, sa grand-mère Tida, son oncle Gogo. Il nous raconte des pans de son enfance dans son village natal. Il nous fait revivre les contes et les légendes d’antan, nos us et coutumes. Lui qui avait étudié en linguistique, dans un langage typiquement haïtien, fait rayonner le créole. Haïti, ses grandes villes, son vaudou y sont présentés.

Voulant dépasser l’héroïsation de la mémoire historique et rejetant le nationalisme de pacotille, Rodney se veut un acteur du changement. Comment participer à la construction du pays, telle est la question que tant d’autres se posent.

Partir ou rester, tel est le choix ou la décision qui revient à chacun. Par exemple, nos jeunes et moins jeunes affluent massivement au Chili. Selon les projections, si la tendance à la hausse se poursuit, le Chili pourrait compter plus d’un million d’Haïtiens d’ici 2030. Passion Haïti nous livre portraits, paysages, coups de gueule. Un livre à lire que l’on soit binational ou membre de la diaspora haïtienne…


Pour l’éducation culturelle et artistique dans nos écoles

L’éducation haïtienne suit plusieurs vitesses. En plus de former l’homme-citoyen-producteur, l’école devrait travailler à rassembler la nation. Le socle même de l’esprit de la nation, c’est la langue qui est indissociable de la culture. La langue transmet le mode de pensée d’une collectivité qui est, en effet, le fondement du peuple.

Enseigner c’est partager, mais exiger aussi la collaboration et la participation des apprenants. Pour que les savoirs et connaissances puissent être partagés, il serait aberrant de ne pas vouloir tenir compte de la dichotomie langue/culture – langue/peuple. La langue est extrêmement liée à l’histoire du peuple. Non seulement elle est le dépôt de l’expérience et du savoir, mais aussi un moyen de transmission.

Ronald C. Paul, spécialiste de politique culturelle et de pédagogie ; Kesler Bien-Aimé, sociologue et spécialiste du patrimoine. Ensemble, ils ont compilé une série d’entretiens avec la journaliste Souzen Joseph qui constitue un plaidoyer. Plaidoyer pour l’enseignement du patrimoine culturel haïtien dans notre système scolaire.

Penser à l’éducation de la nation revient à bien mesurer le poids de l’histoire dans le présent, pour créer un destin digne. En matière d’éducation, quand on pense à l’avenir de ce pays, on devrait penser essentiellement à l’éducation des générations à venir. Pour améliorer notre système scolaire ou même tout changer, il nous faut une prise de conscience pour pouvoir établir un vrai projet de société. Mettre au centre du projet de société, notre culture.

Pas d’éducation culturelle en dehors de notre littérature

Établir un projet éducatif impliquant notre culture avec ses conceptions du monde, du bien, du beau, de l’utile, de la justice, de l’amour, de Dieu. Dans le programme rénové du nouveau secondaire, on parle d’éducation à l’esthétique. Esthétique, comme s’il allait de soi que le beau soit naturel. L’éducation étant culturelle, l’éducation ne peut pas ne pas mettre au premier rang les oeuvres haïtiennes à partir desquelles nos enfants seront sensibilisés au beau.

À noter que le culturel recouvre bien plus que les arts. L’école devra présenter chaque aspect ou élément du patrimoine culturel le plus sereinement, le plus objectivement possible et dans une attitude d’empathie à l’appréciation des élèves. Apprendre aux enfants l’ensemble de ce qui fait de nous des Haïtiens. Mais aussi, les vestiges de la civilisation des conquérants.

Pour une école qui nous rassemble au lieu de nous diviser (2017), un livre qui aidera les dirigeants d’écoles et parents et même l’État à la construction d’une école qui nous rapproche, nous rassemble, nous unisse avec notre patrimoine culturel comme matériaux. Il faut que l’école nous instruise de notre histoire à partir de notre point de vue.


