Hervé Mukulu

RDC : Comment préserver la forêt ? (Partie I)

Les vertus sexuelles, c’est ce qui fait vendre ces produits. Une des vendeuses de ces produits sur étalage au marché central de Bunia nous explique les différents produits préférés par les hommes pour leurs vertus sexuelles : «Les jeunes garçons viennent chercher Akoro, cette poussière ici »,  dit-elle en montrant des petites boules de poussière dans un sachet. « Puis ils viennent chercher ce kitamaka », ajoute-t-elle en montrant des morceaux de tige séchés. « Ensuite, ce mundongo »,  poursuit-elle en montrant des écorces séchées et enfin « Ils viennent chercher ce murondo », achève-t-elle en montrant des racines  qui sont d’une apparence un peu cartilagineuse. Particulièrement, les  hommes mûrs, plus de la quarantaine, « Ils viennent chercher le Kitamaka, le kadika  et le ngongolio », ajoute-t-elle.


RDC : Comment préserver la forêt ? (Prélude)

Vivre de la cueillette, ça vous fait penser à une époque préhistorique. Pourtant, même aujourd’hui, pour avoir accès à certains produits, les peuples forestiers de la République démocratique du Congo ne peuvent se contenter que de la cueillette et du ramassage.




RDC-Bois : l’eucalyptus, une alternative pour la préservation des forêts au Kivu ? Partie I

A l’Est de la République Démocratique du Congo, dans la province du Nord-Kivu, la forêt naturelle a presque complètement disparue. Pourtant, la région n’est pas devenue une savane grâce à la plantation massive par les habitants d’eucalyptus. Une plante qui a autant d’avantages … que d’inconvénients.


Le foulard, un cache-nez durable et uniforme

Willy Bakonga, ministre de l’EPSP est clair : « A partir du 3 Aout, aucun n’élève ne sera reçu en classe sans cache-nez ». Mais comment des parents qui peinent à bien chausser leurs enfants, surtout après de quatre mois d’une misère sans précèdent, vont pouvoir trouver de l’argent pour des cache-nez ?




Vacciner les enfants contre la polio : un casse-tête insoluble et mortel

Faute d’un véritable effort de sensibilisation, la campagne de vaccination contre la polio risque fort de se heurter à des parents déjà farouchement opposés aux vaccin contre Ebola. Les intentions étaient bonnes, l’échec est prévisible.

Pour le Grand Nord de la Province du Nord-Kivu, 900 000 enfants sont attendus du 7 au 10 octobre pour une vaccination contre la poliomyélite. Pourtant, retenez votre souffle, la République Démocratique du Congo est un pays déclaré sain contre ce virus depuis 60 semaines déjà. Mais la récente apparition au Nigeria de deux cas met en alerte l’OMS pour une campagne de vaccination de masse.

Le problème ce que cette partie du pays, qui est la province du Nord-Kivu, est le point central de la dixième épidémie de la maladie du virus Ebola, une maladie déclarée, rappelons-le, urgence sanitaire mondiale avec plus de 2000 morts sur plus d’une année de persistance.

Cette épidémie peine à être éliminée principalement à cause de la résistance communautaire farouche exprimée à l’égard des équipes de  lutte contre Ebola.  Plus précisément, le vaccin contre Ebola est récusé car sujet à plusieurs rumeurs. Selon certains, il s’agirait « du virus d’Ebola inoculée volontairement au patient, c’est un vaccin mortel, il rend impuissant. Il rend stérile, il diminue l’intelligence. »

Cette situation est particulièrement pénalisante pour les enfants, incapables de prendre une décision par eux-mêmes, dont les parents leur interdisent de s’approcher des équipes de vaccination de peur qu’ils soient vaccinés de force. Quand il y a une vaccination en ceinture dans le quartier, les parents cachent volontairement leurs enfants pour qu’ils ne soient pas vaccinés. Certains parents vont jusqu’à priver leurs nourrissons de vaccinations de routine (contre la rougeole, déparasitage, vitamine A…) par peur qu’on ne leur inocule contre leur gré le vaccin contre Ebola.

Cette situation laisse libre court à d’autres maladies. L’alerte est devenue grave depuis la récente apparition de la rougeole dans le territoire de Lubero. Alors que la situation est critique, 900 000 vaccinations de porte à porte sont prévues pour des enfants contre la polio, un supplément en vitamine A et déparasitage au mendabetazole dans 14 zones de santé de la partie Nord du Nord-Kivu.

Toutes les mesures de protection sont prises pour éviter toute transmission d’Ebola durant cette campagne. Les désinfectants seront d’usage pour passer d’un enfant à un autre.

Néanmoins, ma crainte reste la même quand je me pose une question essentielle : « En a-t-on fait assez pour convaincre les parents d’accepter que leurs enfants soient vaccinés ? » Étant journaliste, je peux répondre que rien n’a été fait dans ce sens. Le lancement a été fait en grande pompe par l’OMS, l’UICEF et le ministère de la Santé. Mais je crains que les parents retiennent leurs enfants dans les maisons le temps que les vaccinateurs passent dans la parcelle voisine.  Et c’est ça le pire scenario. Vue la vitesse de propagation d’Ebola, une épidémie peut être déclarée dès le premier cas. Un seul cas devient un sérieux danger. Ce qui veut dire que les parents qui vont retenir leurs enfants feront d’eux de potentielles bombes à retardement.

Dieu me préserve du rôle du prophète de malheur. Mais je pense qu’une forte et grande campagne de sensibilisation aurait dû être réalisée avant le lancement de la vaccination proprement dite. Églises, associations de jeunes, medias communautaires… Nous avions assez d’institutions pour la relayer efficacement auprès de toutes les communautés… Hélas.

