Jallaski

L’ « or bleu », un droit essentiel et fondamental à la vie

L’écart du niveau de vie dans nos sociétés africaines en voie de développement ne cesse de se creuser. La vie n’a pas fait de cadeau à tout le monde. En effet, loin de vouloir exagérer dans mes propos, force est de reconnaître qu’à cette belle époque de la révolution numérique et de la génération « pressé-pressé » comme on l’entend souvent, les populations juste à côté n’arrivent même pas avoir au quotidien ce précieux liquide. Ce liquide qualifié de source de la vie : l’eau potable salubre ou l’ « or bleu ».

Il est bientôt 6h dans cette agréable brume matinale. Au loin, des silhouettes féminines se déplacent à grandes enjambées avec des charges sur la tête.

Ah ! Ce sont les femmes qui reviennent de la quête d’eau au marigot, pensais-je. Scène plutôt habituelle dans nos campagnes.

Une corvée difficile mais nécessaire pour la survie de sa famille

Mais, parmi elle, une petite silhouette attire mon attention à leur approche. Les lèvres serrées et des grosses gouttes de sueur perlant sur ses petites joues, Ania revient du marigot avec son précieux butin. Elle n’a fait qu’une bouchée des 3 kilomètres qui la sépare du point d’approvisionnement. Mais, il faut maintenant se préparer à toute vitesse pour l’école et penser à la cargaison du soir. Eh oui ! Il faut qu’elle reprenne encore le chemin du marigot à sa sortie de l’école et cela avant la tombée de la nuit.

« Je suis habituée maintenant », voici ce qu’elle m’a répondu, sourire aux lèvres quand j’ai fait allusion à la grande bassine qu’elle portait.

Ania, 12 ans, est une fillette qui habite dans une petite commune rurale au centre de la Côte d’Ivoire. Ici, l’eau potable est une denrée rare. Elle m’apprend qu’elle vit avec sa mère et ses deux petits frères. Elle représente la seule aide de sa mère, une ménagère qui essaie de faire de son mieux pour nourrir ses enfants. Très souvent, la quête d’eau revient à elle toute seule. Pendant que sa mère s’occupe à d’autres tâches ménagères. Tous les matins et les soirs, elle part donc avec les femmes et les jeunes filles des concessions voisines pour la quête de l’ « or bleu ».

Mais, cet or qu’elle ramène à la maison est loin d’être bleu malheureusement. Souvent, il est plutôt d’un gris sale et boueux. Surtout, lorsque les bergers passent avant, avec leur troupeaux.

Où en sommes-nous avec l’accès à l’eau potable ?

Pourtant, l’Organisation des Nations Unies a adopté en 2010, une résolution sur le droit à une eau potable salubre comme:

« un droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l’homme ».

Le manque d’eau potable est l’une des plus importante cause de mortalité infantile dans le monde selon l’organisation. Aujourd’hui, après les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l’accès à l’eau potable est l’objectif spécifique numéro 6 des Objectifs pour le Développement Durable (ODD) mis en place en 2015. Il vise à transformer les vies tout en respectant la planète d’ici 2030.

Mais, en attendant le transfert de technologies dans le domaine de l’eau potable dans les pays en développement et les réelles politiques d’extension de l’accès à l’eau potable salubre dans nos villages, Ania continuera encore longtemps de parcourir deux fois par jour la piste rocailleuse du marigot. Elle sourira toujours, avec sa bassine d’environ 20 litres en équilibre sur la tête. Alors qu’en moyenne chaque personne en ville utilise entre 50-70 litres d’eau potable salubre par jour, la petite famille de quatre personnes doit se contenter du maigre butin d’Ania. Elle doit se débrouiller avec environ 40 litres d’une eau de qualité plutôt douteuse par jour.

Peut-on considérer que cette petite famille et toutes celles qui sont dans la même situation vivent ?


Egypte, le top 5 des choses qui m’ont le plus étonné

Il parait que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Sortir de son pays, de son cocon habituel fait voir des choses. Après que temps passé en Egypte, voici quelques-unes de mes interrogations pour essayer de mieux comprendre ce pays.

Q1: Egypte, un pays africain ?

Question à un million de dollars.

J’ai vécu deux années en Egypte mais j’y suis reparti sans vraiment savoir où se trouve finalement ce pays dans le monde. Avant de m’y rendre je le situais en Afrique, mais maintenant, je ne sais plus. Vraiment étrange n’est-ce pas ? Rassurez-vous je n’ai pas fumé un joint. Mais c’est juste que je suis aussi perdu que vous en ce moment.

Comme la plupart des personnes l’observent sur la carte du monde, l’Egypte se trouverait en Afrique, mais pas que ! Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, une portion de ce territoire particulier s’étend au-delà du continent Africain, plus exactement dans la péninsule arabique. De ce côté-là, l’Egypte fait frontière avec Israël et la Palestine (si on tient compte de certaines considérations géopolitiques). En attendant que les géographes ou les experts en positionnement global répondent à cette interrogation:

Ne dites surtout jamais à un égyptien qu’il vit en Afrique ou pire en encore qu’il est AFRICAIN ! Et pourtant…

Q2 : Les mosquées égyptiennes disposent-elles d’un meilleur système de sécurité que les églises ?

Loin de vouloir soulever une polémique stérile, je reste toujours intrigué par ce qui arrive aux personnes qui fréquentent les églises en Egypte. L’actualité au sujet du décompte macabre dans les églises égyptiennes ces dernières années fait froid dans le dos. Pour ma part, j’ai toujours été impressionné par les importants dispositifs militaires devant les églises dans ce pays. Surtout en ce qui concerne les églises coptes. A Alexandrie par exemple, je passais chaque matin devant ce que je considérais comme un camp militaire tellement le dispositif à l’entrée était impressionnant, avant d’apprendre bien plus tard que c’est en fait une église. Certaines églises sont mieux surveillées que les banques de la ville. C’est peut-être un peu bizarre mais ici on craint autre chose que les vols à main armée.

En ce qui concerne les mosquées, il y en a à tous les carrefours. Des grandes et des petites, aux architectures parfois grandioses et richement décorées.

Dispositif de sécurité vous avez dit ?

En tout cas, pour les mosquées d’Alexandrie que j’ai vu, il n’y avait aucun dispositif militaire devant les entrées. Le dispositif pourrait probablement se trouver à l’intérieur. Malheureusement, je n’y suis jamais rentré pour satisfaire ma curiosité. Les sachants pourraient peut-être nous éclairer.

Q3 : Soudani ? Bikem ?

L’objectif, mesdames, n’est pas de vous effrayer mais juste attirer votre attention. L’Egypte est beau et grand pays touristique. Mais si vous n’êtes pas habitués à la mentalité du coin, je vous suggère de ne pas trop vous promener seule dans les endroits peu fréquentés. Mieux vaut toujours être accompagné par un homme ou une femme. Surtout, lorsque vous avez une peau chocolatée, le niveau de harcèlement et les railleries dans la rue augmente plutôt vite. Pour une personne qui n’est pas avertie, le choc psychologique peut être difficile à surmonter, en plus dans une langue étrangère à vos oreilles.

« Bikem ! » C’est la question favorite. Littéralement : « c’est combien ? »

Pourquoi cette question me direz-vous ? Ben, je vous laisse deviner.

En fait, il paraîtrait que des jeunes filles viendraient du Soudan voisin pour y pratiquer le plus vieux métier du monde. Ainsi, toutes les filles noires seraient considérées comme telles. D’ailleurs pour un égyptien tout « black » rencontré dans la rue est de facto un « Soudani ». Mais après la finale de la coupe d’Afrique de football en février 2017, on était tous devenus des camerounais pour leur clouer le bec.

Plusieurs amies ont malheureusement subie des tentatives d’attouchement dans la rue ou dans leur ascenseur. Mesdames, ne prenez jamais l’ascenseur de votre immeuble avec quelqu’un de l’autre sexe que vous ne connaissez pas si vous êtes seule. Cela vaut également pour les hommes. Par exemple, je n’ai jamais pris l’ascenseur même quand une femme (égyptienne que je ne connais pas) me demandait de monter. Je faisais toujours signe que je préférais attendre, sait-on jamais !

Q4 : Pourquoi ne fumes tu pas ?

Attend, mais franchement quoi ! C’est moi qui passe pour la personne bizarre pour être non fumeur.

Voici une scène que j’ai vécu à Alexandrie. Un jour dans un taxi, le chauffeur me tend une cigarette.  Je lui dis que je suis non fumeur mais il ne conçoit pas que je n’accepte pas la clope qu’il me tend. Je lui demande en anglais d’éteindre la cigarette qu’il vient d’allumer, mais lui me répond en arabe avec des grands gestes en se moquant de moi.

Bienvenue dans l’une des capitales mondiales des « poumons en feu ». Sincèrement, je n’avais jamais vu des gens aussi accroc à la fumée. Les cafés à shisha sont aussi nombreux à Alexandrie que les maquis à Yopougon (Abidjan).