Honorons l’héritage culturel de Nemours Jean-Baptiste

2018 est décrété « Année Nemours Jean-Baptiste ». Cette année marquerait le centième anniversaire du fondateur du compas direct, musique dansante haïtienne. À l’occasion, plusieurs actes commémoratifs ont marqué l’évènement tel que la pose d’un buste de Nemours Jean-Baptiste, une soirée d’hommage dédiée aux personnalités et groupes ayant contribué à l’évolution du rythme musical le plus populaire d’Haïti, à savoir le Compas-direct. Cependant, il faut aussi bien garder le précieux héritage de géniteur du rythme musical haïtien.

Nemours Jean-Baptiste, illustre saxophoniste et guitariste, a créé le Compas, le 26 juillet 1955 entrant ainsi dans la légende de la musique nationale. Certes, ériger un buste en bronze à l’effigie du fondateur du Compas-direct − pour son centième anniversaire − c’est bien. Tout en espérant que ce monument ne finira pas comme le mausolée du Père fondateur de la patrie. Cependant, conserver le patrimoine immatériel de la musique de chez nous est une autre chose. Rendre accessible ce patrimoine musical tant en Haïti qu’à l’étranger.

Lors de la 32e session de la Conférence générale de l’UNESCO en 2003, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été adoptée. Pour rester vivant, le patrimoine culturel immatériel doit être pertinent pour sa communauté, recréé en permanence et transmis d’une génération à l’autre. Notons qu’Haïti devient le 116e État faisant partie de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’UNESCO depuis le 17 septembre 2009. La sauvegarde du patrimoine culturel immatériel consiste à transmettre les connaissances, les savoir-faire et les significations.

Puisqu’on est à honorer Nemours Jean-Baptiste, à quand une école nationale de musique ? Pourra-t-on élever le compas au rang de danse nationale ? On ne parle pas de patrimoine sans musée. Dans quelques décennies, pourra-t-on se vanter d’un premier musée de la musique ? Aussi, le patrimoine évoque-t-il l’idée d’un héritage légué par les générations antérieures que nous devons transmettre dans son état primitif ou augmenté aux générations futures.

Le compas, en tant que genre musical hétéroclite, a évolué à quelques progressions diverses. Petites formations, grands orchestres, ce son facilement identifiable garde son universalité. Fortement influencé par le jazz, le compas direct charrie tout son romantisme. On en est même à parler de « compas love » où l’expression individuelle est prisée. Au-delà de la mosaïque culturelle haïtienne, on constate, bon gré ou mal gré, la fusion des genres musicaux : compas/zouk, compas/rap, compas/rabòday. Qu’il plaise à quiconque qui veuille le reconnaître, c’est poser un faux problème de penser que la combinaison d’avec certains genres musicaux peut affecter la paternité du compas.

Comment protéger le patrimoine immatériel de la musique de chez nous ?

D’une part, la Commission culture et communication du Parlement haïtien, dans le court et le moyen terme, devra renforcer sa mission d’améliorer la connaissance et la culture.

D’autre part, le chef de l’État, Jovenel Moïse, s’il souhaite léguer un héritage culturel à la fin de son quinquennat, doit continuer à fournir au Bureau haïtien des droits d’auteur (BHDA) les moyens de sa politique. Le BHDA, dans son dynamisme, devra continuer d’honorer les musiciens haïtiens. Entre autres, protéger et défendre les droits des créateurs, producteurs et entrepreneurs culturels font partie des principales missions de l’institution créée en 2006.

Quel serait le rôle de l’État dans le renforcement du secteur culturel? Ici, la synergie entre la culture et l’économie n’est pas une priorité. L’État se désengage de moins en moins face à la majorité des financements publics de soutien à l’activité culturelle haïtienne. Aussi, l’État devrait-il étendre aux artistes les bienfaits de la protection sociale. Il serait grand temps que les anciens artistes qui ont donné leur vie à l’art bénéficient d’avantages sociaux, y compris de la couverture sociale.


Il faut sauver le système éducatif haïtien

Que l’on soit un acteur du système ou un simple observateur, la « défaillance » du système éducatif haïtien reste un fait probant. Au lieu de plaindre le système, il faudra proposer des palliatifs valables face aux problèmes d’urgence du système actuel.