Hervé Mukulu



S’ils ne meurent pas d’infanticide dans les maternités, les poissons congolais meurent de vieillesses aux fonds des eaux

 

Le bassin du Congo possède plus de 62% des eaux douces d’Afrique avec ses lacs, ses fleuves et ses rivières. Naturellement, ces eaux sont poissonneuses. Pourtant, la pèche congolaise ne satisfait même pas 10% de la demande nationale en poissons. En plus, les poissons frais péchés des eaux nationales ne sont pas à la portée de la bourse du citoyen lambda.

Vous ne pouvez pas vous targuer d’avoir été à Kalemie si n’avez pas goutté à sa spécialité, « le Mikeke ou le Mikebuka », en plus de ses multiples variétés de Ndakala (fretins). Kalemie, c’est une ville du Sud-Est de la RDC sur le large de Tanganyika, le lac le plus poissonneux d’Afrique, situé dans la province portant le même nom.  Pourtant, ce poisson, qui est péché à deux mètres de la ville coûte plus cher que le poisson dit « Thomson », importé depuis des milliers de kilomètres.

Une pêche artisanale

Les problèmes ? Ils sont légions.  D’abord, la pêche congolaise est essentiellement artisanale comme le reconnait régulièrement  le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage lors de la Célébration de la journée mondiale du poisson.

C’est-à-dire qu’elle se pratique avec des moyens du bord. Sur les lacs, sur les fleuves comme sur les rivières, ce sont les pirogues qui font l’essentiel du travail. Quelle quantité de poisson peut-on transporter dans une pirogue ? Très peu. Et quelle profondeur le filet jeté par pirogue peut-il atteindre dans les eaux des lacs, d’un fleuve ou d’une rivière comme le Lualaba à Dilolo ? Certainement  quelques mètres de profondeur seulement.

L’infanticide piscicole par moustiquaire

Ce manque d’infrastructures entraîne la destruction de l’écosystème lacustre des eaux congolaises, la destruction des berges, les maternités des poissons. En terme approprié les « frayères », sont les côtes où les poissons pondent les œuf. Et, comme on ne fait usage que des petits filets, ils ramassent ainsi les alevins qui ne sont encore que des bébés attendant de croire pour rejoindre les eaux profondes. Ainsi, quand les alevins sont péchés, la carence des poissons dans les prochains jours est inévitable !

En cela s’ajoute le non-respect des normes. Puisque de nombreux citadins n’ont pas les moyens de payer les gros poissons (frais, séchés ou boucanés), les pécheurs trouvent qu’ils peuvent se contenter des fretins. Ainsi, pour capturer le plus d’alevins possibles, il  suffit d’utiliser les filets qui ne respectent pas les normes. La moustiquaire devient un outil providentiel par excellence. Elle ne coûte rien du moment qu’elle est offerte gratuitement par les ONG et les Hôpitaux. Par ricochet, le matériel qui était censé protéger la famille contre les piqûres des moustiques afin de combattre l’infanticide malaria devient un outil d’infanticide piscicole. D’un coup, deux meurtres.

Comme ils ne font usage que des petits filets, les pêcheurs ramassent ainsi les alevins qui ne sont encore que des bébés attendant de grandir pour rejoindre les eaux profondes. La carence des poissons dans les prochains jours est  donc inévitable !

Non-respect des normes égale baisse de production

Dans un entretien paru dans le 413e numéro du magazine « Afrique Agriculture »  en 2016, le représentant des pêcheurs de l’enclave de pêche de Kyavinyonge, coincé entre le merveilleux Parc des Virunga et le majestueux Lac Edward, dénonçait ce non-respect des normes de pêche qui a fait chuter la production de 4500 kg à 1500 kg. C’est le résultat de l’usage de filets prohibés, de la destruction des écosystèmes lacustres et du fait qu’il existe plus de 3000 pirogues de pêches alors que les normes exigent 700 seulement pour une pêcherie comme Kyavinyonge.

La conséquence directe est la rareté des poissons dans les eaux congolaises. Pas étonnant qu’il y ait des frictions diplomatiques avec les pays voisins dont les gardes côtes surprennent, de temps à temps, les pêcheurs congolais dans leurs eaux puisque ne pouvant pêcher que sur les côtes.

Dépotoir

Ce qui concourt au fait que les villes congolaises sont devenues des débouchés pour des nations qui ont su investir dans la pisciculture. Ce n’est pas que les poissons manquent vraiment. C’est plutôt que l’on n’arrive pas à les atteindre dans les fonds des mers et que l’on se contente donc de tuer des bébés dans les maternités. Car ce manque d’infrastructures adéquates ne permet pas d’atteindre les poissons au fond des mers.

Des questions qui doivent revenir sur la table des gouvernants congolais. L’alimentaire est la base de tout développement d’une nation. Toutes les nations qui ont émergé ont suivi ce schéma. Car, à comprendre Maslow, ce n’est qu’un ventre plein qui sait réfléchir sur la réalisation de soi.

Hervé Mukulu


Le shilling ougandais règne en maitre dans les cités frontalières congolaises

Plus d’une dizaine des cités et villages congolais, dans les environs de 30 kilomètres de la frontière congolo-ougandaise, utilisent le shilling ougandais comme si c’était la monnaie locale. Par contre, le franc congolais n’est même pas usuel à Bwera, le tout premier village ougandais quand on traverse la frontière. Pourquoi cela et comment y remédier ?