Si vous ne fumez pas en Egypte c’est que vous n’êtes pas fun, vous n’êtes pas à la mode. Vous devrez aussi vous y faire car il n’y a aucune interdiction sur le fait de fumer dans les lieux publics, dans le taxi et même dans les transports en commun. Pour ma part, je me suis plusieurs fois fait enfumer dans les bureaux, les taxis, les microbus de transport et même dans le bus de l’université sans pouvoir rien y faire. Une amie a même fait une crise d’asthme terrible une fois sans que le conducteur pense à éteindre sa clope malgré notre insistance.

Si vous avez un problème avec la cigarette, n’oubliez pas de vous acheter un masque à gaz avant de faire le voyage.

Q5 : Pourquoi exhibe-t-on la lingerie féminine extra sexy dans un pays si pudique ?

L’habillement en Egypte est souvent un casse-tête pour la gente féminine étrangère à la culture égyptienne. Porter un vêtement qui ne dépasse pas les genoux pour les femmes est très mal vu. Bizarrement ce sont les égyptiennes qui s’arrêtent le plus souvent pour indexer les filles « mal vêtues ».

Cependant, la pudeur égyptienne semble s’arrêter lorsqu’il s’agit de faire du cash. La première fois que j’ai vu ces vitrines sur les grandes avenues du marché, j’étais estomaqué. Des mannequins aux poitrines généreuses dans des positions extrêmement cocasses arborant des vêtements et des accessoires de hard sex. Et c’est presque partout comme cela sans émouvoir personne. Ces genres de boutiques pourraient se faire plus discrètes. En fait, ces gars-là cachent une perversité mal assumée, me suis-je toujours dit. Cette double facette rend la vie peut naturelle. Peut-être que je me trompe. Des explications seraient les bienvenues en tout cas.


Le 5 juin, c’est la Journée Mondiale de l’Environnement, vous avez dit ?

Chaque année, le 5 juin est censé être une journée particulière dans le monde entier. Celle de l’environnement. Mais, pour la majorité des Terriens, c’est une date assez peu connue. Pourtant, elle fait partie des grands rendez-vous de réflexion sur l’avenir de la planète bleue. La semaine du 30 mai au 5 juin a même été décrétée Semaine Européenne du Développement Durable, pour fédérer les actions de préservation environnementale. Sachant que cette journée nous concerne tous, ou du moins doit tous nous concerner, que doit-on faire concrètement, chacun à son niveau ?

Crédit photo: pixabay.com

Un peu d’histoire sur la journée de l’environnement

Tous les peuples doivent être des agents actifs du développement durable et équitable.

Initiée par l’ONU en 1972, à l’occasion de la conférence de Stockholm, la Journée Mondiale de l’Environnement (JME) met en avant un enjeu spécifique important chaque année, avec des expositions internationales durant la semaine correspondante.En effet, son objectif est de faire prendre conscience des problèmes environnementaux irréversibles qui guettent la planète et amener tous les peuples à devenir des agents actifs du développement durable et équitable. Aussi, depuis son lancement, cette journée est devenue une plate-forme mondiale de sensibilisation du public. Elle est célébrée dans de nombreux pays.

Le canada à l’honneur en 2017

Après l’Angola, c’est le Canada qui accueille cette année les célébrations officielles de la JME. Elle est également au cœur des célébrations du 150ème anniversaire du Canada, avec de nombreuses activités prévues et la gratuité de l’entrée dans tous les parcs nationaux du pays sur toute l’année.

Le thème de l’année

« Rapprocher les gens de la nature », tel est le thème retenu pour cette année.

Crédit photo: forumandersreisen.de

Il nous est donc gentiment demandé de sortir de chez nous, de nous rendre dans la nature pour apprécier la beauté qui nous est offerte et que nous tentons de détruire par nos actions. Cela doit nous permettre de réfléchir à la manière dont nous nous intégrons dans la nature et dont nous en dépendons. Car, la surexploitation, la pollution et le changement climatique menacent surtout nos systèmes de production primaire.

Les dons de nature sont souvent difficiles à évaluer en termes monétaires. Ces services rendus sont qualifiés de « services écosystémiques ». Ils comprennent les services d’approvisionnement (eau, aliments, bois, etc.), de régulation (qualité de l’air et du sol, pollinisation, réduction des risques de catastrophes naturelles, et.), de soutien (fourniture d’espèces de vie des hommes, des végétaux et des animaux) et culturels (identité culturelle, esthétique, cultes traditionnels, tourisme, etc.).

Il faudrait changer notre rapport à l’environnement, sortir des clichés et des stéréotypes.

Au-delà de la JME, notre relation avec les environnements urbain, rural ou naturel devrait changer. Ainsi, sortons des clichés et des stéréotypes. Le développement durable ne concerne pas que la mise en place de règles strictes de protection de la nature, mais le volet social et le développement économique harmonieux ont également leur place. Aussi, le développement durable n’est pas seulement une question qui doit interpeller des chefs d’Etats ou des ministres lors des grandes conférences internationales, mais c’est l’affaire de tous. Chacun, dans ses actions au quotidien, doit faire l’effort de s’aligner sur les Objectifs du Développement Durable.

« Let’s go, enjoy your 5th June for our common future ! »


Côte d’Ivoire : quelle place pour les minorités actives physiquement défavorisées ?

J’ai dû trouver une expression pour qualifier toutes ces couches de la population laissées pour compte à cause de leur handicap. En effet, le train de l’émergence fonçant à toute allure, il ne peut embarquer que les 200% valides. Car, même ceux qui sont 100% valides n’arrivent pas à s’en sortir convenablement.

La confédération des organisations des personnes handicapées de Côte d’Ivoire*, née le 31 mars 2012, regroupe plusieurs associations et fédérations de handicapés. A noter que, le recensement général de la population et de l’habitat de 2014 ne donne pas les statistiques exactes des personnes handicapées. Cependant, leur nombre serait évalué à plus de 900 000 personnes. Aussi, les minorités handicapées sur lesquelles nous voulons mettre l’accent dans ce billet sont les personnes muettes, malentendantes, aveugles ou encore celles qui souffrent de deux ou des trois maux cités. Comment ces personnes défavorisées arrivent-elles à suivre le rythme de cette vie de plus en plus difficile ?

Un départ raté

Ismaël, sourd-muet de 26 ans explique avec des grands gestes : « on nous a dit ce jour-là qu’il n’y avait plus de place, l’école était déjà remplie ».

Pas de place ! C’est malheureusement ce à quoi les parents des jeunes sourds, muets et aveugles doivent faire face chaque année pendant la rentrée des classes. En effet, l’école ivoirienne pour les sourds dans la commune de Yopougon à Abidjan, seul établissement sur le territoire spécialisé dans l’encadrement scolaire des enfants déficients auditifs. Et, il est devenue trop exiguë pour accueillir tous les pensionnaires. Seul, une poignée d’enfants, moins de 200 du préscolaire au CM2*, arrivent à accéder à ce « graal ». C’est le même son de cloche à l’institut national pour la promotion des aveugles également situé à Yopougon.

Mais qu’advient-il de ces enfants après la classe de CM2 ?

Un système éducatif inadapté tout simplement pour ces minorités…

Pour la plupart des enfants chanceux, ayant eu l’occasion d’être inscrits dans ces écoles spécialisées, le chemin s’arrête brusquement après le préscolaire et le primaire. En fait, aucun dispositif dans nos collèges et lycées ne leurs permettent de s’adapter à l’enseignement dispensé. Souvent, quelques téméraires arrivent quand même à continuer les études mais au prix de mille suivi à la maison. Ce qui n’est pas à la portée de tous les parents.

« Mon fils a pu continuer ses études parce qu’il est seulement muet. Il entend très bien. Le seul problème est qu’il ne peut pas intervenir comme ses amis pendant les cours », confie M. Ernest K.

Pas d’écoles secondaires adaptées pour les accueillir. Ceux-ci doivent s’orienter rapidement vers un secteur d’activité pour devenir autonome.

Mais là également c’est souvent la catastrophe !

Quel boulot convient-il à cette minorité active ?

Considérés comme des sous-hommes ou incapables d’apporter le profit maximum dans le milieu professionnel, très peu arrivent à trouver un boulot. Plusieurs mouvements de protestations ont déjà eu lieu entre la confédération des organisations des personnes handicapées de Côte d’Ivoire et le ministère de la fonction publique. En effet, le ministère est revenu sur la décision d’intégrer chaque année quelques personnes handicapées diplômées dans les effectifs à recruter. Et ,les discussions sont bloquées depuis plusieurs années. Aussi, selon le président de cette confédération, seulement 5 personnes ont été recrutées à la fonction publique depuis l’entrée en vigueur de cette décision en 1997.

Face à la réticence de leur emploi dans les grandes structures, les minorités actives physiquement défavorisées ne peuvent que s’installer à leur propre pour faire de petits métiers informels. Mais, les banques ne se bousculent pas non plus pour les aider dans l’acquisition de prêts pour l’installation. Leur réelle intégration dans la société ivoirienne reste encore une chimère.

*La confédération des organisations des personnes handicapées de Côte d’Ivoire comprend : la fédération des associations des aveugles de Côte d’Ivoire (Famaci), la fédération nationale des handicapés physiques et accidentés de travail de Côte d’Ivoire (Fenapatci), la fédération des associations des sourds de Côte d’Ivoire (Fasoci), la fédération ivoirienne des associations des sourds et aveugles (Fiasa), la fédération des organisations des bègues de Côte d’Ivoire (Fenopci), la fédération des organisations pour le bien-être des albinos de Côte d’Ivoire (Faobaci), et la fédération pour la promotion des étudiants et élèves handicapés de Côte d’Ivoire (Fpeehci).