Lors d’un colloque international à l’Université Quisqueya à Port-au-Prince, l’ambassadrice de France en Haïti, Elisabeth Beton Delègue, dans son discours du vendredi 23 mars, aurait évoqué la « défaillance » du système éducatif haïtien. Sur le site de l’ambassade de France, des chiffres ont été avancés : « 1 enfant sur 4 ne fréquente pas l’école, 25% de la population est analphabète, 80% des maîtres n’ont pas de formation spécifique ».

Quoique ces chiffres ne corroborent pas avec ceux avancés par d’autres institutions reconnues comme la Banque Mondiale et l’UNICEF, l’échec scolaire en Haïti reste une réalité liée au développement du pays. Au 1er janvier 2018, la Banque Mondiale estime que 90% des enfants sont scolarisés. Enfin, la part d’enseignants non qualifiés est estimée à 65% (et non 80%) par l’UNICEF.

Dans son livre « Les Problèmes du système éducatif en Haïti », Odette Roy Fombrun lie les problèmes du système éducatif aux problèmes socio-économiques. Elle parle de « révolution konbitique non violente » qui s’oppose aux principales réformes du système éducatif. Le sémantisme du mot konbitique exprime davantage la coopération. Ainsi, l’auteure et historienne propose de changer les structures, abandonner la centralisation à outrance pour une déconcentration poussée.

Si l’on assiste à une fuite considérable de nos cerveaux, madame Fombrun consent à ce que l’on crée le conditionnement mental qui doit conduire au développement. Selon le « trésor national » haïtien, il faut convaincre le peuple haïtien qu’il est possible d’être l’artisan de son développement.

La centenaire qui a publié au cours de sa vie des études sur l’éducation en Haïti croit fermement qu’il faut réaliser l’éclatement de l’école traditionnelle, pour son ouverture formelle à la communauté qu’elle dessert.

En 1982 a lieu la Réforme Bernard − inscrite dans la dichotomie école urbaine/école rurale − qui a fait des deux langues officielles d’Haïti les langues d’enseignement. Le créole était censé être la principale langue d’enseignement dans les cinq années d’enseignement fondamental. Haïti étant dans une situation diglossique.  Maintenir un programme de bibliothèque au sein des écoles et des municipalités devra être une priorité. Sur ce point, il nous faut innover, découvrir les moyens d’avancer au rythme de nos possibilités et de nos disponibilités. Identifier des locaux pouvant accommoder des bibliothèques scolaires.

En effet,  la Réforme Bernard aura été un échec en ce sens qu’elle n’aura pas résolu un des problèmes fondamentaux que confronte le système éducatif ; la langue d’études. En fait, le statut social privilégié des bilingues rend l’utilisation du créole comme langue d’unification difficile. Dispenser l’éducation en créole et apprendre une langue étrangère semble poser problème. Pour la majorité, le français est facteur de promotion sociale.

Dans son livre « Portrait du Colonisé », Albert Memmi, écrivain et essayiste franco-tunisien, parle d’amnésie culturelle pour évoquer le rejet inconscient du patrimoine culturel. Pour sa part, l’éminent linguiste haïtien Yves Déjean, dans son livre « Yon lekòl tèt anba nan yon peyi tèt anba », a relaté que l’éducation en Haïti n’est pas au diapason avec les réalités socioculturelles du pays. Il est évident que l’usage du français ne réussit pas à tous ceux qui intègrent le système éducatif haïtien. Modestement, je proposerai que tous les Haïtiens sachent lire et écrire le créole et que le français puisse être enseigné progressivement. Un travail entrepris par certains éditeurs qui proposent des manuels rédigés dans les deux langues officielles du pays. Toutefois, il faudra attendre une ou deux générations pour mesurer le résultat escompté.

« L’éducation est considérée comme instrument de lutte »

D’un autre côté, en dépit de ses multiples partenariats développés avec la communauté internationale, seulement 8% de l’aide est allouée à l’éducation depuis 2015.