Il y a quelques mois, quand j’arrive à Lume, mon hôte me demande : « Tu veux bien changer ton argent en shilling ? »  Je demande pourquoi et il répond : « C’est plus pratique. Tu verras. » À près de 30 kilomètres de la frontière entre le Congo et l’Ouganda, dans une commune rurale de plusieurs milliers d’habitants, il me faut utiliser le monnaie étrangère pour manger dans un restaurant, payer la course taxi-moto, acheter des unités, consommer un sucré… C’est hallucinant !

C’est alors que mon ami me cite les noms de plus d’une dizaine des villages et cités congolaises qui utilisent principalement le shilling ougandais dans les toutes les transactions, y compris Kasindi, la plus grande cité congolaise à la frontière avec l’Ouganda.

Ce matin-là, le dernier jour de mon séjour à Rugetsi quand je vide mes poches, je n’y trouve que des shillings qu’il me faut rechanger en Franc congolais avant de regagner la ville de Beni à près de 40 km.
©Hervé Mukulu

 

La raison est simple. Toutes ces agglomérations congolaises dépendent économiquement de l’Ouganda. Tous les produits manufacturiers viennent de l’Ouganda. En plus, c’est l’Ouganda qui est le principal acheteur des produits agricoles des congolais de la région. Cette région frontalière de l’Ouganda, dite « secteur Ruwenzori », est très prolifique en matière de produits liés à l’exportation comme le café, le cacao et le latex de la papaye dite papaïne… dont le prix est très bas au Congo. Mais quand ces produits passent en Ouganda, souvent par fraude, le prix est nettement plus avantageux pour les producteurs.

Par exemple, au Congo, un agriculteur vend un kilo de cacao aux exportateurs entre 1 et 1,5 dollars. Il est obligé car c’est l’exportateur qui fixe le prix. Par contre quand l’agriculteur fait traversser, par fraude, une cargaison de cacao du Congo vers l’Ouganda, il peut vendre aux exportateurs ougandais un kilo à environ 5 dollars. Il gagne nettement plus ! Les légumes et légumineuses aussi traversent la frontière pour alimenter les cités ougandaises. C’est ce qui fait que l’Ouganda impose sa monnaie dans toutes les transactions dans la région.

De l’autre côté du mur

Je me rappelle de la première fois que j’ai vécu cette expérience en 2014. Alors que les changeurs de monnaie nous voulaient quelques cents dans la conversion du franc congolais en shilling à  Kasindi, une fois du côté Ougandais, le franc est une monnaie étrangère au vrai sens du terme, une devise. Elle n’intervient pas les transactions courantes. En 2019, la situation reste la même.

Katembo Kalume, habitant de Lume, enseignant et agriculteur, m’avoue fièrement qu’il serait prêt et fier à être appelé Ougandais si jamais cette région se faisait annexer par l’Ouganda. Car lui ne reçoit rien du gouvernement congolais.  Il ne comprend pas pourquoi son propre pays peut lui rendre la vie difficile en fixant de vils prix pour l’achat des produits par les exportateurs nationaux en plus de l’imposition d’une multitude des taxes.

C’est cette dépendance économique à l’Ouganda qui explique l’utilisation du shilling ougandais. Même si par fierté, le Congo voudrait réimposer sa monnaie, s’il n’offre pas des opportunités d’affaires avantageuses à ses habitants, la devise ougandaise restera la seule reine dans la région.

Je pense qu’il est temps que la République du Congo adhère à des organisations regroupant les pays Est Africains et particulièrement le Commonwealth. Ce qui permettrait aux Congolais de l’Est de bénéficier des mêmes opportunités que les pays voisins et d’être traités équitablement pour redorer la fierté congolaise.

Hervé Mukulu


Docteur Tosalisana : « Ebola prendra fin quand la communauté le voudra ! »

Prélèvement de la température d’enfants au point d’entrée et de sortie de la cité de Mangina, à 30 Km, de la ville de Beni, Nord-Kivu, RD Congo. © K.M.
Prélèvement de la température d’enfants au point d’entrée et de sortie de la cité de Mangina, à 30 Km, de la ville de Beni, Nord-Kivu, RD Congo. © K.M.

Cette déclaration n’est pas mienne. Elle est d’une haute autorité sanitaire urbaine en ville de Beni, dans le Nord-Kivu. Beni, une ville qui a vécu tant d’épisodes de la série Ebola qui tourne  en boucle, mieux en cercle vicieux, depuis une année. Telle une version d’horreur d’une télé réalité à la Kardashian.

Ces propos semblent sarcastiques ou désobligeants, crachant sur les efforts de la population dans la lutte contre cette maladie qui vient de faire plus de 2000 morts. Pourtant, il n’en est pas question. Il n’y a rien de dénigrant dedans. Michel Tosalisana, médecin chef de la zone de santé de Beni, comprenant une vingtaine d’aires de santé, ne dit que la vérité et la pure vérité.

La solution à Ebola n’est pas médicale mais plutôt communautaire. On peut avoir le meilleur vaccin du monde sans l’engagement de la population, une épidémie ne peut être vaincue. J’ai toujours dit que  toutes les théories académiquement  livresques  pour mettre fin à une épidémie ont déjà mises en application à Beni. Néanmoins, Ebola persiste. Car une seule tête d’âne suffit pour faire propager la maladie comme une seule tomate pourrie endommage le panier entier.