*CM2 : Cours moyen 2e année (dernière classe de l’enseignement primaire).


Vers une solution pour protéger le dernier rhinocéros blanc de la Côte d’Ivoire

Quinze ans, c’est le temps qu’il a fallu attendre. Et cela, pour que des moyens suffisants soient dégagés afin mettre en lieu sûr le dernier rhinocéros blanc sur les sept* de Côte d’Ivoire. Notons que, ceux-ci étaient en divagation dans le centre du pays, après la destruction en 2002 de la clôture de la réserve de faune d’Abokouamékro (Yamoussoukro), d’où ils étaient l’attraction phare.

Il est le dernier spécimen de cette espèce exotique* en Côte d’Ivoire, selon le ministère des eaux et forêts. En effet, ce mâle de deux mètres de haut et pesant plus de deux tonnes était devenu agressif ces derniers mois. En témoigne, l’attaque mortelle sur chef du village de Frondobo dans la Sous-Préfecture de Tiémélékro (250 km d’Abidjan), le 4 août 2016 et la psychose générale qui s’en est suivie. Aussi, la proposition qu’il soit rapidement abattu était revenue plusieurs fois pendant les rencontres entre l’administration forestière et les populations de la localité. Heureusement, une solution vient d’être trouvée. En quoi consiste donc cette mesure de protection du rhinocéros ?

Traque et capture

Des experts du domaine ont été expressément déplacés d’Afrique du Sud pour l’opération. Cette équipe était conduite par le docteur Willem Burger, vétérinaire animalier. Aussi, ils étaient appuyés dans cette tâche par les agents des services des eaux et forêts. Les experts sont arrivés, ce jeudi 4 mai 2017, dans le village de Djamalabo où celui-ci a été repéré. D’abord, ils ont tranquillisé l’animal à l’aide d’un fusil hypodermique. Ensuite, des soins ont été apportés avant de le rafraîchir à l’eau et à la glace pour le réveiller.

Notons que, la corne du rhinocéros a été sciée par le docteur W. Burger et remise aux autorités forestières. Cela, permettra d’éviter les risques de braconnage sur l’animal. En effet, cette corne serait très recherchée surtout en Asie pour ses vertus aphrodisiaques et anti-cancer. Elle se revendrait entre 40 000 et 50 000 euros le kilogramme sur le marché noir.

Transfert dans une réserve sécurisée

Une fois réveillé, le rhinocéros a été conduit avec un attelage dans la cage prévue pour son transport. Et cela, sous l’œil vigilant des experts sud-africains, des média nationaux et internationaux et l’acclamation des populations du village de Djamalabo. Le transfert s’est réalisé sans embûche jusqu’au nouveau site de son installation. Il s’agit de la réserve privé N’zi River Lodge située dans la forêt classée de la Mafa, dans la sous-préfecture de Brobo (350 km d’Abidjan et 45 km de Bouaké).

Installation du rhinocéros blanc dans un enclos douillet

20 ha, c’est la surface de l’enclos électrique de 2,40 m de haut érigé pour permettre au rhinocéros de se dégourdir les jambes et empêcher tout acte de braconnage. L’introduction de l’animal a officiellement été effectuée ce vendredi 5 mai dans la réserve privée. Le coût de cette opération pour réserver un cadre propice aux conditions de vie pour l’animal s’élève à environ 175 millions de FCFA*. Mais, en ce qui concerne l’interrogation à savoir si la surface de 20 ha convient réellement pour l’épanouissement d’un rhinocéros blanc, les supputations vont bon train. Aussi, les autorités de la réserve avancent qu’il s’agit d’une mesure transitoire. Cependant, c’est déjà une grande avancée pour le pays en termes de conservation de la biodiversité qui mérite d’être saluée.

Mais…

Cette mesure suffira-t-elle pour assurer la sécurité de notre cher rhino ? Les autorités forestières et de la réserve N’zi River Lodge rassurent. Tout sera mis en œuvre pour que survive encore très longtemps le pachyderme qui s’est depuis le temps acclimaté au pays des éléphants. Mais, le seul bémol est que rien n’est encore prévu pour favoriser la dynamique de l’espèce. En effet, sans étude pour l’introduction par exemple de femelles, dans quelques années la présence de rhinocéros blancs en Côte d’Ivoire ne sera probablement qu’un lointain souvenir.

*Sept rhinocéros blancs : Cinq rhinocéros ont été offert par l’Afrique du sud en 1992. Par la suite, deux portées ont augmenté ce nombre à sept.
*Espèce exotique : espèce qu’on ne retrouve pas naturellement dans un endroit donné, espèce introduite.
175 millions de FCFA*: soit environ 265 000 euros.

Crédit photos : profil facebook Web Minef (service communication du Ministère des eaux et forêts)


Côte d’Ivoire : vers une catastrophe écologique sur le fleuve Bia, à l’est du pays

Le fleuve Bia en Côte d’Ivoire présente un spectacle de désolation depuis quelques mois. L’eau du fleuve est de plus en plus boueuse. La biodiversité aquatique et les populations riveraines sont en souffrance face à cette pollution sans précédent. Les stations de production d’eau potable installées en bordures du fleuve ont été obligées d’arrêter l’alimentation des populations riveraines. Pourtant, aucun début de mesure n’est encore en vue. Que se sa passe-t-il pour que la Bia soit ainsi polluée ?

La Bia est un fleuve important localisé à l’est du pays. Elle prend sa source au sud-ouest du Ghana, où se situent les 2/3 des 300 km de son cours. Elle se jette ensuite dans la lagune Aby à Adiaké puis dans l’océan atlantique (sud-est de la Côte d’Ivoire). La Bia représente une fierté pour le peuple Sanwi*, car elle a accueilli le premier barrage hydro-électrique du pays en 1959, dans la petite localité d’Ayamé. Elle est ainsi une source importance de développement pour cette région dominée par l’agriculture et la pêche.

Un constat amer sur la Bia

Depuis le début du mois de janvier 2017, les populations de la région voient leur fleuve, leur patrimoine, subir les affres d’une pollution sans pourvoir rien y faire.

« La couleur de notre fleuve a vraiment changé, c’est presque de la boue maintenant », constate un habitant.

Le fleuve a viré du gris clair à l’ocre. Les dépôts argileux sont de plus en plus denses. Ce changement a déjà gagné les localités de Bianouan et Yaou au sud-est du pays (respectivement à 192 km et 160 km d’Abidjan). Cette boue argileuse se dirige maintenant vers les deux barrages hydro-électriques installés à Ayamé et pourrait l’atteindre d’ici deux à trois mois. La plupart des activités menées par les populations sur le fleuve sont arrêtées causant des risques alimentaires et la paupérisation.

Pis, la station de pompage d’eau brute installée en bordure de la Bia dans la localité de Bianouan est fermée à cause des risques de pollutions de l’eau de consommation et l’augmentation des coûts de traitement. Des compensations sont réalisées à partir de d’autres sources d’adduction, mais un problème d’accès à l’eau potable risque très bientôt de se poser. En plus, des risques sanitaires importants sont à craindre. Dans plusieurs petits campements installés sur le cours du fleuve, celui-ci constitue la seule ressource pour la consommation, la cuisson des aliments et les autres besoins domestiques en eau.

La source potentielle de la pollution…

Les informations fournies par les habitants de la région font état de la présence d’orpailleurs clandestins en amont du fleuve, du côté du Ghana. Ces derniers utilisent anarchiquement le fleuve pour laver la terre retirée des carrières aurifères. Ce qui expliquerait l’aspect boueux du fleuve.

Si cette information est avérée, l’inquiétude est alors très grande au regard de la source de pollution. Parce que, la pratique de l’orpaillage s’accompagne souvent avec l’utilisation du mercure pour amalgamer les particules et paillettes minuscules d’or. Le mercure est un métal lourd très dangereux pour la santé des hommes, des animaux et pour l’environnement. Une partie importante du mercure est absorbée par la matière organique et se retrouve directement dans les rivières et fleuves. Dans le cas où les pépites et les paillettes d’or sont facilement récupérables par gravité, la technique du mercure n’est pas appliquée par les orpailleurs qui réduisent ainsi leurs coûts de production.

Les orpailleurs qui polluent la Bia utilisent-ils le mercure pour leur activité ?

Pour l’instant, aucune situation macabre n’a été signalée mais des sensibilisations doivent déjà être menées pour éviter le pire. Aussi, un état des lieux urgent doit-il être réalisé pour évaluer les risques actuels de l’usage de l’eau de la Bia. La situation étant transfrontalière, les gouvernements ivoiriens et ghanéens doivent de concert réfléchir à des solutions adéquates. A peu près 100 000 habitants en Côte d’Ivoire sont déjà touchés par cette catastrophe écologique. Si rien n’est fait, c’est la lagune Aby et toute la belle baie balnéaire d’Assinie (115 km à l’est d’Abidjan), très prisée par les touristes, qui risquent d’être polluées.

*Sanwi : Peuple occupant les régions est et sud-est de la Côte d’Ivoire d’une superficie estimé à 6 500 km2.


Déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), un potentiel encore négligé (2)

Recyclage, réutilisation, consommation durable, gestion durable, économie verte, économie circulaire, écologie industrielle et développement durable sont les maîtres mots dans nos sociétés aujourd’hui. La question du recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) prend de plus en plus d’importance. Et ce, à cause de l’explosion des appareils comme les téléphones mobiles, les tablettes, les ordinateurs, les écrans plats, les équipements électroménagers, etc. Les DEEE sont des déchets. Mais pas que cela ! Ils renferment pour la plupart des potentialités souvent insoupçonnées. Que peut-on bien en tirer ?

Généralement, nous utilisons nos gadgets électriques et électroniques tous les jours sans vraiment savoir de quoi ils sont réellement constitués. Bah ! Pourquoi s’emmerder avec cela, pourvu que les constructeurs nous disent qu’ils sont inoffensifs. En fait, nos gadgets contiennent divers matériaux dont la liste ne fait que s’allonger avec les découvertes scientifiques. Heureusement, tous ces appareils sont recyclables. Leur taux de recyclage peut atteindre 80% pour certains. Et, il s’améliore avec l’avancée technologique. Le recyclage permet de produire de nouvelles matières premières dites « secondaires ». Il permet de fabriquer ainsi de nouveaux appareils tout en préservant l’environnement. C’est en cela que nos déchets deviennent de l’or.

Il faut savoir que certaines transformations demandent de la technicité et des connaissances pointues. Ce n’est donc pas accessible à tout le monde et cela s’apprend. Mais, les idées simples ne manquent pas pour redonner une seconde vie à vos déchets d’équipements électriques et électroniques. En voici quelques-unes :

1. Musée personnel et outils de décoration

Eh oui ! Un musée personnel à la maison. Il fallait y penser ! On peut imaginer de petites transformations manuelles de nos DEEE. Surtout, avec de petits appareils qui nous ont marqués ou qui nous tiennent à cœur. Pourquoi ne pas surprendre nos amis et nos connaissances avec notre sens de la déco avec de petits assemblages de vieux appareils ? Libérons donc notre génie créateur !

2. Vide-grenier

Pour faire du cash sans taxe, il n’y a pas mieux en ce moment. En effet, le vide-grenier, très développé en Europe (moins en Afrique) permet de tirer un peu d’argent de nos vieux appareils ou autres vieilleries oubliées dans les greniers. Aujourd’hui, les stars incontestables des vide-greniers sont les jeux électroniques anciens. Auparavant déchets indésirables, certains jeux vidéo s’achètent aujourd’hui à prix d’or et sont très recherchés. Tous au grenier pour dénicher la perle rare !

3. Métaux rares recherchés sur les marchés

Saviez-vous que les DEEE contiennent des métaux précieux ? L’argent, l’or, le palladium, l’indium, le cuivre, l’aluminium, et une large palette de métaux rares font partie des composants de nos appareils électroniques. Si certains métaux, comme le cuivre, sont facilement récupérables par simple incinération des déchets (attention, si cela est réalisé dans de mauvaises conditions, ce ne sera pas respectueux de l’environnement), d’autres représentent des dangers potentiels sur la santé. Au Ghana par exemple, il existe une vaste filière informelle de récupération et d’exportation du cuivre contenu dans les DEEE vers des pays comme la Chine. Les techniques évoluent. Et, les appareils que nous jetons aujourd’hui pourraient s’avérer être de l’or à nos pieds. Peut-être que nous regretterons bientôt d’avoir jeté tous nos DEEE à la déchetterie, sait-on jamais !

4. Expérience de recyclage de déchets dans les Fab Lab (laboratoires de fabrication)

Crédit photo: vimeo.com

Les Fab Lab (des « laboratoires de fabrication », d’où leur nom) exploitent à fond les DEEE pour leurs activités. Dans ces petits labos, les jeunes réussissent à fabriquer de nouveaux outils et à faire revivre de vieux ordinateurs avec des circuits intégrés trouvés çà et là. La création est sans limite et les initiatives sont de plus en plus soutenues par des financements privés. C’est une expérience très positive. Pourquoi ne pas faire un tour dans un Fab Lab pour voir concrètement ce qui s’y trame ?

Enfin, si vous avez tout essayé ou si vous n’êtes pas trop « recyclage et réutilisation » de vieux appareils. Alors, faites un petit don de vos équipements encore fonctionnels aux associations caritatives. Cela pourra remettre de la joie dans un petit cœur quelque part dans le monde.


Déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), un potentiel encore négligé

Depuis quelques années maintenant, le monde les a découvert. Ils sont partout autour de nous et nous rendent d’énormes services, à tel point qu’on ne peut plus s’en passer. Je parle des appareils électriques et électroniques, les smartphones, les télévisions, les réfrigérateurs, les ordinateurs… Le consommateur lambda n’a pas vraiment le temps de se soucier de certaines questions pourtant essentielles, comme, par exemple : comment sont-ils produits ? Où vont-ils après nos usages domestiques ? Quel danger représentent-ils pour l’environnement ? Quel potentiel économique représentent leurs déchets ?

Smartphone usagé
Crédit photo: flickr.com

Les Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (désignés par les sigles DEEE ou D3E), pullulent chaque jour dans notre environnement immédiat. La course aux équipements les plus sophistiqués et la réduction volontaire du cycle de vie des ces outils technologiques par leur fabricants (phénomène appelé obsolescence programmée, qui permet de vendre plus d’appareils) ne sont pas faits pour arranger les choses… A titre d’illustration, en 2015, sur la planète, une personne sur trois possédait au moins un smartphone. Le nombre d’utilisateurs de smartphones a aujourd’hui atteint les 2,1 milliards selon le cabinet Strategy Analytics, soit plus de 35% de la population mondiale. Les grandes firmes de production se frottent les mains. La concurrence pour vendre toujours plus cher de petits bijoux de technologie bat son plein à un rythme effréné. L’exemple des smartphones n’est que la partie émergée de l’iceberg…  Mais le problème dans tout ça ce sont les DEEE.

Si dans les pays développés, le système de récupération des DEEE commence à être bien géré, en revanche dans les pays en voie de développement la situation est très différente. En Afrique, ces déchets représentent un réel problème, surtout avec leur accroissement dû à l’accès facile des populations aux nouvelles technologies. Dans certains pays, il suffit de lever la tête pour en voir partout ! Ces déchets s’accumulent avec d’autres types de déchets dans des décharges à ciel ouvert dans les grandes agglomérations et les bidonvilles. Les risques de pollution par les métaux rares contenus dans nos gadgets sont plus que présents.

Les problèmes des gouvernants sont ailleurs semble-t-il. Comment s’accrocher au pouvoir pour les vingt prochaines années ? Pour le reste, Dieu décidera.

En Côte d’Ivoire, un opérateur global de télécommunications a lancé, en 2014, une phase pilote de collecte de téléphones usagés pendant 3 mois, avec un objectif attendu de 40 tonnes de déchets. A la fin de cette phase de 3 mois, la collecte fut finalement de 70 tonnes de téléphones et d’équipements électroniques usagers. Cette donnée constitue l’un des rares exemples pour le secteur de la réalité des quantités de déchets électriques et électroniques.

Que faisons-nous de cette opportunité ?

La quantité importante de DEEE est une réalité, il suffit d’ouvrir les yeux pour la voir. Le problème c’est qu’il existe très peu de structures officielles en charge de la collecte spécifique des DEEE en Afrique. Pas de collecte spécifique ni de traitement spécifique pour les DEEE. Souvent, ces déchets sont récupérés, recyclés et réutilisés de façon artisanale par de petits réparateurs. Pour la grande majorité, on s’en débarrasse purement et simplement dans des coins de rues ou dans des espaces non habités.

« A Libreville, c’est dans les ruisseaux qu’on jette les vieux téléviseurs, ordinateurs, réfrigérateurs, etc. », m’expliquait un ami gabonais. Cela se constate un peu partout dans nos pays en voie de développement.

Mais quelques rares acteurs ont déjà senti le filon et se sont lancés dans la récupération et le recyclage d’objets divers. Des mini-filières tentent en effet de se mettre en place un peu partout. Plusieurs Fab Labs* en Afrique expérimentent la technique, mais cela reste encore trop marginal. Personne ne ferra notre beurre et notre miel à notre place, mettons donc la main à la pâte !

Lire la suite sur les opportunités des DEEE…

*Fab Labs « fabrication laboratory »


Décembre et son ami Janvier, de vrais terroristes

Chaque année, le mois de décembre fait monter l’adrénaline partout dans le monde. Nos portemonnaies le craignent véritablement. Mais que dire de son confrère janvier qui traîne beaucoup de chefs de familles chez les margouillats*.

« Ton janvier dépend de ton décembre », dixit un sage du village.

Décembre est le mois du pic de gaspillage mondial. Le gaspillage concerne aussi bien les finances, la nourriture, l’énergie (électricité, carburant etc.), les arbres et les paroles mielleuses (vœux de ceci ou cela Mdrrr). On veut tous se faire plaisir sans compter. Cela passe par l’acquisition du net plus ultra de tout ce qui existe sur la planète. Les entreprises tournent à plein régime, la pollution aussi.