De son côté, compte tenu de la situation socio-économique et l’attente de la désignation d’un Premier ministre, la population est de plus en plus sceptique sur la subvention des manuels scolaires cette année.

système éducatif
Crédit photo : https://iwaria.com/

Deux semaines après la rentrée officielle de l’année scolaire 2017-2018, la préparation et la distribution des livres subventionnés n’étaient pas toujours disponibles. La fièvre du Mondial étant passé, l’État dispose-t-il de fonds pour la migraine de la rentrée des classes 2018-2019?


Fiasco de la Mannschaft : malédiction ou fin du cycle de Joachim Löw ?

Eh oui. Il faut le croire. La National Mannschaft est éliminée de cette 21e édition de la Coupe du monde dès la phase de poules. La dernière fois que cela est arrivé c’était en 1938. Pour ses trois matchs joués, la sélection allemande n’a eu qu’une seule victoire étriquée et deux défaites. Bon dernier du groupe F avec notamment la Suède, le Mexique et la Corée du Sud. En fait, cette équipe considérée comme une machine à gagner n’a marqué que deux buts encaissant au passage quatre buts.

Mannschaft
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Surtout après cette débâcle face à la Corée du Sud, étant supposée leur offrir la qualification, la presse allemande s’est prononcée sur cette humiliation. Bild ressort le même titre que lors de la victoire 7-1 contre le Brésil en 1/2 de coupe du monde au Brésil : « Sans mots » . Si certains supporters allemands se sont laissés aller aux larmes, j’ai dû retenir les miennes. Entre dégoût et amertume, j’ai dû prendre mon courage à deux bras pour écrire ce billet.

Malédiction?

Peut-être comme on dit, l’histoire a tendance à se répéter. Comme la France en 2002, l’Italie en 2010, l’Espagne en 2014… l’Allemagne, championne du Monde en titre, est éliminée de la Coupe du Monde dès la phase de groupes.

Personnellement, je ne crois pas en la chance. À l’opposé, je ne crois non plus en la malchance. Face au Mexique, nous avons assisté à une équipe mexicaine déterminée et un Ochoa hyper motivé. Quant au match face à la Suède, le génie de Toni Kroos a créé le miracle allemand. Cependant, face à la Corée du Sud, il n’y a pas de logique qui tienne. En effet, les Allemands semblaient manquer d’inspiration encore moins d’un meneur. Cette équipe allemande, qui peut compter sur son jeu d’ensemble plutôt que sur une vedette, laissait à désirer.

Par exemple, Timo Werner en pointe n’était pas le bon choix selon moi. D’autant plus, le carton rouge de Jérôme Boateng a coûté très cher à la Mannschaft. Il aura fallu quelques interventions de Mats Hummels au niveau de l’attaque pour miroiter un petit quelque chose. Sincèrement, les matchs de l’Allemagne avant le Mondial laissaient planer quelques doutes. Quoiqu’on était loin de s’imaginer un tel scénario. Ben. Bon. C’est le football.

Joachim Löw ou la génération post Mondial 2006 ?

Jürgen Klinsmann quitte la sélection en 2006 après le tournoi et est remplacé par son adjoint Joachim Löw. Avec lui, une génération de joueurs assoiffés du titre de champion du monde. Bastian Schweinsteiger, Lukas Podolski, Philipp Lahm et Miroslav Klose sont, entre autres, quelques joueurs expérimentés qui ont soulevé la Coupe en 2014. Les jeunots de l’époque tels que Mesut Özil, Sami Khedira, Jérôme Boateng, Manuel Neuer et Dennis Aogo ont remporté le Championnat d’Europe Espoir 2009. Ils ont tous acquis de l’expérience grâce à leurs aînés. Après le titre mondial, Miroslav Klose, Per Mertesacker, et Philipp Lahm mettent un terme à leur carrière en sélection. L’élimination précoce de la Mannschaft lors de la Coupe du Monde 2018 vient démontrer que la Mannschaft n’est plus aussi invincible qu’autrefois.