Certains épisodes de cette série d’horreur, 2000 morts, ont connus plusieurs rebondissements dignes d’une saga d’Alfred Hitchcock. Dès que la maladie a atteint la ville de Beni en quittant la zone zéro, la cité de Mangina, le quartier Ndindi en a été l’épicentre. C’est dans cette région qu’on a connu les premières agressions des équipes de la réponse à Ebola à Beni. Apres d’âpres négociations, la population a compris et s’est engagée dans la lutte. La maladie a pris fin dans ce quartier. La même situation a été vécue dans d’autres quartiers et aires de santé devenus épicentres temporaires comme le quartier Kalinda, Rwangoma et tout récemment Mabolio. Un fait est clair : «  Chaque série de résistance est suivie d’une flambée des cas positifs, des décès communautaires confirmés Ebola, rappelle Docteur Michel Tosalisana. La situation ne redevient normale que quand la population s’engage à collaborer avec les équipes de la riposte. Malheureusement les autres quartiers n’usent pas de ce qui se passe dans les autres quartiers comme d’une jurisprudence. »

Si l’on doit remettre cette déclaration dans son contexte : pour  la deuxième fois, la ville de Beni enregistre un certain nombre des jours sans enregistrer un nouveau cas d’Ebola. « Qu’est ce qui est fait pour que la maladie ne revienne pas à Beni? », voulait savoir un agent d’un service public lors de la parade hebdomadaire de la mairie, ce lundi 2 septembre 2019, où le médecin chef de zone était l’invité d’honneur.

Tout dépend de la population.

Ce sont les membres de la communauté qui cachent les malades à la maison au lieu de les acheminer au Centre de Traitement Ebola (CTE). « Pourtant plus vite est on est pris en charge au CTE, plus on a les chances de guérir d’Ebola », souligne le docteur Jean-Jacques Muyembe, l’inventeur de la molécule thérapeutique MAab114 qui soigne Ebola. »

C’est la première fois que Ebola sévit dans une région avec une forte mobilité de la population, n’a cessé de répéter Docteur Bathé Nzoloko, ancien responsable des équipes de la réponse à Ebola. Partie de Mangina, une cité située à 30 km de Beni avec plus d’une dizaine des milliers d’habitants, aujourd’hui, Ebola a atteint 30 agglomérations dont 3 villes de plus au moins un millions d’habitants : Beni environs 700 mille, Butembo plus d’un million et Goma environ 2 millions.

La migration est souvent faite par des personnes conscientes de leur état de santé à haut risque mais qui décident d’échapper sciemment aux équipes de suivi. Dans certains cas, les personnes malades ayant migré d’une cité à une autre sont accueillies sans précautions voire cachées volontairement par les membres de leur famille d’accueil. Avec pour conséquence une famille entière qui se fait contaminer. Certaines familles ont disparu ainsi. Alors qu’il y a des mesures de contrôle aux points d’entrées des agglomérations, les personnes conscientes de leurs étant sanitaires à risque décident d’esquiver les points de contrôle ou de les franchir durant les heures tardives nocturnes.

On ne le dira jamais assez, la première manière de se protéger contre Ebola est de se laver régulièrement les mains avec du savon. Tout le monde le sait mais beaucoup ne veulent l’appliquer ni l’entendre. Pour illustration, dans un meeting tenu par les élus de la région, le chef d’état-major de l’armée et la population, le vendredi 29 Aout, la députée nationale MAPERA a appelé la population à se laver les mains et à se faire vacciner pour couper la chaine de contamination d’Ebola. La salle a grondé. Le grognement digne d’un enfant qui ne veut pas réaliser le service que lui demande sa mère.

Le maire de Beni, Nyonyi Bwanakawa, appelle les députés qui se sont fait élire en propageant des propos nocifs à la lutte contre Ebola de se rattraper en sensibilisant leurs électeurs contre cette maladie car ils en sont les premières victimes. Mais personne ne le fait vraiment par crainte de se faire vomir par la base. Le député le mieux élu de Beni a subi des chahutements lors de son premier meeting au Rond-Point de Beni durant les vacances parlementaires. Par la suite, il n’a fait que rappeler les erreurs des équipes de la réponse à Ebola pour le plaisir de ses électeurs.

Néanmoins, comme toute épidémie, un jour ou l’autre, elle finit par disparaître. Il reste à savoir ce qu’aura fait l’homme pour s’en prévenir ou faciliter la tâche de la faucheuse. 2000 morts auraient déjà servis d’une bonne leçon. Hélas !

Hervé Mukulu


Automédication, rescousse suicidaire du pauvre-intello

Des antibiotiques achetés dans une officine pharmaceutique sans ordonnance ©  Hervé Mukulu
Des antibiotiques achetés dans une officine pharmaceutique sans ordonnance © Hervé Mukulu

« Nous ne servons  les médicaments que sur ordonnance médicale!,  me répond la none tenancière de l’officine pharmaceutique de la paroisse ». Pour la première fois de ma vie, une pharmacienne a refusé mon argent pour la noble raison que son officine ne sert que sous ordonnance. Je ne cherchais que des anti-malarias. Pourtant les médicaments se distribuent comme des cacahouètes en ville de Beni alors que le danger est énorme. Car tout médicament  mal usé est un potentiel  poison rappel Docteur Michel Tosalisana, médecin chef de zone Beni.

En effet, les officines pharmaceutiques ont déjà pris la place des cabinets médicaux. Si on n’a pas un médicament en tête pour son problème de santé, la pharmacienne vous pose quelques questions comme dans une consultation et vous propose une gamme des médicaments  comme on vous propose différentes  formes de pains dans la pâtisserie du coin de la rue. Certaines pharmaciennes, n’étant  ni infirmières ni pharmaciennes de formation mais, mais  à force de recevoir les commandes le long de la journée, maitrisent les médocs liés aux maux récurrents dans la région.