Petit clin d’œil pour nous qui voulons acquérir un sapin de Noël. Est-il plus écologique d’acheter un sapin naturel ou un sapin artificiel ?

Hum… Difficile à dire quand même. Un sapin naturel, c’est consommer bio mais cela crée dans certaines conditions la déforestation et il faut racheter chaque année, ouf pour le portemonnaie ! Un sapin artificiel, durable, réutilisable plusieurs années de suite, mais sa fabrication crée la pollution, ouf pour la planète !

Que faire ?

Dans tous les cas on ne peut pas faire d’omelettes sans casser les œufs, quelques pistes de réflexion sur les sapins naturels et artificiels pour ceux que ça intéresse ici.

« Le mois de décembre est un mois risqué hein ! », expression bien ivoirienne qui signifie que même les dragueurs fous se méfient du mois de décembre. Rassurez-vous les femmes, on n’a rien contre vous oh !

Bref ! Quand décembre et son brouhaha auront fini de vous friser les poches, janvier sereinement vous attend. Très jaloux, aucune explication valable ne peut lui faire avoir pitié du fêtard déchaîné de décembre. Dans mon pays, beaucoup de chefs de famille broient du noir dans le mois de janvier et les semaines du mois semblent s’éterniser. Certains se retrouvent empêtrés dans des dettes faramineuses auprès de filous et carnassiers tapis dans l’ombre. Il paraît même que c’est une période qui enregistre beaucoup de séparation et de divorce. Attention donc!

« Après la fête, c’est la défaite », encore une expression ivoirienne tirée du nouchi*. Il faut rester rationnel, sinon…

Terreur des terreurs, chers amis, gardons-nous donc de faire aveuglément confiance à ces deux-là.

Bonnes fêtes de fin d’année ! Crédit photo: pixabay.com

*Margouillats : prêteurs sur gage très voraces
*Nouchi : argot de rue ivoirien.


Sommets de l’ OIF, entre objectifs géostratégiques et objectifs linguistiques

Tous les pays membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ont-ils le français comme langue officielle ?

Je pense que oui. Quelle question ?

L’Organisation Internationale de la Francophonie, cela s’entend, est la communauté des pays qui utilisent le français comme langue d’usage, administrative et d’enseignement.

Pour rappel, le français est la cinquième langue la plus parlée avec environ 284 millions de locuteurs dans le monde en 2015 (15% de la population mondiale).

Quoique…

En regardant de près tous les pays composant cette organisation (OIF), quelques doutes subsistent.

Aussi, avec ses quatre nouveaux membres : Ontario, Nouvelle Calédonie, Corée du Sud et Argentine, accueillis lors du #SommetMada2016 (Antananarivo, 26 au 27 novembre 2016) l’OIF compte aujourd’hui à 84 Etats membres et gouvernements.

En effet, les Etats membres et gouvernements sont répartis en 3 catégories :

58 membres de plein droit. Ils participent à l’ensemble des instances, des conférences sectorielles et des commissions. Et, ils décident de l’adhésion de nouveaux membres, de l’orientation stratégique de l’organisation et s’acquittent obligatoirement d’une contribution statutaire.

3 membres associés. Ils n’ont pas de voies délibératives. Ainsi, ils assistent aux instances sans intervenir dans les débats et s’acquittent obligatoirement d’une contribution statutaire. C’est un statut réservé aux Etats et gouvernements pour lesquels le français est déjà une langue officielle ou d’usage courant ;

23 membres observateurs*. Ils assistent aux instances sans intervenir dans les débats. Mais, ils peuvent présenter une communication avec l’accord du Président. Et, ils peuvent contribuer volontairement au financement de la coopération multilatérale francophone.

Oh surprise !

Parmi les pays membres de plein droit, noyau dur de l’OIF, donc censés avoir le français comme langue officielle des institutions, on retrouve entres autres (année adhésion) : le Canada* (1970), l’Egypte (1983) et le Cambodge (1993), etc. Egalement, au niveau des membres associés et des observateurs, on retrouve également tous types de pays (anglophones, lusophones, arabophones, etc.).

L’appartenance de certains pays à l’organisation est donc basée sur plusieurs critères : historiques, linguistiques, politiques, mais de nos jour de plus en plus sur l’économie et l’accès aux nouveau marchés : mondialisation oblige. On parle même de francophonie économique.

Focus sur l’Egypte, mon pays de résidence actuel, membre de l’OIF

La langue la plus parlée en Egypte est l’arabe, ensuite vient l’anglais. Mais trouver un interlocuteur qui arrive à aligner deux mots en anglais dans les rues égyptiennes n’est pas une mince affaire. Pour le français mieux vaut ne même pas essayer.

Beaucoup d’initiatives de l’institut français, université de la Francophonie et de lycées français sont ouvertes en Egypte pour faire la promotion du français mais cela reste encore trop couteux pour le citoyen moyen. Le français reste encore très marginal dans le pays, moins d’un millions de locuteurs sur une population de plus de 85 millions d’habitants. Visiblement, l’Egypte recherche autre chose dans la Francophonie que la langue française.

Rares sont les égyptiens qui savent que leur pays est membre de plein droit de l’OIF. Pour le vendeur de légumes en bas de mon immeuble et pour mon voisin de palier, c’est un grand étonnement d’entendre cela. Mais, les choses progressent peu à peu, gardons espoir…

*Thaïlande suspendu des pays observateurs depuis 2014
*Canada à différencier ici du Gouvernement du Québec qui lui a adhéré en 1971


Complaintes d’un rendez-vous tant préparé et malheureusement manqué

« Monsieur qu’est-ce que cette affaire de blog va vous apporter. Je vous conseille plutôt de vous concentrer sur vos études. Si c’était un colloque ou un atelier scientifique en droite ligne avec votre master en environnement ou si le programme universitaire n’avait pas changé à cause de la disponibilité de certains enseignants, votre départ était possible ».

Le choc est tellement violent que je n’ai pas pu continuer d’argumenter.

« Merci Monsieur ! » C’est tout ce que j’ai pu dire après deux jours d’intenses négociations.

Le blogging est effectivement mal connu. Il est considéré comme une activité de jeunes geeks ayant du temps à perdre sur internet et les réseaux sociaux. Mais ce qui n’est pas compris par mon administration, c’est que pour moi c’est une passion qui me fait passer de longues heures à soigner mes billets.

Beaucoup reste à dire et à faire pour donner de l’importance au blogging francophone, comme dab* les blogueurs anglophones semblent encore nous damer le pion. La présence de mondoblog au XVIe Sommet de la Francophonie à Madagascar doit permettre de propulser l’importance notre petite communauté aux yeux de tous.

Dans plusieurs pays, les blogueurs sont même sur la corde raide, toujours obligés de faire profil bas ou se cacher pour ne pas être pris à partie par les gouvernants en manque d’inspiration.

Le Recteur de mon université, université international de langue française et Opérateur Direct de la Francophonie, sera présent à ce sommet. J’espère vivement qu’il revienne avec une autre image de mondoblog et du blogging.

Je n’arrive pas à trouver beaucoup d’inspiration ce matin. Je pianote sur mon smartphone pour voir les publications des mondoblogueurs arrivés à Tana. J’essaie à travers leurs posts et photos de capter les merveilleuses de la ville.

Il est 9h ce samedi 19 novembre. J’ai un peu de mal à me décoller du lit, pour cause, je suis resté éveillé une bonne partie de la nuit. L’insomnie a décidé de me visiter cette nuit, moi qui suis pourtant un gros dormeur. En réalité, si j’ai mal dormi c’est parce que je n’ai pas pris mon vol pour Madagascar, prévu dans la nuit du vendredi au samedi, pour rejoindre les autres mondoblogueurs invités.

Ouais ! Je devais être à Tananarive pour la formation mondoblog et le XVIe Sommet de la Francophonie. Je suis très triste de ce rendez-vous tant préparé et malheureusement manqué. Le grand angle que je voulais réaliser sur l’aspect environnemental du Sommet de la Francophonie, tombé à l’eau !

A côté de l’armoire, ma valise que j’ai soigneusement préparée laisse répandre son contenu à même le sol. Dans ma tête j’essaie de rester positif malgré le découragement. Je manque d’énergie pour tout ranger dans l’armoire.

Un petit bip sur mon smartphone, encore des posts de mes amis mondoblogueurs à Tana, je cours les lire et rêver…

*dab : d’habitude


De l’ « adapt-atténuation » à l’ « adapténuation » : adaptation du concept (2)

Fruit d’une première réflexion sur ce que représente l’Afrique dans la problématique complexe des changements climatiques, l’ «adapt-atténuation » s’adapte et de devient « adapténuation ».

C’est quoi au juste cette cacophonie : Adapténuation?

En fait, on peut classer les pays du monde en plusieurs catégories, en fonction de plusieurs critères, mais dans notre cas considérerons les trois catégories suivantes :

1) Pays dits « développés » ;

2) Pays dits « émergents » (dont certains se considèrent pauvres quand il s’agit de régler les factures internationales et se considèrent développés quand il s’agit de faire du tape à l’œil. Pourtant leurs populations vivent souvent dans des conditions pas possible) ;

3) Pays dits « en voie de développement » (pour faire joli et ne pas parler de pays pauvres ou pays du tiers monde).