Le problème est qu’il semble que le malade et le pharmacien ignorent sciemment qu’ils jouent avec une vie en se cachant derrière la bonne volonté de soigner.

Se procurer des médocs à la pharmacie du coin est devenue une habitude à tel que point la pratique semble banalisée ou tout simplement acceptée comme normale. Ne dit-on pas que l’usage commun fait-loi ? Pour la santé c’est un crime car des médicaments contrefaits sont légions en circulation reconnait la première autorité médicale de la ville de Beni.

Alerte des hypocrates.

Face à cette situation, les autorités sanitaires ne cessent d’interpeller que l’usage des médicaments doit être prescrit par un professionnel de santé après des examens médicaux. En effet, sans diagnostic sérieux ni examen, le patient  court le risque d’une intoxication médicale qui n’est pas différente d’un crime pour l’un et suicide volontaire pour l’autre puisque dans certains cas avérés, ces genres d’erreurs conduisent à la mort.

 

L’alibi d’une maladie bégnine.

Dans la plupart des cas,  on prétexte qu’on achète des médicaments pour des maladies bégnines comme les maux de tête, les maux de vendre, les maux d’estomacs, la malaria, des calmants, …Depuis quand la malaria qui tue des milliers  d’individus annuellement est une maladie bégnine ?

En effet, un bon nombre de médicaments sont constitués des principes actifs qui sont tirés ou agissent comme l’agent causal de la maladie. Une fois dans le corps ils renforcent les anticorps. Ils limitent ainsi l’action des agents causaux des maladies comme un vaccin.

Le risque avec l’automédication est qu’une dose insuffisance augmente la résistance des bactéries,  virus ou autre agent causal de la maladie et une surdose devient du poison dans l’organisme. Ce qui devient un suicide volontaire voilé des bonnes intentions mais limités par les moyens.

Le pauvre intello et le cout de service.

Vous conviendrez avec moi que l’automédication est loin d’être une affaire des ignorants. D’ailleurs se sont des intellectuels qui entrent dans les officines pharmaceutiques avec des noms pompeux des médicaments qu’ils ont lus çà et là, usant ainsi des noms scientifiques des médicaments face à la pauvre diplômée d’Etat pharmacienne qui ne connait que le nom commercial.

Dernièrement après un incident malheureux, un ami a fait un court séjour à l’hôpital. Tout ce qui lui a été administré comme médicament est  une injection d’antidouleur et une plaquette des comprimées d’antidouleurs. Après un détour à la pharmacie, j’ai constaté que ces médicaments ne coutent même pas 1OOO franc Congolais (près de 0.7$ au taux du jour)/ Mais sa facture a été libellé ainsi : «  2 consultations : 2$, 2 fiches : 2$, médicaments : 1.5$, soins : 1$, divers : 1$. Total 7.5$ ». Et il n’a pas été mis le prix de la chambre qui doit certainement varier entre 5 et 10$ par jour puisqu’il était dans la salle d’observation.

La facture parait ainsi justifiée mais par rapport aux médicaments reçus, il y a de questions à se poser. Je suis certain que la prochaine fois, l’ami se présentera à la pharmacie au lieu de payer plus de 5$ de services connexes.

Il est vrai que l’hôpital joue un rôle d’espoir, que la blouse blanche du médecin rassure le malade mais la facture qui s’ensuit n’est pas corolaire au pouvoir financier du malade.

Peu de malades.

La situation s’empire de plus en plus car en force de s’auto-mediquer  puis que l’on craint les frais de l’hôpital, on ne sent obligé de se rendre à l’hôpital que quand la situation est devenue intenable, pire. Ce qui fait aussi que la facture deviendra encore plus salée.

Il faut tenir compte du fait que l’hôpital est une entreprise qui a non seulement des frais à couvrir mais aussi et surtout des devoirs de rentabilité pour les promoteurs. Et comme les malades ne viennent pas de plein cœur, les rares qui s’emmènent désespérés doivent couvrir les frais.

Le bilan de santé.

Dans le meilleur de situation un homme est sensé se faire consulter chaque mois ou réaliser un bilan sanitaire tous les six mois au plus tard l’an. Mais, il s’avère que le cout financier est un réel frein à la bonne volonté.

Il est tout à fait impossible à un père de famille d’allouer un budget à la santé alors qu’on mange au taux du jour  et que même si l’on envoie les enfants à l’école, l’on ne sait pas d’où viendront les minervaux. C’est pourquoi une mutuelle de santé reste la meilleure solution tant personnelle que familiale.

Hervé Mukulu


Nos forêts tropicales ont déjà vieilli, il faut les rajeunir !

La forêt vierge le large du fleuve Congo dans la province de la Tshopo, Nord-Est de la R D Congo © Hervé Mukulu
La forêt vierge le large du fleuve Congo dans la province de la Tshopo, Nord-Est de la R D Congo © Hervé Mukulu

Le feuilleton de l’Amazonie qui brûle a attiré l’attention du monde sur la question de la protection des forêts et leur rôle majeur dans la lutte contre  le changement climatique. Néanmoins, une étude, d’autant plus sérieuse, publiée dans la revue scientifique Nature, semble y mettre un bémol : la forêt tropicale n’absorberait pas autant de ce C02 que l’on pense. Il se peut qu’elle n’en absorbe même plus.

La question étant sérieusement posée ainsi, nous avons rencontré un futur spécialiste qui donne son point de vue. Il s’agit de Mbusa Wasukundi Muyisa Sorel, ingénieur phytotechnicien, assistant à la faculté des Sciences Agronomiques l’Université Catholique du Graben, à Butembo, et master en Gestion de la Biodiversité et Aménagement Forestier Durable à l’Université de Kisangani dans le projet FORETS financé par l’Union Européenne.

Il émet l’hypothèse d’un rajeunissement des forêts tropicales pour leur permettre de jouer leur rôle dans l’équilibre du bilan carbone et qui serait bénéfique aussi à l’économie de la RD Congo. Il souligne l’hypothèse selon laquelle « nos forêts tropicales auraient déjà vieilli, et il se pourrait qu’elles ne capturent plus le CO2 comme il se doit. Au contraire, elles risquent d’en émettre car les gros arbres sont sensibles à la mortalité, et quand un arbre meurt, c’est une source d’émission. Ça vaut donc la peine que nos forêts soient rajeunies. »

Ainsi, ça ne sert à rien de garder des arbres qui tomberont d’eux-mêmes et qui ne pourront pas profiter à notre économie. Alors pour les arbres qui doivent être coupés, il en faut pour quel âge ? Et pour un arbre coupé doit on en replanter combien ?

« On ne se base pas souvent sur l’âge, mais sur le diamètre du tronc à 1,3 m du sol », précise-t-il. On parle alors de « diamètre minimum d’exploitation » (DME). Chaque espèce a son DME, fixée par la législation en matière forestière dans chaque pays. Par exemple, pour l’Afrormosia, en RDC, c’est 60 cm. Donc, il est strictement interdit d’abattre un Afrormosia dont le tronc fait moins de 60 cm.

Néanmoins, réviser les normes d’exploitation de ces espèces serait une nécessité. Par exemple, en  Afrique, la plupart des espèces exploitées (Afrormosia, Sapelli, etc.) sont héliophiles, c’est-à-dire ont besoin de beaucoup de lumière durant leur cycle de vie. Et même pour se régénérer, elles ont besoin de lumière. C’est là l’importance des perturbations dans la forêt. Elles créent des espaces vides qui favorisent la pénétration de la lumière. Ce qui permet à ces espèces héliophiles de se régénérer. Dans les normes d’aménagement forestier en vigueur dans la région, on préconise l’exploitation à faible impact (EFI). Ça veut dire qu’il faut exploiter moins. Or, en abattant moins d’arbres (par exemple 2 arbres par hectare), on crée peu de vides qui peuvent favoriser la régénération. « La question qu’on se pose : ne faut-il pas réviser certaines de ces normes ? Mais alors, faudra-t-il revoir certains DME à la baisse pour permettre à la foret de se rajeunir, de se régénérer en termes techniques ? », s’interroge notre spécialiste.

Vue la difficulté de la régénération de certaines espèces forestière rares, quelles précautions doit-on prendre ?

En forêt naturelle, on ne va pas planter les arbres. Ils vont pousser d’eux-mêmes. Car le sol forestier est une véritable « banque de graines » qui n’attendent que les conditions favorables pour germer. Et même en cas de difficulté, le premier laboratoire de biologie du bois en Afrique centrale affirme avoir les moyens de faire le possible pour pallier ce problème.

Hervé Mukulu


Quid du fonds bleu pour le bassin du Congo ?

La forêt vierge le large du fleuve Congo dans la province de la Tshopo, Nord-Est de la R D Congo © Hervé Mukulu
La forêt vierge le large du fleuve Congo dans la province de la Tshopo, Nord-Est de la R D Congo © Hervé Mukulu

Je pense que si le Congo a souvent pesé de poids mouche, c’est parce que les questions importantes ne sont pas vulgarisés pour qu’elles prennent de l’ampleur. Le fonds bleu pour le bassin du Congo est un fonds dont le Congo doit bénéficier en grande partie. De quoi s’agit-il ?

Créé en marge de la COP21, tenue à Paris et qui avait débouché sur l’accord de Paris visant la lutte contre le changement climatique par la réduction de gaz à effet de serre, le fonds bleu est un fonds international qui vise à permettre aux pays du bassin du Congo de passer d’une économie liée à l’exploitation des forêts à une économie s’appuyant davantage sur les ressources issues de la gestions des eaux, et notamment du fleuve.

Stock de carbone

Le bassin forestier du Congo est le deuxième réservoir de carbone au monde après l’Amazonie. Ils stockent des quantités importantes de CO2 produites par l’activité humaine. Ce bassin représente, selon certains travaux, près de 15% du stock carbone mondial. C’est ainsi un enjeu majeur à préserver dans la lutte contre le changement climatique.

Mais les fonds relatifs à ce stock ne sont toujours pas visibles pour les petits paysans. Encore moins en RD Congo, qui à elle seule, possède près de 62% de ce bassin forestier.

En effet, la température mondiale va crescendo. Les forêts qui doivent encaisser le coût de cette déforestation sont aussi menacées. Ce qui fait que la déforestation, à elle seule produit ou libère près de 20% de gaz à effet de serre.

Ce fonds, qui concerne l’Afrique Centrale, entre dans le cadre de la lutte contre la déforestation, en créant des infrastructures qui permettent une gestion durable de la foret : la création des routes, l’aménagement des voies navigables, des petits projets des barrages hydroélectriques…

Les peuples vivant dans la forêt du Congo, par exemple, vivent en symbiose avec la nature et lui doivent tout. Un projet hydroélectrique, par exemple, permettra de ne plus couper le bois pour le bois énergie (la braise ou les bûches sèches) qui est la principale source d’énergie dans la région.

Des projets communautaires

Une chose est d’avoir des fonds, une autre est d’avoir de projets d’un réel impact communautaire. Comme le disait un diplomate, ce fonds ne finance pas les intentions mais plutôt des projets bancables.