Ainsi, le groupe des « décideurs » du monde et son cortège d’hypocrites ont tout balisé. Sur le plan climatique, les pays dits « développés » doivent faire l’effort d’atténuer les effets néfastes de leur système de production gourmand en énergie, peu ergonomique et fortement polluant.

Les pays dits « en voie de développement » quant à eux doivent adapter. Cela concerne leur mode de vie déjà précaire et leur mode de production archaïque. Ils sont obligés de d’adapter contre les conséquences de l’impérialisme des puissances occidentales. Ces pays n’ont donc pas le choix : s’adapter ou périr.

En ce qui concerne les pays dits « émergents », ils s’« auto-classent ». On les retrouve tantôt comme pays « en voie de développement », tantôt comme pays « développés ». Tout dépend des opportunités du moment. Pour moi c’est la meilleure catégorie, tellement les possibilités de passer entre les mailles du filet sont énormes.

Un concept en adaptation…

Comme de nombreux pays du tiers monde, mon concept initial « adap-atténuation » a besoin de s’adapter aux besoins du temps. En gros la sémantique reste la même mais le syllabus change.

Le concept prône une Afrique qui s’adapte aux changements globaux en n’oubliant pas d’atténuer ses externalités négatives sur l’environnement. Nos décideurs sont trop focalisés et attirés comme des abeilles sur du miel sur les fonds débloqués par les pollueurs en faveur des pauvres pour l’adaptation en oubliant que l’Afrique a déjà amorcée une phase d’industrialisation sauvage qui risque de compromettre la transition énergétique.

Où iront ces nouveaux fonds? Serviront-ils à faire les travaux prévus? Qui vivra verra!

Il y a souvent beaucoup d’anarchie en Afrique. Mais, faisons l’effort d’accompagner au mieux cette phase d’industrialisation incontrôlée. C’est ce qui a propulsé la Chine du néant vers le sommet de l’autodestruction moderne. Mieux vaut prévenir que guérir.

Les commentaires et les propositions de plusieurs personnes concernant mon premier billet sur le sujet m’amènent à adapter le concept pour, entre autres, faciliter la prononciation et permettre en un coup d’œil au lecteur de voir clairement les deux mots qui le composent : « Adaptation » et « Atténuation ».

Même si comme le dit mon ami F. : « Ce n’est pas pour demain l’adoption de ton mot par l’académie française », je suis confiant que ce concept fera son bonhomme de chemin.

« Adapt-attténuation » devient donc « Adapténuation ».

Qu’en penses-tu ? Est-ce suffisamment compréhensible pour toi ?

Tes commentaires permettront l’adaptation continue du concept pour l’atténuation de sa compréhension. Dans tous les cas nous n’avons pas le choix : nous devons tous nous adapténuer. La conférence des parties CoP en sa 22e assemblée à Marrakech au Maroc doit nous conduire vers des pistes de solutions viables.


Épilogue du retour des « samarah » au pays des pharaons (2)

Je me nomme F.M, ne pas confondre avec frequency modulation, procédé de radiodiffusion. Je viens d’apprendre qu’on m’appellera dans la rue « samarah ». Peu importe. Mais, j’ai quand même un trait commun avec les récepteurs radios : je carbure au Mégahertz. Taquin et dégourdi, j’anime toujours l’endroit où je me trouve. Infatigable blagueur, j’arrive toujours à faire sourire même le plus soucieux, avec mes réflexions décalées. J’aime la vie et je sens que la vie m’aime bien également. L’écriture est aussi une autre de mes passions. Souvent insomniaque, j’écris la nuit dans le murmure de la ville.

Je n’arrive à rien capter depuis quelques semaines. Mes capteurs hertziens n’arrivent plus à déchiffrer le nouvel encodage du milieu. C’est l’arabe partout ici. Et surtout ce fameux mot « samarah »

L’Égypte, un pays anglophone ?

Je suis arrivé à Alexandrie le 15 septembre 2016 dans le cadre d’un Master 2 en Management de projets à l’Université Senghor. Mais, après plus d’un moi, je ne me suis toujours pas encore très bien acclimaté. J’avais lu que l’Égypte était un pays anglophone. Cependant, grande est ma surprise de constater que les interlocuteurs dans la rue de mon quartier ne parlent que l’arabe. Les seuls mots anglais qu’ils arrivent à sortir naturellement sont « hi ! » ou « morning ! ». J’ai rencontré dernièrement le gérant d’une petite boutique qui arrive à mieux faire. Il fait même des efforts pour sortir quelques mots en français.

Embarquement pour Alexandrie…

Mon avion a touché terre à 04h05mn du matin au Caire. Le détour par Istanbul en Turquie n’était pas pour faciliter les choses. Environ 10 heures d’escale dans des conditions pas vraiment agréables.

A l’aéroport du Caire, je rencontre d’autres étudiants de l’université qui comme moi sont aussi en mal acclimatation. Heureusement, un chauffeur a été spécialement envoyé pour nous exfiltrer vers Alexandrie à 220km, sans quoi c’était la catastrophe.

Nous sommes huit à embarquer dans le minibus en plus du chauffeur. Il est environ 5h du matin. J’essaie de rester éveiller pour enregistrer toutes les images de cette mégalopole qu’est le Caire. Mais, avec la fatigue du vol, les nombreux détours sur les immenses échangeurs et le léger vent frais, je finis par m’assoupir un moment. Une petite secousse me fait ouvrir les yeux un moment. Assis derrière le chauffeur, je jette un coup d’œil au fond du véhicule, tous les autres n’ont également pas pu résister au sommeil. C’est un véritable petit concert de ronflement.

Un véhicule sans chauffeur?

J’essaie d’éloigner le sommeil en manipulant mon smartphone. Le véhicule semble zigzaguer doucement. On mord à chaque fois les bandes blanches sur cette autoroute à 4 voies. Aussitôt, je me penche un moment vers le chauffeur et je remarque que celui-ci mène une lutte acharnée contre le sommeil. Mon cœur commence à battre la chamade. Je lui donne une petite tape sur l’épaule et il me sourit comme pour me rassurer. Le pauvre, il nous a attendus toute la nuit et maintenant son corps réclame le repos.

Je lutte également contre le sommeil durant tout le trajet pour aider le chauffeur à rester lucide. Et, je réveille quelques-uns pour entamer des causeries afin d’apporter de la présence pour le chauffeur.

Je suis catégorique pour les convaincre de rester lucide : « les amis si on dort, ON EST MORT ! Le chauffeur là il est fatigué, IL DORT ! ».

C’est le cœur en pièce que moi et mes amis « samarah » arrivons à Alexandrie au petit matin. Sacrés arabes, ils sont vraiment terribles. De vrais noctambules. Ce fut un voyage mouvementé mais, une nouvelle et belle expérience.

Un récit de F.M


Zéro gaspillage, un mode de vie plus que nécessaire

Le spectre grandissant des effets néfastes des changements climatiques à venir, font craindre la disparition future de l’espèce humaine sur la planète terre. En effet, le système alimentaire mondial est déjà vulnérable aux chocs de production. Si on doit adjoindre à cela les conditions climatiques extrêmes et le gaspillage, les chances de subsistance deviennent minces.

Les experts sont unanimes. Avec le réchauffement trop rapide de la planète, la probabilité d’un choc alimentaire mondial, jusqu’à présent susceptible de se produire une fois par siècle, pourrait frapper tous les trente ans à partir de 2040. Il ne s’agit pas uniquement de demander aux populations de réduire leurs rations alimentaires. Mais, le principal défi consiste à réduire la part de gaspillage.

La terre subit déjà d’énormes pressions pour nourrir une population de plus en plus nombreuse. 70% des réserves mondiale d’eau douce sont pompées pour alimenter les cultures. Cependant, un tiers de cette agriculture gourmande en eau part directement à la poubelle. Il n’y a aucune conservation ni transformation efficace.

Cantines championnes du gaspillage

Selon le Programme des Nations Unis pour l’Environnement (PNUE), 3 milliards de repas partent à la poubelle. Elles proviennent surtout des cantines scolaires et des hôpitaux. L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) estime que la lutte contre le gaspillage alimentaire dans la restauration collective permettrait de générer des économies importantes. Ces économies pourraient être réinvesties dans une agriculture respectueuse de l’environnement.

En quoi tout cela nous concerne-t-il ?

Je suis presque sûr que tu as déjà vu à la télévision des reportages sur des zones du monde où la famine sévit gravement. Assis tranquillement dans un salon feutré et sirotant un soda ou un bon whisky de 30 ans d’âge. Tu te dis que tout cela n’arrive qu’aux autres.

Disons-le haut et clairement, les problèmes environnementaux, la famine et autres catastrophes humanitaires ne nous intéressent généralement pas. Ces choses se passent dans de lointains pays, et chez nous tout va super bien. Une bande d’alarmiste passent leur temps à nous faire peur en annonçant l’apocalypse.

Souvent, on se dit qu’on ne peut pas faire grand-chose. Comme effort, on donne quelque fois 1 ou 2 euros. Une manière de montrer notre attachement au combat des ONG. En citoyen modèle du monde moderne, on circule tranquillement. Nos comportements polluent pour l’équivalent de 100 notre donation par jour de frais de dépollution.