Et c’est là que le Congo a toujours été en retard. Un fonds de 100 millions annuels renouvelables est disponible. Comme l’exigeait l’accord de Paris, en stipulant que « les pays développés parties fournissent des ressources financières pour venir en aide aux pays en développement parties aux fins tant de l’atténuation que de l’adaptation dans la continuité de leurs obligations au titre de la Convention ».

Font parties de ce fonds la République d’Angola, la République du Burundi, la République du Cameroun, la République Centrafricaine, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, la République Gabonaise, la République de Guinée Equatoriale, la République du Rwanda, la République du Tchad, la République-Unie de Tanzanie et la République de Zambie dans un accord signé le 9 mars à Oyo en République du Congo.

Hervé Mukulu


Automédication, rescousse suicidaire du pauvre-intello

Médicaments achetés dans une pharmacie sans ordonnances ©Hervé Mukulu
Médicaments achetés dans une pharmacie sans ordonnances ©Hervé Mukulu

« Nous ne servons  les médicaments que sur ordonnance médicale!,  me répond la none tenancière de l’officine pharmaceutique de la paroisse ». Pour la première fois de ma vie, une pharmacienne a refusé mon argent pour la noble raison que son officine ne sert que sous ordonnance. Je ne cherchais que des anti-malarias. Pourtant les médicaments se distribuent comme des cacahouètes en ville de Beni alors que le danger est énorme. Car tout médicament  mal usé est un potentiel  poison rappel Docteur Michel Tosalisana, médecin chef de zone Beni.

En effet, les officines pharmaceutiques ont déjà pris la place des cabinets médicaux. Si on n’a pas un médicament en tête pour son problème de santé, la pharmacienne vous pose quelques questions comme dans une consultation et vous propose une gamme des médicaments  comme on vous propose différentes  formes de pains dans la pâtisserie du coin de la rue. Certaines pharmaciennes, n’étant  ni infirmières ni pharmaciennes de formation mais, mais  à force de recevoir les commandes le long de la journée, maîtrisent les médocs liés aux maux récurrents dans la région.

Le problème est qu’il semble que le malade et le pharmacien ignorent sciemment qu’ils jouent avec une vie en se cachant derrière la bonne volonté de soigner.

Se procurer des médocs à la pharmacie du coin est devenue une habitude à tel que point la pratique semble banalisée ou tout simplement acceptée comme normale. Ne dit-on pas que l’usage commun fait-loi ? Pour la santé c’est un crime car des médicaments contrefaits sont légions en circulation reconnait la première autorité médicale de la ville de Beni.

Alerte des hypocrates.

Face à cette situation, les autorités sanitaires ne cessent d’interpeller que l’usage des médicaments doit être prescrit par un professionnel de santé après des examens médicaux. En effet, sans diagnostic sérieux ni examen, le patient  court le risque d’une intoxication médicale qui n’est pas différente d’un crime pour l’un et suicide volontaire pour l’autre puisque dans certains cas avérés, ces genres d’erreurs conduisent à la mort.

L’alibi d’une maladie bénigne.

Dans la plupart des cas,  on prétexte qu’on achète des médicaments pour des maladies bénignes comme les maux de tête, les maux de vendre, les maux d’estomacs, la malaria, des calmants, …Depuis quand la malaria qui tue des milliers  d’individus annuellement est une maladie bénigne ?

En effet, un bon nombre de médicaments sont constitués des principes actifs qui sont tirés ou agissent comme l’agent causal de la maladie. Une fois dans le corps ils renforcent les anticorps. Ils limitent ainsi l’action des agents causaux des maladies comme un vaccin.

Le risque avec l’automédication est qu’une dose insuffisance augmente la résistance des bactéries,  virus ou autre agent causal de la maladie et une surdose devient du poison dans l’organisme. Ce qui devient un suicide volontaire voilé des bonnes intentions mais limités par les moyens.

Le pauvre intello et le cout de service.

Vous conviendrez avec moi que l’automédication est loin d’être une affaire des ignorants. D’ailleurs se sont des intellectuels qui entrent dans les officines pharmaceutiques avec des noms pompeux des médicaments qu’ils ont lus çà et là, usant ainsi des noms scientifiques des médicaments face à la pauvre diplômée d’Etat pharmacienne qui ne connait que le nom commercial.

Dernièrement après un incident malheureux, un ami a fait un court séjour à l’hôpital. Tout ce qui lui a été administré comme médicament est  une injection d’antidouleur et une plaquette des comprimées d’antidouleurs. Après un détour à la pharmacie, j’ai constaté que ces médicaments ne coutent même pas 1OOO franc Congolais (près de 0.7$ au taux du jour)/ Mais sa facture a été libellé ainsi : «  2 consultations : 2$, 2 fiches : 2$, médicaments : 1.5$, soins : 1$, divers : 1$. Total 7.5$ ». Et il n’a pas été mis le prix de la chambre qui doit certainement varier entre 5 et 10$ par jour puisqu’il était dans la salle d’observation.

La facture parait ainsi justifiée mais par rapport aux médicaments reçus, il y a de questions à se poser. Je suis certain que la prochaine fois, l’ami se présentera à la pharmacie au lieu de payer plus de 5$ de services connexes.

Il est vrai que l’hôpital joue un rôle d’espoir, que la blouse blanche du médecin rassure le malade mais la facture qui s’ensuit n’est pas corolaire au pouvoir financier du malade.

Peu de malades.

La situation s’empire de plus en plus car en force de s’auto-mediquer  puis que l’on craint les frais de l’hôpital, on ne sent obligé de se rendre à l’hôpital que quand la situation est devenue intenable, pire. Ce qui fait aussi que la facture deviendra encore plus salée.

Il faut tenir compte du fait que l’hôpital est une entreprise qui a non seulement des frais à couvrir mais aussi et surtout des devoirs de rentabilité pour les promoteurs. Et comme les malades ne viennent pas de plein cœur, les rares qui s’emmènent désespérés doivent couvrir les frais.

Le bilan de santé.

Dans le meilleur de situation un homme est sensé se faire consulter chaque mois ou réaliser un bilan sanitaire tous les six mois au plus tard l’an. Mais, il s’avère que le coût financier est un réel frein à la bonne volonté.

Il est tout à fait impossible à un père de famille d’allouer un budget à la santé alors qu’on mange au taux du jour  et que même si l’on envoie les enfants à l’école, l’on ne sait pas d’où viendront les minervaux. C’est pourquoi une mutuelle de santé reste la meilleure solution tant personnelle que familiale.

Hervé Mukulu


Le « crédit-carbone » et les pays pauvres

L’annonce de l’orage dans le ciel © Hervé Mukulu
L’annonce de l’orage dans le ciel © Hervé Mukulu

Moins pollueurs, les pays pauvres payent pourtant un lourd tribu du changement climatique, alors qu’ils n’en sont pas auteurs. Ils n’ont pas non plus les moyens suffisant de mener la riposte et de prendre les mesures d’adaptation nécessaires contre ses effets.  Les pays pauvres et les petits pays insulaires sont ainsi doublement victimes de la faute des autres. C’est à ceux que devraient ainsi revenir la part de lion dans l’attribution des crédits-carbone. Mais il faut voir si ces fonds auraient un réel impact sur les paysans.

L’unité carbone

Entré en valeur après les accords de Tokyo en 1997, quoique non ratifiés par les USA, le crédit-carbone est une unité correspondant à une tonne d’équivalent de CO2 sur les marchés de carbones. Le crédit-carbone est en quelque sorte une commodité, un produit dont la valeur fluctue avec le temps en fonction  du standard de quantité, suivant l’évolution du marché.

La tonne de dioxyde de carbone fait l’objet d’une véritable cotation de titres, appelés les « crédits carbones ».  Les acteurs dudit marché (Etats, entreprises et même particuliers) peuvent l’acheter ou la vendre au gré de leurs besoins. Créant ainsi un marché international, avec toutes les spéculations dues à un marché nouveau.

Souvent, sur le marché européen, une tonne s’élève à environ à 12£. Cette unité devient comme un droit à polluer. Les entreprises ont leurs quotas de CO2 à émettre. Pour pouvoir polluer plus, elles achètent des crédits-carbone. Cet argent correspond à ce qui sera investi dans une entreprise non pollueuse ou une activité qui absorbe le carbone. Ce qui fait que ce marché peut être passé d’entreprise à entreprise ou d’entreprise à Etat en passant par une banque spécialisée dans le marché carbone.

Les  pays sous-développés dans cette équation

Les pays sous-développés sont des pays non pollueurs car ils ne sont pas assez industrialisés pour émettre des grandes quantités de CO2.

Par contre, ils sont aussi victimes du changement climatique accéléré par les activités des pollueurs. Un petit changement saisonnier cause beaucoup des dégâts dans un pays comme la République Démocratique du Congo plus que dans un Etat européen. Car la population survivant d’une agriculture de fortune n’a pas les moyens financiers pour contrer la sécheresse par un système d’irrigation ou l’attaque des champignons qui migrent, alors qu’un Etat européen peut employer tous les moyens possibles.

En définitive, les non-pollueurs deviennent doublement victimes. Par contre, ce sont des Etats qui ont encore des immenses étendues de forêts vierges. La foret est un sérieux absorbeurs de CO2. Ainsi ces petits pays ou les pays insulaires, les pays pauvres et les pays tropicaux ont intérêts à préserver leurs forets naturelles, pour les uns, et investir dans les reboisements, pour les autres, pour pouvoir ainsi bénéficier des crédits-carbones.

Les projets à intérêt communautaire

Le problème, c’est que même dans les pays sous-développés les forêts sont menacées de déforestations. Ce qui rend compliquée l’évaluation des crédit-carbones disponibles. Il faut lutter contre cette pratique et trouver d’autres moyens d’usages des ressources des forets et des eaux.  Car les peuples qui vivent dans ces régions dépendent de ces forêts.

Le premier problème est que ces forets n’appartiennent pas à un individu mais plutôt à des nations. Donner cet argent en liquide à une nation, il devient incertain de voir le peuple, les pauvres villageois, en bénéficier. Ces fonds peuvent être engloutis dans les caisses privées des dirigeants. Les paysans ne voyant pas l’intérêts de protéger une foret dont ils ne bénéficient pas, ils vont recommencer à la détruire.

Par conséquent, il s’avère impérieux que ces fonds soient alloués dans des projets d’intérêts communautaires et surtout non pollueurs. Comme des petites centrales hydroélectriques pour combattre le bois énergie, au Congo par exemple, l’énergie éolienne dans des zones arides, des centres hospitaliers, projets d’adduction d’eau potable pour les communautés, etc.

Des projets « bancables »

Et le plus important est que ces projets doivent être bancables* pour la traçabilité de la gestion des fonds et la durabilité. Car tout doit être fait dans et pour une vision de développement durable, un usage rationnel des ressources naturelles en préservant l’environnement pour le bien-être des générations actuelles et futures. Surtout qu’il n’existe pas encore une planète de rechange.

Hervé Mukulu

*Susceptible d’être financé par un investisseur.