Pourtant, ces catastrophes que nous voyons dans les médias sont plus proches que nous le pensons.

Chaque geste que nous faisons sans vraiment y réfléchir contribue-t-il positivement ou négativement à sauver notre planète ? Sommes-nous des artisans de notre autodestruction ?

En outre, les questions peuvent être multiples et multiformes. Mais, seules les réponses que nous y apporterons, pourront faire avancer les choses et réduire le gaspillage. Si chacun en ce qui le concerne y travaille, ce sera déjà un bon début au lieu de laisser le politique se démerder dans ses actions hasardeuses. Mais, le gaspillage n’est pas seulement qu’alimentaire, il se retrouve dans toutes les actions de notre quotidien : utilisation de l’eau, l’électricité, le carburant, etc.

Adoptons ensemble le mode de vie « Zéro gaspillage » ou du moins réduisons considérablement et progressivement les mauvaises habitudes.

S’il te plait, passe le message à ton voisin.


Epilogue du retour des « samarah » au pays des pharaons (1)

« La charité bien ordonnée commence par soi-même », dixit un proverbe bien connu.

L’horloge numérique devant moi pointe 02h25mn, heure du Caire (00h25mn GMT), ce samedi 17 septembre. Je fais pression des deux mains sur les tampons dans mes oreilles pour ne plus rien ressentir, mais en vain. Il faut trouver autre chose, un peu de musique peut-être. Rapidement, j’engouffre les écouteurs dans mes conduits auditifs avec le réglage sur « volume max » et je pose les deux mains en cloche sur les oreilles comme pour m’insonoriser de tous bruits extérieurs. Mais la vibration de mon tympan continue de plus belle, elle semble même s’accentuer. Je remets donc mes tampons en place.

« Il me faut récupérer mon casque, il protègera mieux mon tympan probablement », pensais-je.

Mais comment l’atteindre ? Je l’ai soigneusement rangé dans mon sac à dos qui est dans le coffre à bagages juste au-dessus de ma tête et nous sommes tous attachés à nos sièges depuis un bon moment car nous entamons la descente vers le Caire. Au milieu des légères secousses et de cette sensation de flottaison que procure l’appareil en perte d’altitude, ma tête est sur le point d’exploser. Un fort sifflement me fait vibrer douloureusement les cordes auditives.

Franchement je n’en peux plus. Je jette un coup d’œil autour de moi pour bien vérifier que je suis normal et que tout le monde ressent la même sensation que moi. Mon voisin de gauche, un allemand assit côté hublot, semble assez à son aise les yeux mi-clos et un gros casque bleu sur les oreilles. A ma gauche se trouve un égyptien. Celui-ci se tient le lobe de l’oreille gauche et semble un peu mal à l’aise également mais d’une intensité moindre que moi.

Quand allons-nous atterrir ? J’ai un mal de chien.

J’aperçois distinctement les lumières de la ville mais le pilote ne cesse de faire des virages serrés à gauche et à droite comme si cela l’amuse de me faire du mal. Tout à coup, j’entends un sifflement étrange. J’ai l’impression qu’on me perce les tympans avec des aiguilles. C’est atroce et je me recroqueville sur les genoux les deux mains sur les oreilles, les yeux embués de larmes.

Etais-je en train de pleurer ? Je n’en sais rien.

Je vais aller bien voir la définition du verbe pleurer pour en avoir le cœur net. Le sifflement ayant baissé d’intensité, je lève un peu la tête et je constate qu’on a touché terre. Je souffrais tellement que je n’avais même pas remarqué qu’on atterrissait. J’enlève délicatement mes tampons. Je ressens des douleurs et des bourdonnements aux oreilles surtout au niveau de l’oreille gauche. Les voix et bruits qui me parviennent sont lourds et pas très précis. Je me frotte et re-frotte les oreilles comme pour enlever les éléments qui l’obstruent.

« Good bye ! », me lance avec un large sourire l’une des hôtesses à la sortie de l’appareil sans imaginer le calvaire que je viens de vivre.

Après quelques minutes de marche, me voici au niveau du « passeport control ».

Moi : Salam oustaz ! (en lui remettant mon passeport)

Contrôleur : Mr Jack, enta minin ?

Moi : Ana min Côte d’Ivoire

Contrôleur : Ah Kot Toufoire !, Drogba ! Drogba !

Moi : Aywa ! Shoukrane, massalema (en récupérant mon passeport cacheté).

Il est environ 3h00mn du matin, me voici de retour au pays des pharaons. L’arabe reprend ses droits car trouver un interlocuteur qui s’exprime en anglais est souvent difficile. Je saute dans un taxi après avoir dépoussiéré mon arabe avec le chauffeur (pas besoin de vous ennuyer avec ce dialogue de sourd, mdr), direction la gare d’Alexandrie, la belle cité balnéaire située à 220 km du Caire. Environ 3h de voyage m’attendent.

Traduction de l’échange avec le contrôleur :
Moi : Salut monsieur ! (en lui remettant mon passeport)
Contrôleur : M. Jacques, d’où venez-vous ?
Moi : Je viens de la Côte d’Ivoire
Contrôleur : Ah la Côte d’Ivoire !, Drogba ! Drogba !
Moi : Oui !  Merci et au revoir (en récupérant mon passeport cacheté).


L’après Ebola en Côte d’Ivoire, que doit-on faire ou ne pas faire ?

J’ai dû changer le titre de ce billet sur le virus Ebola et recadrer mon analyse plusieurs fois. J’avais mal au cœur quand je l’écrivais au départ et j’y avais mis toute mon amertume de façon crue. Mais, avec le temps, les vicissitudes de la vie m’ont apaisé. Le magma fondant s’est refroidi quelques semaines après cette bourde de la ministre de la santé de Côte d’Ivoire, le 8 septembre dernier sur les antennes de la télévision ivoirienne.

Mon ancien chef de service, ce qu’on appelle chez nous un doyen, aimait à dire qu’il ne faut pas se précipiter sur une affaire. Il ne faut pas régler une situation lorsqu’elle est trop récente et qu’on a les nerfs à fleur de peau. Sinon, on pète rapidement les plombs et le résultat est souvent salé. Merci à toi doyen pour ta sagesse, je dilue donc un peu mon propos non sans avoir encore mal.

Fin de l’épidémie à virus Ebola, annonce salutaire mais quelque peu irresponsable !

On espérait qu’elle revienne pour rectifier son annonce, mais apparemment c’est son dernier mot. En effet, la ministre de la santé et je suppose ses conseillers et collaborateurs ont fait un communiqué dans lequel ils annoncent la fin de l’épidémie de fièvre à virus Ebola. C’est une superbe nouvelle car les pressions sur le personnel de santé vont baisser. Dans les lieux de cultes, les croyants vont maintenant pouvoir se faire des accolades et se serrer les mains. Exemple, « la paix du Christ », à l’église Catholique. Et, les restrictions sur la libre circulation des biens et des personnes avec la Guinée vont officiellement être levées. 

« Restriction de circulation?« , s’étonne Barry qui a fait plusieurs allés et retours pendant la période.

Cependant, gros bémol ! Cette fameuse déclaration ne s’arrête pas là, elle encourage les populations ivoiriennes à la consommation de la venaison*. Et, un micro trottoir a même été réalisé auprès des tenancières de restaurants et des populations qui s’en félicitent.

« Cela a mise en rogne tous les agents du ministère des eaux et forêts », déclare Fernand, agent dans ce ministère.

Le ministère des eaux et forêts contre-attaque

Notons que, les agents forestiers sont en première ligne de la lutte contre la chasse. Ils ont plusieurs fois mis leur vie en danger au plus fort de l’épidémie. Et ce, pour empêcher le braconnage et la consommation de la viande de brousse, vecteur de propagation de la maladie.

En outre, dans un pays organisé, où un conseil des ministres est tenu chaque semaine, aucune décision consensuelle n’a pu être adoptée pour le bien être des populations. Le conseil des ministres avait décidé des mesures contre Ebola, la ministre de la santé a décidé seule de la levée des mesures. Les ministères semblent cloisonnés et ne mènent pas leurs actions en synergie. C’est l’une des choses importantes qu’on peut retenir de cette situation malencontreuse.

Pour preuve, le ministère des eaux et forêts a produit également un communiqué de presse le 20 septembre dernier. Il dénonce la vaste campagne de reprise de la consommation de la viande de brousse dans les médias nationaux, internationaux et les réseaux sociaux. Et cela, à la suite de l’intervention inopportune du ministre de la santé. Il tient à rappeler aux populations que la chasse, la détention, la circulation, le commerce et la consommation de la viande et de tout produit de la faune sauvage issus du braconnage sont passibles de poursuites pénales. En référence, le communiqué cite l’arrêté n°03/SEPN/CAB du 20 février 1974 portant fermeture de la chasse.

Le ministère de la santé est tranquille dans son coin, le ministère des eaux et forêts également et les populations sont dans l’étau.

Où allons-nous ?

*Venaison : chair de gros gibiers


Les deux géants mondiaux de la pollution ratifient l’accord de Paris sur le climat, qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Ça y est, la Chine et les États-Unis ont signé l’accord de Paris !

Le président chinois Xi Jinping et américain Barack Obama ont officiellement annoncés que les deux pays sont désormais liés par l »accord de Paris. C’était à l’occasion du sommet du G20 qui s’est tenu les 4 et 5 septembre 2016 à Hangzhou (Chine).  En effet, ils ont, dans un geste concerté, remis ensemble à Ban Ki-Moon, SG de l’ONU, les documents de ratification. Ce qui devrait accélérer la décision des autres pays.

Aussi, après avoir été durement négocié en décembre 2015, l’accord de Paris sur le climat* a été signé en grande pompe à New York, le 22 avril 2016 « Journée de la Terre ». Signé par 175 parties (174 pays + l’Union Européenne) membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). L’objectif de cet accord est la réduction des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2020. Il faudra contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C. Aussi, l’accord envisage également de poursuivre les actions pour limiter l’élévation des températures de la planète à 1,5°C.

Le Parlement chinois a donc adopté samedi 3 septembre, lors de sa session bimensuelle, le texte issu de la COP21. Quant au président américain, c’est par une décision présidentielle qu’il engage son pays. En effet, pour ratifier le texte, le président démocrate aurait dû s’en remettre au Congrès à majorité républicaine, hostile aux mesures engagées. Mais, autant dire que la suite s’annonce difficile.

Encore du chemin à faire…

Beaucoup d’efforts sont à fournir par ces pollueurs durant les années à venir. En effet, la Chine doit s’affranchir de sa dépendance au charbon, principale source d’énergie du pays. La puissance communiste a encore du chemin à faire avant de devenir un modèle écologique. Car, le pays, qui tire 70% de son électricité du charbon. Il est responsable de 20% des émissions mondiales de CO2, devant les États-Unis (18%). Cependant, la Chine est certes le pays qui investit le plus dans l’énergie solaire, mais elle a aussi validé la mise en chantier de 150 centrales à charbon.

Des effets positifs sont déjà en train d’être constatés. Aussi, les niveaux de consommation de charbon du pays ont baissé par rapport aux trois années précédentes. De ce fait, nous assistons progressivement à la conversion de la première économie asiatique aux énergies pauvres en carbone.

Ces deux pays font depuis longtemps partie des mauvais élèves en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En outre, ils ont toujours été en marge des ratifications concernant ce sujet. On se souvient encore de cette tristement célèbre phrase :

« Le train de vie des américains est non négociable », assenait il y a plus d’une vingtaine d’année le président américain Georges Bush père.

Le revirement de situation ces dernières années augure d’un lendemain meilleur pour la planète. Cependant, ne crions pas vite victoire. Il faudra faire du lobbying auprès des puissantes multinationales pour qu’elles acceptent de réduire leurs gains pour mettre en œuvre l’accord de Paris. Quand on sait que ces derniers sont capables de « faire » et de « défaire » des gouvernements, la tâche s’annonce assez compliquée. Applaudissons, mais gardons un œil sur la suite.

Quel est le bilan actuel de l’accord de Paris ?

Le relai ces derniers jours de l’information de ratification de l’accord de Paris ne veut pas dire que la victoire est acquise. En effet, l’accord de Paris entrera en vigueur dès lors que 55 pays représentant au minimum 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) auront ratifié le texte.

Néanmoins, la ratification des deux poids lourds que sont la Chine et les États-Unis marque un pas décisif. Car, ces deux états représentent pas moins de 38 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En effet, ajoutés au 1 % représenté par les petits états insulaires les plus prompts à ratifier ; aux 2,5 % du Brésil, dont le Congrès a approuvé le texte le 11 août ; au 0,9 % de l’Argentine, qui a fait de même le 2 septembre, ce sont donc désormais plus de 42 % des émissions de gaz à effet de serre qui figurent dans le champ de l’accord de Paris.

Notons que, la Russie a clairement fait entendre qu’elle ne comptait pas ratifier avant 2019. Aussi, on espère que l’engagement de ces deux pays va créer une dynamique positive pour entraîner d’autres gros pollueurs comme le Canada, l’Australie et l’Inde.

*Consulter : CoP21, 30 novembre-11 décembre 2015

*Consulter : la liste complète des signataires et pays ayant ratifié l’accord (CCNUCC)


Bingerville-Côte d’Ivoire : le jardin botanique n’attend que toi

Vestige de l’époque coloniale, le Jardin Botanique de Bingerville est un espace reposant qui vous ouvre ses portes à deux pas d’Abidjan. En fait, on peut même dire que le jardin se trouve maintenant dans Abidjan, vu que l’urbanisation galopante de la capitale économique a phagocyté cette petite ville. Aussi, ce site touristique n’attire pas les ivoiriens qui préfèrent prendre du bon temps autour d’une drogba* bien fraîche. Les Occidentaux sont donc les plus nombreux pour les visites.

Un peu d’histoire…

Après Assinie et Grand Bassam, Bingerville devient la troisième capitale de la colonie française entre 1900 et 1934 avant de laisser la place à Abidjan. En fait, cette ville porte le nom du premier gouverneur français du nom de Louis-Gustave Binger.

D’une superficie actuelle de 56ha 47a 44ca*, ce jardin a été créé en 1904 sur décision du gouverneur Angoulvant. D’abord, d’une superficie d’environ 70 ha, cet espace était réservé pour les parties de chasse des colons et autres activités ludiques. Ensuite, le gouverneur eu l’idée de créer une zone d’essai de certaines plantes et cultures exotiques. De ce fait, des cacaoyers, des caféiers, des palmiers et plus tard des hévéas furent testés avec succès. A côté de cela, certains arbres venus d’un peu partout furent également plantés en plus de la réalisation de plusieurs aménagements du site. Enfin, le titre de jardin botanique fut donné bien plus tard au vue de la richesse floristique du lieu.

Aujourd’hui, l’espace de 70 ha est réduit à 56 ha car certaines portions du terrain ont été utilisées pour la construction :

  • du lycée agricole de Bingerville devenu école régionale d’agriculture ;
  • de l’école d’élevage de Bingerville ;
  • de la station de recherche du CNRA*
  • d’un site de traitement de la société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire.

En effet, la gestion du jardin n’a pas toujours été facile. Le site est aujourd’hui administré par le ministère des eaux et forêts. Mais, avant la construction de sa clôture en 2012, il était menacé par l’urbanisation galopante de la ville et par les riverains qui venaient y prélever sans permission des ressources. Heureusement, les choses se sont bien améliorées depuis.

En outre, le jardin est constitué de différents espaces végétaux, d’une aire de pique-nique avec une buvette et d’un terrain de football. On peut y mener des visites libres (le visiteur réalise ses activités ludiques à sa guise dans le respect des règles du lieu) ou des visites guidées (un guide forestier vous accompagne sur des parcours particuliers en vous expliquant une quantité de choses que vous n’imagineriez jamais et répond à vos questions – nom des arbres, fonction thérapeutique, origine, etc.).

D’abord, la visite libre ou parcours de santé

Le jardin botanique est idéal pour la marche ou le jogging. En plus, les sentiers sont bien aménagés pour permettre au visiteur qui veut se détendre de se fondre dans la nature verdoyante et luxuriante. Pour une telle activité, le coût d’entrée s’élève à 200fcfa/personne (environ 0,3 €).

Enfin, la visite guidée ou parcours scientifique

Pour un coup unique de 5000fcfa/5 personnes max (environ 7,5 €), un guide forestier vous conduit au cœur du jardin. En fait, selon votre emploi du temps et votre endurance à la marche, la visite peut être courte ou longue. Tout dépend de vous. Cependant, il faut prévoir des chaussures et des vêtements adaptés car le désir de découvrir certaines merveilles peut demander d’entrer dans des zones de forêts.

Aussi, la plupart des essences des forêts tropicales du monde sont présentes sur le site. En plus, beaucoup de planting d’arbres ont été réalisés par les plus hauts responsables du pays avec des pancartes portant leurs noms. Cela en fait un espace privilégié pour les chercheurs des universités du pays. En effet, feu l’éminent professeur autodidacte Laurent Aké Assi y allait très souvent avec ses étudiants pour des travaux pratiques en botanique. La visite guidée est un cours de botanique grandeur nature pour ceux qui adorent la flore. La faune est quant à elle constituée d’insectes, d’oiseaux, de reptiles et de petits rongeurs.

Du fromager (Ceiba pentandra, originaire d’Amérique du sud, d’Amérique centrale et des Antilles) bicentenaire aux contreforts exceptionnels à l’arbre à beurre de la forêt (Pentadesma butyracea, originaire des forêts humides d’Afrique tropicale) utilisé pour le traitement de certains cancers ;

Du sapotillier ou arbre à chewing-gum (Manikara zapota, originaire du Mexique – péninsule du Youcatan) aux feuilles toxiques du bois bété (Mansonia Altissima, originaire de l’ouest de la Côte d’Ivoire) ;

mille mots ne peuvent décrire avec précision la sensation que procure la visite guidée de ce site. Alors, plus besoin d’hésiter, le jardin botanique de Bingerville t’attend pour une découverte floristique hors du commun.

*drogba : surnom donnée à la bière de la société de limonaderies et brasseries d’Afrique (SOLIBRA) de 100cl de contenance
*56ha 47a 44ca : 56 hectares 47 ares 44 centi-ares
*CNRA: Centre National de Recherche Agronomique